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VOLTAIRE ET LE CHRISTIANISME
VOLTAIRE ET LE PROTESTANTISME
VOLTAIRE ET L'HINDOUISME
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
VOLTAIRE
400 PENSÉES ET CITATIONS
1. — « J'avoue que le genre humain n'est pas tout à fait si méchant que
certaines gens le crient dans l'espérance de le gouverner. »
4. — « C'est à un instinct mécanique, qui est chez la plupart des hommes, que
nous devons tous les arts, et nullement à la saine philosophie. »
6. — « Je hais vos idées, mais je me ferai tuer pour que vous ayez le droit de
les exprimer. »
11. — « Le premier des devoirs, sans doute, est d'être juste; Et le premier des
biens est la paix de nos cœurs. »
Poème sur la Loi Naturelle (1752)
13. — « Les chagrins secrets sont encore plus cruels que les misères
publiques. »
Candide, ou l'Optimisme (1759), XX
14. — « Tes yeux m'inspirent l'allégresse, Ton cœur fait mon destin: Tout
m'ennuyait, tout m'intéresse. »
Le Baron d'Otrante (1769), I, 3, Le Baron
16. — « La loi naturelle est l’instinct qui nous fait sentir la justice. »
Extrait de Dictionnaire Philosophique
17. — « N’est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages
n’en aient pas ? »
Extrait des Pensées détachées de M. l’abbé de Saint-Pierre
20. — « L’homme est né pour l’action, comme le feu tend en haut et la pierre
en bas. »
Extrait de Sur les pensées de M. Pascal
21. — « Le premier pas, mon fils, que l’on fait dans le monde Est celui dont
dépend le reste de nos jours. »
Extrait de L’Indiscret
23. — « L’intérêt que j’ai à croire une chose n’est pas une preuve de
l’existence de cette chose. »
Extrait des Lettres philosophiques
24. — « Rien ne se fait sans un peu d’enthousiasme. »
Extrait d’une Lettre
25. — « L’espèce humaine est la seule qui sache qu’elle doit mourir. »
28. — « Dieu n’a créé les femmes que pour apprivoiser les hommes. »
Extrait de L’ingénu
29. — « Un jour, tout sera, voilà notre espérance Tout est aujourd’hui, voilà
l’illusion. »
Extrait de Poème sur le désastre de Lisbonne
34. — « Chaque science, chaque étude, a son jargon inintelligible, qui semble
n’être inventé que pour en défendre les approches. »
Extrait d’Essai sur la poésie épique
35. — « On doit des égards aux vivants ; on ne doit aux morts que la vérité. »
Extrait d’Œdipe
36. — « Les hommes sont des insectes se dévorant les uns les autres sur un
petit atome de boue. »
Extrait de Zadig ou la destinée
37. — « Heureux qui jouit agréablement du monde ! Plus heureux qui s’en
moque et qui le fuit ! »
Extrait de Lettre
38. — « Dieu nous a donné le vivre ; c’est à nous de nous donner le bien
vivre. »
Extrait de Le sottisier
39. — « Quand je vous aurai répété que la vie est un enfant qu’il faut bercer
jusqu’à ce qu’il s’endorme, j’aurai dit tout ce que je sais. »
Extrait de Correspondance
40. — « On peut, sans s’avilir, s’abaisser sous les dieux, les craindre et les
servir. »
Extrait de Sémiramis
43. — « Pour avoir quelque autorité sur les hommes, il faut être distingué
d’eux. Voilà pourquoi les magistrats et les prêtres ont des bonnets
carrés. »
44. — « S’il fallait choisir, je détesterais moins la tyrannie d’un seul que celle
de plusieurs. Un despote a toujours quelques bons moments ; une
assemblée de despotes n’en a jamais. »
47. — « Je compterais plus sur le rôle d’un homme espérant une grande
récompense que sur celui d’un homme l’ayant reçue. »
48. — « Il n’y a que les ouvriers qui sachent le prix du temps ; ils se le font
toujours payer. »
54. — « Dire le secret d’autrui est une trahison, dire le sien est une sottise. »
56. — « Plus les hommes seront éclairés, et plus ils seront libres. »
57. — « Le seul moyen d’obliger les hommes à dire du bien de nous, c’est
d’en faire. »
60. — « Presque toujours les choses qu’on dit frappent moins que la manière
dont on les dit. »
61. — « Qui ne sait compatir aux maux qu’il a soufferts ! »
63. — « Il n’y a rien de plus ridicule qu’un médecin qui ne meurt pas de
vieillesse. »
69. — « Ce n’est pas l’amour qu’il fallait peindre aveugle, c’est l’amour-
propre. »
Extrait d’une Lettre – 11 Mai 1764
70. — « Plus on a médité, plus on est en état d’affirmer qu’on ne sait rien. »
74. — « Je suis comme les petits ruisseaux ; ils sont transparents parce qu’ils
sont peu profonds. »
80. — « Si l’on n’imprimait que l’utile, il y aurait cent fois moins de livres. »
81. — « Rien n’est plus aisé à faire qu’un mauvais livre, si ce n’est une
mauvaise critique. »
84. — « Que conclure à la fin de tous mes longs propos ? C’est que les
préjugés sont la raison des sots. »
Extrait de Poème sur la Loi Naturelle
85. — « Les hommes en général ressemblent aux chiens qui hurlent quand ils
entendent de loin d’autres chiens hurler. »
Extrait de Fragments historiques
88. — « Les rivières ne se précipitent pas plus vite dans la mer que les
hommes dans l’erreur. »
90. — « Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ; elles le
submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer. »
Extrait de Zadig ou la destinée
93. — « Nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme les
ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont
une. »
102. — « Le monde ressemble à une vieille coquette qui déguise son âge. »
103. — « Nous respectons plus les morts que les vivants. Il aurait fallu
respecter les uns et les autres. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
104. — « Quel homme est sans erreur ? Et quel roi sans faiblesse ? »
Extrait de Brutus
106. — « Les hommes abreuvés de liqueurs fortes ont tous un sang aigri et
adulte qui les rend fous en cent manières différentes. »
Extrait de La princesse de Babylone
110. — « C’est à celui qui domine sur les esprits par la force de la vérité, non à
ceux qui font les esclaves par la violence, que nous devons nos
respects. »
Extrait de Lettres philosophiques
112. — « Les superstitieux sont dans la société ce que les poltrons sont dans
une armée : ils ont, et donnent des terreurs paniques. »
Extrait de Lettres philosophiques
113. — « Il n’y a aucun pays de la terre où l’amour n’ait rendu les amants
poètes. »
Extrait de L’ingénu
119. — « Consolons-nous de ne pas savoir les rapports qui peuvent être entre
une araignée et l’anneau de Saturne, et continuons à examiner ce qui est à
notre portée. »
Extrait de Lettres philosophiques
124. — « Tant de livres faits sur la peinture par des connaisseurs n’instruiront
pas tant un élève que la seule vue d’une tête de Raphaël. »
Extrait de la préface d’Œdipe
125. — « Le monde avec lenteur marche vers la sagesse. »
Extrait des Lois de Minos
128. — « Les grandes choses sont souvent plus faciles qu’on ne pense. »
Extrait de Correspondance
131. — « L’histoire des plus grands princes est souvent le récit des fautes des
hommes. »
Extrait du Siècle de Louis XIV
