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"REDUIRE LA PAUVRETE"
Sommaire
0. RESUME
I. INTRODUCTION P.1
BIBLIOGRAPHIE
Le rapport qu’on va lire cherche à élaborer des indicateurs pour saisir la dimension
spirituelle du développement humain. Ce rapport émane du « Centre L.-J. Lebret »,
organisme de recherche-action basé à Paris, qui travaille principalement avec des ONG
en France et dans la plupart des continents. Le Centre tire son nom de Louis-Joseph.
Lebret (1897-1966), économiste et sociologue français, qui a inspiré de nombreux
travaux et a été à l’origine de la fondation d’un certain nombre d’organisations dont la
caractéristique commune est sans doute de promouvoir un « développement intégral
pour tout l’homme et tous les hommes ». On peut considérer que le concept de
développement humain est un lointain écho des intuitions et des préoccupations de L.-J.
Lebret.
Les fondements théoriques à cette recherche sont exposés dans le chapitre suivant. On
commence par reprendre une critique du développement qui ne serait qu’économique.
I
Une conception plus riche, plus multiforme du développement est appelée en général
"développement humain", parfois "développement intégral". Ce développement intégral
comporte une dimension spirituelle, parfois aussi appelée dimension de plénitude parce
que cela intègre une référence à des systèmes de pensée, des symboles, des croyances
qui donnent un sens au cosmos, à l’histoire et à la vie personnelle et collective. Cette
dimension, appelée ici "spirituelle", intègre le désir de l’être humain de se projeter en
avant de lui-même par delà les finitudes de l’existence humaine. A la base de cette
conception du développement, on trouve une anthropologie exprimée dans divers écrits,
par exemple ceux de l’économiste chilien M. Max-Neef ou des philosophes Emmanuel
Mounier ou Emmanuel Levinas.
La question se pose de savoir s’il est possible d’appréhender cette dimension spirituelle
directement. Vouloir saisir la dimension spirituelle du développement, c’est se heurter
d’abord aux ambiguïtés du mot « spiritualité » trop souvent limité à un contenu
religieux. Nous avons donc pris la spiritualité comme un effort effectué par les
individus et les groupes de se projeter hors d’eux-mêmes afin de donner un sens aux
limites de l’existence humaine. Une telle spiritualité se vit dans la relation de l’homme à
son environnement naturel et social, elle s’exprime dans des valeurs. Ces valeurs
peuvent être hiérarchisées dans des échelles d’attitude. C’est cet effort pour repérer des
attitudes spirituelles qui a été entrepris ici.
Pour cela, des indicateurs de développement ont été fournis à des groupes de personnes
appelés ici des "groupes moteurs". Ces groupes moteurs ont pour tâche d’utiliser ces
indicateurs et de vérifier leur pertinence par des analyses croisées (statistiques, données
législatives, actions collectives, comportements…).
II
A l’aide de ces indicateurs, le groupe moteur dégage les signes caractéristiques de la
communauté, les évolutions caractéristiques, les enjeux. Ces groupes moteurs ont été
choisis parce qu’ils s’inscrivent eux-mêmes dans une perspective de recherche-action,
qu’ils sont intéressés par la recherche sur la dimension spirituelle du développement,
parce qu'ils sont insérés dans les communautés dont ils partagent le destin.
Ces groupes moteurs permettent de saisir comment la communauté se situe entre deux
pôles : entre l’exclusion et l’accueil (indicateur de fraternité) ; entre le sectarisme et la
tolérance (indicateur de respect de l’autre) ; entre l’indifférence et la recherche de sens
(indicateur de « conscience-sens ») ; entre la finitude et l’ouverture (indicateur de
dépassement) ; entre le gaspillage et le développement durable (indicateur de solidarité
cosmique) ; entre la peur/mépris de la mort et le respect/accueil de la vie et de la mort
(indicateur du « destin assumé ») ; entre le fatalisme et l’espoir (indicateur de la maîtrise
du destin) ; entre l’abstention et la participation (indicateur de la responsabilité
citoyenne). A la lecture de ces valeurs et indicateurs, on voit que la compréhension de la
spiritualité adoptée ici est une compréhension d’une spiritualité ouverte sur autrui, une
spiritualité relationnelle. La communauté est analysée de la manière suivante : les
groupes moteurs, qui font partie de la communauté, placent leur communauté sur une
échelle de valeur en fonction de chaque indicateur. Ces groupes moteurs portent
également une estimation sur la situation présente et sur la tendance de l’évolution, car
le sentiment que les choses s’améliorent ou empirent fait également partie de la qualité
de la vie, et peut-être même du sens que l’on accorde à son existence.
On trouvera ici les résultats de quelques études de cas qui ont permis de vérifier et de
tester nos indicateurs : Madagascar, Chili, Tanzanie, et des notations à partir d'une
rencontre en Inde.
III
I. INTRODUCTION
Les années 50 et 60 ont été les années du plus grand succès de la conception
principalement économique du développement : l’objectif des politiques publiques était
la croissance du Produit National Brut, l’indicateur majeur du développement était
constitué par le PNB par tête. Dans ce contexte de mentalité économique dominante,
Louis-Joseph Lebret, économiste et sociologue français (1897 – 1966) a contesté cette
mentalité hégémonique en lançant un défi éthique : il a parlé de « développement
humain », par exemple en 1962 devant l’Assemblée Générale des Nations Unies. Et
toute l’œuvre de Lebret peut s’analyser comme un essai pour donner une consistance et
une légitimité scientifique à ce concept de développement humain, qui au départ était
plus une intuition et une protestation pour défendre la personne humaine contre les
réductions et les simplifications de la pensée économique.
La crise financière asiatique, depuis juillet 1997, a touché des pays dont les bases
économiques étaient saines, dont tous les indicateurs montraient qu’ils étaient sur une
bonne voie, à tel point qu’aucun spécialiste officiel n’avait prévu cette crise. Ces pays
asiatiques cependant ont connu, en l’espace de quelques mois, un recul de plusieurs
décennies des acquis de leur développement humain. Les efforts consentis par une
génération entière pour augmenter la richesse de ces pays et le bien-être des populations
ont été balayés en moins d’un an.
1
Dans ce contexte, une urgence s’impose à nous : faire une autre lecture du
développement humain, trouver d’autres systèmes de mesure du développement.
Les auteurs du rapport qu’on va lire ici ont voulu explorer deux directions de
recherche :
- en premier lieu, tenter d’identifier la dimension spirituelle du développement et
élaborer des indicateurs de ce développement spirituel ;
- en deuxième lieu, faire faire l’évaluation du développement par les sujets-acteurs du
développement eux-mêmes. (La seconde direction de recherche n’est pas sans lien
avec la première).
Dans l’étude qui suit, on commencera par rappeler brièvement l’objet de notre
recherche et quelques uns de ses fondements théoriques. On constatera que les sources
ou les intuitions intellectuelles de cette recherche sont à chercher plutôt du côté de
Louis-Joseph Lebret et de François Perroux (économiste français célèbre dans les
années 60 à 80), du côté des philosophes Levinas et Mounier (courant de la philosophie
réflexive spiritualiste du XXe siècle). Mais on constatera que ces intuitions, parfois
anciennes déjà, ne sont pas sans lien avec des recherches plus récentes comme celles du
PNUD, de la Banque Mondiale, de diverses institutions universitaires et celles qui ont
valu à Amartya Sen son Prix Nobel d’économie.
2
II. OBJET DE LA RECHERCHE
et actualité de la problématique
Depuis son lancement en 1990, la série des Rapports mondiaux (RM) sur le
développement humain (DH) du PNUD a bien montré l'évolution du concept du
développement au cours de ces dernières décennies, en même temps que la définition de
la pauvreté et du bien être. Si nous acceptons la définition du développement humain,
selon les RM sur le DH du PNUD, comme synonyme d’élargissement des possibilités
de choix ouverts aux individus, la pauvreté signifiera plutôt la négation des opportunités
et des perspectives fondamentales sur lesquelles repose tout développement humain.
3
Ceci reflète clairement l’évolution du concept de développement et de pauvreté. Définir
le DH comme l’élargissement des possibilités de choix ouverts aux individus signifie
qu’il faut trouver des mesures plus adéquates pour évaluer et mesurer les progrès ou les
échecs du développement. Ces mesures ne dépendent pas seulement de critères
unidimensionnels et classiques, économiques (revenus ou monétaires) ou humains
(besoins essentiels ou consommation), etc.
Car la notion de l’élargissement des possibilités de choix ouverts aux individus reflète la
complexité et la pluridimensionalité du concept, tout en mettant l’homme au centre pour
exercer un choix parmi de multiples possibilités. Cette place centrale accordée à
l’homme induit un changement important dans la définition de notre objet de recherche.
Cela va à l’encontre de notre objectif de recherche. Etant donné que nous situons
l’homme au centre de la dynamique du développement humain, il est évident qu'il faut
considérer l’homme comme sujet-acteur dans l’étude et l’évaluation de son action et
aussi comme agent actif d’évaluation de ses activités et pas seulement comme un objet
d’étude sur les résultats du DH ou de la pauvreté.
Cette approche plus intégrale du DH soulève tout de suite des questions très pratiques
mais difficiles à résoudre. Car il faut tenir compte du droit de chaque être humain et
citoyen de faire des choix mais aussi de négliger délibérément d'exercer ces choix. Cette
question oblige à trouver des méthodes d’évaluation du DH comme la notion de
capacité, l’accent étant mis sur les potentialités qu’un individu est en mesure ou non de
développer, en fonction des opportunités dont il dispose mais aussi en fonction de ses
souhaits et de ses volontés. Or, cette question soulève la condition des méthodes
d’évaluation basées sur le principe d’une éthique universelle.
En pratique, une telle méthode qui pose comme principe une éthique universelle
applicable à l’échelle mondiale pour la comparaison des situations du DH de différents
pays, n’a pas pu être utilisée ou en tout cas n’est pas concevable, pour des raisons à la
fois pratiques (les données statistiques sont jusqu’à présent principalement appuyées sur
des données unidimensionnelles) et objectives (si nous reconnaissons le caractère
4
pluridimensionnel de phénomène du DH, la sélection d’aspects particuliers de sa réalité
comme base de recherche d'une étude ne peut qu’être inévitablement partielle ou
subjective à cause du choix de tel critère de sélection). Car la nature des principaux
besoins ou manques varie en fonction des conditions socio-économiques de la
communauté humaine considérée.
Comment réaliser un critère de mesure cohérent, à sa juste valeur mais non arbitraire,
qui permette de combiner les multiples dimensions qui sont la cause d’un tel résultat du
DH ? Serait-il de l'ordre des capacités (potentialités) des individus qui mobilisent
certaines formes de volonté et de valeurs pour un choix qu’ils souhaitent faire ou être,
en fonction des opportunités dont ils disposent et des conditions offertes dans un
contexte socioculturel et socioéconomique particulier à chaque communauté ou société?
De plus, si nous voulons mettre l’homme au centre de la dynamique du DH, il faut aussi
tenir compte des critères et des éléments d’observation choisis pour l’élaboration d’un
tel indicateur du DH, pour qu’il permette une participation démocratique et réelle de la
population concernée dans un tel processus d’évaluation et de détermination des progrès
et des échecs du développement. Et la question suivante se pose : est-il possible de
mettre au point un système universel et global de mesure du DH en vue d’en
promouvoir la participation et l’ « appropriation » par la population ?
Cette approche de l'étude et des moyens d’évaluation du DH est encore plus importante
aujourd’hui compte tenu des préoccupations résultant des effets de la mondialisation
pour le DH. Ce n’est pas un hasard si, depuis les années soixante-dix, la notion
d’ « exclusion » est devenue une clef de lecture pour les études sur la pauvreté et les
effets du DH dans les pays développés les plus prospères. L’introduction de ces
nouveaux concepts tels que « exclusion » dans les pays développés ou « féminisation de
la pauvreté » ou encore aujourd’hui « risque et vulnérabilité », si souvent employés pour
décrire les conséquences inattendues de la crise financière, a démontré de façon claire
que les critères classiques de mesure, utilisés jusqu’alors pour évaluer l’état du
développement (critères de revenu, de production et de consommation), n'étaient plus
pertinents ni suffisants pour saisir la réalité mouvante du développement humain à l’ère
de la mondialisation.
