Sie sind auf Seite 1von 213

ÉTANCHÉITÉ DES STRUCTURES EN BÉTON ARMÉ

Fuites au travers d'un élément fissuré

THÈSE N0 1539 (1996)


PRÉSENTÉE AU DÉPARTEMENT DE GENIE CIVIL

ÉCOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE DE LAUSANNE

POUR L‘OBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR ÈS SCIENCES TECHNIQUES

PAR

Pierre MIVELAZ
Ingénieur civil diplômé EPF
originaire de Fribourg

acceptée sur proposition du jury:

Prof. R. Favre. directeur de thèse


Prof. E. Brühwiler, corapporteur
M. G. lthurralde. corapporteur
Dr J.-P. Jaocoud, corapporteur
Dr P. Fioelfstra, corapponeur

Lausanne, EPFL
1996
A mes parents Yolande et Gérard

A mes frères Philippe et Maurice

A mon épouse Martine

A mes enfants Laetitia, Maude et Simon


SOMMAIRE

PREFACE

REMERCIEMENTS

RESUME 11

SUMMARY 13

TABLE DES MATIÈRES 15

1.- INTRODUCTION 17

2.- ETAT DES CONNAISSANCES 25

3.- ESSAIS SUR GRANDS TIRANTS EN BETON ARME 79


(Synthèse du rapport des essais publié par P. Mivelaz et ].-P. Iaccoud
en octobre 1995, publication IBAP N° 141, 375 pages)

4.- ANALYSE DES MESURES D'INFILTRATION SUR GRANDS 113


TIRANTS

5.- MODELISATION DE LA FISSURATION 151

6.- INFILTRATION A TRAVERS UN ELEMENT EN BETON 169


ARME A L'ETAT FISSURE - ETUDE PARAMETRIQUE

7.- CONCLUSIONS 185

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 193

ANNEXE Détermination du coefficient de débit dans le cas des 201


éléments ne présentant pas de fissures secondaires

CURRICULUM VITAE 213


PRÉFACE

Ce travail de thèse a pour but d’apporter des éclaircissements sur les débits d’air et
d’eau qui peuvent traverser une paroi en béton armé fissurée sous l’effet de
déformations imposées (retrait, différence de température, etc.).
Il est toujours très délicat d’effectuer des prévisions de tels débits vu la complexité
énorme du problème. Monsieur Mivelaz s’est néanmoins efforcé de montrer les
influences primordiales que représentent la disposition de l’armature, la qualité
du béton, l’épaisseur de l’élément et la grandeur de la déformation imposée.
Les essais d’infiltration réalisés dans 1e cadre de ce travail ont été effectués
principalement avec de l’air plutôt que de l’eau, afin d’éviter les phénomènes
d’autocolmatage. Ils ont permis de suivre l’évolution des infiltrations à travers
des éléments progressivement fissurés. Ces essais d’une grande ampleur ont été
menés à terme grâce au très grand engagement personnel du doctorant et aux
grandes possibilités que nous avons pu lui mettre à disposition au laboratoire. Il a
en outre pu partiellement profiter de la thèse de M. Farra publiée en 1995.
Outre les essais, le travail de Monsieur Mivelaz a comporté des études théoriques
et numériques, ainsi que la participation à des expertises en relation avec des
problèmes d’étanchéité.
Ses propositions concrètes, quant au débit à travers une fissure traversante
d’ouverture constante ou variable, constituent la clé de son travail. Celui-ci a par
ailleurs fortement intéressé l’Electricité de France qui nous a soutenus tout au
long de ce travail.
Il est évident que les connaissances encore lacunaires dans ce domaine plein
d’avenir, doivent continuer à se développer pour favoriser 1a réalisation de
structures en béton étanche. Nous souhaitons vivement que cette thèse y
contribue de façon significative.

Lausanne, le 15 octobre 1996

Professeur Renaud Favre Dr Jean-Paul Iaccoud


REMERCIEMENTS

Cette recherche a été réalisée à l'Institut de Statique et Structures - Béton Armé et


Précontraint (IBAP) de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, sous la
direction du Professeur Renaud Favre et du Dr Jean-Paul Iaccoud, aussi membres
du jury. Je tiens à leur exprimer ma sincère reconnaissance pour leur appui, leurs
conseils et leur disponibilité tout au long de ce travail. Ma reconnaissance
s'adresse également à l‘EPFL pour l'importance des moyens mis à disposition et
le poste d'assistant—doctorant qui m'a été attribué.
Je remercie également les autres membres du jury, à savoir Monsieur Walter—H.
Graf, Professeur à l'EPFL et président du jury, Monsieur Eugen Brühwiler,
Professeur à l'EPFL, Monsieur Gérard Ithurralde, chef de la division Génie Civil
du Centre Lyonnais d'Ingénierie d'Electricité de France et Monsieur Pieter E.
Roelfstra, directeur d'Itron SME. Je remercie tout spécialement Messieurs
Ithurralde et Roelfstra qui ont suivi de près le déroulement de ce travail et qui
m'ont fait profiter de leur expérience dans le domaine de la conception et de la
réalisation des structures étanches en béton armé.
Ie remercie tous les membres de la commission consultative qui a suivi la
recherche, en particulier Monsieur F. Alou (EPFL-LMC), Monsieur A. Bertoncini
(Losinger, Crissier), Professeur A.S. G. Bruggeling (Nootdorp, Pays-Bas), Monsieur
B. Farra (EPFL-IBAP), Professeur C. Huet (EPFL-LMC), Monsieur P. Kelterbom
(Sika Finanz, Baar), Monsieur P. Richard (Bouygues, Paris), Monsieur
R. Schweizer (Sika R+D, Zurich), Monsieur Waeber (Sika R+D, Zurich) et
Professeur W. Wilk (TF8 et fondation pour la recherche de la VSZKGF, Wildegg).
Je tiens à remercier aussi Messieurs H. Charif (EPFL—IBAP) et L. Granger (EDF-
SEPTEN) pour l'intérêt et le soin qu‘ils ont portés à l'analyse de mon travail.
le remercie les personnes qui ont participé à la réalisation des essais, à savoir
Messieurs]. Dugat et I.-L. Iaquier des entreprises Bouygues et Losinger qui se sont
occupés de la fabrication en Suisse du BHP proposé par EDF; Messieurs A. Abis,
H. Iuriens, A. Nguyen et P. Simonin de l'EPFL-LMC, ainsi que Monsieur M.
Badawy du TFB qui se sont occupés d'une partie des essais d'accompagnement
sur éprouvettes; Messieurs D. Inaudi et S. Vurpillot de l'EPFL-IMAC pour les
mesures réalisées au moyen de fibres optiques sur les éléments d'essais; mes
collègues M. Pascual, R. Gysler, G. Oreiller, E. Butty, S. Demierre et H. Reist pour
la préparation et la réalisation des essais au laboratoire.
Je remercie encore les responsables des centrales à béton Agrébéton à Morges et
Bétonfrais à Crissier d'avoir permis l'utilisation de leurs installations pour la
fabrication des bétons.
Je remercie également l'ensemble de mes collègues de l'IBAP pour leur
disponibilité, en particulier B. F. Gardel pour sa précieuse aide à l'élaboration du
rapport des essais et de la thèse; mais aussi O. Burdet, S. Corthay, Ch. Droguet, D.
Iaeggi, G. Krüger, P. Laurencet, A. Leclercq, I. Markey, M. Hassan et ].-D. Rotilio.
10

Ma reconnaissance va également au Laboratoire des Matériaux de Construction


de l'EPFL (LMC), au laboratoires de Sika R & D à Zurich, à la Fondation pour la
recherche de l'industrie suisse du ciment (Stiftung der VSZKGF), au Service
Etudes et Projets Thermiques et Nucléaires d'Electricité de France (EDF-SEPTEN)
à Lyon - Villeurbanne, à l'entreprise Bouygues et de sa filiale suisse Losinger à
Crissier près de Lausanne, pour leur contribution financière et leur collaboration
sans lesquelles la réalisation de cette étude n'aurait pas été possible. Je remercie
enfin l'entreprise Intron SME à Yverdon-les-Bains pour sa collaboration à la
phase théorique de 1a recherche.

Lausanne, le 22 octobre 1996

Pierre Mivelaz
11

RESUME

L‘étanchéité des ouvrages en béton est traditionnellement assurée par une


couche spécifique constituée de tôles d'acier ou de membranes synthétiques.
Toutefois, lorsqu'une étanchéité absolue n'est pas exigée, il est courant de
renoncer à cette couche spécifique. Dans ce cas, le niveau d'étanchéité dépend
fortement de la densité et de l'ouverture des fissures.
Le travail présenté donne des indications quantitatives sur les infiltrations d'air
ou d'eau à travers un élément en béton armé fissuré suite à une déformation
imposée de traction d'amplitude donnée. L'étude se limite au cas d'une
déformation appliquée rapidement, à un béton mature et au problème des fuites
à court terme en régime d'écoulement stationnaire. Les effets différés (retrait,
relaxation et fluage du béton), ainsi que les problèmes d'interaction entre le fluide
et le béton (l'autocolmatage dans le cas de l'eau), ne sont pas pris en
considération. Le travail s'appuie sur une étude expérimentale conduite par
l'auteur, qui a consisté à réaliser une série d'essais combinés de fissuration et
d'infiltration sur neuf grands tirants en béton armé de 5 m de longueur, de 1 m
de hauteur et de 0.42 m d'épaisseur. Les paramètres d'essais étaient deux types de
béton (un béton ordinaire et un BHP), ainsi que la quantité et la répartition de
l‘armature dans la direction de la sollicitation.
Avant d'aborder le problème spécifique des infiltrations à travers les fissures, les
principaux modes d'infiltration à travers la porosité du béton sont examinés dans
l'état des connaissances. Cette revue permet de confirmer que le béton en soi peut
être considéré étanche et que le problème réside essentiellement au niveau des
fissures.
Les principaux résultats de l'étude expérimentale, qui a fait l'objet d'un rapport
spécifique, sont rappelés. Les essais ont en particulier permis de confirmer les
résultats d‘une recherche précédente réalisée par Farra et Iaccoud sur de plus
petits, mais beaucoup plus nombreux tirants, qui a montré que sous une
déformation imposée de traction de courte durée et d'amplitude donnée,
l'ouverture des fissures est relativement indépendante de la résistance du béton.
Les essais sur grands tirants ont encore montré qu'il n'est pas suffisant de
connaître le nombre et l'ouverture des fissures à la surface d'un élément pour
évaluer les infiltrations. Il est nécessaire de faire la distinction entre deux types de
fissures: les fissures principales traversantes à l'origine des infiltrations et les
fissures secondaires non traversantes, donc non directement nuisibles à
l'étanchéité.
Une part importante de la thèse est consacrée à l'interprétation quantitative des
mesures d'infiltration sur les grands tirants. La méthode d'essais, qui a consisté à
injecter les tirants au moyen de tubes noyés dans la masse, rend plus compliqué
l'analyse des mesures que si la pression du fluide avait été appliquée
unilatéralement. Elle ne donne pas de relation quantitative directe entre le débit
d'infiltration et l'ouverture d'une fissure ou la déformation de l'élément. Elle a
12

tout de même été retenue, car elle présente l'énorme avantage de pouvoir suivre
avec précision l'évolution de l'état de fissuration et de l'ouverture des fissures. Il
est montré que la technique d'investigation pour l'évaluation des infiltrations a
bien moins d'importance que la technique d'investigation pour quantifier l'état
de fissuration. Il est très important d'avoir une définition claire de l'ouverture
d'une fissure et d'être capable de la mesurer avec précision si l'on veut établir des
paramètres permettant de quantifier les infiltrations à travers un élément fissuré.
Pour cette raison, tous les résultats expérimentaux de cette recherche se réfèrent à
l'ouverture découlant du modèle de fissure fictive proposé par Hillerborg.
Sur la base des résultats de l'analyse quantitative des mesures d'infiltration, une
relation entre le coefficient de débit, qui permet l'évaluation des infiltrations à
travers une fissure sur la base de l'équation de Poiseuille, et l'ouverture d'une
fissure est proposée. La relation ne diffère pas fondamentalement des relations
existantes, mais elle a l'avantage de lever quelques contradictions.
La notion d'épaisseur réduite d'un élément en béton armé est introduite. Cette
épaisseur réduite, qui permet d'évaluer les infiltrations sur la base de l'ouverture
des fissures à la surface d'un élément, dépend de la géométrie des fissures. Elle
peut être bien plus faible que l'épaisseur réelle d'un élément si des fissures
secondaires se forment à sa surface.
Le comportement à la fissuration d'un tirant en béton armé et la géométrie des
fissures sont déterminés au moyen d'un programme de calculs par éléments
finis. Le comportement du béton est admis élastique linéaire jusqu'à la résistance
à la traction, puis isoadoucissant dans la phase de développement des fissures.
L'interaction entre les barres d'armature et le béton est prise en considération par
l'intermédiaire d'une relation d'adhérence liant le glissement des barres à la
contrainte d'adhérence. L'approche est conventionnelle. Elle permet de repro-
duire avec une bonne précision 1e comportement moyen des tirants d'essais.
Le programme de calcul par éléments finis est appliqué pour une étude
paramétrique sur l'influence de l'épaisseur, du taux et de la répartition de
l'armature, ainsi que de la classe de résistance du béton, sur le débit d'infiltration
global à travers un élément fissuré sous une déformation imposée de courte
durée. Il est démontré qu'il est dans ces conditions inutile d'épaissir un mur pour
améliorer son étanchéité, car cela conduit à devoir aussi augmenter la quantité
d'armature. Le taux d'armature est le facteur qui a le plus d'influence sur les
infiltrations.
Bien que l'augmentation de la quantité d'armature est très favorable, de l'avis de
l'auteur il ne s'agit tout de même pas du meilleur moyen pour améliorer
l'étanchéité d'un ouvrage. Cette solution peut être acceptable s'il s'agit de couvrir
des risques accidentels de fissuration ou de résoudre un problème local. Dans les
autres cas, il est de loin préférable de prendre des mesures pour éviter au
maximum les fissures traversantes. En matière d'étanchéité, il y a en effet un
grand saut qualitatif entre un élément fissuré ou non. L'armature ne permet de
loin pas de combler cette différence.
13

SUMMARY

Concrete elements may have in certain case to combine structural and watertight
fimctions. This is the case in particular of the walls and the ruft of a tank, or quite
the complete structure of an underground gallery. Naturally the tight function
may be provided by a specific membrane composed of steel sheets or synthetic
materials. However, when an absolute tightness is not required, it is common to
avoid such membrane. In this case, the level of tightness depends stroneg on the
crack density and their width.
The study presented aims to give quantitative indications on the air or the water
flow through a cracked reinforced concrete tension member at a given imposed
strain. It is limited at the case of short term solicitation (shrinkage, creep and
relaxation of concrete not taking into account) and short term flow (the possible
interaction between the fluid and the concrete not taking into account). The work
is based on an experimental study performed by the author, which has consisted
in carrying out a progressive cracking and seepage test on nine reinforced
concrete ties of 0.42 m x 1 m x 5 m. The test parameters were two concrete mixes
(one ordinary and one high—performance concrete) and the longitudinal
reinforcement. The combination of parameters has allowed to investigate the
influence of concrete and reinforcement on cracking and, therefore to study their
influence on the flow through cracked concrete members.
Before to deal with the specific problem of the flow trough the cracks, the main
transport phenomenon trough the porous structure of the concrete are reviewed.
That permitted to confirm that the non-crack concrete can be considered tight for
most practical purposes. The seepage flow is mainly dependent of the cracking
state of the elements which compose a structure.
The main results of the experimental study, which has been published in a
specific report, are recalled. The tests have allowed to confirm the results of a
previous research carried out by Farra and Iaccoud on smaller but numerous ties,
which has shown that the mean crack width is relativer independent of the
concrete strength under restrained deformation. To predict the flow rate through
cracked member, it appeared that it is not sufficient to know the mean surface
crack width and their spacing. It is necessary to make the distinction between
through cracks and surface secondary cracks which can appeared in certain cases.
An important part of the thesis is devoted to the quantitative interpretation of
the flow measurements on the large ties. The test method which has consisted to
inject the test specimens by mean of embedded tubes, make more complicate the
analysis of the flow measurements than in the case that the pressure of the fluid
is applied at surface of the specimens. It doesn't give direct quantitative relation
between the flow, the number and the width of the cracks. On the other hand, the
test method has permitted to follow with accuracy the cracking state evolution of
the specimens. It is shown that this second aspect is more important than the
seepage test method, to give quantitative experimental relation between crack
l4

width and seepage flow. It is important t0 have a clear definition of the crack
width and to be able to measure it with accuracy. For this reason, all experimental
results of this research are refereed to the fictitious crack width according to the
fictitious crack model of Hillerborg, which definition is clear and which can be
accurately measured with electrical gauges.
On the basis of the quantitative interpretation of the seepage flow measurements,
a relationship between the flow coefficient, which permitted to evaluate the flow
trough a crack according to the well know Poiseuille equation, and the crack
width is proposed. The relationship does not fundamentally differ from those
still available, but has the advantage to remove some contradictions between
existing propositions.
The notion of reduced thickness of a reinforced concrete member is introduced.
This reduced thickness, which permit to evaluate the seepage flow on the basis of
the surface through crack width, depend of the geometry of the cracks in the
thickness of the member. It can be stroneg smaller than the real thickness of the
member if secondary surface crack occurring.
The cracking behaviour and the geometry of the cracks are determined by a finite
element analysis. 'I'he concrete behaviour is admitted linear elastic until its
tension strength is reach, and isosoftening during the cracking progress (a bilinear
stress-crack opening diagram is adopted). The interaction between the
reinforcement and the concrete is taking into account by mean of a bond stress-
slip relationship. The approach is conventional. It permitted to reproduced with a
gut accuracy the average behaviour the test Specimens. Their reduced thickness
can be deduced from the geometry of the cracks given by the finite element
analysis.
The finite element analysis model is used t0 make a study on the influence of the
thickness, the reinforcement and strength class of the concrete on the global flow
through a reinforced concrete member at a given imposed strain. It is shown that
it is useless to thicken a member to improve its tightness, because the
reinforcement quantity has to be increased. The reinforcement ratio is the major
factor that influence the global seepage flow.
Nevertheless, the increased of the reinforcement ratio it not the best way to
ameliorate the tightness of concrete structures. It could be acceptable again
accidental solicitations or to resolve local problems. In the other cases, it is from
far the best to take measures t0 avoid the through cracks. In the case of tightness,
there is an important qualitative step between a crack or a non crack member.
The reinforcement can not fill this gap. For this reason, a part of this document is
devoted to the different causes of cracking and to the actions which can be taken
to limited the cracking risk.
TABLE DES MATIÈRES

1.- INTRODUCTION

1.1 Présentation du problème 17


1.2 Variantes pour la réalisation d'ouvrages étanches 18
1.3 Objectifs et limitations de l‘étude 20
1.4 Démarche de l‘étude et contenu de la thèse 21

ETAT DES CONNAISSANCES

2.1 Problématique générale des structures en béton armé étanches


dans la masse
2.1.1 Débit de fuite global et débit de fuite admissible 25
2.1.2 Origine de l'écoulement à travers la masse et moyens
d'intervention 27
2.1.3 Origine des fissures et moyens d'intervention 27
2.1.4 Problèmes liés aux points singuliers 36
2.2 Infiltrations à travers la porosité du béton
2.2.1 La porosité du béton 37
2.2.2 Écoulement saturé et perméabilité du béton 41
2.2.3 L'absorption capillaire 46
2.2.4 Evaluation des infiltrations traversant un mur non fissuré 48
2.3 Infiltrations à travers les fissures
2.3.1 Comportement du béton en traction, formation et ouverture
des fissures 51
2.3.2 Influence de l'armature passive sur la fissuration 59
2.3.3 Ouverture critique, à partir de laquelle une fissure
traversante se met à fuir 63
2.3.4 Ecoulement à travers une fissure traversante 65

ESSAIS SUR GRANDS TIRANTS EN BETON ARME

3.1 Caractéristiques générales des éléments testés et installations


d'essais 79
3.2 Paramètres des essais et caractéristiques des matériaux 86
3.3 Programme des essais 91
3.4 Résultats majeurs
3.4.1 Fissuration 94
3.4.2 Infiltrations 104
16

4.- ANALYSE DES MESURES D'INFILTRATION SUR GRANDS


TIRANTS

4.1 Ecoulement 2D à travers une fissure à ouverture variable


4.1.1 Hypothèses de base et formulation de l'écoulement 113
4.1.2 Ecoulement laminaire à faible vitesse - formulation
simplifiée de l'écoulement 118
4.1.3 Utilisation de la formulation simplifiée pour l'interprétation
quantitative des mesures d'infiltration sur grands tirants 120
4.1.4 Essais d'infiltration complémentaires sur éprouvettes en
béton non armé 123
4.2 Interprétation quantitative des mesures d'infiltration sur grands
tirants
4.2.1 Remarques générales 129
4.2.2 Eléments sans fissuration secondaire 130
4.2.3 Eléments avec fissuration secondaire 139
4.3 Discussion sur le mode d'expérimentation 145
4.4 Synthèse des résultats et formulation générale 146

5.- MODELISATION DE LA FISSURATION


5.1 Description du modèle 151
5.2 Calibrage et tests du modèle sur les résultats des essais sur grands
tirants
5.2.1 Calibrage de la loi de comportement du béton 157
5.2.2 Calibrage de la loi d'adhérence acier-béton 159
5.2.3 Tests du modèle 163

6.- INFILTRATION A TRAVERS UN ELEMENT EN BETON ARME A


L'ETAT FISSURE - ETUDE PARAMETRIQUE

6.1 Hypothèses de base et propriétés des matériaux 169


6.2 Influence de l'épaisseur 177
6.3 Influence du taux et de la répartition de l'armature 179
6.4 Influence de la classe de résistance du béton 183

7.- CONCLUSIONS
7.1 Synthèse 185
7.2 Conclusions générales 190
7.3 Extension de l'étude 191
17

1.- INTRODUCTION

1.1 Présentation du problème


Les ouvrages de génie civil doivent souvent être étanches. C'est en particulier le
cas des radiers et des murs des sous-sols de bâtiments, des galeries et des tunnels,
ainsi que d'ouvrages destinés à contenir de l'eau tels des réservoirs, piscines et
autres aqueducs. La nécessité de toujours mieux protéger notre environnement
tend même à multiplier ce type d'ouvrages ou à augmenter les exigences en la
matière. On pense en particulier aux canalisations d'eaux usées, aux divers
bassins d'une station d'épuration, mais aussi à des ouvrages de confinement et de
récupération autour de décharges ou d'entrepôts. Il peut s'agir d'une étanchéité à
l'eau comme à l'égard d'autres liquides, tels les hydrocarbures, ou plus rarement
à un gaz. Les problèmes d'étanchéité sont nombreux dans 1a construction,
souvent délicats à traiter et peuvent avoir une influence considérable sur le coût
d'un ouvrage.
Pour la plupart des ouvrages cités, le matériau de structure le plus largement
utilisé est le béton, par nature poreux et enclin à la fissuration. Ces deux faiblesses
conduisent souvent à prévoir des couches ou des traitements d'étanchéité
spéciaux, afin de soulager la structure de cette fonction. Toutefois, de plus en plus,
lorsqu'une étanchéité absolue n'est pas exigée, il est courant de renoncer à ces
traitements et de concevoir des structures en béton assurant seules la fonction
d'étanchéité (étanchéité dans la masse). Cette option a déjà fait ses preuves pour
de nombreux ouvrages. Cependant, malgré l'expérience accumulée dans le
domaine, certains choix sont souvent opérés en n'évaluant que sommairement
leur impact sur l'étanchéité. C'est notamment le cas du choix de la composition
du béton, qui ne vise en général qu'à diminuer sa perméabilité intrinsèque, ou
du choix souvent très empirique des épaisseurs d'éléments, du taux et de la
répartition d'armature. Dans certains cas se sont carrément les objectifs
concernant le niveau d'étanchéité à atteindre qui ne sont pas clairs ou
contradictoires suivant le problème considéré ou l'option retenue. Il est courant
d'exiger d'un côté des bétons à très faibles perméabilités conduisant à augmenter
le dosage en ciment et à beaucoup abaisser le rapport E/C; et, d'un autre côté,
d'admettre presque fatalement les fissures, avec peu de considérations sur leurs
natures, leurs ouvertures et leur densité, alors que leur influence sur l'étanchéité
est bien plus essentielle que celle de la porosité du béton.
Il apparaît que la conception, le dimensionnement et la réalisation des ouvrages
étanches en béton souffrent encore d'un manque d'outils et d'approches
rationnels pour évaluer leurs performances et pour comparer objectivement
diverses solutions. Cette situation se manifeste par l'absence d'un consensus sur
le sujet, qui se traduit notamment par des conceptions et options très
différenciées pour un type d'ouvrage donné dans des conditions équivalentes,
suivant le pays, le maître d'ouvrage ou les auteurs du projet. Le cas des tunnels
immergés (tunnels construits par immersion de tronçons fabriqués en cale sèche
18

et transportés par flottaison) est à ce titre exemplaire. Suivant les pays, ils sont
presque exclusivement composés d'une coque métallique raidie et lestée par du
béton, c'est le cas en particulier aux Etats-Unis (Culverwell [1989]). Dans d'autres
pays ils sont en béton avec une étanchéité composée de tôles et de membranes
synthétiques (the Kawasaki Fairway Tunnel et the Tama River tunnel au Japon,
Palmer [1989]); ou encore en béton sans étanchéité particulière, comme c'est le cas
depuis de nombreuses années aux Pays-Bas (Glerum et a1. [1976]). La situation
n'est pas très différente dans le cas des enceintes de confinement des centrales
nucléaires, pour lesquelles des conceptions en béton avec membrane en tôle
d'acier (Eibl [1993]) s'opposent à des conceptions en béton sans couche
d‘étanchéité particulière (Ithurralde et al [1992]). Aussi bien dans 1e cas des
tunnels immergés, que dans celui des enceintes de confinement, le choix de l'une
ou l‘autre des options n'est pas toujours le fait de conditions techniques et
économiques particulières, mais relève aussi d'un niveau de confiance variable
accordé aux structures en béton étanches dans la masse.

1.2 Variantes pour la réalisation d'ouvrages étanches


Les variantes pour la réalisation d'un ouvrage étanche peuvent être classées de
manière simplifiée en quatre catégories:
— les revêtements d'étanchéité préfabriqués sous forme de membranes
adhérantes ou indépendantes du support, à base de bitume, de hauts
polymères ou constituées de tôles métalliques;
-les revêtements d'imperméabilisation réalisés avec un mortier à liant
hydraulique adjuvante d'un hydrofuge de masse et/ou d'une résine de
synthèse, soit exclusivement réalisés avec des polymères de synthèse (époxy,
polyester, etc.), éventuellement armés de fibres;
- les traitements d'imperméabilisation de surface, consistant à appliquer par
imprégnation des produits qui, pour la plupart, réagissent chimiquement
avec la chaux libre de la pâte de ciment pour former des cristaux insolubles
obturant le réseau capillaire du béton;
— une étanchéité dans la masse qui consiste à faire remplir au béton la double
fonction d'élément porteur et d'étanchéité, et qui fait plus précisément l'objet
de ce travail.
Le concepteur n'a naturellement pas toujours le choix entre ces quatre variantes
et les diverses gammes de produits. Un milieu très agressif peut impérativement
mener à isoler au moyen d'un revêtement le béton (tableau 1.1). Des exigences
très élevées à l'égard de l'étanchéité peuvent conduire à combiner plusieurs
mesures.
Une conséquence majeure du choix de l'une ou l'autre des solutions est la
nécessité de limiter sévèrement ou non la fissuration. Seules des solutions
prévoyant un revêtement permettent de ponter les fissures et donc de les tolérer.
Pour 1e reste, la maîtrise de la fissuration constitue un objectif majeur.
19

Les revêtements présentent pour la plupart l'inconvénient de nécessiter une


préparation méticuleuse des surfaces et peuvent compliquer et multiplier les
détails de construction, ainsi que les phases de réalisation de l'ouvrage,
augmentant ainsi d'autant les risques de malfaçons. De plus, une fois l'ouvrage
réalisé, les défauts sont souvent difficiles à localiser et réparer. Ces problèmes
conduisent dans certains cas à exiger de la structure en béton pratiquement les
mêmes performances que s'il était prévu une étanchéité dans la masse, afin de
limiter les conséquences d'un défaut de la couche spécifique d'étanchéité. Cela
équivaut à opter pour une solution à deux barrières d'étanchéité sans que cela ne
soit forcément techniquement nécessaire.

Limitation sévère de la Possibilités d'utilisation


fissuration en milieu agressif

Revêtement d'étanchéité NON Isole le béton et l'armature.


préfabriqué à base de Choix du produit en fonction des
membranes bitumineuses sollicitations.
ou de hauts polymères

Revêtement OUI Protège, voire isole, suivant le type de


d'imperméabilisation revêtement, le béton et l'armature.
à base de liants suivant le type de Choix du produit en fonction des
hydrauliques ou de revêtement, permet de sollicitations.
polymères de synthèse recouvrir des rnicrofissures
ou fissures (< 0,1+0,3 mm)

Traitement Améliore la tenue du béton à certaines


d'imperméabilisation sollicitations chimiques.
de surface N'améh'ore pas la protection de l‘armature.

Ouvrage étanche dans Dépend du type de ciment, de la formulation


la masse (béton armé du béton, de l'enrobage des barres d'armature
et/ou précontraint) (éventuellement utilisation de barres avec
un revêtement époxy).

Tableau 1.1 : Influence du type d'étanchéité sur la limitation de la fissuration et les possibilités
d'utilisation en milieu agressif (inspiré de la SNGECED - CSNHP [1990])

Pour un ouvrage dans un environnement peu agressif, bien ventilé ou si une


certaine humidité ne constitue pas un inconvénient majeur, une étanchéité de
masse s'avère souvent la plus économique et présente l'avantage de simplifier la
construction, ce qui peut avoir un effet positif sur sa réalisation et sa fiabilité.
Toutefois, faire cmnuler les fonctions d'enveloppe étanche et de structure
porteuse à un ouvrage n'est naturellement pas sans effets sur sa conception et sa
réalisation. Des fissures, même très localisées et normalement admises dans la
plupart des cas car inhérentes à la nature du béton, peuvent être très
préjudiciables lorsque l'ouvrage est destiné à contenir un fluide. Les divers états
de sollicitation que l'ouvrage subit tant lors de sa fabrication que lors de son
exploitation doivent être examinés avec particulièrement de rigueur.
20

1.3 Objectifs et limitations de l'étude


La fissuration étant une des principales sources de désordre pour une structure
remplissant dans sa masse une fonction d'étanchéité, cette étude a pour principal
objectif d'étudier l'aptitude qu'a le béton armé à remplir une fonction
d'étanchéité sous effort de traction et à l'état fissuré. Ce mode de sollicitation est
en effet le plus défavorable, puisqu'il conduit à des fissures traversantes. Il peut
résulter de tassements différentiels ou plus fréquemment de déformations
bridées, telles qu'elles se produisent entre divers éléments d'une structure
réalisés successivement (fissuration due aux retraits) ou subissant des différences
de climat (écarts de température et de teneur en eau entre des éléments liés). Le
cas fondamental du tirant sous déformation imposée de traction ou, autrement
dit, un élément tel un mur soumis à un effort de traction unidirectionnel
constant sur sa longueur et sa hauteur, est plus particulièrement étudié en vue de
mettre en évidence l'influence sur le débit d'infiltration des paramètres
suivants :
- la valeur de la déformation imposée;
- la classe de résistance du béton;
— le taux et la répartition de l'armature passive;
- l'épaisseur du mur.
Il est admis que la déformation imposée est appliquée suffisamment rapidement
pour que les effets différés (retrait, fluage et relaxation du béton) puissent être
négligés. L'influence de l'état initial d'autocontraintes et d'endomagement d'un
élément avant qu'une déformation lui soit imposée et qu'il se fissure n'est pas
étudiée.
Les résultats s'appliquent à tout fluide (gaz ou liquide), pour autant qu'il soit
visqueux et que l'écoulement puisse être admis laminaire et monophasique
(écoulement saturé). Les problèmes d'interactions entre le fluide, le béton et
l'armature ne sont pas (ou que succinctement) abordés. Il est clair que ces aspects
peuvent en certaines circonstances être déterminants, en particulier lorsqu'ils ont
rapport avec la durabilité de l'ouvrage (dissolution du béton ou attaque des
armatures par le fluide). Dans certains cas l'interaction entre le fluide et le béton
peut jouer un rôle favorable et conduire à une diminution du débit d'infiltration
dans 1e temps, phénomène bien connu dans le cas de l'eau (autocolmatage des
fissures). Les débits qui sont calculés dans le cadre de se ce travail sont donc des
débit initiaux ou, autrment dit, des débits à court terme, avant que l'interaction
entre le fluide et le béton n'influence les infiltrations.
Le travail n'a pas pour objectif d'établir de nouvelles lois d'écoulement à travers
une fissure ou de nouvelles théories sur la fissuration du béton armé. Les deux
domaines ont déjà fait l'objet de nombreuses études. Nous nous sommes plutôt
attaché à faire la fusion entre les deux aspects, qui à notre connaissance ont été
encore peu étudiés simultanément. La plupart des études sur les infiltrations
concernaient des fissures dans du béton non armé et les études sur la fissuration
21

d'élément en béton armé comprenaient rarement des aspects concernant les


débits d'infiltration. La question se posait donc de savoir si certains phénomènes
concernant les infiltrations à travers des fissures étaient propres aux éléments en
béton armé.

1.4 Démarche de l'étude et contenu de la thèse

L'étude s'appuie sur une série d'essais de fissuration et d'infiltration réalisés sur
neuf éléments en béton armé de 5 m de longueur, de 1 m de hauteur et de 0.42 m
d'épaisseur. Ces essais constituent la troisième et dernière phase expérimentale
d‘un vaste projet de recherche débuté en 1990 à l'IBAP et qui s'achève avec cette
thèse. Après une première phase préparatoire durant laquelle des compositions
de béton à priori favorables à la réalisation d'ouvrages étanches en béton armé
(retrait limité, faibles porosité et perméabilité, bonne ouvrabilité) ont été étudiées
(Schweizer [1992]) et une seconde phase consacrée à l'étude de l'influence de la
résistance du béton sur le comportement à la fissuration d'une structure en béton
armé qui a abouti à une première thèse (Farra et Iaccoud [1993], Farra [1995]), il
s'agissait pour le dernier volet expérimental de faire le lien entre la fissuration
d'éléments en béton armé et l'étanchéité.
Deux compositions de béton, un béton ordinaire et un béton à hautes
performances, et six schémas d'armature ont été testés. Les principaux
enseignements et conclusions de ces essais ont été les suivants (Mivelaz et
Iaccoud [1995]) :
-L'amélioration des propriétés mécaniques du béton, en particulier de sa
résistance à la traction, n'influence pratiquement pas l'ouverture des fissures
sous déformation imposée de courte durée. Cette constatation confirmait, au
cas d'éléments de dimensions relativement grandes, une des principales
conclusions du travail de thèse de Farra [1995].
- Le débit d'infiltration au travers d'un élément fissuré dépend non seulement
du nombre et de l'ouverture des fissures à sa surface, mais également de la
nature des fissures. Il est en particulier apparu qu'il est nécessaire de faire la
distinction entre un élément qui présente ou qui ne présente pas de fissures
secondaires. Ces dernières peuvent sous certaines conditions apparaître à la
suite et de part et d'autre des fissures traversantes. Elles ne sont pas
directement nuisibles à l'étanchéité. Toutefois, leur présence fait augmenter
le débit d'infiltration à travers les fissures principales, indépendamment de
l'ouverture superficielle de ces dernières. L'augmentation du débit par mètre
linéaire de fissure dans le cas de ces éléments était en partie compensée par le
fait que sous une déformation imposée donnée, le nombre de fissures
traversantes diminuait si des fissures secondaires apparaissaient.
Ces fissures secondaires ont déjà été mises en évidence dans le cadre d'autres
recherches sur la fissuration, sans pour autant, à notre connaissance, que leur
influence quantitative sur les infiltrations à travers un mur n'ait été étudiée,
alors qu'il s'agit dans certains cas d'un phénomène prépondérant. L'étude
22

présentée comprend deux volets: une interprétation quantitative complète des


mesures d'infiltration, tenant compte des phénomènes de fissuration secondaire,
et une modélisation de la fissuration permettant de faire la distinction entre un
comportement avec ou sans fissures secondaires.
Le chapitre 2 donne un aperçu de l‘état des connaissances dans le domaine des
structures en béton étanches dans la masse. Le sujet n'a pas pu être traité de
manière exhaustive et systématique, mais nous n'avons pas voulu nous limiter
strictement aux aspects concernant les infiltrations à travers les fissures. Les
récents progrès dans le domaine de la modélisation numérique des phénomènes
de fissuration, en particulier ceux en rapport avec les différents retraits, ainsi que
les progrès dans le domaine de la formulation des bétons, font que les fissures
traversantes deviennent de plus en plus évitables. Pour beaucoup de concepteurs
et de maîtres d'ouvrage les éliminer totalement constitue l'objectif majeur,
lorsqu'ils optent pour une étanchéité dans la masse. Il nous a donc semblé utile
d'avoir une idée sur ce qu'implique une telle option.
Le chapitre 3 constitue un résumé de la campagne d'essais, fondement de cette
étude. Le programme et les principaux résultats des essais sont rappelés. Il ne
s'agit que d'un survol de la campagne d'essai qui a fait l'objet d'une publication
particulière de 375 pages (Mivelaz et al. [1995]).
Le chapitre 4 traite de l'interprétation quantitative des mesures d'infiltration sur
les grands tirants. L'évaluation des infiltrations au moyen de tubes d'injection
noyés dans les éléments, technique utilisée lors de ces essais, ne permet pas une
interprétation quantitative directe des mesures. Il est nécessaire d'adapter les
modèles existants d'écoulement à travers une fissure. L'écoulement est traité de
manière similaire à un écoulement laminaire isotherme compressible 2D entre
deux plans rapprochés à écartement variable. La résolution des équations de
l'écoulement par la méthode des différences finies permet de prendre en
considération dans l'analyse la diSposition des tubes d'injection, l'étanchéité des
faces supérieure et inférieure des éléments, ainsi que les variations d'ouverture
de fissure dans l'épaisseur et sur la hauteur des éléments. L'analyse aboutit à des
valeurs caractérisant l'écoulement à travers une fissure indépendantes du fluide
et des conditions d'infiltration.
Le chapitre 5 décrit le modèle utilisé pour simuler la formation des fissures
principales et secondaires. Il s'agit d'un modèle 2D, implanté dans le programme
MLS de la société INTRON—SME à Yverdon-les—Bains, avec laquelle l'IBAP
collabore. Le béton, traité comme un matériau homogène, est caractérisé de
manière tout à fait conventionnelle par un module d'élasticité, une résistance à
la traction et un comportement isoadoucissant bilinéaire dans la phase de
développement d'une fissure ("softening"). L'interaction entre l'armature et le
béton est caractérisée par une loi d'adhérence, aussi de manière conventionnelle.
Le modèle permet de bien reproduire les différences de comportement entre les
divers éléments testés. Il permet de définir les caractéristiques géométriques
d'une fissure traversante permettant l'évaluation du débit d'infiltration, qu'elle
soit accompagnée ou non de fissures secondaires.
23

Une étude paramétrique est réalisée au chapitre 6, sur la base du modèle de


fissuration décrit au chapitre 5. Conformément aux objectifs de la thèse
l'influence de la classe de résistance du béton, de l'épaisseur du mur, du taux et
de la répartition de l‘armature sont étudiées.
Les conclusions sont présentées au chapitre 7.
24
25

2.- ETAT DES CONNAISSANCES

2.1 Problématique générale des structures en béton armé étanches dans


la masse

2.1.1 Débit de fuite global et débit de fuite admissible


D'un point de vue formel, l'évaluation de l'étanchéité d'un ouvrage devrait
passer par l'évaluation de son débit de fuite global. Ce débit, comparé à un débit
de fuite admissible fixé en fonction des exigences d'exploitation (figure 2.1),
devrait permettre de porter un jugement objectif sur l'étanchéité. Cette
comparaison devrait faire partie de l'appréciation de la qualité de l'ouvrage, qui
pourrait, suivant les cas, comprendre des critères concernant les types de fuites
admissibles (acceptation de quelques fuites localisées, au niveau d'une fissure par
exemple) et une appréciation des mesures prises pour les canaliser, si nécessaires.
Si une telle démarche permet souvent d'apprécier à posteriori la qualité d'un
ouvrage - comme lors des essais de remplissage d'un réservoir - elle n'est encore
que difficilement applicable lors de la conception, dans le but de comparer des
variantes et d'optimiser un projet.
Sans trop s'attarder au sujet des débits admissibles - le sujet se prête mal à une
généralisation car beaucoup trop dépendant du type et de l‘environnement de
l'ouvrage, du fluide à contenir, ainsi que des exigences, pas forcément objectives,
propres au maître de l'ouvrage - disons, bien que cela puisse paraître évident,
qu'il s'agit d'être raisonnable. L'étanchéité est une notion relative à l'utilisation
que l'on fait d'un ouvrage, qui ne signifie pas l‘absence de fuites. Des exigences
trop élevées peuvent conduire à des mesures disproportionnées et coûteuses. Il
n'est pas possible avec un matériaux poreux, ne pouvant pas toujours être mis en
place dans des conditions optimales et sujet à la fissuration d'obtenir une
étanchéité absolue.
Pour certains types d'ouvrage, lorsqu'il s'agit de contenir un fluide sous pression
(par exemple dans le cas d'un tunnel), il peut être plus simple, plus économique
et plus fiable d'admettre quelques fuites à travers la structure en béton et de
prévoir en contrepartie une seconde enveloppe, plus simple et non sollicitée par
la pression, pour les évacuer. Ce principe permet de fixer des taux de fuites
admissibles réalistes tout en évitant qu'elles nuisent à l'exploitation de l‘ouvrage.
Mentionnons à titre d'exemple, le cas sensible des enceintes de confinement des
réacteurs de centrales nucléaires, pour lesquelles la France a opté pour une
solution à double enceintes (enceinte interne précontrainte) en béton étanche
dans la masse avec un espace en dépression entre les deux enceintes, permettant
de collecter les éventuelles fuites à travers la première enceinte, si cette dernière
est mise en pression par de la vapeur d'eau suite à un accident (Ithurralde et
al., [1992]). Le taux de fuite de l'enceinte interne est évalué avant la mise en
service de la centrale lors d'une épreuve qui consiste en une mise en pression du
26

ENVIRONNEMENT - ACTIONS

Conception
Technologie du Armature système statique
type d'acier choix des sections
béton
' taux d'armature joints permanents
for mum non disposition reprises de bétonnage
mise en oeuvre préconminœ séquences de bétonnage
cure brèches

Propriétés physico - Comportement mécanique


chimiques des matériaux
chaleur d'hydratation déformations instantanées et
retraits et séchage du béton différées (relaxan'on)
dilatations thermiques et hydriques adhérence acier - béton
porosité résistance à la traction

Masse du béton Fissures Points singuliers


rosité ouverte type de fissure _ reprises de bétonnage
pâds de gravier densrté de la fissuration joints divers
ouvertures caractéristiques

DEBITS ADMISSIBLES
exigences d'exploitation
conditions climatiques

Figure 2.1 : Problématique générale des structures étanches en béton


27

bâtiment réacteur jusqu'à 0.53 MPa (pression absolue), soit approximativement


5.3 fois la pression atmosphérique (Costaz et al. [1996]). Pour que l‘enceinte
interne soit admise de bonne réalisation, le taux de fuite par jour de la masse
totale du gaz (air sec) contenu dans l‘enceinte ne doit pas dépasser 1%.
Trois types d'infiltration ou modes d'écoulement d'un fluide sous pression à
travers une structure en béton peuvent se produire (figure 2.1) :
- l'écoulement à travers la masse même du béton;
- les fuites à travers les fissures;
- les fuites au niveau des points singuliers, tels que les joints de reprise de
bétonnage, les joints permanents ou les pénétrations.
Les aspects quantitatifs propres à chaque type d'écoulement sont traités aux
paragraphes 2.2 (infiltrations à travers la porosité du béton) et 2.3 (infiltrations à
travers les fissures). Pour l'instant on se contente de discuter les diverses causes
de ces fuites et les moyens d'intervention et mesures qui sont de nos jours
généralement adoptés.

2.1.2 Origine de l'écoulement à travers la masse et moyens d'intervention


L'écoulement à travers la masse du béton est naturellement dû à la nature
poreuse de ce matériau. Contrairement aux deux autres modes d'écoulement, i1
concerne quasi l'ensemble de la structure (fuites réparties). Toutefois, s'il est
possible de réaliser des ouvrages en béton étanches dans la masse, c'est que ce
mode d'écoulement est quantitativement faible et que cet aspect est en général
bien maîtrisé dans la pratique, en agissant principalement au niveau de la
formulation du béton. Les essais réalisés notamment par Schweizer [1992] durant
la première phase de cette recherche ont montrés qu'un dosage en fines (ciment,
fumée de silice et filler) compris entre 350 kg/m3 et 375 kg/m3 et un rapport E/C
inférieur à 0.5 permettent en général de satisfaire les critères des normes
concernant la perméabilité du matériau béton. Ces exigences sont dans bien des
cas moins contraignantes que celles en rapport avec la durabilité du béton,
particulièrement lorsqu'il s'agit de contenir un fluide agressif ou, comme dans le
cas des réservoirs d'eau potable, des exigences concernant la qualité et l'aspect des
surfaces sont fixées. Le risque majeur en ce qui concerne les fuites au niveau de la
masse du béton est surtout lié à une mauvaise mise en place du béton, en
particulier dans les zones fortement armées. Cela conduit dans la plupart des cas à
recourir à des bétons adjuvantés, afin de faciliter leur mise en oeuvre tout en
limitant leur rapport E / C.

2.1.3 Origine des fissures et moyens d'intervention


Le problème des infiltrations au niveau des fissures est par contre beaucoup plus
controversé. Il faut préciser qu‘en ce qui concerne l'étanchéité, les fissures les plus
nuisibles sont naturellement les fissures traversantes. Les fissures non
traversantes peuvent certes affecter la qualité d'un ouvrage, mais en ce qui
concerne les infiltrations, leur effet équivaut à une augmentation locale de la
28

porosité ou à une diminution locale de l'épaisseur du mur, si bien que la


perméabilité du béton de masse reste déterminante et qu‘elles n'influencent que
peu l'étanchéité globale de l'ouvrage.
L'ouverture des fissures peut évidement être contrôlée au moyen de l'armature
passive. La question se pose alors de savoir jusqu'à quel point l'ouverture des
fissures traversantes doit être limitée, afin qu'elles ne nuisent pas à l'exploitation
de l'ouvrage; s'il est en plus de cela nécessaire de limiter leur nombre; ou alors
s'il faut à tout prix les éviter. Suivant l'ouvrage, seul le débit de fuite global
importe et il s'agit alors d'être en mesure d'évaluer son état de fissuration et le
débit d'infiltration qui en résulte. Pour d'autres ouvrages, le débit global peut être
secondaire, mais par contre on souhaite limiter les fuites locales au niveau des
fissures, prises individuellement. Dans ce cas seul le débit individuel des fissures
importe, leur nombre devenant secondaire.
Il est clair que s'il est effectivement possible de limiter les infiltrations
uniquement au moyen d'une armature passive renforcée dans les zones
susceptibles de présenter des fissures traversantes, la conception et la réalisation
d'une structure étanche en béton armé s'en trouve grandement facilitée.
Personne n'a semble-t-il jusqu'à ce jour apporté de réponse satisfaisante à ce
sujet. Ce travail tente d'y contribuer; contentons-nous pour l'instant d'illustrer
les contradictions que l'on peut noter dans la littérature en se référant d‘une part
à Lohmeyer [1991] qui dans le cas d'une étanchéité à l'eau recommande en
fonction du rapport entre la pression d'eau et l'épaisseur du mur des ouvertures
relativement sévères (comprises entre 0.05 et 0.20 mm pour des rapports entre la
hauteur d'eau sollicitante et l'épaisseur du mur allant de 20 à 2.5 m/m) qui
conduisent à des taux d'armature élevés et d'autre part, Polônyi [1993] qui
recommande d'abord d'éviter les fissures traversantes et qui préfère injecter des
fissures un peu trop ouvertes plutôt que de surarmer la structure dans le but de
satisfaire des niveaux d'exigences très élevés concernant l'ouverture des fissures.
Fait un peu paradoxal, la plupart des spécialistes qui considèrent que les fissures
traversantes peuvent être dans une certaine mesure acceptées, recommandent
tout de même de faire le maximum pour les éviter...
Les causes des fissures peuvent être nombreuses et leur typologie complexe. Dans
bien des cas elles peuvent être évitées. Les formes de fissuration les plus
courantes sont résumées au tableau 2.1, établi par Iaccoud [1987] à partir du
manuel du CEB [1985] traitant de la fissuration et des déformations. Dans ce qui
suit, les fissures sont classées en trois catégories :
a) fissures accidentelles;
b) fissures de retrait;
c) fissures sous sollicitations normales de service.
a) Fissures accidentelles
On peut classer dans cette catégorie les fissures de tassement du béton frais, de
retrait plastique ou liées à la corrosion des armatures et à des alcali-reactions.
Période Manifestation Remarques
d'apparition

Tassement du quelques heures fissures le long des barres; les fissures peuvent être larges; elles
béton frais apres le fissures aux changements de peuvent etre evitees par des mesures
bétonnage section appropriées lors de l'exécution.

Retrait quelques heures fissuration en réseau ou longues les fissures peuvent être larges. 2 à 4 mm
plastique après le fissures à la surface des dalles n'est pas inhabituel.
bétonnage coulées dans des conditions
desséchantes.

Fissures pré- quelques jours longues fissures aux repriSes de peut être contrôlée par une armature. en
coces d'origine après le bétonnage de murs; autres fissures limitant la dimenslon des étapes ou en
thermique bétonnage selon le genre d'entraves contrôlant la température.

généralement semblables aux fissures de flexion nonmalement faible s'il y a suffisamment


29

quelques mois ou de traction d'armature.


apres la
construction

Corrosion quelques années fissuration le long des barres faible au début, augmente avec le temps;
apres la provoquant l'éclatement du béton apparition de traînees de rouille si
construction d'enrobage ambiance humide.

