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F. DESCŒUDRES, F. PELLET
Institut des Sols, Roches et Fondations
Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne *
Résumé
Le comportement de l'écran de soutènement d'une tranchée expérimentale
étroite a été étudié au moyen de la méthode des éléments finis et de la méthode
des modules de réaction. La confrontation des résultats numériques aux mesu-
res de déplacements réalisées in situ a permis de comparer les performances
de chacune des méthodes et de préciser leurs limites. L'importance d'une déter-
mination représentative des modules de déformation est démontrée en
s'appuyant notamment sur l'évolution des modules pressiométriques observée
en fin d'excavation dans la zone du fond de fouille.
Abstract
The behaviour of the flexible retaining structure of a narrow experimental trench
was studied by the finite element method and the subgrade modulus method.
The confrontation of the numerical results to field measured displacements ena-
bled a comparison of the performances of both methods and the determination
of their validity limits. The importance of a representative determination of the
modulus is shown by the variation of the pressuremeter modulus observed after
the excavation in the subgrade.
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Etai HEA 120 -
- 2.15
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Etai HEA 220
- 3.60
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P5
- 4.50
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- 6.50
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(élément de poutre). Le programme est doté d'une Pour le calcul par éléments finis, les dimensions du
procédure générant un maillage d'éléments rectangu- domaine étudié ont été fixées, après examen des
laires automatiquement divisés en triangles. Bien que déplacements mesurés, à 8 m de largeur et à 7,5 m
n'ayant pas été développé spécifiquement pour le cal- de hauteur. Le massif de sol est divisé en 570 élé-
cul des écrans de soutènement, ce programme per- ments de surface tandis que l'écran se compose de
met de simuler la réalisation d'une excavation en 26 éléments de poutre et que les étais sont représen-
autorisant, en cours de calcul, la modification des tés par 2 éléments de barre. Le maillage complet cor-
caractéristiques mécaniques attribuées aux éléments. respondant à la phase initiale (avant excavation) est
Une description plus détaillée des possibilités du pro- représenté à la figure 3. Dans le calcul aux modules
gram.me est donnée par DUDT et PELLET, 1989. de réaction, l'écran de soutènement est représenté par
une poutre divisée en 25 tronçons.
Pour la présente étude, les calculs ont été menés en
déformations planes. La rhéologie des géomatériaux 3.2.2. Simulation
est modélisée par une loi élasto-plastique ; la phase du régime hydraulique
élastique est linéaire et anisotrope (cas de l'orthotro-
pie de révolution) et la rupture des éléments de sur- La perte de charge observée côté massif entre 4 et
face obéit au critère de Mohr-Coulomb avec écrouis- 7 m de profondeur sur le micro-piézomètre MP3
sage négatif. L'interface entre le sol et l'écran a été s'élève à 0,4 m en phase terminale (figure 4a). Le
traitée au moyen de petites barres horizontales, de piézomètre P5 (fig. 1), installé dans la fouille après
rigidité très élevée et de résistance à la traction nulle. l'éxécution de la quatrième phase d'excavation, a indi-
qué une augmentation de la charge sensiblement
3.1.2. Méthode des modules de réaction équivalente. Dans l'hypothèse d'un écoulement verti-
cal, cette valeur conduirait à un gradient hydraulique
Le logiciel DENEBOLA développé au Laboratoire de 0,13 alors qu'en considérant, comme il est cou-
Central des Ponts et Chaussées (J. BALAY et al., rant de le faire, un écoulement permanent à perte de
1982) permet de modéliser un écran de soutènement charge uniforme, longeant l'écran de l'amont vers
dans un domaine uni-dimensionnel. l'aval, on obtiendrait un gradient hydraulique maxi-
mum de 0,44, nettement supérieur à la valeur obser-
La méthode, basée sur le modèle de Winkler, con- vée. La répartition des pressions hydrauliques au voi-
siste à résoudre l'équilibre d'une poutre discrétisée en sinage de l'écran est donc, de ce côté de la fouille,
éléments au droit desquels s'appliquent les actions et voisine d'une distribution hydrostatique. Cette obser-
réactions offertes par le massif de sol. La loi de mobi- vation expliquée par la superposition des écoulements
lisation de ces efforts qui est du type élasto-plastique vertical et horizontal (voir paragraphe 2.2.), a con-
est fonction de modules de réaction que l'on calcule duit à mener les calculs en déjaugeant le poids volu-
à partir des paramètres pressiométriques. Les recom- mique du matériau et en appliquant sur l'écran une
mandations actuelles (J. BALAY, 1984) préconisent,
pour les ouvrages courants, l'usage de la formule
semi-empirique suivante : x
où :
Kh : module de réaction ;
EM : module pressiométrique moyen ;
ex: paramètre rhéologique égal à 0,5 pour les li-
mons;
a paramètre dimensionnel dépendant de la géomé- ::.:. :.:: :::.: :: V)
trie de l'ouvrage. :::::::::::::::: r--.:
TN: 0.00
-4.00 m
J 60
1
-1.