5
La question est, à l'heure de la mondialisation où s'installe un système économique,
universel et global créant de la pauvreté, de savoir comment apprécier les critères d'un
DH qui renforce la participation et l'appropriation par la population du processus de
décision concernant son devenir et son bien-être. Cependant, les réalités du DH et de la
pauvreté continuent de nous révéler leur extrême complexité et de nous apporter des
indications plutôt angoissantes - telles que des facteurs de risque de désintégration
souvent constatés à tous les niveaux (local, régional, national et mondial), couplés avec
un écart croissant d’inégalités et de disparités dans de nombreux pays - qui menacent les
acquis et les progrès du DH au cours de ces dernières décennies.
Cette définition s'applique à tous les plans de la vie collective, du plan local au plan
international. Elle pose comme objectifs du développement la réussite humaine
individuelle et l'élévation humaine de chaque peuple et de tous les peuples. Elle inclut
tous les aspects du développement : économique, biologique, éducatif et culturel,
politique, social et administratif. Mais c'est l'homme qui est toujours au centre de la
perspective. Selon un leitmotiv cher à François Perroux, c'est tout l'homme qui est en
question et ce sont tous les hommes.
1
Rapport de L.-J.LEBRET à la Conférence de l'ONU sur l'application de la science et de la technique au
bénéfice des pays moins développés - in "Développement et Civilisation" n°15, sept 1963, cité dans
numéro spécial "Economie et Humanisme", octobre 86, p.38
6
En mettant ainsi l'humain à sa place, on donne à la discipline complexe du
développement un maximum de caractère scientifique, toute science se définissant par
son objet. L'objet du développement ne peut être que l’avancée de l’humanité vers
l'amélioration de la condition humaine au sein de groupes restreints et de l'humanité tout
entière. En d'autres termes, le problème du développement est un problème de
civilisation que l'application des sciences et des techniques doit contribuer à résoudre,
dans le respect aussi strict que possible de toutes les valeurs humaines.
Comme ce sont ici les valeurs humaines de tout l'homme et de tous les hommes qui
nous intéressent, nous avons choisi d'analyser la place du spirituel dans l’humain et
d'étudier comment l'homme assume ses relations :
en vivant sa spiritualité comme dimension essentielle qui donne sens aux autres
dimensions.
Donc, notre définition du développement humain intégral est plutôt comparable aux
approches de «capacités-potentialités » de Amartya Sen2. Nous considérons qu'un
développement humain intégral peut prendre en compte la spécificité de l’homme en
favorisant l’épanouissement de ses capacités.
L’objectif visé de nos indicateurs est qu’ils nous permettent d’évaluer comment un
groupe humain met en œuvre les spécificités, les capacités de l'homme et ses valeurs
spirituelles.
_________________________
2
Martha Nussbaum et Amartya Sen, The Quality of Life, Oxford University Press, 1993
7
II. 3. Notre définition de la pauvreté
Etant donné que notre vision et la définition du développement humain intégral est celle
des approches de «capacités-potentialités » et que nous voulons évaluer comment un
groupe humain met en œuvre sa spécificité humaine, ses capacités humaines et ses
valeurs spirituelles, la définition de la pauvreté, au regard de notre vision du DH, est
que la pauvreté est aussi une réalité intégrale et complexe dans sa globalité dans les cinq
dimensions du développement, l’homme étant un être relationnel. Donc la pauvreté est
une réalité de caractère pluridimensionnel et son contenu varie en fonction du contexte
et de la société.
Nous avons vu dans la notion de «capacité » du DH, que la pauvreté est plutôt comprise
comme l'impossibilité d’utiliser ses «capacités » ou encore les «opportunités » dont
l’homme est privé au cours de son existence.
Sachant que nous avons défini l’homme comme être relationnel, nous avons dégagé
dans chaque relation les deux indicateurs qui décrivent la place du spirituel et les
valeurs humaines, et étudié comment un groupe humain met en œuvre sa spécificité, ses
capacités humaines et ses valeurs spirituelles qui se positionnent entre deux pôles:
positif et négatif, en terme de signes, d’évolution et d’enjeux du DH. Si ces signes
d'évolution des potentialités penchent plutôt vers le pôle positif, nous pouvons dire
qu’ils manifestent plutôt un progrès du DH et, quand ils penchent plutôt vers le pôle
négatif, nous pouvons dire qu’ils manifestent plutôt une évolution vers la pauvreté
plutôt qu'un progrès du DH.
Dans cette approche du DH, la définition de la pauvreté est pour nous le pôle négatif qui
peut être la non-potentialité d’utiliser ses «capacités » ou de saisir les «opportunités ».
8
II. 4. Objectif de notre "recherche-action-évaluation"
• un système de mesure qui permette d’appréhender ce qui fait agir l’homme dans son
existence et ses activités essentielles et de se situer en progression ou recul par
rapport au développement humain,
10
III. FONDEMENTS THEORIQUES
C'est dans ce contexte que les Lebret, Perroux et autres tenants d'un développement
"solidaire" - ou "harmonisé" - firent entendre leur différence et commencèrent à
déstabiliser un certain totalitarisme de la pensée économique en affirmant que :
1) ce qui est vécu, au niveau personnel comme au niveau collectif, n'a pas
moins de prix que ce que l'on possède,
1) le développement, avant d'être un résultat, est d'abord une démarche,
1) l'aspiration de l'humanité est le développement humain et non,
seulement, le développement économique.
Selon un leitmotiv cher à François Perroux, c'est tout l'homme qui est en question et ce
sont tous les hommes. Selon L.-J. Lebret, le développement, comme déjà cité, se définit
comme la série de passages, pour une population déterminée et pour toutes les fractions
de population qui la composent, d'une phase moins humaine à une phase plus humaine,
11
au rythme le plus rapide possible, au coût le moins élevé possible, compte tenu des
solidarités entre les sous-populations et entre les populations. Cette définition
s'applique à tous les plans de la vie collective, du plan local au plan international. Elle
pose comme objectifs du développement la réussite humaine individuelle et l'élévation
humaine de chaque peuple et de tous les peuples. Elle inclut tous les aspects du
développement : économique, biologique, éducatif et culturel, politique et administratif.
Mais c'est l'homme qui est toujours au centre de la perspective.
Mais, comme l'écrit Albert Longchamp dans la revue Foi et Développement3 la notion
de développement a évolué avec les années :
___________________________________
3
in Développement : l'épé à double tranchant , Foi et développement, août-septembre 1996,
Centre L.-J.Lebret, Paris
12
Et les objectifs de ce nouveau combat sont explicités par Denis Goulet4 dans ce même
numéro de Foi et Développement. S'inscrivant en faux contre une définition de la
richesse qui se réduirait à l'accumulation de biens matériels, il rappelle les éléments
significatifs du développement :
A partir de là, il nous propose de dépasser le niveau de lecture habituel quand on parle
de développement et de reconnaître celui-ci dans toutes ses dimensions qu'il décline
comme suit :
_______________________________
4Denis Goulet est professeur à l’Université Notre-Dame, dans l’Indiana (USA). Il anime un travail de
recherche sur les dimensions du développement humain
13
A titre d’exemple, si l'on applique cette analyse à l'aménagement des territoires, en
particulier à son niveau local et dans une perspective ascendante, on peut en effet
vérifier que ce dernier prend en compte :
14
Celle-ci s'adresse au plus profond de nous-mêmes : là se place le sens du mystère. Il
s'agit là d'être à l'écoute de l'inattendu, de la découverte au travers du banal inhabituel
fait de rencontres et de hasards. La spiritualité concentre et transforme en vie intérieure
ce qui a été reçu et perçu. Elle est donc toujours à reconnaître et à faire grandir pour le
développement de la personne.
Contact, lien, ouverture à tous les niveaux, elle assure une unité profonde entre les
valeurs de vie. Emmanuel Mounier5 précise qu'elle construit une échelle de valeurs où
l'amour, la bonté et la charité priment sur les valeurs matérielles. Les valeurs choisies
librement trouvent leur fondement soit dans l'existence d'un Dieu transcendant, soit dans
un humanisme où l'homme lui-même est source de valeur.
Ainsi considérée, la spiritualité est reconnue comme centre de notre vie, cette flamme
qui éclaire tout être et donne à notre vitalité extérieure et intérieure toute sa
signification.
____________________________________
5
Emmanuel Mounier, Le Personnalisme, coll. Que sais-je?, PUF, Paris
6
Emmanuel Levinas, Le temps et l'Autre, coll. Quadrige, PUF, Paris, 1983
15
Comment cette faculté de transcendance est-elle réalisée ? L'autre n'attend pas notre bon
vouloir ; l'autre nous interpelle, nous provoque à nous ouvrir à lui et à lui répondre. La
transcendance ne peut dès lors se penser qu'en termes de réponse et de responsabilité
envers cet autre qui nous appelle.
___________________________
7
Henryk Skolimowski, Le Monde est un sanctuaire, Courrier de l’Unesco, mars 1997.
16
III. 4. L’homme, un être de « désirs », capable de passions
Manfred-Max NEEF, économiste chilien, prix Nobel alternatif, a développé une théorie
qui tente d'ouvrir la notion de besoin à des dimensions non matérielles8.
Il identifie des besoins existentiels qui ne sont pas réductibles à la consommation. Il cite
la subsistance, la protection, le comprendre, la participation, avoir du temps à soi
(idleness), la créativité, l'identité et la liberté. Voilà qui ouvre déjà largement l'éventail.
Nous sommes bien au-delà de ce que l'économiste et les théories du développement ont
tendance à reconnaître. En outre, M-Max Neef signale que chacun de ces besoins peut
être (doit être) satisfait sur quatre modes existentiels, celui de l'avoir (les biens), du faire
(les actions), de "l'être là" ou estar en espagnol (présence) et de l'être.
Cette grille, bien plus subtile que celle de Maslow, par exemple, aide à se distancier du
regard utilitariste et réducteur de l'économiste et de l'expert pressés. La modernité a
prétendu transformer l'homme en "faisceau de besoins" et la société de consommation
propose en somme un "ersatz de la Transcendance" (R. Panikkar)9. Le besoin d'absolu
et l'angoisse de la mort sont ainsi occultés.
Le principal problème de l'être humain, ce qui fonde notamment la violence sous toutes
ses formes c'est, pour l'essentiel, la difficulté du rapport avec ses semblables et de son
propre rapport à lui-même à travers la question du sens de sa vie. Et c'est dans l'ordre du
désir et de l'angoisse que ces questions-là sont posées.
__________________________
8
Manfred-Max Neef, "Human Scale Development. Conception, Application and Further Reflections",
Apex Press, New York, London, 1991. Original espagnol : Red Culturas : Desarrollo a Escala Humana :
una opcion para el futuro, Dag Hammärskjöld Foundation, Upsala, Suède.
9
Raimundo Pannikar, "The End of History, The Threefold Structure of Human Time-Consciousness", dans
Teihard and the Unity of Knowledge, éd.T.M.King et J.F.Salmon, New York, Paulist Press, 1983
17
Il faut donc nous intéresser aux formes que va prendre le désir, à ce que
traditionnellement la philosophie nomme le problème des passions ou des émotions et
que nous retrouvons dans ce leitmotiv des discours sur la ressource humaine,
l'importance des motivations. Dans motivation il y a "moteur", une "émotion", ce qui
met en mouvement. Ce qui met en mouvement des êtres humains, c'est précisément ce
désir qui va être organisé autour des quatre grandes passions humaines : richesse,
pouvoir, amour et sens.
La passion de richesse trouve ainsi sa racine dans le besoin de subsistance. Mais elle
n'est pas seulement la satisfaction du besoin de subsistance, elle est désir
d'accaparement et une façon de repousser l'angoisse de la mort qui s'exprime à travers le
désir de richesse.
Pour le besoin de protection qui va donner naissance au politique sous toutes ses
formes, on s'aperçoit très rapidement que l'on ne se contente pas de répondre à un
besoin mais que se crée une sphère autonome animée par une passion spécifique, la
passion de puissance.
Or, le propre du désir c'est d'être illimité. Le besoin se régule par la satisfaction. Le
désir, lui, exprime le manque radical d'un être qui est voué à la mort et qui, par
conséquent, ne peut jamais être satisfait en tant que mortel.
18
En somme, comme le note Patrick Viveret10, l'homme n'est pas un animal de besoins
mais un être de désir. L'homme est conscient de la mort et en vit l'angoisse. L'homme a
en lui la nostalgie de la transcendance et de l'immortalité, et en vit le désir. Les néo-
athées, vivant à leur manière la quête de spiritualité, entendent eux aussi respecter cette
béance au creux de l'homme. Par contre, tout ce qui tente de combler cette béance
(gadgets, argent, vitesse, consommation, pouvoir, savoir) n'est que ballast et fuite
devant l'appel du large (liberté, responsabilité) que renferme cette béance. Il faut oser
reconnaître en soi cet appel à l'au-delà du besoin, l'appel du désir infini. La quête du
sens est la question centrale : elle est centrale dans la relation sociale comme dans la
relation de l'homme avec lui-même.
