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1887)
REVUE GÉNÉRALE
des Contes, Légendes, Chants, Usages, Traditions et Arts populaires
Direction :
MM. EMILE BLËMONT ET HENRY CARNOY
PARIS
Aux bureaux de la TRADITION
128, BOULEVARD DU MONTPARNASSE
COMITÉ DE RÉDACTION
VIII
(1) Cette légende nous en rappelle une autre d'un même genre. A la ba-
taille de Roosebeke (1382), Philippe van Artevelde, fils du célèbre tribun
gantois, fut tué, son corps fut emporté et pendu à un arbre voisin. Les habi-
tants montrent encore aujourd'hui un tilleul isolé, connu sous le nom de
Schreyboom (arbre des gémissements), où l'on prétend que cet acte de bar-
barie fut commis. On dit dans le pays, que l'on entend parfois près de cet
arbre, des cris de combattants et de blessés.
(2) A une lieue et demie de Virton.
(3) Académie d'Arch. de Belgique, T.I, p. 374.
LA TRADITION 229
On peut juger des histoires nombreuses qui circulèrent aussitôt dans
le pays. — Ces lieux étaient sacrés. — Les fées endormies se sont ven-
gées. — Ce souterrain récèle des secrets qui ne doivent pas être dévoilés
aux profanes, etc.
IX
LÉGENDES SUR QUELQUES ÉGLISES
PROCESSIONS ET PELERINAGES
LIBERTÉ
L'oiselet chante,
Sur l'arbre vert.
Il a été vu
Par la dame du château blanc :
«Viens, mon petit oiseau,
Viens dans le petit château blanc !
Près de moi,
Tu goûteras de fines pâtisseries,
Tu goûteras finement,
Tu boiras aussi du Malvoisie;
Près du petit prince,
Du jeune petit prince, tu percheras,
Tu percheras près de lui,
Tu lui chanteras de belles chansons. »
VI
TOURTERELLE
VII
LAMENTATION UNIVERSELLE
«
Obrille, soleil, brille,
Toi, blond soleil ! »
—
Je ne puis plus briller pour loi
»
A cause de ma grande tristesse.
LÉGENDE TURQUE.
1. — J'ai une petite affaire dans le coin de mon pré; quand elle chan-
te, on l'entend des quatre coins de la France.— Le Tonnerre.
2. — Qu'est-ce qui porte une charretée de foin et ne porte pas un
sou ? — La Mer.
3. — Une petite robe blanche,
Qui n'a ni couture ni manche. — Un OEuf.
4. — Noir comme fer, Jaune comme or,
Fer n'est pas, Or n'est pas. — Un Merle.
5. — Qu'est-ce qui fait le tour du bois et ne peut y entrer ? — L'É-
corce.
6. — Qui n'a qu'un pied et un oeil, et passe la rivière sans boire ? —
Une Pomme.
7. —Qui vit sans corps, qui entend sans oreilles, qui parle sans bouche,
et que l'air seul fait naître?— L'Echo.
8. — Qui se lève de grand matin, sonne l'angelus et n'est point sa-
cristain ? — Le Coq.
9. — Un grand prophète est arrivé,
Il marche nu-pieds hiver comme été
Il a des femmes et n'est pas marié. — Le Coq
10. —Je suis sans mère; — J'ai de nombreux enfants ; — Mes enfants
sont tous pendus ; — Mes bras servent de potence ; — Je renverse le gen-
re humain. — La Vigne.
11. Je suis mort dans un bois ; un fer m'a tué, et pourtant je chante
—
à belle voix. —Instrumentde musique en bois.
12. —Je l'enterre, je le déterre; — Je le noie, je le dénoie ; — Je lui broie
tous les os, — Les petits et les gros. — Le Chanvre.
13. — Qui va sur le dos en procession ? — Le Livre.
14.— Qui n'est pas un arbre et a plus de cent feuilles? —Le Livre.
l5. — Je ne suis pas arbre et je porte feuilles ; — Je suis chéri des dames
— Dans leurs coeurs elle
m'enflamment;— De leurs mains elles me ca-
16.—
-
ressent. — Devinez quelle est ma finesse ? Le Livre.
