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DE PLINVAL
RICHER
Histoire E.
de la Littérature
française
G. de PLINVAL ^
Histoire
la Littérature
française
Édition remaniée et mise à jour
par Edmond RICHER
ancien élève de l'École Normale supérieure
agrégé des Lettres
m
FAIRE LE POINT %
HACHETTE
Références
TABLE DES MATIÈRES
Préface 3
Le Moyen âge 5
Le xvi^ siècle 19
Le XVII® siècle 43
Le xviiie siècle m
Les grandes dates de la littérature au xviii® siècle 154
Le XI x^ siècle 155
ISBN 2-01-009999-0
© Hachette, 1984
Tous droits de traduction,
de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous pays.
Préface
L'Histoire de la littérature française de G. de Plinval
a été publiée en 1930 et constamment mise à jour par son
auteur jusqu'à sa mort : le succès qu'elle a rencontré
depuis 50 ans, signe du besoin auquel elle répondait,
nous conduit à en proposer une édition nouvelle —un
abrégé de Littérature française apparaissant, aujourd'hui
plus encore qu'hier, indispensable.
Le Moyen Age
6 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
Origines de la langue
et de la littérature françaises
Les textes les plus anciens, écrits, il est vrai, dans une
langue rude et uniforme, sont Les Serments de Strasbourg
:
La foi. Une
croyance naïve à des miracles continuels,
un culte fervent des reliques animaient également les
chevaliers, les marchands,
le peuple.
Le patriotisme. Le prestige de Charlemagne, entre-
tenu par les clercs, ne faisait que grandir ; la destruction
des Sarrasins était le but de guerre de toute âme généreuse ;
un sentiment très vif de l'unité française était comme une
protestation contre le morcellement réel du pays.
La loyauté féodale. Le respect du serment prêté au
suzerain, l'horreur du parjure et de la trahison sont
couramment exprimés dans la littérature épique.
L'épopée romanesque
(Xir siècle)
Le style.
La littérature récréative
Le Roman de Renan (xir siècle)
Les fabliaux (xilf siècle)
La poésie allégorique
Le Roman de la Rose
(Xllf siècle)
Le Roman de la Rose devait être la « Somme »
Les chroniqueurs
des xir et Xllf siècles
Villehardouin et Joinville
Les chroniqueurs
des XIV et XV' siècles
Froissard et Commines
Froissart ( 1337-1410 env.) est le peintre excellent
des scènes militaires et de la vie des princes.
Froissart rapporte avec une vérité dramatique la vivacité
des altercations, la tristesse des incidents tragiques
(capitulation des bourgeois de Calais, meurtre du jeune
fils de Gaston Phœbus), le fracas épique et confus des
la Nativité, la Résurrection.
Miracles et Mystères,
Les Miracles sont la mise en scène d'un fait édifiant où
se manifeste presque toujours l'intercession de la Vierge :
La Farce.
La farce est le seul genre dramatique échappant à la
médiocrité générale. Elle est la mise en scène d'un fabliau.
Nous en possédons un répertoire nombreux. Le fond
des sujets, l'intention et l'esprit sont les mêmes que dans
les fabliaux avec les mêmes qualités d'à-propos et d'entrain
(Farce du Cuvier).
Il en est resté un chef-d'œuvre, alliage excellent de
naturel et de bouffonnerie La Farce de Maître Pathelin
:
Son œuvre.
• Le Lais ou Petit Testament (1456), énumération de
legs burlesques. Ainsi il lègue à son barbier « la gornure de
ses cheveux ».
Table-Ronde.
Roman de Renan,
Chroniques de Villehardouin.
Règnes de Philippe Auguste et de
saint Louis.
Épopées du cycle féodal et poésie
courtoise.
• Xni^ SIÈCLE. Ménestrels et fabliaux
Poésie allégorique Roman
: de la
Rose.
Miracles et Comédies.
Mémoires de Joinville.
Guerre de Cent Ans.
• XIV^ SIÈCLE. Poèmes à forme fixe.
Chroniques de Froissart.
Fin de la guerre de Cent Ans.
Louis XL
• XV^ SIECLE. Mystères et farces.
Charles d'Orléans et Villon.
Mémoires de Commines.
XVrsiècle
20 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
La Renaissance
Dans
la grande effervescence artistique et morale qui signale
leXVI® siècle, la littérature appauvrie fut l'objet d'une rénovation
profonde due à l'imitation des littératures classique et italienne.
Les initiateurs.
La Réforme.
