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Essai sur l’économie et les sociétés du Languedoc de

l’âge du Fer
Colette Mollex

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Colette Mollex. Essai sur l’économie et les sociétés du Languedoc de l’âge du Fer. 2018. �hal-01929943�

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ESSAI SUR L’ÉCONOMIE ET LES SOCIÉTÉS
DU LANGUEDOC DE L’ÂGE DU FER
_______
 
Essai   sur   les   transformations   économiques   et   sociales   du   Languedoc   protohistorique   à  
partir   de   données   archéologiques   recueillies   sur   les   sites   et   des   tableaux   de   comptage  
d'amphores   et   de   structures   de   stockage   pris   comme   indicateurs   des   échanges  
commerciaux.   Présentation   historique   depuis   l'introduction   du   commerce   fin   VIIe   s.  
jusqu'à  la  colonisation  romaine  en  116  av.  n.  é.    Approche  d’anthropologie  économique  
sous  l’angle  de  la  théorie  marxiste.    

Essay   on   the   economy   of   protohistoric   period   in   Languedoc,   on   the   basis   of  


archaeological   data   collected   on   sites   and   based   on   count   values   of   amphoras   and  
storage   regarded   as   trade   indicators.   Essay   to   draw   an   historic   weft   since   the  
introduction  of  the  trade  until  the  Roman  colonization.  Anthropologic  interpretation  of  
the   events   that   approaches   the   economic   questions   under   the   angle   of   the  
Marxist  theory.  
___  
 

 
Colette  MOLLEX  
 
_____  
 

 
EXERGUE

« Le passé ne peut être raconté que comme il est réellement et non comme il a été, car le récit
du passé est un acte social, qui se situe dans le présent, accompli par des hommes
d’aujourd’hui et affectant le système social d’aujourd’hui »
(Immanuel Wallerstein 1980, 15).

2
INTRODUCTION

Le Languedoc protohistorique s’étendait du littoral du Golfe du Lion jusqu’aux


contreforts montagneux de l’arrière-pays. Descendant par paliers vers la mer depuis les
massifs granitiques du Massif central ou les plateaux calcaires des garrigues, il a bénéficié
d’un étagement climatique et d’une variété géologique qui ont favorisé des productions
agricoles et des activités artisanales diversifiées. Sept fleuves (fig.1) et une côte au cordon
littoral encore discontinu ont facilité les échanges avec les commerçants méditerranéens.

L’espace du Languedoc protohistorique a été recouvert par la Province en 118 avant


notre ère puis intégré dans la Narbonnaise romaine jusqu’en 415 après notre ère. Il a ensuite
été occupé par le second royaume wisigoth autour de sa capitale Toulouse (Ve-VIIIe s.), puis
administré par les Francs (VIIIe-XIIIe s.) et rattaché au royaume de France (XIIIe siècle) sous
le nom de Bas Languedoc méditerranéen. De nos jours, la région appelée jusqu’à peu le
Languedoc-Roussillon recouvrait quasiment l’ancien Languedoc protohistorique dont la
continuité a été assurée par cet « empilement » successif de territoires.
Le nom de « Septimanie », sous la plume des évêques Sidoine Apollinaire (Ve siècle)
et Grégoire de Tours (VIe siècle), désigne la Narbonnaise sous domination wisigothe et
renvoie aux sept évêchés d’Agde, Béziers, Lodève, Maguelone, Nîmes, Toulouse, Uzès.
Cette appellation, de la part des auteurs, répond à la volonté d’affirmer la christianisation du
Languedoc, mais la reprise de ce nom par l’ancien président de région Georges Frêche reste
plus énigmatique.

L’histoire du Languedoc protohistorique prend racine au Néolithique. La production


salicole et une technologie métallurgique avancée intègrent le Languedoc néolithique dans
les circuits à longue distance. Ainsi retrouve-t-on des haches polies en éclogite des Alpes et
des lames en silex du Grand-Pressigny jusque dans un petit village du Montpelliérais de la
commune des Matelles, dans l’aven Papillon (fouilles de P. Pannoux, 1950), ou de longues
lames et poignards en silex et des perles en verre dans les grottes sépulcrales néolithiques de
La Clape près de Gruissan (Chartrain, Labriffe 2008, 410). Depuis l’extrême fin du IVe
millénaire, le rôle précurseur du Languedoc dans le traitement du minerai de cuivre par
procédés pyrométallurgiques place le secteur cuprifère de Cabrières (Hérault) parmi les
premiers pôles métallurgiques d’Europe occidentale (Carozza, Marcigny 2007,77). Les sites

3
du Puech Haut à Paulhan (Carozza 2005) et de Roquemengarde à Saint-Pons-de-Mauchiens
(Guilaine 1990-1991), dans la vallée de l’Hérault, témoignent de ce prestigieux
Chalcolithique.
En revanche, à l’âge du Bronze, au moment de l’extension du trafic égéo-mycénien vers
l’Ouest à la recherche de l’étain au XIIe siècle, le Languedoc est « mis à l’écart du courant
sud-méditerranéo-atlantique du Bronze final II-III » (Guilaine, Py 2000, 426) et se retrouve
isolé des grands circuits commerciaux, tant pour l’étain que pour l’ambre qui emprunte les
voies alpines. Néanmoins, en dépit de cet isolement, quelques indices montrent qu’il a
poursuivi son développement. La poussée démographique, dont on observe le reflux au début
du premier âge du Fer (Garcia, Vital 2006, 73), a laissé de vastes nécropoles à la charnière du
Bronze final IIIb et du VIIe siècle à Agde, à Mailhac, et Pézenas (cf. notices de sites). Ces
lieux consacrés à la mémoire des morts, dont le quadrillage en îlots et rues révèle une gestion
raisonnée de l’espace, pourraient peut-être évoquer une forme précoce de sédentarisation
(Guilaine, Py, ibid.). Les habitats au Bronze final (IXe-VIIIe s.) commencent à s’installer le
long des grands axes de communication et à occuper des places en hauteur (Garcia, Vital,
ibid. 71), donnant naissance pour la plupart d’entre eux aux futurs villages de l’âge du Fer.
Mais cette amorce de changement connaît une formidable accélération au « tournant de la fin
du VIIe et début du VIe siècle avec l’ouverture du Languedoc au commerce méditerranéen…
où tout change » (Guilaine, Py 2000, 427).
Ce tournant qui inaugure la séquence historique de l’âge du Fer, résulte de l’essor du
commerce en Méditerranée centrale en relation avec le dynamisme des sociétés agricoles du
Languedoc. Cette période, des environs 600 à 100 avant notre ère, s’étend du premier âge du
fer à la création de la Province en 118. Progressivement, le Languedoc au contact du système
commercial méditerranéen, intègre « l’écozone méditerranéenne grecque et romaine »
(Cunliffe 1993, 16) qui le rend dépendant économiquement et tributaire politiquement des
bouleversements en Méditerranée.

L’irruption du commerce a entraîné le changement d’économie du Languedoc et rend


donc centrale la question économique pour la compréhension de la période.
« L’essai sur l’économie et les sociétés du Languedoc de l’âge du Fer » s’inscrit dans
cette recherche et poursuit une voie déjà ouverte par des chercheurs travaillant sur le
Languedoc protohistorique. Cette transformation économique a eu un coût social, aussi le
parti-pris adopté dans cet Essai a-t-il été de se placer du point de vue des populations locales.

4
Sur le plan de la méthode, ce travail s’appuie sur 102 documents archéologiques
commentés (Annexes), issus de comptes-rendus de fouilles, de monographies ou de
publications. Ce corpus ne contient que des décomptes d’amphores parce que « ces
conteneurs sont les seuls objets à refléter un commerce qui comptât réellement » (Morel 1983,
556). Les données brutes rassemblées dans des tableaux récapitulatifs permettent de comparer
l’activité commerciale des différents sites et ont servi à élaborer des synthèses régionales à
partir des sites majoritaires.

Enfin, pour ouvrir à une vision plus générale, j’ai interrogé ces résultats à la lumière
d’une réflexion archéologique élargie aux investigations pluridisciplinaires. Je me suis référée
aux travaux d’anthropologues (Bonté-Isard, Clastres, Godelier, Lemonier, Mauss,
Malinowsky, Meillassoux, Polanyi, Testart), à ceux d’économistes (Beitone, Bresson,
Mandel, Marx, Maucourant, Pébarthe) ou de chercheurs sur les sociétés précapitalistes (Bihr).
J’en ai appelé aux recherches des historiens (Braudel, Cunliffe, Wallerstein) dont celles d’un
spécialiste de l’Antiquité (Finley). J’ai emprunté aux colloques sur l’Antiquité : « l’Économie
antique » (Roman 2008) ou les « crises et croissances des Mondes anciens » (Chankowsky
dir., 2013), parce qu’ils traitent de faits contemporains de ceux de l’âge du Fer en Languedoc
que les populations ont sans doute connus, voire subis.
L’appel à ces sources variées débouche sur une lecture transversale qui tend à une
interprétation globale et historique des événements.

La démarche suivie n’est pas celle des spécialistes de la période, amenés à nourrir
constamment la documentation de référence et la réflexion.
Elle tente, à partir de la mobilisation de sources choisies, de comprendre le processus
historique à l’œuvre à ce moment charnière de l’émergence des économies « modernes » et
des rapports sociaux qui s’enracinent dans l’Antiquité.
Elle chercehe à expliciter des comportements humains qui paraisent si éloignés et si
proches des nôtres en leur appliquant une grille universelle de lecture qui se réfère à la pensée
marxiste.
Elle repose sur un enchaînement d’hypothèses logiques fondées sur les présomptions
archéologiques. L’emploi du présent de narration procure une lecture directe qui ne doit pas
faire oublier qu’il s’agit de de projections logiques et raisonnées non attestées directement.

5
LISTE DES SITES

COMMUNES LIEUX-DITS DOCUMENTS NOTICES


(pages)
1. AGDE (34) Rue Perben 1-2-3 142 p.143
2. ARLES (13) Jardin d’Hiver 4 144 p.145
3. AUMES (34) Pioch-du-Télégraphe 5-6-7-8 146 p.147
4. BEAUCAIRE (30) La Redoute 9-10 148 p.149
5. BESSAN (34) La Monédière 11-12-13-14 150 p.151
6. BÉZIERS (34) Place de la Madeleine 15-16-17 152 p.153
7. CALVISSON (30) La Liquière 18-19 154 p.155
8. CESSENON-SUR-ORB (34) Fourquos Esquinos 20 156 p.157
9. CLERMONT-L’HÉRAULT (34) La Ramasse 21 158 p.159
10. DURBAN (11) Le Calla 22-23 160 p.161
11. ESPEYRAN (30) L’Argentière 24-25-26 162 p.163
12. FLORENSAC (34) Montjoui 27-28 164 p.165
13. GAILHAN (30) Plan de la Tour 29-30-31 166 p.167
14. LATTES (34) Saint-Sauveur 32 à 38 168-169 p.170-171
15. LAUDUN (30) Camp César 39-40 172 p.173
16. LE CAILAR (30) Place de la Saint-Jean 41-42 174 p.175
17. MAILHAC (11) Le Cayla 43-44-45 176 p.177
18. MARGUERITTES (30) Peyrouse 46 178 p.179
19. MARGUERITTES (30) Roquecourbe 47 178 p.180
20. MAUGUIO (34) Tonnerre I, 48 181 p.182
La Rallongue
21. MÈZE (34) Les Pénitents 49 183 p.184
22. MURVIEL-LES-BÉZIERS (34) Le Mus 50 185 p.186
23. NAGES-ET-SOLORGUES(30) Les Castels 51 187 p.188
24. NARBONNE (11) Montlaurès 52-53-54 189 p.190
25. NÎMES (30) Le Mont Cavalier 55-56-57 191 p.192
26. NISSAN-LEZ-ENSÉRUNE (34) Ensérune 58-59-60 193 p.194-195
27. PERPIGNAN (66) Ruscino 61 à 70 196-197 p.198

6
28. PEYRIAC-DE-MER (11) Le Moulin 71-72 199 p.200
29. PÉZENAS (34) Saint-Siméon 73-74 201 p.202
30. PIGNAN (34) Les Gardies 75 203 p.204
31. POUSSAN (34) Puech Gayès 76 205 p.206
32. ST. BONNET-DU-GARD (30) Le Marduel 77 à 87 207-208- p.210-211
209
33. ST. DIONISY (30) La Roque de Viou 88-89 212 p.213
34. ST. THIBÉRY (34) Le Fort 90 214 p.215
35. SALLES-D’AUDE (11) La Moulinasse 91-92-93 216 p.217
36. SALSES-LE-CHÂTEAU (66) Le Port 94 218 p.219
37. SIGEAN (11) Pech Maho 95-96-97-98 220-221 p.222
38. VILLETELLE (34) Ambrussum 99-100-101 223 p.224
39. VILLEVIEILLE (30) 102 225 p.226

LISTE DES FIGURES


FIGURES PAGES
Fig.1 p.8
Fig.2 p.20
Fig.3 p.37
Fig.4 p.49
Fig.5 p.59
Fig.6,7 p.60
Fig.8 p.62
Fig.9, 10, 11, 12 p.63
Fig.13, 14 p.64
Fig.15a, 15b p.65
Fig.16 p.68
Fig.17 p.81
Fig.18 p.101
Fig.19 p.111
Fig.20 p.124

7
CARTE DES SITES

(fig.1)

8
PARTIE I

INTÉGRATION DANS LES COURANTS


COMMERCIAUX

9
Les amphores contenues en habitat se différencient des objets retrouvés en milieu
funéraire, assimilés à des « objets de prestige » (Hérubel, Gailledrat 2006, 159), provenant
sans doute de cadeaux offerts par les marchands méditerranéens lors de leurs premiers
contacts avec les populations locales du Languedoc.
Á l’inverse, les quantités importantes d’amphores mises au jour sur les sites sont
l’expression d’un phénomène nouveau, d’un commerce pratiqué à grande échelle depuis
l’extrême fin du VIIe siècle avant notre ère, autour du Golfe du Lion, dans le triangle du Bas
Rhône et le Bassin audois.
Ce commerce, par son ampleur, se distingue des arrivages précédents dont les pièces en
petit nombre témoignent d’échanges peu soutenus : quelques amphores grecques et ioniennes
à Perpignan (Marichal et al. 2003, 86, fig.85) et Pignan (Raynaud, Roux 1983, 48), un peu
« d’amphores ioniennes ou de type de Chios » à Mauguio (Py 1985, 74), et une amphore
phénico-andalouse au Traversant à Mailhac (Gailledrat, Taffanel 2002, 244).
Par comparaison, la profusion d’amphores étrusques, massaliètes, ibériques, italiques,
rend compte d’une « logique de diffusion massive » (Hérubel, Gailledrat, ibid., 163).

Quatre courants commerciaux, en provenance d’Étrurie, de Marseille, de la Péninsule


ibérique et plus tard d’Italie, se sont partagé le commerce en Méditerranée occidentale prenant
en charge l’énorme marché du vin à destination des indigènes.
Ces courants ont collaboré au développement économique du Languedoc en exerçant un
stimulus sur des sociétés en évolution. Chacun, à des moments particuliers et sur des modes
différents, a imprimé sa marque.
L’activité commerciale, portée par ces différents courants, constitue la phase initiale du
processus d’intégration du Languedoc dans le monde méditerranéen.

10
1. LE COURANT ÉTRUSQUE

L’activité d’échange, initiée fin VIIe siècle et début VIe siècle par les marchands des
cités étrusques méridionales de Caere (Cerveteri) et Vulci, s’est développée inégalement entre
les parties orientale et occidentale du Languedoc, entre les établissements du littoral et ceux
de l’arrière-pays.
Le commerce du vin étrusque, concurrencé à partir des années 525 par le commerce du
vin massaliète, résiste sous diverses formes, mais finit par subir un revers puisque les
amphores étrusques s’effacent des sites languedociens à la fin du Ve siècle et disparaissent
définitivement au IVe siècle (Py 1984, 265, doc.37).

AIRE DU COMMERCE ÉTRUSQUE

La zone recélant des amphores étrusques est très vaste, elle recouvre la plaine littorale
s’étendant de la rive droite du Rhône jusqu’à Perpignan et s’enfonce dans les terres « comme
les doigts d’un gant » le long des fleuves côtiers : Vistre, Vidourle, Lez, Hérault, Orb, Têt
(fig.2).
Bien qu’aucun lieu de débarquement n’ait encore pu être clairement identifié jusqu’à ce
jour, les concentrations d’amphores étrusques autour de l’étang de Mauguio et de celui de
Thau y suggèrent de possibles points de livraison, confirmant l’arrivée du vin étrusque par
bateaux. L’ancienneté des amphores dans le triangle du Bas Rhône (Beaucaire, Marguerittes)
suggère que des commerçants étrusques intervenaient déjà dans cette région avant l’arrivée
des Phocéens à Marseille aux environs de 600 avant notre ère.

Les amphores contenues en petites quantités sont « attestées », celles retrouvées en


nombre suffisant ont été « comptabilisées » par les archéologues dans des tableaux de
comptage, en nombre de fragments (NFr), en nombre d’individus (NMI) ou en nombre de
bords (NBd).

11
AMPHORES ATTESTÉES

Les plus anciens fragments d’amphores étrusques, de la fin du VIIe siècle, proviennent
de La Redoute à Beaucaire (Michelozzi, Py 1975, 5), de Roquecourbe à Marguerittes (Py
1977, 34), de Mauguio (Py 1985, 72), ou des nombreux sites du Bassin audois (Hérubel,
Gailledrat, 2006, 160).
Les autres amphores étrusques datent des débuts du VIe siècle à Agde (Nickels 1995,
60), au Cros à Caunes-en-Minervois (Hérubel, Gailledrat, 2006, 163), à Montfau à Magalas
« autour de 580 » (Bacou 1982, 73), au Cayla à Mailhac (Hérubel, Gailledrat, ibid.).
Elles sont attestées tout au long du VIe siècle au Jardin d’Hiver à Arles « entre 540-530 »
(Arcelin 1995, 33), au Pioch du Télégraphe à Aumes (Bussière, Feugère 1989, 87), à Béziers
(Hérubel, Gailledrat, 2006, 165), à Carcassonne « traces d’amphores étrusques à partir de
550 » (Rancoule, Solier 1972, 142), à Castelnau-le-Lez (Arnal, Majurel, Prades 1964, 407), à
la Cougourlude près de Lattes (Daveau, Py 2015), à Notre-Dame-de-Consolation à Fabrezan,
(Hérubel 2000, 94) et à Nissan-lez-Ensérune (Hérubel, Gailledrat 2006, 164). Dans la
Moyenne Vallée de l’Hérault, elles apparaissent avec les amphores massaliètes après 550, sur
quatorze sites (Garcia 1993a, 176) « sans jamais représenter plus de la moitié du matériel
amphorique mis au jour sur les habitats » (ibid., 177). Celles du couloir audois à Villasavary
(l’Agréable) et à Villeneuve-la-Comptal (Roc du nord) se situent dans la fourchette
chronologique comprise entre 525 et 425 (Hérubel, Gailledrat, ibid., 168).
Au Ve siècle, on trouve des amphores étrusques à l’Ermitage d’Alès « massaliètes et
étrusques » (Dedet, Salles 1981, 56), à La Ramasse à Clermont-l’Hérault « une vingtaine
d’amphores étrusques et massaliètes » (Garcia 1993a, 35), à Gaujac « amphores entre 425-
390 » (Charmasson 1981, 83) et Saint-Côme-et-Maruéjols à Mauressip « fin Ve et début IVe
siècle » avant notre ère (Py F. et Py M. 1974, 155).

12
AMPHORES COMPTABILISÉES
(tableau récapitulatif)

(doc.103)

SITES TA : taux moyens DOCUMENTS TE : taux moyens DOCUMENTS


(Départements) d’amphores en (cf. Annexes) d’échanges (cf. Annexes)
NFr,NMI, NBd ou Sources ou Sources
littéraires littéraires
1. Agde (34) 560-520 : 69,26% 1-2 84% 1-2
520-480 : 25,53% 22,48%
480-460 : 11,32% 24,76%
460-425 : 5,26% 29,08%
(calculés)
2. Arles (13) 500-475 : 12% (Arcelin 2008 : (NMI) : 17% 4
Jardin d’Hiver 110)

3. Beaucaire (30) 525-500 : 34,4% 9 11,9% (Dedet et al.,


La Redoute 500-400 : 1% 10 28,5% 1978, 74)

4. Bessan (34) 600-575 : 85,5% 11 18% 11


La Monédière 575-540 : 62% 23%
540-520 : 20% 60%
520-500 : 14% 93%
500-475 : 9% ± 75%
moy.(IIIa+IIIb)
475-425 : 7,5% 77,5%
5. Béziers (34) 500-400 : 11,10% 15 42,02% 15
Place de la 500-400 : 8% 16
Madeleine 400-300 : ± 5% 17 32% (Ugolini,Olive
2004, 65)
6. Calvisson (30) 625-600 : 100% 18 ±10% 19 (Py 1990, 66,
La Liquière 600-575 : 94% fig.30)
575-550 : 80% 57 (Py 1990, 65,
fig.29)
7.Cessenon-Orb(34) 525-475 : ±12% 20
Fourquos Esquinos
8. Durban (11) 525-450 : 20% 22 3,60% 22
Le Calla
9. Espeyran (30) 525-475 : 4,7% 24 500-450 : de 55% 26
L’Argentière 475-425 : 1,6% à 65%
425-400 : 0,1%
10. Florensac (34) 525-475 : 28,86% 28 32,16% 28
Montjoui (NMI) : 33,93% (NMI) :16,05%
11. Gailhan (30) 525-500 : 36,36% 29
Plan de la Tour 500-475 : 5,8% 30% à 50% 31C
475-450 : 3,69% 50% à 25%
12. Lattes (34) 525-500 : ± 82% 32A 38

13
Saint-Sauveur 500-475 : 60% 83%
475-450 : ± 30% 53,5%
450-425 : ± 17% 56,6%
425-300 : <1% 51,4% à 62,6%
13. Laudun (30) 500-400 : 12,14% 39 6,83% 39
Camp César (NMI) : 22,22% (NMI) : 3,67%
14. Le Cailar (30) 500-475 : 14,93% 41 20,68% 41
Place Saint-Jean 475-450 :15,90% 48,65%
450-425 : 3,48% 69,41%
425-400 : 0,28% 82,47%
15. Mailhac (11) 575-450 : 18,2% 43 de 7% à 15% (Gailledrat,
Le Cayla (NMI) Rouillard 2003,
404)
450-325 : ± 2% 44 (Gailledrat, Solier
(NFr) 33% à 45% 2004, 422)

16. Marguerittes(30) 525-450 : 1,14% 46 35,5% 46


Peyrouse
17. Mauguio (34) 625-600 : 100% 48 ±10% 57
600-575 : 96%
Tonnerre
575-550 : ±75%
La Rallongue
550-525 : ±55%
18. Mèze (34) 500-300 : 1,07% 49 29,18% 49
Les Pénitents (NMI) : 0% (NMI) :23,16%
19. Murviel-Béziers 500-375 : ± 21% 50
(34) (NMI) : ± 23%
Le Mus
20. MVH (34) 550-500 :23 à34% (Garcia 1993a,177)
500-450 :10 à23% :
Moyenne Vallée de
450-400 : 7%
l’Hérault
21. Narbonne (11) 525-500 : 7,83% 52 21,58% 52
(NMI) : 100% (NMI) :2,08%
Montlaurès
500-400 : 4,88% 53 19,94% 53

vers 475 : 1,16% 54 63,62% 54


(NMI) : 4,76% (NMI) : 19%
22. Nîmes (30) 525-450 : 14,98% 55 34,97% 55
Mont Cavalier vers 400 : 0,4% 56 43% 56
23. Perpignan (66) 600-575 : 75% 61 1,39% 61
Ruscino (NMI) : 71,43% (NMI) : 4,67%

550-525 : 0,19% 63 0,19% 63


(NMI) : 100% (NMI) : 1,49%

525-500 : 1,43% 64 5,69% 64


(NMI) : 16,67% (NMI) : 5,66%

14
500-475 : 1,73% 65 23,72% 65
(NMI) : 20% (NMI) : 7,69%
24. Pézenas (34) 525-475 : ± 2% 73
Saint-Siméon (NMI) : ± 50%
500-400 : ± 18% 74
(NMI) : ± 40%
25. Pignan (34) 550-500 : 39,74% 75 28,71%
Les Gardies 500-450 : 13,59% 38,9% (Raynaud, Roux
450-400 : 6,28% 30,82% 1983, 48, note35)
26. Poussan (34) 550-475 : ± 78% 76
Puech Gayès
27. St.Bonnet-du- 625-550 : 100% 77 1,60% 77
Gard (30) (NBd) : 100% (NBd) : 2,96%
78
Le Marduel vers 525 : 8,40% 78 15,13
(NBd) : 19,05% (NBd) : 18,75% 79

525-450 : 7,92% 79 23,41% 80

450-440 : 2,37% 80 22,4%


(NBd) : 7,69% (NBd) : 12,13%

400-375 : 0,09% 81 15, 71%


81
375-300 : 0,22% 82 13,51%
82
28.Sallesd’Aude 550-525 : 73,33% 91 3,72% 91
(11) ±510-490 :28,12% 92 25,6% 92
La Moulinasse (calculé)

29. Sigean (11) 540-510 : 11,9% 95 25,6% 97


Pech Maho (NMI) : 28,5% (NMI) :13%

510-450 : 4,3% 96 37% 98


(NMI) : 13,5% (NMI) : 20,4%
30. Villetelle (34) vers 250 : 2,44% 99 9,51% 99
Ambrussum
31. Villevieille (30) 525-450 : 12,73% 102 10,55% 102

15
LES SITES MAJORITAIRES

Définition
Quand un site ne possède qu’une seule catégorie d’amphores, celles-ci sont évidemment
majoritaires. Ainsi le site de Perpignan (Ruscino) de 600 à 575 (doc.61) et de 550 à 525
(doc.63) ou celui de Saint-Bonnet-du-Gard de 625 à 550 (doc.77) sont des sites étrusques
majoritaires, malgré d’infimes quantités, puisque le taux d’échange est <1% à Perpignan et de
1,6% à Saint Bonnet (doc.105, p.18). Ils sont majoritaires par défaut.
Quand les importations se diversifient (les amphores massaliètes se mêlant aux étrusques
au VIe siècle), le critère de distinction revient à sélectionner la catégorie d’amphores la plus
importante pour connaître quel est le courant commercial dominant et pour répartir les sites
entre eux. Un site majoritaire est un site contenant une catégorie d’amphores en majorité qui
dépasse ou avoisine les 50% : Agde est un site majoritaire étrusque entre 560-520 mais Arles
ne l’est pas (doc.103, p.13).

