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N° d’ordre : 10 juin 2016

Projet de fin d’etudes


Filière : SCIENCES DE LA MATIERE PHYSIQUE SEMESTRE 6

SMP6-Parcours 2-ME

Recherche du Boson de Higgs avec


L’expérience ATLAS

Réalisé Par :

Berbich Med Ali Bentabet Fath Allah

Encadré Par :

Prof. Fassi Farida

Soutenu le 10-06-2016 devant le jury :

Pr. Yahya Tayalati : Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat


Pr. Yassine Hassouni : Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat
Pr. Farida Fassi : Professeur à la Faculté des Sciences de Rabat

Année universitaire : 2015/2016

1
D ÉDICACES

Tout d’abord, nous remercions ALLÂH, pour nous avoir donné la vie, la santé et pour
nous avoir doté de la clairvoyance et de l’intelligence qui sont les composantes
fondamentales de tout êtres humains.

Nous dédions ce travail :

1/ A tous nos professeurs et aussi à l’ensemble du staff administratif, pédagogique et


logistique de cette honorable faculté qu’est la Faculté des Sciences de Rabat, qui tout
au long de nos études et chacun dans son domaine, se sont investis pour nous
inculquer des principes de responsabilité, nous ont fait profiter de leurs savoirs, nous
ont guidé, nous ont orienté, et nous ont encadré et accompagné dans les différentes
phases et étapes de nos études et nos expériences.

2/ A nos parents, que nous ne remercierons jamais assez pour tout ce qu’ils ont fait
pour nous, aucune expression de reconnaissance ne saurait être à la hauteur de
leurs sacrifices immenses, aucune expression ne saurait être du volume de l’amour
et de l’affection qu’ils nous ont toujours dispensé sans jamais se lasser ni se plaindre.
Nous souhaitons seulement que la réalisation de ce travail et la volonté que nous y
avons mise, soit de notre part un petit geste qui traduira, tant faire se peut,
l’expression de notre amour, notre reconnaissance et notre profond respect.

2
R EMERCIEMENTS
Nous tenons à adresser nos sincères et vifs remerciements à :

 DIEU Tout Puissant qui nous a donné la volonté d’aller jusqu’au bout et nous a
comblé de sa grâce tout au long de ce projet.

 Nous remercions particulièrement Mme. Fassi Farida de l’Université Mohammed V


qui nous a encadré et soutenu tout au long de l’élaboration de notre projet, nous a
enrichi de son savoir et de sa générosité intellectuelle, et à travers elle, nous
réitérons nos vifs remerciements à l’ensemble de nos chers professeurs qui, de par
leur professionnalisme, leur sagesse et leur abnégation, nous avons pu atteindre
l’objectif suprême de développer nos connaissances, rationaliser notre analyse et
optimiser nos rendements aux fins de l’aboutissement heureux de notre travail.

 Nous réitérons nos remerciements à nos familles respectives pour leur soutien
moral et matériel durant tout notre cursus universitaire, nous les remercions pour
leurs présences, leurs conseils et leurs encouragements permanents et pour toute
l’attention qu’ils ont montré vis-à-vis de notre travail et pour tout ce qu’ils ont fait
pour nous garantir un futur prometteur et sûr.

 Nous remercions enfin et de manière générale tous ceux et celles qui, directement
ou indirectement, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de notre objectif
et à l’aboutissement que nous espérons heureux de notre modeste travail.

3
Table des matières :

Entrée en matière …………………………………………………………………………………………………..6

1- Le Large Collisionneur de Hadrons {LHC} ………………………….……………………………..……..8


1-1 Introduction ………………………………………………………………………………………………..8
1-2 Principe de fonctionnement du LHC ………………………………………..………………….9
1.2-1 La machine …………………………………………………………………………………………9
1.2-2 L’accélération ………………………………………………………………….……………….11
1.2-3 Collision ……………………………………………………………………………………………11
1-3 Grandeurs caractéristiques ……………………………………………………………………….12
1-4 La recherche au LHC …………………………………………………………….......................14
1-5 Détection et identification des particules ………………………………………………….15
2- Le détecteur ATLAS ……………………………………………………………………………………………….17
2-1 Introduction ………………………………………………………………………………………………17
2-2 ATLAS ………………………………………………………………………………………………………..18
2.2-1 Détecteur interne …………………………………………………………………………….18
2.2-2 Calorimètre électromagnétique ……………………………………………………….19
2.2-3 Calorimètre hadronique …………………………………………………………………..19
2.2-4 Détecteur de muons …………………………………………………………………………20
3- Le modèle standard ………………………………………………………………………………………………22
3-1 Le modèle standard {M.S} ……………………………………………………………………………22
4- La recherche du Boson de Higgs ……………………………………………………………………………27
4 .1 Introduction ………………………………………………………………………………………………….27
4.2 Le Boson de Higgs …………………………………………………………………………………………27
4.3 La recherche du Boson de Higgs au LHC ……………………………………………………….30
4.4 Les caractéristiques du Boson de Higgs ………………………………………………………..34
4.5 Désintégration du Boson de Higgs ………………………………………………………………..35
4.5-1 Canal à 2 photons ……………………………………………………………………………35
4.5-2 Canal à 4 leptons ……………………………………………………………………………..36

Conclusion …………………………………………………………………............................................36

4
Bibliographie …………………………………………………………………………………………………………37
Liste des Figures ……………………………………………………………………………………………...……38
Liste des Table ………………………………………………………………………………......................…39

5
Entrée en matière
La physique des particules étudie les constituants élémentaires de la matière, leurs
rayonnements et leurs interactions. On l'appelle aussi physique des hautes énergies car
de nombreuses particules élémentaires, instables, n'existent pas à l'état naturel et ne
peuvent être détectées que lors de collisions à hautes énergies entre particules stables
dans les accélérateurs de particules.

Actuellement, les expériences de la physique des particules sont menées par des
équipes, via des collaborations internationales, qui se chargent de la construction des
détecteurs spécifiques au genre d'expérimentation souhaité, et les installent auprès
d'accélérateurs construits également par des collaborations internationales puissantes.

