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CLINIQUE JURIDIQUE
Juin 2010
1
SOMMAIRE
I. Résumé du rapport ……………………………………………………………….….…………… 05
2
VIII. Pertinence des cliniques juridiques ………………………..………………..…………… 31
8.1 Appréciations des autorités locales ……………….……………………………………….. 33
8.2 Appréciations des bénéficiaires …………….………………...……………………………. 34
3
Liste des sigles et acronymes
4
I. Résumé du rapport
Suite à la ratification par l’Etat Malagasy des instruments internationaux sur les droits humains, le
Ministère de la Justice, avec l’appui financier et technique du PNUD, a mis en œuvre la «promotion»
et la «protection» des droits humains par l’implantation de cinq cliniques juridiques, structures de
proximité, diffusant ces droits par la résolution des cas de violation de droits dans des zones enclavées
ou éloignées des services concernés pour la population nécessiteuse.
Le PNUD et le Ministère de la Justice ont fait appel à un consultant pour la réalisation de la mission
d’analyser les documents financiers relatifs à la gestion de ces cinq (5) cliniques juridiques et de
proposer des mécanismes de pérennisation de ces institutions. A l’effet de remplir cette mission,
l’étude a :
• établi un diagnostic de la situation des cliniques juridiques sur le plan institutionnel, technique,
financier et juridique ;
• caractérisé les principaux indicateurs des différentes charges par rapport à leurs activités de
diffusion de droits ;
• permis d’analyser la politique publique de l’Etat, son engagement vis-à-vis de son obligation
de diffusion et de promotion des droits humains ;
• dégagé la possibilité de viabilité des cliniques juridiques et les différents axes stratégiques
préconisés jusqu’à la prise en charge en totalité par l’Etat des coûts de leur fonctionnement.
La méthodologie adoptée a permis d’apprécier les aspects spécifiques des dépenses engagées, la
performance des approches développées par les agents et l’utilité des cliniques juridiques.
C’est de cette constatation faite que l’étude a abouti à la préconisation des démarches stratégiques à
suivre tendant à accroître le budget de fonctionnement alloué au Ministère de la Justice pour la
promotion et la diffusion des droits ainsi que les ressources financières des Collectivités territoriales
décentralisées, et recommandations de politique socioéconomique.
Ainsi le PNUD qui a financé intégralement les cliniques juridiques pendant la période
d’expérimentation, se retirera progressivement pour laisser la place à l’Etat partie dont les
Collectivités Territoriales Décentralisées (Régions et Communes d’implantation des cliniques
juridiques) et aux autres entités (partenaires techniques et financiers) : Organismes internationaux, ou
les parties de mise en œuvre (ONG ou associations gestionnaires des cliniques). A cet égard, l’étude a
également examiné les perspectives de mobilisation des ressources importantes en moyens humains et
financiers à travers les appuis internationaux.
Sur le plan institutionnel, la formule d’un service parapublic géré par une association ou une ONG est
gardée. Il faudrait toutefois préalablement, faire procéder à la classification de ces organisations
gestionnaires des cliniques comme des «associations d’utilité publique», qui facilitera le transfert
budgétaire public des finances publiques vers une institution associative.
Sur le plan financier, l’implication de l’Etat partie commencera par une première prise en charge
(2,92%) en 2011, avec des appuis de la «solidarité internationale», requêtes à adresser aux institutions
correspondantes. Les Collectivités territoriales décentralisées commenceront aussi à prévoir dans leurs
budgets respectifs les allocations à attribuer à «leurs» cliniques. Les associations ou ONG gérantes des
cliniques, feront aussi l’effort d’apporter leurs contributions. Pour tout cela des appuis conséquents
doivent être envisagés pour le développement de la capacité de toutes ces institutions à mener des
levées de fonds. La deuxième étape décisive serait l’année d’inversion des apports entre l’Etat partie
(et les collectivités territoriales) d’un côté et chaque institution d’appui technique et financier de
l’autre (2012). La capacité de l’Etat partie de prendre en charge plus de 50% des coûts financiers des 9
premières cliniques prioritaires est prévue en 2015. L’effort se poursuivra pour atteindre une prise en
charge en totalité en 2020 (12 cliniques juridiques).
5
II. Introduction
Différentes natures de violation de droits humains sont perpétrées dans la communauté tant au niveau
urbain qu’au niveau rural : conflits conjugaux, des cas de violence conjugale, viols, abus sexuels, des
cas de discriminations diverses à l’égard des femmes, cas d’infidélité, des abandons de la famille, vols,
crimes, coups et blessures volontaires, des cas de maltraitance d’enfants, des naissances non
déclarées1, des cas d’emploi rémunéré des enfants, des enfants non scolarisés, des cas de malnutrition,
abus de confiance, des litiges fonciers, des tapages nocturnes, des conflits de voisinage, des
licenciements abusifs, des travailleurs non déclarés…2
Malheureusement soit par méconnaissance des voies de recours soit par peur ou par honte, ces
situations sont tolérées ou restent impunies par la société ; ce qui pousse les victimes à se taire.
La discrimination à l’égard des femmes ainsi que les traitements malveillants vis-à-vis des enfants sont
les plus rencontrés. Ces pratiques proviennent notamment des coutumes et des pratiques
communautaires et traditionnelles relatives aux rôles, responsabilités, et identité des femmes et enfants
dans la société3
Le FNUAP a noté que des pratiques discriminatoires en matière de propriété foncière, de gestion des
biens et de succession perdurent4
Nombreux sont ceux de la population en zone rurale à avoir des difficultés pour accéder à des soins de
santé, en particulier aux soins obstétriques d’urgence de services de santé sexuelle et procréative, y
compris en matière de planification familiale, afin de prévenir les grossesses précoces et les
avortements clandestins.5
Les filles n’ont pas accès à tous les niveaux d’éducation par la discrimination, la pauvreté et les
conditions de vie dans les zones rurales.
Francis Zafindrandremitambahoaka MARSON a fait remarquer dans son étude que la polygamie, bien
qu’interdite par le Code pénal, persistait et était acceptée par des communautés à Madagascar6. En
outre, la violence du mari envers l’épouse est la raison principale du départ de la femme pour rentrer
chez ses parents chez les antanosy à Taolagnaro.7
1
Cité dans «Compilation établie par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, conformément au
paragraphe 15 b) de l’annexe à la résolution 5/1 du Conseil des droits de l’homme Madagascar».- Conseil des
droits de l’homme. Groupe de travail sur l’Examen périodique universel. Septième session, Genève, 8-19 février
2010.- §42.- p.10
2
Les types de litiges communautaires relevés par le Cabinet MCI dans son étude pour le compte du Ministère de
la Justice en août 2007 «La procédure de fanelanelam-pokontany . Procédure de conciliation», pp. 10-11, n’est
pas loin de cette liste que nous avions relevée auprès des cliniques juridiques.
3
Le même document du Conseil des droits de l’homme cité ci-dessus note «les pratiques culturelles et les
stéréotypes qui constituaient une discrimination à l’égard des femmes». § 1.20.- p. 7
4
Cité dans Conseil des droits de l’homme. Groupe de travail sur l’Examen périodique universel. Septième
session, Genève, 8-19 février 2010. § 1.21.- p. 7
5
Idem, § 7.53.- p.12.
6
MARSON F.Z.- «La mutation du droit du mariage dans la vallée du fleuve Matitanana, du droit coutumier au
droit d'inspiration musulmane».-Diplôme d'étude approfondie.- Université de Perpignan –
7
Le phénomène est dénommé «mihaika» chez les antanosy de Taolagnaro, d’après les données recueillies auprès
de la clinique de Taolagnaro. Une autre cérémonie traditionnelle, dénommé «mitaha» pouvant coûter au mari
récriminé un don d’une chèvre à deux zébus selon la gravité des récriminations avérées de sa femme, sera mise
en œuvre pour pouvoir ramener sa femme dans son ménage. Des maris démunis n’ayant pas assez de zébus
s’abstiennent de procéder au «mitaha», au détriment des intérêts supérieurs des enfants communs au couple.
6
Des cas d’exclusion de groupes persistent encore dans différentes régions, cas des groupes «antevolo»
dits aussi «antemanaza» dans les régions du sud-est de Madagascar (de Nosy Varika à Vohipeno)8.
Des cas moins connus de violation des droits ont été observés dans différentes localités. (annexe 3, page
50).
Vu, des fois, l’éloignement géographique relatif des lieux de résidence par rapport aux services publics
compétents, pour le règlement de litige, les voies de recours locales sont soit l’ampanjaka (chef
coutumier) ou le chef fokontany ou le raiamandreny (notable) qui n’ont probablement pas
suffisamment de connaissance ni sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ni sur les lois
et règlements en vigueur ni sur les conventions et traités internationaux ratifiés par Madagascar, non
plus. Des fois aussi, c’est à escient que la population se réfère à ces personnalités ou institutions
traditionnelles10.
Le système coutumier notamment les «Dina» n’est pas toujours en mesure d’assurer des solutions
équitables11. Le Dina est une convention mise en place par la communauté elle-même et dès qu’un
délit se présente, la population se réfère tout de suite au Dina et n’hésite pas à l’appliquer sans tenir
compte des lois en vigueur. Particulièrement, un dina dénommé «menazovo» est appliqué dans
certaines zones du sud-est de Madagascar. L’exécution capitale se fait au niveau de la communauté à
la suite d’un procès mené rapidement par les responsables de la communauté.12
8
«(…) les castes nobles sont les Anteony et les Antalaotra. Les roturiers sont les Onjatsy avant les Ampanabaka
et les autochtones. Puis des Andevo ou Velombazaha (des Kafirs) amenés par les immigrants arabes constituent
une autre caste». MARSON F.Z.- op.cit.
«Tout en bas de l'échelle sociale Temoro se trouvent les Antevolo, véritables «intouchables», que rien dans leur
aspect ne distingue des autres Temoro.» DESCHAMPS. H.- Les Malgaches du Sud-Est, 1959, p.48
9
Cité dans CAPDAM-Ecole du Service social. «Stratégie de communication contre l’exclusion des enfants
jumeaux de Mananjary». p.5.- L’Ampanjaka du Tranobe (le roi d’un clan antambahoaka) aura dit
littéralement, c’est du bouillon préparé avec de la chair de caïman : qui ose en mange. Adage utilisé pour dire
que celui qui ne veut pas respecter le tabou des jumeaux est libre de le faire, à ses risques et périls…».
10
Le Cabinet MCI a relevé dans son échantillon d’étude que les principaux recours au niveau communautaire
sont les chefs de fokontany (46,68 % des cas), les doyens du village (23,34 % des cas) sinon ce sont les
ampanjaka, les pasteurs ou prêtres… Les maires, les parents des parties en litige… ne sont des recours que pour
3,33 % des cas chacun. Voir Cabinet MCI.- Op.cit. p. 12
11
«16. Le Comité est préoccupé par l’existence d’un système coutumier d’administration de la justice (Dina), qui n’est pas
toujours en mesure d’assurer des procès équitables. Il regrette que des exécutions sommaires aient été perpétrées du fait de
décisions rendues par les Dina.»… «L’État partie devrait veiller au fonctionnement d’une justice équitable au niveau des
Dina sous le contrôle des juridictions étatiques. L’État partie est en outre invité à veiller à ce que les exécutions sommaires
perpétrées suite à des décisions rendues par les Dina ne se produisent plus et que tout accusé puisse bénéficier de l’ensemble
des garanties énoncées dans le Pacte.» voir CCPR/C/MDG/CO/3. COMITÉ DES DROITS DE L’HOMME. Quatre-vingt-
neuvième session. New York, 12-30 mars 2007.- Examen des rapports présentés par les états parties en application de
l'article 40 du Pacte. Observations finales du Comité des droits de l'homme. Madagascar. p.4
12
Article de TEHOLY Martin paru chez l’Express de Madagascar du 07-03-2007 dont voici un extrait : «Scène
macabre. Quatre personnes arrêtées pour vol de radio K7 ont été exécutées, dans la commune rurale de
Vohitrambo, dans le district de Vangaindrano, le week-end dernier. Cette peine de mort est due à l'application
d'un pacte villageois de sécurité baptisé "Dina menavozo", mis en vigueur depuis l'année dernière. Au sens
propre du terme, “menavozo” autorise la décapitation d'un délinquant ou d'un criminel, après délibération de la
collectivité locale…». Plus dur est la réaction de certaines personnes pour l’application de telle convention,
récemment encore : «(…) Tsy mbola nisy fitsarana notampenam-bava izany teo hatr@ izay (…)ka raha toa ka
madio tokoa io zalahy io dia tsy misy antony hampanahy ny fianakaviany fa raha toa ka meloka tokoa izy araka
ny fiampangana azy, ka ahitam-porofo tsy azo lavina , dia na izahay hamporisika ny fianakavian’ilay polisy
maty hampihatra ny dina «menavozo» @ fianakavian’i V(…) D(…) ka asaina manefa mbamin’ny ainy io
kambana @ ilay nahavanon-doza io (…)»(Trad libre : Il n’y avait jamais eu de justice sans que l’accusé n’ait
7
Dans les localités éloignées des centres de santé, les soins obstétriques et les soins des enfants sont
confiés à des matrones qui ont reçu une formation de base. Mais en cas de complications, les risques
de mortalité ne sont pas à écarter.
Ces violations de droits restent irrésolues au niveau communautaire, malgré les efforts consentis par
les pouvoirs publics, ceux du secteur associatif, ceux des religieux ainsi que l’aide de la «solidarité
internationale».
Sur la recommandation du Comité des Droits de l’homme, l’Etat partie a incorporé dans sa législation
nationale les conventions et protocoles relatifs aux droits de l’homme. Il s’est engagé volontairement,
par cette ratification, à promouvoir les droits de l’homme, en garantissant la jouissance effective des
droits de l’homme, le respect et la protection des libertés fondamentales contenues dans le document
de référence : la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Le Ministère de la Justice avec l’appui financier du PNUD a instauré des mécanismes de résolution de
ces conflits communautaires par la mise en place des maisons de protection de droits appelées
«cliniques juridiques» ou TRANO ARO ZO, permettant l’accès des plus pauvres et des plus
vulnérables à un mécanisme habilité par les services publics à résoudre leurs problèmes par le biais de
la conciliation ou d’une orientation assistée en vue de la saisine des services publics compétents.
Ce mécanisme est sensé apporter des solutions pacifiques, respectant les lois et règlements, équitable à
ces litiges communautaires pour la cohésion sociale et le «fihavanana».
Deux objectifs spécifiques ont été retenus dans les termes de référence :
droit à la parole (…) si ce jeune homme est net, sa famille n’a aucune crainte, mais s’il est prouvé qu’il est
coupable de ce forfait, nous incitons même la famille de ce policier à appliquer à la famille de V(…) D(…) le
dina menavozo,et l’on exécutera également le frère jumeau de ce coupable) site web http://www.madagascar-
tribune.com du samedi 16 mai 2009.
13
Rapport national présenté conformément au paragraphe 15A) de l’annexe à la résolution 5/1 du CDH –
Madagascar du 03.11.09, I,§ 5, page 4.
14
UNICEF cité dans Conseil des droits de l’homme. Groupe de travail sur l’Examen périodique universel.
Septième session. Genève, 8-19 février 2010.- Op.cit.- § 7.51.- p.12.
8
1. dégager les aspects spécifiques et ceux particulièrement sur les charges financières des
cliniques compte tenu des activités qu’elles ont menées ;
2. proposer au comité du projet une ou plusieurs stratégies possibles à mettre en œuvre pour la
pérennisation de ces cliniques juridiques.