Ainsi défini, le site majoritaire sert d’étalon de mesure commun pour comparer les sites
entre eux et les différents courants commerciaux entre eux. Ce raisonnement à partir
d’ensembles majoritaires, par approximation, permet de dégager les grandes lignes de force
en action.

Huit sites majoritaires, sur 31 sites étrusques, se tiennent en Languedoc oriental et deux
en Languedoc occidental (doc.104).

16
TAUX MOYENS D’AMPHORES (TA)

(doc.104)

Durée
La fourchette chronologique des amphores étrusques majoritaires recouvre une période
totale de 150 ans (625-475) qui se déroule en trois phases. La phase ascendante (six sites)
dure 75 ans (625-550), celle d’expansion maximale (sept sites) couvre 25 ans (550-525), celle
du déclin (cinq sites) s’étend sur 50 ans (525-475).
La période montante (625-550) s’appuie sur un site lagunaire (Mauguio), trois ports
fluviaux (Agde, Bessan, Perpignan) et deux habitats dans l’arrière-pays (Calvisson, Saint-
Bonnet-du-Gard).
L’expansion maximale (550-525) repose sur un port lagunaire (Mauguio), cinq ports
fluviaux (Agde, Bessan, Perpignan, Poussan, Salles-d’Aude), un site terrestre (Pignan) à
proximité de la mer et du grand axe est-ouest, qui pourrait être « la Voie héracléenne ».
La période de reflux (525-475) atteint Mauguio et Salles-d’Aude en 525, Agde en 520,
Pignan en 500. Les sites de Perpignan et Poussan possèdent une majorité d’amphores
jusqu’en 475.

17
Cette évolution en trois temps, achevée par la disparition des amphores étrusques,
s’observe en Languedoc occidental avec la date butoir de 425 (Gailledrat, Hérubel 2006, 167)
et en Languedoc oriental avec la date butoir de 400 (Py 1984, 265, doc.37).

TAUX D’ÉCHANGES

(doc.105)

Volume des échanges

Le chiffre du volume des échanges mesure les capacités commerciales d’un site et par
conséquent son degré d’implication dans les circuits méditerranéens.
Trois sites possèdent un volume d’échange en dessous de 5% : Perpignan, Saint-Bonnet-
du-Gard, Salles-d’Aude. Ceux de Calvisson et Mauguio, autour de 10%, se situent dans la
moyenne générale de la région nîmoise (Py 1990, 65, fig.29A, doc.57). Les sites de Bessan,

18
Pignan, Poussan montrent une importante activité d’échange située entre 20% et 30%. Les
forts taux d’Agde et de Lattes, autour de 80%, détachent ces deux ports du reste de la région
et semblent les placer dans les hautes sphères du grand commerce maritime : peut-être les
débuts de leur entrée dans la « ceinture méditerranéenne » manquant entre l’Italie et
l’Espagne dont parle I. Finley ? (Finley, 1975, 34).
Ces différences de volumes d’échanges entre les sites mettent en évidence le décalage
qui existe entre « l’hinterland » et la plaine côtière, même si l’emplacement littoral n’assure
pas obligatoirement le succès comme le montre l’exemple de Ruscino à Perpignan qui
échange très peu de 600 à 550 (Marichal et al., 2003, 118). Outre ces écarts de chiffres, le
plus gros questionnement à propos des résultats du commerce étrusque réside dans l’existence
d’un « trou » entre 30% et 80%, et dans l’explication à lui apporter.
Les taux très élevés d’amphores des deux ports d’Agde et Lattes, qui indiquent peut-être
leur appartenance naissante à la ceinture méditerranéenne, montrent que le commerce
étrusque semble alors travailler au renforcement de sa plateforme maritime, voire à son
élargissement, pour sans doute se maintenir dans la compétition méditerranéenne et résister à
la concurrence massaliète.

19
(fig.2)

20
BILAN : DES RÉSULTATS CONTRASTÉS

LES AVANCÉES

L’avantage de la primeur
L’antériorité du commerce étrusque paraît difficilement contestable puisque les
amphores accompagnées de vases en bucchero nero constituent les premiers objets
d’importation massive en Languedoc. Cette antériorité semble encore moins à démontrer
quand ces vestiges se trouvent dans la couche directement supérieure à celle du Bronze final
comme cela se vérifie à Mauguio (Py 1985, 51) et à Saint-Bonnet-du-Gard (Py, Raynaud
1982, 6).
Les commerçants étrusques ont été les premiers à réactiver d’anciens circuits en
empruntant dès 575 le couloir d’entre les deux Mers (Hérubel, Gailledrat 2006, 163, fig.2) qui
est l’antique route de l’étain, ou en abandonnant des tessons à Beaucaire au VIIe siècle
(Michelozzi, Py 1975, 5) au passage de la Voie héracléenne que P. Lévêque situe à l’âge du
Bronze (Lévêque 1992, 384).

Un stimulus externe
La théorie d’un « stimulus externe » extirpant les indigènes de leur barbarie et leur
apportant la « civilisation » est une vision unilatérale battue en brèche.
L’urbanisation du Languedoc en contemporanéité avec l’introduction du commerce
incite davantage à penser que ces deux événements ont agi en interaction. La demande crée
par les agglomérations en Gaule méridionale a stimulé la production vinicole en Étrurie et le
développement du commerce a stimulé l’activité économique en Languedoc. Le commerce
étrusque a sans doute joué un rôle d’accélérateur mais pas celui de déclencheur au sein des
sociétés locales. Ce commerce étrusque occupe simplement une place qui se situe au début
d’un processus qui va aller grandissant.

21
DES STRATÉGIES OFFENSIVES

L’extension vers l’Ouest


Le commerce étrusque dans sa première période (625-550) possède l’exclusivité des
échanges à Calvisson, Mauguio, Perpignan, Saint-Bonnet-du-Gard (doc.103). La remise en
cause de ce monopole par les commerçants massaliètes à partir des années 550 entraîne une
chute spectaculaire des amphores d’Étrurie, sauf à Perpignan (550-525), Pignan (550-500),
Poussan (550-475) et Salles-d’Aude (550-525) où elles restent majoritaires (doc. 104). Il en
découle que l’on peut se demander si les commerçants étrusques perdant du terrain à l’Est du
Languedoc n’ont pas tenté de compenser leurs pertes en se déplaçant vers l’Ouest. Le
décalage d’un quart de siècle entre les deux parties du Languedoc pourrait alors s’interpréter
comme une réponse à retardement pour contrer la concurrence massaliète plutôt que comme
une avancée « au fur et à mesure que s’ouvraient les marchés gaulois d’est en ouest » (Py
1974, 203) : d’autant que cette initiative vers l’Ouest s’est soldée par un échec.
C’est dans ce contexte de perte d’influence du commerce étrusque, de concurrence
exacerbée avec Marseille, de tensions en Méditerranée entre les Grecs et la coalition étrusco-
carthaginoise (bataille d’Alalia vers 540-535), qu’il faut poser la question du port de Lattes
autour de 525-500.

La création de Lattes
La construction d’une cité en pierre, ceinte d’un rempart, se détache de la tradition
locale des maisons bâties sur poteaux de bois comme celles du site voisin et un moment
contemporain de La Cougourlude (Daveau, Py 2015). La présence d’une communauté
étrusque dans un quartier (lot 27) de Lattes (Lebeaupin, Séjalon 2008), un volume d’échanges
de 83% (Gailledrat 2010, doc.38) très supérieur à ceux de tous les autres sites du Languedoc à
la même époque, sont autant d’éléments qui érigent Lattes en cas particulier.
Quelles fonctions ce comptoir a-t-il remplies? Il a pu servir de port d’escale aux
commerçants étrusques afin de leur faciliter l’accès aux marchés qui s’éloignaient à l’Ouest,
être un point de fixation visant à perturber et affaiblir le trafic maritime grec entre Marseille et
Agde, ou faire partie de la riposte étrusco-carthaginois pour conserver le contrôle en
Méditerranée occidentale menacé par l’agressivité mercantile des Phocéens ? Dans ces deux
derniers cas, l’enjeu principal devenait « l’emporion » d’Agde : soit pour l’absorber dans la
sphère du commerce étrusque, soit à défaut pour tenter de l’affaiblir. Ainsi le ralentissement
des échanges entre 480-425 à Agde (Garcia, Marchand 1995, doc.3) pourrait être un des

22
signes de la compétition entre Étrusques et Grecs ? Les commerçants étrusques ont échoué
dans la « prise » d’Agde, mais force est de constater que ce plan était le bon puisque que les
Massaliètes l’ont adopté ensuite : « la prise de Lattes en 475 leur a permis de créer la colonie
d’Agathé cinquante ans plus tard » (Janin, Py 2012, 149).
La création de Lattes a sans doute été une tentative de riposte des commerçants étrusques
pour contrer l’offensive massaliète, mais cette initiative n’a cependant pas suffi à endiguer
leur recul.
Pourtant, il apparaît que l’existence du port de Lattes a surtout servi les intérêts étrusques
puisque après 475 (date supposée de la brutale installation massaliète) le taux d’échange n’a
cessé de décliner malgré une acmé massaliète à 62,6% (Gailledrat 2010, doc.38). Il ressort
que Lattes commerçant avec l’Étrurie est plus florissante que Lattes commerçant avec
Marseille, et que d’Étrusques en Grecs et Romains le port a régulièrement perdu de son
importance (ibid.).

DES RECULS

Une faiblesse
Les écarts de volumes d’échange entre les sites signent la principale faiblesse du
commerce étrusque. Cette défaillance ne peut pas être imputée qu’à l’hinterland puisque des
ports fluvio-littoraux (Perpignan, Salles d’Aude) affichent aussi des résultats médiocres
(doc.105). Les taux d’échanges de l’ensemble des sites, exceptés ceux d’Agde et Lattes autour
de 80%, n’excèdent jamais 30% (ibid.).
Comment expliquer ce hiatus entre 30% et 80% ? Sans doute les lieux de distribution ne
sont-ils pas assez nombreux, sans doute y a-t-il un manque de réseaux locaux pour prendre en
charge la diffusion des amphores, sans doute le commerce étrusque a-t-il souffert d’une
logistique insuffisante à cause de problèmes politiques internes en Étrurie. Peut-être la zone
d’intervention est-elle devenue trop vaste, d’autant que l’allié carthaginois est affairé ailleurs
(Ibiza). Mais ces irrégularités indiquent surtout que le commerce étrusque n’a pas pénétré
profondément en Languedoc et qu’il n’a pas maillé le territoire comme le fera plus tard le
commerce massaliète.
Cette situation traduit une forme d’extériorité du commerce étrusque, qui plaide en
faveur de la thèse d’un commerce directement initié par les cités étrusques : « Il y a eu à un

23
certain moment un commerce étrusque parce qu’il y a eu une volonté économique de
certaines cités d’Étrurie méridionale, Cerveteri, Vulci » (Gras 1985, 159).

Le déclin
L’effacement des amphores étrusques en Languedoc (425-400) marque la fin du
monopole du vin en provenance d’Étrurie, mais ne signifie pas la fin d’un commerce étrusque
doté d’un étonnant ressort. Ce dernier est capable de reconversion vers d’autres productions
(céramiques peintes, objets métalliques) et de stratégies de contournement par la vallée de la
Loire pour écouler ces produits quand l’Isthme est bouché par les Massaliètes (Gailledrat
2006, 170).

La fin du commerce du vin étrusque se traduit par le passage de certains sites dans
l’orbite ibérique dont Perpignan ou Salles-d’Aude, et par le glissement des autres dans la
sphère massaliète (doc.106)

24
CONCLUSION

Il paraît insuffisant d’expliquer la disparition du vin étrusque en Languedoc par de seules


raisons écologiques : un tarissement des récoltes en Étrurie qui justifierait du développement
de la viticulture à Marseille (Bats 2003, 25). De toutes les façons, il faudrait ajouter à cette
explication les causes politiques et économiques qui ont perturbé le fonctionnement des cités
étrusques à cette époque.
La fin de la monarchie étrusque à Rome et l’instauration de la République romaine en
509, le passage aux républiques aristocratiques (VIe siècle) accompagné d’instabilité et
parfois de retours à la royauté comme à Véies (IVe siècle), provoquent des antagonismes entre
les cités (Etienne 2010, 207-208). Parallèlement, l’avancée de Rome dans sa conquête de la
Péninsule fait perdre aux Étrusques le contrôle de l’Italie à la fin Ve siècle et celui de la
Campanie elle-même au IVe siècle.
Le coût économique de ces défaites se traduit par l’incapacité des commerçants étrusques
à fournir une offre à la hauteur de la demande, par l’impossibilité de faire face à la hausse crée
par la prolifération des agglomérations en Languedoc.
Les commerçants massaliètes, à l’affût, ont profité de cette faiblesse pour ravir le marché
aux Tyrrhéniens et imposer leur vin. De plus, dans cette compétition, Marseille a disposé
d’atouts en sa faveur.

25
2. LE COURANT MASSALIÈTE

Les plus anciennes amphores, retrouvées dans les premières couches de la Liquière (Py,
1984) et la Font du Coucou à Calvisson (Py, Tendille 1975a) ou à Villevieille (Py, Tendille
1975b), proviennent de Grande-Grèce. Elles ont improprement été attribuées à Marseille et
donc injustement appelées « ionio-massaliètes ». En réalité, les amphores « massaliètes » sont
issues des ateliers de Marseille et ses environs, ateliers qui ont fabriqué « du deuxième quart
du VIe siècle jusqu’à 150 avant notre ère » (Clavel-Lévêque 1977, 22) au moins cinq types
différents d’amphores plus ou moins micacées (Py et al., Dicocer 2, chap.6). Ces conteneurs
ont servi à l’exportation du vin de Marseille qui a constitué une des activités principales de la
Cité et représenté une part importante de la richesse des commerçants de la ville.
En Languedoc, le commerce massaliète a joui d’une longévité de « quatre siècles » (Py
1978b) et d’énormes volumes d’échanges, comme à Lattes où « 249 000 fragments
représentent des dizaines de milliers de conteneurs et des milliers d’hectolitres de vin » (Py
2009, 286).

26
AIRE DU COMMERCE MASSALIÈTE

Les relevés d’amphores effectués sur trente-six habitats dessinent les contours de l’aire
commerciale massaliète, dont on voit qu’elle recouvre entièrement la zone occupée
précédemment par le commerce étrusque : les trente et un sites qui contenaient des amphores
d’Étrurie (doc.103) livrent maintenant des amphores de Marseille. L’intégration du
Languedoc dans les circuits commerciaux se poursuit et s’amplifie avec la création de
nouvelles agglomérations (doc.106). L’habitat se densifie, se développe le long des cours
d’eau et remonte en amont des fleuves, se concentre dans la plaine littorale (fig.3), indiquant
une activité commerciale soutenue, des échanges maritimes plus fréquents et réguliers depuis
Marseille tout proche.

AMPHORES ATTESTÉES

On retrouve des tessons d’amphores massaliètes à Alès (Dedet, Salles 1981, 56), à
Aumes (Bussière, Feugère 1989, 87), dans douze sites de la Moyenne Vallée de l’Hérault aux
VIe-Ve s. (Garcia 1990, 112) et dans onze autres sites aux IIIe-Ier s. av. n. è. (ibid., 114).

AMPHORES COMPTABILISÉES
(tableau récapitulatif)
(doc.106)

SITES TA : taux moyens DOCUMENTS TE : taux moyens DOCUMENTS


(Départements) d’amphores en (cf. Annexes) d’échanges (cf. Annexes)
NFr, NMI, NBd ou Sources ou Sources
littéraires littéraires
1. Agde (34) 560-520 :0,43% 1-2 84% (calculés) 1-2
520-480 : 57,45 22,4%
480-460 : 84,91 24,7%
460-425 : 94,74 29,08%
425-380 : 99% 81,28%
400-350 : 97% 80,49%
350-300 : 97% 34,03%
300-200 : 79% 39,09%
200-150 : 73% 41,36%
(calculés)

27
2. Arles (13) 500-375 : 17% 500-375 : 17%
Le Jardin Hiver (Arcelin1995, 334) (Arcelin 1995, 334)

475-180 : de 17% 4
à 15% (NMI)
425-175
« Domination du
commerce
marseillais»
(Arcelin 2008, 111)
3. Beaucaire (30) 525-500 :65,5% 9 11,9% 9
La Redoute 450-400 :98,9% 10 28,5% 10
4. Bessan (34) 600-575 : 13,5 11 18% 11
La Monédière 575-540 : 32% 23%
540-520 : 78,5 60%
520-500 : 76% 93%
500-475 : 49,75% 78,5%
(moy.IIIa/IIIb) (moy. IIIa+IIIb)

475-425 : 79% 77,5%


5. Béziers (34) 500-400: 44,16% 15 42,02% 15
Place Madeleine
(centre ville) 16
500-400 : 54%

400-300 : 35-60% 17
6. Cessenon-sur-Orb(34) 525-475 : ±65% 20
Fourquos Esquinos (NMI) : ±55%
7. Clermont-L’Hérault 510-480 : 85% 21 3% 21
(34) 450-400 : 98,5 8,20%
La Ramasse 400-350 : 100% 4%
350-300 : 100% 1,90%
8. Durban (11) 525-450 : 80% 22 3,60% 22
Le Calla 450-350 : 35,40% 23 17,57% (calculé) 23
9. Espeyran (30) 525-475 : 90,6% 24 de 50% à 60% 26
L’Argentière 475-425 : 97,1% ± 60%
425-400 : 97,9% > 60%
400-300 : 100% ± 60%
300-200 : 94,3% ± 55%
200-100 : 51,5% de ±50% à 20%
10. Florensac (34) 525-475: 54,90% 28 32,16% 28
Montjoui (NMI) : 53,57% (NMI) : 16,05%
11. Gailhan (30) v.525-500: 63,63% 29 31
Le Plan de la Tour v. 500- de ±30 à 50%
475 :94,19% de ±50% à 25%
v.475-450 :96,30% ±15%
v.400-350 :100% ±5%
v.325-275 : 100%

28
12. Lattes (34) 525-500 : 18% 33 38
Saint-Sauveur 500-475 :±39% 83%
475-450 :±77% 53,5%
450-425 :±79% 56,5%
425-400 :± 90% 51,4%
400-375 :±98% 51,8%
375-350 :±99% 45,3%
350-325 : ±99,9 47,7%
325-300 : ±99,9 62,6%
300-275 : ±99,9 54,4%
275-250 :±99% 43,8%
250-225 :±99,5% 47,5%
225-200 :±96% 32,6%
200-175 :±78% 27,3%
175-150 :± 38% 25%
150-50 :(moy.)
±5%
13. Laudun (30) 500-400: 87,86% 39 6,83% 39
Camp César (NMI) : 77,78% (NMI) :3,67%

100-50 : 0,61% 40 16,80% 40


(NMI) : 5,56% (NMI) : 7,83%
14. Le Cailar (30) 500-475 :65,67% 41 20,68% 41
Place de la Saint-Jean 475-450 :80,52% 48,65%
450-425 :91,09% 69,41%
425-400 :99,58% 82,47%
15. Mailhac (11) 575-450 : 20,5% 43 (Gailledrat,
Le Cayla (NMI) Rouillard 2003,
404)
450-325 : 8% 44 (Gailledrat, Solier
2004, 422)
(NFr)
16. Marguerittes (30)
Peyrouse 525-450: 94,74% 46 35,5% 46

17. Marguerittes 525-450: 100% 47 8,78% 47


Roquecourbe
18. Mèze (34) 500-300: 92,32% 49 29,18% 49
Les Pénitents (NMI) : 100% (NMI) : 23,16%

19. Murviel-les-Béziers 500-375 : ±52% 50


(34) (NMI) : ±65%
Le Mus

29
20. MVH (530-450) 21 21
(34)
1,90%
-Mourèze, les Courtinals 500-450 : 88% 9%
-Plaissan, Saint-Gervais 525-500 : 60%
-St. Bauzille-de-la-Sylve, 0,99%
Puech Crochu 530-510 : 72,72%
-St. Etienne-de-Gourgas, 0,30%
LesRoquets 500-450 : 85,60%
21. Nages (30) 250-225 :100% 51
Les Castels 225-200 : (moy.) ± 10% (région 57
96,9% nîmoise)

200-175 : 97,2%
vers 175 : 75%
175-150 : 42,5%
vers150 (moy.) :
49,25%

150-125 : 33%
vers 125 : 22,7%
22. Narbonne (11) 530-500 : 17,39% 52 21,58% 52
Montlaurès (NMI) : 0% (NMI) : 2,08%

500-400 : 30,66% 53 19,94% 53

vers 475 : 17,52% 54 63,62% 54


(NMI) : 23,81% (NMI) : 19%
23. Nîmes (30) 525-450 : 82,58% 55 34,97% 55
Le Mont Cavalier vers 400 : 99,5% 56 43% 56
24. Nissan-lez-Ensérune 500-400 : ±70% 58
(34) (NMI) : ± 98%

Ensérune 350-250 : ±28% 59

300-200 : ± 38%
(NMI) : ± 50% 60

30
24. Perpignan (66) 525-500 : 5,71%, 64 5,69% 64
Ruscino (NMI) : 16,67% (NMI) : 5,66%

500-475 : 5,45% 65 23,72% 65


(NMI) : 10% (NMI) : 7,69%

475-425 : 0% 66

425-400 : 2,06% 67 18,95% 67


(NMI) : 50% (NMI) : 6,25%

400-350 : 2,76% 68 21,64% 68


(NMI) : 12,50% (NMI) : 11,11%

350-300 :11,11% 69 6,47% 69


(NMI) : 25% (NMI) : 7,84%
25. Peyriac-de-mer (11) 400-300 : ± 37% 71 13% ou 18% Ugolini, Olive
Le Moulin 2004, 71.
350-300 : ± 6% 72 Granier 2004,
(NMI) 161,115
26. Pézenas (34) 525-475 : ± 98% 73
Saint-Siméon (NMI) : ± 50%

500-400 : ± 82% 74
(NMI) : 60%
27. Pignan (34) 550-500 :20,50% 75 28,7% (cf. notice) Raynaud,Roux
Les Gardies 500-450 :67,84% 38,9% 1983, 48, n.35)
450-400 :92,83% 30,82%
28. Poussan (34) 550-475 : ±18% 76
Puech Gayès
29. Saint Bonnet-du-Gard vers 525 : 87,61% 78 15,13% 78
(30) (NBd) : 80,95% (NBd) : 18,75%
79
525-450 :90,39% 79 23,41%
Le Marduel 450-440 :96,4% 80 22,40% 80
(NBd) : 90,77% (NBd) : 12,13%

400-375 :99,81% 81 15,71% 81


375-300 :99,69% 82 13,51% 82
300-250 :99,65% 83 9% 83
250-200 :99,09% 84 7,98% 84
200-175 : 95,2% 85 6,6% 85
175-125 :72,5% 86 7,4% 86
125-100 :20,4% 87 12,5% 87
30. Saint Dionisy (30) 380-330 : 98,3% 88 11,2% 88
Roque de Viou 330-290 : 100% 89 11,1% 89
31. Saint-Thibéry (34) 400-200 : 500 90
Le Fort Fragments.
±10 individus.

