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Kultur Dokumente
Durée : 1 semestre
Classe L3B
INTRODUCTION
L’écrit doit être expliqué par les pressions de communications au niveau du langage fixé, des
divers protagonistes sociaux, mêmes poussés par leurs propres conditions géographiques,
économiques, politiques, culturelles, etc.. Ainsi tout phénomène bibliographique serait la
manifestation d’une idéologie à un moment de son développement.
La Bibliologie, science du livre est plus précisément la science de l’écrit. La notion de livre ne
saurait se fonder sur le seul critère du support comme on l’a fait parfois ; ni sur le critère de
procédé de reproduction des textes : en réservant le terme de livre au seul ouvrage imprimé,
on éliminerait à priori le livre manuscrit ; ni sur la notion de périodicité qui séparerait le livre
du journal et du périodique. Le seul point essentiel à partir duquel tous les autres critères
doivent intervenir pour constituer des divisions de la bibliographie, c’est la notion d’écriture.
Celle-ci correspond à l’un des modes d’expressions. Après quoi, on concevra une bibliologie
des textes fixes et mobiles ; du manuscrit et de l’imprimé ; du livre proprement dit, du
périodique etc.
La Bibliologie historique et encyclopédique
Les phénomènes bibliologiques doivent être non seulement décrits mais expliqués.
La bibliologie scientifique
Il existe deux phases dans le circuit : celui de la recherche fondamentale qui tend à expliquer
les phénomènes bibliologiques ; celle de la pédagogie et de la recherche appliquée qui tend à
moduler ces découvertes en fonctions des besoins. A la bibliologie fondamentale, s’ajoute
donc la bibliologie d’une science du livre isolée sur elle-même sans avec la vie
professionnelle n’a aucun sens.
b) La bibliologie fondamentale
La bibliologie fondamentale a pour de découvrir les régularités et les lois qui régissent les
phénomènes de l’écrit.
Le livre, au sens large du terme, est un produit de l’activité de l’homme. Il est établi dans la
durée. Le livre est produit évolutif. Les bibliologues se séparent en deux groupes : ceux qui
s’établissent dans une perspective présentéiste, d’aujourd’hui ou d’hier, et ceux qui étudient
l’évolution.
Une étude sociologique analysant les structures d’une période, les interrelations
fonctionnelles des éléments bibliologiques, est aussi nécessaire q’une analyse de l’évolution
cyclique de ces mêmes phénomènes. La statique et la dynamique bibliologique se complètent.
La bibliologie statique
C’est la partie de la bibliologie fondamentale qui a pour but de découvrir les interrelations
structurelles existant entre les phénomènes bibliologiques.
Faut-il aller du livre vers la société comme cela fut fait dans les décennies précédentes ? Ou
bien, inversement, de la société au livre ? Introduction ou déduction dans l’étude du livre ?
Il semble qu’il faille utiliser successivement les deux méthodes. Puisque l’objet à étudier reste
l ‘écrit, c’est de lui qu’il faut parler c’est de lui qu’il revient
La bibliologie spécifique
Les phénomènes bibliologiques, ce est-à- dire tous les faits qui de près ou de loin, concernant
directement l’écrit, font l’objet de la bibliologie spécifique.
Pour constituer le schéma bibliologique, nous avons dissocié les phénomènes bibliologiques
étudiées dans la bibliologie spécifique des influences des sciences humaines fondamentales,
psychologie, sociologie, et. La sociologie, en relation avec la bibliologie, constituera la
bibliologie sociologique dont l’objet sera non pas d’étudier les faits de production, de
distribution du livre mais de mesurer l’influence des faits sociaux généraux sur les
phénomènes spécifiques de l’écrit.
Pour dégager le schéma de la bibliologie spécifique, il convient de procéder à une analyse des
opérations qui interviennent dans la vie du livre. Elles sont au nombre de huit (ici indiqués de
0 à 7)
Pour reproduire, il faut une initiative, de l’argent, des moyens de fabrication, un auteur,
producteur de texte. On peut donc discerner :
1.2.0 La fonction de fabrication du support de signes (paryrus, parchemin, papier, film ; etc.)
2. La fonction distributive
Il n’est guère besoin d’insister sur sa mission qui conduit le produit et entreposé des mains du
fabricant à celles du lecteur
Entre l’auteur et le lecteur, situés aux deux extrémités du processus de communication, il peut
exister deux circuits différents : celui de la consommation et celui de l’avant-garde
Entre les mains du lecteur. Faits économiques, elles doivent donc satisfaire le
lecteur qui sanctionne par son achat. On obtient ainsi le schéma suivant :
vise à satisfaire les goûts massifs du public, c’est à dire, en dernier recours, de la
société dominante.
50. Les fonction professionnelles comprenant : les association d’auteurs (500) , d’éditeurs
(501), de fabrication (502),de fabricants (502), de libraires (503) , etc.
51. Les fonctions socio-professionnnelles : syndicats de travailleurs (510) ,de cadres (511),
patronaux(512), etc.
La communication n’ est réalisée qu’ autant que les diverses fonctions bibliographiques sont
accomplies par des personnels en situation, donc compétents. La formation professionnelle, le
renouvellement scientifique sont obtenus par le circuit scientifique et pédagogique :
7. La fonction politique
7.4. La censure.
L’analyse scientifique
Les phénomènes bibliologiques peuvent être étudiés par les sciences humaines puisque le
livre est un produit de l’ activité des hommes. Le livre doit être d’abord considéré en lui –
même puisqu’ il est ici le produit de la recherche. C’ est donc un fait de langage .
La Bibliologie politique
La vie du livre obéit souvent à des rythmes périodiques. La bibliologie dynamique se fonde
sur la notion de périodicité, de variations des phénomènes étudiés, tendant, selon des laps de
temps approximativement identique, à reproduire des états généraux comparables.
Le livre est à la fois texte et pensée de l’auteur. C’est l’objet de la bibliologie de la création et
de la production. Par ailleurs, le livre est réalité recopiée ou imprimée, reproduite en un
certain nombre d’exemplaires. C’est donc un bien de consommation .On rejoint alors
l’histoire et la sociologie économique et sociale.
C’est dire que la bibliologie dynamique, par la nature même du livre, devait être conduite à
poser en termes d’observations quantitatives les relations entre l’infrastructure économique
générale et du livre en particulier, et la superstructure intellectuelle en général et particulière
de la création littéraire
La bibliologie a élaboré son schéma de recherche à travers les XIXe et XX siècles. Elle a
découvert à partir du texte, chacun de ses éléments constitutifs.
Dans le cadre de la bibliologie statique on a isolé d’abord le texte. L’un des plus anciens
schémas , la sociologie de la littérature , se fonde sur l’idée qu’il pourrait exister une relation
entre les cadres sociaux , économiques , politiques , d’une société donnée , et la littérature
qu’elle engendre . La pensée créatrice des auteurs et les textes qu’ils composent seraient,
quelles que soient les théories avancées, d’une certaine manière, le reflet de la vie sociale.
L’homme, la femme, l’enfant n’ont pas les mêmes axes d’information. Il en est de même des
différentes classes sociales et divers groupes socioprofessionnels. La causalité sociologique
s’élargissait ainsi à l’univers du livre.