La Réforme marque une réaction contre l'esprit de
laRenaissance l'agitation théologique qu'elle a soulevée
:
La
poésie a été lente à recevoir l'impulsion de la Renais-
sance ; Marot se distingue du groupe des rimeurs laborieux
«Sa vie.
Clément Marot, né à Cahors, mais normand d'origine,
entré vers 15 19 au service de Marguerite de Navarre et
de François pr, rencontra de grandes difficultés par suite
de ses sympathies pour le protestantisme naissant ;
emprisonné à diverses reprises, il fut banni deux fois et
mourut en exil à Turin.
Son œuvre.
Les pièces de circonstance. Marot a été le poète
de la Cour ; il a, à ce titre, produit un grand nombre
officiel
de ballades, rondeaux, « étrennes » ou épigrammes, etc.
Le XVI« siècle / 23
« Bois! »).
La Pléiade
La poésie s'est renouvelée sur l'initiative d'une élite savante et
distinguée, la Pléiade, qui entreprit de relever à la fois la dignité
de la langue et celle de l'inspiration le héraut du groupe fut
;
(gloire) ;
ex. adjectif =
adverbe (léger, légèrement) ; infinitif nom =
(le dormir, le sommeil, etc.). Ronsard dira dans La
Franciade :
RÉNOVATION DE LA POÉSIE. Du
Bellay s'est montré
moins assuré quand il a esquissé l'idéal de la nouvelle
poésie. On voit seulement qu'elle devra être classiquey
c'est-à-dire inspirée aveuglément des « exemplaires »
grecs et latins ; savante, c'est-à-dire inaccessible au vul-
gaire ; et enfin laborieuse, acquise par le travail intense et
personnel des auteurs.
Les paragraphes relatifs aux genres ne donnent que des
indications sommaires du Bellay définit l'épigramme,
:
Son œuvre.
Trop faible pour assurer la réalisation du programme
écrasant de la Pléiade, du Bellay échoua dans l'ode et dut
se restreindre dans des genres secondaires.
Il a laissé trois recueils de sonnets^ et a définitivement
popularisé cette forme poétique en France :
• U
Olive (1549), œuvre galante et maniérée, imitée
de Pétrarque et ornée de comparaisons compliquées ;
• Les Regrets (1557) où, en notant famiUèrement les
ennuis qu'il éprouve à Rome, il exprime sa nostalgie du
pays natal :
Son œuvre.
Après une solide préparation de sept années au collège
de Coqueret où il étudia sous la direction de Daurat,
Ronsard se consacra, au prix d'un labeur immense, à son
œuvre d'initiateur, attaquant de prime abord l'ode et se
réservant l'épopée.
personne. »
- • Le monde. Mais puisque « chaque homme porte en soi
la forme entière de l'humaine condition », Montaigne a
Le XVh siècle / 35
Introduction
et la cour.
Dans les salons où se rencontrent familièrement beaux
esprits et gens de qualité, le public, perdant son particu-
larisme de province ou de profession, se restreint à une
élite de gens cultivés et d'opinions semblables. A l'avè-
nement de Louis XIV, la cour apparaît comme l'endroit
le plus distingué de toute l'Europe le roi. Madame, les
:
homme?... »)
Tragi-comédies. Le Cid, Don Sanche d'Aragon et Nico-
mède présentent un autre aspect du théâtre de Corneille :
dans ses vers que dans leur histoire » (La Bruyère). L'ac-
tion, pathétique et grave dans Cinna, Horace, devient d'une
confusion inextricable dans les dernières pièces.
Les écrivains
scientifiques et philosophiques
Descartes
Son œuvre.
L'œuvre française de Descartes comprend le Discours :
Influence,
L'influence de Descartes a été très profonde et contra-
dictoire. Il a soustrait la métaphysique à la théologie ;
il a reconquis la certitude, ébranlée par les attaques des
tel dont on eût fait un dieu chez les païens... » (La Fon-
taine) —ses contemporains avaient l'impression de saluer
l'homme qui leur avait apporté le mot de la science
universelle.
Avant Locke et Newton, rien ne vint infirmer sérieu-
sement les données de la science cartésienne.
génie ».
Son caractère.
U
Essai sur F Esprit Géométrique est un aperçu très étudié
de logique scientifique et de psychologie générale ; le
Discours sur les passions de V amour est une étude théorique
des sentiments « A mesure que Ton a plus
: d'esprit,
les passions sont plus grandes. Qu'une vie est heureuse
quand elle commence par l'amour et qu'elle finit par
l'ambition! »
Le plan,
Pascal est mort sans avoir fixé la disposition définitive
de son ouvrage, mais on peut en entrevoir les grandes
lignes :
L'ÉNIGME DE l'homme.