31
32. Salles-d’Aude (11) 550-525 : 20% 91 3,72% 91
La Moulinasse v.510-490 : 9,37% 92 25,6% 92
400-350 : 34,88% 93 12,5% 93
33. Salses-le-Château(11) 500-400 : 3,11% 94 49,47% 94
Le Port
34. Sigean (11) 540-510 : 7,7% 95 25,6% 97
Pech Maho (NMI) : 18,6% (NMI) : 13%

510-450 : 15,9% 96 37% 98


(NMI) : 29,4% (NMI) : 20,4%
35. Villetelle (34) vers 250 : 87,80% 99 9,51% 99
Ambrussum 250-200 : 95,40% 100 9,22% 100
200-150 : 68,42% 101 3,51% 101
36. Villevieille (30) 525-450 : 86,89% 102 10,55% 102

32
LES SITES MAJORITAIRES

Le commerce massaliète qui prend la suite du commerce étrusque se pratique à une


échelle très supérieure : trente établissements sur trente-six contiennent majoritairement des
amphores de Marseille (doc.107), contre dix sites étrusques majoritaires sur un total de trente
et un (doc.104).

TAUX D’AMPHORES (TA)

(doc.107)

33
Durée
La fourchette de temps maximum (540-100) apporte la confirmation des « quatre siècles
d’Amphore massaliète» (Py 1978b). Ces quatre siècles se divisent en trois périodes : une
phase de 525 à 400, une autre de 400 à 300 et une dernière après 300. La première regroupe
vingt-cinq sites, la seconde douze, la troisième en comprend neuf.

D’après le document présenté ci-dessus seize sites disparaissent autour des années 400,
soit par manque de documentation après cette date (Le Cailar, Peyrouse et Roquecourbe à
Marguerittes, le Mont Cavalier à Nîmes) soit par basculement dans l’orbite ibérique (Durban,
Nissan-lez-Ensérune). Certains sites s’effacent définitivement (Bessan, Cessenon-sur-Orb,
Florensac, Murviel-les-Béziers, Pézenas, Pignan) ou connaissent de longs hiatus jusqu’à la
période romaine (Beaucaire, Laudun, Mèze, Villevieille). Après les années 300, les sites de
Clermont-l’Hérault, Gailhan, Peyriac-de-Mer sont définitivement abandonnés.

Cette déperdition d’habitats est une des expressions « du phénomène de crise mis en
évidence aux IVe-IIe s sur les sites indigènes de la région nîmoise» (Py, Roure 2002, 211) et
qui est déjà survenu en Languedoc occidental fin Ve-IVe siècles (Mazière 2004, 122).
Néanmoins, ce phénomène de crise en Languedoc oriental s’accompagne des créations de
Nages et Villetelle, du maintien de Saint-Bonnet-du-Gard, de la perduration des activités
portuaires d’Agde et Lattes et de celles des deux ports fluviaux d’Arles et Espeyran sur le
Rhône.
Une crise qui se résout au détriment des petits sites au profit des gros ressemble à une
restructuration. Le temps de crise correspond sans doute à celui nécessaire au Languedoc pour
s’adapter aux remaniements en cours et accomplir sa transition, en lien avec l’accélération
hellénistique en Méditerranée.

34
TAUX D’ÉCHANGES (TE)

(doc.108)

35
Volume des échanges
Les écarts de taux d’échanges entre les sites se répartissent en trois grandes tranches :
une première entre 3,6-10%, une seconde comprise entre 10-50%, une troisième au-dessus de
50%.
Cinq sites ont une capacité d’échange inférieure ou égale à 10% : deux stagnent sous la
barre de 5% (Clermont-l’Hérault, Durban) et trois autres se tiennent entre 5% et 10%
(Laudun, Marguerittes-Roquecourbe, Villetelle).
La zone entre 10%-50%, concentre la majorité des sites qui se distribuent de façon
presque égale : quatre habitats appartiennent à la tranche 10%-20% (Arles, Saint-Bonnet-du-
Gard, Saint-Dionisy, Villevieille), trois à celle des 20%-30% (Beaucaire, Gailhan, Mèze),
cinq autres sites se situent entre 30-40% (Béziers, Florensac, Marguerittes-Peyrouse, Nîmes,
Peyriac-de-Mer). Le port fluvio-maritime d’Agde et le port lagunaire de Lattes possèdent une
activité commerciale comprise entre 40%-50%.
La tranche supérieure à 50% est représentée par deux ports fluviaux : Espeyran sur le
Rhône de 525 à 100 (Barruol, Py 1978, 92) et Le Cailar à une croisée fluvio-terrestre entre
450-350 pendant 100 ans (Roure 2010, 684). Le cas de Bessan qui possède le taux d’échange
le plus élevé (Nickels 1989, 115) est à isoler puisque le site s’efface aux alentours de 425 au
profit d’Agde.

À l’inverse du commerce étrusque dont le volume d’échange n’excède pas les 30%, sauf
à Agde et Lattes (doc.105), le commerce massaliète est beaucoup plus homogène et compact.
Mieux réparti et mieux implanté sur le territoire (fig.3), il semble jouer un rôle moteur dans
les évolutions en cours, tout en prolongeant celles déjà survenues depuis les débuts de l’âge
du Fer sous l’influence du stimulus étrusque.

36
(fig.3)

37
BILAN : UNE POSITION HÉGÉMONIQUE

Un commerce monopolistique
L’essentiel du commerce massaliète en Languedoc se déroule autour de la question de
l’approvisionnement en vin : « Marseille a le monopole de la distribution du vin en Gaule
méridionale jusqu’au troisième siècle » (Brun 2004, 201-202). L’hégémonie marseillaise est
indubitable puisqu’elle s’impose en Languedoc sur trente sites majoritaires (doc.107).

Une politique de Cité-État


Le monopole commercial s’est instauré parce que les marchands massaliètes, après avoir
procédé à l’éviction de leurs concurrents étrusques, ont été en capacité de répondre à la
demande engendrée par les nombreux habitats et le développement économique du
Languedoc (fig.3).
Il paraît difficile de croire que de simples entreprises individuelles ou familiales (aux
intérêts divergents) aient pu se hisser à la hauteur d’un tel défi. Il semble plutôt que ce succès
a nécessité une anticipation des besoins, l’organisation et la mise en place de réseaux de
distribution, une programmation préalable de la production, donc a résulté d’une politique
réfléchie de la Cité et du pouvoir fort des Timouques, capables d’imposer une vision globale
et à long terme.
La Constitution oligarchique « modérée » ou « républicaine » des Marseillais, évoquée
dans Les Politiques d’Aristote (V,6, VI 7, traduction Pellegrin 1993, 362, 437), issue de la
pression exercée par une partie de l’oligarchie marchande réclamant sa part de pouvoir,
s’élargit (fin IVe-IIIe siècles) à une assemblée de six cents membres méritants élus à vie : les
Timouques. Néanmoins, un conseil de quinze membres, renouvelable chaque année, gère les
affaires de la cité, tandis que le pouvoir exécutif demeure aux mains d’un collège de trois
membres.

Une stratégie commerciale


Les fuyards de Phocée, en possession de l’écriture et d’une monnaie, nimbés d’une
prestigieuse aura, ont facilement ébloui les indigènes : Gyptis, la fille du roi ségobrige Nanos,
choisit comme époux le parfait inconnu, indifféremment nommé Euxénos ou Protis selon les
légendes. Les commerçants phocéens, en pays barbare, ont eu l’occasion de développer sans
limites leur immense talent mercantile. Expatriés à Marseille, ils ont tiré profit de leur

38
installation définitive et exploité à leur avantage des distances de transport moindres pour
« casser » les prix, saper la concurrence étrusque, et faire parvenir rapidement sur le marché
gaulois le produit nouveau de « leurs vins parfumés » (Benoît 1980, 197).

Un esprit de conquête
Les Massaliètes, arrivés en intrus vers 600, acquièrent du crédit en usant de diplomatie :
ils ne volent pas au secours des pirates phocéens de Corse, adoptent une position de neutralité
dans la bataille d’Alalia (Aléria) qui oppose leurs congénères à la coalition étrusco-
carthaginoise (540-535). Les victoires grecques d’Himère contre les Carthaginois (480) et de
Cumes contre les Étrusques (474) leur permettent plus tard de prendre toute leur place dans le
bassin méditerranéen occidental.
Dès leur arrivée, ils investissent l’axe central de communication de la Gaule (le Rhône)
où l’on retrouve leurs amphores jusqu’à Lyon et en Gaule centrale. Ils acheminent le cratère
de Vix en provenance de Grande-Grèce jusque près de la ville actuelle de Dijon. En
Languedoc, les commerçants massaliètes remontent les fleuves et les cours d’eau (fig.3) à la
recherche de ressources métallifères et dans l’intention sans doute d’établir des contacts avec
les habitants du pays intérieur afin de commercer avec eux. Ils reprennent à Bessan l’avantage
que les commerçants ibériques leur ravissent pendant un quart de siècle (Nickels 1989,
doc.11) et investissent la vallée de l’Hérault à partir de 550. Ils s’installent à Lattes en 475 et
créent ensuite une colonie à Agde en 425.
En revanche, les Massaliètes ne réussissent pas leur extension à l’Ouest malgré
l’installation de communautés grecques à Peyriac-de-Mer (Ugolini, Olive 2004, 72), peut-être
à Durban (Solier 1992, 352), et dans l’emporion de Sigean. Ils se heurtent à la résistance du
commerce ibérique et sans doute à celle d’une population imprégnée de culture ibéro-
languedocienne en Languedoc occidental. Ils ne parviennent pas à imposer leur monopole en
Roussillon (malgré la proximité d’Ampurias) puisque leurs amphores sont toujours
minoritaires à Perpignan (Marichal et.al, 2003) et à Salses-le-Château (Ugolini, Pezin 1993,
81). Ils n’arrivent pas davantage à forcer l’entrée de l’Isthme gaulois où le verrou de Salles
d’Aude, placé d’abord sous contrôle étrusque, est ensuite investi par les courants ibériques
(Passelac 1995, 180-181-182). Le vin marseillais, même s’il pénètre dans l’Isthme (amphores
à Carsac) n’y est jamais majoritaire.

39
En phase avec les évolutions
Le fait que les ports fluviaux d’Espeyran et du Cailar affichent des volumes d’échanges
supérieurs à ceux du port fluvio-maritime d’Agde et du port lagunaire de Lattes (doc.108),
jusque-là dominants, est le signe de grands changements.
La recherche de rentabilité pousse à fabriquer des bateaux de plus en plus gros pour
transporter toujours plus d’amphores, mais leur gros tonnage rend problématique la
navigation sur la lagune en voie d’enlisement permanent : d’où le choix vraisemblable de
Mèze en milieu d’étang de Thau (Rouquette, Ugolini 1997) contre celui de Poussan en
extrémité favorisé par les Étrusques (Ugolini, Olive 2004). De tels navires nécessitent aussi
l’emprunt de fleuves profonds, d’où une raison supplémentaire d’emprunter le Rhône. Ces
contraintes, les améliorations techniques et les progrès en batellerie ont conduit à des
changements d’itinéraires.
Le développement du commerce fluvial, permettant une pénétration plus à l’intérieur des
terres, s’assortit d’une augmentation des réseaux terrestres indispensables à l’acheminement
des marchandises : les voies de circulation se multiplient, doublant ou triplant l’ancien tracé
est-ouest par les voies parallèles de Beaucaire-Vaunage-Villevieille, Arles-Espeyran-le Cailar,
Beaucaire-Nîmes-Villetelle (fig.3). Les routes terrestres se bordent d’agglomérations, de
relais, collaborent à la densification de l’habitat et au maillage de plus en plus dense du
territoire.
Ces évolutions conduisent à des formes de gestion socio-économiques de plus en plus
complexes, contribuent à l’élévation du niveau économique et culturel des indigènes, profilant
à long terme, la question d’une ouverture à la participation des élites locales à la gestion de la
région.

40
CONCLUSION

Le courant commercial massaliète a été suffisamment puissant pour répondre à la forte


demande du marché indigène et suffisamment organisé pour assurer une alimentation
régulière. Son emprise de « quatre siècles » sur le Languedoc repose autant sur l’esprit
d’entreprise des commerçants massaliètes que sur une politique de la Cité, à variables
multiples, mais toujours capable de s’adapter à toutes les situations et d’y faire face, comme
Marseille le fera sur sa fin en acheminant le vin italien.
La relation entre les populations du Languedoc et le commerce massaliète, qui constitue
un des principaux débouchés du marché intérieur de Marseille, revêt une forme quasi
symbiotique : les économies locales sont complètement dépendantes des échanges avec
Marseille, avançant ou s’effondrant comme à Arles (Arcelin 1995, doc.4, notice 2) ou à
Gailhan (Dedet 1980, doc.28, notice 13). Tout semble se passer comme si Marseille qui
dispose d’une chôra exiguë l’avait agrandie à son environnement indigène pour en faire le
territoire de sa Cité-État.
Le stimulus externe du commerce massaliète et la dynamique interne des sociétés ont
interagi dans le sens d’une intensification des échanges et d’un développement de
l’urbanisation, d’une évolution des transports et d’un maillage du territoire. La restructuration
au profit des sites importants, au deuxième âge du Fer en Gaule méridionale, préfigure et
annonce les regroupements futurs autour de gros pôles urbains, comme celui de Nîmes, que
les Romains développeront.

41
3. LES COURANTS PÉNINSULAIRES IBÉRIQUES

Sous l’appellation « amphore ibérique » sont regroupées ici toutes les amphores
provenant d’Espagne, dont celles dénommées « ibéro-puniques » et « puniques » dans les
monographies ou publications. Pour E. Gailledrat : « il convient de récuser le terme
inapproprié d’ibéro-punique qui ne possède qu’une valeur typologique, les amphores
ibériques étant effectivement dérivées de modèles phénico-occidentaux des VIIe et VIe
siècles » (Gailledrat 2004, 347).
Le terme d’amphore punique désigne exclusivement « les vases produits dans les ateliers
d’Afrique du Nord du groupe Carthage-Tunis, de la baie de Cadix ou d’Ibiza » (Gailledrat
2010a, 491), dont nous ne possédons qu’un individu au Traversant à Mailhac (Gailledrat et al.
2000, 174).
Sinon, toutes les amphores ibériques du Languedoc proviennent des ateliers indigènes de
la Côte andalouse (ibid.), du Pays valencien ou de Catalogne (Gailledrat 2004, 347), dont les
premières importations datent du second quart ou du milieu du VIe siècle (ibid., 349) et se
retrouvent au Cayla à Mailhac, à Narbonne et à Pech Maho à Sigean. À partir du Ve siècle,
l’immense majorité des amphores retrouvées sur les rivages du Languedoc provient de « l’aire
catalano-valencienne » (Gailledrat 2010a, 494).

42
AIRE DU COMMERCE PÉNINSULAIRE IBÉRIQUE

La zone contenant des amphores ibériques s’étend de la rive droite de l’Hérault jusqu’à
Perpignan. Ces amphores, très inégalement réparties entre les habitats, ont été comptées sur
21 sites (fig.4).
La très faible diffusion d’amphores ibériques sur les sites de la partie orientale du
Languedoc confirme l’existence précoce d’aires commerciales bien délimitées : « à l’ouest de
l’Hérault, l’apparente continuité depuis le VIIe siècle d’un courant d’échanges péninsulaires
explique qu’une certaine « frontière » se dessine de part et d’autre de ce fleuve » (Gailledrat
1997, 313).
Les taux importants d’amphores ibériques à Marseille et Arles (20%-25%) du Ve siècle,
non attribuables à la seule diversité du commerce emporique, sont interprétés comme une
demande particulière liée aux habitudes culturelles des communautés grecques ou hellénisées
en place : vin, salaisons, huiles domestiques et parfumées (Sourisseau 2004, 336).
Hormis les anciens spécimens d’Aumes (type Maña A) et de Saint-Étienne-de-Gourgas
(type Maña B), issus des ateliers indigènes d’Andalousie, « la vallée de l’Hérault ne contient
pas d’amphores ibériques » (Garcia 1993, 204), venant confirmer le passage de cette zone
dans l’orbite massaliète au VIe siècle (Garcia 1990, 115). Le contrôle grec de cette vallée,
ayant perdu le lustre qu’elle affichait au Chalcolithique, dont les taux d’échanges sont à
l’étiage, a sans doute davantage servi à marquer un rapport de force qui illustre la compétition
des courants commerciaux entre eux.

43
AMPHORES COMPTABLISÉES
(tableau récapitulatif)

(doc. 109)

SITES TA : taux moyens DOCUMENTS TE : taux DOCUMENTS


(Départements) d’amphores (Annexes). moyens (Annexes) ou
NFr, NMI, NBd d’échanges Sources
littéraires
1. Agde (34) 425-380 : 1% 1 81,28% 1
400-350 : 3% 80,49%
350-300 : 3% 34,03%
300-200 : 7% 39,09%
200-150 : 11% 41,36%
2. Bessan (34) 600-575 : 1% 11 18% 11-13
575-540 : 6% 23%
540-520 : 1,5% 60% (Gailledrat,
La Monédière
520-500 : 6,5% 93%
Solier 2004,
500-475 :49,75% 78,5% 422-423
(moy. IIIa+IIIb) (moy. IIIa+IIIb)

475-425 : 12,5% 77,5%


3. Béziers (34) 500-400 :34,73% 15 42,02% 15
500-400 :18% 16
(centre ville)

400-300 : ± 32% 17 32%


(NMI) : ± 12% (NMI) : 22%
(Ugolini, Olive
2004 : 65)
4. Cessenon-Orb 525-475 :±20% 20
(34)
FourquosEsquinos (NMI) : ± 15%
5. Durban (11) 450-350 :64,60% 23 17,57% 23
Le Calla (calculé)

6. Espeyran (30) 525-475 : 1,3% 24 500-400 :55% 26


L’Argentière 475-425 : 0,3% à 65%
425-400 : 0,5%
7. Florensac (34) 525-475 : 1,79% 28 16,05% 28
Montjoui (NMI) (NMI)
8. Lattes (34) 450-425 : 34 (a-b) 450-150 : 38
0,05%(a)- moy. 45,5%
Saint-Sauveur 0,09%(b) a= NFr
b=fréquence

44
425-400 : calibrée
0,07%(a)-
0,05%(b)

400-200 :
moy. <0,02%

200-125 :
moy. <0,03%

125-1 (av. n. è ):
moy. <0,01
9. Le Cailar (30) 500-475 : 4,48% 41 20,68% 41
Place de la Saint- 475-450 : 3,18% 48,65%
Jean 450-425 : 0,96% 69,41%
10. Mailhac (11) 575-450 : 57,1% 43 De 7 à 45%
(NMI)
Le Cayla (Gailledrat,
450-325 : 89% 44 Rouillard 2003,
(NFr) 404)
(Gailledrat,
Solier 2004,
422)
11. Mèze (34) 500-300 : 3,62% 49 29,18% 49
Les Pénitents (NMI) : 0% (NMI) :
23,16%
12.Murviel-les- 500-375 : ± 25% 50
(NMI) : ±5%
Béziers (34)
Le Mus
13. Narbonne (11) 525-500 : 60% 52 21,58% 52
(NMI) : 0% (NMI) : 2,08%
Montlaurès
500-400 :56,45% 53 19,94% 53

vers 475 : 79,19% 54 63,62% 54


(NMI) : 57,14% (NMI) : 19%

14. Nissan-lez- 500-400 : ± 35% 58


Ensérune (34) (NMI) : 0%

Ensérune 350-250 : ± 65% 59

300-200 : ± 47% 60
(NMI) : ± 50%
15. Perpignan (66) 525-500 :84,29% 64 5,69% 64
(NMI) : 33,33% (NMI) : 5,66%
Ruscino
500-475 :84,16% 65 23,72% 65
(NMI) : 30% (NMI) : 7,69%

45
475-425 : 100% 66 33,73% 66
(NMI) : 100% (NMI) : 10%

425-400 :97,94% 67 18,95% 67


(NMI) : 50% (NMI) : 6,25%

400-350 :93,79% 68 21,64% 68


(NMI) : 50% (NMI) :11,11%

350-300 :86,11% 69 6,47% 69


(NMI) : 50% (NMI) : 7,84%

300-100 :81,82% 70 13,58% 70


(NMI) : 40% (NMI) : 20%
16.Peyriac-de-Mer 400-300 : ± 22% 71 58% (Ugolini, Olive
(11) 2004 :72)
350-300 : ± 8% 72 18% (Granier 2004,
Le Moulin (NMI) 161,115)
17. Pignan (34) 550-500 :28,45% 75 28,7% (Raynaud, Roux
Les Gardies 500-450 : 3,28% 38,9% 1983, 48)
450-400 : 0,50% 30,82%
18.St.Bonnet-Gard 525-450 :1,21% 79 23,41% 79
(30) 450-440 : 1,1% 80 22,4% 80
(NBd) : 1,54%
Le Marduel
400-375 : 0,05% 81 15,71% 81

300-250 : 0,09% 83 9% 83
19.Salles-d’Aude 550-525 : 6,67% 91 3,72% 91
(11) 510-490 : 62,5% 92 25,6% 92
(calculé)
La Moulinasse 400-350 :65,11% 93 12,5% 93

20. Salses-le 500-400 :93,87% 94 49,47% 94


château (11)
Le Port
21. Sigean (11) 540-510 : 71,2% 95 25,6% 97
(NMI) : 30,1% (NMI) : 13%
Pech Maho
510-450 : 75,6% 96 37% 98
(NMI) : 39,4% (NMI) : 20,4%

SITES MAJORITAIRES

46
TAUX D’AMPHORES

(doc.110)

Durée
Le commerce ibérique impose sa domination sur dix habitats du Languedoc occidental
pendant 475 ans : de 575 jusqu’en 100 avant notre ère. Il connaît une longue phase
d’expansion d’environ 180 ans (530-350), suivie d’une phase de reflux à partir de 350 à
laquelle échappent quatre sites.
Certains disparaissent définitivement : Bessan, Salses-le-Château. Narbonne connaît un
hiatus : « on ne retrouve pas de matériel du IIIe s. au IIe s. » (Sanchez 2014, à paraître). Les
données, après 350, manquent pour Durban, Salles-d’Aude et Sigean. En revanche, après cette
date, Peyriac-de-Mer (350-300) et Nissan-lez-Ensérune (350-200) passent dans l’orbite
ibérique. Sur ces dix sites, seul Perpignan (Ruscino) perdure et franchit la transition des deux
âges du Fer.

47
TAUX D’ÉCHANGES

(doc.111)

Volume des échanges


Tous les sites possèdent un taux d’échanges supérieur à 15%, procurant aux courants
ibériques une assise jamais égalée ni par le commerce étrusque (doc.105) ni par le commerce
massaliète (doc.108). Les taux d’échanges se situent dans la fourchette comprise entre 16,7%
(Sigean) et 26% (Mailhac). Les résultats de Bessan (87%) évalués sur une période de 25ans
sont à isoler (Nickels 1989, doc.11). Le resserrement des taux d’échanges autour de 20% offre
l’image d’un courant commercial puissant et régulier.

48
(fig.4)

49
BILAN : UN COURANT SOLIDEMENT IMPLANTÉ

Les origines
Les marchands phéniciens à la recherche de ressources minérales prospectent en
Méditerranée occidentale depuis le XIIe siècle, créant des comptoirs en Sicile orientale et en
Sardaigne où ils exploitent des mines. Leur présence au riche pays de Tarshish (Espagne) est
à l’origine de l’émergence du commerce péninsulaire ibérique. De petites communautés
phéniciennes établies sur la côte andalouse au VIIIe siècle se fondent dans la population
locale (Rouillard, Moret 2012, 150) et collaborent à la mise en place d’un courant d’échange
entre la Péninsule et les régions du Golfe du Lion, dans la seconde moitié du VIIe siècle
(Gailledrat 2004, 347).
Le développement de ces échanges en Espagne accélère la dynamique des sociétés
indigènes qui « suivent un processus d’évolution très rapide, qui mènera en moins d’un siècle
ces sociétés vers des modes de vie urbains propres à la culture que nous appelons ibérique »
(Asensio et al. 2000, 254). Cette dernière se concrétise par de nouvelles structures d’habitats,
des plans d’agglomérations ceinturés, des ateliers indigènes d’amphores, et une culture
viticole indigène précoce autour d’Alicante dès le VIe siècle (ibid., 257).
Ce processus d’évolution réalisé en moins d’un siècle engage rapidement certaines
régions (Côte andalouse, Pays valencien, embouchure de l’Èbre) dans la production
d’amphores, dans des activités d’échanges qui permettent aux commerçants ibériques de
rivaliser avec les autres commerçants méditerranéens et de s’implanter précocement en
Languedoc où les Étrusques et les Phocéens ne prennent véritablement pied qu’au début du
VIe siècle.
Les contreparties recherchées par les commerçants phénico-ibériques sont minérales,
c’est ainsi que l’emporion de Pech Maho à Sigean, relié au massif des Corbières, est interprété
comme « un débouché maritime du commerce du métal » (Gailledrat, Rouillard 2003, 408).

