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PAR
Pierre MIVELAZ
Ingénieur civil diplômé EPF
originaire de Fribourg
Lausanne, EPFL
1996
A mes parents Yolande et Gérard
PREFACE
REMERCIEMENTS
RESUME 11
SUMMARY 13
1.- INTRODUCTION 17
Ce travail de thèse a pour but d’apporter des éclaircissements sur les débits d’air et
d’eau qui peuvent traverser une paroi en béton armé fissurée sous l’effet de
déformations imposées (retrait, différence de température, etc.).
Il est toujours très délicat d’effectuer des prévisions de tels débits vu la complexité
énorme du problème. Monsieur Mivelaz s’est néanmoins efforcé de montrer les
influences primordiales que représentent la disposition de l’armature, la qualité
du béton, l’épaisseur de l’élément et la grandeur de la déformation imposée.
Les essais d’infiltration réalisés dans 1e cadre de ce travail ont été effectués
principalement avec de l’air plutôt que de l’eau, afin d’éviter les phénomènes
d’autocolmatage. Ils ont permis de suivre l’évolution des infiltrations à travers
des éléments progressivement fissurés. Ces essais d’une grande ampleur ont été
menés à terme grâce au très grand engagement personnel du doctorant et aux
grandes possibilités que nous avons pu lui mettre à disposition au laboratoire. Il a
en outre pu partiellement profiter de la thèse de M. Farra publiée en 1995.
Outre les essais, le travail de Monsieur Mivelaz a comporté des études théoriques
et numériques, ainsi que la participation à des expertises en relation avec des
problèmes d’étanchéité.
Ses propositions concrètes, quant au débit à travers une fissure traversante
d’ouverture constante ou variable, constituent la clé de son travail. Celui-ci a par
ailleurs fortement intéressé l’Electricité de France qui nous a soutenus tout au
long de ce travail.
Il est évident que les connaissances encore lacunaires dans ce domaine plein
d’avenir, doivent continuer à se développer pour favoriser 1a réalisation de
structures en béton étanche. Nous souhaitons vivement que cette thèse y
contribue de façon significative.
Pierre Mivelaz
11
RESUME
tout de même été retenue, car elle présente l'énorme avantage de pouvoir suivre
avec précision l'évolution de l'état de fissuration et de l'ouverture des fissures. Il
est montré que la technique d'investigation pour l'évaluation des infiltrations a
bien moins d'importance que la technique d'investigation pour quantifier l'état
de fissuration. Il est très important d'avoir une définition claire de l'ouverture
d'une fissure et d'être capable de la mesurer avec précision si l'on veut établir des
paramètres permettant de quantifier les infiltrations à travers un élément fissuré.
Pour cette raison, tous les résultats expérimentaux de cette recherche se réfèrent à
l'ouverture découlant du modèle de fissure fictive proposé par Hillerborg.
Sur la base des résultats de l'analyse quantitative des mesures d'infiltration, une
relation entre le coefficient de débit, qui permet l'évaluation des infiltrations à
travers une fissure sur la base de l'équation de Poiseuille, et l'ouverture d'une
fissure est proposée. La relation ne diffère pas fondamentalement des relations
existantes, mais elle a l'avantage de lever quelques contradictions.
La notion d'épaisseur réduite d'un élément en béton armé est introduite. Cette
épaisseur réduite, qui permet d'évaluer les infiltrations sur la base de l'ouverture
des fissures à la surface d'un élément, dépend de la géométrie des fissures. Elle
peut être bien plus faible que l'épaisseur réelle d'un élément si des fissures
secondaires se forment à sa surface.
Le comportement à la fissuration d'un tirant en béton armé et la géométrie des
fissures sont déterminés au moyen d'un programme de calculs par éléments
finis. Le comportement du béton est admis élastique linéaire jusqu'à la résistance
à la traction, puis isoadoucissant dans la phase de développement des fissures.
L'interaction entre les barres d'armature et le béton est prise en considération par
l'intermédiaire d'une relation d'adhérence liant le glissement des barres à la
contrainte d'adhérence. L'approche est conventionnelle. Elle permet de repro-
duire avec une bonne précision 1e comportement moyen des tirants d'essais.
Le programme de calcul par éléments finis est appliqué pour une étude
paramétrique sur l'influence de l'épaisseur, du taux et de la répartition de
l'armature, ainsi que de la classe de résistance du béton, sur le débit d'infiltration
global à travers un élément fissuré sous une déformation imposée de courte
durée. Il est démontré qu'il est dans ces conditions inutile d'épaissir un mur pour
améliorer son étanchéité, car cela conduit à devoir aussi augmenter la quantité
d'armature. Le taux d'armature est le facteur qui a le plus d'influence sur les
infiltrations.
Bien que l'augmentation de la quantité d'armature est très favorable, de l'avis de
l'auteur il ne s'agit tout de même pas du meilleur moyen pour améliorer
l'étanchéité d'un ouvrage. Cette solution peut être acceptable s'il s'agit de couvrir
des risques accidentels de fissuration ou de résoudre un problème local. Dans les
autres cas, il est de loin préférable de prendre des mesures pour éviter au
maximum les fissures traversantes. En matière d'étanchéité, il y a en effet un
grand saut qualitatif entre un élément fissuré ou non. L'armature ne permet de
loin pas de combler cette différence.
13
SUMMARY
Concrete elements may have in certain case to combine structural and watertight
fimctions. This is the case in particular of the walls and the ruft of a tank, or quite
the complete structure of an underground gallery. Naturally the tight function
may be provided by a specific membrane composed of steel sheets or synthetic
materials. However, when an absolute tightness is not required, it is common to
avoid such membrane. In this case, the level of tightness depends stroneg on the
crack density and their width.
The study presented aims to give quantitative indications on the air or the water
flow through a cracked reinforced concrete tension member at a given imposed
strain. It is limited at the case of short term solicitation (shrinkage, creep and
relaxation of concrete not taking into account) and short term flow (the possible
interaction between the fluid and the concrete not taking into account). The work
is based on an experimental study performed by the author, which has consisted
in carrying out a progressive cracking and seepage test on nine reinforced
concrete ties of 0.42 m x 1 m x 5 m. The test parameters were two concrete mixes
(one ordinary and one high—performance concrete) and the longitudinal
reinforcement. The combination of parameters has allowed to investigate the
influence of concrete and reinforcement on cracking and, therefore to study their
influence on the flow through cracked concrete members.
Before to deal with the specific problem of the flow trough the cracks, the main
transport phenomenon trough the porous structure of the concrete are reviewed.
That permitted to confirm that the non-crack concrete can be considered tight for
most practical purposes. The seepage flow is mainly dependent of the cracking
state of the elements which compose a structure.
The main results of the experimental study, which has been published in a
specific report, are recalled. The tests have allowed to confirm the results of a
previous research carried out by Farra and Iaccoud on smaller but numerous ties,
which has shown that the mean crack width is relativer independent of the
concrete strength under restrained deformation. To predict the flow rate through
cracked member, it appeared that it is not sufficient to know the mean surface
crack width and their spacing. It is necessary to make the distinction between
through cracks and surface secondary cracks which can appeared in certain cases.
An important part of the thesis is devoted to the quantitative interpretation of
the flow measurements on the large ties. The test method which has consisted to
inject the test specimens by mean of embedded tubes, make more complicate the
analysis of the flow measurements than in the case that the pressure of the fluid
is applied at surface of the specimens. It doesn't give direct quantitative relation
between the flow, the number and the width of the cracks. On the other hand, the
test method has permitted to follow with accuracy the cracking state evolution of
the specimens. It is shown that this second aspect is more important than the
seepage test method, to give quantitative experimental relation between crack
l4
width and seepage flow. It is important t0 have a clear definition of the crack
width and to be able to measure it with accuracy. For this reason, all experimental
results of this research are refereed to the fictitious crack width according to the
fictitious crack model of Hillerborg, which definition is clear and which can be
accurately measured with electrical gauges.
On the basis of the quantitative interpretation of the seepage flow measurements,
a relationship between the flow coefficient, which permitted to evaluate the flow
trough a crack according to the well know Poiseuille equation, and the crack
width is proposed. The relationship does not fundamentally differ from those
still available, but has the advantage to remove some contradictions between
existing propositions.
The notion of reduced thickness of a reinforced concrete member is introduced.
This reduced thickness, which permit to evaluate the seepage flow on the basis of
the surface through crack width, depend of the geometry of the cracks in the
thickness of the member. It can be stroneg smaller than the real thickness of the
member if secondary surface crack occurring.
The cracking behaviour and the geometry of the cracks are determined by a finite
element analysis. 'I'he concrete behaviour is admitted linear elastic until its
tension strength is reach, and isosoftening during the cracking progress (a bilinear
stress-crack opening diagram is adopted). The interaction between the
reinforcement and the concrete is taking into account by mean of a bond stress-
slip relationship. The approach is conventional. It permitted to reproduced with a
gut accuracy the average behaviour the test Specimens. Their reduced thickness
can be deduced from the geometry of the cracks given by the finite element
analysis.
The finite element analysis model is used t0 make a study on the influence of the
thickness, the reinforcement and strength class of the concrete on the global flow
through a reinforced concrete member at a given imposed strain. It is shown that
it is useless to thicken a member to improve its tightness, because the
reinforcement quantity has to be increased. The reinforcement ratio is the major
factor that influence the global seepage flow.
Nevertheless, the increased of the reinforcement ratio it not the best way to
ameliorate the tightness of concrete structures. It could be acceptable again
accidental solicitations or to resolve local problems. In the other cases, it is from
far the best to take measures t0 avoid the through cracks. In the case of tightness,
there is an important qualitative step between a crack or a non crack member.
The reinforcement can not fill this gap. For this reason, a part of this document is
devoted to the different causes of cracking and to the actions which can be taken
to limited the cracking risk.
TABLE DES MATIÈRES
1.- INTRODUCTION
7.- CONCLUSIONS
7.1 Synthèse 185
7.2 Conclusions générales 190
7.3 Extension de l'étude 191
17
1.- INTRODUCTION
et transportés par flottaison) est à ce titre exemplaire. Suivant les pays, ils sont
presque exclusivement composés d'une coque métallique raidie et lestée par du
béton, c'est le cas en particulier aux Etats-Unis (Culverwell [1989]). Dans d'autres
pays ils sont en béton avec une étanchéité composée de tôles et de membranes
synthétiques (the Kawasaki Fairway Tunnel et the Tama River tunnel au Japon,
Palmer [1989]); ou encore en béton sans étanchéité particulière, comme c'est le cas
depuis de nombreuses années aux Pays-Bas (Glerum et a1. [1976]). La situation
n'est pas très différente dans le cas des enceintes de confinement des centrales
nucléaires, pour lesquelles des conceptions en béton avec membrane en tôle
d'acier (Eibl [1993]) s'opposent à des conceptions en béton sans couche
d‘étanchéité particulière (Ithurralde et al [1992]). Aussi bien dans 1e cas des
tunnels immergés, que dans celui des enceintes de confinement, le choix de l'une
ou l‘autre des options n'est pas toujours le fait de conditions techniques et
économiques particulières, mais relève aussi d'un niveau de confiance variable
accordé aux structures en béton étanches dans la masse.
Tableau 1.1 : Influence du type d'étanchéité sur la limitation de la fissuration et les possibilités
d'utilisation en milieu agressif (inspiré de la SNGECED - CSNHP [1990])
L'étude s'appuie sur une série d'essais de fissuration et d'infiltration réalisés sur
neuf éléments en béton armé de 5 m de longueur, de 1 m de hauteur et de 0.42 m
d'épaisseur. Ces essais constituent la troisième et dernière phase expérimentale
d‘un vaste projet de recherche débuté en 1990 à l'IBAP et qui s'achève avec cette
thèse. Après une première phase préparatoire durant laquelle des compositions
de béton à priori favorables à la réalisation d'ouvrages étanches en béton armé
(retrait limité, faibles porosité et perméabilité, bonne ouvrabilité) ont été étudiées
(Schweizer [1992]) et une seconde phase consacrée à l'étude de l'influence de la
résistance du béton sur le comportement à la fissuration d'une structure en béton
armé qui a abouti à une première thèse (Farra et Iaccoud [1993], Farra [1995]), il
s'agissait pour le dernier volet expérimental de faire le lien entre la fissuration
d'éléments en béton armé et l'étanchéité.
Deux compositions de béton, un béton ordinaire et un béton à hautes
performances, et six schémas d'armature ont été testés. Les principaux
enseignements et conclusions de ces essais ont été les suivants (Mivelaz et
Iaccoud [1995]) :
-L'amélioration des propriétés mécaniques du béton, en particulier de sa
résistance à la traction, n'influence pratiquement pas l'ouverture des fissures
sous déformation imposée de courte durée. Cette constatation confirmait, au
cas d'éléments de dimensions relativement grandes, une des principales
conclusions du travail de thèse de Farra [1995].
- Le débit d'infiltration au travers d'un élément fissuré dépend non seulement
du nombre et de l'ouverture des fissures à sa surface, mais également de la
nature des fissures. Il est en particulier apparu qu'il est nécessaire de faire la
distinction entre un élément qui présente ou qui ne présente pas de fissures
secondaires. Ces dernières peuvent sous certaines conditions apparaître à la
suite et de part et d'autre des fissures traversantes. Elles ne sont pas
directement nuisibles à l'étanchéité. Toutefois, leur présence fait augmenter
le débit d'infiltration à travers les fissures principales, indépendamment de
l'ouverture superficielle de ces dernières. L'augmentation du débit par mètre
linéaire de fissure dans le cas de ces éléments était en partie compensée par le
fait que sous une déformation imposée donnée, le nombre de fissures
traversantes diminuait si des fissures secondaires apparaissaient.
Ces fissures secondaires ont déjà été mises en évidence dans le cadre d'autres
recherches sur la fissuration, sans pour autant, à notre connaissance, que leur
influence quantitative sur les infiltrations à travers un mur n'ait été étudiée,
alors qu'il s'agit dans certains cas d'un phénomène prépondérant. L'étude
22
ENVIRONNEMENT - ACTIONS
Conception
Technologie du Armature système statique
type d'acier choix des sections
béton
' taux d'armature joints permanents
for mum non disposition reprises de bétonnage
mise en oeuvre préconminœ séquences de bétonnage
cure brèches
DEBITS ADMISSIBLES
exigences d'exploitation
conditions climatiques
Tassement du quelques heures fissures le long des barres; les fissures peuvent être larges; elles
béton frais apres le fissures aux changements de peuvent etre evitees par des mesures
bétonnage section appropriées lors de l'exécution.
Retrait quelques heures fissuration en réseau ou longues les fissures peuvent être larges. 2 à 4 mm
plastique après le fissures à la surface des dalles n'est pas inhabituel.
bétonnage coulées dans des conditions
desséchantes.
Fissures pré- quelques jours longues fissures aux repriSes de peut être contrôlée par une armature. en
coces d'origine après le bétonnage de murs; autres fissures limitant la dimenslon des étapes ou en
thermique bétonnage selon le genre d'entraves contrôlant la température.
Corrosion quelques années fissuration le long des barres faible au début, augmente avec le temps;
apres la provoquant l'éclatement du béton apparition de traînees de rouille si
construction d'enrobage ambiance humide.
Réaction quelques années apparaît dans des ambiances humides, les fissures peuvent être larges.
alcali- après la fréquemment comme une fissuration
granulats construction en réseau; n'apparaît qu'avec
certains types de granulats
Charges durant dépend de l'usage fissures de flexion. de traction. les charges permanentes sont plus importan-
chapitre 3). Le choix des granulats devrait aussi être examiné attentivement. Il
peut avoir une importante influence sur le risque de fissuration au jeune âge
(Simons [1993]). Dans la mesure du possible, les granulats présentant un faible
module d‘élasticité et un faible coefficient de dilatation thermique doivent être
préférés.
En cas de forte entrave des déformations, le risque de fiSSuration thermique au
jeune âge peut difficilement être éliminé en agissant uniquement sur la
composition du béton. Dans ce cas, il peut s'avérer utile de refroidir le béton en
faisant circuler de l'eau dans des tubes noyés dans la masse ou/et de réchauffer
les éléments entravant 1a déformation, afin qu'ils se raccourcissent aussi au
moment du refroidissement. Le principe du refroidissement du béton pendant
sa prise est depuis longtemps appliqué pour la construction des barrages. Il peut
aussi être utilisé avec succès dans le cas des structures en béton armé ou
précontraint, particulièrement si les sections sont relativement massives. Il
avait notamment été retenu dans le cas de la variante de tunnel présentée en
1995 pour la traversée de la rade à Genève (Bonnard 8: Gardel et a1 [1994]), qui
était prévu d'être réalisé selon la technique hollandaise des tunnels immergés
en béton étanche (Glerum et al. [1976]). Dans ce projet, les tronçons de tunnel
devaient être bétonnés en deux étapes: le radier, puis les murs et la dalle. Pour
éviter la fissuration des éléments de la seconde étape de bétonnage, le radier
devait être préchauffé et les murs refroidis par l'intermédiare de tubes noyés
dans la masse.
Une alternative au refroidissement du béton pendant sa prise, consiste à
abaisser la température du béton frais en substituant par exemple une partie de
l'eau de gâchage par de la glace concassée ou en refroidissant les matériaux, en
particulier les granulats, au moyen d'azote liquide ou de neige carbonique, afin
de limiter l'élévation de température durant l'hydratation. La méthode de
refroidissement au moyen de neige carbonique a été testée et mise au point par
Takeuchi et a1. [1993], puis appliquée avec succès pour la réalisation d'un
réservoir d'eau au Japon. Ce type de technique présente l'avantage par rapport
au refroidissement du béton dans les coffrages de pouvoir être facilement
appliquée à des éléments de relativement faible épaisseur, puisque ne
nécessitant pas d'incorporés supplémentaires dans les coffrages. Pour illustrer
l'intérêt de ces techniques, la figure 2.2 donne pour les éléments testés dans le
cadre de cette recherche, la température maximum atteinte au coeur des
éléments en fonction de la température du béton frais, ainsi que le retrait total
mesuré après 74 jours en fonction de la température moyenne maximum
atteinte par les éléments (Mivelaz et al. [1995]). Dans le cas du béton IBAP, une
différence de 11 °C sur la température du béton frais conduit à un différence
d'environ 9°C sur la température maximum atteinte par les éléments durant
la prise et finalement à une différence d'environ 0.1 %o sur le retrait total après
74 jours.
33
55 0.4
0.2
O
A
35 0.1
10 15 20 25 30 35 40 45 50
Température du béton frais [°C] Temp. moyenne maximum [°C]
Figure 2.2 : Influence de la température du béton frais sur le retrait longitudinal libre d'éléments
en béton armé de 5m de long, de 1 m de haut et de 0.42m d'épaisseur (meSures de
référence pour le retrait prises au moment ou l'élévation de température maximum est
atteinte)
Pour lutter contre la fissuration thermique au jeune âge, il est encore possible
d'agir au niveau de la planification et de l'enchaînement des bétonnages. Pour
commencer, il est préférable de bétonner par temps frais plutôt qu'en pleine
après-midi d'été. La température maximum atteinte par le béton pendant sa
prise et, par conséquent, l'ampleur du retrait thermique étant, comme nous
l'avons vu, grandement influencés par la température du béton frais, il faut
donc profiter aux mieux des journées fraîches ou au moins le mettre en
oeuvre le matin. On peut limiter les phénomènes de bridage des déformations
de retrait en enchaînant autant que possible des étapes de bétonnage à inertie
croissante. Si l'on revient au cas des tunnels, on tire avantage à bétonner dans
un premier temps le radier seul, puis d'un coup les murs et la dalle supérieure.
Le nombre de reprises de bétonnage, qui causent autant de problèmes de retrait
différentiel, est limité et le rapport entre l'inertie des deux étapes de bétonnage,
ainsi que la distance entre le radier et la dalle diminue grandement le risque de
fissuration dans cette dernière. Certains préconisent même de bétonner d'une
seule fois toute la section.
