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la révolution
du livre
Robert Escarpit
Cen re de d o c u m e n talion
d'Inlorma ion et de Recherche
pour le
dév F-lopp^mt nt culturel
/
A mes collaborateurs et anciens
collaborateurs du Centre de
sociologie des faits littéraires de
Bordeaux, et notamment à
M ' " Nicole Robine,
M . Jean Boussinesq,
M . Henri Marquier,
je dédie affectueusement ce livre
qui n'aurait jamais été ni conçu
ni réalisé sans leur aide
et leur soutien.
Préface
Avant-propos 11
15
Le livre et le monde actuel
16
Aperçu historique
17
Le livre et le monde actuel
1. Sur le livre dans l'antiquité, voir le vieil ouvrage de T h . BIRT, Das antike
Buchwesen, 1882, ou le classique manuel de S. D A H L , Histoire du livre de
fantiquité à nos ¡ours, 1933.
18
Aperçu historique
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Le livre et le monde actuel
20
Aperçu historique
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Le livre et le monde actuel
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Aperçu historique
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Le livre et le inonde actuel
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Aperçu historique
La communication de masse
23
Le livre et le monde actuel
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Aperçu historique
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Le livre et le monde actuel
28
Aperçu historique
29
Le livre et le monde actuel
30
Chapitre II Les fonctions du livre
Un art impur
31
Le livre et le monde actuel
32
Les fonctions du livre
33
Le livre et le m o n d e actuel
d'autant plus vulnérable qu'il est sollicité, par les divers usages
qu'on fait de lui, vers des spécialisations qui le déséquilibrent et
le dénaturent. L e livre-objet et le livre fonctionnel sont les plus
caractéristiques de ces spécialisations.
Le livre-objet
1. Cette donnée, ainsi que certaines de celles qui suivent, est tirée des « Etudes
sur le livre et la lecture en France » menées de janvier à avril 1960 à l'ini-
tiative du Syndicat national des éditeurs français. Cette enquête a été complé-
tée en 1967 par un sondage de l'Institut français de l'opinion publique sur la
c clientèle du livre >. Malheureusement, la portée pratique de ce remarquable
travail est considérablement réduite du fait qu'il ne repose sur aucune défi-
nition rigoureuse ni du livre ni de l'acte de lecture.
2. A u cours d'une enquête menée en décembre 1962 et janvier 1963 au Centre
de sélection militaire de Limoges par le Centre de sociologie des faits litté-
raires de Bordeaux, il a été établi que 2 0 % des jeunes recrues déclaraient
avoir plus de 50 livres chez elles. L a fameuse enquête d'Annecy, de J. D u m a -
zedier, montre que 20 % des foyers d'Annecy disposent de bibliothèques de
plus de 150 livres. Notons toutefois que, dans ces deux cas c o m m e dans le
précédent, la notion de livre n'est pas clairement définie.
34
Les fonctions du livre
35
Le livre et le monde actuel
devient de plus en plus rare que les éditeurs procèdent à des tira-
ges hors commerce sur papier de luxe. L a production littéraire
est devenue beaucoup trop abondante et le tri historique beaucoup
trop sévère pour cela. U n e belle édition d'un livre oublié est u n
poids mort.
L e livre-décoration subsiste dans une certaine mesure. Il est
m ê m e devenu un accessoire indispensable du décorateur qui
désire donner une atmosphère confortable au « coin-veillée » de
la salle de séjour. Mais en fait cet usage, lui aussi, est en déclin
dans la mesure m ê m e où Ton lit davantage. L a capacité en livres
d'un appartement moderne est limitée. C o m p t e tenu du reste d u
mobilier et d'une décoration raisonnable, u n Classique deux-pièces
(salle de séjour, chambre, cuisine) ne peut guère loger plus de
200 ou 3 0 0 volumes. S'il faut sacrifier la mobilité de ce maigre
fonds aux nécessités de la décoration (rien n'est moins esthétique
ni plus désordonné qu'une bibliothèque en activité), la lecture n'y
trouve pas son compte. D e plus en plus fréquemment le livre est
considéré c o m m e u n produit « fongible » — expendabler pour-
rait-on dire en anglais — et le besoin que tend à satisfaire le
paperback est, par nature, éphémère.