Deux secteurs tendent à se constituer avec le temps : la masse qui reste plus spontanéiste ; les
intellectuels qui, dans la masse et hors d’elle, prennent plus vite conscience du problème
soulevé. Cette évolution est génératrice de l’avant-garde contestataire qui assure un certain
nombre de fonctions : prise de conscience des insatisfactions ; explication théorique,
élaboration d’un projet de société ; constitution d’une théorie révolutionnaire de prise de
pouvoir. La classe dominante, pour conserver le monopole politique et économique, doit
maintenir sa propre idéologie. De là proviennent les deux formes de l’enseignement technique
et général.
Mais ces deux formes d’enseignement auront des conséquences sur le plan de la
communication et plus spécialement de la communication écrite. L’enseignement technique
cherchera à développer une communication écrite efficace visant l’action professionnelle et
sociale. La création littéraire qui répondra à l ‘enseignement général cherchera à conserver
l’image de marque de la société dominante.
Ces deux enseignements déboucheront ainsi sur deux sortes de textes. Au-delà de la littérature
relevant du circuit de l’enseignement général, existe tout le secteur de l’écrit fonctionnel et
anonyme jusqu’alors ignoré. Celui-ci pour être inventorié, doit faire intervenir la théorie
politique des pouvoirs : au législatif à l’exécutif, au judiciaire, à l »économique vont
correspondre la littérature législative, gouvernementale, administrative, d’entreprise, bref tout
ce qu’on pourrait appeler la littérature économique politique et sociale, anonyme d’une
époque.
Inversement, la classe dominée ayant été intellectuellement stérilisée, aura pour mission de
recevoir l’information et d’exécuter les ordres reçus : sa situation psychologique sera réduite à
celle, passive, d’un récepteur qui n’a pas le droit d’intervenir sur l’émission.
La politique menée sur le plan créatif s’établira sur plusieurs axes successifs. Par la politique
de l’enseignement général, elle cherchera à stériliser la pensée créatrice dans les autres classes
et elle y parviendra pour l’essentiel. Reste qu’une partie de l’intelligence dans les classes
dominées, échappe à cette stérilisation. La classe dominante doit alors faire intervenir une
seconde procédure de stérilisation : les conditions économiques et sociales de la création.
Pour créer, il faut réunir plusieurs conditions en plus de l’esprit créatif : il faut du temps libre
pour produire le manuscrit ; il faut de l’argent pour le faire imprimer ; il faut un réseau
relationnel pour faire de la publicité. En obligeant les autres classes au travail, à la pauvreté
relative, à l’isolement de la publicité et en maintenant les avantages du temps libre, de l’argent
et des relations à son profit ; elle permet l’épanouissement rapide de la création littéraire en
son sein.
En imposant enfin une sanction pat la sélection qualitative et l’enregistrement historique des
hommes et des œuvres, elle crée une émulation qu’elle cherche à maintenir au profit de ses
fils ou de ceux qui sont prêts à soutenir son idéologie.
Cette politique stérilise intellectuellement une partie considérable de la population sur le plan
créatif. Elle oblige les auteurs à choisir. La plupart chercheront à jouer le jeu et à s’incorporer
dans le circuit conformiste de la consommation.
L’opposition de ceux qui refusent à suivre le chemin de l’assimilation se manifeste alors sous
la forme de la pensée anticonformiste et révoltée, créatrice de l’avant-garde dans sa forme
politique, littérale et artistique.
La bibliologie sociologique
Il faut élaborer une théorie complémentaire de celle de la bibliologie spécifique qui tentera de
situer le livre comme fait de communication dans le cadre social. A la bibliologie spécifique,
répondra la bibliologie sociologique.
La bibliologie sociologique
Le livre n’est pas seulement un moyen de communication, c’est un fait social c’est donc de la
société conçue comme une totalité qu’il partir.
La première évidence qui s’impose est l’existence, dans un cadre géographique, d’une
population dont ont cherche à étudier la production écrite. Cette population peut être
considérée globalement ou fragmentairement. Interviennent dans ce dernier cas des critères
différents. Les uns physiologiques ; concernent l’âge et le sexe. Les autres sociaux dépendent
de la nationalité et de l’activité professionnelle. Chacun de ces groupes et chacune de ces
classes sociales interviennent dans la distribution et la consommation de biens qui sont
nécessaires à leur survie.
La prise en charge de leurs idéologies se fait par les diverses organisations sociales et par les
partis politiques. Le pouvoir acquis est employé pour modifier l’univers social dans le sens de
l’idéologie dominante par les moyens politiques classiques des pouvoirs législatif, exécutif et
judiciaire. Sur le plan culturel, il s’agit d’orienter la psychologie collective. Le pouvoir
cherche à imposer son image aux générations futures, par sa politique de l’enseignement et
notamment par l’alphabétisation. Il tente de conserver cette image dans le présent par sa
politique culturelle de l’information.
Ses buts ne peuvent être atteints sans faire intervenir le langage, c’est-à-dire sans avoir une
politique de communication, qui passera par les canaux traditionnels de l’oral et l’écrit ou par
les moyens audiovisuels.
Les groupes et les classes sociales n’acceptent pas, le plus souvent , leur situation. Ils
réagissent et créent ainsi une action oppositionnelle contradictoire de celle de la forme
dominante, engageant ainsi le processus de l’évolution dialectique. Ils utilisent pour parvenir
à leurs fins, des moyens voisins, dans le principe, de ceux employés par le pouvoir en place.
La lutte socio-politique oblige ainsi celui-ci à faire intervenir une politique coercitive
appliquée sous la forme de lois, de règlements. On offre à l’action favorable au régime en
place, selon les besoins des hommes, les promotions, les titres, les honneurs, les pouvoirs et
les satisfactions matérielles. Face à l’opposition, on fait intervenir les sanctions économiques,
sociales et physiques.
Si le contenu lui est favorable, le pouvoir aide à créer la célébrité en distribuant les honneurs
et l’argent. Dans le cas contraire, il sanctionne l’opposition par censure en essayant de
déconnecter l’auteur de la production et de la distribution pour éviter la lecture.
Cette analyse se permet de mieux situer l’écrit, qui apparaît comme l’un des groupes et des
classes sociales, intervenant dans les différents domaines de la réflexion et de l’activité
Elle permet de fonder la bibliologie sociologique qui suppose l’existence de deux éléments
essentiels : la société et l’écrit. C’est la situation du second dans la première qui va constituer
le domaine de la bibliologie sociologique.
Puisque l’écart est un élément de la vie sociale, il faut le replacer dans son cadre. Toute étude
du livre doit commencer par une analyse générale de l’activité de la société dont on étudie la
production intellectuelle. L’étude devra donc porter sur la sociologie géographique,
démographique, économique, sociale et ethnique, politique, culturelle, sur la spycho-
sociologie. La sociologie de l’écrit ou sociologie bibliologique correspondra, dans cette
perspective fondamentale, à la situation générale de la bibliologie-sociologique. Celle-ci
devra connaître son seulement le cadre social mais l’écrit lui-même. Elle devra s’interroger
sur l’interrelation des faits sociaux et des phénomènes bibliques.