136. — « Qui n’a pas l’esprit de son âge De son âge a tout le malheur. »
Extrait de Stance à Madame du Châtelet
137. — « On voit évidemment que toutes les religions ont emprunté tous leurs
dogmes et tous leurs rites les unes des autres. »
Extrait de De l’acoran et de la loi musulmane
138. — « Les vérités sont des fruits qui ne doivent être cueillis que murs. »
Extrait d’une Correspondance
143. — « Le pape est une idole à qui on lie les mains et à qui on baise les
pieds. »
Extrait de Le Sottisier
145. — « Que toute loi soit claire, uniforme et précise : l’interpréter, c’est
presque toujours la corrompre. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
153. — « Que les supplices des criminels soient utiles. Un homme pendu n’est
bon à rien, et un homme condamné aux ouvrages publics sert encore la
patrie et est une leçon vivante. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
157. — « Redisons tous les jours à tous les hommes : “la morale est une, elle
vient de Dieu ; les dogmes sont différents, ils viennent de nous”. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
158. — « Il n’y a peut-être rien de si fou que de croire avoir toujours raison. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
159. — « Toute plaisanterie doit être courte, et même le sérieux devrait être
court aussi. »
Extrait de Lettres philosophiques
160. — « Les hommes ne haïssent l’avare que parce qu’il n’y a rien à gagner
avec lui. »
161. — « Remarquez que les temps les plus superstitieux ont toujours été ceux
des plus horribles crimes. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
163. — « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. »
165. — « Le courage n’est pas une vertu, mais une qualité commune aux
scélérats et aux grands hommes. »
167. — « Il faut avoir une religion et ne pas croire aux prêtres ; comme il faut
avoir du régime et ne pas croire aux médecins. »
168. — « J’approche tout doucement du moment où les philosophes et les
imbéciles ont la même destinée. »
169. — « C’est une des superstitions de l’esprit humain d’avoir imaginé que la
virginité pouvait être une vertu. »
170. — « Ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme, mais l’homme qui a créé
Dieu. »
173. v« Les rois sont avec leurs ministres comme les cocus avec leurs
femmes : ils ne savent jamais ce qui se passe. »
Extrait du Sottisier
174. — « Un historien est un babillard qui fait des tracasseries aux morts. »
Extrait du Sottisier
176. — « Les Incas avaient des palais incrustés d’or et couverts de paille :
emblème de des gouvernements. »
Extrait du Sottisier
177. — « Les paroles sont aux pensées ce que l’or est aux diamants ; il est
nécessaire pour les mettre en œuvre, mais il en faut peu. »
Extrait du Sottisier
178. — « Je compterais plus sur le zèle d’un homme espérant une grande
récompense que sur celui d’un homme l’ayant reçue. »
Extrait de Remarques sur les pensées de Pascal
180. — « Les soldats se mettent à genoux quand ils tirent : apparemment pour
demander pardon du meurtre. »
Extrait du Sottisier
181. — « Prier Dieu c’est se flatter qu’avec des paroles, on changera toute la
nature. »
Extrait du Sottisier
183. — « Les grammairiens sont pour les auteurs ce qu’un luthier est pour un
musicien. »
Extrait des Pensées, remarques et observations
185. — « C’est n’être bon à rien que de n’être bon qu’à soi. »
186. — « Le bonheur est souvent la seule chose qu’on puisse donner sans
l’avoir et c’est en le donnant qu’on l’acquiert. »
188. — « Un médecin, c’est quelqu’un qui verse des drogues qu’il connaît peu
dans un corps qu’il connaît moins. »
Extrait d’Epigrammes
195. — « La raison est la fille du temps, et elle attend tout de son père. »
Extrait de L’homme aux quarante écus
198. — « Les hommes ont été, sont et seront menés par les événements. »
Extrait de Lettre au Duc de Choiseul du 13 Juillet 1761
199. — « La vérité est un fruit qui ne doit être cueilli que s’il est tout à fait
mûr. »
Extrait de Lettre à la Comtesse de Barcewitz
200. — « Dans l’opinion qu’il y ait un Dieu il peut se trouver des difficultés,
mais dans l’opinion contraire il y a des absurdités. Aussi reconnaître qu’il
y ait une Dieu est la chose la plus vraisemblable que les hommes puissent
penser. »
201. — « Dieu ? Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas. »
Extrait de Correspondance
202. — « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant formé par un Dieu que
tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? »
Extrait de Dictionnaire philosophique
205. — « Vous devez passer votre vie à aimer et à penser ; c’est la véritable
vie des esprits. »
Extrait de Micromégas
206. — « Il faut que le plaisir de gouverner soit grand, puisque tant de gens
veulent s’en mêler. »
207. — « Quel est donc la destinée du genre humain ? Presque nul grand
peuple n’est gouverné par lui-même. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
208. — « Les Français ne sont pas faits pour la liberté. Ils en abuseraient. »
Extrait de Lettre au prince de Prusse – Octobre 1737
209. — « La nature nous a fait frivoles pour nous consoler de nos misères. »
211. — « Un mérite de la poésie, c’est qu’elle dit plus que la prise, et en moins
de paroles que la prose. »
214. — « Les hommes n’ont jamais de remords des choses qu’ils sont dans
l’usage de faire. »
215. — « Il faut que cet homme soit un grand ignorant, car il répond à tout ce
qu’on lui demande. »
221. — « On ne peut vivre dans le monde qu’avec des illusions ; et dès qu’on a
un peu vécu, toutes les illusions s’envolent. »
Extrait de Correspondance
222. — « Le pays où le commerce est le plus libre sera toujours le plus riche et
le plus florissant, proportion gardée. »
Extrait des Lettres philosophiques
224. — « Quand on lit pour s’instruire, on voit tout ce qui a échappé, lorsqu’on
ne lisait qu’avec les yeux. »
Extrait de Correspondance
226. — « L’habile homme est celui qui fait un grand usage de ce qu’il sait ; le
capable peut, et l’habile exécute. »
Extrait du Dictionnaire philosophique
228. — « Un courage indompté, dans le cœur des mortels, Fait ou les grands
héros ou les grands criminels. »
Extrait de Rome sauvée
229. — « Les injures atroces n’ont jamais fait de tort qu’à ceux qui les ont
dites. »
Extrait de Conseil à Louis Racine
231. — « Ce que nous appelons le hasard n’est et ne peut être que la cause
ignorée d’un effet connu. »
Extrait du Dictionnaire philosophique
234. — « C’est ne pas payer ses dettes que de refuser de justes louanges. »
236. — « Ceux qui ont avancé que tout est ont dit une sottise : il fallait dire
que tout est au mieux. »
Extrait de Candide ou l’optimisme
239. — « N’employez jamais un mot nouveau, à moins qu’il n’ait ces trois
qualités : être nécessaire, intelligible et sonore. »
Extrait des Conseils à un journaliste