L e status symbol est encore vivace dans certains pays, soit que
leurs masses aient récemment accédé à la culture écrite (le livre
retrouvant alors la valeur quasi religieuse qu'il avait dans les
masses d'Europe occidentale au xixe siècle), soit au contraire que
leur structure sociale comporte des groupes aux réactions sté-
réotypées, c o m m e la petite bourgeoisie des Etats-Unis par e x e m -
ple. D a n s ce dernier cas, d'ailleurs, il n'est plus question
de livres chers (reliure ou typographie d'art) ayant vraiment
valeur de signe, mais d'éditions de série à la présentation faus-
sement luxueuse, c o m m e celles dont certains clubs d u livre inter-
nationaux (d'origine précisément américaine) inondent le m a r -
ché mondial.
C e n'est là, bien entendu, qu'un des aspects de l'édition « de
club » qui, si elle n'a rencontré qu'un succès limité dans les pays
relativement inaccessibles, c o m m e la France, à la notion de status
symbol, a représenté jusqu'à u n cinquième d u chiffre d'affaires
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Les fonctions du livre
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Le livre et le inonde actuel
Le livre fonctionnel
38
Les fonctions d u livre
90 % Hongrie
Inde
Mexique Tchécoslovaquie
Nouvelle-Zélande Afrique du Sud
Australie Danemark
URSS
Pérou 75 %
Philippines
Pologne Suède
Royaume-Uni
85 % Allemagne orientale
Israël
Suisse Etats-Unis
République arabe unie Yougoslavie
Cambodge Belgique
Chili Pays-Bas
Argentine
70 %
80 %
France
Ceylan Japon
Autriche Italie
Bulgarie Pakistan
Canada Espagne
Finlande Norvège
République fédérale d'Allemagne
39
Le livre et le inonde actuel
40
Les fonctions du livre
1. Robert L A F F O N T , éditeur.
41
Le livre et le monde actuel
42
Les fonctions du livre
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Le livre et le monde actuel
Le livre littéraire
Avant d'aller plus loin, il est nécessaire d'avoir une définition au
moins provisoire d u livre littéraire. D a n s m a Sociologie de la litté-
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Les fonctions du livre
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Le livre et le inonde actuel
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Les fonctions du livre
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Le livre et le monde actuel
48
Les fonctions du livre
écrivain qu'il est humaniste ne signifie pas qu'il donne à son œuvre
un caractère philosophique particulier ou qu'il la nourrit d'une
sagesse empruntée à de fortes lectures ; dire d'un écrivain qu'il
est engagé ne signifie pas qu'il utilise son œuvre à des fins mili-
tantes, qu'il la veut, la sent, et la pense c o m m e u n instrument,
un m o y e n d'action. L'un et l'autre terme tendent simplement à
exprimer le fait que l'écrivain en question est profondément enra-
ciné dans une réalité collective, quelle que soit la nature de cette
réalité. Ils tendent à exprimer chez lui l'identité complète de
l ' h o m m e social et de l ' h o m m e poétique. Jean-Paul Sartre défi-
nissant la littérature a eu raison de poser la question : Pour qui
écrit-on1 ? L'extériorisation que constitue la composition d'une
œuvre littéraire n'a de sens que si elle se fait devant quelqu'un,
à l'intention de quelqu'un. M ê m e si l'on personnifie u n objet ina-
nimé (le trou d u barbier de Midas, le micro du magnétophone)
ou si l'on s'adresse à un animal, il faut u n interlocuteur supposé.
Cet interlocuteur sert de caisse de résonance. Son action est
double, car il intervient d'une part c o m m e déterminant dans la
création de l'œuvre dont la formulation se fait par rapport à lui,
d'autre part c o m m e médiateur entre l'œuvre et le public anonyme,
puisque c'est sa présence dans l'imagination de l'écrivain qui donne
son sens littéraire à la confidence ou à la confession. D e lui dépend
donc la richesse sociale de l'œuvre, c'est-à-dire le nombre, l'inten-
sité, la qualité des échanges « à la masse » entre l'auteur et ses
lecteurs.
Il tombe en effet sous le sens que, selon le degré d' « h u m a -
nisme » ou d' « engagement » ou de toute autre qualité
supposant chez l'auteur des liens sociaux nombreux et variés,
l'interlocuteur auquel il fera appel, dont il parlera le langage, sera
plus ou moins riche en résonance. Il possédera, de ce fait, plus de
chance de parler le langage, de répondre à l'attente, de satisfaire
le besoin d'un lecteur quelconque. D'autre part, ce lecteur quel-
conque, dans la mesure où il participe de la m ê m e nature sociale
que l'interlocuteur supposé (et il aura d'autant plus de chance
49
Le livre et le monde actuel
d'y participer que cette nature sera plus riche), participe aussi à la
détermination de l'œuvre : il se fait entendre de l'auteur, pour ainsi
dire, par anticipation.