Utilité des joints permanents pour lutter contre les fissures de retrait
Les joints permanents disposés dans le but d'éviter les fissures de retrait,
comme par exemple dans 1e cas des murs sur radier, ne présentent par contre
pas vraiment d'intérêt. Pour qu'ils puissent à eux seuls se montrer efficaces, il
faut que le rapport entre la longueur et la largeur des étapes de bétonnage
n'excède pas environ 2 (Falkner [1983]). Même si cette condition est respectée,
le risque de fissuration au niveau de la reprise de bétonnage n'est pas écarté. De
nos jours la solution des joints permanents pour résoudre les problèmes de
retrait bridé est de plus en plus abandonnée. Les joints engendrent souvent
34
-les pores du gel de ciment ou, autrement dit, les pores internes aux
enchevêtrements d'hydrates résultant de la prise du ciment, pores qui ont
une dimension de l'ordre du manomètre;
-les pores capillaires de l'ordre du micromètre, qui représentent les espaces
occupés par l'eau avant la prise du béton et qui n'ont pas été comblés par le
gel de ciment;
- les bulles d'air non évacuées lors du compactage du béton frais et dont l'ordre
de grandeur est le millimètre.
Les diverses familles de pores d'une pâte de ciment durci et leures dimensions
caractéristiques peuvent être mises en évidence par une courbe de distribution de
la taille des pores, comme celles montrées à la figure 2.3, tirée d'une publication
de Verbeck et Helmuth [1969].
VOL.PORES OF DIAMETER D/CC OF PORE VOLJ lOz
à
O
30
20
l0
Figure 2.3 : Distribution de la taille des pores après 11 ans de cure humide de trois pâtes de ciment
durci se distinguant par leur rapport E/C (porosimétrie au mercure, Verbeck et
Helmuth [1969])
La porosité totale d'une pâte de ciment durci est élevée, puisque de l'ordre 35%.
Powers [1958] a montré que le volume et les dimensions des pores du gel et des
pores capillaires dépendent principalement du degré d'hydratation des grains de
ciment et du rapport E/C. Les pores du gel sont inévitables. Powers a estimé que
la porosité minimum possible du gel résultant d'une hydratation complète des
grains de ciment est de l'ordre de 26 °/o. La porosité capillaire est aussi dans une
certaine mesure inévitable, mais peut être fortement réduite en limitant le
rapport E/C. La figure 2.4 établie par Hansen [1986] sur la base des théories de
Powers donne la répartition volumique théorique d'une pâte de ciment hydratée
à 50%, d'une pâte protégée de la dessication et complètement hydratée, ainsi que
.
Copillanes
. |
Fractional volume
Flotllonel volume
9
m
.°
0.7
vaux-cm ratio by nipm
chllonnl volume
Figure 2.4 : Répartition volumique d'une pâte de ciment en fonction du dégré d'hydratation et du
mode de cure (Hansen [1986])
a) pâte de ciment à 50 °/o hydratée (très mauvaises conditions de cure)
b) Pâte de ciment protégée de la dessication jusqu'à hydratation complète
(excellantes conditions de cure)
c) Pâte de ciment faisant sa cure dans l'eau (cure avec apport d'eau)
d'une pâte de ciment complètement hydratatée dont la cure a été faite dans l'eau
(apport d'eau possible pendant la cure pour achever l'hydratation du ciment
jusqu'au remplissage complet des pores capillaires).
L'existence et la structure poreuse de l'auréole de transition autour des granulats
peuvent être mises en évidence en comparant la porosité d'une pâte de ciment à
celle d'un béton composé de la même pâte de ciment et de granulats de porosité
négligeable. Winslow et Liu [1990] ont montré qu'à degré d'hydratation égal, la
0.3
o Concrete
D Paste
0.2
Cum
Int 0.15
("713/9)
0.1
0.05
Figure 2.5 : Distribution de la taille des pores d'une pâte de ciment en l'absence de granulats, dans
le cas d'un mortier et dans le cas d'un béton (porosimétrie au mercure, la porosité est
rapportée au volume de pâte de ciment, E/C=0.55, Winslow et Liu [1990])
30
in
W
z
Oe\°
È.
{L0-
OË 20
gs{D
32
O<
>33 180 jours
ä; O%F.S.
:8
sa 1°
W<
(:4
Figure 2.6 : Volume relatif des pores plus grands que 0.5 um en fonction de la distance d'un granulat
d'une pâte de ciment avec ou sans fumée de silice (Ollivier et Yssorche [1992])
L'équation de Darcy suppose que l'écoulement est laminaire et que les forces
d'inertie sont négligeables. Ces hypothèses sont pratiquement toujours vérifiées
dans le cas du béton, car l'écoulement à travers ses pores s'effectue à très faible
vitesse.
La perméabilité k du béton est délicate à mesurer. Pour des problèmes
d'infiltration sous forme liquide, il faut souvent du temps pour que les pores
soient saturés. Tant que cela n'est pas le cas et que subsiste une seconde phase, en
particulier une phase gazeuse comme l'air, les phénomènes capillaires ont une
influence non négligeable sur l'écoulement (voir â 2.2.3). Pour des problèmes
d‘infiltration sous forme gazeuse, il faut dans 1a plupart des cas compter avec une
42
certaine quantité d'eau enfermée dans les pores, qui est plus ou moins entraînée
par l'écoulement, qui s'en trouve freiné.
Sous la forme (2.1) l'équation de Darcy suppose le milieu isotrope et une
perméabilité indépendante du fluide. La perméabilité constitue donc une
propriété intrinsèque du matériau. Elle ne doit pas être confondue avec 1e
coefficient de perméabilité qui n'est valable que dans le cas d'un écoulement
d'eau et qui découle de la formulation suivante de la loi de Darcy :
_ —'
v = -—KW. grad H (2.2)
Kw : coefficient de perméabilité [m / s]
H = p / pg + h : charge hydraulique [m]
k: “KW (2.3)
os
Le rapport u / pg vaut 1.05.10“7 m-s dans le cas d'eau à 20°, 1a valeur 1-10“7 m-s étant
généralement admise en pratique.
Pour éviter toute confusion, rappelons que la vitesse de filtration des équations
(2.1) et (2.2) ne doit pas être confondue avec la vitesse réelle du fluide à travers les
pores, qui en moyenne est plus grande et qui varie d'un pore à l'autre suivant sa
taille, sa forme et ses connections avec les autres pores.
L'écoulement à travers un pore isolé est souvent comparé à l'écoulement
laminaire à travers un tube cylindrique, décrit par l'équation de Poiseuille :
4
Bu dl’
Figure 2.7 : Coefficient de perméabilité d'une pâte de ciment durci en fonction de sa porosité
capillaires (1 darcy '— 105 m/s, Powers [1958])
soit en général bien plus faible que celle de la pâte de ciment, sa perméabilité peut
tout de même dépasser celle de la pâte de ciment. Ce fait, au premier abord
surprenant, s'explique par la très petite taille des pores du gel de ciment qui sont
quasi imperméables, alors que les pores du gel contribuent pour une bonne part à
la porosité totale de la pâte de ciment.
Bien que la perméabilité des granulats peut être non négligeable, son influence
sur la perméabilité apparente du béton est en partie limitée par le fait que la pâte
de ciment enveloppe les granulats, ce qui a pour conséquence de les isoler les uns
des autres. Il est même fort probable que les auréoles de transition autours des
granulats accentuent encore leur isolement, car elles constituent autant de petits
canaux susceptibles de drainer le fluide et de favoriser sa circulation. Le fluide a
avantage à contourner les granulats plutôt qu'à les traverser.
La qualité de la pâte de ciment reste donc l'élément majeur à maîtriser si l'on
veut produire des bétons à faible perméabilité. A ce titre, i1 est utile de rappeler
l'effet très favorable de la fumée de silice sur la porosité de l'auréole de transition
(figure 2.6), effet qui se répercute largement au niveau de la perméabilité. A cela
s'ajoute l'influence des diverses sollicitations (directes ou indirectes, mécaniques
ou chimiques) susceptibles d'engendrer des microfissures, qui évidemment
facilitent d'autant la circulation d'un fluide (Kermani [1991], Gérard et al. [1996]).
1 _ 5.57 ‘
Tableau 2.2 : Porosité et perméabilité de quelques roches denses et peu altérées (1 darcy w 1(T5 m/s,
valeurs indicatives selon lF‘owers [1958] et 2 Davis [1969])
La très faible vitesse de filtration de l'eau à travers le béton rend délicate, voire
impossible dans le cas des BHP, la détermination du coefficient de perméabilité.
Le coefficient de perméabilité d'un béton ordinaire est de l'ordre 10'12 m /s. Cela
implique que de l'eau sous une pression de 5bars met en régime stationnaire
plus de 6 années pour traverser une éprouvette de béton ordinaire de 10 cm
d'épaisseur (la pression correspond à une colonne d'eau de 50 m, les pores sont
admis saturés). Pour cette raison, les mesures ne sont souvent pas réalisées
jusqu'à saturation complète des éprouvettes. On mesure dans ce cas la vitesse de
pénétration du fluide dans l'éprouvette, ce qui nécessite la prise en compte de
l'absorption capillaire, si l'on veut pouvoir interpréter quantitativement ce type
de mesures (ê 2.2.3). L'autre solution consiste à évaluer la perméabilité d'un
45
béton avec un fluide moins visqueux que l'eau, tel un gaz. Dans le cas de la
perméabilité à un gaz, l'équation de Darcy (2.1) reste valable. Toutefois
l'expérience montre que la perméabilité déduite de mesures d'infiltration d'un
gaz est en général passablement différente de la perméabilité déduites de mesures
d'infiltration d'eau ou d‘un autre liquide. Sur ce point deux facteurs ont une
grande influence sur les mesures de perméabilité réalisée avec un gaz :
— la teneur en eau des éprouvettes (aspect déjà évoqué au début du paragraphe);
- la pression d‘essai et la taille des pores.
Les pores du béton contiennent toujours une certaine quantité d'eau, qui dépend
en particulier des conditions ambiantes, de la durée de séchage et des dimensions
de l'éprouvette. Le tableau 2.3 présente en fonction de deux conditions de
stockage des mesures de perméabilité à l'air réalisées par Perraton et al. [1992] sur
trois bétons. La perméabilité mesurée sur des éprouvettes préalablement séchées
dans une étuve est dans le cas de ces mesures 3 fois plus élevée que celle mesurée
sur les éprouvettes restées dans le laboratoire jusqu'aux essais. Cette différence
peut être encore plus élevée si l'on compare des mesures sur éprouvettes
complètement sèches avec de mesures sur des éprouvettes saturées en eau.
COEFFICIENT DE PERMÊABILITÊ
(en 10'“ m?)
E/c
VALEUR MOYENNE ÉTENDUE DE
DISPERSION 0/.)
laboratoire
=etuve
A 7
0.67
—rr-—-
Tableau 2.3 : Perméabilité à l'air de bétons en fonction du rapport E/C et des conditions de séchage
des éprouvettes d'essai (Perraton, Carles—Gibergues et Ai'tcin [1992])
du pore que les autres molécules de gaz. L'hypothèse d'un éc0ulement visqueux
n'est, dans ce cas, plus valable et la vitesse d'infiltration du gaz s'en trouve
augmentée. Ce phénomène a notamment été étudié dans le cas du béton par
Bamforth [1987], qui a établi qu'il fallait diviser par un facteur de 1 à 100 la
perméabilité déduite de mesures d'infiltration de gaz si l'on s'intéresse à 1a
perméabilité à l'eau. Le facteur de correction diminue plus la pression d'essai et la
taille des pores sont élevées.
On constate donc que la perméabilité dépend en partie du fluide, bien qu'elle soit
sous la forme définie dans l'équation (2.1), une propriété intrinsèque du
matériau. Il est donc préférable lorsque la perméabilité du béton doit être
déterminée avec le plus de précision possible, de le faire avec le fluide que le
béton est destiné contenir. Si cela n'est pas le cas, des facteurs correctifs doivent
être en général appliqués.
le béton et néglige l'influence de l'eau pouvant être déjà contenue dans les pores;
elle découle de la formule (2.3)) z
H1 /p]
K = 'K (2.6)
2 H2 /pz l
:52/92.
W2 (SI/p] W1 ( 2. 7)
La vitesse dans l'équation (2.5) a le même sens que celle découlant de l‘équation
de Darcy (2.1) ou (2.2) : il s'agit d'une Vitesse fictive de filtration. Contrairement
au cas d'un écoulement saturé, 1e débit traversant une surface fermée n'est pas
nul dans le cas de l'absorption capillaire. les pores se remplissent
progressivement d'eau et constituent donc des puits internes à prendre en
considération dans l'équation de continuité (voir plus loin l'équation 2.10).
On trouve encore peu d'informations dans la littérature sur les fonctions K(6) et
“1(6) dans le cas du béton, car ces valeurs ne sont pas aisées à mesurer. Dans le cas
de nombreux essais d'absorption, l'hypothèse est encore faite que la succion
capillaire s'exerce sur un front saturé. Cette simplification équivaut à admettre
un potentiel capillaire constant au front d'absorption (wf), entraînant un
écoulement laminaire saturé en dépression (équations (2.1) ou (2.2)). Cela se
produirait effectivement si tous les capillaires avaient la même taille et étaient
parallèles. Cette hypothèse permet de reproduire de manière satisfaisante une
bonne partie des phénomènes de transport capillaire unidirectionnels rencontrés
dans la pratique. Elle se justifie d'une part par la grande sensibilité des fonctions
K(6) et “1(9), qui a pour conséquence que 6 augmente effectivement de manière
abrupte dans 1a zone d'absorption, et d'autre part, par le fait que dans les deux cas,
si la répartition initiale de l'humidité dans le béton est uniforme, la quantité de
liquide absorbée évolue avec la racine carrée du temps et peut s'exprimer sous la
forme bien connue :
w = MW (2.8)
w : le volume de fluide adsorbé par unité de surface [m3/m2]
M : le coefficient d'absorption [m /80's]
t : le temps compté à partir du début de la période d'absorption [s]
48
Wr = 2fK ( 2.9)
temps [s]
vitesse de filtration du fluide [m/s]
débit massique par unité de volume d'un puits (valeur
négative) ou d'une source (valeur positive) [kg/s/ms]
Dans le cas d'un problème d'infiltration sous forme gazeuse, il est encore
nécessaire d'ajouter une équation d'état, caractérisant 1e gaz. L'équation des gaz
parfaits est à ce titre la plus couramment admise :
49
B = rT (2.11)
p
Pour le reste, l'écoulement est admis dans la plupart des cas isotherme et la
structure poreuse du béton indépendante de la pression du fluide.
Si l'on se limite au cas d'un écoulement permanent, saturé et unidirectionnel
d'eau à travers un mur (figure 2.8a), le débit par unité de surface de mur, que l'on
peut déduire des équations (2.2) et (2.10), prend 1a valeur suivante :
Qv = KWËIJLËÀ
h
rmflmo
® Pennéation
© Absorption capillaire
® Difi‘usion et absorption capillaire (HR<100%)
Figure 2.8 : Ecoulement unidirectionnel d'eau à travers un mur en béton non fissuré
a) écoulement saturé sur toute l'épaisseur
b) écoulement avec un front de saturation à l'intérieur du mur et une évaporation
de l'eau se faisant à la surface du mur
c) écoulement avec évaporation de l'eau avant qu'elle n'atteigne la surface
Le régime d'écoulement permanent saturé ne peut s'établir que si la face aval est
immergée ou si l'évaporation à l'aval du mur est inférieure au débit donné par
l'équation (2.12). Si cela n'est pas le cas, l'écoulement en régime permanent
s'établit avec un front de saturation à l'intérieur du mur et l'eau ne s'écoule pas à
la surface du mur. Celle-ci reste toutefois plus ou moins humide, tant que le
contenu en eau des pores du béton proche de la surface dépasse celui
correspondant à un équilibre avec un humidité relative à 100 °/o (figure 2.8b).
50
, , Relative .
humidity 100 oler cent
l 2 î
L
To use xhis chart:
E
(1) Enter with air temp- “E
erature, move up to \
‘9’
o
relative humidin g?
(2) Move righlto C
lb/ftz/hr
concrete temperature 9
(3) Move down to æ
wind velocity a 2.0
(4) Movelefr, read a
N
approx. rate of >
évaporation tu
..
O
w
..
(U
a:
Figure 2.9 : Débit maximum pouvant s'évaporer à la surface d'un mur en fonction de la température
du mur, de la température et de l'humidité relative de l'air, ainsi que de la vitesse du
vent (Murdock et al. [1979])
soit inférieur au débit donné par la figure 2.9. Si cela n'est pas le cas l'eau s'écoule
à la surface du mur.
A titre d'exemple, prenons le cas relativement défavorable d'un local sans vent,
dont l'humidité relative est de 80% et dont la température, en équilibre avec celle
des murs, est de 12 °C (conditions climatiques typiques d'un sous-sol non chauffé
et relativement peu ventilé). Selon l'abaque 2.9, le débit maximum d'évaporation
à la surface des murs est de 0.03 kg/h/m2 (8.3.10‘9 m3/s/m2). Si les murs ont une
épaisseur de 10 cm et le béton une perméabilité I<w = 10'12 m/s, il faudrait d'après
l'équation (2.12) que la charge hydraulique appliquée à leur face amont atteigne
830 m pour que l'eau ruisselle à la surface des murs! Autant dire qu'il est très peu
probable d‘avoir des problèmes d'infiltration d'eau sous forme liquide à travers
la porosité du béton. En pratique, les problèmes d'absorbtion capillaire et surtout
de condensation sont plus important que les problèmes de perméation d'eau.
Lorsque des gouttelettes d'eau sont visibles à la surface d'un mur, il s'agit dans la
plupart des cas d'un problème de condensation (Lohmeyer [1991]).
Defonnation
(b)
l Microcracking Micro-
* cracEîng
zen l
Traction-froc crack. a0 bñdging 10m
w = [A — (B (2.13)
La zone de rupture est donc réduite a deux plans d'ouverture w. Le
comportement mécanique de la zone de rupture est décrit par une relation entre
la contrainte transmise d'un plan à l'autre et l'ouverture de fissure (relation o(w)
de la figure 2.11). Le processus complet conduisant à la rupture de l'élément
consomme une certaine quantité d'énergie donnée par l'intégrale de la force de
traction fois l'élongation de l'élément. Cette énergie ce décompose en une énergie
53
par unité de volume dissipée dans le béton non fissuré (formation des
microfissures) donnée par l'air enceint dans le diagramme contrainte-
déformation d'une zone non fissurée, ainsi qu'en une énergie par unité de
surface de rupture donnée par l'air sous le diagramme donnant la contrainte
transmise par la fissure fictive en fonction de son ouverture (énergie de rupture
CF en J/mz).
Bien que le modèle de fissure fictive en fait abstraction, il est important de garder
à l'esprit qu'une fissure se forme dans une bande présentant une certaine
épaisseur (de l'ordre de 1.5 à 4 fois le diamètre maximum des granulats suivant le
type de chargement). Une fissure présente de nombreux dédoublements,
ramifications puis regroupements principalement au gré de la position des
granulats, qui peuvent être plus ou moins déchaussés.
loAlA l.“
l —
A l —
B
—> ,‘I
l
fracture zoo:
't
A A
Elongotion , Al
Ü 6
'x ‘t
Figure 2.11 : Décomposition de la déformation totale d'un élément de béton en phase de fissuration
en une déformation répartie dans le béton non fissuré [%o] et en une ouverture de fissure
localisée [mm] (modèle de fissure fictive, Hillerborg [1983])
ü.
à ä ;_
i .' (Ms
g. à
Photo 2.1 V Tronçon d'une fissure à la surface latérale d'un élément d'essai testé dans le cadre de ce
projet (l'effort de traction agit horizontalement)
La photo 2.1 montre une fissure à la surface d'un élément testé dans le cadre de
cette recherche (Mivelaz et al [1995]). La question se pose déjà de savoir à quelles
endroits les mesures doivent être réalisées. Si l'on voulait être parfaitement
objectif, les sections de mesure devraient être choisies de manière aléatoire et
réparties le long de la fissure. En procédant de la sorte, le risque est toutefois
important d'être conduit à mesurer l'ouverture d'une fissure en des endroits où,
par ramification, elle tend à disparaître. Dans ces cas, i1 est permis de douter de la
représentativité de telles mesures, car un observateur, appréciant de manière
globale l'ouverture d‘une fissure, est surtout sensible aux tronçons les plus
ouverts. La question se pause aussi de savoir si une mesure optique doit être faite
en tout point perpendiculairement au tracé d'une fissure ou si elle doit être faite
systématiquement dans la direction de la sollicitation (comme dans le cas de
l'ouverture fictive).
a) b)
Werle wmÿ, in mm
Légende:
cessais serie C-1
aessais serie C-2
Ouvertures de fissures
-Iues à la loupe w”,L
-lues avec le def.
inductif 0100 w“,
Wm 0
Figure 2.12 : Corrélation entre des ouvertures de fissure visibles (mesures à la loupe) et des
ouverture de fissure totale (mesures au moyen de capteur électrique)
a) Iaccoud et Charif [1985]
b) Meichsner [1992] (wm : valeurs mesurée à la loupe, wm : valeurs mesurées au
moyen d‘un capteur)
wl = 2;}; — 0.15wc
w, _ «vif
0.00015 sa W1 Wc W
Figure 2.13 : Diagrammes contrainte - déformation et contrainte - ouverture de fissure proposés dans
le code modèle CEB-FIP [1993] (Bd: module d'élasticité tangent à l'origine, fdm:
résistance moyenne à la traction directe, dmx: diamètre maximum des granulats)
<51 = 0.33 ft
w1 = 0.8 È (2.14)
fi
wc = 3.6 à
f
Ces valeurs sont valables pour des bétons dont de rapport ft/GF est compris entre
10 mm'1 et 40 mm‘l. Elles sont typiques des bétons dont le diamètre maximum des
granulats est compris entre 16 et 36 mm (bétons de structure).