241. — « C’est le sort des monarchies que leur prospérité dépende du caractère
d’un seul homme. »
Extrait du Siècle de Louis XIV
242. — « On la nomme (l’opinion) la reine du monde ; elle l’est si bien, que
quand la raison veut la combattre, la raison est condamnée à mort. »
Extrait du Dictionnaire philosophique
245. — « Les mortels sont égaux ; ce n’est point la naissance C’est la seule
vertu qui fait la différence. »
Extrait d’Eriphile
252. — « Une république n’est point fondée sur la vertu ; elle l’est sur
l’ambition de chaque citoyen, qui contient l’ambition des autres. »
Extrait de Politique et législation
253. — « Est-ce que vous croyez qu’on puisse faire l’amour sans proférer une
parole ? »
254. — « Le temps est assez long pour quiconque en profite ; Qui travaille et
qui pense en étend la limite. »
Extrait du Discours en vers sur l’homme
257. — « Dieu a mis dans tous les cœurs la conscience du avec quelque
inclination pour le mal. »
Extrait du Dictionnaire philosophique
259. — « Le génie n’a qu’un siècle, après quoi, il faut qu’il dégénère. »
Extrait du Siècle de Louis XIV
260. — « C’est le privilège du vrai génie, et surtout du génie qui ouvre une
carrière de faire impunément de grandes fautes. »
Extrait du Siècle de Louis XIV
262. — « Ce n’est pas notre condition, c’est la trempe de notre âme qui nous
rend heureux. »
Extrait du Dictionnaire philosophique
268. — « Le plaisir est l’objet, le devoir est le but. De tous les êtres
raisonnables. »
Extrait des Stances
270. — « Tout mortel au plaisir a dû son existence ; Par lui le corps agit, le
cœur sent, l’esprit pense. »
Extrait du Discours en vers sur l’homme
273. — « Les femmes ressemblent aux girouettes : elles se fixent quand elles
se rouillent. »
276. — « La résurrection est une idée toute naturelle ; il n’est pas plus
étonnant de naître deux fois qu’une. »
277. — « Mon ami signifie mon esclave. Mon cher ami veut dire vous m’êtes
plus qu’indifférent. »
280. — « Les hommes se trompent, les grands hommes avouent qu’ils se sont
trompés. »
Extrait du Sottisier
283. — « L’art de la citation est l’art de ceux qui ne savent pas réfléchir par
eux-mêmes. »
286. — « Par tout pays, la religion dominante, quand elle ne persécute point,
engloutit à la longue toutes les autres. »
Extrait des Lettres philosophiques
287. — « A la cour, mon fils, l’art le plus nécessaire N’est pas de parler, mais
de savoir se taire. »
Extrait de L’Indiscret
288. — « C’est à un instinct mécanique, qui est chez la plupart des hommes,
que nous devons tous les arts, et nullement à la saine philosophie. »
Extrait des Lettres philosophiques
289. — « Il a fallu des siècles pour rendre justice à l’humanité, pour sentir
qu’il est horrible que le grand nombre semât et que le petit nombre
recueillît. »
Extrait des Lettres philosophiques
290. — « C’est assurément ne pas connaître le cœur humain que de penser
qu’on peut le remuer par des fictions. »
Extrait de Sémiramis
292. — « On rougirait tôt de ses décisions, si l’on voulait réfléchir sur les
raisons pour lesquelles on se détermine. »
Extrait d’une Lettre – 1719
293. — « Les inventions les plus étonnantes et les plus utiles ne sont pas celles
qui font le plus d’honneur à l’esprit humain. »
Extrait des Lettres philosophiques
299. — « Le temps, qui seul fait la réputation des hommes, rend à la fin leurs
défauts respectables. »
Extrait des Lettres philosophiques
301. — « C’est l’amour de nous-mêmes qui assiste l’amour des autres ; c’est
par nos besoins mutuels que nous sommes utiles au genre humain. »
Extrait des Lettres philosophiques
302. — « Qui veut détruire les passions, au lieu de les régler, veut faire
l’ange. »
Extrait des Lettres Philosophiques
303. — « La métaphysique est le roman de l’esprit. »
307. — « Les hommes, avec des lois sages, ont toujours eu des coutumes
insensées. »
Extrait des Essais sur les mœurs
308. — « Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à
Dieu qu’aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en
vous égorgeant ? »
Extrait du Dictionnaire philosophique
309. — « Les bavards sont les plus discrets des hommes : ils parlent pour ne
rien dire. »
312. — « Le cœur ne vieillit pas, mais il est pénible de loger un dieu dans des
ruines. »
314. — « Un auteur est peu propre à corriger les feuilles de ses propres
ouvrages : il lit toujours comme il a écrit et non comme il est imprimé. »
320. — « Quand la gravité n’est que dans le maintien, comme il arrive très
souvent, on dit gravement des inepties. »
Extrait du Dictionnaire philosophique
321. — « Comme le despotisme est l’abus de la royauté, l’anarchie est l’abus
de la démocratie. »
322. — « C’est la superstition qui a fait immoler des victimes humaines, c’est
la nécessité qui les a fait manger. »
Extrait du Dictionnaire philosophique
325. — « Les sauvages ne s’avisent point de se tuer par dégoût de la vie ; c’est
un raffinement de gens d’esprit. »
328. — « Les hommes sont comme les animaux : les gros mangent les petits et
les petits les piquent. »
331. — « Ceux qui cherchent des causes métaphysiques au rire ne sont pas
gais. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
332. — « De toutes les républiques, celle des lettres est, sans contredit, la plus
ridicule. »
Extrait de Lettre au censeur marin
336. — « Les médecins administrent des médicaments dont ils savent très peu,
à des malades dont ils savent moins, pour guérir des maladies dont ils ne
savent rien. »
340. — « Quand on a tout perdu, quand on n’a plus d’espoir, La vie est un
opprobre et la mort un devoir. »
Extrait de Mérope
341. — « Nous naissons, nous vivons, bergère, Nous mourons sans savoir
comment ; Chacun est parti du néant : Où va-t-il ? Dieu le sait, ma
chère. »
342. — « Il faut savoir s’instruire dans la gaieté. Le savoir triste est un savoir
mort. L’intelligence est joie. »
344. — « Tes destins sont d’un homme, et tes vœux sont d’un Dieu. »
Extrait du Discours en vers sur l’homme
345. — « Les justes éloges ont un parfum que l’on réserve pour embaumer les
morts. »
347. — « Une preuve infaillible de la supériorité d’une nation dans les arts de
l’esprit, c’est la culture perfectionnée de la poésie. »
Extrait d’Essai sur l’histoire générale
348. — « Quatre beaux vers valent mieux dans une pièce qu’un régiment de
cavalerie. »
Extrait de Sémiramis
351. — « Si c’est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les
autres ? »
352. — « Nos prêtres ne sont point ce qu’un vain peuple pense, Notre crédulité
fait toute leur science. »
Extrait d’Œdipe
353. — « Le premier des devoirs, sans doute, est d’être juste ; Et le premier
des s est la paix de nos cœurs. »
Extrait du Poème sur la loi naturelle
354. — « Ce n’est pas que le suicide soit toujours de la folie. Mais en général,
ce n’est pas dans un accès de raison que l’on se tue. »