Plus petit qu'un mouton,
Qui remplit toute une maison. — Jeune Enfant.
17. — Trente-deux petites dames blanches, assises dans trente-deux
petits fauteuils rouges, et une grande dame qui les commande toutes. —
Les Dents et la Langue.
240 LA TRADITION
18. — Qu'est-ce qui va et vient et ne quitte pas sa place? — La
Porte.
19. — Sept doigts, quatre pattes, une queue. — Le Gril.
20. — Qui n'est pas gros comme la queue d'une souris, — Et qui rend
tout le monde joli?— L'Aiguille.
21. — Qui est rude au passage, — Utile au mariage? — L'Alliance.
22. — Blanc et noir, — Qui se fourre dans une petite armoire. — Prêtre
au Confessionnal.
23. — Haut monté, — Court habillé, — Qui fait les bonnes femmes trot-
ter. — La Cloche.
24. — Qui entre dans les bois sans feuillarder (remuer les feuilles) ? —
Le Soleil.
25. — Qui ne parait pas plus gros que le derrière de mon chapeau et
qui est plus gros que toute la terre ? — Le Soleil.
(Hautes-Alpes).
VICOMTE DE COLLEVILLE.
APOLOGUE CHINOIS.
I
Caughnawaga (Canada), 16 juin 1890.
Monsieur l'Editeur de la Tradition,
Veuillez m'excuser si je suis un peu en retard pour répondre à votre
lettre du 25 mai dernier. Les Indjens chez les quels je suis missionnairede-
LA TRADITION 245
puis plusde trente ans, sont chrétiens depuis 1669, époque où plusieurs
individus des 5 nations Iroquoises, particulièrement les Mohawks et les
Oneïdas, sont venus s'installer à La prairie, à environ 5 lieues d'ici, en
face de Montréal, d'où le village a été transféré à différentes époques en
d'autres endroits en remontant le fleuve Saint-Laurent, et finalement en
1719 à l'emplacement actuel en face de Lachisse. Ce peuple n'ayant pas
conservé d'archives écrites et étant chrétien depuis plus de 200 ans,il y a
peu de choses à dire sur les légendes, les contes et les superstitions. Les
coutumes tendent à se modifier de plus en plus et à être identiques avec
celles des Canadiens. Vous pourrez trouver dans l'Histoire de la Nou-
velle-France par le P. Charle voix, quelques documents sur les coutumes
anciennes. L'ouvrage du P. Laffiteau, Moeurs des sauvages, est également
intéressant.
J'espère faire paraître prochainement — d'ici à un an — le Ier volume
de mon Histoire de la Mission du Saull-Saint-Louis,dont le Ms. est ter-
miné.
A la fin, j'ai noté le chant de guerre et le chant de l'Ahi, etc.... Il s'y
trouve des discours de chefs sauvages, avec des remises de colliers,
cordons et branches de porcelaine. Vous trouverez dans cet ouvrage
de nombreux matériaux pour La Tradition. Le Ms. a été remis à M. Beau-
chemin, libraire à Montréal qui a promis de le publier. Ce volume se
compose de 1200 pages de manuscrit. Je m'occuperai ensuite du 2° volume
pour lequel j'ai réuni tous les documents nécessaires.
Si vous désirez donner dans La Tradition quelques extraits de l'ou-
vrage, par exemple le Chant de Guerre, etc., je me ferai un grand plaisir
de vous envoyer des extraits (i).
Veuillez bien présenter mes respects affectueux à M. l'abbé Emile Pe-
titot que j'ai eul'occasion de voir ici autrefois, et agréez, etc...
R. P. BURTIN
CONTE PROVENÇAL
Il
y avait autrefois un ménage de paysans dans lequel le mari était un
travailleur rangé et sobre, tandis que sa femme était paresseuse, canca-
nière et buveuse. Cette femme s'appelait Danugue. Comme c'est l'ha-
bitude, le mari travaillait aux champs et la femme faisait le ménage.
Etant toujours à moitié ivre, elle devint presque idiote. N'oublions
I
LA CHANSON DE MADELEINE
III
LA BÉCASSE
Du bon matin je m'y prends, je me lève, 0 babillard,
A la chasse je m'en y vas, Vous et' un amuseur de filles
Oh ! à la chasse Et un trompeur »
De la bécasse
« Pour un trompeur mon aimable ber-
Tout le long du bois. —
[gère
J'ai t'aperçu-t' une bergère Pour un trompeur je n'en suis pas.