Depuis plus de huit ans, le grand collisionneur d’hadrons «LHC», situé au laboratoire
du CERN (Centre Européen de la Recherche Nucléaire) est opérationnel. Il permet
d’effectuer des collisions proton-proton et aussi ion-ion. ATLAS est l’une des quatre
expériences qui se situe sur la trajectoire des faisceaux du LHC et a pour objectif
d’étudier la physique aux énergies de l’ordre du TeV.

Pendant de nombreuses années, le problème a été qu’aucune expérience n’avait observé


le boson de Higgs, ce qui aurait permis de confirmer la théorie du Modèle Standard, qui
explique comment agissent les particules de matière, ainsi que leurs forces et particules
porteuses. Le 4 juillet 2012, l’expérience ATLAS auprès du Grand collisionneur de hadrons
(LHC) a annoncé qu'elle avait observé une nouvelle particule dont la masse se situait dans
la région des 126 GeV.

Dans notre travail, on va essayer de comprendre l'importance du boson de Higgs et


l'impact qu'a eu sa découverte sur le monde de la physique des hautes énergies. Dans le
1er chapitre, on va parler du détecteur LHC, qui est la pièce maitresse pour la découverte
du boson de Higgs, ainsi que des différents types de détecteurs qui le constituent, et en
particulier le détecteur ATLAS qui sera l'objet de notre 2 ème chapitre. On va pouvoir
comprendre la méthode utilisée par les physiciens pour détecter les particules formées
lors des collisions proton-proton et déterminer leurs propriétés, par exemple leur
quantité de mouvement (ou impulsion).

6
Le « Modèle Standard » de la physique des particules, élaboré dans les années 60 et 70,
est le cadre théorique permettant de décrire les particules élémentaires connues
actuellement ainsi que leurs interactions. Ce sera l'objet de notre 3ème chapitre.

Le « Modèle Standard » s’est attaquée au cas du boson de Higgs et les résultats étaient
satisfaisant jusqu’à une certaine énergie,

On va clôturer ce travail en essayant de comprendre ce qu’est le boson de Higgs, ces


caractéristiques et ses différentes voies de désintégration.

7
Chapitre 1:

Le Large Collisionneur de Hadrons « LHC »

1.1 Introduction

Le CERN, nommé anciennement Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire, est


aussi appelé Laboratoire Européen pour la Physique des Particules. C'est un centre
de recherche de physique des particules, actuellement le plus grand au monde, qui
est situé près de la frontière franco-suisse, à côté de Genève. Il s'agit d'une
coopération internationale et pas seulement européenne, qui a été créée en 1952 à
la suite d'une idée que Louis de Broglie avait émise trois ans auparavant.
Pour étudier la structure de la matière, le CERN réalise des expériences avec des
accélérateurs de particules, qui portent les particules à des vitesses proches de
celles de la lumière, et des détecteurs, outils qui permettent de rendre visibles ces
particules aux expérimentateurs.

À l’heure actuelle, notre compréhension de l’Univers reste incomplète. Le modèle


standard des particules et des forces (voir chapitre 3) résume nos connaissances en
matière de physique des particules. Le modèle standard a été mis à l’épreuve lors
de diverses expériences et il s’est révélé particulièrement efficace pour prédire
l’existence de particules auparavant inconnues. Cependant, il laisse sans réponse de
nombreuses questions, auxquelles le LHC pourra apporter des éléments
d’explication. Le but du LHC est d’apporter une compréhension plus fine du modèle
standard de la physique des particules, et en particulier la découverte attendue du
boson de Higgs.

Le LHC (Large Hadron Collider ou Grand Collisionneur de Hadrons), est un


collisionneur de particules lourdes (les hadrons), entré en service en 2008. Le LHC a
été construit sur le site de son prédécesseur, le LEP (Large Electron Positron), qui
faisait collisionner un faisceau d'électrons avec un faisceau de positrons.

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Le LHC est installé dans un tunnel d'une circonférence de 27 km, enfoui à une
profondeur variant de 50 m à 170 m, et est entièrement refroidi à 40K pour
permettre l'usage des aimants supraconducteurs. Le LHC est capable de procéder à
des collisions proton-proton à une énergie de 14 TeV dans le centre de masse.
Chacun des deux faisceaux de proton est accéléré dans le sens inverse de l'autre,
dans des tubes à vide séparés, avec chacun a une énergie de 7 TeV. Le LHC est en
fait composé d'une série d'accélérateurs qui portent progressivement la vitesse des
protons jusqu'aux 7 TeV.

1.2 Principe de fonctionnement du LHC

1.2-1 La machine
Au LHC (figure 1.1), dernier accélérateur du CERN, les protons sont tout d'abord
accélérés jusqu'à une énergie de 7 TeV par faisceau à l'aide d'une série
d'accélérateurs, avant d'entrer en collision. Ce sont les produits de fin de collision
qui sont collectés par les détecteurs, qui peuvent être des électrons et des photons,
mais aussi des mésons, et des muons.

9
Figure 1.1: Complexe des accélérateurs du CERN.

Quatre détecteurs sont installés sur l’anneau du LHC :

 ALICE [1] (A Large Ion Collider Experiment) a été développé pour


étudier les Collisions d’ions lourds avec une énergie au centre de masse de
5.5 TeV par nucléon. On cherchera à y former et étudier un plasma quarks-
gluons.
 LHCb [2] est une expérience destinée à l’étude de la violation de CP, à la
recherche de désintégrations rares dans le secteur de la beauté et à l’étude
de l’asymétrie matière-antimatière.
 ATLAS [3] (A Toroidal Lhc ApparatuS), est l’un des deux détecteurs
polyvalents du LHC, il est utilisé pour chercher de nouveaux indices sur la
formation de l’Univers et sur sa composition. Il étudie des domaines de
physique très variés, de la recherche du boson de Higgs aux dimensions
supplémentaires de l’espace-temps, en passant par les particules qui
pourraient former la matière noire. A l’aide de ce détecteur, les physiciens

10
veulent détecter les particules formées lors des collisions proton-proton et
déterminer leurs propriétés.
 CMS [4] (Compact Muon Solenoid) est une expérience généraliste, tout
comme ATLAS, qui a pour but de rechercher le boson de Higgs et les
phénomènes au-delà du Modèle Standard.