Extrait d’une Lettre à M. Mariott – 26 Février 1767
357. — « La plupart des grands capitaines sont devenus tels par degrés. »
Extrait du Siècle de Louis XIV
358. — « Nos cinq sens imparfaits, donnés par la nature, De nos s, de nos
maux sont la seuls mesure. »
Extrait de Discours en vers sur l’homme
359. — « Les titres ne servent de rien pour la postérité : le nom d’un homme
qui a fait de grandes choses impose plus de respect que toutes les
épithètes. »
Extrait du Siècle de Louis XIV
360. — « Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas instruit. Quand la
populace se mêle de raisonner, tout est perdu. »
Extrait d’une lettre à Damilaville – 1766
361. — « Nos idées ne dépendent pas plus de nous dans le sommeil que dans
la veille. »
Extrait des Contes en vers et en prose – II
363. — « Quand la vérité est évidente, il est impossible qu’il s’élève des partis
et des factions. Jamais on n’a disputé s’il fait jour à midi. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
364. — « Il faut toujours que ce qui est grand soit attaqué par les petits
esprits. »
Extrait du Siècle de Louis XIV
365. — « Toute secte, en quelque genre que ce puisse être, est le ralliement du
doute et de l’erreur. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
366. — « Toute secte, en quelque genre que ce puisse être, est le ralliement du
doute et de l’erreur. »
370. — « Que chacun aille à Dieu par le chemin qui lui plaît ! »
371. — « Quand une fois la calomnie est entrée dans l’esprit d’un roi, elle est
comme la goutte chez un prélat : elle n’en déloge plus. »
Extrait de lettre. Lettre du 1er Octobre 1752
382. — « Les grands plaisirs, dans tous les arts, ne sont que pour les
connaisseurs. »
Extrait de lettre. Lettre à Monsieur de Saint-Lambert – 7 Mars 1769
383. — « Que la santé immortelle descende du ciel pour avoir soin de tous vos
jours ! »
Extrait de Zadig ou la destinée
385. — « Qui n’a pas l’esprit de son âge De son âge a tout le malheur. »
Extrait de Stances
386. — « Les bonnes nouvelles sont toujours retardées, et les mauvaises ont
des ailes. »
Extrait d’une Lettre à Madame Denis – 16 Mars 1752
387. — « Qu’il est dur de haïr ceux qu’on voudrait aimer. »
Extrait de Mahomet
388. — « Un seul mauvais exemple, une fois donné, est capable de corrompre
toute une nation, et l’habitude devient une tyrannie. »
Extrait de Dictionnaire philosophique
391. — « Tous les malheurs de nos pères Ne nous ont point détrompés ; Nous
éprouvons les misères Dont nos fils seront frappés. »
Extrait de Précis de l’Ecclésiaste
395. — « Tout est physique dans toutes les espèces : ce n’est pas le bœuf qui
combat, c’est le taureau. »
Extrait d’Essai sur les mœurs
396. — « Dans ce pays-ci il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour
encourager les autres. »
Extrait de Candide, XXII
397. — « Telle est donc la condition humaine que souhaiter la grandeur de son
pays, c’est souhaiter du mal à ses voisins. »
Extrait du Dictionnaire philosophique portatif
Son œuvre littéraire est variée : son théâtre, ses poésies épiques, ses
œuvres historiques, firent de lui l’un des écrivains français les plus célèbres
au XVIIIe siècle mais elle comprend également des contes et romans, les
Lettres philosophiques, le Dictionnaire philosophique et une importante
correspondance, plus de 21 000 lettres retrouvées.
Tout au long de sa vie, Voltaire fréquente les Grands et courtise les
monarques, sans dissimuler son dédain pour le peuple, mais il est aussi en
butte aux interventions du pouvoir, qui l’embastille et le contraint à l’exil en
Angleterre ou à l’écart de Paris. En 1749, après la mort d’Émilie du Châtelet,
avec laquelle il a entretenu une liaison houleuse pendant quinze ans, il part
pour la cour de Prusse, mais, déçu dans ses espoirs de jouer un grand rôle
auprès de Frédéric II à Berlin, se brouille avec lui après trois ans et quitte
Berlin en 1753. Il se réfugie un peu plus tard aux Délices, près de Genève,
avant d’acquérir en 1759 un domaine à Ferney, sur la frontière franco-
genevoise, à l’abri des puissants. Il ne reviendra à Paris qu’en 1778,
ovationné par le peuple après une absence de près de vingt-huit ans. Il y
meurt à 83 ans.
(1694-1733)
(1704-1711)
(1726-1728)
Voltaire veut être riche pour être un écrivain indépendant. À son retour
d’Angleterre, il n’a que quelques économies qu’il s’emploie activement à
faire fructifier. Il gagne un capital important (avec d’autres et sur une idée du
mathématicien La Condamine) en participant à une loterie d’État mal conçue.
Puis, il part à Nancy spéculer sur des actions émises par le nouveau duc de
Lorraine, opération dans laquelle il aurait « triplé son or ». Il reçoit aussi en
mars 1730 sa part de l’héritage paternel. Ces fonds vont être judicieusement
placés dans le commerce, « les affaires de Barbarie », vente des blés
d’Afrique du Nord vers l’Espagne et l’Italie où elle est plus lucrative qu’à
Marseille et les « transactions de Cadix », échange de produits des colonies
françaises contre l’or et l’argent du Pérou et du Mexique. En 1734, il confie
ses capitaux aux frères Pâris dans leur entreprise de fournitures aux armées.
Enfin, à partir de 1736, Voltaire va surtout prêter de l’argent à des grands
personnages et des princes européens, prêts transformés en rentes viagères
selon une pratique courante de l'époque (à lui d'actionner ses débiteurs,
désinvoltes mais ayant du répondant, pour obtenir le paiement de ses rentes).
« J’ai vu tant de gens de lettres pauvres et méprisés que j’ai conclu dès
longtemps que je ne devais pas en augmenter le nombre. » Programme réalisé
à son retour d’Angleterre.
En 1730, un incident, dont il se souviendra à l’heure de sa mort, le
bouleverse et le scandalise. Il est auprès d’Adrienne Lecouvreur, une actrice
qui a joué dans ses pièces et avec laquelle il a eu une liaison, lorsqu’elle
meurt. Le prêtre de la paroisse de Saint-Sulpice refuse la sépulture (la France
est alors le seul pays catholique où les comédiens sont frappés
d’excommunication). Le cadavre doit être placé dans un fiacre jusqu’à un
terrain vague à la limite de la ville où elle est enterrée sans aucun monument
pour marquer sa tombe. Quelques mois plus tard meurt à Londres une
comédienne, Mrs Oldfield, enterrée à Westminster Abbey. Là encore,
Voltaire fait la comparaison.
Voltaire fait sa rentrée littéraire à Paris par le théâtre (mais il travaille
selon son habitude à plusieurs œuvres à la fois). Sans beaucoup de succès
avec Brutus, La mort de César et Eriphyle. Mais Zaïre en 1732 remporte un
triomphe comparable à celui d’Œdipe et est joué dans toute l’Europe (la 488e
représentation a eu lieu en 1936).
Ce sont des lettres ouvertes, destinées à être lues par un plus grand
nombre grâce à leur parution sous forme d’un livre.