Après nous être situés dans une perspective de développement humain « tout l’homme
et tous les hommes » (chapitre I)
Après avoir inventorié les six dimensions possibles du développement humain à prendre
en compte (chapitre II) :
• économique
• sociale
• politique
• culturelle
• écologique
• spirituelle
Nous nous sommes interrogés sur cette sixième dimension spirituelle « paradigme de la
plénitude ».
Est-elle à prendre en compte au même titre que les autres : culturelle, politique, etc. ou
se diffuse-t-elle dans les autres sans qu’il soit besoin de lui définir un champ propre ?
________________________________
10
Patrick Viveret, "Quid pro Quo" , revue du Réseau Sud-Nord Cultures et Développement, mars 97,
Bruxelles
19
Elle nous paraît d’une nature différente car, plus que les autres
C’est pourquoi nous optons pour ne pas réduire cette dimension spirituelle à une simple
composante du développement humain, mais nous voulons analyser la place du spirituel
dans l’humain et étudier comment, dans les autres types de relations qui peuvent définir
l’homme - être relationnel :
Ces indicateurs nous permettent d’évaluer comment un groupe humain met en œuvre
ses spécificités et capacités humaines et ses valeurs spirituelles.
20
RELATIONS DIMENSIONS SPECITIFICITES CAPACITES INDICATEURS
L’homme est : Capable de : Faisant preuve de :
21
Nous voulons mesurer la capacité pour chaque être humain de se développer en tant
qu’être humain dans toutes ses relations, dans toutes ses dimensions en s’appuyant sur
ses spécificités d’être humain et sur ses valeurs spirituelles :
Et c’est en assumant ces quatre relations que l’homme pourra se situer comme cellule
vivante d’un ensemble qui le dépasse en vivant le spirituel
• comme recherche de sens
• comme acceptation de l’altérité
• comme dépassement de la finitude.
22
IV. PROCESSUS DE LA RECHERCHE
ET METHODOLOGIE DES ETUDES DE TERRAIN
Pour que cette recherche ne soit pas le fait des seuls spécialistes en sciences
humaines, philosophes et intellectuels reconnus dans les instances officielles, nous
prenons l'option de ne pas la faire en laboratoire avec des experts mais sur le
terrain avec des acteurs de développement.
Pour cela, nous fournissons à ces groupes moteurs divers moyens pour chacun des
huit indicateurs :
23
Ces éléments ne sont donnés qu'à titre indicatif, à titre d'exemple ou d'illustration
pour que le groupe moteur utilise ces indices et vérifie s'ils sont adaptés et
pertinents pour la situation spécifique de son territoire.
3) deux échelles graduées de 1 à 5 pour que le groupe moteur situe son territoire
entre les deux pôles que nous avons définis pour chaque indicateur.
- une échelle pour positionnement actuel
- une échelle pour évolution - tendance
24
Les groupes humains (communautés de destin) sont choisis en fonction de
leur appartenance à :
25
IV. 3. Les Indicateurs
Nos indicateurs sont des indicateurs de dimension spirituelle. Mais, pour nous,
spiritualité et transcendance sont vécues dans la relation et permettent à chaque
être humain de se positionner librement. C'est pourquoi nous avons choisi deux
indicateurs pour chaque positionnement.
Positionnement Indicateurs
par rapport
Fraternité
A - AUX AUTRES Respect de l'Autre
Conscience-Sens
B - AU MONDE Dépassement
Solidarité cosmique
C - A LA VIE Assumant destinée
Maîtrise devenir
D - AU TEMPS Responsabilité
citoyenne
26
Indicateurs l'homme étant capable de
Pôle A Pôle B
A1. "Fraternité" exclusion et accueil
A2. Respect de l'autre sectarisme et tolérance
27
IV. 4. Guide d'Interview11
28
IV. 5. Fiches –Support d'Observation12
Pour chaque indicateur une "fiche" est fournie pour faciliter le recueil des
données. Elle indique à titre d'exemple :
2. des données législatives - avec des textes de lois, écrits de droit plus utiles pour
repérer les évolutions et tendances;
4. des comportements, conduites, rites traduisant des attitudes utiles pour repérer
signes, tendances et enjeux.
Toutes ces variables sont proposées "à titre indicatif". Il ne s'agit pas de vérifier
systématiquement si elles sont identifiables dans la communauté. Il est préférable
de présenter les variables qui sont :
1. les plus accessibles,
2. les plus significatives
pour la communauté.
_____________________________
12
Les exemples de fiches–support d'observation : Grille d'analyse des indices se trouvent en
annexe 1.
29
IV. 6. Méthode de traitement des résultats des recherches-actions
Parmi les nombreux indices que nous proposons à titre indicatif dans nos fiches
d’analyse (en annexe 1), nous relevons les indices que les groupes-moteurs ont
utilisés dans chaque catégorie :
- données statistiques
- données législatives
- actions collectives
- comportements
La non utilisation de certains indices permettra de les éliminer dans une version
ultérieure. Leur utilisation est déjà significative de leur validité.
L'ensemble de ces indices, utilisés par nos partenaires, se trouve selon les cas dans
les tableaux de l'annexe 2 pour Madagascar et de l'annexe 3 pour le Chili.
Nous avons coté les indices de 1 à 7 selon que les réponses fournies par les
groupes se présentaient
- comme plutôt défavorables, contraires au développement humain:
note de 1 à 3 (1 très défavorable, 3 assez défavorable)
- comme plutôt favorables, facilitateurs de développement humain:
note de 5 à 7 (5 assez favorable, 7 très favorable)
- comme influence indéterminée, note 4.
Cette cotation des indices se trouve dans les tableaux de l'annexe 2 et de l'annexe
3 sous la rubrique : valeur.
30
3. Positionnement entre les pôles
Nous avons reproduit les réponses des différents groupes, leur positionnement
entre pôle négatif et pôle positif (par exemple pour l'indicateur fraternité: entre le
pôle négatif: exclusion et le pôle positif: accueil).
Nous les avons présentées sur un même vecteur pour chaque pays. C'est donc la
position moyenne de l'ensemble des sites d'un même pays qui est présentée.
En répartissant les indices cotés selon les catégories d'analyse et en présentant les
caractéristiques principales repérées dans les tableaux qui se trouvent en annexe 4
pour Madagascar et en annexe 5 pour le Chili, nous faisons apparaître ce que
chaque approche nous permet de déceler par rapport aux conditions du
développement humain
31
- Analyse sociologique et praxéologique basée sur les actions
collectives qui révèle les réponses collectives plus ou moins
adéquates apportées par les groupes humains pour leur
développement;
Source: en plus des questionnaires remplis, les deux pays retenus nous ont fait
parvenir un document présentant de manière brute:
- les données statistiques recueillies sous forme de tableaux
- les données législatives avec présentation des textes fondamentaux
- les actions collectives avec présentation d'expériences
- les comportements avec analyse de certains rites…
Ayant attribué une note à chaque indice (de 1 à 7), en faisant la somme par
catégories d'analyse, puis le total général pour chaque indicateur, nous pouvons
positionner selon ces résultats la communauté de destin entre le pôle positif et le
pôle négatif.
32
Ce positionnement, tiré d'un calcul mathématique n'a pas été réalisé par les
partenaires. On ignore la pondération donnée à chaque catégorie d'indice, mais
une analyse plus approfondie nous permettra de l'exprimer.
Pour avoir une vue globale sur la manière dont les groupes se positionnent par
rapport aux 8 indicateurs, nous les présentons sur un même tableau. Ceci permet
de représenter, pour chaque indicateur, le niveau auquel le groupe se situe
aujourd'hui et l'évolution qu'il pressent pour l'avenir. Ces tableaux sont présentés
dans l'annexe 4 pour Madagascar, l’annexe 7 pour Chili et l’annexe 8 pour la
Tanzanie.
33
V. LES RESULTATS DE LA VERIFICATION ET DES TESTS SUR LES SITES
DE LA RECHERCHE-ACTION-EVALUATION
En juin 1996, une session a eu lieu au Centre L.-J. Lebret avec Denis Goulet (Université
Notre Dame- USA) et Jaime Joseph (Groupe ALTERNATIVA - Pérou) ainsi qu'une
quinzaine de personnes intéressées : théologiens, philosophes, sociologues, spécialistes
et praticiens du développement, originaires de différents continents.
34
Suite à cette session de juin 1996, le groupe de recherche du Centre L.-J. Lebret a
poursuivi ses travaux pendant la période 1996-1997 en procédant à une révision des
fiches initiales, en nombre (8 fiches au lieu de 12) et dans leur forme, les quatre
domaines d'investigation retenus étant : relation aux autres, au monde, à la vie et au
temps. Plutôt que pour la mise en œuvre d'une batterie de techniques et de moyens
(enquêtes systématiques sur une multitude de sites), nous avons opté pour une approche
en termes de recherche-action pouvant s'apparenter à « l'enquête conscientisante ».
La recherche est effectuée par des groupes représentant une communauté et non par des
chercheurs externes. Elle permet au groupe de prendre conscience de sa réalité, de ses
conditions de vie et de ses capacités, en les analysant et en se positionnant
concrètement. Dès lors, la lutte contre les déterminismes repérés et le développement
des potentialités reconnues peuvent les orienter vers des « thèmes générateurs » et des
lignes d'action non encore expérimentées.
Dans un premier temps, nous avions opté pour 12 indicateurs, chaque relation qui
définit l'homme à l'autre, au monde, à la vie et au temps étant appréhendée par 3
indicateurs.
35
- Chili (pays réputé à développement humain élevé [IDH supérieur ou égal à
0,800] où nous avons effectué une étude de vérification sur 5 sites qui ont fidèlement
participé au travail de vérification de notre outil depuis 1996)
- et Tanzanie qui nous a répondu en 1999.
A partir d’une analyse croisée des données de type quantitatif (statistiques), de type
institutionnel (données législatives et « qualitatives » : (actions collectives et compor-
tements), ces groupes se sont positionnés par rapport aux 8 indicateurs spirituels du
développement humain, en essayant d'estimer si leur territoire évolue vers le pôle
positif, offrant aux habitants des conditions de vie plus humaines et dignes, ou vers le
pôle négatif, contraignant les habitants à des conditions de vie de plus en plus difficiles
et dégradantes. Nous avons utilisé une échelle graduée de 1 à 7 pour classer les indices
utilisés et une échelle graduée de 1 à 6 pour se positionner par rapport à nos indicateurs.
Dans les tableaux, 1 traduit la situation la plus négative et 7 représente la situation la
plus positive dans l'échelle graduée de nos indices, et le trait le plus à droite correspond
à 6 et le plus à gauche correspond à 1 dans les lignes du positionnement.
Introduction
Comme l'ont noté tous les rapports sur le développement humain, la croissance des
revenus en Afrique subsaharienne au cours des dernières décennies a été dérisoire et
Madagascar ne fait pas exception. A côté des problèmes plus structurels et profonds
comme la pauvreté monétaire, qui constitue toujours une menace sérieuse pour la
stabilité économique et sociale, les effets pervers des programmes d'ajustement
structurel et autres programmes de même nature ont été durement ressentis par la
population, avec une baisse réelle des revenus et du pouvoir d'achat, et l'aggravation
des conditions de vie des pauvres. En 1998, la population était de 14 millions
d’habitants et le taux de croissance de 3,1 %, selon les données statistiques de la Banque
mondiale. Le PNB de Madagascar était de 3, 546 millions$ et le PNB par habitant de
250 $.
36
Selon la classification IPH (indicateur de pauvreté humaine), Madagascar fait partie des
pays où le taux de pauvreté humaine est très élevé, (49,5%), c'est-à-dire que presque la
moitié de la population est touchée. Madagascar, de même que des pays tels que la
Namibie, le Maroc, le Pakistan... se classent plus haut sur l'échelle de l'IDH que sur
celle de l'IPH. Comme le note le Rapport mondial sur le développement humain 199713.,
cela montre la nécessité de porter une plus grande attention au développement humain
des franges les plus défavorisées de la population.