Réaction quelques années apparaît dans des ambiances humides, les fissures peuvent être larges.
alcali- après la fréquemment comme une fissuration
granulats construction en réseau; n'apparaît qu'avec
certains types de granulats

Charges durant dépend de l'usage fissures de flexion. de traction. les charges permanentes sont plus importan-

Tableau 2.1 : Résumé des différentes formes de fissuration (Jaccoud [1987])


l'utilisation de la structure d'effort tranchant. de torsion. tes que celles de courte durée; de larges
d'introduction de force concentrée. fissures indiquent généralement une mauvai-
etc. se compréhension du comportement de la
structure.
30

Elles sont principalement d'ordre technologique (choix des matériaux,


formulation, mise en oeuvre, cure). Il est plutôt rare qu'elles soient acceptées,
mais plus pour des raisons de durabilité ou d'aspect que pour leur influence
sur l'étanchéité, car ces fissures sont pour la plupart non traversantes.
b) Fissures de retrait

Il est nécessaire de faire la distinction entre le retrait d'autodessiccation (ou


retrait endogène), le retrait de dessiccation et le retrait thermique (au jeune âge
en particulier). Sans entrer dans une description détaillée des mécanismes de
ces retraits (description que l'on trouve notamment dans Acker [1988] et Miao
[1989]), rappelons seulement que le retrait d'autodessiccation et de dessiccation
ont pour origine la diminution de la teneur en eau des pores du béton, dans le
premier cas en rapport avec l'hydratation du ciment, dans le second cas en
rapport avec la diffusion de l'eau vers l'extérieur de l‘élément (séchage); tandis
que le retrait thermique au jeune âge est lié à l'élévation de température
pendant la prise et au refroidissement qui s'ensuit.
Risque de fissuration lié au retrait d'autodessication
Le retrait d'autodessiccation affecte la masse entière du béton, se produit même
si les échanges d'eau avec l'extérieur sont empêchés et évolue en rapport avec
1e degré d'hydratation du béton. Dans un élément libre de se déformer, ce
retrait est entravé par les granulats ce qui conduit à des contraintes de traction
dans la pâte qui se concentrent autours des granulats et à un raccourcissement
d'ensemble, comme il a été montré par Roelfstra et al. [1985] au moyen d'un
modèle de "béton numérique". Ces autocontraintes peuvent conduire à des
microfissures réparties dans la masse du béton (Ollivier et al. [1992b]), voire, si
l'élément est empêché de se raccourcir, à des fissures traversantes. Les
problèmes d'autodessiccation ne se posent vraiment en pratique que pour les
BHP, lorsque leur rapport E/C avoisine ou passe en dessous de 0.35 (Paillère et
al. [1987]). Dans le cas d'un béton ordinaire le retrait d'autodessiccation reste
faible.
Risque de fissuration lié au retrait de dessication
Le retrait de dessiccation se développe non pas dans la masse du béton, comme
le retrait d'autodessiccation, mais à partir des faces exposées au séchage. Il
dépend des conditions ambiantes, de la qualité du béton et sa valeur finale
dans le cas d'un béton ordinaire peut dépasser 0.6 %o (Alou et al. [1987]).
Comme dans le cas du retrait d'autodessiccation, les granulats l'entravent et
sont donc à l'origine de contraintes de traction dans la pâte de ciment, qui
conduisent dans ce cas presque immanquablement à des microfissures.
Toutefois, le phénomène de séchage du béton par diffusion de l'eau
(principalement sous forme de vapeur) est un phénomène très lent, si bien
qu'en pratique il n'atteint souvent pas le coeur des éléments, particulièrement
si le béton reçoit régulièrement des apports d'eau (pluie, succion capillaire,
infiltration d'eau sous pression, ...). Le retrait apparent d'un élément
d'ouvrage est donc dans la plupart des cas inférieur à 1a valeur précitée et se
31

limite à une couche superficielle de quelques millimètres à quelques


centimètres qui met en compression le coeur des éléments (Bazant et a1. [1982]).
Que le retrait apparent de l'élément soit libre ou entravé, les faces des éléments
sont plus ou mois fissurées (Rossi [1988], Roelfstra [1989], Alvaredo [1994]). Ce
n'est toutefois que dans le cas d'éléments minces ou dans des conditions
particulièrement asséchantes que des fissures traversantes risquent
d'apparaître, ce qui n‘est en particulier pas le cas d'un ouvrage en béton
remplissant une fonction d'étanchéité à l'eau.
Risque de fissuration lié au retrait thermique au jeune âge
Le retrait thermique au jeune âge comprend à la fois un effet de masse, puisque
l'élévation de température a pour origine l'hydratation du ciment, et un effet
de surface comparable au phénomène de séchage, puisque le refroidissement se
fait par les faces d'un élément. La phase d'élévation de la température est
relativement courte, de l'ordre de 24 heures, et engendre une dilatation globale
de l'élément. La phase de refroidissement dure par contre plusieurs jours à
quelques semaines et engendre une contraction globale de l'élément. Dans le
cas d'un élément empêché de se déformer l'élément finit en traction, car
durant l'élévation de température le béton est beaucoup plus déformable et
fluant que durant la phase de refroidissement. Si l'élément est libre de se
déformer, la part non liniaire du gradient de température conduit à un champ
de contrainte autoéquilibré susceptible de fissurer suivant les cas la surface
(refroidissement trop rapide) ou le coeur d'un élément (construction massive).
Pour l'étanchéité, c'est surtout le retrait global pendant la phase de
refroidissement qui est susceptible de conduire à des fissures traversantes. Il
s‘agit même dans le cas de nombreux ouvrages du risque majeur.
Pour lutter contre la fissuration thermique au jeune âge, il est déjà possible
d'agir au niveau de la composition du béton, en cherchant à réduire ou
ralentir le dégagement de chaleur qui accompagne sa prise en limitant le
dosage en ciment et en choisissant des ciments à basse exothermie. Ces
mesures peuvent toutefois aller à l'encontre d'autres qualités recherchées,
comme l'étanchéité, la durabilité ou l'évolution dans le temps de la résistance.
Pour remédier à ces problèmes, Électricité de France et le Laboratoire Central
des Ponts et Chaussées (LCPC), par exemple, ont optimisé des recettes de BHP
pour la réalisation des enceintes de confinement de centrales nucléaires
(Ithurralde et al. [1992] [1993]). Leurs formulations ont pour objectifs de
conduire à des bétons présentant une excellente ouvrabilité (Slump de
20 i 2 cm), un retrait thermique lié à la prise du béton aussi faible que possible,
un retrait endogène quasi nul, un retrait de dessiccation et un fluage aussi
faibles que possible, une compacité élevée (d'où une perméabilité intrinsèque
très faible), ainsi qu'une résistance relativement élevée pour permettre une
forte précontrainte transversale et verticale. Leur démarche a abouti à un béton
de classe C60/70 selon l'Eurocode 2, qui se distingue par un dosage en ciment
légèrement inférieur à 300 kg/m3, par des ajouts de filler et de fumée de silice,
ainsi que par l'usage d'un fluidifiant et d'un retardateur de prise (voir
32

chapitre 3). Le choix des granulats devrait aussi être examiné attentivement. Il
peut avoir une importante influence sur le risque de fissuration au jeune âge
(Simons [1993]). Dans la mesure du possible, les granulats présentant un faible
module d‘élasticité et un faible coefficient de dilatation thermique doivent être
préférés.
En cas de forte entrave des déformations, le risque de fiSSuration thermique au
jeune âge peut difficilement être éliminé en agissant uniquement sur la
composition du béton. Dans ce cas, il peut s'avérer utile de refroidir le béton en
faisant circuler de l'eau dans des tubes noyés dans la masse ou/et de réchauffer
les éléments entravant 1a déformation, afin qu'ils se raccourcissent aussi au
moment du refroidissement. Le principe du refroidissement du béton pendant
sa prise est depuis longtemps appliqué pour la construction des barrages. Il peut
aussi être utilisé avec succès dans le cas des structures en béton armé ou
précontraint, particulièrement si les sections sont relativement massives. Il
avait notamment été retenu dans le cas de la variante de tunnel présentée en
1995 pour la traversée de la rade à Genève (Bonnard 8: Gardel et a1 [1994]), qui
était prévu d'être réalisé selon la technique hollandaise des tunnels immergés
en béton étanche (Glerum et al. [1976]). Dans ce projet, les tronçons de tunnel
devaient être bétonnés en deux étapes: le radier, puis les murs et la dalle. Pour
éviter la fissuration des éléments de la seconde étape de bétonnage, le radier
devait être préchauffé et les murs refroidis par l'intermédiare de tubes noyés
dans la masse.
Une alternative au refroidissement du béton pendant sa prise, consiste à
abaisser la température du béton frais en substituant par exemple une partie de
l'eau de gâchage par de la glace concassée ou en refroidissant les matériaux, en
particulier les granulats, au moyen d'azote liquide ou de neige carbonique, afin
de limiter l'élévation de température durant l'hydratation. La méthode de
refroidissement au moyen de neige carbonique a été testée et mise au point par
Takeuchi et a1. [1993], puis appliquée avec succès pour la réalisation d'un
réservoir d'eau au Japon. Ce type de technique présente l'avantage par rapport
au refroidissement du béton dans les coffrages de pouvoir être facilement
appliquée à des éléments de relativement faible épaisseur, puisque ne
nécessitant pas d'incorporés supplémentaires dans les coffrages. Pour illustrer
l'intérêt de ces techniques, la figure 2.2 donne pour les éléments testés dans le
cadre de cette recherche, la température maximum atteinte au coeur des
éléments en fonction de la température du béton frais, ainsi que le retrait total
mesuré après 74 jours en fonction de la température moyenne maximum
atteinte par les éléments (Mivelaz et al. [1995]). Dans le cas du béton IBAP, une
différence de 11 °C sur la température du béton frais conduit à un différence
d'environ 9°C sur la température maximum atteinte par les éléments durant
la prise et finalement à une différence d'environ 0.1 %o sur le retrait total après
74 jours.
33

55 0.4

Retrait total après 74 jours [%o]


O
'JI
Tmax [°C]
à

0.2
O
A

35 0.1
10 15 20 25 30 35 40 45 50
Température du béton frais [°C] Temp. moyenne maximum [°C]

Figure 2.2 : Influence de la température du béton frais sur le retrait longitudinal libre d'éléments
en béton armé de 5m de long, de 1 m de haut et de 0.42m d'épaisseur (meSures de
référence pour le retrait prises au moment ou l'élévation de température maximum est
atteinte)

Pour lutter contre la fissuration thermique au jeune âge, il est encore possible
d'agir au niveau de la planification et de l'enchaînement des bétonnages. Pour
commencer, il est préférable de bétonner par temps frais plutôt qu'en pleine
après-midi d'été. La température maximum atteinte par le béton pendant sa
prise et, par conséquent, l'ampleur du retrait thermique étant, comme nous
l'avons vu, grandement influencés par la température du béton frais, il faut
donc profiter aux mieux des journées fraîches ou au moins le mettre en
oeuvre le matin. On peut limiter les phénomènes de bridage des déformations
de retrait en enchaînant autant que possible des étapes de bétonnage à inertie
croissante. Si l'on revient au cas des tunnels, on tire avantage à bétonner dans
un premier temps le radier seul, puis d'un coup les murs et la dalle supérieure.
Le nombre de reprises de bétonnage, qui causent autant de problèmes de retrait
différentiel, est limité et le rapport entre l'inertie des deux étapes de bétonnage,
ainsi que la distance entre le radier et la dalle diminue grandement le risque de
fissuration dans cette dernière. Certains préconisent même de bétonner d'une
seule fois toute la section.
Utilité des joints permanents pour lutter contre les fissures de retrait
Les joints permanents disposés dans le but d'éviter les fissures de retrait,
comme par exemple dans 1e cas des murs sur radier, ne présentent par contre
pas vraiment d'intérêt. Pour qu'ils puissent à eux seuls se montrer efficaces, il
faut que le rapport entre la longueur et la largeur des étapes de bétonnage
n'excède pas environ 2 (Falkner [1983]). Même si cette condition est respectée,
le risque de fissuration au niveau de la reprise de bétonnage n'est pas écarté. De
nos jours la solution des joints permanents pour résoudre les problèmes de
retrait bridé est de plus en plus abandonnée. Les joints engendrent souvent
34

plus de problèmes qu'ils en résolvent. La solution des brèches provisoires est


préférable, bien qu'elles aient pour conséquence d'augmenter le nombre de
reprises de bétonnage puisque le même rapport de 2:1 entre la longeur et la
largeur de l‘étape de bétonnage reste valable si l'on veut qu‘elles soient
efficaces. A nouveau le risque de fissuration au niveau de la reprise de
bétonnage n'est pas éliminé. Des problèmes peuvent encore être rencontrés au
moment du clavage des brèches. A ce propos, il est possible de tirer parti de
leurs faibles dimensions comparées aux dimensions de l'ouvrage, pour
appliquer des techniques, comme celle consistant à refroidir le béton avant sa
mise en place, qui en d'autres circonstances peuvent s’avérer trop onéreuses.
Utilité de la précontrainte pour lutter contre les fissures de retrait
Reste encore la possibilité de faire usage de la précontrainte pour palier au
problème des fissures de retrait. Toutefois, en ce qui concerne les problèmes de
retrait au jeune âge, son efficacité est souvent limitée. Elle ne peut en général
être appliquée que plusieurs jours après la prise du béton, soit bien après sa
phase de refroidissement, période la plus critique pour ce risque de fissuration.
De plus, compte tenu de la nature hyperstatique des problèmes de retrait, il faut
tenir compte qu'une bonne partie de la précontrainte destinée à l'élément
bridé passe dans les éléments bridant, rendant souvent peu économique ce
genre de solution. Néanmoins, si la précontrainte ne permet pas forcément
d'éviter la formation des fissures, elle présente tout de même l'avantage de les
refermer. Suivant le type d'application, cela peut être suffisant pour que
l'ouvrage puisse être admis étanche d'un point de vue fonctionnel. Elle
présente tout particulièrement de l'intérêt dans le cas des ouvrages remplissant
une fonction d'étanchéité de courte durée, tels les bassins de rétention. Suivant
la durée d'exposition au fluide, sa pression, sa viscosité et sa tension capillaire,
l'épaisseur des éléments et l'ouverture résiduelle des fissures, il est possible au
moyen de la précontrainte d'éviter que les infiltrations n'émergent à
l'extrémité aval des fissures (Wôrner et al. [1993]).
c) Fissures sous sollicitations normales de service
Les fissures, traversantes en particulier, peuvent naturellement avoir pour
origine les charges utiles (cas d'un réservoir cylindrique par exemple), des
variations différentielles de température ou des tassements d'appuis. Dans le
cas des fissures discutées auparavant, il a surtout été question de mesures
technologiques, montrant qu'elles n'ont pas un caractère fatal et qu'elles
peuvent (doivent ?) en bonne partie être évitées; en tout cas en ce qui concerne
les fissures traversantes. Les fissures dont il est question maintenant sont liées
au côté fonctionnel de l'ouvrage et sont à ce titre un peu dans la nature d'un
ouvrage en béton armé. Pour beaucoup d'ouvrages, la question ne se pose
même pas de savoir s'il faut les éviter ou pour le moins limiter leur nombre.
Tout au plus des valeurs limites concernant leur ouverture sont prescrites
pour des raisons de durabilité ou d'aspect (Jaccoud [1994]). Dans le cas des
structures étanches la question est beaucoup plus délicate car, comme déjà
évoqué plus haut, l'acceptation ou non des fissures traversantes, dont
35

l'ouverture peu être contrôlée au moyen d'une armature passive, est


déterminante. Si tel était le cas, des solutions pouvant conduire à des zones
sollicitées en traction ne seraient plus pénalisées. Il paraît toutefois raisonnable
et sain dans le cas d‘un ouvrage remplissant une fonction d'étanchéité d'avoir
pour première option d'éviter toutes fissures traversantes, même celles
pouvant être engendrées par les sollicitations de service.
Choix de la forme de la structure
La forme de la structure a une influence importante sur la répartition des
efforts, leur valeurs extrêmes et le risque de fissuration. les changements
brusques de section, les cassures, les angles sont autant d‘éléments risquant de
concentrer les effort et par conséquent les problèmes et le risque de fissuration.
Bomhard [1986] recommande d'un point de vue uniquement technique une
forme du type sphéroïde dans le cas des réservoirs d'eau (sphère aplatie dans le
sens vertical). Ce type de forme homogénéise au maximum les efforts,
s'accommode le mieux des variations de niveau du réservoir et permet,
lorsque l'ouvrage est enterré, de tirer profit de la poussée des terres. C'est aussi
le type de forme qui permet de tirer le meilleur profit de la précontrainte, si
cette dernière est envisagée. Malheureusement ce type de forme est difficile à
réaliser et n'est pas toujours adapté à la fonction et l'utilisation de l'ouvrage.
Une forme cylindrique permet de conserver au moins dans une direction
l'avantage du sphéroïde, par contre les formes prismatiques, qui sont s0uvent
choisies pour leur fonctionnalité, conduisent souvent à d'importants
moments au niveau des jonctions entre divers éléments. Ces endroits
coïncident malheureusement aussi souvent avec des joints de travail ou
permanents, déjà susceptibles à eux seuls de poser des problèmes. Les solutions
prismatiques conduisent aussi à des structures plus massives, ce qui n'aide pas
à résoudre les problèmes de fissuration. Elles permettent moins facilement
l'usage de la précontrainte vu les faibles courbures pouvant être données aux
câbles. Naturellement le choix définitif de la forme d'un ouvrage ne dépend
pas uniquement de l'aspect technique, beaucoup d'autres paramètres qu'il
n'est pas possible d'évoquer dans le cadre de ce travail entrent en ligne de
compte. Toutefois une conception sans égard au cheminement et aux risques
de concentration des efforts peut conduire à des solutions qui causent après
coup de nombreux problèmes tant pour la réalisation de l'ouvrage que lors de
son exploitation.
Usage de la précontrainte
La précontrainte est certainement le moyen 1e plus efficace d'éviter les fissures
traversantes lorsqu'elles ont pour origines des charges. Elle est en particulier
utilisée dans le cas des enceintes de confinement des centrales nucléaires
françaises afin que les sections restent comprirnées jusqu'à une surpression
interne de 5 bars (Ithurralde et al. [1992]). C'est aussi souvent le cas pour des
bassins et des réservoirs. Elle peut encore être utilisée pour équilibrer les
déformations d'une fondation, dans des cas où les charges sont mal réparties
ou éventuellement si 1e sol de fondation présente une faiblesse locale.
Disposition de joints permanents
Les avis sur les joints permanents ayant une "fonction statique" ou, autrement
dit, servant à maîtriser ou à influencer le cheminement des efforts à travers la
structure, sont plus partagés que lorsqu'ils sont disposés pour éviter les fissures
de retrait. Dans le cas d'un réservoir cylindrique par exemple, beaucoup de
projeteur prévoient un joint entre le radier et le mur, en particulier si une
précontrainte circulaire est prévue (Dôring et al. [1991]). Il est clair que ce type
de joint permet de tirer profit au maximum de la précontrainte et de l'effet de
coque (moment au pied de mur éliminé). Ces joints sont toutefois délicats à
réaliser, c'est pourquoi nombreux sont ceux qui préfèrent les éviter. Les joints
restent par contre pratiquement l'unique solution lorsque qu'il s'agit de
résoudre des problèmes de tassements différentiels.
Evaluation du risque et de l'état probable de fissuration d'un ouvrage
Jusqu'ici les divers risques de fissuration et les moyens d'action pour les limiter,
voire les éliminer, ont été traités de manière séquentielle. Naturellement, la liste
n'a pas pu être exhaustive. Pour évaluer de manière réaliste l'état de fissuration
d'un ouvrage et être en mesure de le maîtriser, il est important de ne pas perdre
de vue les interactions entre les divers aspects tant liés à la conception, à la
technologie du béton et au comportement du béton armé et précontraint
(figure 2.1). Tous ces éléments devraient être pris en considération dès le début du
projet et non de manière séquentielle, afin de limiter efficacement et
économiquement les fissures traversantes. Pour ce faire, l'ingénieur bénéficie des
importants progrès réalisés ces dernières décennies dans la compréhension des
divers phénomènes conduisant à la fissuration. Ces progrès se traduisent par des
modèles qui permettent de mieux en mieux quantifier le risque de fissuration et
d'étudier de manière toujours plus réaliste le comportement de structures
complexes. Cette complexité a tout naturellement conduit à préférer des
approches numériques, qui se concrétisent actuellement par de performants
programmes accessibles aux bureaux d'étude. A titre d'exemple, on peut citer les
programmes le la société INTRON SME (APTEX [1996]), qui permettent de
simuler le comportement d'une structure tant du point de vue thermique,
hydrique que mécanique, à COurt et à long termes. L'interaction entre les divers
phénomènes physico—chimiques et mécaniques, les séquences de bétonnage, les
conditions climatiques et le type de coffrage, ainsi que d'éventuels dispositifs de
refroidissement, peuvent être pris en compte, afin de permettre l'évaluation et
l'optimisation d'un projet.

2.1.4 Problèmes liés aux points singuliers

Le risque d'infiltration au niveau des joints et autres points singuliers d'une


structure n'est pas négligeable. L'armature souvent plus dense à proximité des
joints, la présence de rubans d'étanchéité, de mortaises et autres décrochements,
rendent le bétonnage délicat et augmentent le risque de nids de gravier.
Toutefois, vu le caractère accidentel de ces fuites, i1 est en général difficile de les
37

prendre en compte dans l'évaluation quantitative de l'étanchéité globale au


niveau du projet.
Pour ne parler que d‘aspects généraux, les détails doivent être conçus de manière
à permettre une mise en oeuvre irréprochable du béton; ceci, en ayant bien à
l'esprit les problèmes qui peuvent être rencontrés lors du bétonnage (les plus gros
granulats peuvent-ils pénétrer partout? y a—t—il risque de ségrégation ou de
formation de nids de gravier? y a—t-il risque de formation de poches d'air ?).
Naturellement, l'ampleur de ces risques ne dépend pas que du soin apporté à 1a
conception des détails. L‘ouvrabilité du béton, la stabilité du mélange et la qualité
de la mise en oeuvre jouent également un rôle crucial.
Ces aspects constructifs sont beaucoup trop vastes pour être traités de manière
complète et surtout objective dans le cadre de ce travail. Ils font l‘objet de
plusieurs publications telles celles de Deacon [1978], Klawa et al. [1990] ou
Lohmeyer [1991], et sont traités dans les catalogues des fournisseurs de produits
destinés à la réalisation de ces détails.

2.2 Infiltrations à travers le béton

2.2.1 La porosité du béton


Les infiltrations à travers le béton sont naturellement liées à sa porosité, définie
comme le rapport entre le volume des vides et le volume du matériau poreux. La
porosité d‘un béton est en général de l'ordre de 12 % et varie relativement peu
d'un type de béton à l'autre, à moins qu'un adjuvant entraîneur d'air ou des
granulats poreux soient utilisés. Dans le cas, par exemple, des 16 bétons testés par
Farra et al. [1993], la porosité restait comprise entre 10.4 et 12.9 %, sans influence
notable du dosage en ciment et de la résistance des bétons, qui variait de 30 à
90 MPa. Mais plus que la valeur de la porosité, c'est la taille, la géométrie et
l'interconnexion des pores qui influencent la perméabilité d'un béton.
La taille des pores va de l'ordre du manomètre au millimètre. H convient de faire
la distinction entre trois zones, dont 1a densité, la forme et la distribution de la
taille des pores diffèrent: la pâte de ciment durci, l'interface pâte-granulats
("auréole de transition" selon Maso [1982]) et les granulats. La détermination des
caractéristiques du réseau poreux de chacune de ces zones est délicate. A
l'exception des plus gros pores qui peuvent être comptés et observés à l'oeil nu
ou au moyen d'un microscope optique, leur étude fait en général appel à des
méthodes indirectes, telle la porosimétrie au mercure ou, pour les pores les plus
fins, les mesures d'isotherme d'adsorption et de désorption. Les résultats, en
particulier la distribution de la taille des pores que l'on en déduit, ne sont pas
indépendants de la technique d'investigation et des hypothèses sous-jacentes.
Dans le cas de la pâte de ciment, on fait généralement la distinction entre trois
familles de pores :
38

-les pores du gel de ciment ou, autrement dit, les pores internes aux
enchevêtrements d'hydrates résultant de la prise du ciment, pores qui ont
une dimension de l'ordre du manomètre;
-les pores capillaires de l'ordre du micromètre, qui représentent les espaces
occupés par l'eau avant la prise du béton et qui n'ont pas été comblés par le
gel de ciment;
- les bulles d'air non évacuées lors du compactage du béton frais et dont l'ordre
de grandeur est le millimètre.
Les diverses familles de pores d'une pâte de ciment durci et leures dimensions
caractéristiques peuvent être mises en évidence par une courbe de distribution de
la taille des pores, comme celles montrées à la figure 2.3, tirée d'une publication
de Verbeck et Helmuth [1969].
VOL.PORES OF DIAMETER D/CC OF PORE VOLJ lOz
à
O

30

20

l0

PORE omuerza 0.1:: Â

Figure 2.3 : Distribution de la taille des pores après 11 ans de cure humide de trois pâtes de ciment
durci se distinguant par leur rapport E/C (porosimétrie au mercure, Verbeck et
Helmuth [1969])

La porosité totale d'une pâte de ciment durci est élevée, puisque de l'ordre 35%.
Powers [1958] a montré que le volume et les dimensions des pores du gel et des
pores capillaires dépendent principalement du degré d'hydratation des grains de
ciment et du rapport E/C. Les pores du gel sont inévitables. Powers a estimé que
la porosité minimum possible du gel résultant d'une hydratation complète des
grains de ciment est de l'ordre de 26 °/o. La porosité capillaire est aussi dans une
certaine mesure inévitable, mais peut être fortement réduite en limitant le
rapport E/C. La figure 2.4 établie par Hansen [1986] sur la base des théories de
Powers donne la répartition volumique théorique d'une pâte de ciment hydratée
à 50%, d'une pâte protégée de la dessication et complètement hydratée, ainsi que
.
Copillanes
. |
Fractional volume

Flotllonel volume
9
m

0.7
vaux-cm ratio by nipm
chllonnl volume

OJ al. 0.5 0.5 0.7 on (19


Water-ccmt relie ey mlghl

Figure 2.4 : Répartition volumique d'une pâte de ciment en fonction du dégré d'hydratation et du
mode de cure (Hansen [1986])
a) pâte de ciment à 50 °/o hydratée (très mauvaises conditions de cure)
b) Pâte de ciment protégée de la dessication jusqu'à hydratation complète
(excellantes conditions de cure)
c) Pâte de ciment faisant sa cure dans l'eau (cure avec apport d'eau)

d'une pâte de ciment complètement hydratatée dont la cure a été faite dans l'eau
(apport d'eau possible pendant la cure pour achever l'hydratation du ciment
jusqu'au remplissage complet des pores capillaires).
L'existence et la structure poreuse de l'auréole de transition autour des granulats
peuvent être mises en évidence en comparant la porosité d'une pâte de ciment à
celle d'un béton composé de la même pâte de ciment et de granulats de porosité
négligeable. Winslow et Liu [1990] ont montré qu'à degré d'hydratation égal, la
0.3

o Concrete

0'25 - 1' A Mortar

D Paste
0.2

Cum
Int 0.15
("713/9)
0.1

0.05

0.001 0.003 0.01 0.03 0.1 0.3 1 3 10 30 100 3 1000


Pore Dîameter (pin)

Figure 2.5 : Distribution de la taille des pores d'une pâte de ciment en l'absence de granulats, dans
le cas d'un mortier et dans le cas d'un béton (porosimétrie au mercure, la porosité est
rapportée au volume de pâte de ciment, E/C=0.55, Winslow et Liu [1990])

30

in
W
z
Oe\°
È.
{L0-
OË 20
gs{D
32
O<
>33 180 jours
ä; O%F.S.
:8
sa 1°
W<
(:4

Distance à la surface matrice pâte


du granulat ( [‘m) du béton pure

Figure 2.6 : Volume relatif des pores plus grands que 0.5 um en fonction de la distance d'un granulat
d'une pâte de ciment avec ou sans fumée de silice (Ollivier et Yssorche [1992])

pâte de ciment qui se développe dans un béton ou un mortier a une porosité


supérieure à celle qu'elle a en s'hydratant en l'absence de granulats. Comme le
montre la figure 2.5 tirée de leur publication, la porosité additionnelle est
principalement due à la formation de pores de plus gros diamètre. Des mesures
réalisées par Ollivier et Yssorche [1992b], présentées à la figure 2.6, montrent que
41

cette porosité additionnelle est effectivement localisée dans une couche de


quelques dizaines de microns autours des granulats, constituant donc une zone
présentant une structure poreuse distincte. La même figure montre que dans le
cas des bétons avec fumée de silice (FS), la porosité de l'auréole de transition est
fortement réduite.
La contribution des granulats à la porosité totale d'un béton n'est pas
complètement négligeable, vu la proportion du mélange qu'ils représentent
(45%). Toutefois leur porosité propre est souvent inférieure à 5%, ce qui
implique que pour un béton présentant une porosité totale de 12%, environ 3%
peuvent être attribués aux granulats et 9 % à la matrice de ciment.
A cette porosité propre aux diverses phases composant le béton, il faut ajouter
une porosité découlant de la microfissuration du béton sous des sollicitations
mécaniques ou chimiques. A nouveau, l'interface entre les granulats et la pâte de
ciment constitue une zone faible, où les microfissures tendent à se localiser. Les
champs d'autocontraintes découlant des phénomènes de séchage et
d'autodessiccation du béton sont une des causes majeures de ces microfissures.
Leur densité est donc en général plus importante à la surface des éléments.

2.2.2 Ecoulement saturé et perméabilité du béton


La relation de base pour l'écoulement d'un fluide à travers les pores du béton
sous l'effet d'un gradient de pression (perméation) est l'équation de Darcy :
k —ÿ
a = —;— grad pg (2.1)
=W<|

: vitesse de filtration [m/s]


: perméabilité du matériau [m2]
: viscosité dynamique du fluide [Pa-s]
pg = p + pgh : pression motrice du fluide [Pa]
: pression du fluide [Pa]
D‘OQ'D’U

: masse volumique du fluide [kg/m3]


: accélération de pesanteur [m/szl
: cote du point (l'altitude) [m]

L'équation de Darcy suppose que l'écoulement est laminaire et que les forces
d'inertie sont négligeables. Ces hypothèses sont pratiquement toujours vérifiées
dans le cas du béton, car l'écoulement à travers ses pores s'effectue à très faible
vitesse.
La perméabilité k du béton est délicate à mesurer. Pour des problèmes
d'infiltration sous forme liquide, il faut souvent du temps pour que les pores
soient saturés. Tant que cela n'est pas le cas et que subsiste une seconde phase, en
particulier une phase gazeuse comme l'air, les phénomènes capillaires ont une
influence non négligeable sur l'écoulement (voir â 2.2.3). Pour des problèmes
d‘infiltration sous forme gazeuse, il faut dans 1a plupart des cas compter avec une
42

certaine quantité d'eau enfermée dans les pores, qui est plus ou moins entraînée
par l'écoulement, qui s'en trouve freiné.
Sous la forme (2.1) l'équation de Darcy suppose le milieu isotrope et une
perméabilité indépendante du fluide. La perméabilité constitue donc une
propriété intrinsèque du matériau. Elle ne doit pas être confondue avec 1e
coefficient de perméabilité qui n'est valable que dans le cas d'un écoulement
d'eau et qui découle de la formulation suivante de la loi de Darcy :
_ —'
v = -—KW. grad H (2.2)

Kw : coefficient de perméabilité [m / s]
H = p / pg + h : charge hydraulique [m]

La perméabilité d'un béton étant souvent déterminée sur la base d'essais


d'infiltration d'eau et vu que 1a plupart des problèmes d'étanchéité dans le génie
civil sont en rapport avec l‘eau, il est plus courant de trouver des valeurs pour le
coefficient de perméabilité Kw exprimé en [m/s] que pour 1a perméabilité k
exprimée en [m2]. Bien que cela puisse paraître au premier abord peu flexible, cet
usage se justifie par le fait que la perméabilité n'est en réalité pas complètement
indépendante du fluide, qui peut interagir avec 1e béton et modifier sa structure
poreuse. C'est particulièrement le cas avec l'eau, qui fait gonfler le béton, qui peut
éventuellement achever l'hydratation de grains de ciment ou dissoudre puis
recristalliser l'hydroxyde de calcium, si bien que la perméabilité à l'eau tend à
diminuer dans le temps (Hearn et a1. [1994]).
Des équations (2.1) et (2.2) on déduit que:

k: “KW (2.3)
os
Le rapport u / pg vaut 1.05.10“7 m-s dans le cas d'eau à 20°, 1a valeur 1-10“7 m-s étant
généralement admise en pratique.
Pour éviter toute confusion, rappelons que la vitesse de filtration des équations
(2.1) et (2.2) ne doit pas être confondue avec la vitesse réelle du fluide à travers les
pores, qui en moyenne est plus grande et qui varie d'un pore à l'autre suivant sa
taille, sa forme et ses connections avec les autres pores.
L'écoulement à travers un pore isolé est souvent comparé à l'écoulement
laminaire à travers un tube cylindrique, décrit par l'équation de Poiseuille :
4

Bu dl’

Q : débit volumique [ma/s]


r : rayon du tube [m]
u : viscosité dynamique du fluide [Pa-s]
dp/dÉ : gradient de pression [Pa / m]
43

Permeobility Coefficient x Ioa (dorcys)

O 0,! 0.2 0.3 0A4


Copillary Porosity

Figure 2.7 : Coefficient de perméabilité d'une pâte de ciment durci en fonction de sa porosité
capillaires (1 darcy '— 105 m/s, Powers [1958])

L'équation (2.4) et la connaissance de la répartition de la taille des pores ne


permettent pas la déduction directe de la perméabilité d'un milieu poreux.
Toutefois, l'équation (2.4) met clairement en évidence la grande influence de la
taille de pores. La perméabilité propre aux trois zones définies au paragraphe 2.2.1
dépend principalement de la taille des pores les mieux interconnectés entre eux et
la perméabilité apparente du béton dépend en bonne partie de la perméabilité de
la plus faible des trois zones précitées.
La perméabilité de la pâte de ciment dépend principalement de la taille et de la
densité des pores capillaires. Powers [1958] a estimé que le coefficient de
perméabilité du gel est de l'ordre de 7-10“16 m/s (7.10'23 m2 pour la perméabilité),
soit environ 100 à 1000 fois plus faible que la perméabilité apparente de la pâte de
ciment. Cette dernière dépend principalement du volume des pores capillaires,
donc du dosage E/C et du degré d'hydratation (figure 2.4). Comme le montre la
figure 2.7 établie par Powers, la perméabilité de la pâte de ciment reste
relativement faible jusqu'à une porosité capillaire de 0.25 à 0.30. Au-delà, la
perméabilité augmente bruSquement. Powers définit un seuil d'interconnexion,
correspondant à un rapport E/C voisin de 0.7, à partir duquel le réseau de pores
capillaires est complètement interconnecté quel que soit le degré d'hydratation du
ciment. En dessous de cette valeur et en fonction du degré d'hydratation, les
pores capillaires se trouvent de plus en plus cloisonnés par le gel de ciment et les
cheminements possibles pour le fluide de plus en plus réduits, au point, dans
certains cas, d'obliger le fluide à traverser le gel.
Le tableau 2.2 donne le coefficient de perméabilité de quelques roches selon
Powers [1958] ou Davis [1969]. On constate que bien que la porosité d'une roche
44

soit en général bien plus faible que celle de la pâte de ciment, sa perméabilité peut
tout de même dépasser celle de la pâte de ciment. Ce fait, au premier abord
surprenant, s'explique par la très petite taille des pores du gel de ciment qui sont
quasi imperméables, alors que les pores du gel contribuent pour une bonne part à
la porosité totale de la pâte de ciment.
Bien que la perméabilité des granulats peut être non négligeable, son influence
sur la perméabilité apparente du béton est en partie limitée par le fait que la pâte
de ciment enveloppe les granulats, ce qui a pour conséquence de les isoler les uns
des autres. Il est même fort probable que les auréoles de transition autours des
granulats accentuent encore leur isolement, car elles constituent autant de petits
canaux susceptibles de drainer le fluide et de favoriser sa circulation. Le fluide a
avantage à contourner les granulats plutôt qu'à les traverser.
La qualité de la pâte de ciment reste donc l'élément majeur à maîtriser si l'on
veut produire des bétons à faible perméabilité. A ce titre, i1 est utile de rappeler
l'effet très favorable de la fumée de silice sur la porosité de l'auréole de transition
(figure 2.6), effet qui se répercute largement au niveau de la perméabilité. A cela
s'ajoute l'influence des diverses sollicitations (directes ou indirectes, mécaniques
ou chimiques) susceptibles d'engendrer des microfissures, qui évidemment
facilitent d'autant la circulation d'un fluide (Kermani [1991], Gérard et al. [1996]).

Porosité [%] Coefficient de


perméabilité [darcys]

1 _ 5.57 ‘

1.28 ' IÛS


Grès1 -
1.9 ' 10'6
Quartzite 2 0.6
Basalt 2 7.7 14'105
Dolomite 2 63 1.0 ' 10"
Calcaire 2 . 10—3

Tableau 2.2 : Porosité et perméabilité de quelques roches denses et peu altérées (1 darcy w 1(T5 m/s,
valeurs indicatives selon lF‘owers [1958] et 2 Davis [1969])

La très faible vitesse de filtration de l'eau à travers le béton rend délicate, voire
impossible dans le cas des BHP, la détermination du coefficient de perméabilité.
Le coefficient de perméabilité d'un béton ordinaire est de l'ordre 10'12 m /s. Cela
implique que de l'eau sous une pression de 5bars met en régime stationnaire
plus de 6 années pour traverser une éprouvette de béton ordinaire de 10 cm
d'épaisseur (la pression correspond à une colonne d'eau de 50 m, les pores sont
admis saturés). Pour cette raison, les mesures ne sont souvent pas réalisées
jusqu'à saturation complète des éprouvettes. On mesure dans ce cas la vitesse de
pénétration du fluide dans l'éprouvette, ce qui nécessite la prise en compte de
l'absorption capillaire, si l'on veut pouvoir interpréter quantitativement ce type
de mesures (ê 2.2.3). L'autre solution consiste à évaluer la perméabilité d'un
45

béton avec un fluide moins visqueux que l'eau, tel un gaz. Dans le cas de la
perméabilité à un gaz, l'équation de Darcy (2.1) reste valable. Toutefois
l'expérience montre que la perméabilité déduite de mesures d'infiltration d'un
gaz est en général passablement différente de la perméabilité déduites de mesures
d'infiltration d'eau ou d‘un autre liquide. Sur ce point deux facteurs ont une
grande influence sur les mesures de perméabilité réalisée avec un gaz :
— la teneur en eau des éprouvettes (aspect déjà évoqué au début du paragraphe);
- la pression d‘essai et la taille des pores.
Les pores du béton contiennent toujours une certaine quantité d'eau, qui dépend
en particulier des conditions ambiantes, de la durée de séchage et des dimensions
de l'éprouvette. Le tableau 2.3 présente en fonction de deux conditions de
stockage des mesures de perméabilité à l'air réalisées par Perraton et al. [1992] sur
trois bétons. La perméabilité mesurée sur des éprouvettes préalablement séchées
dans une étuve est dans le cas de ces mesures 3 fois plus élevée que celle mesurée
sur les éprouvettes restées dans le laboratoire jusqu'aux essais. Cette différence
peut être encore plus élevée si l'on compare des mesures sur éprouvettes
complètement sèches avec de mesures sur des éprouvettes saturées en eau.

COEFFICIENT DE PERMÊABILITÊ
(en 10'“ m?)
E/c
VALEUR MOYENNE ÉTENDUE DE
DISPERSION 0/.)

laboratoire
=etuve
A 7

0.67
—rr-—-

Tableau 2.3 : Perméabilité à l'air de bétons en fonction du rapport E/C et des conditions de séchage
des éprouvettes d'essai (Perraton, Carles—Gibergues et Ai'tcin [1992])

Pour déterminer 1a perméabilité d'un béton à partir de mesures d'infiltration


d'air, il faudrait donc le faire sur des éprouvettes assèchées, afin que les valeurs
mesurées correspondent vraiment à une propriété intrinsèque du matériau. Cette
solution ne s'avère toutefois pas satisfaisante, car l'assèchement des éprouvettes
risque de provoquer des microfissures et par conséquent de modifier sa structure
poreuse. Dans certains cas i1 est même plus utile de connaître la perméabilité à
l'air d'un béton, compte tenu des conditions hygrométriques de l‘ouvrage.
Le second facteur influençant la perméabilité déduite de mesures d'infiltration de
gaz est en rapport avec le phénomène de glissement aux parois des molécules de
gaz. Ce phénomène se produit lorsque le libre parcours moyen des molécules du
gaz n'est plus négligeable par rapport à la taille des pores. A partir d'une certaine
limite, les molécules de gaz peuvent se mettre à heurter plus souvent les parois
46

du pore que les autres molécules de gaz. L'hypothèse d'un éc0ulement visqueux
n'est, dans ce cas, plus valable et la vitesse d'infiltration du gaz s'en trouve
augmentée. Ce phénomène a notamment été étudié dans le cas du béton par
Bamforth [1987], qui a établi qu'il fallait diviser par un facteur de 1 à 100 la
perméabilité déduite de mesures d'infiltration de gaz si l'on s'intéresse à 1a
perméabilité à l'eau. Le facteur de correction diminue plus la pression d'essai et la
taille des pores sont élevées.
On constate donc que la perméabilité dépend en partie du fluide, bien qu'elle soit
sous la forme définie dans l'équation (2.1), une propriété intrinsèque du
matériau. Il est donc préférable lorsque la perméabilité du béton doit être
déterminée avec le plus de précision possible, de le faire avec le fluide que le
béton est destiné contenir. Si cela n'est pas le cas, des facteurs correctifs doivent
être en général appliqués.

2.2.3 L'absorption capillaire

Il faut énormément de temps pour que, partant de conditions hygrométriques


normales, un liquide sous pression pénètre dans le béton, sature ses pores et
qu'un écoulement stationnaire à travers l'élément s‘établisse. Dans la plupart des
cas le chemin de percolation est trop long et la sollicitation du fluide insuffisante
(pression amont) pour qu'un écoulement saturé s'établisse dans toute l'épaisseur
d'un élément. Il subsiste en général une zone non saturée, dans laquelle le
liquide est mu par les forces capillaires et une zone où l'eau circule
essentiellement sous forme de vapeur pour apparaître à la surface aval de
l'élément, qui reste en apparence sèche (voir â 2.2.4).
L'absorption capillaire est décrite localement sous une forme comparable à
l'équation de Darcy (Hall [1994]) :
_.
v = —K(9)' grad (“1(9) + h) (2.5)

v : vitesse de filtration du fluide absorbé [m /s]


9 : volume de liquide contenu dans le matériaux [ms/m3]
K(9) : perméabilité non saturée ou conductivité du fluide [m/s]
MG) : potentiel capillaire [m]
h : cote du point [m]

La conductivité K et le potentiel capillaire w dépendent à la fois du milieu et du


fluide. Les deux valeurs sont fortement dépendantes du contenu en fluide du
matériau; K est une fonction croissante (les premiers pores se remplissant sont les
plus petits, donc les moins perméables), tandis que w est une fonction
décroissante (à saturation w = 0). Dans le cas de l'eau, si 6S est le volume de liquide
à saturation, on a K(9 = 95) = Kw, soit le coefficient de perméabilité de
l'équation (2.2). La formule de conversion entre les conductivités de deux fluides
est la suivante (la formule suppose que les deux fluides n'interagissent pas avec
47

le béton et néglige l'influence de l'eau pouvant être déjà contenue dans les pores;
elle découle de la formule (2.3)) z

H1 /p]
K = 'K (2.6)
2 H2 /pz l

u : Viscosité dynamique [Pa-s]


p : la masse volumique [kg/m3]
Le potentiel capillaire w équivaut, d'un point de vue physique, à l'énergie
nécessaire pour extraire du matériau poreux une unité de masse du liquide, tout
en lui faisant garder la même cote. La succion capillaire étant proportionnelle à la
tension superficielle du fluide, on en déduit la formule de conversion suivante
entre le potentiel capillaire de deux fluides différents :

:52/92.
W2 (SI/p] W1 ( 2. 7)

01 et 62 : tension superficielle des deux fluides [N/m]

La vitesse dans l'équation (2.5) a le même sens que celle découlant de l‘équation
de Darcy (2.1) ou (2.2) : il s'agit d'une Vitesse fictive de filtration. Contrairement
au cas d'un écoulement saturé, 1e débit traversant une surface fermée n'est pas
nul dans le cas de l'absorption capillaire. les pores se remplissent
progressivement d'eau et constituent donc des puits internes à prendre en
considération dans l'équation de continuité (voir plus loin l'équation 2.10).
On trouve encore peu d'informations dans la littérature sur les fonctions K(6) et
“1(6) dans le cas du béton, car ces valeurs ne sont pas aisées à mesurer. Dans le cas
de nombreux essais d'absorption, l'hypothèse est encore faite que la succion
capillaire s'exerce sur un front saturé. Cette simplification équivaut à admettre
un potentiel capillaire constant au front d'absorption (wf), entraînant un
écoulement laminaire saturé en dépression (équations (2.1) ou (2.2)). Cela se
produirait effectivement si tous les capillaires avaient la même taille et étaient
parallèles. Cette hypothèse permet de reproduire de manière satisfaisante une
bonne partie des phénomènes de transport capillaire unidirectionnels rencontrés
dans la pratique. Elle se justifie d'une part par la grande sensibilité des fonctions
K(6) et “1(9), qui a pour conséquence que 6 augmente effectivement de manière
abrupte dans 1a zone d'absorption, et d'autre part, par le fait que dans les deux cas,
si la répartition initiale de l'humidité dans le béton est uniforme, la quantité de
liquide absorbée évolue avec la racine carrée du temps et peut s'exprimer sous la
forme bien connue :

w = MW (2.8)
w : le volume de fluide adsorbé par unité de surface [m3/m2]
M : le coefficient d'absorption [m /80's]
t : le temps compté à partir du début de la période d'absorption [s]
48

Le coefficient d'absorption M est relativement facile à mesurer et l'on trouve


dans la littérature de nombreuses indications sur sa valeur pour différents
fluides. Il dépend non seulement du matériau et du fluide, mais aussi fortement
de l'humidité initiale de l'éprouvette (en fait 6).
Le potentiel capillaire du front d‘absorption (wf) peut être déduit du coefficient
d'absorption si l'on connaît la fraction volumique de l'eau qui peut être absorbée
jusqu'à saturation et le coefficient de perméabilité (Hall [1994]) :
M2

Wr = 2fK ( 2.9)

w, : potentiel capillaire du front fictif d'absorption [m]


M : coefficient d'absorption [m /s°‘5]
f : fraction volumique pouvant être absorbée jusqu'à saturation [-]
K : coefficient de perméabilité [m/s]

L'hypothèse du front capillaire saturé fait perdre passablement de sens physique


aux divers paramètres, qui ne sont valables que pour un matériau, un fluide et
des conditions hygrométriques initiales donnés.
Pour donner un ordre de grandeur, le coefficient d'absorbtion d'eau Mw pour un
béton ordinaire dont le taux d'humidité initial est de 65%, est de l'ordre de
0.25.104 m/s°'5 (CEB—FLP [1993]). En admettant un coefficient de perméabilité Kw
de 10'nm/s et une fraction volumique d'eau f de 0.1, le potentiel capillaire ww,
déduit de l'équation (2.9) est de plus de 3000 m. Cela signifie que la succion
capillaire équivaut dans ce cas à une pression d'eau supérieure à 300 bars!

2.2.4 Évaluation et limitation des infiltrations traversant un mur non fissuré

Pour estimer le débit s'infiltrant à travers un élément en béton, il est nécessaire


de compléter les équations dynamiques données aux paragraphes 2.2.2 et 2.2.3, par
une équation de continuité, traduisant le principe de conservation de la masse.
Dans le cas général (fluide compressible ou non, écoulement permanent ou non
permanent), l'équation de continuité peut être exprimée sous la forme locale
suivante :

Ê—Î + div(p\7) =qu (2.10)

masse volumique du fluide [kg/m3]


5°<I""'D

temps [s]
vitesse de filtration du fluide [m/s]
débit massique par unité de volume d'un puits (valeur
négative) ou d'une source (valeur positive) [kg/s/ms]

Dans le cas d'un problème d'infiltration sous forme gazeuse, il est encore
nécessaire d'ajouter une équation d'état, caractérisant 1e gaz. L'équation des gaz
parfaits est à ce titre la plus couramment admise :
49

B = rT (2.11)
p

p : pression du gaz [Pa]


r : constante individuelle du gaz U / kg / °K]
T : température du gaz [°K]

Pour le reste, l'écoulement est admis dans la plupart des cas isotherme et la
structure poreuse du béton indépendante de la pression du fluide.
Si l'on se limite au cas d'un écoulement permanent, saturé et unidirectionnel
d'eau à travers un mur (figure 2.8a), le débit par unité de surface de mur, que l'on
peut déduire des équations (2.2) et (2.10), prend 1a valeur suivante :

Qv = KWËIJLËÀ
h
rmflmo

: débit volumique par unité de surface [m3/s/m2]


<

: charge hydraulique sur la face amont du mur [m]


2 : charge hydraulique sur la face aval du mur [m]
: épaisseur du mur [m]

® Pennéation

© Absorption capillaire
® Difi‘usion et absorption capillaire (HR<100%)

Figure 2.8 : Ecoulement unidirectionnel d'eau à travers un mur en béton non fissuré
a) écoulement saturé sur toute l'épaisseur
b) écoulement avec un front de saturation à l'intérieur du mur et une évaporation
de l'eau se faisant à la surface du mur
c) écoulement avec évaporation de l'eau avant qu'elle n'atteigne la surface

Le régime d'écoulement permanent saturé ne peut s'établir que si la face aval est
immergée ou si l'évaporation à l'aval du mur est inférieure au débit donné par
l'équation (2.12). Si cela n'est pas le cas, l'écoulement en régime permanent
s'établit avec un front de saturation à l'intérieur du mur et l'eau ne s'écoule pas à
la surface du mur. Celle-ci reste toutefois plus ou moins humide, tant que le
contenu en eau des pores du béton proche de la surface dépasse celui
correspondant à un équilibre avec un humidité relative à 100 °/o (figure 2.8b).
50

Dans ces conditions, l'écoulement entre le front de saturation et la surface du


mur est mu par les forces capillaires (équation (2.5)).
A partir du moment ou la quantité d'eau contenue dans les pores passe en
dessous de la valeur correspondant à un équilibre avec une humidité relative de
100 %, le front d‘évaporation se déplace à l'intérieur du mur et l'eau diffuse sur
une certaine épaisseur à partir de la face aval du mur (figure 2.8c). Comme on
peut le déduire de la figure 2.8 , le débit s'écoulant à travers un mur augmente, à
mesure que le front de saturation s'éloigne de la face aval du mur. Le débit déduit
de l'équation (2.12) constitue donc une valeur minimum indépendante des
conditions climatique à l'aval. Lorsque l'écoulement n'est plus saturé sur toute
l'épaisseur du mur, 1e débit est d'autant plus important que l'air est sec, que la
température et le vent sont élevés à l'aval du mur.

, , Relative .
humidity 100 oler cent
l 2 î

L
To use xhis chart:
E
(1) Enter with air temp- “E
erature, move up to \
‘9’
o

relative humidin g?
(2) Move righlto C
lb/ftz/hr

concrete temperature 9
(3) Move down to æ
wind velocity a 2.0
(4) Movelefr, read a
N
approx. rate of >
évaporation tu
..
O
w
..
(U
a:

Figure 2.9 : Débit maximum pouvant s'évaporer à la surface d'un mur en fonction de la température
du mur, de la température et de l'humidité relative de l'air, ainsi que de la vitesse du
vent (Murdock et al. [1979])

L‘évaporation à la surface d'un élément en béton lorsqu'un film d'eau s'est


formé peut être évaluée au moyen de l'abaque de la figure 2.9, que l'on trouve
dans diverses publications traitant du risque de dessèchement des surfaces
fraîchement bétonnées et non protégées. Pour qu'un élément puisse être admis
étanche, il faut au moins que le débit d'infiltration donné par l'équation (2.12)
51

soit inférieur au débit donné par la figure 2.9. Si cela n'est pas le cas l'eau s'écoule
à la surface du mur.
A titre d'exemple, prenons le cas relativement défavorable d'un local sans vent,
dont l'humidité relative est de 80% et dont la température, en équilibre avec celle
des murs, est de 12 °C (conditions climatiques typiques d'un sous-sol non chauffé
et relativement peu ventilé). Selon l'abaque 2.9, le débit maximum d'évaporation
à la surface des murs est de 0.03 kg/h/m2 (8.3.10‘9 m3/s/m2). Si les murs ont une
épaisseur de 10 cm et le béton une perméabilité I<w = 10'12 m/s, il faudrait d'après
l'équation (2.12) que la charge hydraulique appliquée à leur face amont atteigne
830 m pour que l'eau ruisselle à la surface des murs! Autant dire qu'il est très peu
probable d‘avoir des problèmes d'infiltration d'eau sous forme liquide à travers
la porosité du béton. En pratique, les problèmes d'absorbtion capillaire et surtout
de condensation sont plus important que les problèmes de perméation d'eau.
Lorsque des gouttelettes d'eau sont visibles à la surface d'un mur, il s'agit dans la
plupart des cas d'un problème de condensation (Lohmeyer [1991]).