Voltaire à 41 ans.
« Il est maigre, d’un tempérament sec. Il a la bile brulée, le visage
décharné, l’air spirituel et caustique, les yeux étincelants et malins. Vif
jusqu’à l’étourderie, c’est un ardent qui va et vient, qui vous éblouit et qui
pétille. »
Depuis des mois, sa santé délabrée fait que Voltaire vit sans maîtresse.
En 1733, il devient l’amant de Mme du Châtelet. Émilie du Châtelet a 27 ans,
12 de moins que Voltaire. Fille de son ancien protecteur, le baron de Breteuil,
elle décide pendant seize ans de l’orientation de sa vie, dans une situation
quasi conjugale (son mari, un militaire appelé à parcourir l’Europe à la tête de
son régiment, n’exige pas d’elle la fidélité, à condition que les apparences
soient sauves, une règle que Voltaire « ami de la famille » sait respecter). Ils
ont un enthousiasme commun pour l’étude et sous l’influence de son amie,
Voltaire va se passionner pour les sciences. Il « apprend d’elle à penser » dit-
il. Elle joue un rôle essentiel dans la métamorphose de l’homme de lettres en
« philosophe ». Elle lui apprend la diplomatie, freine son ardeur désordonnée.
Ils vont connaître dix années de bonheur et de vie commune. La passion se
refroidit ensuite. Les infidélités sont réciproques (la nièce de Voltaire, Mme
Denis, devient sa maitresse fin 1745, secret bien gardé de son vivant ; Mme
du Châtelet s’éprend passionnément de Saint-Lambert en 1748), mais ils ne
se sépareront pas pour autant, l’entente entre les deux esprits demeurant la
plus forte. À sa mort, en 1749, elle ne sera jamais remplacée. Mme Denis,
que Voltaire aimera tendrement, va régner sur son ménage (ce dont ne se
souciait pas Mme du Châtelet), mais elle ne sera jamais la confidente et la
conseillère de ses travaux.
Émilie est une véritable femme de sciences. L’étendue de ses
connaissances en mathématiques et en physique en fait une exception dans le
siècle. C’est aussi une femme du monde qui mène une vie mondaine assez
frénétique en dehors de ses études. Elle aime l’amour (elle a déjà eu plusieurs
amants, dont le duc de Richelieu ; elle devient en 1734 la maîtresse de son
professeur de mathématiques, Maupertuis, que lui a présenté Voltaire) et le
jeu, où elle perd beaucoup d’argent. Elle cherche un homme à sa mesure pour
asseoir sa réussite intellectuelle : Voltaire est un écrivain de tout premier
plan, de réputation européenne, avide de réussite lui aussi.
Voltaire restaure Cirey grâce à son argent. Les journées sont studieuses :
discussions, lectures et travaux en communs, travaux personnels, portant sur
la science et la religion. Voltaire fait des expériences scientifiques dans le
laboratoire d’Émilie pour le concours de l’Académie des sciences. Aidé par
Émilie du Châtelet, il est l'un des premiers à vulgariser en France les idées de
Newton sur la gravitation universelle en publiant l'Épitre sur Newton (1736)
et les Éléments de la philosophie de Newton (1738). Il commence La Pucelle
(pour s’amuser dit-il) et Le Siècle de Louis XIV (pour convaincre son amie
qui n’aime pas l’histoire), prépare L’Essai sur les mœurs, histoire générale de
l’Occident chrétien où il dénombre les horreurs engendrées par le fanatisme.
Toujours du théâtre avec Alzire (qui fait « perdre la respiration » au jeune
Rousseau) et Mérope qui est un grand succès. Un poème, où il fait l’apologie
du luxe (« Le superflu, chose très nécessaire »), Le Mondain, et évoque la vie
d’Adam, scandalise à Paris les milieux jansénistes. Prévenu, il s’enfuit en
Hollande par crainte des représailles. En 1742, sa pièce Mahomet est
applaudie à Paris. Mais les mêmes milieux accusent Voltaire de taxer
d’imposture, à travers l’Islam, le Christianisme lui-même. Ils obtiennent du
pouvoir royal plutôt réticent l’interdiction de fait de la pièce, que Voltaire,
toujours sous le coup de la lettre de cachet de 1734, doit retirer après la 3e
représentation. Elle ne sera reprise qu’en 1751. Voltaire apparaît de plus en
plus comme un adversaire de la religion.
En 1736, Voltaire reçoit la première lettre du futur roi de Prusse.
Commence alors une correspondance qui durera jusqu’à la mort de Voltaire
(interrompue en 1754, après l’avanie de Francfort, elle reprendra en 1757). «
Continuez, Monsieur, à éclairer le monde. Le flambeau de la vérité ne
pouvait être confié à de meilleures mains », lui écrit Frédéric qui veut
l’attacher à sa cour par tous les moyens. Voltaire lui rend plusieurs fois visite,
mais refuse de s’installer à Berlin du vivant de Mme du Châtelet qui se méfie
du roi-philosophe.
Pour cette raison peut-être, Madame du Châtelet pousse Voltaire à
chercher un retour en grâce auprès de Louis XV. De son côté, Voltaire ne
conçoit d’avenir pour ses idées sans l’accord du roi. En 1744, il est aidé par la
conjoncture : le nouveau ministre des Affaires étrangères est d’Argenson, son
ancien condisciple de Louis-le-Grand et surtout il a le soutien de la nouvelle
favorite Mme de Pompadour, qui l’admire. Son amitié avec le roi de Prusse
est un atout. Il se rêve en artisan d’une alliance entre les deux rois et accepte
une mission diplomatique, qui échoue. Grâce à ses appuis, il obtient la place
d’historiographe de France, le titre de « gentilhomme ordinaire de la chambre
du roi » et les entrées de sa chambre. Dans le cadre de ses fonctions, il
compose un poème lyrique, La Bataille de Fontenoy et un opéra, avec
Rameau, à la gloire du roi. Mais Louis XV ne l’aime pas et Voltaire ne sera
jamais un courtisan.
Bonjour et au revoir
Frédéric II en 1745.
(1759-1763)
Le château de Ferney.
Du jardin au cimetière
Les capitaux que Voltaire investit tirent Ferney de la misère. Dès son
arrivée, il améliore la production agricole, draine les marécages, plante des
arbres, achète une nouveauté dont il est fier, la charrue à semoir et donne
l’exemple en labourant lui-même chaque année un de ses champs. Il fait
construire des maisons pour accueillir de nouveaux habitants, développe des
activités économiques, soieries, horlogerie surtout. « Un repaire de 40
sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1 200 personnes
utiles », peut-il écrire en 1777.
Bien avant la mort de Louis XV, Voltaire souhaite revenir à Paris après
une absence de près de 28 ans.