• analysant les différentes charges des cliniques juridiques, selon les axes de dépenses relatives
à leur fonctionnement, à leurs activités ;
• proposant les stratégies et les mécanismes possibles de pérennisation de ces cliniques.
V. Méthodologie et Démarches
Au préalable, une consultation des documents de référence sur les cliniques a été réalisée, tels que les
conventions et traités internationaux ratifiés par Madagascar, textes relatifs à la mission et
l’organisation, les rapports financiers et d’activités, les rapports annuels… D’une part, ces documents
ont servi de base pour la conception des outils de collecte et l’identification des besoins d’information,
et d’autre part, ils vont alimenter les données à analyser, pour servir de base de comparaison.
Pour l’enrichissement de la recherche, des documents sur des projets similaires ont été consultés.
Des visites sur terrain ont été réalisées sur les cinq sites d’implantation.
Sur la base des outils conçus à cet effet, le diagnostic a permis d’apprécier l’état des infrastructures, les
mobiliers et matériels…, les caractéristiques des bénéficiaires des activités des cliniques.
Il s’agissait d’observer et de participer à certaines activités ; les buts ont été de vérifier les indicateurs
d’efficience, de cohérence de traitement d’un cas (l’accueil, le processus, le traitement…), de suggérer
des améliorations dans la gestion et la réalisation des tâches et des activités courantes.
La collecte des données a été réalisée par la consultation des documents comptables et journaux des
activités.
9
5.2 Interviews approfondies
Les résultats des entretiens avec une fiche préétablie, ont apporté un jugement sur les compétences des
agents des cliniques, sur l’organisation et les démarches développées pour les traitements des cas et de
diffusion des droits.
Les discussions avec les responsables locaux, les partenaires, dirigées avec un guide préétabli, ont
permis de collecter leurs attentes, leurs suggestions et leurs propositions d’apport pour la pérennisation
des cliniques.
5.2.2 Interviews
Pour l’appréciation du degré de satisfaction sur la qualité de service, des entretiens ont été effectuées
avec dix (10) individus par localité, bénéficiaires directs choisis au hasard à la sortie des Trano Aro
Zo, et bénéficiaires indirects rencontrés au passage.
L’indisponibilité des responsables locaux d’Antananarivo n’a pas permis de collecter leurs avis,
suggestions et propositions d’apport de la région et de la commune.
Par le problème politique entre le Maire et le pouvoir central, la commune de Manakara n’a pas été
représentée pendant les discussions de groupe réalisées.
La crise sociopolitique de l’année 2009, la suspension des subventions ont obligé les Trano Aro Zo à
n’assurer qu’un service minimum. De cette situation, la prise en compte des réalisations durant cette
année risquerait de biaiser les résultats des analyses. De ce fait, l’étude et l’analyse ont été axées sur
les réalisations durant l’année 2008.
Ainsi les données sur les cliniques juridiques de Manakara et de Farafangana dont l’année de
lancement a coïncidé avec cette période, n’ont pas été prises en compte dans cette étude.
15
Exemple : rame de papier achetée pour le compte des activités de conciliation imputée au compte de la gestion
de TAZ.
10
VI Présentation de la clinique juridique
Définition
Les cliniques juridiques sont des structures externalisées du Ministère de la Justice et mises en œuvre
par des associations, instaurées au niveau communautaire permettant l’accès des plus démunis et des
plus vulnérables à un mécanisme habilité à résoudre leurs problèmes par le biais de la conciliation,
mode alternatif de résolution de conflit, ou d’une orientation assistée en vue de la saisine des services
publics compétents.
Antananarivo
Mananjary
Manakara
Farafangana
Taolagnaro
Historique
11
6.1- Implantation
L’emplacement des cliniques juridiques, appelées Trano Aro Zo, a été étudié afin de faciliter
l’accessibilité des usagers : Andohatapenaka dans un quartier des nécessiteux, Taolagnaro en face de
l’hôpital Amboanato (dans un des quartiers les plus populeux), à Mananjary près du
Tranompokonolona à Bazaribe, à Manakara à Tanambao Ombimena (entre le quartier administratif de
Manakara Be et Maroalakely), à Fenoarivo (proche de la place du marché à Farafangana).
Elles sont reconnues par une plaque signalétique portant le Logo de TRANO ARO ZO.
L’implantation des cliniques a été un choix du Ministère de la Justice. Les situations sur le terrain et
les préoccupations du Comité de Droits de l’Homme (notamment le CEDAW ou Comité pour
l'Elimination de toutes les formes de la Discrimination à l'égard des femmes, le Comité pour les Droits
de l’Enfant, le Comité pour l'Elimination de la Discrimination Raciale) ont été tenues en compte.
Particulièrement, ces localités présentent aussi des cas où les us et coutumes et certaines traditions sont
en contradiction apparente par rapport aux Droits de l’Homme.
Le Conseil de Développement d’Andohatapenaka, abritant la Trano Aro Zo, a été choisi par son
implantation dans un quartier populeux, situé dans la périphérie de la ville d’Antananarivo.
L’emplacement est particulièrement pertinent, dans une communauté où les cas de violation de droits
sont accrus. Les différents services déjà fonctionnels au sein de ce centre permettent par ailleurs de
protéger les victimes de représailles éventuelles. En effet, avec l’affluence des gens qui se rendent
dans ce centre, personne ne peut savoir lorsqu’ils se rendent à la clinique.
La Région de l’Anosy dont le Chef lieu est Taolagnaro se trouve parmi les régions les plus
vulnérables. L’installation de Rio Tinto (Quit Madagascar Minerals) qui commence l’exploitation de
l’ilménite, a renforcé la vulnérabilité de cette zone, pôle d’attraction de nouveaux migrants, attirés par
les nouveaux emplois. Taolagnaro est aussi un pôle touristique renommé par sa Baie de Libanona, le
surf, la végétation luxuriante endémique… Par ailleurs, depuis 1991, l’exploitation du saphir
d’Andranondambo, situé à 6 heures de jonction par voiture 4 x 4 de Taolagnaro, a drainé des milliers
d’exploitants et démarcheurs. Très riches, ces derniers se permettent souvent de venir à Taolagnaro,
jusqu’à susciter le développement d’une prostitution précoce des jeunes filles au niveau de cette ville.
12
Qualifiée d’être parmi les régions les moins avancées, Vatovavy Fito Vinagny fait partie des zones de
concentration des interventions du PNUD (cadre de partenariat entre l’Etat Malagasy et le PNUD
signé dans le Plan d'Action du Programme Pays 2007-2011)16.
La localité de Farafangana a été aussi retenue vu la similarité relative des situations sociales de Atsimo
Atsinanana (pays antesaka) avec Vatovavy Fitovinany (pays antambahoaka et antemoro).
Carte n° 2 : les lieux de résidence les plus lointains des personnes demandant service à la
clinique de Manakara
Echelle
0km 50km
(D’après un fond de carte tiré de googleearth)
16
PNUD.- Plan d’action du Programme Pays entre le Gouvernement de Madagascar et le Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD) 2008-2011.- MYE Ed.- Janv 2008.- p.7
13
Carte n 3 : Situation géographique de la clinique juridique de Taolagnaro par rapport aux zones de résidence
Place du
marché
LEGENDE
Echelle approximative
0 1 km
14
Carte n° 4 : Situation géographique de la clinique juridique de Mananjary par rapport aux différents
quartiers de la ville
AMBATOLAMBO ANDOVOSIRA
MAROFINARITRA
ANOSINAKOHO
TANAMBAO
ANKADIRANO
TAZ MANANJARY
ANALANJAVIDY
N
AMPASIMANDRORONA
FANGATO
MAHATSINJO
MASINDRANO
15
6.3- Choix des ONG
La démarche est innovante dans sa formule : une délégation de service, sous contrat, faite par le
Ministère de la Justice à une association régie par l’ordonnance 60-133 du 03 octobre 1960.
Des critères ont été pré établis pour le choix des ONG ou associations de mise en œuvre, notamment :
Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé dans les media. Des propositions ont été soumises.
Ainsi, les «obligations» de l'Etat partie et les propositions «acceptables» se sont rejointes pour
déterminer ces 3 organisations sur leurs sites :
Pour le deuxième lancement en 2008, seule Fiantso a été l’organisation ayant rempli au mieux les
critères définis sur les sites de Manakara et Farafangana. La gestion des cliniques sur ces sites lui a été
attribuée par le Comité de sélection.
La stratégie développée entre dans le cadre de partenariat public société civile pour une meilleure
efficacité17.
Un contrat de délégation de service est signé entre le Ministère de la Justice et une organisation de la
société civile locale chargée de la mise en œuvre du projet. Un plan de travail annuel est développé, et
le contrat est basé sur une obligation de résultats.
Les cliniques juridiques sont sous la tutelle administrative du Ministère de la Justice qui assure le
contrôle de légalité des actes. La supervision est assurée par les ONG ou associations, chargées de la
mise en œuvre.
Le contrôle de légalité des actes des Trano Aro Zo est assuré par le Tribunal de Première Instance de
la localité d’implantation.
«Les Trano Aro Zo» sont des structures de mode alternatif de régulation des conflits dans les localités
d’implantation. Les actions de diffusion des droits, les consultations légales et les services de
médiation, permettant aux habitants de participer à la résolution de leurs problèmes pour trouver la
solution qui leur convient le mieux, constituent leurs principales missions.
Cette diffusion des droits est une des expressions des obligations de l’Etat partie de promouvoir et de
protéger les droits humains.
17
Nombreuses sont les données ayant motivé cette formule-ci. Particulièrement, Madagascar dans le cadre de
son redressement économique et budgétaire a encore opté pour un gel des dépenses publiques notamment le
recrutement des fonctionnaires. Par ailleurs des agents relevant d’une association ou d’une ONG sont considérés
a priori, comme mieux placés pour des questions communautaires, dont les aspects sociologiques pourraient
échapper à des fonctionnaires non natifs, non connaisseurs des us et coutumes encore vivaces.
16
Le mode opératoire de mise en œuvre est pour le moment au nombre de deux :
Certaines cliniques comme celles de Manakara et de Farafangana se sont également impliquées dans
des actions de diffusion de droits en milieu carcéral.
Les cliniques juridiques sont constituées de deux organes interdépendants : l’équipe chargée de
l’administration et celle chargée des conciliations des conflits et de la diffusion des droits.
Chaque clinique dispose d’un compte bancaire pour ses fonds, compte qui est géré en double signature
obligatoire par le Coordonnateur d’activités et le responsable financier de la clinique ; ces agents ont
été proposés par l’association ou l’ONG qui a donné pouvoir de signature à ces deux personnes.
Toutes les correspondances sont enregistrées dans un cahier de départ et d’arrivée. Les dossiers sont
également enregistrés et classés chronologiquement par rubrique pour faciliter leur consultation.
Chaque clinique est ainsi administrée par un coordonnateur assisté d’un responsable administratif et
financier, d’un développeur d’activités et d’un superviseur de para-juristes.
Des para-juristes, dont le nombre varie entre 8 et 10 selon les sites, assurent toutes les activités de
conciliation et de diffusion des droits.
Les agents qui sont sous contrat de consultance, perçoivent des rémunérations mensuelles après
certification de service fait et jouissent des droits de congé, de permission d’absence, de repos de
maladie
Un Coordonnateur propose les stratégies de la méthode de mise en œuvre sur le terrain, stratégies
adaptées à son public, la planification, l’exécution et le suivi des activités de diffusion de droit au sein
de la clinique. Il assure aussi les relations publiques avec les autres institutions locales ou nationales.
17
Un Superviseur des para-juristes assure l’encadrement et l’appui nécessaire sur les activités de
diffusion de droit, (écoute, prise en charge des personnes en quête d’assistance sur des problèmes liés
aux droits humains18). Il est également chargé de la correction des qualifications des cas présentés,
celle des droits et des lois à prendre en compte pour la bonne gestion des dossiers traités au niveau de
la clinique
Un Responsable administratif et financier est chargé de la tenue des comptes et des documents
financiers et comptables, de l’application de toutes les démarches financières et administratives dans
l’exécution de la mission de la TAZ, selon les procédures requises.
Huit à dix para-juristes sont chargés de l’accueil, de l’écoute, de la prise en charge des personnes en
quête d’assistance sur des problèmes liés aux droits humains, de la conciliation des litiges, et des
activités d’information et d’éducation liées à la diffusion des droits19.
Coordonnateur
Para-juristes
Les candidats, sélectionnés par l’ONG, parmi ses membres ou parmi les postulants ayant répondu aux
profils prédéfinis, suite à l’appel d’offre ouvert, suivent une formation initiale dirigée par le Ministère
de la Justice. Ils sont sélectionnés par l’association, chargée de la mise en œuvre sur la base de leurs
compétences, leurs connaissances du milieu, leur maîtrise du parler local et leur réactivité par rapport
aux situations présentées. Lors des formations initiales, des cas de plaintes ont été simulés en
traitement : comment réagissent les candidats devant ces cas simulés ? Ont-ils les réflexes requis, les
attitudes adéquates, les bonnes références ?
18
L’appui des personnes les plus démunies dans des démarches et des procédures sont souvent des conseils, des
orientations. Toutefois, certaines personnes se présentent comme étant non seulement démunies financièrement,
mais aussi sans famille proche ni famille élargie. Dans ces cas rares, la clinique peut prendre en charge, à la
demande de l’intéressé, certaines dépenses financières pour que cette personne puisse jouir de ses droits.
19
Y compris la recherche et remise des convocations pour les «parties mises en cause» dans un conflit. Des fois,
il a fallu qu’ils y reviennent à trois fois, pour pouvoir remettre les convocations (absence des intéressés, flou
dans les adresses… Les cases et maison d’une ville comme Taolagnaro ne comportent même pas de numéro de
logement pour être sûr que telle personne réside effectivement dans telle maison). Les collaborations avec les
chefs de fokontany sont de mise et essentielles.
18
A l’issue de la formation, les candidats retenus après le test sont proposés par l’ONG au Ministère de
la Justice pour le recrutement.
Il importe de rappeler les conditions de recrutement des agents de la clinique :
- niveau d’étude niveau Bac minimum,
- parle et comprend le dialecte local,
- résident de la localité d’implantation,
- sens de relations humaines
Les Trano Aro Zo sont ouvertes au public du lundi au vendredi à partir de 8 à 12 heures, et de 14 à 17
heures pour l’après midi.
Les conciliations des litiges se déroulent toujours dans le local des Trano Aro Zo.
Les activités ludiques, les actions d’information, d’éducation et de diffusion de droits, se déroulent en
plein air dans les quartiers (place publique…) ou en salle selon la méthode d’approche (travaux dans
des établissements scolaires…).
Au préalable il importe de rapporter que les Trano Aro Zo ne traitent que des infractions et les cas
qualifiés de délit «mineur». A noter également que les cliniques ne traitent pas les cas déjà en instance
judiciaire.
Tous les dossiers enregistrés dans les cliniques juridiques sont traités ; ils sont soit «conciliés» ou «non
conciliés» ou encore «orientés». Très rares sont les cas classés «sans suite».
Lecture à haute voix des dispositions des traités internationaux ratifiés par Madagascar et les lois
internes correspondantes qui protègent les victimes et qui sanctionnent les initiateurs d’infractions ou
délits. (à l’intention de la partie plaignante et de la «partie mise en cause»).
L’accueil :
19
- Contrôle d’identité (au moment opportun)
- Ecoute de l’exposé de la raison de la visite du plaignant
Question obligatoire sur les attentes effectives du plaignant.