1.2-2 L’accélération
Le Linac-2 (voir figure 1.2) est le premier accélérateur de toute la chaîne, où sont
d'abord accélérées les particules, par paquets. Il est en fonctionnement depuis
1978, et produit un faisceau de protons de 50 MeV. Par la suite, les protons sont
amenés dans le booster, le synchroton injecteur du Synchrotron à protons (PS), qui
les porte à 1.4 GeV. Dans le PS, les protons sont accélérés jusqu'à avoir une énergie
de 25 GeV, puis portés à 450 GeV dans le Supersynchrotron à protons (SPS). Enfin
les protons sont injectés dans le LHC, où ils sont accélérés jusqu'à 7 TeV.

.
Figure 1.2: Schéma de la chaîne d'accélérateurs pour l'injection des particules au LHC.

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1.2-3 Collision
A chaque collision, sur les trois quarks du proton, un seul interagit avec l'autre
proton, les deux autres quarks restant spectateurs (voir le graphique 1.3 ci-
dessous). Les quarks spectateurs empruntent à la mer de particules virtuelles, les
quarks qui leur manquent pour s'hadroniser, sans qu'on puisse considérer ce
dernier processus comme une collision. Ces processus sont appelés évènements
sous-jacents.

Le LHC étant construit selon une forme circulaire, les deux faisceaux de protons
effectuent plusieurs passages pendant lesquels ils collisionnent. Il y a un croisement
de paquet toutes les 25 ns. Comme un paquet comporte 1011 protons, plusieurs
collisions ont lieu lors d'un croisement. Ainsi, à haute luminosité (1034cm-2.s-1), il
peut se produire jusqu'à environ 20 collisions pour un même croisement de
faisceaux. Ce phénomène est appelé empilement (ou pile-up en anglais), et pose
un véritable défi, puisqu’il est difficile de distinguer les collisions les unes des autres,
en particulier lors du déclenchement.

La section efficace totale d'une collision proton-proton se divise en deux parties, la


partie inélastique et la partie élastique. La majorité des évènements attendus au
LHC est constituée d'interactions élastiques, sans processus durs. Ce sont les 20
collisions par croisement évoquées plus haut. Les particules issues de ces collisions
sont caractérisées par une impulsion longitudinale très grande et une faible
impulsion transverse. La plupart du temps, elles ne sont pas détectées.
Les interactions inélastiques, dites dures, produisent en revanche des particules à
forte impulsion transverse, et pourront être détectées. Elles sont malheureusement
plus rares, ayant une section efficace plus faible.

1.3 Grandeurs caractéristiques


Les grandeurs caractéristiques principales des accélérateurs de particules sont
l'énergie et la luminosité. Au LHC cette énergie est de 14 TeV, puisque les protons
qui collisionnent viennent de deux faisceaux de protons de 7 TeV chacun.

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La luminosité instantanée : est le nombre d'interactions qui a lieu dans le
collisionneur par unité de temps et de surface. La luminosité instantanée se calcule
de la manière suivante :
𝒏𝟏. 𝒏𝟐. 𝒏𝒃. 𝒇
𝑳=𝐅
𝟒𝛑𝛔𝐱. 𝛔𝐲
n1 et n2 : le nombre de protons dans chaque paquet.
nb : le nombre de paquets.
f : la fréquence de croisement des faisceaux.
σx et σy: les extensions horizontales et verticales des paquets.
F: un facteur de correction qui rend compte de l'angle de croisement des faisceaux
(F = 0:9).
La luminosité intégrée : « L0=Ldt » est le nombre d'interactions dans le collisionneur
par unité de surface; c'est l'intégrale de la luminosité instantanée sur un certain
temps. Plus la luminosité intégrée est grande, plus il y a d'interactions, et donc plus
il y a de données à analyser et plus la chance de détecter des particules rares (c'est-
à-dire dont la section efficace est faible) augmente.
Le nombre d'évènements pour un processus donné est alors proportionnel à la
luminosité intégrée « L0 » (mesurée en cm-2) et à la section efficace « σ » (mesurée en
-1
b ): N = L0σ, avec L0 =Ldt.

Nombre de protons par paquet 1011


Nombre de paquet par faisceau 2835
Extension horizontale des paquets 15 µm
Extension verticale des paquets 15µm
Extension longitudinale des paquets 5cm
Espacement des paquets 7.7m
Fréquence de révolution des paquets 11.25kHz
Temps entre deux croisements de faisceau 25ns
Energie d’un proton dans le centre de masse 14TeV
Nombre de collisions p-p par croisement de faisceau 20
Angle de croisement 200µrad
Tab 1.1: Quelques grandeurs caractéristiques du LHC.

13
1.4 La recherche au LHC
Le LHC est l'accélérateur de particules le plus grand et le plus puissant au monde. Il
a été construit pour explorer des zones inconnues au-delà du Modèle Standard. En
effet, cette théorie n'est pas parfaite malgré tous ses succès dans la description des
briques élémentaires et des forces de notre Univers, assortis de prédictions en très
bon accord avec les données expérimentales. Les expériences du LHC apporteront
des réponses à certaines des questions actuellement ouvertes: comment les
particules acquièrent-elles leurs masses ou pourquoi l'Univers contient plus de
matière que d'antimatière?
Pour obtenir des réponses à ces questions, des collisions entre paquets de protons
sont provoquées. Mais quels sont les objets qui interagissent vraiment lors d'une
collision proton-proton? Et bien ce sont les composants des protons (gluons et/ou
quarks). Ce graphique ci-dessous illustre bien ce qui se passe lors d'une collision:

Figure 1.3 : la collision entre 2 protons.

Lors de la première phase de prise de données du LHC, les physiciens se sont


concentrés sur les particules élémentaires connues du Modèle Standard. En
quelques semaines, elles ont toutes été redécouvertes, par exemple les systèmes
liés quark-antiquark (appelés génériquement "charmonium" et "bottomonium", et
découverts respectivement en 1974 et 1977), les quarks top (isolés car très lourds,

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et découverts en 1995) et les bosons W et Z (découverts au CERN en 1983). Pour
observer avec certitude de nouvelles particules dans les collisions proton-proton, il
faut d'abord pouvoir identifier sans ambiguïté les particules déjà connues dans les
événements du LHC. En plus de confirmer des résultats déjà obtenus, ce travail
permet de comprendre comment la physique déjà connue se manifeste dans
l'environnement nouveau étudié par les détecteurs du LHC.

