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Michel Fichant
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ISBN 9782130548140
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https://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-morale-2004-4-page-530.htm
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Espace esthétique
et espace géométrique chez Kant
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l’espace. Kant l’appelle ainsi « espace métaphysique » en l’opposant rigoureusement à
l’« espace géométrique », déjà conceptualisé et ne relevant plus comme tel de l’Esthé-
tique transcendantale dans son moment originaire. L’espace esthétique doit pouvoir être
atteint dans son essence pure avant et indépendamment de ce que la « mathématique de
l’étendue » constitue du second : il faut délier le moment propre de l’Esthétique de toute
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ZUSAMMENFASSUNG. — Hier wird als « ästhetischer Raum » die reine subjektive Form
der Anschauung des äußeren Sinnes gezeichnet, so wie sie die metaphysische Erörterung
des Raumes ins Licht stellt. Kant nennt ihn auch « metaphysischen Raum » und setzt ihn
streng dem « geometrischen Raum » entgegen, der bereits begrifflich bestimmt ist und
als solcher von der transzendentalen Ästhetik in ihren ursprünglichen Moment nicht
mehr abhebt. Der ästhetische Raum muss in seinem reinen Wesen vor und unabhängig
von dem erreichbar sein, was die « Mathematik der Ausdehnung » am geometrischen
Raum konstituirt : deswegen soll auch das eigene Moment der Ästhetik von jeglicher
Unterordnung zur Geometrie abgebunden werden. Hier wird umgekehrt die transzen-
dentale Genesis der unterschiedlichen Typen geometrischer Objektivität entworfen, die
durch « Raumbegriffen » – Quantum, Gestalt, Raum selbst « als Gegenstand vorgestellt »
– bezeichnet werden.
Une bonne part des malentendus auxquels a donné lieu la première Critique
provient de l’interprétation de l’Esthétique transcendantale. Cette section de
40 pages (sur 884 dans la seconde édition de 1787) est probablement la partie
de l’ouvrage qui, dès sa parution et jusqu’aux plus récentes interprétations, a
soulevé le plus de problèmes : directement par ses thèses les plus explicites
(qu’est-ce qu’une « intuition sensible pure » ?), ou bien de façon indirecte par
des conceptions qui semblent avoir en elle leur principale source : la question
de la chose en soi, ou celle de l’idéalisme attribué à Kant, se posent à partir de
l’Esthétique, même si celle-ci ne suffit pas comme telle à en fournir toutes les
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au contraire la découverte la plus fondamentale et la plus originale de la philoso-
phie critique, au point d’y reconnaître « l’assise », le socle ou la fondation de
l’ontologie critique 2. Si, plutôt que de trouver essentiellement dans la Critique
une théorie de la connaissance scientifique ou une épistémologie, on y reconnaît
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une ontologie qui lui est propre, c’est alors l’Esthétique transcendantale qui devra
d’abord en exhiber le trait caractéristique : la finitude d’un sujet affecté par une
donation. Il est du reste suffisamment admis aujourd’hui que, quels que soient
d’ailleurs les formidables suggestions et l’appel d’air qu’a représentés à l’origine
l’interprétation heideggerienne, on peut opter pour une lecture ontologique de la
Critique sans pour autant faire sienne l’ensemble de cette interprétation.
On se propose donc d’apporter ici, sous la forme d’un échantillon restreint,
une contribution à la discussion sur le niveau de radicalité et d’originalité propre
à l’Esthétique transcendantale, relativement à l’autre partie de la Théorie des
éléments, la Logique transcendantale 3. La réunion de l’Esthétique et de la
Logique doit selon Kant répondre à la question de la possibilité de la connais-
sance, qui est d’abord celle de la possibilité de la métaphysique. Pour une lecture
comme celle de Hermann Cohen, cette réunion signifiait la subordination de
l’Esthétique à la Logique, et l’effacement de la sensibilité au profit de l’intel-
lectus ipse 4. C’est cette lecture qui sera contestée ici, dans un propos qui se
limitera à une interrogation sur le statut de l’espace dans l’Esthétique.