Appréciation du cas s’il est du type «conciliable» ou non, par les agents.
Non conciliable : les agents conseillent et orientent les plaignants vers les instances compétentes. A la
demande des intéressés, les agents les accompagnent dans les démarches administratives.
Conciliable : acceptation volontaire des plaignants de recourir à un arrangement à l’amiable, après
exposé des avantages et inconvénients d’engagement de procédure de saisine des instances judiciaires,
ouverture d’un dossier.
Agencement de la conciliation (date, heures…)
Conduite de la Conciliation
Procédure :
- La rapidité des actions de conciliation dépendent souvent de la disponibilité temporelle des parties
en conflit pour la séance de conciliation. Souvent, la partie plaignante attend déjà dans un vestibule
au moment de l’écoute de la partie mise en cause. La séance de conciliation se fait tout de suite si la
possibilité se présente
- Confrontation et audition des parties en conflit se déroulent dans une salle isolée
- Neutralité des agents
- Toujours en binôme genré
- Respect des règles de conciliation (donner la parole aux deux parties, se focaliser sur les points de
convergence, écouter attentivement, reformuler les propos pour faire entendre et comprendre, et
clarifier les questions, appliquer la technique d’approche positive…)
- Position des parties en conflit à chaque extrémité de la table, séparées par les deux agents afin
d’éviter d’éventuels affrontements corporels
- Un procès verbal est dressé à tous les cas conciliés, signé par les parties, par les agents et visé par le
chef fokontany de l’une ou de l’autre partie
- Relecture des dispositions des traités internationaux ratifiés par Madagascar et les lois internes
correspondantes qui protègent les victimes et qui sanctionnent les initiateurs d’infractions ou délits.
Démarche :
Remise en main propre d’une convocation à la personne mise en cause par les agents, par
l’intermédiaire du chef fokontany de la localité de sa résidence ou par la police ou la gendarmerie en
cas de refus de comparaître.
Acceptation de comparaître :
Prise en connaissance des propositions acceptables de la personne plaignante (préalable)
Exposé par les agents conciliateurs des motifs de la convocation et lecture des lois faisant référence
aux sanctions relatives aux actes commis (diffusion des droits),
20
Organisation pour la confrontation
Conduite de la confrontation des parties selon les règles de la conciliation inscrites dans le manuel de
procédures.
Etablissement du procès verbal suivant les procédures prescrites. Procès verbal de conciliation ou
procès verbal de non conciliation ou encore procès verbal de carence selon les cas.
Clôture de dossier par lecture et acceptation du procès verbal par les parties (se terminant souvent par
une poignée de main ou par des embrassades).
Tentative de conciliation échouée : clôture et classement dans les dossiers non conciliés au sein de la
clinique.
Conseil aux parties d’engager la saisine des autorités compétentes. Appui et accompagnement, à la
demande de l’une ou l’autre partie, sur la suite à donner.
Diffusion de droits
La spécificité du public ciblé par les cliniques fait qu’un nombre important de gens de la communauté,
demandant service à la clinique, ne sait pas lire. Les explications données de vive voix sur les droits et
les lois en vigueur permettent aux gens de connaître leurs droits et ceux des autres. La référence aux
droits dans les traités internationaux ratifiés par Madagascar et dans les lois internes sera faite mais il
faut systématiquement en faire une lecture à haute voix aussi bien pour la «partie plaignante» que pour
la «partie mise en cause». C’est cette séquence que l’on appelle «séquence de diffusion des droits».
Les négociations des modalités de mise en œuvre des résolutions sont définies avec les deux parties :
calendrier de mise en œuvre, modalités pratiques des échanges entre les deux parties avec ou sans la
facilitation de la clinique.
Selon les cas, le processus de conciliation peut s’étendre de 2 jours à une semaine.
La conduite de relance des négociations, la recherche d’issues consensuelles et volontaires sont basées,
selon les cas, sur :
les droits fondamentaux, notamment ceux qui sont inscrits dans la déclaration des droits de
l’homme ;
l’intérêt supérieur de l’enfant ;
les droits de la femme qui peuvent être dans les lois internes ou encore dans les traités ratifiés
par Madagascar ;
les différents problèmes d’accessibilité au recours d’engagement de procédure de saisine des
autorités compétentes sur le cas… (financièrement, le temps de traitement et les mobilisations
y afférentes, les issues probables au vu des dispositions de la loi concernant le cas… : amende,
emprisonnement).
21
Schéma.2 - Les différentes étapes de la méthodologie d’approche des cliniques juridiques
Bilan
Appui/accompagnement
éventuels
Accueil
Le type d’activités ludiques n’a pas de standard prédéfini ; il appartient aux agents de choisir celui qui
correspond aux spécificités de leur région, de leurs publics. Dans tous les cas, certains principes sont à
respecter : la prise en compte du contexte et l’«approche de découverte».
Actuellement, les conditions de vie ne permettent pas à la population, surtout celle dite nécessiteuse,
de bénéficier de loisirs à cause de la pauvreté et du manque de temps presque occupé par le travail. Par
conséquent, la plupart de ces gens-là ont peu de possibilité de s’informer et de jouir de nouveaux
divertissements «éducatifs». Généralement, seules les séances de divertissement gratuites dans leur
quartier les intéressent, quelle qu’en soit la qualité.
L’approche :
Généralement aussi, le plus souvent, la «mobilisation communautaire» la plus usitée pour les
campagnes de sensibilisation sociale se présente sous forme de réunions de groupes, d’émissions de
messages par supports interposés, notamment des émissions radiophoniques et télévisées. Toutefois,
l’efficacité de ces supports n’est pas vérifiable. Par ailleurs, les remarques sur les terrains ont montré
que la plupart de la population des quartiers nécessiteux préfère plutôt écouter des morceaux de
musique ou regarder les clips musicaux. Les prix devenus «abordables» et la multitude de l’offre des
appareils audio-visuels de toutes les marques favorisent l’acquisition des radios-cassettes, lecteurs de
22
CD/VCD et télévision. Mais leurs propriétaires sont plus enclins à utiliser la partie «cassette» ou
«CD» que celle «radio». Dans les taxis-brousses et les quartiers, les auditeurs «zappent» dès que des
programmes qualifiés de «bavardages» ou «bla bla» sont émises. Autrement dit les discussions
pouvant être enrichissantes dans les radios n’attirent pas les auditeurs.
Outre l’utilisation des radios et de la télévision (avec leurs avantages et leurs limites), sont également
«classiques» les banderoles, les affiches et affichettes, les panneaux fixes (payants ou non), les
distributions de prospectus, les messages sur support tee-shirts, lambaoany (paréos) ou autres
casquettes…
Sans négliger ces supports, le projet du Ministère de la Justice voudrait apporter une diffusion
«innovante». Ainsi, la mobilisation communautaire dans les quartiers nécessiteux pour la diffusion des
droits passent par des activités ludiques, par exemple des projections de films20, des séances
d’apprentissage de prise de clichés photographiques21, la confection de marionnettes et le montage
d’une pièce théâtrale, des concours de création de chants folkloriques et leur représentation22…).
La projection d’un film est suivie de débats organisés sur une thématique relative aux droits humains,
à partir de séquences vues dans le film. Les références aux textes fondamentaux et aux lois
correspondantes font office d’information et de diffusion de droit. Selon les films projetés, l’on peut
découvrir et discuter sur :
20
Bien sûr que les cliniques peuvent choisir des films parmi les productions malgaches qui ces dernières années
ont fait un bond significatif. Citons d’ailleurs la série «Ikala Jeanine» «Ikala Jeanine II» de Vision Production,
utilisée par les cliniques juridiques pour des visionnements et débats organisés sur les conditions de vie d’une
jeune fille travaillant comme personnel de maison mais victime de maltraitance…Mais le Ministère de la Justice
dans le cadre de ce projet a aussi produit des films de fiction pédagogiques («Aina», «Fandrika», «Sedra») avec
lesquels l’on peut aborder les thèmes de la maltraitance, le viol, détournement de mineures, les violences
conjugales, les enquêtes préliminaires d’officiers de police judiciaire, le tribunal et ses acteurs principaux (la
présidente du tribunal, le procureur de la République, le greffier, les avocats de la défense, le procès équitable, la
décision de justice…
21
En fait, dans l’approche, la manipulation de l’appareil photographique et la prise initiale de clichés ne sont que
des portes d’entrée. Avec des personnes qui n’ont jamais pris en main un appareil de ce genre, la curiosité est
suscitée. Mais dès les premiers clichés, l’on peut très rapidement faire le lien entre une photo 4 x 4 et la carte
d’identité nationale, la nécessité d’avoir un acte d’état civil de naissance, les bénéfices de ces papiers pour
chacune des personnes, les démarches administratives pour en avoir…Autrement, des reportages photos sur des
cas possibles de violation des droits peuvent être entrepris avec les participants. C’est ce qui a été fait à
Mananjary avec le travail rémunéré des enfants, les enfants non scolarisés…, les dépôts d’ordure en ville, etc…
22
Plus élaborées sont ces activités-là. Il y va vers l’exercice de création (scenarii, le montage avec les échanges
verbalisés, le développement du gestuel et des mimiques du visage, la maîtrise de l’espace de la scène…). Mais
la formule de théâtre forum peut être adoptée pour passer de spectateur «consommateur» à spectateur prenant la
place d’un personnage à la suite d’une discussion sur la pièce jouée. Il aurait réagi autrement : comment ?
pourquoi ? Et si l’on rejoue la séquence sur scène et vous allez jouer à la place de l’acteur initial ?...
23
6.7 Etat des lieux
Tout le personnel a reçu des formations appropriées23 à la mission des cliniques juridiques en plus de
leurs expériences répondant aux critères de sélection de recrutement.
Le financement des cliniques juridiques est le résultat du protocole d’accord entre l’Etat, représenté
par le Ministère des Finances et du Budget et le PNUD.
Par ce protocole d’accord, le PNUD a accepté de financer le fonctionnement des cliniques juridiques
durant la période d’expérimentation ; il a été envisagé que le PNUD se retirera progressivement
jusqu’à la prise en charge totale par l’Etat partie du financement de leur fonctionnement.
La gestion axée sur les résultats est appliquée pour la budgétisation des activités des cliniques.
Un programme de travail annuel (PTA) budgétisé est dressé par les cliniques au début de chaque
année d’exercice.
Le Programme Technique Annuel est adopté en conférence budgétaire avec le bailleur, le Ministère de
la Justice et les associations.
La mise en place d’un système de comptabilité et de mécanisme de contrôle, suivant les procédures du
PNUD applicables à l’exécution nationale et aux dispositions du document du projet, assure
l’exactitude et la fiabilité des opérations et des données financières ainsi que des rapports du projet.
Toutes les opérations effectuées sont justifiées par des pièces, exigées par les procédures, et sont
enregistrées dans :
23
Une formation initiale a été menée notamment sur l’application pratique de l’écoute active des parties,
l’utilisation des outils, la rédaction des procès-verbaux, la conciliation, le conseil /orientation… Par la suite des
formations thématiques ont été entreprises à la demande des para-juristes des cliniques telles le thème du foncier.
24
Tableau.1 - Liste et valeur des matériels informatiques et audiovisuels
Articles Quantité P.U. Valeur
Ordinateur complet 2 2,575,900.00 5,151,800.00
Scaner 2 280,000.00 560,000.00
Imprimante HP Laserjet P1500 2 320,000.00 640,000.00
Onduleur PROLINK 2 85,000.00 170,000.00
Poste Téléviseur Philips 55 cm + télécom. 1 478,800.00 478,800.00
Lecteur DVD Westpoint + télécom. 1 118,000.00 118,000.00
Vidéo projecteur Toshiba + télécom. 1 2,160,000.00 2,160,000.00
Appareil photo numérique Kodak V803 1 760,000.00 760,000.00
Mégaphone B26 1 139,000.00 139,000.00
Stabilisateur PACO 1 145,000.00 145,000.00
Poste Mobile Telma 1 14,000.00 14,000.00
Total 10,336,600.00
La gestion des stocks et immobilisation est dictée suivant les normes et procédures applicables aux
projets financés par le PNUD.
Par contre les matériels informatiques sont insuffisants et en mauvais état. Cette rapide dégradation est
due au taux d’élévation de l’humidité dans les régions littorales. Lors de mon passage quelques uns
sont déjà hors d’usage.
Les collectes et analyses des données ont été réalisées par consultation des documents comptables
(grand livre, journaux de banque et de caisse ainsi que rapports financiers annuels).
Les dépenses engagées sont divergentes par clinique suivant le nombre d’activités réalisées et les prix
différents d’un même produit d’une localité à une autre (les dépenses engagées en annexe 4, page 58).
25
Un constat s’impose immédiatement : la nature des dépenses porte essentiellement sur le
fonctionnement de la clinique juridique.
Les coûts ont été calculés à partir des données des cliniques d’Andohatapenaka (Antananarivo), de
Taolagnaro et de Mananjary durant l’année 2008 pour l’effectivité des activités réalisées.
Quant aux mobiliers, la dotation aux amortissements a été calculée avec un taux linéaire de 10 %
pendant une période de dix ans.
Par rapport aux subventions allouées (50,000,000 ar.), on peut dire que les charges réalisées respectent
les lignes budgétaires prescrites. Le graphique.1 argumente cette analyse.
Graphique.1 - Variation des charges réalisées par rapport aux budgets alloués
50,000,000.00
40,000,000.00
subventions
30,000,000.00
Antananarivo
20,000,000.00 Taolagnaro
10,000,000.00 Mananjary
0.00
réalisations
26
Source : documents comptables
Les 80 % des coûts de fonctionnement des cliniques juridiques affectés aux rétributions des agents
conciliateurs traduisent l’importance des ressources humaines notamment les contacts humains de ces
agents conciliateurs pour les résultats positifs obtenus (travaux en binôme genré pour les accueils, les
séances d’écoute active des «plaignants» et des «parties mises en cause», les échanges et les diffusions
interpersonnelles des droits et adaptées à l’usager présent dans la variante dialectale de la zone
d’implantation, tenant compte des us et coutumes souvent non écrits nulle part, sans exclusion aucune
de nationalité, de résidence, de sexe, de conditions sociales, de religion pour ceux qui en ont ou encore
pour ceux qui n’en ont pas, d’opinions, d’orientation, d’état de santé, etc …).
En moyenne, le fonctionnement d’une clinique coûte annuellement quarante trois millions cent quatre
vingt onze mille huit cent quarante neuf ariary (43 191 849) en se référant au tableau.3.
Suivant les données de ce tableau, les coûts moyens par activité et par personne ciblée se présentent
comme ci-après :
Le graphique 1 montre que les réalisations en dépenses n’ont pas excédé les subventions allouées.
Ce niveau de dépenses en deçà des subventions allouées est justifié par la différence entre le volume
de salaires prévisionnels et le paiement effectué.
Projection des charges par actualisation des coûts avec le taux d’inflation et avec un effectif de 10
para-juristes :
27
Par l’actualisation des coûts avec un effectif de 10 para-juristes et une majoration de 10 % pour
inflation, le cas de TAZ Andohatapenaka pris comme indicateur pour ses dépenses élevées par rapport
aux deux autres (Taolagnaro et Mananjary), les charges se présenteront comme suit :
Salaires 45,684,000.00
Administration (majoré 10%) 3,460,205.00
Conciliation (+10%) 2,911,626.00
Activités ludiques (+10%) 1,437,238.00
Amortissement 3,029,650.00
Total 56,522,719.00
Pour l’optimisation des coûts, l’effectif des para-juristes sera en fonction de l’importance en volume
des cas traités en tenant compte du nombre de population de la localité d’implantation de chaque
clinique.