1.5 Détection et identification des particules


ATLAS et CMS sont deux expériences généralistes de physique des particules. Bien
que les détecteurs soient de facture différente, ils vont contribuer tous les deux aux
mesures de précision des observables du modèle standard et à la recherche de
physique nouvelle. La redondance entre les résultats obtenus permettrait à l'un de
confirmer les résultats de l'autre. La collision proton-proton est avant tout un
processus d'interaction forte (régi dans le modèle standard par la
chromodynamique quantique ou QCD). Pour une seule collision proton-proton,
environ 500 particules sont générées en cascade,ce qui implique des processus de
QCD comme des processus électrofaibles. Les particules à forte impulsion
transverse, au bout d'un trajet dans le vide viennent frapper le détecteur.
L'interaction des particules avec la matière conduit à la création d'un signal
électronique, et c'est le système de déclenchement qui prend le relai. Le
déclencheur niveau 1 (L-1 Trigger) sélectionne les événements au-delà de seuils de
lectures déterminés, et c'est l'analyse online, qui se suit lorsque le L1-Trigger envoie
l'information au High Level Trigger (HLT), qui effectue une reconstruction
rudimentaire à l'aide d'un parc d'ordinateurs en ligne. La reconstruction consiste, à
partir des données digitalisées (DIGIS), à remonter aux objets physiques qui ont
déposé de l'énergie dans le détecteur. L'analyse offline des données peut alors
commencer.
Les données produites par l'accélérateur sont analysées offline pour mettre en
évidence la présence des particules rares recherchées. Pour que les algorithmes
soient opérationnels et les plus efficace possibles au démarrage du LHC, les analyses
utilisent pour l'instant des fichiers de données générés par différents logiciels:
ALPGEN, COMPHEP génèrent les processus intéressants par élément de matrice,

15
PYTHIA effectue l'hadronisation et simule la collision proton-proton, OSCAR simule
la réaction du détecteur par les interactions entre les particules collisionnées et la
matière. Puis l'environnement de programmation C++ fournit des classes pour la
reconstruction et l'analyse de données générées par les simulateurs.
Toutefois, la concordance entre simulation et expérimentation n'est pas acquise et
il convient de vérifier expérimentalement les prédictions de la simulation. Les écarts
permettent ainsi d'améliorer les modélisations existantes et de construire de
nouvelles théories.

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Chapitre 2

Le détecteur ATLAS

2.1 Introduction

Les produits des collisions proton-proton sont détectés par le détecteur ATLAS. Au
centre d’ATLAS, deux paquets de particules (contenant chacun 100 milliards de
protons) entrent en collision après avoir été accélérés dans des directions
opposées par le LHC. Ainsi, il n’est pas possible de savoir quels protons vont
s’entrechoquer ni même quelles parties de ces protons vont entrer en collision. A
chaque croisement de paquets, des diffusions (déviations de protons) ou des
collisions peuvent se produire. Dans ce dernier cas, de nouvelles particules se
forment. Les données enregistrées permettent aux physiciens de supposer quels
processus physiques ont eu lieu pendant les collisions. Pour y parvenir, ils ont dû
comprendre leur détecteur dans ses moindres détails. Faisons de même
maintenant.

ATLAS est un détecteur (Figure 2.1) multifonctions. Il est utilisé au LHC pour
chercher de nouveaux indices sur la formation de l’Univers et sur sa composition. A
l’aide du détecteur ATLAS, les physiciens veulent détecter les particules formées
lors des collisions proton-proton et déterminer leurs propriétés, par exemple leur
quantité de mouvement (ou impulsion), leur charge électrique et leur énergie. Pour
atteindre ces objectifs, un détecteur d’une taille à couper le souffle a été construit:
44 mètres de long pour 25 de diamètre. Il est composé de différents éléments qui
ont chacun une fonction spécifique et qui sont arrangés en «pelure d’oignon»
autour du tube à vide dans lequel circulent les protons.

17
Figure 2.1: vue globale du détecteur ATLAS.

2.2 ATLAS

2.2-1 Détecteur interne

Les trajectographes détectent les particules chargées électriquement. Ils mesurent


leurs positions à différents instants. Comme ces instruments sont plongés dans un
champ magnétique homogène, les particules chargées sont déviées. Leur
trajectoire donne accès à leur impulsion et à leur charge électrique. Les particules
produites lors de la collision interagissent très peu avec les matériaux des
trajectographes. Ainsi, elles y déposent seulement une faible quantité d’énergie.

Le détecteur interne (Figure 2.2) est un détecteur de traces en Silicium, il est


contenu à l’intérieur d’un cylindre de 6.2m de long et 2.1 m de diamètre. C’est le
premier détecteur rencontré par les particules issues d’une collision. Finement
divisé et au plus proche de l’interaction, le détecteur interne permet de
déterminer avec une grande précision spatiale les trajectoires de particules
chargées ou à courte durée de vie dans les 3 dimensions. Il permet également de
détecter les muons de basse énergie. [3]

18
Figure 2.2: Vue d’ensemble des détecteurs internes.

2.2.2 Calorimètre électromagnétique

Dans le calorimètre électromagnétique (basé, pour la partie tonneau, sur la


technologie de l’argon liquide LAr), les particules et les antiparticules sensibles à
l’interaction électromagnétique sont détectées, en particulier les électrons et les
photons. L’ensemble de l’énergie d’une particule traversant le calorimètre
électromagnétique est absorbé et transformé en signal électronique. L’amplitude
de ce signal donne une mesure de l’énergie de la particule.

Ce sous-détecteur « double emploi » permet à la fois de déterminer les


trajectoires et de mesurer l’énergie des électrons et des photons. Il permet
également de détecter les muons de basse énergie. C’est la présence d’un aimant
externe qui incurve les trajectoires des particules [3].

2.2.3 Calorimètre hadronique

Dans le calorimètre hadronique (à tuiles pour la partie tonneau) sont détectées les
particules sensibles à l’interaction forte et constituées de quarks et d’antiquarks –
on les appelle les hadrons – par exemple les protons ou les neutrons. La méthode
de détection est similaire à celle utilisée pour le calorimètre électromagnétique.