D o n c , m ê m e si aucun contact visible n'existe entre l'auteur et
son public, il y a tout de m ê m e échange, communication entre
eux, à condition q u e le public supposé auquel s'adresse l'œuvre
traduise chez l'auteur une suffisante richesse de la vie sociale.
Mais ce n'est pas tout. L'encadrement institutionnel de la vie
littéraire, tel qu'il tend à s'établir dans les sociétés évoluées, favo-
rise ou gêne la communication entre l'écrivain et le public. E n
effet, pour que le fait littéraire soit complet, il faut non seulement
que l'écrivain fasse parvenir au lecteur u n message intelligible o u
tout au moins utilisable, mais encore que le jugement motivé de
ce lecteur soit, d'une manière o u d'une autre, répercuté vers l'écri-
vain, soit directement vers lui, soit au niveau de l'éditeur qui
conditionne indirectement sa production. Autrement dit, la clé
dû fait littéraire est dans l'existence ou n o n d'une opinion litté-
raire, c'est-à-dire dans la prise de conscience par le public de ses
goûts, de ses préférences, de ses besoins, de ses orientations. Elle
est dans l'expression de cette opinion, dans sa traduction au
niveau des producteurs et des entrepreneurs de littérature, c'est-à-
dire des écrivains et des éditeurs. Cette expression doit être assez
claire pour être comprise, mais elle doit être assez discrète pour ne
pas être contraignante et pour ne pas gêner la nécessaire liberté
de la création littéraire.
O r , à l'heure actuelle, dans la plupart des pays, tout l'appareil
de la critique, de la « vie des lettres », tend à limiter l'opinion
littéraire à celle d'une couche sociale et le plus souvent d'une
classe. L e fait n'est pas nouveau. N o u s avons vu m ê m e que l'his-
toire d u livre est celle de la participation à l'échange littéraire de
couches de plus en plus nombreuses de la population. Il y a tou-
jours eu une littérature « lettrée », comportant des échanges cons-
cients entre certains publics et certains écrivains, et d'autre part
une littérature « octroyée » et qui est simplement la consommation
a n o n y m e de lectures par des masses dont l'importance et la
composition ont varié de siècle en siècle.
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Les fonctions d u livre
51
Le livre et le inonde actuel
52
Deuxième partie Le nouveau visage
de l'édition
Chapitre premier La production dans le
monde
55
L e nouveau visage de l'édition
56
La production dans le monde
57
Le nouveau visage de l'édition
58
La production dans le monde
Amérique du Nord
Amérique du Sud
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Le nouveau visage de l'édition
Afghanistan 108
Cambodge 392 (1953) 740
Ceylan 204 1 129
Chine (Rép. de) 28 « 1 867
Chine continentale 2 507 (1952) 50 000 (éval.)
Chypre 83
Corée (Rép. de) 1 393 (1952) 2 405
Hong-kong 457
Inde 18 769 13 094
Indonésie 1 127 791 (1963)
Irak 248 (1953) 268 « (1964)
Iran 391 (1954) 985
Israël 822 1038
Japon 13 009 24 203
Jordanie 162 (1963)
Koweit 113
Laos 119
Liban 396 373
Malaisie 898
Maldives 24»
Mongolie 352 «(1964)
Pakistan 2 027
Philippines 634 (1949) 941
Singapour 208
Syrie 458
Thaïlande 4 444 4 083 (1964)
Turquie 2 100 5 442
Viêt-nam (Rép. d u ) 500 671
Europe
60
La production dans le monde
1950 1965
Océanie
Australie 600 3 045
Nouvelle-Zél ande 362 1512
URSS 43 100 76101
a. Premieres editions seulement.
b. A partir de 1965 les statistiques américaines comprennent les publications d u gouvernement fédéral
ainsi que les thèses d'université. L e premier chiffre indiqué (54 378) est le chiffre total. L e second
est obtenu par défalcation des publications fédérales (13 014) et des thèses (12 679). N o u s le donnons
afin de permettre les comparaisons avec les années précédentes.
Sources. Production de livres 1937-1954 et traductions 1950-1954. (Rapports et études statistiques de
•'Unesco) et Annuaire statistique de ¡'Unesco, 1966.
Cette étude est cependant rendue très difficile par le fait que
plusieurs pays parmi les gros producteurs de livres ont changé
soit leur critère statistique, soit leurs sources d'information. Il est
difficile de démêler ce qui est variation réelle o u simple artifice
de calcul.
Les Etats-Unis, par exemple, qui ont effectivement fait u n pro-
digieux bond en avant en passant de 15 0 1 2 titres en 1 9 6 0 à
25 7 8 4 en 1963, passent de 2 8 451 en 1 9 6 4 à 5 4 378 en 1965
parce qu'ils ajoutent maintenant au décompte (fort justement
d'ailleurs) les publications fédérales et les thèses d'université.