• Ignorance et misère. Au point de vue physique, l'homme
est perdu dans l'infini au milieu des espaces sans bornes
qu'il imagine ; il est logé « dans un petit cachot de l'Uni-
vers » ; son corps est infime, souvent malade. Au point
de vue moral, l'homme est malheureux par sa pensée qui
pose des problèmes sans les résoudre ; il ne sait rien de
certain et sa destinée est inconnaissable ; son imagination
le leurre et le tourmente ; il a besoin d'être toujours
«diverti » par son métier, ses affaires ou le jeu ; la pire
infortune qui piiisse lui arriver, c'est d'être seul, sans avoir
rien à faire « et de penser à son état ». Au point de vue
social, toutes les formes de gouvernement, de propriété
sont fausses ou arbitraires ; la justice n'est qu'un nom
qui déguise la force. Enfin, l'homme est malheureux parce
qu'il sait qu'il meurt et qu'il est menacé de l'éternité :
Boileau
Ryer.
Le XVI h siècle / 65
Cf Épître IX :
Boileau offre dans ses vers toutes les qualités d'un bon
prosateur précision, sobriété et fermeté du style ; ses
:
les Romantiques.
simple et de loyauté.
Amphitryon.
Les comédies de mœurs, mettant en scène les gens
et les professions de l'époque ; elles sont accompagnées
souvent de ballets et d'intermèdes burlesques. L'action
est vive, très amusante Les Précieuses ridicules. Le Bour-
:
,
geois gentilhomme, Le Malade imaginaire.
\
Les comédies de caractère. Pièces d'un genre plus
\
élevé où l'observation morale est à la fois plus profonde et
I
70 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
1. U Avare.
2. L'École des Femmes.
3. L'Étourdi.
Le XVI h siècle / 71
—
:
La Fontaine (1621-1695)
La Fontaine est le plus indépendant et le plus souple des poètes
classiques narrateur excellent, moraliste ingénieux, il a prodigué
:
Son œuvre.
Les compositions de La Fontaine s'étendent à des genres
très divers récit de voyage en Limousin, roman en prose
:
Les Fables.
Les Fables de La Fontaine réparties en douze livres
parurent en deux recueils (1668- 1678). Les sujets sont
de très anciens apologues empruntés d'abord à Ésope et
à Phèdre (auteur latin), puis à des conteurs orientaux :
Le XVII« siècle / 77
et le Rossignol).
78 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
Langue et versification.
de Britannicus.
• Bérénice (1670). Reine de Judée répudiée par l'empe-
reur Titus, invitus invitam (malgré lui, malgré elle).
• Bajazet (1672). Une « grande tuerie » dans un sérail
au xvii^ siècle ; rôle impétueux et passionné de la sultane
Roxane ; caractère du vizir Acomat.
• Mithridate (1673). Jalousie et guerres d'un vieux mo-
narque oriental vaincu par les Romains ; rôle touchant
de Monime.
• Iphigénie en Aulide (1674). Fille d'Agamemnon et de
Clytemnestre sacrifiée avant le départ des Grecs pour
Troie.
• Phèdre (1677). Aventure légendaire de la femme de
Thésée, amante incestueuse de son beau-fils Hippolyte.
• Esther (1689). DéHvrance du peuple Juif, grâce à l'in-
tervention de la reine près d'Assuérus.
• Athalie (1691). Révolution dynastique et théocratique
à Jérusalem ; mort de l'usurpatrice étrangère et procla-
mation du roi Joas.
Plusieurs sujets {Andromaque, Iphigénie, Phèdre) sont
empruntés à Euripide, poète grec, et à Sénèque le Tra-
gique.
84 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
A
côté de ces héroïnes, les personnages virils semblent
tracés avec moins de relief. Mais il y a une psychologie
profonde et sympathique dans l'étude d'Oreste, cet être
sans volonté, amoindri par la souff'rance morale, sombre
et neurasthénique « Je me livre en aveugle au destin
:
gique d'Hippolyte.
Dans Britannicus, on trouve, refaite fidèlement d'après
Tacite, une évocation impressionnante de la Rome im-
périale au i^'" siècle nous voyons les brigues tramées
:
Langue et versification,
sont sacrifiés
les détails ; le style devient sec, concis, sou-
vent obscur.
Madame de La Fayette (1634- 1693) a écrit en quelques
pages un des meilleurs romans du siècle La Princesse
:
Son œuvre.