La relation proposée dans le code modèle CEB—FIP [1993] est aussi de type
bilinéaire, ces paramètres sont définis à la figure 2.13.
Dans le contexte de cette recherche, il est utile de mentionner que le
comportement après localisation d'une fissure peut être affecté par la pression du
fluide à contenir si celui-ci peut pénétrer la zone de fissure en phase de formation
(Brühwiler et al. [1990]).
D'autres types de modèles ont été proposés pour reproduire le comportement du
béton en traction avant et pendant la formation d'une fissure. Pour 1e problème
des infiltrations à travers les fissures qui est étudié dans cette recherche, 1e
modèle de fissure fictive présente l'avantage de discretiser et quantifier
l'ouverture des fissures.
Pour analyser le comportement d'un élément de structure sollicité en traction
pure se posent encore plusieurs problèmes liés aux autocontraintes et préfissures
engendrées lors de la prise du béton et lors de sa dessiccation (déjà évoquées au
paragraphe 2.1.3), à 1a présence de l'armature, ainsi qu'à l'évolution dans le
58
Plusieurs formule de ce type ont été proposées notamment par Rostäsy [1985],
Schiessel [1985] et Iaccoud [1988] et sont à la base de formules de
dimensionnement de l'armature minimale de diverses normes, dont la norme
SIA 162 [1989] (le nombre de coefficient peut varier d'une formule à l'autre). Ce
type de formule, qui prend en considération de manière forfaitaire et globale les
divers influences sur la résistance à la traction apparente d'un élément, est
pratique pour estimer le risque d'apparition de fissures traversantes sous
sollicitation de traction pure et l'effort dans les barres d'armature au niveau des
fissures, nécessaire à l'estimation de l'ouverture probable des fissures. Elles
présentent toutefois le désavantage de ne prendre en considération que l'effet de
59
l'épaisseur d'un élément sur sa résistance apparente, alors que les autres
dimensions, tel sa longueur, ont naturellement aussi une influence Sur sa
résistance apparente. Le béton n'est caractérisé que par sa résistance moyenne sur
éprouvettes, alors que la dispersion sur cette valeur a aussi une influence non
négligeable. Les mesures éventuellement prises pour éviter les fissures dues aux
gradients thermiques et hydriques ne peuvent pas être prises en compte.
Finalement, elles ne donnent aucune indication sur la courbe de "softening"
après la localisation de la fissure qui peut suivant les cas (éléments épais par
exemple) avoir une certaine importance comme on 1e verra plus loin (fissuration
secondaire, chapitres 3 et 5).
éprouvette
sens du bétonnage
mesure des F/4
O O Ct moule Ah îF/4 déplacements
fixation i
douille en
plastique Ë
COUPE A-A A44
plaque d’ assise
en caoutchouc
ép. 5 mm h:
Figure 2.14 : Schéma de l'essai d'adhérence "pull-out test" recommandé par la RILEM [1978]
(Farra [1995])
rapport au cube de son extrémité libre (le glissement). Si la longueur d'ancrage est
suffisamment petite (environ 3 à 5 diamètres), la contrainte d'adhérence peut être
admise constante sur la longueur d'ancrage et déduite de la relation suivante :
F
T = _—— 2.16
n Q Lb ( )
rond
1: = asb (2.17)
L'analyse discrète de la fissuration basée sur une loi d'adhérence est en particulier
à 1a base du modèle analytique de calcul des ouvertures de fissure utilisé et étudié
par de nombreux auteurs, dont Rehm [1961], Noakowski [1978], Krips [1985], Van
der Veen [1990], Bruggeling [1991] ainsi que dans le cadre de cette recherche par
Farra [1995] et Iaccoud [1996]. Ce modèle s'applique aux problèmes de fissuration
unidirectionnelle d'éléments relativement peu épais ou dont l'armature est
répartie de manière régulière dans l'épaisseur du mur. Selon ce modèle,
l'ouverture d'une fissure isolée est donnée par la relation suivante:
1
2 1:7.
w = 2. M (2.18)
8aEs(l+pEs/Ec)
.9 2
Le groupe de travail sur les BHP du CEB—FIP propose les valeurs suivantes pour
les facteurs a et b de la loi d'adhérence (Jaccoud et a1. [1996]) :
a = 0.22 fcm
} (2.19)
b = 0.21
D'autres chercheurs se sont basés sur des lois d'adhérence pour analyser, souvent
numériquement, des problèmes bidirectionnels de fissuration, comme
Grootenboer [1979] (fissuration d'angles de cadre) ou Braam [1990] (fissuration des
poutres fléchies).
2.3.3 Ouverture critique, à partir de laquelle une fissure traversante se met à fuir
Comme il a été rappelé au paragraphe 2.3.1, la formation d'une fissure de traction
est un processus progressif, commençant par une densification puis une
localisation des microfissures, qui s‘interconnectent jusqu'à former une
macrofissure. La question se pose de savoir à partir de quelle ouverture (fictive)
une fissure se met à fuir ou, autrement dit, à partir de quelle ouverture les
microfissures et fissures interfacielles au niveau des granulats se sont suffisament
interconectées et regroupées (coalescence des microfissures) pour qu'un
écoulement distinct de celui à travers la porosité du béton, s'établisse.
Des essais de pénétration d’eau dans la zone de fracture d’une fissure non
traversante ("fracture progress zone" ou FPZ) ont été réalisés par Brühwiler
et al [1990]. Leurs essais ont montré qu'en quelques minutes le front d'eau infiltre
une bonne proportion de la zone de fracture, sans pour autant complètement 1a
pénétrer. La représentation schématique de leurs observations est donnée à
figure 2.16 b, où le front de pénétration de l'eau correspond au point où la
pression hydrostatique tendant à ouvrir la fissure devient nulle ("uplift pressure"
ou "sous pression"). Ces résultats ne permettent naturellement pas de déduire le
débit à travers une fissure en fonction de son ouverture, puisque dans le cas de
ces essais il n'y a pas de véritable écoulement à travers la fissure. Toutefois, la
valeur relative de la sous pression traduit en quelque sorte la part du plan de la
fissure accessible à l'eau ou, pour ce qui nous concerne, à l'écoulement. Si cette
part est nulle, on peut admettre qu'il n'y a pas d'écoulement à travers la fissure. Il
apparaît donc qu'une fissure ne se met pas dès sa localisation à fuir, elle doit
avoir une certaine ouverture, correspondant probablement au seuil de
coalescence des microfissures en macrofissure. Ce seuil se situe à peu près au
niveau de la cassure dans la représentation bilinéaire de la courbe de "softening",
cassure qui se situe généralement autour de 0.05 mm (figure 2.16 b).
Ces résultats correspondent bien aux observations faites dans le cadre de
recherches ayant spécifiquement étudié le problème des infiltrations à travers les
64
fissures traversantes. La plupart des auteurs dans ce domaine ont observé que le
rapport entre le débit d'infiltration à travers une fissure et celui à travers deux
plans parallèles lisses de même ouverture tend à diminuer avec l'ouverture de
fissure (voire le 52.3.4). Cette observation est cohérente avec la variation de la
proportion du plan d'une fissure accessible à l'écoulement, discutée plus haut.
Tsukamoto [1994], par exemple, donne en plus des valeurs pour ce rapport de
débits qui tendent vers zéro lorsque l'ouverture des fissures tend vers 0.05 à
0.1 rmn. Ces valeurs sont encore confirmées par les observations de Ripphausen
[1989], qui donne une limite se situant autour de 0.05 mm d'ouverture, en
dessous de laquelle une fissure n'est plus traversée par de l'eau sous pression.
En première approximation on peut donc admettre que jusqu'à l'ouverture w1
des figures 2.13 et 2.16, le problème des infiltrations à travers une fissure se
distingue peu du problème des infiltrations à travers la porosité du béton. Dans la
zone de fracture il y a certes une augmentation de la perméabilité du béton liée à
la densification des microfissures. Les vitesses d'infiltration restent toutefois
encore bien plus faibles que celles à travers une macrofissure, que l'on admet se
former après la cassure. Les premier résultats de travaux menés par Gérard et al.
[1996] montrent que le coefficient de perméabilité du béton dans la zone de
fracture augmente d'un facteur probablement supérieur à 100 avant que la
transition entre microfissures isolées et macrofissure (plus ou mois ramifiée) se
fasse (figure 2.10).
Suivant le fluide, en particulier sa viscosité, l'épaisseur du mur et la pression
sollicitante, une fissure dont l'ouverture a dépassé le seuil de coalescence (wl)
peut tout de même rester un certain temps étanche. Le régime permanent
d‘écoulement, atteint une fois que la fissure est saturée par le fluide sous
pression, peut mettre plusieurs heures, voire plusieurs jours, pour s'établir. Cette
phase de transition peut suivant les cas être suffisamment longue p0ur qu'un
ouvrage en béton remplissant une fonction d‘étanchéité de courte durée, comme
c'est le cas de bassins de rétention autour de réservoirs, puisse être admis étanche.
Pour évaluer cette durée de transition ou, autrement dit le temps que va mettre
un fluide donné pour traverser une fissure, il y lieu suivant les cas de prendre en
considération les forces de capillarité (Wômer [1995]). La durée de cette transition
augmente de manière significative si les fissures se referment sous un effort de
compression, qui peut si nécessaire être obtenu au moyen d'une précontrainte
(Wômer et al. [1993]). Il est toutefois bien clair que refermer une fissure ne
signifie pas effacer une fissure. La phase de transition peut aussi présenter un
intérêt pour une étanchéité à long terme, lorsque le fluide, comme c‘est le cas de
l'eau, induit des phénomènes d'autocolmatage. Cette phase de transition peut
amortir dans une large mesure le débit initial à travers les fissures.
Wedge Splitting
Device
Clip Gauge
Soecimen
E Stress Transfer
Water Pressure f Pressure
Transducers Across Crack
omæ—ÿ 51
CliD'o COD
Figure 2.16 : Pénétration de l'eau sous pression dans une fissure (Brühwiler et Saouma [1995a])
a) équipement d'essai
b) représentation schématique de la répartition de la pression
Finalement, la loi des gaz parfaits est en général admise pour l'équation d'état :
B = rT (2.22)
p
Apv2
‘c o =——
4 2 (2.23 )
2 2 AhrT 2 4w p1
_ = —— ln — +1 2.24
p1 p2 2w3 (Ah (p2 ( )
Ou, si on laisse tomber le premier terme dans la parenthèse qui est négligeable
par rapport à l'unité (Rizkalla et al. [1984]) :
=
2w3(pî—pâ>
—————————
“2 2.25
q [ AhrT ( )
L'équation (2.25) est valable aussi bien pour un écoulement laminaire que
turbulent. Dans le cas des conduites, auxquelles les développements qui viennent
d'être présentés se réfèrent, le coefficient de frottement A est fonction du nombre
69
de Reynolds, qui est généralement définit dans le cas d'une fissure de la manière
suivante :
m _2pvw__2_q
œzœ
Il H
u : la viscosité dynamique du fluide [Pa-s]
B Bu
En zq
A = — = ——
(2.27)
L'équation (2.25) devient :
3 2_ 2
q = 4W (P1 P2) (2.28)
B u h rT
q
=8pwïn-p9
Euh (229)
W3(PÎ “P5
= ___ 2_
qpl 24 u h rT ( 30)
PW3(P1 “132)
= ____ 2.
qpl 12 u h ( 31)
L'écoulement à travers une fissure est alors“ caractérisé par le rapport entre le
débit à travers la fissure d'ouverture w et le débit théorique à travers deux plans
parallèles et lisses de même ouverture (Ripphausen [1989]) :
a=i (2.32)
qp]
3 2_ 2
Fluide compressible q l = Ëï—(pï—E—Zl (2.33)
P 24 u h rT
Le coefficient de débit ë est forcément plus petit que 1 et, tout comme B,
indépendant du fluide. Il permet de tenir compte des influences suivantes sur les
infiltrations (figure 2.17) :
- de la tortuosité et de la rugosité d'une fissure;
- du fait que l'ouverture fictive d'une fissure est plus grande que l'ouverture
réellement accessible à l‘écoulement (voir aussi 5 2.3.1);
v du fait qu'en phase de formation (ouvertures de fissure comprises entre 0 et
environ 0.25 mm), toute la surface d'une fissure n'est pas "accessible" à
l'écoulement (voir â 2.3.3, figure 2.16b en particulier).
Plusieurs auteurs donnent des indications concernant le nombre de Reynolds en
dessus duquel l'écoulement est susceptible d‘être turbulent (la définition du
nombre de Reynolds peut différer d'un facteur 2 d'un auteur à l'autre; dans ce qui
71
suit, on se réfère à la définition donnée à l'équation (2.26)). Pour n'en citer que
quelques uns : Buss [1972], sur la base de mesures d'infiltration d'air, a fixé la
limite à 100; Clear [1982] [1985], sur la base de mesures d'infiltration d'eau, à 200;
Edvardsen [1996], en se référant à des essais d'infiltration d'eau réalisés dans le
domaine de la mécanique des roches, à environ 1400. On constate qu'un
consensus n'est de loin pas établi à ce sujet.
Dans ce qui suit nous résumons les principaux résultats des études concernant les
infiltrations à travers une fissure en régime stationnaire et à court terme (sans
phénomènes d'autocolmatage), dont nous avons connaissance.
Buss [1972]
Il présente les résultats de 13 essais d'infiltration d'air sur des dalles en béton,
probablement armé, présentant chacune une seule fissure d'ouverture donnée.
La longueur des fissures (h) était de 350, 550 ou 900 mm et leur ouverture,
mesurée au déformètre (il s'agit donc d'ouvertures fictives) était comprise entre
0.05 et 0.66 mm. Les mesures d'infiltration étaient réalisées à des niveaux de
pression allant jusqu'à 0.8 bars (0.08 MPa). Pour un écoulement en régime
laminaire, il propose le coefficient de débit suivant :
ë=008
â=aæ
A = (à)
9l
Clear [1985]
Ses essais ont été réalisés sur des éprouvettes cubiques en béton non armé dont
les arrêtes faisaient 150 mm. 19 éprouvettes ont été testées. Les ouvertures de
fissure, mesurées à la loupe, étaient comprises entre 0.085 et 0.302 mm. les
mesures d'infiltration étaient réalisées à l'eau et la différence de pression entre
les deux faces d'une éprouvette était de 0.5 bars (0.05 MPa). Les coefficients de
débit déduits de ses mesures vont de 0.037 à 0.30. Il propose la valeur moyen
suivante :
g = 0.125
Suzuki, Takiguchi, Ide et Kimura [1987]
0.35
A : Sable 0/5, gravier concassé 10/20
B : Sable 0/2.5, gravier concassé 10/25
0-30 c : Sable 0/2.5, gravier concassé 10/15
D : Sable 0/2.5, sphères en aluminium 024.8 _
0,25 E : Sable 0/2.5, cubes en aluminium 20-2020
Læ‘fld
l
__| 0.20
.3
0. 15
0. 10
0.05
0.00
w [mm]
A =4b(w)+Ëm
1.37
a<w> wls
— = —+1
Des éprouvettes armée d'une barre ont également été testées. A ouverture de
fissure et différence de pression égales, le débit à travers les éprouvettes armées
était en moyenne 20% inférieur par rapport au débit à travers les éprouvettes non
armées.
Ripphausen [1989]
Il a réalisé des mesures d'infiltration à l'eau sur 7 grands tirants en béton armé de
2500 mm de long, de 600 mm de haut et de quatre épaisseurs différentes : 100, 150,
225 et 300 mm. L'ouverture des fissures était mesurée au déformètre et pouvait
aller jusqu'à environ 0.5 mm. Trois compositions de béton ont été étudiées. Il
propose pour le coefficient de débit moyen une relation faisant intervenir
l'épaisseur du mur (h) et l'ouverture de fissure (w) :
1
a: 1+0.2-1o-3 -(h/w)1-5
74
g = 0.249
Tzukamoto [1994]
Il a testé des éléments de 400 mm de longueur, de 150 mm de hauteur et 60 mm
d'épaisseur, dont certains étaient armés de fibres de divers types. Les mesures
d'infiltration ont été réalisées avec de l'eau, des hydrocarbures et du méthanol.
L'ouverture des fissures était mesurée au moyen de capteurs. Certains de ses
résultats concernant les coefficients de débit déduits des mesures d'infiltration
d'eau sont reproduits à la figure 2.19, où l'on constate une très grande influence
de l'ouverture de fissure et une diminution conséquente du coefficient de débit
lorsque des fibres sont utilisées (jusqu'à 90% selon l'auteur). Les résultats
diffèrent suivant le fluide d'essai.
30
15
i—ä
:—. OP
w
\—I
H
A pvx-Faser (0.8 V013) w
w A Stahltaser(1.o Vol.“ 20
10 I Acryltasetuâ VOL!) U
t: D ohne raser à;
0) 3
3 v-t
0d
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Q) .Q
.Q Q
Q :3
H ‘H
n â Wasser
8 u TEA—Lôsung
a g Methanol
Q Q Heizël EL
L Motorël
o .’. o
0. 1 0.2 0.3 0.4 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4
RiBbreite w [mm] RiBbreite w [mm]
Figure 2.19 : Réduction du coefficient de débit grâce à l'incorporation de fibres au béton et influence
du fluide sur le coefficient de débit dans le cas d'un béton ordinaire (Tzukamoto [1994])
Edvardsen [1996]
Durchfluûbeiwertî,
Figure 2.20 : Coefficients de débit déduits d'essais d'infiltration d'eau sur des éprouvettes non
armées (Edvardsen [1996])
Elle a réalisé de nombreux essais d'infiltration d'eau sur des éprouvettes non
armées, plus 5 essais sur des tirants en béton armé. Les ouvertures de fissure
étaient mesurées à la loupe. La figure 2.20 présente les coefficients de débit déduits
des mesures sur les éprouvettes non armées.
Les essais sur tirants en béton armé ont montré qu'en complément à l'armature
conventionnelle, une armature de peau composée de petits diamètres ou de
76
Commentaires
[1980]). Dans les autres cas, cela dépend essentiellement de la technique utilisée
pour la mesure de l'ouverture d'une fissure. Comme on l'a vu au paragraphe
2.3.1, certains chercheurs mesurent les ouvertures de fissure au moyen de
capteurs électriques disposés avant la formation des fissures et se réfèrent par
conséquent à l'ouverture fictive des fissures au sens du modèle d'Hillerborg (voir
la figure 2.11 du ê 2.3.1). D'autres chercheurs mesurent les ouvertures de fissure à
la loupe et se réfèrent à l'ouverture visible des fissures (w,). Les chercheurs,
comme Suzuki et a1 [1987], Ripphausen [1989] et Tzukamoto [1994] qui ont mesuré
l'ouverture des fissures au moyen de capteur (w) trouvent une dépendance entre
le coefficient de débit et l‘ouverture d'une fissure. Tandis que les autres, comme
Clear [1985] et Edvardsen [1996], qui ont mesuré les ouvertures de fissure à la
loupe, ne trouvent pas de dépendance.
