Géologie Méditerranéenne

Phosphate, Bauxite et diagenèse carbonatée dans les récifs

miocènes du Sud Pacifique
Françoise G. Bourrouilh-Le Jan

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Bourrouilh-Le Jan Françoise G. Phosphate, Bauxite et diagenèse carbonatée dans les récifs miocènes du Sud Pacifique. In:
Géologie Méditerranéenne. Tome 16, numéro 2-3, 1989. genèse, diagenèse et intérêt économique des récifs. Actes du
colloque tuniso-français de sédimentologie-récifs (Tunis, 26-29 mai 1988) pp. 79-96;

doi : https://doi.org/10.3406/geolm.1989.1419

https://www.persee.fr/doc/geolm_0397-2844_1989_num_16_2_1419

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Abstract
Phosphate, Bauxite and carbonate diagenesis in the Miocene reefs of the Southern Pacific.
Emerged Miocene reefs in the Central and South Pacific are excellent examples to describe a new
model of reef diagenesis where are interferring, with time, eustatism, tectonics, pedogenesis and
phosphatogenesis. They form flat-topped islands, called High Carbonate Islands, from + 10 m to + 200
m high, located on the different tectonic plates of the Pacific Ocean : Philippine Plate, Australia-India
Plate, Pacific Plate.
These fossil reefs of different Miocene ages are now the repository of important ore deposits for the
modern world and for the circumpacific countries : bauxite (as modern phosphato-bauxitic soils) and
phosphate. These platforms cover of fossil Miocene reefs presents numerous similar features : type of
location, sedimentology , mineralogy and geochemistry. The phosphato-bauxitic soils come from the
pédologie evolution of trapped pumices and tephra ; a bio-chemical reworking in meromictic lakes
leads to insular phosphates. The two evolutions, bauxite or phosphate, are accompanied by an
underlying dolomitic diagenesis which has acted on the reef substrate, in the same time as the bauxitic
and phosphatic evolution of the cover.
In both cases, the dolomitization is polyphased, in relation with the fresh water phreatic lens or
Ghyben-Herzberg lens which has followed the vertical movements of the eustatic sea level since the
Miocene, coupled with the geodynamic movements of the plates themselves. phosphatogenesis. They
form flat-topped islands, called High Car¬ bonate Islands, from + 10 m to + 200 m high, located on the
dif¬ ferent tectonic plates of the Pacific Ocean : Philippine Plate, Australia-India Plate, Pacific Plate.
These fossil reefs of different Miocene ages are now the reposi¬ tory of important ore deposits for the
modern world and for the circumpacific countries : bauxite (as modern phosphato-bauxitic soils) and
phosphate. These platforms cover of fossil Miocene reefs presents numerous similar features : type of
location, sedimento-logy , mineralogy and geochemistry. The phosphato-bauxitic soils come from the
pédologie evolution of trapped pumices and tephra ; a bio-chemical reworking in meromictic lakes
leads to insular phos¬ phates. The two evolutions, bauxite or phosphate, are accompanied by an
underlying dolomitic diagenesis which has acted on the reef substrate, in the same time as the bauxitic
and phosphatic evolu¬ tion of the cover.
In both cases, the dolomitization is polyphased, in relation with the fresh water phreatic lens or
GHYBEN-HERZBERG lens which has followed the vertical movements of the eustatic sea level since
the Miocene, coupled with the geodynamic movements of the pla¬ tes themselves.

Résumé
Les récifs miocènes émergés du Centre et Sud Pacifique constituent d'excellents exemples pour
dresser un nouveau modèle de diagenèse carbonatée (calcitisation et dolomitisation) avec
interférence, au cours du temps, de l'eustatisme, de la tectonique, de la pédogenèse et de la
phosphatogenèse. En effet, ils constituent des îles tabulaires ou îles Hautes Carbonatées aux altitudes
variant de + 10 m à + 200 m et se situent sur les différentes plaques tectoniques de l'Océan Pacifique :
plaque Philippine, Australo-Indienne et Pacifique. Ces récifs fossiles, dont l'âge varie dans le Miocène,
sont maintenant le réceptacle de gisements miniers, importants dans le monde actuel et pour les pays
riverains : bauxite (sous forme d'un sol actuel) et phosphate.
Les couvertures bauxitiques ou phosphatées de ces plates-formes récifales fossiles ont en commun
gisement, sédimentologie, géochimie. Les sols phosphato-bauxitiques dérivent de l'évolution
pédologique, sous climat inter-tropical, de ponces et tephra volcaniques piégées à la surface des
plates-formes ; un remaniement biochimique dans des lacs méromictiques conduit aux gisements des
phosphates océaniens. Les deux évolutions, bauxite ou phosphate, s'accompagnent d'une diagenèse
carbonatée dolomitique sous-jacente qui s'est exercée sur le substrat récifal, conjointement avec les
évolutions bauxitiques et phosphatées des couvertures.
Dans les deux cas, la dolomitisation est pluriphasée en liaison avec la lentille d'eau douce de Ghyben-
Herzgerg, qui, elle-même, a suivi les aléas des variations eustatiques du niveau de la mer depuis le
Miocène, couplées avec les mouvements géodynamiques lents des plaques elles-mêmes.