La bibliologie est une des sciences de la communication fixée. L’expression orale relève de la
linguistique, et c’est justement ce Paul OTLET avait remarqué en insistant sur la différence
entre bibliologie et linguistique.
Dès les ors, la bibliologie est à la fois autonome et dépendant dans la perspective horizontale,
elle constitue l’une des sciences de la communication. Dans la perspective verticale, elle
devient un moyen de recherche parmi d’autres, une science annexe des sciences humaines, de
l’histoire, de la sociologie, de l’économie, etc.
Objet de la bibliologie
Introduction
Il fallait d’abord s’interroger sur l’objet de la bibliologie et nous avons précisé qu’il s’agissait
de l’écrit. Pour analyser les diverses sortes d’études possibles, nous avons distingué entre une
bibliologie encyclopédique et une science humaine du livre.
Cette constatation nous renvoyait au problème de la méthodologie. Nous avons analysé la
bibliographie et montré comment de cette technique d’information, on passait à la
bibliométrie. L’histoire de cette dernière, nous permis de dégager une évolution. De la
méthode mathématique et déductive, la statique du livre est passée à la méthode empirique,
puis à la méthode comparative fondée sur des schémas internationaux normalisés, enfin à la
méthode critique des sources.
La même conception politique conduit à scinder la communication entre les hommes en deux
parties : la communication privée, plus spécialement manuscrite et cachée plus ou moins ; la
communication publique ouverte à tout le monde ou à des catégories socio-professionnnelles
limitées, supposant l’impression, l’édition, la publication.
Aux termes d’imprimé non périodique de plus de 49 pages viennent s’ajouter les autres
critères de l’UNESCO, d’édition dan le pays et d’imprimés offerts au public. Ainsi, le les
définitions successives qui ont été faites du terme livre comme celles qui peuvent et pourront
être dans l’avenir apparaissent-elles comme l’expression des cadres socio-politique en cette
matière.
La première condition de toute science est de définir son objet. La bibliographie doit donc
préciser ce qu’elle entend par livre, plus généralement et étymologiquement par biblio.
C’est à partir de cette définition que la bibliologie pourra délimiter linguistiquement son
domaine par rapport aux autres formes de la communication. L’expression orale et la langue
d’une part, les moyens audio-visuel d’autres part.
Les sources
Les informations sur la bibliologie sont réduites. Les encyclopédies offrent des
renseignements sommaires. Plus riches des faits précis sont les traités de documenation ou de
bibliographie. Les travaux sur la statistique du livre sont de loin les plus utiles.
a) L’histoire de la Bibliologie
En même temps, il faut par la description des livres, créer une information complète sur ce
domaine, une véritable encyclopédie bibliographique, un « dictionnaire raisonné de
bibliologie. La bibliologie après s’être confondue avec la bibliologie s’identifie à l’histoire du
livre.
Après une longue période d’oubli, le problème de la bibliologie réapparaît à la fin du XIXè
sicle. Deux orientations semblent s’être manifestées.
Dans les deux cas, la conception de la bibliologie a évolué. Elle reste sans doute bibliographie
et historique comme chez Peignot. Mais à la perspective descriptive vient s’ajouter l’idée
d’expérimentation, de recherche causale. La bibliologie est devenue scientifique.
La période actuelle
Entre 1940 et 1965, l’œuvre d’Otlet fut oubliée l’avait été celle de Peignot sur l’ensemble du
XIXè siècle. C ‘est à la suite des recherches bibliologiques fragmentaires, et en synthèse que
la bibliologie est aujourd’hui remise à l’ordre du jour, en France. Elle cherche à se constituer
en science humaine du livre.
Ces observations nous renvoient à une étude de l’histoire des sciences du livre.
La bibliologie apparaît comme le produit du premier tiers du siècle. Que s’était-il donc passé
avant ?
Dans la première, les hommes produisaient des documents fixés sans s’interroger sur eux.
Une seconde phase correspondrait à la naissance des bibliothèques et des catalogues.
L’humanité est conduite à conserver des exemplaires de sa production intellectuelle. Leur
accumulation oblige à les classer. De là naît le catalogue. L’homme prend du recul. Il
découvre la nécessité d’une théorie de la connaissance appliquée au livre, par l’intermédiaire
des classifications. Cela correspond à la fin de l’Antiquité puis à la Renaissance et au XVIIè
siècle.
La troisième étape aux XVIIIè et XIX siècles, concernerait la bibliographie. Pour Otlet, celle-
ci se dégage de la bibliothèque « Elle naît des besoins non d’une collection déterminée qui est
satisfaite par le catalogue, mais de la science désireuse de se servir des livres où qu’ils soient
entreposés ».
Enfin une quatrième période commencerait à la fin du XIXè siècle : celle de la bibliologie ou
documentologie. Il ne s’agit pas dans la pensée d’Otelet, d’une discipline nouvelle, s’ajoutant
aux prétendantes. La bibliologie est conçue dans une perspective synthétique et totalitaire.
Elle regroupe et situe les techniques précédentes. Il écrit : la bibliologie a rapproché et
coordonné toutes ces sciences particulières en une science générale. Pour le livre nous
possédons dès maintenant des traités de rhétorique, de bibliothéconomie, de bibliographie,
d’imprimerie. Mais nous n’avons pas encore formé de bibliologie »
Ainsi l’histoire des sciences comporterait trois parties : le document seul, la classification
(catalogue, plus bibliographique) ; la bibliologie, science du livre.
Quand, pour des raisons diverses, la production voit sa croissance se ralentir, comme c’est le
cas en France et en Europe occidentale à partir de la fin du XIXè siècle, quand la crise
économique du livre survient, l’orientation de la réflexion change. A la classification succède
l’interrogation sur les causes de la stagnation. Cette démarche scientifique : la bibliologie
scientifique apparaît.
Encore convient-il de constater ici aussi que la pratique précède la théorie. Les premiers
travaux systématiques sur la statistique internationale des imprimés datent de 1888. C’est
seulement dans l’entre-deux-guerres, semble-il, que ma théorie de la bibliologie est formulée
par Otlet.
Ajoutons que l’intervention d’Otlet est la première manifestation théorique de cette science du
livre. Oublié depuis, il fallut attendre les années 1970 pour que les travaux de R.ESTIVALS
les renouvellent.
c) La définition de bibliologie
Pour l’Otlet, ce doit être une « science générale embrassant l’ensemble systématique classé
des donnés relatives à la production, la conservation, la circulation et l’utilisation des écrits et
des documents de toute espèce. Cette conscience conduirait les esprits à réfléchir plus
profondément aux diverses disciplines. Particulières du livre ; elle permettrait d’envisager de
nouveaux progrès.. »
Pour Otlet « le livre ( biblio ou document ou gramme) est le terme conventionnel employé ici
pour exprimer toute espèce de documents » cette conception le conduira à confondre les deux
termes de bibliologie et documentologie. La bibliologie est aujourd’hui une partie de la
documentologie.
d) Situation de la bibliologie
Au point de vue vertical des sciences fondamentales, va s’ajouter le point de vue horizontal
des formes de la communication.