Si l'on se réfère à l'ouverture fictive d'une fissure, il est logique qu'il ait une
dépendance entre le coefficient de débit et l'ouverture de fissure. L'ouverture
fictive d'une fissure se répartit entre une macrofissure visible plus ou moins
ramifiée et dédoublée à travers laquelle le fluide s'écoule (photo 2.1 et figure 2.17),
ainsi qu'entre un certain nombre de microfissures ne formant pas un réseau
interconnecté, donc sans influence significative sur le débit d'infiltration
(figure 2.10). Au début de la formation d'une fissure, l'essentiel de son ouverture
provient des microfissures. La macrofissure peut même être absente, si bien que
le coefficient de débit est faible, voire nul (voir 52.3.3 et 3.4.2). Après, plus la
fissure est ouverte, plus la macrofissure est déve10ppée et plus sa part dans
l'ouverture totale (ouverture fictive) devient importante, ce qui doit
logiquement conduire à une augmentation du coefficient de débit.
Cette explication n'est pas en contradiction avec le fait que les chercheurs qui ont
mesuré l'ouverture des fissures à la loupe aient trouvé des valeurs pour le
coefficient de débit indépendantes de l'ouverture de la fissure. Se référer à
l'ouverture visible d'une fissure équivaut à ne prendre en considération que
l'ouverture de la branche la plus ouverte de la macrofissure, branche à travers
laquelle 1a plus grande part des infiltrations se produisent. Si l'on admet en
première approximation que la différence entre l'ouverture fictive d'une fissure
et son ouverture visible est une constante (w-w, = Cte), on déduit d‘un coefficient
de débit constant établi sur la base de l'ouverture visible des fissures une relation
monotone croissante entre le coefficient de débit et l'ouverture fictive d'une
fissure. L‘ouverture visible d'une fissure étant toujours plus faible que
l'ouverture fictive d'une fissure, le coefficient de débit se rapportant à
l'ouverture visible d'une fissure constitue une borne supérieure pour le
coefficient de débit déduit de l'ouverture fictive des fissures.
I1 est beaucoup plus fiable et plus utile de se référer à l'ouverture fictive d'une
fissure, bien plus facile à mesurer, qu'à l'ouverture visible d'une fissure (voir
ê 2.3.1). La détermination expérimentale du coefficient de débit est très sensible à
la mesure de l‘ouverture de la fissure, puisqu'elle intervient au cube dans les
relations (2.33) et (2.34). L'incertitude sur la détermination du coefficient de débit
est donc beaucoup plus importante que l'incertitude sur la mesure de l'ouverture
79
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3
"u
zone de mesures 3'000
<1)
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L.-- 8 _._..l
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83
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3,5 ‘G.
63-90 3’
ëzt «2
œœÛ. à
o
150 120 150
(D
L-
l—
420
(U
.D
zone de mesures, les étriers ont été espacés au maximum (0.5 m) et disposés à
l'intérieur des barres longitudinales afin de limiter leur influence sur la
fissuration. Leur présence était indispensable pour fixer les barres longitudinales
et les divers éléments noyés dans le béton.
Pour permettre des mesures fiables sur plusieurs mois et garantir des conditions
climatiques identiques pour tous les éléments, le stand d‘essais était protégé par
une enceinte climatisée (T 20 i 1 °C et HR 60 i 5 °/o). Le bâti de charge a été conçu
pour tester horizontalement les tirants, ce qui correspond à la position dans
laquelle ils étaient bétonnés (figure 3.2). La direction des fissures ainsi formées
correspondait à la direction dans laquelle les fissures traversantes d'un mur sont
les plus susceptibles d'apparaître. La déformation longitudinale des tirants était
imposée et contrôlée au moyen d'un vérin linéaire, à palier hydrostatique, à
double effet et régulation servo-hydraulique de 2'500 kN, de la série Hydropuls de
la maison Schenck (type PL). Le dispositif reliant l'élément au bâti et au vérin
était complètement articulé afin d'éviter les moments parasites. La disposition
des deux appuis sur lesquels reposait l'élément a été déterminée afin de
minimiser les moments verticaux dans la zone de mesures. Le moment
maximum dû au poids propre de l'élément et aux pièces en acier provoquait une
COUPE LONGITUDINALE A-A COUPE TRANSVERSALE B-B
3'050
Figure 3.2
82
LÉGENDE
(D Chaîne de mesures
Température
Pression
Étanchéité souple
sup. et inf.
æ
éformetres
‘g "Omega "
FiSSures Œ Pression
Debimetres
0 Réducteur de pression
9P?) x! Filtre(5p)
s "
contrainte de i013 N /mm2 au niveau des faces supérieure et inférieure. Les deux
appuis étaient composés d'un profilé en H et de deux plaques en acier entre
lesquelles du Téflon avait été interposé afin de réduire le plus possible les forces
de frottement.
L'essai consistait à fissurer progressivement les éléments à un âge d'environ
3 mois en contrôlant la déformation totale de la zone de mesure, à observer et
quantifier la fissuration, tout en effectuant des mesures de débit d'infiltration
d'air ou d'eau. Pour y parvenir, i1 a fallu mettre au point une technique de
mesure pour les infiltrations laissant libre les faces des éléments, afin de pouvoir
les instrumenter. La méthode retenue a été inspirée d'un procédé utilisé par EDF
pour contrôler en cours de fabrication l'étanchéité de leurs enceintes de
confinement pour centrales nucléaires. L'essai EDF consiste à injecter de l'air
dans des gaines perméables noyées dans la masse et à mesurer la pression et le
débit injecté. Les résultats de ces mesures sont comparés à des valeurs de
référence afin de juger de l'étanchéité des diverses étapes de bétonnage. Cette
technique, adaptée aux essais sur tirants en laboratoire, complique certes
l'interprétation quantitative des mesures, mais avait l'avantage de laisser
b) tube permanent ° 30’26 tube enlevé une fois le béton durci a 25
1000
420
250 zone de mesures 3000 mm 250
5000mm
Figure 3.4 : a) Ecorché des gaines utilisées dans le cas des éléments R1 à R5 (béton IBAP)
b) Réalisation des deux trous permettant l'injection de la zone de mesure dans le cas
des éléments E3 à E6 (béton EDF)
R1 à R5 E3 à E6
Injections avec gaines Injections sans gaines
0 int/ext : 23/28 mm Q) : 25 mm
420 mm 420 mm u
l 67
220
1000
lOOO
320
333
Étanchéité souple
lflt
4 capteurs
inductifs
lr h
50 à 70 jauges Q
Figure 3.6
Pilotage
Déplacement "Pilotage"
87
Force
Electronique W
Hydropuls
série 56
Programmation
Impression
des valeurs
88
Les deux bétons retenus pour l'étude, désignés béton "IBAP" et "EDF", étaient des
bétons à priori favorables à la réalisation de structures étanches ayant, à ce titre,
fait l'objet d'études préliminaires. Ils satisfaisaient les critères d'étanchéité des
normes et leur ouvrabilité correspondait aux exigences pour un béton pompé. Ils
ont été fabriqués dans des centrales à béton de la région lausannoise.
Béton IBAP: C'était un béton conventionnel de classe C30/37 selon EC 2,
correspondant au type 840/30 de la norme SIA 162. Il ne présentait pas de
propriétés mécaniques exceptionnelles, il avait toutefois l'avantage, grâce à
l'ajout de filler calcaire, d'être satisfaisant du point de vue de la perméabilité, tout
en limitant le dosage en ciment à 300 kg/m3 (tableau 3.1). C'est un béton
économique pouvant être aisément fabriqué et mis en oeuvre avec des moyens
conventionnels. Il est représentatif de ce qui peut se faire pour des sous—sols ou
autres ouvrages dans un environnement ne posant pas de problèmes particulier
en ce qui concerne notamment la durabilité du béton.
18 4.6 l8 . 2.6
29 39.4 4.3 17 70.5 4,7
4.3 17
fcm [MPa]
7 jours 6 2.00 0.27 5 2.82 0.06
28 jours l4 2.64 0.35 l2 3.26 0.28
3 mois
Coeff. de Fluage
après 365 jours
tl = 6j
28 j
3 mois
Retrait entre 6 j
et 365 j [%o]
Tableau 3.3 : Principales caractéristiques des bétons IBAP et EDF (fcm : résistance mOyenne à la
compression, fcun : résistance moyenne à la traction directe, G; : énergie de rupture
mesurée au moyen d'essais de fendage, Ecm module d'élasticité SIA moyen)
(2'10—6 %o /s). Les mesures d'infiltration d'air étaient réalisées au moins tous
les 0,02 %o de déformation et dans tous les cas immédiatement après
l'apparition d'une fissure traversante. La montée en déformation était
interrompue durant ces mesures.
- Durant 1a seconde phase d'essai, la déformation était maintenue à 0.30 %o et
les mesures d'infiltration à l'air étaient poursuivies afin de suivre les effets
de la relaxation. Le niveau de déformation de 0.30 %o a été choisit car il
correspond aux déformations couramment subies par un élément en béton
arme.
- La troisième phase consistait, toujours à 0.30 %o de déformation imposée, à
effectuer des mesures d'infiltration d'eau en continu et à une pression
constante (N400 mb). Les mesures duraient au minimum 10 jours, afin de
suivre l'évolution du débit d'infiltration dans le temps (autocolmatage).
—La fin du programme était plus ou moins variable suivant le temps à
disposition, mais comprenait dans tous les cas une montée en déformation
rapide jusqu'à 1,5 %o. La vitesse de déformation était de 0.5 um/s
(1.667-10*4 %o /s), si bien que la montée en charge finale était réalisée dans une
journée. Cette quatrième phase avait pour principal objectif l'étude de la
fissuration dans le but de confirmer les résultats d‘une campagne précédente
d'essais sur petits tirants effectuée par Farra [1993] [1995].
Il
. Bétonnage
Décoffrage à 6 jours
de température
et de retrait
Mesures
Transport
Temps [semaines]
Déformation imposée
Temps
Il peut paraître étonnant que la plupart des mesures d'infiltration aient été
réalisées avec de l‘air, alors que la pratique est le plus souvent confrontée à des
problèmes d'infiltrations d'eau. En fait, en dehors des phénomènes
d'autocolmatage, les écoulements de l'air et de l'eau à travers des fissures
diffèrent peu (voir ë 2.3.4). Les phénomènes d'autocolmatage dans le cas de l‘eau
ayant déjà fait l'objet de plusieurs travaux, notamment ceux de Clear [1986],
l‘étude de ceux-ci ne constituait pas le principal objectif de ces essais. Il s'agissait
plutôt d'étudier parallèlement le comportement à la fissuration d'un élément en
béton armé et l'influence de son état de fissuration sur l'étanchéité, raison pour
laquelle il a été opté pour des mesures d'infiltration d'air (absence dans ce cas de
phénomènes d‘autocolmatage), qui offraient la possibilité de réaliser de
nombreuses mesures en cours d'essai et à divers niveaux de pression. Ces
mesures d'infiltration d'air étaient reproductibles et présentaient encore les
avantages d'être rapides et sans risque pour l'instrumentation.
94
3.4.1 Fissuration
6m / 8m [GPa]
Tableau 3.5 : Caractéristiques apparentes des deux bétons déduites de la montée en charge jusqu'à
l‘apparition de la première fissure
R3 E3
(Béton IBAP / AS3: p = 0.86 %, 3 nappes, 016) (Béton EDF / AS3: p = 0.86 %, 3 nappes, 016)
âëê
Ouverture de fissure [um]
N
8
0.00 0.06 0.12 0.18 0.24 0.30 0.00 0.06 0.12 0.18 0.24 0.30
Déformation Imposée [æo] Déformation imposée [æo]
Figure 3.9 : Evolution de la force et de l'ouverture des fissures traversantes dans le cas de deux
éléments ne présentant pas de fissures secondaires
R5 E4
(Béton IBAP / ASS: p = 1.15 %, 2 nappes, 016) (Béton EDF l AS4: p = 0.86 %, 2 nappes, 016)
Ouverture de "su re [um]
Force [kN]
0.00 0.06 0.12 0.18 0.24 0.30 0.00 0.06 0.12 0.18 024 0.30
Défomlation imposée [1m] Déformation imposée [‘h]
Figure 3.10 : Evolution de la force et de l'ouverture des fissures traversantes et d'une fissure
secondaire (E4) dans le cas de deux éléments présentant des fissures secondaires
96
Plastische Getenke
Figure 3.11 : a) Mécanisme de formation des fissures secondaires à partir d'une fissure principale
traversante (Helmus [1990])
b) Géométrie d'une fissure principale en présence de fissures secondaires
97
AS]
p=0.60%
020,3 =250mm
2 nappes
A82
p =0.57 %
Ü16,s=167mm
2 nappes
AS3
p =0.86 %
016,5 :167 mm
3 nappes
AS4
p=0.86%
916,s=111mm
2nappes
ASS
p=l.15%
016,3:83mm
2 nappes
A86
p=1.15%
Q16,s=125mm
3 nappes
Tableau 3.6 : Ouverture moyenne des fissures à la surface des éléments à 0.30 %o de déformation
imposée
Les relevés des fissures et les schémas de fissuration pour 0.30 %o de déformation
imposée sont présentés aux figures 3.12 dans le cas des éléments fabriqués avec le
béton IBAP et 3.13 dans le cas de ceux fabriqués avec le béton EDF. Les ouvertures
98
R1
o o Mme o <9
‘ ‘7’ oli-
Figure 3.12 : Relevés des fissures et schémas de fissuration à 0.30 %o de déformation des faces ouest
des 5 éléments fabriqués avec le béton IBAP (2 ou 3 n signifie armature répartie en 2 ou
3 nappes)
Relevés des fissures Schémas de fissuration
9‘38
lirai-A!!— _
ris-
.'|'
. a" Iv .
. _ n
r A ,1 .ig.-
Figure 3.13 : Relevés des fissures et schémas de fissuration à 0.30 %o de déformation imposée des
faces ouest des 4 éléments fabriqués avec le béton EDF (2 ou 3 n signifie armature
répartie en 2 ou 3 nappes)
des fissures moyennes à ce niveau de déformation sont données pour les neufs
éléments au tableau 3.6, où les notations et définitions suivantes ont été
adoptées :
wm : Ouverture moyenne des fissures, tous types confondus;
wm Pm : ouverture moyenne des fissures principales;
wm second : Ouverture moyenne des fiSSure secondaires;
100
Wenvel. 0.30 98° : ouverture moyenne des fissures déterminée à partir d'une droite
enveloppe tracée sur le graphique donnant l'évolution de
l'ouverture moyenne des fissures mesurées en fonction de la
déformation imposée (figure 3.15);
N wenvdflsm : force de traction déterminée à partir d'une droite enveloppe
tracée sur le graphique donnant l'évolution de la force en
fonction de la déformation imposée (figure 3.15);
Pour comparer l'ouverture moyenne des fissures des divers éléments à 0.30 %o de
déformation imposée, il est préférable de se référer à l'ouverture wemL 030 %o plutôt
qu'à l'ouverture wm, qui fluctue beaucoup au début d'un essai (figure 3.15).
L'ouverture de fissure enveloppe a l'avantage d'être indépendante de la charge,
du nombre de fissures et de leur stade de développement au moment où la
déformation de 0.30 %o est atteinte. Sur la base de cette valeur, on constate,
comme l‘a montré Farra [1995], que la résistance du béton a peu d'influence sur
l'ouverture des fissures à la surface d'un élément. Celle-ci dépend
principalement du taux d'armature et du diamètre des barres. Pour les taux
d'armature de 0.86 et 1.15 %o, la répartition des barres en deux nappes, favorisant
l’apparition de fissures secondaires, est un peu plus favorable que la répartition
en trois nappes.
Ouverture de fissure [um]
Béton Béton
IBA P EDF
A82 335
p=0.57% 395
016,5:167mm
2 nappes
AS3
p =O.86%
016, s :167 mm
3 nappes
AS4
p =O.86%
0 16,s= 111 mm
2nappes
A55
p=l.15%
016,s=83mm
2 nappes
A86
p=1.15%
Q 16, s :125 mm
3 nappes
Tableau 3.7 : Ouverture moyenne des fissures à la surface des éléments à 1.50 %o de déformation
imposée
101
p=0.86%, 3n
(D ®©®®®®®®® ®© ©® @®@ ®® ©®®
Fissure principale
Fissure secondaire
Figure 3.14 : Schémas de fissuration pour 1.5 %o de déformation des faces ouest des éléments
(Il n'a P as été établi de relevé des fissures P our 1.5 %o dans le cas de l'élément R1)
102
Figure 3.15 : Comparaison entre le comportement de l'élément R5 (béton IBAP) et E5 (béton EDF)
tout deux armés selon le schéma d'armature A55
ON
O
O
O\
O
O
Ouverture de fissure [11m]
8
Un
O
O
A
O
La)
8
U)
200 200
100 100
0 0
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
Taux d'armature [%] Taux d'armature [%]
l —+—EDF 2n + EDF 3n Ê
Figure 3.16 : Influence du taux d'armature (barres 016), du béton et du nombre de nappes d'armature
sur l'ouverture moyenne des fissures principales et secondaires à la suface des éléments
Béton Béton
IBAP EDF
ASl : p = 0.60 %
Q 20, s = 250 mm
2 nappes
-
AS2 : p =o.57 % 2.34
2 nappes
Tableau 3.8 : 6cm : contrainte dans le béton au moment de l'apparition de la dernière fissure
traversante. s“l1 Pm: espacement moyen de fissures traversantes en stade de fissuration
stabilisée (les valeurs en italiques sont celles estimées pour les éléments n'ayant pas
atteint la fissuration stabilisée à 1.5%o de déformation imposée)
Le fait que le béton EDF atteigne, pour un schéma d'armature donné, plus tard le
stade de fissuration stabilisée, va de pair avec un espacement moyen des fissures
traversantes plus faible pour ce béton. Il n'est non plus pas étonnant de constater
que l‘espacement des fissures traversantes augmente de manière significative
lorsque des fissures secondaires se forment. Celles-ci étant peu nuissibles à
l'étanchéité, cette dernière constatation laisse présager un effet favorable des
fissures secondaires sur l'étanchéité globale d'un élément fissuré en béton armé
sollicité à la traction.
3.4.2 Infiltrations
Les mesures d'infiltration d'air durant les deux premières phases des essais
(figure 3.8) n'étaient pas continues afin de ne pas assécher le béton. Il s'agissait
d'air à 20°C asséché et filtré de qualité médicale. Les mesures étaient réalisées tous
les 0.01 à 0.02 %o de déformation imposée, ainsi qu'immédiatement après chaque
apparition d'une fissure traversante. Elles demandaient 5 à 15 minutes durant
lesquelles la montée en déformation était interrompue. Ces mesures étaient
effectuées sous une pression de 100, 300 et 500 (éventuellement 800 mb au début
d'un essai) dans le cas des éléments R1 à R5 équipés de gaines, et sous une
105
pression de 50, 100, 200, 300 mb dans le cas des éléments E3 à E6 qui n'étaient pas
équipés de gaines. Les résurgences, en particulier les fissures qui présentaient des
fuites étaient repérées au moyen d'eau savonneuse appliquée à la surface des
éléments (photo 3.3). Cette eau savonneuse permettait encore de vérifier
l'étanchéité des faces inférieure et supérieure des éléments et de s'assurer
qu'aucune fuite n'apparaissait en dehors de la zone de mesures.
Les fissures traversantes n'apparaissaient généralement pas d'un coup sur toute
la hauteur des éléments. Durant la phase de propagation de ces fissures, les
tronçons qui présentaient des fuites étaient relevés. Le critère était relativement
sévère: dès que quelques bulles d'air étaient visibles, tout le tronçon de fissure
dans la direction de l'augmentation de l'ouverture était considéré comme fuyant,
même si sur quelques centimètres les fuites pouvaient cesser (durant la phase de
formation des fiSSures traversantes, les fuites n'affectaient généralement pas de
manière continue son tracé visible). Sur la base de ces relevés et des mesures
d'ouverture de fissure à la surface des éléments, la figure 3.17, donnant sous
forme d'histogramme l'ouverture à partir de laquelle les fissures fuyaient, a été
établie (il a été admis que l'ouvertue d'une fissure varie linéairement entre deux
points de mesures). Une même fissure peut avoir fourni plusieurs valeurs. La
méthode n'étant pas très précise, les mesures qui nous paraissent les plus fiables
ont été mises en évidence. Les valeurs minimums, maximums, moyennes et les
écart-types sur cette ouverture de fissure initiale donnant lieu à des fuites sont
donnés pour les deux bétons au tableau 3.9.