De cette observation on peut considérer que tous les para-juristes sont disponibles pour la réalisation
des conciliations. En tenant compte des réalisations exactes en conciliations, le nombre de cas traités
serait réduit.
Si tel est alors la situation, l’effectif des para-juristes est révisable suivant le volume et la fréquence
des cas traités.
Pour Antananarivo, la fréquence est en moyenne de 4 cas par jour pour cinq équipes, binômes. Si en
moyenne la durée de traitement est de trois jours, le nombre de 10 para-juristes est raisonnable. Par
contre pour les autres localités avec un taux moyen de 2 cas/jour de fréquentation, l’effectif sera de 8
para-juristes au maximum. Par cette hypothèse les subventions allouées à chaque Trano Aro Zo seront
différentes.
Exemple : par l’analyse, les dépenses seront optimisées par rapport aux subventions. Toutefois,
l’ajustement des subventions aux taux d’inflation annuel de 10 % serait de mise.
Les tribunaux de première instance et les cliniques juridiques sont des institutions complémentaires.
Sans la clinique juridique, supposant que les cas qui y ont été traités ont été référés au niveau du
tribunal, on peut imaginer le coût en temps du traitement de 1 000 dossiers annuels.
Aussi, pouvons-nous calculer le transfert financier du TPI vers les cliniques, si un dossier nécessite
pour le magistrat du TPI, une moyenne de 8 heures de travail (4 séances de 2 heures). Sur la base du
taux horaire d’intervention d’un magistrat de 4e grade stagiaire24, on peut estimer le transfert supposé
du TPI local et de la communauté vers la clinique juridique à un montant annuel de 64 250 960 Ar ou
$32 125,48.
24
Cf «Questionnaire sur l'indépendance de la justice. Madagascar». Site web de l’Association des Hautes
Juridictions de Cassation des pays ayant en partage l’usage du Français http://www.ahjucaf.org/spip.php?mot26
«En 2006, un Magistrat débutant 4ème grade stagiaire est rémunéré environ à 553.000 Ariary, soit environ à
221 Euros»
28
Tableau.4- Simulation de transfert financier du TPI vers les cliniques
2 008 en
Années 2006 2007 2 008 en Ar
USD
Pour le magistrat : Rémunération mensuelle Avec une augmentation annuelle de 8%
du magistrat 553 000 Ar 597 240 Ar 645 019 Ar $322,51
Rémunération horaire du magistrat (40h/sem) 3 456 Ar 3 733 Ar 4 031 Ar $2,02
Coût de traitement d'un cas 32 251 Ar $16,13
Coût de traitement de 1000 cas (A =) 32 250 960 Ar $16 125,48
Pour les parties en litige : Coût journalier d'un
2 000 Ar $1,00
travail en milieu communautaire
En tenant compte des dépenses engagées pour le lancement des cinq Trano Aro Zo, les coûts en
moyenne reviendraient environ à quinze millions cinq cent soixante dix neuf mille quatre cent trente
deux ariary (15 579 432), répartis comme suit :
Depuis 2008 à 2009, 5 390 cas ont été enregistrés dans les cliniques juridiques répartis par localité.
La nature des cas enregistrés est à peu près identique, la différence pour les régions d’Anosy, Vato
Vavy Fito Vinagny et Atsimo Atsinanana est due aux pratiques des us et coutumes. La variation
résulte du nombre de population par localité.
La crise sociopolitique de l’année 2009 s’est répercutée sur la fréquentation dans les cliniques. Les
cliniques ont assuré un service minimum, pour des raisons de sécurité et de suspension de déblocage
des fonds.
29
Les natures des cas traités
La consultation des journaux d’activités a permis de constater que la nature de violation de droits est
très variée et diverge parfois d’une région à une autre.(natures des cas traités en annexe 5, page 60)
Si chaque localité a sa spécificité, les conflits conjugaux sont communs pour l’ensemble et constituent
le plus grand nombre de cas traités.
Abandon de famille, réclamation de pension alimentaire, violence, adultère… sont les motifs des
plaintes déposées.
Litiges fonciers :
Les litiges fonciers sont parmi les cas les plus fréquents d’après les informations recueillies ; la
méconnaissance des droits et des démarches constituent les principaux motifs.
Droit de travail :
Licenciement abusif, non respect de contrat de travail, absence de contrat de travail sont les motifs des
plaintes.
En se référant aux statistiques à partir des données recueillies dans les cliniques, ces plaignants
proviennent probablement des catégories des femmes de ménage, employés de zones franches...
Conseil :
Par méconnaissance de leurs droits et devoirs, les usagers accourent vers les cliniques pour demander
des conseils.
Orientation et accompagnement :
Les usagers consultent les cliniques pour demander des informations et appui aux démarches
administratives.
Créance :
Les plaignants viennent pour demander aide et assistance pour le recouvrement de leurs biens.
Procédures :
Contrat bail :
L’absence de contrat écrit permet aux propriétaires d’augmenter abusivement les loyers.
30
Graphique.4 - Présentation des cas enregistrés dans les cliniques
40.0%
35.0% 33.5%
30.0%
25.0%
20.0% 17.3%
15.0%
9.8%
10.0%
5.0% 4.9% 4.4%
5.0% 3.0% 2.9% 2.6% 2.4% 2.2% 2.1%
2% 1.6% 1.4% 1.3% 1.3% 1.1% 0.5% 0.5% 0.5%
0.1%
0.0%
Source : données recueillies dans les journaux d’activités des Trano Aro Zo
Les femmes au foyer, ménagères, sont en général les victimes, si on se réfère à la graphique 5 et à la
catégorie professionnelle aux statistiques des plaignants par localité.
80 %
70 %
60 %
50 %
40 % Fé m i n in
30 % M a s c u l in
20 %
10 %
0%
La meilleure connaissance des réalités sociales et culturelles des plaignants permet facilement aux
agents conciliateurs de faire un lien entre leurs problèmes évoqués et leurs droits.
Proches des habitants du quartier qui viennent solliciter leur aide, la relation de proximité et de
confiance s’établit plus facilement entre les victimes et les para-juristes, constituant un vecteur majeur
d’appropriation des outils de l’action juridique et judiciaire par les plaignants et les présumés
initiateurs de délits.
31
Les Trano Aro Zo font désormais partie des lieux de recours connus25 par la population confrontée à
des problèmes de violation de droits.
La mise en place des cliniques juridiques en milieu communautaire apporte des solutions aux
problèmes des couches de la population les plus démunies et les plus vulnérables, notamment les
femmes et les enfants, aux cas de violation de droits qu’elles subissent (besoins d’informations,
besoins de résolution de ces cas, besoins d’appui, besoins d’orientation, besoins d’accompagnement).
Pour illustrer cette efficacité, le tableau.5 ci-dessous montre quelques exemples parmi tant d’autres des
résultats des cas traités dans les cliniques.
3 367 copies d’acte de naissance ont été délivrées (voir tableau.3) par jugement supplétif. Le
programme EKA (Ezaka Kopia ho an’ny Ankizy) sur la délivrance de ces jugements supplétifs
concerne surtout les zones rurales. Aussi, les cliniques ont opté pour des travaux là-dessus dans les
centres urbains d’implantation, vu le nombre conséquent d’enfants concernés. Toutefois, cette
réalisation entre dans le programme national de réhabilitation de l’enregistrement des naissances lancé
en juin 2004 (enregistrer rétroactivement environ 2,5 millions26 d’enfants âgés de moins de 18 ans et
assurer que les nouvelles naissances soient enregistrées à l’état civil dans le délai légal de 12 jours).
Au-delà des cas traités couramment (les réclamations d’obligations alimentaires, les refus de paiement
de gages et rétributions, les coups et blessures volontaires, les vols de rapines, les licenciements
abusifs,… la collaboration avec les Tribunaux de Première Instance et des mairies pour les délivrances
de jugements supplétifs de naissance), les cliniques ont commencé à traiter positivement des cas
«sociaux» plus délicats relatifs à des cérémonies coutumières dénaturées sur lesquelles des plaignants
et des plaignantes viennent demander résolution : les cérémonies coutumières du «mitangena27» chez
les antemoro, le «debaky28» chez les antefasy, le «mitaha» chez les antanosy après le «mihaika29»
d’une femme vers ses parents biologiques…
Les activités ludiques de diffusion de droits telles les projections de films30 suivies de «débats
éclairés» par un magistrat ou une personne ressource technique sont menées par les cliniques auprès
25
Dans l’étude préliminaire du Cabinet MCI, les recours les plus usités par les gens de la communauté sont : les
chefs de fokontany, les doyens des villages, les ampanjaka, les ecclésiastes… Ces personnalités ont été déjà
briefées sur les missions des cliniques. Ils «orientent» les plaignants vers les cliniques. Cf Cabinet MCI.-«La
procédure de fanelanelam-pokontany».Op.cit.- p.12
26
Estimation tirée de l’enquête MICS 2000.
27
Voir page 46, dans ce document
28
Est appelé «debaky» dans la région de Farafangana, l’abus de pouvoir exercé par des prêteurs après la mise en
gage de terrains, suite à des «difficultés passagères» (fahasahiranana). Le prêteur, requiert plus de 3 fois la
somme prêtée, pour pouvoir se saisir du terrain mis en «hypothèque»
29
Voir page 46, dans ce document
30
Des films en langue malagasy sont disponibles pour ce faire, produits par le projet : le film «Aina» notamment
sur le viol, la violence (psychologique et physique) à l’égard de la femme en milieu conjugal, les responsabilités,
32
des quartiers et des établissements scolaires. Elles sont jugées positives par leur attrait pour que ceux
qui y assistent découvrent, partagent leurs avis et vécus, donnent leurs opinions…pour être éclairés par
les connaissances techniques des personnes ressources (lois et règlements, procédures administratives,
références aux traités internationaux ratifiés par Madagascar…). Ce sont des activités d’information,
d’éducation et de prévention aux conflits. Elles permettent par ailleurs d’acquérir de nouvelles
compétences :
Les cliniques juridiques ont répondu aux attentes du Ministère de la Justice dans le cadre de la
promotion et la protection des droits humains, d’après les avis recueillis des présidents des Tribunaux
de Taolagnaro et de Mananjary.
Depuis leur opérationnalisation, les cliniques juridiques, selon les avis des responsables locaux
rencontrés, déchargent les Policiers, les Gendarmes et les Tribunaux déjà surchargés par des dossiers
nécessitant plus de temps d’investigation et de traitement, et relevant de leurs compétences.
La diffusion de droit réalisée par les cliniques juridiques réduit les actes de violence ainsi que les cas
de récidive.
L’étude montre que l’instauration des cliniques juridiques dans les quartiers des nécessiteux répond
aussi à la recommandation de la mise en place de structure de proximité pour la promotion et
protection des Droits Humains.
L’analyse présente que les cliniques juridiques, dans la réalisation de leur mission par la forme de
diffusion de droit et de résolution de litiges, révèlent la spécificité éducative, informative et
humanitaire.
Tous les témoins, partenaires, autorités locales et centrales, acteurs, soit directement au cours des
multiples réunions et échanges, soit indirectement à travers les comptes rendus et les rapports
existants, sont satisfaits et s’accordent sur l’impérieuse nécessité de pérenniser les cliniques.
Les autorités locales, Région, Commune, Tribunal de Première Instance, Gendarmerie, Police,
Fokontany, ont réaffirmé que la mission des cliniques relève de l’intérêt public, voire «humanitaire».
Propos recueillis : (listes de personnes rencontrées par localité en annexe 6, page 65)
les recours (clinique juridique et tribunaux), le film «Fandrika» sur des aspects de coutumes néfastes
(«moletry»), le viol par son propre conjoint, la traite de femme, la violence à l’égard de la femme, l’enquête
préliminaire d’un officier de police judiciaire, la recherche de preuves, le déferrement devant les tribunaux…»,
les films «Sedra», et «Ikala Jeanine I et II»…
33
- du Maire de Taolagnaro et de Farafangana : «tena afa-po ary vonona izahay hifanome tànana,
anisan’izany ny fanomezana trano sy jiro sy rano» (nous sommes très satisfaits et prêts à apporter
notre appui par l’octroi de local et l’électricité et l’eau).
- du DGAT de la Région de Vatovavy Fito Vinagny : «na dia mbola tsy tena fantatray aza izany
clinique juridique izany dia tsapanay fa ilaina ka ho entina eny anivon’ny filan-kevitry ny faritra izay
azo anampiana» (même si nous ne sommes pas encore au courant de l’existence des cliniques
juridiques, je constate actuellement l’importance d’une telle structure et soyez-en sûr que je vais
rapporter auprès des membres du conseil régional les éventuelles aides).
- de la Police de toutes les localités : «tena afa-po izahay fa nihena ireo fitoriana sy adiady madinika
tonga eny aminay izay tena mandany fotoana anay tokoa satria voalamina eny amin’ny Trano Aro
Zo» (nous sommes très satisfaits car les conflits qualifiés mineurs qui occupaient en partie notre travail
ont été réduits avec l’existence des cliniques juridiques).
Des changements de comportement ont été observés chez les usagers ayant déjà consulté les cliniques
lors des demandes de services caractérisées par l’aisance et la connaissance de leurs droits.
Propos recueillis auprès de quelques bénéficiaires et simples usagers : (questionnaires en annexe 7, page
66)
- bénéficiaires de toutes les localités visitées : «tena faly izahay fa tena manampy anay tokoa ny Trano
Aro Zo fa afaka ny olanay sady tsy nampiady fa vao maika aza nampihavana anay tamin’izay nanana
olana taminay. Nampahafantatra anay ny zonay sy ny tokony hataonay eo anivon’ny fiaraha-monina
koa izy» (nous sommes très contents car la TAZ nous aide beaucoup dans la résolution de nos
problèmes et nous a concilié avec la personne avec qui nous avons eu des conflits. La TAZ nous a
également appris nos droits et notre devoir envers la communauté).
- simples usagers : «tsara ny fisian’ny Trano Aro Zo fa tena nampihena ny ady sy ny halatralatra
madinika, ny fifamonoana sy ny korontana amin’ny alina eo anivon’ny fiaraha-monina» (la TAZ est
très bénéfique pour la communauté car elle réduit les délits mineurs, les coups et blessures et les
tapages nocturnes).
Au vu de ces divers propos recueillis et du nombre de cas traités dans ces 5 cliniques juridiques, on
peut dire que l’objectif est atteint. La cohérence entre les objectifs du projet et les réalités vécues sur
les terrains est évidente.
34
IX. Viabilité du Projet
Introduction
L’Etat partie, par ses obligations de la promotion, de protection et de rapportage des droits humains,
malgré la difficulté de mobilisation de ses ressources, dans sa politique économique, a orienté vers
l’accroissement de l’investissement du secteur public, notamment dans les secteurs prioritaires dont
fait partie la justice31. Le budget alloué a été affecté aux réhabilitations des infrastructures.
Par ailleurs, le Ministère de la Justice a exprimé la volonté de l’Etat par la réalisation d’une série de
formations initiales à destination des agents des cliniques juridiques pour la qualité des services
fournis.
Leur maintien et leur généralisation nécessitent une mobilisation des ressources financières
importantes. La résolution de la crise politique en cours remettra certainement une situation normale
qui ira vers la prise en charge totale de l’Etat de ce financement. La «solidarité internationale» peut
toutefois être sollicitée pour appuyer l’Etat.