2.3 Infiltrations à travers les fissures

2.3.1 Comportement du béton en traction, formation et ouverture des fissures

Le comportement du béton en traction jusqu'à la formation complète d'une


fissure a été décrit de manière rationnelle par Hillerborg et al. [1976]. Abstraction
faite des effets différés, plus ou moins important suivant la vitesse de mise en
charge, 1e béton a un comportement à peu près élastique linéaire au début d'une
mise en charge (figure 2.10). Cette linéarité ne se prolonge toutefois pas jusqu'à la
charge ultime. Bien avant que cette dernière ne soit atteinte (point A), le courbe
s'infléchit progressivement, sous l'effet de microfissures qui se développent de
manière répartie dans le béton. Un peu avant la charge maximum (point B), les
microfissures tendent à se localiser dans une zone aux dimensions finies. Une
entaille volontairement réalisée ou une fissure superficielle ayant pour origine le
gradient hydrique dû au séchage du béton, sont naturellement autant de
singularités qui favorisent la localisation des microfissures. La suite dépend
beaucoup des conditions de mise en charge. Lorsque l'essai est conduit en
déformation (traction relachée progressivement), les microfissures se densifient
puis par coalescence forment une macrofissure visible à l'oeil nu (point C). La
rupture est complète, une fois que plus aucun effort ne peut être transmis de part
et d'autre de la fissure (point D). Lorsque l'essai est conduit en force (traction non
relachée), la rupture totale est immédiate au moment où la charge maximum est
atteinte (point B).
52

Defonnation

(b)

l Microcracking Micro-
* cracEîng
zen l
Traction-froc crack. a0 bñdging 10m

Fracture process zone, lP

Figure 2.10 : Comportement à la traction d'une éprouvette préfissurée (Karihaloo [1995])


a) évolution de la charge jusqu'à la séparation complète des deux faces de la fissure
b) différents états de fissuration du front de propagation de la fiSSure jusqu'au point où
elle ne transmet plus de traction

Pour modéliser le comportement en traction du béton jusqu'à la formation


complète d'une fissure, Hillerborg a proposé un modèle de fissure fictive
("fictitious crack model" ou FCM), dont le principe est donné à la figure 2.11. La
déformation d'un tronçon d'élément comprenant une zone de rupture (une
fissure) est décomposée en une déformation répartie correspondant à un tronçon
non fissuré et une ouverture de fissure (W) égale à l'élongation d'un tronçon
comprenant la fissure (MA) moins l'élongation d'un tronçon de même longueur
ne comprenant pas de fissure (MA) :

w = [A — (B (2.13)
La zone de rupture est donc réduite a deux plans d'ouverture w. Le
comportement mécanique de la zone de rupture est décrit par une relation entre
la contrainte transmise d'un plan à l'autre et l'ouverture de fissure (relation o(w)
de la figure 2.11). Le processus complet conduisant à la rupture de l'élément
consomme une certaine quantité d'énergie donnée par l'intégrale de la force de
traction fois l'élongation de l'élément. Cette énergie ce décompose en une énergie
53

par unité de volume dissipée dans le béton non fissuré (formation des
microfissures) donnée par l'air enceint dans le diagramme contrainte-
déformation d'une zone non fissurée, ainsi qu'en une énergie par unité de
surface de rupture donnée par l'air sous le diagramme donnant la contrainte
transmise par la fissure fictive en fonction de son ouverture (énergie de rupture
CF en J/mz).
Bien que le modèle de fissure fictive en fait abstraction, il est important de garder
à l'esprit qu'une fissure se forme dans une bande présentant une certaine
épaisseur (de l'ordre de 1.5 à 4 fois le diamètre maximum des granulats suivant le
type de chargement). Une fissure présente de nombreux dédoublements,
ramifications puis regroupements principalement au gré de la position des
granulats, qui peuvent être plus ou moins déchaussés.

loAlA l.“

l —
A l —
B
—> ,‘I
l
fracture zoo:

't

A A

Elongotion , Al
Ü 6

'x ‘t

Stroin €=Alall w:AlA-Ala

Figure 2.11 : Décomposition de la déformation totale d'un élément de béton en phase de fissuration
en une déformation répartie dans le béton non fissuré [%o] et en une ouverture de fissure
localisée [mm] (modèle de fissure fictive, Hillerborg [1983])

La notion d'ouverture de fissure peut varier d'un chercheur à l'autre. Tous ne se


réfèrent pas au modèle d'Hillerborg pour définir l'ouverture d'une fissure.
Nombreux sont ceux qui préfèrent se référer à l'ouverture visible d'une fissure,
valeur plus faible que celle découlant de la relation (2.13). Il est donc nécessaire
lorsque l'on traite le problème de la fissuration ou que l'on veut comparer des
5.;

résultats d'essais de diverses provenances de bien faire la distinction entre une


ouverture de fissure fictive et une ouverture de fissure visible en un point :
- L‘ouverture de fissure fictive (w) découle du modèle d'Hillerborg et peut être
définie comme la somme des ouvertures de toutes les microfissures et
ramification de fissure mesurées le long d'une ligne perpendiculairement au
plan de rupture (équation (2.13)).
— L'ouverture de fissure visible (w,) est celle que l'on peut mesurer au moyen
d'une loupe ou d'un microscope gradué en se plaçant sur la fissure la plus
marquée (la plus visible) de la zone de rupture.
- ‘E‘\

ü.

à ä ;_
i .' (Ms

g. à

Photo 2.1 V Tronçon d'une fissure à la surface latérale d'un élément d'essai testé dans le cadre de ce
projet (l'effort de traction agit horizontalement)

L'ouverture de fissure fictive présente l'avantage d'avoir une définition claire et


univoque. Sa mesure peut être facilement réalisée au moyen d'un capteur
inductif ou d'une jauge oméga disposé à cheval sur la zone de rupture, si possible
sur une base de mesure ni trop grande afin de pOuvoir négliger la déformation
du béton entre les deux points de mesures (dans ce cas w a MA), ni trop petite afin
d'être sûr que toute la zone de rupture soit comprise entre les points de mesure.
La définition de l'ouverture visible pose par contre certains problèmes pratiques.
Sa valeur dépend en bonne partie de l'opérateur et des règles qu'il s'est données.
55

La photo 2.1 montre une fissure à la surface d'un élément testé dans le cadre de
cette recherche (Mivelaz et al [1995]). La question se pose déjà de savoir à quelles
endroits les mesures doivent être réalisées. Si l'on voulait être parfaitement
objectif, les sections de mesure devraient être choisies de manière aléatoire et
réparties le long de la fissure. En procédant de la sorte, le risque est toutefois
important d'être conduit à mesurer l'ouverture d'une fissure en des endroits où,
par ramification, elle tend à disparaître. Dans ces cas, i1 est permis de douter de la
représentativité de telles mesures, car un observateur, appréciant de manière
globale l'ouverture d‘une fissure, est surtout sensible aux tronçons les plus
ouverts. La question se pause aussi de savoir si une mesure optique doit être faite
en tout point perpendiculairement au tracé d'une fissure ou si elle doit être faite
systématiquement dans la direction de la sollicitation (comme dans le cas de
l'ouverture fictive).

a) b)

Werle wmÿ, in mm

Légende:
cessais serie C-1
aessais serie C-2
Ouvertures de fissures
-Iues à la loupe w”,L
-lues avec le def.
inductif 0100 w“,
Wm 0

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 [mm l


Werle wm’, in mm

Figure 2.12 : Corrélation entre des ouvertures de fissure visibles (mesures à la loupe) et des
ouverture de fissure totale (mesures au moyen de capteur électrique)
a) Iaccoud et Charif [1985]
b) Meichsner [1992] (wm : valeurs mesurée à la loupe, wm : valeurs mesurées au
moyen d‘un capteur)

Quelques chercheurs ont réalisé simultanément des mesures d'ouvertures de


fissure fictives (mesures au moyen de capteurs) et visibles (mesures à la loupe).
La figure 2.12 donne les corrélations établies par Iaccoud et al. [1985] et par
Meichsner [1992]. Selon Iaccoud, si l'on se limite aux fissures dont l'ouverture
fictive est inférieure à 0.5 mm, l'ouverture visible est de l'ordre de 0.04 à 0.1 m m
plus faible que l'ouverture fictive. Selon Meichsner la différence peut atteindre
0.2 mm. En ce qui concerne les essais réalisés dans le cadre de cette recherche, les
mesures d'ouverture à la loupe étaient en moyenne 6% inférieures à celles
mesurées au moyen des capteurs de déformation (jauges Q). Cette différence peut
paraître relativement faible comparée aux valeurs présentées à la figure 2.12. Elle
s'explique toutefois par le fait que les sections de mesure à la loupe n'étaient pas
56

choisies aléatoirement, mais systématiquement aux points ou les fissures


paraissaient les plus ouvertes et les plus nettes. Si les points correspondant à ce
critère étaient insuffisants ou mal répartis le long d'une fissure, l'ouverture des
différentes branches, toujours mesurées dans la direction de 1a sollicitation,
étaient sommées (Mivelaz et al 95).
Pour notre part, les mesures d'ouvertures de fissures fictives nous paraissent plus
fiables et plus reproductibles, donc préférables, même si elles ne correspondent
pas tout à fait aux ouvertures de fissures visibles auxquelles la plupart des
normes et publications concernant la fissuration d'éléments en béton armé se
réfèrent (l'ouverture fictive constitue une borne supérieure de l'ouverture
visible). Ce choix a l'avantage de faciliter le lien entre les mesures de fissuration,
l'analyse numérique de la fissuration et divers autres aspects liés à 1a fissuration
comme en particulier, pour ce qui nous concerne, les infiltrations à travers les
fissures. Sauf indication du contraire, c'est cette notion de fissure fictive qui est
entendue lorsque le terme ouverture de fissure est utilisée dans cette thèse.
Le modèle de fissure fictive d'Hillerborg ne s'applique pas qu'à des problèmes de
traction pure. Ils peut être utilisé à chaque fois qu'une fissure s'ouvre
perpendiculairement au plan de rupture (mode I de rupture), ce qui est le plus
souvent le cas. Lorsqu'une fissure est cisaillée le modèle doit être adapté ou
modifié suivant l'importance du cisaillement (mode II et D1 de rupture seuls ou
en combinaison). Suivant le type de problème, il peut s'avérer nécessaire
d'ajouter des lois de décharge, tant pour les zones non fissurées que pour une
fissure en phase de formation.

wl = 2;}; — 0.15wc

w, _ «vif
0.00015 sa W1 Wc W

Figure 2.13 : Diagrammes contrainte - déformation et contrainte - ouverture de fissure proposés dans
le code modèle CEB-FIP [1993] (Bd: module d'élasticité tangent à l'origine, fdm:
résistance moyenne à la traction directe, dmx: diamètre maximum des granulats)

Diverses propositions ont été faites pour paramétrer le comportement du béton


en traction sur la base du modèle de fissure fictive. Le comportement du béton en
dehors des zones fissurées est souvent admis élastique linéaire jusqu'à la
57

localisation et 1e début de l'ouverture de la fissure. Il est entièrement caractérisé


dans ce cas par un module d'élasticité (Et) et une résistance a la traction (f‘), qui
constitue le critère d'initiation de la fissure. On néglige dans ce cas l'influence des
microfissures apparaissant de manière répartie dans le béton et l'énergie dissipée
en dehors des zones de rupture. Pour tout de même tenir compte de cet aspect, le
code modèle CEB—FIF [1993], par exemple, prOpose une loi bilinéaire, présentée à
la figure 2.13.
Pour le comportement pendant la phase d'ouverture de la fissure, une relation
bilinéaire est le plus couramment utilisée (figure 2.13). L'aire sous-jacente aux
deux droites doit correspondre à l'énergie de rupture GF. Cette dernière s'obtient
le plus souvent au moyen d'essais de flexion ou de fendage, par intégration de la
courbe charge-déformation enregistrée lors de tels essais. Les autres paramètres
sont plus délicats a déterminer. Ils sont dans certains cas obtenus par calibrage
numérique sur les courbes charge-déformation enregistrées pour 1a
détermination de CF (Roelfstra et al. [1986]). Au moyen de cette méthode et sur la
base d'environ 200 essais de fendage, Brühwiler [1993] propose une relation
bilinéaire avec les valeurs 61, w1 et wc suivantes, calculées à partir de la résistance
ft et l'énergie de rupture GF, qui doivent être déterminées expérimentalement z

<51 = 0.33 ft

w1 = 0.8 È (2.14)

wc = 3.6 à
f

Ces valeurs sont valables pour des bétons dont de rapport ft/GF est compris entre
10 mm'1 et 40 mm‘l. Elles sont typiques des bétons dont le diamètre maximum des
granulats est compris entre 16 et 36 mm (bétons de structure).
La relation proposée dans le code modèle CEB—FIP [1993] est aussi de type
bilinéaire, ces paramètres sont définis à la figure 2.13.
Dans le contexte de cette recherche, il est utile de mentionner que le
comportement après localisation d'une fissure peut être affecté par la pression du
fluide à contenir si celui-ci peut pénétrer la zone de fissure en phase de formation
(Brühwiler et al. [1990]).
D'autres types de modèles ont été proposés pour reproduire le comportement du
béton en traction avant et pendant la formation d'une fissure. Pour 1e problème
des infiltrations à travers les fissures qui est étudié dans cette recherche, 1e
modèle de fissure fictive présente l'avantage de discretiser et quantifier
l'ouverture des fissures.
Pour analyser le comportement d'un élément de structure sollicité en traction
pure se posent encore plusieurs problèmes liés aux autocontraintes et préfissures
engendrées lors de la prise du béton et lors de sa dessiccation (déjà évoquées au
paragraphe 2.1.3), à 1a présence de l'armature, ainsi qu'à l'évolution dans le
58

temps et à la variabilité spatiale des propriétés du béton. La résistance apparente


d'un élément est pratiquement toujours plus faible que la résistance mesurée sur
éprouvettes (ft). Elle est d'autant plus faible que la variabilité dans les propriétés
du béton et que les dimensions de l'élément sont grandes (effet de taille) ou que
les gradients thermique lors de la prise et hydrique à plus long terme sont
importants. L'influence de la taille de l'élément est en partie liée à
l'hétérogénéité du béton (effet statistique) et à 1a taille relative des fissures par
rapport à la taille de l'élément (effet géométrique). Ces effets de taille ont
notamment été étudiés par Bazant et al. [1991], Rossi et a1. [1992], Carpinteri et al.
[1994], Wittmann et al [1994]. D'autre part, si aucune mesure particulière n'est
prise, plus l'élément est épais, plus l'élévation de la température lors de la prise
du béton est élevée et plus le gradient thermique est importants. Cela a pour
conséquence qu'un élément épais, même libre de se déformer, est plus facilement
et plus profondément préfissuré qu'un élément mince (Rostâsy et al. [1985] [1990]
et d'autres).
La prise en compte dans un cas concret de tous ces paramètres est délicate
puisqu'il est nécessaire de quantifier la variabilité des caractéristiques du béton, de
prendre en considération la présence des barres d'armature, ainsi que de simuler
la prise et le séchage de l'élément. Pour les cas courants, la résistance apparente à
la traction d'un élément en béton est évaluée sur la base de formules empiriques
du type:
N
ft’app = A—' = ’1']t o nh
C

: résistance moyenne à la traction directe du béton [N / mmz]


: résistance apparente à la traction du béton [N /mmz]
: effort de fissuration (traction) [N]
: air de la partie tendue de la section de l'élément [mmz]
'r]t : coefficient fonction de l'âge du béton permettant de tenir compte
de l'évolution dans le temps de sa résistance (<1 pour un béton plus
jeune que 28j) [-]
11h : coefficient fonction de l'épaisseur de l'élément permettant de tenir
compte des autocontraintes et préfissures (<1) [-]

Plusieurs formule de ce type ont été proposées notamment par Rostäsy [1985],
Schiessel [1985] et Iaccoud [1988] et sont à la base de formules de
dimensionnement de l'armature minimale de diverses normes, dont la norme
SIA 162 [1989] (le nombre de coefficient peut varier d'une formule à l'autre). Ce
type de formule, qui prend en considération de manière forfaitaire et globale les
divers influences sur la résistance à la traction apparente d'un élément, est
pratique pour estimer le risque d'apparition de fissures traversantes sous
sollicitation de traction pure et l'effort dans les barres d'armature au niveau des
fissures, nécessaire à l'estimation de l'ouverture probable des fissures. Elles
présentent toutefois le désavantage de ne prendre en considération que l'effet de
59

l'épaisseur d'un élément sur sa résistance apparente, alors que les autres
dimensions, tel sa longueur, ont naturellement aussi une influence Sur sa
résistance apparente. Le béton n'est caractérisé que par sa résistance moyenne sur
éprouvettes, alors que la dispersion sur cette valeur a aussi une influence non
négligeable. Les mesures éventuellement prises pour éviter les fissures dues aux
gradients thermiques et hydriques ne peuvent pas être prises en compte.
Finalement, elles ne donnent aucune indication sur la courbe de "softening"
après la localisation de la fissure qui peut suivant les cas (éléments épais par
exemple) avoir une certaine importance comme on 1e verra plus loin (fissuration
secondaire, chapitres 3 et 5).

2.3.2 Influence de l'armature passive sur la fissuration

L'armature a naturellement pour fonction majeure de reprendre les efforts de


traction lorsque le béton se fissure. Subsidiairement, elle permet de contrôler
l'ouverture des fissures. Le comportement à la fissuration d'éléments en béton
armé sollicités à la traction a été spécifiquement étudié dans le cadre de cette
recherche par Farra [1995]. La courte synthèse qui suit est inspirée de son travail.
Elle se limite aux aspects concernant le mécanisme d'adhérence entre le béton et
les barres d'armature et sa prise en considération dans l'analyse d'une structure,
en particulier dans l'analyse de son état de fissuration.

éprouvette
sens du bétonnage
mesure des F/4
O O Ct moule Ah îF/4 déplacements
fixation i

douille en
plastique Ë
COUPE A-A A44
plaque d’ assise
en caoutchouc
ép. 5 mm h:

Figure 2.14 : Schéma de l'essai d'adhérence "pull-out test" recommandé par la RILEM [1978]
(Farra [1995])

Le mécanisme de transmission des forces entre une barre d'armature nervurée et


le béton a été décrit par Rehm [1961]. Pour fixer les idées, on peut partir de l'essai
d'adhérence "pull.out test" (figure 2.14), consistant à tirer progressivement sur
une barre prise dans un cube de béton et à mesurer le déplacement relatif par
, confinement

Figure 2.15 : Mécanisme d'adhérence et schéma de la relation complète d'adhérence (Eligehausen


et al. [1983], adaptation Farra [1995])

rapport au cube de son extrémité libre (le glissement). Si la longueur d'ancrage est
suffisamment petite (environ 3 à 5 diamètres), la contrainte d'adhérence peut être
admise constante sur la longueur d'ancrage et déduite de la relation suivante :
F
T = _—— 2.16
n Q Lb ( )
rond

: contrainte d'adhérence [N/mmz]


: force appliquée sur la barre d'armature [N]
: diamètre de la barre [mm]
: longueur d'ancrage de la barre d'armature [mm]
61

Au début de l‘essai, la force est transmise par la liaison physico-chimique


d'adhésion entre le béton et l'armature, le glissement est nul (s = 0).
Après mobilisation de la contrainte d'adhésion, les nervures butent sur le béton
et commencent à l'écraser (figure 2.15). Le glissement émane alors de
l'écrasement des bielles de béton et de la naissance de fissures internes autour de
la barre. L'adhérence découle des forces de butée et du frottement entre les
nervures. La contrainte d'adhérence définie à l'équation (2.16) équivaut à la
composante parallèle à l'axe de 1a barre des contraintes rapportées à la surface de
la barre. Une description complète du mécanisme d'adhérence comprend encore
une contrainte radiale, qui est susceptible de provoquer des fissures
longitudinales à la barre et de décoller le béton des faces de la barres (Goto [1971]).
En augmentant toujours la force, les bielles de béton entre les nervures sont peu à
peu cisaillées, ce qui se traduit par une nette réduction de 1a pente de la courbe
donnant la relation entre la contrainte d'adhérence et le glissement (point B de la
figure 2.16). Enfin si le confinement est suffisant, on atteint la contrainte
maximale d'adhérence (point C), puis on observe une branche descendante où la
contrainte résiduelle correspond à la friction le long de la zone de béton cisaillée.
Plusieurs chercheurs ont étudié numériquement le mécanisme d'adhérence
(Lutz [1970], Rots [1989], Yao et al. [1993] [1995] et d'autres). Ces études prennent en
considération les nervures des barres et sont basées uniquement sur des lois
fondamentales caractérisant le comportement des deux matériaux. Elles ont
permis de reproduire la plupart des observations expérimentales: la formation et
l'orientation des fissures autour des barres, le décollement progressif du béton des
barres et la formation à des niveaux de charge élevés des fissures longitudinales.
Ces approches sont séduisantes car elles font appel à peu de paramètres.
Toutefois, la modélisation ne peut être que tridimensionnelle et chaque barre
doit être modélisée avec ses nervures. Elles n'ont donc été appliquées qu'à des cas
simples, dans le but d'étudier de manière fondamentale les divers paramètres ou
phénomènes pouvant influencer le mécanisme d'adhérence.
Pour l'étude d'une structure ou d'un élément de structure, deux approches plus
simples sont pour l'instant préférées (Rots [1991]) :
- l'analyse globale de l'interaction entre les barres d'armature et le béton par le
biais de lois constitutives modifiées pour les deux matériaux prenant en
considération leur interaction (par exemple Belarbi et al.[1994]);
- l'analyse discrète de la fissuration basée sur une loi d'adhérence r(s) découlant
d'un essai tel que décrit plus haut (les contraintes radiales sont dans ce cas
négligées).
La première approche permet d'étudier le comportement structurel d'un ouvrage
en béton en tenant compte des effets de la fissuration et de l'influence des barres
d'armature (redistribution d'efforts, déformations). Une variante ou un cas
particulier de cette approche constitue l'approche moment courbure du
CEB [1993] (Favre et al. [1994]).
62

La seconde approche est utile lorsque l'on s'intéresse à la localisation et à


l'ouverture des fissures, voire au mode de rupture d'un élément en béton armé.
Pour le problème qui nous concerne c'est donc cette approche qui est la plus
intéressante. Elle présente l'avantage de permettre des analyses uni— et
bidirectionnelles. Reste qu'il ne faut pas perdre de vue que la relation
d'adhérence définie sur la base de la formule (2.16) et établie à. partir d'essais du
type de celui décrit à la figure 2.14 traduit le comportement global apparent de la
liaison béton-armature. Elle fait en particulier abstraction de la zone fissurée
entourant la barre d'armature, de la contrainte radiale et des fissures pouvant
éventuellement se former 1e long des barres. L'influence de ces phénomènes est
prise en considération de manière globale dans la relation d'adhérence. De
nombreuses recherches ont été et sont encore entreprises pour caractériser cette
relation suivant l'enrobage des barres, leur degré de confinement, leur position,
le type de charge (charges cycliques par exemple), le type de barres ou les diverses
caractéristiques du béton (voir notamment la synthèse faite par Farra [1995]). Pour
les problèmes de fissuration sous charges de services (ouverture de fissure et
densité de fissuration), il est généralement suffisant de ne caractériser que la
courbe ascendante de 1a relation d'adhérence. La courbe descendante est surtout
utile pour étudier les problèmes de rupture. La forme la plus courante pour
exprimer 1a courbe ascendante de la relation d'adhérence est la suivante:

1: = asb (2.17)

‘t : contrainte d'adhérence béton-armature [N/mmz]


s : glissement relatif entre la barre d'armature et le béton avoisinant
(béton au-delà de la "chemise plastique" entourant la barre) [mm]
a et b : facteurs caractérisant le béton (et les conditions d'enrobage, etc...) [—]

L'analyse discrète de la fissuration basée sur une loi d'adhérence est en particulier
à 1a base du modèle analytique de calcul des ouvertures de fissure utilisé et étudié
par de nombreux auteurs, dont Rehm [1961], Noakowski [1978], Krips [1985], Van
der Veen [1990], Bruggeling [1991] ainsi que dans le cadre de cette recherche par
Farra [1995] et Iaccoud [1996]. Ce modèle s'applique aux problèmes de fissuration
unidirectionnelle d'éléments relativement peu épais ou dont l'armature est
répartie de manière régulière dans l'épaisseur du mur. Selon ce modèle,
l'ouverture d'une fissure isolée est donnée par la relation suivante:
1
2 1:7.
w = 2. M (2.18)
8aEs(l+pEs/Ec)
.9 2

: ouverture de la fissure isolée [mm]


l’
: contrainte dans l'acier d'armature au droit de 1a fissure [N /mmz]
m'as

: diamètre des barres d'armature [mm]


: taux d'armature [-]
z module d'élasticité de l'acier d'armature [N /mm2]
63

ES : module d'élasticité de l'acier d'armature [N /mmz]


a et b: facteurs de la loi d'adhérence [—]

Le groupe de travail sur les BHP du CEB—FIP propose les valeurs suivantes pour
les facteurs a et b de la loi d'adhérence (Jaccoud et a1. [1996]) :

a = 0.22 fcm
} (2.19)
b = 0.21

fcm : résistance moyenne à la compression du béton sur cylindres [N I mmz]

D'autres chercheurs se sont basés sur des lois d'adhérence pour analyser, souvent
numériquement, des problèmes bidirectionnels de fissuration, comme
Grootenboer [1979] (fissuration d'angles de cadre) ou Braam [1990] (fissuration des
poutres fléchies).

2.3.3 Ouverture critique, à partir de laquelle une fissure traversante se met à fuir
Comme il a été rappelé au paragraphe 2.3.1, la formation d'une fissure de traction
est un processus progressif, commençant par une densification puis une
localisation des microfissures, qui s‘interconnectent jusqu'à former une
macrofissure. La question se pose de savoir à partir de quelle ouverture (fictive)
une fissure se met à fuir ou, autrement dit, à partir de quelle ouverture les
microfissures et fissures interfacielles au niveau des granulats se sont suffisament
interconectées et regroupées (coalescence des microfissures) pour qu'un
écoulement distinct de celui à travers la porosité du béton, s'établisse.
Des essais de pénétration d’eau dans la zone de fracture d’une fissure non
traversante ("fracture progress zone" ou FPZ) ont été réalisés par Brühwiler
et al [1990]. Leurs essais ont montré qu'en quelques minutes le front d'eau infiltre
une bonne proportion de la zone de fracture, sans pour autant complètement 1a
pénétrer. La représentation schématique de leurs observations est donnée à
figure 2.16 b, où le front de pénétration de l'eau correspond au point où la
pression hydrostatique tendant à ouvrir la fissure devient nulle ("uplift pressure"
ou "sous pression"). Ces résultats ne permettent naturellement pas de déduire le
débit à travers une fissure en fonction de son ouverture, puisque dans le cas de
ces essais il n'y a pas de véritable écoulement à travers la fissure. Toutefois, la
valeur relative de la sous pression traduit en quelque sorte la part du plan de la
fissure accessible à l'eau ou, pour ce qui nous concerne, à l'écoulement. Si cette
part est nulle, on peut admettre qu'il n'y a pas d'écoulement à travers la fissure. Il
apparaît donc qu'une fissure ne se met pas dès sa localisation à fuir, elle doit
avoir une certaine ouverture, correspondant probablement au seuil de
coalescence des microfissures en macrofissure. Ce seuil se situe à peu près au
niveau de la cassure dans la représentation bilinéaire de la courbe de "softening",
cassure qui se situe généralement autour de 0.05 mm (figure 2.16 b).
Ces résultats correspondent bien aux observations faites dans le cadre de
recherches ayant spécifiquement étudié le problème des infiltrations à travers les
64

fissures traversantes. La plupart des auteurs dans ce domaine ont observé que le
rapport entre le débit d'infiltration à travers une fissure et celui à travers deux
plans parallèles lisses de même ouverture tend à diminuer avec l'ouverture de
fissure (voire le 52.3.4). Cette observation est cohérente avec la variation de la
proportion du plan d'une fissure accessible à l'écoulement, discutée plus haut.
Tsukamoto [1994], par exemple, donne en plus des valeurs pour ce rapport de
débits qui tendent vers zéro lorsque l'ouverture des fissures tend vers 0.05 à
0.1 rmn. Ces valeurs sont encore confirmées par les observations de Ripphausen
[1989], qui donne une limite se situant autour de 0.05 mm d'ouverture, en
dessous de laquelle une fissure n'est plus traversée par de l'eau sous pression.
En première approximation on peut donc admettre que jusqu'à l'ouverture w1
des figures 2.13 et 2.16, le problème des infiltrations à travers une fissure se
distingue peu du problème des infiltrations à travers la porosité du béton. Dans la
zone de fracture il y a certes une augmentation de la perméabilité du béton liée à
la densification des microfissures. Les vitesses d'infiltration restent toutefois
encore bien plus faibles que celles à travers une macrofissure, que l'on admet se
former après la cassure. Les premier résultats de travaux menés par Gérard et al.
[1996] montrent que le coefficient de perméabilité du béton dans la zone de
fracture augmente d'un facteur probablement supérieur à 100 avant que la
transition entre microfissures isolées et macrofissure (plus ou mois ramifiée) se
fasse (figure 2.10).
Suivant le fluide, en particulier sa viscosité, l'épaisseur du mur et la pression
sollicitante, une fissure dont l'ouverture a dépassé le seuil de coalescence (wl)
peut tout de même rester un certain temps étanche. Le régime permanent
d‘écoulement, atteint une fois que la fissure est saturée par le fluide sous
pression, peut mettre plusieurs heures, voire plusieurs jours, pour s'établir. Cette
phase de transition peut suivant les cas être suffisamment longue p0ur qu'un
ouvrage en béton remplissant une fonction d‘étanchéité de courte durée, comme
c'est le cas de bassins de rétention autour de réservoirs, puisse être admis étanche.
Pour évaluer cette durée de transition ou, autrement dit le temps que va mettre
un fluide donné pour traverser une fissure, il y lieu suivant les cas de prendre en
considération les forces de capillarité (Wômer [1995]). La durée de cette transition
augmente de manière significative si les fissures se referment sous un effort de
compression, qui peut si nécessaire être obtenu au moyen d'une précontrainte
(Wômer et al. [1993]). Il est toutefois bien clair que refermer une fissure ne
signifie pas effacer une fissure. La phase de transition peut aussi présenter un
intérêt pour une étanchéité à long terme, lorsque le fluide, comme c‘est le cas de
l'eau, induit des phénomènes d'autocolmatage. Cette phase de transition peut
amortir dans une large mesure le débit initial à travers les fissures.
Wedge Splitting
Device

Clip Gauge

Soecimen
E Stress Transfer
Water Pressure f Pressure
Transducers Across Crack
omæ—ÿ 51

0' E'l Ê '2 CÛD


TrZhîsdsiÏéârs

Membrane Clamp 0'0 “m: ——————— u Hydrostatic Pressure


Inside Crack

CliD'o COD

Figure 2.16 : Pénétration de l'eau sous pression dans une fissure (Brühwiler et Saouma [1995a])
a) équipement d'essai
b) représentation schématique de la répartition de la pression

2.3.4 Écoulement à travers une fissure traversante

Le problème des infiltrations à travers les fissures traversantes a d'abord été


étudié en mécanique des roches. Dans ce domaine, il s'agit non seulement d'être
en mesure d'évaluer des débits d'infiltration à travers un massif rocheux fissuré
ou à travers une faille, mais aussi dans de nombreux cas d'évaluer la répartition
de la pression d'eau pour des analyses de stabilité. L'ouverture des fissures et, par
conséquent, les infiltrations étant dépendantes de l'état de contrainte du milieu,
l'analyse des infiltrations à travers les fissures d'un massif rocheux doit souvent
être couplée à l'analyse mécanique de ce massif (Wittke [1990], Lee et al [1993]). Les
études réalisées dans les domaines de la mécanique des roches ont souvent été
prises en référence pour le problème des infiltrations à travers les fissures du
béton. Toutefois, dans ce cas, le couplage entre les phénomènes d'infiltration et
les aspects mécaniques n'est en général pas nécessaire. L'état de fissuration d'un
élément en béton armé ou précontraint dépend principalement des charges et des
déformations qui lui sont imposées, ainsi que du taux et de la répartition des
armatures. Les contraintes susceptibles d'être engendrées par la pression d'un
fluide dans une fissure sont généralement faibles comparées aux contraintes
engendrées par les autres formes de sollicitations. Des cas peuvent tout de même
faire exception, en particulier s'il s'agit d'ouvrages peu armés et sollicités par un
fluide sous une pression élevée (cas des barrages, Brühwiler et al [1995a]).
66

Les premières études concernant les infiltrations à travers les fissures


traversantes d'un élément en béton ont été réalisées pour les besoins de
l'industrie nucléaire. Elles devaient permettre l'évaluation des taux de fuite des
enceintes de confinement des réacteurs en cas d'accident. Les fissures en question
peuvent être antérieures à l'accident ou se former suite à 1a montée en pression
de l'enceinte. Pour ce type d'ouvrage, il s'agit d'un problème d‘étanchéité à l'air
ou/et à la vapeur d'eau. Buss [1972] est probablement le premier à avoir réalisé
des mesures d'infiltration d'air sur des éprouvettes en béton.
Le problème, plus conventionnel, des infiltrations d'eau à travers les fissures a
été étudié un peu plus tard. Il ne diffère pas fondamentalement du problème des
infiltrations d'air, à part qu'il y a lieu de tenir compte du phénomène
d'autocolrnatage s'il s'agit, comme c'est souvent le cas, d'étudier des problèmes
d'étanchéité à long terme. Clear [1985] est le premier à avoir réalisé des essais
d'infiltration d'eau à travers des fissures traversantes, incluant une analyse des
phénomènes d'autocolmatage.
Pour l'évaluation du débit d'un fluide compressible s'infiltrant à travers une
fissure, 1a plupart des études partent des hypothèses et des simplifications
suivantes :
-1'écoulement est isotherme;
- l'écoulement est unidirectionnel;
- l'ouverture de fissure est constante dans l'épaisseur de l'élément;
- la vitesse de l'écoulement est définie comme étant le débit volumique divisé
par la largeur et l'ouverture de la fissure.
La première hypothèse a été vérifiée expérimentalement par Greiner et al. [1995]
dans le cas d'infiltration d'air à travers des éléments de 150 à 450 mm d'épaisseur
avec des fissures jusqu'à 1,3 mm d'ouverture et des différences de pression entre
les deux faces jusqu'à 8 bars (voir plus bas). Ils ont montré que les variations de
température à l'entrée, le long et à la sortie d'une fissure étaient suffisamment
faibles pour être négligées. Dans ces conditions, il n'est pas nécessaire d'exprimer
le principe de conservation de l'énergie pour résoudre le problème de
l'écoulement d'un gaz à travers une fissure. Les équations dynamiques, de
continuité et d'état du gaz suffisent.
La dernière hypothèse fait abstraction de la répartition réelle de la vitesse du
fluide dans la fissure. Il s'agit, comme dans le cas d'un écoulement à travers un
milieu poreux, d'une vitesse fictive à ne pas confondre avec la vitesse réelle du
fluide. La section d'écoulement est en réalité plus faible que la section définie à
partir de l'ouverture fictive de la fissure et la répartition de la vitesse dans une
section de fissure n'est forcément pas homogène. La fissure comporte de
nombreux rétrécissements, dédoublements et se développe non pas dans un plan,
mais dans une bande d'une certaine épaisseur (figure 2.17). La simplification est
67

Figure 2.17 : a) Ecoulement réel à travers une fissure


b) ldéalisation de l'écoulement à travers une fissure

toutefois valable si l'on s'intéresse aux caractéristiques moyennes de


l'écoulement et si l'énergie cinétique du fluide s'écoulant est faible (pvz / 2 N O). La
dernière condition est généralement vérifiée et conduit même dans la plupart des
cas à ne pas se préoccuper des transformations de pression en énergie cinétique et
vice-versa à l'entrée et à la sortie de la fissure.
L'équation dynamique de l'écoulement peut être établie en appliquant à une
fissure de largeur unitaire le théorème des quantités de mouvement
(Comolet [85]) à une petite tranche dx de fluide (figure 2.17b) :

wd(pv2) = —w dp — 2ro dx (2.20)

p : masse volumique du gaz [kg/m3]


w : ouverture fictive de la fissure [m]
v = qv/w : vitesse débitante du gaz [m/s]
qv : débit volumique du gaz par unité de largeur de fissure [m3/ s/ m]
p : pression du gaz (absolue) [Pa]
1° : frottement par unité de surface de fissure [Pa]

L'équation de continuité, exprimant le principe de la conservation de la masse,


prend, si l'on néglige la quantité de fluide s‘infiltrant dans la porosité du béton, la
forme suivante :

pwv = q = Cte (2.21)

q : débit massique par unité de largeur de fissure [kg / s/m]


68

Finalement, la loi des gaz parfaits est en général admise pour l'équation d'état :

B = rT (2.22)
p

r : constante individuelle du gaz [J/kg /°K]


T : température du gaz [°I<]

Le principal objectif des recherches concernant les infiltrations à travers une


fissure a été de déterminer expérimentalement le frottement par unité de surface
de fissure. Les autres inconnues du problème - soit les répartitions le long d'une
fissure de la pression, de la masse volumique et de la vitesse débitante - se
déduisent des équations (2.20), (2.21) et (2.22).
Le plus souvent, le frottement r0 est exprimé sous la forme suivante, bien connue
en mécanique des fluides lorsqu'il s'agit d'évaluer la perte de charge le long
d'une conduite (Comolet [1982]) :

Apv2
‘c o =——
4 2 (2.23 )

A : coefficient de frottement de la fissure [-]

La valeur du coefficient de frottement est admise constante le long d'une fissure,


ce qui permet d'intégrer l'équation (2.20) après s'être servi des équations (2.21),
(2.22) et (2.23) pour exprimer la vitesse v, la masse volumique p et le frottement 1:o
en fonction de la pression p et du coefficient de frottement A. Le résultat est le
suivant :

2 2 AhrT 2 4w p1
_ = —— ln — +1 2.24
p1 p2 2w3 (Ah (p2 ( )

p1 : pression amont (face amont du mur) [Pa]


p2 : pression aval (face aval du mur) [Pa]
h : épaisseur du mur [m]

Ou, si on laisse tomber le premier terme dans la parenthèse qui est négligeable
par rapport à l'unité (Rizkalla et al. [1984]) :

=
2w3(pî—pâ>
—————————
“2 2.25
q [ AhrT ( )

L'équation (2.25) est valable aussi bien pour un écoulement laminaire que
turbulent. Dans le cas des conduites, auxquelles les développements qui viennent
d'être présentés se réfèrent, le coefficient de frottement A est fonction du nombre
69

de Reynolds, qui est généralement définit dans le cas d'une fissure de la manière
suivante :

m _2pvw__2_q
œzœ
Il H
u : la viscosité dynamique du fluide [Pa-s]

et de la rugosité (les différentes valeurs que peut prendre A sont souvent


présentées sous forme graphique dans ce qu'on appel un diagramme de Moody).
Lorsque l'écoulement est laminaire (couches de fluide glissant les unes sur les
autres, sans qu'il y ait passage de particules d'une couche à l'autre), le coefficient
de frottement A est inversement proportionnel au nombre de Reynolds (Comolet
[1982]) ou, autrement dit si l'on considère les équations (2.23) et (2.26), le
frottement par unité de surface de fissure est proportionnel à la Vitesse de
l'écoulement.
En posant :

B Bu
En zq
A = — = ——
(2.27)
L'équation (2.25) devient :
3 2_ 2
q = 4W (P1 P2) (2.28)
B u h rT

Le facteur B, sans unité, est indépendant du fluide. Les diverses recherches


réalisées jusqu'à ce jour et qui vont être résumées plus loin, ont montré que sa
valeur dépend du béton, en particulier de la taille et de la forme des granulats,
ainsi que de l'ouverture de la fissure.
Si l'on s'intéresse aux infiltrations d'un fluide incompressible, la valeur du
facteur B ne change pas, par contre l'équation (2.28) prend la forme suivante,
obtenue des équations (2.20), (2.21), (2.23) et (2.27), en tenant compte que dans ce
cas que la masse volumique du fluide est constante :

q
=8pwïn-p9
Euh (229)

Beaucoup d'auteurs se réfèrent à l'écoulement longitudinal laminaire entre deux


plans parallèles et lisses pour caractériser l'écoulement à travers une fissure. Cet
écoulement est bien connu sous le nom "d'écoulement plan de Poiseuille", pour
lequel le facteur B peut être déterminé analytiquement à partir des équations de
Navier—Stokes (Comolet [1982]). Dans ce cas B = 96 et les équations (2.28) et (2.29),
70

respectivement valables pour un écoulement compressible et incompressible,


deviennent dans le même ordre :

W3(PÎ “P5
= ___ 2_
qpl 24 u h rT ( 30)

PW3(P1 “132)
= ____ 2.
qpl 12 u h ( 31)

qpl : débit massique s'écoulant en régime laminaire par unité de largeur


entre deux plans parallèles et lisses d'ouverture w [kg/s/m]

L'écoulement à travers une fissure est alors“ caractérisé par le rapport entre le
débit à travers la fissure d'ouverture w et le débit théorique à travers deux plans
parallèles et lisses de même ouverture (Ripphausen [1989]) :

a=i (2.32)
qp]

ë : le coefficient de débit [-]

Cela équivaut à poser B = 96/ë ou, autrement dit, to = (6uv)/(ëw).


Le débit d'infiltration en régime laminaire à travers une fissure peut donc
s'exprimer sous l'une ou l'autre des deux formes suivantes, suivant que le fluide
est compressible ou non :

3 2_ 2
Fluide compressible q l = Ëï—(pï—E—Zl (2.33)
P 24 u h rT

Fluide incompressible _ ëw3(P1—P2)


qp.
‘p 12p.h (2'34)

Le coefficient de débit ë est forcément plus petit que 1 et, tout comme B,
indépendant du fluide. Il permet de tenir compte des influences suivantes sur les
infiltrations (figure 2.17) :
- de la tortuosité et de la rugosité d'une fissure;
- du fait que l'ouverture fictive d'une fissure est plus grande que l'ouverture
réellement accessible à l‘écoulement (voir aussi 5 2.3.1);
v du fait qu'en phase de formation (ouvertures de fissure comprises entre 0 et
environ 0.25 mm), toute la surface d'une fissure n'est pas "accessible" à
l'écoulement (voir â 2.3.3, figure 2.16b en particulier).
Plusieurs auteurs donnent des indications concernant le nombre de Reynolds en
dessus duquel l'écoulement est susceptible d‘être turbulent (la définition du
nombre de Reynolds peut différer d'un facteur 2 d'un auteur à l'autre; dans ce qui
71

suit, on se réfère à la définition donnée à l'équation (2.26)). Pour n'en citer que
quelques uns : Buss [1972], sur la base de mesures d'infiltration d'air, a fixé la
limite à 100; Clear [1982] [1985], sur la base de mesures d'infiltration d'eau, à 200;
Edvardsen [1996], en se référant à des essais d'infiltration d'eau réalisés dans le
domaine de la mécanique des roches, à environ 1400. On constate qu'un
consensus n'est de loin pas établi à ce sujet.
Dans ce qui suit nous résumons les principaux résultats des études concernant les
infiltrations à travers une fissure en régime stationnaire et à court terme (sans
phénomènes d'autocolmatage), dont nous avons connaissance.

Buss [1972]
Il présente les résultats de 13 essais d'infiltration d'air sur des dalles en béton,
probablement armé, présentant chacune une seule fissure d'ouverture donnée.
La longueur des fissures (h) était de 350, 550 ou 900 mm et leur ouverture,
mesurée au déformètre (il s'agit donc d'ouvertures fictives) était comprise entre
0.05 et 0.66 mm. Les mesures d'infiltration étaient réalisées à des niveaux de
pression allant jusqu'à 0.8 bars (0.08 MPa). Pour un écoulement en régime
laminaire, il propose le coefficient de débit suivant :

ë=008

MacGregor, Murray et Simmonds [1980]


Ils ont réalisé des mesures d'infiltration d‘air sur deux segments fissurés en béton
armé et précontraint de 800 x 800 mm chacun et de 267 mm d'épaisseur. Chaque
élément testé présentait au moment des mesures d'infiltration plusieurs fissures
dans les deux directions. L'ouverture des fissures étaient de l'ordre de 0.1 mm.
Les fissures n'étaient pas forcément toutes traversantes, leur position et leur
nature étaient influencées par la position des barres et des câbles de précontrainte.
Pour les fissures traversantes, ils déduisent de leurs essais le coefficient de débit
moyen suivant :

â=aæ

Rizkalla, Lau et Simmonds [1984]


Ils ont réalisé des essais de fissuration et d'infiltration d'air sur 8 éléments en
béton armé. Suivant les éléments, leur épaisseur (h) était de 127, 178 ou 254 mm.
Le éléments étaient progressivement tendus et les ouvertures de fissures étaient
mesurées à la loupe à travers une vitre en plexiglass (la procédure d'essai ne
permettait pas l'usage de capteurs électriques). Les éléments pouvaient
comprendre plusieurs fissures traversantes, dont l'ouverture augmentait à
mesure que l'effort de traction augmentait. Leurs essais couvrent des ouvertures
de fissures allant de 0.04 à 0.30 mm et des différences de pression entre les deux
faces d‘un élément atteignant 2.07 bars (0.207 MPa). Ils proposent 1a relation
72

suivante pour le coefficient de frottement A, valable en régime laminaire et


turbulent :

A = (à)
9l

k et n sont deux facteurs empiriques fonctions de l'ouverture de fissure [mm] :

k = 4.497 . 101° (w3)°'428


_ 0.0331
_ (W3)0081

Clear [1985]
Ses essais ont été réalisés sur des éprouvettes cubiques en béton non armé dont
les arrêtes faisaient 150 mm. 19 éprouvettes ont été testées. Les ouvertures de
fissure, mesurées à la loupe, étaient comprises entre 0.085 et 0.302 mm. les
mesures d'infiltration étaient réalisées à l'eau et la différence de pression entre
les deux faces d'une éprouvette était de 0.5 bars (0.05 MPa). Les coefficients de
débit déduits de ses mesures vont de 0.037 à 0.30. Il propose la valeur moyen
suivante :

g = 0.125
Suzuki, Takiguchi, Ide et Kimura [1987]

0.35
A : Sable 0/5, gravier concassé 10/20
B : Sable 0/2.5, gravier concassé 10/25
0-30 c : Sable 0/2.5, gravier concassé 10/15
D : Sable 0/2.5, sphères en aluminium 024.8 _
0,25 E : Sable 0/2.5, cubes en aluminium 20-2020
Læ‘fld
l
__| 0.20

.3
0. 15

0. 10

0.05

0.00

w [mm]

Figure 2.18 : Influence du béton, en particulier de la nature de ses granulats, et de l'ouverture de


fissure sur le coefficient de débit (Suzuki, Takiguchi, Ide et Kimura [1987])
73

Ils présentent les résultats d'essais d'infiltration d'oxygène sur 11 éprouvettes en


béton non armé. La longueur des fissures était de 150, 300 ou 600 mm et la
différence de pression entre les deux extrémités d'une fissure allait jusqu'à 0.2
bars (0.02 MPa). Les fissures, dont l'ouverture était mesurée au moyen de jauges,
étaient ouvertes par palier. A chaque palier des mesures d'infiltration étaient
réalisées à différents niveaux de pression. Il étudièrent l‘influence de l'ouverture
d'une fissure et de la composition du béton, en particulier de la nature des
granulats, sur le coefficient de débit. Les essais ayant été réalisés à relativement
basse pression, la compressibilité de l'air a été négligée dans leure étude. Les
coefficients de débit qu'ils ont déduits de leurs essais sont donnés graphiquement
à la figure 2.18.

Suzuki, Takiguchi et Hotta [1991]


Lors d'une seconde campagne d'essais, deux des auteurs précédants élargissent
leur champ d'investigation au cas d'écoulements compressibles et turbulents. Les
mesures d'infiltration ont aussi été réalisées avec de l'oxygène, par contre les
différences de pression entre les deux extrémités des fissures, qui faisaient
150 mm de long, atteignaient 2.5 bars (0.25 MPa). L'analyse des leurs résultats
d'essais est basée sur l'équation (2.25). La relation qu'ils proposent pour le
coefficient de frottement est la suivante :

A =4b(w)+Ëm

ä(w) et b(w) sont deux fonctions dépendant de l'ouverture de fissure [mm] :

1.37
a<w> wls
— = —+1

Des éprouvettes armée d'une barre ont également été testées. A ouverture de
fissure et différence de pression égales, le débit à travers les éprouvettes armées
était en moyenne 20% inférieur par rapport au débit à travers les éprouvettes non
armées.

Ripphausen [1989]
Il a réalisé des mesures d'infiltration à l'eau sur 7 grands tirants en béton armé de
2500 mm de long, de 600 mm de haut et de quatre épaisseurs différentes : 100, 150,
225 et 300 mm. L'ouverture des fissures était mesurée au déformètre et pouvait
aller jusqu'à environ 0.5 mm. Trois compositions de béton ont été étudiées. Il
propose pour le coefficient de débit moyen une relation faisant intervenir
l'épaisseur du mur (h) et l'ouverture de fissure (w) :

1
a: 1+0.2-1o-3 -(h/w)1-5
74

Saito, Inada, Shibata et Yokosawa [1991]


Ils ont réalisé des mesures d'infiltration d'air sur 20 éprouvettes armées ou non,
de diverses tailles et fabriquées avec trois bétons différents. Ils ne précisent pas la
technique de mesure pour les ouvertures de fissure. Ils proposent le coefficient de
débit suivant, valable pour de faibles différences de pression entre les deux
extrémités d'une fissure pour que l'écoulement puisse être admis laminaire et
incompressible :

g = 0.249
Tzukamoto [1994]
Il a testé des éléments de 400 mm de longueur, de 150 mm de hauteur et 60 mm
d'épaisseur, dont certains étaient armés de fibres de divers types. Les mesures
d'infiltration ont été réalisées avec de l'eau, des hydrocarbures et du méthanol.
L'ouverture des fissures était mesurée au moyen de capteurs. Certains de ses
résultats concernant les coefficients de débit déduits des mesures d'infiltration
d'eau sont reproduits à la figure 2.19, où l'on constate une très grande influence
de l'ouverture de fissure et une diminution conséquente du coefficient de débit
lorsque des fibres sont utilisées (jusqu'à 90% selon l'auteur). Les résultats
diffèrent suivant le fluide d'essai.

30
15
i—ä

:—. OP
w
\—I
H
A pvx-Faser (0.8 V013) w
w A Stahltaser(1.o Vol.“ 20
10 I Acryltasetuâ VOL!) U
t: D ohne raser à;
0) 3
3 v-t
0d
q)

Q) .Q
.Q Q
Q :3
H ‘H
n â Wasser
8 u TEA—Lôsung
a g Methanol
Q Q Heizël EL
L Motorël
o .’. o
0. 1 0.2 0.3 0.4 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4
RiBbreite w [mm] RiBbreite w [mm]

Figure 2.19 : Réduction du coefficient de débit grâce à l'incorporation de fibres au béton et influence
du fluide sur le coefficient de débit dans le cas d'un béton ordinaire (Tzukamoto [1994])

Greiner et Ramm [1995]


Ils ont réalisé des mesures d'infiltration d'air sur 11 éprouvettes non armées et
sur 4 autres armées. Les éprouvettes non armées présentaient une seule fissure,
dont la longueur (h) était de 150 mm, 300 ou 450 mm. Leurs essais couvrent des
75

fissures dont l'ouverture est comprise entre 0.20 et 1.30 mm et la différence de


pression entre les deux extrémités d'une fissure de 1 à 8 bars (0.1 à 0.8 MPa).
Plusieurs types de granulats ont été testés. Sur la base des mesures sur les
éprouvettes non armées, ils proposent le coefficient de frottement suivant :
0.409 J[1/1.7291n(dmax / 0414)]
A = (0.105dmx
+ 0.20 dg“ — 0.024
W

Où dm, le diamètre maximum des granulats du béton, et w, l'ouverture de


fissure, sont exprimés en [mm].
Contrairement aux relations proposées par Rizkalla et al. [1984] ou Suzuki et al.
[1991], le coefficient de frottement est indépendant du débit ou, autrement dit, du
nombre de Reynolds. Cela n'est en fait pas surprenant, puisqu'il s'agit
principalement d'essais d'infiltration en régime turbulent. Comme dans le cas
des conduites, le coefficient de frottement est une constante, une fois dépassée 1a
zone de transition entre un écoulement laminaire et turbulent.
Les mesures d'infiltration sur les éprouvettes armées ont montré qu'à ouverture
de fissure égale la présence des barres diminuait d'environ 30% le débit
d'infiltration.

Edvardsen [1996]

Durchfluûbeiwertî,

0.5 I p = 0,25 bar


c1 p = 0.50 bar
0,45
o p = 1,00 bor
0,4
0,35
0,3
0.25
0,2
0,15
0.1
0,05

0 0.05 0.1 0,15 0,2 0,25 0.3 0.35


RiBbreite w [mm]

Figure 2.20 : Coefficients de débit déduits d'essais d'infiltration d'eau sur des éprouvettes non
armées (Edvardsen [1996])

Elle a réalisé de nombreux essais d'infiltration d'eau sur des éprouvettes non
armées, plus 5 essais sur des tirants en béton armé. Les ouvertures de fissure
étaient mesurées à la loupe. La figure 2.20 présente les coefficients de débit déduits
des mesures sur les éprouvettes non armées.
Les essais sur tirants en béton armé ont montré qu'en complément à l'armature
conventionnelle, une armature de peau composée de petits diamètres ou de
76

fibres peut avantageusement réduire les infiltrations, en favorisant la


ramification des fissures.