ID I0 ID I0 In IO ID ID ID ID ID ID ID
G) ID fT cl) v- <0 ID l ID f7 O) v- 0’) ID
l q.— I I
u') un L0 ID ’T 'T . un In In ID 'T '.' T
N V ‘D œ “7 10 m N V (D œ ID ID ID
O N V O N Ÿ
F 7— V— v- v- v-
Figure 3.17 : Histogrammes donnant la fréquence des ouvertures de fissure à partir desquelles des
fuites peuvent être mise en évidence au moyen d'eau savonneuse
Photo 3.3 z Mise en évidence des fuites lors des mues d'infiltration d'air au moym d'eau
savonneuse (élément R5, 0.30 ï» de déformation imposée)
Toutes valeurs 28 30
confondues 155 100
Moyenne 70 S9
Em'rype 32 20
On constate qu'une fissure est suceptible de présenter des fuites dès que son
ouverture (fictive) atteint 30 um. L'ouverture critique la plus fréquente se situe
autour de 50 um dans le cas des deux bétons. En moyenne c'est à partir de 70 um
qu'une fissure se met à fuite dans le cas du béton IBAP et à partir de 60 um dans
Photo 3.4 : Fuites lors des mesures d'infiltration d'eau (mêmes vue que la photo 3.3)
le cas du béton EDF. L'écart-type sur cette ouverture critique est dans le même
ordre de 30 um et 20 um. dans le cas du béton IBAP il est arrivé que des fissures
de plus de 100 um d'ouverture ne présentent pas de fuite, alors que dans le cas du
béton EDF, toute fissure dont l'ouverture dépassait cette valeur présentait des
fuites. Ces résultats sont en bonne concordance avec ce qui avait pu être déduit
des études précédantes dans le domaine(voir â 2.3.3). On peut donc conclure que
l'écoulement à travers une fissure ne se dinstingue de l'écoulement à travers la
porosité du béton qu' à partir du moment où son ouverture (fictive) atteint 50 à
70 um. En dessous de cette valeur, l'effet de la fissure se répercute au niveau de la
perméabilité intrinsèque du béton qui s'en trouve localement augmentée.
L'évolution du débit d‘infiltration global en fonction de la déformation imposée
pour une pression d'injection de 300 mb est présentée à la figure 3.18. Au début
des essais le débit était quasi nul; ça n'est qu'au moment de l'apparition de la
première fissure traversante que des débits significatifs étaient mesurés. Il est
évident qu'en toute rigueur, le débit à travers la porosité du béton n'est pas nul,
mais d'un ordre de grandeur très inférieur à celui à travers les fissures.
L'équipement et la procédure des mesures d'infiltration n'étaient d'ailleurs pas
adaptés à l'étude de la perméabilité du béton non fissuré, la pression étant
insuffisante, les instruments pas assez sensibles et la qualité des divers raccords
insuffisante (la part des fuites au niveau des divers raccords du circuit dans les
108
débits mesurés au début des essais était probablement à peu près équivalente,
voire supérieure, aux infiltrations dues à la porosité du béton). Ces résultats
illustrent clairement, qu‘en ce qui concerne les infiltrations à travers un voile en
béton armé, le béton peut normalement être considéré comme étanche et que les
problèmes se situent essentiellement au niveau de la fissuration (et des points
singuliers).
A partir de la première fissure traversante, les débits progressaient plus ou moins
régulièrement, en rapport avec le développement de la fissuration. Chaque
nouvelle fissure traversante était marquée par une certaine diminution du débit
global d'infiltration, liée à la légère fermeture des fissures préexistantes. Il était
rare d'observer des fuites en dehors des fissures traversantes. Lorsque cela était
toutefois le cas, il devait s'agir en général de tronçons de fissures secondaires qui
devaient avoir rejoint dans l'épaisseur la fissure principale à laquelle ils étaient
associés, ou qui avaient atteint l'un ou l'autre des tubes d'injection au coeur des
éléments. Ces fuites restaient rares jusqu'à 0.30%o de déformation imposée et leur
influence sur le débit global semblait limitée (la vitesse de formation et le
volume des bulles de savon permettaient de juger l'importance relative des
diverses fuites affectant un élément). Pratiquement, il est possible d'admettre que
seules les fissures traversantes affectaient l'étanchéité globale des éléments
(photo 3.3, présentant une fissure secondaire sans fuite et une fissure principale
avec fuites).
Pression d'essai à l'air: 300 mb
ËËÈ ä
1000
Figure 3.18 : Evolution du débit d'infiltration global à l'air m fonction de la déformation imposée
(n: nappe d'armature — résultats des mesures SJI‘ l'élément R4 écartés à cause de la
positon inopportune des deux premières fissures apparues au cours de cet essai)
Pour avoir un lien direct de cause à effet, il est utile de rapporter les infiltrations à
l'ouverture des fissures traversantes plutôt qu'à la déformation des éléments. A
cet égard, il est tout de même surprenant de constater que bien que les fissures
traversantes étaient plus nombreuses et apparemment plus ouvertes (du moins
109
Avec gaines
Débit [NI/h]
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 0 50 100 150 200 250
Ouverture de la 1ère fissure film} Ouverture de la 1‘" fissure [pin]
Figure 3.19 : Evolution dudébit d'infiltration à l'air à travers la première fissure traversante
apparue lors de chaque essai en fonction de son ouverture superficielle
élément lorsque des fiSSures secondaires se forment à sa surface (voir figure 3.11).
Il est donc important de tenir compte des phénomènes de fissuration secondaire
lorsqu'il s'agit d'évaluer les débits d'infiltration au travers d'un élément fissuré.
Les débits peuvent dans certains cas largement dépasser les débits que pourraient
laisser supposer l'ouverture superficielle des fissures.
L'ouverture des fissures à la surface des éléments et le débit d'infiltration restait
stable durant le palier de déformation à 0.30 %o (figure 3.8). La relaxation des
zones non fissurées des éléments devait compenser le fluage de l’interface acier-
béton et le retrait des lèvres des fissures.
Les mesures d'infiltration d'eau pendant le palier de déformation à 0.30 %o
étaient réalisées avec de l'eau potable dure, pratiquement en équilibre avec le
béton, n'ayant donc ni tendance à disoudre ni à précipiter le calcaire. Les mesures
étaient réalisées en continu à la pression constante d'environ 390 mb (3.9 m
d'eau) par rapport à la mi-hauteur des éléments.
200
Débit global d'eau [l/h]
(après 5 min)
DRl àR5
S
O
OE3àE6
Figure 3.20 : Corrélation entre les mesures d'infiltration d'air juste avant la mise en eau des
éléments et le débit d'infiltration d'eau mœurê après 5 minutes (les mesures
d'infiltration d'eau ont été adaptées selon une règle de trois entre la pression moyenne
de référence, la pression moyenne effective des mesures et le débit d'infiltration
mesuré)
Les fissures et tronçons de fissures présentant des fuites lors des mesures
d'infiltration d'eau étaient les mêmes que lors des mesures d'infiltration d'air
(photos 3.3 et 3.4). La correspondance entre les débits d'infiltration d'air mesurés
juste avant la mise en eau des éléments et les débits d'infiltration d'eau mesuré
après 5 minutes est montrée à la figure 3.20. La corrélation entre les deux types de
mesures est bonne, démontrant ainsi le lien direct entre un débit d'infiltration
d'air et un débit d'infiltration d'eau, avant que les divers phénomènes
d'autocolmatage aient influencé ce dernier. On constate que le rapport entre les
deux débits était de l'ordre de 1/70, ce qui n'est pas loin du rapport entre la
Viscosité des deux fluides à 20°C, qui est de 1/56. Naturellement la compressibilité
de l'air joue aussi un certain rôle sur cette relation et les mesures d'infiltration
111
d'eau 5 minutes après la mise en eau étaient déjà influencées par l'autocolmatage
(il n'était pas possible de réaliser une lecture correspondant exactement au début
de la mise en eau, le circuit devait être d'abord purgé).
Comme le montre la figure 3.21, le débit d'infiltration diminuait rapidement
durant les premières heures ou premiers jours des mesures, puis se stabilisait
plus ou moins. Rappelons que l'autocolmatage des fissure, qui a notamment été
étudié par Clear [1985], Meichsner et al. [1991] et Edvardsen [1996], résulte dans le
cas général de la combinaison des phénomènes suivants, dont l'importance
relative dépend de l'environnement de l'ouvrage, de la nature de l'eau et de la
composition du béton dont il est constitué:
- le gonflement du béton;
-l'accumulation au niveau des goulets de la fissure de particules de béton,
détachées au moment de l'apparition des fissures;
-le calfeutrage des fissures par des matières minérales ou organiques
entraînées par l'eau (limon, argile, mousses);
- la précipitation dans la fissure de calcite ou d'autre minéraux;
- l'hydratation de grains de ciment, n'ayant pas encore réagi.
Pression d'essai : 3.9 m d'eau par rapport à la mi-hauteur des éléments (pression moyenne)
Figure 3.21 : Evolution dans le temps du débit d'infiltration d'eau (les mesures d'infiltration d'eau
ont été adaptées selon une règle de trois entre la pression de référence, la pression
effective des mæures par rapport au pied des éléments et le débit d'infiltration
mesuré, afin d'éliminer l'effet des fluctuations de la pression effective des mesures)
Il est un peu surprenant de constater que 1e taux d'armature des éléments et les
ouvertures des fissures à sec ne semblent pas avoir beaucoup influencé 1a valeur
autour de laquelle le débit se stabilisait. Les tronçons de fissures cessant
complètement de fuir au bout de quelques jours étaient rares. Mêmes les
éléments les plus armés, qui avaient des ouvertures de fissures inférieures à
112
100 um ont présenté des fuites sous forme de gouttelettes jusqu'à l'interruption
des mesures.
Ces résultats, bien que non complètement représentatifs des conditions réelles
d'autocolmatage, rendent plutôt sceptique sur les chances de voir s'autocolmater
d'elles mêmes des fissures traversantes. La réduction de débit est rapide et
importante (de l'ordre de 100 à 1000 dans le cas de ces mesures); cela n'empêche
toutefois pas que les fissures restent perméables. En pratique l'autocolmatage peut
être plus important si 1a totalité d'une face est exposée à l'eau (gonflement
asymétrique du béton refermant les fissures) et si le sol est à même de fournir des
particules fines susceptibles de colmater les fissures. Il faut toutefois un concours
de circonstances favorables et beaucoup de temps pour que les fissures cessent
complètement de fuir.
Il reste encore que l'autocolmatage est en partie réversible. On le constate
notamment avec les mesures d'infiltration sur les éléments R1, E3 et E4 qui ont
dû être interrompues suite à des problèmes sur le circuit d'injection. A la suite de
ces interruptions, les infiltrations reprenaient toujours à un niveau supérieur à
celui précédant l'interruption (figure 3.21). Lors des essais R2 et R4 ce phénomène
de réversibilité à été accéléré en réalisant des mesures d'infiltration d'air en
continu et à pression constante à la suite des mesures d'infiltration d'eau
(figure 3.22). On en conclut que si un ouvrage n'est pas en permanence au contact
de l‘eau, il ne faut donc pas compter sur un autocolmatage important.
Elément R2 Elément R4
Débit [NI/h]
Débit [NI/h]
Caïd/Æ
W W
(4.1)
2 Quoi <1
réelle moyenne le long de l'axe z est plus grande que la vitesse débitante, déduite
de l'ouverture fictive d'une fissure.
Les hypothèses suivantes sont encore faites :
- les forces de gravité sur le fluide sont négligeables comparées aux autres
actions;
Dans l'équation (4.2), toute quantité de mouvement qui sort du volume délimité
par la surface S est comptée positivement, tandis que toute quantité de
mouvement qui entre est comptée négativement. La Vitesse dans l'équation (4.2)
est la vitesse réelle de l'écoulement en un point et non pas la vitesse débitante de
l'équation (4.1). Le système des forces extérieures comprend les contraintes de
115
Termes de gauche
Quantités de mouvement selon l'axe x sortant ou entrant par les quatre faces latérales
8p 3V 2[ ôw ) 2
a(p+ —dx
](vx+ x
J w+ ———
dx dy —
apvxw y d
Termes de droite
Bpwdy—B(p+%dx](w+%dx]dy
Composante selon l'axe x des pressions sur les parois de 1a portion de fissure dx-dy
w
Bpäçdxdy
Composante selon l'axe x des frottements contre les parois de la portion de fissure dx'dy
agïæw
V
116
M+W+BWÊE=4RYÀ
ax ay 3x V
M+W+Bwï=4nïä (44)
ôy 8x äy v
8(pwvx) + 3(pWVy)
8X ay = div (pwv) = div (q) = O (4.5)
117
ainsi qu‘une équation d'état dans le cas de l'air ou d'un autre gaz, qui peut être la
loi des gaz parfaits tant que la pression n'est pas trop élevée :
B = rT (4.6)
p
p pression absolue [Pa]
p : masse volumique du gaz [kg/m3]
r constante individuelle du gaz [I/kg/°K]
T : température du gaz [°K]
Les conditions de bord sont définies à 1a figure 4.2. Ces dernières avec les
équations (4.4), (4.5) et (4.6) permettent de déterminer la vitesse (VX et Vy), la
pression (p) et la masse volumique (p) en tous points d'une fissure si l'on connaît
la valeur des coefficients a', a et B, une expression pour le frottement 1°, ainsi que
la valeur de l'ouverture de la fissure en tous points.
Le débit d'infiltration est calculé le long de la ligne de résurgence L de la manière
suivante (figure 4.2) :
p1 =pe—a
,p v2
2
pe : pression absolue d'essai (pression d'injection)
z coefficient tenant compte de la transformation
d'une partie de la pression d'essai en énergie
cinétique et d'une perte de charge singulière à
l'entrée de la fissure
v2 = v: +v; : vitesse de l'écoulement autours des tubes
p2 = pression atmosphérique
® Axe de symétrie
vy=0
Bien que la formulation soit complète, l'analyse des mesures d'infiltration sur la
base des équations (4.4) à (4.7) est peu aisée (voire impossible). Des essais, nous
disposons de valeurs pour le débit d'injection QE pour divers couples p1 et p2. Ces
débits peuvent être corrélés à l'état de fissuration des éléments, déduit
uniquement de l'observation de leurs faces latérales. Nous sommes déjà conduits
à émettre des hypothèses et à admettre certaines simplifications en ce qui
concerne la variation de l'ouverture des fissures dans l'épaisseur des éléments.
Finalement, de ces mesures et observation nous sommes sensés déduire les
coefficients oc‘, a et B, ainsi qu'une expression pour le frottement 1°, propres au
deux bétons testés.
La résolution, par la force des choses numérique, des équations (4.4) à (4.7) pour
chaque mesure d'infiltration serait laborieuse, et les mesures et observations sont
insuffisantes pour déterminer de manière fiable à la fois les coefficients a', a et B,
ainsi qu'une expression pour le frottement couvrant divers modes d'écoulement
et ouvertures de fissure. L'option est donc prise de nous limiter à chercher une
expression pour le frottement en cas de régime d'écoulement laminaire (ê 4.2.2)
et à vérifier si la géométrie d'une fissures traversantes en cas de fissuration
secondaire déduite de considérations mécaniques (voir figure 3.11), est cohérente
avec les mesures d'infiltration (â 4.2.3). Pour y parvenir, i1 s'agit de voir dans
quelles mesures les équations dynamiques (4.4) peuvent être simplifiées, dans le
but en particulier d'éliminer les coefficients a', a et [3.
[.iwîEs—Z’toL
8x v (4 8)
fiwâE:—Zt Yl .
ôy — °V
Maintenant, si l'écoulement est laminaire, le frottement “cc pour une ouverture
de fissure donnée est proportionnel à la vitesse de l'écoulement et à la viscosité
du fluide. Pour rester cohérent avec les recherches précédentes dans le domaine,
le frottement ro est formulé de la manière suivante:
_ m
“ce — ë, W (4-9)
119
v =—ëWz ï
12" 8X (4.10a)
v =—ëw2 ÊÊ
y 1211 9V
Les équations (4.10a) correspondent, à nouveau au coefficient de débit près, aux
équations d'un écoulement visqueux se produisant entre deux plans lisses
voisins (écoulement de Hele-Shaw, Comolet [1982]) ou, si l'on pose :
_êW' (4.11)
‘12
aux équations d'un écoulement 2D dans un milieux poreux isotrope. kf peut être
appelé, par analogie à la perméabilité du béton, la perméabilité d'une fissure.
On peut substituer à la vitesse débitante le débit massique par unité de largeur de
fissure et récrire les équations (4.10a) sous forme vectorielle, ce qui donne :
3 -—->
ä=-p Î?“ grad p (4.10b)
= __ (2.26)
Rappelons (voir 52.3.4) que dans le cas d'un écoulement unidirectionnel entre
deux plans parallèles lisses l'écoulement est laminaire tant que le nombre de
Reynolds n'excède pas une valeur comprise entre 2400 à 2800. Cette limite peut
descendre à environ 1400 lorsque les plans sont rugueux, limite qui a été aussi
admise par plusieurs chercheurs dans le cas d'un écoulement unidirectionnel à
travers une fissure. Certains sont même descendu jusqu'à 100.
Figure 4.3 : Nombre de Reynolds autour des tubes d'injection (écoulement admis radial)
121
turbulent autour des tubes d'injection, puisque plus la pression d'essai et, par
conséquent, le débit d'infiltration sont faibles, plus faible est le risque
d'écoulement turbulent. La validité de l'approche pour 1e cas d'un gaz
compressible et pour une géométrie plus complexe qu'un cylindre est vérifiée
expérimentalement au paragraphe suivant.
1.20 z 0.20
E
1.00 z.‘E
e
3
0.80 Ë
O
3
0.60 Î.
=
0.40
â
Ë”
s:
0.20 5
0.00
Êg
vJ‘
1.20 0.20
1.00
Ê
.5
'U
3 0.15
0.80 ,g
0
z:
0.60 2:= 0.10
3
0.40 à”
BD
“a 0.05
0.20 5
0.00 Ëg 0.00
a’J‘
123
pe : pression d'essai
p1 : pression dans la fissure P (r=r1)
p2 : pression externe
: débit massique injecté
avec p1 = pe —a'
81:21"12pw2
_ ôuQ. r_1
P(I)"Pe + ânpw3 r)
Figure 4.4 : Erreur commise sur le coefficient de débit ë lorsque celui-ci est estimé ai négligeant les
termes d'inertie, en fonction du coefficient de débit recherché, de l'ouverture de fissure
et de la pression d'essais dans le cas d'éprouvettes cylindriques
du 101m de
O a 500 u m
l l— Gaine (l' Injection ‘-\ ““LJGIÜÎ de reprise
de bétonnage tisse
l n K
'— Embou' “u_Çavste cyliridrioue lisse
Ç? 30 mm sans gaine
Raccmd etanche
Les éprouvettes étaient bétonnées en deux fois afin que la fissure soit facile à
provoquer et sa position bien localisée. Les reprises de bétonnage n'étant pas
spécialement préparées. Le plan de rupture des fissures dans le cas de ces essais
125
pouvait être admis à peu près lisse (coefficient de débit ê probable "1). les faces
supérieurs et inférieurs des éprouvettes étaient, comme dans le cas des grands
tirants, étanchées et l'ouverture des fissures était mesurée au moyen de quatre
capteurs inductifs. Deux plaques d'acier et quatre barres équipées de boulons de
réglage, permettaient le contrôle de l'ouverture de la fissure (photo 4.1). Le
réglage de l'ouverture se faisait manuellement sur la base des valeurs mesurées
par les capteurs inductifs. Les plaques et les tiges étaient suffisamment rigides
pour être à peu près insensibles à la pression dans les fissures. Trois éprouvettes
de chaque type ont été testées. Les fissures étaient ouvertes par paliers de 50 um et
les mesures d'infiltration se faisaient à des niveaux de pression de 50 ,100, 300 et,
de manière non systématique, de 500 mb.
L'évolution du débit en fonction de l'ouverture de fissure est montrée pour les
trois types d'éprouvettes et une pression d'essai de 300 mb à la figure 4.6. La
corrélation entre les mesures d'infiltration réalisées dans le cas des éprouvettes
de type F et L semble bonne. Par contre, il apparaît que les mesures réalisées avec
les tubes gainés sous-estiment largement les infiltrations. Les gaines donnent lieu
à des pertes de charge importantes, pour ne pas dire déterminantes dans le cas de
ces éprouvettes complémentaires à fissure lisse, qui laissent présager des
difficultés à interpréter quantitativement les mesures réalisées de cette manière
sur les grands tirants. Cette constatation a d'ailleurs été à l'origine de la
modification du dispositif d'injection entre les deux séries d'essais (éléments R1 à
R5 fabriqués avec le béton IBAP et éléments E3 à E6 fabriqués avec le béton EDF).