La culture ibéro-languedocienne
L’avance prise par les courants commerciaux ibériques depuis le VIIe siècle explique la
place importante qu’ils occupent en Languedoc occidental à l’âge du Fer, mais cette position
dominante puise à des racines beaucoup plus lointaines. La culture de Montbolo, mise en
évidence par J. Guilaine (Guilaine1986, 74), témoigne de liens anciens déjà tissés au
Néolithique moyen (autour de 3500) entre les populations de chaque côté des Pyrénées. De
cette matrice naît plus tard en Languedoc la culture ibéro-languedocienne : « ce courant

50
d’influences puniques et/ou ibéro-puniques, qui se met en place dès la fin du VIIe s. av. J.-C.
en Languedoc occidental, vallée de l’Hérault comprise, sur le substrat indigène Grand-Bassin,
véhicule un faciès culturel qu’on ne peut qualifier que d’ibérique et qui est contemporain de
celui reconnu dans le nord-est de l’Espagne » (Garcia 1993b, 48).
Ce fonds culturel commun crée des affinités qui s’expriment dans le choix des Élysiques
(Narbonne) de combattre aux côtés des Carthaginois à la bataille d’Himère (480), par des
accointances avec les partenaires commerciaux : les contrats sur lames de plomb de Pech
Maho et de Salses-le-Château sont écrits en Paléohispanique et mentionnent la présence
d’intermédiaires ibères. Cette parenté s’affirme encore (comme le fait la diaspora grecque) par
l’établissement de communautés ibériques en Languedoc, à Nissan-lez-Ensérune (Ugolini,
Olive 2004, 67), à Pech Maho (Gailledrat, Solier 2004, 425, 427) et peut-être à Salses-le-
Château (Ugolini, Pezin 1993, 81).
La culture ibéro-languedocienne, vecteur des influences ibériques, reproduit à Pech
Maho des fortifications de type hispanique « qui appartiennent au patrimoine des cultures
protohistoriques de la Péninsule ibérique » (Moret 2000, 77), et délivre à Ensérune huit cents
inscriptions paléohispaniques (Ruiz Darasse 2013, 34).
Un exemple a contrario pourrait confirmer l’appartenance à cette matrice commune : les
potiers andalous ont immédiatement imité les formes exotiques des vases phéniciens et
fabriqué des amphores, alors que ceux de Gaule méridionale ne l’ont jamais fait (Gailledrat
2004b, 348). Sans doute parce que « l’économie régionale n’est pas en mesure de produire les
denrées conditionnées par ce biais, probablement pour l’essentiel du vin » (Gailledrat 1997,
312), mais peut-être aussi parce que les ressorts habituels de l’acculturation, basés sur l’attrait
de la nouveauté, n’ont dans ce cas pas fonctionné.

51
CONCLUSION

Les marchands phéniciens ont été les protagonistes des échanges commerciaux en
Méditerranée occidentale dès les XIe-Xe siècles. Leur installation dans la Péninsule ibérique
au VIIIe siècle, concomitante au développement des sociétés autochtones, a participé à
l’émergence des courants commerciaux ibériques qui ont trouvé, tant par proximité que par
affinité, un ancrage en Languedoc occidental.
Ces courants péninsulaires puissants ont défendu et maintenu leur aire d’intervention
(hormis la perte de la vallée de l’Hérault au VIe siècle). Ils sont restés majoritaires à Mailhac,
Narbonne, Perpignan, Salles-d’Aude et Sigean (doc.110). Ils se sont imposés à Durban vers
450 (Solier 1992, 352), à Peyriac-de-Mer au milieu du Ve s. (Granier 2004, 161) et à Nissan-
lez-Ensérune vers 350 (Ugolini, Olive 2004, 67).
En définitive, les commerçants de la Péninsule ibérique ont été les seuls concurrents
sérieux des commerçants massaliètes dont ils ont bloqué l’expansionnisme à l’Ouest.

52
4. LE COURANT ITALIQUE

Le commerce du vin italien en Languedoc commence à se développer au IIIe siècle,


prend de l’ampleur au IIe siècle et s’impose au Ier siècle avant notre ère.
Suite à la soumission de la Grande-Grèce, de la prise de Syracuse (212), Vulci (280) et
de la chute de la dernière cité étrusque Volsinies (264), l’instauration de la domination
romaine sur toute l’Italie a procuré un formidable essor au commerce d’Italie. La victoire de
la Deuxième guerre punique (218-201) lui ouvre l’espace ibérique et celui de la Gaule
méridionale après la création de la Province en 118 avant notre ère, dont Narbonne devient la
capitale.

Le choix d’étudier le Languedoc protohistorique des débuts de l’âge du Fer jusqu’à la


conquête romaine, qui a du sens historiquement, mais présente l’inconvénient majeur de
s’arrêter au creux d’une période de transition économique et politique qui entraîne une
déperdition d’informations et procure une vision tronquée et incomplète des événements.

L’étude du courant italique, réduite ici à la courte fenêtre des IIIe-IIe siècles, avec des
données lacunaires (douze sites), ne rend pas compte du saut quantitatif alors en train de
s’accomplir : « Les environs 200 sont marqués par un coup de fouet de l’emprise commerciale
italienne en Gaule méditerranéenne comme en Chevelue, à un degré que n’avaient connu
auparavant ni le commerce grec, ni le commerce étrusque » (Morel 1990, 327).

53
AIRE DU COMMERCE ITALIQUE

Les amphores italiques, aux IIIe-IIe siècles, se répandent du Rhône aux Pyrénées (fig.5).
Leur présence disséminée à l’Ouest (Agde, Lacoste, Perpignan, Saint-Thibéry) se concentre à
l’Est (Lattes, Villetelle), dans la région nîmoise (Nages, Nîmes) et le long du Rhône (Arles,
Espeyran, Laudun, Saint-Bonnet-du-Gard).
Les sites sont plus nombreux dans la partie orientale, mais l’insuffisance de nos données
n’autorise pas à formuler un jugement à l’encontre d’une idée répandue, à savoir que le
courant italique précédant la conquête romaine serait arrivé par l’Espagne. Cette
prédominance d’amphores italiques en Languedoc oriental tendrait plutôt à accréditer la thèse
que les commerçants massaliètes, avant la chute de Marseille en 49, se sont reconvertis dans
la distribution du vin italien (Brun 2004, 202).
Il reste que l’éparpillement des vestiges d’amphores italiques sur l’ensemble du
Languedoc, malgré des données incomplètes, envoie déjà le signe avant-coureur de l’étendue
à venir du commerce en provenance de l’Italie romaine.

AMPHORES ATTESTÉES

Les premières amphores, fabriquées en Grande-Grèce et appelées gréco-italiques, font


une timide apparition au IVe siècle avant notre ère à Lattes (Py et al., Dicocer 2) et Perpignan
(doc.112), précédant les amphores italiques fabriquées en Italie centrale, en Étrurie, en Latium
et Campanie. Les formes Dressel 1A et 1B constituent la majorité des amphores italiques des
IIIe-IIe siècles du Languedoc.
Ces dernières sont attestées à Beaucaire (Dedet et al. 1978, 81, 127) et à Béziers
« courant IIe siècle» (Ugolini 2010, 153). Celles de Lézignan-la-Cèbe et de Lacoste-Cornils,
dans la vallée de l’Hérault, datent du IIe siècle (Garcia 1993). À Narbonne : « attestations à
partir de la seconde moitié du IIe s. » (Sanchez 2002, 82), ainsi que des « amphores aux IIe-
Ier siècles» à Saint-Thibéry (Ugolini, Olive 2004, 63). À Pech Maho à Sigean (300-200) une
étude pétrographique met en évidence la provenance d’amphores italiques de Campanie et du
Latium méridional (Thierrin-Michael, 2000, 229). Carsac et Carcassonne, dans le couloir
audois, renferment des amphores italiques des IIe-Ier siècles (Rancoule 2001, 42).

54
AMPHORES COMPTABILISÉES
(tableau récapitulatif)

(doc.112)

SITES TA : taux moyens DOCUMENTS TE : taux DOCUMENTS


(Annexes) ou
(Départements) d’amphores en moyens (Annexes) ou
Sources
Sources
NFr, NMI, NBd littéraires d’échanges
littéraires

1. Agde (34) 300-200 :14% 1 39,09% 1


41,36%
200-150 :16%
2. Arles (13) Après 150 : 94% Arcelin 2008 : 180-150 : (Arcelin, ibid.)
Jardin Hiver 113 ±18%
3.Espeyran (30) 300-200 : 5,6% 24 ± 65% 26
L’Argentière 200-100 : 48,4% ± 55 à 25%

4. Lacoste 34) v. 125 : 15%-20% Garcia 1993,


Les Cornils 100-50 : +23% 207
(fig.18)
5. Lattes (34) 275-200 :1%-50% 35-36 275- 38
250-175 : ±50% 200 :43,8%
Saint-Sauveur 175-150 : ±75%
150-125 : ± 80% 250-
225 :47,5%
125-100 : ± 90%
100-75 : ± 92% 225-
75-50 : ± 91%
200 :32,6%
50-25 : ± 85%
25-1 : ± 50%
200-
175 :27,3%

175-150 : 25%
6. Laudun (30) 100-1 : 99,39% 40 16,80% 40
Camp-César (NMI) : 94,44% (NMI) : 7,83%
7. Nages (30) 225-200 : 6,1% 51 225-100 : 10% 57
200-175 : 2,7%
v. 175 : 25%
Les Castels
175-150 :57,50%
v. 150 : 34%-66%
150-125 : 66%
v. 125 : 77,2%

8. Nîmes (30) 200-100 :±0 à75% (Py 1990, 583, ± 0 à 15% (Py 1990, 583)

55
100-75 :±75à100% (fig.17) ± 15% à 20%
Mont-Cavalier 150-0 : ±100% ± 20% à 15%
9.Perpignan (66) 400-350 : 0,69% 68 21,64% 68
(NMI) : 12,5% (NMI) :
Ruscino 11,11%
350-300 : 2,78% 69 69
(NMI) : 25% 6,47%
(NMI) : 7,84%
300-100 : 3,03% 70 70
(NMI) : 20% 13,58%
(NMI) : 20%
10. St Bonnet- 375-300 : 0,04% 82 13,51% 82
300-250 : 0,26% 83 9% 83
du-Gard (30)
250-200 : 0,83% 84 7,98% 84
200-175 : 4,8% 85 6,6% 85
175-125 : 27,5% 86 7,4% 86
Le Marduel
125-100 : 79,6% 87 12,5% 87

11. St.Thibéry Début IVe s. 90


100 fragments
(34)
(NMI) : 0 individu
Le Fort
12.Villetelle 200-150 :31,58% 101 3,51% 101
(34)
Ambrussum

56
SITES MAJORITAIRES

TAUX D’AMPHORES

(doc.113)

Durée
Les amphores italiques deviennent majoritaires à Lattes et Nages après 175, à Arles
après 150, à Saint-Bonnet-du-Gard après 125, à Nîmes vers 100 et à Laudun après 100.

TAUX D’ÉCHANGES

(doc.114)

57
Volume des échanges
On ne dispose pas de tableaux de comptage d’amphores pour Arles, mais on sait que le
commerce marseillais n’est plus actif après 175 et que les amphores italiques atteignent 94%
vers 150 avant notre ère (Arcelin 1995, 336). Pour la phase 4 de Narbonne (150-125) les
amphores Dressel 1A deviennent majoritaires (Sanchez 2014, à paraître).
Parmi les douze sites répertoriés, six d’entre eux contiennent plus de 50% d’amphores
italiques. Rappelons à titre de comparaison la proportion des sites majoritaires pour chaque
courant (fig.8).
Le volume des échanges est tout de suite important puisque le taux le plus bas, à Saint-
Bonnet-du-Gard, commence à 12,5% (doc.114).

58
(fig.5)

59
BILAN : UNE PROMESSE D’AVENIR

Le commerce italique entame des débuts prometteurs. Deux figures de M. Py 1990, 583
(fig.6) et D. Garcia 1993, 207 (fig.7) rendent compte de l’amplification dont parle plus haut
J.-P. Morel.
(fig.6)

(fig.7)

60
CONCLUSION

Les taux d’échanges déjà élevés du commerce italique dans cette période de transition
laissent présager de sa future expansion. En même temps, ces mêmes taux nous indiquent
qu’à la veille de la conquête romaine le Languedoc a atteint un niveau économique et un
développement culturel suffisants pour lui permettre d’entrer de plain-pied dans le jeu des
échanges dominés par Rome.
Pour finir sur la promesse d’avenir du commerce italique, laissons la parole à J.-P. Brun :
« Au IIIe s., le vin de Sicile et d’Italie centrale est introduit par l’intermédiaire des Marseillais
… Les principaux destinataires du début du IIe siècle ont été les Arvernes, puis les Éduens et
les Ségusiaves « frères du peuple romain » dans la zone du denier (Brun 2004, 202). Les vins
d’Étrurie, du Latium, un peu de Campanie ont dominé le marché gaulois durant les deux
derniers siècles av. J.-C. » (ibid., 203).

61
5. ESSAI DE SYNTHÈSE

I. SYNTHÈSE DES DONNÉES

1. REPÈRES SPATIAUX

Les aires commerciales


La zone recélant des amphores étrusques (fig.2) couvre le Bassin audois et toute la
plaine côtière du Golfe du Lion traversée par la « Voie héracléenne ». La zone du commerce
massaliète recouvre l’ancienne aire commerciale étrusque (moins le couloir des deux mers)
mais de façon beaucoup plus dense et en pénétrant plus à l’intérieur des terres le long des
fleuves (fig.3). Les échanges avec les courants péninsulaires ibériques, des Pyrénées jusqu’à
la rive droite de l’Hérault, laissent des amphores disséminées dans tout l’arrière-pays, le long
des cours d’eau et notamment l’Aude (fig.4). Les amphores italiques qui apparaissent au IIIe
siècle pénètrent par l’Est et l’Ouest du Languedoc (fig.5) pour se déployer partout aux IIe-Ier
siècles avant notre ère.

Répartition des sites


(fig.8)

CATÉGORIES NOMBRE DE SITES SITES


D’AMPHORES MAJORITAIRES
A. étrusques 31 10
A. massaliètes 36 30
A. ibériques 21 10
A. italiques 12 6

62
2. REPÈRES CHRONOLOGIQUES
(SITES MAJORITAIRES)

Durée maximale des courants


(fig.9)

Étrusque (625-475) Massaliète (540-100) Ibérique (575-100) Italique (175…)


150 ans (doc.104) 440 ans (doc.107) 475 ans (doc.110) (doc.113)

Repésentation par tranche de 150 ans


(fig.10)

Durée des phases ascendantes


(fig.11)

Courant étrusque (625-525) 100 ans (doc.104)


Courant massaliète (525-400) 125 ans (doc.107)
Courants ibériques (575-350) 225 ans (doc.110)
Courant italique (à partir de 175…) … (doc.113)

Durée des phases descendantes


(fig.12)

Courant étrusque (525-475) : 50 ans (doc.104)


Courant massaliète (400-100) : 300 ans (doc.107)
Courant ibérique (350-100) : 250 ans (doc.110)

63
Les courants ibériques, qui détiennent la phase commerciale la plus longue (fig.9, 10),
confirment leur enracinement ancien en Languedoc occidental.
La durée des phases ascendantes (fig.11), quels que soient les courants, est toujours plus
courte que celle des phases descendantes (fig.12).
La durée des phases de reflux renseigne sur la solidité d’implantation d’un courant. Le
commerce massaliète résiste le plus longtemps avant son effacement (fig.12), rappelant qu’il
dispose de points d’appui forts (les gros ports), de bons relais et d’une position de monopole
dans sa zone.

3. VOLUMES ÉCHANGÉS
(SITES MAJORITAIRES)

Repésentation de la fourchette d’amplitude des taux d’échange


(fig.13)
*

Calcul des moyennes des taux d’échanges de chaque courant


(fig.14)

C. ETR : 24,18% (doc.105)


C.MAS : 25,83% (doc.108)
C. IBE : 33,95% (doc.111)
C. ITA : 18,07% (doc.114)

Ces valeurs, quoique factices, à cause d’étalonnages différents (NFr, NMI, NBd) et
d’autres critères particuliers à Bessan (Nickels 1989, 113) ou Pignan (Raynaud, Roux 1983,
48), attirent néanmoins la curiosité. Le volume du commerce massaliète (de cet

64
échantillonnage) en dépit d’un ressenti apparaît comme à peine supérieur à celui du commerce
étrusque et inférieur à celui des courants ibériques.

Cinq sites au taux d’échange supérieur à 50%


(fig.15a)

Commerce Agde (560-520) : 84% (doc.105)


étrusque
Lattes (525-475) : 83%
Commerce Bessan (540-500)-(475-425) : ±70% (doc.108)
massaliète
Espeyran (525-100) : ±60% "
Le Cailar (500-400) : moy. : 55, 30%
Commerce ibérique Bessan (500-475) : 87% (doc.111)

Les cinq sites qui franchissent la barre des 50% sont exclusivement des ports. Mais
l’éviction au fil du temps des ports fluvio-maritimes (Agde, Lattes) au profit des ports
fluviaux (Bessan, Espeyran, Le Cailar) renvoie aux progrès réalisés dans les transports et la
batellerie et aux répercussions qu’ils entraînent tant sur le plan économique que sur celui d’un
nouvel aménagement du territoire.
Les grandes quantités d’amphores recélées dans les ports, généralement associés à de
gros centres de redistribution, soulignent encore le caractère spécifique de lieux de
consommation et de stockage « aux conditions socio-économiques particulières » (Gailledrat
2010a, 496).

Moyennes des taux d’échange de ces cinq sites


(calculées tous courants confondus)
(fig.15b)
Agde (560-150) 57,6% Doc.1 Garcia, Marchand 1995,100
Bessan (575-425) 61,21% Doc.11 Nickels 1989, 113
Espeyran (500-100) ±50% Doc.26 Py 1990, 163, fig.75
Lattes (500-150) 48,75% Doc.38 Gailledrat 2010, 455, fig.1
Le Cailar (500-400) 53,30% Doc.41 Roure 2010, 684, fig.504

65
Seuls Agde, Espeyran, Lattes, tous courants confondus, avec un volume moyen
d’échange égal ou supérieur à 50%, résistent sur une longue période. Ces résultats orientent
vers l’idée d’une restructuration du commerce maritime autour des plus gros ports, avec des
relais sur le Rhône dans l’objectif de commercer avec le pays intérieur, d’y pénétrer
profondément voire le conquérir.

66
II. ÉTUDE COMPARÉE DES COURANTS COMMERCIAUX

Des courants ensemble


Les courants commerciaux de Méditerranée orientale et occidentale pratiquent
l’emporía, une activité maritime qui consiste à transporter les matières premières recueillies
dans les régions du pourtour méditerranéen et à les ramener aux pays d’origine pour « les
transformer en biens de prestige » (Gras et al. 2010, 106-107).
L’emporía est multiple et disparate : « les courants sont innombrables et morcelés,
animés par d’innombrables intermédiaires. Ce sont des va-et-vient, des redistributions …»
(Gras 1995, 135). Les cargaisons homogènes (750-700) des épaves du Tanit et d’Élissa à plus
de trente miles de la côte israélienne actuelle (Étienne 2010, 97) témoignent d’une navigation
hauturière ancienne et d’un commerce « en droiture » (Arnaud 2014, 185) effectué par des
navires de gros tonnage. Le bataclan des bateaux de faible tonnage des épaves du Giglio en
Italie et du Bajo de la Campana en Espagne vers 600 (Étienne ibid.), illustre le fourre-tout du
commerce de cabotage (Gras et al., 2010, 108-109).
L’emporía recouvre deux types de commerce : un premier lié aux activités lucratives des
riches armateurs ou des puissantes Ligues des cités hellènes, un second lié au petit commerce
livré à la pagaille de la libre entreprise où s’engouffrent tous les « aventuriers prêts à se mettre
à l’eau » (Gras, 1995, 137). À ce propos, les cargaisons étrusques convoyées dans des bateaux
cousus (Giglio) faisant affirmer « l’absence de construction navale étrusque » et suggérant un
transport exclusivement réservé aux Grecs (Pomey 2006, 423-424) pourraient aussi bien
révéler l’existence d’un marché frauduleux de bateaux mis au rebut par les Grecs et utilisés
par des trafiquants?
La réglementation de l’emporía qui commence à se mettre en place à partir des années
530 tend à marginaliser les petits trafics pour laisser la voie libre au riche commerce. Ces
accords qui partagent le Bassin occidental méditerranéen entre les grandes puissances
maritimes visent à délimiter précocement des zones commerciales entre Étrusques, Grecs,
Massaliètes, Carthaginois et Romains, dont il ressortira une compétition accrue.

Le phénomène de « méditerranéisation » est un processus d’intégration dynamique dans


l’espace méditerranéen où il y a des gagnants et des perdants : « ceux qui profitent du progrès
et ceux qui n’en profitent pas » (I. Morris, dans Malkin 2005, 30-55, cité par Etienne 2010, 5),
processus qui renvoie directement aux formes de « guerre commerciale » des courants entre

67
eux, comme l’effacement du commerce étrusque devant le commerce massaliète en
Languedoc. La méditerranéisation génère aussi des effets contradictoires sur les populations
indigènes, elle accentue leur dépendance au standard économique et idéologique
méditerranéen, tout en leur ouvrant une fenêtre sur un monde plus vaste et l’accès à des idées
nouvelles (Garcia, Sourisseau 2010, 240).
Ces contradictions, toutes proportions gardées, pourraient évoquer des effets similaires à
ceux de la mondialisation actuelle dans les pays « émergents », sur lesquels nous reviendrons.

Des courants en succession


(fig.16)

On observe que pour une période d’environ cinq siècles, l’intervention en commun des
courants se limite à soixante-cinq ans (540-475). Les courants commerciaux se succèdent, se
chassent les uns les autres, renvoyant l’image d’une compétition économique assez sauvage.
Le passage d’un partenaire commercial à l’autre se traduit généralement par un
fléchissement des échanges sur les sites, vite suivi d’une reprise dès l’installation du nouveau
courant. Ce prompt rétablissement s’explique sans doute par l’existence de surplus
(nourriture, contreparties) en réserve permettant aux populations de faire la jonction entre
deux changements, répondant donc à un niveau économique assez développé.
Cela pourrait déjà poser la question d’un début d’accumulation des richesses dans les
sociétés du Languedoc de l’âge du Fer ?

Des courants en concurrence


Les commerçants massaliètes et ibériques se sont partagé la zone du commerce étrusque
de part et d’autre du fleuve Hérault. Mais chaque courant essaie de grignoter sur l’espace de

68
l’autre, ainsi les commerçants ibériques réussissent-ils une percée à Bessan de 500 à 475
(Nickels 1989, 113) et les Massaliètes ravissent-ils la vallée de l’Hérault (doc.11).
À défaut de pouvoir étendre davantage sa zone chaque courant renforce ses positions en
procédant à des implantations communautaires, à Clermont-l’Hérault, Durban, Lattes, Nissan-
lez-Ensérune ou Peyriac-de-Mer, pour les Grecs. Néanmoins, la mobilité étonnante dont font
preuve les commerçants méditerranéens ne laisse d’interroger : est-ce le besoin de rester au
plus près des marchés, de vérifier le bon acheminement des marchandises possiblement
compromis par des actes de brigandage, ou une prévention « innée » contre les indigènes ?

Des courants en convergence


L’utilisation du transport maritime est le point commun à tous les courants
commerciaux : les Étrusques sont sur les bords des étangs de Mauguio et de Thau, les
Ibériques sur le littoral roussillonnais, les Massaliètes tiennent les gros ports d’Agde et de
Lattes.
Tous les courants ont eu recours aux convoyeurs locaux pour acheminer leurs livraisons
jusqu’à l’intérieur des terres et ils ont tous, à des degrés divers, collaboré au maillage du
territoire par le développement des voies terrestres.
Ils ont tous participé à l’intensification de l’activité commerciale dont les effets se sont
cumulés : cinq siècles d’échanges économiques et culturels avec les Massaliètes ont préparé
les populations du Languedoc à la future gestion romaine.

69
CONCLUSION

La présence importante d’amphores en habitat est révélatrice d’un commerce de grande


ampleur qui a sorti le Languedoc de son isolement de l’âge du Bonze et l’a propulsé dans une
ère nouvelle : cela parce que son économie avait franchi le seuil de l’autosubsistance et
produisait des surplus au moment de l’arrivée des marchands méditerranéens à la fin du VIIe
siècle.
Les sociétés à l’âge du Fer, à l’instar de celles d’Espagne un siècle plus tôt, réalisent
alors leur « révolution urbaine » et atteignent une maturité suffisante pour que le
développement du commerce agisse sur elles comme un aiguillon.
On pourrait dire, en parodiant le titre d’un ouvrage connu (Peyrefitte 1973), qu’on assiste
à « l’éveil » du Languedoc et à son cortège de transformations économiques et sociales.

70
PARTIE II

LES TRANSFORMATIONS ÉCONOMIQUES

71
Les premiers contacts noués entre les populations du Languedoc et les étrangers venus de
la mer n’ont pas été motivés par la curiosité ou l’altruisme mais par l’appât du gain. Des
Grecs de Sicile débarqués sur une plage près d’Agde vers 630 avant notre ère venaient se
procurer le cuivre et le bronze des parures féminines gauloises : une Odyssée gauloise,
parures de femmes à l’origine des premiers échanges entre la Grèce et la Gaule (Verger,
Pernet 2013), exposition au Musée de Lattes (Hérault).
Ces relations intéressées ont trouvé leur débouché marchand avec la diffusion du vin en
Languedoc qui a ouvert un énorme marché aux commerçants méditerranéens. Le
développement de ces échanges commerciaux, soutenu pendant des siècles, a transformé
l’économie des sociétés autochtones. L’initiation de ces dernières aux modalités du commerce
méditerranéen les a entraînées dans le sillage d’une économie qu’elles ne maîtrisent pas et
dont elles sont devenues de plus en plus dépendantes.
Ce processus d’intégration économique, malgré des rythmes différenciés, a suivi la
trajectoire continue d’une « marchandisation » croissante avec la mise en place d’un échange
de type marchand qui commence à se monétiser à partir du IIIe siècle avant notre ère.
Les plus grandes étapes de cette évolution sont caractérisées par l’utilisation de monnaies
marchandises, l’existence de mécanismes marchands, la pression d’un capital marchand.

