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Revue de traduction
11 | 1998
Traduire la culture
Annie Brisset
Éditeur
Presses Sorbonne Nouvelle
Référence électronique
Annie Brisset, « L'identité culturelle de la traduction », Palimpsestes [En ligne], 11 | 1998, mis en ligne le
30 septembre 2013, consulté le 08 juillet 2017. URL : http://palimpsestes.revues.org/1526 ; DOI :
10.4000/palimpsestes.1526
Il s'agira ici d'attirer l'attention sur ce qui structure le rapport entre le sujet
et l'objet de la traduction ou plutôt, sur ce qui le structure culturellement. Les
considérations qui vont suivre amorcent donc une réponse au "Projet d'une critique
'productive'" par lequel s'ouvre de façon programmatique le dernier ouvrage d'Antoine
1
Berman Pour une critique des traductions : John Donne .
1- Berman, 1995.
Le travail traductif requiert donc un sujet libre, libre dans son choix
fondamental de traduction, libre dans ses choix ponctuels, libre
dans la maîtrise de cette chaîne de 'coup par coup' (J.-R. Ladmiral)
qu'est le traduire dans sa pratique à ras de texte. Cette liberté-là se
confond avec la fidélité, et il appartient à chaque traducteur, non
sans risque, de délimiter l'espace de jeu de cette liberté-fidèle. Mais
la revendication de liberté a hélas un tout autre versant : il existe
une mauvaise liberté, comme il existe une fausse fidélité, un faux
respect. Ce qui arrive quand la liberté du traducteur prend la forme de
libertés [...] Cette liberté-pour-manipuler est le refuge et
l'expression de toutes les faiblesses, de toutes les paresses, de
toutes les infatuations, et elle témoigne, chez trop de traducteurs,
d'une psychè menteuse puisqu'elle trahit les principes de 'fidélité'
qu'elle ne manque jamais, en même temps, de claironner haut et
4
fort .
4- Ibid., p. 48.
question aussi complexe, j e me bornerai à indiquer en quoi la prise en compte de la
culture et de sa logique conduit à modifier les présupposés d'une critique
traductologique fondée sur une conception essentialiste du texte (du texte littéraire
privilégié) à partir de laquelle on en vient à juger l'"éthicité du traduire". C'est sur ce
terrain spécifiquement que j e vais donc répondre à certaines prises de position
d'Antoine Berman qui, me semble-t-il, rejette un peu vite le questionnement
5
socioculturel de la traduction dans le camp proscrit du "déterminisme" .
6
On sait qu'Umberto E c o , cherchant à expliquer l'attribution du sens dans
l'acte herméneutique et dans l'acte critique a distingué trois éléments. C'est d'abord
l'intentio auctoris, qui correspond (approximativement) à ce que les tenants de
l'Ecole interprétative (D. Séleskovitch, M. Lederer, M. Pergnier...) appellent le
"vouloir dire" de l'auteur. C'est ensuite l'intentio operis, c'est-à-dire le projet du texte
lui-même qui, en tant que dispositif signifiant, à la fois ouvre et limite les
7
potentialités de l'interprétation . Eco distingue en troisième lieu l'intentio lectoris
ou intention du lecteur qui, d'un même texte biblique, par exemple, peut faire une
lecture anthropologique, une lecture poétique ou une lecture théologique, de même
qu'il peut lire un roman pour passer le temps ou en vue d'une étude critique. Pour
résumer de façon schématique, l'attribution du sens et de la valeur apparaît alors chez
Eco comme la résultante de ces trois intentions (auteur, œuvre, lecteur).
7- Remarquons au passage qu'on ne peut pas réduire cette intention du texte au "vouloir
dire" de l'auteur, comme le fait l'Ecole interprétative, sauf à nier la spécificité d'un
texte par opposition à la communication orale (Voir Ricœur, 1986, pp. 137-159).
Sauf encore à limiter le modèle interprétatif à la communication dite monosémique
(elle-même non dépourvue d'ambiguïté. Voir note 19).
définitive et absolue, mais relative et transitoire. L'objection opposée aux tenants
d'une conception essentialiste de la littérarité, ou de l'art en général, est que l'identité
8
esthétique d'une œuvre ne saurait venir de l'œuvre elle-même , contrairement au
point de vue accrédité par les structuralistes. Ceux-ci ont cherché à définir la
littérarité d'un texte par sa composition (visant à opacifier le référent) et donc par son
degré d'autoréférentialité. Cette position initialement théorisée par les formalistes
russes et les structuralistes tchèques s'est perpétuée dans le post-structuralisme,
celui-ci incluant l'herméneutique littéraire dont, précisément, Berman se réclame.