Toutefois, comme on la vu au paragraphe 4.1.3 (figure 4.4), l'importance relative
des pertes de charge au niveau d'une gaine diminue plus le coefficient de débit et
plus la pression d'essai sont faibles ou, autrement dit, plus le débit d'infiltration
est faible. Il s'est finalement avéré, comme on va le voir au paragraphe 4.2.2, que
les mesures réalisées sur les grands tirants avec les tubes d'injection gainés ont
tout de même pu être exploitées quantitativement, même si la fiabilité des
résultats est plus faible que dans le cas des mesures avec tubes non gainés.
Pression d'essai : 300 mb
10000
8000
Débit [NI/h]
6000
4000
2000
QF = ëw3 Ë —pâ
12 p h 2rT
100
7o 60
50 4o 30
2° 10
_J__J_î.
Figure 4.7 : Isobares (tous les 10 mb) à travers une fissure pour une pression relative d'essais de
100 mb et une pression atmosphérique de 760 mmHg
a) éprouvettes de type F
b) éprouvettes de type T et L
127
(4.14)
X =à (4.15)
Q;
est indépendant de la pression d'essai, de la pression atmosphérique et de
l'ouverture de fissure. La valeur unique dans le cas des essais complémentaires
du rapport x étant de 1.63, le débit injecté dans le cas des éprouvettes de type T et L
peut donc être formulé de la manière suivante :
étaient effectivement à peu près lisses. On peut tout de même émettre une
réserve en ce qui concerne les mesures sur les éprouvettes de type L, lorsque
l'ouverture du joint est de 0.3 mm, qui ne permettent pas de déduire
correctement par extrapolation linéaire le coefficient de débit. Toutefois comme il
est montré à la figure 4.4, le problème ne se pose pas vraiment lorsque le
coefficient de débit devient largement inférieure à 1, comme dans le cas d'une
fissure dans la masse du béton.
a) b)
1.20 1.20
1.00 1.00
0.80 0.80
a 0.60 0.60
S
t" 0.40 0.40
0.20 0.20
0.00 0.00
0 100 200 300 400 500
Ap [mb] Ap [mb]
Eprouvettes F Eprouvettes T Eprouvettes F Eprouvettes L
w [mm] w [mm] w [mm] w [mm]
En ce qui concerne les mesures avec les tubes gainés (éprouvettes T), il apparaît
que la perte de charge liée à la transition entre la gaine et la fissure (coefficient a')
est trop importante pour déduire correctement le coefficient de débit. Les stries de
1a gaine à travers lesquelles l'air doit passer avant de pénétrer la fissure
constituent des diaphragmes contrôlant en grande partie le débit d'injection. Il
aurait fallu des mesures d'infiltration à des niveaux de pression bien plus faibles
pour éventuellement pouvoir évaluer correctement le coefficient de débit. l] faut
toutefois ne pas perdre de vue, comme cela a été montré à la figure 4.4, qu'il est
beaucoup plus délicat d'évaluer par injection un coefficient de débit proche de 1
(cas des éprouvettes complémentaires) qu'un coefficient de débit bien inférieure à
1 (cas des grands tirants).
129
Les analyses sont faites conformément aux indications du ê 4.1.3. Les variations
éventuelles de l'ouverture des fissures dans l'épaisseur et sur la hauteur des
éléments sont prises en considération. Les cas suivants sont considérés :
— une différence d'ouverture entre les deux faces latérales de l'élément;
- une variation de l'ouverture sur la hauteur de l'élément;
— une influence locale des barres d'armature;
- une différence d'ouverture entre le cœur et la surface de l'élément dans le cas
des éléments présentant des fissures secondaires.
Comme pour les essais complémentaires, le débit d'infiltration est calculé sur la
base du champ de pression à travers la fissure, qui est déterminé numériquement
sur tableur par la méthode des différences finies à partir de l'équation suivante,
qui est obtenue en introduisant l'équation d'état (4.6) et les équations dynamiques
(4.10) dans l'équation de continuité (4.5):
an=flägL dm)
S
ë W3 1 äp2(x = 0.21;y)
QE =2 Muflgmx0fly)
s = . ; à
—————— dy (4.1 æ
:È
x QF (4.15 )
QE
XFP —_. ——
Q (4.20 )
Où Q“, est le débit à travers une fissure d'ouverture constante égale à l'ouverture
superficielle moyenne de la fissure considérée (ws) lorsque la pression est
appliquée unilatéralement. Le rapport x“, ainsi défini permet d'exprimer le débit
d'essai sous la forme suivante :
3 2 2
QE = x» - Ë P123? (4.21)
QE : débit massique injecté [kg/s]
p1 : pression absolue amont (pression d'essais) [Pa]
p2 : pression absolue aval (pression ambiante) [Pa]
ws : ouverture superficielle moyenne de la fissure [m]
p. = 1.82-10'5: Viscosité dynamique de l'air à 20°C [Pa's]
H=1 : hauteur de l'élément [m]
h = 0.42 : épaisseur de l'élément [m]
r = 286.9 : constante individuelle de l'air [J / kg/ °K]
T = 293.15 : température de l'air injecté [°K]
ë : coefficient de débit recherché [-]
Aux figures 4.9, 4.10 et 4.11, l'influence sur le champ de pression, ainsi que sur les
rapports x et x“, de la disposition des tubes d‘injection, d'une différence
d'ouverture d'une fissure entre les deux faces d'un élément ou sur la hauteur
d'un élément sont présentées. Pour l'analyse des mesures d'infiltration et la
détermination du coefficient de débit ë, il importe surtout de déterminer aussi
précisément que possible le rapport x“, (équation 4.21). A ce propos, il apparaît que
l‘influence majeure provient de la différence d'ouverture de la fissure entre les
faces inférieure et supérieure de l'élément (figure 4.11). Les mesures d'infiltration
se montrent par contre moins sensibles à une différence d'ouverture entre les
deux faces latérales d'un élément (ce qui ne serait pas le cas si les essais avaient
été réalisés par une mise en pression unilatérale) ou à l'une ou l'autre des deux
dispositions des tubes d'injection.
167
1'000 mm
X = XFP = x = pr =
Figure 4.9 : Champ de pression, rapports x et xFP dans le cas d'une fissure idéalisée à plans
parallèles (a) = 1 )
132
a) ______________— _w,m+wav_1+a
w“: Wav=awam w” 2 ' 2 w“
x 2 2 2
___m jL
i:_h=420m œ(x)= ‘1' x+
(a+1)h (a+1)
167
L 3° 40
5° Èÿ
1‘000 mm
38 3 320
420 420
2.98 3 3.00
2 XFP
1.67 1.63 1.69
1
1.5 2.0 2.5 3.0 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
a ou 11a a ou l/a
Figure 4.10 : Influence d'une différence d'ouverture de fissure entre les deux faces d'un élément
a) définitions géométriques
b) influence sur le champ de pression
c) influence Sur les rapports x et xpp
133
a) W5 = 2 :7“
20—2 2
a) = +
(y) (B+I)H y (3+1)
b) Tubes gainés Tubes non gainés
wsup=BwM B = 2, Ap = p,—p2 = 100 mb, isobares tous les 10 mb
117 i
l 220
E
E
â 1'000 mm
u
:1:
333 320
y J
Winf
c) Tubes gainés Tubes non gaines
4 4
3 3
l 2'32 X” 215
2 ! 1.86 2 1‘63 U
1.72
X
1 1
0.0 1.0 2.0 3.0 0.0 1.0 2.0 3.0
B B
Figure 4.11 : Influence d'une variation d'ouverture de fissure sur la hauteur d'un élément
a) définitions géométriques
b) influence sur le champ de pression
c) influence sur les rapports x et pr
134
a) ®
:MŒŒS Won
l 0 ,0 Ô 20 0 20
® ®
Dac ïws >m< :1w.
l 0 I 0 0 ZÜ fi 20
2m
À
O
8
M
O
—A
O
1'000 mm
320
l———'——q 420 l
c) Tubes non gaines
Figure 4.12 : Influence d'un resserrement de l'ouverture des fissures au voisinage des barres
a) hypothèses géométriques
b) influence Sur le champ de pression
c) influence sur le rapport x et réduction de débit due à la présence des barres par
rapport à une fissure parallèle (QF / QFP)
135
On peut admettre qu'en procédant de la sorte le rapport x“, est estimé à i 0.05+0.1
près.
Les coefficients de débit ë: liän 0 23(Ap) (relation (4.12)) déduits des débits
pfl
mesurés dans le cas des éléments ne présentant pas de fissures secondaires sont
donnés en fonction de l'ouverture de fissure à la figure 4.13. Pour chaque
élément, le coefficient de débit a été déterminé pour les deux ou trois premières
fissures apparues au cours de l'essai. Pour évaluer la part du débit global devant
être attribuée aux fissures successives, il a été admis que 1e débit individuel d'une
fissure était uniquement fonction de son ouverture et que cette relation était
univoque et réversible ou, autrement dit, insensible aux cycles de fermeture et
réouverture des fissures. Dans la phase où un élément ne compte qu'une fissure,
la totalité du débit est attribué à cette première fissure et la détermination de la
relation entre le débit son ouverture est directe. Cette relation est utilisée au
0.30 0.30
0.25 0.25
0.20 0.20
0.10
0.05
0.00 . . . 0.00
0 50 100 150 200 250 300 0 50 100 150 200 250 300
w [nm] w [nm]
I R1 n°1 I E3 n°6
A R1 n°4 A E3 n°1
E] R2 n°6 A Eô n°6
A R2 n°3 O E6 n°5
+ R3 n°1 o E6 n°6/7
X R3 n°3/4
X R3 n°4
Figure 4.13 : Coefficient de débit en fonction de l'ouverture de fissure dans le cas des éléments ne
présentant pas de fissure secondaires
a) éléments R1, R2 et R3 fabriqués avec le béton IBAP
b) éléments E3 et E6 fabriqués avec le béton EDF
137
Wlllm]
référés à l'ouverture visible d'une fissure, puisque cette dernière est toujOurs
plus faible que l'ouverture fictive et conduit par conséquent à des coefficients de
débit plus grands. Comme dans le cas des recherches se référant à l'ouverture
visible d'une fissure le coefficient de débit est en général constant, il est donc
logique dans le cas où l'on se réfère à l'ouverture fictive que l'on tende vers cette
valeur sans jamais la dépasser.
Les valeurs de coefficient de débit ë"; découlant des mesures qui viennent d'être
analysées sont du même ordre de grandeur que les valeurs données par les études
antérieures dans le domaine (voir â 2.3.4).
Les relations de la figure 4.14 ne sont valables que tant que l'ouverture des
fissures est bien plus faible que la taille maximum des granulats. Cette dernière a
une influence importante sur la tortuosité d'une fissure. Si l'ouverture d'une
fissure s'approche de la taille maximum des granulats, le fluide risque de ne plus
être conduit à suivre la tortuosité de la fissure (les lèvres de la fissure se
"déboîtent"). Le coefficient de débit devrait alors augmenter à nouveau, jusqu'à
tendre vers la valeur de 1 pour une ouverture de fissure infiniment ouverte.
Dans le cas d'un élément sans fissuration secondaire, il y a pour chaque fissure
traversante deux inconnues : le coefficient de débit et la variation de son
ouverture dans l'épaisseur de l'élément. La présence des fissures secondaires non
traversantes et leur interaction évidente avec les fissures principales traversantes
(voir chapitre 3) ne permet plus d'admettre qu'entre les deux faces d'un élément
l'ouverture d'une fissure, en dehors d'un certaine zone entourant les barres
d'armature, évolue de manière linéaire. Nous savons, par l'intermédiaire des
mesures d'infiltration et du sciage d'un élément (voir rapport des essais Mivelaz
et a1. [1995]), que les fissures secondaires n'atteignaient pas 1e coeur des éléments.
Cette constatation, complétée par quelques mesures d'ouverture de fissure au
coeur d'un élément au moyen de fibres optiques noyées dans le béton (Vurpillot
et al. [1995]), permet d'admettre que l'ouverture d'une fissure principale au coeur
d'un élément est environ égale à son ouverture à la surface de l'élément
additionnée de la somme de l'ouverture à la surface de l'élément des fissures
secondaires qui lui sont associées. Entre le coeur et la surface des éléments deux
hypothèses sur l'évolution de l'ouverture de fissure sont faites (figure 4.15) :
1) un changement brusque de l'ouverture de la fissure à une certaine distance
(ôh/2, où h est l'épaisseur) de la surface de l’élément;
2) une évolution progressive (linéaire) de l'ouverture de la fissure à partir
d'une certaine distance (ôh/2) et jusqu'à la surface de l'élément.
La première hypothèse constitue un cas extrême, qui permet d'évaluer la
sensibilité des mesures d'infiltration aux diverses évolutions possibles d'une
ouverture de fissure dans l'épaisseur d'une élément.
140
1'000 mm
I
Changement progressif
Coefficient ô [-]
0.357 - ' ' ' ' - - 0.571
———-0.7l4 0.857
1.00
Figure 4.15 : Influence sur les mesures d'infiltration d'une différence d'ouverture de la fissure entre
le coeur et la surface d'un élément
a) hypothèses géométriques et leur influence sur le champ de pression (isobares tous
les 10 mb pour une pression d'essais Ap = pl-pz = 100 mb)
b) influence sur le rapport x
141
La seconde hypothèse, bien que quelque peu schématique, parait la plus plausible
si l‘on se réfère aux résultats concernant l'analyse de la fissuration (figure 5.9 c du
paragraphe 5.2.3) ou aux recherches antérieures Sur la fissuration secondaire
d'éléments épais en béton armé (Helmus [1990], voir figure 3.11 du 53.4.1). Les
analyses qui suivent ont essentiellement pour but de démontrer que cette
hypothèse est cohérente avec les mesures d'infiltration sur les éléments
présentant des fissures secondaires.
L'influence sur le champ de pression à travers les fissures injectées et le rapport x
de l'une ou l'autre des hypothèses est montrée à la figure 4.15b. On constate que
les mesures d'infiltration sont très sensibles aux différences d'ouverture entre le
coeur et la surface d‘un élément. Plus la différence est élevée (coefficient y), plus
le rapport x devient élevé. Ce dernier ne peut toutefois pas dépasser la valeur de
4, qui correspond à un coeur mis entièrement à la pression d'injection p],
autrement dit à une situation où le coeur n'offre plus aucune résistance à
l‘écoulement, qui n'est contrôlé plus que par 1e dernier tronçon de faible
ouverture de la fissure. Si l'on fait l'hypothèse d'un changement brusque
d'ouverture, le rapport x=4 est rapidement approché. L‘évolution est par contre
plus lente si l'on suppose que l'ouverture varie progressivement. Dans les deux
cas la profondeur à partir de laquelle une fissure traversante se referme a une
influence limitée (influence du coefficient 8).
Comme il a déjà été mentionné, l'hypothèse d'une variation progressive est la
plus plausible, c‘est donc les valeurs du rapport x s'y rapportant qui sont utilisées
pour l'analyse des mesures d'infiltrations à travers les éléments présentant des
fissures secondaires. En toute rigueur, il faudrait encore tenir compte de
l'influence locale des barres d'armature qui accentue la différence entre
l'ouverture à la surface et au coeur d'un élément. En négligeant cet effet, le
rapport x est un peu sous—estimé.
Pour les éléments présentant des fissures secondaires, nous définissons
l'épaisseur réduite de l'élément de la manière suivante :
h,=9—F—h=QE/Xh (4.23)
Qpp QFP
:3"
î:
p’
Q; = ëws H ———p2 (4.24)
‘“êw
hr(AP = P1 'Pz) = ————(P1 s
p2)
24urT - Q5 / x (4.25)
hr = hgtäo h‘(Ap)
Les résultats des analyses pour la première fissure traversante des éléments R5, E4
et E5 sont donnés au tableau 4.1. Les valeurs sont indicatives car, d'une part, trop
peu nombreuses et, d'autre part, l'épaisseur réduite est très sensible à l‘ouverture
de fissure ws, qui n'était mesurée qu'à 10 um près (voir ê 4.3). Il ne faut non plus
pas perdre de vue que l'ouverture au coeur des éléments n'est pas directement
connue. Malgré tout, l'ordre de grandeur des épaisseurs réduites déduites des
mesures d‘infiltration correspond relativement bien aux valeurs que l'on peut
estimer en supposant une variation progressive de l'ouverture de fissure entre le
coeur et 1a surface des éléments (figure 4.16). Dans le cas de l'élément R5, la
valeur 7:1.8 devait conduire à un rapport h,/h compris entre 0.25 et 0.43 suivant
la valeur du coefficient ô, la valeur h,/h=0.15 déduite des mesures d'infiltration
est un peu inférieure. Dans le cas de l'élément E4, 1a valeur 7:4.9 devait conduire
à un rapport hr/h compris entre 0.04 et 0.12 suivant la du coefficient ô, la valeur
h,/h=0.09 est dans la fourchette. Finalement, dans le cas de l'élément E5, la valeur
7:5.3 devait conduire à un rapport hr/h compris entre 0.04 et 0.11 suivant la du
coefficient ô, la valeur h,/h=0.05 est à nouveau dans la fourchette. L'hypothèse
d'une variation linéaire de l'ouverture de fissure entre le coeur et la Surface
d'une élément est donc confirmée par ces mesures d'infiltration.
Détermination
QE de l’épaisseur
réduite hl-
EËEIIEÆ
mmm
Fissure [p.m] [um] [-] ['l
mm
Ws Ws max
mm
Figure 4.17 : Représentation schématique de Tableau 4.1 : Coefficients de débit et épaisseurs
l'évolution du débit d'infiltration réduites des éléments avec fissures
à travers une fissure secondaires
145
Pour un rapport pr=1.7, une ouverture de fissure de 150 um, une pression
atmosphérique de 1 bar et une pression d'essai de 0.1 bar, la marge d'incertitude
sur le coefficient de débit est la suivante:
(Q5 i 2%) (h i- 0.5%) gizs%
ê z (pr i 5%)(ws i 6.5%)3 (H i 0.2%)(Ap i 1%)
L'incertitude sur le coefficient de débit â est, comme on le voit, élevée. Près des
3/4 de celle—ci est liée à l'incertitude sur la mesure de l'ouverture de la fissure qui
intervient au cube dans la formule (4.21). Les problèmes spécifiquement liés au
type de mesures d'infiltration jouent un rôle moins important puisque qu'ils
interviennent pour 8%, dont un peu plus de la moitié est liée au fait que l'air est
injecté plutôt qu'appliqué à la totalité d'une face des éléments (incertitude sur
x"). Cette technique d'investigation ne constitue donc pas un désavantage par
rapport à des méthodes plus traditionnelles. Pour améliorer la précision sur
l'évaluation du coefficient de débit d'une fissure, il faut surtout une définition
clair de l'ouverture d'une fissure et améliorer les techniques pour la mesurer.
En ce qui concerne le calcul de l'épaisseur réduite d'un élément (hr), la précision
est encore plus faible, puisque celle-ci s'obtient d'une formule similaire ou
intervient le coefficient de débit que l'on estime avec la figure 4.14. La dispersion
sur le coefficient de débit se répercute donc sur la précision de l'estimation de
l'épaisseur réduite.
Si l'on voulait diminuer l‘incertitude sur 1e rapport x, qui est assez sensible à la
différence d'ouverture des fissures entre 1e coeur et la surface d'un élément, il
suffirait de disposer davantage de tubes d'injection dans les éléments. En effet, les
valeurs que peut prendre x sont comprises entre celle correspondant à une fissure
146
avr
0l
O
6° 40302010 1'000 mm
Figure 4.18 : Champ de pression et rapports x dans le cas d'une fissure parallèle si deux, quatre ou
six tubes d'injection sont disposés
. . ëw3 (Ap )
L Iqm e
d : q; = p 12m“
—s—— <4.27)
qF : débit massique par mètre linéaire de fissure [kg/s /m]
p : masse volumique du fluide [kg/m3]
ë z coefficient de débit [-]
147
Les relations (4.26) et (4.27) ne se distinguent de ce qui est déjà connu (voir 52.3.4)
qu'au niveau de l'épaisseur réduite, qui est introduite pour tenir compte de
l'effet d'une variation de l'ouverture des fissures traversantes dans l'épaisseur
d'un élément. Les relations (4.26) et (4.27) sont valables pour autant que le régime
d‘écoulement soit laminaire. Selon les recherches antérieures, un régime
turbulent est susceptible de s'établir lorsque le nombre de Reynolds 5R =2qF/u
dépasse une limite comprise entre 200 et 1400.