Phosphate, bauxite et diagenèse
carbonatée dans les récifs
miocènes du Sud Pacifique
RÉSUMÉ
Les récifs miocènes émergés du Centre et Sud Pacifique consti¬
tuent d'excellents exemples pour dresser un nouveau modèle de dia¬
genèse carbonatée (calcitisation et dolomitisation) avec interférence,
au cours du temps, de l'eustatisme, de la tectonique, de la pédoge¬
nèse et de la phosphatogenèse. En effet, ils constituent des îles tabu¬
laires ou îles Hautes Carbonatées aux altitudes variant de + 10 m
à + 200 m et se situent sur les différentes plaques tectoniques de
l'Océan Pacifique : plaque Philippine, Australo-Indienne et Pacifi¬
que. Ces récifs fossiles, dont l'âge varie dans le Miocène, sont main¬
tenant le réceptacle de gisements miniers, importants dans le monde
actuel et pour les pays riverains : bauxite (sous forme d'un sol actuel)
et phosphate.
Les couvertures bauxitiques ou phosphatées de ces plates-formes
récifales fossiles ont en commun gisement, sédimentologie, géochi¬
mie. Les sols phosphato-bauxitiques dérivent de l'évolution pédo¬
logique, sous climat inter-tropical, de ponces et tephra volcaniques
piégées à la surface des plates-formes ; un remaniement biochimi¬
que dans des lacs méromictiques conduit aux gisements des phos¬
phates océaniens. Les deux évolutions, bauxite ou phosphate,
s'accompagnent d'une diagenèse carbonatée dolomitique sous-jacente
qui s'est exercée sur le substrat récifal, conjointement avec les évo¬
lutions bauxitiques et phosphatées des couvertures.
Dans les deux cas, la dolomitisation est pluriphasée en liaison
avec la lentille d'eau douce de GHYBEN-HERZGERG, qui, elle-
même, a suivi les aléas des variations eustatiques du niveau de la
mer depuis le Miocène, couplées avec les mouvements géodynami¬
ques lents des plaques elles-mêmes.
ABSTRACT
Phosphate, Bauxite and carbonate diagenesis in the Miocene reefs
of the Southern Pacific.
Emerged Miocene reefs in the Central and South Pacific are excel¬
lent examples to describe a new model of reef diagenesis where are
interferring, with time, eustatism, tectonics, pedogenesis and
MOTS CLÉS : Récifs, Océan Pacifique, Miocène, phosphate, bauxite
KEY-WORDS : Reefs, Pacific Ocean, Miocene, phosphate, bauxite.
* Université de Bordeaux I, UFR de Géologie, Avenue des Facultés.
33405 TALENCE Cedex, France.
Géologie Méditerranéenne
Tome XVI, n° 2-3, 1989, pp.79-96
F.G. BOURROUILH-LE J
phosphatogenesis. They form flat-topped islands, called High
bonate Islands, from + 10 m to + 200 m high, located on t
ferent tectonic plates of the Pacific Ocean : Philippine
Australia-India Plate, Pacific Plate.
These fossil reefs of different Miocene ages are now the r
tory of important ore deposits for the modern world and f
circumpacific countries : bauxite (as modern phosphato-ba
soils) and phosphate. These platforms cover of fossil Miocene
presents numerous similar features : type of location, sedim
logy , mineralogy and geochemistry. The phosphato-bauxiti
come from the pédologie evolution of trapped pumices and te
a bio-chemical reworking in meromictic lakes leads to insular
phates. The two evolutions, bauxite or phosphate, are accomp
by an underlying dolomitic diagenesis which has acted on th
substrate, in the same time as the bauxitic and phosphatic
tion of the cover.
In both cases, the dolomitization is polyphased, in relatio
the fresh water phreatic lens or GHYBEN-HERZBERG lens
has followed the vertical movements of the eustatic sea level
the Miocene, coupled with the geodynamic movements of th
tes themselves.
INTRODUCTION
La diagenèse dolomitique affectant les faciès
bonatés récifaux du Pacifique est connue de
HUNT (1855), grâce à des échantillons rapportés
DANA de l'île de Makatea (1849). Elle a donné
sance, au XIXe siècle, à la théorie des Neptuniste
opposition à celle des Plutonistes. L'étude de ces f
montre un nouveau modèle de diagenèse où int
rent, au cours du temps, submersion et émersion,
aussi pédogenèse et phosphatogenèse.
En effet, par des analyses minéralogiques (dif
tion de rayons X), couplées à des analyses géoch
ques (spectrométrie d'émission UV, Centre de Rec
che SNEA (P)), on montre la liaison existant ent
 80 F.G. BOURROUILH-LE JAN