L a France avait amorcé, de 1963 à 1964, une progression réelle
de 11 4 7 8 titres à 13 4 7 9 . Elle déclare pour 1965 le chiffre sur-
prenant de 21 351 titres, qui correspond pour partie à un accrois-
sement effectif des publications de sciences humaines et de
sciences appliquées, mais aussi et surtout à l'emploi de données
61
Le nouveau visage de l'édition
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La production dans le monde
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L e nouveau visage de l'édition
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La production dans le monde
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Le nouveau visage de l'édition
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La production dans le monde
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L e nouveau visage de l'édition
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La production dans le monde
Les tirages des pays socialistes sont majorés pour les raisons que
nous avons indiquées pour l'URSS, mais il est visible que le déve-
loppement économique d'une part, l'alphabétisation de l'autre sont
les deux facteurs qui jouent le plus grand rôle. Bien que les don-
nées réelles ne soient pas encore publiées dans la plupart des cas,
on peut dire que le tirage m o y e n des pays gros producteurs de
livres se situe entre 10 0 0 0 et 2 0 0 0 0 exemplaires par titre.
D'ailleurs, R . E . Barker lui-même, dressant le tableau de la
production de livres par nombre d'exemplaires dans chaque pays,
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Le nouveau visage de l'édition
70
L a production dans le m o n d e
71
Le nouveau visage de l'édition
Pour les pays d'Europe qui ont une vie culturelle d u m ê m e type,
c'est-à-dire la République fédérale d'Allemagne, la Belgique, la
France, le R o y a u m e - U n i , nous trouvons bien un coefficient c o m -
m u n qui paraît être de l'ordre de 7 ou de 8. Mais, pour les Etats-
Unis, le coefficient est tout à fait différent puisqu'il atteint 6 6 ,
soit presque dix fois celui des pays européens. C e résultat ne doit
pas nous surprendre. Déjà, dans notre Sociologie de la littérature,
commentant des chiffres que nous avions obtenus d'autres sources
et au m o y e n d'autres méthodes, nous notions que la lecture de
72
La production dans le monde
magazines occupait aux Etats-Unis une place dix fois plus impor-
tante qu'en Europe, où le coefficient était bien celui que nous trou-
vons ici : « E n France, en 1951, sur les 8 kilogrammes de papier
d'impression et d'écriture consommés par an et par habitant, la
consommation de l'industrie du livre s'élevait à environ 1 kilo-
gramme 1 . »
Cette situation a-t-elle beaucoup évolué depuis 1951 ou 1952 ?
E n ce qui concerne la France, certainement pas. D'après les chif-
fres donnés par le Syndicat des éditeurs français', la c o n s o m m a -
tion de papier de l'édition française, en 1958, représentait environ
1,1 kilogramme par habitant et, en 1962, 1,3, ce qui correspond
à l'accroissement de la consommation globale de papier d'impres-
sion et d'écriture.
A u x Etats-Unis, il en est tout autrement. E n dix ans la consom-
mation de papier a augmenté de 50 %. Mais la part que prend le
livre a augmenté dans des proportions bien plus fortes. Après plus
d'un siècle de règne, le magazine a d û céder sa place au livre et
de grandes sociétés c o m m e Life ou le Reader's Digest se sont
lancées dans la production de livres avec les méthodes de masse
qui faisaient leur succès. Depuis 1955 le big business a fait irrup-
tion dans l'édition américaine et en a changé l'échelle. U n éditeur
de paperbacks à notre époque considère que cela ne vaut pas la
peine de se déranger pour un tirage de moins de 100 0 0 0 exem-
plaires. O n admettait en 1960 qu'il se vendait 1 million d'exem-
plaires de paperbacks par jour aux Etats-Unis. Les chiffres indi-
qués en 1957 par Chandler B . Grannis' sont significatifs, surtout
si l'on garde en mémoire les 164 millions d'exemplaires de 1952 :
livres d'adultes ordinaires, 115 millions d'exemplaires ; livres d'en-
fants, 120 millions ; livres scolaires, 130 millions ; paperbacks,
200 millions.