Commentaires

En première analyse, le coefficient de débit ê (écoulement laminaire) semble être


effectivement indépendant du fluide (en théorie il doit l'être, si le fluide
n'interagit pas avec le béton). En effet, quel que soit le fluide d'essai, les valeurs
proposées sont comprises dans des fourchettes comparables. Buss [1972],
MacGregor [1980] et al., Suzuki et al. [1987], Saito et al. [1991], qui ont réalisé des
mesures d'infiltration d‘air ou d'oxygène, proposent des valeurs comprises entre
0.01 et 0.36. Tandis que Clear [1985], Ripphausen [1989], Tzukamoto [1994],
Edvardsen [1996], qui ont réalisé des mesures d‘infiltration d'eau, proposent des
valeurs allant de O à plus de 0.31.
Pourtant, les mesures réalisées par Tzukamoto [1994] avec divers liquides
semblent tout de même montrer une influence significative du fluide
(figure 2.19). Cette influence doit être liée à la difficulté de mesurer le débit initial
suivant le niveau d'interaction entre le fluide d'essai et le béton. Dans le cas de
l'eau, par exemple, cette interaction est bien connue (phénomènes
d'autocolmatage) et fait rapidement diminuer le débit d'infiltration dans le temps
(voir figure 3.21 du â 3.4.2). Avec un fluide comme l'eau, il est très délicat de
déterminer un coefficient d'infiltration intrinsèque au béton. L'écoulement met
un certain temps pour s'établir, si bien qu'en général les premières mesures de
débit ne peuvent être faites que quelque minutes après le début des infiltrations.
Il devient alors délicat d'extrapoler en arrière les mesures d'infiltration pour
éliminer l'influence des phénomènes d'autocolmatage et déterminer le
coefficient de débit intrinsèque au béton (on peut imaginer qu'avec certains
fluides le phénomène est inverse, le débit tend à augmenter dans le temps).
Il est donc préférable de déterminer le coefficient de débit avec un fluide de faible
viscosité interagissant peu avec le béton, afin que l'éc0ulement mette peu de
temps à s'établir et reste stable pendant les mesures. Le coefficient de débit peut
ainsi être déterminé de manière précise (à cet égard, les gaz conviennent bien).
Après la mesure du coefficient de débit avec un fluide neutre, les phénomènes
d'autocolrnatage peuvent toujours être étudiés sur les mêmes éprouvettes en
changeant de fluide.
Certains auteurs proposent un coefficient de débit dépendant de l'ouverture de la
fissure. C'est le cas de Suzuki et al [1987], de Ripphausen [1989] et de Tzukamoto
[1994]. Suzuki et al [1987], ont même mis en évidence une influence du type de
granulat sur la relation entre le débit d'infiltration et l'ouverture d'une fissure.
Les autres auteurs proposent des valeurs indépendantes de l'ouverture de la
fissure.
La dépendance ou non entre le coefficient de débit et l'ouverture de la fissure ne
dépend en tous cas pas du fluide. Dans certains cas, le fait d'avoir proposé une
valeur unique pour le coefficient de débit est lié au faible nombre de mesures et à
la difficulté de se prononcer sur quelques points isolés (Buss [1972] et MacGregor
78

de la fissure. On a donc tout intérêt à avoir une définition claire de l'ouverture


d‘une fissure et une technique de mesure fiable si l'on ne veut pas que
l'incertitude sur les mesures dépasse l'ampleur de la dispersion propre au
coefficient de débit (voir â 4.3.4). La très grande dispersion que l'on constate
lorsque l'on examine en particulier les résultats d'Edvardsen (figure 2.20), doit
être en bonne partie imputable au fait qu'elle se réfère à l'ouverture visible des
fissures, très délicate à mesurer.
Tant Tzukamoto [1994] qu'Edvardsen [1996] ont montré que le coefficient de débit
diminue de manière significative dans le cas des bétons de fibres. Ripphausen
[1989] est par contre le seul à proposer une relation pour le coefficient de débit
comprenant l'épaisseur de l'élément. Buss [1972], Suzuki et al. [1987], qui ont
aussi fait varier l'épaisseur de leurs éprouvettes, n'ont pas observé que ce
paramètre a une influence sur le coefficient de débit. Selon Ripphausen, le
coefficient de débit n'est plus une propriété intrinsèque du béton (ne peut plus
être lié au frottement te) et n'a de sens qu'en rapport avec l'équation (2.32). Selon
l'expression qu'il propose, le coefficient de débit diminue avec l'épaisseur de
l'élément. Ce résultat doit provenir du fait qu'il déduit le coefficient de débit de
mesures d'infiltration d'eau. Plus l'élément est épais, plus l'écoulement met du
temps pour s'établir et, par conséquent, plus les phénomènes d'autocolmatage
ont de l'influence sur la première mesure de débit. Par conséquent, le risque de
sous-estimer le coefficient de débit augmente avec l'épaisseur de l'élément.
Finalement Rizkalla et al. [1984], Suzuki et al. [1991], ainsi que Greiner et al. [1995]
proposent des expressions pour le coefficient de frottement A, qui permettent
l'évaluation des infiltrations à travers une fissures lorsque l'écoulement est
turbulent. Dans le cas des trois recherches, les mesures d'infiltration étaient
réalisées avec un gaz (air ou oxygène). Il n'est pas certain que ces expressions
puissent être utilisées dans le cas d'un liquide. Ces expressions dépendent aussi
de l'ouverture de la fissure. Il est intéressant de constater que Greiner et al. [1995]
ont pu mettre en évidence une influence du diamètre maximum des granulats
du béton (dmax ) sur 1e coefficient de frottement.
Un des objectifs de cette thèse est, basé sur ces recherches et en tenant compte de
nos propres essais, de proposer une relation cohérente pour le coefficient de
débit F, (voir chapitre 4).
77

[1980]). Dans les autres cas, cela dépend essentiellement de la technique utilisée
pour la mesure de l'ouverture d'une fissure. Comme on l'a vu au paragraphe
2.3.1, certains chercheurs mesurent les ouvertures de fissure au moyen de
capteurs électriques disposés avant la formation des fissures et se réfèrent par
conséquent à l'ouverture fictive des fissures au sens du modèle d'Hillerborg (voir
la figure 2.11 du ê 2.3.1). D'autres chercheurs mesurent les ouvertures de fissure à
la loupe et se réfèrent à l'ouverture visible des fissures (w,). Les chercheurs,
comme Suzuki et a1 [1987], Ripphausen [1989] et Tzukamoto [1994] qui ont mesuré
l'ouverture des fissures au moyen de capteur (w) trouvent une dépendance entre
le coefficient de débit et l‘ouverture d'une fissure. Tandis que les autres, comme
Clear [1985] et Edvardsen [1996], qui ont mesuré les ouvertures de fissure à la
loupe, ne trouvent pas de dépendance.
Si l'on se réfère à l'ouverture fictive d'une fissure, il est logique qu'il ait une
dépendance entre le coefficient de débit et l'ouverture de fissure. L'ouverture
fictive d'une fissure se répartit entre une macrofissure visible plus ou moins
ramifiée et dédoublée à travers laquelle le fluide s'écoule (photo 2.1 et figure 2.17),
ainsi qu'entre un certain nombre de microfissures ne formant pas un réseau
interconnecté, donc sans influence significative sur le débit d'infiltration
(figure 2.10). Au début de la formation d'une fissure, l'essentiel de son ouverture
provient des microfissures. La macrofissure peut même être absente, si bien que
le coefficient de débit est faible, voire nul (voir 52.3.3 et 3.4.2). Après, plus la
fissure est ouverte, plus la macrofissure est déve10ppée et plus sa part dans
l'ouverture totale (ouverture fictive) devient importante, ce qui doit
logiquement conduire à une augmentation du coefficient de débit.
Cette explication n'est pas en contradiction avec le fait que les chercheurs qui ont
mesuré l'ouverture des fissures à la loupe aient trouvé des valeurs pour le
coefficient de débit indépendantes de l'ouverture de la fissure. Se référer à
l'ouverture visible d'une fissure équivaut à ne prendre en considération que
l'ouverture de la branche la plus ouverte de la macrofissure, branche à travers
laquelle 1a plus grande part des infiltrations se produisent. Si l'on admet en
première approximation que la différence entre l'ouverture fictive d'une fissure
et son ouverture visible est une constante (w-w, = Cte), on déduit d‘un coefficient
de débit constant établi sur la base de l'ouverture visible des fissures une relation
monotone croissante entre le coefficient de débit et l'ouverture fictive d'une
fissure. L‘ouverture visible d'une fissure étant toujours plus faible que
l'ouverture fictive d'une fissure, le coefficient de débit se rapportant à
l'ouverture visible d'une fissure constitue une borne supérieure pour le
coefficient de débit déduit de l'ouverture fictive des fissures.
I1 est beaucoup plus fiable et plus utile de se référer à l'ouverture fictive d'une
fissure, bien plus facile à mesurer, qu'à l'ouverture visible d'une fissure (voir
ê 2.3.1). La détermination expérimentale du coefficient de débit est très sensible à
la mesure de l‘ouverture de la fissure, puisqu'elle intervient au cube dans les
relations (2.33) et (2.34). L'incertitude sur la détermination du coefficient de débit
est donc beaucoup plus importante que l'incertitude sur la mesure de l'ouverture
79

3.- DESCRIPTION DES ESSAIS SUR GRANDS TIRANTS EN BETON


ARME

3.1 Caractéristiques générales des éléments testés et installations


d'essais

Photo 3.1 : Cage d'armature de l'élément R1

Les éléments d'essais faisaient 5m de longueur, 1m de hauteur et 0.42m


d'épaisseur. Ils étaient sollicités en traction dans le sens de leur longueur. La zone
de mesures était limitée dans le sens longitudinal aux 3 m centraux, le premier
mètre à chacune des extrémités des éléments étant réservé à l'introduction de
l'effort. Les proportions de la section transversale devaient limiter l'influence des
faces supérieure et inférieure sur les mesures, tandis que la longueur de la zone
de mesures devait être suffisante pour permettre l'apparition de plusieurs
fissures traversantes et permettre ainsi, dans une certaine mesure,
l'interprétation statistique des résultats.
Le plan d'armature complet d'un élément est présenté à la figure 3.1 (voir aussi la
photo 3.1). A l'exception des barres longitudinales, l'armature a été la même pour
tous les tirants. Dix barres Dywidag étaient disposées à chaque extrémité des
éléments pour l'introduction de l'effort de traction. Ces barres étaient
précontraintes, afin que les zones d'ancrage de l'armature longitudinale ne se
décompriment pas avant que la capacité du vérin soit atteinte. La zone de
mesures débutait à une distance suffisante des ancrages afin que l'apparition
éventuelle d'une fissure juste derrière les cloches ne perturbe pas l'essai (distance
supérieure à la longueur de réintroduction de la force dans le béton). Dans la
C
.9
‘5
.2
5'000 mm

.s

3
"u
zone de mesures 3'000

<1)
.sm
U)

L.-- 8 _._..l

8
l I _

O)
N

_ ’liiÿ' ÎÎ’ ' '


Iiiti _v lut: l ä "'
IFI
_|.I:_Ii‘n 'iwi' | nm
ŒnËllilliÎnî‘lilñill l0
N
N
IIII _._l _._
!"I
..__,,
__ LIIII o
O
. î 2 8 o °>
‘ ,: I w F3
. 1 ! î

-"u"u"u"u"I
E î i
83
n ' \ v. v
l I l | I

a)
‘o‘o’
3,5 ‘G.
63-90 3’
ëzt «2
œœÛ. à
o
150 120 150

(D
L-
l—
420

(U
.D

Figure 3.1 : Cage d'armature de l'élément R3


A“
Photo 3.2 : Vue gér d'un essai

zone de mesures, les étriers ont été espacés au maximum (0.5 m) et disposés à
l'intérieur des barres longitudinales afin de limiter leur influence sur la
fissuration. Leur présence était indispensable pour fixer les barres longitudinales
et les divers éléments noyés dans le béton.
Pour permettre des mesures fiables sur plusieurs mois et garantir des conditions
climatiques identiques pour tous les éléments, le stand d‘essais était protégé par
une enceinte climatisée (T 20 i 1 °C et HR 60 i 5 °/o). Le bâti de charge a été conçu
pour tester horizontalement les tirants, ce qui correspond à la position dans
laquelle ils étaient bétonnés (figure 3.2). La direction des fissures ainsi formées
correspondait à la direction dans laquelle les fissures traversantes d'un mur sont
les plus susceptibles d'apparaître. La déformation longitudinale des tirants était
imposée et contrôlée au moyen d'un vérin linéaire, à palier hydrostatique, à
double effet et régulation servo-hydraulique de 2'500 kN, de la série Hydropuls de
la maison Schenck (type PL). Le dispositif reliant l'élément au bâti et au vérin
était complètement articulé afin d'éviter les moments parasites. La disposition
des deux appuis sur lesquels reposait l'élément a été déterminée afin de
minimiser les moments verticaux dans la zone de mesures. Le moment
maximum dû au poids propre de l'élément et aux pièces en acier provoquait une
COUPE LONGITUDINALE A-A COUPE TRANSVERSALE B-B

3'050

Figure 3.2
82

LÉGENDE

(D ÉIOmonl losl‘ do boum armé

® Cadre do mise on drarga

® vann SCHENCK Hyampuls 2500 kN


® Anlculalïon al dinposilil du répartition a. la race a» lraclion
® Appui glissant

: Plans du stand d'essai


4'100
® Élucuonlquo de commande du vân'n Hydropuls - série 56

(D Chaîne de mesures

o Ïnbhau nvac débilmèlms à air (assai délanchéilé)

® ïauaau avec «amarres a eau (assai d'étanchéité)


0 Bac de récupéraîlon de roau (assai d‘étanchéité)

® Enceinte dimatiséo (T - 20 t I‘C; un . eo t 5%)


® Climatiseur STULZ CompTIol moo
83

Température
Pression
Étanchéité souple
sup. et inf.
æ

éformetres
‘g "Omega "
FiSSures ΠPression

Debimetres

Ordinateur Central '. Il


de mesures \\

0 Réducteur de pression
9P?) x! Filtre(5p)
s "

Figure 3.3 : Principe de l‘essai combiné de fissuration et d'infiltration

contrainte de i013 N /mm2 au niveau des faces supérieure et inférieure. Les deux
appuis étaient composés d'un profilé en H et de deux plaques en acier entre
lesquelles du Téflon avait été interposé afin de réduire le plus possible les forces
de frottement.
L'essai consistait à fissurer progressivement les éléments à un âge d'environ
3 mois en contrôlant la déformation totale de la zone de mesure, à observer et
quantifier la fissuration, tout en effectuant des mesures de débit d'infiltration
d'air ou d'eau. Pour y parvenir, i1 a fallu mettre au point une technique de
mesure pour les infiltrations laissant libre les faces des éléments, afin de pouvoir
les instrumenter. La méthode retenue a été inspirée d'un procédé utilisé par EDF
pour contrôler en cours de fabrication l'étanchéité de leurs enceintes de
confinement pour centrales nucléaires. L'essai EDF consiste à injecter de l'air
dans des gaines perméables noyées dans la masse et à mesurer la pression et le
débit injecté. Les résultats de ces mesures sont comparés à des valeurs de
référence afin de juger de l'étanchéité des diverses étapes de bétonnage. Cette
technique, adaptée aux essais sur tirants en laboratoire, complique certes
l'interprétation quantitative des mesures, mais avait l'avantage de laisser
b) tube permanent ° 30’26 tube enlevé une fois le béton durci a 25

1000
420
250 zone de mesures 3000 mm 250

5000mm

Figure 3.4 : a) Ecorché des gaines utilisées dans le cas des éléments R1 à R5 (béton IBAP)
b) Réalisation des deux trous permettant l'injection de la zone de mesure dans le cas
des éléments E3 à E6 (béton EDF)

complètement libre les faces des éléments et a énormément simplifié l'essai, le


rendant d'autant plus fiable (figure 3.3).
Les cavités d'injection dans la masse du béton ont été réalisées selon deux
techniques:
- La première technique, appliquée aux éléments R1 à R5 fabriqués avec le
béton IBAP (voir le paragraphe 3.2 pour la désignation des éléments),
consistait à noyer des gaines torsadées perméables, comparables aux gaines
entourant souvant les tuyaux de douche (figure 3.4 a). Ces gaines étaient
protégées par un géotextile, afin qu'elles ne soient pas colmatées lors du
bétonnage. Elles étaient suspendues à la cage d'armature des éléments par
l‘intermédiaire de barres constructives, placées à l'intérieur d'un tube en PVC
85

pour éviter qu'elles adhèrent au béton et influencent par conséquence le taux


d'armature longitudinale des éléments (photo 3.1). Le fluide d'essai
s'échappait entre les torsades des gaines, imbibait le géotextile, puis s‘infiltrait
à travers 1a porosité du béton ou les fissures atteignant les gaines. La structure
torsadée de ces gaines garantissait une injection continue et régulière du
fluide sur toute la longueur des 3m centraux des éléments. Toute fissure
traversante apparaissant dans la zone de mesure était immanquablement
injectée, indépendamment de sa localisation.
- La seconde technique, appliquée aux éléments E3 à E6 fabriqués avec le béton
EDF (voir le paragraphe 3.2 pour la désignation des éléments), consistait à
réaliser deux véritables cavités cylindriques (non gainées) coffrées au moyen
de tubes lisses en acier, placés dans les éléments avant le bétonnage et que
l'on retirait une fois le béton durci (n— 18 heures après le bétonnage). En dehors
de la zone de mesure, ces tubes étaient placés à l'intérieur de tubes de plus
grand diamètre noyés dans le béton, afin de guider et maintenir les premiers
tubes durant le bétonnage, et afin de ne pas injecter lors des essais, les fissures
et le béton en dehors de la zone de mesures (figure 3.4 b).

R1 à R5 E3 à E6
Injections avec gaines Injections sans gaines
0 int/ext : 23/28 mm Q) : 25 mm

420 mm 420 mm u
l 67

220
1000

lOOO
320
333

Étanchéité souple

Figure 3.5 : Disposition des "tubes d'injection"

La première technique est absolument similaire à celle mise en oeuvre avec


succès par EDF depuis plusieurs années sur leurs enceintes de confinement,
autant pour tester qualitativement l'étanchéité de leurs divers levées et joints de
reprise de bétonnage, que pour les injecter avec des résines le cas échéant. Dans le
cadre de ces essais en laboratoire, il s'est toutefois avéré qu'elle présentait
l'inconvénient d'induire des pertes de pression importantes, rendant moins
fiable une interprétation quantitative des mesures (voir ê 4.2). La seconde
technique a été imaginée à la suite de la première série d'essais et visait à réduire
cet inconvénient en appliquant directement la pression du circuit d'injection au
béton, tout en conservant les avantages de la première technique, c'est à dire la
86

possibilité d'instrumenter et d'observer les faces latérales des éléments pendant


toute la durée des essais. La disposition transversale des tubes d'injection est
présentée à la figure 3.5.
Les faces supérieure et inférieure des éléments étaient recouvertes d‘une
étanchéité, afin que toute la section des éléments soit mise en pression lors des
mesures d'infiltration et afin, malgré la technique d'injection choisie, de
s'approcher des conditions d'infiltration d'une tranche de mur (écoulement
horizontal). Cette couche d'étanchéité devait être en mesure de ponter les fissures
apparaissant en cours d'essai et de résister à la pression (500 mb). Il a été utilisé un
revêtement à base d'acryle polymère appliqué sous forme liquide à 1a brosse. La
couche finale était d'environ 1 mm et comprenait un retour de 5 à 10 mm sur les
faces latérales des éléments (figure 3.5).
Les cavités d'injection débouchaient aux deux extrémités perpendiculairement à
la surface latérale des éléments par l'intermédiaire d'embouts étanches
(figures 3.3). D'un côté ces embouts étaient reliés à un circuit d'alimentation en
air ou en eau suivant le type de mesures à effectuer, tandis que de l'autre, ils
étaient joints afin de former une boucle, comprenant une vanne de purge et un
manomètre. Le circuit d'alimentation, aussi bien pour les mesures à l'air que
celles à l'eau, comprenait, de l'amont à l'aval, un filtre, un réducteur de pression,
une batterie de débitmètres à flotteur, un premier manomètre à la sortie des
débitmètres, un thermomètre et un second manomètre juste avant un Y
distribuant l'air ou l'eau aux deux tubes d'injection noyés dans le béton.
La déformation totale des trois mètres centraux des éléments était mesurée sur les
deux faces latérales au moyen de six capteurs inductifs (figure 3.3). La valeur
moyenne des deux capteurs centraux servait de référence pour le pilotage en
déformation de l'essai (figure 3.6). Les valeurs mesurées par les quatre autres
capteurs étaient saisies indépendamment du pilotage du Vérin.
L'ouverture des fissures qui présentaient des fuites lors des essais d'infiltration
était systématiquement mesurée en continu au moyen de jauges "Oméga" (en
général 4 jauges par fissure). Une bonne partie de ces capteurs étaient prédiSposés
avant le début des essais au droit des étriers, à proximité desquels les fissures
avaient de bonnes chances d'apparaître. Lorsque cela n'était toutefois pas le cas,
les jauges étaient alors placées en cours d'essais, après avoir pris soin de mesurer
à la loupe l'ouverture initiale de la fissure, selon une procédure précise, afin que
la valeur correSponde à peu près à l'ouverture de fissure fictive (Mivelaz et al
[1995]). L'état de fissuration faisait l'objet de relevés réguliers, sur lesquels des
mesures d'ouvertures de fissures à 1a loupe étaient reportées.

3.2 Paramètres des essais et caractéristiques des matériaux


Deux bétons (un béton ordinaire et un béton à hautes performances), trois taux
d'armature (0.57 %, 0.86 °/o et 1.15 %) et deux répartitions différentes des barres
pour chaque taux d'armature, ont été testés.
ZOne de mesures

lflt
4 capteurs
inductifs
lr h
50 à 70 jauges Q

Figure 3.6
Pilotage

Déplacement "Pilotage"
87

Force
Electronique W
Hydropuls
série 56

Programmation

Schéma de la chaîne de mesures


Saisie des valeurs


_

Tfacel" XV "P PC Macintosh Centraux de


Programme BEAM mesure UPM 60

Impression
des valeurs
88

Les deux bétons retenus pour l'étude, désignés béton "IBAP" et "EDF", étaient des
bétons à priori favorables à la réalisation de structures étanches ayant, à ce titre,
fait l'objet d'études préliminaires. Ils satisfaisaient les critères d'étanchéité des
normes et leur ouvrabilité correspondait aux exigences pour un béton pompé. Ils
ont été fabriqués dans des centrales à béton de la région lausannoise.
Béton IBAP: C'était un béton conventionnel de classe C30/37 selon EC 2,
correspondant au type 840/30 de la norme SIA 162. Il ne présentait pas de
propriétés mécaniques exceptionnelles, il avait toutefois l'avantage, grâce à
l'ajout de filler calcaire, d'être satisfaisant du point de vue de la perméabilité, tout
en limitant le dosage en ciment à 300 kg/m3 (tableau 3.1). C'est un béton
économique pouvant être aisément fabriqué et mis en oeuvre avec des moyens
conventionnels. Il est représentatif de ce qui peut se faire pour des sous—sols ou
autres ouvrages dans un environnement ne posant pas de problèmes particulier
en ce qui concerne notamment la durabilité du béton.

Granulats roulés silico-calcaires

Sable 0 - 3 Bioley-Oijulaz (VD) 587 kg (29,3 %)

Gravillon 3 - 8 329 kg (16,5 %)


Gravillon 8 - 16 Montosset (VD) 329 kg (16,5 %)

Gravier 16 - 32 755 kg (37,7 %)

Ciment CPN d'Eclépens (VD) 300 kg

Filler calcaire de La Sarraz (VD) 50 kg

Eau d'ajout 148 kg


(E,m / C = 0.50 à 0.51)

Tableau 3.1 : Composition du béton IBAP (1 m3)


Béton EDF: Il s'agissait d'un BHP de classe C60/70 selon EC 2, correspondant au
type 375/65 de la norme SIA 162. Sa formulation, donnée au tableau 3.2, a fait
l'objet d'études approfondies menées par Électricité de France (EDF) en
collaboration avec 1e Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) et divers
partenaires industriels, pour la réalisation des enceintes de confinement d'une
future centrale nucléaire à Penly en Normandie (Jean [1993]). L'épaisseur des
murs et l'absence de joints font que la fissuration a pour principale origine, dans
le cas de ces ouvrages, l'entrave du retrait thermique. C'est pourquoi, dans 1e but
de limiter au maximum l'ampleur des travaux d'injection des fissures, voire de
s'en passer, des compositions de BHP à faible retrait ont été étudiées. Ces
compositions se distinguent par un dosage en ciment légèrement inférieur à
300 kg / m3, par des ajouts de filler et de fumée de silice. Ces bétons doivent avoir
89

une résistance relativement élevée pour permettre une forte précontrainte


verticale et transversale, une compacité élevée (d'où une perméabilité
intrinsèque très faible), une chaleur d'hydratation réduite grâce au faible dosage
en ciment (d'où un retrait thermique réduit compte tenu de la résistance finale),
un retrait endogène quasi nul, un retrait de dessiccation et un fluage aussi faibles
que possible. Il s'agit donc déjà d'un matériaux de pointe, dont chacun des
constituants a été choisi, compte tenu des sources d'approvisionnement
économiquement disponibles pour une production industrielle, et dosé en vue
d'optimiser ses propriétés.

Granulats de Seine — Morillon Corvol


(indice de concassage des gravillons 40 à 60%)

Sable 0 - 5 831 kg (44,4 %)


Gravillon 5 - 12.5 287 kg (15.4 %)
Gravillon 12.5 - 25 752 kg (40.2 %)
Ciment CPA HP PM LAFARGE Le Havre 290 kg

Eau d'ajout 131 kg


(Elot / C+FS = 0.44)

Tableau 3.2 : Composition du béton EDF (1 m3)

Les principales caractéristiques mécaniques des deux bétons sont données au


tableau 3.3. A l'exception des mesures d'énergie de rupture qui ont été réalisées
sur des carrotes, les caractéristiques mécaniques ont été mesurées sur des
éprouvettes cylindriques moulées 160x320 mm. Les mesures de fluage et de retrait
ont été réalisées dans un local climatisé (HR 60i5% et T 20i2°C) sur des
éprouvettes non protégées de la dessiccation.
Les six schémas d'armature testés sont présentés au tableau 3.4. Une seule qualité
d'acier 5500 à haute adhérence a été retenue et toutes les barres ont fait l'objet
d'une commande groupée, afin de garantir un lot d'acier de même provenance.
L'épaisseur du béton d'enrobage était la même pour tous les éléments, soit
30 mm. A l'exception du schéma d'armature A51, les taux d'armature dépassent
le taux minimum recommandé par la norme SIA162 [1989]. P0ur des
espacements de barres allant de 250 mm à 100 mm, cette norme recommande des
90

Béton IBAP Béton EDF


Différence
l
EDF/IBAP

18 4.6 l8 . 2.6
29 39.4 4.3 17 70.5 4,7
4.3 17

fcm [MPa]
7 jours 6 2.00 0.27 5 2.82 0.06
28 jours l4 2.64 0.35 l2 3.26 0.28
3 mois

Coeff. de Fluage
après 365 jours
tl = 6j
28 j
3 mois

Retrait entre 6 j
et 365 j [%o]

Tableau 3.3 : Principales caractéristiques des bétons IBAP et EDF (fcm : résistance mOyenne à la
compression, fcun : résistance moyenne à la traction directe, G; : énergie de rupture
mesurée au moyen d'essais de fendage, Ecm module d'élasticité SIA moyen)

taux d'armature minimale allant de 0,70% à 0.54% en cas d'exigences sévères.


Précisons que ces exigences concernent surtout les problèmes de durabilité et
d‘aspect, mais pas vraiment ceux d'étanchéité. Des indications concernant le taux
d'armature à mettre en place lorsque des éléments susceptibles de se fissurer
remplissent une fonction d'étanchéité peuvent être trouvées dans les travaux de
Lohmeyer [1991]. L'application de ces dernières recommandations pour des barres
de 16 mm de diamètre réparties en deux nappes avec un enrobage de 30 mm,
conduit à un taux d'armature de 0.83 °/o sous un gradient de pression à travers le
mur de 10 (4 mètres de pression d'eau pour un mur de 0.4 m d'épaisseur).
Les caractéristiques mécaniques des barres d'armature étaient les suivantes :

Limite d'élasticité : 565 MPa (écart type 26 MPa)


Résistance à la traction : 647 MPa (24 MPa)
Module d'élasticité: 200 GPa (3.5 GPa)
91

La combinaison des paramètres, présentée au tableau 3.4, a permis d'aborder


expérimentalement les aspects suivants:
-l'inf1uence du taux d'armature pour un diamètre de barre donné et une
répartition en deux nappes (R2, R4 et R5);
—l'influence du diamètre des barres pour un taux d'armature donné et une
répartition en deux nappes (RI-R2);
- l'influence d'une troisième nappe d‘armature pour un taux d'armature et un
diamètre des barres donnés (R3-R4, E3—E4 et E5—E6);
-l'influence du béton pour un schéma d'armature donné (R3-E3, R4—E4 et
R5—E5).

AS] A52 AS4


p : 0.60% p = 0.57% . p = 0.86%
2nappesû20 2nappe5016 2nappesfl 16

Tableau 3.4 Combinaison des paramètres d'essais et désignation des éléments

3.3 Programme des essais


Le déroulement général des essais et mesures sur un tirant est présenté aux
figures 3.7 et 3.8. Les éléments étaient fabriqués l'un après l'autre afin d'être testés
au même âge. Ils étaient bétonnés et stockés durant environ 74 jours dans une
halle climatisée (HR 60:5 °/o et T 20-.t2 °C), puis transportés par camion dans une
seconde halle pour procéder aux essais. Une à deux semaines étaient nécessaires
pour préparer et instrumenter chaque élément. Au minimum quatre jours avant
le début d'un essai, les éléments étaient mis en place dans le bâti de charge et dans
l'enceinte climatisée (HR 60t2 % et T 20:05 °C), afin que sa température ait le
temps de se stabiliser.
Les essais combinés de fissuration et d'infiltration comprenaient quatre phases
(figure 3.8):
- La première phase consistait à déformer progressivement l'élément jusqu'à
0,30 %o de déformation, par paliers journaliers de 0,06 %o, en suivant
parallèlement l'évolution de son état de fissuration et l'évolution des
débits d'infiltration d'air qu'il était possible d'injecter par l'intermédiaire
des tubes noyés dans le béton. La vitesse de déformation était de 0.006 um/s
92

(2'10—6 %o /s). Les mesures d'infiltration d'air étaient réalisées au moins tous
les 0,02 %o de déformation et dans tous les cas immédiatement après
l'apparition d'une fissure traversante. La montée en déformation était
interrompue durant ces mesures.
- Durant 1a seconde phase d'essai, la déformation était maintenue à 0.30 %o et
les mesures d'infiltration à l'air étaient poursuivies afin de suivre les effets
de la relaxation. Le niveau de déformation de 0.30 %o a été choisit car il
correspond aux déformations couramment subies par un élément en béton
arme.
- La troisième phase consistait, toujours à 0.30 %o de déformation imposée, à
effectuer des mesures d'infiltration d'eau en continu et à une pression
constante (N400 mb). Les mesures duraient au minimum 10 jours, afin de
suivre l'évolution du débit d'infiltration dans le temps (autocolmatage).
—La fin du programme était plus ou moins variable suivant le temps à
disposition, mais comprenait dans tous les cas une montée en déformation
rapide jusqu'à 1,5 %o. La vitesse de déformation était de 0.5 um/s
(1.667-10*4 %o /s), si bien que la montée en charge finale était réalisée dans une
journée. Cette quatrième phase avait pour principal objectif l'étude de la
fissuration dans le but de confirmer les résultats d‘une campagne précédente
d'essais sur petits tirants effectuée par Farra [1993] [1995].
Il

. Bétonnage
Décoffrage à 6 jours
de température
et de retrait
Mesures

Transport

Début de l'essai combiné de


fissuration et d'infiltration

Fin de l'essai combiné de


fissuration et d'infiltration

Temps [semaines]

' Halle climatisée (HR 60% et T 20°C)

Enceinte d'essais climatisée (HR 60% et T 20°C)

Figure 3.7 : Déroulement général des essais et mesures sur un tirant


93

Déformation imposée

Temps

Figure 3.8 : Déroulement d'un essai combiné de fissuration et d'infiltration

Il peut paraître étonnant que la plupart des mesures d'infiltration aient été
réalisées avec de l‘air, alors que la pratique est le plus souvent confrontée à des
problèmes d'infiltrations d'eau. En fait, en dehors des phénomènes
d'autocolmatage, les écoulements de l'air et de l'eau à travers des fissures
diffèrent peu (voir ë 2.3.4). Les phénomènes d'autocolmatage dans le cas de l‘eau
ayant déjà fait l'objet de plusieurs travaux, notamment ceux de Clear [1986],
l‘étude de ceux-ci ne constituait pas le principal objectif de ces essais. Il s'agissait
plutôt d'étudier parallèlement le comportement à la fissuration d'un élément en
béton armé et l'influence de son état de fissuration sur l'étanchéité, raison pour
laquelle il a été opté pour des mesures d'infiltration d'air (absence dans ce cas de
phénomènes d‘autocolmatage), qui offraient la possibilité de réaliser de
nombreuses mesures en cours d'essai et à divers niveaux de pression. Ces
mesures d'infiltration d'air étaient reproductibles et présentaient encore les
avantages d'être rapides et sans risque pour l'instrumentation.
94

En ce qui concerne les mesures d'infiltration d'eau faites durant la troisième


phase des essais, il s‘agissait essentiellement de s'assurer de la corrélation entre
mesures à l'air ou à l'eau et de déterminer qualitativement si les infiltrations
d'eau allaient, suivant l'ouverture des fissures, s'arrêter ou devenir pour le
moins négligeables au bout de quelques jours (processus d'autocolmatage).

3.4 Résultats majeurs (résultats complets dans Mivelaz et Iaccoud [1995])

3.4.1 Fissuration

Le comportement des éléments jusqu'au moment de l'apparition de la première


fissure traversante ne dépendait que du type de béton. Il n'a pas été possible de
mettre en évidence une influence du taux et de la répartition de l'armature. Le
tableau. 3.5 donne les principales caractéristiques apparentes des deux bétons
déduites de la montée en charge jusqu'à l'apparition de la première fissure
traversante.

Béton IBAP Béton EDF

Module tangent à l'origine Ec [GPa]

Contrainte de rupture ou, [MPa]

Déformation de rupture sa, [%o]

6m / 8m [GPa]

Tableau 3.5 : Caractéristiques apparentes des deux bétons déduites de la montée en charge jusqu'à
l‘apparition de la première fissure

Le rapport moyen entre la résistance à la traction apparente des éléments (cm) et


la résistance moyenne à la traction du béton (fm) mesurée sur éprouvettes
cylindriques à 3 mois est de 0.58 (= 1.82/3.15) dans le cas du béton IBAP et de 0.71
(= 2,77/3.88) dans le cas du béton EDF. La différence doit être en partie liée au fait
que le béton EDF (à savoir un BHP avec fumée de silice) est moins sensible au
retrait de dessiccation, donc moins sujet à des gradients d'humidité pouvant
l'affaiblir. Elle doit également provenir du fait que, d'une manière générale, les
propriétés d'un BHP présentent de plus faibles dispersions que celles d’un BO, ce
qui, en fonction des dimensions de l'élément, en particulier de sa longueur, peut
se répercuter sur la contrainte de rupture correspondant à la première fissure
(voir ê 2.3.1).
Au niveau de la fissuration, deux comportements ont été observés,
principalement dépendant du taux d'armature et de la répartition des barres:
- Le premier comportement, illustré par la figure 3.9, était caractéristique des
éléments les moins armés (p = 0.57%, soit R1 et R2) ou des éléments dont
l'armature était répartie en trois nappes (soit R3, E3 et E6). Dans le cas de ces
éléments, le développement de la fissuration durant la montée en
95

déformation se résumait à l'apparition successive de fissures traversantes


(fissures principales) à des niveaux de charge progressivement plus élevés.
-Le second comportement, illustré par la figure 3.10, était caractéristique des
éléments les plus armés (p = 0.86 et 1.15 %) et dont l'armature était répartie en
deux nappes (soit R4, R5, E4 et E5). Pour ces éléments, des fissures secondaires
présentant peu ou pas de fuites lors des mesures d'infiltration, donc
n'atteignant pas le coeur des éléments, se développaient à la suite et de part et
d'autre des fissures principales (traversantes). Elles apparaissaient en douceur,
sans chute de force et à des niveaux de charge inférieurs à ceux provoquant 1a
formation des fissures traversantes (elles se développaient durant la
remontée en charge entre deux fissures traversantes).

R3 E3
(Béton IBAP / AS3: p = 0.86 %, 3 nappes, 016) (Béton EDF / AS3: p = 0.86 %, 3 nappes, 016)

âëê
Ouverture de fissure [um]
N
8
0.00 0.06 0.12 0.18 0.24 0.30 0.00 0.06 0.12 0.18 0.24 0.30
Déformation Imposée [æo] Déformation imposée [æo]

Figure 3.9 : Evolution de la force et de l'ouverture des fissures traversantes dans le cas de deux
éléments ne présentant pas de fissures secondaires

R5 E4
(Béton IBAP / ASS: p = 1.15 %, 2 nappes, 016) (Béton EDF l AS4: p = 0.86 %, 2 nappes, 016)
Ouverture de "su re [um]
Force [kN]

0.00 0.06 0.12 0.18 0.24 0.30 0.00 0.06 0.12 0.18 024 0.30
Défomlation imposée [1m] Déformation imposée [‘h]

Figure 3.10 : Evolution de la force et de l'ouverture des fissures traversantes et d'une fissure
secondaire (E4) dans le cas de deux éléments présentant des fissures secondaires
96

La distinction entre ces deux comportements, plus particulièrement entre les


fissures principales et les fissures secondaires, est importante lorsqu'il s'agit
d'étudier les infiltrations à travers un mur à l'état fissuré. D'un point de vue
pratique, seules les fissures traversantes qui communiquent d'une face à l'autres
d'un élément influencent significativement le débit d'infiltration. Les fissures
secondaires, qui ne communiquent pas d'une face à l'autre, sont moins nuisibles
pour l'étanchéité (voire pas nuisibles du tout). Il peut toutefois arriver que les
fissures secondaires rejoignent dans l'épaisseur d'un élément une fissure
principale et se mettent à fuir, comme on a pu le constater parfois durant 1a
montée en charge finale jusqu'à 1.50 %o de déformation pour certains de ces
essais.
Les fissures secondaires ont déjà été mises expérimentalement en évidence,
notamment par Fellmann et al. [1981], ainsi que par Helmus [1990]. Elles sont liées
à la réintroduction de l'effort de traction dans le béton à partir d'une fissure
traversante. La répartition des contraintes dans le béton ne peut être considérée
homogène qu'à un certaine distance de la fissure (longueur d'introduction). Dans
la zone de réintroduction de l'effort de traction, le béton est plus sollicité à
proximité des barres qu'entre les barres. Comme la montré Helmus [1990], un
coin de béton (voire plusieurs à la suite) peut se former à partir de 1a surface de
l'élément selon le mécanisme montré à la figure 3.11a. Ces coins sont à l'origine
des fissures secondaires, dont l'ouverture est maximum à la surface d'un
élément et diminue dans son épaisseur. Par contre l'ouverture de la fissure
traversante devient largement plus ouverte au coeur de l'élément qu'à sa surface
si des fissures secondaires se forment (figure 3.11b). Le mécanisme de formation
des fissures secondaires décrit par Helmus [1990] a été confirmé par les analyses
numériques réalisées dans le cadre de cette recherche (chapitres 5 et 6). Pour ce qui
nous concerne, on s'intéresse principalement à l'influence de ces fissures
secondaires sur les infiltrations à travers les fissures principales traversantes.
b)

Plastische Getenke

Figure 3.11 : a) Mécanisme de formation des fissures secondaires à partir d'une fissure principale
traversante (Helmus [1990])
b) Géométrie d'une fissure principale en présence de fissures secondaires
97

AS]
p=0.60%
020,3 =250mm
2 nappes

A82
p =0.57 %
Ü16,s=167mm
2 nappes

AS3
p =0.86 %
016,5 :167 mm
3 nappes

AS4
p=0.86%
916,s=111mm
2nappes

ASS
p=l.15%
016,3:83mm
2 nappes

A86
p=1.15%
Q16,s=125mm
3 nappes

Tableau 3.6 : Ouverture moyenne des fissures à la surface des éléments à 0.30 %o de déformation
imposée

Les relevés des fissures et les schémas de fissuration pour 0.30 %o de déformation
imposée sont présentés aux figures 3.12 dans le cas des éléments fabriqués avec le
béton IBAP et 3.13 dans le cas de ceux fabriqués avec le béton EDF. Les ouvertures
98

Relevés des fissures Schémas de fissuration

R1
o o Mme o <9

‘ ‘7’ oli-

Fissure ou tronçon (b fissure ——— Fissure principale


présentant (k5 fuites
——--—- Fissure ou tronçon de fissure --——-- Fissure secondaire
ne présentant aucune fuite

Figure 3.12 : Relevés des fissures et schémas de fissuration à 0.30 %o de déformation des faces ouest
des 5 éléments fabriqués avec le béton IBAP (2 ou 3 n signifie armature répartie en 2 ou
3 nappes)
Relevés des fissures Schémas de fissuration

9‘38
lirai-A!!— _

ris-
.'|'
. a" Iv .
. _ n
r A ,1 .ig.-

Fissure ou tronçon d: fissure Fissure principale


présentant des fuites
—----- Fissure ou tronçon de fissure --—--- Fissure secondaire
ne présentant aucune fuite

Figure 3.13 : Relevés des fissures et schémas de fissuration à 0.30 %o de déformation imposée des
faces ouest des 4 éléments fabriqués avec le béton EDF (2 ou 3 n signifie armature
répartie en 2 ou 3 nappes)

des fissures moyennes à ce niveau de déformation sont données pour les neufs
éléments au tableau 3.6, où les notations et définitions suivantes ont été
adoptées :
wm : Ouverture moyenne des fissures, tous types confondus;
wm Pm : ouverture moyenne des fissures principales;
wm second : Ouverture moyenne des fiSSure secondaires;
100

Wenvel. 0.30 98° : ouverture moyenne des fissures déterminée à partir d'une droite
enveloppe tracée sur le graphique donnant l'évolution de
l'ouverture moyenne des fissures mesurées en fonction de la
déformation imposée (figure 3.15);
N wenvdflsm : force de traction déterminée à partir d'une droite enveloppe
tracée sur le graphique donnant l'évolution de la force en
fonction de la déformation imposée (figure 3.15);
Pour comparer l'ouverture moyenne des fissures des divers éléments à 0.30 %o de
déformation imposée, il est préférable de se référer à l'ouverture wemL 030 %o plutôt
qu'à l'ouverture wm, qui fluctue beaucoup au début d'un essai (figure 3.15).
L'ouverture de fissure enveloppe a l'avantage d'être indépendante de la charge,
du nombre de fissures et de leur stade de développement au moment où la
déformation de 0.30 %o est atteinte. Sur la base de cette valeur, on constate,
comme l‘a montré Farra [1995], que la résistance du béton a peu d'influence sur
l'ouverture des fissures à la surface d'un élément. Celle-ci dépend
principalement du taux d'armature et du diamètre des barres. Pour les taux
d'armature de 0.86 et 1.15 %o, la répartition des barres en deux nappes, favorisant
l’apparition de fissures secondaires, est un peu plus favorable que la répartition
en trois nappes.
Ouverture de fissure [um]

Béton Béton
IBA P EDF

A82 335
p=0.57% 395
016,5:167mm
2 nappes

AS3
p =O.86%
016, s :167 mm
3 nappes

AS4
p =O.86%
0 16,s= 111 mm
2nappes

A55
p=l.15%
016,s=83mm
2 nappes

A86
p=1.15%
Q 16, s :125 mm
3 nappes

Tableau 3.7 : Ouverture moyenne des fissures à la surface des éléments à 1.50 %o de déformation
imposée
101

Béton IBAP Béton EDF

p=0.86%, 3n
(D ®©®®®®®®® ®© ©® @®@ ®® ©®®

Fissure principale

Fissure secondaire

Figure 3.14 : Schémas de fissuration pour 1.5 %o de déformation des faces ouest des éléments
(Il n'a P as été établi de relevé des fissures P our 1.5 %o dans le cas de l'élément R1)
102

Les schémas de fissuration pour 1.50 %o de déformation imposée sont présentés à


la figures 3.14, tandis que les ouvertures de fissure moyennes au tableau 3.7. A ce
niveau de déformation, il n‘est plus nécessaire de déterminer une ouverture de
fissure enveloppe, l'ouverture de fissure moyenne "instantannée" reste stable à
la fin de l'essai (figure 3.15). Il apparaît que l'ouverture des fissures à la surface
des éléments devient un peu plus importante dans le cas du béton IBAP que dans
le cas du béton EDF, toutes autres choses étant par ailleurs égales. Cette différence
s'explique par le fait que la fissuration stabilisée est atteinte à un niveau de
déformation plus faible dans le cas du béton IBAP (figure 3.15).

Schéma d'armature ASS


(p =1.15 %, 2 nappes, 016)

180° -—— 45°

Ouverture moyenne des fissures [pm]


Force [kN]

0.00 0.30 0.60 0.90 1.20 1.50


Déformation imposée [%o]

—'—Force E5 MW” Force R5


Wm E5 W" Wm R5 l

Figure 3.15 : Comparaison entre le comportement de l'élément R5 (béton IBAP) et E5 (béton EDF)
tout deux armés selon le schéma d'armature A55

Certains éléments qui ne présentaient pas ou que peu de fissures secondaires à


0.30 %o de déformation imposée, en présentent à 1.50 %o. Cela est
particulièrement marqué dans le cas de l'élément E6, fabriqué avec le béton EDF
et dont les barres d'armature sont réparties en trois nappes (p = 1.15 °/o). Le niveau
de charge semble donc avoir une influence sur la formation ou non des fissures
secondaires.
Pour le taux d'armature de 0.86 % et la répartition des barres en deux nappes,
l'élément fabriqué avec le béton IBAP (R4) compte 10 fissures secondaires pour 12
fissure principales, tandis que l'élément fabriqué avec le béton EDF (E4) compte 15
fissures secondaires pour 13 fissures principales. L'élément fabriqué avec le béton
IBAP paraît un peu moins sensible à la fissuration secondaire.
L'ouverture des fissures secondaires, quel que soit le béton, n'est pas influencée
par le taux d'armature, au contraire des fissures principales (figure 3.16).
103

ON
O
O

O\
O
O
Ouverture de fissure [11m]

Ouverture de fissure [11m]


O
LI!
O

8
Un
O
O
A
O
La)

8
U)
200 200

100 100

0 0
0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
Taux d'armature [%] Taux d'armature [%]

l —+—EDF 2n + EDF 3n Ê

Figure 3.16 : Influence du taux d'armature (barres 016), du béton et du nombre de nappes d'armature
sur l'ouverture moyenne des fissures principales et secondaires à la suface des éléments

La résistance apparente du béton correspondant à l'apparition de la dernière


fissure traversante (6cm) et l'espacement moyen des fissures traversantes en stade
de fissuration stabilisée (suIl pr.mc) sont donnés au tableau 3.8. Ces valeurs ont été
déterminées pour les 9 éléments, bien que dans certains cas la fissuration
stabilisée n'était probablement pas atteinte à la fin des essais. Dans'ces cas, la
contrainte cm correspond à l'effort maximum atteint au cours de l'essai et
l'espacement des fissures principales a été évalué en ajoutant quelques fissures
aux schémas de fissuration établis à 1.50 %o de déformation imposée.
Le rapport moyen entre la résistance apparente du béton correspondant à
l'apparition de la dernière fissure et la résistance moyenne sur éprouvettes à 3
mois (cm/feu“) est de 0.81 (= 255/315) dans le cas du béton IBAP et de 0.86
(= 334/388) dans le cas du béton EDF. La différence entre les deux bétons est
moins marquée que lorsque l'on a comparé le même rapport pour la résistance
apparente correspondant à la première fissure (cm/feu“). La progression plus
importante de l'effort de traction durant la phase de formation des fissures dans
le cas des éléments fabriqués avec le béton IBAP pouvait déjà être constatée avec
la figure 3.15. Cette progression étant en quelque sorte une mesure de
l'hétérogénité du béton, il n'y donc rien d'étonnant que celle-ci soit plus marquée
dans le cas du béton IBAP, qui est un béton de moins bonne qualité que le béton
EDF.
104

Béton Béton
IBAP EDF

ASl : p = 0.60 %
Q 20, s = 250 mm
2 nappes
-
AS2 : p =o.57 % 2.34

2 nappes

AS3 : p = 0.86 % 3.09 3.36


3 nappes

AS4 : p = 0.86 % 2.57 3.08


Q16,s=111mm 271 251
2 nappes

2 p = 1.15 % 2.57 3.28


0 16, s = 83 mm . 321 242
2 nappes

AS6:p=1.15% 6m [MPa] 3.65


016,3:125mm 170
smm {mm}
3 nappes

Tableau 3.8 : 6cm : contrainte dans le béton au moment de l'apparition de la dernière fissure
traversante. s“l1 Pm: espacement moyen de fissures traversantes en stade de fissuration
stabilisée (les valeurs en italiques sont celles estimées pour les éléments n'ayant pas
atteint la fissuration stabilisée à 1.5%o de déformation imposée)

Le fait que le béton EDF atteigne, pour un schéma d'armature donné, plus tard le
stade de fissuration stabilisée, va de pair avec un espacement moyen des fissures
traversantes plus faible pour ce béton. Il n'est non plus pas étonnant de constater
que l‘espacement des fissures traversantes augmente de manière significative
lorsque des fissures secondaires se forment. Celles-ci étant peu nuissibles à
l'étanchéité, cette dernière constatation laisse présager un effet favorable des
fissures secondaires sur l'étanchéité globale d'un élément fissuré en béton armé
sollicité à la traction.

3.4.2 Infiltrations

Les mesures d'infiltration d'air durant les deux premières phases des essais
(figure 3.8) n'étaient pas continues afin de ne pas assécher le béton. Il s'agissait
d'air à 20°C asséché et filtré de qualité médicale. Les mesures étaient réalisées tous
les 0.01 à 0.02 %o de déformation imposée, ainsi qu'immédiatement après chaque
apparition d'une fissure traversante. Elles demandaient 5 à 15 minutes durant
lesquelles la montée en déformation était interrompue. Ces mesures étaient
effectuées sous une pression de 100, 300 et 500 (éventuellement 800 mb au début
d'un essai) dans le cas des éléments R1 à R5 équipés de gaines, et sous une
105

pression de 50, 100, 200, 300 mb dans le cas des éléments E3 à E6 qui n'étaient pas
équipés de gaines. Les résurgences, en particulier les fissures qui présentaient des
fuites étaient repérées au moyen d'eau savonneuse appliquée à la surface des
éléments (photo 3.3). Cette eau savonneuse permettait encore de vérifier
l'étanchéité des faces inférieure et supérieure des éléments et de s'assurer
qu'aucune fuite n'apparaissait en dehors de la zone de mesures.
Les fissures traversantes n'apparaissaient généralement pas d'un coup sur toute
la hauteur des éléments. Durant la phase de propagation de ces fissures, les
tronçons qui présentaient des fuites étaient relevés. Le critère était relativement
sévère: dès que quelques bulles d'air étaient visibles, tout le tronçon de fissure
dans la direction de l'augmentation de l'ouverture était considéré comme fuyant,
même si sur quelques centimètres les fuites pouvaient cesser (durant la phase de
formation des fiSSures traversantes, les fuites n'affectaient généralement pas de
manière continue son tracé visible). Sur la base de ces relevés et des mesures
d'ouverture de fissure à la surface des éléments, la figure 3.17, donnant sous
forme d'histogramme l'ouverture à partir de laquelle les fissures fuyaient, a été
établie (il a été admis que l'ouvertue d'une fissure varie linéairement entre deux
points de mesures). Une même fissure peut avoir fourni plusieurs valeurs. La
méthode n'étant pas très précise, les mesures qui nous paraissent les plus fiables
ont été mises en évidence. Les valeurs minimums, maximums, moyennes et les
écart-types sur cette ouverture de fissure initiale donnant lieu à des fuites sont
donnés pour les deux bétons au tableau 3.9.