PERU

limodif)3"831'011 deS Z°neS ®tud'®es : les plates-formes carbonatées du Centre et Sud Pacifique, dans leur environnement géodynamique, (d'après MOORE,
 PHOSPHATE, BAUXITE ET DIAGENESE CARBONATEE DANS LES RECIFS MIOCENES DU SUD PACIFIQUE
couverture qui existe soit sous la forme d'un sol actuel
phosphato-bauxitique, soit sous la forme d'un gisement
de minerai de phosphate.
I. LES RECIFS MIOCENES A ACTUELS
DU SUD PACIFIQUE (Pl. 1, A et B)
Les Iles Hautes Carbonatées (BOURROUILH-LE
JAN, 1977) désignent, par opposition aux Iles Hautes
Volcaniques, ce que les anciens auteurs appelaient
improprement "atoll soulevé" (DARWIN, 1842,
AGASSIZ, 1903 et DAVIS, 1928). L'apparence "atoll"
dérive en fait d'une morphologie karstique ennoyée et
renforcée par la croissance et la sédimentation récifale
actuelle (MAC NEIL, 1954, PURDY, 1974,
BOURROUILH-LE JAN, 1977).
L'analyse systématique, tant stratigraphique, sédi-
mentologique et géochimique a porté sur une vingtaine
de ces plates-formes, avec un maillage de 500 m pour
les prélèvements dans les plans horizontaux et 2 m pour
le maillage dans les plans verticaux. Ces plates-formes
se situent dans l'archipel des Tonga (Tongatabu et Eua),
des Loyauté (Maré, Lifou, Ouvéa, Tiga), de la Nou¬
velle Calédonie (Ile des Pins), du Vanuatu (Santo et
Vila), des Salomon (Rennell), des Daito (Minami Daito
Jima), du Centre Pacifique (Nauru), du Sud Pacifique
(Niue), des Australes (Rurutu), des Tuamotu (Maka-
tea, Mataïva, Tikehau, Rangiroa), de l'Est Pacifique
(Clipperton). Ces plates-formes, comme celles actuel¬
lement submergées et reconnues en dragages, forages
ou enregistrements sismiques (FAIRBRIDGE et al.
1960, CULLEN et al. 1986) ont subi une évolution tec¬
tonique en fonction de la dérive dynamique de la pla¬
que à laquelle elles appartiennent et qui, couplée à
l'eustatisme, les font apparaître actuellement soit
comme des îles Hautes Carbonatées soit comme des
atolls actuels soit comme des montagnes sous mari¬
nes (guyots).
En conséquence, sous les doubles effets combinés
de l'eustatisme et de la tectonique, toutes ces plates-
formes ont subi alternativement, depuis leur forma¬
tion, les effets de l'émersion et de la submersion. Les
courbes de stratigraphie isotopique (EMILIANI 1978)
font apparaître plus de dix émersions pour la période
de 0 à 700 Ka seulement et les courbes de VAIL et al.
1977 plus de huit transgressions majeures ayant dépassé
le niveau de la mer actuelle pour la période de 0 à 24
Ma. La complexité de ces mouvements doit donc être
prise en compte et s'allier à des indications stratigra-
phiques les plus précises possibles pour des conclusions
diagénétiques exactes. Les travaux de CARRIERE
(1987), AISSAOUI (1988), ne seront donc pas discutés
ici, car la bibliographie antérieure et les résultats stra-
tigraphiques déjà publiés n'ont pas été pris en compte
par ces auteurs.
Au cours du Miocène, les biocoenoses de faible pro¬
fondeur installées sur ces plates-formes ont enregistré
81
les variations géodynamiques et paléo¬
océanographiques qui ont affecté l'Océan Pacifique :
ouverture du détroit de Drake, fermeture du détroit de
l'Indonésie, modifications des courants circum Antarc¬
tique, début de la formation de la calotte glaciaire
antarctique, etc... Ces perturbations paléogéographi¬
ques et paléoclimatologiques ont provoqué des modi¬
fications des nutrients et un refroidissement des eaux
de surface du Pacifique dans les basses latitudes (tem¬
pératures hivernales inférieure à 18°, ne permettant plus
le développement larvaire des coraux). Ainsi, la bio-
coenose corallienne du Miocène inférieur fait place à
une biocoenose à Algues rouges calcaires (rhodolithes)
pendant le Miocène moyen et se réinstalle à partir du
Miocène supérieur jusqu'à l'Actuel sur les flancs ou
les sommets submergés de ces plates-formes
(BOURROUILH-LE JAN et al. 1988).
Les émersions ont ensuite provoqué le développe¬
ment d'un sol rouge ou Terra Rossa, longtemps inter¬
prété comme issu de la dissolution des carbonates sur
lesquels il repose. Cette théorie a été refutée par les
pédologues (TERCINIER et al., 1968, TERCINIER,
1971, 1972 a, 1972 b, TAYLOR et al. 1975). En effet
ces sols, riches en produits alumineux et phosphatés,
proviennent en fait de la décomposition, sous climat
tropical à équatorial, de produits volcaniques piégés
à la surface de ces plates-formes. Le lessivage de la silice
augmente graduellement avec l'âge de la plate-forme
(BOURROUILH-LE JAN, 1980).
L'analyse systématique de ces plates-formes récifales
(fig. 1) a donc permis de mettre en évidence :
1) l'existence de ces sols phosphato-bauxitiques sur
une première catégorie de plates-formes, sols qui sont
plus ou moins épais mais toujours riches en produits
alumineux et phosphatés, et qui remplissent et recou¬
vrent la surface supérieure des plates-formes carbona¬
tées ; et
2) par une étude géochimique, la liaison entre ces
sols phosphato-bauxitiques et les minerais de phospha¬
tes qui recouvrent les autres plates-formes ;
3) l'influence diagénétique de cette couverture
phosphato-bauxitique d'origine pédologique sur la dia-
genèse (dolomitisation) des carbonates sous-jacents :
influence marquée par l'apport supplémentaire de
Mg+ + , par la présence de caliches (à Maré, Lifou,
Niue, Makatea, etc...), de sédiments internes (à Maré,
Rennell, Minami Daito, Makatea, etc...), à remplissage
vertical du haut vers le bas et à microfaune confinée,
dans un milieu riche en Ti02 et Mn.
II - GEOCHIMIE DES SOLS BAUXITIQUES
La bauxite actuelle (Rennell, Tabl. 1) est formée de
minéraux alumineux très pauvrement cristallisés : 79 %
de gibbsite et de boehmite, avec 17 °Io de Fe203,
2,23 % de titane et 1 % de CaO. Les oligo-éléments
82 F.G. BOURROUILH-LE JAN

PLANCHE I

Les minerai
ou plates-formes
de phosphate.
récifales du Centre et Sud Pacifique et leur couverture : sols phosphato-bauxitiques

A - Maré, SW Pacifique (Loyauté). Ile Haute Carbonatée à couverture bauxitique. Carbonates dolomiti-
sés du Miocène moyen à Lépidocyclines (BOURROUILH-LE JAN, 1979) installés sur un substrat volca¬
nique affleurant, daté de l'Oligocène (CHEVALIER, 1968). Cette plate-forme actuelle est recouverte
d'un sol phosphato-bauxitique ou Terra Rossa (TERCINIER, 1971). Un aven vertical, comparable au
cénote du Yucatan, est bien visible et constitue une preuve de la longue altération karstique subie par
cette plate-forme récifale.

B - Nauru, Centre Pacifique. Ile Haute Carbonatée à couverture phosphatée. Carbonates dolomitisés
du Miocène inférieur (BOURROUILH-LE JAN et al. 1988). Les zones claires correspondent à l'exploi¬
tation minière à ciel ouvert.

C - Makatea, SE Pacifique (Tuamotu). La surface karstique supérieure de la plate-forme après l'enlève¬

ment du minerai de phosphate, à l'interface phosphate-carbonate. Carbonates dolomitisés du Miocène
inférieur (MONTAGGIONI et al., 1985, BOURROUILH-LE JAN, 1985).

D - Mataïva, SE Pacifique (Tuamotu). Le minerai de phosphate : meuble, à granulométrie variable, des

lutites aux rudites. Les graviers de phosphates sombres sont ici mélés à des fragments de polypiers d'âge
holocène. La plate-forme de Mataïva apparaît actuellement sous forme d'un atoll dont le substrat ancien
émerge sous forme de feo à sa surface et est constitué de carbonates dolomitisés d'âge Miocène inférieur
(BOURROUILH-LE JAN et al., 1988).

E - Blocs et graviers de phosphates sectionnés montrant leurs faciès sédimentaires à caractères émersifs
et phosphatisés : grainstone à ooïdes et pisoïdes phosphatisés et en cours de phosphatisation avec intra-
claste centimétrique de dolomie. Makatea, Tuamotu. Ph : phosphate, C : calcite, D : dolomite.

F - Idem : caliche (calcaire d'origine continentale à radicelles) phosphatisé. Makatea (Tuamotu).

G - Encroûtement karstique (speleothem) non phosphatisé, attaqué (flèche) par dissolution ; l'ensemble
est scellé par des dépôts lacustres à Ostracodes et ooïdes phosphatisés. Makatea,, SE Pacifique.