73
L e nouveau visage de l'édition
74
La production dans le monde
75
Le nouveau visage de l'édition
76
L a production dans le monde
Afrique du Sud 27 28 23
Algérie 13 (1953) 6
Ghana 4
Madagascar 18 18
Maroc 11 13
République arabe unie 3
Nigeria 19 (1953) 14
Soudan 12
Tunisie 16 (1953) 13
Zambie 33 33
Amérique du Nord
Canada 29 (1952) 21 20
Costa Rica 46 (1963)
Cuba 11 (1953) 33 (1963)
El Salvador 57 (1963)
Etats-Unis 37 26» 17»
Guatemala 36 (1953) 29
Mexique 7 6
Rép. dominicaine 33 (1949) 24
Amérique du Sud
Argentine 73 25
Brésil 28 (1951) 24
Chili 18 14
Pérou 7 11 9
Uruguay 37
Venezuela 14
77
Le nouveau visage de l'édition
1950 1965
Cat. 8 Cat » Cat. 21-b
Asie
Afghanistan 20
Cambodge 25 (1953) 15
Ceylan 15 22 18
Chine (Rép. de) 23 (1951) 18
Chypre 39
Corée (Rép. de) 39 (1952) 31
Inde 14 (1952) 23 20
Indonésie 24 13 (1963)
Iran 52 (1954) 43
Irak 9 (1953) 18 (1964)
Israël 35 26 (1964)
lapon 32 31
Jordanie 6 (1963)
Koweït 9
Laos 13
Liban 24 7
Malaisie 16
Mongolie 22 (1964)
Pakistan 33
Philippines 21 (1949) 10
Singapour 16
Syrie 4
Thaïlande 28 (1949) 31
Turquie 16 16
Viêt-nam (Rép. du) 32 10
Europe
Albanie 22
Allemagne (R. F.) 25 (1951) 22 22
Allemagne or. 28 (1951) 29
Autriche 21 22 20
Belgique 25 29 27
Bulgarie 18 23
Danemark 27 28 24
Espagne 42 31
Finlande 38 22 21
France 32 31
Grèce 21 • 33 (1964)
Hongrie 14 (1953) 22
Irlande 31 22 16
Islande 41 32
Italie 24 34 (1963) 31 (1963)
Luxembourg 11 22 20
78
La production dans le monde
1950 1963
Cat. 8 Cat. 8 Cat. 21-b
Malte • • • 17 16
Monaco 84 51 48
Pays-Bas 43 27
Norvège 31 32 31
Pologne 25 15 13
Portugal 10 23
Roumanie 19 (1945) 14 (1964)
Royaume-Uni 36 27 24
Suède 33 30 21
Suisse 25 18
Tchécoslovaquie 27 23 22
Yougoslavie 18 29
Ocianie
Australie 21 9
Nouvelle-Zélande 8 8
URSS 12 (1954) 11 10
a. Compte tenu seulement det 28 595 titres ventilés dans les statistiques.
Source*. Production de ¡Ivres 1937-1954 et traductions 1950-1954 (Rapports et etudes statistiques de
rUnesco) et Annuaire statistique de ¡'Unesco, 1966.
79
L e nouveau visage de l'édition
80
D I A G R A M M E I. Pourcentage de la production littéraire dans la production totale
(par titres) pour 32 pays développés et 2 4 pays en voie de développement en
1950 et en 1965.
PAYS DEVELOPPES
S. 2
•S
1 °- 2 2 3 ft S * 5 » S S! S ft s ft 3 +
î
« 2 2 8 S R S S 3 « 2 2 8 S R S 9 S
Pourcontoge Pourcentage
P A Y S E N VOIE D E D É V E L O P P E M E N T
5
.
4
1
3
8.2
•
i '
1
E
• " S S S S R S R i t
• O S 2 8 S 8 3 9 Ç
» 2
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S
S
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3 %
¡R S 3
'OUR entq1» 'oure •ata r»
81
L e nouveau visage de l'édition
82
La production dans le monde
ici, sont plus difficiles encore qu'ailleurs. Rares sont les pays qui
distinguent, dans leurs statistiques, le roman des autres formes de
littérature ou de belles-lettres. Il n'est m ê m e pas sûr que la notion
defictionemployée dans les pays anglo-saxons recouvre exacte-
ment la notion de roman en usage en France. Pour les rares pays
sur lesquels nous avons quelques renseignements, le nombre (par
titres) de romans publiés chaque année est à peu près le sui-
vant : Royaume-Uni, 4 0 0 0 à 4 500 ; République fédérale d'Alle-
magne, 3 0 0 0 à 3 500 ; Etats-Unis, 2 500 à 3 000 ; France, 2 500
à 3 0 0 0 ; Italie, 1 0 0 0 à 1 5 0 0 ; Espagne, 1 500 à 2 0 0 0 .