Pendant la période 1996-1998, les partenaires du Centre L.-J. Lebret à Madagascar ont
mis en œuvre ce projet de "recherche-action-évaluation" sur 5 sites avec cinq « groupes
moteurs : SEKRIMA, (Syndicat Chrétien de Madagascar), IRAY-AINA « Même Vie »,
A.C.I. (Action Catholique des Milieux Indépendants), CNOE, une ONG intitulée
"Education des Citoyens" et un Comité de concertation et de coordination des
associations / ONG Femmes de Madagascar. Ces groupes, engagés dans le
développement de leur territoire, ont réalisé la recherche-action-évaluation que nous
avons résumée en 8 tableaux (annexe 3) qui présentent les indices qu'ils ont utilisés et
leur ont permis de repérer, percevoir, identifier et évaluer la situation actuelle et les
tendances de l'évolution du développement humain sur leur territoire.
La première recherche a été menée à partir de 12 indicateurs de mars à juin 1996 par 5
groupes :
• 1 équipe d'Action catholique des milieux indépendants
• 2 équipes d'Action catholique en milieu ouvrier
• 2 sections syndicales
__________________________________
13
The Human Development Report 1997, UNDP, New York, USA, traduit par Ed. Economica, 1997,
pp. 22- 24.
37
La deuxième recherche, à partir des 8 indicateurs, a été réalisée de septembre à
décembre 1998 par 5 groupes :
• un syndicat SEKRIMA qui regroupe 5000 militants
le groupe moteur était constitué de 7 responsables du syndicat qui ont questionné 2
sections syndicales, soit 30 personnes;
Les données statistiques sont quasiment toutes de niveau national et se réfèrent à des
études relativement anciennes (1993 – 1995 ) et au Rapport national sur le
développement humain de Madagascar ( 1996 ). Elles sont plus récentes et précises sur
la capitale que sur les zones rurales.
38
Les données législatives font essentiellement référence à la Constitution de 1992 et au
nouveau code électoral ainsi qu’aux lois sur les associations.
Les comportements font référence, d'une part aux conduites actuelles, modernes qui
s'inventent ; d'autre part à des rites plus anciens qui perdurent.
Ces derniers sont moins souvent exprimés mais ils le sont avec plus d'intensité sur les
valeurs et les attitudes qui les sous-tendent.
Les données législatives font apparaître un bilan mitigé : on trouve quatre fois la
réponse 3 (assez mauvais) et trois fois la réponse 5 (bon). Il y a peu de réponses
structurelles, peu de protection sociale, peu d’appui de l'Etat, les trois quarts de la
population vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Actions collectives : deux fois 3, deux fois 5 et deux fois 6. Globalement, le résultat est
plutôt positif, voire très positif. Il faut donc signaler une société qui réagit positivement
ou très positivement aux défis de la vie collective.
39
Les comportements: le bilan est contrasté. Les groupes marginaux sont discriminés
(assez mauvais) sauf les vieillards à l’égard desquels le comportement est bon. Pour les
autres variables, l’impression des groupes partenaires qui ont répondu à l’enquête est
que la société malgache a des conduites, des comportements plutôt positifs.
Pour l'indicateur A 2 : respect de l’autre. Les valeurs indiquées sont soit moyennes
soit assez bonnes. Font exception : la progression des vols qui peut s’analyser comme
un recul de la valeur du respect de l’autre, mais qui pourrait aussi s’analyser comme
résultant de l'appauvrissement général de la société qui pousse certains à avoir recours
40
au vol comme moyen de subsistance. On doit aussi signaler que le respect de l’autre
n’atteint pas la moyenne dans les médias, la publicité et la presse. Les parties plus
"évoluées" de la société paraissent moins respectueux de l’autre que celles dont le
comportement s' inspire de la tradition.
Les indices sont nettement positifs : le positionnement actuel est 5, et l’évolution, telle
qu’elle est perçue, est également notée avec la valeur 5. Il s’agit sans doute d’une
évaluation optimiste si l’on regarde les données des catégories d'analyses statistiques ou
législatives. Cet optimisme face à l’évolution de la fraternité constitue sans doute lui-
même une valeur culturelle typique de Madagascar.
On constate un score excellent quant aux actions collectives : aucune note inférieure à
5 ; de même pour les comportements : aucune note négative, uniquement des 5 et des 6.
Par contre, pour les données statistiques, on trouve une majorité de notes négatives.
En fonction des divers indices, les partenaires malgaches estiment que la société
n’a pas d’orientation claire. Les perspectives, les valeurs et le sens civique ne sont
pas assurés. La population serait sans projet, sans références explicites, sans conscience
claire de sa réalité. Mais l’analyse des actions collectives montre qu’il y a cependant
de nombreux lieux et occasions de réflexion qui permettent aux gens de réfléchir à
leur situation et de tracer de nouveaux chemins à partir de la culture vécue.
Par ce tableau contrasté, les partenaires malgaches ont estimé qu’il fallait mettre la note
2 pour décrire le positionnement actuel et 5 pour décrire l’évolution.
41
Pour l'indicateur B 2 : dépassement. On remarquera que toutes les notes sont bonnes :
5 ou 6 et même 7. Deux fois, apparaît la note 3 : il s’agit de référence à des émissions
religieuses ou philosophiques. La population accueille majoritairement une « autre »
dimension, elle est ouverte à un « au-delà », à un Etre suprême, à des principes
spirituels.
Nos partenaires ont attribué la note 4 pour décrire le positionnement actuel et 5 pour
décrire l’évolution. Ce qui paraît conforme à la cotation des indices.
Pour l'indicateur C 1 : solidarité cosmique. On constate des scores très mauvais pour
les données statistiques, les notes allant de 2 à 3. Cela contraste fortement avec le score
attribué aux données législatives, score de 5. Donc, une réalité maussade dans un
contexte législatif bon.
Les résultats sont à nouveau contrastés pour la suite du questionnaire : une très bonne
note (5) est attribuée pour les campagnes et journées de sensibilisation, mais le score est
plutôt mauvais pour la manifestation du souci du développement durable (note 2). La
population n’a pas saisi l’importance de l’enjeu et cela n’apparaît pas prioritaire.
On peut en conclure que, dans cette société, les risques de mort et la protection de
la vie : pillage, violence, etc. ne sont pas suffisamment pris en compte. Les lois
certes favorisent la vie. La mort est vécue comme un accompagnement pour un
passage à une autre vie.
42
Il s’agit d’une société assez pauvre au sein de laquelle les données classiques
concernant la vie sont assez mauvaises : mortalité infantile, espérance de vie, travail des
enfants, alcool, drogue, sécurité, etc. Mais aussi une société où de nombreux groupes
organisent des actions collectives pour défendre la vie : défense de l’enfant, campagnes
autour de l’alcool, de la drogue, etc.
Les comportements varient : parfois très tournés vers le respect et de l’accueil de la vie
et de la mort ; parfois au contraire, témoignant d’un certain non-respect de la vie et de la
mort : alcool, drogue, prostitution.
Les positionnements sont plutôt positifs – actuellement et pour le futur. Nous avons-là
une spécificité peu reconnue : la maîtrise de son propre développement humain.
Les actions collectives sont plutôt bien cotées : 5 et 6. Ainsi, face à une situation
difficile, il existe des actions, une persévérance, une résistance qui entretiennent
l’espoir. Cela se reflète dans les comportements : l’espérance qui repose sur les enfants
et les jeunes. Par contre pas de projection possible dans l’avenir qui fait peur. On peut
toutefois se demander si la peur face à l’avenir est cohérente avec l’espoir placé dans les
enfants, c’est-à-dire dans l’avenir.
Les positionnements relativement élevés cassent l’image que l’on pourrait avoir d’un
pays apparemment soumis.
43
Pour l'indicateur D 2 : responsabilité citoyenne. Les données législatives sont assez
bonnes (cotation 5). Les actions collectives sont bonnes ou très bonnes (note 6 ou 7).
Les données statistiques laissent perplexes : trois bonnes notes, mais aussi une très
mauvaise à propos du taux de participation aux élections. Et ceci dans un contexte de
forte participation aux syndicats, aux associations, où les actions collectives sont
largement suivies.
Les comportements sont très mitigés : des points forts, comme la réflexion sur les
questions de société, la participation à des débats, la citoyenneté active, mais aussi des
points faibles : la participation aux prises de décision, le souci d’élargir la participation.
C’est donc un bilan en demi-teinte : des actions collectives nombreuses mais aussi
du découragement, de l’apathie, combinées à un engagement associatif.
Leur positionnement actuel est assez mauvais. La tendance de l’évolution plutôt haute
donne une meilleure image d’une population citoyenne.
Bilan général
On remarquera que les données statistiques sont en général mauvaises, voire très
mauvaises. Rien de surprenant : Madagascar est une société pauvre, désorganisée. Les
conditions de vie de nombreuses personnes sont très précaires : pas de perspectives
d’avenir, un présent difficile en matière de revenus, de travail, d’accès à l’école ou à la
santé.
Cette situation statistique difficile contraste avec les données législatives qui semblent
en général satisfaisantes. Le système législatif de Madagascar est plutôt perçu par nos
partenaires comme bon, du moins en termes des droits et écrits. Mais ce sont les moyens
de le mettre en œuvre qui manquent.
Ce qui est « nouveau », ce qui est facteur de transformation dans la société n’est pas
forcément en faveur d’un progrès humanisé, en faveur d’un développement intégral. Par
contre, un certain nombre d’éléments hérités de la tradition vont dans le sens d’un
développement intégral (par exemple, les médias « modernes » ne sont pas en pointe sur
de nombreux sujets). L’héritage de la tradition (ce qui est reçu peut être assumé) peut
devenir une force dans le contexte actuel : transmettre un acquis culturel.
Introduction
Le Chili est un pays d'Amérique latine dont l'indice de développement humain est élevé
(IDH supérieur ou égal à 0,800 selon la classification du PNUD). Après une période
d'effondrement du « miracle » et de crise économique profonde au cours des
années1982 -1985, l'économie du Chili a démontré ses capacités de récupération.
Pendant la période 1996-1998, les partenaires du Centre L.-J. Lebret au Chili ont mis en
œuvre le projet de "recherche-action-évaluation" sur 5 sites (communes de Penco,
Talcahuano, Concepcion, Lota, Coronel). Cette recherche a été menée par des groupes
moteurs coordonnés par le Centre ITATA (Centre de recherche spécialisé en
développement régional) et par des institutions universitaires (Département de
sociologie de l'Université de Conception) engagés dans le développement de leur
territoire. Ces groupes ont assumé la démarche de recherche-action-évaluation avec la
méthode résumée en 8 tableaux (voir annexe5) qui présentent les indices utilisés et
permettent de repérer, percevoir, identifier et évaluer la situation actuelle et la tendance
de l'évolution du développement humain de leur territoire.
La première recherche a été menée à partir des 12 indicateurs entre février et mai 1996
sur 3 sites : Penco – Hualpencillo – Coronel de la Province de Concepcion, région de
Bio-Bio avec des groupes et collectifs de personnes désavantagées ou exclues sur le
plan socio-économique.
La deuxième recherche sur les 8 indicateurs a été réalisée de juin à novembre 1998 sur 5
sites : les communes de Talcahuano – Penco – Coronel - Lota et Concepcion.
Les groupes moteurs étaient composés d'un assistant social en responsabilité sur le
secteur, de 5 chercheurs (élèves de sociologie du développement de la Faculté des
Sciences sociales de Concepcion) et des leaders des groupes et collectifs.
_________________________
14
Mario Sandoval, Les conséquences culturelles de l’application du modèle économique néo-libéral : le
cas du Chili, in « Alternatives Sud », Cahiers trimestriels, Vol. V., 1998, 3, Centre Tricontinental
Louvain-La-Neuve & L’Harmattan, 1998, pp.201-224
46
On peut estimer qu'ont pu s'exprimer et participer à la recherche, au cours de plusieurs
échanges organisés, environ 300 personnes faisant partie de coopératives paysannes,
coopératives de pêcheurs, ateliers de travail féminin, centres communautaires de santé
et regroupement de voisins.
Les données statistiques recueillies sont très riches, spécialement au niveau régional, la
région VIII et le Centre ITATA (Centre interdisciplinaire d'Etudes et Développement
régional ) ayant participé à la recherche. Beaucoup s'appuient sur le recensement de
1992, peu sont récentes (au-delà de 1996).
Des études par communes sur l'évolution du taux de pauvreté et de misère entre 1992 et
1994 fournissent de précieuses indications.
Les données législatives présentées font apparaître une législation essentiellement basée
sur les "droits naturels de liberté, égalité, dignité" et actualisée (loi de 1994 sur
l’environnement, loi de 1995 sur la drogue).
Les comportements présentés s'appuient sur une conscience critique et une volonté
politique à travers une expérimentation quotidienne collective.
Indicateur A 1 : Fraternité.
Les actions collectives sont plutôt bonnes (manifestations de solidarité) : deux fois la
note 5 et une fois la note 3. Les comportements face à l’exclusion sont perçus comme
plutôt bons : cinq fois la note 5.