Il faut différencier le contenu du livre du rapport du livre avec d’autres sciences qui s’en
occupent.
Otlet écrit à ce sujet : « les principales connaissances avec qui de tels rapports existent sont la
linguistique, la technologie, la logique, la psychologie, la sociologie . Chaque matière peut
être abordée d’une manière inverse : On a donc : « logique : livre » et « livre : logique »,
« psychologie : livre » et « livre psychologie. Aussi bien « on dirait logique, psychologie,
technologie et sociologie bibliologiques ». On dirait corrélativement bibliologie, logique,
psychologique, technologie et de la linguistique constituent ce qu’on pourrait dénommer la
philologie bibliologique. Celle-ci a pour objet de montrer comment, à l’origine, s’est opéré le
prolongement du langage dans le signe. ». De même « les rapports de la bibliologie et de la
sociologie constituent ce qu’on pourrait dénommer la sociologie bibliologique » Cette science
aura pour but de replacer le livre dans le contexte social et d’étudier à la lumière de la
structure et de l’évolution collective.
Otelet, le premier, détermine les sciences qui s’occupent de chaque partie du schéma de la
recherche bibliologique. Au texte correspond la linguistique bibliologique ou testologie ; à la
relation de communication, auteur-lecteur, la psychologie bibliologique ; aux rapports de ces
éléments avec le cadre social, la sociologie bibliologie.
e) Composition de la bibliologie
Ayant délimité la science, il convenait d’en préciser les parties. Otelet reconnaît deux
divisions essentielles : la connaissance et l’art du livre. Il divise la connaissance du livre en
trois éléments : la science, la technique, l’organisation. La bibliologie est d’abord une
science. Elle comportera deux chapitres : la description des faits, leur explication. Il écrit que
la bibliologie a pour objet :
- « la description des faits dans le temps, ou histoire des faits dans l’espace, ou étude
comparée (graphie, soit bibliographie) ;
De son côté, la technique s’occupera « des règles d’application des faits aux besoins de la vie
pratique et de la production
Le livre est composé d’une certaine matière servant de support. Celui-ci peut se présenter en
feuilles d’une certaine dimension, enroulées ou pliées. Dans ce dernier cas elles constituent
des cahiers composant des feuillets comportant plusieurs pages. Ceux-ci sont assemblés,
cousus, brochés. Avec une couverture, ils sont reliés pour former un ensemble ou volume. Sur
ce support sont inscrits des signes, un titre, des illustrations.
Ces signes, selon les périodes, sont copiés, multipliés, reproduits sous la forme manuscrite ou
imprimée. Ils consignent une œuvre de l’esprit, un contenu intellectuel, des données
intellectuelles, des connaissances, ce qu’on pourrait appeler la pensée écrite.
Cet ensemble de signes reproduits sur un support compose des publications soit périodiques,
soit non périodiques, sous la forme de livre (plus de 49 pages) ou brochures (5 à 48 pages.
Le livre est imprimé en un certain lieu, sur l’initiative d’un éditeur, ayant un siège social :
l’ouvrage a donc un lieu d’édition. Il est distribué, diffusé, offert au public, par un acte de
vente et donc payé, ou bien, distribué gratuitement.
Acheté ou emprunté par le lecteur, il est un instrument qui passe de main en main, franchit le
temps et les siècles, l’espace et les continents, des idées, les éléments d’information.
Il est créé avec des intentions différentes ; pour apporter des connaissances, développer la
réflexion, permettre l’enseignement, diffuser la pensée et la culture.
Il suppose l’existence d’une civilisation, d’une société policée cultivant les sciences, les arts et
les lettres, de génération en génération. Il permet l’élaboration de la statistique.
Le livre peut être abordé sous différents angles. Ainsi s’élabore un premier schéma de
recherche. Une série de divisions se sont imposées : le support, les signes ; la reproduction des
caractères ; la nature de document, l’origine et la création ; la reproduction et la distribution ;
le lecteur ; le cadre social.
Analyse diachronique
L’analyse diachronique montre que le schéma bibliologique dégagé sur le plan structurel s’est
lentement élaboré au XXè siècle.
Deux grandes étapes semblent pouvoir être dégagées. A travers la fin du XIXè siècle et le
début du XXè siècle, la définition s’en tient surtout à considérer le message. Les deux
possibilités de reproduction (manuscrit imprimé) coexistent dans le littré, le laroussse illustré
et chez Otlet. La suppression de la notion de manuscrit intervient depuis.
Ces deux phases correspondent assez bien aux deux générations de bibliologues dégagées par
ailleurs : celle d’Otelet qui est en cours de développement.
Conclusion
Il ne saurait exister une définition universelle et éternelle du livre puisqu’il existe une pluralité
d’interprétations. Comme les autres faits de l’esprit, la définition du livre est fonction de
l’époque et des conditions sociales.
Il convient de tenter d’élargir et compléter les cadres de la réflexion par l’analyse de la notion
de société et par l’intervention des critères socio-économiques et politiques d’une part,
démographiques et géographique de l’autre.
A travers toutes les définitions du livre, on trouve la notion de transcription de la pensée par
une technique d’écriture sur un support quelconque avec des procédés quelconques
d’inscription.
C’est cette notion d’écriture qui permet de différencier le livre des autres formes
fondamentales de communication : expression orale ; moyens audio-visuels.
Dès lors, le livre et les diverses formes qu’il peut prendre apparaissent comme le moyen
utilisé par une population d’auteurs et de lecteurs, pour satisfaire leurs besoins de
communication écrite à distance et dans le temps ; ces besoins eux-même étant la
manifestation des forces politiques et sociales en présence et notamment de la politique
culturelle et d’enseignement de la classe sociale détenant le pouvoir ; ces besoins étant enfin
satisfaisant dans le cadre professionnel de production et de distribution des documents écrits
reproduits.
Considéré dans sa définition minimale, le livre existe à peine dans la société primitive. Vivant
de la chasse, de la pêche et de la cueillette l’homme n’éprouve pas des besoins précis de
communication dans l’espace et dans le temps qui le conduiraient à inventer l’écriture. Il en
en reste aux inscriptions magiques pétroglyphiques ou pictographiques.
Quand, beaucoup plus tard, à l’exemple des autres sciences humaines, la bibliologie devra
s’appuyer sur les statistiques, il faudra parvenir à un accord international pour préciser la
limite entre l’ouvrage de ville, la brochure et le livre. IL faudra 80 années de discussions
internationales de Röthlisberger à l’Unesco pour que l’idée de 49 pages soit acceptée.
…./
[1] Cette théorie est essentiellement basée sur la thèse de : ESTIVALS ® . Schéma pour la
bibliologie,…
1 De ce point de vue , on peut lire avec intérêt : MULLER (Renaud) Anthropologie de la
bibliographie : Le désir de livre, Paris, L’Harmattan, 1998, 159P
Module II LA BIBLIOMETRIE
INTRODUCTION
Elle intéresse l’éditeur soucieux de classer sa production, la librairie désireux de vendre les
ouvrages, le bibliothécaire, chargé d’en effectuer la conservation et le prêt. La bibliographie
se présente comme le fruit de l’action des milieux professionnels chargés de la distribution.