Béton IBAP Béton EDF

l valeurs les plus fiables


Fréquence

ID I0 ID I0 In IO ID ID ID ID ID ID ID
G) ID fT cl) v- <0 ID l ID f7 O) v- 0’) ID
l q.— I I
u') un L0 ID ’T 'T . un In In ID 'T '.' T
N V ‘D œ “7 10 m N V (D œ ID ID ID
O N V O N Ÿ
F 7— V— v- v- v-

Ouverture de fissure [uni] Ouverture de fissure [um]

Figure 3.17 : Histogrammes donnant la fréquence des ouvertures de fissure à partir desquelles des
fuites peuvent être mise en évidence au moyen d'eau savonneuse
Photo 3.3 z Mise en évidence des fuites lors des mues d'infiltration d'air au moym d'eau
savonneuse (élément R5, 0.30 ï» de déformation imposée)

Béton IBAP Béton EDF


[nm] [nm]
Valeurs les plus ' ' 28 45
fiables ‘ 152 80
69 62
28 l3

Toutes valeurs 28 30
confondues 155 100
Moyenne 70 S9
Em'rype 32 20

Tableau 3.9 :Ouvertuxes de fissure maxinmms, moyemes et écart—types, à partir


desquelle des infiltrations pouvaient être constatées au moyen d'eau savonneuse

On constate qu'une fissure est suceptible de présenter des fuites dès que son
ouverture (fictive) atteint 30 um. L'ouverture critique la plus fréquente se situe
autour de 50 um dans le cas des deux bétons. En moyenne c'est à partir de 70 um
qu'une fissure se met à fuite dans le cas du béton IBAP et à partir de 60 um dans
Photo 3.4 : Fuites lors des mesures d'infiltration d'eau (mêmes vue que la photo 3.3)

le cas du béton EDF. L'écart-type sur cette ouverture critique est dans le même
ordre de 30 um et 20 um. dans le cas du béton IBAP il est arrivé que des fissures
de plus de 100 um d'ouverture ne présentent pas de fuite, alors que dans le cas du
béton EDF, toute fissure dont l'ouverture dépassait cette valeur présentait des
fuites. Ces résultats sont en bonne concordance avec ce qui avait pu être déduit
des études précédantes dans le domaine(voir â 2.3.3). On peut donc conclure que
l'écoulement à travers une fissure ne se dinstingue de l'écoulement à travers la
porosité du béton qu' à partir du moment où son ouverture (fictive) atteint 50 à
70 um. En dessous de cette valeur, l'effet de la fissure se répercute au niveau de la
perméabilité intrinsèque du béton qui s'en trouve localement augmentée.
L'évolution du débit d‘infiltration global en fonction de la déformation imposée
pour une pression d'injection de 300 mb est présentée à la figure 3.18. Au début
des essais le débit était quasi nul; ça n'est qu'au moment de l'apparition de la
première fissure traversante que des débits significatifs étaient mesurés. Il est
évident qu'en toute rigueur, le débit à travers la porosité du béton n'est pas nul,
mais d'un ordre de grandeur très inférieur à celui à travers les fissures.
L'équipement et la procédure des mesures d'infiltration n'étaient d'ailleurs pas
adaptés à l'étude de la perméabilité du béton non fissuré, la pression étant
insuffisante, les instruments pas assez sensibles et la qualité des divers raccords
insuffisante (la part des fuites au niveau des divers raccords du circuit dans les
108

débits mesurés au début des essais était probablement à peu près équivalente,
voire supérieure, aux infiltrations dues à la porosité du béton). Ces résultats
illustrent clairement, qu‘en ce qui concerne les infiltrations à travers un voile en
béton armé, le béton peut normalement être considéré comme étanche et que les
problèmes se situent essentiellement au niveau de la fissuration (et des points
singuliers).
A partir de la première fissure traversante, les débits progressaient plus ou moins
régulièrement, en rapport avec le développement de la fissuration. Chaque
nouvelle fissure traversante était marquée par une certaine diminution du débit
global d'infiltration, liée à la légère fermeture des fissures préexistantes. Il était
rare d'observer des fuites en dehors des fissures traversantes. Lorsque cela était
toutefois le cas, il devait s'agir en général de tronçons de fissures secondaires qui
devaient avoir rejoint dans l'épaisseur la fissure principale à laquelle ils étaient
associés, ou qui avaient atteint l'un ou l'autre des tubes d'injection au coeur des
éléments. Ces fuites restaient rares jusqu'à 0.30%o de déformation imposée et leur
influence sur le débit global semblait limitée (la vitesse de formation et le
volume des bulles de savon permettaient de juger l'importance relative des
diverses fuites affectant un élément). Pratiquement, il est possible d'admettre que
seules les fissures traversantes affectaient l'étanchéité globale des éléments
(photo 3.3, présentant une fissure secondaire sans fuite et une fissure principale
avec fuites).
Pression d'essai à l'air: 300 mb

Béton IBAP Béton EDF


Avec gains Sans gaines
Débit global [NI/h]

ËËÈ ä

1000

0.12 0. l 8 0.24 0.06 0.12 0.18 0.24


Déformation imposée [%o] Déformation imposée [%o]

Figure 3.18 : Evolution du débit d'infiltration global à l'air m fonction de la déformation imposée
(n: nappe d'armature — résultats des mesures SJI‘ l'élément R4 écartés à cause de la
positon inopportune des deux premières fissures apparues au cours de cet essai)

Pour avoir un lien direct de cause à effet, il est utile de rapporter les infiltrations à
l'ouverture des fissures traversantes plutôt qu'à la déformation des éléments. A
cet égard, il est tout de même surprenant de constater que bien que les fissures
traversantes étaient plus nombreuses et apparemment plus ouvertes (du moins
109

en surface) dans le cas de l'élément E3 (figure 3.13), ce dernier présente un débit


de fuite comparable à celui mesuré lors de l'essai E4, sous une même
déformation imposée (figure 3.18).
La relation entre le débit d'infiltration et l'ouverture d'une fissure peut être
établie pour la première fissure traversante apparue au cours de chaque essai,
puisque la totalité des fuites peut lui être attribuée. Cela a été fait à la figure 3.19,
où l'on constate deux comportements, liés au fait que les éléments étaient sujets
ou non à la fissuration secondaire :
- Le premier comportement est caractéristique des éléments R1, R2, R3, E3 et
E6, qui n‘étaient pas ou peu sujets à la fissuration secondaire. Dans le cas de
ces éléments, le débit augmente régulièrement avec l'augmentation de
l'ouverture moyenne de la fissure, comme l'on pouvait s'y attendre.
-Le second comportement affecte les éléments R5, E4 et E5 sujets à la
fissuration secondaire. Dans le cas de ces éléments, le débit d'infiltration
augmente dans un premier temps normalement avec l'ouverture de la
fissure traversante mesurée à la surface des éléments, puis le débit
d'infiltration à travers la fissure traversante continue d'augmenter, alors
même que l'ouverture de cette fissure stagne plus ou moins pendant la phase
de formation des fissures secondaires.

Pression d'essai à l'air : 300 mb

Béton IBAP Béton EDF

Avec gaines
Débit [NI/h]

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 0 50 100 150 200 250
Ouverture de la 1ère fissure film} Ouverture de la 1‘" fissure [pin]

Figure 3.19 : Evolution dudébit d'infiltration à l'air à travers la première fissure traversante
apparue lors de chaque essai en fonction de son ouverture superficielle

Si dans le cas d'éléments ne présentant pas de fissures secondaires, il apparaît


qu'il suffirait de connaître l'ouverture superficielle des fissures traversantes et
leur nombre pour prédire un débit d'infiltration global, ces deux paramètres sont
insuffisants dans le cas d'éléments présentant des fiSSures secondaires. On
constate que ces dernières ont une grande influence sur les infiltrations à travers
les fissures principales traversantes. Ces mesures démontrent indirectement que
les fissures traversantes deviennent largement plus ouvertes au coeur d'un
110

élément lorsque des fiSSures secondaires se forment à sa surface (voir figure 3.11).
Il est donc important de tenir compte des phénomènes de fissuration secondaire
lorsqu'il s'agit d'évaluer les débits d'infiltration au travers d'un élément fissuré.
Les débits peuvent dans certains cas largement dépasser les débits que pourraient
laisser supposer l'ouverture superficielle des fissures.
L'ouverture des fissures à la surface des éléments et le débit d'infiltration restait
stable durant le palier de déformation à 0.30 %o (figure 3.8). La relaxation des
zones non fissurées des éléments devait compenser le fluage de l’interface acier-
béton et le retrait des lèvres des fissures.
Les mesures d'infiltration d'eau pendant le palier de déformation à 0.30 %o
étaient réalisées avec de l'eau potable dure, pratiquement en équilibre avec le
béton, n'ayant donc ni tendance à disoudre ni à précipiter le calcaire. Les mesures
étaient réalisées en continu à la pression constante d'environ 390 mb (3.9 m
d'eau) par rapport à la mi-hauteur des éléments.

Pression d'essai z 300 mb


(pression moyenne sur la hauteur des éléments dans le cas de l'eau)

200
Débit global d'eau [l/h]
(après 5 min)

DRl àR5
S
O

OE3àE6

0 2000 4000 6000 8000 10000


Débit global d'air [NI/h]

Figure 3.20 : Corrélation entre les mesures d'infiltration d'air juste avant la mise en eau des
éléments et le débit d'infiltration d'eau mœurê après 5 minutes (les mesures
d'infiltration d'eau ont été adaptées selon une règle de trois entre la pression moyenne
de référence, la pression moyenne effective des mesures et le débit d'infiltration
mesuré)

Les fissures et tronçons de fissures présentant des fuites lors des mesures
d'infiltration d'eau étaient les mêmes que lors des mesures d'infiltration d'air
(photos 3.3 et 3.4). La correspondance entre les débits d'infiltration d'air mesurés
juste avant la mise en eau des éléments et les débits d'infiltration d'eau mesuré
après 5 minutes est montrée à la figure 3.20. La corrélation entre les deux types de
mesures est bonne, démontrant ainsi le lien direct entre un débit d'infiltration
d'air et un débit d'infiltration d'eau, avant que les divers phénomènes
d'autocolmatage aient influencé ce dernier. On constate que le rapport entre les
deux débits était de l'ordre de 1/70, ce qui n'est pas loin du rapport entre la
Viscosité des deux fluides à 20°C, qui est de 1/56. Naturellement la compressibilité
de l'air joue aussi un certain rôle sur cette relation et les mesures d'infiltration
111

d'eau 5 minutes après la mise en eau étaient déjà influencées par l'autocolmatage
(il n'était pas possible de réaliser une lecture correspondant exactement au début
de la mise en eau, le circuit devait être d'abord purgé).
Comme le montre la figure 3.21, le débit d'infiltration diminuait rapidement
durant les premières heures ou premiers jours des mesures, puis se stabilisait
plus ou moins. Rappelons que l'autocolmatage des fissure, qui a notamment été
étudié par Clear [1985], Meichsner et al. [1991] et Edvardsen [1996], résulte dans le
cas général de la combinaison des phénomènes suivants, dont l'importance
relative dépend de l'environnement de l'ouvrage, de la nature de l'eau et de la
composition du béton dont il est constitué:
- le gonflement du béton;
-l'accumulation au niveau des goulets de la fissure de particules de béton,
détachées au moment de l'apparition des fissures;
-le calfeutrage des fissures par des matières minérales ou organiques
entraînées par l'eau (limon, argile, mousses);
- la précipitation dans la fissure de calcite ou d'autre minéraux;
- l'hydratation de grains de ciment, n'ayant pas encore réagi.

Pression d'essai : 3.9 m d'eau par rapport à la mi-hauteur des éléments (pression moyenne)

Béton IBAP Béton EDF


Avec gaines Sans gaines
Débit global ll/h]

Débit global [l/h]

Figure 3.21 : Evolution dans le temps du débit d'infiltration d'eau (les mesures d'infiltration d'eau
ont été adaptées selon une règle de trois entre la pression de référence, la pression
effective des mæures par rapport au pied des éléments et le débit d'infiltration
mesuré, afin d'éliminer l'effet des fluctuations de la pression effective des mesures)

Il est un peu surprenant de constater que 1e taux d'armature des éléments et les
ouvertures des fissures à sec ne semblent pas avoir beaucoup influencé 1a valeur
autour de laquelle le débit se stabilisait. Les tronçons de fissures cessant
complètement de fuir au bout de quelques jours étaient rares. Mêmes les
éléments les plus armés, qui avaient des ouvertures de fissures inférieures à
112

100 um ont présenté des fuites sous forme de gouttelettes jusqu'à l'interruption
des mesures.
Ces résultats, bien que non complètement représentatifs des conditions réelles
d'autocolmatage, rendent plutôt sceptique sur les chances de voir s'autocolmater
d'elles mêmes des fissures traversantes. La réduction de débit est rapide et
importante (de l'ordre de 100 à 1000 dans le cas de ces mesures); cela n'empêche
toutefois pas que les fissures restent perméables. En pratique l'autocolmatage peut
être plus important si 1a totalité d'une face est exposée à l'eau (gonflement
asymétrique du béton refermant les fissures) et si le sol est à même de fournir des
particules fines susceptibles de colmater les fissures. Il faut toutefois un concours
de circonstances favorables et beaucoup de temps pour que les fissures cessent
complètement de fuir.
Il reste encore que l'autocolmatage est en partie réversible. On le constate
notamment avec les mesures d'infiltration sur les éléments R1, E3 et E4 qui ont
dû être interrompues suite à des problèmes sur le circuit d'injection. A la suite de
ces interruptions, les infiltrations reprenaient toujours à un niveau supérieur à
celui précédant l'interruption (figure 3.21). Lors des essais R2 et R4 ce phénomène
de réversibilité à été accéléré en réalisant des mesures d'infiltration d'air en
continu et à pression constante à la suite des mesures d'infiltration d'eau
(figure 3.22). On en conclut que si un ouvrage n'est pas en permanence au contact
de l‘eau, il ne faut donc pas compter sur un autocolmatage important.
Elément R2 Elément R4
Débit [NI/h]
Débit [NI/h]

Figure 3.22 : Phénomène de réversibilité de l'autocolmatage mis en évidence par la réalisation de


mesures d'infiltration d'air en continu, asséchant la fissure
113

4.- ANALYSE DES MESURES D'INFILTRATION SUR


GRANDS TIRANTS

4.1 Ecoulement 2D à travers une fissure à ouverture variable

4.1.1 Hypothèses de base et formulation de l'écoulement


Pour interpréter les mesures d'infiltration réalisées dans le cadre de cette
recherche, il est nécessaire d'adapter les modèles d'écoulement unidirectionnel
présentés dans l'état des connaissances au paragraphe 2.3.4, au cas d'un
écoulement plan ayant pour source les tubes d'injection. La modélisation doit
permettre la prise en compte d'une variation éventuelle de l‘ouverture des
fissures dans l'épaisseur d'un élément. L'objectif est de dégager des paramètres
caractérisant l'écoulement indépendants du mode d'essai ou des conditions
d'infiltration. Les développements qui suivent ont essentiellement rapport avec
des problèmes spécifiquement liés au mode d'expérimentation. On revient à la
fin de ce chapitre, au point 4.4 (synthèse des résultats et formulation générale), à
un formulation plus conventionnelle équivalente aux équations (2.33) ou (2.34),
présentées dans l'état des connaissances et s'appliquant au cas de l'écoulement
unilatéral à travers une fissure (cas pratique).
Comme dans le cas de la plupart des recherches précédantes, on part d'une fissure
idéalisée caractérisée par son ouverture fictive et l'on admet que l'écoulement est
isotherme et permanent. De manière analogue au cas de l'écoulement
unidirectionnel (5 2.3.4), la vitesse débitante dans le plan de la fissure (plan xy)
découle de la relation suivante (figure 4.1) :

Caïd/Æ
W W
(4.1)
2 Quoi <1

: vitesse débitante en un point (x,y) de la fissure [m/s]


v : débit volumique par unité de largeur en un point (x,y) [m3/ m/ s]
: débit massique par unité de largeur en un point (x,y) [kg /m /s]
: ouverture de fissure (fictive) en un point (x,y) [m]
p z masse volumique du fluide en un point (x,y) [kg/m3]

La vitesse débitante, le débit volumique ou massique par unité de largeur de


fissure ont deux composantes dans le plan x y de la fissure. Leur composante dans
la direction z est par contre admise dans tous les cas nulle. l] s'agit naturellement
d'une vision moyenne et homogénéisée de l'écoulement à travers une fissure,
qui est en réalité bien plus complexe comme on l'a déjà vu au paragraphe 2.3.4
(figure 2.17). La vitesse réelle et le débit fluctuent d‘un point à l'autre d'une
fissure et leur composante selon l'axe z, perpendiculaire au plan de la fissure,
n'est nulle qu'en moyenne. Une fissure se décompose en plusieurs ramifications
et microfissures dont toutes ne sont pas le siège d'un éc0ulement. La vitesse
114

réelle moyenne le long de l'axe z est plus grande que la vitesse débitante, déduite
de l'ouverture fictive d'une fissure.
Les hypothèses suivantes sont encore faites :
- les forces de gravité sur le fluide sont négligeables comparées aux autres
actions;

-les contraintes de frottement 1° (figure 4.1) ont la même direction, mais


agissent dans le sens opposé à la vitesse débitante (avx/ay et ävy/äx
n'influencent en particulier pas le frottement ou, autrement dit, il n'y a pas
de frottement sur les faces latérales du volume dx dy w);
- les variations d'ouverture de fissure ne constituent pas de points singuliers
dans l'écoulement (äw/ôx et äw/ôy n'ont pas d'influence sur le frottement);
- la pression est constante dans l'épaisseur de la fissure;
La première hypothèse se justifie par le fait que l'on s'intéresse à l'écoulement de
l'air à travers une fissure, soit un fluide présentant une faible densité. Si les
développements qui suivent devaient être appliqués à une fluide pesant comme
l'eau, il suffirait de remplacer dans les équations dynamiques la pression p par la
pression motrice pg = p+pgh, où h est la cote du point considéré (dans 1e cas d'un
gaz le terme pgh est généralement négligeable).
La seconde hypothèse permet d'admettre que le frottement s'exprime de la même
manière que dans le cas d'un écoulement unidirectionnel (voir le â2.3.4). Elle
suppose que les variations de vitesse dans le plan d'une fissure n'engendre pas de
frottement significatif comparé au frottement contre les parois de la fissure.
L'équation dynamique est établie en appliquant à un volume élémentaire (fictif)
dx—dy-w de fluide défini à la figure 4.1 le théorème des quantités de mouvement,
dont la forme générale pour un écoulement permanent est la suivante
(Comolet [1985]) :

jpvnÿ, dS = zi= (4.2)


S

S : surface délimitant le volume de fluide [m2]


p : masse volumique du fluide en un point (air ou eau) [kg/m3]
x7, : vitesse en un point (vitesse réelle) [m / s]
vn : composante de la vitesse normale à l'élément de
surface dS [m /s]
ZF : résultante du système des forces extérieures agissant
sur le volume de fluide [N]

Dans l'équation (4.2), toute quantité de mouvement qui sort du volume délimité
par la surface S est comptée positivement, tandis que toute quantité de
mouvement qui entre est comptée négativement. La Vitesse dans l'équation (4.2)
est la vitesse réelle de l'écoulement en un point et non pas la vitesse débitante de
l'équation (4.1). Le système des forces extérieures comprend les contraintes de
115

To : Frottement par unité de surface

Figure 4.1 : Ecoulement 2D idéalisé à travers une fissure

pression (p) et de frottement (r0) agissant sur la surface S (les contraintes de


pression et de frottement à l'intérieur du volume étant naturellement
autoéquilibrées).
A titre d'exemple, le développement de l'équation (4.2) selon l'axe x se compose
des termes suivants (figure 4.1) :

Termes de gauche

Quantités de mouvement selon l'axe x sortant ou entrant par les quatre faces latérales

8p 3V 2[ ôw ) 2
a(p+ —dx
](vx+ x
J w+ ———
dx dy —
apvxw y d

Termes de droite

Pression sur les deux faces latérales perpendiculaires à l'axe x

Bpwdy—B(p+%dx](w+%dx]dy

Composante selon l'axe x des pressions sur les parois de 1a portion de fissure dx-dy

w
Bpäçdxdy

Composante selon l'axe x des frottements contre les parois de la portion de fissure dx'dy

agïæw
V
116

Le coefficient a [-] permet de tenir compte dans le calcul de la quantité de


mouvement traversant les diverses faces du volume dx-dy'w de l'influence de la
répartition réelle de la vitesse (Comolet [1982]). Sa valeur en un point, en
admettant que la direction de la vitesse réelle le long de l‘axe z varie peu par
rapport à la direction de la vitesse débitante, est la suivante:
2
a = l1”? dz (4.3)
w v

Vr : norme de la vitesse réelle en un point (x,y,z) [m/s]


v : norme de la vitesse débitante en un point (x,y) du plan
de la fissure [m / s]

Comme dans le cas de la vitesse débitante et du débit par unité de largeur de


fissure, on peut admettre que le coefficient on est homogénéisé. Pour un
écoulement laminaire entre deux plans lisses sa valeur est de 1.2,
indépendamment de l'écartement des plans. Dans le cas d'une fissure réelle
définie par son ouverture fictive sa valeur est en toute logique plus grande et, en
toute rigueur, doit diminuer lorsque l'ouverture de la fissure augmente, puisque
la différence relative entre la section d'écoulement réelle et la section
d'écoulement fictive diminue lorsque l'ouverture de la fissure augmente. La
valeur du coefficient a est plus faible dans cas d'un écoulement turbulent que
dans le cas d'un écoulement laminaire.
Le coefficient B [-] tient compte du fait que la section réelle de l'écoulement est
plus petite que celle admise sur la base de l'ouverture fictive d'une fissure (voir
figure 2.17). Il dépend aussi selon toute vraisemblance de l'ouverture de la
fissure.
La valeur “cc [N/mz] est l'amplitude du frottement par unité de surface de fissure.
Il peut prendre l'une ou l'autre des formes établies dans le cas d'un écoulement
unidirectionnel (voir 5 2.3.4).
Après développement, simplification et élimination des infiniment petits
d'ordre supérieur, l'équation (4.2) peut s'écrire sous la forme suivante :

M+W+BWÊE=4RYÀ
ax ay 3x V
M+W+Bwï=4nïä (44)
ôy 8x äy v

Aux équations dynamiques (4.4) s'ajoute l'équation de continuité qui exprime


dans le cas d‘un régime permanent que la masse de fluide contenue dans le
volume dx-dyow reste constante :

8(pwvx) + 3(pWVy)
8X ay = div (pwv) = div (q) = O (4.5)
117

ainsi qu‘une équation d'état dans le cas de l'air ou d'un autre gaz, qui peut être la
loi des gaz parfaits tant que la pression n'est pas trop élevée :

B = rT (4.6)
p
p pression absolue [Pa]
p : masse volumique du gaz [kg/m3]
r constante individuelle du gaz [I/kg/°K]
T : température du gaz [°K]

Les conditions de bord sont définies à 1a figure 4.2. Ces dernières avec les
équations (4.4), (4.5) et (4.6) permettent de déterminer la vitesse (VX et Vy), la
pression (p) et la masse volumique (p) en tous points d'une fissure si l'on connaît
la valeur des coefficients a', a et B, une expression pour le frottement 1°, ainsi que
la valeur de l'ouverture de la fissure en tous points.
Le débit d'infiltration est calculé le long de la ligne de résurgence L de la manière
suivante (figure 4.2) :

QE = j p w ï» ñ ds = 2 j; p(x = 0.21;y) w(x = 0.21; y) vx(x = 0.21;y) dy (4.7)


L

QE : débit massique injecté [kg/s]


n : vecteur unitaire perpendiculaire à la ligne de résurgence [-]
ds : tronçon élémentaire de la ligne de résurgence [m]

(D Pression pl le long du contour des tubes d'injection

p1 =pe—a
,p v2
2
pe : pression absolue d'essai (pression d'injection)
z coefficient tenant compte de la transformation
d'une partie de la pression d'essai en énergie
cinétique et d'une perte de charge singulière à
l'entrée de la fissure
v2 = v: +v; : vitesse de l'écoulement autours des tubes

@ Pression p2 le long de la "ligne de résurgence " (faces


latérales de l'élément)

p2 = pression atmosphérique

® Axe de symétrie

X='o_21 X Q1) Étanchéité

vy=0

Etancbélœ (le frottement le long de l'étanchéité est négligé)


Figure 4.2 : Conditions de bord
118

Bien que la formulation soit complète, l'analyse des mesures d'infiltration sur la
base des équations (4.4) à (4.7) est peu aisée (voire impossible). Des essais, nous
disposons de valeurs pour le débit d'injection QE pour divers couples p1 et p2. Ces
débits peuvent être corrélés à l'état de fissuration des éléments, déduit
uniquement de l'observation de leurs faces latérales. Nous sommes déjà conduits
à émettre des hypothèses et à admettre certaines simplifications en ce qui
concerne la variation de l'ouverture des fissures dans l'épaisseur des éléments.
Finalement, de ces mesures et observation nous sommes sensés déduire les
coefficients oc‘, a et B, ainsi qu'une expression pour le frottement 1°, propres au
deux bétons testés.
La résolution, par la force des choses numérique, des équations (4.4) à (4.7) pour
chaque mesure d'infiltration serait laborieuse, et les mesures et observations sont
insuffisantes pour déterminer de manière fiable à la fois les coefficients a', a et B,
ainsi qu'une expression pour le frottement couvrant divers modes d'écoulement
et ouvertures de fissure. L'option est donc prise de nous limiter à chercher une
expression pour le frottement en cas de régime d'écoulement laminaire (ê 4.2.2)
et à vérifier si la géométrie d'une fissures traversantes en cas de fissuration
secondaire déduite de considérations mécaniques (voir figure 3.11), est cohérente
avec les mesures d'infiltration (â 4.2.3). Pour y parvenir, i1 s'agit de voir dans
quelles mesures les équations dynamiques (4.4) peuvent être simplifiées, dans le
but en particulier d'éliminer les coefficients a', a et [3.

4.1.2 Ecoulement laminaire à faible vitesse - formulation simplifiée de


l'écoulement
Les deux premiers termes des équations (4.4) représentent les effets des forces
d'inertie sur l'écoulement, le troisième terme les effets des forces de pression,
tandis que le terme de droite les effets des forces de frottement. Lorsque
l'écoulement se fait à vitesse lente, les termes d'inertie deviennent très faibles et
peuvent être négligés. Dans ce cas les équations (4.4) se simplifient et deviennent
les suivantes :

[.iwîEs—Z’toL
8x v (4 8)

fiwâE:—Zt Yl .
ôy — °V
Maintenant, si l'écoulement est laminaire, le frottement “cc pour une ouverture
de fissure donnée est proportionnel à la vitesse de l'écoulement et à la viscosité
du fluide. Pour rester cohérent avec les recherches précédentes dans le domaine,
le frottement ro est formulé de la manière suivante:

_ m
“ce — ë, W (4-9)
119

ë' : coefficient caractérisant la fissure [-]


u : viscosité dynamique du fluide [Pa-s]

Rappelons que l'équation (4.9) correspond, au coefficient E; près, au frottement


dans 1e cas d'un écoulement laminaire unidirectionnel entre deux plans
parallèles et lisses dont l'écartement est égal à w. En introduisant l'expression
(4.9) dans les équations (4.8) et en posant ë: (2'15 (cette fois à correspond
exactement au coefficient de débit de l'équation (2.32) du paragraphe 2.3.4), on
obtient les équations dynamiques suivantes :

v =—ëWz ï
12" 8X (4.10a)
v =—ëw2 ÊÊ
y 1211 9V
Les équations (4.10a) correspondent, à nouveau au coefficient de débit près, aux
équations d'un écoulement visqueux se produisant entre deux plans lisses
voisins (écoulement de Hele-Shaw, Comolet [1982]) ou, si l'on pose :

_êW' (4.11)
‘12
aux équations d'un écoulement 2D dans un milieux poreux isotrope. kf peut être
appelé, par analogie à la perméabilité du béton, la perméabilité d'une fissure.
On peut substituer à la vitesse débitante le débit massique par unité de largeur de
fissure et récrire les équations (4.10a) sous forme vectorielle, ce qui donne :
3 -—->
ä=-p Î?“ grad p (4.10b)

Ou, en éliminant la densité p de l'expression en utilisant la relation (4.6):


——>
q=— ëw 3 gr ad p2 (4.10c)
12 u 2rT

L'équation de continuité (4.5) et l'équation d'état (4.6) restent inchangées. Les


conditions de bord données à la figure 4.2 ne sont pas modifiées, à part que
l'hypothèse d'une écoulement à faible vitesse permet d'admettre que la pression
p1 le long du contour des tubes d'injection est égale à la pression d'essai pe.
Dans le cas où la géométrie de la fissure, les pressions p1 et p2 sont connues, le
coefficient de débit peut être directement déduit du débit d'infiltration QE.
Il s'agit maintenant d'étudier dans quelle mesure les équations dynamiques
simplifiées (4.10) peuvent être utilisées en lieu et place des équations (4.4) pour
analyser nos essais
120

4.1.3 Utilisation de la formulation simplifiée pour l'interprétation quantitative


des mesures d'infiltration sur grands tirants

Le mode d'essais peut impliquer de relativement grandes variations de pression


et de vitesse autour des tubes d'injection. Suivant la pression d'injection, donc le
débit d'infiltration, il est possible que localement l'écoulement soit turbulent,
voire que les variations de vitesse aient une influence non négligeable sur
l'écoulement.
Le risque d'écoulement turbulent autour des tubes d'injection peut être évalué
par l'intermédiaire du nombre de Reynolds local de l'écoulement, dont la
définition admise est la suivante (voir â 2.3.4) :

= __ (2.26)

Rappelons (voir 52.3.4) que dans le cas d'un écoulement unidirectionnel entre
deux plans parallèles lisses l'écoulement est laminaire tant que le nombre de
Reynolds n'excède pas une valeur comprise entre 2400 à 2800. Cette limite peut
descendre à environ 1400 lorsque les plans sont rugueux, limite qui a été aussi
admise par plusieurs chercheurs dans le cas d'un écoulement unidirectionnel à
travers une fissure. Certains sont même descendu jusqu'à 100.

a) Air (1 kg/s = 2,780106 Nl/h) b) Eau (1 kg/s = 3.6'1031/h)

: débit par fissure et tube (débit moyen)


: débit global injecté
: nombre de fissure injectée
: nombre de tubes d'injection

Figure 4.3 : Nombre de Reynolds autour des tubes d'injection (écoulement admis radial)
121

Le nombre de Reynolds autour d'un tube d‘injection ne dépend que du débit


injecté et de la distance r à l'axe du tube, si l'on fait l'hypothèse que l'écoulement
autour d'un tube d'injection est localement radial, hypothèse vérifiée plus loin.
Comme le montre la figure 4.3, le risque n'est pas négligeable qu'un écoulement
en régime turbulent s'établisse autour des tubes d'injection. A partir 2000 Nl/ h
par tube d'injection dans 1e cas des mesures d'infiltration d'air et 150 l /h dans le
cas des mesures d'infiltration d'eau, le nombre de Reynolds dépasse localement
1000. Ces deux limites étaient tout de même rarement atteintes dans le cas des
mesures sur grands tirants, par contre elles l'étaient régulièrement dans le cas des
éprouvettes complémentaires (voir plus loin 5 4.1.4). Une analyse des mesures
d'infiltration négligeant ce risque d'écoulement turbulent autour des tubes
pourrait conduire à sous-estimer le coefficient de débit.
En ce qui concerne les termes d'inertie des équations (4.4), leur importance et leur
influence sur les mesures d'infiltration dépendent à nouveau du débit injecté,
mais aussi de l'ouverture de la fissure. Les négliger dans l'analyse des essais peut
à nouveau conduire à sous-estimer le coefficient de débit. A titre d'exemple,
prenons le cas théorique de mesures d'infiltration sur des éprouvettes
cylindriques aux dimensions comparables à la zone d'influence des tubes
d'injection des essais sur grands tirants (figure 4.4). La solution analytique des
équations (4.4) et (4.5) a été déterminée pour 1e cas d'un fluide incompressible.
Cette solution analytique permet pour des coefficients ê, B, a et (x' donnés, de
déduire le débit d'injection théorique en fonction de la pression d'injection Ap et
de l'ouverture w de 1a fissure. A partir de ce débit théorique, le coefficient de débit
â a été recalculé au moyen de la solution donnée par les équations (4.10)
négligeant les termes d'inertie (figure 4.4). On constate que l'erreur sur le
coefficient de débit peut être importante lorsque l'on néglige les termes d'inertie
et la perte de charge singulière à la sortie des tubes d'injection. L'erreur est
d'autant plus importante que la pression d'essai et les coefficients a et a' sont
élevés, que la fissure est ouverte et que le coefficient de débit recherché est élevé.
Toutefois il est intéressant de constater que la relation €(Ap) déduite en négligeant
les termes d'inertie tend vers la valeur ë recherchée lorsque la pression d'essai
tend vers zéro. La relation €(Ap) peut même dans certains cas être quasi linéaire.
L'analyse des mesures d‘infiltration sur grands tirants peut donc être faite en
négligeant les termes d'inertie sur la base des équations (4.5), (4.6) et (4.10). Le
coefficient de débit doit toutefois être déduit sur la base de mesures d'infiltration
à différents niveaux de pression et par estimation de la limite:

ë= 13340 6(Ap) (4.12)


En procédant de la sorte l'analyse des mesures d'infiltration s'en trouve
largement facilitée. On peut même raisonnablement admettre que l'approche
élimine par la même occasion l'influence éventuelle d'une zone d'écoulement
122

turbulent autour des tubes d'injection, puisque plus la pression d'essai et, par
conséquent, le débit d'infiltration sont faibles, plus faible est le risque
d'écoulement turbulent. La validité de l'approche pour 1e cas d'un gaz
compressible et pour une géométrie plus complexe qu'un cylindre est vérifiée
expérimentalement au paragraphe suivant.

a) Eau (p = 1000 kg/m3, p = 1.03-10‘3 Pa-s)


ê=1,[3=1,0z=1.2, a'=1.7 ê=o.125,B=0.8,a=2, a'=2.5
ë déduit en négligeant les effets d'inertie [-]

1.20 z 0.20
E
1.00 z.‘E
e
3
0.80 Ë
O

3
0.60 Î.
=

0.40
â
Ë”
s:
0.20 5

0.00
Êg
vJ‘

b) Air (p = 1.293 kg/m’, u = 1.82-105 Pa's)


ë=1,fi=1,a=1.2, oc'=1.7 a = 0.125, B = 0.8, a = 2, a' = 2.5
ë déduit en négligeant les eiTets d'inertie [-]

1.20 0.20
1.00
Ê
.5
'U
3 0.15
0.80 ,g
0

z:
0.60 2:= 0.10
3
0.40 à”
BD
“a 0.05
0.20 5

0.00 Ëg 0.00
a’J‘
123

Fluides admis incompressibles (eau et air)

r1 = 12.5 mm : rayon du tube d'injection


r2 = 210 mm z rayon de l'éprouvette

pe : pression d'essai
p1 : pression dans la fissure P (r=r1)

p2 : pression externe
: débit massique injecté

avec p1 = pe —a'
81:21"12pw2

Solution des équations (4.7) (termes d'inertie négligés) :

_ ôuQ. r_1
P(I)"Pe + ânpw3 r)

Figure 4.4 : Erreur commise sur le coefficient de débit ë lorsque celui-ci est estimé ai négligeant les
termes d'inertie, en fonction du coefficient de débit recherché, de l'ouverture de fissure
et de la pression d'essais dans le cas d'éprouvettes cylindriques

4.1.4 Essais d'infiltration complémentaires sur éprouvettes en béton non armé


Présentation des essais complémentaires
Ces essais avaient pour but de démontrer qu'il est possible à partir des mesures
d'infiltration au moyen de tubes noyés dans la masse de déduire correctement le
coefficient de débit ë caractérisant l'écoulement en régime laminaire à travers
une fissure. Ils devaient en particulier vérifier que la limite (4.12) dans laquelle le
coefficient de débit ë est déterminé en négligeant les effets d'inertie tend
effectivement vers la valeur du coefficient de débit recherchée.
Trois types d'éprouvettes ont été fabriqués (figure 4.5). Les éprouvettes de type T
étaient équipées d'un tube d'injection gainé identique à ceux utilisés sur les
élément R1 à R5 fabriqués avec le béton IBAP (voir chap. 3, 1ère série d'essais). Les
éprouvettes de type L avaient un tube d'injection non gainé réalisé, comme dans
le cas des éléments E3 à E6 fabriqués avec le béton EDF (2ème série d'essais), avec un
tube métallique enlevé quelques heures après le bétonnage, une fois le béton
suffisamment résistant pour ne pas s'affaisser. Finalement, les éprouvettes de
type F n'avaient pas de tube d'injection, un dispositif, réalisé après leur
bétonnage, permettait un mise en pression unilatérale, correspondant au cas
pratique d'infiltration à travers un élément en béton.
124

Eprouvette de type T Eprouvette de type L Éprouvette de type F

ï 7/" _ Etancheue souple r. M156 en pressron


[mm/“J l sur; et int l unilatérale
7.800, /‘ l l (cas p'aquuel

du 101m de
O a 500 u m
l l— Gaine (l' Injection ‘-\ ““LJGIÜÎ de reprise
de bétonnage tisse
l n K
'— Embou' “u_Çavste cyliridrioue lisse
Ç? 30 mm sans gaine
Raccmd etanche

Figureulô 'Eprouvettes complémentaires pour l'interprétation quantitative des mesures


d'infiltration d'air sur les grands tirants

Photo 4.1 . Vue d'un essai complémentaire

Les éprouvettes étaient bétonnées en deux fois afin que la fissure soit facile à
provoquer et sa position bien localisée. Les reprises de bétonnage n'étant pas
spécialement préparées. Le plan de rupture des fissures dans le cas de ces essais
125

pouvait être admis à peu près lisse (coefficient de débit ê probable "1). les faces
supérieurs et inférieurs des éprouvettes étaient, comme dans le cas des grands
tirants, étanchées et l'ouverture des fissures était mesurée au moyen de quatre
capteurs inductifs. Deux plaques d'acier et quatre barres équipées de boulons de
réglage, permettaient le contrôle de l'ouverture de la fissure (photo 4.1). Le
réglage de l'ouverture se faisait manuellement sur la base des valeurs mesurées
par les capteurs inductifs. Les plaques et les tiges étaient suffisamment rigides
pour être à peu près insensibles à la pression dans les fissures. Trois éprouvettes
de chaque type ont été testées. Les fissures étaient ouvertes par paliers de 50 um et
les mesures d'infiltration se faisaient à des niveaux de pression de 50 ,100, 300 et,
de manière non systématique, de 500 mb.
L'évolution du débit en fonction de l'ouverture de fissure est montrée pour les
trois types d'éprouvettes et une pression d'essai de 300 mb à la figure 4.6. La
corrélation entre les mesures d'infiltration réalisées dans le cas des éprouvettes
de type F et L semble bonne. Par contre, il apparaît que les mesures réalisées avec
les tubes gainés sous-estiment largement les infiltrations. Les gaines donnent lieu
à des pertes de charge importantes, pour ne pas dire déterminantes dans le cas de
ces éprouvettes complémentaires à fissure lisse, qui laissent présager des
difficultés à interpréter quantitativement les mesures réalisées de cette manière
sur les grands tirants. Cette constatation a d'ailleurs été à l'origine de la
modification du dispositif d'injection entre les deux séries d'essais (éléments R1 à
R5 fabriqués avec le béton IBAP et éléments E3 à E6 fabriqués avec le béton EDF).
Toutefois, comme on la vu au paragraphe 4.1.3 (figure 4.4), l'importance relative
des pertes de charge au niveau d'une gaine diminue plus le coefficient de débit et
plus la pression d'essai sont faibles ou, autrement dit, plus le débit d'infiltration
est faible. Il s'est finalement avéré, comme on va le voir au paragraphe 4.2.2, que
les mesures réalisées sur les grands tirants avec les tubes d'injection gainés ont
tout de même pu être exploitées quantitativement, même si la fiabilité des
résultats est plus faible que dans le cas des mesures avec tubes non gainés.
Pression d'essai : 300 mb

10000

8000
Débit [NI/h]

6000

4000

2000

0 100 200 300


W. [11m]

Figure 4.6 : Débit d'infiltration en fonction de l'ouverture de fissure et du type d'éprouvette


126

Analyse des essais complémentaires


Dans le cas de ces essais, l'ouverture de fissure peut être admise constante dans
l'épaisseur des éprouvettes, quel que soit leur type. Cela implique que le champ
de pression, lorsque les effets d'inertie sont négligés, est indépendant de
l'ouverture de la fissure. Il ne dépend que du type d'éprouvette, ainsi que des
pressions amont et aval de l'écoulement.
En ce qui concerne les éprouvettes de type F (pression appliquée sur toute la
hauteur d'une face ou, autrement dit, mise en pression unilatérale), la pression
varie de manière parabolique à travers la section (figure 4.7a) et le débit
d'infiltration est donné par la relation suivante:

QF = ëw3 Ë —pâ
12 p h 2rT

QF : débit massique traversant une éprouvette de type F [kg/s]


p1 : pression absolue amont (pression d'essai) [Pa]
p2 - z pression absolue aval (pression ambiante) [Pa]
w : ouverture de la fissure [m]
u = 1.82.105: viscosité dynamique de l'air à 20°C [Pa-s]
H = 0.5 : hauteur de l'éprouvette [m]
h = 0.42 : épaisseur de l'éprouvette [m]
r = 286.9 z constante individuelle de l'air U/kg/°K]
T = 293.15 z température de l'air injectée [°K]
ë : coefficient de débit recherché [-]

100
7o 60
50 4o 30
2° 10
_J__J_î.

Figure 4.7 : Isobares (tous les 10 mb) à travers une fissure pour une pression relative d'essais de
100 mb et une pression atmosphérique de 760 mmHg
a) éprouvettes de type F
b) éprouvettes de type T et L
127

En ce qui concerne les éprouvettes de type T et L (éprouvettes injectées), le champ


de pression est déterminé en résolvant l'équation Suivante (équation de Laplace) :

(4.14)

que l'on obtient en introduisant l'équation d'état (4.6) et les équations


dynamiques (4.10) dans l'équation de continuité (4.5). L'équation (4.14) a été
résolue par la méthode des différences finies sur tableur (figure 4.7b).
Sans que cela ait formellement été démontré, il a été vérifié que le rapport x,
définit de la manière suivante:

X =à (4.15)
Q;
est indépendant de la pression d'essai, de la pression atmosphérique et de
l'ouverture de fissure. La valeur unique dans le cas des essais complémentaires
du rapport x étant de 1.63, le débit injecté dans le cas des éprouvettes de type T et L
peut donc être formulé de la manière suivante :

QE = 1.63- ëwa Ë pÎ -Pä (4.16)


12g h 2rT
Sur la base des formules (4.13) et (4.16), la relation entre le coefficient de débit et la
pression d'essai (Ap = pl-pz) est déterminée pour les différents types d'éprouvettes
et les différentes ouvertures de fissure. Comme le montre la figure 4.8, les
constatations suivantes peuvent être faites:
—L'influence des effets d'inertie (y.c. la pertes de charge singulière au niveau
du tube d'injection) est importante sur les éprouvettes de type L (injectées,
non gainées) et très importante sur les éprouvettes de type T (injectées,
gainées).
- Le coefficient de débit déduit des mesures sur les éprouvettes de type F
(pression appliquée sur toute la hauteur d‘une face) n'est pas complètement
indépendant de la pression d'injection. On en conclut que les effets d'inertie
et la perte de charge singulière à l'entrée de la fissure peuvent aussi avoir une
certaine influence sur les mesures en cas de mise en pression unilatérale.
- Les limites ë: lift 0 €(Ap) tendent dans le cas des éprouvettes de type F et L
p-)

vers la même valeur de 1, correspondant à l'écoulement laminaire entre


deux plans lisses d'ouverture w;
-i1 n'est pas possible dans le cas des éprouvettes de type T de déduire
correctement le coefficient de débit.
Ces résultats valident en ce qui concerne les essais réalisés avec des tubes non
gaines (tirants E3 à E6) la démarche retenue pour l'analyse quantitative des
mesures d'infiltration sur grands tirants. En effet, la valeur de 1 pour le
coefficient de débit est toute à fait réaliste, puisque les deux surfaces de rupture
128

étaient effectivement à peu près lisses. On peut tout de même émettre une
réserve en ce qui concerne les mesures sur les éprouvettes de type L, lorsque
l'ouverture du joint est de 0.3 mm, qui ne permettent pas de déduire
correctement par extrapolation linéaire le coefficient de débit. Toutefois comme il
est montré à la figure 4.4, le problème ne se pose pas vraiment lorsque le
coefficient de débit devient largement inférieure à 1, comme dans le cas d'une
fissure dans la masse du béton.
a) b)
1.20 1.20

1.00 1.00

0.80 0.80

a 0.60 0.60
S
t" 0.40 0.40

0.20 0.20

0.00 0.00
0 100 200 300 400 500
Ap [mb] Ap [mb]
Eprouvettes F Eprouvettes T Eprouvettes F Eprouvettes L
w [mm] w [mm] w [mm] w [mm]

—E}— 0.15 "al—w 0.15 —El— 0.15 wfilm-v 0.15


—A-— 0.2 ‘1‘“ 0.2 -—A— 0.2 'flw 0.2

—o— 0.3 M—O—m 0.3 ——O—— 0.3 "NO-m 0.3


Figure 4.8 - Relations entre le coefficient de débit déduit des équations (4.12) ou (4.16) Suivant le
type d'éprouvettes et la pression d'essai
a) comparaison entre les valeurs de coefficient de débit obtenues sur les éprouvettes de
type F et de type T
b) comparaison entre les valeurs de coefficient de débit obtenues sur les éprOuvettes de
type F et de type L

En ce qui concerne les mesures avec les tubes gainés (éprouvettes T), il apparaît
que la perte de charge liée à la transition entre la gaine et la fissure (coefficient a')
est trop importante pour déduire correctement le coefficient de débit. Les stries de
1a gaine à travers lesquelles l'air doit passer avant de pénétrer la fissure
constituent des diaphragmes contrôlant en grande partie le débit d'injection. Il
aurait fallu des mesures d'infiltration à des niveaux de pression bien plus faibles
pour éventuellement pouvoir évaluer correctement le coefficient de débit. l] faut
toutefois ne pas perdre de vue, comme cela a été montré à la figure 4.4, qu'il est
beaucoup plus délicat d'évaluer par injection un coefficient de débit proche de 1
(cas des éprouvettes complémentaires) qu'un coefficient de débit bien inférieure à
1 (cas des grands tirants).
129

4.2 Interprétation quantitative des mesures d'infiltration sur grands


tirants

4.2.1 Remarques générales

Les analyses sont faites conformément aux indications du ê 4.1.3. Les variations
éventuelles de l'ouverture des fissures dans l'épaisseur et sur la hauteur des
éléments sont prises en considération. Les cas suivants sont considérés :
— une différence d'ouverture entre les deux faces latérales de l'élément;
- une variation de l'ouverture sur la hauteur de l'élément;
— une influence locale des barres d'armature;
- une différence d'ouverture entre le cœur et la surface de l'élément dans le cas
des éléments présentant des fissures secondaires.
Comme pour les essais complémentaires, le débit d'infiltration est calculé sur la
base du champ de pression à travers la fissure, qui est déterminé numériquement
sur tableur par la méthode des différences finies à partir de l'équation suivante,
qui est obtenue en introduisant l'équation d'état (4.6) et les équations dynamiques
(4.10) dans l'équation de continuité (4.5):

1(0) a<p2>]+_a_[œ a<p2>]=0 (417)


à à W W

an=flägL dm)
S

La fonction a) pem1et de tenir compte de la variation de l'ouverture de fissure w


dans l'épaisseur et sur la hauteur de l'élément par rapport à l‘ouverture de
fissure superficielle moyenne w“. POur la définition de la fonction o), il a été
admis que le coefficient de débit ë est pour une fissure donnée unique
(ê indépendant pour une fissure donnée de la variation de l‘ouverture de
fissure).
Le débit d'infiltration est donné par l'intégrale suivante (figure 4.2), que l'on
obtient en remplaçant dans l'intégrale (4.7) l'expression pwvx par la valeur qx
découlant de la relation (4.10c) et en utilisant l'expression (4.18) :

ë W3 1 äp2(x = 0.21;y)
QE =2 Muflgmx0fly)
s = . ; à
—————— dy (4.1 æ

Comme dans le cas des essais complémentaires discutés au paragraphe 4.1.4, le


rapport x est défini pour divers types de fissure de la manière suivante :
130


x QF (4.15 )

QE : débit d'essai selon l'équation (4.19)


QF : débit correspondant pour la même fissure à une mise en
pression unilatérale

Le rapport x permet de convertir les mesures d'infiltration réalisées au moyen


des tubes d'injection en débit d'infiltration correspondant au cas pratique d'une
pression sollicitante appliquée à la totalité d'une face latérale de l'élément
(pression appliquée unilatéralement).
On définit encore pour les divers types de fissure le rapport X“, de la manière
suivante :

QE
XFP —_. ——
Q (4.20 )

Où Q“, est le débit à travers une fissure d'ouverture constante égale à l'ouverture
superficielle moyenne de la fissure considérée (ws) lorsque la pression est
appliquée unilatéralement. Le rapport x“, ainsi défini permet d'exprimer le débit
d'essai sous la forme suivante :
3 2 2

QE = x» - Ë P123? (4.21)
QE : débit massique injecté [kg/s]
p1 : pression absolue amont (pression d'essais) [Pa]
p2 : pression absolue aval (pression ambiante) [Pa]
ws : ouverture superficielle moyenne de la fissure [m]
p. = 1.82-10'5: Viscosité dynamique de l'air à 20°C [Pa's]
H=1 : hauteur de l'élément [m]
h = 0.42 : épaisseur de l'élément [m]
r = 286.9 : constante individuelle de l'air [J / kg/ °K]
T = 293.15 : température de l'air injecté [°K]
ë : coefficient de débit recherché [-]

4.2.2 Eléments sans fissuration secondaire

On peut raisonnablement admettre si un élément ne présente pas de fissure


secondaire, que l'ouverture interne d'une fissure traversante est du même ordre
de grandeur qu'à sa surface. A part le problème de l'influence locale des barres
d'armature, pour lequel quelques hypothèses vont être faites, la géométrie des
fissures dans le cas de ces éléments est complètement définie pas les mesures
d'ouverture à leur surface. Les mesures d'infiltration sur ces éléments
permettent donc de déterminer la relation liant 1e coefficient de débit à
l'ouverture de fissure ë(w).
131

Aux figures 4.9, 4.10 et 4.11, l'influence sur le champ de pression, ainsi que sur les
rapports x et x“, de la disposition des tubes d‘injection, d'une différence
d'ouverture d'une fissure entre les deux faces d'un élément ou sur la hauteur
d'un élément sont présentées. Pour l'analyse des mesures d'infiltration et la
détermination du coefficient de débit ë, il importe surtout de déterminer aussi
précisément que possible le rapport x“, (équation 4.21). A ce propos, il apparaît que
l‘influence majeure provient de la différence d'ouverture de la fissure entre les
faces inférieure et supérieure de l'élément (figure 4.11). Les mesures d'infiltration
se montrent par contre moins sensibles à une différence d'ouverture entre les
deux faces latérales d'un élément (ce qui ne serait pas le cas si les essais avaient
été réalisés par une mise en pression unilatérale) ou à l'une ou l'autre des deux
dispositions des tubes d'injection.