19
Mais des matériaux plus denses sont utilisés dans le calorimètre hadronique afin
d’absorber suffisamment d’énergie.

Ce sous-détecteur (voire figure 2.3) « double emploi » permet à la fois de


déterminer les trajectoires et de mesurer l’énergie des particules composées de
quarks (des ‘hadrons’). Il permet également de détecter les muons de basse
énergie. C’est la présence d’un aiment externe qui incurve les trajectoires des
particules [3].

Figure.2.3 : Vue en perspective du calorimètre hadronique.

2.2.4 Détecteur de muons

Les muons déposent seulement une faible fraction de leur énergie dans les
calorimètres et ce sont les seules particules (avec les "invisibles" neutrinos) qui
traversent toutes les couches du détecteur ATLAS. C’est pourquoi des chambres à
muons sont installées dans la partie la plus externe d’ATLAS pour identifier ces
muons. Elles sont plongées dans un champ magnétique supplémentaire afin de
mesurer leur impulsion plus précisément que dans les trajectographes. Ce champ
magnétique est produit par d’énormes aimants toroïdes (d’où le «T» de «ATLAS»).
Les chambres à muons (figure 2.4) sont faites de milliers de longs tubes remplis de

20
gaz et contenant chacun un fil au centre. Par ionisation, les muons incidents
libèrent des porteurs de charge électrique dans le gaz. Ceux-ci dérivent vers les
parois des tubes ou vers le fil central à cause de la grande différence de potentiel
entre le tube et le fil, créant ainsi un signal lisible électroniquement.

Ce détecteur est spécialisé dans l’étude de particules appelées ‘muons’. Grâce à un


puissant aimant externe qui courbe leur trajectoire, ce sous-détecteur permet à la
fois de déterminer les trajectoires et de mesurer l’énergie des muons de haute
énergie issus des collisions. [3]

Figure 2.4: Détecteur a muon.

21
Chapitre 3

Le modèle Standard
Le modèle standard de la physique des particules est la théorie qui décrit les
particules de la matière et les particules médiatrices d’interactions fondamentales
qui s’exercent entre elles. Le tout à des échelles inférieures à 10-15 m. Certaines de
ces particules ont été observées et étudiées depuis longtemps. D’autres commencent
à l’être, comme le fameux boson de Higgs prédit en 1964 et découvert en 2012 au
LHC.

3.1 Le modèle standard

A ce jour, toutes les particules du modèle standard ont été observées dans les
accélérateurs de particules à l’exception d’une seule particule: le graviton.
Le modèle standard regroupe 25 particules élémentaires représentées dans le
tableau ci-dessous (ainsi que leurs 25 antiparticules associées). Il existe 2 grandes
familles de particules élémentaires:
 La famille des particules de matière : ce sont les 1 2 fermions, ce qui
veut dire qu’ils ont un spin demi-entier.
 La famille des particules de champ de spin entier, qui sont des
médiateurs et permettent de véhiculer une force d’interaction: les bosons
de jauge. 12 bosons de spin 1 qui sont les vecteurs des différentes
interactions: l'interaction forte, l'interaction faible et l'interaction
électromagnétique.
 1 boson de spin 0, le boson de Higgs (mécanisme de Brout-Englert-Higgs) qui
a deux rôles:

o mélanger les interactions faible et électromagnétique et donner une


masse aux bosons W et Z0,
o donner une masse aux fermions élémentaires par l'interaction avec le
champ de Higgs.

22
Le modèle standard parle ensuite de 3 générations (ou familles) qui se distinguent
par la différence de masse entre les particules. La première génération rassemble
les particules les plus légères qui sont stables et constituent la matière qui nous
entoure, alors que les générations 2 et 3 sont constituées de particules plus
lourdes créées artificiellement dans les accélérateurs de particules et qui se
désintègrent rapidement. Il existe 12 fermions qui sont classés en 2 sous-familles :

 6 leptons insensibles à l’interaction forte. Ce sont des particules de


charge électrique entière (figure 3.1) ayant une valeur ±1 pour les électrons,
muons et taus ou une valeur nulle pour les neutrinos. Les leptons sont
considérés comme étant des particules indivisibles:
 Première famille: l’électron et le neutrino électronique.
 Deuxième famille: le muon et le neutrino muonique.
 Troisième famille: le tauon et le neutrino tauonique.

 6 quarks qui sont sensibles à toutes les interactions, ce sont des


particules supposées aussi indivisibles possédant une charge électrique
fractionnaire et une charge dite de “couleur” qui est un nombre
quantique régissant la formation des corps constitués de Quarks: Les Hadrons.
En effet les quarks ne peuvent se regrouper que si la couleur totale est noire
ou blanche [5].
 Première famille: quarks Up et Down.
 Deuxième famille: quarks Strange et Charm.
 Troisième famille: quarks Bottom et Top.

23
Figure 3.1: Modèle standard des particules élémentaires.

L’Univers est gouverné par quatre forces [6] fondamentales (voir figure 3.2 ci-
dessous): la force forte, la force faible, la force électromagnétique et la force
gravitationnelle. Leurs portées ainsi que leurs intensités sont différentes. La
gravité est la plus faible de ces forces mais à une portée infinie. Également à
portée infinie, la force électromagnétique est bien plus puissante que la
gravitation. Les forces faible et forte quant à elles ont une portée très limitée et
n’agissent qu’au niveau des particules subatomiques. La gravitation a jusqu’ici
résisté à toutes les tentatives de description théorique par le modèle standard,
elle est donc pour l’instant exclue de ce dernier.

Les interactions (ou forces) fondamentales de la matière s'expliquent par quatre


types de forces:

 La force électromagnétique : concerne les particules chargées


électriquement. Elle est attractive entre deux particules de signes
contraires, et répulsives entre deux particules de même signe. Le photon
est le médiateur de la force électromagnétique et possède une portée
infinie. C’est un boson vecteur de masse nulle et de spin entier égal à 1.