72
1. LES MONNAIES MARCHANDISES

Le marché passé entre les commerçants méditerranéens et les populations indigènes du


Languedoc consiste pour les marchands à obtenir les produits qu’ils recherchent contre la
délivrance d’un certain nombre d’amphores. À cette fin, la transaction porte sur les quantités,
sans doute variables en fonction de l’offre et la demande et vraisemblablement ajustées sur la
base de systèmes d’équivalences ouvrant prétexte à négociations.
Les populations indigènes, dépourvues d’argent, paient en nature et échangent à l’aide de
leurs productions agricoles, minérales ou artisanales. Cet équivalent sert de monnaie
d’échange et ces contreparties jouent le rôle de monnaies marchandises : « dans certaines
circonstances économiques et sociales, des marchandises ont rempli les principales fonctions
de la monnaie, l’histoire en offre de nombreux exemples…» (Beitone 2002, 300).

La notion de monnaie marchandise se heurte à celle de « troc » généralement utilisée


pour désigner les échanges sans médiation monétaire. Il convient de revenir sur ces notions et
de voir ce qu’elles recouvrent.
La critique la plus virulente provient d’économistes contemporains qui parlent
littéralement de « fable du troc » (Maucourant 2005, 41). Ils remettent en cause les
fondements mêmes du troc au nom de la quasi irréalisable « double coïncidence des besoins »
ou de la croyance erronée en un échange à quantité égale : « je te donnerai vingt poulets
contre cette vache » (Graeber 2013, 39). Ces économistes (Maucourant, ibid.) dans la lignée
de la pensée « d’une économie primitive encastrée dans les rapports sociaux » développée par
K. Polyani (Polyani 1983, 91) substituent au troc l’idée de la dette : Dette, 5000 ans d’histoire
(Graeber 2013). L’importance de l’endettement dans les sociétés primitives, comme « le prix
de la fiancée ou la dette de sang »… (Polyani 1975, 256), a été confirmée par les travaux
successifs de chercheurs, dont ceux de A. Testart (Testart 2001c). Ce remplacement du troc
par la dette ne présente donc pas de nouveauté, sinon celle d’ouvrir récemment la science
économique à d’autres disciplines.
En revanche, cette question de la dette ouvre un débat avec les économistes classiques,
qui ont posé le troc comme invariant entre les économies primitives et modernes et ont inscrit
l’économie moderne dans le prolongement des pratiques du troc. En affirmant que ces
pratiques sont « naturelles » ils laissent penser que l’homme est fondamentalement mû par
l’intérêt et qu’il était en quelque sorte depuis toujours programmé pour devenir un homo
économicus. C’est contre cette pensée que s’insurgent ces économistes actuels, dont la

73
critique avant tout idéologique vise particulièrement A. Smith auquel ils attribuent la paternité
du libéralisme. Ces prises de positions, bien qu’elles recourent à des connaissances
anthropologiques, biaisent un peu le problème qu’on se pose à propos du troc.

Les anthropologues, dans leurs travaux sur les sociétés primitives, parlent bien de troc.
Aussi allons-nous, à partir de quelques cas, vérifier le sens qu’ils attribuent à ce mot et
observer les circonstances qui s’y rapportent.
Une des définitions du troc concerne le « commerce lointain » (Polanyi 1983, 106), où
des tribus éloignées géographiquement les unes des autres, appartenant à des zones
écologiques différentes, échangent leurs produits complémentaires dans un lieu extérieur à
leurs territoires. Le troc s’applique encore au «commerce silencieux », pratiqué entre groupes
inégaux, sans lien de parenté, où les plus faibles déposent leurs objets en un endroit et
viennent ensuite récupérer ceux que les groupes dominants ont laissés en échange (Mandel
1986, 44).
Mais dans la majorité des cas étudiés et relatés, le troc obéit à des codes sociaux, dont
celui du « don et contre don » ou celui des trois obligations de la circulation des objets
« donner, recevoir, rendre » (Bonté, Izard 2010, Échange). Ces codes s’observent dans la
compétition du « potlach » entre « Grands hommes » du Nord-Ouest américain (Mauss 2012,
70) ou dans le troc circulaire intertribal du « Kula » mélanésien des îles Trobriand (ibid., 102).
Enfin le troc, chargé avant tout de valeurs symboliques et cérémonielles, exclut la nourriture
et ne concerne pas les biens de consommation.

À l’inverse de ces exemples, l’échange vin-contreparties en Languedoc de l’âge du Fer


est uniquement centré sur les biens de consommation et ne renvoie donc à aucun système de
troc connu.
Les contreparties en monnaies marchandises correspondent à une forme d’échange qui
fonctionne sur la base d’un donnant-donnant et d’un rapport quantitatif entre les objets : tant
d’amphores contre tant de contreparties. Cet échange correspond à ce que P. Bonté et M.
Izard définissent comme un échange de type marchand (Bonté, Izard 2010, Échange, 212).
L’usage des monnaies marchandises introduit un type d’échange marchand, dont la forme
aboutie sera sa monétisation.

LES CONTREPARTIES CÉRÉALIÈRES

74
Les monnaies marchandises ont vraisemblablement été nombreuses, mais le caractère
périssable de la plupart d’entre elles a laissé peu de traces archéologiques. Les contreparties
céréalières, plus tangibles, grâce aux vestiges des conteneurs retrouvés, ont fait l’objet
d’investigations (Garcia 2004, Garcia, Isoardi 2010, Garcia, Sourisseau 2010). Mais encore
faut-il remarquer que celles-ci n’ont pas été menées systématiquement lors des fouilles
(comptage des doliums) et que cette recherche souffre d’un caractère lacunaire.
On évalue les contreparties céréalières en fonction du nombre et du volume des diverses
structures de stockage : silos, greniers, pithois et doliums.
Les silos, d’une contenance pouvant atteindre jusqu’à 350 hl, pour la plupart vidés
d’oxygène par le feu et hermétiquement clos, sont ouverts et vidés en une seule fois, laissant
supposer qu’ils répondent à des fins essentiellement spéculatives. Il existe plus d’une centaine
de silos sur la colline d’Ensérune (Gallet de Santerre 1980) et l’on en retrouve à Aumes et
Montfau dans la vallée de l’Hérault, à Perpignan et Elne dans le Roussillon (Garcia 2004,
123).
Les contenances des greniers, des doliums et pithois, mal connues, laissent penser que
ces conteneurs ont servi (en fonction de leur capacité) tantôt aux besoins domestiques et aux
réserves prévisionnelles, tantôt à des visées lucratives : « les pithoi, vases réservés
essentiellement au stockage des céréales, représenteront au milieu du Ve siècle, 25% à 35%
du mobilier sur les sites indigènes du Midi » (Garcia 2004, 122).
Les plus anciens spécimens de doliums, exhumés à Saint-Bonnet-du-Gard, datent de 625
avant notre ère, d’autres sont de la fin du VIe siècle et les derniers du Ve siècle (doc.115). On
admet, puisque ces récipients ne possèdent pas d’antécédents indigènes, que les premiers
exemplaires ont été importés et que les autres ont été fabriqués sur place autour de 500 par des
artisans grecs ou des artisans locaux initiés à leurs techniques (Garcia 1987, 59).

L’estimation des contreparties céréalières engage à une certaine prudence : d’abord le


comptage des doliums n’a pas été pas systématique et ensuite les conteneurs suggèrent des
potentialités de stockage mais ne renseignent pas réellement sur les quantités échangées,
puisque l’on ignore la part prélevée par les habitants pour l’autoconsommation ou pour leurs
réserves en prévoyance.

75
TABLEAUX DE COMPTAGES DES DOLIUMS
(tableau récapitulatif)

(doc.115)
SITES Pourcentage Pourcentage Tauxd’échange Tauxd’échange DATES DOCS.
de doliums de doliums du site du site
NFR NMI (NFR) (NMI)
1 Beaucaire 4,1% 11,9% 525-500 9
La Redoute 16,9% 28,5% 450-400 10
2 Béziers 3,58% 42,02% 500-400 15
3 Florensac 1, 05% 1,15% 32,16% 16,05% 525-475 28
Montjoui
4 Laudun 1,05% 2,86% 6,83% 3,67% 500-400 39
Camp César 2,02% 1,30% 16,80% 7,83% 100- 40
50av.
5 Le Cailar 1,23% 20,68% 500-475 41
Place Saint- 0,97% 48,65% 475-450
Jean 3,49% 69,41% 450-425
5,61% 82,47% 425-400
6 Marguerittes
Peyrouse 2,03% 35,5% 525-450 46
7. Marguerittes
Roquecourbe 7,46% 8,78% 525-450 47
8. Méze
Les Pénitents 11,45% 11,30% 29,18% 23,16% 500-300 49
9 Narbonne 0,94% 0 21,58% 2,08% 525-500 52
Montlaurès 0,49% 19,94% 500-400 53
0,69% 0 63,62% 19% 450-400 54
10 Nîmes 0,33% 34,97% 525-450 55
Mont Cavalier

76
11 Perpignan 0,16% 0,94% 5,69% 5,66% 525-500 64
Ruscino 4,82% 2,31% 23,72% 7,69% 500-475 65
23,67% 15% 33,73% 10% 475-425 66
12,89% 6,25% 18,95% 6,25% 425-400 67
11,34% 4,17% 21,64% 11,1% 400-350 68
4,86% 1,96% 6,47% 7,84% 350-300 69
6,58% 4% 13,58% 20% 300-100 70
12 St. Bonnet- 0,10% 1,60% 2,96% 652-550 77
du-Gard 2,57% 2,68% 15,13% 18,75% vers 525 78
Le Marduel 6,15% 23,41% 525-450 79
23,9% 8,40% 22,40% 12,13% 450-440 80
3,41% 15,71% 400-375 81
5,66% 13,51% 375-300 82
14,30% 9% 300-250 83
8,85% 7,98% 250-200 84
4,7% 6,6% 200-175 85
5,2% 7,4% 175-125 86
2,7% 12,5% 125-100 87

13 Salles 9,3% 12,5% 400-350 93


d’Aude
Le Moulin
14 Salses le 8,22% 49,47% 500-400 94
château
Le Port
15 Sigean 0,3% 0,6% 37% 20,4% 510-450 98
Pech Maho
16 Villetelle 0,12% 9,51% vers 250 99
Ambrussum 7,73% 9,22% 250-200 100
12,27% 3,51% 200-150 101
17.Villevieille 0,63% 10,55% 525-450 102

77
Répartition des sites
Les moyennes des pourcentages de doliums se situent entre < 1% et > 10%.

1..<1% : Narbonne (moy. 0,70%), Nîmes (0,33%), Sigean (0,3%), Villevieille (0,63%)
2. de 1% à 5% : Béziers (3,58%), Florensac (1,05%), Laudun I-II (moy. 1,53%) Le Cailar
(moy. 2,82%), Marguerittes-Peyrouse (2,03%)
3. de 5% à 10% : Marguerittes-Roquecourbe (7,46%), Perpignan (moy. 9,18%), Saint-Bonnet-
du-Gard (moy. 7,04%), Salles d’Aude (9,3%), Salses (8,22%), Villetelle (moy. 6,7%).
4. >10% : Beaucaire (moy.10,5%) et Mèze (11,45%).

1/ Les quatre sites offrant une capacité de stockage en dessous de 1% ne tirent manifestement
pas leur richesse de leurs terroirs. En effet, Narbonne (Montlaurès) et Sigean (Pech Maho)
sont deux ports dont celui de Pech Maho « semble avoir fait office de débouché pour le
minerai de fer probablement exploité dans les Corbières dès cette l’époque » (Gailledrat,
Solier 2004, 439). Les agglomérations de Nîmes et Villevieille, à la croisée des axes terrestres
est-ouest et nord-sud, semblent avoir plutôt tiré avantage de leur position géographique.

2/ Les cinq sites compris entre 1%-5% (525-400) profitent aussi d’une situation géographique
privilégiée. Le Cailar est un port à un carrefour fluvio-terrestre et les quatre autres habitats se
tiennent sur des voies de passage : Béziers (notice 5) fait le lien entre le littoral et la route des
minerais de l’Orb. Florensac (notice 12) et Marguerittes-Peyrouse (notice 19) longent une
voie protohistorique et Laudun (notice 15) se situe au croisement du sillon rhodanien et des
voies pénétrantes vers les Cévennes.

3/ Les six sites, compris entre 5%-10%, indiquent qu’une partie des échanges se réalise à
l’aide de contreparties alimentaires, ou qu’ils sont de gros centres agricoles : Marguerittes-
Roquecourbe, Salses-le-Château.
Afin d’obtenir une lecture plus précise, nous allons scinder cette longue période entre les
deux âges du fer (chronologie Py 1993, In Garcia 2004, 6).
-Premier âge du Fer (675-425) : Marguerittes-Roquecourbe : 7,46%, TE 8,78% (doc.47),
Perpignan moy. : 9,55%, TE 21,04% (docs.64 à 66), Saint-Bonnet-du-Gard moy. : 8,18%, TE
15,63% (docs.77 à 80), Salses-le-Château : 8,22%, TE 49,47% (doc.94).

78
-Deuxième âge du Fer (425-50) : Perpignan moy. : 8,91%, TE 15,16% (docs.67 à 70), Saint-
Bonnet-du-Gard moy. : 6,40%, TE 10,38% (docs.81 à 87), Salles d’Aude : 9,3%, TE 12,5%
(doc.93), Villetelle moy. : 6,70%, TE 7,41% (docs. 99 à101).

La comparaison des moyennes les plus basses et les plus hautes des structures de
stockage du premier âge du Fer (7,46%-9,55%) et du deuxième âge (6,40%-9,3%), montre
que la part des contreparties agricoles est plus importante dans la première période que dans la
seconde.
Cette différence peut s’interpréter comme une baisse de la production et une forme de
paupérisation de la région à relier à la crise des IVe-IIIe s. (Py, Roure 2002, 211), mais aussi
comme une évolution des formes d’échange faisant dorénavant intervenir d’autres éléments
que les céréales, comme une tendance à la complexification de l’économie.

4/ Les deux sites possédant des structures de stockage >à 10% : Beaucaire (525-400) moy.
10,5% et Mèze (500-300) 11,45% plaident en faveur du maintien de formes primitives
d’échange en biens agricoles. Enfin, le taux élevé de conteneurs à Mèze vient conforter l’idée
que ce petit port tire sa richesse du récolement des produits agricoles de l’arrière-pays
(Rouquette, Ugolini 1997, 148, notice 21).

Trois cas significatifs


Á Perpignan le pourcentage de doliums (23,67%) pendant cinquante ans (475-425) est
six fois supérieur à celui de la période précédente et représente le double de celui de l’époque
suivante (p. 77) et correspond au taux d’échange le plus haut (33,73%). Il semble qu’on
puisse avancer l’idée (à moins de supputer sur cinquante ans de récoltes fastueuses) que les
échanges avec les courants ibériques, alors en position de monopole, se réalisent
principalement sur la base de contreparties céréalières.
Á Saint-Bonnet-du-Gard un même pic surgit autour de 450- 400 (ibid.) : le taux moyen
de doliums (23,9%) dépasse de quatre fois celui de la période précédente et de huit fois celle
qui suit (doc.80). Mais cette particularité se double d’une « anomalie » puisque le taux de
doliums dépasse le taux d’échange (22,40%), signifiant que les transactions prévues n’ont pas
eu lieu ou que très partiellement. La répétition de cette irrégularité (docs., 83, 84, p. 77) est
révélatrice de brusques fluctuations, voire de ratés, dans les échanges. On pourrait imaginer
qu’un surplus d’invendus (agissant comme une crise de surproduction) a provoqué un
effondrement des « prix » dissuadant les paysans de s’investir dans les récoltes à venir ? On

79
peut encore penser que les contreparties locales sont délaissées par Marseille au profit d’un
approvisionnement dans d’autres régions (Sicile, Grande-Grèce) ou qu’elles ne sont plus la
monnaie d’échange recherchée, ou qu’elles sont supplantées par des mécanismes
commerciaux plus complexes? J’opterais davantage pour la première hypothèse parce que le
phénomène de reflux ne se poursuit pas continûment et que les conditions du marché étaient
alors difficilement prévisibles d’une année sur l’autre.
Le cas de Villetelle reproduit celui du Marduel : 12,27% de doliums contre 3,51% de
taux d’échangepour la période 200-150 (ibid.). Mais ici cette distorsion peut s’expliquer par le
temps de latence déjà remarqué au moment du passage d’un courant commercial à un autre.
La substitution du commerce italique au commerce massaliète a sans doute perturbé
momentanément les activités d’échanges du site.

80
Conclusions
(fig.17)

Le diagramme ci-dessus, qui établit la relation entre les amphores vinaires et les réserves
en conteneurs, confirme le rôle de monnaie marchandise tenu par les contreparties céréalières
dans les échanges commerciaux.
Cette corrélation a poussé les populations locales à produire plus et à rechercher de
meilleurs rendements en s’appuyant sur les progrès réalisés en agriculture et grâce à
l’outillage en fer (Garcia 2004, 121).
Néanmoins, il demeure que des sites disposant de peu de réserves alimentaires sont ceux
qui ont le plus fort taux d’échange suggérant qu’ils vivent d’autres formes d’échanges :
Béziers, Florensac, Laudun, Le Cailar, Peyrouse, Narbonne, Nîmes (doc.115).
Il faut enfin noter que dans le rapport qui définit les termes bruts de l’échange (Beitone
et al., ed. 2001, 407) la quantité des importations (amphores) est supérieure à celle des
exportations (contreparties). On peut alors se demander si ce déséquilibre ne serait pas le
signe d’une « dette » persistante contractée dans le cadre de relations commerciales
déséquilibrées (comme de nos jours la dette du Tiers-Monde) ou s’il signale encore la
présence d’autres contreparties non agricoles?

81
LES AUTRES CONTREPARTIES

Les contreparties non agricoles se repèrent aux traces laissées par les activités artisanales
qu’elles ont suscitées.

Les ressources métallifères


Les pérégrinations des commerçants méditerranéens ont visé principalement à acquérir
des minerais pour les ramener dans leurs pays d’origine et y fabriquer des objets en cuivre, en
bronze ou en fer (Gras et al., 2010, déjà cité). Or, le Languedoc n’est pas riche en métaux :
or, argent, platine, cuivre, aluminium, fer, étain, plomb, zinc.
Il possède un peu d’argent et de plomb argentifère dans les Cévennes, dans les Corbières,
dans les centres miniers situés en bordure du Massif Central, et une mine d’argent à Bouco-
Payrol dans l’Aveyron (Domergue 2004, 130).
Il détient un peu d’or dans les Cévennes et la Montagne Noire, où certains cours d’eau
contiennent des pépites comme l’indiquent encore les hydronymes actuels d’Orbiel et
d’Argent-Double dans l’Aude (ibid.132). Il ne possède qu’un gisement aurifère (Les
Maisons) près de l’oppidum de Pech Maho à Sigean (Hérault).
En revanche, il contient du fer en abondance dans la Montagne Noire ou au Canigou
(Domergue, ibid. 139) et renferme du cuivre en grandes quantités : dans les gîtes cuprifères
des Cévennes, de la Montagne Noire, des Corbières et du versant sud-ouest du Massif Central
(Guilaine 2004, 121). Cependant, la principale extraction du cuivre en Languedoc provient
des mines de Cabrières (Hérault), dont les aires métallurgistes à proximité (Pioch-Farrus,
Roque-Fenestre) témoignent d’une industrie métallurgique ancienne, maîtrisée depuis le IIIe
millénaire (Ambert, 1997, 29).
Le grand manque du Languedoc consiste dans sa carence en étain. Ce métal,
particulièrement recherché pour la fabrication des armes grâce à un alliage avec du cuivre,
n’existe qu’en très petites quantités dans les Causses. Ce très rare métal à l’état natif (0,004%
de la croûte terrestre) contenu dans une roche (la cassitérite) se trouve principalement en
l’Europe occidentale dans les mines de Cornouailles en Grande-Bretagne et dans quelques
mines d’Armorique.
Le transit de l’étain à travers la « Gaule » emprunte des routes qui excluent le
Languedoc : l’une remonte le cours de la Loire depuis Corbilo (site toujours mal identifié

82
dans la banlieue actuelle de Nantes ou de Saint-Nazaire) pour atteindre le Rhône par la Seine
et rejoindre Marseille. Une autre route traverse le Massif central et les Cévennes (Domergue
2004, 150), une dernière emprunte l’Isthme gaulois reliant l’Atlantique à la Méditerranée
(Dion, 1970). Dans tous les cas, l’étain ne fait que traverser la région, n’autorisant qu’un
infime traitement du métal au point d’arrivée des voies commerciales : à Marseille et à
Perpignan (Benoît, 1980, 194).
Le manque d’étain a tenu le Languedoc à l’écart de la révolution métallurgique du
Bronze au XIIe siècle, et des courants méditerranéens qui ont atteint l’Espagne et l’Italie aux
IXe-VIIIe siècles (Garcia, Sourriceau 2010, 238).

Les productions artisanales


Les productions touchant au travail des cuirs et de la mégisserie, celles issues de travaux
de tissage du fil ou de la laine, ont été particulièrement prisées au second âge du Fer (Mauné
2001, 91).
Au deuxième âge du Fer, les meules en basalte d’Embonne au Cap d’Agde et celles de
Saint-Thibéry provenant des Monts Ramus sont exportées en grande quantité vers d’autres
sites de Gaule méridionale, comme ceux de Martigues, d’Aix-en-Provence ou d’Entremont
(Mauné, ibid.). Les meules rotatives d’origine ibéro-punique, précocement fabriquées en
Languedoc au IVe siècle avant notre ère ont essaimé sur tout le pourtour méditerranéen aux
IIe-Ier siècles (ibid.), offrant l’avantage supplémentaire d’être un matériel pondéreux
indispensable à la navigation et au fret de retour des navires.
Les productions artisanales les plus spécifiques du Languedoc demeurent liées aux
diverses activités de la mer. Le travail du corail, pressenti à Agde et Lattes, est avéré à Béziers
et Narbonne (de Chazelles 2003, 466-481). Selon F. Benoît, l’extraction de la soude et de
l’alcali des plantes marécageuses, celle des essences de plantes aromatiques ou la collecte et
le traitement des plantes médicinales, est attestée à Arles (Benoît 1980, 197).
Mais l’exploitation du sel, dont témoignent encore les traces des chemins saliniers
remontant vers l’intérieur du pays (dont celui de la rive gauche de l’Hérault), constitue une
des activités les plus essentielles du Languedoc.

La production salinière
Le chlorure de sodium est un des minéraux les plus répandus sur la planète. Le sel, à
l’état liquide dans l’eau des océans ou fossilisé en roche (halite) suite à l’assèchement de mers
héritées d’autres temps géologiques, offre des réserves quasiment illimitées.

83
Cette double provenance, maritime et terrestre (sel gemme), entraîne trois procédés
d’extraction différents : le sel marin, obtenu par évaporation de l’eau de mer enfermée dans
des marais salants soumis au soleil et aux vents cristallise autour d’une densité de 330 g./l, le
sel gemme provient des mines, le sel dissous par les eaux souterraines et contenu dans les
saumures des résurgences salées est extrait par chauffage artificiel.
Le sel marin conserve un conditionnement en grains, le sel gemme se débite en blocs,
les sels ignigènes recueillis dans des moules en terre cuite sont conditionnés sous forme de
briquettes ou compactés en pains (Weller 2002, 164, fig.1). Ces pains de sel, faciles à
transporter et à diviser, sont devenus très tôt « un bien socialisé susceptible d’intégrer les
réseaux d’échange à longue distance » (ibid. 173). Leur échange perdure de nos jours chez les
Baruya (Godelier 1977) ou avec les caravanes qui sillonnent le Sahara (Lemonnier 2010).

On s’accorde à faire remonter la production salinière à la Préhistoire. Mais de récentes


recherches sur les matériels de captage des sources, les accumulations charbonneuses, les
récipients, les bâtiments, situent cette activité plus précisément au Néolithique (Weller 2002,
169) : Moldavie et Pologne au Ve millénaire, sources salées de Moriez des Alpes de Haute
Provence et du Jura au IVe millénaire, mine à ciel ouvert de Cardona (Catalogne) du
Néolithique moyen (ibid., 174), sels ignigènes de Saint-Père-sous-Vézelay (Yonne) du XXIIIe
siècle avant notre ère (ibid. 164) ou de la vallée de Halle (Allemagne), sel marin du Marais
Poitevin du IIIe millénaire (ibid. 166).