On formulera initialement la question en ces termes : y a-t-il une eidétique
kantienne de l’espace ? La formule suggère évidemment une référence à un
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transcendantale (de sorte qu’on a pu et qu’on peut encore défendre l’idée d’une
phénoménologie authentique qui s’en tiendrait à la première) ; au contraire,
Kant semble s’installer d’emblée dans la problématique transcendantale des
conditions a priori et subjectives (subjectives parce qu’a priori) de la connais-
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sance des objets, dont les sciences constituées, mathématique et physique, four-
nissent le paradigme.
C’est pourquoi de nombreux commentateurs de l’œuvre de Kant (à l’excep-
tion notable de Heidegger) admettent un lien réciproque entre les thèses de
l’Esthétique transcendantale et la conception de la connaissance mathématique.
S’agissant de l’espace, la doctrine de Kant serait entièrement déterminée par
l’exclusive qu’elle attribue à la géométrie euclidienne : elle aboutirait ainsi à
faire de l’espace euclidien la forme nécessaire, a priori, de toute intuition
externe. Mais cette forme étant commune à l’espace de la perception et à celui
de la science, toute extension de la géométrie à d’autres formes d’espace serait
rendue impossible, sinon impensable. Que cette extension ait pourtant eu lieu
dans l’histoire de la géométrie ne signifierait rien d’autre que la réfutation de
facto de l’Esthétique transcendantale.
Sans doute Kant a-t-il très largement donné des gages à cette lecture : il
soutient que son explication de l’espace comme forme de l’intuition du sens
externe est la seule qui rende concevable la possibilité de la géométrie (B 41),
et, par là même, de son applicabilité à la connaissance de la nature. Car il est
clair que pour Kant, la structure spatiale de l’objectivité physique est la structure
euclidienne : là même, dans son premier écrit Sur la véritable évaluation des
forces vives (1747), où il avait évoqué « une science de tous les espaces possi-
bles », c’est-à-dire d’espaces autres que tridimensionnels, qui serait « la plus
haute géométrie que puisse atteindre un entendement fini » (§ 10), il soutenait,
de façon obscure et maladroite sans doute, l’existence d’une corrélation entre
la forme des lois physiques et la structure de l’espace géométrique, la première
déterminant la seconde 5. En effet, il pensait à ce moment-là que la structure
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des lois formelles de la nature (les principes transcendantaux de l’expérience).
On y atteint un espace dont Kant dit qu’il est à la fois la forme de l’intuition
sensible telle qu’elle se réalise dans le sens externe, et qu’il est une intuition
pure. C’est ce qu’on peut appeler un espace esthétique, pour marquer sa relation
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« concept sensible pur 7 » (et non, remarquons-le, une intuition sensible pure),
dont la détermination en tant que concept appartient, comme en tout concept,
à l’entendement.
E X P O S I T I O N M É TA P H Y S I Q U E
E T E X P O S I T I O N T R A N S C E N DA N TA L E
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esthétique ou intuitif est confirmée par Kant lui-même, notamment par la réor-
ganisation des arguments de l’Esthétique transcendantale dans la seconde édition
(B, 1787) de la Critique. Cette réorganisation n’a du reste été respectée de façon
complète et systématique que dans le cas de l’espace. Elle consiste à redistribuer
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les cinq arguments qui concluent à son caractère d’intuition pure sous deux
chefs bien distincts : les arguments 1, 2, 4 et 5 de la première édition (A, 1781)
deviennent les arguments 1, 2, 3 et 4 de l’exposition métaphysique du concept
d’espace – 1, 2 et 3 de B reproduisant textuellement 1, 2 et 4 de A, et le 4 de
B substituant une rédaction nouvelle au 5 de A ; l’argument 3 de A disparaît,
mais son sens général se retrouve, sous une rédaction beaucoup plus rigoureuse,
dans ce que B donne comme l’exposition transcendantale du concept d’espace.
Le sens de cette redistribution est clair : il revient à l’exposition métaphysique
de montrer d’abord en quoi le concept d’espace est a priori, en un sens où est
appelé « métaphysique » ce qui est indépendant de l’expérience ; en fait, l’expo-
sition métaphysique établit davantage en inscrivant l’espace à sa place dans une
topique des représentations : car non seulement le concept d’espace n’est pas
empirique mais a priori, mais il ne s’agit pas du tout, au sens strict, d’un
concept, c’est-à-dire d’une représentation générale et discursive – il est donc
intuition 8.