L a place des Etats-Unis peut paraître modeste, mais, dans ce
domaine c o m m e dans les autres, on assiste à la remontée d'une
production romanesque qui préférait traditionnellement la forme
de la nouvelle publiée dans un magazine à la forme d u roman
publié en livre, et qui a vu ses tendances bouleversées par l'appa-
rition du paperback. L e tableau 9 fait apparaître clairement l'inci-
dence du paperback dans la production romanesque américaine.
Il faudrait maintenant parler des tirages littéraires, mais cette
notion est extrêmement difficile à saisir. E n 1954, Barker don-
nait, non sans courage, l'estimation d u nombre d'exemplaires
imprimés pour chaque titre dans quelques-unes des principales
catégories de l'édition. Pour le roman, ces évaluations moyennes
étaient les suivantes : République fédérale d'Allemagne, 9 500
à 12 0 0 0 ; Etats-Unis, 8 5 0 0 ; France, 3 0 0 0 à 5 0 0 0 ; Italie,
5 0 0 0 à 7 0 0 0 ; Royaume-Uni, 10 0 0 0 .
83
L e nouveau visage de l'édition
84
La production dans le monde
85
Chapitre II Les grands courants
d'échange
1. Voir David T . P O T T I N G E R , The French book trade in the Ancien Régime, op.
cit., et notre article, déjà cité également, < Le problème de l'âge dans la pro-
ductivité littéraire ».
86
Les grands courants d'échange
«7
Le nouveau visage de l'édition
88
Les grands- courants d'échange
89
L e nouveau visage de l'édition
90
Les grands courants d'échange
Quelles que soient les disparités et les différences entre les pays
producteurs et consommateurs de lecture, u n certain équilibre
finirait par s'établir si divers obstacles ne se dressaient sur le che-
min des grands courants d'échange. Certains de ces obstacles sont
naturels — c'est-à-dire qu'ils font partie d'une situation générale,
historique, dont le livre n'est qu'un élément — d'autres sont insti-
tutionnels et ont été délibérément créés pour intervenir dans le
circuit de distribution d u livre.
Les deux obstacles naturels les plus évidents sont l'analphabé-
tisme et la diversité des langues. Il serait absurde de les consi-
dérer indépendamment l'un de l'autre. Puisqu'il s'agit de lecture,
l'existence d'une langue n'a de sens q u e dans la mesure où elle
est lue et, puisqu'il s'agit d'échange, le fait de pouvoir lire un
texte dans une certaine langue est d'autant plus important que
cette langue est lue par u n plus grand nombre d'individus.
O n admet q u e douze langues principales sont parlées par plus
des trois quarts de l'humanité. C e sont les suivantes, classées selon
le pourcentage de la population de la terre qui les parle : chinois,
25 % ; anglais, 11 % ; russe, 8,3 % ; hindi, 6,25 % ; espagnol,
6,25 % ; allemand, 3,75 % ; japonais, 3;75 % ; bengali, 3 % ;
arabe, 2,7 % ; français, 2 , 7 % ; portugais, 2,5 % ; italien,
2,10 %.
91
Le nouveau visage de l'édition
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Les grands courants d'échange
TOTAL 24 600 215 200 430 700 436 000 9400 1 115 900
(6 500) (6 800) (54 600) (42 100) (200) (110 200)
Population
réelle (1961) 204 000 422 000 1721000 648 000 17 000 3 012 000
a. Premier chiffre : nombre de lecteurs dans la langue nationale ; chiffre entre parenthèse* : nombre
de lecteurs dans une deuxième langue vehiculaire officiellement admise.
b. Y compris l'afrikaans et le flamand.
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Le nouveau visage de l'édition
tripler de volume dans les décennies qui viennent, mais elle aussi
divisée à l'infini par la diversité des langues.
Encore n'y aurait-il que demi-mal si à la division linguistique
ne s'ajoutait la division administrative et politique. Publier u n
texte dans une langue ne veut pas dire qu'on le m e t à la dis-
position de toutes les personnes qui dans le m o n d e lisent cette
langue. U n m ê m e livre, pour peu qu'il ait un contenu idéolo-
gique, a p e u de chance d'être mis en circulation simultanément
dans tous les pays de son bloc linguistique d'origine. Officielle-
ment, la censure politique des livres, sauf en temps de guerre,
a été supprimée dans la plupart des pays. E n fait il existe mille
façons de tourner cette liberté. Les raisons données à des mesures
entraînant, sans l'interdire ouvertement, la diffusion d'un livre n e
sont pas forcément politiques. Cette sorte de censure larvée n'est
d'ailleurs pas toujours le fait des autorités officielles. Il arrive
qu'elle é m a n e des milieux économiques o u sociaux qui contrôlent
l'édition d'un tel o u tel pays.