Stratégies
Dans un premier temps l’Etat partie, par ses obligations, prend en charge en partie le fonctionnement,
en inscrivant dans le budget de fonctionnement du Ministère de la Justice des premières subventions à
allouer aux Trano Aro Zo.
L’inscription des subventions allouées aux associations, chargées de la mise en œuvre, entre dans le
cadre de la délégation de service effectuée par le Ministère de la Justice.
Ces subventions versées aux associations pour couvrir le fonctionnement des Trano Aro Zo sont
engendrées par l’exécution de la mission de la diffusion et la protection des droits humains, relevant
de la compétence directe du Ministère de la Justice32.
A cet effet, le transfert effectué correspond aux charges de fonctionnement indirect du Ministère de la
Justice.
Ces subventions seraient graduelles, augmentant d’année en année jusqu’à la prise en charge totale
(partage des coûts avec les collectivités territoriales décentralisées33, les associations et les partenaires
31
REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA.- Projet de loi n° 027/2007 du 25 octobre 2007portant loi de finances
pour 2008
32
PCOP.- chap.3Comptabilisation et évaluation des charges, section 1Charges de fonctionnement. 331-5 page
38.
33
Notamment les Régions et les Communes d’implantation.
35
techniques et financiers nationaux et internationaux). A terme, c’est à l’Etat de prendre en charge
l’ensemble des ressources (humaines, financières, matérielles…).
Les Collectivités territoriales décentralisées en tant que démembrements de l’Etat central, bénéficiaires
directs des services des cliniques, sont parmi les «obligataires» et par leur autonomie financière se
doivent d’apporter leurs contributions avec la concurrence du Ministère de la Justice. Le cas de la
Commune Urbaine de Mananjary servirait d’exemple pour la mise à disposition d’un local.
Lors des collectes des avis et opinions, les responsables des CTD, à l’exception de ceux de
Manakara34, ont exprimé leur accord de principe d’apporter leurs contributions.
Les apports des associations par des levées de fonds locales sont aussi sollicités. Des levées de fonds,
faisables par des organisations de la société civile, leur permettront de constituer ces apports.
Un préalable facilitateur permettra aux associations de bénéficier des subventions de l’Etat : les
associations chargées de la mise en œuvre, doivent être reconnues parmi la catégorie d’organisation
non gouvernementale qualifiée d’«association d’utilité publique» ou d’intérêt public35. Elles garderont
leur statut initial, associations régies par l’ordonnance 60-133 ou encore par la loi 96-030 du 14 août
1997 régissant les ONG.
La formule «Fondation», régie par la loi n° 2004-014 du 19 août 2004, ne semble pas adéquate car il
ne s’agit pas de créer une ou de nouvelles organisations. Il en est de même pour la création d’un
«établissement public» régi par la loi n° 98-031 du 20 janvier 1999.
La meilleure formule proposée est ainsi l’«association reconnue d’utilité publique» des associations
gérantes des cliniques juridiques.
34
Encore pris par le flou sur le pouvoir du maire élu et d’un Président de la Délégation Spéciale nommé par le
pouvoir central.
35
Cas de la Croix-Rouge Malagasy. Reconnue, association d’utilité publique, cette organisation régie par
l’ordonnance 60-133, est un «auxiliaire de l’Etat» et peut bénéficier de subventions, de mission de gestion de
dons de la part de l’Etat…
36
Tableau.6- Comparaison de ces trois statuts
Le Ministère de la Justice apporte la proposition d’inscription des subventions à allouer aux Trano Aro
Zo dans le projet de loi.
Pour l’adoption du projet de loi en séance plénière des parlementaires, des actions intenses de
plaidoyer et de lobbying seront sollicitées de la part de tous les acteurs concernés à tous les niveaux
(MinJus, CTD, usagers, associations…).
Dans le même ordre d’idées, pour l’implication effective de tous les acteurs, une série d’ateliers de
restitutions de cette étude sur la stratégie de pérennisation devrait être réalisée au niveau des régions et
communes d’implantation des cliniques.
37
La date de ces restitutions devrait tenir compte des sessions budgétaires des collectivités territoriales
décentralisées qui ont besoin d’inscrire cette ligne de subventions dans leur budget.
Faire voter le projet de loi par des actions intenses de plaidoyer de lobbying
auprès des parlementaires
Les Trano Aro Zo sont toujours sous la supervision technique du Ministère de la Justice, représenté
par le Tribunal de Première Instance de chaque localité d’implantation. Le contrôle de légalité des
actes incombe à ce Tribunal de Première Instance.
Par leur participation et pour leur proximité d’appartenance, les CTD auront droit de regard sur la
gestion et le fonctionnement des Trano Aro Zo et assureront le suivi et l’évaluation de leurs activités.
Les collectivités auront droit à des rapports d’activités et rapports financiers relatifs à leur
participation.
Les Organismes Internationaux, partenaires techniques et financiers, assureront de leur côté un suivi et
une évaluation de l’exécution budgétaire.
ONG/Association de mise
en œuvre
Trano Aro Zo
38
9.2.3-Organisation comptable
Une question toujours posée par les Organisations ayant des partenaires financiers multiples est la
suivante : quel est le plan comptable à utiliser ? Le Plan Comptable Général est logiquement et
légalement celui imposé par les textes. Il se trouve tout de même que les différents partenaires
financiers exigent chacun l’application de leur plan comptable. L’apport financier de l’Etat exigera
aussi l’utilisation du Plan Comptable des Opérations Publiques.
Il y a donc lieu d’initier une nouvelle recherche entre les partenaires techniques et l’Etat sur une
solution adéquate sur ce point. Sinon, les responsables financiers seront contraints (comme ils font
d’ailleurs actuellement) de jongler sur plusieurs normes «exigées». L’initiation de cette formule de
participation Etat-Collectivités Territoriales – secteur associatif est certainement l’occasion de mettre
en œuvre cette recherche pour aboutir à un consensus répondant aux critères des ONG/Associations de
mise en œuvre.
Pour la pratique, les subventions seront virées directement dans un sous-compte bancaire ouvert au
nom de l’association et de la clinique concernée. Tout décaissement doit faire l’objet d’une signature
conjointe des personnes habilitées de l’association et de la Trano Aro Zo.
Le Ministère de la Justice assurera le contrôle des exécutions du budget; la contre partie sera
l’obligation de résultats pour les Associations et de rendre compte au délégataire de service par des
rapports d’activités et de dépenses engagées.
Aussi la stratégie préconisée peut-elle être dans une première étape, un «partage des coûts» entre la
partie nationale et les institutions d’appui pour la promotion et la protection des droits de l’homme.
Etat,
Collectivités territoriales décentralisées (Commune, Région)
Agences du Système des Nations Unies,
Autres Organismes Internationaux,
Les Organisations de la Société Civile,
Les agences du Système des Nations Unies et autres Organismes Internationaux apporteront leurs
aides de l’ordre régressif jusqu’à la prise en charge totale de l’Etat partie.
L’Etat partie fera l’effort nécessaire pour graduellement augmenter ses apports. Dans le cas où les
charges seront considérées comme «trop lourdes», le Ministère de la Justice pourrait arrêter le nombre
de cliniques à ouvrir au nombre de 12 (douze), sur les sites jugés prioritaires en termes de violation
des droits humains au niveau communautaire.
39
Quatre points de rupture marqueront cette démarche :
1. Point de rupture 1 (2011) : première prise en charge financière de l’Etat dans le budget des
cliniques opérationnelles
2. Point de rupture 2 : (2012) : inversion de la part financière apportée par l’Etat par rapport
à celle de chaque partenaire technique et financier
3. Point de rupture 3 (2015) : l’Etat (MinJus + CTD) prendra en charge plus de 50% des
charges financières des CJ opérationnelles
4. Point de rupture 4 (2020): l’Etat pourra prendre en charge totalement les charges
financières des CJ
Les apports des Collectivités Territoriales pourraient être limités à 6% des fonds36.
Ceux des associations gestionnaires des cliniques peuvent être également plafonnés à 1,1 % des fonds.
Les limites des pratiques actuellement usitées au sein des associations et ONG sont généralement des
petites opérations de levées de fonds : «opérations soupe», «opérations brioche», les cérémonies de
dons et contre dons dénommées «vokatra», dont les recettes sont relativement limitées. Les plus
grandes organisations peuvent aller vers des galas de chant, des organisations de soirées dansantes, qui
requièrent doigtés, relations publiques, capacités de vente des billets…
Il faudrait ainsi accompagner les ONG et associations partenaires dans le développement de leurs
capacités sur ce point.
36
Si la formule est adoptée, ceci pourrait être un exemple à suivre pour tout projet à mener au niveau
communautaire (Fokontany, Commune, Région). Il est judicieux de limiter les apports de ces collectivités
territoriales et demander plus d’effort au niveau central.
40
Tableau.7 - Simulation de partage de coûts entre partenaires avec réajustement au taux d’inflation de 10%/an
NB : Les 17 336 015 Ar comme budget de fonctionnement 2008 proviennent de la loi des finances 2007
41
Graphique.6 - Evolutions des apports financiers annuels des parties prenantes pour la
pérennisation des cliniques juridiques
120
100
Région= 1.50 %
100 0 Autres PTF= 0.0 %
UNFPA= 0.0 %
Autres PTF= 4 %
Autres PTF= 8.00 % UNICEF= 0.00 %
Commune= 0.50 % Autres PTF= 11.25 % Autres PTF= 9.0 %
Autres PTF= 13.50 % UNICEF= 4.00 % Commune= 4.5 %
Autres PTF= 10.00 %
Autres PTF= 17.93 % Autres PTF= 12.40 %
UNFPA= 4.00 %
UNICEF= 8.00 % Région= 14 %
UNICEF= 9.00 %
UNICEF= 10.00 %
UNICEF= 11.25 % Commune= 2.5 %
80 UNICEF= 12.40 %
UNICEF= 13.50 % UNFPA= 8.0 %
Région= 7.5 %
UNFPA= 9.0 %
UNFPA= 10.00 % Commune= 1.50 % ASSOCIATIONS
UNICEF= 17.93 %
UNFPA= 11.25 % Commune= 1.38 %
Région= 4.50 %
UNFPA= 12.40 % Commune= 1.30 % AUTRES
UNFPA= 13.50 % Région= 4.1 %
Commune= 1.15 %
MinJus= 80.0 % UNICEF
Titre de l'axe
Région= 3.90 %
60
Commune= 1.25 %
Commune= 1.00 % Région= 3.45 %
FNUAP
Région= 3.75 % MinJus= 72.00 %
UNFPA= 17.93 %
COMMUNE
Région= 3.00 % MinJus= 60.00 %
Commune= 0.88 % REGION
MinJus= 57.00 %
Région= 2.63 % MinJus= 53.30 % MINJUS
40 MinJus= 49.30 %
PNUD
PNUD = 87.50 % MinJus= 44.30 %
MinJus= 41.00 %
MinJus= 24.00 %
20
PNUD = 17.93 %
PNUD = 13.50 %
PNUD = 12.40 %PNUD = 11.25 %
PNUD = 10 % PNUD = 9 % 8.00 %
PNUD = 4 %
0 PNUD = 0.0 %
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
2010 2011 2012 2013 2014 2015 42 2016 2017 2018 2019 2020
A terme (vision 2020), la partie nationale (Etat partie = Ministère de la Justice et Collectivités
Territoriales comprises, les associations gérantes) aura donc pris en charge les 100 % de financement
des cliniques juridiques :
L’effort est ainsi considéré «faisable techniquement». Les partenaires techniques et financiers
(Agences du système des Nations Unies telles le PNUD, le FNUAP, l’UNICEF…) auront apporté leur
appui pour la promotion et protection des droits humains sur 12 sites prioritaires. Les apports des
associations auront été significatifs.
Il reste à l’Etat partie le «grand défi» à relever : avoir la volonté de miser sur ces activités de
prévention, d’éducation -activités de conciliation des conflits mineurs additionnées à des diffusions de
droits personnalisées- pour avoir une population informée sur leurs droits, respectant les droits des
autres et faisant valoir ses propres droits en utilisant des centres de recours au niveau communautaire.
XI Conclusion
Les résultats de l’étude des activités des TAZ permettent de conclure que l’existence des cliniques
juridiques apporte des solutions aux problèmes des cas de violation de droits dans des zones éloignées
des services concernés et dans les zones où l’inaccessibilité dans les services publics de la population
qualifiée la plus vulnérable et la plus démunie est accrue.
Avec ces investissements, les structures apportent des solutions pacifiques aux litiges communautaires
qui, sans lesdites solutions, resteront «larvées», «léguées aux familles des concernées, sinon aux
générations futures», portant préjudice dans la même occasion à la cohésion sociale et le
«fihavanana».
Si dans les localités d’implantation de ces cinq Trano Aro Zo, les violations qualifiées de délits
mineurs baissent, la population osera réclamer ses droits, la sérénité de la population commencera à
s’instaurer.
Dans des localités où des formes de discrimination, entre autres les «Dina37», les pratiques
communautaires négligeant les droits humains font des victimes, de nouvelles cliniques peuvent être
mises en place. Des cas extrêmes, inquiétants comme le cas du «dina menavozo»38 allant jusqu’à la
décapitation d’un présumé coupable, ont encore cours. Malgré son interdiction, ce dina érigé en 1989
ressort à chaque fois que le pouvoir public semble être trop loin ou trop lent à réagir sur des problèmes
communautaires (vols de zébus, pillage des «kibory» (tombeaux) ou autres délits relativement
mineurs…)39. Récemment encore ce dina a été évoqué par des articles de journaux… Les droits
d’avoir un procès équitable, le droit de la défense, l’intégrité de la personne… sont ainsi bafoués.
D’autres droits sont aussi bafoués : les femmes et les enfants en sont les premières victimes. Il est juste
que des structures opérationnelles soient mises en place au sein de ces communautés.
37
Dina : Convention communautaire des fokonolona
38
RASAMOELINA H.- «Madagascar: état, communautés villageoises et banditisme rural : l'exemple du vol de
zébus dans la Haute-Matsiatra».- L'Harmattan . ARCI .- 2007, p 215 (250 pages)
39
«En raison d'un flottement au niveau national de l'exécutif, les Fokonolona sont redevenus de fait, les
incontournables autorités de terroir, ils sont dans l'obligation de se prendre eux mêmes en main au moment où
je vous écris. Il est connu que toutes situations de troubles favorisent et les excès et les déviations criminels»
souligne le sociologue RABEKOTO, sur son blog du 31 mars 2010
http://bekotopaysans.blogspot.com/2009_03_01_archive.html.
43
La possibilité de reproduire ou de généraliser l’opération nécessite une option «volontariste» de la part
de l’Etat partie dans la promotion et protection des droits humains au niveau communautaire.
XII. Recommandations
Il importe de rappeler que la pauvreté constitue le facteur principal de violation des droits. C’est
pourquoi la lutte contre la pauvreté incombe la participation de tous.
12.1- Etat
L’Etat, par la ratification des instruments internationaux relatifs aux droits humains, reconnaît
l’importance des violations des droits à Madagascar.
Dans ses différents engagements de l’amélioration de la situation des femmes et enfants, il a orienté
plutôt ses efforts vers l’éducation et la santé en injectant des enveloppes budgétaires considérables aux
Ministères de la Santé et de l’Education. Ce sont des résultats appréciables. Mais la diffusion et la
protection de droits humains est aussi un autre investissement pour le présent et l’avenir. Un effort
pour allouer un budget conséquent est nécessaire.