L'œuvre très étendue de Bossuet comprend particuliè-
rement les Sermons, les Oraisons Funèbres, le Discours
:
Œuvres oratoires
où il dépeint la chute
repris d'Ézéchiel, du grand arbre
d'Assur, symbole de l'ambitieux :
Œuvres historiques
Alger... »
100 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
La Bruyère et Saint-Simon
et parfois le clergé.
Dans chapitres des Femmes, du Cœur, de la Société
les
et de Conversation, on trouverait une étude détaillée
la
de la Vie mondaine avec des remarques sur la préciosité,
sur la pratique de la conversation, sur la psychologie des
sentiments délicats, vifs et pourtant relativement artificiels,
qui prenaient naissance dans un tel miheu.
Dans le chapitre des Biens de Fortune, La Bruyère
signale le déplacement des conditions produit sous
l'influence de l'argent il montre l'importance croissante
:
superbes... »
Fénelon (1651-1715)
Fénelon, prélat et littérateur, écrivain politique et religieux aux
idées chimériques et subtiles, a exercé par ses dons d'agrément
personnel et de style une séduction très forte sur ses contempo-
rains.
Son œuvre.
L'œuvre de Fénelon concerne la pédagogie, les belles-
lettres, la politique, l'apologétique, la théologie. Ses Ser-
mons, réputés pour leur onction, n'ont pas été conservés
(sauf un Sermon sur FÉpiphanie), peut-être Fénelon ne
les a-t-il pas écrits.
Louis XIV
; le perfectionnement des procédés de style,
des règles, l'épuration du goût, en un mot, par analogie
avec le progrès d'ordre intellectuel, le progrès littéraire,
enfin, le mérite des œuvres modernes (Théâtre de Cor-
neille).
Tous les auteurs classiques, qui avaient vécu dans le
respect des écrivains anciens, protestèrent La Fontaine
:
tisme.
Dans U Explication des Maximes des Saints, Fénelon a
formellement réprouvé de conséquences. Le livre
telles
fut cependant condamné à Rome et Fénelon se soumit.
• 1648-1652 La Fronde.
• 1656 Pascal Les Provinciales.
:
Introduction
Lettres.
Le centre de la société se trouve changé la Cour cesse
:
Uinfluence anglaise.
seau.
Il n'est pas jusqu'à la forme des pamphlets, l'habitude
des apologues, les journaux, et même le piquant du style,
« l'humour », qui ne deviennent articles d'importation.
Rousseau.
• Nous terminerons par l'étude du théâtre, de la poésie,
du roman et de l'éloquence.
Le XVIIIe siècle / 115
Son œuvre.
Les lettres persanes (1721) sont l'œuvre frivole
de Montesquieu. Deux Persans, Usbek et Rica, en voyage,
font part à leurs amis de leurs impressions d'Europe
(156 lettres).
C'est une satire spirituelle de mœurs pendant la Régence
et des institutions occidentales :
« Ce
n'est pas la fortune (le hasard) qui domine le monde.
Ily a des causes générales, soit morales, soit physiques, qui
agissent dans chaque monarchie, l'élèvent, la maintiennent
ou la précipitent. »
aptitude à la patience. »
Sa méthode.
Estimant qu'une classification systématique des êtres
vivants serait prématurée, Bufifon s'est efforcé surtout
d'en faire connaître les caractères extérieurs « On doit :
Sa philosophie.
Buffon est pénétré de la toute-puissance de la Nature,
de sa force éternelle et féconde; mais dans la multiphcité
de la création, l'homme occupe une place privilégiée :
Le style.
Le style de Buffon est clair et grandiose : il a compris
l'ampleur de son sujet :
Diderot d'Alembert
et
L'Encyclopédie
Ses idées.
Idées littéraires et dramatiques.
• La sensibilité de l'auteur ou de l'acteur est un obstacle
à la perfection du rôle ou de l'œuvre celui qui est ému
:
clopédie où il montre
succession des sciences et voit
la
dans de la philosophie. Il écrivit
le xvii^ siècle le siècle
à Frédéric une lettre très digne pour refuser la présidence
de l'Académie de Berlin. Secrétaire perpétuel de TAca-
démie Française, il en fit un foyer d'esprit libéral et
philosophique.
Les salons,
se réfugier.
136 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
Théâtre et Poésie
au xviif siècle
A
côté des œuvres considérables de Voltaire et de Rousseau,
le théâtre paraît brillant mais superficiel, malgré la finesse de
Marivaux et les audaces de Beaumarchais; mais la poésie,
étiolée et abstraite, présente, après un siècle de stérilité, un grand
poète André Chénier.