Tubes gaines Tubes non gainés


(Éléments R1, R2 et R3) (Éléments E3 et E6)

Ap = pl-p2 = 100 mb, isobares tous les 10 mb


Î,

167

1'000 mm

X = XFP = x = pr =

Figure 4.9 : Champ de pression, rapports x et xFP dans le cas d'une fissure idéalisée à plans
parallèles (a) = 1 )
132

a) ______________— _w,m+wav_1+a
w“: Wav=awam w” 2 ' 2 w“
x 2 2 2
___m jL
i:_h=420m œ(x)= ‘1' x+
(a+1)h (a+1)

b) Tubes gainés Tubes non gainés


0. = 2, Ap = p,-p2 = 100 mb, isobares tous les 10 mb

167

L 3° 40
5° Èÿ

1‘000 mm

38 3 320

420 420

Tubes gainés Tubes non gainés

2.98 3 3.00

2 XFP
1.67 1.63 1.69

1
1.5 2.0 2.5 3.0 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0

a ou 11a a ou l/a

Figure 4.10 : Influence d'une différence d'ouverture de fissure entre les deux faces d'un élément
a) définitions géométriques
b) influence sur le champ de pression
c) influence Sur les rapports x et xpp
133

a) W5 = 2 :7“
20—2 2
a) = +
(y) (B+I)H y (3+1)
b) Tubes gainés Tubes non gainés
wsup=BwM B = 2, Ap = p,—p2 = 100 mb, isobares tous les 10 mb

117 i
l 220

E
E
â 1'000 mm

u
:1:

333 320

y J

Winf
c) Tubes gainés Tubes non gaines

4 4

3 3

l 2'32 X” 215
2 ! 1.86 2 1‘63 U
1.72
X

1 1
0.0 1.0 2.0 3.0 0.0 1.0 2.0 3.0
B B
Figure 4.11 : Influence d'une variation d'ouverture de fissure sur la hauteur d'un élément
a) définitions géométriques
b) influence sur le champ de pression
c) influence sur les rapports x et pr
134

a) ®
:MŒŒS Won
l 0 ,0 Ô 20 0 20

® ®
Dac ïws >m< :1w.
l 0 I 0 0 ZÜ fi 20

b) Pression unilatérale Tubes non gainés


.ASS - hypothèse iii, Ap = pl-p2 = 100 mb, isobares tous les 10 mb
----.fl

2m
À
O

8
M
O
—A
O

1'000 mm

320

l———'——q 420 l
c) Tubes non gaines

AS3: p=0.86% x 1.66 1.67 1.69 1.74


3 nappes (QF/ Q”) (0.94) (0.92) (0.87) (0.80)
AS2: p=0.57% x 1.66 1.68 1.71 1.76
2 nappes (QF/ Qpp) (0.96) (0.94) (0.9l) (0.85)
AS4: p=0.86% x 1.68 1.71 1.76 1.86
2 nappes (Qp/ Q”) (0.94) (0.9l) (0.86) (0.76)
AS5: p=1.15% x 1.70 1.75 1.82 2.02
2 nappes (Qp / Qpp) (0.92) (0.87) (0.79) (0.64)

Figure 4.12 : Influence d'un resserrement de l'ouverture des fissures au voisinage des barres
a) hypothèses géométriques
b) influence Sur le champ de pression
c) influence sur le rapport x et réduction de débit due à la présence des barres par
rapport à une fissure parallèle (QF / QFP)
135

A la figure 4.12 l'influence des barres d'armature et d'une éventuelle diminution


locale de l'ouverture des fissures est évaluée. En l'absence d'informations sur
l'ouverture des fissures autour des barres, quatre hypothèses ont été testées :
i) une ouverture égale à wS au-delà d'une distance des barres égale à leur
diamètre, puis une diminution linéaire de l'ouverture jusqu'à 0.5 ws au
contact des barres;
ii) une ouverture égale à wS au-delà d'une distance des barres égale à leur
diamètre, puis une diminution linéaire de l'ouverture jusqu‘à zéro au
contact des barres;
iii) une ouverture égale à wS au-delà d'une distance des barres égale à deux fois
leur diamètre, puis une diminution linéaire de l'ouverture jusqu'à 0.5 wS
au contact des barres;
iv) une ouverture égale à wS au-delà d'une distance des barres égale à deux fois
leur diamètre, puis une diminution linéaire de l'ouverture jusqu'à zéro au
contact des barres;
Suivant l'hypothèse, 1e taux et la répartition de l'armature admis, la réduction de
débit due à la présence des barres pour une mise en pression unilatérale (QF / QFP)
va de 6% à 36%. En se limitant aux hypothèses i) et iii), qui sont les plus
plausibles si l'on se réfère aux essais de Yannopoulos [1989], qui a étudié
expérimentalement l'ouverture d'une fissure au contact d'une barre nervurée, la
réduction de débit est comprise entre 6% et 21%. Ces valeurs sont tout à fait
réalistes, si on les compare aux valeurs expérimentales que l'on trouve dans la
littérature (voir 52.3.4). Suzuki et al. [1991] ont mesuré pour une ouverture de
fissure donnée, une différence d'environ 20% sur le débit d'infiltration entre des
éprouvettes armées et non armées; tandis que Greiner et al. [1995] une différence
de 30%. Dans les deux cas, les éléments étaient de plus faible épaisseur (Suzuki et
al. [1991]:h=150 mm, Greiner et al. [1995]:h=300 mm), ce qui en toute logique
accentue l'influence des barres, et l'espacement des barres était plutôt faible
(Suzuki et al. [1991]: 1 barre au centre des éprouvettes de 100 mm de large,
Greiner et al. [1995] : 2 nappes de 0 16 espacés de 134 mm).
Pour l'analyse des mesures d'infiltration sur grands tirants, l'influence des barres
d'armature est inclue dans le coefficient de débit ë, afin de ne pas compliquer
l'utilisation pratique des résultats en obligeant de prendre en considération pour
le calcul du débit à travers une fissure, la répartition des barres d'armature. Il
s'agit toutefois de ne pas négliger l'influence des barres sur les mesures
d‘infiltration, si l'on ne veut pas surestimer le coefficient de débit. On introduit
par conséquent x", = x (ASi) dans l'équation (4.21), en admettant on et B définis aux
figures 4.10 et 4.11 égaux à 1. Pour les cas où a et B sont différents de 1, le rapport
x“, est évalué selon la formule suivante :

=X_FP(°‘)__ La» As- 422


x” xpp(a=1) xçp(B=1) M 1) (' )
x“, (a) : tiré de la figure 4.10
136

xn, (B) : de la figure 4.11


x (ASi) : de la figure 4.12 en faisant la moyenne entre les hypothèses i et ii

On peut admettre qu'en procédant de la sorte le rapport x“, est estimé à i 0.05+0.1
près.
Les coefficients de débit ë: liän 0 23(Ap) (relation (4.12)) déduits des débits
pfl

mesurés dans le cas des éléments ne présentant pas de fissures secondaires sont
donnés en fonction de l'ouverture de fissure à la figure 4.13. Pour chaque
élément, le coefficient de débit a été déterminé pour les deux ou trois premières
fissures apparues au cours de l'essai. Pour évaluer la part du débit global devant
être attribuée aux fissures successives, il a été admis que 1e débit individuel d'une
fissure était uniquement fonction de son ouverture et que cette relation était
univoque et réversible ou, autrement dit, insensible aux cycles de fermeture et
réouverture des fissures. Dans la phase où un élément ne compte qu'une fissure,
la totalité du débit est attribué à cette première fissure et la détermination de la
relation entre le débit son ouverture est directe. Cette relation est utilisée au

a) Béton IBAP b) Béton EDF


avec gaines sans games'

0.30 0.30

0.25 0.25

0.20 0.20

'— 0.15 :5 0.15

0.10

0.05

0.00 . . . 0.00
0 50 100 150 200 250 300 0 50 100 150 200 250 300

w [nm] w [nm]

Elément Fissure Élément Fissure

I R1 n°1 I E3 n°6
A R1 n°4 A E3 n°1
E] R2 n°6 A Eô n°6

A R2 n°3 O E6 n°5
+ R3 n°1 o E6 n°6/7
X R3 n°3/4
X R3 n°4

Figure 4.13 : Coefficient de débit en fonction de l'ouverture de fissure dans le cas des éléments ne
présentant pas de fissure secondaires
a) éléments R1, R2 et R3 fabriqués avec le béton IBAP
b) éléments E3 et E6 fabriqués avec le béton EDF
137

moment de l'apparition de la seconde fissure pour retrancher du débit global la


part des infiltrations se faisant à travers la première fissure; ceci, afin de
déterminer la relation entre le débit d'infiltration et l'ouverture propre à la
seconde fissure, et ainsi de suite. Les fissures n'ont été prises en considération
pour la détermination du coefficient de débit qu'à partir du moment où elles
étaient présentes sur toute la hauteur et sur les deux faces d'un élément. Les
développement conduisant aux coefficients de débits donnés à la figure 4.13, en
particulier les valeurs 0L, B, x“, et la relation ë(Ap) pour chaque fissure, sont
donnés en annexe.
Commentaires
Malgré les craintes que l'on pouvait avoir sur les possibilités d'interprétation des
mesures d'infiltration réalisées sur les éléments équipés de tubes gainés
(éléments R1 à R5 fabriqués avec 1e béton IBAP (voir ê4.1.4), on constate que la
procédure adoptée pour l'analyse de ces mesures permet de dégager des valeurs
du coefficient de débit réalistes même dans le cas de ces éléments. Cette
constatation n'est t0utefois vraie que tant que l'ouverture des fissures ne dépasse
pas 250 à 300 um. Au-delà de cette limite, on a en effet constaté dans le cas des ces
éléments, que les valeurs du coefficient de débit déduites des mesures
d‘infiltration diminuaient avec l'ouverture des fissures (voir annexe). Cette
tendance va à l'encontre des résultats expérimentaux obtenus dans le cas des
éléments équipés de tubes non gainés (figure 4.13 b), et de ceux obtenus dans le
cadre de recherches antérieures dans le domaine (voir 5 2.3.4). Dans le cas des
éléments équipés de tubes gainés, le débit injecté devient de plus en plus contrôlé
par les stries des gaines à mesure que l'ouverture des fissures augmente. La
détermination du coefficient de débit ë sur la base la limite (4.12) en admettant
que la relation &(Ap) est linéaire peut donc conduire à de plus en plus sous
estimer le coefficient de débit (voir figure 4.4). Cela explique la diminution
apparente de ë avec l'ouverture de la fissure dans le cas de ces éléments.
Les mesures réalisées sans tubes gaines sur les éléments EDF n'ont pas posé de
problèmes particuliers et peuvent être admises comme fiables. Si nous n'avons
pas de valeurs de coefficient de débit pour des fissures d'ouverture supérieure à
300 um, c'est que leurs ouvertures n'ont pas dépassé cette valeur.
On observe que le coefficient de débit est en moyenne plus faible dans le cas du
béton IBAP que dans le cas du béton EDF. Comme évoqué plus haut, il s'agit
toutefois de rester réservé avec ce constat. La différence ressortant de la figure 4.13
peut aussi indiquer une tendance effective qui résulte du mode d'injection (tubes
gainés ou non). Il n'est tout de même pas surprenant que ce soit le béton IBAP
qui présente les plus faibles valeurs, car le diamètre maximum de ses granulats
était de 32 mm contre 25 mm dans le cas du béton EDF et qu'il s'agit d'un béton
ordinaire alors que 1e béton EDF est un BHP. Rappelons que les résultats se
réfèrent à l'ouverture fictive d'une fissure au sens du modèle d'Hillerborg (voir ê
2.3.1). Le béton IBAP par rapport au béton EDF doit en toute logique présenter
138

a) Béton IBAP b) Béton EDF

Wlllm]

Figure 4.14 : Proposition de relations donnant l'évolution du coefficient de débit en fonction de


l'ouverture de fissure (valeur maximum, moyenne, minimum)

davantage de microfissures et un faciès de rupture plus complexe, devant aller de


paire avec un coefficient de débit plus faible (voir ê 2.3.4, figure 2.17).
Les résultats présentés à la figure 4.13 confirment une tendance à l'augmentation
du coefficient de débit avec l'ouverture des fissures. On peut même affirmer, si
l'on prend en considération les résultats concernant l'ouverture critique à partir
de laquelle une fissure présentait des fuites dans le cas de ces essais (figure 3.17 et
tableau 3.9 du â 3.4.2), que le coefficient de débit atteint la valeur zéro autour de
70 um dans le cas du béton IBAP et autour de 60 pm dans le cas du béton EDF.
Le coefficient de débit ne peut non plus pas augmenter indéfiniment avec
l'ouverture de fissure. Il ne peut en tous cas pas dépassé la valeur de 1
correspondant à l'écoulement entre deux plans parallèles et lisses d'ouverture w.
La figure 4.14 suggère une évolution probable du coefficient de débit en fonction
de l'ouverture fictive de fissure pour les deux bétons. Il est clair qu'il manque des
valeurs de coefficient de débit pour des ouvertures de fissure dépassant 300 um
pour valider les propositions faites à la figure 4.14. Il est aussi possible, comme
déjà mentionné, que les tubes gainés aient conduit à sous-estimer quelque peu le
coefficient de débit dans le cas du béton IBAP. Néanmoins, en proposant une
relation non linéaire avec une asymptote horizontale, on est cohérent avec la
plupart des résultats expérimentaux discutés au paragraphe 2.3.4. Les relation
proposées tiennent compte du fait qu'une fissure ne présente pas dès sa
localisation des fuites singulières; ce n'est qu'à partir d'une certaine ouverture
(coalescence des microfissures) que l'écoulement se distingue de l'écoulement à
travers la porosité du béton. Durant la phase de développement de la fissure
jusqu'à ce que ses deux faces soient complètement séparées et que tout le plan de
la fissure soit accessible à l'écoulement, il est logique que le coefficient de débit
augmente avec l'ouverture de fissure. Finalement il n'est pas possible que le
coefficient de débit dépasse les valeurs proposées par les chercheurs qui se sont
139

référés à l'ouverture visible d'une fissure, puisque cette dernière est toujOurs
plus faible que l'ouverture fictive et conduit par conséquent à des coefficients de
débit plus grands. Comme dans le cas des recherches se référant à l'ouverture
visible d'une fissure le coefficient de débit est en général constant, il est donc
logique dans le cas où l'on se réfère à l'ouverture fictive que l'on tende vers cette
valeur sans jamais la dépasser.
Les valeurs de coefficient de débit ë"; découlant des mesures qui viennent d'être
analysées sont du même ordre de grandeur que les valeurs données par les études
antérieures dans le domaine (voir â 2.3.4).
Les relations de la figure 4.14 ne sont valables que tant que l'ouverture des
fissures est bien plus faible que la taille maximum des granulats. Cette dernière a
une influence importante sur la tortuosité d'une fissure. Si l'ouverture d'une
fissure s'approche de la taille maximum des granulats, le fluide risque de ne plus
être conduit à suivre la tortuosité de la fissure (les lèvres de la fissure se
"déboîtent"). Le coefficient de débit devrait alors augmenter à nouveau, jusqu'à
tendre vers la valeur de 1 pour une ouverture de fissure infiniment ouverte.

4.2.3 Éléments avec fissuration secondaire

Dans le cas d'un élément sans fissuration secondaire, il y a pour chaque fissure
traversante deux inconnues : le coefficient de débit et la variation de son
ouverture dans l'épaisseur de l'élément. La présence des fissures secondaires non
traversantes et leur interaction évidente avec les fissures principales traversantes
(voir chapitre 3) ne permet plus d'admettre qu'entre les deux faces d'un élément
l'ouverture d'une fissure, en dehors d'un certaine zone entourant les barres
d'armature, évolue de manière linéaire. Nous savons, par l'intermédiaire des
mesures d'infiltration et du sciage d'un élément (voir rapport des essais Mivelaz
et a1. [1995]), que les fissures secondaires n'atteignaient pas 1e coeur des éléments.
Cette constatation, complétée par quelques mesures d'ouverture de fissure au
coeur d'un élément au moyen de fibres optiques noyées dans le béton (Vurpillot
et al. [1995]), permet d'admettre que l'ouverture d'une fissure principale au coeur
d'un élément est environ égale à son ouverture à la surface de l'élément
additionnée de la somme de l'ouverture à la surface de l'élément des fissures
secondaires qui lui sont associées. Entre le coeur et la surface des éléments deux
hypothèses sur l'évolution de l'ouverture de fissure sont faites (figure 4.15) :
1) un changement brusque de l'ouverture de la fissure à une certaine distance
(ôh/2, où h est l'épaisseur) de la surface de l’élément;
2) une évolution progressive (linéaire) de l'ouverture de la fissure à partir
d'une certaine distance (ôh/2) et jusqu'à la surface de l'élément.
La première hypothèse constitue un cas extrême, qui permet d'évaluer la
sensibilité des mesures d'infiltration aux diverses évolutions possibles d'une
ouverture de fissure dans l'épaisseur d'une élément.
140

a) Fissure parallèle Changement brusque d'ouverture Changement progressif d'ouverture


7=3etô=120/210 y=3etô=180/210

iws szï Ws Ywî Ws


ôh/2 511/2
h/2 h/2

1'000 mm

I
Changement progressif

Coefficient ô [-]
0.357 - ' ' ' ' - - 0.571
———-0.7l4 0.857
1.00

Figure 4.15 : Influence sur les mesures d'infiltration d'une différence d'ouverture de la fissure entre
le coeur et la surface d'un élément
a) hypothèses géométriques et leur influence sur le champ de pression (isobares tous
les 10 mb pour une pression d'essais Ap = pl-pz = 100 mb)
b) influence sur le rapport x
141

La seconde hypothèse, bien que quelque peu schématique, parait la plus plausible
si l‘on se réfère aux résultats concernant l'analyse de la fissuration (figure 5.9 c du
paragraphe 5.2.3) ou aux recherches antérieures Sur la fissuration secondaire
d'éléments épais en béton armé (Helmus [1990], voir figure 3.11 du 53.4.1). Les
analyses qui suivent ont essentiellement pour but de démontrer que cette
hypothèse est cohérente avec les mesures d'infiltration sur les éléments
présentant des fissures secondaires.
L'influence sur le champ de pression à travers les fissures injectées et le rapport x
de l'une ou l'autre des hypothèses est montrée à la figure 4.15b. On constate que
les mesures d'infiltration sont très sensibles aux différences d'ouverture entre le
coeur et la surface d‘un élément. Plus la différence est élevée (coefficient y), plus
le rapport x devient élevé. Ce dernier ne peut toutefois pas dépasser la valeur de
4, qui correspond à un coeur mis entièrement à la pression d'injection p],
autrement dit à une situation où le coeur n'offre plus aucune résistance à
l‘écoulement, qui n'est contrôlé plus que par 1e dernier tronçon de faible
ouverture de la fissure. Si l'on fait l'hypothèse d'un changement brusque
d'ouverture, le rapport x=4 est rapidement approché. L‘évolution est par contre
plus lente si l'on suppose que l'ouverture varie progressivement. Dans les deux
cas la profondeur à partir de laquelle une fissure traversante se referme a une
influence limitée (influence du coefficient 8).
Comme il a déjà été mentionné, l'hypothèse d'une variation progressive est la
plus plausible, c‘est donc les valeurs du rapport x s'y rapportant qui sont utilisées
pour l'analyse des mesures d'infiltrations à travers les éléments présentant des
fissures secondaires. En toute rigueur, il faudrait encore tenir compte de
l'influence locale des barres d'armature qui accentue la différence entre
l'ouverture à la surface et au coeur d'un élément. En négligeant cet effet, le
rapport x est un peu sous—estimé.
Pour les éléments présentant des fissures secondaires, nous définissons
l'épaisseur réduite de l'élément de la manière suivante :

h,=9—F—h=QE/Xh (4.23)
Qpp QFP
:3"

épaisseur de l'élément [m]


Il

épaisseur réduite de l‘élément [m]


DO

débit d'essai à travers la fissure [kg/s]


un
:16"!

î:

débit à travers la même fissure correspondant à une mise


en pression unilatérale [kg/s]
10

débit unilatéral à travers une fissure d'ouverture constante


u
ä

égale à l'ouverture superficielle moyenne (W5) de 1a fissure


considérée [kg/ s]
142

a) Variation brusque de l'ouverture de fissure Variation linéaire de l'ouverture de fissure

ôh/2 5h12 ôh/2 8h12


h h

b) Qp=ëwîfl pÎ-pâ QF=ëWÎË___EÎ_i___


12u h 2rT(ô+<1Y—35)J 1211 h 2rT(ôy<y+ä>+32(1-ô>)
Y

Figure 4.16 : Épaisseur réduite d'un élément suivant la géométrie de la fissure


a) hypothèses géométriques
b) débit d'infiltration dans le cas d'une mise en pression unilatérale
c) épaisseurs réduites

En définissant de la sorte l'épaisseur réduite d'un élément, le débit unilatéral à


travers une fissure traversante, que l'élément présente ou ne présente pas de
fissure secondaire, peut être exprimé de la manière suivante :
3 2

p’
Q; = ëws H ———p2 (4.24)

H : longueur de la fissure (hauteur de l'élément dans le cas des essais) [m]


ws: ouverture superficielle moyenne de la fissure [m]
143

La formulation évite de devoir tenir compte explicitement de la géométrie de la


fissure pour évaluer le débit d'infiltration. Si l'élément n'est pas trop épais et ne
présente pas des fissures secondaires, les fissures traversantes peuvent être
admises parallèles et l'épaisseur réduite est égale à l'épaisseur réelle (h,=h). Dans
les autres cas, l'épaisseur réduite est naturellement plus faible que l'épaisseur
réelle (h,<h). Pour les deux formes de fissure définies à la figure 4.15, le débit QF et
l'épaisseur réduite découlant de l'équation (4.23) ont été déterminés pour
plusieurs coefficients 7 et ô. On constate en toute logique que, dans le cas d'un
changement brusque de fissure, le rapport h,/h tend vers ô lorsque l'ouverture de
fissure devient largement plus ouverte au coeur d'un élément (y élevé). On
constate aussi que l'hypothèse d'un changement graduel est plus défavorable; le
rapport hr /h peut dans ce cas être inférieure à 10%.
Le problème de la variation de l'ouverture d'une fissure dans l'épaisseur d'un
élément a déjà été évoqué par Clear [1985], mais à notre connaissance il n'a jamais
été expérimentalement quantifié et pris en considération dans les études traitant
de l'évaluation des infiltrations à travers un élément en béton armé. Comme on
vient de le voir, négliger cet aspect et n‘évaluer le débit d'infiltration à travers un
élément que sur la base de l'ouverture de fissure à sa surface peut conduire à le
sous-estimer d'un facteur supérieur à 10.
En ce qui concerne les éléments testés dans le cadre de cette recherche, l'épaisseur
réduite ne peut être estimée que dans le cas de la première fissure apparue au
cours de l'essai. Il n'est pas possible de le faire pour les fissures suivantes, car la
relation entre le débit et l'ouverture d'une fissure ne plus être admise univoque,
comme dans le cas des éléments ne présentant pas de fissures secondaires (voir
54.2.2). Il est en particulier difficile de prédire l'évolution du débit à travers les
premières fissures lorsque l'élément est déchargé au moment de l'apparition
d‘une nouvelle fissure traversante.
Pour arriver à l'épaisseur réduite, le coefficient de débit de la fissure est d'abord
évalué avec les diagrammes de la figure 4.14 en se référant à son ouverture
maximum atteinte à la surface de l'élément (wsmax, figure 4.17). Puis l'épaisseur
réduite est déterminée sur la base de mesures d'infiltrations juste avant qu'une
seconde fissure traversante se forme. Les équations suivantes sont alors utilisées :
3H 2 _ 2

‘“êw
hr(AP = P1 'Pz) = ————(P1 s
p2)
24urT - Q5 / x (4.25)
hr = hgtäo h‘(Ap)

QE : débit massique injecté [kg/s]


p1 : pression absolue amont (pression d'essais) [Pa]
p2 : pression absolue aval (pression ambiante) [Pa]
w : ouverture superficielle moyenne de la fissure [m]
p. = 1.82-10'5: Viscosité dynamique de l'air à 20°C [Pa-s]
H=1 : hauteur de l'élément [m]
144

h = 0.42 : épaisseur de l'élément [m]


r = 286.9 : constante individuelle de l'air [J/kg/°K]
T = 293.15 : température de l'air injecté [°K]
ë : coefficient de débit de la fissure [—]
x=QE/QF : déterminé pour l'hypothèse d'une variation progressive de
l'ouverture de fissure (figure 4.12b) et pour une valeur
Y = (Ws+zws, fis. second. associées) /Ws

Les résultats des analyses pour la première fissure traversante des éléments R5, E4
et E5 sont donnés au tableau 4.1. Les valeurs sont indicatives car, d'une part, trop
peu nombreuses et, d'autre part, l'épaisseur réduite est très sensible à l‘ouverture
de fissure ws, qui n'était mesurée qu'à 10 um près (voir ê 4.3). Il ne faut non plus
pas perdre de vue que l'ouverture au coeur des éléments n'est pas directement
connue. Malgré tout, l'ordre de grandeur des épaisseurs réduites déduites des
mesures d‘infiltration correspond relativement bien aux valeurs que l'on peut
estimer en supposant une variation progressive de l'ouverture de fissure entre le
coeur et 1a surface des éléments (figure 4.16). Dans le cas de l'élément R5, la
valeur 7:1.8 devait conduire à un rapport h,/h compris entre 0.25 et 0.43 suivant
la valeur du coefficient ô, la valeur h,/h=0.15 déduite des mesures d'infiltration
est un peu inférieure. Dans le cas de l'élément E4, 1a valeur 7:4.9 devait conduire
à un rapport hr/h compris entre 0.04 et 0.12 suivant la du coefficient ô, la valeur
h,/h=0.09 est dans la fourchette. Finalement, dans le cas de l'élément E5, la valeur
7:5.3 devait conduire à un rapport hr/h compris entre 0.04 et 0.11 suivant la du
coefficient ô, la valeur h,/h=0.05 est à nouveau dans la fourchette. L'hypothèse
d'une variation linéaire de l'ouverture de fissure entre le coeur et la Surface
d'une élément est donc confirmée par ces mesures d'infiltration.

Détermination
QE de l’épaisseur
réduite hl-

EËEIIEÆ
mmm
Fissure [p.m] [um] [-] ['l

mm
Ws Ws max
mm
Figure 4.17 : Représentation schématique de Tableau 4.1 : Coefficients de débit et épaisseurs
l'évolution du débit d'infiltration réduites des éléments avec fissures
à travers une fissure secondaires
145

4.3 Discussion sur le mode d'expérimentation


La marge d'incertitude sur le coefficient de débit ê propre à une fissure s'évalue à
partir de l'équation (4.21), utilisée pour sa détermination, et des marges
d'incertitude sur les divers termes qui composent cette équation :
xn, i 0.05 : rapport QE/QFP
QE i 1 à 2.5 % : débit injecté
ws i 10 um : ouverture superficielle moyenne de la fissure
h=420 mm i 2 mm :épaisseur de l'élément
H=1000 mm i 2 mm : épaisseur de l'élément
Ap i: 1% : pression d'essai
patm incertitude négligée : pression atmosphérique
u incertitude négligée : viscosité de l'air
T incertitude négligée : température de l'air
r incertitude négligée : constante individuelle de l'air
On admet en plus que la limite ë=liän
. p—p
0 €(Ap) converge effectivement de
manière linéaire vers la valeur recherchée.

Pour un rapport pr=1.7, une ouverture de fissure de 150 um, une pression
atmosphérique de 1 bar et une pression d'essai de 0.1 bar, la marge d'incertitude
sur le coefficient de débit est la suivante:
(Q5 i 2%) (h i- 0.5%) gizs%
ê z (pr i 5%)(ws i 6.5%)3 (H i 0.2%)(Ap i 1%)
L'incertitude sur le coefficient de débit â est, comme on le voit, élevée. Près des
3/4 de celle—ci est liée à l'incertitude sur la mesure de l'ouverture de la fissure qui
intervient au cube dans la formule (4.21). Les problèmes spécifiquement liés au
type de mesures d'infiltration jouent un rôle moins important puisque qu'ils
interviennent pour 8%, dont un peu plus de la moitié est liée au fait que l'air est
injecté plutôt qu'appliqué à la totalité d'une face des éléments (incertitude sur
x"). Cette technique d'investigation ne constitue donc pas un désavantage par
rapport à des méthodes plus traditionnelles. Pour améliorer la précision sur
l'évaluation du coefficient de débit d'une fissure, il faut surtout une définition
clair de l'ouverture d'une fissure et améliorer les techniques pour la mesurer.
En ce qui concerne le calcul de l'épaisseur réduite d'un élément (hr), la précision
est encore plus faible, puisque celle-ci s'obtient d'une formule similaire ou
intervient le coefficient de débit que l'on estime avec la figure 4.14. La dispersion
sur le coefficient de débit se répercute donc sur la précision de l'estimation de
l'épaisseur réduite.
Si l'on voulait diminuer l‘incertitude sur 1e rapport x, qui est assez sensible à la
différence d'ouverture des fissures entre 1e coeur et la surface d'un élément, il
suffirait de disposer davantage de tubes d'injection dans les éléments. En effet, les
valeurs que peut prendre x sont comprises entre celle correspondant à une fissure
146

parallèle (1.63 dans notre cas) et la valeur maximum de 4. Comme le montre la


figure 4.14, en ajoutant des tubes d'injection la fourchette est resserrée et la
sensibilité à la forme interne d'une fissure devient plus faible.

avr
0l
O
6° 40302010 1'000 mm

x = 1.63 x = 2.73 x = 3.31

Figure 4.18 : Champ de pression et rapports x dans le cas d'une fissure parallèle si deux, quatre ou
six tubes d'injection sont disposés

4.4 Synthèse des résultats et formulation générale


En résumé, pour le cas d'une mise en pression unilatérale, le débit d'infiltration
par mètre linéaire de fissure est donné par les relations suivantes, suivant que le
fluide est compressible (gaz) ou non (liquide) :
3 2_ 2
Gaz : qF = w (4.26)
24 11hr rT

. . ëw3 (Ap )
L Iqm e
d : q; = p 12m“
—s—— <4.27)
qF : débit massique par mètre linéaire de fissure [kg/s /m]
p : masse volumique du fluide [kg/m3]
ë z coefficient de débit [-]
147

ws : ouverture superficielle moyenne de la fissure [m]


p1 : pression absolue amont [Pa]
p2 : pression absolue aval [Pa]
AP = Pl'pz
u : viscosité dynamique du fluide [Pas]
hr z épaisseur réduite de l'élément [m]
r : constante individuelle du gaz U/kg/°K]
T : température du gaz [°K]

Les relations (4.26) et (4.27) ne se distinguent de ce qui est déjà connu (voir 52.3.4)
qu'au niveau de l'épaisseur réduite, qui est introduite pour tenir compte de
l'effet d'une variation de l'ouverture des fissures traversantes dans l'épaisseur
d'un élément. Les relations (4.26) et (4.27) sont valables pour autant que le régime
d‘écoulement soit laminaire. Selon les recherches antérieures, un régime
turbulent est susceptible de s'établir lorsque le nombre de Reynolds 5R =2qF/u
dépasse une limite comprise entre 200 et 1400.
Le coefficient de débit ê dépendant du béton et de l'ouverture de la fissure
(ouverture fictive). Sa valeur est plus petite ou égale à 1 (la valeur de 1
correspond au cas de deux plans parallèles et lisses d'ouverture w). Il permet de
tenir compte des influences suivantes sur les infiltrations (voir ê 2.3.4) :
- de la tortuosité et de la rugosité d'une fissure;
- du fait que l'ouverture fictive d'une fissure est plus grande que l'ouverture
réellement accessible à l'écoulement;
- du fait qu'en phase de formation (ouvertures de fissure comprises entre 0 et
environ 0.25 mm), toute la surface d'une fissure n'est pas "accessible" à
l'écoulement.

O a0.03+0.1 500
w [mm]

Figure 4.19 : Allure générale de la relation €(w)

L'allure générale de 1a fonction ê(w) est donnée à la figure 4.19.


Les dommages liés à la formation d'une fissure ont un caractère irréversible. En
particulier, si durant la phase de formation, la part de la surface d'une fiSSure
accessible à l'écoulement augmente progressivement, cette part de surface ne peut
pas diminuer lorsque la fissure ce referme. Pour cette raison on propose
148

Paramètres

épaisseur du tirant
taux d'armature
diamètre et répartition des barres
propriétés mécaniques du béton

Valeurs caractéristiques d'une fissure traversante isolée


accompagnée ou non de fissures secondaires
Uniquement des fissures traversantes Avec des fissures secondaires
ws Ws
U 1T
_»"" "'— 8h12

n ll'
,_l_ n ht:8y(y+1)+2(l—ô) h
_ T—

Déformation “absorbée” par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui
sont associées : MF:(M - M’a/n où n est le nombre de fissures traversantes

Débît caractéYÎStÎque QF Etat de fissuration


Par mètre linéaire de fissures [kg/S'm'] Nombre de fissure traversante
Gaz Liquide par mètre courant [l/m]
3 2 2 3
w - _ A
q,“ E112 qfipëws P Mm
24uher 12m1r F=—-—MF
Valeur ë(ws) selon figure 4.19

Débit global Qg
par unité de surface de mur [kg/s-mz]

(28:qu

Figure 4.20 : Schéma de principe pour l'estimation du débit d'infiltration à travers une fissure
isolée et du débit d‘infiltration global à travers un élément fissuré sollicité à la
traction pure (fissuration unidirectionnelle)
149

d‘admettre, faute de plus d'informations pour l'instant, que le coefficient de débit


est irréversible ou, autrement dit, que sa valeur ne diminue pas si une fissure se
referme en partie (sous l'effet de la précontrainte par exemple).
L‘épaisseur réduite est considérablement plus faible que l'épaisseur réelle d'un
élément si des fissures secondaires se forment de part et d'autre des fissures
traversantes. L'hypothèse la plus vraisemblable sur la variation dans l'épaisseur
d'un élément de l'ouverture d'une figure traversante en cas de formation de
fissures secondaire est rappelée à la figure 4.20.
Pour évaluer le débit global à travers un élément fissuré, reste encore à
déterminer le nombre de fissures traversantes par mètre courant d'élément (F) en
fonction de sa déformation (e). D'une manière un peu schématique et en
supposant que les fissures traversantes n'interagissent pas entre elles (faible
densité de fissuration), il peut être admis dans le cas d'un tirant (traction pure)
que chaque fissure principale et, le cas échéant, les fissures secondaires qui lui
sont associées, absorbe une certaine déformation AEF (élongation du tirant entre
deux fissures traversantes successives). Le nombre de fissures traversantes par
mètre courant peut par la suite être évalué avec la formule suivante :

F = ËM (4.28)
MI:

F : nombre de fissures par mètre courant d'élément [1 / m]


e= M/Z : déformation de l'élément [-] l
Z z longueur de l'élément [m]
M : déformation totale de l'élément [m]
A2e : déformation élastique pouvant être absorbée par le béton
non fissuré [m]
AKF : déformation absorbée par une fissure traversante et les fissures
secondaires qui lui sont éventuellement associées [m]

Finalement le débit global par unité de surface d'élément s'obtient en multipliant


le débit par mètre linéaire de fissure par le nombre de fissure par mètre courant
d'élément :
Q3 = qF F (4.29)

Q8 : débit massique global par unité de surface de mur [kg/s/mz]

La démarche et les formules conduisant au débit global par unité de surface sont
synthétisées à la figure 4.20. Le problème de la détermination des facteurs y, ô et
des valeurs Me et AZF caractérisant géométriquement une fissure traversante est
traité au chapitre 5, qui suit. Ils découlent d'une analyse purement mécanique de
la formation et du développement des fissures principales et secondaires.
150
151

5.- MODELISATION DE LA FISSURATION

5.1 Description du modèle


Comme on l'a vu à 1a fin du chapitre précédant (figure 4.20), le débit d'infiltration
à travers un élément dont on impose dans une direction une certaine
déformation peut être évalué si l'on connaît les valeurs géométriques suivantes :
wS : ouverture des fissures traversantes à la surface de l'élément;
y :rapport entre l'ouverture des fissures traversantes au coeur et à la
surface de l'élément;
ô z rapport entre la distance de la surface de l'élément à partir de laquelle
les fissures principales se referment et la demi-épaisseur de l'élément;
A2,; : déformation "absorbée" par une fissure traversante et les fissures
secondaires qui lui sont éventuellement associées.
Ces valeurs permettent de déterminer l'épaisseur réduite d'un élément (h,) et la
longueur cumulée des fissures traversantes par unité de surface (F) en fonction
de la déformation imposée (figure (4.20)).
Le comportement à la fissuration d'un tirant a fait l'objet de nombreuses études,
dont la synthèse dans le cadre de ce projet de recherche a été réalisée par Farra
[1995]. La plupart des recherches ont visé à décrire le comportement apparent
d'un tirant (diagramme Force-déplacement), à prédire l'ouverture des fissures à
la surface d'un élément et l'espacement moyen des fissures en stade de
fissuration stabilisée. On trouve des relations permettant de tenir compte de
l'influence des fissures secondaires sur l'ouverture probable des fissures à la
surface d'un élément (Helmus [1990]). Toutefois à notre connaissance, il n'existe
pas dans la littérature de relations permettant de déterminer les paramètres et
valeurs caractéristiques cités plus haut qui doivent nous permettre d'évaluer les
infiltrations à travers un tirant en fonction de :
- la valeur de la déformation imposée;
- la classe de résistance du béton;
- le taux et la répartition de l'armature passive;
- l'épaisseur du mur.
Dans le cadre de cette recherche, ces valeurs géométriques sont déterminées
numériquement à l'aide du programme d'éléments finis MES de la société
INTRON SME à Yverdon—les-Bains.
La modélisation est plane (coupe horizontale dans les éléments, figure 5.2). Cette
option est justifiée par les observations faites lors des essais sur grands tirants.
Aussi bien les fissures principales que les fissures secondaires avaient un tracé
plus ou moins continu à la surface des éléments avec une orientation moyenne
perpendiculaire à 1a sollicitation. Aucune influence évidente de la position des
barres d'armature sur les points de ramification, de dédoublement ou sur
152

l'ouverture d'une fissure à la surface d'un élément n'a pu être observée durant la
première phase des essais (jusqu‘à 0.3%o de déformation imposée). De manière
générale, la pertinence de cette option pourrait être mise en doute si l'espacement
des barres d'armature s'approche de (ou dépasse) l'épaisseur du tirant. Elle se
justifie par contre d'autant plus que l'espacement des barres devient faible
comparé à l'épaisseur de l'élément.
Il a été admis que le béton a un comportement élastique linéaire jusqu'à la
localisation d'une fissure (figure 5.1 a). Le béton est donc caractérisé par un
module d'élasticité (EC), un coefficient de Poisson (v) et une résistance à la traction
(ft). Cette dernière constitue le critère de localisation des fissures.
Une relation bilinéaire entre la contrainte et l'ouverture d'une fissure a été
adoptée pour caractériser le béton pendant la phase de développement d'une
fissure (figure 5.1 b). Le béton est admis isoadoucissant, seul le model
d'ouverture des fissures est pris en considération. Le comportement d'une fissure
est donc caractérisé par la résistance à la traction du béton (f,), son énergie de
rupture (GF) et deux ouvertures de fissure caractéristiques: (wl) donnant le point
de cassure dans la courbe d'adoucissement et (wc) l'ouverture à partir de laquelle
la fissure ne transmet plus de contraintes.
L'acier des barres d'armature a un comportement élasto-plastique (figure 5.1 c). Il
est caractérisé par un module d'élasticité (Es) et une limite élastique (fy). Pour le
problème qui nous concerne, la plastification des barres d'armature constitue une
limite au-delà de laquelle le comportement du tirant ne présente plus vraiment
d'intérêt, puisque l'ouverture des fissures n'est plus contrôlée par l'armature.
L‘interaction entre les barres d'armature et le béton est caractérisée par une loi
d'adhérence du type (figure 5.1 d) :

t = a ' sb (2.17)

r : contrainte d'adhérence béton-armature [N/mmz]


s : glissement relatif entre la barre d'armature et le béton avoisinant
(béton au delà de la "chemise plastique" entourant la barre) [mm]
a et b : facteur caractérisant le béton (et les conditions d'enrobage, etc...) [-]

La modélisation de l'interaction entre les barres et le béton fait donc abstraction


du mécanisme réel d'adhérence (voir â 2.3.2). La zone fissurée entourant les
barres d‘armature ("chemise plastique") n'est en particulier pas directement
reproduite (de toute façon impossible avec une modélisation 2D).
Les calculs se font en contraintes planes avec des éléments finis quadrilatères
plans à quatre points d'intégration. Il n'y a pas d'éléments de contact spécifiques
pour décrire et symboliser l'ouverture d'une fissure. La matrice de rigidité des
éléments inclut le comportement isoadoucissant du béton pendant la phase de
développement d‘une fissure (une seule fissure possible par élément).
153

b)

fi

01
L

W1 wc

d)

fY

T = a s"

E.
S

Figure 5.1 : Modèles mécaniques caractérisant les matériaux et l'interface acier-béton


a) béton non fissuré
b) relation entre l'ouverture et la contrainte transmise par une fissure
(modèle bilinéaire, comportement isoadoucissant)
c) acier des barres d'armature
d) relation d'adhérence

Les barres d'armature sont modélisées par des éléments "barre" se superposant
aux éléments quadrilatères plans de béton. L'interaction entre les éléments de
barre et les éléments de béton est régi par la loi d'adhérence. La contrainte
d'adhérence est déterminée en fonction du déplacement relatif entre les éléments
de barre et les éléments de béton sous-jacents. Les éléments finis de béton ont une
certaine épaisseur que l'on fait varier en fonction de l'espacement des barres
d'armature (épaisseur des éléments de béton = espacement des barres
d'armature).
Un tronçon de tirant de 1500mm de longueur est modélisé (figure 5.2). Une
demi-épaisseur de tirant est reproduite (h/2 = 210 mm), l'influence de la seconde
moitié étant prise en considération par des appuis. Aux deux extrémités une
bande d'éléments finis très rigide de 50 mm de large et un tronçon de barre le
long duquel une adhérence parfaite est admise (matériaux auxiliaires),
permettent "l'ancrage" des barres d'armature. A une extrémité du tirant la
déformation longitudinale est bloquée. A l'autre extrémité, une déformation est
progressivement imposée. Comme dans le cas des essais (chapitre 3), la
modélisation numérique d‘un tirant consiste à le déformer progressivement et à
suivre l'évolution de l'effort de traction, des déformations et de l'état de
fissuration.
154

ËIIXXIIXXEII! 1 lillllllllxllIllxlxlfillè‘î
mil-IIIICIII: I tenus-nm!nnnnnuunnflx-m
WIIIIII-IIII I IIIIIIIIEQIIIIUŒIIRBIESE
S‘àÿfillllt.ll-III IIIIIIIIIEIÜÜIUBIIIîlüÿw
I’s‘äàIEI-IIIIII-I "II'.’I!IË..R'II.I"EËŸQ
I QIIIIIIRËËIIBÜE'HHEBCIÊN
I8 han-nannænæ—auunn—mnnnuw«

Bande affaiblie (localisation


Bande infiniment de la fissure traversante)
rigide (BIR)

Figure 5.2 : Maillage et conditions de bord

En modélisant le béton comme un matériau homogène des problèmes de


localisation des fissures se posent dans le cas de sollicitations de traction pure. La
résistance à la traction, malgré les erreurs d'arrondi du calcul, est atteinte en
général en même temps dans plusieurs éléments, souvent voisins, et le calcul
peine à trouver son équilibre (problème de convergence). En réalité, le béton est
un matériau hétérogène truffé de défauts et la géométrie d'un élément comprend
toujours des dissymétries et irrégularités, si bien que les fissures n'ont
généralement pas de peine à se localiser. Pour tenir compte de cette nature
hétérogène du béton dans un calcul numérique, certains l'introduisent de
manière explicite en faisant par exemple la distinction dans leur modèle entre les
granulats dont la position est définie de manière aléatoire, la pâte de ciment,
l'auréole de transition entourant les granulats (par exemple Roelfstra [1989]);
d'autres l'introduisent au niveau des divers paramètres du béton qui n'ont plus
une valeur déterministe, mais suivent des lois de répartition statistique, qui
permettent d'attribuer de manière aléatoire des paramètres différents à chaque
élément fini du modèle (par exemple Rossi et al. [1992], Ulm et al. [1996]).
Une seconde difficulté réside dans le problème de l'état initial de contrainte et
d'endommagement d'un élément. Les phénomènes thermiques au jeune âge,
l'autodessiccation et la dessiccation par séchage du béton, en particulier, laissent
des traces sous forme d'autocontraintes et de microfissures (voir 5 2.3.1). Ces
champs d'autocontraintes non homogènes et ces microfissures — ces dernières
peuvent être le signe d'une localisation de fissure ou, autrement dit, d'une
fissure déjà active mais dont les diverses branches n'ont pas encore coalescé -
155

influencent naturellement directement le comportement à la fissuration d‘un


élément. Pour en tenir compte, il faudrait modéliser le comportement d'un
élément dès son plus jeune âge, tant du point de vue thermique, hydrique que
mécanique (par exemple Roelfstra et al. [1994a]).
Il sort du cadre de ce travail d'aborder tous ces aspects. Pour contourner ces
problèmes d'hétérogénéité et de localisation des fissures, la démarche de calcul
suivante a été adoptée :
- pour la première itération, une bande de plus faible résistance est introduite
au centre du tirant afin de fixer la position de la fissure traversante (figure 5.2
et 5.3 a);
— pour une seconde itération, une partie des éléments de béton au voisinage de
la fissure traversante sont substitués par des éléments "non fissurables" et
une entaille est introduite au niveau où les fissures secondaires tendent à se
localiser afin de favoriser la convergence des calculs (figure 5.3 b).
L'adjonction d'éléments "non fissurables" se justifie par le fait que, pour des
raisons de précision des calculs, la taille des éléments finis (m 25 mm de côtés) est
plus petite que la bande dans laquelle une fissure se développe, bande qui est de
l'ordre de 1.5 à 4 fois la taille maximum des granulats du béton (voir ê 2.3.1). Il
n'est donc pas réaliste que deux ou trois éléments successifs par rapport aux
contraintes principales de traction se fissurent. Les essais sur les grands tirants
l'ont d'ailleurs montré (figures 3.12, 3.13 et 3.14). Les fissures principales et
secondaires à la surface des éléments étaient espacées, à quelques rares exceptions
près, d'au moins 60 mm (en général même plus).
L'entaille à la surface des éléments n'est non plus pas dénuée de sens physique.
En effet, les fissures principales ou secondaires se localisent au niveau des défauts
de l'élément. Ces défauts sont particulièrement denses à la surface d'un élément,
en rapport avec la fissuration due au retrait de dessiccation et la présence
d'incorporés comme les étriers. Les entailles symbolisent en quelque sorte ces
défauts superficiels.
Insistons sur le fait que l'adjonction d'éléments non fissurables est d'entailles a
uniquement pour but d'améliorer la convergence des calculs, afin qu'ils ne
s'arrêtent pas prématurément à de faibles niveaux de charge. Elle n'a pas pour but
de contrôler la formation ou non des fissures secondaires. Dans le cas des
éléments très sujets à la fissuration secondaire (élément E5 par exemple), les
problèmes de convergence sont moins marqués et les fissures secondaires se
forment dès la première itération. Dans le cas des éléments absolument pas sujets
à la fissuration secondaire (R3 par exemple), l'adjonction d'une entaille ne
conduit tout de même pas à des fissures secondaires.
Par esprit de rigueur, les deux itérations sont faites pour tous les éléments et les
valeurs géométriques caractérisant les fissures sont déterminées sur la base des
résultats de la seconde itération. Dans les cas où les deux calculs convergent, on
156

a)

Cracks ct 360.00 hours l-—‘|

Element R4 Lest PCX File; Date:


N Pror'lete BII f550_1 .PCX 0’: 07 95

b)

Cracks ct 370.00 hours l—l = 0.1000 mm

Element R4 Lest PCX File;


Prorîetes Bll f53b_1 .PCX G'z 07 '95

Figure 5.3 : Itérations conduisant à la localisation et à la formation des fissures secondaires


a) section centrale affaiblie, reste du béton homogène
b) adjonction d'éléments "non fissurables" et d'une entaille de part et d'autre de
la fissure
157

ne constate pas de différences importantes tant au niveau du comportement


global de l'élément que de la géométrie des fissures. Il faudrait des entailles plus
profondes pour influencer de manière significative les résultats.
Sur la base des diagrammes charge-déformation et du champ de déplacement
résultant du calcul numérique, les valeurs caractéristiques de la fissure sont
déterminées pour le niveau de charge souhaité. Le calcul est en général conduit
jusqu'à la formation d'une seconde fissure traversante. La déformation absorbée
par la fissure traversante et les fissures secondaires qui lui sont éventuellement
associées (AEF) est déterminée de la façon suivante:

Ai _ N / A . Ê
e E, (5.1)
M. = M—Afie
: effort de traction [N]
: section du tirant [mmz]
: longueur du tirant [mm]
Al : déformation totale du tirant (une seule fissure traversante) [mm]
Me : déformation élastique pouvant être absorbée par le béton [mm]

5.2 Calibrage et tests du modèle sur les résultats des essais sur grands
tirants

5.2.1 Calibrage de la loi de comportement du béton


Pour caractériser les bétons IBAP et EDF, deux ensembles de valeurs sont adoptés.
Le premier, donné au tableau 5.1, est déduit des essais annexes sur éprouvettes
(tableau 3.3). Les ouvertures de fissure wl, wc et la contrainte 01 (figure 5.1 b) sont
évaluées à partir de la résistance à la traction ft et l'énergie de rupture G1: sur la
base des relations (2.14) proposées par Brühwiler [1993] (voir 5 2.3.1). Le second
ensemble de valeurs, donné au tableau 5.2, est évalué sur la base des résistances
apparentes (tableaux 3.5 et 3.8 du 53.4.1) et des diagrammes charge—déformation

Valeurs A Valeurs B

E, = Ecm (95j) [MPa] 33'400 45'700 32'800 42'800


f. = f... (951) [MP211 3.15 3.88 2.55 3.34
Gp (95j) [N/mm] 0.202 0.193 0.168 0.190

0.33 0.33 0.33 0.33


0.051 0.040 0.053 0.046
0.231 0.179 0.237 0.205
(") moyenne entre le module tangent à
l'origine et le rapport Gal/8m

Tableau 5.1 : Caractéristiques mécaniques Tableau 5.2 : Caractéristiques mécaniques


des bétons déduites des essais des bétons déduites des mesures
annexes sur éprouvettes sur les grands tirants
158

mesurés lors des essais sur grands tirants. Sur la base de ces derniers diagrammes,
l'énergie de rupture est évaluée selon les indications données à la figure 5.4 (avec
les risques d'erreurs liés à l'instabilité de l'essai). Comme précédemment, les
ouvertures de fissure w], wc et la contrainte (51 sont évaluées à partir de la
résistance à la traction ft et l‘énergie de rupture GF sur la base des relations (2.14).
Pour la bande centrale affaiblie les propriétés du tableau 5.2 sont prises en
remplaçant (5cm par 6m (selon le tableau 3.5 du 53.4.1, soit 1.82 MPa pour le béton
IBAP et 2.77 MPa pour le béton EDF).
Le premier ensemble de valeurs (tableau 5.1) présente l'avantage de pouvoir être
obtenu facilement pour n'importe quel béton. Il découle d'une démarche qui
peut être entreprise indépendamment des résultats des essais sur grands tirants.
Les valeurs réduites, déduites des essais sur grands tirants (tableau 5.2), ont
l'avantage de tenir en partie compte des problèmes d'hétérogénéité et de l'état
initial d'endommagement évoqués au paragraphe 5.1. Les fissures secondaires se
développent en effet au niveau des sections les plus faibles et à ce titre la
résistance moyenne mesurée sur de relativement petites éprouvettes par rapport
à la taille des tirants d'essai est certainement trop optimiste.

R1
(Béton IBAP /armature A51: p=0.60°/o, 2 nappes, 920)

° '—
“U
' Ë o<1.

". 5°
a æ
‘5 ' «sâ) äg '
au: 8‘“
PH ' 8 N ' “.3 '
g. "‘ D-
Z
E
8 ......................
2. l
à 600 _.... ........ .,...... ..... . ..................,,, ......,. ,..... ,,,.....
ä .. ...................................
400 .......

200

0
0 0.06 0.12 0.18 0.24 0.3
0 0.18 0.36 0.54 0.72 0.9

Déformation imposée [%o]


Déplacement "pilotage" [mm]

Figure 5.4 : Principe de l'évaluation de l'énergie de rupture à partir d'un diagramme charge-
déformation mesuré lors d'un essai sur grand tirant
159

5.2.2 Calibrage de la loi d'adhérence acier-béton

Il manque malheureusement dans l'étude expérimentale des essais d'adhérence


standardisés permettant le calibrage des paramètres de la loi d'adhérence. Celui—ci
ne peut donc être fait que sur la base des résultats des essais sur grands tirants. A
partir de la relation analytique (2.18) donnant l'ouverture d'une fissure isolée, les
couples de facteurs a et b satisfaisant les relations entre la contrainte en stade II-nu
dans les barres d'armature (<552 =N/As) et l'ouverture des fissures (w) mesurées,
sont déterminés. La formule analytique (2.18) ne peut naturellement être utilisée
que dans le cas où une fissure est complètement traversante et uniquement dans
le cas des éléments qui ne présentent pas de fissures secondaires, soit R1, R2 et R3
dans le cas du béton IBAP; E3 et E6 dans le cas du béton EDF. Les couples a et b de
la relation d'adhérence sont déterminés pour l'ensemble des fissures apparues
jusqu'à 0.30 %o de déformation imposée, ainsi que pour l'ouverture de fissure
moyenne de référence wenvewmyœ et l'effort normal enveloppe NenveLwæ” s'y
rapportant (tableau 3.6). Les tracés des couples a et b sont présentés à la figure 5.5
dans le cas du béton IBAP et 5.6 dans le cas du béton EDF.
Il est difficile sur la base d'ouvertures de fissure, de choisir 1e couple a et b de la
relation d'adhérence le plus approprié pour les bétons et les conditions d'essai
que nous avons eus. la relation w(osz) est relativement peu sensible au couple a
et b. Les figures 5.7 et 5.8 donnent, respectivement dans le cas du béton IBAP et
EDF, deux relations w(0's2) que l'on estime représentatives. Les relations w(o;2)
données par la formule analytique et découlant à chaque fois du couple a et b qui
nous a paru le plus approprié pour la fissure considérée, sont superposées. Sur
l'ensemble des fissures, les différences sont importantes et le choix de l'un ou
l'autre des couples a et b peut porter à caution. Il a finalement été admis pour
chaque béton un couple partant du facteur b=0.12 qui semblait le mieux
correspondre à nos mesures et un second couple partant du facteur b=0.21 adopté
pour les problèmes de fissuration par le groupe de travail sur les BHP du CEB-FIP
(équations (2.19) du â 2.3.2). Les couples a et b retenus pour l'analyse des essais de
tirants sont synthétisés au tableau 5.3.