Oh ! qui dormait. J'ai fait l'amour toute ma vie
Mais je lui dis : — « Mon aimable bergère Et tous les jours,
« N'auriez-vous pas besoin d'un berger.» Et je n'ai pas trompé de filles
— « Oh non ! oh non ! répondit-elle, Dedans l'amour.
Je n'en veux pas, « Pour fair' l'amour, je ne la veux plus faire
Je n'ai pas d'autre berger
J'en ai tout usé mes bas,
Oh ! que mon chien ! »
Oh ! j'en ai tout usé mes bottes,
—« Pour votre chien, mon aimable bergère Aussi mes bas,
Pour votre chien, ce n'est pas un amant. » Pour fair' l'amour a t' une fille
— « Sortez, sortez de mes prairies, Qui n'aimait pas ! »
(Saône-et-Loire).
J, SURYA
250 LA TRADITION
LA PIE ET L'ENVEU
CONTE DE LA BEAUGE
Madame la Pie fut toujours fort bavarde. C'est son défaut ; nous
avons chacun les nôtres. Elle parlait de tout le monde et de toutes cho-
ses à tort et à travers; et, ceci n'est point sans quelque danger.
Madame la Pie s'en aperçut, hélas ! en temps et lieu ; car elle avait
tenu de mauvais propos sur sa voisine, madame la Corneille. Quel-
qu'un vint les rapporter à la bonne dame, qui n'est pas commode et
ne passe point pour pratiquer l'oubli des injures. Elle se rendit chez
madame la Pie à qui elle donna tant de coups avec son bec et ses er-
gots que la maudite bavarde en perdit l'oeil, Et c'est depuis ce temps
qu'on répète partout : « Bavarde comme la pie borgne » quoiqu'elle
ait retrouvé, par son adresse, un autre oeil pour remplacer celui qu'elle
avait perdu.
Mais la vérité met beaucoup de temps à se répandre dans le monde ;
et nous l'entendrons encore appeler « pie borgne » très souvent, quoi-
qu'elle ait maintenant ses deux yeux comme vous et moi.
Voici comment la chose advint ; les Beauceronnes du vieux temps
sont là pour dire, si je mens d'une parole.
LA PIE ET L'ENVEU
Une fois Madame la Pie fut priée pour une noce. Un sien cousin
se mariait. Et comment aller à la noce, et se faire belle, je vous
prie, quand on le malheur d'avoir un oeil de moins ?
C'est une chose fort importante dans la toilette d'une pie, veuve,
et désireuse de trouver un mari. Mais Madame la Pie n'est jamais
embarassée. Son ami l'Enveu (I) n'avait qu'un oeil au milieu de la
tête ; il pourrait bien s'en passer pendant une demi-semaine.
Elle vint le trouver ; et lui demanda de lui prêter cet oeil unique
avec promesse formelle de le rapporter dans trois jours. L'Enveu,
bonne et confiante personne sans malice, y consentit. Et la belle
clame, toute glorieuse, vint au mariage, et fut, il faut le dire, fort
courtisée.
Malheureusement, elle n'eut point le courage de tenir sa parole
et de rendre à l'Enveu l'oeil prêté.
Depuis ce jour, le pauvre Enveu ne respire que la vengeance. Il
passe sa vie au pied des arbres et des murailles, pour tacher
1. L'aspic brun.
LA TRADITION 251
d'entendre le ramage des oiseaux dans le temps des nids. Et com-
me il ne peut plus mettre la vue au service de l'ouïe, l'Enveu grimpe
à l'aveuglette après les arbres ; et mange sans distinction les oeufs
de tous les oiseaux, dans l'espoir de détruire la race de son
ennemie.
MADAME DE NITTIS
(OLIVIER CHANTAL).
VII
I.
II.
LE MOUVEMENT TRADITIONNISTE
Nous rendrons compte dans nos prochains numéros des nombreux ou-
vrages de Folklore que nous avons reçus pendant les vacances.