:
Ses théories.
L'ambition de Chénier était de renouveler toute la
poésie en décrivant les découvertes de la science moderne :
En
dehors de ses Élégies voluptueuse ou mélancoliques,
André Chénier a fait servir son .talent à la défense de ses
convictions politiques les ïambes, pièces au rythme
:
La Jeune
Captive est une élégie où, s'attendrissant sur
le sort d'une compagne de captivité, Chénier traduit les
plaintes de celle-ci et son amour de la vie :
La littérature politique
sous la Révolution
Introduction
Le XIX^ siècle a été un grand siècle poétique et
littéraire.
Les époques.
On peut distinguer quatre époques dans le xix^ siècle :
Les œuvres,
A ces écoles opposées correspondent deux catégories
d'œuvres les unes d'inspiration individuelle et lyrique,
:
Le goût et la langue.
Madame de Staël
Sans être un écrivain de génie, Mnne de Staël a rendu aux auteurs
un service appréciable en indiquant les sources principales d'une
rénovation poétique et en proclamant la nécessité d'une littérature
nationale qui soit en harmonie avec les mœurs et les idées modernes.
le sentiment de l'infini.
Cependant Chateaubriand admire les écrivains anciens;
pour la forme, il reste rigoureusement classique, respecte
les lois des genres et prend soin de conserver à son style
la noblesse et le sublime.
Ses idées morales. En dépit de ses principes religieux
et de son respect de la tradition Uttéraire, il n'en reste
pas moins que Chateaubriand est au fond un disciple
de Rousseau et un romantique il a le mal du siècle.
:
(René.)
Le Romantisme
Tandis que les précurseurs du Romantisme n'avaient point
rompu avec la tradition, jeune École qui s'est formée sous la
la
Restauration s'est opposée, non sans violence, aux théories
classiques, et a proclamé officiellement « la liberté dans l'art ».
douleur.
clave ».
Le XIX^ siècle / 167
• U
Isolement, pièce de deuil et d'espérance exprimant
la nostalgie du bonheur :
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau Lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux...
Qu'il soit dans le zéphir qui frémit et qui passe...
ce nom de la patrie? »
Son œuvre.
Alfred de Vigny a laissé en prose Servitude et Grandeur
de commentaire sur le métier des armes
militaires^, sorte
au temps de l'Empire et de la Restauration; un roman
historique :Cinq-Mars^ un drame pessimiste Chatterton-^ :
du Loup.
• Moïse dépeint la souffrance de l'homme supérieur,
isolé dans sa gloire « prophète centenaire «, Moïse
:
tribut de pitié.
J'aime la majesté des souffrances humaines.
Dieu! que le son du cor est triste au fond des bois!... (Le
Cor.)
Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre! (Moïse.)
Berger :
Oh ! va, nous
de belles funérailles
te ferons !
des dieux.
Aspects des civihsations d'Orient, de la Grèce héroïque
(Les Trois Cents), de l'Islam et du Moyen Age avec ses
légendes sinistres (Kanut le Parricide) ou radieuses
(Aymerillot), avec ses chevaliers errants (Le Petit Roi
de Galice, Eviradnus).
Projections éparses sur les temps modernes Espagne
:
de Russie :
vivantes et agissantes.
Même les choses abstraites, les facultés de l'âme,
s'incarnent et se réaUsent en matière ou en force c'est :
J'ai vu le jour, |
j'ai vu la foi, |
j'ai vu l'honneur, |
La rose épanouie...
Charge la petitesse exquise de sa main.
(La Rose de VInfante.)
Le théâtre romantique
roman
Stendhal
Flaubert
Flaubert, le maître incontesté du roman réaliste, s'imposa de
soumettre son art aux contraintes d'une objectivité scientifique
rigoureuse.
Taine
Le réalisme croissant des œuvres littéraires postérieures à 1852,
le développement de l'histoire et de l'observation impersonnelle
sont la conséquence de doctrines philosophiques et morales dont
Auguste Comte et Taine ont été les grands initiateurs.
La poésie parnassienne
Poésie et métaphysique,
Le Symbolisme
Le Symbolisme, en réaction contre le Parnasse, marque un
retour au lyrisme et un affranchissement complet de la forme.
D'abord méconnu, le Symbolisme a cependant triomphé des
railleries et laissera une empreinte ineffaçable dans la poésie
française.
La recherche verbale,
Le Naturalisme
Le Naturalisme, tendance extrême du réalisme,
se propose la représentation intégrale et cynique
de la vie.