Toute science repose sur la mesure, donc sur la quantification. Le premier problème de la
bibliométrie consiste à quantifié la bibliographie, à passer de l’information verbale à la
description chiffrée. Pour cela elle possède, déjà préparée dans les bibliographies, le
recensement et le schéma. Il ne lui restera plus qu’à quantifier le verbal..
2-1 La Problématique
Les statistiques qui sont spécifiques au livre reposent sur la bibliographie. Pour demeurer
informative, la bibligraphie reste descriptive et verbale. La statistique du livre transforme les
mots en chiffres.
On constate l’existence d’un mouvement de division du travail à travers les XIXè et XXè
siècles. Au début et pendant longtemps, les personnels bibliographiques et sociologiques
assurent toutes les opérations : élaboration de la statistique nécessaire à la recherche , à quoi
s’ajoute l’analyse, la comparaison, l’interprétation. Puis bientôt on assiste à la dissociation des
deux activés. La statistique sera élaborée par les bibliographies et les bibliothécaires. Son
exploitation sera assurée par les chercheurs.
a) Les Sources
Quand la discipline est ancienne, les bibliographies sont nombreuses. Quand la discipline est
nouvelle, la bibliographie est à faire.
Quand la discipline est connue, la bibliographie des livres et des périodiques est
généralement équilibrée. Mais quand la discipline est nouvelle, un déséquilibre tend à
s’établir au profit des périodiques. C’est le cas de la statistique bibliographique.
b) Les Historiques
Muszkowski
Si Otelet faisait remonter la bibliologie à Prou’hon .Muzkowki trouve chez Otelet le premier
écrivain à s’être occupé du problème qui nous intéresse.
Otlet
Le second essai d’histoire de la statistique du livre fut tenté par Otlet en 1934. Il est incorporé
à son « Traité de documentation.»
L.N. Malclès
Le troisième essai fut entrepris par L.N. Malclès et figure dans le tome 18 de « l’Encyclopédie
Française » de A. de Monzie.
L.N. Malclès distingue deux périodes : des origines , plus particulièrement de l’invention de
l’Imprimerie, jusqu’à la fin du XIXè siècle de la fin du XIXè à l’entre-deux-guerres.
Dans la première, rien n’a été envisagé ni tenté. La deuxième période qui va de 1888 à l’entre-
deux-guerres voit la naissance de deux tentatives : celle de l’Otlet et de l’Institut international
de bibliographie ; celle de Röthlisberger et Droit d’auteur. L’une est plutôt rétrospective,
l’autre courante.
Selon Iwinski, Voltaire aurait fait , dans le journal Encyclopédique, une évaluation des
périodiques de 1770. avant lui, Bayle, selon Hatin, aurait eu la même idée. Ainsi cette
question paraîtrait remonter au XVIIIè sicle. Cela ne saurait surprendre. Au moment où le
philosophes cherchent à recueillir les documents anciens et à les analyser, il est normal que
quelques-uns d’entre eux aient pu songer à l’intérêt que pourrait représenter une évaluation
statistique de la production imprimée mondiale.
Et pourtant nos investigations ne nous ont pas permis pas permis de remonter au-delà de la
fin de l’Empire. La première tentative paraît en effet dater de 1817. Il s’agit des premières
années de cette période que les historiens économistes à la suite de Simiana ont appelé phase
B (1817 – 1850) correspondant à un essor quantitatif du livre depuis l’introduction du
Libéralisme économique. Comment ne pas avoir l’esprit attiré par le problème statistique et
ne pas être conduit à une interrogation sur son évolution rétrospective et sur son état actuel ?
Peignot ne semble avoir tenté d’établir une statique internationale du livre. Il est toujours plus
intéressé par l’aspect qualitatif et sélectif que par le dénombrement quantitatif des produits
d’impression. Dans son manuel de Bibliographie il manifeste un certain scepticisme pour
cette entreprise exhaustive qu’il considère comme un « jeu d’esprit que comme un calcul
sérieux ». Toutefois pour appuyer son argumentation sélective et bibliographique il ne
dédaignera pas de faire une citation montrant l’énormité de la production universelle de livre.
Il ne sous fait pas connaître le nom de son auteur ni la source exacte . Il est précis seulement
sur son travail.
« Le curieux dont nous avons parlé dans notre première édition page Vj qui s’était occupé à
chercher ce que nous appelions la pierre philosophale, c’est à dire le nombre approximatif de
livre qui ont été mis sous presse depuis l’origine de l’imprimerie jusqu’en 1822 en les
appuyant de notices historiques assez intéressantes.
Il semble que cet auteur inconnu ait créé une tradition qui sera illustré près d’un siècle plus
tard par Iwinski. Son calcul est fondé sur pas sur l’observation directe et continu mais sur un
déduction mathématique. Il commence par estimer la production du premier siècle de
l’imprimerie : Il a d’abord puisé dans Maittaire , panzer et les autres qui ont travaillé sur les
éditions su XVè siècle et il a trouvé un aperçu de 42.000 ouvrages imprimés de 1436 ou plutôt
de 1450 à 1536. Voilà pour le premier siècle ».
Après quoi, il estime la production du siècle le plus proche, pour lui, le XVIIIè : « passant
ensuite au dernier siècle (de 1736 à 1822)… Il a calculé par approximation que depuis quatre-
vingt-six ans, c’est à dire depuis 1736, on a pu imprimer en totalité environ 1839 960
ouvrages. Voilà pour le dernier siècle… ».
C’est à partir de ces deux approximations que cet auteur devait chercher à déduire la
progression intermédiaire, en se fondant sur le principe progressif de l’évolution linéaire.
Toutefois, il ne la déduit pas d’une manière courante, année par année, mais par période de
vingt-cinq ans. Il a trouvé pour le second siècle 575.000 ouvrages ; et pour le troisième
1225.000. Ainsi, les quatre siècles typographiques donnent le résultat suivant :
Cet auteur voulut estimer le nombre des volumes et des exemplaires imprimés. Il établit une
moyenne théorique de trois volumes te un tirage de 300 exemplaires par livres : Il en
résulterait qu’il serait sorti de toutes les presses du monde jusqu’à ce jour, environ
3.313.764.000 volumes.
De tous ces ouvrages combien en reste-il ? D’après Peignot, qui le résume : « il ne nous reste
donc plus, pour nos menus plaisirs dans toutes les bibliothèques et particulièrement du monde,
que 1.104.588.000 volumes ». Enfin il tente d’évaluer la longueur que représenteraient les
livres placés les uns au bout des autres en prenant un e moyenne de un pouce par volume et :
« il calcule une distance de 7.670 lieues de poste ».
Les travaux
Les sources étant déterminées, il convenait de passer aux cadres de la statistique. Ici Otlet
pose une question classique pour le bibliographe et après avoir formulé l’interrogation, il
indique le choix qu’il a fait. Celui-ci rejoint la classification du livre auquel il ajoute les
articles de périodes dont il a besoin pour son répertoire.