Le combat de la dernière ligne droite (1773-1776)
Depuis le début de février 1773, Voltaire souffre d'un cancer de la
prostate (diagnostic rétrospectif établi de nos jours grâce au rapport de
l’autopsie pratiquée le lendemain de son décès). La dysurie est majeure, les
clochers fébriles fréquents ainsi que les pertes de connaissance. Les jambes
gonflées font parler d'hydropisie (affection dont son probable père biologique
serait mort en 1719). Le 8 mai, il informe d'Alembert : "Je vois la mort au
bout de mon nez". Les mictions sont difficiles. L'été 1773, des forces
reviennent, mais la crise de rétention aiguë d'urines de février 1773, le
reprend en mars 1774. En mai 1774, il perd sa plus jeune nièce de
tuberculose, Élisabeth, marquise de Florian (ex Mme de Fontaine, née
Mignot). Suit, moins triste pour Voltaire, la mort de Louis XV de petite
vérole le 10 mai 1774.
Elle ne survit (Le Siècle de Louis XIV, Histoire de Charles XII, Histoire
de l’empire de Russie sous Pierre le Grand), comme celle de Michelet, que
parce qu’elle est l’œuvre d’un écrivain, même si sa perspective de l’histoire «
philosophique » (Essai sur les mœurs et l'esprit des nations), consistant à
suivre les efforts des hommes en société pour sortir de l’état primitif, reste
valable.
L’ŒUVRE SCIENTIFIQUE
Elle est périmée même si Voltaire fut l’un des pionniers du newtonisme
avec ses Éléments de la philosophie de Newton (1738).
LA MORALE DE VOLTAIRE
« Une cause sans effet est une chimère, une absurdité, aussi bien qu'un
effet sans cause. Il y a donc éternellement, et il y aura toujours des effets de
cette cause universelle. Ces effets ne peuvent venir de rien ; ils sont donc des
émanations éternelles de cette cause éternelle. La matière de l'univers
appartient donc à Dieu tout autant que les idées, et les idées tout autant que la
matière. Dire que quelque chose est hors de lui, ce serait dire qu'il y a quelque
chose hors de l'infini. Dieu étant le principe universel de toutes les choses,
toutes existent en lui et par lui.(...) On ne fait point Dieu l'universalité des
choses : nous disons que l'universalité des choses émane de lui ; et pour nous
servir (...) de l'indigne comparaison du soleil et de ses rayons, nous disons
qu'un trait de lumière lancé du globe du soleil, et absorbé dans le plus infect
des cloaques, ne peut laisser aucune souillure dans cet astre. Ce cloaque
n'empêche pas que le soleil ne vivifie toute la nature dans notre globe.(...)
Nous pourrions dire encore qu'un trait de lumière, pénétrant dans la fange, ne
se mêle point avec elle, et qu'elle y conserve son essence invisible ; mais il
vaut mieux avouer que la lumière la plus pure ne peut représenter Dieu. La
lumière émane du soleil, et tout émane de Dieu. Nous ne savons pas comment
; mais nous pouvons (...) concevoir Dieu comme l'Être nécessaire de qui tout
émane. [Note : « nécessaire » signifie philosophiquement : « qui ne peut pas
ne pas être – ni être autrement »]. »
Mais, au-delà, il ne voit qu'incertitudes : « J'ai contemplé le divin
ouvrage, et je n'ai point vu l'ouvrier ; j'ai interrogé la nature, elle est demeurée
muette. » Il conclut: « Il m'est impossible de nier l'existence de ce Dieu »,
ajoutant qu'il est « impossible de le connaître ». Il rejette toute incarnation, «
tous ces prétendus fils de Dieu ». Ce sont « des contes de sorciers ». « Un
Dieu se joindre à la nature humaine ! J'aimerais autant dire que les éléphants
ont fait l'amour à des puces, et en ont eu de la race : ce serait bien moins
impertinent. »
Voltaire s’est passionné pour plusieurs affaires et s’est démené afin que
justice soit rendue.
La liberté d'expression
Voltaire à 84 ans.
Houdon a su capter l’âge et la souffrance, la malice et la vitalité de
l’écrivain dans ce buste réalisé quelques semaines avant sa mort.
Même s'il n'utilise pas le mot « laïcité » en tant que tel, Voltaire est,
néanmoins, non seulement par ses écrits mais aussi par ses démarches visant
à rétablir une justice impartiale dénuée d'intérêt communautaire, un des
instigateurs d'un civisme équidistant envers toutes les attitudes religieuses et
opinions métaphysiques (athéisme compris), civisme qui allait de pair avec
son combat pour la liberté d'expression.
Voltaire est par conséquent convaincu que les hommes (non parce que
formant un groupe homogène, mais parce que liés entre eux par le civisme)
peuvent s'allier un minimum pour œuvrer ensemble à la constitution d'une
société équilibrée et équitable, même s'ils sont différents, de tous les bords
culturels ; Voltaire conçoit donc une morale « civique » ou éthique «
citoyenne », universelle et respectant la Liberté.
Au doute de Blaise Pascal considérant, dans ses Pensées, qu'il est
impossible que les hommes puissent se respecter entre eux hors de la sphère
du christianisme (« Le port règle ceux qui sont dans un vaisseau ; mais où
trouverons-nous ce point dans la morale ? »), Voltaire répond très
simplement : « Dans cette seule maxime reçue de toutes les nations : « Ne
faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît. » » (Vingt-
cinquième lettre sur les Pensées de M. Pascal, XLII)
Théiste, Voltaire n'en condamne pas moins fermement – toujours dans le
cadre de sa philosophie laïque – les idéalismes dogmatiques dévalorisant
(pour le profit d'une quelconque abstraction ou « Dieu » illusoire) les
existences, la vie, la nature et les relations sociales et familiales :
Voltaire refusait de voir les êtres humains comme supérieurs, de par leur
essence, aux autres espèces animales ; cela correspond à son rejet des
religions abrahamiques (où l'animal est le plus souvent considéré comme
inférieur à l'homme) et de la doctrine des « animaux-machines » du Discours
de la méthode de René Descartes – qu'il déteste, et considère comme étant la
« vaine excuse de la barbarie » permettant de dédouaner l'homme de tout
sentiment de compassion face à la détresse animale.
Voltaire commence à s'intéresser avec constance au végétarisme, et à sa
défense, vers 1761-1762 environ ; diverses lectures sont en lien avec cette
affirmation « pythagoricienne » de la part du philosophe (le terme de «
végétarisme » n'existait pas à l'époque) : le testament de Jean Meslier, l’Émile
de Jean-Jacques Rousseau, le Traité de Porphyre, touchant l'abstinence de la
chair des animaux , ainsi que de nombreux ouvrages sur l'hindouisme
(œuvres brahmaniques qui commencent à être traduites en français et étudiées
dans les milieux intellectuels européens).
À propos de
Voltaire et Rousseau
Tout oppose les deux grandes figures des Lumières que la Révolution
française a installé l’un à côté de l’autre au Panthéon, Voltaire en 1791,
Rousseau en 1794.
Voltaire est un fils de bourgeois parisien, sujet d’une monarchie absolue.
Il reçoit une éducation classique dans le meilleur collège de la capitale. Son
esprit se forme dans la fréquentation de la société du Temple et de la cour de
Sceaux. Il aime l’argent, le luxe, le monde, le théâtre. Il fréquente les princes
et les rois. Persuadé que la liberté d’esprit est inséparable de l’aisance
matérielle, il devient riche et mène à Ferney une vie de seigneur. Il se pense
en chef de parti, en responsable du clan philosophique. Son objectif est de
faire pénétrer peu à peu les Lumières au sommet de l’État. C’est un écrivain
engagé. Il est pessimiste mais d’humeur gaie. Déiste, il hait la religion
chrétienne. Extraverti, il a horreur de l'introspection et parle peu de lui dans
ses Mémoires. Esprit précis et positif, son arme est l’ironie et c’est à l’esprit
qu’il s’adresse.