47
Conclusion : une situation assez typique d’un pays « pauvre » : des données
statistiques plutôt médiocres mais des comportements de la population plutôt bons.
Il faut noter que le gouvernement s’engage peu pour faire face à cette situation de
déficit de fraternité : les institutions sont lacunaires pour lutter contre le manque de
fraternité. Les personnes âgées sont victimes de discrimination, elles sont considérées
comme sans importance sociale ou comme des obstacles à la modernisation. Les
femmes sont victimes des inégalités de développement.
La mauvaise répartition des salaires montre clairement que le Chili constitue une société
qui exclut. Le taux élevé de mises à pied montre aussi que la société exclut ceux qui
n’ont pu recevoir d’éducation et ne sont pas qualifiés : on leur refuse la possibilité
d’apprendre. Le nombre des enfants non scolarisés montre une société où ceux qui n’ont
pas de moyens doivent se débrouiller seuls pour apprendre à lire et à écrire.
La création d’organismes qui aident les gens, qui préparent les jeunes à affronter le
monde du travail et assistent ceux qui se sentent abandonnés ou exclus par la société est
un signe d’accueil. Mais si on le compare aux facteurs d’exclusion, cela reste minime.
Il faut noter l’écart entre les (bonnes) notes données à l’esprit de fraternité dans la
société et le commentaire des documents où il est dit que la situation est difficile à cause
de l’esprit de discrimination à l’égard des vieux, des femmes, des handicapés.
Les données statistiques sont médiocres : les notes attribuées sont 1, 2 et 3, avec une
exception : 5. Tout est médiocre sauf la place des femmes dans l’accès à
l’enseignement.
48
Les actions collectives sont moyennes mais les comportements médiocres.
Il faut cependant noter les véritables conditions de travail des femmes, indépendamment
de ce qu’en dit la législation du travail. Il ressort qu’elles sont mauvaises si on les
compare à celles des hommes.
Il faut aussi signaler les discriminations à l’égard des communautés indigènes du pays,
ainsi que celles dont souffrent les homosexuels. On constate une évolution vers un
certain sectarisme dans le comportement à l’égard des étrangers, des homosexuels et des
femmes. Si l’on constate une certaine évolution vers la tolérance, on doit se demander si
cette tolérance est un progrès ou si le mot ne fait que recouvrir un désintérêt pour
autrui : on ne tient pas compte de ceux qui pensent ou voient les choses autrement ou
qui n’entrent pas dans ce qui est appelé la « normalité ».
En 1998, les groupes ne se sont pas positionnés par rapport à l’évolution. En 1996, ils
estimaient que la société chilienne allait vers plus de tolérance malgré les clivages
idéologiques et politiques.
Ce qui frappe, c’est le score élevé des actions collectives et des comportements :
toujours la note 5 ou même 6.
Les données législatives sont assez bonnes : trois fois la note 5 et deux fois la note 3.
Les données statistiques sont un peu moins bonnes.
Comment estimer cette auto évaluation très positive ?
Les partenaires du Chili estiment que leur société permet de donner du sens aux
diverses activités humaines. C'est une auto-estimation très positive. Même s’il n’y a
pas les données matérielles pour vivre ce que l’on veut vivre, la société est capable
de donner sens à ce qui se passe.
49
On peut comprendre pourquoi les partenaires chiliens font une évaluation si positive de
la place du sens dans leur société. Pour eux, le sens n’est pas l’élaboration d’objectifs ou
de valeurs abstraits, dérivés d’une métaphysique existentielle mais une construction au
jour le jour qui découle de la relation pragmatique entre individus et expériences. On ne
peut expliquer le sens et encore moins l’interpréter si on méconnaît l’expérience et le
sujet qui la vit. On peut prendre l’exemple des femmes travailleuses. La réalité, c’est
qu’elles doivent maintenir leur identité et leur foyer. Leur identité est aussi celle de
femmes, chefs de famille ayant pour objectif de subvenir aux besoins de la famille et de
lui reconstruire un nouveau destin.
La société est traversée par des courants qui favorisent l’indifférence à l’égard d’autrui
(comme certaines influences liées à la diffusion de l’idéologie néo-libérale). Elle est
aussi traversée par des facteurs constructeurs de sens : sensibilité à l’écologie, aux
questions féministes, etc.
Indicateur B 2 : Dépassement.
50
Indicateur C1 : Solidarité cosmique.
Les données statistiques témoignent d’un score plutôt faible : notes de 2 et 3. Des
comportements faibles : notes 3. Des actions collectives moyennes : trois fois la note 5
et trois fois la note 3. Des données législatives également moyennes avec des notes de 5
et 3.
Un premier constat : le score général est assez faible, que ce soit en termes des données
statistiques ou du comportement des individus. La sensibilité pour la solidarité
cosmique n’est pas très développée, ni dans les faits ni dans les comportements. Sur ce
point là, on ne peut invoquer la pauvreté relative du pays. Les comportements ne font
pas un meilleur score que les données plus objectives de la situation.
On remarquera que les médias, la publicité, les partis politiques ne témoignent pas
d’une sensibilité plus grande pour ces thèmes que l’opinion publique en général. Il n’y a
pas, ou pas encore, de milieux porteurs de cette dimension. Peut-être pourrait-on dire
que l’Etat, par ses dispositions réglementaires, est un agent plus sensible que d’autres à
cette dimension. En tout état de cause, il apparaît que les médias ne jouent pas le rôle
qu’ils jouent en général, à savoir, d’indicateurs de la mode, de catalyseur pour orienter
une opinion qui se cherche.
On note un score moyen très élevé ; une législation très bonne avec des notes de niveau
5 ; des comportements excellents avec deux fois la note 6 et une fois, il est vrai, une très
mauvaise note : 1.
En ce qui concerne les données statistiques et les actions collectives, c’est la moyenne
qui prévaut.
51
Les données présentées ici montrent que, tant au niveau des lois que des rites, coutumes
et traditions qui se réfèrent à la vie et à la mort, la population assume la vie et la mort
comme faisant partie de son destin et les assume. Le respect de la vie est une valeur
fondamentale.
Le positionnement plus positif quant à l’évolution traduit bien cette volonté populaire
de répondre aux défis de l’histoire.
Des données législatives plutôt bonnes : uniquement des notes 5. Des données
statistiques très mélangées avec des notes de 2, 3 et deux fois 6.
Quelle que soit la qualité des lois votées dans ce domaine, les comportements évoluent
moins vite. Il reste bon nombre de Chiliens qui ne perçoivent pas la maîtrise du
changement comme possible mais qui subissent les déterminismes. En 1996, les
groupes se positionnaient plus confiants quant à la maîtrise collective du devenir.
Toutes les rubriques sont plutôt mélangées, sauf les actions collectives qui se voient
attribuer un score très élevé : une fois 7, une fois 6 et deux fois 5.
52
Bilan global :
Aux dires de nos partenaires chiliens, le travail sur les indicateurs qualitatifs, ainsi qu’ils
les dénomment, offre de nouvelles perspectives pour approcher les thèmes du
développement, un développement humain et spirituel trop souvent oublié à l’ère des
analyses économiques dominantes.
Ce travail de recherche a été réalisé entre avril et juin 1999 dans la région centrale de
Tanzanie sur six sites : 3 villages du département de Dodoma et 3 villages du
département de Kilosa. Les villages comptent entre 3000 et 5000 habitants.
Les six groupes (Farmer Organisations) implantés dans ces six villages comprennent de
15 à 20 membres ; les éleveurs et agriculteurs possédant entre 0,5 et 5 hectares.
Nous présentons ci-dessous ce travail sur l’utilité des indices pour chaque indicateur.
L'examen et l'analyse des fiches ainsi que l'évaluation des indicateurs ont été réalisés de
façon différente. Par l'intermédiaire du mouvement INADES-Formation de Tanzanie
(IFTz), six fermiers exploitants se sont réunis avec deux responsables et ont procédé à
deux opérations :
53
1) Pour chaque fiche (A1, A2, B1, B2, C1, C2, D1, D2, E), ils ont donné leur avis sur
les indices proposés dans les 4 rubriques : données statistiques, données législatives,
actions collectives, comportements, suivant qu'ils reconnaissaient à ces indices une
plus ou moins grande utilité. Leurs estimations ainsi que la moyenne par indice ont
été portées dans les tableaux en annexe.
2) Pour chacune des 9 fiches mentionnées ci-dessus, ils ont d'autre part répondu au
questionnaire qui leur a été proposé en donnant chacun leur évaluation du
positionnement actuel de leur groupe (ou de leur zone) concernant l'indicateur (par
exemple, fraternité) ainsi que la tendance de son évolution.
Indicateur A 1 : Fraternité
Tous les indices (sauf 1) ont été considérés utiles sur le plan des données statistiques.
Les 2 indices non utiles ou non traités sont : l'accès à la formation supérieure et l'écart
des revenus.
Concernant les données législatives, seul l'indice concernant l'existence de lois sur le
partage du travail n'a pas été considéré comme essentiel.
Pour les actions collectives, les manifestations de solidarité de voisinage et de solidarité
internationale n'ont pas été reconnues importantes.
Par contre, tous les indices de comportement ont été retenus.
- Questionnaire
Les réponses font apparaître une bonne relation avec d'autres communautés ou
organisations agricoles et une évolution très positive vers une amélioration de ces
relations ainsi que la possibilité pour ces organisations et communautés de se mobiliser
pour des causes telles que : la famine, les épidémies, les handicapés, l'amélioration des
revenus.
54
Indicateur A 2 : Respect de l'autre
Les indices utiles retenus dans les données statistiques concernent la place donnée aux
femmes dans la société, les échanges culturels et la progression des mariages
interreligieux ou interethniques.
Pour les données législatives, les indices les plus utiles sont les dispositions assurant la
liberté d'expression, la représentation des minorités et les droits de la personne.
Les actions collectives considérées comme utiles concernent les campagnes officielles
ou privées pour l'acceptation de l'autre.
L'image de l'autre véhiculée par la TV et la publicité n'a pas été jugée importante.
Au sujet du comportement, les 3 indices ont été jugés utiles ou très utiles.
- Questionnaire
La situation des différents groupes apparaît très tolérante et portée à la coopération, avec
une tendance très favorable pour améliorer la situation qui, antérieurement, présentait
des difficultés passagères. Ces groupes se disent capables de se mobiliser pour pratiquer
l'entraide mutuelle ainsi que pour mettre l'accent sur le respect des traditions et des
cultures.
Pour les données statistiques, l'importance est donnée aux taux de migration et de
mobilité sociale ainsi qu'aux taux d'appartenance et de pratique religieuse.
Concernant la législation, les indices les plus utiles sont ceux relatifs à la liberté
d'association, l'accès à l'information, la liberté d'expression, le respect de la vie privée et
des langues vernaculaires.
Pour les actions collectives, l'ensemble des indices proposés est retenu comme utile
avec une plus forte appréciation pour l'existence de lieux de partage, de recherche
culturelle et de réflexion.
55
Les indices de comportement les mieux notés sont relatifs aux attitudes vis-à-vis de
l'exclusion, de la solidarité humaine, de la nature, des liens avec le terroir, la culture et
la famille.
- Questionnaire
Les réponses au questionnaire montrent que les différents groupes se situent en position
plutôt moyenne, entre indifférence et recherche de sens, mais que l'évolution va
nettement vers la recherche de sens, avec une orientation vers plus de réflexion et de
participation dans la recherche d'échanges entre communautés ou secteurs.
Indicateur B 2 : Dépassement
- Questionnaire
Dans l'ensemble, la situation actuelle des groupes est considérée comme portée vers
l'ouverture et la tendance de l'évolution confirme cette orientation. Ils sont prêts à se
mobiliser pour pratiquer l'entraide et participer à des discussions et des échanges.
56
Indicateur C 1 : Solidarité cosmique
L'ensemble des indices des 4 rubriques dépasse généralement la note 3, ce qui paraît
logique puisqu'il s'agit de mesurer la tendance vers un développement durable.
Cependant, il faut noter que deux indices de comportement, à savoir : la tendance au
profit immédiat en surexploitant les ressources et la tendance à s'en remettre à la
collectivité pour réparer les dégâts ont été classés peu utiles ou inutiles.
- Questionnaire
Dans l'état actuel, l'orientation vers le développement durable est encore très peu
marquée et rencontre encore des difficultés dues à des intérêts particuliers, mais
l'évolution prévue au cours des années à venir est basée sur des mesures pratiques
(gestion, formation, échanges d'expériences, lutte contre la désertification,
aménagement du territoire) en vue de parvenir à un développement durable.