Couples I
a 8.02 15.1
b 0.12 0.12

Couples II
a 10.4 20.4
b 0.21 0.21

Tableau 5.3 : Facteurs a et b de la relation d'adhérence retenus pour l'analyse du comportement des
tirants (pour un glissement exprimé en [mm] et une contrainte d'adhérence en [N/msz
160

Béton IBAP

R1 fiss. n°1
Wenvel. 0.30%o
R2 - - - - - - - fiss. n°6
- — — - fiss. n°3
— — Wenvel. 0.30%o
' ' '-fiss.n°1
R3 fiss. n°3/4

. , , . . . . . . . . . . . . ., n06

W!
Wenvel. 0.30%o

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30


b [-l

Figure 5.5 : Couples a et b de la relation d'adhérence déduits sur la base du modèle analytique à
partir des relations w(o,_z) mesurées lors des essais

Béton EDF

- - - - - - - fiss. n°6
E3 — — - -fiss. n°1
- ----fiss. n°4
——Wenvel. 0.30%o
r ‘ r ' * * - fiss. n°4
Es -* r“ — -*fiss. n°6
"r ‘ m ‘ “fiss. n°5
mWenvel. 0.30%o

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30


b [-l

Figure 5.6 : Couples a et b de la relation d'adhérence déduits sur la base du modèle analytique à
partir des relations w(o‘sz) mesurées lors des essais
161

Béton IBAP
(R2, fissure n°6)

0.50

0.40

.
Ê — 0.30
Mesures
3 0.20
Courbe analytique
. - — — - --a= b

0.10

0.00

Figure 5.7 : Relation w(os,_) mesurée dans le cas d'une fissure représentative du béton IBAP

Béton EDF
(E3, fissure n°6)

Mesures

Courbe analytique
.. - - -- -a = ,b =

Figure 5.8 : Relation W(652) mesurée dans le cas d'une fissure représentative du béton EDF
162

Matériaux (tableaux 5.1, 5.2 et 5.3)


Éléments R1 à R6 : béton IBAP
Éléments E3 à E6 : béton EDF

R1
p=0.60% aucune
020,8:250mm 0.5l0
2 nappes

R2 0.350
p=0.57% aucune
916,s=167mm 0.360
2 nappes

R3 0.235
p=0.86% aucune
Q16,s=167mm 0.225
3 nappes

R4 0.230 0.235
p = 036 % aucune aucune
0 16, s = lll mm 0.240 0.245
2 nappes

R5
p=l.15%
016,s=83mm
2nappes

0.235
aucune
0.245

E4
p=0.86%
016,s=lllmm
2 nappes

E5
p=1.15%
016,5:83mm
2 nappes

E6

016,5:125mm
3 nappes

Tableau 5.4 : Ouverture superficielle des fissures principales (ws) et des fissures secondaires
(wssmnd), déformation absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires
qui lui sont éventuellement associées (Mç). épaisseur réduite (h,)
163

5.2.3 Tests du modèle

Les valeurs ws, AlF et hr mesurées ou déduites des essais sur grands tirants
(chapitres 3 et 4) sont comparées aux valeurs découlant de la modélisation
numérique au tableau 5.4. Dans le cas des éléments présentant des fissures
secondaires, la comparaison entre les mesures et les calculs porte encore sur
l'ouverture des fissures secondaires à la surface des éléments (ws smm). L'effort
normal de référence pour la comparaison est l'effort Nenvelmm donné pour
chaque élément au tableau 3.6 (ê 3.4.1).
A titre d'exemple les résultats de l‘analyse numérique correspondant à l'élément
E4, qui présente des fissures seondaires, sont présentés à la figure 5.9. L'ensemble
des observations faites lors de la campagne d'essais (voir chapitre 3 et le rapport
des essais Mivelaz et al. [1995]) sont bien reproduites. Les fissures secondaires se
forment effectivement de part et d'autre de la fissure principale durant la
remontée en charge (figure 5.9 a et b). A partir du moment où les fissures
secondaires se forment, l'ouverture superficielle de la fissure principale stagne,
voire diminue "légèrement (figure 5.9 c). L'ouverture des fissures secondaires
augmente avec la charge et peut devenir plus importante que l'ouverture de la
fissure principale. Le mécanisme de formation des fissures secondaires
correspond bien au mécanisme décrit par Helmus [1990] (voir figure 3.11 du â
3.4.1). L'hypothèse retenue aux paragraphes 4.2.3 et 4.4 concernant la variation de
l'ouverture d'une fissure traversante à travers l'épaisseur d'un élément
présentant des fissures secondaires s'en trouve justifiée (voir figure 4.20).
Le choix du couple a et b de la loi d'adhérence (hypothèses I et Il du tableau 5.3)
n'a pas d‘influence significative sur 1a formation des fissures secondaires. Pour
choisir l'un ou l'autre des couples, il faudrait pousser la modélisation jusqu'au
stade de la fissuration stabilisée et trancher sur la base de l'espacement des
fissures. Ce calcul n'est pas possible en l'absence d'un modèle prenant en
considération l'hétérogénéité du béton, dans lequel les fissures traversantes
seraient générées de manière aléatoire à des niveaux de charge progressifs.
Si 1e couple a et b n'a pas une grande influence sur le comportement d'une
fissure isolée, il est par contre clair, que si la valeur du facteur a augmente
individuellement, le risque d'apparition de fissures secondaires augmente
également. En toute logique, l'effet est à peu près le même que si l'espacement
des barres d'armature est diminué (dans ce cas ce n'est pas la contrainte
d'adhérence qui augmente, mais la surface d'adhérence).
La résistance à la traction a une grande influence sur la probabilité d'apparition
des fissures secondaires. Cette influence est clairement mise en évidence dans le
cas de l‘élément R4 (tableau 5.4). En adoptant la résistance moyenne à la traction
sur cylindres aucune fissure n'est générée jusqu'au niveau de charge
correspondant à Nemm30 ,90 (valeurs A des tableaux 5.1 et 5.2). Lorsqu'on diminue
d'un peu moins de 20 %o cette résistance à la traction, en optant pour la résistance
apparente (0cm), qui correspond à l'apparition de la dernière fissure traversante
164

AÉF = 0.395 mm

N 1.0.30
N, = L’a—Ë A; = 69'400 N
C

N : niveau de traction de réféœnce correspondant


à la secn'on modélisée du tirant
section du tirant (1000 x 420 mm)

section modélisée du tirant (s x 210 mm)

A! = 0.495 mm

0
0.000 0.120 0.240 0.350 0.480 0.600
Displocement in mm

Element E4 Lost PCX ñle;


Prorîetes Bll f59_«3 .PCX O‘z/ .7 '95

b)
mmm
Dîsplocements

100.0 200.0 500.0 400.0 500.0 600.0

Displacement in pm

Element E4 Lest PCX FIIGÇ


î Prorietes BII F59_1 .PCX 0'; ’07/95
165

7:4.23

8:0.85
hr = 0.126 h = 53 mm

AË = 0.495 mm
Element E4 Lest ch me;
Prorietes Bll f59_2 .PC'X (l‘a/07 19-5

Figure 5.9 : Elément E4 - Béton EDF, p = 0.86 %, 2 nappes 016 s = 111 mm


a) Diagramme déplacement-force calculé
b) Évolution de l'ouverture de la fissure principale et des fissures secondaires à la
surface de l'élément
c) Déformations dans la zone de la fissure principale sous la charge de référence
(variation de l'ouverture de la fissure principale dans l'épaisseur de l'élément)

(valeurs B des tableaux 5.1 et 5.2), des fissures secondaires apparaissent de part et
d'autre de la fissure traversante. En l'occurrence, les résultats des essais
correspondent mieux aux valeurs B.
La résistance à la traction devient moins importante dans le cas des éléments très
sujets à la fissuration secondaire. C'est le cas notamment de l'élément E4, pour
lequel les résultats des calculs sont plus ou moins équivalents, quelle que soit la
valeur ft adoptée.
Le niveau de charge a naturellement aussi une grande influence sur la formation
ou non des fissures secondaires. Plus celui-ci est élevé, plus le risque de voir
apparaître des fissures secondaires est élevé. Il s'agit du corollaire des
considérations qui viennent d'être faites concernant l'influence de la résistance à
la traction. Ce fait à été mis en évidence expérimentalement dans le cas de
l'élément E6 (béton EDF, p = 1.15 °/o, 3 nappes de 016 s = 125 mm). A 0.30 %o de
déformation imposée, l‘élément présente de manière anecdotique deux fissures
secondaires qui ne sont pas développées sur toute la hauteur de l'élément
(figure 3.13). A 1.15 %o de déformation imposée, alors que l'effort de traction est
de l'ordre de 25 °/o plus élevé, les fissures secondaires deviennent moins rares et
affectent toute la hauteur de l'élément (figure 3.14).
166

Sans qu'une étude de sensibilité n'ait spécifiquement été réalisée à ce sujet, on


peut supposer que l‘énergie de rupture et les paramètres de la courbe
d'adoucissement ("softening") ont aussi une certaine influence sur la formation
ou non des fissures secondaires. En toute logique, plus l'énergie de rupture est
élevée, plus faible et plus progressif est le transfert de contraintes entre le béton et
les barres d'arrnature au niveau d'une fissure principale ou secondaire. Les
contraintes dans les barres devenant plus faibles, 1e risque de formation de
fissures secondaires et 1e cas échéant leur ouverture doivent diminuer.

0.5

0.4 rËn

î Ê
E
z 0.3 Ë
Ë= Ëa
.2 u
S 0.2 :5

è 0.1
ê3
0.0
0.0 0,1 0.2 0.3 0_4 0.5 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5

w, - mesurées [mm] Wsm - mesurées [mm]

o Eléments fabriqués avec le béton IBAB

l O Éléments fabriqués avec le béton EDF

Figure 5.10 : Correspondance entre les valeurs calculées et mesurées d'ouverture superficielle de
fissure (propriétés B II)
a) Fissures principales (traversantes)
b) Fissures secondaires

Quantitativement, la correspondance entre les ouvertures de fissure mesurées et


calculées est établie à la figure 5.10 (propriétés BII). Dans le cas de l'ouverture
superficielle des fissures secondaires, les calculs reproduisent bien les résultats des
essais (figure 5.10 a). Seul le point correspondant à l'élément R1 (tableau 5.4)
s'écarte de manière significative de la diagonale d‘exacte correspondance, ce qui
n'a rien de surprenant si l'on revient à la figure 5.5 où visiblement les propriétés
d'adhérence semblaient moins bonnes que la moyenne dans le cas de cet élément.
Il faut se rappeler à ce sujet que le diamètre des barres était de 20 mm dans le cas
de l'élément R1, alors qu'il était de 16 mm dans le cas de tous les autres éléments,
ce qui peut avoir une influence sur les propriétés d'adhérence. Dans le cas des
autres points, on constate presque systématiquement une légère sous-estimation
de l'ouverture superficielle moyenne des fissures traversantes. Cette tendance
doit être attribuée au fait que les paramètres de la loi d'adhérence ont été calibrés
sur la base du modèle analytique de prédiction de l'ouverture des fissures (voir
167

55.2.2). Vu que la formule analytique néglige le comportement adoucissant du


béton pendant la phase de développement d'une fissure (contrainte nulle dès la
localisation d'une fissure), les propriétés d'adhérence des deux bétons ont
légèrement été surestimées.
La correspondance entre les ouvertures superficielles calculées et mesurées des
fissures secondaires est un peu moins bonne, surtout en ce qui concerne les
éléments R4, R5 et E6. Dans le cas des éléments R4 et E6, il faut revenir aux
schémas de fissuration des figures 3.12 et 3.13. Les fissures secondaires
n'accompagnent dans le cas des ces deux éléments pas systématiquement les
fissures principales. La modélisation numérique reproduit en quelque sorte le
comportement moyen de ces éléments, à la limite entre un comportement avec
ou sans fissures secondaires.
Mr - calculées [mm]

0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6


Mg - mesurées [mm]

l O Éléments fabriqués avec le béton IBAB î

o Éléments fabriqués avec le béton EDF

l Figure 5.11 : Correspondance entre les valeurs M; calculées et mesurées


l
La correspondance entre la déformation absorbée par une fissure traversante et
les fissures secondaires qui lui sont éventuellement associées (MF) mesurées et
calculées est établie à la figure 5.11. La correspondance est comparable à celle
concernant l'ouverture superficielle des fissures traversantes. Les valeurs
calculées sont aussi pratiquement systématiquement inférieures aux valeurs
mesurées. Cette différence est aussi en partie due à la légère surestimation des
paramètres de 1a loi d'adhérence qui a été évoquée plus haut. Dans le cas de ces
valeurs, il faut encore ajouter le fait que l'on néglige dans le modèle
l'endommagement et 1e fluage du béton entre les fissures, ce qui contribuent à
diminuer le nombre de fissures traversantes ou, autrement dit à augmenter la
valeur AKP.
168

Finalement sur la base du tableau 5.4, on constate que le modèle permet de


déterminer de manière réaliste l‘épaisseur réduite d'un élément. Les valeurs
calculées ont tendance à être un peu supérieures aux valeurs mesurées.
Toutefois, il faut se rappeler que l'estimation expérimentale de l'épaisseur
réduite des éléments est entachée d'une grande incertitude et que nous ne
disposons que de trois valeurs expérimentales (voir 5 4.2.3 et 4.3).
En conclusion, on vérifie que la modélisation numérique de la fissuration qui a
été décrite dans ce chapitre permet de déterminer de manière réaliste les diverses
valeurs géométriques caractérisant une fissure traversante sous sollicitations de
traction, dans le but d'évaluer le débit d'infiltration en fonction d'une
déformation imposée selon le schéma de la figure 4.20. La principale difficulté
réside dans le choix de 1a valeur de la résistance à la traction (f,) et du niveau de
charge de référence (Nr). Suivant le choix de ces deux valeurs, la transition entre
un comportement avec ou sans fissures secondaires peut changer. Pour éliminer
ce problème de manière rationnelle, i1 faudrait une modélisation prenant en
considération les effets liés à l'hétérogénéité du béton et à l'état initial
d'endommagement du béton.
169

6.- INFILTRATION A TRAVERS UN ELEMENT EN BÉTON


ARME A L'ETAT FISSURE - ETUDE PARAMÈTRIQUE

6.1 Hypothèses de base et propriétés des matériaux


De manière analogue à la démarche présentée au chapitre 5, l'ouverture
moyenne probable des fissures wm (fissures principales et secondaires
confondues), l'ouverture superficielle probable des fissures traversantes ws, la
déformation absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires qui
lui sont éventuellement associées AZF, ainsi que l'épaisseur réduite hr d'un
élément sollicité en traction unidirectionnelle sont déterminées en faisant varier
les paramètres suivants :
- l'épaisseur : 200, 350, 500, 750 et 1000 mm;
-la quantité et la répartition des barres d'armature : 2 nappes 010 s=150,
2nappes 010 s=100 / 2nappes 016 s=200, 2nappes 016 s=200, 2nappes 016
s=150, 2 nappes 016 s=100, 2 nappes 016 s=75, 3 nappes 016 s=112.5 / 2 nappes
026 s=150;
— la classe de résistance du béton : C20, C50 et C90 (désignation CEB—FIP MC90).
Par rapport au modèle présenté à la figure 5.3, la longueur de la zone modélisée
est portée à 2'000 mm, afin que plus d'une fissure secondaire puisse se former de
part et d'autre de la fissure principale (cas des éléments très épais). Au lieu
d'introduire une bande affaiblie pour fixer la positon de la fissure traversante,
une bande d‘éléments finis de 10 mm de largeur est supprimée au centre. Cela
équivaut à partir d'un tirant comprenant déjà une fissure traversante et à étudier
son comportement jusqu'au niveau de charge susceptible de conduire à une
nouvelle fissure traversante (figure 6.2). En procédant de la sorte les contraintes
transmises de part et d'autre de la fissure traversante sont négligées, ce qui peut
conduire à légèrement surévaluer l'ouverture de la fissure traversante.

1: [N/mmz] / s [mm]
a
b

Tableau 6.1 : Caractéristiques des bétons et relations d'adhérence


170

Comme dans le cas des essais sur grands tirants (chapitre 3), les fissures
secondaires ont été prises en considération dans le calcul de l‘ouverture moyenne
des fissures (wm) uniquement si leur ouverture dépasse 0.05 mm.
Les propriétés mécaniques des trois bétons et la relation d'adhérence (figure 5.1a,
b et d) sont essentiellement basées sur les relations proposées par le CEB-FIP:
1/3

Ec = 0.85 . Ed = 0.85 - 21'500Ί] (CEB-FIP MC9O [1993])

f.m = 0.315 ' f3:


C
(CEB—FIP W. G. on HSC/HPC, Iaccoud et a1. [1996])

w1 = 291 — 0.15wc
fctm
<51 = 0.15fctm
w = 5g (CEB—FIP MC90 [1993], dmax = 32 mm, figure 2.14)
C ctm _
f 07

GF = 0 058(Æ)
1

1: = 0.22 fcm -s°‘21 (CEB—FIP W. G. on HSC/HPC, Jaccoud et al. [1996])

Où fcm, la résistance moyenne sur cylindres, vaut respectivement 28, 58


et 98 N/mm2 pour les bétons C20, C50 et C90.
Pour les raisons évoquées au paragraphe 5.1 (influence de la dispersion des
propriétés et de l'endommagement initial d'un élément sur la localisation des
fissures), la résistance à la traction f. est diminuée par rapport à la proposition du
CEB-FIP (figure 2.13). Au lieu de la valeur fî=fm, il est admis ft=0.8 f:un (la
réduction correspond à peu près au rapport (rem/fa“, voir le paragraphe 5.2.1). Les
valeurs W1, o], wc ne sont par contre pas modifiées (en diminuant f” l'énergie de
rupture GF est donc aussi un peu diminuée). Les caractéristiques finalement
retenues pour les trois bétons sont résumées au tableau 6.1.
Les caractéristiques des barres d'armature sont les suivantes (figure 5.1c) :

Es = 200'000 N/mm2

fy = 460 N / mm2

Les valeurs wm, ws, MF et h, sont calculées pour le niveau de charge donné par la
relation suivante (relation du même type que la relation (2.15) du ê 2.3.1) :

N, = Ac .k(h).fc.m
Nr : niveau de charge auquel apparaissent les fissures traversantes
(admises isolées) [N]
AC z section de l'élément [mmz]
171

k(h) z facteur fonction de l'épaisseur (h) de l'élément tenant compte du fait que
sa résistance apparente est plus faible que celle mesurée sur éprouvettes [-]

Avec les valeurs suivantes pour k(h), données par le CEB-FIP MC90 [1993] :
k(h) = 0.8 h S 300 mm
k(h) = 0.5 h 2 800 mm
Interpolation linéaire entre les deux valeurs extrêmes

Les résultats des calculs sont présentés respectivement pour 1e béton C20, C50 et
C90 au tableau 6.2, 6.3 et 6.4. Un des aspects majeurs de cette étude paramétrique
est constitué par le point de bifurcation entre un comportement avec ou sans
fissuration secondaire. Ce point, comme on l'a déjà vu en partie, dépend de
l'espacement et du diamètre des barres d'armature, de l'épaisseur de l'élément et
des caractéristiques mécaniques du béton, en particulier de la qualité d‘adhérence
et de la résistance à la traction. C'est naturellement sur les propriétés du béton
que l'incertitude est la plus grande. Par conséquent les points de transition entre
les deux comportements sont indicatifs.

IIIII IIII
'UIIIggâlIII

41ml.—
Specimen with secondary surface cracks

o16,s=1oo (5)35; âpdiîf-Iwwm

Figure 6.1 : Exemples de champs de déformation avec ou sans fissures secondaires (béton C50)
172

Béton C20
h [mm] 500 750
N, [kN/m] 792 926
Au: [920] 0.0614 0.0479

2 nappes
010 s=150
A5: 1047 mmZ/m

0.54 (1)
0.131
0.179
191
0.427

3 nappes
Q 16 s= 112.5
As: 5362 mmî/m

2 nappes
026 s=150
AS: 7079 mmZ/m

- Armature ne satisfaisant pas le critère de non olastification (460 N/mrnzl


(i) Nb de Fissures secondaires formées ou en phase de formation (+) de part et d'autre de la fissure principale

Tableau 6.2 : Béton C20 - Taux d'armature (p), ouverture moyenne des fissures (wm), ouverture
superficielle des fissures traversantes (ws), épaisseur réduite (h,) et déformation
absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui sont
éventuellement associées (AEF), suivant l'épaisseur de l'élément, la quantité et la
répartition des barres d'armature
173

Béton C50
h [mm] 200 350 500 750 1000
N, [kN/m] 970 1224 1431 1800
AU! [%o] 0.0845 0.0746 0.0582 0.0549

2 nappes
010 s=150
As: 1047 mm’lm

3 nappes
016 s= 112.5
As: 5362 mmî/m

2 nappes
0 26 s=150
A5: 7079 mmzlm

- Armature ne satisfaisant pas le critère de non olastifican’on (460 N/mmzl


(i) Nb de Fissures secondaires formées ou en phase de formation (+) de part et d'autre de la fissure principale

Tableau 6.3 : Béton C50 -Taux d'armature (p), ouverture moyenne des fissures (wm), ouverture
superficielle des fissures traversantes (ws), épaisseur réduite (h,) et déformation
absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui sont
éventuellement associées (AZF), suivant l'épaisseur de l'élément, la quantité et la
répartition des barres d'armature
174

Béton C90
h [mm] 200 350 500 750 1000
N, [kN/m] 789 1323 1676 1960 2465
Auz 1%.] 0.1009 0.0970 0.0857 0.0668 0.0630

2 nappes
010 s=150
As: 1047 mmzlm

2 nappes
a 16 s=150
As: 2681 mm2,m
0.80 (l)
0.175
0.135
55
0.523
1.07 (l) 0.71 (1+)
0. 108 0. 1 30
0.094 0.100
56 41
0.321 0.549

3 nappes
016 s= 112.5
As: 5362 M2,“,
1.42 (l)
2 nappes 0.084
0 26 s=150 0.091
AS = 7079 mmî/m 81
0.221

- Armature ne satisfaisant pas le critère de non plastification (460 N/mmzl


(î) Nb de Fissures secondaires formées ou en phase de formation (+) de pan et d‘autre de la fissure principale

Tableau 6.4 : Béton C90 - Taux d'armature (p), ouverture moyenne des fissures (wm), ouverture
superficielle des fissures traversantes (ws), épaisseur réduite (h,) et déformation
absorbée par une fissure traversante et les fissures secondaires qui lui sont
éventuellement associées (MF), suivant l'épaisseur de l'élément, la quantité et la
répartition des barres d'armature
175

Pour les éléments ne comportant pas de fissures secondaires, une épaisseur


réduite a tout de même été déterminée sur la base du champ de déformation. En
procédant de la sorte, on tient en partie compte du fait que dans le cas d'un
élément épais, même en l'absence de fissures secondaires, l'ouverture d'une
fissure traversante est un peu plus grande en son coeur qu'à sa surface. Cela
présente aussi l'avantage d‘adoucir la transition entre le comportement avec ou
sans fissuration secondaire.
A titre d'exemple, le champ de déformation dans la zone d'une fissure
traversante, les ouvertures de fissure qu'on en déduit et les coefficients y et ô
permettant le calcul de l'épaisseur réduite hr sont montrés à la figure 6.1 pour le
cas d'éléments de 500 mm d'épaisseur en béton C50 et suivant deux schémas
d'armature : 2 nappes 016 s=150 mm (sans fissures secondaires) et 2nappes 016
5:100 mm (conduisant à une fissure secondaire de part et d'autre de la fissure
principale).
A partir des valeurs des tableaux 6.2, 6.3 et 6.4, le débit d'infiltration par mètre
linéaire de fissure qF et le débit global Q8 par unité de surface de mur sont calculés
selon les indications du paragraphe 4.4 (figure 4.20). Les valeurs admises pour le
coefficient de débit sont les suivantes:
ë: 0 wS S 0.05 mm
â: 0.2 ws 2 0.25 mm
Interpolation linéaire entre les deux valeurs extrêmes

En se référant à l'ouverture superficielle des fissures traversantes, le coefficient de


débit peut être sous-estimé dans le cas des éléments présentant des fissures
secondaires. En effet, comme on l'a vu tant au niveau expérimental (figure 3.10,
élément E4) qu'au niveau théorique (figure 5.9), l'ouverture superficielle d'une
fissure traversante diminue lorsque des fissures secondaires se forment. Vu le
caractère en grande partie irréversible des dommages résultant de la fissuration, il
serait en toute rigueur plus raisonnable de lier le coefficient de débit à l'ouverture
superficielle maximum atteinte par la fissure.
L'influence probable de la composition et de la Classe de résistance du béton sur le
coefficient de débit n'est non plus pas prise en considération, faute
d'informations suffisantes à ce sujet.
Les débits sont calculés pour de l'eau à 20°C (p = 1000 kg/m3, u = 1.03-10'3 Pa-s) et,
rappelons le, sans prendre en considération les phénomènes d'autocolmatage. I_l
s'agit dgnc de débits initiaux ou à court terme.
Le comportement apparent d'un élément soumis à une traction
unidirectionnelle découlant des diverses hypothèses qui viennent d'être
présentées est schématisé à la figure 6.2. Le niveau de charge est donc admis
constant et la progression du débit d'infiltration global Qg linéaire (la seconde
relation découle du fait que le nombre de fissures est admis augmenter de
manière linéaire avec la déformation imposée et que l'ouverture des fissures
dépend du niveau de charge Nr et non pas de la déformation 8). En réalité (voir
176

figure 3.15), le niveau de charge et l'ouverture des fissures augmentent avec la


déformation imposée. La progression du débit d'infiltration n'est en conséquence
pas linéaire, la progression est un peu plus rapide. Comme le montre la
figure 3.18, l'hypothèse adoptée est toutefois très raisonnable losque la plage de
variation de la déformation reste modérée. Il ne faut non plus pas perdre de vue
que les valeurs caractéristiques des tableaux 6.2, 6.3 et 6.4 sont celles de fissures
isolées. Les débits globaux déduits de ces valeurs ne sont donc valables que pour
des déformations modérées, afin que le risque d'interaction entre les diverses
fissures traversantes et les fissures secondaires éventuellement associées soit
faible. Il ne faudrait donc pas utiliser les résultats de l'étude paramétrique au-delà
de 0.6 %o de déformation imposée.
Finalement, le fait d'admettre le niveau de charge constant dans la phase de
formation des fissures traversantes ne permet de résoudre qu'un problème de
déformation imposée.

Qg
Mc/l=Nr/Ac—Ec

MF/É MF/Ê

— - - - Courbe calculée numériquement

Figure 6.2 :Comportement apparent d'un élément soumis à une traction unidirectionnelle
découlant des diverses simplifications admises dans le cadre de cette étude
paramétrique

Dans les trois paragraphes qui suivent — traitant respectivement de l'influence de


l'épaisseur de l'élément (56.2), du taux et de la répartition de l‘armature (56.3) et
de la classe de résistance du béton (56.4) - le débit global par unité de surface (Q5)
est calculé pour une déformation imposée de 0.3 %o et pour une pression
sollicitante de 100'000 Pa, correspondant à une colonne d'eau de 10 m. Les
résultats ne sont valables que pour un élément de plusieurs mètres de long afin
que plusieurs fissures puissent se former complètement. Pour le débit
correspondant à une déformation imposée plus faible, les résultats peuvent être
interpolés à partir de la valeur zéro correspondant à la déformation e=Ale/l
(figure 6.2). Pour une pression d'eau différente, il suffit de se rappeler que le débit
est proportionnel à la pression sollicitante (équation 4.27).
177

En regard des graphiques donnant le débit global Qg en fonction de divers


paramètres, la relation liant pour la même pression sollicitante le débit par mètre
linéaire de fissure q; avec les mêmes paramètres est ajoutée.

6.2 Influence de l'épaisseur


Pour une quantité d'armature, une répartition des barres et une classe de béton
données, les relations liant le débit d'infiltration global par unité de surface de
mur (Q8) et le débit par unité de longueur de fissure (qf) à l'épaisseur de l'élément
sont données à la figure 6.3. Les quatre courbes de chaque graphique
correspondent à une armature composée de barres de diamètre (o) 16 mm
réparties en deux nappes avec respectivement un espacement (s) de 200, 150, 100
et 75 mm. Pour chaque courbe, seule l'épaisseur (h) de l'élément varie. Les
graphiques montrent que tant le débit global (Q8) que le débit par unité de
longueur de fissure (qf) tendent à augmenter avec l'épaisseur du mur.
L‘explication est simple, l'effort de fissuration (Nr) augmente naturellement avec
l'épaisseur du mur, ce qui a pour conséquence qu'à quantité d'armature égale, la
contrainte dans les barres au niveau des fissures augmente, ce qui conduit
immanquablement à des ouvertures de fissure et des infiltrations plus
importantes. Cela a pour conséquence pratique, que pour maintenir les
infiltrations à un certain niveau, la quantité d'armature doit être augmentée avec
l'épaisseur de l'élément. Dans le cas d'un béton C20, par exemple, la quantité
d'armature doit être environ doublée si le mur passe de 200 mm à 1000 mm
d'épaisseur.
La tendance à l'augmentation du débit d'infiltration avec l'épaisseur de l'élément
n'est toutefois par générale, en tous cas en ce qui concerne le débit global (Q8).
Pour les cas des bétons C50 et C90, on constate que le débit global (Q8) devient plus
ou moins indifférent à l'épaisseur de l'élément lorsque l'espacement des barres

a) Béton C20

Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau


8 = 0.3 %o

0 200 400 600 800 1000

h [mm] ' h [mm]


178

b) Béton C50
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau A? = 100'000 Pa = 1° m d'eau
€=0.3%o

100'000

1 0'000

1 ‘000

0 200 400 600 800 1000


h [mm]

c) Béton C90

Ap=100'000Pa=10md'eau Ap=1°°°°°Pa=1°md°au
8 = 0.3 %o

100'000

10'000

l ‘000

100

10

—D— 2 nappes 916 s=200 +2 nappes 916 5:150

+2 nappes 916 s=100 +2 nappes 916 s=75

Figure 6.3 : Influence de l'épaisseur d'un élément sur le débit d'infiltration par mètre linéaire de
fissure (qp) et le débit global par unité de surface (Q8)

est faible (s = 100 et 75 mm). Les points à partir desquels le débit global tend à se
stabiliser correspondent aux points de transition entre les comportements sans et
avec fissures secondaires. Lorsque ces dernières se forment, le débit par unité de
longueur de fissure (qF) continue à augmenter avec l'épaisseur de l'élément, par
contre le débit global stagne (Q8). Cette tendance est due à la diminution du
nombre de fissures traversantes lorsque des fissures secondaires se forment
179

(augmentation de AEF). Suivant la classe de béton et lorsque la quantité


d'armature est élevée, le débit d‘infiltration devient donc moins sensible à
l'épaisseur de l'élément. Il est dans ces cas moins nécessaire d'augmenter la
quantité d'armature avec l'épaisseur du mur si l'on veut maintenir le débit
d'infiltration global (Q8) à une valeur donnée. S'il s'agit par contre de limiter le
débit d'infiltration par unité de longueur de fissure, la quantité d'armature doit
toujours être augmentée.

6.3 Influence du taux et de la répartition de l'armature


L'influence du taux d'armature pour un diamètre de barre donné (016) et une
répartition en 2 nappes est montrée à la figure 6.4 (espacement des barres
variable). Chaque courbe représente l'influence du taux d'armature pour une
épaisseur d'élément donnée. On constate que tant le débit global (Q8) que le débit
par mètre linéaire de fissure (qP) diminuent de manière spectaculaire, quelle que
soit l'épaisseur de l'élément. Entre un taux d'armature de 0.5 °/o et un de 1.5 °/o, le
débit global (Q8) diminue d'un facteur de l'ordre de 100, tandis que le débit par
mètre linéaire de fissure (qf) d'un facteur de l'ordre de 1000. La différence entre
les deux facteurs n'est pas surprenante, puisqu'en augmentant le taux
d'armature, d'un côté l'ouverture des fissures diminue et de l'autre leur nombre
augmente.
Si l'on extrapole les courbes de la figure 6.4, il semblerait qu‘autour de 2%
d'armature le débit d'infiltration devient négligeable. Les essais nous l'ont
d'ailleurs montré, une fissure dont l'ouverture est voisine de 0.05 mm ne
présente en général pas de fuites. En-dessous de 0.03 mm, il est quasi certain
qu'elle ne présente pas de fuites singulières (figure 3.16). On peut donc imaginer
dimensionner une armature extrême pour contrôler l'ouverture des fissures
autour de ces limites afin de minimiser le risque de fuite. Il ne faut toutefois pas
perdre de vue, qu'une fissure même de faible ouverture implique une zone de
béton endommagée dont l'épaisseur est de l'ordre de 1.5 à 4 fois le diamètre
maximum des granulats (voir 5 2.3.1). Dans cette zone très microfissurée la
perméabilité intrinsèque du béton augmente d'un facteur probablement
supérieur à 100 par rapport à celle du béton sain. En limitant à 0.05 mm
l'ouverture des fissures, une très grande proportion du béton se trouve sous une
déformation imposée de 0.30 %o dans cet état endommagé. Si pour ce qui
concerne l'étanchéité cela constitue un avantage, on peut par contre avoir de
sérieuses craintes quant à la durabilité d'une telle structure. Sans égards encore
aux aspects économiques, la solution de surarmer une structure pour maîtriser le
problème des infiltrations peut éventuellement être acceptable si l'ouvrage est
destiné à remplir une fonction étanche accidentelle et que l'ouvrage n'est fissuré
qu'à ce moment. Elle est par contre très risquée s'il s'agit de maîtriser l'ouverture
des fissures sous des sollicitations de longue durée.
180

a) Béton C20

Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau AP = 100'000 P3 = 10 m d'eau


2 nappes 916 / e = 03 %., 2 nappes 616

10'000 100'000

10'000
1'000
_
_E
1'000
NE

È 100 Ë 100
n ä-
o 10
10

0 0.5 1 1.5 2
p [%l p 1%]

Ap=100000Pa=10mdeau Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau


2nappe5616
2 nappes 016/2 = 0.3 %o

101000 100'000

10'000
1'000
_ 1'000
«E ‘E

È 100 Ê 100
d a 10
1o
l

1 0.1
o 0.5 1 1.5 2
P[%l

—Ü-h=350 +h=500 —A—b=750 +h=1000

Figure 6.4 : Influence du taux d'armature sur le débit d'infiltration par mètre linéaire de fissure
(qp) et le débit global par unité de surface (Q5)

L'influence du diamètre des barres est esquissée à la figure 6.5. On constate, pour
un élément fabriqué avec un béton de classe donnée et d'épaisseur donnée (figure
6.5 a: C20/h=350 mm; figure 6.5b: C50/h=500 mm), que la réduction des débits
d'infiltration (Qg et qF) est plus marquée si le taux d'armature est augmenté en
diminuant l'espacement des barres (courbe en gras) plutôt qu'en augmentant leur
diamètre (triangles). A l'inverse, l'augmentation des débits est plus marquée si le
181

taux d‘armature est diminué en augmentant l'espacement des barres (courbe en


gras) plutôt qu'en diminuant leur diamètre (losanges). Formulés d'une autre
manière, ces résultats vont dans le sens de ce que l'on connaît déjà en rapport
avec les ouvertures des fissures: à niveau d'exigence égal (ouverture des fissures,
débits d'infiltration), le taux d'armature requis diminue avec le diamètre des
barres.
a) Béton C20
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau
h = 350 mm
h=350mmle=0.3%o

10'000 100'000
10'000
1'000
__ 1'000
"a ‘E
Ë 100 â 100
" r5-
° 10
10
1
1 0.1
o 0.5 1 1.5 2
P [%l D [%]

b) Béton C50
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau
h=500mmle=0.3%o h=500mm

10'000 100'000

— l 0'000

—<>— 2 nappes, 010 et 16, s :100 mm

+ 2 nappes, 916, s = 200, 150, 100 et 75 mm

—A— 2 nappes, 916 et 26, s :150 mm

Figure 6.5 : Influence du diamètre des barres sur le débit d'infiltration par mètre linéaire de
fissure (qp) et le débit global par unité de surface (Q8)
182

Pour une certaine quantité d'armature (As = 5362 mmZ/m), un diamètre de


barres (016) et une épaisseur donnés, il est égal de répartir les barres en deux ou
trois nappes lorsque l'élément n'est pas sujet à la fissuration secondaire
(figure 6.6 a). Dans le cas contraire, lorsque la répartition en deux nappes conduit
à des fissures secondaires (figure 6.6b et c), la répartition en trois nappes, qui
limite le risque de formation des fissures secondaires, constitue un désavantage.
Certes, les fissures secondaires présentent 1e désavantage de faire diminuer
l‘épaisseur efficace de l'élément vis-à-vis des infiltrations. Le rapport h,/h peut
descendre jusqu'à 0.023 (tableau 6.4: h=1000 mm, 2 nappes 916, 5:75), l'effet n'est
donc de loin pas négligeable. Ce désavantage est toutefois compensé par la
diminution de l'ouverture superficielle des fissures (ws) et par l'augmentation
importante de la longueur M; qui a pour conséquence que le nombre de fissures
traversantes diminue. Globalement, la fissuration secondaire constitue un
avantage. Il n'est donc pas souhaitable de l'éviter en répartissant en trois nappes
les barres d'armature. Cette option ne présente donc pas d'intérêt.

a) Béton C20 l
Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau

100'000

10'000

_ 1'000
“E
à 100
‘5-
10

0.1
0 200 400 600 800 1000
h [mm]
b) Béton C50 ' '
Ap=10010œpa=10mdteau

916, As = 5362 mmym/ e = 0.3 %o 016, A. = 5362 mmzlm

10'000

0 200 400 600 800 1000 0 200 400 600 800 1000
h [mm] h [mm]
183

c) Béton C90
Ap = P3 = m d'eau = P3 = m d'eau

616, AS = 5362 mm2/m / 8 = 0.3 %o 616, As = 5362 mmzlm

100'000
10'000
_ 1'000
’E
È 100
ä-
10

0 200 400 600 800 1000


h [mm]

i
f —D— 2 nappes 016 s=75 + 3 nappes 016 s=112.5
I

Figure 6.6 : Influence du nombre de nappes d'armature sur le débit d'infiltration par mètre linéaire
de fissure (qp) et le débit global par unité de surface (Q5)

Notons tout de même que la répartition des barres en trois nappes n'évite pas
forcement l'apparition des fissures secondaires. On le constate avec les résultats
des calculs concernant le béton C90 (tableau 6.4), mais aussi au niveau des
résultats des essais (figure 3.13 : béton EDF, p = 1.15 °/o, 3 nappes). Dans de pareils
cas, les débits deviennent à nouveau à peu près équivalents, que les barres soient
réparties en deux ou trois nappes.

6.4 Influence de la classe de résistance du béton


L'influence de la classe de résistance du béton dépend du mode de fissuration.
Dans le cas d'éléments non sujets à la fissuration secondaire (figure 6.7:
h: 200mm, 2 nappes 016, s=150), aussi bien le débit d'infiltration par mètre
linéaire de fissure (qF) que le débit global par unité de surface (Q8) augmentent
légèrement avec 1a classe de béton. Ce résultat va dans le sens des résultats des
travaux réalisés par Farra et Iaccoud [1993] [1995]. Lorsque la résistance du béton
augmente l'ouverture des fissures augmente aussi légèrement, ce qui
logiquement se répercute au niveau des infiltrations. La tendance s'inverse par
contre dans le cas d'éléments plus ou moins sujets à la fissuration secondaire
(figure 6.7: h=750 mm, 2 nappes 026, s=150). Il s'avère que l'ampleur du
phénomène de fissuration secondaire augmente avec la classe de résistance du
béton. Cette tendance s'explique par la progression plus importante des propriétés
d'adhérence d'un béton que de sa résistance à la traction lorsque la résistance à la
compression augmente. Elle a aussi été mise en évidence lors des essais sur
184

grands tirants (h = 420 mm), durant lesquels il a été constaté que pour un taux
d'armature de 0.86%, une répartition des barres en deux nappes (016, s=111) et
une déformation imposée de 0.3%o, l‘élément fabriqué avec 1e BHP EDF (figure
3.12 : élément E4) était plus sujet à la fissuration secondaire que l'élément
fabriqué avec le béton IBAP (figure 3.11 : élément R4).

Ap = 100'000 Pa = 10 m d'eau A” = 10° 00° P3 = 1° m d'eau


e = 0.3 %o

10.000 100'000
10'000
1'000
_ 1'000
“e “E
Ë 100 Ê 100
" â-
o 10
10
l

1 0.1
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100

Classe du béton Classe du béton

—D— h=200mm, 2 nappes 016 s=150 + h=500mm, 2 nappes 916 s=100

—A— h=1000mm, 2 nappes 016 s=75 + h=750mm, 2 nappes 9526 s=l50I

Figure 6.7 : Influence de la classe de résistance du béton sur le débit d'infiltration par mètre
linéaire de fissure (q;) et le débit global par unité de surface (Q5)
185

7.- CONCLUSIONS

7.1 Synthèse
Le béton est en soi un matériau très peu perméable. L'eau, sous une pression de
plusieurs dizaines de mètres, met des années pour traverser un élément non
fissuré. Les vitesses d'infiltration sont très lentes, si bien qu'il faut des conditions
ambiantes très défavorables (humidité relative proche de 100%) et un élément
très mince (bien inférieure à 100 mm) pour que les pores du béton soient saturés
en eau dans toute l'épaisseur et qu'il y ait un risque de voir resurgir de l'eau à la
face aval. Dans la plupart part des cas, l'eau ne pénètre sous pression dans
l‘épaisseur d‘un élément en béton que sur quelques centimètres. A partir de cette
profondeur où 1a pression est nulle (pression relative), l’eau est transportée à
travers l'élément sous l'effet des forces capillaires et par diffusion sous forme
gazeuse. La face aval reste sèche, à moins que des problèmes de condensation se
posent (risque lié à la différences de température entre l'élément et l'air ambiant).
Le flux d'eau à travers un élément en béton non fissuré dépend essentiellement
des conditions ambiantes à l'aval. Plus la vitesse du vent est élevée et plus
l'humidité relative est basse, plus le flux d'eau est élevé. Dans l'épaisseur d'un
élément, la succion capillaire constitue souvent le mécanisme de transport
majeur. Elle équivaut, suivant l'humidité du béton, à une pression de quelques
milliers de mètres d'eau, soit en général bien supérieure à la pression de l'eau sur
la face amont d'un élément. D'un point de vue pratique, il est généralement
admis que tant que le rapport E/C ne dépasse pas 0.5 et que son contenu en fines
(ciment, filler et fumée de silice) atteint 350 kg/m3, le béton peut être admis
étanche.
Le problème de l'étanchéité des structures en béton réside dans les aspects
constructifs et dans celui de la fissuration qui a plus spécifiquement fait l'objet de
cette étude. Les causes des fissures peuvent être nombreuses et leur typologie peut
être complexe. Les plus nuisibles peur l'étanchéité sont toutefois les fissures
traversantes, dont les origines les plus courantes sont le retrait (plus
particulièrement le retrait thermique au jeune âge, car le retrait de dessiccation ne
présente pas de grands risques dans le cas d'élément épais, dont une face est dans
l'eau), les variations climatiques (spécialement les variations de température),
éventuellement des tassements d'appuis et, suivant le type de structure, les
charges. Les fissures non traversantes sont moins nuisibles. Elles peuvent certes
affecter la qualité d‘un ouvrage, mais en ce qui concerne les infiltrations, leur
effet équivaut plus ou moins à une diminution très locale de l'épaisseur du mur,
si bien qu'elles n'influencent en général que peu l'étanchéité globale de
l'ouvrage.
La phase expérimentale de la recherche a montré qu‘une fiSSure conduit à des
fuites singulières se distinguant de l'écoulement à travers la porosité du béton
dès que sont ouverture atteint 0.03 à 0.10 mm (ouverture de fissure découlant du
modèle de fissure fictive d'Hillerborg). La valeur la plus fréquente pour les deux
186

bétons testés dans le cadre de cette recherche est de 0.05 mm. La fourchette peut
varier d‘un béton à l'autre. Ce résultat est cohérent avec ce que l'on trouve dans
la littérature en rapport avec le problème des infiltrations à travers une fissure
traversante ou en rapport avec la pénétration de la pression d'eau dans une
fissure non traversante en phase de formation. Au delà de cette limite, le débit
d'infiltration à travers une fissure traversante s'exprime suivant que le fluide est
compressible ou non de la manière suivante (équation de Poiseuille au
coefficient ë près) :

G :
=ëwî(pÎ-pâ)
az q]: 24 phr rT

. .
Lquud e z = ëw 3 (Ap
__s___
q; p uuhr )

où q; [kg/s] est le débit par mètre linéaire de fissure, p [kg/m3] la masse


volumique, ë [-] un coefficient de débit (indépendant du fluide), ws [m]
l'ouverture de 1a fissure à la surface de l'élément, p1 [Pa] la pression amont
(pression absolue), p2 [Pa] la pression aval, Ap=p]-p2 [Pa] la différence de pression
entre les deux faces de l'élément, u [Pas] la viscosité dynamique du fluide, hr [m]
l'épaisseur réduite de l'élément, r U/kg/°K] et T [°K] respectivement la constante
individuelle et la température du gaz. _
La formulation est tout à fait classique et a déjà été utilisée par plusieurs
chercheurs. Elle n'est valable que pour un écoulement laminaire. La valeur du
coefficient de débit ë est plus petite ou égale à 1 (la valeur de 1 correspond au cas
de deux plans parallèles et lisses d'ouverture w). Il permet de tenir compte des
influences suivantes sur les infiltrations :
- de la tortuosité et de la rugosité d'une fissure;
- du fait que l'ouverture fictive d'une fissure est plus grande que l'ouverture
réellement accessible à l'écoulement;
- du fait qu'en phase de formation (ouvertures de fissure comprises entre O et
environ 0.25 mm), toute la surface d'une fissure n'est pas "accessible" à
l'écoulement.
Un certain nombre des recherches expérimentales antérieures ont montré que le
coefficient de débit ë augmente à peu près de manière linéaire avec l'ouverture
de la fissure. La relation dépend du béton, en particulier de la nature des
granulats. D'autres recherches ont montré une valeur constante. Ces résultats
différents sont liés à la technique utilisée pour mesurer l'ouverture d'une fissure
et au sens donné à cette dernière. Les chercheurs ayant mesuré l‘ouverture au
moyen de capteurs électriques disposés avant la formation de la fissure et qui se
réfèrent donc à l'ouverture fictive d'une fissure (modèle d'Hillerborg), proposent
pour la plupart des relations ë(w) linéaires croissantes. Les chercheurs ayant
mesuré l'ouverture au moyen de loupes et qui se réfèrent donc à l'ouverture
187

Visible d‘une fissure, qui est en général plus faible que l'ouverture fictive,
proposent pour la plupart une valeur ë indépendante de son ouverture.
Il est plus raisonnable de se référer à l'ouverture fictive d'une fissure qui a une
définition claire et qui est facile à mesurer. Le concept de fissure fictive permet en
plus de faire des modélisations (souvent numériques) rationnelles de la
formation et de la propagation des fissures. La mesure de l'ouverture visible
d'une fissure est par contre entachée d'une très grande incertitude et les résultats
de telles mesures sont d'un usage limité.
Les mesures d'infiltration réalisées dans le cadre de cette recherche ont confirmé
1a dépendance entre 1e coefficient de débit ê et l'ouverture fictive d'une fissure.
Nous proposons par contre une relation non linéaire, dont l'allure est la
suivante (la relation est susceptible de varier d'un béton à l'autre) :

0 "0.03-z—0.1 500
w [mm]

Une relation non linéaire permet d'une part de tenir compte qu'une fissure ne
présente pas de fuites significatives dès sa localisation; il faut que les diverses
microfissures au départ du développement de la fissure aient suffisamment
coalescé pour qu'une macrofissure se soit formée et permette à l'écoulement de
s'établir. D'autre part, le coefficient de débit ne peut pas indéfiniment augmenter.
Il ne peut, en particulier, pas dépasser la valeur qui serait déduite de mesures
d'ouvertures de fissure à la loupe. Ces dernières ouvertures sont en général plus
petites et en tous cas pas supérieures aux ouvertures fictives. Le coefficient de
débit déduit d'ouvertures visibles de fissures constitue par conséquent une borne
supérieure du coefficient de débit déduit d'ouvertures fictives. Une relation non
linéaire avec une asymptote horizontale permet donc d'être cohérent avec les
résultats des mesures réalisées dans le cadre de cette recherche et l'ensemble des
résultats expérimentaux dans le domaine, que l'on se soit référé à l'ouverture
fictive ou visible des fissures. Notons qu'expérimentalement, nous n'avons pas
pu vérifier l'existence de l'asymptote horizontale, faute de fissures suffisamment
ouvertes (les éléments testés étaient relativement fortement armés).
L'allure de la relation entre le coefficient de débit et l'ouverture d'une fissure
données plus haut, n'est valable que pour autant que l'ouverture de la fissure
reste bien plus faible que la taille maximum des granulats. Pour des fissures
largement ouvertes ou dans le cas d'un mortier, le coefficient de débit peut
dépasser les valeurs indicatives données plus haut et s'approcher de la valeur
limite de 1.
188

Dans la relation donnant le débit d'infiltration à travers une fissure, l'épaisseur


de l'élément (h) a été remplacée par une épaisseur réduite (h,). Cette dernière
permet de tenir compte que dans le cas d'un élément en béton armé, même
sollicité en traction pure, l'ouverture d'une fissure peut varier dans son
épaisseur. L'ouverture des fissures au coeur d'un élément en béton armé peut
être plusieurs fois plus grande qu'à sa surface (ws). Ce fait a été observé
expérimentalement. Sur des éléments d'essais de 420 mm d'épaisseur, le rapport
h,/h déduit des mesures pouvait être nettement inférieur à 0.1. Ce phénomène,
de loin non négligeable, est spécialement marqué lorsque des fissures secondaires
non traversantes (non directement nuisibles à l'étanchéité) se forment de part et
d'autre des fissures traversantes (voir figure plus bas).
Les fissures secondaires ont déjà été mises en évidence dans le cadre d'autres
recherches et sont prises en considération dans certaines relations permettant
l'estimation de l'ouverture des fissures à la surface d'un élément. Elles sont liées
à la réintroduction de l'effort de traction des barres d'armature dans 1e béton à
partir d'une fissure traversante. Suivant qu'un élément comprend ou ne
comprend pas de fissures secondaires, la fissuration peut être schématisée de la
manière suivante:

Elément sans fissures secondaires

hfzh

Fissures principales
Fissures secondaires /

h, <<h

Plus d'une fissure secondaire peut se former de part et d'autre d'une fissure
principale traversante.
Dans le cadre de ce travail, on s'est intéressé à l'influence des fissures secondaires
sur la variation de l'ouverture des fissures traversantes dans l'épaisseur d‘un
élément afin de pourvoir déterminer son épaisseur réduite (hr). On s'est limité
au cas d'un élément soumis à une déformation de traction de courte durée. Un
programme d'éléments finis a été utilisé pour modéliser la formation et le
développement des fissures. Le comportement du béton a été admis élastique
linéaire jusqu'à sa résistance à la traction. Dans la phase de développement d'une
189

fissure un comportement isoadoucissant bilinéaire a été admis. Les barres


d'armature se superposaient aux éléments de béton. Le comportement de l'acier a
été admis élasto-plastique. L‘interaction entre les barres d'armature et le béton
était prise en considération par l'intermédiaire d'une relation d'adhérence, liant
le glissement relatif entre les barres et le béton à la contrainte d'adhérence. La
modélisation a permis de reproduire avec une bonne précision le comportement
moyen des tirants d'essai. La variation de l'ouverture des fissures traversantes
dans l'épaisseur d'un élément et son épaisseur réduite a pu être estimée de
manière réaliste. Il est montré que la formation ou non des fissures secondaires
dépend de :
- l'épaisseur de l'élément (plus l'élément est épais, plus il est susceptible de
présenter des fissures secondaires);
- du taux et de la répartition de l'armature (plus le taux d'armature est élevé,
le diamètre des barres est faible et l'armature se concentre proche des deux
faces de l'élément, plus celui-ci est sujet à la fissuration secondaire);
- de la qualité de l'adhérence et de la classe de résistance du béton (plus la
qualité de l'adhérence et le béton sont bons, plus un élément est sujet à la
fissuration secondaire).
L'influence des facteurs suivants n'a par contre pas été étudiée, bien que l'on
puisse s'attendre à ce qu'ils jouent aussi un certain rôle :
- les autocontraintes et la préfissuration liées au retrait thermique au jeune
âge et au retrait de dessiccation;
- les effets différés (fluage et relaxation);
— les incorporés (armature transversale, gaines et câbles de précontrainte, etc.)
Un complément d'étude serait nécessaire pour préciser l‘influence de ces facteurs.
Au moyen du modèle de fissuration testé avec les résultats des essais réalisés
dans le cadre de ce travail, une étude paramétrique a mis en évidence les
influences suivantes sur le débit d'infiltration à court terme (effets
d'autocolmatage non pris en considération) à travers un élément en béton armé
soumis à une déformation de traction de courte durée :
— Pour une armature (nombre de nappes, diamètre et espacement des barres) et
une classe de béton données, le débit d'infiltration par mètre linéaire de
fissure et le débit global par unité de surface augmentent lorsque l'épaisseur
de l'élément augmente. La tendance est moins marquée lorsque la quantité
d'armature est élevée et que les phénomènes de fissuration secondaire
deviennent importants. Dans certains cas, le débit global peut devenir plus ou
moins indifférent à l'épaisseur du mur (le débit par mètre linéaire de fissure
continue par contre à augmenter). Les fissures secondaires présentent le
désavantage de faire diminuer l'épaisseur efficace d'un élément en rapport
avec les problèmes d'infiltrations. Le désavantage est compensé par la
diminution de l'ouverture des fissures à la surface d'un élément et par la
190

diminution du nombre de fissures traversantes par unité de surface pour une


déformation imposée donnée.
De manière générale, on peut conclure qu'il est inutile d'épaissir un élément
pour le rendre plus étanche. Il est plus avantageux de le dimensionner
uniquement sur la base de critères statiques, constructifs ou de durabilité.
-Pour un élément d'épaisseur donnée et fabriqué avec une classe de béton
donnée, le débit d'infiltration par mètre linéaire de fissure et le débit global
par unité de surface diminuent de manière spectaculaire lorsque le taux
d'armature augmente. Entre un taux d'armature de 0.5 °/o et un de 1.5 °/o, le
débit par mètre linéaire de fissure diminue d'un facteur de l'ordre de 1000,
tandis que le débit global d'un facteur de l'ordre de 100. A taux d'armature
égal, les petits diamètres sont préférables. H est inutile de répartir l'armature
dans l'épaisseur d'un élément en plusieurs nappes. L'influence du diamètre
des barres et du nombre de barres d'armature restent toutefois plus faible que
celle du taux d'armature.
— L'influence de la classe de résistance du béton dépend du mode de fissuration.
Dans le cas des éléments peu épais ou peu armés, donc non sujet à la
fissuration secondaire, 1e débit d'infiltration par mètre linéaire de fissure et le
débit global par unité de surface augmentent légèrement avec 1a classe de
résistance du béton. Il s'agit du corollaire du fait établi par Farra [1995] dans le
cadre du même projet de recherche: sous déformation imposée, l'ouverture
des fissures augmente légèrement lorsque la classe de résistance du béton
augmente. Dans le cas des éléments relativement épais (à partir de 300 à
400 mm) et très armés, les deux débits diminuent lorsque la classe de
résistance augmente. Cela est lié au fait que la sensibilité à la fissuration
secondaire augmente avec la classe de résistance du béton et que la fissuration
secondaire est globalement favorable.