Compte tenu de l’importance des actions éducatives, informatives et humanitaires des Trano Aro Zo,
la première recommandation est l’inclusion de la promotion et de la protection des droits humains
dans le cadre de développement local (amélioration des revenus, meilleur taux de rétention des enfants
en milieu scolaire, éducation des parents, développement et appui aux initiatives nouvelles… qui
constituent les bases de stabilité sociale).
Le développement d’une politique nationale sur les droits humains serait aussi un gage de continuité,
de cohérence et d’engagement à la promotion et à la protection des droits humains.
Malgré la récente révision à la hausse des investissements publics gérés par les régions et des dotations
aux communes, les ressources financières des communes restent encore fragiles pour pouvoir financer
les Trano Aro Zo. Une nouvelle stratégie pour l’amélioration de ces ressources serait souhaitable
notamment par la mise en place des programmes en :
44
l’humilité, la liberté, la paix, le respect, la responsabilité, la simplicité, la tolérance et
l’unité40) ;
• le développement de la capacité créative des jeunes ;
• la revue de la démarche de «participation» au sein des collectivités territoriales41
Les Trano Aro Zo, par leur structure et leurs compétences, pourraient apporter leurs contributions par
la mise en œuvre d’une nouvelle mission d’écoute, conseil, orientation, accompagnement et appui à la
création d’emploi pour la réduction de la pauvreté. Pour y parvenir, les démarches à suivre sont
énumérées ci-après :
Les axes stratégiques de mise en œuvre et les cadres logiques ont été élaborés. (voir annexe 8, page 67).
40
Ces valeurs dites «universelles» ont été identifiées par le groupe dénommé «living values» qui a développé
une méthode appréciable dénommé Living Values Education Program www.livingvalues.net/francais/index.html
41
Généralement, ladite participation ne tient pas compte de la représentativité réelle de ceux qui décident au
nom d’un fokontany, une collectivité (aucune consultation préalable n’est mise en œuvre, les organisateurs se
suffisent d’un longue liste de présence dans des réunions et autres ateliers, aucun processus de compte rendu vers
les mandataires…)
42
Qui requiert souvent un niveau académique de base : classe de 3° ou niveau Brevet d’Etude du Premier Cycle
43
Le compagnonnage a moins de restriction de niveau académique. Toutefois il faut négocier et élaborer avec le
«maître» le cursus de formation adéquat.
44
Pratique coutumière dans certaines communautés, notamment en Afrique et en Asie, qui consiste à verser
régulièrement une somme d'argent à un fonds que chaque donateur peut utiliser à tour de rôle.
45
Annexe.1
Programme des Nations Unies pour le Développement
Pool 3
PROJET APPUI A LA PROMOTION
ET A LA PROTECTION DES DROITS HUMAINS
TERMES DE REFERENCES
Recrutement d’un(e) consultant(e) pour
une étude des coûts et des mécanismes
de pérennisation des cliniques juridiques
Contexte
Madagascar a ratifié des instruments internationaux relatifs aux Droits Humains. En sa qualité d’Etat
partie, Madagascar a des obligations de mettre en œuvre ces traités notamment par la mise en place de
mécanismes de recours accessibles et efficaces.
Outre les mécanismes classiques, à travers la Justice, il a été décidé de créer des structures de
proximité en charge d’une part de résoudre au niveau communautaire certains conflits mineurs, et
d’autre part, de diffuser des droits.
Des cas de violations des droits sont non résolus dans des zonez enclavées ou éloignées du lieu
d’implantation des services publics de la justice, de la sécurité publique ou d’autres services publics
concernés. Même au niveau de centres urbains, certains individus de la population n’osent pas recourir
aux services existants, souvent perçus à tort ou à raison d’être corrompus et inaccessibles aux pauvres.
Des fois, les victimes, pour éviter les coûts occasionnés par la saisine des autorités compétentes,
préfèrent garder le silence.
La situation devient préoccupante lorsqu’elles subissent des violations répétées alors qu’elles ne
savent pas où s’adresser.
Cinq cliniques juridiques dénommées «Trano Aro Zo» ont été ainsi mises en place à Antananarivo,
Mananjary, Taolagnaro en 2007, suivies de l’ouverture de celles de Manakara, et de Farafangana en
2008. Ces cliniques juridiques procèdent à des diffusions des droits, des lois en vigueur ainsi que les
instruments internationaux ratifiés par Madagascar pour les communautés en traitant des conflits
communautaires. Ainsi, par des conseils, des orientations et s’il le faut, des appuis plus rapprochés, les
agents des cliniques aident la population dans la résolution des conflits, se référant aux lois en vigueur,
aux droits protégés par ces instruments internationaux ratifiés par Madagascar.
Ces cliniques juridiques ou «Trano Aro Zo» procèdent également, avec une collaboration organisée
avec les responsables de l’application des lois de la localité d’implantation, à des séances de diffusion
des droits humains à travers des activités ludiques, attrayantes, permettant ainsi au public de connaître
leurs droits et trouver des applications pratiques de la protection de ces droits.
Après deux ans d’exercice pour certaines et une année pour d’autres, une évaluation des coûts
financiers de fonctionnement des cliniques juridiques et la recherche de mécanismes de leur
pérennisation s’avèrent nécessaires. Le recrutement d’un(e) consultant(e) s’impose pour ce faire.
46
Objectif général de la consultance
Analyser les documents financiers relatifs à la gestion des 5 (cinq) cliniques juridiques existantes et
proposer des mécanismes de pérennisation de ces institutions.
Objectifs spécifiques
OS 1 : Dégager les aspects spécifiques et ceux particuliers sur les charges financières des cliniques
juridiques compte tenu des activités qu’elles ont menées.
OS 2 : Proposer au Comité de Projet une ou plusieurs stratégies possibles à mettre en œuvre pour la
pérennisation des cliniques juridiques.
Résultats attendus
Sous la supervision du Coordonnateur de Pool et de la Direction Nationale de Projet, produire un
document
● analysant les différentes charges des cliniques juridiques selon les axes de dépenses
relatives à leur fonctionnement, à leurs activités ;
● proposant les stratégies et les mécanismes possibles de pérennisation de ces cliniques
Activités correspondantes
● Exploiter les documents relatifs aux activités et aux charges financières des cliniques
juridiques ;
● Dégager les principaux indicateurs sur les différentes charges des cliniques par rapport à leurs
activités de diffusion de droit ;
● Se mettre en contact avec les responsables des ONG et responsables des cliniques juridiques
pour les informations utiles dans la réalisation du mandat ;
● Développer et proposer au Comité de Projet les stratégies et les mécanismes possibles à mettre
en place pour la pérennisation des cliniques juridiques ;
● Présenter oralement au Comité de Projet les résultats obtenus pour le mandat.
Livrable
Un rapport d’évaluation (en format papier et en format numérique) sur cette étude sur les coûts et
mécanismes de pérennisation des cliniques juridiques.
Profil recherché
47
Annexe.2- Bibliographie
AMADOU DIONE (ONG CONCEPT) : «Rapport final dans le cadre de l’EQJA (Education
Qualifiante pour les Jeunes et Adultes)». Dakar, octobre 2004
LA CLINIQUE JURIDIQUE du Somaliland élargit son champ d’action. Centre de Presse PNUD du 10
septembre 2008
LA PASSERELLE, la lettre d’information du Service des droits des femmes et de l’égalité. Juin 2008
– Numéro spécial
MARSON F. Z. «La mutation du droit du mariage dans la vallée du fleuve Matitanana : du droit
coutumier au droit d’inspiration musulmane» - Université de Perpignan – Diplôme d’étude
approfondie. Selféditione-book.http://www.memoireonline.com/07/09/2280/m La-mutation-du-droit-
du-mariage-dans-la-vallée-du-fleuve-Matitanana-du-droit-coutumier-au-droit-d24html
48
RAHAMEFY A. «Sectes et crises religieuses à Madagascar». Ed. Karthala. 2007. 183 pages
RAPPORT NATIONAL sur «la mise en œuvre à Madagascar du plan d’action pour un monde digne
des enfants + 5». Janvier 2007 (République de Madagascar et UNICEF)
XAVIER PONCIN et ROZENN LE MENTEC : «Politiques d’Exemption pour les soins de santé à
Madagascar» : le cas des Fonds d’Equité de l’Agence Européenne pour le Développement et la Santé
(AEDS). Janvier 2009
49
Annexe.3- Des cas moins connus de violation
de droits au sein des communautés
On classe souvent cette pratique parmi les «fady», traduit en français par «tabou». Il s’agit
pour la tribu antambahoaka de rejeter des cas gémellaires. Les antambahoaka la classe parmi
les «sandrana» (malédiction des ancêtres non relevable). En fait, si les «fady» peuvent être
relevés par des cérémonies de «ala-fady» ou «ala-faditra», les cas gémellaires relèvent de
tabous traditionnels «non relevables».
Si la marque de l’intégration d’un enfant dans le clan ou la tribu est marquée par son accueil
au niveau du «tranobe» des ampanjaka, cela est interdit aux enfants jumeaux, même de
fréquenter les environs géographiques du «tranobe». Le clan ne les intègre pas du tout dans
les cérémonies essentielles comme le «sambatra», cérémonie traditionnelle de circoncision
organisée pour tous les garçons antambahoaka. L’inhumation de leur corps à leur mort, dans
les tombeaux familiaux leur est aussi interdite. C’est donc une exclusion, un reniement social
total.
Les pratiques réelles du rejet lorsque des cas gémellaires se présentent sont peu connues car
non divulguées. Des sources parlent d’abandon de ces enfants dans la nature, sans qu’on
puisse le confirmer. D’autres, plus vérifiables, confient ces enfants à d’autres personnes non
antambahoaka. Souvent ce sont deux familles différentes qui les recueillent, et souvent les
jumeaux ne se retrouvent plus dans leur vie adolescente ou adulte. En tout cas, la terreur des
mères, rapportées par des écrits vérifiables, traduit le fort ancrage de cette pratique dans la
tribu des antambahoaka.
Le droit à la non- discrimination (1, 2, 7), les droits civils (2, 3, 6, 7, 9, 10, 11, 18, 19, 20, 21)
Les droits économiques et sociaux (4, 6, 8, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28), les droits de l’enfant (1,
4, 16, 24), les droits des femmes (1, 2, 4, 6, 7, 20, 21, 24), les droits des minorités 2, 4, 6, 7, le
droits ) l’éducation (18, 19, 20, 26, 27, 28),les libertés civiles et égalité devant la loi (6, 7, 8,
9, 10, 11, 21)les droits d’être protéger contre la torture et les châtiments dégradants (5, 6) de
la Déclaration des droits de l’homme.
Les «antemanaza» dits aussi «antevolo» est un groupe minoritaire de parias chez les
antemoro. Ils sont carrément exclus de la société, vivant dans des villages excentrés des autres
groupes, ne pouvant fréquenter même les places publiques. Les antemoro les évitent même si
leurs routes se croisent. Ce sont des «intouchables» dans le sens propre du terme. D’autres cas
de mis au banc de la société par la naissance de ce genre existent à Madagascar comme les cas
des Antambý dans le Menabe…Sont-ils inscrits dans les recensements de la population et
inscrits sur les listes électorales ??? Peuvent-ils enregistrer les naissances au sein des mairies ?
50
Les impacts de la pauvreté et la cérémonie traditionnelle du «taha» dans les tribus du
sud de Madagascar (Antanosy, Antandroy, Bara…)
Le fait de quitter la maison familiale, de rejoindre celle de ses parents par une femme se
croyant bafouée, maltraitée, battue… par son mari est appelée «misintaka» sur les hautes
terres malgaches. Ceci est appelée «mihaika» chez les antanosy. Sa famille la recueille et
interroge leur fille sur les raisons de son départ de sa maison familiale. Si la famille réunie
juge que leur fille est fautive, après écoute et recoupements, elle la renvoie aussitôt auprès de
son mari. Sinon, pour ramener sa femme à la maison, le mari accompagné de sa famille, doit
demander pardon chez la famille de sa femme ; cette cérémonie s’appelle «mitaha», le «taha».
Selon la gravité de la faute commise, un dédommagement est requis, allant de l’offre d’une
chèvre à un ou plusieurs zébus.
Souvent, la pauvreté du mari ou/et de sa famille ne lui permet pas d’honorer ce don de
dédommagement. Il se défend donc de négocier le retour de sa femme, tout en reconnaissant
que l’intérêt de ses enfants (le droit de ses enfants) est de vivre avec ses parents.
C’est l’un des cas relatifs aux us et coutumes, porté par des hommes et des femmes au sein de
la clinique de Taolagnaro, résolus par des séances de conciliation.
Le cas d’une jeune fille non mariée mais enceinte pose toujours le questionnement de la
paternité de l’enfant qu’elle porte. A cette question posée à la jeune fille, elle nomme une
personne. Généralement, la famille de la jeune fille va contacter celle du jeune homme pour
«régulariser» la situation.
Si le jeune homme doute de cette allégation de la jeune fille, il requiert avec sa famille le
«tangena». La jeune fille soutenant ses affirmations, accepte de s’y soumettre. En fait, il s’agit
51
d’une cérémonie traditionnelle inter-famille pendant laquelle la famille du jeune homme
maudit la jeune fille et son bébé, en cas d’allégation mensongère :
«Si elle dit la vérité, cet enfant sera également le nôtre. Mais si jamais, ce n’est pas le cas,
que cet enfant dise non» («aoka hitsivalana io zaza io»). En fait, le mot «mitsivalana» signifie
autant «dire non» et «se mettre de travers», «se présenter de travers».
Aussi, cette cérémonie est-elle traumatisante pour la jeune fille enceinte. Pourtant,
généralement, les consultations prénatales ne sont pas encore dans les pratiques par
éloignement des centres de santé de base, par déficience de sage-femme dans ces centres, ou
encore le choix des accouchements chez des matrones. Le «danger vital» et la probabilité
d’accident fœtal sont relativement élevés, ainsi que la mortalité en couches. Les fièvres
«puerpérales» sont courantes. Mais tous ces événements probables sont rattachés à la remise
en cause de l’affirmation de la jeune fille sur la paternité de son enfant.
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Madagascar
(Syfia Madagascar) Au sud de Madagascar, des adolescentes sont encore victimes de la pratique
ancestrale du "marché aux filles", une forme de prostitution encouragée par la tradition et la
famille. Ces dernières années, grâce à l’école, beaucoup d’entre elles parviennent cependant à y
échapper.
"Aujourd’hui, j’étudie à Tuléar, loin du tsenan’ampela (littéralement "marché aux filles") avec plus
d’opportunité pour réussir mes études", se félicite Geline, 19 ans, originaire de la région d’Ihorombe, à
300 km de Tuléar, au sud de Madagascar. Comme d’autres adolescentes, la jeune fille a réussi ainsi à
échapper à cette forme de prostitution. "Les études m’ont permis de savoir que cette pratique
humiliante exposait aux maladies sexuellement transmissibles", confie Avisoa, 15 ans. Le
tsenan’ampela est une tradition des Bara, une ethnie d'éleveurs de la partie sud de la Grande île. "Au
départ, les jeunes filles servaient de trophée durant les luttes traditionnelles. Par la suite, elles sont
venues au marché aux bœufs pour fréquenter les riches éleveurs. Ainsi est apparue la coutume",
rappelle Véronique Nenibe, une octogénaire. La coutume a ensuite évolué. Aujourd’hui, dès 13 ans et
parfois même avant, certains parents très pauvres logent leurs filles dans des cases à part en leur
donnant uniquement de quoi se nourrir. Ils les poussent ainsi à venir chaque samedi au marché aux
bœufs des communes de la région. Les filles s’y prostituent pour gagner un peu d'argent. Selon la
somme proposée, elles passent une heure, une journée ou une semaine avec des hommes, en particulier
des vendeurs ou des propriétaires de zébus. "Cela fait cinq ans que je fréquente ce marché. C’est le
seul moyen que j’ai trouvé pour survivre", regrette Céline, 16 ans. Jusqu’à dernièrement, se prostituer
était inévitable pour celles qui avaient arrêté l’école trop tôt. "Il y a 10 ans, 90 % des filles quittaient
l’école après le certificat d’études primaires. L’exposition aux infections sexuellement transmissibles
était alors à son comble et les rapports non protégés monnaie courante", se souvient Martin Ramonja,
le surveillant général du lycée d’Ihosy, dans la région d’Ihorombe.