Dans notre travail, nous avons distingué d’abord avec soin les livres, les articles parus dans
les périodiques. Nous avons omis toutes les œuvres qui ne sont pas à proprement parler
littéraires et scientifique, et notamment, les cartes, la musique, les gravures, les photographies.
Nous laissons aussi de coté les manuscrits, les feuilles volantes, les imprimés du commerce
tels que prix courants, catalogues et prospectus »
« La statistique n°2 ne nous renseigne que sur seize pays dont la production totale a été en
1998 ou à une date rapprochée de 112.000 ouvrages. Or on compte pour le monde entier 68
Etats souverains et 14 états protégés ou autonomes, soit en tout 82 pays. La production des
16/82è des pays donne à elle seule 112.000 ouvrages il ne semble pas exagéré d’estimer à
88.000 la production des 66/88è autres pays… En nous basant sur les considérations , nous
avons porté dans nos diagrammes le nombre d’ouvrages publiés en 1898 dans le monde entier
à 200.000 ».
De cette même période, il s’efforce de calculer le taux d’accélération de la production
mondiale.
« Mais la statistique n°3 nous indique que sur cinq grands pays, la production s’est élevée de
43.800 en 1887 à 59.853 en 1898, soit une progression d’environ 36%. En supposant , ce qui
est probable, que le progrès de la production littéraire a été sensiblement les même dans le
monde entier entre les années 1887 et 1898, on obtient l’approximation suivante :
« par déduction des chiffres de la statistique n°1 , on a vu qu’on obtient une production de
65.000 ouvrages pour l’année 1822.
D’autre part, on en obtient une de 133.500 pour l’année 1887. En généralisant davantage
l’hypothèse, on peut supposer, avec assez de raison, qu’entre ces deux dates, période de
soixante-cinq ans, l’accroissement de la production dans le monde a été constant et
proportionnellement égal » Il obtient ainsi pour les soixante cinq années intermédiaires, un
chiffre total de six millions et demi d’ouvrages.
Enfin se retournant vers le présent, il évalue la production de 1887 à 1898 et 1900 . Ainsi aux
premiers chiffres de l’anonyme de Peignot, peut-il ajouter six millions et demi de 1822 à
1887, 1.782.000 de 1887 à 1898 et 200.000 pour 1899. Il estime alors le total à cette date de
12.163 livres.
Otlet tenta aussi une évaluation de la production des périodiques. Par des méthodes
d’approximation semblables, il parvient à fixer le nombre des articles de revue de 15 ou 18
millions.
A cette évaluation générale, il ajoute une répartition approximative par pays , pour les livres,
pour les périodiques et par matières.
Le travail qu’Otlet avait effectué en 1900 s’achevait par « le vœu de voir publier une
statistique générale des imprimés, résumant, coordonnant et complétant les statistiques
fragmentaires publiées jusqu’à ce jour.
Le travail d’Otlet ne fait que compléter les appréciations successives rapportées par Peignot
ou déduites par Balbi et Hatin. L’œuvre est ici, d’assez faible portée.
b) Iwinski
Introduction
La longue étude que devait consacrer M.B. Iwinski à la statistique internationale des imprimés
est célèbre. Iwinski est le premier, semble-t-il, à poser de manière systématique la question de
l’élaboration de la statistique internationale.
D’autres, avant lui, s’étaient occupés de la statistique du livre. Il en donne d’ailleurs la liste,
de la Sarna Santander à Otlet, en passant par Röthlisberger. Mais il s’agissait alors, le plus
souvent, de l’élaboration de la statistique elle-même, non de l’examen méthodique des
questions soulevées par celle-ci et des solutions à leur apporter.
L’intérêt des sources
La composition du mémoire
Le travail d’Iwinski est divisé en trois parties : les deux premières concernent l’enquête
rétrospective. L’une est consacré à la statistique internationale des livres, l’autre à la
statistique internationale des périodiques (journaux et revues). Chacune d’elle comprend une
étude des sources, une analyse des résultats et la présentation de tableaux statistiques. Ceux-ci
constituent sans doute le recueil de statistique bibliographiques le plus fourni qui ait été publié
jusqu’alors. La troisième partie aborde la question de l’élaboration de la statistique.
La statistique du livre
C’est dans la première partie de son travail que se trouve l’étonnante et téméraire hypothèse
mathématique de l’évolution de la production des livres.
Tout d’abord, Iwinski, comme ses prédécesseurs, s’est efforcé de trouver des sources aux
deux extrémités de la période qu’il étudiait le début de l’imprimerie et la fin du XIX siècle.
Entre les deux il découvre « les chiffres de la production du XVIII siècle qui donnent des
bases à nos évaluations approximatives. C’est le point où se croisent et se vérifient les
déductions »
Après quoi, Iwinski entame l’étude de chacune de ses séries de chiffres. La première, la plus
ancienne est divisée en deux parties : celle des incunables, de 1436 à 1500, et celle des livres,
de 1500 à 1536.
Il consacre quelques lignes à une étude critique des sources de la production des incunables.
Il présente ensuite sa propre estimation : 30.742 documents.
Quant aux livres, comme Otelet il se fonde sur l’anonyme de Peignot. Mais il le critique et
établit sa propre évaluation à partir de la progression des incunables :
« On constate que Peignot a attribué 29.000 ouvrages à la période de 1500 à 1536. » « le
nombre 29.000 doit être considéré comme inutilisable et il faut le remplacer par un autre basé
sur l’hypothèse de la progression constante de la production des livres »
d’où la production de 1900 peut être évaluée à 158.888 La production de la période de 1887 à
1908 est la suivante :
Critiquant l’évaluation de l’anonyme de Peignot, pour la période de 1736 – 1822 qui est de
1.839.960 ouvrages, il donne sa propre appréciation : 1748600 livres pour la période de 1436
à 1736.
Les recherches d’Iwinski ne pouvaient pas manquer, à juste titre, de soulever les protestations
de bibliographes et des historiens du livre: l’évaluation mathématique est presque toujours
récusée par eux. C’est que l’histoire est naturellement liée aux faits. Cette appréciation
générale paraît trop simplifiée pour être retenue.
Ces études se justifient pourtant sur le plan pratique. Toute tentative d’action dans l’avenir
doit s’établir sur une connaissance du passé. Quand les données manquent, la déduction
statistique doit être employée. Faute de quoi, une bonne part des recherches prévisionnelles ne
pourrait pas être réalisée.
Si cette recherche se justifie par son caractère pratique il reste à savoir ce qu’elle vaut.
D’abord, il faut remarquer qu’elle se fonde sur l’idée d’une progression constante. Elle
applique dans le cadre de l’évolution de la production mondiale des imprimés, la très ancienne
idée de progression linéaire, chère à la pensée des philosophes dont la science moderne a
montré l’insuffisance.