7.2 Conclusions générales


Malgré sa nature poreuse, le béton seul est à même dans de nombreuses
circonstances de remplir une fonction d'étanchéité. Bon nombre de praticiens ont
déjà réalisé avec succès des structures en béton armé, éventuellement
précontraintes, étanches dans la masse.
Les choses se gâtent tout de même dès que la structure est affectée par des fissures
traversantes. Certes, comme on vient de le voir, les infiltrations à travers un
élément peuvent être limitées en prévoyant une forte armature. Il n'en reste pas
moins qu'il existe un saut qualitatif important entre un élément dépourvu de
fissures traversantes et un élément en comprenant un certain nombre. Le
coefficient de perméabilité d'un béton moyen (Kw) est de l'ordre de 10'12 m/s. Si
l'on passe d'une élément non fissuré à un élément comprenant dans une
direction une fissure de 0.1 mm d'ouverture tous les mètres (cela correspond à la
densité de fissures sous une déformation imposée unidirectionnelle un peu
inférieure à 0.2 %o), le débit d'infiltration global à court terme par unité de surface
191

devient environ 100‘000 plus important. Même si l'on tient compte que le débit
d'eau à travers une fissure diminue dans le temps (phénomènes
d'autocolmatage), l'étanchéité d'un ouvrage s'en trouve irrémédiablement
affectée par les fissures traversantes. Il faudrait largement surdimensionner
l'armature (taux d'armature supérieur à 2%) pour que l'ouverture des fissures ne
dépasse pas 0.05 mm et qu'elles restent pour la plupart "étanches". Cette option
pourrait toutefois avoir des conséquences néfastes sur la durabilité d'un ouvrage.
En effet, en surarmant la densité de fissures et microfissures devient très élevée et
la perméabilité intrinsèque du béton s'en trouve augmentée sur une bonne
proportion de l'ouvrage.
L'option de renforcer l'armature pour maîtriser les problèmes d'infiltration à
travers les fissures peut être intéressante dans le cas d'un ouvrage destiné à
remplir une fonction étanche accidentelle, pour lequel il s'agit de limiter les
débits d'infiltration durant une certaine période à des valeurs bien déterminées
(ouvrages de rétention ou de confinement par exemple). Elle peut être
éventuellement acceptable dans le cas d'une étanchéité à long terme (pression du
fluide appliquée'en permanence) s'il s'agit de résoudre un problème local dans
une structure et si quelques taches d'humidité, des traces de salpêtre, voire
quelques fuites locales, pouvant être le cas échéant canalisées, ne nuisent pas à
l'exploitation de l'ouvrage.
Pour le reste, il est de loin préférable de prendre des mesures au niveau de la
conception d'un ouvrage, de la formulation des bétons, de la planification et de la
réalisation des bétonnages, de la cure, de l'application d'une précontrainte, visant
à éviter les fissures traversantes (voir â 2.1.3). Ces mesures ne nuisent dans la
plupart des cas pas à l'économie d'un ouvrage, car elles évitent un
surdimensionnement de l'armature passive. Si malgré celles-ci quelques fissures
traversantes devaient accidentellement se produire, il est toujours possible de les
injecter afin de les rendre complètement étanches. Les avantages sont substantiels
tant du point de vue de l'étanchéité, de l'aspect que de la durabilité.

7.3 Extension de l'étude

Des études complémentaires sont encore nécessaires, afin de mieux prendre en


considération :
- la nature hétérogène du béton et son influence sur la fissuration;
- l'influence des autocontraintes, des effets différés et de la préfissuration sur
la formation des fissures traversantes et des fissures secondaires;
- les phénomènes d'interaction entre le fluide et le béton (phénomènes
d'autocolrnatage dans le cas le l'eau).
La prise en compte de la nature hétérogène du béton dans l'analyse de la
fissuration d‘éléments en béton armé, en particulier d'éléments subissant des
champs de contraintes relativement homogènes (traction pure par exemple),
devrait ré50udre les problèmes de localisation des fissures rencontrés lors de cette
étude. Elle permettrait aussi de reproduire la formation progressive des fissures
192

sous charge croissante, alors que l'approche purement déterministe et


l'hypothèse d'un matériau homogène nous a conduit à nous limiter au cas d'un
élément sous déformation imposée de traction.
Les résultats de l'analyse paramétrique pourraient ne pas être utilisables, Suivant
l'état d'autocontraintes ou de préfissuration d'un élément avant qu'une
déformation de traction de courte durée lui soit imposée. Ce qui importe, c'est de
savoir si un élément risque de présenter ou non des fissures secondaires. Sur ce
point, les résultats sont valables tant que l'on a à faire à un élément ayant un
coeur peu affecté par les autocontraintes et non préfissuré. Dans 1e cas contraire, i1
est fort probable que les fissures secondaires ne puissent pas se former et que
toutes les fissures soient traversantes et donnent lieu à des fuites. Le cas d‘une
préfissuration de surface, en rapport avec le retrait de dessiccation par exemple,
ne devrait par contre pas conduire à des résultats très différents. Rappelons que
p0ur résoudre le problème de 1a localisation des fissures secondaires lors des
calculs numériques de la fissuration, des entailles ont été introduites à 1a surface
des éléments. Ces entailles, pouvant être assimilées à des préfissures
superficielles, n'ont pas eu d'influence significative. Si les préfissures devaient
tout de même être plus profondes que les entailles introduites dans les calculs, les
éléments s'en trouveront alors plus sensibles à la fissuration secondaire.
Finalement, dans de nombreux cas le fluide interagit avec le béton et 1e débit
d'infiltration ne reste pas stable dans le temps. Suivant les cas, le débit peut
augmenter (attaque du béton par le fluide) ou diminuer dans le temps. Le
phénomène est bien connu dans 1e cas de l'eau (autocolmatage), où le débit peut
en quelques semaines diminuer d'un facteur de plus de 1000. Le phénomène peut
dans certains cas être en partie réversible, comme il a été observé avec l'eau dans
1e cadre de cette recherche. Plusieurs recherches ont déjà été entreprises sur le
sujet. Il n'a malheureusement pas été possible d'en faire la synthèse et de les
exploiter dans le cadre de ce travail.
193

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Acker P. : "comportement mécanique du béton : apport de l'approche physico—chimique". Rapport de
recherche LPC n° 152, Laboratoire central des ponts et chaussées, 1988.
Alou F., Ferraris C., Wittmann EH : "Etude experimentale du retrait du béton". Matériaux et
Constructions 20, pp 323-333, 1987.
Alvaredo A.M. : "Drying shrinkage and crack formation". Thèse de doctorat ETHZ n°10754, 1994.
APTEX Consulting SA: "Les arguments des programmes FEMMASSE - ITRON SME". Documentation
APTEX Consulting SA, CH-Yverdon-les—Bains, 1996.
Aufrecht M. : "Beton als sekundäre Dichtbarrierre gegenüber umweltgefärdenden Flüssigkeiten".
Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, Heft 451, 1995.
Balâzs G. L. : "Cracking Analysis Based on slip and Bond Stresses". ACI Materials Journal, vol. 90,
n°4, 1993.
Bamforth P.B. : "The relationship between permeability coefficients for concrete obtained using
liquid and gas". Magazine of Concrete Research, vol. 39, n° 138, 1987.
Baroghel—bouny V., Chaussadent T.: "Caractérisation de la texture d'un béton durci à partir des
isothermes de sorption de vapeur d‘eau". Bull. liaison Labo. P. et Ch. n° 187, 1993.
Bazant Z.P., Raftshol W.J. : "Effect of cracking in drying and shrinkage spécimens", Cement and
Concrete Research, vol. 12, pp 209-226, 1982.
Bazant Z. P., Oh B._ H. :"Crack band theory for fracture of concrete". Matériaux et Constructions.
vol. 16, n°93, pp 155—177, 1983
Bazant Z.P., Sener S., Kim J.K. : "Effect of Cracking on Drying Permeability and Diffusivity of
Concrete". ACI Materials Journal, 1987.
Bazant Z. P., Xi Y. et Reid S. G.: "Statistical Size effect in Quasi-Brittle Structures: Is Weibull
Theory Applicable?". journal of Engineering Mechanis, vol. 117, n°11, pp 2609—2622, 1991.
Belarbi A., Hsu T. T. C. : "Constitutive Laws of Concrete in Tension and Reinforcing Bars Stiffened by
Concrete". ACI Structural Journal, vol. 91, n° 4, 1994.
Bigaj AJ. : "Bond behaviour of deformed bars in NSC and HSC - Experimental study". Delft
University of technology, report 25.5-95—11, 1995.
Bomhard H. : "Concrete tanks for water storage - A conceptional approach". 10‘“ International
congress of the FIP, New Delhi, India, 1986.
Bonnard 8: Garde], Ecotec, Herrera, Robert-Grandpierre 8: Rapp, Zschokke : "Avant projet de tunnel
immergé pour la traversée de la Rade à Genève". Rapport du Professeur R. Favre concernant la
structure en béton destiné au grouppe d’experts chargé de l’évaluation des projets de tunnels et de
ponts peur la traversée de la Rade, EPFL-IBAP, 1994.
Braam C. R. : "Control of crack width in deep reinforced concrete beams". Ph. D. thesis, Delf
University of Technology, 1990.
Bruggeling A. S. G. : "Structural Concrete - Theory and its Application". A.A. Balkema, Rotterdam,
1991.
Brühwiler 13., Saouma V. E. : "Effect of hydrostatic pressure on fracture of concrete — Vol. I: Test
report". Departement of Civil Engineering, University of Colorado, RP-2917-08, final draft, 1990.
Brühwiler E. : "The Wedge Splitting Test for the determination of fracture properties". Numerical
Models in Fracture Mechanics of Concrete, édité sous la direction de F. H. Wittmann, Balkema, pp
19-27, 1993.
Brühwiler 5., Saouma V. E. : "Water Fracture Interaction in concrete - Part I: Fracture Properties".
ACI Materials Journal, vol. 92. n° 3, pp 296-303, 1995a.
Brühwiler E, Saouma V. E. : "Water Fracture Interaction in concrete - Part II: Hydrostatic Pressure
in Cracks". ACI Materials Journal, vol. 92. n° 4, pp 383-390, 1995b.
Buil M., Ollivier J.-P. : "Conception des bétons : la structure poreuse". La Durabilité des Bétons; livre
édité sous la direction de J. Baron et JæP Ollivier, Presses ponts et chaussées, 1992.
Buss W.: "Proof of Leakage Rate of a Concrete Reactor Building". Concrete For Nuclear reactors, ACI
Spécial Publication Sp-34, vol. 3, pp 1291-1320, 1972.
Carpinteri A., Ferro G.: "Size effects on tensile fracture properties: a unified explanation based m
disorder and fractality of concrete microstructure". Materials and Structures 27, 1994.
194

Chan H. C., Cheung Y. K., Huang Y. P. : "Analytical Crack Model for reinforced-Concrete
Structures". Journal of Structural Engineering, vol. 119, n°5, 1993.
Charif H. : "Réduction des déformations des structures en béton grâce à l'utilisation de bétons a
hautes performances". thèSe de doctorat EPFL n°844, 1990.
Clear C. A. , Lane F. E, Child I. E., Wigley D. z "The characteristics of water flow through slots".
Wexham Springs, Test mémorandum, juillet, 1982.
Clear C. A. : "The effects of autogenous healing upon the leakage of water though cracks in
concrete". Cement and Concrete Association, technical report n° 559, 1985.
Comolet R. : "Mécanique expérimentale des fluides - Tome I: Statique et dynamique des fluides nm
visqueux". 4ème édition, Masson, 1985.
Comolet R. : "Mécanique expérimentale des fluides - Tome II: Dynamique des fluides réels,
turbomachines". 3une édition, Masson, 1982.
Cordes H., Bick D. : "Zum Flüssigkeitstransport an Trennrissen im Stahlbeton". Beton- uncl
Stalbetonbau 86, 1991.
Costaz ].-L., Ithurralde G., Chauvel D., Granger L. : "Centrale Nucléaire de Civaux 2 - Une Enceinte
à Hautes Performances". Note d'étude EDF, réf. GC 96-26 A, 1996.
Culverwell D. R. : "Comparative merits of steel snd concrete forms of tunnel". Proceedings of the
Conférence on Immersed Tunnel Techniques, pp 185-198, Manchester, 1989.
Daumard P.: "Etude et modélisation du taux de fuite m air d'une paroi fissurée ai béton". Mémoire
présenté en vue de l'obtention du diplôme d'ingénieur, institut des sciences de l'ingénieur, université
Blaise Pascal de Clermont—Ferrand, 1995.
Davis S.N. "Porosity and permeability of natural materials". Flow trough pomus medis, Edited by
R.I.M. De Wiest, Academic Press, pp 54—89, 1969.
Deacon R. C. : "Watertight concrete construction". Cement and Concrete Association, 1978.
Détriché C. H. : "La maîtrise de la fisuration précoce: condition de la durabilité des ouvrages". La
Durabilité des Bétons; livre édité sous la direction de J. Baron et ].-P Ollivier, Presses ponts et
chaussées, 1992.
Divet L., Deloye F.-X. : "Autocolmatage des fissures dans les ouvrages souterrains - cas du tunnel
sous la Manche. Bull. liaison Labo. P. et Ch. 188, 1993.
Deutcher Ausschuss für Stahlbeton : "Betonbau beim Umgang mit Wassergefärdenden Stoffen". Heft
416, 1991.
M., Weisswange U., Lange K.-H. z "Trinkwasserbehälter Holter-heide Il der
Harzwasserwerke Konstruktion und Bauausführung“. Beton— und StaIbetonbau 86, Berlin, 1991.
Dullien F.A.L. : "Porous Media - Fluid Transport and Pore Structure". Academic Press Inc, San Diego,
second edition, 1992.
Edvardsen C.K. : "Wasserdurchlâssigkeit und Selbstheilung von Trennrissen in Beton". DAfStb,
Heft 455, 1996.
Eibl I. : "Civil Engineering Aspects of New Nuclear Reactor Containments". Safety and Perfomiance
Concepts, bulletin d'information n°219 du CEB, 1993.
Elfgren L. (Editor) : "Fracture Mechanics of Concrete Structures - From theory to application".
RILEM report of the Technical comrnitte 90, Chapman and Hall, 1989.
Eligehausen R., Popov E., Bertero V. : "Local Bond Stress-Slip Relationships of Deformed Bars
under Generalized Excitations". Earthquake Engineering Research Center, UCB/EERC - 83/23, 1983.
Falkner H. : "Fugenlose und wasserundurchlässige Stahlbetonbauten ohne zusätzliche Abdichtung".
Vortrag am Deutschen Betontag, Deutscher Beton-Verein, 1983.
Farra 8., Jaccoud ].-P. : "Influence du béton et de l'armature sur la fissuration des structures en béton -
Rapport des essais de tirants sous déformation imposée de courte durée". Publication IBAP n° 140,
Lausanne, novembre 1993.
Farra 8.: "Influence de la résistance du béton et de son adhérence avec l'armature sur la fissuration".
thèse de doctorat EPFL n°1359, 1995.
Favre R., Charif H. : "Basic model and simplified calculations of déformations according to the
CEB—FIP code 1990". ACI Structural Ioumal, vol. 9l, N° 2, 1994.
Favre, R., Jaccoud J.P., Burdet 0., Char-if H. : " Traité de génie Civil, volume 8: Dimensionnement des
structures en béton - Dalles, murs, colonnes et fondations". Presses Polytechniques et Universitaires
Romandes, Lausarme, 2ème édition, 1996.
195

Fehlhaber T. : "Zum Eindringverhalten von Fliissigkeiten und Gasen in ungerissenen Beton".


Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, Heft 445, 1994.
Fellmann W., Menn C. : "Zugversuche an Stahlbetonscheiben". Institut für Baustatik und
Konstruction ETH Zürich, Bericht Nr 7604—1, 1981.
Frey R., Reinhardt H.-W. : "Untersuchung der Dichtheit von Vakuumbeton gegenüber
wassergefärdenden Flüssigkeiten". Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, I-Ieft 445, 1994.
Gérard B., Breysse D., Ammouche A., Houdusse 0., Didry O. : "Cracking and permeability of
concrete under tension". Materials and Structures, vol. 29, pp 141-151, 1996.
Ghali A., Favre R. : "Concrete structures — Stresses and déformation". Second edition, E 8: FN Spon,
1994.
Glerum A., Rigter B. P., Eysink W. D., Heins W. F. : "Motorway tunnels built by the immersed tube
method". Rijkswaterstaat communications N° 25, The Netherlands, 1976.
Goto Y. : "Cracks formed in concrete around deformed tension bars". Journal of the American Concrete
Institute, 1971.
Graf W. H., Altinakar M.S. : "hydrodynamique - une introduction". Traité de Génie Civil de I'EPFL,
Presses polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 1995.
Granger L: "Comportement différé du béton dans les enceintes de centrales nucléaires - Analyse et
modélisation". Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, série ouvrages d'art - OA21, 1996.
Grainer U., Ramm W. : "Air leakage characteristics in cracked concrete". Smirt 11, vol. H, Tokyo,
1991.
Greiner U., Ramm W. : "Air leakage characteristics in cracked concrete". Nuclear Engineering and
Design 156, 1995.
Grootenboer H. J. : "Finite element analysis of two-dimentional reinforced concrete structures, taking
account of non-linear physical behaviOur and the development of discrete cracks". Ph. D. thesis,
Delf University of Technology, 1979.
Hall C. : "Barrier performance of concrete : a review of fluid transport theory". Matériels and
Structures 27, 1994.
Hansen T. C.: "Physical structure of hardened cement paste - A classical approach". Matériaux et
construction vol. 19, 1986.
Harrison T.A. : "Early—age thermal crack control in concrete". Construction Industry Research and
Information Association, report 91, London, 1981.
Heam N., Detwiler R., Sframeli C. : "Water permeability and microstructure of three old
concretes". Cement and Concrete Research, vol. 24, n° 4, pp 633-640, 1994.
Helmus M. : "Mindestbewehrung Zwangbeanspruchter dicker Stahlbetonbauteile". Deutscher
Ausschuss für Stahlbeton, Heft 412, 1990.
Henning W. : "Zwangrissbildung un Bewehrung von stahlbetonwänden auf steifen Unterbauten".
Institut für Massivbau und Brandschutz der Technischen Universität Braunschweig, Heft 79, 1987.
Hillerborg A., Modeer M., Petersson P. E: "Analysis of crack formation and crack growth in concrete
by means of fracture mechanics and finite elements". Cement and Concrete Research, vol. 6, pp 773-
782, 1976.
Hillerborg A. : "Analysis of one single crack". Fracture Mechanics of Concrete, edited by F.H.
Wittmann, Elservier sciencce Publishers B.V., Amsterdam, pp 223-249, 1983.
Hilsdorf H. K., Brameshuber W.: "Code-type formulation of fracture mechanis concepts for
concrete". International Journal of Fracture 51, pp 61-72, 1991.
Hindy A., Danay A. : "Assesssing leakage through cracked pressurized reinforced concrete
containment structures". Smirt 11, vol H, Tokyo, 1991.
INTRON SME : "Logiciel MES/ 2.5D - Multi Layer System". INTRON SME, CH—Yverdon—les-Bains
Ithurralde G., de Larrard F., Nectoux J. : "Béton à hautes performances (BHP) pour l'étanchéité des
structures en béton - Expérimentation". Annales de l'I’l'BTP n° 502, 1992.
Ithurralde G., Olivier J. : "High performance concretes for french nuclear reactor containment
vessels". Third international symposium on utilisation of high strength concrete in Lillehammer,
Norway, 1993.
Jacœud ].—P., Francou B., Camara ].-M. : "Armature minimale pour le contrôle de la fissuration -
Rapport sur une première série d'essais de courte durée". Publication IBAP, Lausanne, mai 1984.
196

Iaccoud ].-P., Charif H. : "Armature minimale pour le contrôle de la fissuration - Rapport final des
essais série C". Publication IBAP n°109, Lausanne, septembre 1985.
Iaccoud I.-P., Charif H. : "Armature minimale pour le contrôle de la fissuration - Essais série C".
Publication IBAP n°114, Lausanne, juillet 1986.
Jaccoud ].vP. : "Armature minimale pour le contrôle de la fiSSuration des structures en béton armé".
thèse de doctorat EPFL n°666, 1987.
Jaccoud J.-P., Charif H., Farra B. : "Cracking behaviour of HSC structures and practical corsequenoe
for Design". Third international symposium on utilisation of high strength concrete in Lillehammer,
Norvège, juin 1993.
Jaocoud ].-P. : "Contrôle de la fissuration". Documentation SIA-D 0700: Nouveaux aspects du
dimensionnement des structures en béton, Société suisse des ingénieurs et des architect, pp 45-54,
Zurich, 1994.
Iaccoud I.-P., Farra B., Leclercq A. : "improvement of existing codes for their application to crack
control of I-ISC/HPC structures". 4th international Symposium on Utilization of High-
strength/high performance concrete, Paris, 1996.
Jean P. : "C.N.E.N. — Penly 3/4 - Etude BHP enceintes". Rapport d'essais EDF - EQT, 1993.
Karihaloo 8.1.. : "Fracture mechanics 8: structural concrete". Longmann Scientific &r Technical, 1995.
Kermani A. : "Permeability of stressed concrete". Building Research Information, vol. 19, n° 6, 1991.
Klawa N., Haack A. : '"I'iefbaufugen". Emst & Sohn, 1990.
Kënig G., Fehling: "Zur Rissbreitenbeschränkung im Stahlbetonbau". Beton- und Stahlbetonbau 83,
1988. '
Krips M. : "Rissbreitenbeschränkung im Stahlbeton und Spannbeton". Mitteilungen aus dem Institut
für Massivbau der Technischen Hochschule Darmstadt, Heft 33, Emst 8: Sohn, Berlin, 1985.
Lee C-H. et Farmer I. : "Fluid flow in discontinuous rocks". Chapman 6 Hall, 1993.
Leonhardt F. : "Cracks and Crack Control in Concrete Structures". PCI Ioumal, 1988.
Lohmeyer G.: "Weisse Wanne einfach und sicher - Ausführung von Kellem und Becken aus Beton
ohne besondere Dichtungsschicht". Beton-Verlag, 1991.
Luping T., Nilsson L-O. : "A study of the quantitative relationship between permeability and pore
size distribution of hardened cement pastes". Cement and Concrete Research, vol 22, 1992.
Lutz L. A. : "Analysis of Stresses in Concerté Near Reinforcing bar Due to Bond and Transverse
Cracking". ACI Journal, pp 778-787, 1970.
MacGregor I. G., Murray D. W., Simmonds S. H.: "Behaviour of Prestressed Concrete Containment
Structures — A Summary of Findings". Technical Report, Univertsity of Alberta Département of
Civil Enginneering, 1980.
Maso ].C. : "La liaison pâte-granulats". Le béton Hydraulique — connaissance et pratique, livre édité
sous la direction de I. Baron et R. Sauterey, Presses ponts et chaussées, pp 247-259, 1982.
Meichsner H., Wünschig R. :"Die Selbstdichtung von Rissen in Beton- und Stahlbetonbauteilen".
Instituts für Ingenieur und Tiefbau Leipzig, Forschungsbericht T2407, IRB Verlag, 1991.
Meichsner H. : "Sind Rissbreitenmessungen eindeutig? - Vergleichende Rissbreitenmes—sungen mit
Lupe und setzdehnungsmesser". Beton— und Stahlbetonbau 87, 1992a.
Meichsner H. : "Über die Selbstdichtung von Trennrissen in Béton". Beton- und Stahlbetonbau 87,
1992b.
Miao B. : "Effets mécaniques dus au retrait de dessiccation du béton". Rapport du laboratoire central
des ponts et chaussées, OA-5, 1989.
Mivelaz P, Iaocoud J.—P. : "Étanchéité des structures en béton armé - Problématique et aspects
constructifs". Cycle postgrade en Génie Urbain 1992, module 7, EPFL, 1992.
Mivelaz P: "Recherche expérimentale sur l'influence des choix du béton et de l'armature sur la
fissuration et l'étanchéité". Documentation SIA—D 0702: Structures m béton à hautes performances,
Société suisse des ingénieurs et des architectes, pp 19—32, Zurich, 1995a.
Mivelaz P, Iacooud I.-P. : "Fissuration et étanchéité d'éléments al béton armé sous déformation
imposée de traction - Rapport des essais". Publication IBAP n° 141, EPFL, 1995b.
Mivelaz P., Iaccoud ].-P., Favre R. : "Expérimental study of air and water flow through cracked
reinforced concrete tension members". 4th International Symposium on Utilization of High-
strength/high performance concrete, pp1233-1242, Paris, 1996.
Murdock L. 1., Brook K. M. : "Concrete Materials and Practice". Edward Amold, 1979.
197

Noakowski P. : "Die Bewehrung von Stahlbetonbauteilen bei Zwangsbeanspnichung infolge


Temperatur". Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, Heft 296, 1978.
Noakowski P. : "Verbundorientierte, kontinuierliche Théorie zur Ermittlung der Rissbreite". Beton-
und Stahlbetonbau 7, 1985.
Nyame B.K., Illston J.M. z "Relationships between permeability and pore structure of hardened
cernent paste". Magazine of Concrete Research, vol. 33, 1981.
Ollivier J.P., Massat M: "Permeability and microstructure of concrete : a review of modelling".
Cement and Concrete Research, vol. 22, 1992a.
Ollivier J.-P., Yssorche M.-P. : "Iincrostructure et perméabilité aux gaz des bétons de hautes
performances". Les Bétons à Hautes Performances - caractérisation, durabilité, applications; livre
édité sous la direction d'Y. Malier, Presses ponts et chaussées, 1992b.
Paillère A.M., Buil M., Serrano JJ. : "Durabilité du béton à très hautes performances: Incidence du
retrait d'hydratation sur la fissuration au jeime âge". First International RILEM congress, vol. 3:
Durability of Construction Materials, pp 990-997, Versailles, 1987.
Palmer W. D. : "Sinking a tunnel in Tokyo Bay". Concrete International, vol. 11, n° 12, 1989.
Paschmann H., Grube H., Thielen G. : "Untersuchungen zum Eindringen von Flüssigkeiten in Beton
sowie zur Verbesserung der Dichtheit des Betons". Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, Heft 450,
1995.
Perraton D., Carles-Gibergues A., Ai'tcin P.-C. : "La perméabilité vue parle chercheur". Les Bétons à
Hautes Performances - caractérisation, durabilité, applications; livre édité sous la direction
d'Y. Malier, Presses ponts et chaussées, 1992.
Polônyi S. : "Fugenloses bauen". Bautechnik 70, 1993.
Popovics S. : "Concrete materials - Properties, Spécifications and Testing". Noyes Publications,
Second Edition, 1992.
Powers T.C.: "Structures and Physical Properties of Hardened Portland Cement pastes". Journal of
the American Ceramic Society, vol. 41, 1958.
Powers T.C., Copeland LE, Mann H.M. : "Capillary Continuity or Discontinuity in Cement Pastes".
Journal of the PCA Research and Development Laboratories, vol. 1, pp 38-48, 1959.
Quenard D., Sallee H. : "Water vapour adsorption and transfer in cement-based materials: a
network simulation". Materials and Structures 25,1992.
Rehm G. : "Über die Grundlagen dœ Verbundes zwischen Stahl und Beton". Deutscher Ausschuss für
Stahlbeton, Heft 138, 1961.
Reinhardt H.W, Aufrecht M., Sosom M. : "Potential of concrete as a secondary barrier against
hazardous organic fluids". Concrete 2000, Dundee, 1993.
Ripphausen B. : "Untersuchungen zur wasserduchlässigkeit und Sanierung von Stahlbetonbauteilen
mit Trennrissen". Dissertation, RWTH, Aachen, 1989.
Rizkalla S. H., [au B. L, Simmonds S. H. z "Air leakage characteristics in reinforced concrete".
ASCE Journal of Structural Engineering, vol. 110, N°5, 1984.
Roelfstra P.E., Sadouki H., Wittmann EH. : "Le béton numérique". Matériaux et constructions,
vol. 18, n°107, pp 327-335, 1985.
Roelfstra P.E., Wittmann F.H. : "A Numerical Method to Link Strain Softening with Fracture in
Concrete". Fracture Toughness and Fracture Energy of Concrete, edited by F.I-I. Wittmann, Elservier
sciencce Publishers B.V., Amsterdam, pp 163—175, 1986.
Roelfstra P.E. : "A numerical approach to investigate the properties of Concrete - numerical
concrete". thèse EPFL n° 788, département des matériaux, 1989.
Roelfstra P.E., Salet T.A.M., Kuiks J.E. : "ModelIing of heat and moisture transport in hardening
concrete". International RILEM Symposium on Thermal Cracking in Concrete at Early Ages, Munich,
1994a.
Roelfstra P.E., Salet T.A.M., Kuiks J.E. : "Definning and application of stress-analysis—based
temperature difference limits to prevent early-age cracking in concrete structures". International
RILEM Symposium on Thermal Cracking in Concrete at Early Ages, Munich, 1994b.
Rostâsy F. : "Risse infolge Zwang und Eigenspannungen". Deutscher Beton—Verein B.V., Vorträge
Betontag 1985.
Rostâsy F., Henning W. : "Zwang und Rissbildung in Wänden auf Fundamenten". DAfStb, Heft 407,
1990.
198

Rossi P. : "Fissuration du béton: du matériau à la structure - Application de la mécanique linéaire de


la rupture". Rapport de recherche LPC n° 150, Laboratoire central des ponts et chaussées, 1988.
Rossi P., Wu X., Maou le F., Belloc A. : "Effet d'échelle sur le comportement du béton en traction".
Bull. de liaison du LCPC 182, pp 11-20, 1992.
Rossi P., Wu X., Maou le F., Belloc A. : "Scale effect on concrete in tension". Materials and Structures
27, 1994.
Rostâsy F., Henning W. : "Zwang urrl Rissbildung in Wänden auf Fundamenten". Deutscher
Ausschuss für Stahlbeton, Heft 407, 1990.
Rots J. G. : "Bond of reinforcement". Fracture Mechanics of Concrete Structures - From theory to
application, RILEM report of the Technical committe 90, Chapman and Hall, 1989.
Rots J. G.: "Computational bond models: Three levels of accuracy". IABSE Colloquim Structural
Concrete, Stuttgart, 1991.
Russo G., Romano F. : "Cracking response of RC Members Subjected to Uniaxial Tension". Journal of
Structural Engineering, vol. 118, n°5, 1992.
Saito H., Inada Y., Shibata A., Yokosawa H. : "Leakage through cracks in RC shear walls
(Dynamic behavior and functional integrity tests m RC shear walls)". Smirt 11, vol. H, Tokyo,
1991.
Schaller I., Larrard de F., Fuchs J.: "Adhérence des armatres passives dans le béton à très hautes
performances". Bull. de Liaison du LCPC 167, 1990.
Schiessl P. : "Mindestbewehrung zur Vermeidung Klaffender Risse". Institut für Betonstahl und
Stahlbetonbau e. V., .1985.
Schiessl P., Reuter C. : "Durchl'a'ssigkeit von gerissenem Beton gegenüber Flüssigkeiten und gasen".
Betonbau beim Umgang mit wassergefährdenden Stoffen, DAfStb, Heft 416, 1991.
Schweizer R. : "Zusammenstellung der Materialprüflabor der SIKA AC durchgefiihrten Versuche
und deren ReSultate — Schlussbericht Phase I". SIKA R 8: D, Zurich, 1992.
Shah S.P., Swartz S. E., Ouyang C. : "Fracture Mechanics of Concrete - Applications of Fracture
Mechanics t0 Concrete, Rock and 0ther Quasi—Brittle Materials". John Wiley 8: Sons, 1995.
Simons H.—J. : "Einige Hinweise zum Entwurf Weisser Wannen". Beton- und Stahlbetonbau 88, 1993.
Sosoro M., Reinhardt I-LW. : "Eindringverhalten von Flüssigkeiten in Beton in abhängigkeit von der
feuchte des probekôrper und der Temperatur". Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, Heft 445, 1994.
Sosoro M. : "Modell zur Vorhersage des Eindringverhaltens von organischen Flüssigkeiten in Beton”.
Deutscher Ausschuss für Stahlbeton, Heft 446, 1995.
Suzuki T., Takiguchi K., Ide Y., Kimura K.: "Leakage of gas through cracked concrete walls". IABSE
Symposium, Paris, 1987.
Suzuki T., Takiguchi K., Hotta H.: "Leakage of gas through concrete cracks". Smirt 11, vol H,
Tokyo, août 1991.
Takeuchi H., Tsuji Y., Nanni A. : "Concrete Precooling Method by Means of Dry Ice". Concrete
Intemationnal, novembre 1993.
Tinkler J., Del Frate R., Rizkalla S. : "The Prediction of Air Leakage Rates Through Cracks in
Pressurized reinforced Concrete Containment Vessels". International Journal of Pressure Vessels and
Piping 29, pp 33-46, 1987.
Trost H., Cordes H., Ripphaussen B. : "Zur Wasserdurchlässigkeit von Stahlbetonbauteilen mit
Trennrissen". Beton- and Stahlbetonbau 84, 1989.
Tsukamoto M.: "Untersuchung m Durcklässigkeiten von faserfreien ‘und faserverstärkten
Betonbauteilen mit Trennrissen". DAfStb, Heft 440, 1994.
Ulm F.-J., Schaller I., Chauve] D., Rossi P., F. De Larrard F. : reinforcement in nuclear
cooling towers : FE-durability analysis of concrete cracking due to drying". 4th International
Symposium on Utilization of High—strength/high performance concrete, Paris, 1996.
Van der Veen C.: "Cryogenic Bond Stress-Slip Relationship". Ph. D. thesis, Delf University of
Technology, 1990.
Verbeck G.J., Helmuth R. H. : "Structures and Physical Properties of Cement Paste". 5th
International Symposium on the Chemistry of Cement, vol. 3, pp 1-32, Tokyo, 1968.
Vurpillot S., Inaudi D., Mivelaz P. : "Low-coherence deformation sensors for the monitoring of
concrete structures". European symposium on Optics for Environmental and Public Safety, Munich,
SPIE vol. 2507, pp 35-44, 1995.
199

Walther R., Miehlbradt M. : " Traité de génie Civil, volume 7: Dirnensionnement des structures m
béton - Bases et technologie". Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 1990.
Winslow D., Liu D. : "The pore structure of paste in concrete". Cement and Concrete Research, vol. 20,
1990.
Wittke W.: "Rock Mechanics — Theory and applications with Case Histories". Springer-
Verlag, 1990.
Wittmann F. H. : "Matériaux de construction — partie A et B". Cours EPFL de 1et cycle, 1988.
Wittmann F. H., Slowik V., Alvaredo A. M. : "Probabilistic aspects of fracture energy of concrete".
Materials and Structures 27, pp 499-504, 1994.
Wôrner ].-D., Imhof-Zeitler C.:"Durch1ässigkeit bzw. Dichtheit von überdrückten Trenn- und
Biegerissen". Bautechnik 70, Heft 12, 1993.
Wômer ].-D. et Tsakomoto M.: "Zur Durchlässigkeit von faserverstärkten Betonbauteilen mit
Trennrissen". Beton— und Stahlbetonbau 88, Heft 3, 1993.
Wômer ].-D. : "Concrete barriers for envitonnmental protection". Report from CEB Task Group 1.3,
bull. d'information du CEB n°224, 1995.
Yannopoulos P. I. : "Variation of concrete crack widths through the concrete cover to reinforcement".
Magazine of Concrete Research, vol. 41, n° 147, 1989.
Yao B., Murray D. W. : "Prediczion of distributed Discrete Concrete Cracking in RC Analysis".
Journal of Structural Engineering, vol. 119, n°10, 1993.
Yao B., Murray D. W. : "Study of Concrete Cracking and Bond Using a Distributed discrete Crack
Finite Element (FE) Model". ACI Materials Ioumal, vol. 92, n°1, 1995.

Normes et recommendations

CEB Manual : "Cracking and deformations", Favre R., Beeby A.W., Falkner H., Iaccoud ].P.,
KOprona M. et Schiessl P.. Ecole polytechnique Fédérale de Lausanne, 1985.
CEB-FIP z "Model code 1990 - design code". Comité Euro—Internationnal du Béton, Lausanne, 1993.
RILEM : "Essais portant sur l'adhérence des armatures du béton - Essai par traction".
Recommendation RILEM/CEB/FIP - RC6, Matériaux et Constructions, vol. 6, n° 32, 1978.
SIA 162 et 162/1 : "Ouvrages en béton". société suisse des ingénieurs et des architectes, 1989.
SNGECED - CSNHP : "Calcul, réalisation et étanchéité des réservoirs, cuves, bassins, Chateaux
d'eau enterrés, senti—enterrés, aériens, ouverts ou fermés - Recommandations professionnelles, mai
1990". Annales de l'ITBTP n°486, septembre 1990.
201

Annexe Détermination du coefficient de débit dans le cas


des éléments ne présentant pas de fissures
secondaires

Elément R1
x (AS1) = 1.65

Fissure n°1

252 252 y = -0.0001x + 0.0983


1.15 1.15 1.15
3.34 3.34 «3 .34
2.50 2.50
772 772
100 300 498
1415 3138 4553
112899 132899 152699
102899 102899 102899
5.08E—04 1.13E-03 1.64E-03
€(Ap) [-1 0.09 0.06

301 301 301


1.14 1.14 1.14
2.1 1 2.1 1 2.1 1
2.09 2.09 2.09
772 772 772
100 300 495
3665 5267
112899 132899 152399
102899 102899 102899
6205-04 1.325-03 1.89E-03
€(Ap) [-1 0.08 0.05 0.04

351 351 351


1.12 1.12 1.12
1.70 1.70 1.70
1.93 1.93 1.93
771 771 771
100 298 495
1988 4175 5852
112766 132566 152266
102766 102766 102766
7.14E-04 1.50E-03 2.105-03
0.04 0.03

357 357 357


1.12 1.12 1.12
1.67 1.67 1.67
1.92 1.92 1.92
773 773 773
100 298 495
1980 4191 5857
113033 132833 152533
103033 103033 103033
7.115—04 1.51E-03 2.10E-03
202

402 402 402


1.10 1.10 1.10
1.57 1.57 1.57
1.88 1.88 1.88
773 773 773
100 300 500
2260 4532 6497
113033 133033 153033
103033 103033 103033
8.12E-04 1.63E-03 2.33E-03
ê(Ap) [-1 0.05 0.03 0.02

449 449 449


1.08 1.08 1.08
1.51 1.51 1.51
1.86 1.86 1.86
773 773 773
100 300 500
2409 4956 7001
113033 l 133033 153033
103033 103033 103033
8.6515—04 1.78E-03 2.51E-03
€(Ap) [-1 0.04 0.02 0.02

229 229 229 y = 0.000111 + 0.1557


1.19 1.19 1.19
1.23 1.23 1.23
1.76 1.76 1.76
772 772 772
100 300 500
1 175 2876 4039
1 12899 132899 152899
102899 102899 102899
4225—04 1.03E—03 1.45E-03
€(Ap) [-1 0.14 0.11 0.08

256 256 256


1.16 1.16 1.16
1.10 1.10 1.10
1.67 1.67 1.67
770 770 770
100 300 500
1504 3559 5103
112633 132633 152633
102633 102633 102633
5.405-04 1285-03 1.8315—03
ë(Ap) [-1 0.14 0.10 0.08
203

266 266 266 y = 00001:: + 0.1452


1.16 1.16 1.16
1 . 10 1 . 10 1.10
1 .67 1.67 l .67
770 770 770
100 300 500
1627 3854 5429
112633 132633 152633
102633 102633 102633
5.84E-04 1385-03 1.95E-03
amp) [-1 0.13 0.10 0.07

274 274 274


1.16 1.16 1.16
1.10 1.10 1.10
1.67 1.67 1.67
774 774 774
100 300 500
1742 3987 5574
113166 ’ 133166 153166
103166 103166 103166
6265-04 1.43E-03 2.005—03
&(Ap) [-l 0.13 0.09

Élément R2
x (A52) = 1.67

Fissure n°6

764 764
300 500
715 1713 2573
111833 131833 151833
101833 101833 101833
2.57E-04 6.15E-04 9.2415-04
€(Ap) [-1 0.09 0.07 0.06

764 764
300 500
726 1758 2634
111833 131833 151833
101833 101833 101833
2.6lE-04 6.3lE-O4 9.46504
€(Ap) [-1 0.09 0.07 0.05
204

764 764
100 300 500
2283 3308
111833 131833 151833
101833 101833 101833
3.515-04 8.20304 1.19E-03
0.06

1.96 1.96
764 764 764
100 300 500
1136 2569 3675
111833 131833 151833
101833 101833 101833
4.0815-04 9.23E-04 1.325-03
ê(Ap) (-1 0.08 0.05 0.04

1.04 1.04 1.04


1.60 1.60 1.60

764 764 764


100 300 500
1 3 15 2892 5227
111833 131833 151833
101833 101833 101833
4.72E-04 1.0415-03 1.88E-03
€059) [-l 0.07 0.05 0.05

327 327 327


1.05 1.05 1.05
1 .49 1.49 1 .49
1.87 1.87 1.87
762 762 762
100 300 500
1641 3426 4946
111567 131567 151567
101567 101567 101567
5.89504 1.23E-03 1.78E—03
5.039) l-l 0.07 0.04
205

Fissure n°3

183 183 y = —0.0001x + 0.0923 l


0.30 |
100 100 100
2.61 2.61 2.6l
2.28 2.28
762 762
100 300 500
911 1463
111567 131567 151567
101567 101567 101567
1.685-04 3.27E-04 5.265—04
€(Ap) [-1 0.09 0.05 0.05

220 220
1.05 1 .05 1 .05
1.67 1.67 1.67
1.94 1.94 1.94
762 762 762
100 300 500
665 1682 2527
111567 131567 151567
101567 .101567 101567
2395-04 6.045-04 9.08E-04

111833 131833 151833


101833 101833 101833
2.56E—04 6.4815-04 9.6lE-04
5,03?) [-1 0.08 0.06

255 255 255


1.06 1.06 1.06
1 .47 1.47 1 .47
1.87 l .87 l .87
763 763 763
100 300 500
91 1 2263 3045
111700 131700 151700
101700 101700 101700
3.27E-04 8.13E-04 1.095-03
0.06

284 284 284


1.10 1.10 1.10
1.37 1.37 1.37
1.82 1.82 1.82
762 762 762
100 300 500
1102 2756 4015
111567 131567 151567
101567 101567 101567
3.96504 9.90E—04 1.445-03
0.07 0.05 0.04
206

Élément R3
x (AS3) = 1.66

Fissure n°1

188 188 188


1.16 1.16 1.16 1.16
1.64 1.64 1.64 1.64
1.93 1.93 1.93 1.93
766 766 766 766
100 301 500 800
915 1471 2253
112100 132200 152100 182100
102100 102100 102100 102100
1.20504 3.29504 5.28504 8.09504 ° 200 400 600 800
ë(Ap) [-1 0.07 0.06 0.05 0.04 Alebl

197 197 197


1.14 1.14 1.14 1.14
1.57 1.57 1.57 1.57
1.90 1.90 1.90 1.90
767 - 767 767 767
100 300 500 800
973 1546 2347
112233 132233 152233 182233
102233 102233 102233 102233
1.32504 3.50504 5.55504 8.43504
5(Ap)[-1 0.07 0.05 0.05 0.04

214
1.09 109 1.09
1.38 1.38 1.38
1.82 1.82 1.82
767 767 767
100 301 500
1248
112233 132333 152233
102233 102233 102233
1.71E-04 4.485-04 6.96E—04
êmp) [-1 0.07 0.05 0.05

Fisure n°3/4

y = 7E-06x + 0.0639

112100 132100 152100


102100 102100 102100
2.12E-05 8.3015-05 1.325—04
0.06 0.07 0.06
207

152 152 = 415—051: 4» 0.0668


1.28 1.28 1.28
1.14 1.14 1.14
1.73 1.73 1.73
766 766 766
300

112100 132100 152100


102100 102100 102100
5.35E—05 1.7lE-04 2.7lE-04
0.06

112100 _ 132100 152100


102100 102100 102100
6.86E-05 1.88504 2.93E-04
€(Ap) (-1 0.07 0.06 0.05 m

112366 132366 152366


102366 102366 102366
1.4015—04 3.14E-04 4.53E-04
€(Ap) [-l 0.08 0.05

Elément E3
x (AS3) = 1.68

Fissure n°6

118 118
1.67 1.67 1.67 1.67
3.35 3.35 3.35 3.35
2.31 2.31 2.31 2.31
766 766 766 766
100 201

107200 112100 122200 132100


102100 102100 102100 102100
3.411505 6.25E-05 1295-04 1.89E—04
€(Ap) [-] 0.13 0.12 0.12 0.11 m
208

133 y = »0.0001x + 0.1535


1.63 1.63 1.63 1.63
2.45 2.45 2.45 2.45
2.09 2.09 2.09 2.09
766 766 766 766
51 101 201 300
142 271
107200 112200 122200 132100
102100 102100 102100 102100
5.10505 9.73505 1.835-04 2.73504
ê(Ap)[-l 0.15 0.14 0.13 0.12 m

158 158
1.44 1.44 1.44
1.00 1.00 1.00
1.68 1.68
765 765
51 101 200 300
763 1085
107066 112066 121966 131966
101966 101966 101966 101966
7.65E-05 1.47504 2.74504 3.90504
:0511) [-1 0.17 0.16 0.14 0.13 0.174

1.44 1.44
1.00 1.00 1.00 1.00
1.68 1.68 1.68 1.68
766 766 766 766
51 101 200 300
813 1166
107200 1 12200 122100 132100
102100 102100 102100 102100
8.37E-05 1.55504 2.92504 4.19504
5051014 0.17 0.16 0.14 0.13

1.46 1.46
1.00 1.00 1.00
1.68
766 766
51 100 200 300
1073 1531
107200 112100 122100 132100
102100 102100 102100 102100
1.17504 2.08E-04 3.85504 5.50504
€(AP) [-1 0.19 0.17 0.15 0.13 0.193

1.46
1.00 1.00 1.00 1.00
1.68 1.68 1.68 1.68
766 766 766 766
51 100 200 300
1363 1876
107200 112100 122100 132100
102100 102100 102100 102100
1.5015-04 2.65E-04 4.9015-04 6.74E-04
€(Ap) [-1 0.19 0.17 0.15 0.13
209

200 200
1.46 1.46 1.46 1.46
1.00 1.00 1.00 1.00
1.68 1.68 1.68 1.68
766 766 766 766
51 100 200 300
928 1656
107200 112100 122100 132100
102100 102100 102100 102100
1.86504 3.33504 5.95504 8.14504
&(Ap) [-1 0.20 0.18 0.15 0.13

219 y = .0.0002x + 0.1212


1.10 1.10 1.10 1.10
0.79 0.79 0.79 0.79
1.64 ' 1.64 1.64 1.64
768 768 768 768
51 101 200 300
676 1125 1636
107466 112466 122366 132366
102366 102366 102366 102366
1.41504 2.43504 4.04504 5.88504
:(Ap) [-1 0.12 0.10 0.08 0.07 Im-

Elément E6
x (AS6) = 1.69

fissure n°6

105 105 y = -5E-05x + 0.1243


0.30
0.98 0.98 0.98 0.98
1.10 1.10 1.10 1.10
1.71 1.71 1.71 1.7l
763 763 763 763
51 101 200 300
186 267
106800 111800 121700 131700
101700 101700 101700 101700
1.695-05 3. 1615-05 6.68E-05 9.59E-05
€(Ap) [—] 0.12 0.11 0.12 0.11 m.
1 18 1 18
0.98 0.98 0.98 0.98
1.16 1.16 1.16 1.16
1.73 1.73 1.73 1.73
762 762 762 762
51 101 201 300
111
106667 111667 121667 131567
101567 101567 101567 101567
2.23E-05 3.99E-05 8.915-05 1.34E-04
€(AP) [-1 0.11 0.10 0.11 0.10 m
210

0 30 y = 05,051: 4 0.1075

106667 111667 121567 131567


101567 101567 101567 101567 0 100 200 300 î
2.91505 5.42505 1.05504 1.65504 mm] E
:(Ap) [-1 0.11 0.10 0.09 0.09 I

106667 111667 121567 131567


101567 101567 101567 101567
3.99E-05 7.445-05 1.401304 2.1015-04
E(AP) [-1 0.1 1 0.10 0.09 0.09

147 147
1.05 1.05 1.05 1.05
1.18 1.18 1.18 1.18
1.74 1.74
765 765
51 101 200 300
233
107066 112066 121966 131966
101966 101966 101966 101966
4.45505 8.37505 1.58504 2.32504
ë(Ap) [-1 0.12 0.11 0.10 0.09 m

107200 112200 122100 132100


102100 102100 102100 102100
5.68505 9.55505 1.86504 2.73504
50511101 0.12 0.10 0.10 0.09 m
211

y = -o.ooo1x + 0.2221

107200 112200 122200 132100


102100 102100 102100 102100
3.16E-05 6.86E-05 1.2215-04 1.84E-04
amp) [-1 0.21 0.22 0.19 0.18

113 113 113


0.97 0.97 0.97 0.97
1.46 1.46 1.46 1.46
1.81 1.8l 1.81 1.81
766 766 766 766
51 101 201 300
217 357
107200 112200 122200 132100
102100 102100 102100 102100
4.27E-05 7.79E-05 1.28E-04 2.01E-04
0.24 0.21 0.17 0.17 m

112333 122333 132233


102233 102233 102233
3.4115-05 8.73E—05 1 .2515—04
0.07 0.08 0.08
212
213

CURRICULUM VITAE

MIVELAZ Pierre
Né le 24 juin 1967 à Fribourg
De nationalité suisse, originaire de Fribourg
Marié, 3 enfants

ETUDES
Ecole primaire d'Oron (VD) 1974-78
Collège secondaire de Moudon (VD) 1978—83
Certificat d'étude secondaire général technique
Gymnase cantonal du Bugnon Lausanne 1983-86
Maturité fédérale type C
Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne 1986-91
Diplôme d'ingénieur civil

ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES
Assistant chez le Professeur R. Favre à l'Institut de Statique et Structures,
Béton Armé et Précontraint (IBAP) depuis juin 1991:
- Participation à des essais de charge de ponts et diverses expertises.
- Participation aux charges d'enseignement des 2ème et 3ème cycles.
- Collaboration à un projet de recherche traitant du problème des
déformations des ouvrages d'art.
- Collaboration à un projet de recherche dans le domaine des structures
étanches en béton armé.
Inscrit au doctorat le 27 mai 1993

PUBLICATIONS
Mivelaz P, Iaccoud ].-P. : "Etanchéité des structures en béton armé - Problématique et aspects
constructifs". Cycle postgrade en Génie Urbain 1992, module 7, EPFL, 1992.
Mivelaz P: "Recherche expérimentale sur l'influence des choix du béton et de l’armature sur la
fissuration et l'étanchéité". Documentation SIA-D 0702: Structures en béton à hautes
performances, Société suisse des ingénieurs et des architectes, pp 19-32, Zurich, 1995a.
Vurpillot S., Inaudi D., Mivelaz P. ; "Low-coherence déformation sensors for the monitoring of
concrete structures". European symposium on Optics for Environmental and Public Safety,
Munich, SPIE vol. 2507, pp 35-44, 1995.
Mivelaz P, Iaccoud ].-P. : "Fissuration et étanchéité d'éléments en béton armé sous déformation
imposée de traction - Rapport des essais". Publication IBAP n° 141, EPFL, 1995b.
Mivelaz P., Iaccoud ].-P., Favre R. : "Expérimental study of air and water flow through
cracked reinforced concrete tension members". 4th International Symposium on Utilization of
High-strength/high performance concrete, pp1233-1242, Paris, 1996.

Das könnte Ihnen auch gefallen