Rousseau est un fils d’horloger genevois, citoyen d’une république. Il
est autodidacte et campagnard. Il aime la vie simple, le travail humble, la
solitude, la nature. S’il bénéficie, comme beaucoup de gens de lettres, de la
protection des grands (prince de Conti, maréchal de Luxembourg), il ne veut
pas des bienfaits dont la société est prête à l’accabler. Il reste pauvre,
persuadé qu’il se met moralement du bon côté et gagne son pain en copiant
de la musique. Chez lui, tout est adhésion individuelle à une doctrine
élaborée par un individu unique. Ce n’est pas un écrivain engagé. Il est
foncièrement optimiste mais d’humeur ombrageuse. Protestant de Genève, il
reste toujours chrétien par le cœur, sinon par le dogme et la conduite.
Égotiste, il se livre intimement dans ses Confessions. Il a l’âme poétique,
rêveuse, aisément émue. Son arme, c’est l’éloquence, et c’est au sentiment
qu’il parle.
Les deux hommes ont entretenu longtemps des relations courtoises avant
leur rupture en 1760.
Rousseau, qui admire Voltaire, lui envoie en 1755 son Discours sur
l’inégalité qui fait suite à son Discours sur les sciences et les arts de 1750. Il
lui rend « l’hommage que nous vous devons tous comme à notre chef ». La
critique de la civilisation, la dénonciation du « luxe », de l’inégalité sociale et
de la propriété, l’exaltation du primitivisme de Rousseau ne peuvent que
rencontrer l’incompréhension de Voltaire. Mais Rousseau participe au
combat philosophique, c’est un ami de Diderot et d’Alembert, un
collaborateur de l’Encyclopédie. Voltaire lui répond ironiquement : « J’ai
reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en
remercie (…) On n’a jamais tant employé d’esprit à vouloir nous rendre bêtes
; il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage.
Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j’en ai perdu l’habitude, je
sens malheureusement qu’il m’est impossible de la reprendre. » Rousseau
répond sans acrimonie. Leur échange de lettres est publié dans le Mercure de
1755.
En 1756, lorsque Voltaire envoie à Rousseau son Poème sur le désastre
de Lisbonne, l’incompréhension est cette fois du côté de ce dernier. Il répond
: « Rassasié de gloire et désabusé des vaines grandeurs, vous vivez libre au
sein de l’abondance : vous ne trouvez pourtant que mal sur terre ; et moi,
homme obscur, pauvre, tourmenté d’un mal sans remède, je médite avec
plaisir dans ma retraite et trouve que tout est bien. D’où viennent ces
contradictions apparentes ? Vous l’avez-vous-même expliqué : vous jouissez,
moi j’espère, et l’espérance adoucit tout. » Voltaire ne répond pas sur le fond.
Dans les Confessions, Rousseau dit que la véritable réponse lui fut donnée
avec Candide (1759).
En 1758, à la suite de la parution de l’article de D'Alembert, « Genève »,
dans l’Encyclopédie, Rousseau publie sa Lettre à d’Alembert sur les
spectacles. Il rompt à cette occasion avec Diderot, l’ami de ses débuts et avec
les Encyclopédistes. Visant Voltaire qui milite pour faire autoriser la comédie
à Genève (elle le sera en 1783), il reprend la thèse de son premier Discours :
le théâtre à Genève favoriserait le luxe, accroîtrait l’inégalité, altérerait la
liberté et affaiblirait le civisme. Pour Voltaire, nier la valeur morale et
humaine du théâtre, c’est nier l’évidence. Mais il ne veut pas répondre. « Moi
», écrit-il à d’Alembert, « je fais comme celui qui pour toute réponse à des
arguments contre le mouvement se mit à marcher. Jean-Jacques démontre
qu’un théâtre ne peut convenir à Genève, et moi j’en bâtis un (Il s’agit de
l’ouverture d’une salle de spectacle dans son château de Tourney en 1760). »
Leur vie est quasi maritale, mais des plus mouvementée ; les échanges
intellectuels intenses : Voltaire qui, jusque-là s’était consacré au « grand
genre », la tragédie et le poème épique, opte résolument pour ce qui fera la
particularité de son œuvre : le combat politique et philosophique contre
l’intolérance. Une relation fusionnelle, donc, autant que studieuse et féconde.
C’est par une tromperie philosophique que s’engagera la fin d’une
l’idylle de dix ans : la marquise renonce au matérialisme newtonien pour lui
préférer le déterminisme optimiste de Leibniz, ce à quoi Voltaire ne saurait
consentir. Moins sentimentale désormais, l’alliance persiste malgré tout. La
marquise sauve plusieurs fois Voltaire des conséquences de ses insolences, et
Voltaire éponge parfois les colossales dettes de jeu d’Émilie.
La situation se complique singulièrement lorsque Mme du Châtelet
s’éprend du marquis de Saint-Lambert (Jean-François de Saint-Lambert).
Émilie est enceinte, et Voltaire concocte un stratagème pour que le mari de la
marquise se croie le père de l’enfant. Émilie meurt peu après l’accouchement,
laissant Voltaire désespéré : il devait à Émilie du Châtelet ses années les plus
heureuses.
« Je ne peux souffrir qu’on prétende que les Grecs ont autorisé cette
licence. On cite le législateur Solon, parce qu’il a dit en deux mauvais vers,
Tu chériras un beau garçon, Tant qu’il n’aura barbe au menton. (...) Sextus
Empiricus qui doutait de tout, devait bien douter de cette jurisprudence. S’il
vivait de nos jours, & qu’il vît deux ou trois jeunes Jésuites abuser de
quelques écoliers, aurait-il droit de dire que ce jeu leur est permis par les
constitutions d’Ignace de Loyola ? »
— Voltaire, Dictionnaire philosophique portatif, Amour nommé
socratique.
VOLTAIRE ET L'ESCLAVAGISME
« Il n’est permis qu’à un aveugle de douter que les blancs, les nègres, les
albinos, les Hottentots, les Chinois, les Américains, soient des races
entièrement différentes… Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres
toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la
mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces
d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils ne doivent
point cette différence à leur climat, c’est que les nègres et les négresses,
transplantés dans des pays les plus froids, y produisent toujours des animaux
de leur espèce… »
Cet extrait doit être lu avec les références du XVIIIe siècle : le mot «
race » à cette époque n'a pas du tout le sens que lui a donné le XIXe siècle –
et n'a aucune connotation péjorative (du fait que l'eugénisme scientifique n'est
pas encore présent au XVIIIe siècle), ainsi que le terme « intelligence ». «
Race » désigne davantage un ca-RAC-tère, un genre, un type, et «
intelligence » les qualités intellectuelles propres.