L'objection tient à ceci :
8- Nanni montre que ce n'est pas la structure de l'œuvre qui lui confère son identité
artistique, mais bien les circonstances de son usage. Le porte-bouteilles de Duchamp
possède rigoureusement les mêmes caractéristiques que n'importe quel autre porte-
bouteilles. Il s'en distingue uniquement parce qu'il est exposé dans un musée.
Autrement dit, ce n'est pas une caractéristique commune qui réunit dans le champ de
l'art les œuvres les plus diverses, y compris les plus triviales : "Et si ce n'est pas une
caractéristique matérielle qui leur serait inhérente, c'est donc une caractéristique
fonctionnelle qui leur est extérieure. On m'objectera que cela marche bien pour l'art que
l'on dit conceptuel, mais pas pour l'art en général. Je répondrai que c'est plutôt le
contraire. Je crois que dans l'art dit conceptuel se dévoile, enfin, un principe
d"artisticité' qui ne lui appartient pas en propre, mais qui est plutôt celui de l'art en
général" (Nanni, 1995, pp. 32-33).
10- Pour une explication de ce principe déjà présent chez Platon, voir Nanni, 1987, 153-
205. La primauté de l'usage, de la fonction, sur la production est communément
admise dans le champ de la traduction dite pragmatique (ce qui englobe la traduction
orale). Daniel Gouadec est sans doute celui qui va le plus loin dans l'application de
cette approche. Cela dit, il est bien rare que la didactique de la traduction ou que les
grilles et les critères d'évaluation, sans parler de la modélisation même du traduire,
portent les traces d'un principe qui semble faire l'unanimité. Il y a donc là un impensé
qui touche toux le champ traductologique, et pas seulement le secteur de la traduction
littéraire.
11- "Par exemple, la phrase 'Vous m'apportez un apéro ?' est, en elle-même, une entité à
plusieurs niveaux de réalité, tous différents : le physique, le chimique, le mental, etc.
Et c'est précisément en vertu d'une convention d'usage que le 'café' ne fait accéder à la
signification que son niveau conceptuel, dénotatif, laissant tous les autres non
activés. Par contre le 'théâtre', en supposant que cette phrase soit prononcée sur une
scène, ou la 'galerie', en supposant qu'elle [la phrase] soit exposée en ce lieu comme
une œuvre d'art, activeraient tous ses niveaux de réalité, y compris ses niveaux
symboliques" (Nanni, 1991, pp. 251-252).
l'interprétation du texte. En termes traductologiques : elle oriente et façonne
l'interprétation du texte original en s'interposant (par le biais d'institutions diverses
voire conflictuelles, mais non moins unificatrices dans leurs sphères respectives)
entre la subjectivité traduisante et l'objet à traduire. Dans cette optique, la production
du texte cible n'est que la "phénoménologisation" d'un usage, le "corrélat objectif
d'un projet mu par l'anticipation de cet usage. Les conséquences pour la critique sont
les suivantes :
13- En voici une illustration parmi de multiples autres, mais d'autant plus instructive
qu'elle apparaît dans un débat sur les rapports entre littérature et société : à propos
d'Armance de Stendhal, Pierre Barbéris fait observer à son interlocuteur, Georges
Duby, que le héros du roman, polytechnicien, refuse de se mettre au service des
propriétaires des biens de production. Barbéris ajoute ce commentaire : "il y a des
résistances à cette lecture dans notre société, des résistances qui ne sont pas d'ordre
intellectuel abstrait, mais plutôt politiques et extrêmement concrètes [...] il y a des
phrases explicites dans Armance, qu'on ne relève jamais. C'est donc un phénomène de
censure qui joue [...] il n'y a pas de lecture neutre" (Barbéris, 1974, p. 47).
14
du discours de la science . Berman demande au critique de sélectionner et de
découper dans le texte original ce qu'il appelle "les zones signifiantes où une œuvre
atteint sa propre visée". Ce sont "les lieux où l'œuvre se condense, se représente, se
signifie ou se symbolise". L'écriture y possède, dit-il, "un très haut degré de
nécessité" :
[Ces passages] d'un seul coup, nous disent le sens de toute l'œuvre
de manière précise et aveuglante. [...] Toutes les autres parties de
l'œuvre sont marquées à des degrés divers et quelle que soit leur
apparente perfection formelle, par un caractère aléatoire, en ce sens
que, n'ayant pas cette nécessité scripturaire absolue, elles
15
pourraient toujours avoir été écrites autrement .
14- "Avec Husserl, nous appellerons objectiviste une attitude qui renvoie naïvement les
énoncés théoriques à des états de choses (Sachverhalt). Pour elle, les relations entre
les grandeurs empiriques représentées dans les énoncés théoriques sont en-soi ; du
même coup, elle escamote le cadre transcendantal au sein duquel de tels énoncés
prennent leur sens" (Habermas, 1973, p. 145).