Le coefficient de débit ê dépendant du béton et de l'ouverture de la fissure
(ouverture fictive). Sa valeur est plus petite ou égale à 1 (la valeur de 1
correspond au cas de deux plans parallèles et lisses d'ouverture w). Il permet de
tenir compte des influences suivantes sur les infiltrations (voir ê 2.3.4) :
- de la tortuosité et de la rugosité d'une fissure;
- du fait que l'ouverture fictive d'une fissure est plus grande que l'ouverture
réellement accessible à l'écoulement;
- du fait qu'en phase de formation (ouvertures de fissure comprises entre 0 et
environ 0.25 mm), toute la surface d'une fissure n'est pas "accessible" à
l'écoulement.
O a0.03+0.1 500
w [mm]
Paramètres
épaisseur du tirant
taux d'armature
diamètre et répartition des barres
propriétés mécaniques du béton
n ll'
,_l_ n ht:8y(y+1)+2(l—ô) h
_ T—
Déformation “absorbée” par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui
sont associées : MF:(M - M’a/n où n est le nombre de fissures traversantes
Débit global Qg
par unité de surface de mur [kg/s-mz]
(28:qu
Figure 4.20 : Schéma de principe pour l'estimation du débit d'infiltration à travers une fissure
isolée et du débit d‘infiltration global à travers un élément fissuré sollicité à la
traction pure (fissuration unidirectionnelle)
149
F = ËM (4.28)
MI:
La démarche et les formules conduisant au débit global par unité de surface sont
synthétisées à la figure 4.20. Le problème de la détermination des facteurs y, ô et
des valeurs Me et AZF caractérisant géométriquement une fissure traversante est
traité au chapitre 5, qui suit. Ils découlent d'une analyse purement mécanique de
la formation et du développement des fissures principales et secondaires.
150
151
l'ouverture d'une fissure à la surface d'un élément n'a pu être observée durant la
première phase des essais (jusqu‘à 0.3%o de déformation imposée). De manière
générale, la pertinence de cette option pourrait être mise en doute si l'espacement
des barres d'armature s'approche de (ou dépasse) l'épaisseur du tirant. Elle se
justifie par contre d'autant plus que l'espacement des barres devient faible
comparé à l'épaisseur de l'élément.
Il a été admis que le béton a un comportement élastique linéaire jusqu'à la
localisation d'une fissure (figure 5.1 a). Le béton est donc caractérisé par un
module d'élasticité (EC), un coefficient de Poisson (v) et une résistance à la traction
(ft). Cette dernière constitue le critère de localisation des fissures.
Une relation bilinéaire entre la contrainte et l'ouverture d'une fissure a été
adoptée pour caractériser le béton pendant la phase de développement d'une
fissure (figure 5.1 b). Le béton est admis isoadoucissant, seul le model
d'ouverture des fissures est pris en considération. Le comportement d'une fissure
est donc caractérisé par la résistance à la traction du béton (f,), son énergie de
rupture (GF) et deux ouvertures de fissure caractéristiques: (wl) donnant le point
de cassure dans la courbe d'adoucissement et (wc) l'ouverture à partir de laquelle
la fissure ne transmet plus de contraintes.
L'acier des barres d'armature a un comportement élasto-plastique (figure 5.1 c). Il
est caractérisé par un module d'élasticité (Es) et une limite élastique (fy). Pour le
problème qui nous concerne, la plastification des barres d'armature constitue une
limite au-delà de laquelle le comportement du tirant ne présente plus vraiment
d'intérêt, puisque l'ouverture des fissures n'est plus contrôlée par l'armature.
L‘interaction entre les barres d'armature et le béton est caractérisée par une loi
d'adhérence du type (figure 5.1 d) :
t = a ' sb (2.17)
b)
fi
01
L
W1 wc
d)
fY
T = a s"
E.
S
Les barres d'armature sont modélisées par des éléments "barre" se superposant
aux éléments quadrilatères plans de béton. L'interaction entre les éléments de
barre et les éléments de béton est régi par la loi d'adhérence. La contrainte
d'adhérence est déterminée en fonction du déplacement relatif entre les éléments
de barre et les éléments de béton sous-jacents. Les éléments finis de béton ont une
certaine épaisseur que l'on fait varier en fonction de l'espacement des barres
d'armature (épaisseur des éléments de béton = espacement des barres
d'armature).
Un tronçon de tirant de 1500mm de longueur est modélisé (figure 5.2). Une
demi-épaisseur de tirant est reproduite (h/2 = 210 mm), l'influence de la seconde
moitié étant prise en considération par des appuis. Aux deux extrémités une
bande d'éléments finis très rigide de 50 mm de large et un tronçon de barre le
long duquel une adhérence parfaite est admise (matériaux auxiliaires),
permettent "l'ancrage" des barres d'armature. A une extrémité du tirant la
déformation longitudinale est bloquée. A l'autre extrémité, une déformation est
progressivement imposée. Comme dans le cas des essais (chapitre 3), la
modélisation numérique d‘un tirant consiste à le déformer progressivement et à
suivre l'évolution de l'effort de traction, des déformations et de l'état de
fissuration.
154
ËIIXXIIXXEII! 1 lillllllllxllIllxlxlfillè‘î
mil-IIIICIII: I tenus-nm!nnnnnuunnflx-m
WIIIIII-IIII I IIIIIIIIEQIIIIUŒIIRBIESE
S‘àÿfillllt.ll-III IIIIIIIIIEIÜÜIUBIIIîlüÿw
I’s‘äàIEI-IIIIII-I "II'.’I!IË..R'II.I"EËŸQ
I QIIIIIIRËËIIBÜE'HHEBCIÊN
I8 han-nannænæ—auunn—mnnnuw«
a)
b)
Ai _ N / A . Ê
e E, (5.1)
M. = M—Afie
: effort de traction [N]
: section du tirant [mmz]
: longueur du tirant [mm]
Al : déformation totale du tirant (une seule fissure traversante) [mm]
Me : déformation élastique pouvant être absorbée par le béton [mm]
5.2 Calibrage et tests du modèle sur les résultats des essais sur grands
tirants
Valeurs A Valeurs B
mesurés lors des essais sur grands tirants. Sur la base de ces derniers diagrammes,
l'énergie de rupture est évaluée selon les indications données à la figure 5.4 (avec
les risques d'erreurs liés à l'instabilité de l'essai). Comme précédemment, les
ouvertures de fissure w], wc et la contrainte (51 sont évaluées à partir de la
résistance à la traction ft et l‘énergie de rupture GF sur la base des relations (2.14).
Pour la bande centrale affaiblie les propriétés du tableau 5.2 sont prises en
remplaçant (5cm par 6m (selon le tableau 3.5 du 53.4.1, soit 1.82 MPa pour le béton
IBAP et 2.77 MPa pour le béton EDF).
Le premier ensemble de valeurs (tableau 5.1) présente l'avantage de pouvoir être
obtenu facilement pour n'importe quel béton. Il découle d'une démarche qui
peut être entreprise indépendamment des résultats des essais sur grands tirants.
Les valeurs réduites, déduites des essais sur grands tirants (tableau 5.2), ont
l'avantage de tenir en partie compte des problèmes d'hétérogénéité et de l'état
initial d'endommagement évoqués au paragraphe 5.1. Les fissures secondaires se
développent en effet au niveau des sections les plus faibles et à ce titre la
résistance moyenne mesurée sur de relativement petites éprouvettes par rapport
à la taille des tirants d'essai est certainement trop optimiste.
R1
(Béton IBAP /armature A51: p=0.60°/o, 2 nappes, 920)
° '—
“U
' Ë o<1.
". 5°
a æ
‘5 ' «sâ) äg '
au: 8‘“
PH ' 8 N ' “.3 '
g. "‘ D-
Z
E
8 ......................
2. l
à 600 _.... ........ .,...... ..... . ..................,,, ......,. ,..... ,,,.....
ä .. ...................................
400 .......
200
0
0 0.06 0.12 0.18 0.24 0.3
0 0.18 0.36 0.54 0.72 0.9
Figure 5.4 : Principe de l'évaluation de l'énergie de rupture à partir d'un diagramme charge-
déformation mesuré lors d'un essai sur grand tirant
159
Couples I
a 8.02 15.1
b 0.12 0.12
Couples II
a 10.4 20.4
b 0.21 0.21
Tableau 5.3 : Facteurs a et b de la relation d'adhérence retenus pour l'analyse du comportement des
tirants (pour un glissement exprimé en [mm] et une contrainte d'adhérence en [N/msz
160
Béton IBAP
R1 fiss. n°1
Wenvel. 0.30%o
R2 - - - - - - - fiss. n°6
- — — - fiss. n°3
— — Wenvel. 0.30%o
' ' '-fiss.n°1
R3 fiss. n°3/4
. , , . . . . . . . . . . . . ., n06
W!
Wenvel. 0.30%o
Figure 5.5 : Couples a et b de la relation d'adhérence déduits sur la base du modèle analytique à
partir des relations w(o,_z) mesurées lors des essais
Béton EDF
- - - - - - - fiss. n°6
E3 — — - -fiss. n°1
- ----fiss. n°4
——Wenvel. 0.30%o
r ‘ r ' * * - fiss. n°4
Es -* r“ — -*fiss. n°6
"r ‘ m ‘ “fiss. n°5
mWenvel. 0.30%o
Figure 5.6 : Couples a et b de la relation d'adhérence déduits sur la base du modèle analytique à
partir des relations w(o‘sz) mesurées lors des essais
161
Béton IBAP
(R2, fissure n°6)
0.50
0.40
.
Ê — 0.30
Mesures
3 0.20
Courbe analytique
. - — — - --a= b
0.10
0.00
Figure 5.7 : Relation w(os,_) mesurée dans le cas d'une fissure représentative du béton IBAP
Béton EDF
(E3, fissure n°6)
Mesures
Courbe analytique
.. - - -- -a = ,b =
Figure 5.8 : Relation W(652) mesurée dans le cas d'une fissure représentative du béton EDF
162
R1
p=0.60% aucune
020,8:250mm 0.5l0
2 nappes
R2 0.350
p=0.57% aucune
916,s=167mm 0.360
2 nappes
R3 0.235
p=0.86% aucune
Q16,s=167mm 0.225
3 nappes
R4 0.230 0.235
p = 036 % aucune aucune
0 16, s = lll mm 0.240 0.245
2 nappes
R5
p=l.15%
016,s=83mm
2nappes
0.235
aucune
0.245
E4
p=0.86%
016,s=lllmm
2 nappes
E5
p=1.15%
016,5:83mm
2 nappes
E6
016,5:125mm
3 nappes
Tableau 5.4 : Ouverture superficielle des fissures principales (ws) et des fissures secondaires
(wssmnd), déformation absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires
qui lui sont éventuellement associées (Mç). épaisseur réduite (h,)
163
Les valeurs ws, AlF et hr mesurées ou déduites des essais sur grands tirants
(chapitres 3 et 4) sont comparées aux valeurs découlant de la modélisation
numérique au tableau 5.4. Dans le cas des éléments présentant des fissures
secondaires, la comparaison entre les mesures et les calculs porte encore sur
l'ouverture des fissures secondaires à la surface des éléments (ws smm). L'effort
normal de référence pour la comparaison est l'effort Nenvelmm donné pour
chaque élément au tableau 3.6 (ê 3.4.1).
A titre d'exemple les résultats de l‘analyse numérique correspondant à l'élément
E4, qui présente des fissures seondaires, sont présentés à la figure 5.9. L'ensemble
des observations faites lors de la campagne d'essais (voir chapitre 3 et le rapport
des essais Mivelaz et al. [1995]) sont bien reproduites. Les fissures secondaires se
forment effectivement de part et d'autre de la fissure principale durant la
remontée en charge (figure 5.9 a et b). A partir du moment où les fissures
secondaires se forment, l'ouverture superficielle de la fissure principale stagne,
voire diminue "légèrement (figure 5.9 c). L'ouverture des fissures secondaires
augmente avec la charge et peut devenir plus importante que l'ouverture de la
fissure principale. Le mécanisme de formation des fissures secondaires
correspond bien au mécanisme décrit par Helmus [1990] (voir figure 3.11 du â
3.4.1). L'hypothèse retenue aux paragraphes 4.2.3 et 4.4 concernant la variation de
l'ouverture d'une fissure traversante à travers l'épaisseur d'un élément
présentant des fissures secondaires s'en trouve justifiée (voir figure 4.20).
Le choix du couple a et b de la loi d'adhérence (hypothèses I et Il du tableau 5.3)
n'a pas d‘influence significative sur 1a formation des fissures secondaires. Pour
choisir l'un ou l'autre des couples, il faudrait pousser la modélisation jusqu'au
stade de la fissuration stabilisée et trancher sur la base de l'espacement des
fissures. Ce calcul n'est pas possible en l'absence d'un modèle prenant en
considération l'hétérogénéité du béton, dans lequel les fissures traversantes
seraient générées de manière aléatoire à des niveaux de charge progressifs.
Si 1e couple a et b n'a pas une grande influence sur le comportement d'une
fissure isolée, il est par contre clair, que si la valeur du facteur a augmente
individuellement, le risque d'apparition de fissures secondaires augmente
également. En toute logique, l'effet est à peu près le même que si l'espacement
des barres d'armature est diminué (dans ce cas ce n'est pas la contrainte
d'adhérence qui augmente, mais la surface d'adhérence).
La résistance à la traction a une grande influence sur la probabilité d'apparition
des fissures secondaires. Cette influence est clairement mise en évidence dans le
cas de l‘élément R4 (tableau 5.4). En adoptant la résistance moyenne à la traction
sur cylindres aucune fissure n'est générée jusqu'au niveau de charge
correspondant à Nemm30 ,90 (valeurs A des tableaux 5.1 et 5.2). Lorsqu'on diminue
d'un peu moins de 20 %o cette résistance à la traction, en optant pour la résistance
apparente (0cm), qui correspond à l'apparition de la dernière fissure traversante
164
AÉF = 0.395 mm
N 1.0.30
N, = L’a—Ë A; = 69'400 N
C
A! = 0.495 mm
0
0.000 0.120 0.240 0.350 0.480 0.600
Displocement in mm
b)
mmm
Dîsplocements
Displacement in pm
7:4.23
8:0.85
hr = 0.126 h = 53 mm
AË = 0.495 mm
Element E4 Lest ch me;
Prorietes Bll f59_2 .PC'X (l‘a/07 19-5
(valeurs B des tableaux 5.1 et 5.2), des fissures secondaires apparaissent de part et
d'autre de la fissure traversante. En l'occurrence, les résultats des essais
correspondent mieux aux valeurs B.
La résistance à la traction devient moins importante dans le cas des éléments très
sujets à la fissuration secondaire. C'est le cas notamment de l'élément E4, pour
lequel les résultats des calculs sont plus ou moins équivalents, quelle que soit la
valeur ft adoptée.
Le niveau de charge a naturellement aussi une grande influence sur la formation
ou non des fissures secondaires. Plus celui-ci est élevé, plus le risque de voir
apparaître des fissures secondaires est élevé. Il s'agit du corollaire des
considérations qui viennent d'être faites concernant l'influence de la résistance à
la traction. Ce fait à été mis en évidence expérimentalement dans le cas de
l'élément E6 (béton EDF, p = 1.15 °/o, 3 nappes de 016 s = 125 mm). A 0.30 %o de
déformation imposée, l‘élément présente de manière anecdotique deux fissures
secondaires qui ne sont pas développées sur toute la hauteur de l'élément
(figure 3.13). A 1.15 %o de déformation imposée, alors que l'effort de traction est
de l'ordre de 25 °/o plus élevé, les fissures secondaires deviennent moins rares et
affectent toute la hauteur de l'élément (figure 3.14).
166
0.5
0.4 rËn
î Ê
E
z 0.3 Ë
Ë= Ëa
.2 u
S 0.2 :5
è 0.1
ê3
0.0
0.0 0,1 0.2 0.3 0_4 0.5 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Figure 5.10 : Correspondance entre les valeurs calculées et mesurées d'ouverture superficielle de
fissure (propriétés B II)
a) Fissures principales (traversantes)
b) Fissures secondaires
1: [N/mmz] / s [mm]
a
b
Comme dans le cas des essais sur grands tirants (chapitre 3), les fissures
secondaires ont été prises en considération dans le calcul de l‘ouverture moyenne
des fissures (wm) uniquement si leur ouverture dépasse 0.05 mm.
Les propriétés mécaniques des trois bétons et la relation d'adhérence (figure 5.1a,
b et d) sont essentiellement basées sur les relations proposées par le CEB-FIP:
1/3
w1 = 291 — 0.15wc
fctm
<51 = 0.15fctm
w = 5g (CEB—FIP MC90 [1993], dmax = 32 mm, figure 2.14)
C ctm _
f 07
GF = 0 058(Æ)
1
Es = 200'000 N/mm2
fy = 460 N / mm2
Les valeurs wm, ws, MF et h, sont calculées pour le niveau de charge donné par la
relation suivante (relation du même type que la relation (2.15) du ê 2.3.1) :
N, = Ac .k(h).fc.m
Nr : niveau de charge auquel apparaissent les fissures traversantes
(admises isolées) [N]
AC z section de l'élément [mmz]
171
k(h) z facteur fonction de l'épaisseur (h) de l'élément tenant compte du fait que
sa résistance apparente est plus faible que celle mesurée sur éprouvettes [-]
Avec les valeurs suivantes pour k(h), données par le CEB-FIP MC90 [1993] :
k(h) = 0.8 h S 300 mm
k(h) = 0.5 h 2 800 mm
Interpolation linéaire entre les deux valeurs extrêmes
Les résultats des calculs sont présentés respectivement pour 1e béton C20, C50 et
C90 au tableau 6.2, 6.3 et 6.4. Un des aspects majeurs de cette étude paramétrique
est constitué par le point de bifurcation entre un comportement avec ou sans
fissuration secondaire. Ce point, comme on l'a déjà vu en partie, dépend de
l'espacement et du diamètre des barres d'armature, de l'épaisseur de l'élément et
des caractéristiques mécaniques du béton, en particulier de la qualité d‘adhérence
et de la résistance à la traction. C'est naturellement sur les propriétés du béton
que l'incertitude est la plus grande. Par conséquent les points de transition entre
les deux comportements sont indicatifs.