Conclusion
L’anonyme cité par Peignot, Otlet, Iwinski, marque trois étapes de l’élaboration déductive de
la statistique internationale rétrospective globale. Ils se situent à l’intérieur du circuit
bibliologique, au plan de la distribution et de l’information. Leur méthode est déductive. Elle
consiste en premier lieu à essayer de préciser approximativement les données statistiques de
certaines périodes considérées comme point de repère. Elle déduit, en second lieu les données
théoriques intermédiaires par application du principe d’une croissance continue linéaire. Elle
débouche, enfin, sur la prise de conscience de la nécessité d’organiser l’élaboration de la
statistique internationale sur le schéma collectif accepté et appliqué par les nations.
Balbi : 1828
Hatin : 1866
C’est dans la Bibliographie historique et critique de la presse périodique française que Hatin
aborde la statistique internationale sous le titre : Essai historique et statistique internationale
sous le titre : Essai historique et statistique sur la naissance et le progrès de la presse
périodique dans les deux mondes.
Babelon : 1878
Au congrès bibliographiques international tenu à Paris du 1er au 4 juillet 1878, Ernest Babelon
présenta une étude sur le Mouvement de la population dans les différents pays »
Cette fois, comme pour l’anonyme de Peignot, il s’agit d’un ensemble de la production
intellectuelle et non pas des seuls journaux. De plus l’étude est menée dans une perspective
morale, bien pensante et catholique.
La seconde période : l’initiative privée depuis la fin du XIX siècle. Röthlisberger et le Droit
d’Auteur
La seconde période de l’histoire de la statistique bibliographique commence en 1888 lorsque
Röthlisberger ouvre une rubrique dans le droit d’Auteur, consacrée à la Statistique
internationale des livres. L’œuvre sera poursuivie jusqu’en 1953 par lui et par ses successeurs,
notamment par B. Mentha.
Röthlisberger
Nommé directeur en 1922 du Bureau de l’Union internationale pour la protection des œuvres
littéraires et artistiques où il succède à Henri Morel, Röthlisberger était considéré en ce qui
concerne la statistique bibliographique et rédigeait presque entièrement la Droit d’Auteur. Il
avait publié un volume intitulé : la statistique internationale des œuvres littéraires.
Le rapport de Röthlisberger est utile en ce qu’il nous renseigne sur les sources et sur la
méthode suivie par lui dans l’élaboration de la statistique internationale. Il nous montre qu’il
s’agit d’une compilation des données internationales existant à cette période(France,
Allemagne, Etats-Unis, Grande Bretagne, Italie, Russie, Suisse).
Une seconde phase de l’action de Röthlisberger commence vers 1894, deux ans après le
rapport et se poursuit jusqu’au début du XXè siècle. Elle concerne les relations de
Röthlisberger et d’Otlet. Il semble que leurs relations aient été courtoises. Le premier écrit du
second qu’il est un « un juge compétent » et Otlet rend hommage à l’action de Röthlisberger ,
une dizaine d’années après sa mort, en 1935, dans son grand ouvrage sur la documentation.
Toutefois, leurs caractères étaient différents. Röthlisberger avait une pensée réaliste et faisait
partie de cette catégorie de documentaliste qui devaient s’opposer aux vues « idéalistes »
d’Otelet, entre les deux guerres. Il écrira des calculs d’Otlet qu’ils sont « … hardis , trop
hardis peut-être », inversement , Otlet , plus idéaliste devait accuser Röthlisberger
d’empirisme . Il définit l’œuvre de ce dernier comme étant faite « d’essais de systématisation
fragmentaire »
Leur point précis de rencontre fut le répertoire universel. Ce fut le fait d’Otlet, les travaux que
Röthlisberger avait entrepris sur la statistique bibliographique internationale courante lui
étaient d’une grande utilité. Leurs rapports durèrent autant que l’évaluation historique d’Otlet
soit approximativement de 1894 à 1902. Röthlisberger va jusqu’à établir lui-même une
première appréciation quantitative. Il pense qu’une bibliographie universelle aurait à
enregistrer chaque année de 130.000 à 150.000 titres d’œuvres de toute nature. Toutefois il ne
dissimule pas les difficultés de l’entreprise du répertoire.
En même temps, tandis que l’initiative essentielle devenait officielle, l’action privé du
« Droit d’Auteur » se poursuivait. On peut reconnaître, là aussi, plusieurs phases : de 1918 à
1924-26 de 1926-28 à 1936-38 ; ce sont les années pendant les quelles le Droit de l’auteur
donne son appui aux tentatives officielles de 1939 à 1946 ; de 1946 à 1953 : c’est la fin de
l’action du droit d’auteur ; dans le temps que l’UNESCO élabore la statistique
bibliographique internationale.
La statistique nationale peut être atteint de deux manières : soit directement par
l’enregistrement bibliographique ; soit directement par des études particulières
Introduction
La Section d’histoire du livre et de bibliologie de l’ENSB(1), dirigée par Jacques BRETON(2)
établissait en 1972 un bilan des travaux de bibliologie.
- Fonction de la critique
- La transformation du livre
- Le rôle du bibliothécaire
Aux cours des deux dernières décennies, la recherche sur l’écrit et la culture écrite, quelle
que soit son expression, n’a pas échappé aux influences des modes qui se sont succédées dans
les divers domaines des sciences humaines. La domination de la sociologie a été remplacée
par la suprématie de la tendance linguistique, assez rapidement évincée par l’importante
percée des sciences de l’information et de la communication. La communicologie se trouve
être à l’heure actuelle la tendance la plus forte et la mieux représentée dans les recherches.
[1]
Cette situation s’est concrétisée dans les exposés prononcés lors du premier congrès de
la Société française des sciences de l’information et de la communication à Compiègne en
1978. Cependant les deux premiers courants continuent à alimenter la recherche du dernier
lustre. Pendant la même période, le groupe des historiens du livre animé par Henri-Jean
MARTIN commençait à défricher le 19ème siècle et à s’intéresser au 20ème siècle. Quelques
chercheurs se retrouvent depuis 1977 dans un nouveau séminaire de la 4ème section de l’Ecole
pratique des Hautes Etudes, séminaires exclusivement consacré à l’étude de la morphologie
du livre contemporain. En 1978, Henri-Jean MARTIN a fondé un Institut d’Etude du livre qui
réunit les historiens du livre et les bibliologues qui étudient le livre contemporain. L’apport de
tous ces courants avec leurs méthodes et leurs techniques de recherches propres, apport
encore grossi par leurs sciences les plus voisines, augmente la difficulté à tracer les frontières
du domaine de l’écrit et de la culture écrite dans les recherches contemporaines. L’écrit
appartient aussi bien au monde de la littérature qu’à celui des médias audiovisuels. Montrer sa
spécificité représente une gageure(3). Les quatre tendances se répartissent différemment en
fonction des thèmes et des buts de la recherche.
Les travaux sur les écrivains et les auteurs se développent selon plusieurs axes avec
un bonheur assez inégal. On aurait pu imaginer au début des années 70 qu’on allait bientôt en
finir avec des études trop exclusivement vouées aux écrivains littéraires et aborder plus
globalement le problème des « écrivains » et des producteurs de textes destinés à publication ;
il faut bien admettre que jusqu’à maintenant ces espérances n’ont pas été comblées. Les
juristes continuent à essayer de débrouiller l’imbroglio qui résulte de la superposition des
législations nationales et internationales sur le droit d’auteur. L’application en Europe
occidentale de la Convention de Rome pose des problèmes qui vont très vraisemblablement
susciter à partir de 1976 une littérature abondante dans la revue du droit d’auteur. Mais d’une
manière générale les questions – très épineuses sur le plan juridique – que soulève la pratique
professionnelle la plus courante (l’édition à compte d’auteur, le droit du traducteur, le contrat
d’édition avec forfait, la répartition des droits dérivés entre auteurs et éditeurs, la reprographie
de textes publiés) restent assez curieusement éludées.