24
 La force d'interaction forte : elle est très intense et agit à très courte
portée. Elle concerne les protons et les neutrons. Elle permet aux noyaux
des atomes de tenir ensemble malgré le fait que les protons se repoussent
les uns les autres à cause de la force électromagnétique. Les huit gluons
sont responsables de la force forte. Ce sont des bosons vecteurs de masse
nulle.
 La force d'interaction faible: agit sur toutes les particules à très courte
distance, elle est responsable de, la radioactivité béta, les bosons W+, W- de
charge électriques respectives +1 et -1, ainsi que le boson vecteur neutre Z0
qui véhicule la force faible. Ce sont des bosons massifs de spin égal à 1
 La force gravitationnelle: La gravitation est une force parfaitement
mesurable à notre échelle. Elle gouverne l’évolution de l’Univers dans son
ensemble (depuis les premières secondes qui ont suivi le Big Bang jusqu’à
aujourd’hui) ainsi que la formation de toutes les structures qui le
composent: planètes, étoiles, galaxies, etc. La gravitation est la plus faible
des quatre forces fondamentales. À l’échelle des particules, toutes très
légères, elle est complètement dominée par la force électromagnétique,
l’interaction faible et l’interaction forte.

Figure 3.2 : Les différentes interactions de l’univers.

25
Le modèle standard comprend les forces électromagnétique, forte et faible ainsi
que leur particule porteuse correspondante et explique de façon très satisfaisante
comment ces forces agissent sur toutes les particules de matière. Cependant, bien
que la gravité soit la force qui nous est la plus familière, elle ne fait pas partie du
modèle standard. D’ailleurs, lui trouver une place dans ce modèle s’est révélé ardu.
La théorie quantique, utilisée pour décrire le monde microscopique, et la théorie de
la relativité générale, employée pour décrire le monde macroscopique, n'arrivent
pas à s'entendre. Jusqu’à présent, personne n’a réussi à rendre les deux théories
mathématiquement compatibles dans le cadre du modèle standard. Mais,
heureusement pour la physique des particules, lorsque l’on se situe à l’échelle
minuscule des particules, l’effet de la gravité est négligeable. C'est seulement en
présence d'amas de matière importants - comme en nous-mêmes ou dans les
planètes – que l’effet de la gravité prédomine.

26
Chapitre 4

La recherche du boson de Higgs

4.1 Introduction

La particule de Higgs est la plus célèbre de toutes les nouvelles particules que l'on
cherche à découvrir au LHC. L'observer démontrerait la validité d'une théorie
établie au milieu des années 1960 et qui décrit le mécanisme qui confère une
masse à toutes les particules du Modèle Standard. En faisant appel à des concepts
mathématiques compliqués comme les symétries, on peut montrer que les
particules élémentaires étaient sans masse juste après le Big-Bang. La théorie
proposée avance qu'un milieu collant appelé "le champ de Higgs" s'est répandu
dans l'Univers un millième de milliardième de seconde après le Big-bang. Depuis ce
moment, les particules ont des masses différentes de zéro: plus elles interagissent
avec ce milieu -- c'est-à-dire plus leur masse est élevée -- plus il faut une force
importante pour les accélérer. Pour mettre en évidence ce champ de Higgs, il faut
l'exciter un peu comme on agiterait un fluide ou un gaz. Les "vaguelettes"
produites sont les quanta associés à l'excitation du champ de Higgs que l'on appelle
particules de Higgs. Elles sont massives et ont une durée de vie très courte. Elles se
désintègrent en d'autres particules avant même d'atteindre les détecteurs et ne
peuvent donc être identifiées que par l'intermédiaire de leurs produits de
désintégration.

4.2 Le Boson de Higgs

Dans le modèle standard, la masse du Higgs est un paramètre dont la valeur n'est
pas prédite par la théorie, et qui doit être déterminée par l'expérience. La théorie
prédit que les processus de génération et de désintégration du Higgs dépend d’une
zone de masse. Le LEP avait trouvé une limite sur la masse du boson de Higgs, s'il
existe, de MH > 114,1GeV (avec un taux de confiance de 95%).

27
Le LHC est un collisionneur proton-proton construit pour avoir une énergie dans le
centre de masse de 14 TeV. A la fin de l'année 2011, il était prévu que les
expériences ATLAS et CMS collectionnent 1 fb-1 de données avec des collisions de 7
TeV. Avec cette énergie dans le centre de masse et des collisions proton-proton, les
processus dominants de production du boson de Higgs du modèle standard sont la
fusion de gluon et VBF qqH (Vector Boson Fusion) comme le montre la figure 4.1.
Les processus de production associés avec un boson Z ou W ne seront pas utilisés
pour la recherche de boson de Higgs étant donné la faiblesse de leur section
efficace de production par rapport à un bruit de fond important. Les principaux
canaux d'étude sont la production directe d'un boson de Higgs se désintégrant en
WW (puis en deux leptons et deux neutrinos), ZZ (puis en quatre leptons) ou γγ
comme le montre la figure 4.2.

Figure 4.1: La section efficace de production du boson de Higgs (en pb).

28
Figure 4.2: Le rapport d’embranchement avec une énergie dans le centre de masse de 14 TeV.

Certaines de ces propriétés sont déjà en accord avec les prédictions: le fait
d’observer cette particule dans ces deux canaux et à une masse favorisée par des
mesures indirectes. Dans les mois et années à venir, ATLAS mesurera plus
précisément ces propriétés, dessinant ainsi une image aux contours plus nets de la
nature de cette particule: s’agit-il du Boson de Higgs, la première particule d’une
nouvelle famille, ou quelque chose de complètement nouveau?
Les données 2012, des collisions protons-protons à 8 TeV dans le centre de masse,
ont été collectées en seulement trois mois et contiennent déjà plus de données que
l'ensemble de celles engrangées en 2011. Cette accumulation spectaculaire des
données a été possible grâce aux efforts remarquables du groupe des accélérateurs
du LHC.

29
Figure 4.3: Limites expérimentales mesurées par ATLAS pour la production du Boson de
Higgs du Modèle Standard dans la fenêtre en masse entre 110 et 600 GeV [7].

Interprétation de la courbe: la courbe continue suit la limite observée


expérimentalement pour la production du boson de Higgs, pour toutes les masses
possibles (axe horizontal). La région pour laquelle la courbe continue passe sous la
ligne horizontale à 1 est exclue avec 95% de confiance. La courbe pointillée
représente la limite attendue en absence de Boson de Higgs, basée sur la
simulation. Les bandes vertes et jaunes correspondent à des régions éloignées de la
limite attendue avec 68% et 95% de confiance respectivement. Les masses du
Boson de Higgs dans la bande étroite entre 123 et 130 GeV sont les seules valeurs
de masse qui ne sont pas exclues avec 99% de confiance. [7]

4.3 La recherche de boson de Higgs au LHC

Après trois années de prise de données au LHC et d'analyse, les physiciens ont
maintenant une idée assez précise de la masse du boson de Higgs, dont la
découverte a été annoncée en juillet 2012. Le CERN a annoncé l'observation d'un
boson de spin 0 qui semble correspondre au boson Brout-Englert-Higgs attendu.
Néanmoins, il faudra encore attendre quelques années pour avoir une réponse
définitive à cette question: le nouveau boson est-il exactement celui qui a été
prédit?