La thèse de Kant sur l’espace tient donc en un énoncé, et elle est acquise par
la seule exposition métaphysique : l’espace est une intuition pure. Une intuition
est pour Kant une représentation (Vorstellung), et précisément une représentation
immédiate et singulière : immédiate en ce qu’elle réfère à son objet sans inter-
médiaire, sans détours, singulière en ce que son objet est unique. Ces deux
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sance métaphysique de Dieu lui réserve comme intuitus originarius, c’est-à-dire
comme une intuition qui se donne à elle-même l’objet en lui conférant l’exis-
tence.
L’exposition métaphysique conduit à son terme l’analyse de la représentation
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construction des objets proprement dits de la géométrie et de l’enchaînement
de leurs propriétés 9.
L’exposition transcendantale est donc essentiellement indirecte : elle ne dit
rien de l’espace de façon intrinsèque, mais elle réunit dans un rapport médiat
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9. La thèse de Cohen est fortement résumée en ces termes par Henri Dussort : « De même que
l’“a priori métaphysique” n’est pas pleinement compréhensible sans l’“a priori transcendantal”, de
même l’esthétique ne l’est pas sans la Logique, exactement pour la même raison » (L’École de
Marbourg, Paris, Presses universitaires de France, 1963, p. 92). On aura compris que c’est aussi
pour la même raison qu’on défend ici l’indépendance originaire et radicale de l’exposition méta-
physique de l’espace à l’égard de l’exposition transcendantale et, du même coup, la semblable
priorité de l’Esthétique par rapport à la Logique.
10. Joseph MOREAU, « Intuition et Appréhension », Kantstudien (1980), p. 284. Voir, du même,
La Conscience et l’être, Paris, Aubier-Montaigne, 1958, p. 62.
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L ’ E S PAC E M É TA P H Y S I Q U E , E S T H É T I Q U E , I N T U I T I F
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en ce sens d’un « espace métaphysique » et d’un « espace géométrique ». Non
seulement, l’essence du premier n’est pas déterminée par les propriétés du
second, mais on doit leur reconnaître des caractéristiques antagonistes. Le géo-
mètre peut se contenter de n’en rien savoir, alors même qu’il présuppose pourtant
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Les propriétés de l’espace selon l’exposition métaphysique peuvent être répar-
ties sous deux titres :
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13. Voir DESCARTES, Principia Philosophiae, Pars Secunda, art. III et IV (AT VIII-1, 41-42). Pour
Descartes, la reconduction du corps « considéré en général » à ce qu’il « consiste seulement en ce
qu’il soit une chose étendue en long, en large et en profond » procède de l’usage du « seul
entendement » à l’encontre des « perceptions des sens ».
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que l’espace soit juxtaposition, partes extra partes, c’est une caractéristique
traditionnellement reconnue (par ex. par Descartes). Cet « en dehors et à côté
les uns des autres » ordonne les éléments du multiple, et désigne l’espace comme
« ce dans quoi » le multiple prend place, l’étendue comme champ général
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d’extériorité. Mais Kant précise que cette relation est conjointe à une signifi-
cation plus radicale de l’extériorité, celle-là même qui constitue le sens externe
comme tel : « en dehors de moi/de nous ». Kant précise « dans un autre lieu de
l’espace que celui dans lequel je me trouve ». Quel rapport y a-t-il entre lieu et
espace ? La réponse de Kant se trouve dans deux autres textes qu’on ne peut
pas ne pas évoquer ici : d’une part, l’analyse de la signification du verbe
« s’orienter » donnée dans l’opuscule Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?
(1786) ; d’autre part, le célèbre essai Sur le principe de la distinction des régions
de l’espace (1768) 14. La leçon commune de ces deux textes est que le lieu dans
lequel je me trouve est assigné par mon corps, comme origine sentie (Kant dit
bien qu’il s’agit d’un Gefühl) de l’opposition des directions fondamentales
droite-gauche, haut-bas, devant-derrière. Espace du géographe comme celui de
l’astronome présupposent toujours cette référence primaire aux axes selon les-
quels la constitution de mon corps d’homme, la station debout, la latéralisation,
la vision de face ordonnent toute saisie de l’extériorité et donc de l’espace
comme englobant universel de tout ce qui est dehors. Dans l’opuscule de 1768,
la distinction originelle des régions est aussi rapportée à l’espace du corps, au
sens de « notre corps », et l’espace absolu, séparé, distinct et antérieur aux
choses qui sont dans l’espace se construit à partir de ces régions : la différence
des régions est ce qui permet d’assigner à chaque chose un rapport à l’espace
qui précède et fonde les relations que les choses ont entre elles dans l’espace 15.