52
École et emplois
Ici, le temps de l’abandon scolaire semble aujourd’hui révolu : entre 2002 et 2008, le taux de réussite
des adolescentes au baccalauréat est ainsi passé de 30 à 70 % dans cette région. L’État est venu à leur
rescousse. "L’éducation pour tous et l’école primaire gratuite et obligatoire depuis 2002 ont porté leurs
fruits", se félicite Martin Ramonja. L’allongement de la durée du cycle primaire (7 ans au lieu de 5) a
également contribué à préserver les jeunes filles. Priscillia, 12 ans, explique par exemple à quel point
la leçon hebdomadaire de Science de la vie et de la Terre lui est salutaire : "Nous comprenons combien
notre corps est précieux et les actes sexuels précoces dangereux !" "La création d’activités lucratives
par la Mission intercommunale régionalisée a aussi apporté un grand changement dans la vie des
adolescentes", observe Olivier Andrianotoavina, un chef de quartier. En 2006, des emplois (dans
l'aviculture, le système de riziculture intensif et la briqueterie) ont été créés pour des jeunes filles
qu'elles se livrent ou non à cette forme de prostitution. Par ailleurs, depuis 4 ans, des associations
mènent des campagnes d’alphabétisation et de lutte contre la propagation des MST. Les quelques filles
qui s’adonnent encore au tsenan’ampela assurent le faire par choix. Certaines y trouvent un mari ou, à
défaut, un gain conséquent en peu de temps… "J’aime cette pratique, car elle me permet de gagner
jusqu’à 40 000 Ariary (15 €) par jour", soutient Marina. En comparaison, le SMIG malgache est de
l’ordre de 70 000 Ariary (27 €)… par mois. Pourtant, si cette tradition persiste de façon discrète dans
certains districts enclavés, ailleurs, une majorité de filles n'y est plus contrainte par la nécessité. Leurs
familles et leurs proches s’organisent pour payer leurs études et leur épargner ces pratiques
dégradantes et risquées.
http://www.syfia.info/index.php5?view=articles&action=voir&idArticle=5099
53
novembre 2006
Us et coutumes
Une pratique traditionnelle chez les Bara d’Ivohibe fait fuir la nouvelle génération de la
commune rurale. Nombreuses sont les jeunes filles qui émigrent vers d'autres régions pour en
réchapper.
De telle pratique est une aberration. “Il est dur pour une jeune fille qui veut réussir sa vie de respecter
et de suivre la culture bara”. La déclaration émane de Ravakasoa Larissa Herinjanahary. Cette jeune
fille, âgée de 18 ans, se sent chanceuse d’avoir pu émigrer de sa commune rurale d’origine, Ivohibe.
En effet, les jeunes filles y sont considérées comme des boeufs que l'on peut acheter au
“tsenan’ampela”, textuellement marché des filles.
Elle raconte avec horreur et dégoût le pouvoir des propriétaires de zébus en payant les jeunes filles
pour qu'elles passent la nuit avec eux.
La pratique se passe les samedis, jours de marché aux boeufs. Les jeunes filles vont de leur propre gré
ou sont envoyées par leurs parents, afin de trouver des hommes riches pour se faire de l’argent. “Elles
se tiennent dans une place, appelée Tsirimbelo, où elles y passent leur nuit en compagnie d’un homme
selon un prix convenu au préalable.
Les jeunes demoiselles bara venant des villages environnants d’Ivohibe-centre sont les plus
encouragées. Elles sont reconnaissables par leurs coiffures, à savoir les cheveux tressés et divisés en
deux, “volo dokodoko”, et décorés de barrettes. Elles sont vêtues de “lamba”, décrit Ravakasoa
Herinjanahary. De fait, elle se souvient de quelques-unes qu’elle a croisées en chemin.
La plupart d’entre elles se sentent adultes après avoir fréquenté le Tsenan'Ampela. Mais, le regard de
Larissa s’assombrit en pensant à une amie d’enfance qu’elle a perdue à l’occasion. “Elle avait 16 ans.
N'’ayant pas réussi au CEPE, elle a commencé à aller au Tsenan’Ampela. Elle est passée d’un homme
à un autre. Par la suite, elle est tombée enceinte. Pire même, elle est devenue folle”, précise Ravakasoa
Larissa.
Tous ces évènements se trouvent derrière elle maintenant. Car ses parents, au courant de la pratique,
l'ont envoyé à Ambositra, chez des proches, après qu’elle ait obtenue le diplôme de BEPC.
“Nombreuses jeunes filles d’Ivohibe fuient les lieux pour suivre les études à Ihosy ou à Fianarantsoa.
Pour ne pas être confrontées à ces pratiques qui perdurent, elles renient les traditions des Bara bory.”,
note-t-elle avec amertume.
Selon Larissa et ses amis, le Tsenan’Ampela est un des endroits où les droits des mineures sont
bafouées. “Nous devons changer tout cela. Les parents et les autorités doivent prendre l’initiative afin
d'y remédier”, souligne Ravakasoa Larissa Herinjanahary. Elle conclue en affirmant que l’éducation
est la meilleure issue. Or, Ivohibe ne dispose pas encore de lycée.
54
Le bœuf prime sur la gent féminine chez les Bara
Ivohibe, la capitale des Bara Iatsantsa (clan royal) peuplant l'est de l'Ihorombe, se trouve sur la route
nationale 27, voie en état de délabrement. Cette commune rurale reste enclavée presque tout au long
de l'année.
Les Bara, facilement reconnaissables par leur petite taille et par leurs traits racés, ont occupé ce
territoire. Mais l'ethnie est devenue nomade, afin de renouveler le pâturage.
Car dans la contrée, le zébu est roi, passant même avant “Zanahary”, le Dieu créateur, et laissant la
gent féminine au tout dernier rang de la hiérarchie.
De ce fait, toute l'existence bara est investie dans ce quadrupède. Ainsi, le plus grand drame de sa vie,
c'est la mort d'un zébu. Ce n'est pas par hasard si la richesse d'un individu s'identifie au nombre de tête
de bovidés qu'il possède. De même, de femmes il en possède. C'est un pays où la polygamie se
pratique avec l'accord de la première femme.
Les réalités chez les Bara sortent de l'ordinaire de la majorité des Malgaches, lesquels allouent une
certaine importance à la superficie de rizières, ou à leurs tenues vestimentaires ou encore au confort
dans leurs maisons.
La valeur du zébu se traduit par la place qu'il détient dans le contrat de mariage. Avoir des filles est
avantageux chez ce clan, mais engendrer des garçons constitue un honneur. La gent féminine sert de
monnaie d'échange. Ainsi une nouveau-née peut être réservée à un homme, ou à un garçon par ses
parents.
A Ivohibe et ses environs, la mère célibataire est très recherchée pour devenir une épouse dans sa
communauté. Une pratique qui ne s'éloigne pas trop de l'objectif de la fille bara. Celui de trouver un
mari car tel est son destin.
http://aquisianben06.spaces.live.com/?_c11_BlogPart_pagedir=Next&_c11_BlogPart_handle=cns!4B
473BD338803854!1267&_c11_BlogPart_BlogPart=blogview&_c=BlogPart
55
Le mariage traditionnel malgache
Dans chaque société à Madagascar, les coutumes relatives aux mariages sont différentes, mais il existe
deux points communs : la demande de la main de la jeune fille et la conclusion du mariage par l’offre
d’un cadeau à ses parents. Deux types d’union se présentent : les mariages arrangés et les mariages par
consentement mutuel. Si les partisans du premier soutiennent l’idée selon laquelle le patrimoine
familial ne doit pas passer entre des mains étrangères, d’où la conclusion d’unions consanguines aux
effets néfastes, il est supplanté de plus en plus par le second mais il n’a pourtant pas disparu
complètement.
Dans le mariage traditionnel, le processus à suivre est le même dans tout le pays avec trois étapes à
suivre. La première est l’entretien privé entre la mère du jeune homme et celle de la jeune fille, puis
après consultation des membres des familles, s’il y a entente entre les deux parties, on passe à la
suivante qui est la demande en mariage elle-même. A ce jour indiqué, généralement un jeudi, admis
comme propice à la conclusion de ce genre d’affaire, le prétendant et sa famille se rendent chez les
parents de la jeune fille pour y faire leur demande : cette démarche est appelée «fiantranoana» et
généralement, quinze jours ou un mois après, la cérémonie du mariage elle-même a lieu un jeudi. Ce
jour-là, les «mpaka» c’est-à-dire le cortège formé du jeune homme et de quelques membres de sa
famille, vont chez la future mariée et pendant la cérémonie qui réunit les deux familles, des orateurs ou
«mpikabary», des professionnels en matière de rhétorique, se font les porte-parole de chaque partie.
C’est par leur truchement que chaque famille fait connaître les conditions de cette union : par exemple
celle de la jeune fille fait savoir qu’en cas de mésentente entre les jeunes époux, ce que personne ne
souhaite, elle exige qu’on la ramène, intacte, chez ses parents, et qu’on n’exerce sur elle aucune
violence corporelle en cas de querelles conjugales, ce que l’autre partie accepte. Après les paroles de
bénédiction à l’adresse des deux jeunes gens, prononcées par le doyen de l’assistance, c’est la remise
du «vodiondry» (le postérieur du mouton), un acte qui marque l’effectivité du mariage car il est
assimilé à un contrat liant les eux jeunes gens.
Autrefois, on offrait aux parents de la mariée de la viande de cette partie du mouton, mais pour des
raisons de commodité, sans doute, ce cadeau est remplacé par une certaine somme d’argent. Celle-ci,
d’un montant symbolique est enfermée dans des carrés de tissus superposés bien noués, formant un
paquet solidement attaché, ce qui est un symbole car il signifie que le mariage conclu sera aussi
difficile à défaire que ce cadeau offert. A l’issue d’un repas offert par sa famille aux invités, la jeune
mariée quitte le domicile de ses parents pour suivre son mari et sa belle-famille et quinze jours après,
un autre repas est organisé cette fois par les parents du marié chez eux. Dans le mariage traditionnel, il
n’y a ni établissement d’un acte à la mairie, ni bénédiction dans un lieu de culte comme c’est le cas
dans les mariages modernes. Mais pour ne pas rompre avec la coutume, l’offrande du vodiondry à la
famille de la jeune fille fait partie des rites inhérents à toute célébration de cette cérémonie jusqu’à
maintenant.
LE MARIAGE
Un proverbe malagasy dit «anambadiam-konamana, iteraha-ko dimby», (On se marie pour avoir un
compagnon ou une compagne d’une part, et des enfants pour succéder d’autre part). Cette idée est la
base de la notion du mariage dans la société malagasy et si l’une de ces conditions préalables évoquées
n’est pas remplie, les liens sont rompus. Il va sans dire que chacun attend d’une union la naissance
d’un ou de plusieurs enfants devant perpétuer la lignée familiale avec une préférence affichée pour les
garçons qui succèdent à leur père et qui ont le devoir de veiller sur le patrimoine familial. L’absence
d’enfant dans un ménage le fragilise et dans ce cas, la femme étant considérée comme l’unique
responsable de la stérilité du couple, la seule issue à une telle union est la séparation, consentie de
façon mutuelle, ce qui permet à la femme répudiée de jouir de ses droits c’est-à-dire la récupération du
56
tiers des biens acquis par le couple durant leur vie commune. Pour mettre de l’ordre dans cette
institution, le roi Andrianampoinimerina a fixé une règle en déclarant que le mariage n’est pas attaché
par un nœud serré mais par un nœud coulant ce qui revient à dire qu’on peut le défaire à tout moment,
s’il y a mésentente au sein du couple. Andrianampoinimerina a également interdit toute violence sur la
personne désireuse de quitter le domicile conjugal pour retourner chez ses parents car certains maris,
ne pouvant tolérer l’échec de leur mariage, portaient la main sur leurs épouses en leur cassant les dents
ou en leur crevant un œil. Quand bien même l’idéal est de considérer le mariage comme le plumage
d’un poulet qui ne s’en sépare de ce dernier qu’à la mort, selon un proverbe bien connu, le mariage est
aussi comparé au marché, si on ne s’entend pas, chacun reprend sa route.
COUTUMES ET LEGISLATION
Dans beaucoup de régions aussi existe une coutume qui veut qu’une jeune fille dispose librement de
son corps dès qu’elle atteint sa puberté et c’est même avec l’aide de ses parents qu’elle s’installe dans
une maison, à elle seule, où elle reçoit ses soupirants. Toutefois, cette cohabitation entre deux jeunes
gens n’est acceptée qu’à condition que le jeune homme offre une ou deux têtes de zébus au futur beau-
père. Une telle pratique donne lieu souvent à une sorte d’exploitation des jeunes filles, car beaucoup
de pères n’hésitent pas à en faire un objet d’échange en les retirant de leur domicile conjugal quand les
compagnons de leurs filles ne se montrent pas généreux pour les donner à d’autres prétendants, au
portefeuille plus volumineux. Certes, ces pères de famille trouvent leur compte dans cette pratique en
devenant propriétaires d’un certain nombre de zébus, au fur et à mesure de ces différentes opérations
mais quid de sa progéniture reléguée au rang de simple marchandise ? C’est également en tant
qu’objet de troc que les jeunes filles du sud de Madagascar se rendent au marché hebdomadaire de leur
localité pour alimenter les « tsenan’ampela » (le marché aux filles), avec l’aval des parents et de toute
la société en vendant leurs charmes aux plus offrants, tout naturellement car elles ne font que suivre
une coutume établie.
Il est beaucoup question actuellement de lutte contre l’exploitation des enfants, surtout des fillettes
mineures mais qu’on ne se trompe pas de cible car l’adversaire à terrasser se trouve être ces coutumes,
bien ancrées dans les mentalités et difficiles à en extirper et qu’on ne peut faire disparaître à coups de
lois et de décret à cause de nombreux facteurs de blocage qui existent. Pour commencer, le
gouvernement a fixé l’âge minimum pour les mariages à partir de 18 ans, tant pour les garçons que
pour les filles. Mais comment appliquer cette loi quand les parents ne connaissent même pas l’année
de naissance de leurs enfants faute d’état civil, et quand on sait qu’en réalité le chiffre des mariages
enregistrés dans les mairies est nettement plus bas comparé à celui des unions coutumières
incontrôlables ? Il faudra de longues et patientes campagnes de sensibilisation pour obtenir des
changements dans les mentalités si l’on veut mettre un terme aux exploitations des enfants mineurs,
situation qui ne profite pour le moment qu’aux marchands de chair fraîche, tant nationaux qu’étrangers
au courant de l’existence de ces coutumes.