H - Idem : concrétions stalagmitiques phosphatisées (spéléothemes) : la "nauruite", Nauru, Centre

Pacifique.
 PHOSPHATE, BAUXITE ET DIAGENESE CARBONATEE DANS LES RECIFS MIOCENES DU SUD PACIFIQUE 85

PLANCHE II

La ledolomitisation
tectono-karstiques
et modèle actueldes
indiquant
deplates-formes
la sédimentation
des circulations
récifales
phosphatée
miocènes
de fluides
: Clipperton
duverticalement
Pacifique(G(Aetmais
etH).
B),du
le haut
remplissage
vers le bas
des fissures
(C à F)

A - Dolomitisation dite préférentielle (BOURROUILH-LE JAN 1972), de caractère précoce et inachevé :

Globigérine encore calcitique avec accroissement syntaxial de calcite à l'intérieur du test, traduisant un
fluide environnant différent de l'eau de mer et à tendance météoritique. Boue sédimentaire aragonitique
dolomitisée préférentiellement (susceptibilité minéralogique et granulométrique dans le phénomène de
la dolomitisation).

B - Dolomitisation polyphasée d'origine phréatique : nombreuses couches de calcite peu et très magné¬
sienne dolomitisées, liées à des circulations de fluides phréatiques et à des migrations verticales de la
lentille de GHYBEN-HERZBERG en fonction des mouvements eustatiques du niveau de la mer.

C - Fissures tectoniques et karstiques remplies d'un sédiment interne micritique, coloré par Fe, Mn, TiÛ2-
Minami Daito. Couverture bauxitique, W. Pacifique.

D - Fissures tectoniques et karstiques dans le Miocène inférieur dolomitique, Makatea, SE Pacifique,

remplies de sédiments internes riches en MnÛ2-Base de la plate-forme récifale, couverture phosphatée.

E - Sédiment interne calcitique à liseré périphérique de manganèse. Maré, SW Pacifique, couverture

bauxitique.

F - Sédiments internes calcitiques, dans le Miocène moyen dolomitisé, avec Ostracodes et Rotalidés, et
riches en MnÛ2. Echelle 1 mm. Rennell, Salomon, SW Pacifique, couverture bauxitique. C : calcite ;
D : dolomite.

G - Vue oblique de Clipperton, presqu'atoll, formé d'un anneau corallien fermé de + 6 m d'altitude,
entourant un lagon occupé par un lac méromictique où diagenèse et néogenèse carbonatées et phospha¬
tées sont présentes.

H - Dépôts phosphatés actuels intertidaux et supratidaux avec recouvrement de Chlorophycées et de

Cyanobactéries. De nombreux pellets rectangulaires de crabes sont visibles.
86 F.G. BOURROUILH-LE JAN

ppmPI? ppmZn ppmCu ppmBa ppmW ppm

P ppmB ppmV ppmCr ppmNi ppmCo Srppm PP®Se ppmSb PP®Ga Beppm ppmZr ppmMn Fe2°3
% Si02 Al2°3 CaO MgO Ti02
Gib site Boethmei
p. 1275-74 x 139 65 78 102 1348 >9999 76 455 2367 140 39 6008 103 954 58 31 1567 2780 15 1 81 2,0 1 ,9 2,50
p. 1276-74 x 163 47 61 47 880 6986 67 453 319 362 66 138 106 1013 69 32 1449 9333 18 1 82 0,5 2,1 2,26
p. 1311-74 X X 156 69 106 107 1142 9999 88 532 2242 162 43 2595 111 957 66 34 1668 5221 19 74 0,7 2,0 1 94

,
Moyenne 152 60 81 85 1123 >9000 77 480 1642 224 49 2913 106 974 64 32 1561 5778 17 1 79 1 2 2,23

Tableau
inférieurs 1à :laMinéralogie et géochimie des sols Mode <4
la partie occidentale
ppm, deBi<5
Rennell
ppm, (Archipel
Sn-cClO ppm,desAs<50
Salomon).
ppm,LesGe<30
élémentsppm.suivants n'ont pas été reportés
JAN,sur1982.
le tableau car
limite de détection de l'appareillage ppm, Ag.c3 In BOURROUILH-LE
:

PfM OU pI pt p pMp
I

PPM OU X

i/fini nu> nuiiu

i HHHtt
i nui nui mti »• toaâlu
• mi - kor'mr-
«itéréut mii*i
uwBMtmr%(WtPili
tooCfctvl
» niftiminii
*

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il «M
____ nti _mi i«i | 4 4
•M roi u*n77îir>tfir->iéî
nltiiMêM MlCftêlttillMIftNKHUE MT (I)

Tableau 2 : Filiation géochimique entre, d'une part, éléments volcaniques et sols (A) et, d'autre part, les caliches (B) de Maré. On note 1/ la concentration en
:

P, <10
BLesMn,
éléments
ppm,
Cr, V<10
suivants
AO,ppm, n'etontCo-<10
2/pasle étélessivage
ppm,
reportésP<desur200Mg
le ppm,
tableau
++,Pb<carCa10inférieurs
+ppm,
+ etSe àSiC.
•<la30limite
ppm, deAsdétection
<50 ppm,de Ga<5
l'appareillage
ppm, GeMo-<4
<r30 ppm,
ppm,BeAg<3
<10 ppm,
ppm, ZrBi<5
<250ppm,
ppm,W<200
Ni <10 ppm, Ba<10
Sn-<10 ppm,
:

Zn<5 ppm, Sb<50 pp, Fe2(~>3 Ti02<0,0507o, x = traces, SiÛ2<l%, AO-do. En ordonnées, échelle logarithmique en ppm pour les éléments chimiques et en % pour les oxydes.
:
 PHOSPHATE, BAUXITE ET DIAGENESE CARBONATEE DANS LES RECIFS MIOCENES DU SUD PACIFIQUE
sont nombreux par opposition aux carbonates où ils
sont extrêmement réduits en nombre et en quantité.
Quelques uns de ces éléments sont en quantité impor¬
tante : P, Mn, Sr, Zn. Le phosphore est présent sous
forme de crandallite à Lifou, à Maré (Nouvelle-
Calédonie) (TERCINIER, 1972b) et à Christmas Island
(Océan Indien) (BARRIE, 1967). Les sols phosphato-
bauxitiques de Maré (Tabl. 2) montrent un cortège
identique à celui des sols de Lifou et d'Ouvéa ; la
migration verticale vers le bas subie par leurs compo¬
sants est attestée par la présence de ces mêmes ions
dans les caliches sous jacents (Tabl. 2).
Ill - GEOCHIMIE DES PHOSPHATES
Les gisements de phosphates océaniens sont iden¬
tiques entre eux d'une île à l'autre, comme le sont les
phosphates, leur granulométrie (Pl. I, C), leur géochi¬
mie et leur faciès. Le minerai de phosphate est meu¬
ble, avec une granulométrie variable, allant des lutites
aux rudites (blocs métriques à plurimétriques). Leur
extraction montre qu'ils reposent sur un karst creusé
dans une roche carbonatée dolomitique (Pl. 1, D).
Les faciès des blocs et graviers de phosphates de
Nauru, de Makatea et de Mataïva , ont été identifiés
comme des faciès de carbonates phosphatisés, allant
des faciès subtidaux aux faciès supratidaux de plate¬
forme peu profonde (Pl. 1, E et F), soit comme des
faciès de précipitation directe (concrétionnement, pré¬
cipitation, cimentation) phosphatisés (Pl. 1, G et H).
La minéralogie du phosphate est 1 'apatite, riche en
oligo-éléments (Tabl. 3).
Il faut de suite rejeter l'hypothèse que ces phospha¬
tes océaniens puissent avoir été formés par le guano
des oiseaux de mer agissant directement sur une roche
exposée à nue. A part quelques exceptions dans des
zones non tropicales, les îles du Pacifique étudiées sont
en général couvertes d'une riche végétation arborée tro¬
picale actuelle dont l'endémisme témoigne de l'ancien¬
neté de l'émersion. On sait d'autre part que les surpo¬
pulations d'oiseaux de mer sont liées aux nutrients des
courants océaniques venant de hautes latitudes (type
El Nino), ce qui n'existe pas dans le Pacifique
intertropical.
Notre hypothèse : piégeage de ponces et tephra,
leur maturation pédologique en zone intertropicale,
avec concentration d'A]203, mais aussi P, puis rema¬
niements par des lacs méromictiques, s'appuie sur
l'étude des faciès des phosphates et sur leur géochimie.
Cette étude montre :
- a. que les faciès phosphatisés de la plate-forme car¬
bonatée sont de plus en plus émersifs avec le temps et
passent de faciès subtidaux aux faciès continentaux,
caliches, pisoïdes supratidaux et spéléothemes (Pl. 1,
E à H).
87
- b. avec l'exemple de Maré (Tab. 2), la filiation entre
des éléments volcaniques, puis, via une altération et
une maturation pédologique sous climat tropical à
équatorial, une concentration du phosphate, puis un
remaniement mécanique et biochimique par des eaux
lagunaires comme l'illustre parfaitement l'exemple
actuel de Clipperton (Fig. 2). Cette hypothèse d'un
environnement d'eaux douces à lagunaires pour l'ori¬
gine des phosphates océaniens a été confirmée par les
travaux récents de AHARON et al. (1984).
IV - DIAGENESE CARBONATEE RECIFALE
Une étude pétrographique fine sur la dolomitisa-
tion et le remplissage des vides karstiques et capillai¬
res du substrat récifal carbonaté sous-jacent aux bauxi¬
tes et aux phosphates nous a permis de distinguer deux
étapes de dolomitisation :
- A. - une dolomitisation précoce dite préférentielle (Pl.
2, A). Cette dolomitisation très précoce est fonction
de la quantité de Mg disponible et révèle un ordre miné-
ralogique et granulométrique dans le processus de dolo¬
mitisation : schématiquement, les particules micriti-
ques et aragonitiques sont dolomitisées avant les par¬
ticules macrocristallines de calcite tandis que la calcite
magnésienne des bioclastes calcitiques perd très rapi¬
dement son magnésium (BOURROUILH-LE JAN
1972).
- B. - un second type de dolomitisation (Pl. 2, B) existe,
ou dolomitisation phréatique en masse, tardive, liée à
des circulations capillaires de fluides enrichis en magné¬
sium et qui se sont produites à plusieurs reprises (dolo-
mitisations polyphasées, BOURROUILH-LE JAN
1982, 1983). L'absence d'un cortège de minéraux éva-
poritiques, ainsi que de figures sédimentaires (cf. les
modèles diagénétiques actuels du Golfe arabo-persique
et de l'archipel de Bahama), la dissolution de l'arago-
nite, indiquent que cette dolomitisation est issue d'un
milieu aqueux, à salinité faible ou nulle, s 'exerçant sur
un dépôt carbonaté de faible profondeur, subtidal à
supratidal, milieu aqueux que l'on rapporte depuis les
travaux de PURDY (1968) et HANSHAW et al. (1971)
à une nappe phréatique, appelée lentille de GHYBEN-
HERZBERG dans une île océanique (CASTANY,
1967). Par suite de l'épaisseur de la série dolomitisée,
la dolomitisation se ferait dans la lentille
(BOURROUILH-LE JAN, 1972) et non à sa base.
Ce type pétrographique de dolomite a déjà été décrit
par CAYEUX (1939) à propos des dolomies de Funa¬
futi, dolomies des forages des atolls situées à des alti¬
tudes négatives, ce qui suppose et confirme les hypo¬
thèses des émersions antérieures, suivies de submer¬
sions, subies par les atolls actuels.
88 F.G. BOURROUILH-LE JAN

M M
<1

•a

Tableau 3 : Identité géochimique entre les phosphates de Nauru (Centre Pacifique), Makatea et Mataïva (Tuomotu, SE Pacifique). Représentation graphique de
la variation des différents éléments : en ordonnées, échelle logarithmique en ppm pour les éléments chimiques et en pourcentage pour les oxydes ; en abscisses,
le taux d'apatite (pour Nauru, 100% d'apatite).
:

Les éléments inférieurs à la limite de détection de l'appareillage n'ont pas été reportés PbclO ppm. Ag<3 ppm, Bi-<10 ppm, As «£50 ppm, Sn<10 ppm, B< 10 ppm, Mo<5 ppm,
Co <10 s'ppm,
Mataïva explique
Sb <50
par leppm,fait Ga<
qu'il s'5 agit
ppm,d'uGe<
n gisement
30 ppm,sousBe cfaible
10 ppm,
trancheZr<d'e100
au marine
ppm, Lidans
<10leppm,
lagon.Fe20< 1%, Si02<Cl%, MgO< 0,01%. La présence de bore dans le minerai de
:
Tableau 4 : Géochimie et stratigraphie des carbonates de Maré (Archipel des Loyauté). La diagenèse émersive, accompagnée de sols phosphato-bauxitiques, provo¬
que calcitisation et dolomitisation (losange) qui sont marquées par la disparition progressive avec le temps des oligo-élements et en particulier du Sr, en liaison
avec la dissolution de l'aragonite (carré).
90 F.G. BOURROUILH-LE JAN