Ce que la Critique appelle « lieu » (Ort), c’est la « région » (Gegend) de 1768,
et il est clair que le lieu précède l’espace, non dans un ordre génétique, mais
14. Respectivement AK VIII, 133-147 et II, 377-383. Sur le traitement de l’espace d’orientation
dans Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ?, voir les remarques de Heidegger, Sein und Zeit,
Tübingen, Max Niemeyer, 1960, § 23, 109-110.
15. AK II, 379-380.
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dans une liaison eidétique : la distinction des lieux entre mon corps et le reste
offre ce reste à l’extériorité partes extra partes dont l’englobant est l’espace 16.
C’est d’ailleurs en référence anticipée à ce type de mise en relation et d’ordi-
nation élémentaire que le § 1 introduisait la notion de forme en lui assignant
comme ancrage l’esprit (l’intraduisible Gemüt) :
Ce qui... fait que le multiple de l’apparition peut être ordonné sous certaines rela-
tions 17, je le nomme la forme de l’apparition. Comme ce en quoi seulement les
sensations peuvent être ordonnées et mises sous une certaine forme ne peut être
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lui-même derechef sensation, la matière de toute apparition ne nous est bien donnée
qu’a posteriori, mais sa forme doit résider a priori dans l’esprit déjà prête pour toutes
les apparitions dans leur ensemble, et de ce fait doit pouvoir être considérée séparé-
ment de toute sensation. [A20/B34.]
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16. En 1768, la diversité des régions fonde un espace absolu. La Critique radicalise la démarche
en assignant l’absoluité de cet espace à la constitution formelle de la sensibilité du sujet.
17. Le texte de A portait : « Ce qui ... fait que le multiple de l’apparition est intuitionné, ordonné
sous certaines relations... »
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au sens où la géométrie est dite science des propriétés de l’espace. L’unité non
compositive de l’espace, son unicité, son infinité subjectivement donnée, son
inaliénabilité qui le fait résister à toute exténuation imaginaire de son contenu
sont établies et doivent être comprises en dehors de toute référence à la géo-
métrie 18.
Une objection pourrait toutefois nous arrêter : M3 semble en effet invoquer
déjà la géométrie à l’appui de la reconnaissance du caractère intuitif et non
conceptuel de l’espace :
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Il s’ensuit que relativement à lui, une intuition a priori (qui n’est pas empirique)
réside au fondement de tous les concepts de l’espace. Ainsi encore tous les principes
géométriques, par exemple que dans un triangle deux côtés sont ensemble plus grands
que le troisième, ne sont jamais dérivés des concepts universels de ligne et de triangle,
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18. Dans le cas de l’infinité, on aboutirait à une contradiction manifeste et grossière de Kant
avec lui-même. Voir notre article mentionné ci-dessus note 3.
Dossier : f20593 Fichier : meta04-04 Date : 11/6/2007 Heure : 14 : 12 Page : 542
D E S « C O N C E P T S D ’ E S PAC E »
À « L ’ E S PAC E R E P R É S E N T É C O M M E U N O B J E T »
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[...] un concept de l’espace... comme quantum peut être représenté a priori dans
l’intuition, i.e. construit ou bien avec simultanément sa qualité (sa figure), ou bien
simplement [selon] sa quantité (la simple synthèse du multiple homogène) à l’aide
du nombre. [A720/B748.]