30
Figure 4.4 : montre collision candidate pour signer la présence d’un boson de Higgs se
désintégrant en deux taus dans le détecteur ATLAS. Les deux taus, instables, se désintègrent à
leur tour pour l’un en électron (ligne bleue) et pour l’autre en muon (ligne rouge).

Figure 4.5: montre collision candidate pour signer la présence d’un boson de Higgs se
désintégrant en deux taus dans le détecteur CMS. Les deux taus se désintègrent pour l’un
en muon (ligne rouge) et pour l’autre en hadron chargé (blocs bleu).

31
La masse de 126 GeV permet de nombreux modes de désintégration pour le boson
de Higgs, et les études en cours sur la fréquence à laquelle il se désintègre dans les
différents canaux permettront de dire s'il s'agit bien de la particule prédite par le
Modèle Standard (le boson de Higgs) ou bien d'un membre d'une famille plus
grande, dans le cadre d'une théorie au-delà du Modèle Standard.
Dans le graphique ci-dessous, basé sur des calculs théoriques et qui contient
également les résultats récents d’ATLAS et de CMS, on compare le poids (donné
par un nombre fractionnaire sur l’axe y vertical) des modes de désintégration les
plus importants du boson de Higgs. Vous pouvez également voir sur cette image
des zones hachurées. Elles correspondent à des intervalles permis théoriquement
pour la masse du Higgs (axe x horizontal) mais qui ont été exclus
expérimentalement (avant sa découverte récente), soit récemment (et à 95% de
degré de confiance) par les expériences ATLAS et CMS, soit par les expériences du
LEP il y a dix ans. Enfin, ce graphique résume la variation de ces poids en fonction
de la masse du Higgs.

Figure 4.6 : Les modes de désintégration les plus importants du boson de Higgs en fonction du poids
(nombre fractionnaire donné sur l’axe verticale y) et la masse de Higgs (axe horizontale x)

Observez attentivement la ligne bleue pointillée indiquée par les deux lettres « WW
».Il est difficile de chercher le boson de Higgs en observant un excès d’événements
contenant des paires quark-antiquark (à cause d'un bruit de fond énorme), cette
ligne nous dit simplement qu’une désintégration du boson de Higgs en deux
particules W est le scénario le plus intéressant, étant donnée la gamme de masses

32
encore possibles. Puisque le Higgs est neutre, les deux bosons W ont des charges
électriques opposées.

Mais il y a un hic: la désintégration d’un boson de Higgs en deux W ressemble


beaucoup à la production simultanée de deux bosons W de charges électriques
opposées dans l’événement. Ce processus est parfaitement prédit par le Modèle
Standard et il n’a rien à voir avec la production d’un boson de Higgs (voir le
diagramme de Feynman ci-dessous). Il y a même pire: ce processus particulier
(production de deux bosons W sans passage par un boson de Higgs) est beaucoup
plus fréquent que celui qui est recherché: de 4 à 10 fois plus selon la masse. Mais
alors, comment peut-on séparer ces deux phénomènes? Et bien c’est impossible si
l’on se contente de regarder des visualisations d’événements. Par contre, on peut
les distinguer grâce au renfort de quantités physiques particulières, appelées
variables discriminantes. En physique des particules, cette démarche porte le doux
nom d'augmentation du rapport signal sur bruit de fond.

Spécialisons-nous dans la recherche du mode de désintégration WW du boson de


Higgs. Ces deux particules se désintègrent de manière indépendante selon les lois
en vigueur dans le Modèle Standard. Un W se désintègre soit en une paire quark-
antiquark soit en une paire lepton-antilepton. Dans la suite on va se concentrer sur
ce dernier processus en excluant les paires tau-anti tau qui sont plus difficiles à
identifier. Les scientifiques le désignent de la manière suivante: H→WW→lνlν (ou
plus simplement WW→lνlν ) avec la lettre générique « l » qui désigne un électron,
un muon, un positron ou un anti-muon et la lettre « ν » qui désigne un neutrino
Pour augmenter le rapport signal sur bruit (de fond) pour le mode de
désintégration choisi, nous allons nous concentrer sur l’angle que forment les deux
leptons dans le plan transverse (perpendiculaire à l'axe des faisceaux). Selon la
mécanique quantique, les désintégrations contenant un boson de Higgs sont en
majorité associées à des angles inférieurs à 90 degrés tandis que les événements
WW du Modèle Standard correspondent plutôt à des angles supérieurs à 90
degrés. Accumuler, pour chaque événement sélectionné, la valeur de cet angle
dans un histogramme aidera à visualiser (ou pas) cet effet pour des analyses
ultérieures.

33
Le signal par opposition au bruit de fond: voici deux diagrammes de Feynman
supplémentaires montrant pour l’un la production et la désintégration d’un boson
de Higgs et pour l’autre un événement de bruit de fond (dans ce cas précis la
production d’une paire de quarks top lourds).

Figure 4.7 : Diagrammes de Feynman

4.4 Les caractéristiques du Boson H Brout-Englert-Higgs (H0):

Le boson de Higgs est l’une des particules qui ne représente pas une force mais
plutôt un champ appelé le champ de Higgs. Sa masse vaut environ 126 GeV/c 2 et
est de charge électrique nulle. Son existence a été confirmée de manière
expérimentale en 2012 grâce à l'utilisation du LHC. [7,8]

Boson Masse (GeV /c2) Charge électrique spin


Higgs H0 126 0 0
Tab 4.1 : Les caractéristiques du Boson de Higgs

Il existe de nombreuses autres particules élémentaires hypothétiques dans les


différentes théories des physiciens. Par exemple le modèle standard n’inclut pas
encore la force de gravitation qui était à l’origine de l’univers. Pour cela, les
physiciens ont suggéré l’existence d’un boson qui transmettrait l’interaction
gravitationnelle appelé « LE GRAVITON ». En l’état actuel de nos connaissances,

34
l’observation directe du graviton est inenvisageable. Par contre, la gravitation a des
connexions avec une notion développée en relativité générale: les ondes
gravitationnelles. Ces dernières sont des vibrations de l’espace-temps créées par le
mouvement accéléré de masses compactes, par exemple des trous noirs ou des
étoiles à neutrons. Depuis 2016, l’existence des ondes gravitationnelles est avérée
par l’observation, grâce aux collaborations Ligo et Virgo qui ont annoncé avoir
détecté des ondes gravitationnelles, un siècle après leur description par Albert
Einstein.