Le Naturalisme dérive du Réahsme dont il est à la fois
un rétrécissement et une exagération. Les écrivains natu-
ralistes ont comme les réalistes le désir de représenter
Le XIX^ siècle / 227
Maupassant et Daudet,
Guy de Maupassant (1850- 1893), esprit sombre et
désabusé, écrivain sobre, d'une précision rare, a conté des
nouvelles d'un pessimisme tragique il décrit surtout la
:
Troisième République.
Deux traitsopposés se remarquent chez les orateurs de
ce régime tandis que l'éloquence d'affaires, la pratique
:
la science, la poHtique.
La religion, sentiment du cœur plutôt que doctrine, a
été l'un des éléments inspirateurs du Romantisme (Cha-
teaubriand, Lamartine) ; même des écrivains comme
Michelet sont à leur manière des esprits religieux, des
mystiques. A l'avènement du positivisme, le sentiment
religieux cesse d'être un animateur pour devenir un objet
d'étude (Renan, Taine), La dernière période du xix^ siècle
amène une renaissance sentimentale ou intellectuelle de la
foi, avec les poètes symbohstes et Paul Bourget. Les livres
de Barrés et de Maeterlinck dénotent une curiosité sympa-
thique des choses de l'au-delà, le tourment ou du moins le
sens du mystère, du divin.
La science, en même temps qu'elle transformait prodi-
gieusement les conditions de l'existence, s'est imposée aux
préoccupations intellectuelles sous la forme impérieuse du
positivisme : Auguste Comte, Taine, Cl. Bernard, Zola,
Berthelot en furent à divers titres les initiateurs auprès du
public. Le culte de la science inculqua aux écrivains le
sentiment du déterminisme, le goût des explications
physiologiques, l'abandon de la psychologie convention-
nelle, le dédain de la métaphysique. Le progrès des
sciences biologiques explique l'importance attribuée par
Le XIX^ siècle / 235
Recherche de V absolu.
1835-1837 Alfred de Musset Les Nuits, Lorenzaccio. :
Introduction
est difficile de ranger sous une ou plusieurs rubriques
Il
la production immense et variée du xx^ siècle. Peut-être
parce que le rythme de l'évolution des idées s'est accéléré,
sans doute aussi parce qu'il est impossible, quand on est
contemporain d'une littérature, d'en discerner nettement
les grandes masses et les reliefs, c'est l'impression de
diversité, d'hétérogénéité irréductible qui l'emporte.
Le xx^ siècle a été marqué par des conffits d'une dimen-
sion jusqu'alors inconnue. Sans doute les crises et les
guerres n'avaient-elles pas manqué au cours des siècles
précédents, mais celles du xx^ ont intéressé pour la
première fois la quasi-totalité de la planète. La guerre de
1914-1918 a été justement appelée, la Première Guerre
mondiale. Celle de 1939- 1945 mérite encore mieux ce
nom. Devant l'ampleur des catastrophes et des hécatombes,
l'Europe, qui a payé le plus lourd tribut (plus de 50 mil-
lions de morts pour le dernier conflit), s'est prise à s'inter-
roger de façon plus aiguë sur le destin de l'homme, sur le
sens de la vie et de la mort des civiHsations. La littérature
s'est faite largement l'écho de ces préoccupations en
donnant forme et consistance aux idées ainsi brassées et en
leur assurant une large diffusion. C'est pourquoi la division
la moins artificielle qu'on puisse introduire dans la pro-
duction littéraire du xx^ siècle est celle qui consiste à
emprunter le cadre des grands événements historiques.
On peut distinguer trois époques dans le xx^ siècle :
la vie.
SON ŒUVRE.De là, le caractère spécial de sa « mystique » :
Politiques et philosophes
Les romanciers
de l'entre-deux guerres
Confirmant une évolution amorcée au siècle précédent, le
roman tend à devenir le genre majeur de la littérature française et
rares sont les écrivains qui ne le pratiquent pas. La diversité des
tempéraments des créateurs, la souplesse presque infinie du
genre, que ne régit aucune règle, ont entraîné une extrême
variété de production qui décourage tout essai de classement.
Un aventurier de V intelligence.
A
la ressemblance de beaucoup de ses héros, Malraux
estlui-même, au moins au début de sa vie, un aventurier.