Données statistiques : Les indices les plus utiles concernent l'espérance de vie et le
travail des enfants.
Données législatives : Concernant les dispositions réglementaires relatives au contrôle
des naissances, à la protection de l'enfance, à la qualité de la vie, etc. tous les indices ont
été reconnus utiles.
Actions collectives : L'utilité des indices est appréciée assez diversement sauf pour ce
qui concerne les actions pour la protection de l'enfance.
Comportement : Les indices les plus utiles concernent les comportements face à la vie
(maîtrise de la procréation, célébrations) et à la mort (rites funéraires).
57
- Questionnaire
Les appréciations de la situation actuelle et de son évolution sont très partagées. Cela
vient sans doute du fait que des régions du pays sont encore soumises à l'insécurité. Par
contre, la moitié des réponses se positionnent comme favorables à la vie et à la
perspective de la mort avec une évolution dans le même sens.
Données statistiques : Le poids est mis sur l'utilité des indices de fécondité,
scolarisation, nombre des 15-30 ans et évolution des retraites.
Données législatives : tous les indices sont cotés supérieurs à 3 (utiles), ceux qui
arrivent en tête sont : l'orientation professionnelle, l'appui aux créations d'entreprises et
les droits à la retraite.
Actions collectives : L'utilité la plus forte est attribuée aux projets locaux de
développement puis aux mouvements pour un monde habitable.
Comportement : Les indices les plus utiles se réfèrent aux projets de vie, à la capacité de
projection et d'imagination, puis à la confiance en soi et dans les autres pour évoluer, à
l'espérance et à la solidarité familiale pour l'avenir des enfants et les soins aux parents
très âgés.
- Questionnaire
58
Indicateur D 2 : Responsabilité citoyenne
Pour cet indicateur, toutes les données statistiques et les données législatives sont
considérées comme des indices utiles ou très utiles.
En ce qui concerne les actions collectives, l'importance est donnée aux indices de
démocratie locale, participation aux assemblées (palabres) et lutte pour les droits. Par
contre, les mouvements sociaux n'ont pas été retenus.
Les indices de comportement sont presque tous retenus avec un poids particulier pour
les groupes de réflexion, la responsabilité parentale, l'acceptation de l'alternance et la
citoyenneté active.
- Questionnaire
Les réponses montrent que cette responsabilité citoyenne est bien perçue et presque
partout assumée, et que son évolution a été en progression, sauf dans un groupe. Les
motifs de mobilisation sont : le renforcement de l'organisation locale et de la
coopération par des rencontres et des ateliers.
Indicateur E 9 : Partage-Solidarité
On note que tous les indices permettant d'évaluer la solidarité sont souvent cotés au-
dessus de 3 (utile) et parfois 4 (très utile), ceci pour l'ensemble des rubriques.
Dans les données statistiques, l'indice de discrimination en matière de droit civique est
coté peu utile. Pour les données législatives, l'indice de ressources minimales garanties
et l'indice concernant le travail (droit-partage) sont considérés respectivement comme
inutile et d'utilité moyenne.
59
- Questionnaire
La situation actuelle des différents groupes est bien orientée vers le partage-solidarité et
l'évolution est marquée vers une plus étroite coopération. Les enjeux sur lesquels les
gens seraient capables de s'engager et de se mobiliser sont liés aux conditions de vie
difficiles (famine), à la lutte contre la désertification, à l'aménagement du pays, mais
aussi à la coopération pour améliorer l'épargne et le crédit, l'éducation des enfants et les
activités sportives.
60
VI. CONCLUSIONS
- parce qu’ils prennent en compte les désirs et les valeurs qui fondent
l’action humaine.
C’est ainsi que le Chili serait classé plutôt bas en développement humain selon notre
définition. L’analyse des résultats nous a montré que, sur les 5 indicateurs où ils se sont
positionnés, ils se trouvent 5 fois nettement proches du pôle défavorable au
développement humain (par exemple pour l’indicateur fraternité du côté de l’exclusion,
cf. tableau en annexe 7). Nos indicateurs positionnent le Chili de manière très contrastée
par rapport aux classements de DH du PNUD (IDH et IPH).
Madagascar serait classé plus haut parce que fort en respect de l’autre mais faible en
solidarité cosmique et responsabilité citoyenne (cf. tableau en annexe 4).
Le classement de la Tanzanie apparaîtrait encore plus élevé parce que fort sur 5 de nos
indicateurs, spécialement fraternité et dépassement (cf. tableau en annexe 8).
Même si nous sommes conscients des limites et faiblesses de notre recherche qui est
une autoévaluation avec son lot de subjectivité, ces premiers résultats nous incitent à
continuer d'approfondir et vérifier ces composantes du développement humain.
A cette étape, nous pensons pouvoir affirmer que l’outil mis au point permet au groupe
en mesure de l’adapter et de l’utiliser :
61
1) d’évaluer son positionnement actuel pour chacun des indicateurs proposés ;
Plus largement, ce travail renforce les capacités des acteurs : capacités d’analyse
(signalé par le Chili) et capacités d’évaluation (signalé par les paysans tanzaniens qui
ont établi un programme d’action (1999-2001) centré sur le travail d’évaluation du
développement humain de leur environnement – cf. annexe 8).
C’est ainsi que Madagascar va mettre l’accent sur l’écologie et renforcer ses
programmes d’éducation politique.
Mais la dimension économique n’a pas suffisamment été prise en compte, contrairement
à d’autres études qui la privilégient. Nous avons, avec raison, été critiqués sur ce point
par des partenaires et des chercheurs. Nous avons, de ce fait, inventé un 9ème indicateur,
"solidarité-partage", qui a été élaboré par le Centre L.-J.Lebret, vérifié et testé en Inde
(fev-mars 99) lors d'une rencontre regroupant des partenaires de Thaïlande, Corée, Inde,
Afrique du Sud, France, Suisse, puis utilisé en Tanzanie (cf. annexe 8). Cependant, la
question de fond reste posée et nous aimerions en débattre avec d’autres personnes
intéressées (chercheurs, acteurs de terrain, etc.).
62
De même et paradoxalement, nous maîtrisons mal l’indicateur qui paraît plus relever du
domaine dit spirituel : l’indicateur B2 – dépassement – qui veut mesurer la capacité de
l’homme, être transcendant, entre finitude et ouverture. En 1998, le Chili n’a pas
travaillé cet indicateur. Il nous faut repenser les indices ou en trouver de nouveaux, plus
significatifs et mesurables.
Nous avons attribué une note à chaque indice et réalisé le positionnement à partir de
cette cotation, en considérant que les catégories d’indice : données statistiques, données
législatives, actions collectives, comportements avaient le même poids. Mais notre
positionnement est parfois assez significativement différent du positionnement réalisé
par les groupes moteurs. Une première analyse qui pourrait aboutir à proposer une
pondération par catégorie montre que les groupes du Chili, de Madagascar et de
Tanzanie ont donné plus de poids, pour le positionnement actuel, aux données
statistiques et législatives et, pour le positionnement « tendance-évolution », aux actions
collectives et comportements.
Nous pouvons regretter que cette étude ne s’appuie que sur trois pays, mais nous
sommes conscients que cela est dû à la complexité et à la difficulté du travail pour des
partenaires bénévoles qui, sans aucune contrepartie, ont dû consacrer beaucoup de
temps et d’énergie à ce travail de terrain.
Il en est de même pour l’équipe du Centre Lebret, exclusivement bénévole et qui, depuis
4 ans, a donné temps, énergie et compétence à cette étude.
Mais, même si elles n'ont pas été retenues dans cette présentation, les autres recherches
et productions représentant la participation de partenaires ont représenté depuis le début
de notre travail un apport significatif et déterminant dans la mise au point des méthodes
d'approche et font encore partie aujourd'hui du réseau de recherches.
Nous souhaitons que cette évaluation du développement humain intégral puisse être
prise en compte dans l’élaboration des politiques et la réorientation des priorités de
développement humain des instances de développement gouvernementales et
internationales et que ce document contribue à l’élaboration du rapport de la Banque
mondiale sur le développement dans le monde 2000-2001 concernant la réduction de la
pauvreté.
64
BIBLIOGRAPHIE
ARENDT Hannah, Condition de l'homme moderne, trad. par Georges Fradier, Calmann-
Levy, Paris, 1961
GOULET Denis, Incentives for Development - The key to Equity, New Horizons Press,
1989 ; Development Indicators : A research problem, a policy problem, The journal of
socio-economics, vol. 21, n° 3, pp. 245-260, JAI Press Inc., London, 1992 ; A new
discipline : Development ethics, Working Paper, N°231, August 1996, Kellog Institute,
University of Notre-Dame, Indiana, USA.
LENOIR René, Les Exclus, Un Français sur dix, Seuil, Paris, 1974.
MEDA Dominique, Qu’est-ce que la richesse ?, ALTO Aubier, Paris, 423 p. 1999.
NUSSBAUM Martha , SEN Amartya & Alii, The quality of life, Oxford University
Press, 1993.
PANNIKAR Raimundo, The End of History, The Threefold Structure of Human Time-
Consciousness, dans Teihard and the Unity of Knowledge, T.M.King et J.F.Salmon, New
York, Paulist Press, 1983
PAUGAM Serge, La disqualification sociale, Essai sur la nouvelle pauvreté, PUF, Paris,
1991 (Edition revue et augmentée, 1994).
SEN Amartya, L’économie est une science morale, traduit de l'anglais par M. Saint-
Upéry, La Découverte, Paris, 1999, 128p.
VIVERET Patrick, in Quid pro Quo, mars 1997, Cultures et Développement, Bruxelles
Alternatives Sud, Les Tigres du Sud : Crise d’un modèle ou contradictions de l’économie
capitaliste, CETRI & l’Harmathan, vol. V, 3, Paris,1998.
Alternatives Sud, l’Avenir du développement, CETRI & l’Harmathan, vol. IV, 1, Paris,
1997.
The World Bank, Can the Poor Influence Policy ?, Participatory Poverty Assessments in
the Developing World, World Bank Directions in Development Series, 148 p. 1999.
PNUD, Rapport mondial sur le Développement Humain 1997 et 1998, Economica, Paris
Note technique pour lire les tableaux
Les annexes 2 et 5 sont consacrées à la présentation des indices que les groupes - moteurs à
Madagascar et au Chili ont choisis et utilisés parmi les nombreux indices que nous avons proposés
à titre indicatif (en annexe 1) dans chaque catégorie d'analyses :
• données statistiques
• données législatives
• actions collectives
• comportements
Nous avons côté les indices utilisés par nos groupes – moteurs, de 1 à 7 selon que les réponses
fournies par les groupes. Les valeurs de 1 à 3 présentaient l'indice comme plutôt défavorable,
contraire au développement humain (1 très défavorable, 2 assez défavorable et 3 défavorable), les
valeurs de 5 à 7 comme plutôt favorables ( 5 assez favorable, 7 très favorable), facilitateurs de
développement humain et la valeur de 4 présente l'indice comme influence indéterminée au
développement humain.
Nous avons seulement reproduit dans les tableaux en annexes 4, 7 et 8, les réponses des différents
groupes de Madagascar, du Chili et de Tanzanie, et leurs positionnement entre les pôles sur un
même vecteur pour chaque pays qui représente donc la position moyenne de l'ensemble des sites du
même pays.
Annexe 1/1
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/2
Données statistiques :
(Indices chiffrés) - Répartition de la terre : surface des propriétés
- taux de chômage
- écarts entre les revenus
- % enfants non scolarisés
- accès à formation supérieure longue selon origine sociale
- taux d'alphabétisation selon les générations
et /ou pourcentage de personnes illettrées
- accès aux services de santé
- budget de l'Etat consacré à la protection sociale
- budget de l'Etat consacré à la solidarité
- % appartenance à mutuelles et organismes de solidarité
- taux d'immigration par provenance régionale
- nombre de naturalisations
Données législatives :
(droits - écrits) - Existence de la notion de revenu ou ressources minimum
- Existence d'une garantie pour perte d'emploi, chômage,
handicap, dépendance
- Droit d'association
- Existence de lois sur le partage du travail
- Droit à l'assurance maladie, retraite
- Droit à l'aide sociale, au logement, à la scolarisation
- Evolution des lois sur l'immigration: droits des familles,
contrats de travail...