Ces trois articles sont parus dans «passeport pour Madagascar» et ne sont pas signés.
http://zanaky.lokaro.over-blog.com/pages/Le_mariage_traditionnel_malgache-859548.html
57
Annexe.4- Dépenses engagées
Volume des charges réalisées en 2008
lo c a l i t é s
Ru b r iq u e s Andohatapenaka Taolagnaro Mananjary
Fixes
charges du personnel 38,456,000.00 38,592,000.00 22,110,000.00
Electricité et eau 1,200,000.00 292,400.00 260,000.00
loyers 1,200,000.00 2,400,000.00
Total 40,856,000.00 41,284,400.00 22,370,000.00
Administration
Transport et déplacement 676,900.00 122,000.00 613,800.00
Impression et publication 67,000.00 28,200.00 208,900.00
Fournitures 1,222,900.00 292,350.00 259,040.00
Consommables informatiques 696,000.00 542,000.00 144,800.00
Entretien locaux et matériels 52,000.00 45,000.00
Communication 360,000.00 119,000.00 344,000.00
Charges bancaires 13,441.00 24,360.00 47,903.60
Divers 55,000.00 435,000.00 176,130.00
Total 3,143,241.00 1,607,910.00 1,794,573.60
Conciliation
Déplacement 198,900.00 90,000.00 338,452.00
Accompagnement 1,564,543.00 359,000.00 3,900,308.00
Frais d'envoi 17,620.00 15,000.00
Communication (téléphone) 2,400.00
Photocopie, impression 31,050.00 100,000.00
Publication, certification 33,060.00 458,100.00
Fournitures de bureau 577,300.00 300,460.00 326,600.00
Frais de restauration 220,000.00
Divers 2,060.00 67,000.00
Total 2,646,933.00 1,274,560.00 4,680,360.00
Activités ludiques
Prise en charge déplacement personnel ressource 381,400.00 324,000.00 98,230.00
Location salle
Location matériels 105,000.00
Impression et duplication 65,000.00 258,600.00
Film,VCD,DVD 135,000.00
Prestation (activités) 547,880.00 200,200.00 358,000.00
Fournitures de bureau 1,200.00 45,000.00 124,700.00
Entretien locaux & matériels 100,000.00
Divers 276,100.00 227,000.00 220,510.00
Total 1,306,580.00 996,200.00 1,165,040.00
Total général 47,952,754.00 45,163,070.00 30,009,973.60
Sources : d’après la compilation des journaux comptables des cliniques juridiques.
58
Coûts des réhabilitations des locaux
Localités Montant en Ar
Antananarivo 849,600.00
Taolagnaro 542,800.00
Mananjary 1,550,000.00
Manakara 762,000.00
Farafangana 1,046,900.00
Total 4,751,300.00
Loyers
Antananarivo 1,200,000.00
Taolagnaro 2,400,000.00
Mananjary
Manakara 1,800,000.00
Farafangana 1,800,000.00
Total 7,200,000.00
Sources : d’après les journaux comptables des cliniques juridiques
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Annexe.5- Natures des cas traités par localité en 2008
Andohatapenaka
Nombre de Décisions prises Résultats
Catégorie/sous catégorie dossiers Orientations Conseils Accompagnt Concilié Non En Sans Résolus
concilié cours suite
CBV 25 00 09 02 14
Créances 18 01 01 08 01 07
Conflits conjugaux : 02 02
1) Divorce
1) Violence conjugale 66 02 25 02 37
3) Adultère 34 02 14 02 16
4) Abandon de famille 06 01 02 03
5) Autres conflits ? ? ? ? ? ?
conjugaux
Droit de propriété 41 03 01 02 01 34
2) Foncier
3) Succession 26 06 00 01 00 19
4) Servitude de passage
02 02
5) Autres problèmes de ? ? ? ?
propriété
Acte de naissance 17 ? ? ? ? ? ?
CIN 28 ? ? ? ? ? ?
Scolarisation 00 00 00 00 00 00 00
- Outrage 00 00 00 00 00 00 00
-Diffamation 12 01 01 07 03
-Injure 03 01 01 01
-Conflit de voisinage 22 03 03 16
Bail 24 03 01 09 01 10
Escroquerie 02 02
Abus de confiance 03 02 01
Vol 03 01 02
Détournement
07 02 05
De mineur
Conseil 194 27 36 14 06 01 113
Accompagnement - Autre
Chèque sans p. 01 01
Droit du travail 11 01 01 09
Crime 01 01
Violation de domicile ?? ?? ?? ??
Tapage nocturne 01 01
Menaces 08 04 04
Conflits familiaux 11 06 02 03
Adoption 00 00 00 00 00 00
Tentative d’avortement 00 00 00 00 00 00
Inexécution de contrat 06 03 03
Pension de retraite 02 02
Dénonciation 03 03
Inexécution de jugement 06 11 01 03
Reconnaissance d’enfant 06 03 03
Maltraitance d’enfant 04 01 03
TOTAL 1017 72 31 128 750 36 347 878
60
CATEGORIE PROFESSIONNELLE DES PLAIGNANTS
Chômeur 416
Employés des zones franches 101
Petits commerçants 164
Femme de ménage 60
Agriculteur/ éleveur 26
Lavandière 63
Couturière/tailleur 30
Agent de police 1
Chauffeur 2
Employé du FKT 6
Cuisinière 3
Consultante
Autres 145
TOTAL 1017
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique d’Antananarivo
OBLIGATION ALIMENTAIRE 18 002 975 riz, savon, gouter (déjà inclus dans numéraire)
1 ordinateur portable
CREANCE 8 656 900 1 réchaud à gaz
1 poêle
TOTAL 26 659 875
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique d’Antananarivo
Taolagnaro
Statistique TAZ d’août 2007 à décembre 2008
2007 2008 Total
Nombre de cas traités
157 1 149 1 306
Renseignements 29 15 29
Nombre de visites 186 1 164 1 350
Statistique des cas traités
Effectif Effectif
Nature de cas
2007 2008 total
Abandon de famille 20 48 68
Litige de terrain 26 30 56
Abus de confiance 4 17 21
Non exécution du contrat 16 12 28
Conflits conjugaux 40 127 167
Escroqueries 4 7 11
Réclamation de petites créances 1 33 34
Propriétaire et locataire 6 13 19
Trouble de voisinage 1 1 2
Concubinage 1 3 4
Différend de travail 23 57 80
Détournement de mineur 1 7 8
Litige de succession 2 20 22
Conflits sociaux 3 3 6
Violence et voie de fait 5 5
PA et CCM 10 10
Arrestation illégale 1 1
Vol 1 5 6
Coups et blessures volontaires 9 8 17
Destruction, dégradation 1 1 2
Copie 741 741
Renseignements ou informations 27 15 42
Total …………………………………………………….... 186 1 164 1 350
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique de Taolagnaro
61
Issues des cas traités
Non
Concilié concilié Renseignement Orientation Carence Copie En cours Total
2007 90 4 23 59 10 186
2008 208 47 15 117 32 741 4 1 164
Total ………………………………………………………………………………………………….. 1 350
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique de Taolagnaro
Catégories professionnelles
Fonction 2007 2008
Ménagère 48 251
Commerce 2 61
Petit commerce 8 169
Consultant 20 40
Fonctionnaire 18 19
Sans profession 10 8
Etudiant 7 6
Profession libérale 36 184
Bonne à tout faire 10 21
Bureaucrate 27 8
Total …………………………………………………. 186 767
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique de Taolagnaro
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Mananjary
NATURE JAN Févr MARS AVRIL MAI JUIN JUIL AOUT SEPT OCT NOV DEC TOTAUX
DROIT DE LA FAMILLE 202
PENSION ALIMENTAIRE 13 6 6 2 5 4 5 4 17 7 8 8 85
CONCUBINAGE 3 2 3 1 1 3 5 7 5 10 9 49
CONFLIT CONJUGAL 1 2 3 2 2 2 4 6 3 25
PARTAGE DE BIENS 1 1 1 2 1 6
DISPUTE ENTRE FAMILLE 1 2 2 1 1 3 1 11
GARDE D'ENFANT 2 3 2 2 1 2 12
CONTRIBUTION AUX CHARGES 1 1 1 3
ADULTERE 1 1 1 3
ABANDON DE FAMILLE 1 1 1 3
RECONNAISSANCE D'ENF 1 3 1 5
DROIT DE PROPRIETE 99
CREANCE 3 5 4 1 3 1 2 2 4 6 4 35
RECLAMATION DE BIENS 1 1 1 2 5 10
LITIGE FONCIER 1 1 1 1 3 6 5 1 1 20
LITIGE DE SUCCESSION 2 3 6 1 2 14
LOYER 1 1 1 2 1 2 2 1 1 12
VIOLATION DE DOMICILE 1 1 2
VOL 1 1 1 1 2 6
DROIT DE TRAVAIL 34
RECLAMATION DE SALAIRE 1 1 4 1 2 2 1 1 3 16
LICENCIEMENT ABUSIF 2 1 2 4 6 2 1 18
PROCEDURE 29
JUDICIAIRE 1 1 6 3 7 3 21
ADMINISTRATIVE 7 1 8
ATTEINTE PHYSIQUE 27
CBV, VVF 3 1 2 1 1 4 1 4 2 2 21
MALTRAITANCE D'ENFANT 1 1 1 2 5
DETOURNEMENT DE MINEUR 1 1
AUTRES 119
ETAT CIVIL 1 6 16 9 6 9 47
DENONCIATION ABUSIVE 1 1 1 2 1 6
MENACE VERBALE DE MORT 1 1 1 1 2 6
ATTENTAT A LA PUDEUR 3 3
INJURES ET DIFFAMAT PUB 2 1 3 1 1 3 2 2 3 1 19
TROUBLE DE VOISINAGE 1 1 1 2 2 7
RECLAMATION DE DOMM 1 1 1 1 4
DIVAGATION D'ANIMAUX 1 1 1 3
ABUS DE CONFIANCE 1 1 2
ASSISTANCE FINANCIERE 1 2 1 8 4 1 17
EXPULSION 1 2 3
VENTE 1 1 2
RENSEIGNEMENT 1 7 6 5 1 20
TOTAL 530
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique de Mananjary
63
ISSUE DES DOSSIERS EN 2008
MOIS JAN FEV MAR AVR MAI JUIN JUIL AO SEP OCT NOV DEC TOTAUX
CONCILIE 23 19 16 12 10 6 12 9 21 21 15 15 179
NON CONCILIE 6 2 3 1 4 2 2 3 6 7 7 6 49
EN COURS 5 5 4 7 5 2 5 7 14 13 21 19 107
CONS ET ORI 1 1 2 0 0 1 7 18 54 40 32 20 176
AUTRES 1 1 1 2 2 2 1 0 4 6 3 3 26
Délivrance de
jugements
2626
supplétifs de
naissance
537
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique de Mananjary
JAN FEV MAR AVR MAI JUN JUL AO SEP OCT NOV DEC TOTAUX
MENAGERE 17 18 14 10 11 8 12 14 17 23 23 22 189
AGRICULTEUR 5 2 4 1 0 3 5 6 33 28 18 10 115
COMMERCANT 5 0 1 5 4 0 3 5 17 8 8 4 60
GARDIEN 1 1 2 2 0 0 1 1 3 4 1 1 17
LAVANDIERE 0 0 0 0 1 0 2 0 1 0 0 1 5
COUTURIERE 1 1 0 0 0 1 0 0 2 1 3 3 12
OUVRIER 0 1 3 1 3 0 2 0 3 2 5 3 23
SERVEUR 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1
TIREUR DE
POUSSE 1 0 0 1 1 0 1 0 1 0 0 0 5
LIBERALE 0 3 1 0 0 0 0 3 3 1 6 4 21
PROSTITUE 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1
ENSEIGNANT 0 0 0 2 1 0 0 3 8 5 3 3 25
ETUDIANT 0 1 0 0 0 0 0 1 1 3 3 5 14
MECANICIEN 0 0 3 0 0 1 0 1 0 3 0 1 9
CHARPENTIER 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 1
FONCTIONNAIRE 0 1 1 0 0 0 0 0 4 3 1 2 12
ONG 0 0 0 0 0 0 0 0 2 1 0 0 3
RETRAITE 0 0 0 0 1 0 1 1 6 3 3 0 15
ARTISAN 0 0 0 0 0 0 0 1 1 3 2 1 8
CHOMEUR 0 1 0 2 0 0 1 0 4 2 3 2 15
Source : Extraits des rapports d’activités de la clinique de Mananjary
64
Annexe.6- Personnes rencontrées et interviewées
Antananarivo
Taolagnaro
Mananjary
Manakara
Farafangana
Appréciations
Les personnes interviewées ont sollicité de garder leur anonymat, par respect aucun nom n’a
été enregistré.
(10 personnes par site : bénéficiaires directs et indirects)
66
Annexe.8- Les axes stratégiques de mise en œuvre
et les cadres logiques
Les axes stratégiques
Axe stratégique A : Inviter l’Etat partie à la prise en charge du fonctionnement des cliniques
Objectif A : reconnaître les associations Résultat attendu : les subventions allouées aux
service d’utilité publique cliniques sont inscrites dans la loi des finances
Axe stratégique B : conscientiser les CTD, subventionner les cliniques
Objectif : Résultat attendu : participation assurée à des
taux graduels annuellement
Axe stratégique C : appeler l’appui de toutes les Organisations Internationales
Objectif : impliquer les Organismes Résultat attendu : l’appui financier partagé entre
Internationaux dans le financement les Organismes Internationaux
Axe stratégique D : impliquer les usagers
Objectif : faire participer les usagers Résultat attendu : les usagers sensibilisés
apportent leurs contributions
67
Cadre logique d’intervention A : Inviter l’Etat partie à la prise en charge du fonctionnement des cliniques
Objectif : reconnaître les associations, chargées de la mise en œuvre, comme service d’utilité publique
Résultat final : les subventions des cliniques inscrites dans la loi des finances
Indicateurs et (sources
Résultats intermédiaires Actions principales de vérification) Conditions critiques Echéance Responsables
68
Cadre logique d’intervention C : Appeler l’appui de toutes les Organisations Internationales
Objectif : impliquer les partenaires techniques et financiers internationaux
Résultat final : coûts partagés avec les partenaires internationaux
Indicateurs et (sources
Résultat intermédiaire Actions principales Conditions critiques Responsables
de vérification) Echéance
C1 Réaliser les plaidoyers et lobbying Nombre de partenaires 2011 MinJus/ONG/
impliqués CJ
Les Systèmes des U.N et - Restrictions des partenaires
Définir les taux de participation par PNUD
autres Organismes techniques et financiers pour
conférence des bailleurs Taux de participation
internationaux impliqués les allocations d’aide.
annuelle
Organiser conférence des bailleurs
Cadre logique d’intervention D : Impliquer les associations à participer dans le financement des cliniques
Objectif : faire participer les associations
Résultat final : les responsables d’association, sensibilisés, apportent leurs contributions
Indicateurs et (sources
Résultat intermédiaire Actions principales Condition critique Responsables
de vérification) Echéance
D1 Réaliser des activités de levées de Contributions Faible capacité de levée de 2011 ONG/CJ
Engagement des fonds pour les cliniques financières apportées par fonds
associations à apporter Proposer des co-financements des les associations
leurs contributions cliniques auprès de partenaires
techniques et financiers
69
Annexe.9- Liste des figures
1- Organigramme d’une clinique juridique (page 18)
2. Intégration des associations dans la catégorie de service d’utilité publique (page 38)
3. Inscription des subventions dans le budget de l’Etat (page 38)
4. Organigramme relationnel (page 38)
70