Après des études à l'École des langues orientales, une
mission archéologique au Laos (1923) consacrée à des
Le XX^ siècle / 261
Bernanos dans ce
n'était pas à l'aise, spirituellement,
monde. Ou bien il le fustigeait comme
polémiste, ou bien
il rêvait d'un monde chrétien total, réconcilié avec lui-
Le roman- cycle
Romain Rolland avait été avec Jean-Christophe (1904-1912),
l'initiateurdu roman-fleuve ou roman-cycle. Cette forme qui pou-
vait s'autoriser aussi de l'œuvre de Proust, voire de celle de Zola
ou de Balzac, connut un vif succès au cours des années trente.
Jules Romain, Roger Martin du Gard et George Duhamel s'y sont
illustrés particulièrement.
Le mouvement Dada,
Fondé en 191 6 à Zurich par un jeune poète roumain,
Tristan Tzara, il peut être considéré comme le précurseur
direct du Surréalisme. Dada prône une négation totale
volontiers agressive. Malgré des relations souvent orageuses
jusqu'à leur rupture en 1922, Tzara a confirmé les tendances
de ceux qui allaient en 1924 fonder le mouvement surréa-
liste, c'est-à-dire essentiellement André Breton, Paul
Éluard, Louis Aragon, Benjamin Péret et Phihppe
Soupault.
Le Surréalisme
Plus nettement encore que d'autres mouvements, le
Surréahsme est inséparable de son époque et notamment
de la Grande Guerre qui l'a marqué. Lorsque l'armistice
de 191 8 est signé, on mesure l'énormité des ravages et la
minceur des résultats. Ceux qui allaient être les surréahstes
sont particuUèrement sensibles à ce décalage tragique, dont
ils s'autorisent pour proclamer la faiUite de la civiUsation,
avec son droit, son art, sa morale, sa science et sa rehgion,
également compromises dans le désastre. Les surréahstes
vont donc s'intéresser à tout ce qui est irrationnel (physique
d'Einstein, intuitionnisme bergsonien, psychanalyse freu-
dienne) et, quoiqu'ils se soient toujours défendus de cette
démarche, se chercher des ancêtres parmi ceux qui, à un
titre ou à un autre, sont animés d'un certain nihiihsme
envers les valeurs traditionnelles, qu'il s'agisse du marquis
de Sade, de Lautréamont, de Rimbaud ou de Jarry.
• L'essentiel de la doctrine est rassemblé dans le Manifeste
Surréaliste (1924) qui souUgne son caractère d'automa-
tisme psychique, l'absence de tout contrôle exercé par la
276 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
En dehors du Surréalisme,
Bien que le SurréaUsme ait profondément marqué la
production poétique de son époque, certains poètes, soit
par doctrine, soit par tempérament, soit par le jeu des
circonstances, ont à peu près complètement échappé à
son influence.
Jules Supervielle (1884- 1960) a partagé son cœur et
sa vie entre l'Uruguay, sa terre natale, et la France, sa
patrie d'adoption. Il s'est complu à des visions à demi
chimériques, à la description de spectacles changeants :
Le comique à la scène.
U
Roméo et Jeannette (1946), Invitation au château (1947),
Ardèle ou la Marguerite (1948), La Répétition ou V amour
/)Mm (1951).
Anouilh est un écrivain de théâtre ; son évocation de la
noirceur, même lorsque la pièce est dite « rose » ou « bril-
lante », s'exprime en un style vigoureux qui passe la rampe.
Certains de ses mots, qui sont moins des mots d'auteur que
des formules résumant une situation de manière saisissante,
sont en passe de devenir classiques. Ce style grinçant et
fort, cette maîtrise du dialogue, ce sens très sûr des exi-
gences scéniques, comportent parfois ime certaine complai-
sance.
Le XX^ siècle / 287
Romanciers et essayistes
L'Existentialisme
Sartre a résumé et vulgarisé en 1947 les thèses princi-
pales de l'existentiahsme dans un court essai intitulé
U Existentialisme est un humanisme. Après avoir critiqué
les philosophies spirituaUstes selon lesquelles le concept
d'homme est dans l'entendement divin antérieur à l'exis-
tence des hommes, il ajoute :
Sartre romancier.
Cette théorie s'incarne dans ime production de choc et
de scandale qui insiste sur les aspects les plus écœurants de
la nature humaine, sur les scènes de crapiUerie et d'horreur,
qui cherche ses effets diamétralement à l'opposé de l'art
classique par l'exhibition de la laideur et de l'ordure dans
les choses, de la vulgarité et de la veulerie dans les carac-
tères autant que dans le style.