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Les « quanta »
Un « concept de l’espace » est aussi « la représentation d’un espace déter-
miné » (B202). Sous la catégorie de la quantité (quantitas), un tel concept
détermine l’espace comme grandeur (quantum) 19 ; or le concept de grandeur
(quantum) est « la conscience de l’homogène multiple dans l’intuition en tant
que telle, pour autant que devient d’abord possible par là la représentation d’un
objet » (B203). Ou autrement : « Le concept déterminé d’une grandeur est le
concept de la production de la représentation d’un objet par la composition
[Zusammensetzung] de l’homogène 20. »
Cette conscience formatrice de concept est donc celle de l’unité de la synthèse
qui procède à la composition d’éléments homogènes. Bien que le concept d’un
quantum vaille aussi bien pour des grandeurs non spatiales (à commencer par
des temps déterminés, mais aussi des vitesses, etc.) et qu’il relève à ce titre
d’une Mathesis entendue comme « théorie des grandeurs [Größenlehere] » plus
générale que la seule « mathématique de l’étendue » qu’est la géométrie (A162/
B204) 21, il reste que l’espace fournit « l’image pure de toutes les grandeurs
19. En allemand, Kant ne dispose que du seul terme Größe pour l’une et l’autre acception, qu’il
distingue à l’occasion par l’indication des mots latins correspondants. En général, le contexte permet
de reconnaître le sens dans lequel le terme est utilisé, et cette équivoque peut et doit être levée dans
la traduction française. Voir H. J. DIETRICH, Kant’s Begriff des Ganzen in seiner Raum-Zeitlehre
und das Verhältnis zu Leibniz, Halle, 1916, not. chap. 2 : « Quantum und Quantitas » ; Dietrich
pointe la formule qui figure dans la preuve de la thèse de la première Antinomie : « Die Größe
eines Quanti » (A427/B455), que, pour éviter l’amphibologie que peut aussi comporter en français
le terme « grandeur », on traduira par « la quantité d’un quantum ».
20. Premiers principes métaphysiques de la science de la nature (Metaphysische Anfangsgründe
der Naturwissenschaft), AK IV, 489.
21. La qualification de la Mathesis comme « reine Größenlehere » se trouve quelques lignes
avant le passage cité à la note précédente. En 1763, Kant professait une conception de l’architecture
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dénombrement de ses composants, qui détermine le même objet grandeur (quan-
tum) du point de vue de sa quantité (quantitas) en donnant « la réponse à la
question : de combien est-ce grand ? » (ibid) : à cette question répond le nombre,
qui est « le schème pur [et non seulement l’image pure] de la quantité (quantitas)
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Or nous ne pouvons obtenir de concepts déterminés du combien est-ce grand que par
nombres (du moins par approximations par des séries numériques allant à l’infini),
dont l’unité fournit la mesure ; et à ce titre toute évaluation logique des grandeurs est
mathématique 22.
C’est bien pourquoi le quantum ainsi objectivé, et pour autant qu’il est mesu-
rable, est tel qu’il est impossible de concevoir un quantum maximum, « puisque
la puissance des nombres (die Macht der Zahlen) va à l’infini » (ibid.) : sem-
blablement, la composition d’une ligne par adjonction de segments peut toujours
être poursuivie suivant un infini simplement potentiel. De ce point de vue, et
en ce sens seulement, il convient de dire qu’en concevant « la quantité d’un
quantum » par « l’adjonction répétée de l’unité à elle-même » (A429/B457),
nous pouvons aussi conclure qu’« une grandeur infinie donnée... est impossi-
ble » (A431/B459). Cette conclusion concerne la grandeur de l’espace géomé-
trique, comme forme de l’étendue du monde ou de l’ensemble des phénomènes
soumis via l’imagination aux conditions intellectuelles des catégories ; à ce titre,
des mathématiques qui subordonnait franchement la Géométrie à la théorie des grandeurs identifiée
à une arithmétique universelle : « Comme la quantité constitue l’objet de la mathématique, et que
dans sa prise en considération on ne regarde qu’à combien de fois quelque chose est posé, il saute
clairement aux yeux que cette connaissance doit reposer des principes peu nombreux et très clairs
de la Théorie universelle des grandeurs (qui est proprement l’Arithmétique universelle). ... Quelques
concepts fondamentaux peu nombreux de l’espace permettent l’application de cette connaissance
générale des grandeurs à la Géométrie » (Recherche sur l’évidence des principes de la Théologie
naturelle et de la Morale, AK II, 282).