En Languedoc, des traces d’exploitation de sel sont avérées depuis le milieu du IIe
millénaire à la source de Sougraigne (Aude) et sur le site néolithique de Boujan sur Libron
dans l’Hérault (Chartrain, de Labriffe, 2008, 412). Les sources salées de Sourgraigne et celle
de Durban (mal documentée) tirent leur saumure des argiles salifères du Trias. Le sel de
Boujan-sur-Libron provient d’une ancienne mer du Pléistocène ayant encore laissé d’autres
dépôts salins (exploités au Moyen-Âge) dans les étangs de Montady, Marseillette, Ouveillan,
Azile, La Livière (Chartrain, de Labriffe, ibid., 405).
Toutefois, malgré l’absence de vestiges de marais salants protohistoriques (ibid., 408)
l’essentiel de la production en Languedoc a été salicole. La récolte du sel par évaporation est
une technique attestée depuis l’âge du Bronze à Agde, Narbonne et Sigean. Ce savoir-faire
unique des populations du littoral les place dans une « situation exportatrice privilégiée, qui
en faisait le marché du sel le plus important de l’Occident et le lieu d’échange entre l’Orient et
l’Europe septentrionale des VIIe au Ve siècles » (Benoît 1980, 200).

84
Le sel est d’abord recherché pour ses fonctions utilitaires. Il est l’ingrédient
indispensable pour une longue conservation des aliments, que le séchage ou le fumage des
poissons et des viandes n’apportaient pas. Il est un complément indispensable aux hommes
néolithiques dont l’alimentation moins carnée que celle des chasseurs-cueilleurs réclame un
apport en sel. Il est un nutriment nécessaire au bétail auquel on donne des blocs de sel gemme
à lécher. Les populations de l’Antiquité accordent des vertus médicinales à certains sels (sans
doute chargés d’autres minéraux) pour soigner des infections, comme celle des yeux traitée
par le sel importé de Cappadoce (Molinero 2008, 375). Sur le plan artisanal, l’utilisation du
sel intervient dans le tannage des cuirs et des peaux. Elle intervient aussi dans la métallurgie
(comme en Espagne) où sa présence à l’intérieur de coupelles de plomb a aidé à recueillir
l’argent et l’or (ibid., 370).

Dans les Textes Anciens, le sel se double d’une valeur culturelle : « on ne peut pas
mener de vie civilisée sans sel » (Pline l’Ancien XXXI, 38, cité par Molinero 2008, 369).
Cette affirmation qui souligne le clivage entre les barbares (dont certains pourtant connaissent
l’usage du sel gemme) et les civilisés de Méditerranée, tend à valoriser le sel marin dont
l’extraction se répand de plus en plus sur le pourtour méditerranéen au dernier millénaire
avant notre ère.

Le sel marin présente des avantages économiques. La profusion de marais salants autour
du Golfe du Lion permet une production massive. Sa récolte plus aisée et plus rapide que la
récupération des grains de sel triés dans les cendres et les charbons de bois des sources d’eaux
salées, sans travail particulier de conditionnement, exige moins de main-d’œuvre. Il revient
moins cher parce que l’alimentation d’une source de chaleur pour un bûcher de 1m2 extrayant
23 kg de sel de 420 litres de saumure nécessite « 60% de bûches de chêne refendues, 30% de
perches de charme, 10% de bois divers » (Weller 2002, 167).
Enfin et surtout, la proximité de la mer facilitant le transport par bateaux procure aux
populations littorales un accès direct au commerce maritime, qui est le moteur économique de
l’âge du Fer en Languedoc.

D’un point de vue social, la production salicole a participé au creusement des inégalités
entre les populations côtières bénéficiant du pactole de « l’or blanc » et celles de l’hinterland
ne possédant que des produits plus banals et moins onéreux à échanger.

85
Politiquement, le clivage social en Languedoc n’a pas sa traduction en signes
ostentatoires à l’instar de ceux observés dans les régions intérieures : ni accumulation de
haches vertes des Alpes comme en Allemagne, ni tombes monumentales de chefs comme
dans le Golfe du Morbihan (Weller 2002, 171). Les rares dépôts de haches exogènes aux
dimensions exceptionnelles (le Doul à Peyriac-de-Mer) ou les longues lames en silex et les
perles de verre des grottes sépulcrales du massif de la Clape (Chartrain, de Labriffe, 2008,
410), qui témoignent d’échanges à longue distance, ne semblent pas pouvoir supporter la
comparaison avec la situation du Marais Poitevin comme le proposent les auteurs (ibid.).
Peut-être (comme nous le verrons plus loin) cela tient-il à une gestion territoriale propre au
Languedoc où les chefs locaux se préoccupent moins du paraître aristocratique que des
retombées économiques obtenues grâce aux accords passés avec les commerçants
méditerranéens.

L’importance de la production salinière, « jusque-là sous-évaluée » (Chartrain, de


Labriffe 2008, Weller 2002), pourrait fournir une explication supplémentaire à l’installation
de communautés grecques comme celles à Durban, Sigean ou Peyriac-de-Mer. Elle
expliquerait aussi la présence étrusque précoce attestée à La Cougourlude et à Lattes : « le sel
pourrait avoir constitué une denrée majeure de Lattara » (Chartrain, de Labbriffe 2008, 426).
Les commerçants étrusques installés à Lattes n’auraient-ils pas voulu posséder un accès
prioritaire au sel ou détourner ce commerce lucratif à leur profit ?

Les dépôts launaciens


Les dépôts launaciens, datés des débuts de l’âge du Fer (VIIe-VIe s.) et destinés aux
échanges avec le commerce extérieur, entrent dans la catégorie des monnaies marchandises.
Pour J. Guilaine, l’Étrurie, grande productrice de bronzes et donc à la recherche de
métaux, paraît être la principale destinataire de ces échanges (Guilaine, Py 2000, 428),
d’autant que « les lingots de cuivre ou d’alliages de cuivre » ont tenu lieu de monnaie aux
Étrusques (Bresson 2000, 289). Parmi d’autres destinations que l’Étrurie, on trouve encore
des objets launaciens en Sicile et en Grèce à Olympie (Guilaine, Py 2000, 428).
Du nom du dépôt éponyme de Launac sur la commune de Fabrègues (Hérault), les
dépôts launaciens sont enfouis dans des cachettes jalonnant le fleuve Hérault jusqu’à la mer :
Saint-Saturnin, Peret-Bautarès, La Boissière, Octon, Loupian, Vias (Garcia 1984, 178, fig.43).
L’épave de Rochelongue, à 600m de fond au large d’Agde, renfermant « plus de huit cents
kilos de lingots de cuivre, de plomb et d’étain, et un lot de 1700 objets de bronze » (Garcia,

86
Sourisseau 2010, 240) et des cachettes en Ariège, dans le sud du Massif central ou dans le
centre de la France, confirment l’idée que « la métallurgie launacienne » excède la région du
Languedoc et participe d’un commerce des métaux organisé à l’échelle de la Méditerranée
(Guilaine 2004, 117).
Les objets des dépôts launaciens, aux influences variées indiquent des provenances
lointaines : « haches à douille carrée ou quadrangulaire, haches à douille ronde, des ciseaux
ou gouges, des talons de lance( ?), des bracelets creux ou massifs, des bracelets à décor de
bossettes, ouverts ou fermés, des éléments de brassard à périphérie de dentelures aigues et
trous d’assemblage, des racloirs triangulaires pleins » (ibid.). En revanche, les cuivres
paraissent d’origine languedocienne : ceux qui contiennent du plomb proviennent
vraisemblablement des gîtes cuprifères des Corbières, des Cévennes ou de la Montagne Noire.
Les « cuivres gris » chargés en argent, en antimoine, arsenic ou zinc, semblent provenir des
minerais de Cabrières (Ambert 1996), dont les cuivres vidés de leurs impuretés résulteraient
de la technologie avancée des métallurgistes (Ambert 1997).
La nature hétérogène des objets (bronze, cuivre, étain), l’amoncellement de « pièces
intactes, d’outils usagés, de parures brisées, de rebuts de fabrication métallurgique » (Guilaine
2004, 122), des provenances lointaines, confortent dans l’idée que la « métallurgie
launacienne » a fait partie « d’une chaîne de recyclage du métal » (ibid., 122). Ces dépôts,
enfouis dans des cachettes, pourraient aussi suggérer des activités plus ou moins licites liées
aux nombreux trafics méditerranéens ?
Toujours est-il que « la question launacienne est un bon témoignage de l’insertion du
Languedoc dans un système d’échanges pan-méditerranéen » (Guilaine, ibid., 121). Cette
analyse a été reprise dans un ouvrage récent sur les dépôts launaciens (Guilaine et al., 2017).

87
CONCLUSION

Certaines monnaies marchandises (blé, sel, métaux) ont plus de valeur que d’autres et
leur possession a sans doute établi une discrimination entre les territoires selon qu’ils en
étaient plus ou moins bien pourvus. Ce décalage qui tend à renvoyer l’image d’une
organisation sociale inégalitaire reste difficile à montrer tant que les signes ostentatoires de
richesse dont nous disposons ne sont pas plus nombreux.
L’augmentation de la production des contreparties montre assez que les sociétés du
Languedoc ne fonctionnent plus sous le régime exclusif de l’autosubsistance, venant infirmer
une vision parfois passéiste de la période.
Ce surplus utilisé à des fins commerciales participe du processus de marchandisation et
d’intégration de la région dans le système économique méditerranéen.

88
2. DES MÉCANISMES MARCHANDS

L’échange vin-contreparties, désormais identifié comme marchand (Bonté, Izard 2010,


déjà cités), instaure en Languedoc des mécanismes qui visent à se mettre en conformité avec
le système commercial méditerranéen.
Ces nouvelles normes desservent les sociétés indigènes, dont la mise sous tutelle à
l’économie marchande implique directement la prédominance de la valeur d’échange des
commerçants.

PRÉDOMINANCE DE LA VALEUR D’ÉCHANGE

L’échange à l’âge du Fer se réalise entre des producteurs et les puissants marchands
méditerranéens. Comme le note F. Braudel : « l’intermédiaire du marchand a rompu les
relations entre le producteur et celui à qui est destinée la marchandise » (Braudel 1985, 57),
c’est-à-dire que le marchand a rompu les rapports entre producteurs fondés sur la valeur
d’usage. Dorénavant, cet échange devient inégal en faveur du marchand parce qu’un produit
ne possède qu’une valeur d’usage, alors qu’une marchandise évidemment échangée pour sa
valeur d’usage se double d’une valeur d’échange (Marx 1978, livre I du Capital).
La valeur d’échange correspond tout simplement à la plus-value des commerçants, qui
ajoutent au prix de la marchandise leurs frais de transport et leur marge bénéficiaire. Fixée
unilatéralement par ceux qui médiatisent et hiérarchisent les marchandises, la valeur
d’échange acquiert une valeur relative et fluctuante sans cesse revue à la hausse. Elle définit
le taux auquel la marchandise s’échange ou se vend, et le développement du commerce
aidant, elle devient la norme de toutes les transactions commerciales.
La prédominance de la valeur d’échange sur la valeur d’usage a hiérarchisé la
marchandise par rapport au produit, déclassé les producteurs vis-à-vis des marchands,
dévalorisé le travail productif et artisanal au profit des intérêts du commerce. Elle privilégie la
finance par rapport à la production.

89
POSITION DOMINANTE DES COMMERÇANTS MÉDITERRANÉENS

Le commerce apparaît aux sociétés de l’âge du fer en Languedoc « comme dans toute
société primitive, sous la forme du commerçant étranger venu d’une société plus avancée »
(Mandel 1986, 173) : en l’occurrence, il s’agit ici du commerçant étrusque, de celui du monde
grec ou du monde ibérique.

Selon F. Braudel, les commerçants tirent leur position dominante de deux avantages
primordiaux. Le premier tient au fait que le commerçant « connaît seul les conditions du
marché aux deux bouts de la chaîne et donc le bénéfice escomptable » (Braudel 1985, 57). En
effet, avant d’entreprendre sa course en Méditerranée, le commerçant se renseigne sur le cours
des prix du Pirée ou de Rhodes et tâche de connaître les endroits où la marchandise coûte le
moins cher et les lieux où elle se revend le mieux. Le commerçant profite des décalages de
niveaux de vie entre les différentes zones du bassin méditerranéen (dont celle du Languedoc)
pour réaliser ses bénéfices, puisqu’il n’existe pas « de grand marché méditerranéen unifié »
(Bresson 2000, 275).
Le second atout du commerçant est « qu’il dispose d’argent comptant, c’est son
argument principal » (Braudel, ibid). Ainsi un marchand athénien « qui part avec une
cargaison de vin dans le Bosphore la vend sur place et achète du grain pour le revendre à
Athènes au terme du voyage » (Pébarthe 2007, 168). Son pécule initial lui a permis d’acheter
une marchandise dont la revente a augmenté sa mise et l’encourage à répéter plusieurs fois
l’opération. Il fait alors de l’argent avec de l’argent (A-M-A’) et s’adonne à la
« chrématistique sans limites », dénoncée par Aristote au IIIe siècle avant notre ère, parce que
les excès qu’elle génère vont à l’encontre de la « richesse naturelle du commerce destiné à
l’administration familiale » (traduction Pellegrin 1993, 118).
Outre ces deux avantages, les commerçants méditerranéens qui proposent aux
populations du Languedoc une marchandise qu’elles ne savent pas fabriquer (le vin), jouissent
d’un monopole. C’est la raison pour laquelle les marchands étrusques, massaliètes, ibériques,
se sont livré la guerre pour le conserver parce que « le capital commercial périclite dès que le
monopole sur lequel il repose est remis en cause » (Bihr 2006, 150).

Installés dans cette position dominante, les commerçants ont eu la possibilité de


s’approvisionner partout en Méditerranée et de faire jouer la concurrence pour imposer leurs
conditions sur les marchés gaulois. Ainsi les commerçants massaliètes ont vraisemblablement

90
acheté du blé ailleurs qu’en Languedoc, par opportunité mais peut-être aussi dans la volonté
de casser les prix ou de réduire d’éventuelles résistances locales.
L’effacement progressif de la valeur d’usage au profit de la valeur d’échange et la
position dominante des commerçants méditerranéens ont œuvré à la transformation de
l’économie locale et à sa participation plus ou moins forcée dans l’engrenage marchand.

91
3. UN CAPITAL MARCHAND

« L’apparition d’une classe autonome de marchands au sein de l’économie naturelle


agricole suppose une accumulation primitive du capital argent obtenue par le commerce
international » (Mandel 1986, 96).
Ce capital argent résulte de la très ancienne pratique des commerçants dans le bassin
oriental méditerranéen. Ce capital s’est ensuite autonomisé sous la forme d’un capital
commercial et financier pour former ce qu’on appelle le capital marchand (Bihr 2006, 137).
Le capital commercial ou « capital circulant » (Marx 1968, 23) provient du négoce, le capital
financier s’obtient par la spéculation avec les banques, les fonds de placements, les
compagnies d’assurances… (Bihr, ibid.). Selon Marx, le capital marchand représente la
« forme primitive du capital » et se distingue du capital industriel du XIXe siècle de notre ère
reposant sur les moyens de production, confisqués par quelques-uns (Marx, 1978), qui a
donné naissance au capitalisme.
Cette prédominance du capital marchand dans l’Antiquité et sa différence avec le
capitalisme moderne est confirmée par la remarque d’un des grands historiens de l’Antiquité :
« aucune ville antique ne doit sa croissance à la création d’une industrie » (Finley 1975, 184).

Cette définition du capital marchand étant posée, nous allons vérifier son existence en
Méditerranée puisque les marchands sont méditerranéens et nous demander s’il existe un
capital marchand en Languedoc protohistorique puisque nous y étudions les transformations
économiques engendrées par le développement du commerce.

92
LE CAPITAL MARCHAND GREC

Le capital argent de la Grèce antique, accumulé par le commerce maritime en


Méditerranée orientale plonge ses racines dans la « praxis » qui a longtemps consisté en de
purs actes de piraterie. Selon R. Étienne, il semblerait que le commerce au long cours dès le
VIIe siècle ait abandonné la praxis au profit de l’emporía pour laisser le négoce à des
professionnels exécutant des activités à seul but lucratif (Étienne 2010, 16). Dès lors le capital
commercial et financier se sont conjugués pour former le capital marchand.

Tous les ports de Grèce continentale et du monde grec, à l’instar de celui du Pirée,
prélèvent des taxes sur l’entrée et la sortie des marchandises, voire taxent les marchandises en
transit comme dans l’île de Délos (Vial 2007, 269).
L’alliance du capital commercial et financier franchit un seuil quantitatif avec le recours
quasi systématique aux prêts maritimes. Les armateurs, les marchands, afin de sauvegarder
une fortune personnelle toujours menacée par les périls encourus lors des traversées (2% à 5%
de naufrages) assurent leurs cargaisons en contractant des emprunts auprès des banques. Les
intérêts calculés en fonction du haut niveau de risques (conditions climatiques, naufrages,
prises d’otages, piraterie) s’élèvent parfois jusqu’à 30%, mais les créditeurs y consentent
puisqu’ils sont dispensés de remboursement en cas de perte de leur chargement (Pébarthe
2007, 168). Et tout bien compté, ces intérêts même à taux élevé, n’empêchent pas les
commerçants de les répercuter sur la valeur d’échange et d’augmenter leur plus-value. De
plus ces emprunts, par les garanties qu’ils offrent, favorisent les initiatives individuelles et
stimulent une activité commerciale générale qui sied à tout le monde.

Les banques officielles financent ces prêts maritimes en utilisant les placements déposés
par les grandes fortunes foncières et mobilières auxquelles elles reversent des intérêts au taux
moyen d’environ 10% (Pébarthe, ibid.). Parallèlement aux activités bancaires officielles, les
banques privées encouragées par la diffusion de l’économie monétaire se développent,
notamment à Athènes à partir du IVe siècle. Ces banques d’ordre privé, en plein essor sous la
période hellénistique, créent des « places financières » dans tout le monde grec classique et
hellénistique (Chankwosky 2007, 95). Dans le même temps, l’État, qui ne veut pas être en
reste, intervient et crée des banques publiques dans des villes puissantes comme celles
d’Athènes ou Samos pour prélever sa part dans l’activité bancaire (Chankwosky, ibid.). Enfin
des particuliers pratiquent des prêts à intérêts, souvent usuriers, auprès de leurs concitoyens

93
pour s’enrichir mais aussi dans le but de dissimuler une partie de leur fortune, parce que les
prêts maritimes sont un moyen d’échapper au fisc et de reverser moins de contributions à
l’État (ibid., 98).
Les sanctuaires représentent un autre pôle important de l’activité financière, parce que
ceux-ci disposent d’importants capitaux d’origine (fonds de fondation, fonds sacrés),
perçoivent les revenus des locations et des fermages de leurs domaines administrés par des
tiers, et reçoivent le produit de nombreuses taxes. Ils prêtent à intérêts de 10% annuels aux
particuliers ainsi qu’aux cités chargées de les administrer, cités qui dans l’ensemble leur
restent le plus souvent débitrices (Chankwosky, ibid., 97). Parmi la trentaine de sanctuaires du
monde grec, les plus riches et plus connus pour pratiquer des prêts sont le temple d’Apollon à
Délos, le sanctuaire de Dystos près d’Érétrie en Eubée, le temple d’Athéna à Priène (ibid.,
96).

Toutes ces transactions bancaires ont laissé des traces écrites que l’on retrouve dans le
corpus des orateurs attiques (dont Démosthène), dans les décrets honorifiques ou dans les
sources littéraires.
Le capital marchand, dans sa composante commerciale et financière, a donc bien existé
en Grèce et dans le monde grec dominant.

94
UN CAPITAL MARCHAND MASSALIÈTE

L’absence de traces écrites à Marseille, à l’inverse de celles existant en Grèce, n’autorise


pas à affirmer l’existence d’un capital marchand massaliète, même si cinq siècles de
commerce gérés du début à la fin par une oligarchie marchande laissent fortement présumer
d’un capital commercial et d’un capital financier.
Seule l’archéologie, quoique incomplètement, permet de pallier ces manques par la mise
en évidence de « quatre siècles d’amphores massaliètes » (Py 1978b) apportant la preuve
d’une puissance commerciale hégémonique qui a éliminé le commerce des autres provenances
(partie I). Le capital financier, à défaut d’écrits, est en partie renseigné par la présence des
monnaies massaliètes.

Les monnaies massaliètes


Les Phocéens, arrivés à Marseille vers 600, ont conservé leur monnaie de Phocée (étalon
phocaïco-persique) jusqu’à épuisement du stock, et l’ont renouvelée en émettant leur propre
monnayage de 525 à 49 avant notre ère.
En 480, les Massaliètes s’alignent sur l’étalon attique et fabriquent des pièces en argent
moulées : les oboles reproduisent sur l’avers les dieux tutélaires de Marseille (Artémis,
Athéna, Apollon) et au revers un carré creux à la roue aux premières lettres de l’ethnique de la
ville (Bouffier 2012, 133).
Marseille est alors la seule cité du Bassin méditerranéen occidental à posséder une
monnaie frappée : les Étrusques n’en n’ont jamais eu (Bresson 2000, 289) et les Romains se
servent de plaquettes de bronze. Il faut attendre les IVe et IIIe siècles pour que Carthage puis
Rome frappent monnaie (ibid., 288).
Dans la mesure où la co-existence de monnaies pesées et frappées n’a jamais entravé les
transactions commerciales, régies par des systèmes d’équivalences, il faut donc s’interroger
sur les raisons du maintien persistant d’une monnaie à Marseille.
Peut-être les Marseillais ont-ils initialement conservé leur monnaie par réflexe identitaire
ou en signe de reconnaissance avec leur diaspora grecque ? Mais l’alignement du monnayage
massaliète en 480 sur celui de l’Attique semble davantage répondre à la volonté de sceller leur
appartenance à la « première économie monétarisée de manière organisée pendant plusieurs
siècles » (Bresson, ibid., 306). Il paraît assez évident que les commerçants massaliètes ont
désiré détenir une monnaie leur permettant de commercer avec Athènes en priorité et avec
l’ensemble du monde grec. Ils ont sans doute tenu à bénéficier d’une monnaie « forte » pour

95
conserver leur place dans le grand commerce maritime et pouvoir y participer à jeu égal avec
les autres cités.

Plus tard, au milieu du IIIe siècle, une seconde émission de monnayage massaliète a été
cette fois-ci tournée vers le commerce intérieur, à destination des populations locales
avoisinantes. Cette monnaie sous l’estampille de Marseille s’est alors diffusée largement en
Provence et en Languedoc.
Un imposant numéraire de bronzes « au taureau de Marseille » de divers modules se
répand au IIe siècle : des grands, moyens, petits et micro-bronzes. La valeur minime des
bronzes réserve ce métal aux « petites dénominations » (Chevillon 2014, 126) et donc aux
échanges avec les indigènes voire aux indigènes entre eux. Cette observation appelle une
comparaison puisée chez K. Polyani (citée par Maucourant 2005, 35-36) : dans l’empire du
Mali au XIVe siècle de notre ère « une monnaie du pauvre » (petit fil de cuivre d’un poids
défini) côtoie « une monnaie du riche » (gros fil de cuivre d’un poids défini). La première
monnaie ne peut acheter que des biens de consommation rudimentaire, la seconde qui sert
bien sûr à les acquérir permet surtout d’obtenir des biens destinés à l’élite (Maucourant, ibid.).
Le système monétaire massaliète à deux niveaux de l’époque hellénistique, semble avoir
rempli les mêmes fonctions que celles de l’empire du Mali.
Marseille, depuis ses débuts, a fonctionné dans un système dual, usant d’une monnaie
des riches pour son commerce extérieur et d’une monnaie des pauvres pour son commerce
intérieur : d’abord sous forme de contreparties, puis en petits bronzes quand les sociétés
indigènes commencent à utiliser la monnaie sous la pression générale d’une monétisation de
l’économie en Méditerranée.

À défaut de contrats écrits ou de registres de comptes, les monnaies semblent confirmer


l’existence d’un capital financier détenu par l’oligarchie marseillaise et nous renseignent sur
le double emploi qu’elle en a toujours fait : vis à vis du monde grec et vis-à-vis de sa
périphérie barbare.
Les indices sont insuffisants, mais il paraît difficile d’imaginer qu’un capital marchand
n’a pas existé à Marseille. Il n’en demeure pas moins que si l’absence de traces écrites
s’explique pour le commerce intérieur avec les autochtones, leur défaut en ce qui concerne le
commerce extérieur et notamment avec Athènes reste mystérieux.
UN CAPITAL MARCHAND EN LANGUEDOC

96
Certains chercheurs (Michel Bats, Eric Gailledrat, Michel Py.) et d’autres, ont entamé
une réflexion sur l’économie en Languedoc protohistorique et posé les jalons d’une recherche.
Répondre à la question d’un capital marchand en Languedoc relève de la gageure, tant
les témoins archéologiques sont peu nombreux et dispersés chronologiquement : lames de
plomb, monnaies. De plus, un phénomène en gestation comme celui de l’évolution
économique des sociétés indigènes, reste une réalité difficile à cerner et à mettre en évidence.
Ces nombreuses lacunes ouvrent sans doute trop d’espace à l’imagination, font la part trop
belle aux interprétations et aux hypothèses, mais il convient, au risque d’erreurs, de les
formuler pour essayer de trouver du sens et pour tenter d’avancer.