Actions collectives :
(manifestations - organisations) - Organisations et organismes
. de lutte contre le chômage visant à la prise
en compte du grand âge
. visant la cohabitation dans les quartiers
. visant l'aide à l'intégration
- Existence de mutuelles, tontines, organismes de, dépannage, de
secours, d'associations de solidarité ou de convivialité (jeux), de groupes de défense (quartiers -
village)
- Manifestations de solidarité de voisinage
- Manifestations de solidarité internationale
Comportements :
(rites-conduites) - Attitudes par rapport aux divers visages de l'exclusion:
mendiants, chômeurs, handicapés, femmes, vieillards, malades
(sidéens), catégories (castes) particulières
- Participations concrètes à l'accueil d'étrangers
- Défense des droits des personnes
- Partage des conditions de vie
- Sens du bien commun
- Disponibilité pour écouter l'autre - Gestes d'ouverture et
d'accueil
- Fêtes de la solidarité
- Annexe 1/3
Exemple de fiche - A2 - RESPECT DE L’AUTRE
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/4
FICHE A2 Indicateur : "Respect de l'autre"
Pôles: "Entre sectarisme et tolérance"
Données statistiques :
(Indices chiffrés) - Progression/recul de la place des femmes :
- dans la vie publique, dans la vie des églises
- en matière d'égalité professionnelle
- dans l'accès à l'enseignement
- Progression/recul de la place des minorités ethniques, religieuses :
- dans la vie publique, dans la vie des églises
- en matière d'égalité professionnelle
- dans l'accès à l'enseignement
- Progression/recul des violences (agressions, profanations, heurts) liés :
- à des rivalités ethniques
- au rejet d'attitudes non conformes aux valeurs établies
- Progression/recul des échanges (culturels, de jeunes, jumelages...)
- Progression/recul des mariages mixtes : inter-religieux, inter-ethniques
- Nombre de détenus pour raison d'opinion, d'appartenancereligieuse
- Fréquence et importance des manifestations :
- inter-confessionnelles, inter-communautaires...
- pour le respect des minorités, des étrangers
Données législatives :
(droits - écrits) - Place de la personne dans les textes constitutionnels fondamentaux
- Disposition visant à prévenir (ou à maintenir) la discrimination :
- en matière de droits civiques
- en matière de logement, d'accès à la terre, à l'éducation, etc...
- Encadrements réglementaires concernant : les non-conformistes
(homosexuels), les opposants
- Expression des minorités :
- cadre de représentation, champs de compétence des instances
- modalité des recours possibles en cas de discrimination
- Disposition visant la presse :
- assurant la liberté d'expression
- sanctionnant l'intolérance
Actions collectives :
(manif. - organisations) - Campagnes et journées axées sur l'acceptation de l'autre :
- conduites à l'initiative des pouvoirs publics
- initiées par des organisations militantes
- intégrées dans les programmes :
- des écoles
- des églises, des mouvements de jeunesse
- des partis politiques, des syndicats
- Actions en faveur d'une relecture critique des manuels scolaires
(histoire, philosophie, morale...) et religieux
- Image de "l'autre" :
- dans les programmes TV
- dans les modèles véhiculés par la publicité
- dans la presse d'opinion
Comportements :
(attitudes-conduites) - attitudes de nouveau voisinage (accueil, respect de la différence...)
- place du pardon (réconciliation) dans les rites collectifs
- ouverture et reconnaissance des valeurs des différentes cultures
- émergence d'une laïcité positive
Annexe 1/5
Exemple de fiche - B1 - CONSCIENCE - SENS
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/6
Données statistiques :
(Indices chiffrés) - Migration
- Mobilité sociale
- Nombre de suicides de jeunes
- Phénomène d'isolement
- Taux de chômage longue durée
- Taux d'appartenance religieuse et nombre de religions
pratiquées ou tolérées
Données législatives :
(droits - écrits) - Liberté d'association, de rassemblement
- Accès à l'information, liberté de la presse
- Liberté d'expression
- Choix du nom
- Respect de la vie privée
- Droit à fonder une famille - regroupement familial
- Revenu minimum d'existence (utilité sociale)
- Interdiction des clonages
- Respect et légalisation des langues vernaculaires
Actions collectives :
(manifestations - organisations) - Lieux de recherche culturelle
- Lieux de partage interculturel
- Fréquentation de lieux de réflexion - échange
- Groupes ayant fait un choix d'état de vie
- Groupes avec options politiques - mouvements sociaux
- Groupes avec options philosophiques - mouvements de
pensée
- Groupes avec options spirituelles
Comportements :
(rites-conduites) - Attitude par rapport aux déments, aux mendiants, aux
exclus
- Part du temps réservée au silence
- Responsabilité par rapport à la nature - écologie
- Responsabilité par rapport à l'humanité - solidarité
- Respect des langues
- Conscience d'exister pour quelqu'un
- Conservation des liens du terroir
- Identification culturelle, familiale
- Référence aux origines, recherche des racines
- Acteurs d'histoire
- Contemplation
- Interprétation du monde
- Positionnement
Annexe 1/7
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/8
Données statistiques :
(Indices chiffrés) - Nombre de "pratiquants" dans les religions
- Taux de participation
- Nombre d'adeptes officiel
- Nombre de groupements, sectes, non-inscrits dans les religions
officielles
- Lieux de référence spirituelle - églises, temples, loges, espaces
sacrés...
- Pourcentage d'émissions philosophiques ou religieuses
- Chiffre d'affaire des cabinets d'astrologie, voyance
- Budget moyen d'un décès
Données législatives :
(droits - écrits) - Lois sur la liberté d'expression
- Lois sur les libertés de rassemblement
- Lois sur les sectes
- Lois sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat
Actions collectives :
(manifestations - organisations) - Actions de solidarités internationales : déclin ou progression
- Groupes de "croyants", "militants"
- Influence des groupes autour de "maîtres spirituels"
. prêtres - gourous - sages - féticheurs
. théologiens - psychanalystes
- Lieux de formation (écoles, séminaires, universités,
bibliothèques, musées...)
- Lieux de recueillement ( ashram, monastère, méditation,
prière, silence)
Comportements :
(rites-conduites) - Respect de l'esprit des morts
- Evolution des rites : enterrement/incinération
- Evolution des croyances par rapport à un au-delà :
. réincarnation
. résurrection
. évolution de l'humanité
. conscience de place dans l'univers
. vie au-delà de la mort
- références à un être suprême
à des principes spirituels fondateurs
- Croyance au(x) mystère(s), aux esprit(s)
- Audience des émissions radio/TV sur programmes
philosophiques et religieux
Annexe 1/9
Exemple de fiche - C1 - SOLIDARITE COSMIQUE
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/10
Actions collectives :- Campagnes et journées (sur l'eau, la forêt, l'économie d'énergie, etc...):
- conduites à l'initiative des pouvoirs publics
- initiées par des organisations écologiques
- intégrées dans les programmes :
- des écoles
- des églises
- des mouvements de jeunesse
- Manifestation d'un souci du développement durable :
- dans les programmes des formations politiques
- dans les programmes TV
- dans les modèles véhiculés par la publicité
Comportements : - Comment chaque personne/groupe humain réagit-il par rapport aux (attitudes
- conduites) 5 tendances suivantes, corollaires d'une "modernité" redoutable?
- la désacralisation de la nature
- le mépris, la défiguration du cadre de vie
- la consommation incontrôlée
- la priorité au profit immédiat, la surexploitation des ressources
- la décharge sur la collectivité du soin de réparer les dégâts
- Par rapport aux 4 vertus :
- solidarité avec les générations futures
- respect des rythmes culturels et des équilibres écologiques
- tempérance et sobriété
- - solidarité cosmique
- Annexe 1/11
Exemple de fiche - C2 - ASSUMANT DESTINEE
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/12
FICHE C2 Indicateur : “assumant destinée”
Pôles: "Entre peur / mépris et respect / accueil de la vie et de la mort”
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/14
Comportements :
(rites-conduites) - Résistances au changement
- Chances données aux jeunes
- Elaboration de projets de vie
- Solidarités familiales pour l'avenir de l'enfant, les parents
très âgés
- Peur de l'avenir - recherche de carrières / situations
professionnelles / administration
- Lutte pour la survie individuelle
- Position par rapport à l'an 2000
- Prise de risques sur jeux de hasard
- Confiance en soi et en les autres pour évoluer
- Capacité de projection, imagination
- Persévérance - Résistance - Goût et maîtrise du risque
- Espérance, Changement
Annexe 1/15
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/16
Données statistiques :
(Indices chiffrés) - Taux de participation aux élections récentes
- Adhésion à des partis politiques
- Adhésion à des syndicats - coopératives
- Nombre d'associations militantes
- Pourcentage de femmes dans la vie publique
- Age de majorité
- Age d'entrée en vie active - émancipation
- Législation concernant le droit de vote, la liberté
d'expression, le droit d'association
Données législatives :
(droits - écrits) - Législation récente sur :
* la consultation démocratique
* la solidarité nationale
* le partage des responsabilités politiques
* le service national
* les droits et devoirs civiques
Actions collectives :
(manifestations - organisations) - Démocratie locale
- Organisations populaires
- Participation à assemblées - palabres
- Lutte pour les droits
- Dénonciation d'injustices, pétitions
- Mouvements sociaux :
* manifestations
* grèves
- Prise de responsabilité professionnelle
- Initiatives locales et projets dans la vie quotidienne
Comportements :
(rites-conduites) - Rites de passage à l'âge adulte
- Cercles - groupes de réflexion
- Participation à des débats
- Participation à des prises de décision
- Importance du bénévolat
- Responsabilité parentale
- Instruction civique - Education populaire
- Autonomie des jeunes pour choix de vie :
* choix du conjoint
* choix du mode de vie
- Importance de la parole donnée
- Acceptation de l'alternance, du changement de
pouvoir,
de la participation du plus grand nombre
- Citoyenneté active
Annexe 1/17
Exemple de fiche – E1 – PARTAGE- SOLIDARITE
1 - Quels sont le signes manifestes ou perceptibles (faits, données, comportements, expressions) qui
vous paraissent :
Votre communauté vous paraît-elle plus proche (mettre une croix dans la case choisie)
La tendance vous paraît-elle évoluer plutôt (mettre une croix dans la case choisie)
3 - Sur quels enjeux les gens seraient-ils capables de se regrouper, se mobiliser, s’engager (intérêts,
convictions...) ?
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________________
__________________________________________________________________________
Annexe 1/18
Fiche E2 Indicateur : "Partage – Solidarité"
Pôles : "Concurrence-élimination etCoopération partage"
Données statistiques :
- Ecart entre les revenus
- Répartition en classes – catégories sociales
- Seuil de Pauvreté
- % du PIB affecté à l’aide au développement
- Taux et niveaux de scolarisation
- Discriminations en matière de droit civique
- ‘ ‘ ‘ d’accès à la terre
- ‘ ‘ ‘ d’accès à l’éducation
- Mouvement associatif : nombres et qualité
Données législatives :
- Ressources minimales garanties
- Sécurité sociale – protection santé
- Droit du travail – partage du travail
- Reconnaissance des syndicats – droit de grève
- Lois sur l’immigration
- Lois de solidarité nationale
Actions collectives :
- Mutuelles – tontines
- Fêtes de la solidarité – campagnes de solidarité
- Coopératives – mouvement coopératif
- Réseaux d’échanges réciproques
- Associations de solidarité
- Groupes de défense
- Solidarité inter-générations
- Solidarité de voisinage
- Comités de pays – de quartier
Comportements :
- Accueil d’étrangers
- Partage des conditions de vie
- Sens du bien commun – sens de la communauté
- Défense des droits de l’homme – de la personne humaine
- Sélection sur diplômes
- Partage et valorisation des savoir-faire
- Promotion collective
- Désappropriation – désintéressement
Annexe 2/1
Indicateur A1 A2 B1 B2
Catégorie
FRATERNITE RESPECT DE L'AUTRE CONSCIENCE ET SENS DEPASSEMENT
d'analyse
Emissions philosophiques ou religieuses
La situation appréhendée par les voies Valeurs moyennes ou assez bonnes. Données font apparaître situation très peu fréquentes
statistiques est mauvaise. Progrès place femme dans médiocre Nombre important de pratiquants
Données La société comporte beaucoup de signes enseignement. Migration, exode rural, mobilité sociale Augmentation nombre des sectes
statistiques d'exclusion. Salaire femme inférieur 25% (à emploi perçus négativement. Lieux de référence spirituelle (églises,
Taux de scolarisation:63% (6-10 ans) égal) temples, espaces sacrés) en nombre
Taux d'alphabétisation: 47% Recul violence née des différences important
Chômage (selon BIT): 10% religieuses et culturelles / progrès
mariages mixtes, jumelages
Pas de droit à l'aide sociale Prévention de la discrimination par Liberté d'association, de rassemblement Positives
Peu d'appui de l'Etat (pas de garantie reconnaissance des droits civils et Liberté de la presse – Accès à Liberté de rassemblement
Données contre chômage) politiques. l'information Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat
législatives mais Droit d'association (équivalent loi Liberté d'expression pour la presse Respect de la vie privée (1992)
1901 – France) mais pas de sanction contre l'intolérance
Résultat plutôt positif: Secteurs modernes de la société Résultat très positif mais sans qu'il en Accueil d'une "autre" dimension.