1- 4.50
/~/
.....~ ........
Charges mesurées
Charges hydrostatiques
Charges pour l'écoulement à gradient maximwn
4. COMPARAISON ET DISCUSSION
DES RÉSULTATS
2
Les calculs ont été faits pour les quatre phases d'exca-
3 vation et les deux étapes d'étayage. Les déplacements
du massif de sol et de l'écran qui constituent les résul-
tats bruts de calcul sont directement comparés aux
4 valeurs mesurées sur le site. Les efforts dans les élé-
Phase tenninale
ments de structure ne peuvent, faute de mesure,
5 qu'être comparés entre eux.
lOmm
t------1
2 12 13 30 34 31 35
Tableau 3. - Déplacements en surface Les déplacements mesurés en tête d'écran par levés
du massif de sol topographiques sont comparés aux valeurs calculées
Table 3. - Soils displacement at ground level
par la méthode des modules de réaction et la
méthode des éléments finis (fig. 7). L'écart maximum
Ux [mm] Uy[mm] qui est de 23 %, est observé en phase 2 pour la
méthode des modules de réaction. En phase 4, la
Phase Mesures Calcul Mesures Calcul méthode des modules de réaction laisse apparaître un
Topo. MEF Topo. MEF retour de la tête de l'écran légèrement supérieur à
celui observé in situ, et qui n'est pas mis en évidence
Profil 1 2 2 1 0 par la méthode des éléments finis. En comparant sur
situé 2 13 12 5 2 la hauteur totale de l'écran les déplacements calculés
à 1 mètre 3 34 30 14 6 par les deux méthodes, on constate que la méthode
de l'écran 4 35 31 15 7
des modules de réaction laisse apparaître au pied de
Profil 1 1 1 0 0
l'écran, des déplacements plus importants que ceux
situé 2 4 6 2 0 mis en évidence par la méthode des éléments finis
à 3 mètres 3 10 14 3 2 (tableau 4).
de l'écran 4 12 15 3 2
lOmm
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3 18 40 39
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Tableau 4. - Efforts et déplacements de l'écran méthode des éléments finis soient sensiblement supé-
de soutènement rieures à celles issues du calcul aux modules de
Table 4. - Forces in and displacements réaction.
of the retaining structure
1ükN.m
f----1
..................... . .. . . ~ ..
15 kN (MEF) 29 kN (MEF)
-2 1 •
2 25 kN(MMR)
................. 14 kN(MMR)
-5
.
\
1.
8 13 kN (MEF)
'..
\~ 10 kN (MMR)
26,)) 31
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16
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- -.20 22
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5
calcul a priori la correction des modules est laissée mécaniques requis pour l'utilisation de telles lois res-
à l'appréciation de l'ingénieur. tent difficilement déterminables dans la pratique. Ajou-
tons à cela que l'abstraction faite du caractère tridi-
La méthode des éléments finis, plus satisfaisante du mensionnel de l'ouvrage constitue également une
point de vue de son formalisme mathématique mais cause de variation entre déplacements calculés et
aussi plus lourde à mettre en œuvre, offre l'avantage mesurés.
de fournir des indications sur les déplacements dans
le massif de sol environnant. Dans le calcul présenté
ici, les modules d'élasticité introduits ont permis de Par ailleurs la non prise en compte des forces d'écou-
décrire avec satisfaction le comportement de l'écran. lement dans le calcul de l'ouvrage pourrait constituer
Par contre, en arrière dans le massif de sol, des écarts une simplification grossière. Pour la présente étudE;.