C'est là une situation qui n'évoluera que lentement. Elle est
liée aux tensions et aux contradictions qui agitent le m o n d e
moderne. L e livre n'est qu'un enjeu dans une lutte qui le dépasse.
Il en va autrement des obstacles économiques qui se dressent
sur sa route. Ces obstacles sont de quatre ordres :
1. Réglementation et restrictions monétaires concernant les
devises. Cet obstacle s'applique aussi bien à l'importation de
livres qu'à la cession de droits de traduction.
2. Tarifs postaux. Cet obstacle est c o m m u n à tous les types de
matériel culturel, journaux, films, œuvre d'art, etc.
3. Règlements de douane comportant soit licence d'importation,
soit taxes ad valorem.
4 . Taxes diverses.
U n e publication de l'Unesco, Echanges culturels et barrières com-
merciales (Paris, 1956) fait le bilan des législations très diverses
existant dans 9 2 pays. L'Union postale universelle ( U P U ) a cher-
ché à obtenir des Etats membres des.réductions systématiques des
tarifs postaux appliqués aux livres ainsi qu'une simplification géné-
rale des formalités douanières et administratives. Depuis 1 9 5 2 ,
%
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L e commerce d u livre est loin d'être u n des postes les plus impor-
tants des échanges économiques internationaux. L e tableau 1 2
donne, évaluées en millions de dollars, les exportations de livres
des principaux pays à monnaie forte d u m o n d e occidental ainsi
que le pourcentage que représente ce chiffre par rapport à l'en-
semble des exportations.
Royaume-Uni 87 0,81
Pays-Bas 33 0,71
Etats-Unis 108 0,50
France 32 0,43
Suisse 9 0,40
Allemagne (Rép. féd.) 32 0,24
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La traduction
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Deuxième dominante
Pays dominai Anglais Français Russe Allemand
D O M I N A N T E FRANÇAISE
Chili 71
Irlande 63
Royaume-Uni 35 — — — 24
Canada 30 20 — — —
Australie 25
Etats-Unis 25 — — — 21
DOMINANTE RUSSE
Uruguay 44 19 — — —
Bulgarie 43
Tchécoslovaquie 16 10 — — —
Hongrie 16 — — — 11
Roumanie 11
DOMINANTE ESPAGNOLE
Portugal 44 26 — — —
a. République fedérale d'Allemagne et Allemagne orientale.
b. N o n compris les ouvrages traduits du russe en une autre langue de l'Union soviétique.
Sources. Annuaire statistique de ¡'Unesco, 1966.
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m
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%1 2 3 4 % i 2
Israël 6 + Royaume-Uni 9 +
Belgique 5 Turquie 9
Canada 5 + Argentine 8
Royaume-Uni 4 + Ceylan 8 +
Suisse 4 Israël 7 +
Grèce 4 Rép. arabe unie 7
Portugal 4 + Pays-Bas 7 +
Afrique d u Sud 3 + Brésil 6
Danemark 2 + Suède 6 +
Finlande 2 + Italie 5
Norvège 2 + Canada 5 +
Suède 1+ Finlande 5 +
Islande 1+ Yougoslavie 5 +
Australie 0 + Inde 4 +
Chili 0 + Suisse 4
Liban 0 Pakistan 4
Pérou 0 + Danemark 3 +
Philippines 0 Allemagne o 2
Grèce 2
SCIENCES APPLIQUÉES Islande 2 +
Norvège 2 +
Mexique 29 + Iran
Pérou 26 + Autriche
Pologne 19 + Chine (Rép. de)
Bulgarie 19 + Corée (Rép. de)
Philippines 19 Portugal
Tchécoslovaquie 18 Afrique d u Sud
+
Hongrie 15
+ Albanie 0
+
Espagne 15
+ Australie 0
Japon 12
+ Chili 0
+
Roumanie Irak
+
12 + 0
URSS 12 + Irlande 0 +
Venezuela 11 + Liban 0
Indonésie 10 Malaisie 0
Birmanie 10 Philippines 0
Etats-Unis 10 + Syrie 0
Belgique 9 Uruguay 0 +
France 9 Viêt-nam (Rép. du) 0
a. République fédérale d'Allemagne et Allemagne orientale.
So&ce. Asaaudrt statistique de V Unescot 1966.
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lis
Le nouveau visage de l'édition
qui consiste à traduire u n livre sans payer de droits, est encore très
courante. Moralement et économiquement, la chose est regretta-
ble. Il faut pourtant reconnaître que la disparition de ce marché
clandestin affaiblirait encore les échanges. Il existe surtout, en
effet, dans les pays dont la monnaie est trop faible o u le marché
trop réduit pour que leurs éditeurs puissent ajouter à leurs frais
le paiement de droits substantiels.