C'est le cas de La Nausée, son roman le plus célèbre et
le plus réussi, où Sartre met en scène Antoine Roquentin
qui poursuit mollement à Bouville (Le Havre) des travaux
historiques et traîne de café en café une existence morne
jusqu'au jour où il éprouve pour de bon la nausée. La
nausée est un sentiment complexe qui n'est pas hé à des
éléments psychologiques :il est la prise de conscience
Sartre et la littérature.
Sartre s'est souvent interrogé sur la littérature. Atta-
quant violemment les esthétiques ou les courants de pensée
qui prônaient plus ou moins directement l'irresponsabilité
de l'artiste, il a lancé en 1947 l'idée et la formule de la
littérature engagée : l'artiste doit utiUser son art, le prestige
et l'audience qu'il lui vaut, pour intervenir dans les
Le XX^ siècle / 291
Dramaturges
Après la Seconde Guerre mondiale,le théâtre connaît
un renouveau : du
Cartel des Quatre est assurée
la relève
par Jean- Louis Barrault, fondateur avec sa femme de
la Compagnie Madeleine Renaud- Jean- Louis Barrault
qui s'installa au Théâtre Marigny et s'illustra dans des
répertoires variés. Plus originale est la tentative de Jean
Vilar, fondateur du Théâtre National Populaire, qui a
tenté de faire accéder au théâtre le plus vaste pubUc
possible, dans la grande salle du Palais de Chaillot ou à
l'occasion du Festival d'Avignon, au Palais des Papes.
Parallèlement, les écrivains par ailleurs les plus illustres,
comme Sartre et Camus, viennent au théâtre, jugeant
cette tribune particuhèrement efficace pour diffuser leurs
idées. Leurs pièces s'ordonnent en effet autour des mêmes
thèmes que leurs autres œuvres avaient déjà fait connaître.
A côté d'eux, Montherlant, lui aussi romancier, connut
de vifs succès.
Les pièces de Sartre s'articulent sur une idée.
• Dans Les Mouches (1943), reprenant le vieux mythe
grec d'Oreste vengeur de son père, il affirme très haut que
l'homme s'accomplit et en quelque sorte se crée lui-même
par l'exercice de sa Uberté dans l'action.
• Huis Clos (1944) a été un grand succès. Sans comporter
d'innovations techniques révolutionnaires, la pièce, réduite
à une seule scène, avait frappé par sa vigueur, sa concision
et la nouveauté de son sujet dans un salon démodé censé
:
Poètes
Si l'on excepte les poésies d'Aragon et d'Éluard que la
Résistance avait inspirées et qui trouvèrent une audience
relativement large à la Libération, le poète le plus populaire
de l'après-guerre est Jacques Prévert.
296 / HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
La littérature en question
Un peu après 1950, sans qu'on puisse en fixer plus préci-
sément la date, on a assisté non pas à la naissance d'une
nouvelle école critiquant ses devancières pour substituer
sa propre esthétique aux esthétiques du passé, mais à un
Le XX^ siècle / 297
Le Nouveau Roman
Robbe-Grillet (né en 1922) n'est ni le plus ancien, ni
peut-être le meilleur représentant de ce qu'il est convenu
d'appeler le Nouveau Roman, mais il est le premier à en
avoir codifié la théorie précisément sous le titre de Pour
un Nouveau Roman (1963), recueil d'articles où il dénonce
quelques notions jugées périmées qui avaient fait les beaux
jours du roman classique :
Le Nouveau Théâtre
L'évolution est ici parallèle à celle du roman le person-
:
La poésie et la critique
Faguet 246
Ionesco 298
Fénelon 105-107
Isnard 151
Femandez (Ramon) 287
Ferry (Jules) 232
Feydeau (Georges) 251 Jammes (Francis) 246
Flaubert (Gustave) 200, 201, Jansenius 59
215 Jarry (Alfred) 252
Fiers (de) 251 Jaurès (Jean) 233, 245
Fontaine (Jean de La) 75-82 Jeu de Saint Nicolas 15
Fontenelle 115 Jodelle 26, 39
Fort (Paul) 246 Joinville 12
Foumier (Alain) 243 Jouve (Gustave) 219
France (Aiiatole) 240 Joinville 12
François de Sales 47 Jouve (Pierre- Jean) 279
Fïroissart 13
Fustel de Coulanges 202, 215 Kahn (Gustave) 219
Index alphabétique / 303
La civilisation occidentale
•La civilisation islamique
• Histoire de la littérature française
de la littérature française
• Dictionnaire des auteurs et des thèmes
de la philosophie
• Dictionnaire philosophique de citations
16/5352/6
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