LE CAPITAL COMMERCIAL

Un capital commercial étranger


La première lame de plomb recensée en Languedoc a été retrouvée sur l’emporion de
Pech Maho à Sigean. Datée du deuxième quart du VIe siècle, elle est inscrite en étrusque sur
une face et en ionien sur l’autre. Les cinq autres lames plus récentes du site, ainsi que celles
d’Ensérune, de Gruissan, Narbonne, Perpignan, sont écrites en Paléohispanique levantin semi-
syllabaire, soit un idiolecte rattaché à une langue ibère « mère » (Ruiz Darasse 2013, 27). Le
plomb d’Elne présente un côté en Paléohispanique et un autre en Grec. Les plombs d’Agde et
de Lattes sont en langue grecque.
Le bilinguisme renseigne sur l’identité des partenaires et leur rattachement aux différents
courants commerciaux. La première lame de Pech Maho informe d’un commerce de cités
étrusques avec des Grecs d’Asie mineure, mais le document ne permet pas de connaître si
cette activité commerciale se déroule dans tout l’espace méditerranéen ou si elle se cantonne à
l’oppidum de Sigean ? D’autant que « le lien entre la tablette étrusque avec le site de Pech
Maho est loin d’être évident » (Gailledrat, Rouillard 2003, 408). Les pièces écrites en
Paléohispanique témoignent de l’importance commerciale des courants péninsulaires
ibériques en Languedoc occidental, celles rédigées en grec renvoient à la domination
massaliète en Languedoc oriental.
Ces contrats écrits informent du déroulement des opérations : acquisition de bateaux
auprès d’Ampuritains dans le cas de Pech Maho (Gailledrat, Rouillard, ibid.). Mais ils parlent
tous d’un « achat » et d’une « une somme versée», montrant que les transactions se réalisent

97
en monnaie, entre gens qui disposent d’argent et donc tiennent une place au sein des circuits
commerciaux.
Les indications sur les tâches à effectuer (achat, remorquage, livraison) notifiées par
écrit, en présence de témoins, confirment l’idée d’une réglementation précoce de l’emporía et
d’une adhésion générale à un « système juridictionnel » appliqué et reconnu par tous à cette
époque en Méditerranée (Garcia 2004, 127).
Ces renseignements nous renvoient à l’existence déjà connue d’un puissant capital
commercial méditerranéen. Mais nous cherchons à savoir si ce capital n’appartient qu’aux
riches marchands étrangers ?

Un capital commercial indigène ?


Cette question, abordée par le biais des noms de témoins à consonance locale, a déjà été
soulevée (Garcia 2004, 126). L’auteur se demande si les personnages cités dans les contrats
assistent aux transactions en tant que témoins ou en tant qu’acteurs. À la lumière d’autres
documents de langue ibère et d’une découverte à Ampurias (Espagne) suggérant des pratiques
commerciales indigènes dans Emporion (Sanmarti-Gréco, 1988) : il pencherait plutôt pour
une participation active de certains autochtones qu’il désigne comme « acteurs principaux »
(Garcia, ibid., 127). Si l’on prend en compte que les courants commerciaux ibériques sont
implantés depuis longtemps au sein des populations locales ibériques, et que celles-ci ont
accompli leur urbanisation et leur développement économique un siècle avant la Gaule
méridionale (Ascensio et al. 2000, déjà cité), l’hypothèse d’une participation indigène paraît
possible. Elle impliquerait que des personnalités locales aient été suffisamment riches ou se
soient suffisamment enrichies pour occuper une place dans les rouages du commerce
maritime. Cela reviendrait à corriger une vision trop « primitiviste » des sociétés
protohistoriques (Garcia, ibid.). Mais, cette démonstration reste pour l’instant hors de portée à
cause d’une documentation encore insuffisante. Cependant, la question reste posée.
La même question se pose à propos d’un « remorquage de bateau » (Bats 2011, 201). La
lame de plomb de Emporion (Ampurias) de la deuxième moitié du VIe siècle, en ionien
archaïque, mentionne le nom indigène de Baspedas chargé du remorquage. Cette inscription,
qui confirme la présence d’un intervenant local, ne nous apprend pas davantage si ce
personnage travaille pour son propre compte ou pour celui des autres, s’il est commerçant ou
simple convoyeur ? Laissant encore la question en suspens.
En revanche, la récurrence insistante sur les remorquages de bateaux attire l’attention sur
l’importance accordée au transport fluvial. Le plomb d’Ampurias, dont l’action se déroule à

98
Sagonte en Espagne (Bats ibid.), qui accrédite l’indigénéité des bateliers du Jucar (Carcopino
1960), met surtout l’accent sur une corporation puissante comme cela existera plus tard à
Arles vers 200 (notice 2). Tous ces éléments abondent dans le sens d’un corps de métier
soudé, suffisamment organisé et puissant pour obtenir un statut particulier, mais ils ne
prouvent pas que les bateliers aient possédé un capital leur permettant de prendre une place à
part égale dans les transactions commerciales.

L’idée d’un capital commercial élargi à une catégorie des populations locales, qui serait
le signe de sa participation précoce au système méditerranéen, reste une question clef encore
suspendue à des découvertes ou des traductions nouvelles. En cette absence, on ne peut pas
arguer d’un capital commercial indigène ni à Sagonte ni en Languedoc. Jusque-là le transport
fluvial, pris en charge par des intermédiaires locaux aux compétences reconnues, paraît
demeurer sous la dépendance du grand commerce maritime duquel il assure le relais.
Le capital commercial du Bassin occidental semble donc bien demeurer aux mains des
marchands étrusques, grecs ou ibères.

99
LE CAPITAL FINANCIER

Les preuves d’un capital financier étant manquantes à Marseille il serait illusoire d’en
trouver en Languedoc. Néanmoins, une fois encore, les monnaies constituent un indice par
défaut. De plus, des possibilités d’accumulation de richesses commencent à poindre en milieu
indigène, autour de l’activité portuaire ou au travers des formes d’échanges complexifiées par
le commerce.

Un capital financier étranger


Les archéologues ont baptisé « trésors » les grosses quantités de monnaies dissimulées
dans des cachettes : quatre trésors à Lattes (Py 2009, 313), d’autres à Agde, Ensérune (Fiches
2002), dans la vallée de l’Hérault (Garcia 1993, 212-215) à Aumes, Clermont l’Hérault (La
Ramasse), Fontès (Le Céressou), Neffiès (Pioch-Arras)…
Les trésors en monnaies diversifiées (Feugère, Py 2011), qui procèdent du phénomène
général de monétisation du commerce méditerranéen, sont à séparer des « trésors » antérieurs
à l’époque hellénistique qui comprennent des oboles en argent, des drachmes, voire quelques
statères en or comme à Lattes (Py 2009, ibid., 314). Ces derniers « trésors » par leur richesse
représentent un capital financier, mais encore faut-il savoir qui le détient et pour quel usage.
On écarte l’idée d’une thésaurisation par un chef indigène parce qu’on conçoit mal,
surtout au début du processus de marchandisation, comment le chef d’une société sans argent
parviendrait à accumuler un trésor, qui plus est en monnaie métallique : à moins d’un vol, qui
de toutes les façons resterait anecdotique ! En revanche, le choix de cacher de l’argent pour
s’en servir à des fins personnelles relève d’un réflexe marchand.
En ce qui concerne Lattes, Michel Py avance l’idée que ces trésors ne sont pas
thésaurisés mais cachés parce qu’ils constituent un « capital marchand » destiné à des fins
commerciales (Py 2009, 313). Le schéma d’échange triangulaire qu’il propose (ibid., fig.18)
relie la population indigène, les courtiers du port et les commerçants méditerranéens. Il
montre que les transactions se réalisent en monnaie, que les courtiers intermédiaires entre les
commerçants étrangers et la population locale disposent d’un capital financier : les trésors. Le
courtier, grâce aux réseaux tissés avec les chefs locaux par lui ou ses rabatteurs, vend les
contreparties indigènes aux commerçants méditerranéens et achète en échange des amphores.
Ensuite, il échange le vin avec les populations locales contre leurs contreparties qu’il revend,
et le système s’alimente lui-même…Tout le monde y trouve son compte : le courtier s’enrichit
en transformant les contreparties en argent, une partie de cet argent est reprise par les

100
commerçants méditerranéens grâce à l’achat des amphores, les indigènes sont alimentés en
vin et trouvent un débouché à leurs productions.
Dans l’attente des prochaines livraisons d’amphores, les courtiers dissimulent leurs
trésors.

(fig.18)

D’après M. Py (Py 2009, 313)

Cette opération commerciale nécessite uniquement de disposer d’une mise de fonds au


départ : ce qui laisse évidemment supposer que le courtier est « un étranger » (Py, ibid., 312).
Ce qui tend à confirmer l’idée d’un capital financier étranger, vraisemblablement détenu à
Lattes par les commerçants étrusques et massaliètes, dont la présence est avérée dans certains
quartiers de la ville.
Les communautés grecques installées à Clermont-l’Hérault et à Peyriac-de-Mer, ou à
Durban (notices 9, 28, 10), au plus proche du terrain, ont sans doute organisé le récolement
des contreparties indigènes afin d’aller les convertir en argent au port : d’où les trésors cachés.
Le rôle de ces courtiers pourrait avoir dupliqué dans l’arrière-pays celui des courtiers des
ports dont ils seraient des rabatteurs, ajoutant ainsi un maillon supplémentaire aux circuits
commerciaux, tissant la toile d’un commerce régional, qui pour l’instant demeure aux mains
du capital marchand méditerranéen.

101
Une autre forme importante de richesse pourrait provenir de l’activité portuaire, qui reste
une des principales ressources, à l’époque où le commerce par voie maritime s’impose sur
tous les autres moyens de transport : « une cargaison de grain d’un bout à l’autre de la
Méditerranée coûterait moins (si l’on ne tient pas compte des risques) que son transport par
chariot sur 120 km » (Finley 1975, 169).
Les ports d’Agde, Espeyran, Lattes, pendant environ quatre siècles (500-150) ont
développé un volume moyen d’échange supérieur ou avoisinant les 50% (fig. 15a-15b), qui
les distingue de tous les autres sites du Languedoc.
Ce différentiel pousse à émettre l’hypothèse de l’entrée de ces ports dans « la mince
ceinture méditerranéenne qui s’étend de la Mer Noire aux Colonnes d’Hercule » (Finley 1975,
34), dont la partie manquante en Gaule faisait défaut au grand commerce maritime, qui a
besoin de toujours plus de ports d’escales pour poursuivre son expansion. Cette hypothèse
expliquerait le profond décalage littoral-hinterland autrement que par le hiatus ville-campagne
et un effet différé des approvisionnements. Elle fournirait une argumentation au simple
constat : « l’augmentation des arrivages sur le littoral ne peut pas être systématiquement
associé à une croissance de la demande des habitats de l’hinterland » (Gailledrat 2010a, 496).
Les quantités très élevées d’amphores (quels que soient les nombres d’invendus, la possibilité
d’autres conteneurs, une culture vinicole locale conditionnée autrement) atteignent des taux
qui dépassent ceux de la seule échelle régionale : « 249 000 tessons à Lattes » (Py 2009, 286,
déjà cité). Ces performances semblent devoir être attribuées au grand transit maritime, dont
les gros ports languedociens assurent le relais.

Une fois encore, cela renvoie à la domination d’un capital marchand méditerranéen, qui
sans doute a redistribué en laissant le profit des taxes portuaires aux gestionnaires locaux des
ports, dans le souci de consolider et pérenniser la bonne marche des affaires.

102
Un capital financier indigène ?
Pour qu’un capital financier apparaisse, il faut au préalable que le commerce ait
primitivement accumulé un capital-argent et il faut que le développement de la vie urbaine
permette l’apparition d’une petite production artisanale entraînant l’enrichissement de
couches sociales. Tant que ce stade n’est pas atteint, le capital financier ne parvient pas à se
constituer (Mandel 1986, 61).
Or, la première condition à la construction de ce capital financier indigène a été repoussée
en Languedoc protohistorique puisque le commerce est resté en permanence sous la coupe du
commerce extérieur. Par conséquent le capital financier est demeuré aux mains des marchands
méditerranéens et de leurs émissaires : les courtiers étrangers des ports ou des communautés
expatriées dans l’arrière-pays.

Néanmoins sur le long terme, et avec toutes les réserves à apporter à la compréhension
d’un phénomène en gestation, quelques indices en filigrane pourraient annoncer les débuts
d’un processus d’accumulation primitive de richesse indigène, obtenue grâce au
développement du commerce régional.
La comparaison entre deux sites voisins à Marguerittes près de Nîmes, entre 525 et 450
(doc.115), établit que Roquecourbe qui dispose de la plus grande quantité de doliums est le
site qui échange le moins de toute la région, tandis que Peyrouse pratiquement dépourvu de
réserves agricoles possède le plus fort taux d’échange et la plus grande quantité de vaisselle
tournée de la région nîmoise (Py, Vignaud 1998, 193). Ces résultats suggèrent que les
échanges à Peyrouse ne se déroulent plus qu’au seul moyen des contreparties céréalières et
que le site tire sa richesse de formes d’échanges plus complexes liées aux activités
commerciales qui se pratiquent le long de la voie terrestre protohistorique qui le traverse
(notices 18, 19)
D’autres gains semblent pouvoir directement s’apparenter à la piraterie « des origines du
commerce ». Le site de Cessenon-sur-Orb (notice 8) qui contrôle le défilé de Réals sur la
route conduisant aux minerais des Corbières et de la Montagne Noire, a sans doute exploité la
possibilité de prélever des taxes sur la circulation des marchandises ou des personnes,
expliquant sa surprenante et éphémère richesse (notice 8). Le site de Montjoui à Florensac
(notice 12), au bord de l’Hérault et sur une voie protohistorique, pourrait aussi devoir son
fulgurant et court succès à des droits de passages prohibitifs que les marchands grecs d’Agde
à six kilomètres n’ont pas tolérés longtemps.

103
La présence de comptoirs commerciaux aux populations interlopes a pu favoriser
l’émergence de personnages locaux, soit en les associant au conseil de gestion des ports, soit
en leur reversant une partie des taxes portuaires permettant leur enrichissement. Les chefs de
territoires qui organisent le récolement des contreparties, en position d’intermédiaire entre
leurs communautés et les commerçants méditerranénens, et qui tirent un profit pécunier des
échanges peuvent commencer à s’intégrer dans un processus d’accumulation et d’autonomie.
C’est la raison pour laquelle toutes ces personnalités locales, étant les mieux placées dans ce
rôle d’interface, devaient prendre un jour la place des courtiers étrangers ne pouvant pas
indéfiniment se succéder de génération en génération, et poser plus généralement la question
de leur entrée en scène à un moment ou l’autre.

104
CONCLUSION

Les sociétés productrices du Languedoc, à la fin du VIIe siècle, sorties du régime de


l’autosubsistance produisent un surplus que leurs dirigeants ont immédiatement utilisé sous
forme d’un échange marchand avec les représentants des différents courants commerciaux.
Le processus de marchandisation des échanges s’est approfondi tout au long de l’âge du
fer : les échanges d’abord fondés sur les contreparties en monnaies marchandises, subvertis
par la valeur d’échange et les mécanismes marchands, ont fini par s’aligner sur les normes du
commerce en Méditerranée en adoptant la monnaie à partir du IIIe siècle avant notre ère.
Le capital marchand aux mains des grandes puissances commerciales maritimes, du
monde ibérique ou grec de Marseille et des ports qu’elle contrôle (Agde, Lattes, Espeyran),
impose ses prix aux marchés gaulois méridionaux et maintient les populations locales dans
une dépendance qui freine leur essor. L’existence d’un capital marchand indigène en
Languedoc reste indémontrable dans l’état actuel des connaissances. L’envisageable
apparition d’un capital marchand indigène, malgré la domination du commerce extérieur
méditarréen, aurait pu voir le jour sur le temps long par le biais du commerce régional. Or,
cette possibilité a été arrêtée net par l’installation de la Province, sous gestion massaliète puis
romaine.
L’âge du Fer en Languedoc a assuré le passage entre une économie « encastrée »
(Polanyi 1975, 244, 1983, 91) et l’économie marchande, a été l’âge de la transition vers un
fonctionnement économique nouveau dont la monnaie métallique incarnera le « symbole de
l’économie moderne » (Andreau 2001, 168).

Cette période a aiguisé les contradictions au sein des populations, modifié les mentalités
et travaillé en profondeur les sociétés, provoquant des changements de modes de vie et de
pensée, entraînant des modifications dans l’organisation sociale et politique.

105
PARTIE III

LES ÉVOLUTIONS SOCIALES ET POLITIQUES

106
Les sociétés du Languedoc de l’âge du Fer, au niveau économique suffisant pour commercer
avec les marchands méditerranéens, ont aussi possédé un niveau culturel suffisamment élevé
pour assimiler et s’approprier rapidement des techniques et des méthodes nouvelles.
Les artisans se servent rapidement du tour de potier (VIe siècle) et de la meule rotative
(IVe siècle) importés d’Espagne. Dès le début du Ve siècle, ils apprennent à monter des
doliums dont des traces de fours subsistent à Agde, Béziers, et dans le Gard. Les ateliers
indigènes imitent les « services à boire » et les fabriquent en céramique tournée en pâte claire
et grise monochrome dans le Bas-Rhône, en céramique grise monochrome et en pâte claire de
type ibéro-languedocien à Béziers et dans la région agathoise.
Les paysans se mettent à pratiquer une culture intensive et augmentent les surfaces
cultivables en appliquant la jachère et en utilisant la culture attelée légère. Ils développent
certaines espèces céréalières en vue d’un meilleur rendement et en sélectionnent d’autres,
moins rentables mais plus résistantes et donc plus efficaces à long terme : l’orge vêtue, le blé
amidonnier. Ils s’initient à la culture précoce de la vigne dont on retrouve des traces à Lattes
(IVe siècle) et à Narbonne (IIe siècle) et cultivent plus tard l’olivier.
L’essor industriel, dans les mines et la métallurgie, permet une généralisation de
l’outillage en fer plus résistant, l’emploi du coutre et du soc en fer pour les labours, le
maniement de la faux, non pas pour moissonner mais pour couper le fourrage (Brun, Ruby
2008, 114).
Les agglomérations, qui plus tard deviendront des villes, se multiplient tandis que la
diffusion des monnaies et leur emploi commencent à se répandre.
« Au IIIe siècle, dans tous les domaines s’est produit un spectaculaire changement d’échelle »
(ibid., 152).
Ces innovations matérielles et culturelles ont inévitablement provoqué des changements
dans le fonctionnement des sociétés indigènes et bousculé les équilibres sociaux et politiques
précédents.

Ces modifications ne sont appréhendables que par l’archéologie, mais celle-ci n’élucide
pas tout. En effet, si des indices touchant aux modes de vie et aux inégalités sociales sont plus
ou moins perceptibles à travers l’habitat, la grandeur des bâtiments, la richesse de certaines
tombes, la présence de sculptures héroïsées ou diverses autres formes d’ostentation… Les
événements touchant à l’organisation sociale et politique des sociétés protohistoriques nous
échappent beaucoup, même si les scénarios interprétatifs en connexion avec les acquis
retrouvés tentent d’apporter des réponses. L’archéologie est un « corpus de méthodes visant à

107
l’interprétation des pratiques humaines » (Boissinot 1998, 17, 24) qui ne permettent pas
d’outre-passer le stade des « présomptions ».
Ainsi le cheminement du processus d’intégration socio-politique dans le monde
méditerranéen qui s’achève par l’entrée dans la Province, sans formes de résistances connues,
laisse simplement présumer de la révolution culturelle accomplie par les sociétés du
Languedoc qui sont passées en quelques siècles d’un fonctionnement ancré dans les rapports
sociaux à celui du système de droit romain.

Ce bouleversement tire son ressort d’une dynamique des sociétés réagissant aux stimuli
extérieurs, de l’interaction de causes internes et de causes externes.

108
I. LES FACTEURS INTERNES

Le développement du commerce, stimulateur d’une dynamique sociale, élargit la


participation des populations locales et leur accorde une place dans les activités d’échanges.
Ces populations occupent deux postes clefs indispensables au bon fonctionnement de
l’activité commerciale : le transport et les marchés.

1.DES INTERMÉDIAIRES INDIGÈNES

Dans le transport
L’acheminement d’une cargaison, depuis son lointain endroit de livraison jusqu’à son
point d’arrivée, nécessite une connaissance du terrain et des savoir-faire que seules possèdent
les populations habitant les lieux.
L’exemple du transport de l’étain par le seuil de Naurouze, acheminé à dos de cheval
depuis Bordeaux jusqu’à Marseille à travers le Languedoc, a réclamé plusieurs interventions.
Après l’accord des chefs des territoires traversés (sans doute au prix de cadeaux préalables),
les commerçants se fraient leur route en recrutant des passeurs qui connaissent les meilleurs
itinéraires, des convoyeurs qui possèdent des animaux de bât, en engageant des personnels
capables de surveiller un chargement et d’organiser les haltes et les relais nécessaires à un
voyage qui dure trente jours, couvrant plus de cinq cents kilomètres (Dion 1970).
Toutes les opérations commerciales ne possèdent pas cette envergure, mais chacune
ayant pour mission de conduire la marchandise à destination, requiert la mise en commun de
compétences variées, sur terre comme sur l’eau. Le passage des fleuves ou le transport par
cours d’eau font appel à l’habileté et l’expérience de tous les « corps de métiers » de la
batellerie.

Ce transport des marchandises, sans doute pas récompensé à la hauteur des services
rendus, mais qui constitue le « gagne-pain » d’une partie des populations locales a sans doute
entraîné de leur part une forme d’intérêt voire d’adhésion au système marchand.

109
Pour la conclusion des marchés
Les commerçants ont besoin de traducteurs pour établir des contacts avec les chefs
locaux et conclure des marchés. Sans doute ont-ils exploité les talents personnels d’individus
ayant acquis seuls quelques notions de langue étrangère, mais une politique raisonnée de leur
part aurait consisté à former des traducteurs.
C’est pourquoi les découvertes d’abécédaires en Paléohispanique à Ensérune et Pech
Maho, en Étrusque et en Grec à Lattes, retiennent l’attention. « Il existe donc à Lattes un
enseignement, un apprentissage de l’alphabet et de l’écriture du Grec », dont la pièce
justificative datée du IIIe siècle renvoie à l’écriture gallo-grecque (Bats 2011, 216). Mais la
présence de ces abécédaires, en langues différentes, plutôt qu’être attribuée à l’apprentissage
des enfants des communautés résidentes, pourrait se comprendre comme la trace d’un
enseignement rudimentaire prodigué à quelques indigènes, pour que ces derniers servent
d’interprètes auprès des courtiers étrangers des ports ou de l’arrière-pays.
Enfin, la conclusion d’un marché en revient aux personnages qui organisent le
récolement des contreparties d’un territoire et négocient les conditions d’échange avec le
commerçant ou son représentant, peut-être à chaque livraison mais sans doute au moment du
passage d’un courant commercial à l’autre, comme en témoignent les temps de latence déjà
remarqués sur plusieurs sites. Cette position prééminente des chefs locaux sera examinée plus
loin dans l’étude du système de chefferie.

Pour finir, on remarque que la relation commerciale, du début à la fin, sollicite une
longue chaîne humaine réclamant la participation régulière et nombreuse des populations
indigènes, à tous les niveaux de l’échelle sociale.

110
2. L’INTERMÉDIAIRE DES CHEFFERIES INDIGÈNES

La médiation des chefs locaux étant nécessaire à la conclusion des marchés, reste alors à
connaître si cette activité économique a une traduction politique, et laquelle ?
Pour tenter de la définir, l’archéologie a recours habituellement à l’ethnologie. La
compréhension des sociétés du passé par analogie avec les sociétés primitives a débouché sur
l’élaboration de différentes typologies sociales, qui définissent des systèmes politiques.
Celles-ci, le plus souvent, attribuent à l’âge du Fer le système de chefferie (fig.19).

Des typologies sociales


(Fig.19)

(Brun, Ruby 2008, 86)

Explication de la typologie choisie


La grille élaborée par l’ethnologue A.W. Johnson et l’archéologue T. Earle 1987, reprise
par P. Brun et P. Ruby, suit le schéma évolutionniste (que j’adopte) d’une organisation sociale
évoluant des bandes prédatrices, aux tribus, aux chefferies et aux États archaïques.
La gestion familiale des bandes de chasseurs-cueilleurs est placée sous l’autorité d’un
chef de famille. Les groupes néolithisés plus ou moins sédentarisés, regroupés en villages et
leurs alentours, sont organisés en tribus gérées par des clans et des lignages. Des tribus
classées dans la catégorie des « great men » vivent sous la férule de chefs guerriers, de chefs

111
de clans et de lignages détenteurs d’objets magico-religieux (Godelier 1996). D’autres tribus
choisissent un chef charismatique, un « big man » qui les honore de son prestige par les
relations qu’il entretient, mais un chef qui en général sait profiter de l’avantage de sa situation
pour s’enrichir personnellement (Lemonnier 2010). Quelques tribus, à l’instar des tribus
amérindiennes ou mélanésiennes, fonctionnent collectivement et désignent un chef sans
pouvoir (Shalins 1963, Clastres 1974, 26).