IIIII IIII
'UIIIggâlIII
41ml.—
Specimen with secondary surface cracks
Figure 6.1 : Exemples de champs de déformation avec ou sans fissures secondaires (béton C50)
172
Béton C20
h [mm] 500 750
N, [kN/m] 792 926
Au: [920] 0.0614 0.0479
2 nappes
010 s=150
A5: 1047 mmZ/m
0.54 (1)
0.131
0.179
191
0.427
3 nappes
Q 16 s= 112.5
As: 5362 mmî/m
2 nappes
026 s=150
AS: 7079 mmZ/m
Tableau 6.2 : Béton C20 - Taux d'armature (p), ouverture moyenne des fissures (wm), ouverture
superficielle des fissures traversantes (ws), épaisseur réduite (h,) et déformation
absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui sont
éventuellement associées (AEF), suivant l'épaisseur de l'élément, la quantité et la
répartition des barres d'armature
173
Béton C50
h [mm] 200 350 500 750 1000
N, [kN/m] 970 1224 1431 1800
AU! [%o] 0.0845 0.0746 0.0582 0.0549
2 nappes
010 s=150
As: 1047 mm’lm
3 nappes
016 s= 112.5
As: 5362 mmî/m
2 nappes
0 26 s=150
A5: 7079 mmzlm
Tableau 6.3 : Béton C50 -Taux d'armature (p), ouverture moyenne des fissures (wm), ouverture
superficielle des fissures traversantes (ws), épaisseur réduite (h,) et déformation
absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui sont
éventuellement associées (AZF), suivant l'épaisseur de l'élément, la quantité et la
répartition des barres d'armature
174
Béton C90
h [mm] 200 350 500 750 1000
N, [kN/m] 789 1323 1676 1960 2465
Auz 1%.] 0.1009 0.0970 0.0857 0.0668 0.0630
2 nappes
010 s=150
As: 1047 mmzlm
2 nappes
a 16 s=150
As: 2681 mm2,m
0.80 (l)
0.175
0.135
55
0.523
1.07 (l) 0.71 (1+)
0. 108 0. 1 30
0.094 0.100
56 41
0.321 0.549
3 nappes
016 s= 112.5
As: 5362 M2,“,
1.42 (l)
2 nappes 0.084
0 26 s=150 0.091
AS = 7079 mmî/m 81
0.221
Tableau 6.4 : Béton C90 - Taux d'armature (p), ouverture moyenne des fissures (wm), ouverture
superficielle des fissures traversantes (ws), épaisseur réduite (h,) et déformation
absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui sont
éventuellement associées (MF), suivant l'épaisseur de l'élément, la quantité et la
répartition des barres d'armature
175
Qg
Mc/l=Nr/Ac—Ec
MF/É MF/Ê
Figure 6.2 :Comportement apparent d'un élément soumis à une traction unidirectionnelle
découlant des diverses simplifications admises dans le cadre de cette étude
paramétrique
a) Béton C20
b) Béton C50
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau A? = 100'000 Pa = 1° m d'eau
€=0.3%o
100'000
1 0'000
1 ‘000
c) Béton C90
Ap=100'000Pa=10md'eau Ap=1°°°°°Pa=1°md°au
8 = 0.3 %o
100'000
10'000
l ‘000
100
10
Figure 6.3 : Influence de l'épaisseur d'un élément sur le débit d'infiltration par mètre linéaire de
fissure (qp) et le débit global par unité de surface (Q8)
est faible (s = 100 et 75 mm). Les points à partir desquels le débit global tend à se
stabiliser correspondent aux points de transition entre les comportements sans et
avec fissures secondaires. Lorsque ces dernières se forment, le débit par unité de
longueur de fissure (qF) continue à augmenter avec l'épaisseur de l'élément, par
contre le débit global stagne (Q8). Cette tendance est due à la diminution du
nombre de fissures traversantes lorsque des fissures secondaires se forment
179
a) Béton C20
10'000 100'000
10'000
1'000
_
_E
1'000
NE
È 100 Ë 100
n ä-
o 10
10
0 0.5 1 1.5 2
p [%l p 1%]
101000 100'000
10'000
1'000
_ 1'000
«E ‘E
È 100 Ê 100
d a 10
1o
l
1 0.1
o 0.5 1 1.5 2
P[%l
Figure 6.4 : Influence du taux d'armature sur le débit d'infiltration par mètre linéaire de fissure
(qp) et le débit global par unité de surface (Q5)
L'influence du diamètre des barres est esquissée à la figure 6.5. On constate, pour
un élément fabriqué avec un béton de classe donnée et d'épaisseur donnée (figure
6.5 a: C20/h=350 mm; figure 6.5b: C50/h=500 mm), que la réduction des débits
d'infiltration (Qg et qF) est plus marquée si le taux d'armature est augmenté en
diminuant l'espacement des barres (courbe en gras) plutôt qu'en augmentant leur
diamètre (triangles). A l'inverse, l'augmentation des débits est plus marquée si le
181
10'000 100'000
10'000
1'000
__ 1'000
"a ‘E
Ë 100 â 100
" r5-
° 10
10
1
1 0.1
o 0.5 1 1.5 2
P [%l D [%]
b) Béton C50
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau
h=500mmle=0.3%o h=500mm
10'000 100'000
— l 0'000
Figure 6.5 : Influence du diamètre des barres sur le débit d'infiltration par mètre linéaire de
fissure (qp) et le débit global par unité de surface (Q8)
182
a) Béton C20 l
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau
100'000
10'000
_ 1'000
“E
à 100
‘5-
10
0.1
0 200 400 600 800 1000
h [mm]
b) Béton C50 ' '
Ap=10010œpa=10mdteau
10'000
0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
h [mm] h [mm]
183
c) Béton C90
Ap = P3 = m d'eau = P3 = m d'eau
100'000
10'000
_ 1'000
’E
È 100
ä-
10
i
f —D— 2 nappes 016 s=75 + 3 nappes 016 s=112.5
I
Figure 6.6 : Influence du nombre de nappes d'armature sur le débit d'infiltration par mètre linéaire
de fissure (qp) et le débit global par unité de surface (Q5)
Notons tout de même que la répartition des barres en trois nappes n'évite pas
forcement l'apparition des fissures secondaires. On le constate avec les résultats
des calculs concernant le béton C90 (tableau 6.4), mais aussi au niveau des
résultats des essais (figure 3.13 : béton EDF, p = 1.15 °/o, 3 nappes). Dans de pareils
cas, les débits deviennent à nouveau à peu près équivalents, que les barres soient
réparties en deux ou trois nappes.
grands tirants (h = 420 mm), durant lesquels il a été constaté que pour un taux
d'armature de 0.86%, une répartition des barres en deux nappes (016, s=111) et
une déformation imposée de 0.3%o, l‘élément fabriqué avec 1e BHP EDF (figure
3.12 : élément E4) était plus sujet à la fissuration secondaire que l'élément
fabriqué avec le béton IBAP (figure 3.11 : élément R4).
10.000 100'000
10'000
1'000
_ 1'000
“e “E
Ë 100 Ê 100
" â-
o 10
10
l
1 0.1
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
Figure 6.7 : Influence de la classe de résistance du béton sur le débit d'infiltration par mètre
linéaire de fissure (q;) et le débit global par unité de surface (Q5)
185
7.- CONCLUSIONS
7.1 Synthèse
Le béton est en soi un matériau très peu perméable. L'eau, sous une pression de
plusieurs dizaines de mètres, met des années pour traverser un élément non
fissuré. Les vitesses d'infiltration sont très lentes, si bien qu'il faut des conditions
ambiantes très défavorables (humidité relative proche de 100%) et un élément
très mince (bien inférieure à 100 mm) pour que les pores du béton soient saturés
en eau dans toute l'épaisseur et qu'il y ait un risque de voir resurgir de l'eau à la
face aval. Dans la plupart part des cas, l'eau ne pénètre sous pression dans
l‘épaisseur d‘un élément en béton que sur quelques centimètres. A partir de cette
profondeur où 1a pression est nulle (pression relative), l’eau est transportée à
travers l'élément sous l'effet des forces capillaires et par diffusion sous forme
gazeuse. La face aval reste sèche, à moins que des problèmes de condensation se
posent (risque lié à la différences de température entre l'élément et l'air ambiant).
Le flux d'eau à travers un élément en béton non fissuré dépend essentiellement
des conditions ambiantes à l'aval. Plus la vitesse du vent est élevée et plus
l'humidité relative est basse, plus le flux d'eau est élevé. Dans l'épaisseur d'un
élément, la succion capillaire constitue souvent le mécanisme de transport
majeur. Elle équivaut, suivant l'humidité du béton, à une pression de quelques
milliers de mètres d'eau, soit en général bien supérieure à la pression de l'eau sur
la face amont d'un élément. D'un point de vue pratique, il est généralement
admis que tant que le rapport E/C ne dépasse pas 0.5 et que son contenu en fines
(ciment, filler et fumée de silice) atteint 350 kg/m3, le béton peut être admis
étanche.
Le problème de l'étanchéité des structures en béton réside dans les aspects
constructifs et dans celui de la fissuration qui a plus spécifiquement fait l'objet de
cette étude. Les causes des fissures peuvent être nombreuses et leur typologie peut
être complexe. Les plus nuisibles peur l'étanchéité sont toutefois les fissures
traversantes, dont les origines les plus courantes sont le retrait (plus
particulièrement le retrait thermique au jeune âge, car le retrait de dessiccation ne
présente pas de grands risques dans le cas d'élément épais, dont une face est dans
l'eau), les variations climatiques (spécialement les variations de température),
éventuellement des tassements d'appuis et, suivant le type de structure, les
charges. Les fissures non traversantes sont moins nuisibles. Elles peuvent certes
affecter la qualité d‘un ouvrage, mais en ce qui concerne les infiltrations, leur
effet équivaut plus ou moins à une diminution très locale de l'épaisseur du mur,
si bien qu'elles n'influencent en général que peu l'étanchéité globale de
l'ouvrage.
La phase expérimentale de la recherche a montré qu‘une fiSSure conduit à des
fuites singulières se distinguant de l'écoulement à travers la porosité du béton
dès que sont ouverture atteint 0.03 à 0.10 mm (ouverture de fissure découlant du
modèle de fissure fictive d'Hillerborg). La valeur la plus fréquente pour les deux
186
bétons testés dans le cadre de cette recherche est de 0.05 mm. La fourchette peut
varier d‘un béton à l'autre. Ce résultat est cohérent avec ce que l'on trouve dans
la littérature en rapport avec le problème des infiltrations à travers une fissure
traversante ou en rapport avec la pénétration de la pression d'eau dans une
fissure non traversante en phase de formation. Au delà de cette limite, le débit
d'infiltration à travers une fissure traversante s'exprime suivant que le fluide est
compressible ou non de la manière suivante (équation de Poiseuille au
coefficient ë près) :
G :
=ëwî(pÎ-pâ)
az q]: 24 phr rT
. .
Lquud e z = ëw 3 (Ap
__s___
q; p uuhr )
Visible d‘une fissure, qui est en général plus faible que l'ouverture fictive,
proposent pour la plupart une valeur ë indépendante de son ouverture.
Il est plus raisonnable de se référer à l'ouverture fictive d'une fissure qui a une
définition claire et qui est facile à mesurer. Le concept de fissure fictive permet en
plus de faire des modélisations (souvent numériques) rationnelles de la
formation et de la propagation des fissures. La mesure de l'ouverture visible
d'une fissure est par contre entachée d'une très grande incertitude et les résultats
de telles mesures sont d'un usage limité.
Les mesures d'infiltration réalisées dans le cadre de cette recherche ont confirmé
1a dépendance entre 1e coefficient de débit ê et l'ouverture fictive d'une fissure.
Nous proposons par contre une relation non linéaire, dont l'allure est la
suivante (la relation est susceptible de varier d'un béton à l'autre) :
0 "0.03-z—0.1 500
w [mm]
Une relation non linéaire permet d'une part de tenir compte qu'une fissure ne
présente pas de fuites significatives dès sa localisation; il faut que les diverses
microfissures au départ du développement de la fissure aient suffisamment
coalescé pour qu'une macrofissure se soit formée et permette à l'écoulement de
s'établir. D'autre part, le coefficient de débit ne peut pas indéfiniment augmenter.
Il ne peut, en particulier, pas dépasser la valeur qui serait déduite de mesures
d'ouvertures de fissure à la loupe. Ces dernières ouvertures sont en général plus
petites et en tous cas pas supérieures aux ouvertures fictives. Le coefficient de
débit déduit d'ouvertures visibles de fissures constitue par conséquent une borne
supérieure du coefficient de débit déduit d'ouvertures fictives. Une relation non
linéaire avec une asymptote horizontale permet donc d'être cohérent avec les
résultats des mesures réalisées dans le cadre de cette recherche et l'ensemble des
résultats expérimentaux dans le domaine, que l'on se soit référé à l'ouverture
fictive ou visible des fissures. Notons qu'expérimentalement, nous n'avons pas
pu vérifier l'existence de l'asymptote horizontale, faute de fissures suffisamment
ouvertes (les éléments testés étaient relativement fortement armés).
L'allure de la relation entre le coefficient de débit et l'ouverture d'une fissure
données plus haut, n'est valable que pour autant que l'ouverture de la fissure
reste bien plus faible que la taille maximum des granulats. Pour des fissures
largement ouvertes ou dans le cas d'un mortier, le coefficient de débit peut
dépasser les valeurs indicatives données plus haut et s'approcher de la valeur
limite de 1.
188
hfzh
Fissures principales
Fissures secondaires /
h, <<h
Plus d'une fissure secondaire peut se former de part et d'autre d'une fissure
principale traversante.
Dans le cadre de ce travail, on s'est intéressé à l'influence des fissures secondaires
sur la variation de l'ouverture des fissures traversantes dans l'épaisseur d‘un
élément afin de pourvoir déterminer son épaisseur réduite (hr). On s'est limité
au cas d'un élément soumis à une déformation de traction de courte durée. Un
programme d'éléments finis a été utilisé pour modéliser la formation et le
développement des fissures. Le comportement du béton a été admis élastique
linéaire jusqu'à sa résistance à la traction. Dans la phase de développement d'une
189
devient environ 100‘000 plus important. Même si l'on tient compte que le débit
d'eau à travers une fissure diminue dans le temps (phénomènes
d'autocolmatage), l'étanchéité d'un ouvrage s'en trouve irrémédiablement
affectée par les fissures traversantes. Il faudrait largement surdimensionner
l'armature (taux d'armature supérieur à 2%) pour que l'ouverture des fissures ne
dépasse pas 0.05 mm et qu'elles restent pour la plupart "étanches". Cette option
pourrait toutefois avoir des conséquences néfastes sur la durabilité d'un ouvrage.
En effet, en surarmant la densité de fissures et microfissures devient très élevée et
la perméabilité intrinsèque du béton s'en trouve augmentée sur une bonne
proportion de l'ouvrage.
L'option de renforcer l'armature pour maîtriser les problèmes d'infiltration à
travers les fissures peut être intéressante dans le cas d'un ouvrage destiné à
remplir une fonction étanche accidentelle, pour lequel il s'agit de limiter les
débits d'infiltration durant une certaine période à des valeurs bien déterminées
(ouvrages de rétention ou de confinement par exemple). Elle peut être
éventuellement acceptable dans le cas d'une étanchéité à long terme (pression du
fluide appliquée'en permanence) s'il s'agit de résoudre un problème local dans
une structure et si quelques taches d'humidité, des traces de salpêtre, voire
quelques fuites locales, pouvant être le cas échéant canalisées, ne nuisent pas à
l'exploitation de l'ouvrage.
Pour le reste, il est de loin préférable de prendre des mesures au niveau de la
conception d'un ouvrage, de la formulation des bétons, de la planification et de la
réalisation des bétonnages, de la cure, de l'application d'une précontrainte, visant
à éviter les fissures traversantes (voir â 2.1.3). Ces mesures ne nuisent dans la
plupart des cas pas à l'économie d'un ouvrage, car elles évitent un
surdimensionnement de l'armature passive. Si malgré celles-ci quelques fissures
traversantes devaient accidentellement se produire, il est toujours possible de les
injecter afin de les rendre complètement étanches. Les avantages sont substantiels
tant du point de vue de l'étanchéité, de l'aspect que de la durabilité.
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201
Elément R1
x (AS1) = 1.65
Fissure n°1
Élément R2
x (A52) = 1.67
Fissure n°6
764 764
300 500
715 1713 2573
111833 131833 151833
101833 101833 101833
2.57E-04 6.15E-04 9.2415-04
€(Ap) [-1 0.09 0.07 0.06
764 764
300 500
726 1758 2634
111833 131833 151833
101833 101833 101833
2.6lE-04 6.3lE-O4 9.46504
€(Ap) [-1 0.09 0.07 0.05
204
764 764
100 300 500
2283 3308
111833 131833 151833
101833 101833 101833
3.515-04 8.20304 1.19E-03
0.06
1.96 1.96
764 764 764
100 300 500
1136 2569 3675
111833 131833 151833
101833 101833 101833
4.0815-04 9.23E-04 1.325-03
ê(Ap) (-1 0.08 0.05 0.04
Fissure n°3
220 220
1.05 1 .05 1 .05
1.67 1.67 1.67
1.94 1.94 1.94
762 762 762
100 300 500
665 1682 2527
111567 131567 151567
101567 .101567 101567
2395-04 6.045-04 9.08E-04
Élément R3
x (AS3) = 1.66
Fissure n°1
214
1.09 109 1.09
1.38 1.38 1.38
1.82 1.82 1.82
767 767 767
100 301 500
1248
112233 132333 152233
102233 102233 102233
1.71E-04 4.485-04 6.96E—04
êmp) [-1 0.07 0.05 0.05
Fisure n°3/4
y = 7E-06x + 0.0639
Elément E3
x (AS3) = 1.68
Fissure n°6
118 118
1.67 1.67 1.67 1.67
3.35 3.35 3.35 3.35
2.31 2.31 2.31 2.31
766 766 766 766
100 201
158 158
1.44 1.44 1.44
1.00 1.00 1.00
1.68 1.68
765 765
51 101 200 300
763 1085
107066 112066 121966 131966
101966 101966 101966 101966
7.65E-05 1.47504 2.74504 3.90504
:0511) [-1 0.17 0.16 0.14 0.13 0.174
1.44 1.44
1.00 1.00 1.00 1.00
1.68 1.68 1.68 1.68
766 766 766 766
51 101 200 300
813 1166
107200 1 12200 122100 132100
102100 102100 102100 102100
8.37E-05 1.55504 2.92504 4.19504
5051014 0.17 0.16 0.14 0.13
1.46 1.46
1.00 1.00 1.00
1.68
766 766
51 100 200 300
1073 1531
107200 112100 122100 132100
102100 102100 102100 102100
1.17504 2.08E-04 3.85504 5.50504
€(AP) [-1 0.19 0.17 0.15 0.13 0.193
1.46
1.00 1.00 1.00 1.00
1.68 1.68 1.68 1.68
766 766 766 766
51 100 200 300
1363 1876
107200 112100 122100 132100
102100 102100 102100 102100
1.5015-04 2.65E-04 4.9015-04 6.74E-04
€(Ap) [-1 0.19 0.17 0.15 0.13
209
200 200
1.46 1.46 1.46 1.46
1.00 1.00 1.00 1.00
1.68 1.68 1.68 1.68
766 766 766 766
51 100 200 300
928 1656
107200 112100 122100 132100
102100 102100 102100 102100
1.86504 3.33504 5.95504 8.14504
&(Ap) [-1 0.20 0.18 0.15 0.13
Elément E6
x (AS6) = 1.69
fissure n°6
0 30 y = 05,051: 4 0.1075
147 147
1.05 1.05 1.05 1.05
1.18 1.18 1.18 1.18
1.74 1.74
765 765
51 101 200 300
233
107066 112066 121966 131966
101966 101966 101966 101966
4.45505 8.37505 1.58504 2.32504
ë(Ap) [-1 0.12 0.11 0.10 0.09 m
y = -o.ooo1x + 0.2221
CURRICULUM VITAE
MIVELAZ Pierre
Né le 24 juin 1967 à Fribourg
De nationalité suisse, originaire de Fribourg
Marié, 3 enfants
ETUDES
Ecole primaire d'Oron (VD) 1974-78
Collège secondaire de Moudon (VD) 1978—83
Certificat d'étude secondaire général technique
Gymnase cantonal du Bugnon Lausanne 1983-86
Maturité fédérale type C
Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne 1986-91
Diplôme d'ingénieur civil
ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES
Assistant chez le Professeur R. Favre à l'Institut de Statique et Structures,
Béton Armé et Précontraint (IBAP) depuis juin 1991:
- Participation à des essais de charge de ponts et diverses expertises.
- Participation aux charges d'enseignement des 2ème et 3ème cycles.
- Collaboration à un projet de recherche traitant du problème des
déformations des ouvrages d'art.
- Collaboration à un projet de recherche dans le domaine des structures
étanches en béton armé.
Inscrit au doctorat le 27 mai 1993
PUBLICATIONS
Mivelaz P, Iaccoud ].-P. : "Etanchéité des structures en béton armé - Problématique et aspects
constructifs". Cycle postgrade en Génie Urbain 1992, module 7, EPFL, 1992.
Mivelaz P: "Recherche expérimentale sur l'influence des choix du béton et de l’armature sur la
fissuration et l'étanchéité". Documentation SIA-D 0702: Structures en béton à hautes
performances, Société suisse des ingénieurs et des architectes, pp 19-32, Zurich, 1995a.
Vurpillot S., Inaudi D., Mivelaz P. ; "Low-coherence déformation sensors for the monitoring of
concrete structures". European symposium on Optics for Environmental and Public Safety,
Munich, SPIE vol. 2507, pp 35-44, 1995.
Mivelaz P, Iaccoud ].-P. : "Fissuration et étanchéité d'éléments en béton armé sous déformation
imposée de traction - Rapport des essais". Publication IBAP n° 141, EPFL, 1995b.
Mivelaz P., Iaccoud ].-P., Favre R. : "Expérimental study of air and water flow through
cracked reinforced concrete tension members". 4th International Symposium on Utilization of
High-strength/high performance concrete, pp1233-1242, Paris, 1996.