17- Habermas, op. cit., pp. 147-148. C'est sur ce même postulat que Wolfgang Iser
développe sa conception de l'"acte de lecture" : "Le texte, en tant qu'il est une chose,
n'est jamais donné comme tel, mais toujours selon le mode déterminé du système de
référence qui a été choisi en vue de sa saisie". (W. Iser, 1979, p. 275. Je souligne). Ce
système qui sert de référence pour la saisie du texte correspond chez Iser à ce qui est ici
désigné comme le paradigme du critique.
18- Sperber, 1996, p. 119. Plus loin, il ajoute : "En dépit de la diversité des croyances
culturelles, qu'elles soient intuitives ou réflexives, et, dans le cas des croyances
réflexives, qu'elles soient à demi-comprises ou pleinement comprises, il faut pour les
expliquer prendre en considération deux genres de facteurs : le type de traitement
cognitif qu'elles reçoivent de la part des individus, et la façon dont elles sont
communiquées dans un groupe. Ou pour résumer sous forme de slogan : la culture est
le précipité de la communication et de la cognition dans une population humaine "
(p. 1 3 5 ) .
(même partiellement) ou bien la rejette. Constitué en bonne part de représentations
réitérées et partagées, ce cadre cognitif n'est pas un cadre neutre : c'est un cadre
axiologique, un lieu d'assignation de la valeur en même temps qu'il est un lieu
d'assignation du sens.
19- Cela vaut tout autant pour la communication prétendument monosémique. Je renvoie
sur ce point à l'analyse des interprétations successives du traité sur les missiles anti-
ballistiques signé en 1972 entre les Etats-Unis et l'Union soviétique. Voir Mailloux,
1995, pp. 128-134.
21- "Mais mon analyse des traductions, étant et se voulant une critique, se fonde
également sur Walter Benjamin, car c'est chez lui qu'on trouve le concept le plus élevé
et le plus radical de la critique 'littéraire' — et de la critique tout court. Non seulement
Benjamin est indépassable, mais il est encore en avant de nous" (Ibid., p. 15).
Rappelons que la thèse de doctorat de Berman (L'Epreuve de l'étranger) portait, comme
celle de Benjamin, sur le romantisme allemand. Sur la conception de la littérature,
l'affinité entre Berman et Benjamin relève d'une véritable filiation. Que, par ailleurs.
Benjamin soit indépassable, cela reste à établir. Les voies empruntées aujourd'hui par
la critique littéraire tendraient plutôt à invalider ce que Berman, dans le style assertif
qui le caractérise, présente comme une évidence.
23- Benjamin, 1959, p. 71. En soulignant ce qui différencie sur ce point les romantiques
de Benjamin et de ceux qui ont épousé par la suite sa conception autoréférentielle de la
littérature, Moser (1985, pp. 12-13) prend l'exemple de Schleiermacher qui ne rejette
aucun mode de traduction, même s'il établit une hiérarchie surplombée par la poésie.
Chez lui, la traduction inclut l'oral et l'écrit, les "échanges pratiques" au même titre
que la littérature. Contrairement à la visée utopique du traduire d'un Benjamin, la
théorisation de Schleiermacher a partie liée avec la communication ordinaire, avec le
contexte économique et politique.
26- "Mon propre projet critique [...] se réclame, lui, de l'herméneutique telle que l'ont
développée Paul Ricœur et Hans Robert Jauss à partir de l'Etre et le Temps de
Heidegger. [...] Je me base, moi, sur l'herméneutique moderne. C'est mon choix.
L'herméneutique moderne, sous la forme sobre qu'elle revêt chez Ricœur et Jauss, me
permet d'éclairer mon expérience de traducteur, de lecteur de traductions et, même,
d'historien de la traduction" (Berman, ibid., p. 15). Ce choix de paradigme rend assez
peu compréhensible le rejet de la sémiotique par Berman. Chez Ricœur,
l'herméneutique inclut la sémiotique. Toutes deux relèvent d'une même paire
épistémologique, comprendre et expliquer : "je veux montrer, sur la base précisément
des travaux conduits dans le champ de la narratologie, la fécondité d'une dialectique
fine entre expliquer et comprendre. Je ne définirai pas alors l'herméneutique comme
une variante de la compréhension à l'exclusion de l'explication, selon le modèle
diltheylien [...], mais comme une des mises en œuvre du rapport expliquer-
comprendre, où le comprendre garde la primauté et maintient l'explication au plan des
médiations requises, mais secondaires. El je définirai la sémiotique structurale comme
une autre mise en œuvre du même rapport entre expliquer et comprendre, mais sous la
condition d'un renversement méthodologique qui donne le primat à l'explication et
cantonne la compréhension au plan des effets de surface" (Ricœur, 1990, p. 4. Je
souligne). Ricœur montre qu'entre l'herméneutique textuelle et la sémiotique textuelle,
il existe une communauté d'objet : la temporalité comme principe constitutif de
l'organisation du sens. En reconnaissant la dialectique entre comprendre et expliquer
(contre la dichotomie traditionnelle promue par Dilthey), Ricœur montre que
l'herméneutique et la sémiotique sont deux modes cognitifs interdépendants. Il en
vient à dire que le parcours du sujet épistémologique de la sémiotique est en fait celui
de l'herméneutique générale. Ce rapport repose sur sa conception du texte comme
"inscription", c'est-à-dire comme système de signes qui, détaché de sa source de
signification, devient sémantiquement autonome. Le texte ne peut donc être objectivé
que par la saisie des relations internes qui le constituent. Or, à quelle discipline
revient cette tâche sinon à la sémiotique ? Celle-ci apparaît donc comme une
"variante" de l'herméneutique où "l'explication est tenue pour une médiation obligée
de la compréhension" (p. 6).