22. Critique de la faculté de juger, § 26, AK V, 251.
Dossier : f20593 Fichier : meta04-04 Date : 11/6/2007 Heure : 14 : 12 Page : 544
Les figures
L’adjonction au simple quantum de la prise en compte de la qualité détermine
la figure. L’exemple canonique du triangle suggère assez que les concepts d’es-
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pace ainsi mis en œuvre sont en général ceux qui déterminent des objets spécifiés
par leurs seules propriétés spatiales, celles que conserve invariante la relation de
similitude entre des formes quantitativement distinctes. En d’autres termes, le
concept d’une figure est la classe d’équivalence des configurations semblables
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(par exemple, tous les triangles rectangles dont le rapport des deux côtés de l’angle
droit est le même, indépendamment de leur mesure, relèvent d’un même concept
de figure). Ce que Kant désigne aussi comme des espaces repose ainsi sur des
limitations de l’espace intuitif unique conformément à une règle qui fixe les inva-
riants de la construction. La limitation est opérée par la conceptualisation géomé-
trique, dont l’objet propre est la figure : « Toutes les figures sont possibles seule-
ment en tant que différentes manières de limiter l’espace infini » (A578/B606).
On ne manquera pas de rapprocher cette formule de la définition euclidienne
de la figure :
Déf. 14 : Une figure est ce qui est contenu par quelque ou quelques frontière(s). On
se rapportera à la Déf. 13 : Une frontière est ce qui est limite de quelque chose 24.
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En cela, c’est l’entendement qui forme le concept en introduisant dans l’uni-
formité de l’espace prégéométrique la distinction des propriétés dont la géomé-
trie est la science : comme science des figures, elle va au-delà de la seule
métrique pour prendre en compte le dispositif de construction qui qualifie
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proprement, dans ses propriétés intrinsèques, la figure comme telle. Cela est
formulé de la façon la plus claire par un passage important des Prolégomènes,
au § 38 :
Ces conditions sont évidemment les catégories et, s’agissant de ce qui distingue
les figures les unes des autres, indépendamment de leurs rapports de mesure,
la catégorie de la qualité.
La construction de concepts confère donc aux espaces géométriques diffé-
renciés que sont les figures un caractère biface : d’un côté, l’unité de l’objet est
donnée par l’entendement, comme une fonction de la pensée, qui détermine par
limitation l’espace, conformément à une règle (et c’est l’entendement qui est
le pouvoir des règles) – mais d’autre part les propriétés de l’objet, parce qu’elles
sont aussi les propriétés de l’espace, sont irréductibles aux seules déterminations
purement conceptuelles et à leurs connexions simplement analytiques, et ne sont
données que sur fond de forme de l’intuition.
Soit donc à nouveau l’exemple paradigmatique du triangle : d’une part, nous
le pensons comme un objet, conformément à un concept qui fournit une règle
de composition de la figure :
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Nous nous figurons un triangle comme objet en nous rendant conscients de la com-
position de trois lignes droites suivant une règle, conformément à laquelle une telle
intuition peut toujours être exhibée. Mais cette unité de la règle détermine tout le
multiple et le limite à des conditions qui rendent possible l’unité de l’aperception, et
le concept de cette unité est la représentation de l’objet = X, que je pense par les
prédicats indiqués du triangle. [A105.]
Mais d’autre part, comment savons-nous que deux lignes droites n’enferment
pas une figure, alors qu’avec trois lignes droites une figure est possible ? Nous
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ne le connaissons certainement pas par la seule analyse logique des concepts
de ligne droite et de nombre : le concept d’une figure contenue par deux lignes
droites n’implique dans sa composition logique aucune contradiction et, en ce
sens purement formel, il serait possible. Mais il ne l’est pas réellement, en vertu
d’une impossibilité qui n’est pas celle du concept, mais qui résulte d’une
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S’il n’y avait pas en vous un pouvoir d’intuitionner a priori... comment pourriez-vous
dire que ce qui réside nécessairement dans vos conditions à construire un triangle
doive aussi convenir nécessairement au triangle en lui-même ? Car vous ne pouvez
ajouter rien de nouveau (la figure) à vos concepts (de trois lignes), qui devrait néces-
sairement se trouver dans l’objet pour la raison qu’il est donné avant votre connais-
sance et non par elle. [A48/B65.]