V - GEOCHIMIE DES CARBONATES
Après calage stratigraphique, les analyses géochi¬
miques systématiques faites sur un grand nombre
d'échantillons (voir ci-dessus le maillage des échantil¬
lonnages) mettent en évidence des calcites à taux varia¬
bles de strontium et des variations dans l'intensité de
la dolomitisation, allant de la dolomite stoechiomé-
trique à une dolomite calcique (BOURROUILH-LE
JAN, 1975, 1982 et Tabl. 4).
VI - SENS DE CIRCULATION DES FLUIDES
Dans les deux familles de plates-formes carbona-
tées récifales : à couverture bauxitique (Maré, Lifou,
Rennell, Niue, Minami Daïto Jima...) et à couverture
phosphatée (Nauru, Makatea etc...), la présence de
manganèse et d'oxyde de titane issus de l'évolution
pédogénétique des produits volcaniques, permet d'éta¬
blir un lien entre, d'une part, le début du dépôt et de
l'altération bauxitique, et, d'autre part, les remplissa¬
ges des fissures tectono-sédimentaires, remplissages
constitués d'une boue à Rotalidés et Ostracodes lagu-
naires, enrichie en titane et manganèse (Pl. 2, C, D,
E et F).
Ces migrations verticales du manganèse et du
titane, mais aussi du magnésium (dolomitisation),
montrent ainsi que la circulation des fluides s'est bien
effectuée verticalement du haut vers le bas, c'est-à-dire
à partir de la surface supérieure de la plate-forme réci-
fale en direction de sa zone inférieure. Toutes ces obser¬
vations et analyses géologiques réfutent la théorie océa¬
nographique de l'endo-upwelling étendue à la forma¬
tion des dolomies et phosphates océaniens (ROUGE-
RIE et al., 1989) et la théorie des mouvements de con¬
vection thermique d'eau marine (AHARON et al.,
1987) : la pression hydrostatique de la nappe phréati¬
que insulaire ou lentille de GHYBEN-HERZBERG,
formée sous climat intertropical à fortes pluviosités,
s'oppose par elle-même à de tels mouvements et
échanges.
VII - IMAGE ACTUELLE DE LA
PHOSPHATOGENESE INSULAIRE ET DE LA
DIAGENESE CARBONATEE
Des dépôts actuels de phosphates ont été mis en
évidence, à Clipperton (Pl. 2, G et H), en position lit¬
torale dans les baies lagonaires, situées sous le vent de
la couronne récifale émergée, elle-même située au vent
de l'île (BOURROUILH-LE JAN et al., 1985). Avec
les minéraux phosphatés mal cristallisés, existe un car¬
bonate double de calcium et de Mg/Mn (la kutnaho-
rite). Parallèlement, une diagenèse précoce des carbo¬
nates (dissolution de l'aragonite) affecte les sédiments
plus anciens de l'atoll (Fig. 2).
Diagenèse carbonatée et sédimentation phospha¬
tée actuelle sur les plages du lagon sont à mettre en
relation avec le chimisme très particulier de ce lagon

Pb Zn Cu Ba Sn B V Cr Ni Co Sr Ga Be Zr La Li Mn Fe203 Si02 A12°3 CaO MgO k2° Ti02

Trachyte 17 179 9 333 4 - 19 18 7 5 2323 29 5 446 290 145 158 4 39 10 7 0,03 3 0,5
Sédiments
phosphatés
actuels = - 130 - 20 - 25 3 - 2 - 5358 3 - - 148 - - 2 0,2 48, 0,34 0,5 0,07
Phosphate
1

actuel
Concrétions - 345 16 16 - 13 12 3 - - 1560 - - - 85 - 26 - 1 - 32 0, 1 0,8 0,06
phosphatées
Terril
ab andonné - 535 10 22 - - - - - - 2368 - - - 83 - - 1 - 36,7 - 8,6 0,06
de phosphate
Roche sous - 352 16 32 - 3 - - - - 2317 - - - 87 - - 1 - 23,7 - 0,6 0,06
le phosphate
Sable
caire cal¬
côté - - - 21 - 14 - - - - 6467 - - - 299 - 1 3 - > 56,0 0,5 0,3 0,08
océan
Sable marin
après leséjour
dans - - - 17 - 24 6 5 3 - 5567 3 - - 270 - _ 3 0,3 >56,0 0,4 0,4 0,09
lagon
Guano s . s . - - - 22 - - 12 - - - 1581 - - - - - - - - 15 0,2 5,9 -
in situ

Tableau 5 : Minéralogie et géochimie des sédiments et roches du presqu'atoll de Clipperton (ENE Pacifique). Sédiments carbonatés, sédiments phosphatés, guano
sensu stricto actuel, trachyte. In BOURROUILH-LE JAN et al., 1985.
Valeurs moyennes obtenues sur plusieurs mesures, expliquant des chiffres quelquefois inférieurs à la limite de détection de l'appareil (en ppm pour les oligo-éléments et en % pour les éléments
majeurs).
B<10 ppm,La liste
V<10desppm,
éléments dosésppm,et deCr<10
leur limite
ppm,deSr<10
détection
ppm,est Sb<50
PbClOppm,ppm,Ga<5
ZnclOppm,ppm,Ge<30
Cu<5ppm,ppm,Be<10
Ba<10ppm,ppm,Zr<Ag<3 ppm, La<20
Bi<10 ppm, As<50ppm, ppm, Mn<50
SnclO ppm,
Mo<5 100 ppm, ppm, Li<.10 ppm,
:

FelQ3 <1%, Si02«cl%> AI2O3 <1%, CaO<0,l%, Mg0<0,l%, TiC>2 <0,05%.