Bien avant Darwin et sa théorie de l'évolution, Voltaire remet donc
totalement en question le dogme abrahamique consistant à affirmer que
l'espèce humaine, en son intégralité, vient d'un seul couple originel (Adam et
Eve) créé par Jéhovah, mais considère, au contraire, que l'humanité – à la
manière de toutes les autres espèces animales –, est issue de différentes
branches distinctes qui ont évolué de manière multiple, en lien étroit avec la
géographie et leur hérédité physique particulière (c'est ce que défend aussi
Montesquieu, qui prétend, dans son Esprit des lois, que les cultures humaines
se constituent différemment selon le climat et la géographie où elles
s'épanouissent).
Il s'agit pour Voltaire de promouvoir l'idée que les hommes, blancs ou
noirs, chinois ou autres, sont eux-aussi des animaux parmi tant d'autres (et
que les animaux non-humains ont eux-aussi une âme), « animaux humains »
qui ont pour principal devoir – le devoir d'« humanité », et qu'il n'y a pas une
« humanité » élue par rapport à une autre « humanité » déchue – et destinée à
être l'esclave d'une autre ; en effet, la justification « morale » de l'esclavage
négrier par les chrétiens blancs se basaient sur une interprétation de la Bible
(reprise par le Ku Klux Klan), selon quoi les hommes noirs étaient
descendants de Cham, dont le fils fut maudit par Noé et que, ce faisant, les
hommes noirs ne méritaient aucune compassion ni respect, leur destinée étant
d'être maudits à jamais, d'être esclaves ou toujours subordonnés aux hommes
blancs chrétiens qui, eux, sont les descendants de Japhet.
Il écrit aussi :
— Essais sur les Mœurs, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. 6-De
l’Arabie et de Mahomet, p. 231.
Il faut cependant noter que cette détestation s'oriente sur les Hébreux de
l'Ancien Testament, et non sur les Juifs en général. Il n'y a absolument
aucune preuve que Voltaire ait détesté les Juifs. On a d'ailleurs une preuve de
sa main, dans une lettre à M. Pinto, juif portugais, du 21 juillet 1762 :
Les lignes dont vous vous plaignez, monsieur, sont violentes et injustes.
Il y a parmi vous des hommes très instruits et très respectables ; votre lettre
m’en convainc assez. J’aurai soin de faire un carton dans la nouvelle édition.
Quand on a un tort, il faut le réparer ; et j’ai eu tort d’attribuer à toute une
nation les vices de plusieurs particuliers.
Je vous dirai, en toute franchise, que bien des gens ne peuvent souffrir ni
vos lois, ni vos livres, ni vos superstitions. Ils disent que votre nation s’est
fait de tout temps beaucoup de mal à elle-même, et en a fait au genre humain.
Si vous êtes philosophe comme vous paraissez l’être, vous pensez comme ces
messieurs, mais vous ne le direz pas. La superstition est le plus abominable
fléau de la terre ; c’est elle qui, de tous les temps, a fait égorger tant de juifs
et tant de chrétiens ; c’est elle qui vous envoie encore au bûcher chez des
peuples d’ailleurs estimables. Il y a des aspects sous lesquels la nature
humaine est la nature infernale. On sécherait d’horreur si on la regardait
toujours par ces côtés ; mais les honnêtes gens, en passant par la Grève où
l’on roue, ordonnent à leur cocher d’aller vite, et vont se distraire à l’Opéra
du spectacle affreux qu’ils ont vu sur leur chemin.
Je pourrais disputer avec vous sur les sciences que vous attribuez aux
anciens Juifs, et vous montrer qu’ils n’en savaient pas plus que les Français
du temps de Chilpéric ; je pourrais vous faire convenir que le jargon d’une
petite province, mêlé de chaldéen, de phénicien et d’arabe, était une langue
indigente et aussi rude que notre ancien gaulois ; mais je vous fâcherais peut-
être, et vous me paraissez trop galant homme pour que je veuille vous
déplaire. Restez Juifs, puisque vous l’êtes ; vous n’égorgerez point quarante-
deux mille hommes pour n’avoir pas prononcé shiboleth, ni vingt-quatre
mille pour avoir couché avec des Madianites ; mais soyez philosophe, c’est
tout ce que je peux vous souhaiter de mieux dans cette courte vie.
J’ai l’honneur d’être monsieur, avec tous les sentiments qui vous sont
dus, votre très humble, etc.
VOLTAIRE, chrétien,
Mahomet (1741).
Après avoir estimé plus tard qu’il avait fait dans sa pièce Mahomet « un
peu plus méchant qu’il n’était », c’est dans la biographie de Mahomet rédigée
par Henri de Boulainvilliers que Voltaire puise et emprunte, selon René
Pomeau, « les traits qui révèlent en Mahomet le grand homme ». Dans son
Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations dans lequel il consacre, en
historien cette fois, plusieurs chapitres à l’islam, Voltaire « porte un jugement
presque entièrement favorable » sur Mahomet qu’il qualifie de « poète », de «
grand homme » qui a « changé la face d’une partie du monde », tout en
nuançant la sincérité de Mahomet qui imposa sa foi par « des fourberies
nécessaires ». Il considère que si « le législateur des musulmans, homme
puissant et terrible, établit ses dogmes par son courage et par ses armes », sa
religion devint cependant « indulgente et tolérante ».
Ses propos sur Mahomet lui valent d’ailleurs les foudres des jésuites et
notamment de l’abbé Claude-Adrien Nonnotte.
Ce qu'il ne faut donc pas perdre de vue, c'est que Voltaire admire le
Mahomet conquérant, réformateur et législateur, qu'il apprécie des
caractéristiques du dogme mais seulement quand il les compare à d'autres, et
qu'enfin il exècre l'Islam en tant que religion, et, dans les textes qui montrent
l'éloge à Mahomet, on lit aussi une dénonciation virulente de la barbarie, du
fanatisme, et de l'obscurantisme.
VOLTAIRE ET LE CHRISTIANISME
En 1765, Voltaire prend fait et cause pour la famille Sirven, dans une
affaire très similaire ; cette fois-ci il réussira à éviter la mort aux parents.
Cependant, bien qu’impressionné par la théologie des Quakers, et révolté par
le massacre de la Saint-Barthélemy (Voltaire était pris de malaises tous les 24
août), Voltaire n’a pas de sympathie particulière pour le protestantisme établi.
Dans sa lettre du 26 juillet 1769 à la duchesse de Choiseul, il dit bien crûment
: « Il y a dans le royaume des Francs environ trois cent mille fous qui sont
cruellement traités par d’autres fous depuis longtemps. »
VOLTAIRE ET L'HINDOUISME
Et dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (chapitre 4) :
« Si l’Inde, de qui toute la terre a besoin, et qui seule n’a besoin de
personne, doit être par cela même la contrée la plus anciennement policée,
elle doit conséquemment avoir eu la plus ancienne forme de religion. »
Dans ce même chapitre, Voltaire voit le peuple hindou comme étant «
un peuple simple et paisible » – « étonné » de voir des « hommes ardents »,
venus « des extrémités occidentales de la terre », s'entretuer mutuellement sur
le sous-continent indien – pour le piller et le convertir à leur religion
respective et ennemie : l'islam ou les différentes branches du christianisme.
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