[2]
En dépit de ce qui vient d’être suggéré sur l’importance de la fonction éditoriale, les travaux
qui lui sont consacrés restent encore timides et parcellaires.
La monographie de C. DESOBRY : Les Maisons d’édition, Paris, Dafsa, 1976, 102 p.
se présente comme une synthèse d’ensemble sur la production éditoriale française depuis
1971 et sur le marché du livre ; dans une troisième partie, elle situe l’édition française dans le
contexte des pays occidentaux. DESOBRY reste en fait très directement tributaire de ses
sources (Syndicat National de l’édition, Direction Générale des Douanes) ce qui ne lui permet
que de brosser un tableau économique de l’édition française jusqu’en 1974.
Trois études présentent les éléments essentiels du dossier du contentieux qui oppose
depuis plusieurs années le monde de l’édition et celui de la distribution. Il s’agit des ouvrages
de :
Des analyses sectorielles ont été faites pour fournir les bases d’une interprétation plus
satisfaisantes. Il faut déjà citer dans ce domaine l’ouvrage d’Yvonne JOHANNOT sur les
livres du format de poche, Quand le livre devient poche, Grenoble, PUG, 1978, 200 p. J.
BRETON. La littérature et le reste...... tome 2 : les livres à hauts tirages. Paris, ENSB, 1978,
169 p, celui de Raymond LANDUI, Les Editeurs en Sciences Economiques. Paris, Univers.
de Paris IX Dauphine, 1977, (Thèse de 3ème cycle en Technique de Communication et de la
Recherche Economique).
A côté de ces travaux, il faut noter la multiplication des travaux d’étudiants avancés
(mémoires de maîtrise, DESS, DEA, Diplômes de fin d’études supérieures ou d’Instituts) et
qui sont consacrés à l’étude d’une maison d’édition ou d’un secteur de production.
Les dernières années ont vu fleurir quantités d’études sur la lecture dans tous les sens du
terme : article publié dans Communication et Langage ou dans des revues plus spécialisées
telles que la Bibliographie de la France, La Nouvelle critique, le Bulletin des bibliothèques de
France, Le Documentaliste, Inter-CDI, monographies sous forme de notes de recherche,
thèses du 3ème cycle relevant de disciplines diverses issues des sciences humaines. Cette
variété d’appartenance disciplinaire montre la diversité des intérêts pour la transmission
intellectuelle de la pensée écrite. Malgré l’apport des travaux tels que ceux de J. BERTIN ou
de F. RICHAUDEAU et leurs équipes intitulés La chose imprimée, Paris CEPL, 1977, les
recherches sur la lecture restent centrées sur le lecteur envisagé à travers ses différents rôles.
Pratiques, goûts et motivations de lecture sont décelés en fonction de ces rôles sociaux,
manifestés par des comportements observables.
Ces comportements de lectures ne sont plus considérés isolément, comme lors des
premières enquêtes sur la lecture, mais, de plus en plus, replacés parmi d’autres types de
comportements culturels ou non. De plus, techniques d’enquêtes ou mode d’exploitation des
résultats se sont parfois raffinés, grâce à la vulgarisation de l’informatique.
C’est peut-être encore dans le cadre des enquêtes sur la lecture que l’éparpillement de
la recherche se fait plus cruellement sentir. La disparité des méthodologies et des techniques
employées, conséquence des origines disciplinaires multiples des chercheurs, empêche toute
recherche sur l’évolution des pratiques.
Son contenu reste inconnu, nous ne sommes éclairés que sur ces effets. Approcher la
lecture à travers d’autres biais que la culture ou la sociologie des lecteurs, se tourner
davantage vers la genèse de l’apprentissage et vérifier ses liens avec les pratiques, examiner
les déviances de lecture permettrait de renouveler la recherche sur la lecture. On peut aussi
remarquer l’absence d’études sur la réception de la lecture. Que retient, que fait le lecteur de
sa lecture ?
La littérature, née dans les 1920, s’est développée surtout à partir de 1960, date de la
vague des indépendances africaines. La diffusion du livre de langue française dans les
colonies aura ainsi non seulement souffert du manque de structures éditoriales et
bibliothéconomiques locales, mais aussi et surtout de l’absence d’une véritable politique
culturelle de la part des autorités coloniales, susceptibles de promouvoir la diffusion du livre
parmi les populations autochtones.
[3]
Tous ces travaux n’ont pas apporté grand chose à la connaissance de l’infrastructure
économique et technique qui avait favorisé la production et la diffusion de cette littérature.
Aucune information sur le support matériel qu’est le livre n’a été abordée. Or, « toute
réflexion sur la littérature devait tendre à étudier dans leurs interactions réciproques, le
signifiant matériel et le signifié intellectuel, tous deux intégrés dans un circuit déterminé de
production et de diffusion, tant il est vrai que la littérature est une forme de l’idéologie, de
l’infrastructure économique. »3
C’est dans la perspective de la recherche du livre comme fait social que certains travaux
scientifiques et universitaires se sont développés. En effet, en 1965, dans le n° 47 de Etudes et
documents d’informations, l’UNESCO avait consacré une analyse sur la production et la
circulation des livres en Afrique. Cette étude avait pour but d’inciter les gouvernements
africains à opter tôt pour une politique de développement du livre. Robert ESTIVALS dans sa
Bibliométrie bibliographique mentionnée in-supra a évoqué en quelques pages la production
du livre en Afrique. Il soulignait la situation post-coloniale et néocapitaliste de l’Afrique :
analphabétisme des populations, absence d’industrie locale et nationale du livre, multiplicité
des langues, dans un même pays, dépendance aux anciennes métropoles, et enfin problèmes
posés par la formation d’imprimeurs et la création d’imprimeries locales. Dix ans plus tard,
dans une thèse de 3ème cycle intitulée Le livre et l’écrit de langue arabe au Sénégal, des
origines au début du 20ème siècle. (Bordeaux, 1982), Henri SENE brosse la conquête arabe en
Afrique subsaharienne, l’existence d’une intelligentsia sénégalaise arabophone, la production
d’une littérature de langue arabe par les Sénégalais. Il arrête ses recherches à 1920, année de
la parution du premier roman sénégalais, voire africain, d’expression française.
Il conclut ses travaux en nous faisant remarquer que « en dehors d’une minorité de
lettres constituée essentiellement par des marabouts, le livre de langue arabe ne sera jamais
un moyen de communication sociale de masse au Sénégal, malgré l’existence d’une littérature
produite par des lettrés autochtones ».
CHEVRIER (Jacques).- Littérature nègre.- Paris : A Colin, 1984 (1ère éd. 1979).- 272 p.