 PHOSPHATE, BAUXITE ET DIAGENESE CARBONATEE DANS LES RECIFS MIOCENES DU SUD PACIFIQUE 91

ATMOSPHERE

Roches volcaniques, cendres et ponces et leurs produits d'évolution (oiseaux)

sous climat tropical à equatorial: formation pédologique donnant
In , Cu , Ba , Sa , V , Cr , Ni , Co , Sr , Ga , Be , Zu , La , Li , Mn , P , Al , Si .

PZn, Cu,...Mn

LAGON ferme
évoluant en LAC MEROMICTIQUE

DIAGENESE Apatite: [ PO/f ] 3 R Ca5 COH

~~r~
PO— CO3
Neogenese

Kutnahorite: [CO3J2 Ca(Mn,Mg)

(? dolomitisation)

CO3"" Ca++ Mg++

dissolution de l'aragonite
départ du Mg++

OCEAN
Sables, graviers
et blocs ; f oraminifères , coraux ....
Aragonite:70 à 80% Lagon ferme: - 4 à 5g/l
Calcite magnésienne : 20 à 30% - H2S
- 02 =0
- lumière = 0
- pH

Figure
de Clipperton
2 : Nouveau
(ENEmodèle
Pacifique),
de la phosphatogenèse
(BOURROUILH-LE insulaireJAN
: schéma
et al. des
1985).
phénomènes géochimiques et sédimentaires se situant dans le lac méromictique du presqu'atoll
92 F.G. BOURROUILH-LE JAN

FORMATION DE LA FORMATION DE SA
PLATE-FORME COUVERTURE» PHOSPHATES
CARBONATEE OU BAUXITE

STADE PLATE-FORME CARBONATEE

STADE 2 - USINE
PEU PROFONDE
A CARBONATES!
ET Z NTERTROP I CALE
A STADE 1 • ragoril ta at cal cita magntf >1 «n n<
STADE 3
B To n »» Tirm > i T~r
STADE 4
'7T7
C W A«nn«ll STADE
ETBAUXITIQUE
DOLOMX
DE PKDOOENESe
T I SAT I ON

0 E ntnnill
STADE B STADE A LAC MEROMXCTXQUE
ET NAPPE PHREATIQUE
E Cllpparton ELABORATION
ET PARAOENEBE
DZ CONCENTRATION
DES
DOLOMX
PHOSPHATES
TIQUE

a
CVS

11
12
ii i 13
II *
14
7 15
8 18
9 V
C J♦ •
oz> 17
10 18
I Ml
19

Figure 3 : Evolution et reconstitution paléogéographique d'une Ile Haute Carbonatée, à partir des exemples étudiés, chacune constituant une étape de cette évolution.
A - Plate-forme à sédimentation calcaire peu profonde à polypiers et/ou à rhodolithes (2) (BOURROUILH-LE JAN et al. 1988). Stade 1 ou stade rampe, phase
d'onlap sur substrat volcanique (ex Rurutu au Miocène supérieur, ou Maré à l'Oligocène) ; stade 2 : installation de la plate-forme carbonatée récifale. B - Accu¬
mulation de ponces et de tephra (3 et 4) sur la partie émergée d'une plate-forme (exemple de Tongatabu, émergée de quelques mètres, d'âge holocène à pléistocène,
:

à diagenèse calcitique (5) et recouverte d'un sol peu évolué encore riche en silice (6) (BOURROUILH-LE JAN 1980). Stade 3 et 4. C - Formation d'un sol phosphato-
bauxitique (7) à ooïdes phosphatées (8), recouvert par la forêt équatoriale (9), à très forte pluviosité reposant sur une plate-forme carbonatée dolomitisée (10)
datée du Miocène moyen : exemple de Rennell, Salomons, SW Pacifique. D - Gel bauxitique dérivant d'un sol et recouvert par un lac méromictique et remplissant
des cavités karstiques et des avens submergés Zone orientale de Rennell, Salomon, SW Pacifique, CHRISTIANSEN, 1964. Stade 5. E - Formation actuelle d'un
:
 PHOSPHATE, BAUXITE ET DIAGENESE CARBONATEE DANS LES RECIFS MIOCENES DU SUD PACIFIQUE 93