L e véritable obstacle à la traduction est donc le problème d'in-
vestissement que posent les charges particulières de ce type de
publication. Si Ton admet que la marge bénéficiaire d'un éditeur
doit être d'autant plus grande que son marché est plus réduit, o n
comprendra qu'un petit pays ait du m a l à tenter des aventures
d'édition qui, outre les droits résiduels d u premier éditeur et de
l'auteur sont grevées par les droits d u traducteur.
L e marché de la traduction a peu de chances d'évoluer dans
un proche avenir, car ses insuffisances sont celles m ê m e de la vie
internationale dans le m o n d e actuel. Certes, il bénéficie de certains
progrès techniques, notamment dans le domaine des communica-
tions. Les délais de traduction, en particulier, ont considérable-
ment diminué au cours des derniers siècles. A u temps de Don
Quichotte, il fallait cinquante ans à u n livre pour faire le tour de
l'Europe, alors que maintenant il est courant de voir un livre
traduit l'année m ê m e de sa parution. Mais à cela près la situation
est fondamentalement la m ê m e qu'aux premiers temps de l'impri-
merie. L a traduction ne prolonge pas la publication, mais se super-
pose à elle, ajoutant le poids de ses rouages à la gêne d'une m é c a -
nique déjà trop lourde.
U n livre court d'abord sa chance dans u n certain marché litté-
raire, bloc linguistique, bloc idéologique o u Etat. S'il échoue, il
n'est plus question de le traduire, alors qu'il possède peut-être
au-delà des frontières d'origine un public insoupçonné prêt à
l'accueillir. S'il réussit tant soit peu, il fait l'objet d'options aux-
quelles il est rarement donné suite et l'œuvre subit au hasard de
lectures superficielles u n e deuxième sélection d'autant plus sévère
qu'elle est gratuite et ne possède aucune base sociologique sérieuse :
rarissimes sont les gens capables d'apprécier une œuvre en une
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Les grands courants d'échange
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Les grands courants d'échange
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Troisième partie Perspectives d'avenir
Chapitre premier Le dilemme de l'édition
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Perspectives d'avenir
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Le dilemme de l'édition
12S
Perspectives d'avenir
Livwdochoc
50 — > i i—i
40 v Rwitabillt* otitura*
30 \
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"s. ¡S.
10 f S "•V
Livra d * fond
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«Best-seller»
DécisIon de réimprimer Peint de ruptura secondai r
Dicit ion de réimprimer '
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llllliïiiliillilliîiiljilj
d'exemplaires vendus, mais par le type d'écoulement, c'est-à-dire
par la combinaison du sommet initial, puis de l'hyperbole d'amor-
tissement cassée au point de rupture par l'entrée du livre dans
son régime de croisière. U n livre peut être u n best-seller avec
50 0 0 0 exemplaires c o m m e avec 3 millions.
Très peu de livres ont la vie longue. Sur cent ouvrages publiés,
il en reste à peine dix de vendables au bout d'un an et encore
dix fois moins vingt ans plus tard.
Cette usure rapide de la production littéraire a été mise en
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Perspectives d'avenir
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Chapitre II L a librairie et la diffusion
de masse
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La librairie et la diffusion de masse
1. Pour tout le développement qui suit, ainsi que le diagramme III, voir Robert
E S C A R P I T et Nicole R O B I N E , Atlas de la lecture à Bordeaux, Bordeaux, Centre
de sociologie des faits littéraires, Faculté des lettres et sciences humaines,
1963.
144
D I A G R A M M E III. Contenu-vitrine et contenu-magasin.
Grondai llbrairlos
P»t!t»i libralritt
Diblti do llvrtf
Points do vont*
> Magasin
' Yitrin*
i
I ! IM !
I
j
;
J J j J
Perspectives d'avenir
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L a librairie et la diffusion de masse
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L a librairie et la diffusion de masse
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Perspectives d'avenir
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L a librairie et la diffusion de masse
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Perspectives d'avenir
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L a librairie et la diffusion d e masse
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Perspectives d'avenir
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La librairie et la diffusion de masse
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Chapitre III Pour un nouveau dialogue
Situation de l'écrivain
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Pour un nouveau dialogue
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Perspectives d'avenir
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Pour un nouveau dialogue
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Perspectives d'avenir
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Pour un nouveau dialogue
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Perspectives d'avenir
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. Pour un nouveau dialogue
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Perspectives d'avenir
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Pour un nouveau dialogue
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Perspectives d'avenir
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