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L’échelle et la forme
Beauty today?
Laure Cantale
6. L’échelle et la forme
2 Beauty today ?
Cette nécessité d’imiter la nature1, régit les choix architecturaux à chaque
échelle de conception et réalisation. Il faut garder le rapport à l’environnement, et esti-
mer ainsi quelles seraient les dimensions les plus adéquates à adopter lors de l’élabo-
ration du projet. La destination de l’édifice et son emplacement sont les critères à tenir
en compte dans le choix des dimensions de celui-ci. Cependant, Ruskin affirme que
«tout surcroît de grandeur communiquera un certain degré de noblesse».2 Ainsi, plus un
édifice sera imposant de par sa taille, plus il sera respectable.
Il continue en affirmant qu’il est une «noble tâche de donner à la surface d’un
mur l’apparence de l’infini et de faire ressortir son arrête sur le ciel comme un horizon»4.
Pour ce faire, il est nécessaire de bien définir le contour de l’édifice: «une seule ligne
limitante visible du haut en bas, et d’un bout à l’autre»5
C’est pourquoi il considère le cercle et le carré comme étant les figures de force les plus
adéquates. Elles sont les interprètes de l’étendue et de la surface.
Dimensions de la maçonnerie:
«Plus un édifice sera petit, plus il sera nécessaire à la maçonnerie de se faire hardie et
vice versa.»6
Elle ne doit être ni trop petite, sinon on considèrera un choix de matériaux pauvres et
peu chers, ni trop grande, ce qui donnerait une impression plus petite de la taille du
bâtiment. Quant au traitement des pierres, si elles sont faciles à polir, il sera bon de
le faire, afin que l’édifice ne paraisse pas négligé. Cependant, il est préférable de les
laisser brutes (non polies), tout comme elles le sont à l’état naturel et de privilégier de
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plus grandes dimensions au bâtiment. En effet, dans la nature, les pierres se trouvent
à l’état brut :
7. Ibid., p.152
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Ruskin nous invite à privilégier une architecture imposante et colossale à une
architecture de petite taille. En effet, une montagne est dôtée de force; celle-ci n’est
pas dûe à une agglomération de pierres de taille, mais à l’accumulation de volumes
majestueux. Nombreux sont les exemples en architecture qui pourraient confirmer cette
théorie. En effet, la Tour Eiffel par exemple est pourvue d’une force de par sa taille et sa
majesté. Ce n’est manifestement pas le traitement de ses matériaux qui la rend belle en
elle-même.
Est-ce ici cependant une raison suffisante pour adopter des dimensions phé-
noménales? Beaucoup aiment à travailler le détail plus qu’à la taille de l’édifice en lui-
même. La montagne n’a pas de détails raffinés, mais les pierres sont à l’état brut. A
l’inverse, une fleur en elle-même est si précise que sa beauté n’en est qu’augmentée.
N’est-il pas alors préférable de doubler la qualité plutôt qu’à travailler à doubler la quan-
tité comme le préconise le fameux adage?
De plus, est née une architecture plus épurée, qui privilégie le choix d’une
architecture basée sur une utilisation luxueuse et raffinée des matériaux. L’architecte
ne cherche alors pas le superflu pour lui-même, son but étant de construire de manière
adéquate, juste et adaptée. Chaque élément constitutif doit être pensé et élaboré avec
soin. Ces théories sont intimement liées aux Arts & Crafts, au Constructivisme, au Mini-
malisme et de manière plus générale au Modernisme.
«Less is more»4
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«Il est deux causes de beauté : naturelle et coutumière.
La beauté naturelle procède de la géométrie, dont l’essence est uniformité, autre-
ment dit égalité et proportion. La beauté coutumière naît de l’usage, la familiarité
engendrant de l’amour pour des choses non aimables en elles-mêmes. Ici réside une
grande cause d’erreur, mais toujours la véritable épreuve est la beauté naturelle ou
géométrique. Les figures géométriques sont par nature plus belles que les irrégulières
: le carré et le cercle sont les plus belles, suivies du parallélogramme et de l’ovale. Il
n’existe que deux belles positions des lignes droites, la perpendiculaire et l’horizontale.
Ceci procède de la Nature et est par conséquent nécessité, de même que seul est
solide ce qui tient debout.»1
1. C. WREN, Parentalia, cité par S. MAROT, 14_Mathematique de la ville idéale et autres essais, Cours
Architecture EPFL BA6, 2013
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Mies van der Rohe, Farnsworth House, 1951
«We should attempt to bring nature, houses, and the human being to a higher unity».
Mies van der Rohe
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Mies Van der Rohe, Seagram Building, New-York, 1958
«Mies relied on the quality of scale, proportions, and materials to achieve the building’s
remarkable austere elegance.»1
1. Mots inscrits sur la plaque du Seagram, cité par P. LAMBERT, art. Seagram Building (New York), Oxford
Art Online.
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Herzog et de Meuron, Tour triangle, Paris, 2021
Troisième édifice le plus haut de la capitale après la tour Eiffe et la tour Montparnasse,
la tour de 42 étages culminera à une hauteur de 180 mètres. Elle est conçue de ma-
nière à n’engendrer des ombres que sur les halles avoisinnantes.
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Campo Baeza, Casa del infinito, Cadix, Espagne, 2014
"On this resoundingly horizontal plane, bare and denuded, we face out to the distant
horizon." A. Campo Baeza
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Iconoographie
III. IV. Mies Van der Rohe, Seagram Building, New-York, 1958
Our daily post
https://ourdailypost.wordpress.com/2013/03/28/seagram-buil
ding-mies-van-der-rohe/
Pinterest
https://www.pinterest.com/klafontaine95/seagram-building/
VII. VIII. IX. Campo Baeza, Casa del infinito, Cadix, Espagne, 2014
ALBERTO CAMPO BAEZA
http://www.campobaeza.com/2014-house-infinite/
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Bibliographie
J. RUSKIN, Les Sept Lampes de l’Architecture, trad. G. ELWAL, Société d’Edition Artis-
tique, Paris, 1900.
Articles:
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