4.5 Désintégration du boson H0 :

Les collaborations ATLAS et CMS ont présenté de nouveaux résultats précisant les
caractéristiques du boson de Higgs, découvert en juillet 2012 auprès du LHC.
Le boson de Higgs est prédit par le mécanisme de Brout-Englert-Higgs qui
permettrait d’expliquer l’origine des masses des particules de matière, améliorant
considérablement notre compréhension de la nature intime de la matière [9].
ATLAS a concentré ses efforts sur deux canaux complémentaires: les
désintégrations du Higgs en deux photons ou en quatre leptons [7,8].

4.5-1 Canal à 2 photons:


Le canal en deux photons présente un signal modeste et un bruit de fond important
qui est bien mesuré. [10]

Figure 4.8 : Distribution en masse pour le canal en deux photons [10].

35
Interprétation de la figure: L’évidence la plus forte pour cette nouvelle particule
vient de l’analyse des événements avec deux photons. La courbe en ligne pointillée
suit le bruit de fond issu de processus connus. La courbe continue suit un
ajustement statistique du signal et du bruit de fond. La nouvelle particule apparaît
avec l’excès autour de 126 GeV. L’analyse complète conclut que la probabilité pour
que le bruit de fond fluctue vers un tel excès est de trois chances sur un million [10].

4.5-2 Canal à 4 Leptons :


Les scientifiques ont désormais mis en évidence la désintégration du boson de
Higgs en paire de particules "tau", cousines de l’électron et 3 500 fois plus lourdes.
ATLAS et CMS collaborations jouent un rôle de premier plan dans ces mesures qui
montrent pour la première fois expérimentalement que les masses des leptons
(dont le lepton tau) pourraient avoir une origine commune avec les autres
particules du Modèle standard (les quarks et les bosons Z et W) [10].

Conclusion

Il se pourrait que le boson de Higgs qu’observent les expérimentateurs soit


différent de la version la plus simple prédite par le Modèle standard. Plusieurs des
théories décrivant la physique au-delà du Modèle standard, notamment la super-
symétrie et les modèles composites, prévoient l’existence de toute une panoplie de
nouvelles particules, y compris différents types de bosons de Higgs. Si l’un de ces
scénarios est conforme à la réalité, la découverte du boson de Higgs pourrait ouvrir
la voie à la découverte d'une nouvelle physique, avec par exemple les super-
particules ou la matière noire, sans oublier le fait que cette découverte a conforté
la théorie sur laquelle la recherche en physique se base depuis des décennies à
savoir le modèle standard, ainsi on pourra justifier l’existence du CERN et venter
les efforts des physiciens qui y travaillent qui sans eux , la découverte de ce boson
aura été impossible.

36
Bibliographie:

[1] La Collaboration ALICE, ALICE Technical Proposal, CERN-LHCC-95-71.


[2] La Collaboration LHCb, LHCb Technical Proposal, CERN-LHCC-98-004.
[3] La Collaboration ATLAS, ATLAS Technical Proposal, CERN-LHCC-94-43.
[4] La Collaboration CMS, CMS Technical Proposal, CERN-LHCC-94-38.
[5] La Collaboration ATLAS, ATLAS Inner Detector Technical Design Report, Volumes I et
II, CERN/LHCC 97-16 et 97-17.

[6] Introduction à la physique des particules, L. Marleau. Scientic WorkPlace,


Département de physique Université Laval Québec, Canada.

[7] ATLAS Collaboration, Phys. Rev. D 86 (2012) 032003.


[8] CMS Collaboration, Phys. Lett. B 710 (2012) 26
[9] Production of Higgs bosons in proton colliders: QCD corrections A. Djouadi et al.
Phys.Lett. B264 (1991) 440-446 (1991).
[10] Physics Letters B Volume 716, Issue 1, 17 September 2012, Pages 1–29

37
LISTE DES FIGURES :
1.1 Complexe des accélérateurs au CERN
1.2 Schéma de la chaine d’accélération pour l’injection des particules au LHC.
1.3 la collision entre 2 protons.

2.1 Vue globale du détecteur ATLAS

2.2 Vue d’ensemble des détecteurs internes

2.3 Vue en perspective du calorimètre hadronique

2.4 Détecteur à muon

3.1 Modèle standard des particules élémentaires.

3.2 Les différentes interactions de l’univers

4.1 La section efficace de production du Boson de Higgs en (pb).

4.2 Le rapport d’ébranchement avec une énergie dans le centre de masse de 14 TEV

4.3 Limites expérimentales mesurées par ATLAS pour la production du Boson de Higgs du
Modèle Standard dans la fenêtre en masse entre 110 et 600 GeV.

4.4 Montre Collision candidate pour signer la présence d’un boson de Higgs se
désintégrant en deux taus dans le détecteur Atlas. Les deux taus, instables, se
désintègrent à leur tour pour l’un en électron (ligne bleue) et pour l’autre en muon
(ligne rouge)

4.5 Montre Collision candidate pour signer la présence d’un boson de Higgs se
désintégrant en deux taus dans le détecteur CMS. Les deux taus se désintègrent pour
l’un en muon (ligne rouge) et pour l’autre en hadron chargé (blocs bleu)

4.6 Les modes de désintégration les plus importants du boson de Higgs en fonction du
poids (nombre fractionnaire donné sur l’axe verticale y) et la masse de Higgs (axe
horizontale x)

4.7 Diagramme de Feynman

4.8 Distribution en masse pour le canal en deux photons

38
LISTE DES TABLES :
1.1 Quelques grandeurs caractéristiques du LHC

4.1 Les caractéristiques du Boson de Higgs

39

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