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Roberto Esposito
2006/1 n° 26 | pages 9 à 20
ISSN 1243-549X
ISBN 9782841743933
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-tumultes-2006-1-page-9.htm
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Totalitarisme ou biopolitique
suggestive. Ainsi qu’il est apparu très tôt aux interprètes moins
enclins à l’euphorie laudative, ce livre se présente moins comme
un bloc homogène que comme un composé résultant de
l’intégration de deux axes analytiques différents, voire
juxtaposés, dans leur logique de composition. A une première
version remontant aux années de la guerre et comportant une
magistrale reconstruction généalogique de l’antisémitisme nazi,
se superpose une deuxième version, écrite dans les années 1949-
50, dans laquelle l’analyse s’ouvre à la comparaison typologique
avec le communisme stalinien. C’est précisément dans cette
dernière section que prend racine ce paradigme totalitaire destiné
à investir rétrospectivement toute l’œuvre. Toutefois cette
opération de raccommodage, loin de conférer de l’unité au texte,
en expose encore plus la fracture interne : comment trouver trace
des racines du communisme soviétique dans la dégénérescence
et la dérive — de la crise de l’Etat-nation, à l’impérialisme
colonial, jusqu’à l’explosion du racisme biologique — qui a
mené au nazisme ? Voire, comment ramener le particularisme
naturaliste du nazisme à l’hypertrophie universaliste de la
philosophie de l’histoire révolutionnaire ? Que du reste les deux
axes du livre ne trouvent pas un vrai point de tangence logique et
lexicale, si ce n’est au prix d’un forçage qui greffe un objet
précédemment élaboré, sur un cadre conceptuel ultérieur et
hétérogène, cela apparaît non seulement dans la différence de
qualité de la recherche — ample et approfondie dans le cas du
nazisme, inévitablement pauvre et superficielle dans celui du