de déplacements importants ont été observés, locali- la nappe étant dans un état quasi-statique, ce facteur
sés notamment en surface. Pour expliquer cette dis- ne peut être considéré comme cause principale
cordance, il convient de rappeler que la loi utilisée d'inexactitude, mais pour des conditions hydrauliques
bien qu'étant anisotrope est du type linéaire-réversible. plus complexes, DYSLl et FONTANA, 1985, 1989,
De ce fait, le comportement est décrit de façon iden- ont montré qu'en couplant les équations d'équilibre
tique en chargement et en déchargement ou plus aux équations d'écoulement du fluide interstitiel à
généralement, sans tenir compte des multiples che- l'aide de la relation de Skempton, on améliorait nota-
mins de contraintes suivis localement. Cette simplifi- blement la prévision des tassements en surface.
cation du schéma de comportement du sol peut être
amélioré en traitant les non linéarités au moyen de La bonne concordance des déplacements mesurés en
lois plus sophistiquées telles que les lois hyperboliques tête de l'écran avec ceux calculés par la méthode des
(TSUl et CHENG, 1989) mais les paramètres géo- éléments finis est en partie due au traitement du com-
COMPORTEMENT DE L'ÉCRAN DE SOUTÈNEMENT D'UNE TRANCHÉE EXPÉRIMENTALE ÉTROITE 15
portement à l'interface du sol et de l'écran, assurant BALAY J., CORTE J.-F. (1985), Evolution des
l'absence de contrainte de traction entre le sol et méthodes de calcul des écrans de soutènement
l'écran. La méthode du critère orienté qui peut aussi
ancrés. Annales des Ponts et Chaussées, nO 34,
être mise en œuvre par le programme EFEMER, per-
pp. 2-24.
met d'imposer des conditions de frottement limite plus
réalistes. Elle reste cependant confrontée à des pro- BALAY J. (1984), Recommandations pour le choix
blèmes de convergence numérique liés aux faibles des paramètres de calcul des écrans de soutène-
contraintes moyennes exercées sur l'écran. ment par la méthode des modules de réaction.
Note d'Information Technique, Laboratoire Cen-
tral des Ponts et Chaussées.
6. CONCLUSION BALAY J., FRANK R., HARFOUCHE L. (1982),
Programme DENEBOLA pour le calcul des sou-
tènements par la méthode des modules de réac-
La méthode des éléments finis est sans conteste appe- tion. Bull. liaison LCPC, nO 120.
lée à prendre le pas sur les autres méthodes de cal-
cul mais, il n'en demeure pas moins qu'en l'état actuel Centre d'Etudes MENARD (1975), Règles d'utilisation
des connaissances, aucun code de calcul n'est capa- des techniques pressiométriques et d'exploitation
ble de traiter l'ensemble des mécanismes mis en jeu des résultats obtenus pour le calcul des fonda-
dans les ouvrages de soutènement. . tions. Publication 0/60/75.
DUDT J.-P. (1986), EFEMER. Méthode des éléments
La présente étude montre cependant qu'en dépit
finis en élasto-plasticité, Manuel de l'utilisateur.
d'une modélisation imparfaite (lois linéaires, conditions
hydrauliques simples, interface lisse), le calcul a fourni ISRF/EPFL.
des résultats représentatifs. Les paramètres géoméca- DUDT J.-P., PELLET F. (1989), EFEMER. Un pro-
niques pris en compte ont été déterminés par des gramme de calcul par éléments finis en élasto-
essais de pratique courante en géotechnique, ce qui plasticité, présentation générale. ISRF/EPFL.
constitue un préalable à l'utilisation de la méthode DYSLI M., FONTANA A. (1989), Déformations
dans les projets concrets.
autour des excavations en terrain compressibles.
Bull. Soc. Ingénieurs et Architectes suisses, nO
REMERClEMENTS 12, pp. 179-185.
Cette étude a été financée par le Fonds National DYSLI M. (1985), Usage pratique de modèles cou-
Suisse de la Recherche Scientifique. plés. Proc. Il th ICSMFE, San Francisco, vol.
2, pp. 747-750.
SCHMITT P. (1984), Etude expérimentale de la sol-
BIBLIOGRAPHIE licitation exercée par le sol sur les ouvrages de
soutènements souples. Revue Française de Géo-
BALAY J. (1987), Utilisation de la méthode des élé-
technique, nO 28, pp. 27-40.
ments finis pour le calcul des écrans de soutène-
ment. Journées d'étude sur l'utilisation de la TSUI Y., CHENG Y.M. (1989), A fundamental study
méthode des éléments finis dans les projets de of braced excavation construction. Computer and
géotechnique, Paris. Geotechnics, vol. 8, pp. 39-64.