25. C’est en cela que Kant résout l’aporie ouverte par la fameuse critique, faite par Locke, du
concept général de triangle, qui devrait, par impossibilité, être à la fois rectangle, obtusangle,
acutangle, équilatéral, isocèle, scalène, et pourtant n’être ni rectangle, ni équilatéral, etc. Le concept
de triangle exprime simplement la règle de délimiter un espace par trois lignes droites, sans autre
prescription, et le flottement de l’imagination permet justement de préserver dans la construction
la généralité du concept : « Quand je dis : avec trois lignes, dont deux prises ensemble sont plus
grandes que la troisième, on peut tracer un triangle, j’ai là la simple fonction de l’imagination
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l’espace. Kant reconnaît aussi, en deçà des espaces délimités qui sont les objets
propres de la géométrie, un espace-objet qui serait, dans son unité, un réquisit
de la géométrie : tel serait « l’espace représenté comme objet (comme on en a
effectivement besoin en géométrie) », dont parle la si difficile note au § 26 de
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productive, qui peut tirer les lignes plus grandes ou plus petites, tout en les faisant se rencontrer
suivant toutes sortes d’angles à discrétion » (A164/B205). – Il y a évidemment une infinité de
manières de proposer une image singulière satisfaisant à cette condition. Mais le schéma (le mot
même qui, dans le texte grec d’Euclide, désigne la figure !) n’est pas une image, mais « un procédé
général de l’imagination pour former pour un concept son image » : « De fait, au fondement de nos
concepts sensibles purs [= les concepts géométriques !], il n’y a pas d’images des objets, mais des
schèmes. Aucune image ne serait jamais adéquate au concept d’un triangle en général. En effet elle
n’atteindrait pas l’universalité du concept, qui fait que celui-ci vaut pour tous les triangles, rectangles
ou obliques, etc., mais elle serait toujours limitée à une partie de cette sphère [comprendre : la
sphère de l’extension de ce concept !]. Le schème du triangle ne peut jamais exister autrement que
dans la pensée, et il signifie une règle de la synthèse de l’imagination au regard des pures figures
dans l’espace » (A140-141/B180). – Sans doute peut-on contester la légitimité d’une philosophie
de la géométrie qui cherche à définir le statut de l’objet mathématique dans une élucidation de ce
qu’il faut bien reconnaître comme des opérations mentales (des facultés, des formes et des actes
de ce que Kant appelle le Gemüt, qui désigne, sans aucune substantialisation d’une âme, le simple
pouvoir des représentations en général). Peut-être n’y a-t-il là en effet que psychologie déguisée.
Il me semble cependant qu’on doit reconnaître à cette entreprise une authenticité que ses détracteurs
lui ont déniée, et qu’on ne saurait récuser au seul motif du caractère élémentaire des exemples.
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à la simple forme de l’intuition. À la différence de l’espace-unitotalité de
l’exposition métaphysique, cet espace résulte bien d’une synthèse – d’une
synthèse qui, bien entendu, ne peut relever des sens, mais qui pourtant précède
tout concept. Cette situation intermédiaire ne peut être à nouveau que celle
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26. Le même paradoxe explique aussi comment, à l’inverse, cet « espace représenté comme
objet » tel que le suppose la géométrie ne fournit pas encore de connaissances proprement dites,
c’est-à-dire véritablement et complètement objectivées : telle est la pauvreté cognitive de l’espace,
comme « concept mathématique » séparé de son application à des « choses dans l’espace » qui ne
peuvent être données que dans une perception empirique (B147). Ce qui fait que la géométrie
comme simple « mathématique de l’étendue » (A163/B204) n’a pas proprement de réalité objective,
puisque celle-ci consiste dans le sens (Bedeutung) qu’un concept reçoit de son rapport à un objet
de l’expérience : « Même l’espace [...], si pur de tout élément empirique que soit ce concept, et si
certain qu’il soit qu’il est représenté complètement a priori dans l’esprit, serait pourtant sans validité
objective et sans signification et sens, si n’était pas montré son usage nécessaire relativement aux
objets de l’expérience » (A156/B195). De l’« espace pur » comme simple forme de l’intuition,
c’est-à-dire de l’espace esthétique, on ne peut pas dire qu’il ne soit pas quelque chose, alors même
qu’« il n’est pas lui-même un objet qui soit intuitionné » : il est une « intuition vide sans objet, ens
imaginarium » (A291-292/B347-348). Mais la table des acceptions du Néant ne donne aucune place
à cet être hybride au statut ontologique flottant qu’est l’espace géométrique, « représenté comme
objet » sans être proprement un objet, sous un « concept » qui emprunte les caractéristiques de
l’intuition. En ce sens, il est vrai de dire, avec l’interprétation néokantienne, que la géométrie ne
reçoit de valeur objective que de son application à la physique. Mais ce rapport d’objectivation
laisse intact l’espace esthétique proprement dit.