transformé en lac méromictique, présentant une stra¬ des Pins, de Tongatabu, etc.), et leur lessivage, ame¬
tification des eaux, une absence d'oxygène à partir de nant la migration verticale de certains ions, et notam¬
5 mètres de profondeur et des doses très élevées de H2S ment Mg, Mn, TiÛ2, qui migrent du haut vers le bas ;
en profondeur. 4 - ponces et tephra s'accumulent toujours actuellement
La géochimie comparée des sédiments phosphatés sur toutes les zones intertidales et supratidales du Paci¬
actuels, ainsi que de la roche volcanique affleurant à fique (6 mètres d'accumulation récente dans le NE de
Clipperton et du guano sensu stricto de cette île mon¬ la Nouvelle Calédonie). Ces ponces et tephra provien¬
tre (Tabl. 5) : nent de toute la Province volcanique Pacifique (exem¬
1. l'absence de liaison géochimique entre guano et sédi¬ ple des poussières du Krakatoa retombées en zone inter¬
ment phosphaté, mais, au contraire, tropicales de nombreuses années après l'éruption !). De
2. l'existence d'une filiation d'abord pédologique puis plus les provinces volcaniques du Pacifique ont fonc¬
sédimentologique entre sédiments phosphatés et pro¬ tionné en relais les unes des autres depuis le Miocène :
duits volcaniques, par l'intermédiaire du milieu con¬ volcanisme des Australes au Miocène supérieur et fonc¬
finé que constitue actuellement l'ancien lagon devenu tionnement de la fosse de Vitiaz à la place de la fosse
un lac méromictique dans le presqu'atoll de Clipperton. des Nouvelles Hébrides qui n'apparaît qu'à 6 Ma
(HAMBURGER et al. 1987). Plus encore, les forages
océaniques profonds confirment l'abondance des
apports de tephras volcaniques sur l'ensemble du Paci¬
CONCLUSIONS fique. L'importance des cendres volcaniques interca¬
Dans le Pacifique Centre et Sud, les plates-formes lées souvent en quantité très importantes dans les sédi¬
carbonatées du Miocène à l'Actuel permettent de ments pélagiques, couvrant des centaines et des mil¬
reconstituer l'évolution d'une plate-forme récifale exis¬ liers de km2, est enregistrée par de multiples Legs
tant soit en tant qu'île Haute Carbonatée soit sous la DSDP et ODP (CADET et al., 1981, 1982, DEBRA-
forme atoll (Fig. 3). BANT et al. 1984, BOLTON et al. 1986, POUCLET
Leur étude a montré : et al. 1985).
a) l'existence systématique d'une couverture bauxiti-
que ou phosphatée riche en Mg, P, Mn, et Ti02, entre En conséquence, il y a :
autres ;
b) la migration verticale, du haut vers le bas, de cer¬ 5 - installation et variation continuelle d'une lentille
tains éléments chimiques dont Mg, Mn et Ti02, pro¬ d'eau douce ou lentille de GHIBEN-HERZBERG dans
venant de cette couverture, éléments chimiques que l'on la masse des carbonates formés à faible profondeur et
retrouve soit dans les cimentations et transformations provoquant leur dolomitisation en masse : dolomiti¬
diagénétiques, soit dans les sédiments internes ; sation dite phréatique ;
c) la phosphatogenèse actuelle et la diagenèse carbo¬
natée avec dissolution d'aragonite et néogenèse de kut- 6 - montée, descente et variations de volume et donc
nahorite et magnésite du modèle de l'atoll de d'imprégnation, dans la masse des carbonates, de cette
Clipperton. lentille de GHYBEN-HERZBERG, en relation avec la
Ces trois points montrent bien que la diagenèse des tectonique de la plate-forme, les variations climatiques
plates-formes carbonatées, et tout particulièrement la et l'eustatisme mondial, expliquant par là-même le
dolomitisation, sont une conséquence : polyphasage de la diagenèse dolomitique, qui est un
1 - d'un héritage sédimentaire et minéralogique : la bio- écho cumulé de ces variables ; les ciments aragoniti-
coenose corallienne à aragonite dominante alternant ques ou de calcite très magnésienne formés pendant
avec la biocoenose à rhodolithes à calcite très magné¬ les périodes de submersion et d'imprégnation marine
sienne dominante ; se trouvent alors plus ou moins dolomitisés, ce qui
2 - de l'émersion eustatique et/ ou tectonique que ces refute l'hypothèse de ciment de dolomite précipité in
plates-formes ont subie, en général, depuis le Miocène, situ proposée par AISSAOUI et al. 1986. Cette alter¬
3 - d'un climat tropical à équatorial à forte pluviosité nance de ciments calcitisés et dolomitisés dans un
provoquant la formation de sols phosphato- même pore, sur quelques microns de distance a aussi
bauxitiques à partir de l'accumulation de ponces et été interprétée, à tort, comme un phénomène de dédo-
tephra volcaniques lors de la position de la surface lomitisation, il traduit au contraire une nouvelle fois
supérieure de la plate-forme au voisinage du niveau de une susceptibilité minéralogique plus grande de l'ara-
la mer (cf les configurations actuelles d'Ouvéa, de l'Ile gonite pour la dolomitisation et, aussi, une faible

àdedépôt
carbonatée
sur
sés,
1,lacs
plate-forme,
(SE
JAN,holocène
G)carbonate
saPacifique)
avec
méromictiques
et1989,
zone
deremaniement
dépôt
phosphate
enmodifié.
dolomitisée,
émergée
avec
double
voie
(ELSCHNER,
deenfoncement
phosphates
de(15).
par
de(11),
dissolution
de
Ca
une
DANA,
Glithoclastes
àet-forêt
Clipperton,
Mn/Mg
Détail
1913,
(11)1849,
(18) tropicale
(12).
sous
des
OBELLIANNE,
dudolomitiques
(laHUNT,
dépôts
Dolomitisation
schéma
forme
ENE
kutnahorite,
à Eupritchardia
de1855),
Pacifique,
deprécédent
phosphates
prismes
et 1963),
formée
BOURROUILH-LE
de
probable.
cristaux
sous
sédimentaires
(F),
(13),
ouauparde
Makatea
forme
Miocène
palmier
sous-cavage,
Stade
détritiques
Nauru,
d'un
5.endémique
(SE
inter
inférieur
Fetc...
JAN
prisme
- isolés
Pacifique),
Makatea
remaniement
- Dessin
àetsupratidaux
(MONTAGGIONI
al.,
sédimentaire
etde cassés
Makatea,
1985),
(SE
non
lacsàPacifique)
etdel'échelle.
àméromictiques
transport.
etpartir
dolomie
etformation
enremaniement
position
d'un
et(10)
pendant
al.Stade
(17)
sol1985,
deaxe
inter
avec
(et
pré-existant.
6.pisoïdes
leded'un
BOURROUÎLH-LE
1planche
Miocène
pullulement
-àsymétrie
Coupe
supratidale
solcalcitiques
et1,supérieur
Couronne
schématique
des
E).d'ostracodes
vertical.
ooïdes
Havec-(14)
Fin
In- carbonatée
néogenèse
JAN,
etPliocène.
BOURROUILH-LE
sur
actuelle
depisoïdes
lesl'évolution
1985)
(16)pourtours
Plate-forme
d'apatite
de
pléistocène
(et
phosphati-
recouverte
Makatea
planche
de delaet
:
94 F.G. BOURROUILH-LE JAN
quantité en magnésium (non dolomitisation de la cal-
cite magnésienne).
Pour simplifier, chaque étape diagénétique d'une
suite carbonatée donnée est illustrée par une plate¬
forme carbonatée différente dans le Pacifique, car leur
position sur les différentes plaques tectoniques du Paci¬
fique les fait ou les ont fait passer, successivement par
chacune de ces étapes. La figure 3 montre, en conclu¬
sion, les états géologiques actuels de quelques unes de
ces plates-formes récifales et montre aussi le passage
diagénétique du sédiment carbonaté à aragonite et cal-
cite magnésienne, à une roche dolomitique, sous
l'influence et la dépendance d'une couverture bauxi-
tique évoluant vers une couverture phosphatée en fonc¬
tion de l'eustatisme mondial depuis le Miocène infé¬
rieur et en fonction des mouvements dynamiques posi¬
tifs ou négatifs des plaques du Pacifique.
REMERCIEMENTS
Ces études ont fait l'objet de l'aide et du finance¬
ment de différents organismes et fondations que nous
tenons à remercier ici, en particulier la Société Natio¬
nale Elf Aquitaine (Production), la Fondation Singer-
Polignac, la Fondation Cousteau, le Muséum Natio¬
nal d'Histoire Naturelle de Paris et l'Ecole Pratique
des Hautes Etudes.
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