27- Dans une herméneutique du texte qui s'appuie, comme chez Ricœur, sur la sémiotique
structurale, l'historicité est prise en compte sous la forme d'une intertextualité
génétique. Autrement dit, l'historicité est ce qui situe la configuration du texte par
rapport à une tradition. Identifier la novation, dit Ricœur (1990, p. 12), c'est
"identifier sur quel fond institué elle se détache". Berman s'inscrit dans ce modèle.
Mais il existe une autre dimension de l'historicité, celle de l'interdiscours qui
s'apparente à la notion d'épistémè de Foucault. C'est elle que le modèle
fonctionnaliste tend à privilégier comme principe explicatif.
L'approche critique de Berman pose un autre problème qui découle de ce qui
précède, celui du domaine des objets auxquels cette approche entend s'appliquer. Ce
problème, je le formulerai ainsi : une méthode qui repose sur les principes évoqués
plus haut peut-elle rendre compte de toutes les pratiques traductives ? Peut-elle
même rendre compte de toutes les pratiques traductives qui relèvent du champ de
l'esthétique ? Voilà bien la question. Cette méthode n'incite-t-elle pas à ne
s'occuper, comme naguère la théorie littéraire, que des œuvres de "qualité" (Schlegel
28
cité par Berman ), à ne s'occuper autrement dit que des œuvres du canon ? N'incite-
t-elle pas encore à ne considérer que les traductions qui relèvent de ce que Berman
appelle, significativement, "l'Idée" de la traduction ou ce que le XVIe siècle appelait
une loi de traduction, "une Loi au sens le plus fort du terme et que là il [le
29
traducteur] n'est pas libre de modifier" . L ' i d é e de la traduction, la Loi de la
traduction, ce sont là des notions qui référent à une essence de la traduction, à une
"vérité" intransitive du traduire (le terme "vérité" est omniprésent chez Berman). Ne
faudrait-il pas plutôt considérer que l'"idée" de la traduction est ce qu'une conscience
collective se représente comme telle et qu'on ne découvre qu'à partir des attitudes
collectives qui manifestent implicitement cette Idée ou cette Loi, c'est-à-dire un
ensemble de normes productrices de pratiques. Y a-t-il vraiment "autant de positions
3 0
traductives que de traducteurs" au sein d'une même culture ? Et, pour prendre un
exemple emprunté aux arts visuels, qu'advient-il de l'"essence" artistique contenue
dans le porte-bouteilles de Duchamp ou dans les boîtes de soupe de Warhol ? Où est
3 1
dans ces œuvres la "vérité autonome de leur tâche" d'artistes ? La conception
essentialiste de la création artistique qui survalorise l'autonomie du sujet est
aujourd'hui battue en brèche par la critique esthétique de même que par la théorie
littéraire ; elle n'est pas tenable davantage pour la traductologie. L'Idée de la
traduction, son essence, dit Berman, n'est pas définissable. Comment sur ce point ne
3 2 - Ibid., p. 17.
savoir...) et atteindre de vastes publics, la notion même de chef-d'œuvre est mise en
cause, et avec elle l'établissement du canon. De plus, la prolifération des formes
artistiques rend tout aussi problématique une hiérarchisation qui fonde la valeur
esthétique des œuvres sur leur structure matérielle plutôt que sur leurs causes
culturelles.
39- Il existe des traductions, des corpus entiers de traductions pour lesquelles la notion
d'échec traductif n'est pas pertinente. Ces traductions s'articulent moins au texte
original qu'à des gestes discursifs qui informent les rapports entre le réel et le
symbolique dans le moment de leur histoire. Ce qui déplace ipso facto l'objet de la
critique traductologique du côté de la culture.
usages différents) à l'intérieur d'une même culture, sans devoir trancher, depuis la
position d'un Sirius, entre la vérité de l'une et l'erreur des autres.
BIBLIOGRAPHIE
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