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deurs ou des figures, comme dans le cas des textes précédemment exploités.
En fait, Kant ne mentionne guère qu’une proposition qui vaille de cet espace-
objet unique, et non de telle ou telle délimitation obtenue en lui par construction :
c’est la proposition qui affirme la tridimensionalité de l’espace, dont les men-
tions sont d’ailleurs assez rares dans la Critique. L’une se trouve, et on ne s’en
étonnera pas, dans l’exposition transcendantale de l’espace (B41). La seule
indication précise qui nous soit fournie en outre à son propos résulte indirec-
tement de son traitement comme exemple parmi d’autres à l’appui de la mise
en évidence de la synthèse transcendantale de l’imagination dans laquelle
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l’entendement détermine le sens interne, en ordonnant la succession des élé-
ments synthétisés : « Nous ne pouvons nous figurer aucune ligne, sans la tirer
en pensée, ni penser aucun cercle, sans le décrire, ni nous représenter les trois
dimensions de l’espace, sans tirer trois lignes perpendiculairement les unes aux
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27. C’est en ce sens seulement qu’on peut dire que les géométries non euclidiennes n’affectent
en rien la validité de l’Esthétique transcendantale comme telle, même si elles atteignent la conception
kantienne des structures géométriques de l’expérience physique. Je rejoins une fois de plus Joseph
Moreau : voir « Construction de concepts et intuition pure », dans Joachim KOPPER et Wolfgang
MARX (éd.), Kant. 200 Jahre Kritik der reinen Vernunft, Hildesheim, Gerstenberg Verlag, 1981,
not. p. 238-244.
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pour la physique 28, une méthode pour la construction de l’objectivité 29. C’est
en outre une conception constamment présente chez Kant que l’objet de per-
ception et l’objet de connaissance scientifique sont en continuité l’un avec
l’autre. Perception et science ont une armature conceptuelle commune et une
même référence ontologique : l’apparition de ce qui apparaît (l’Erscheinung).
La structure euclidienne de l’espace concerne l’espace géométrique, que Kant
postule être aussi celui de la perception des objets d’expérience commune, et
dont l’Analytique transcendantale (et non l’Esthétique) détermine le concept
comme celui qui est d’abord exigé par la légalité de la nature. C’est la nature,
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telle qu’elle est connue selon les théories scientifiques régnantes (paradigmati-
ques), elles-mêmes portées par les principes de l’entendement, qui soutient la
revendication d’exclusivité de la géométrie euclidienne, comme la seule géo-
métrie relevant d’une interprétation physique concevable (ce que Kant disait
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Michel FICHANT
Université de Paris-Sorbonne (Paris IV)
28. « Quoique nous connaissions bien de l’espace en général, ou des figures que l’imagination
productrice trace en lui, tant de choses a priori dans des jugements synthétiques, ... cette connais-
sance ne serait pourtant absolument rien, sinon une occupation avec un simple fantôme, si l’espace
n’était pas à considérer comme condition des phénomènes, qui constituent le matériau pour l’expé-
rience externe » (A157/B196). – « Par conséquent aucun des concepts mathématiques pris pour
eux-mêmes n’est une connaissance, sauf dans la mesure où l’on présuppose qu’il y a des choses,
qui ne se laissent présenter à nous que conformément à la forme de cette intuition pure sensible »
(B147).
29. Par exemple, le principe transcendantal des Axiomes de l’intuition donne l’interprétation
physique de l’axiome d’Archimède comme fondement de toute métrique des phénomènes dans
l’espace.