Société réagit positivement aux défis de (médias, publicité) semblent moins résulte une orientation claire de la Ouverture à l'existence d'un au-delà,
Actions l'existence (chômage, solidarité, respectueux de l'autre que la société société. d'un Etre Suprême
collectives sécurité, défense environnement) traditionnelle. Existence de nombreux lieux et
Rassemblements syndicaux,
Pas de campagne ou manifestation axée opportunités de réflexion
sur l'acceptation de l'autre politiques, d'Eglises.
Nombreux lieux de formation, de
recueillement
Bilan contrasté: Respect de l'autre enraciné dans la Bilan positif mais société sans projet et Ouverture, accueil aux principes
- comportements plutôt positifs mais culture. sans références claires. spirituels.
Comportement groupes marginaux discriminés (sida) Intérêt des jeunes pur les langues Responsabilisation peu développée par Référence à un Etre suprême (principes
- solidarité familiale pour chômeurs et étrangères. rapport à l'humanité mais sensible au spirituels fondateurs, nombreux
journées accueil pour handicapés Progression des vols en relation avec niveau de la famille, du clan, du village. proverbes font référence à Dieu).
appauvrissement général de la société Responsabilité en développement par Importance du respect de l'esprit des
Emergence d'une laïcité positive rapport à la nature (écologie) morts et des rites funéraires.
(engagement des laïcs dans Eglise)
Tableaux des principales caractéristiques d'analyse pour Madagascar Annexe 3/2
Indicateur C1 C2 D1 D2
Catégorie
SOLIDARITE COSMIQUE ASSUMER SA DESTINEE MAITRISE DU DEVENIR RESPONSABILITE CITOYENNE
d'analyse
Dispositions réglementaires à caractère Les lois favorisent la vie: Vide législatif A partir de la constitution de 1992:
préventif. Loi de 1990 sur la politique nationale de sauf pour la fiscalité des legs et code électoral
Données Dispositifs permanents d'alerte (sous la population (concerne avortement, succession suffrage universel,
législatives égide Ministère Environnement) contraception, protection de l'enfance) séparation des 3 pouvoirs.
Autorité (et procédures) de recours. mais absence de dispositions
Inventaire des espaces fragiles – Manuel réglementaires sur qualité de l'air, de
pour gestion des espaces protégés l'alimentation
Résultat contrasté: Très bonnes réactions: Bonnes réactions dans l'ensemble: Bonnes ou très bonnes réactions:
positif pour les campagnes et journées défense de l'enfant Tendance à assumer le destin par Participation aux syndicats,
Actions de sensibilisation campagnes contre alcoolisme, continuité de la famille associations, assemblées, palabres
collectives négatif pour souci d'un développement toxicomanie Projets de développement par document Célébration Journée des droits de
durable développement mutuelles de santé gouvernemental l'homme
action associative pour contrôle des Mouvement pour monde habitable, Dénonciation injustices
naissances, accompagnement de la mort durable avec environnement régénéré Mouvements sociaux
Primat de l'être humain
Très négatif, surtout en milieu urbain: Bilan mitigé: Espérance dans enfants et jeunes Bilan mitigé:
nature désacralisée Accueil de la vie et de la mort mais peur devant l'avenir Participations aux débats, réflexions sur
Comportement priorité donnée au profit immédiat mais augmentation de alcoolisme, Solidarité au sein famille questions de société
surexploitation des ressources (bois de drogue, prostitution Accentuation lutte pour survie Mais peu de participation aux prises de
chauffage, ressources halieutiques) Rites de célébration de la vie et de la individuelle décision
pas de solidarité avec générations mort très respectés Peu souci d'un élargissement de la
futures participation
Annexe 4
INDICATEUR A 1 : FRATERNITE
Exclusion Accueil
(CP) ❘--------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘--------------------■
■---------------------❘❘
(ET) ❘-------------------■
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INDICATEUR B2 : DEPASSEMENT
Finitude Ouverture
(CP) ❘---------------------❘❘--------------------❘❘-------------------■
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(ET) ❘---------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘-------------------■
■----------------------❘❘
Indicateur
A1 A2 B1
Catégorie FRATERNITE RESPECT DE L'AUTRE CONSCIENCE ET SENS
d'analyse
La situation décrite est médiocre et La situation fait apparaître une Les données font état d'un faible taux
comporte de nombreux signes discrimination vis-à-vis des femmes qui sont d'écoute des moyens de communication et de
d'exclusion reléguées à des responsabilités inférieures, lecture des médiathèques.
Données Taux élevé de chômage surtout pour sauf dans l'enseignement. Importance du nombre de femmes chefs de
statistiques les femmes. famille (24% des foyers) en raison de
Scolarisation insuffisante séparations, migration des hommes à la
Accès inégal à la formation supérieure recherche de travail, veuvage. .
Existence du droit d'association, de faire Renaissance de la place et du droit de la Existence de la liberté d'association, de
partie d'un syndicat, sauf pour les employés personne humaine à la liberté, égalité et rassemblement.
de l'Etat. dignité (loi de 1925 et 1980) Liberté d'expression
Données Existence de loi sur la durée du travail Dispositions visant à prévenir la Liberté de la presse
législatives discrimination en matière de droits civiques, Mais pas de protection de la femme en tant
d'accès à la terre, à l'éducation. que salariée et chef de famille dans la
Mais application peu efficace aux minorités législation du travail
ethniques.
Existence de mutuelles et d'associations de Des campagnes sont menées pour lutter Emergence de groupes discutant des
solidarité permettant d'aider les exclus de la contre la dévalorisation des étrangers, des problèmes de société (travail, avortement,
société et de préparer les jeunes à affronter le exclus(homosexuels) alcoolisme, famille, pollution, etc) de
Actions monde du travail Pour faire progresser la situation des femmes groupes de femmes prenant conscience de
Collectives Manifestations de solidarités de voisinage. dans la société leur rôle central dans la société, le
développement de la communauté
domestique, du quartier, du micro-
développement social
Des attitudes d'aide se manifestent vis-à-vis De nombreux comportements sont inspirés Prise de conscience de responsabilité vis-à-
des mendiants, chômeurs, handicapés, par le sectarisme (étrangers indigènes) ainsi vis de l'humanité (famille) de la nature
vieillards, malades atteints du sida. que vis-à-vis des femmes. (écologie) pour une évolution de la société,
Comportement Mais tendance au repliement d'une société Désintérêt vis-à-vis de ce qui est différent, par une critique qui surgit du quotidien et de
où chacun cherche son bien-être sans de ceux qui pensent autrement l'expérience.
considérer les inégalités.
Tableaux des principales caractéristiques d'analyse pour le Chili Annexe 6/2
Indicateur D2
C1 C2 D1 RESPONSABILITE CITOYENNE
Catégorie SOLIDARITE COSMIQUE ASSUMER SA DESTINEE MAITRISE DU DEVENIR
d'analyse
Progression de l'érosion, de la désertification Augmentation de l'espérance de vie (de 64 à En dépit des conditions de pauvreté et Plus grande participation aux élections
Régression de la fécondité des sols, des 72 ans) et réduction de la mortalité infantile précarité pour une majeure partie de la récentes, notamment concernant les femmes
eaux. (de 73 à 19 pour mille) entre 1971 et 1988. population. (92%)
Données Insuffisance des informations fournies sur Le taux de 11 pour mille est atteint, en 1995, L’espérance se porte sur les jeunes dont le Augmentation de la participation des femmes
Statistiques l'environnement au grand public et aux suite aux progrès des contrôles pré et pourcentage est : dans la vie active.
spécialistes. postnatal. moins de 15 ans : 30%
de 15 à 30 ans : 24%
Prise de conscience encore insuffisante vis- Tendance des personnes à l'acceptation de la La priorité est la lutte pour la survie Prise de conscience des responsabilités à
à-vis de la conservation du patrimoine vie et de la mort, à s'unir à l'occasion de ces individuelle prendre dans les communautés, pas encore
naturel. évènements. suffisamment dans la vie politique.
Comportement Faible participation des citoyens due au
manque d'information diffusée.
Annexe 7
INDICATEUR A 1 : FRATERNITE
Exclusion Accueil
(CP) ❘-------------------■
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(ET) ❘-------------------■
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INDICATEUR B2 : DEPASSEMENT
Finitude Ouverture
(CP) ❘---------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘-----------------------❘❘
(ET) ❘---------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘-----------------------❘❘
INDICATEUR A 1 : FRATERNITY
Exclusion Accueil
(CP) ❘--------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘---------------------❘❘--------------------■
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(ET) ❘--------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘---------------------❘❘--------------------■
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INDICATEUR B2 : DEPASSEMENT
Finitude Ouverture
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(ET) ❘---------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘--------------------❘❘----------------------■
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Lire chaque Projet classique de développement RAF par IFTz: formation par "Projet de RAF par les paysans (1999-2001)
ligne horizontal. "La composante formation" formation " jusqu’en 10/98
Experts du développement, Le formateur en tant qu’animateur/facilitateur Les paysans organisent leurs propres ateliers de
Acteurs Agent de dév. en tant que Technicien Aide les paysans à faire leur propre Plan réflexion
d’Action Les agents de développement ont l’art et la capacité
Les compétences sont premières Les compétences ne suffisent pas de comprendre, réfléchir, apprendre et communiquer
Les paysans doivent « participer » au Pas les activités des projets mais celles des Les paysans participent à la gestion de leur propre vie
dév., aux activités des projets paysans et les agents de développement participent au
Participation La participation est un moyen, Elaborer le matériel de formation avec les processus de développement des paysans.
paysans. Evaluer avec les paysans La participation est une fin et un objectif
L’agent de développement dit: "Je ne Les groupes ont leur propre Plan d’Action L’agent de dév. dit : "Je ne peux pas imposer" le
dois pas imposer" le dév. Réfléchir avec les paysans dév.
Analyse de Manques, ignorance, D’une formation fondée sur les problèmes à une Potentialités et savoirs locaux,
situation Identification des besoins analyse du contexte Lire et comprendre leur processus de développement
en termes de En lien avec une situation ou un état Prise en compte des tendances et changements Lien avec une trajectoire et un processus
La production ; des savoir-faire Evaluation au-delà des objectifs ; « Suivi Développer des personnes : de l’intérieur
Résultats : Evaluation par rapport aux objectifs participatif des Impacts » L’évaluation s’intéresse aux changements sociaux, à
Pour Rigidité des objectifs Attention aux changements et aux l’impact
développer Perception linéaire : Nouvelles valeurs chez les paysans Les résultats sont souvent imprévisibles :
quoi ? Idée que le dév. est régulier, logique Attention aux histoires des paysans Les points critiques/crises/conflits font partie du dév.
Acquisition de savoir-faire par la Les savoirs locaux sont la base de tout projet Capacités et compétences
formation-expertise Valorisation et utilisation des ressources et Apprendre à partir de l’expérience
Insistance sur Transfert de savoirs compétences des paysans Susciter les ressources personnelles et collectives
Transfert de ressources Des « projets de formation » de IFTz ont évolué Durabilité vue comme aptitude à répondre à de
Durabilité vue comme continuation et modifié leur contenu (renforcement des nouveaux défis
des activités des projets capacités) (Responsabilité = capacité de réponse)
Le dév. est apporté (…de l’extérieur) Plans Personnels de Dév. des formateurs Le dév. est un processus naturel (conduit de
Concept de Il a un commencement et une fin Nos projets de formation sont devenus des l’intérieur)
Développement ‘propositions de RAF’ Il existe déjà – il n’a pas de fin
Il peut être reproduit L’analyse du contexte permet de reconnaître que Il est toujours unique
du développement est ‘déjà là’
Le dév. s’adresse aux "autres" Attention aux changements personnels & Attention aussi à mon propre développement
institutionnels
Relations Dépendance (de l’extérieur, du projet...) Plusieurs types de relations selon le processus. Interdépendance
Enfants – parents Parfois, les formateurs "suivent" les paysans Entre adultes – réciprocité
Atelier interne de IFTz (INADES-Formation de Tanzanie) - Oct. 1998 (RAF = Recherche – Action – Formation)