Le passage entre les chefferies et les États semble plus ou moins vérifié (Bonte, Izard,
2010, 138, Demoule 2012, 107) alors que les « preuves historiques » de la transition entre les
tribus et les chefferies « font défaut » (Bonte, Izard, ibid.).

Essai de caractérisation de la chefferie


La chefferie est une entité politique qui régit une ou plusieurs communautés à l’intérieur
d’un territoire ou de plusieurs territoires réunis à l’échelle d’un espace régional. L’étendue de
la chefferie est un des critères qui distinguent les chefferies simples des chefferies complexes
(fig.19).
Les chefferies complexes, illustrées par le « phénomène princier » d’Europe centrale du
VIe siècle (Brun 1987), lèguent des tombes riches et des bâtiments prestigieux. La grandeur
de leur territoire, d’un rayon d’environ 60 kilomètres (Demoule 2012, 105), nécessite la
présence d’un échelon politique entre le chef suprême et les communautés locales, la présence
d’un corps intermédiaire de subalternes pour relayer le pouvoir central (Brun, Ruby 2008, 84).
Les chefferies simples du Midi de la France (ibid., 76), d’un territoire d’un rayon de 20 à 25
kilomètres parcourable en une journée (Garcia 2004, 172), placées sous la seule autorité d’un
chef, affichent peu de signes ostentatoires de richesse, ni dans le domaine funéraire ni dans
celui de l’habitat.
Mais ces chefferies organisées différemment possèdent deux points en commun : elles
sont héréditaires (Bonté, Izard 2010, 138, Brun, Ruby, 2008, 85, Testart 2005, 91) et sont
gouvernées par une « aristocratie tribale» exemptée du travail productif (Godelier 1999, 20).
Un chef est aristocratique uniquement parce qu’il descend des dieux et qu’il détient des
pouvoirs magico-religieux hérités des clans et des lignages (Godelier, ibid.).

Néanmoins, la caractérisation de la chefferie pose des difficultés aux anthropologues :


« les chefferies pourraient être des formations sociales sui generis constituées d’une logique
spécifique… une forme de congrégation religieuse » (Bonté, Izard, ibid.).

112
Socialement, la chefferie constitue « un ensemble de lignées et d’individus hiérarchisés
en rangs et statuts sociaux inégaux » (Godelier 2010, 35). Cette définition qui affirme un
caractère social inégalitaire paraît plus opérante qu’une désignation de la chefferie comme
« catégorie sociale fourre-tout hétéroclite » (Testart 2005, 91).
Historiquement, les chefferies datent vraisemblablement d’avant l’âge du Fer : « de
puissantes chefferies sont probablement apparues dès le Néolithique » (Brun, Godelier 2007,
56). Le système de chefferie qui a sans doute connu un essor avec la révolution métallurgique
a traversé l’âge du Bronze et l’âge du Fer dans un long « continuum » (Demoule 2012, 105).
Politiquement, la position intermédiaire de la chefferie entre tribus et états archaïques fait
que « le plus grand des chefs n’est pas (encore) tout à fait un Roi, car il n’est pas à la tête ni
d’un royaume ni d’un État » (Godelier 2010, 65).

Ce système, selon les conditions et les opportunités qui s’offraient à lui a sans doute
oscillé un certain temps entre des retours en arrière vers des formes d’organisation tribale et
des avancées vers des formes de pouvoir en gestation, d’où sans doute les difficultés à définir
la chefferie et à en saisir les étapes intermédiaires, comme le soulignent Bonté et Izard déjà
cités.

113
3. LES CHEFFERIES DU LANGUEDOC

Un relais culturel
Par hypothèse, les chefs locaux au contact des communautés étrangères côtoyées lors des
échanges, se sont familiarisés avec des habitudes nouvelles et un mode de vie qu’ils ont voulu
imiter.
Sans doute ont-ils contrefait des comportements, attitudes méprisantes ou bonnes
manières, mais ces agissements présumés n’ont pas laissé de marques. Archéologiquement
nous conservons les traces de l’adoption du « banquet » grâce à des objets : le « simpulum »
en bronze d’une tombe de Mailhac, les services pour boire en « bucchero nero » ou en autres
vaisselles fines, les imitations de services à boire fabriqués régionalement en grandes
quantités… Cet emprunt à la tradition orientale du banquet, même entaché de la suspicion du
notoire « alcoolisme gaulois » comme le dit M. Dietler, manifeste surtout du désir profond de
la chefferie de reproduire une culture importée, voire de la posséder.
En revanche, quand cette imitation s’exprime par un remodelage, par une adaptation à
ses propres schémas esthétiques et mentaux, elle traduit une véritable appropriation. Un
exemple de cette réappropriation pourrait être la représentation déformée d’une ville grecque
dont le rempart a été ostentatoirement doublé ou triplé, comme à Nages, Florensac, Nîmes,
Sigean, Villetelle (notices 12, 23, 37, 39).

Les chefferies du Languedoc protohistorique ont adopté par mimétisme une culture
qu’elles ont ressentie comme supérieure à la leur, mais elles l’ont modelée à leurs goûts et
convenances, envoyant par là le signe de la fabrication d’un nouveau : « produire sans
reproduire (servilement) le modèle, n’est pas forcément la marque d’une revendication »
(Boissinot 2015, 151).
La chefferie, en position dominante a imposé un autre modèle et collaboré à la lente
transformation des mentalités des populations de son territoire et de celles alentour.

Un relais politique
Les chefferies, dans leur oscillation entre deux formes politiques ont pu revenir au
principe de redistribution des « big men », comme l’expliquerait le nombre équivalent
d’amphores retrouvées dans les habitats aux Castels à Nages (Py 2015, 64). Mais si cette
redistribution a perduré en certaines occasions, force est de parier qu’à l’âge du Fer elle a été

114
détournée à des fins mercantiles, utilisée pour souder les communautés en vue de les faire
travailler plus et produire davantage de contreparties.
L’irruption du commerce a changé la donne au sein des sociétés du Languedoc. Les
chefs locaux ont été pris en tenaille entre servir les intérêts de leurs communautés dont ils
dépendent et entre la nécessité semble-t-il de satisfaire aux exigences des commerçants
méditerranéens. La seule façon pour eux de sortir de cette contradiction était de faire un
choix : ils ont choisi leur intérêt personnel contre l’intérêt collectif. Les chefferies ont opté
pour le camp des puissants et se sont précocement engagées dans la voie qui les a conduit à
intégrer la Province et à fournir plus tard des cadres politiques subalternes aux Romains.
Cette option s’est vraisemblablement accompagnée d’une accentuation de la division du
travail, d’un creusement des inégalités, d’une péjoration des conditions de vie des
producteurs, d’une hiérarchie entre les territoires, créant un terrain propice aux conflits entre
chefs locaux.
Cette situation a forcément obligé à une redéfinition de l’ancien pacte social et débouché
sur un autre consensus.

Un nouveau consensus social


Le consensus précédent est devenu obsolète parce que le jeu ne se joue plus à deux entre
le chef et sa communauté, mais se joue dorénavant à trois entre les marchands, la chefferie et
les producteurs.
La mise en place de ce nouveau pacte, sur des rythmes différenciés à cause de la
personnalité des chefs et des relations hiérarchiques entre eux ou à cause peut-être de la
résistance des communautés, a sans doute recouru aux procédés habituels de la coercition ou
du consentement, voire les deux.

En ce qui concerne la coercition, on observe des traces d’événements violents. La baisse


des échanges dans la région d’Agde pendant les cinquante années précédant l’installation du
comptoir massaliète, non imputable semble-t-il à la guerre économique entre commerçants
méditerranéens (notice 1), pourrait suggérer une résistance des chefferies aux conditions
exorbitantes des marchands, ou à l’inverse révéler des combats entre chefs locaux pour se
ravir les marchés.
Les fortunes fulgurantes effondrées en cinquante ans à Cessenon-sur-Orb (notice 8) ou à
Florensac (notice 12) laissent présumer d’actes violents : par exemple des opérations de police

115
menées par les marchands grecs d’Agde contre des pratiques indigènes frauduleuses ou la
remise en place de potentats locaux mégalomanes devenus gênants.
Les incendies vers 475 de Lattes (notice 14), Narbonne (notice 24), Saint-Bonnet-du-
Gard (notice 32), actuellement sans réponse, pourraient être le fait d’une attaque extérieure
contre le comptoir étrusque de Lattes, de représailles contre les Élysiques de Narbo après la
bataille d’Himère (480), ou la trace de révoltes paysannes contre une chefferie trop zélée à
relayer la tutelle des marchands.

Pour ce qui est de la manière douce, l’appel à l’intéressement suffit souvent à obtenir un
consentement. Le commerce accomplit le prodige fédérateur de faire croire à tout le monde
que chacun y gagne. Les élites en retirent des richesses et les honneurs, la main-d’œuvre des
convois de marchandises en tire sa survie, les corps de métiers spécialisés dans les transports
en obtiennent quelques avantages, voire un statut particulier, comme à Arles vers 200 avant
notre ère (notice 2).
Mais ce nouveau pacte social, au prix d’une organisation de plus en plus inégalitaire, n’a
réellement profité qu’à la chefferie et au renforcement de son pouvoir.

116
CONCLUSION

Le moteur de l’intégration des populations locales au monde méditerranéen a obéi à une


motivation économique.
Mais plus profondément peut-être cette faculté d’adaptation des sociétés du Languedoc
aux transformations puise-t-elle à un fonds culturel régional, parce que ces populations depuis
des temps immémoriaux ont intégré la notion d’échange et de rencontre avec l’autre :
mémoire que la littérature a inscrite dans la mythique Voie héracléenne.
Les chefferies simples du Midi de la France sont moins riches et moins puissantes que
les chefferies complexes des régions intérieures. Mais surtout elles subissent la pression
directe du capital marchand méditerranéen qui organise la concurrence entre elles pour
obtenir les meilleures conditions de marchés, et qui applique le vieil adage « diviser pour
régner » afin de bloquer toute émergence d’un pouvoir indigène (Brun, Ruby 2008, 73).
Prisonniers de ces contraintes, les chefs locaux du Languedoc ont préféré se soumettre et
profiter des retombées économiques, dont ils ont obtenu des avantages et peut-être retiré un
certain prestige auprès de leurs populations.
Ce choix d’intégration porté par la chefferie s’accompagne assez logiquement d’un
pouvoir renforcé et de marques d’autochtonie. Une des expressions de ce renforcement du
pouvoir peut sans doute être mise en relation avec l’existence de tombes de chefs à Sigean et à
Mailhac, les statues de guerriers à Lattes et de Grézan à Nîmes, les bustes héroïsés de Sainte-
Anastasie et du Marduel à Saint-Bonnet-du-Gard, le casque de Montlaurès à Narbonne… En
même temps, la chefferie dont le pouvoir repose sur la capacité de travail de ses producteurs à
fournir des contreparties aux marchands est probablement contrainte de donner des gages à sa
communauté et de la rassurer par des affirmations symboliques et identitaires : rituel guerrier
des « têtes coupées » (Le Cailar, Narbonne, Nîmes), cultes naturalistes (Nîmes, Saint-Bonnet-
du-Gard), coutumes magico-religieuses au pied de remparts (Nages, Sigean).

La collusion des chefferies avec les commerçants méditerranéens a donc été le pivot de
l’intégration du Languedoc dans le système méditerranéen. Mais si cette option les a
enrichies, elle les a affaiblies politiquement en creusant un fossé entre elles et leurs
populations.

117
II. LES FACTEURS EXTERNES

Bien que les sociétés du Languedoc de l’âge du Fer soient éloignées et tenues très à
l’écart des bouleversements qui se produisent en Méditerranée, elles en subissent néanmoins
les contre coups. Leur intégration dans l’activité commerciale crée leur dépendance
économique, les guerres et conflits extérieurs perturbent leurs systèmes d’alliances, la
transition qu’elles entament vers un autre « modèle » économico-politique les fragilise
idéologiquement.
L’expansion des échanges, le relais de Marseille et le changement de « leadership » avec
l’ascension de Rome pèsent sur elles.

118
1. UNE ÉCONOMIE-MONDE ARCHAÏQUE EN MÉDITERRANÉE

Pour définir son concept « d’économie-monde », F. Braudel a repris aux économistes


marxistes l’idée que les différences de niveau de vie entre les peuples sont à l’origine et à la
base du commerce (Mandel 1986, 173).
Cette notion d’économie-monde que Braudel développe à propos du Moyen-Âge peut se
transposer à l’âge du Fer où l’on observe déjà le décalage économique entre les états
méditerranéens et les régions moins développées avec lesquelles ces pays commercent. Je
reprends donc la formulation d’une « économie-monde archaïque » avancée par P. Brun et
reprise dans un ouvrage (Brun, Ruby, 1998, 88).

L’économie-monde
Le nom « économie monde » est un néologisme forgé par Braudel, dans les années
soixante, depuis le mot allemand « weltwirtschaft ». L’économie monde ne s’étend pas à la
terre entière « contrairement à l’économie mondiale actuelle », elle représente « un fragment
de l’univers capable pour l’essentiel de se suffire à lui-même » (Braudel 1979, t.3, 14). Elle
est formée d’un « emboîtement » de plusieurs zones politiquement et culturellement
différentes, mais liées économiquement » (ibid., 35).
L’économie monde se divise en trois aires : « un centre qui réunit tout ce qui existe de
plus avancé », une « zone seconde assez développée qui bénéficie d’une partie des avantages
du centre bien qu’elle y participe », et une « vaste périphérie » énorme marge extérieure et
« lieu d’archaïsmes » livrée « à l’exploitation facile d’autrui » (ibid.). La périphérie fournit les
produits qui convergent au centre par l’intermédiaire de la seconde zone ou semi-périphérie :
matières premières, biens de consommation, esclaves. À l’époque qui correspond à celle de
l’âge du Fer en Gaule méridionale, le monde grec constitue alors le cœur de l’économie-
monde méditerranéenne.
Cette partition en trois zones reste invariable. Mais quand l’espace de l’économie monde
varie, certaines régions glissent de la périphérie dans la semi périphérie : les premières
fondations grecques du pourtour méditerranéen du VIIIe siècle, à la périphérie du centre
égéen, se retrouvent au centre quand ce dernier s’élargit à l’ensemble du monde grec.
D’autres zones, à l’origine périphériques, entrent dans la semi périphérie : Mer noire, Italie,
Sicile, Gaule (Cunliffe 1993, 11).

Le Languedoc dans l’économie monde archaïque

119
Les amphores les plus anciennes, accompagnées de vases grecs, retrouvées à La
Rallongue à Mauguio (Py 1985, 74) ou à La Liquière à Calvisson (Py 1984, 275), proviennent
de Grèce orientale. Les amphores grecques archaïques parviennent en petite quantité sur une
douzaine de sites : Agde (doc.1) Bessan (doc.11), Espeyran (doc.25), Le Cailar (doc.41),
Mailhac (doc.43), Narbonne (doc.52), Perpignan (doc.64), Pignan (doc.75), Saint-Bonnet-du-
Gard (doc.78), Salses-le-Château (doc.94), Sigean (doc.95). Ces vestiges, peu nombreux,
indiquent que le Languedoc, connu des marchands des Cyclades et d’Ionie, est mal desservi
par eux parce qu’il se tient dans la périphérie lointaine du centre égéen (Cunliffe, 1993, ibid.)
L’agrandissement du centre égéen à l’ensemble du monde grec fait glisser la bande
littorale du Languedoc dans la semi-périphérie, l’intégrant dans la « ceinture
méditerranéenne » (Finley 1975, 34). Les échanges qui se déroulent dans cette seconde zone
se comptent en énormes quantités d’amphores de toutes les provenances : des cités étrusques,
de Grande-Grèce, de Marseille, ou des courants péninsulaires ibériques.

120
2. MARSEILLE DANS L’ÉCONOMIE-MONDE ARCHAÏQUE

Une vision renouvelée


Le terme de « colonie » pour désigner les fondations grecques méditerranéennes est
remis en cause parce que ces fondations autonomes et indépendantes de leur métropole ne
répondent pas à la définition qu’on donne généralement à ce mot (D’Ercole 2012, 16, Étienne
2010, 6). Comme l’écrit R. Etienne : « il faut décoloniser notre vocabulaire » (Etienne ibid.).
D’ailleurs les Phocéens n’avaient plus de métropole à laquelle se rattacher.
La vision coloniale est remplacée par une approche nouvelle qui privilégie les
mouvements de populations. On parle de « mobilités grecques en Gaule et Méditerranée» et
de « diaspora » (Bouffier 2012). Les communautés dispersées dans une diaspora entretiennent
entre elles des relations culturelles et intellectuelles mais aussi des liens économiques
puisqu’elles sont unies par des systèmes de parenté et d’alliances qui en font les
« caractéristiques des mondes marchands » (Bihr 2006, 153). La diaspora grecque de
Marseille a rempli toutes ces fonctions.
Au titre de cette approche renouvelée, je propose d’examiner la place particulière de
Marseille dans le bassin occidental méditerranéen en lui appliquant la grille de lecture
braudélienne : Marseille « ville relais » de la diaspora grecque et ville « au cœur d’une
périphérie barbare » (Cunliffe 1993, 13), en distinguant le commerce extérieur et le commerce
intérieur de la Cité.

121
MARSEILLE VILLE RELAIS

Au Ve siècle, Athènes, centre de l’économie monde archaïque méditerranéenne


s’entoure de «villes relais » qui la « secondent à respectueuse distance » (Braudel 1979, 21).
Marseille, port vers lequel converge la grande majorité des produits en provenance des
lointaines périphéries de Gaule et d’Europe et ceux de sa propre périphérie, achemine les
marchandises jusqu’au centre. Elle seconde Athènes dans ses activités commerciales et
pourvoit à ses besoins. Pour cela, il lui incombe de sécuriser le trafic maritime en luttant
contre la piraterie, dont celle de ses propres congénères en Corse (Alalia, 535), de faire
appliquer et respecter le droit commercial en vigueur, dont on a déjà signalé l’existence
(Garcia, Sourisseau 2010, 243).

Un relais établit une circulation entre deux points. Ainsi Marseille, relais de la périphérie
vers le centre, relaie à son tour la culture et les idées d’Athènes vers la périphérie. C’est ainsi
que selon Strabon elle devient un phare culturel : « une école dont l’éclat attire les Romains »,
une école de la « débarbarisation » affirme M. Clavel-Lévêque (1977, 199).
Marseille relaie son modèle administratif dans son comptoir d’Agde et sans doute dans
les ports qu’elle contrôle grâce à la diaspora grecque. Les rares statues héroïsées retrouvées à
Lattes en réemploi dans des murs, plaident davantage pour un port géré par un conseil de
marchands méditerranéens (peut-être entr’ouvert à quelques indigènes) plutôt qu’en faveur
d’une gestion organisée par une lignée de chefs locaux non instruits et insuffisamment rompus
aux rouages du grand trafic maritime.
Plus tard, de 118 à 49 avant notre ère, Marseille relaie Rome qui lui confie
l’administration de la Province dans laquelle elle instaure « la paix massaliète » (Lambert
1992). Après 49, Rome prend le relais des Grecs dans la Province.
Enfin Marseille qui offre l’exemple d’un régime oligarchique stable et durable relaie
auprès des chefferies locales un modèle stable d’organisation politique. Ce modèle qui repose
sur l’assiette étroite de la richesse convient à leur fonctionnement inégalitaire.

Marseille, ville relais, s’est acquitté de ses tâches envers Athènes et par retour de relais
en a gagné du prestige dans sa périphérie barbare.

122
MARSEILLE CENTRE D’UNE PÉRIPHÉRIE

Marseille, zone « emboîtée » dans l’économie monde archaïque grecque dont elle assure
le relais, est aussi le centre d’une périphérie qui s’étend de la Provence au Languedoc.

Reproduction du schéma braudélien


Excentrée de la voie commerciale du Rhône, Marseille n’accède au fleuve que par le
littoral provençal ou celui du Languedoc, aspirant ces deux régions dans sa semi-périphérie.
En revanche la zone qui jouxte la ville, elle-même trop éloignée du fleuve pour être utile se
trouve rejetée dans la périphérie : ce qui pourrait expliquer en partie les problèmes que la Cité
a toujours rencontrés avec son environnement indigène immédiat. Marseille a manqué d’une
semi-périphérie proche pour la seconder dans ses activités et créer une zone tampon entre elle
et les barbares.

Tout converge au centre


Marseille absorbe toutes les productions agricoles et artisanales pour satisfaire les
besoins de la ville et pour stocker dans ses entrepôts les surplus qu’elle utilise à des fins
commerciales et politiques.
Le stockage de réserves permet aux commerçants massaliètes d’augmenter les profits
qu’ils tirent du commerce extérieur et leur procure en même temps une marge de manœuvre
suffisante dans le commerce intérieur pour imposer leurs prix aux chefs locaux et les tenir à
leur merci.
La cité phocéenne aspire toutes les richesses, mais son privilège d’être un centre se
double d’un fonctionnement particulier en cartel, puisqu’elle revend le vin qu’elle fabrique
elle-même sur place. Sa production vinicole ne faiblit jamais et la culture de la vigne s’étend
sans cesse, jusqu’aux confins de sa chôra, comme en témoignent les parcellaires
hellénistiques à l’Alcazar et à Saint-Jean du désert (CAG 13/3, 2005, 581, 723).

Le stimulus du centre
Le centre, seul débouché des produits de la périphérie, stimule et incite à
l’intensification de la production.
Cette augmentation de la production accumulée sous forme de réserves, se concrétise
par un engrangement des denrées : on observe « un grossissement des capacités de stockage

123
dans l’arrière-pays languedocien dès le début Ve siècle et la seconde moitié du IVe siècle »
(Garcia, Isoardi 2010, 414).
L’accroissement de la productivité se traduit encore par une amplification des échanges
commerciaux. Le taux d’échange en Vaunage d’environ (±10%) avec le commerce étrusque
progresse à (±20%) avec le commerce massaliète (doc.31). Le stimulus exercé par le centre
se remarque particulièrement à Nîmes où le taux d’échange (doc.108) d’environ 40% baisse
aux alentours de 18% avec la distribution du vin italien (fig.20) quand Marseille touche à sa
fin. Le commerce italique ne parviendra jamais avant la colonisation romaine à atteindre les
records obtenus par le commerce massaliète (Py 1990, 583).

(fig.20)

(Py 1990, 583, doc. 179)

Le stimulus du centre pousse à une production « forcée », qui laissée à la seule loi du
profit entraîne des dysfonctionnements porteurs de crises.

124
DES CRISES DANS LA PÉRIPHÉRIE

La croissance économique, qui participe d’une élévation générale du niveau de vie, n’a
pas que des effets positifs. Cette croissance, non maîtrisée, génère des contradictions voire des
retournements pervers.

Des crises
Une des premières crises a sans doute été d’ordre social parce que les inégalités se
creusent à tous les niveaux : entre terroirs riches et pauvres, entre les producteurs entre eux
selon le territoire auquel ils appartiennent, entre chefferies. Les producteurs, assujettis au
travail intensif pour fournir plus de contreparties, aux conditions de vie dégradées à l’intérieur
de communautés qui se hiérarchisent, tendent à devenir une couche sociale inférieure,
exploitée et en voie de paupérisation.
Une seconde crise est d’ordre écologique : même si ce phénomène n’est plus perceptible
de nos jours, la déforestation encore plus importante à l’âge du Fer qu’au Néolithique a
forcément réagi sur l’environnement et agi à long terme comme une bombe à retardement.
Une autre crise est d’ordre économique. Une productivité débridée enraye l’économie :
soit par manque de relais pour écouler les denrées qui pourrissent en surproduit, soit à
l’inverse par pénurie et amenuisement des contreparties. Cette crise de pénurie a été repérée
en Languedoc occidental au IVe siècle (Mazière 2004, 122) et en Languedoc oriental aux
IVe-IIIe siècles (Py, Roure 2002, 211). Elle se remarque dans la déprise de Narbonne au IVe
siècle (notice 24), une baisse des échanges à Perpignan entre 350-300 (doc.69) et à Salles-
d’Aude de 400 à 350 (doc.93). La diminution des échanges frappe Agde entre 350-150
(doc.3), Arles de 400-300 (doc.4), Clermont-l’Hérault entre 400-300 (doc.21), Gailhan de 400
à 250 (doc.31C), Lattes à partir de 250 (doc.38), Nîmes de 400 à 100 (doc.57, fig.73) dont le
niveau d’échange est inférieur à celui du premier âge du Fer. La crise se remarque à Saint-
Bonnet-du-Gard de 400 à 200 (docs.81 à 85) et à Villetelle de 250 à 150 (docs.99, 100).
Ce ralentissement des échanges évoque directement un épuisement des productions
plutôt qu’un blocage des débouchés, puisque le port de Marseille de tout temps n’a jamais
cessé de commercer. Il semble qu’il n’y ait jamais eu de « crise de Marseille » mais à
l’inverse qu’il y a eu une crise dans la périphérie.

125
Une crise structurelle
La crise économique a évidemment joué un rôle dans l’effacement momentané ou
définitif de certaines agglomérations. Mais le nombre important de ces disparitions sur un
temps prolongé est indicatif d’événements non conjoncturels, d’une remise en cause
fondamentale des structures précédentes, et donc d’un phénomène s’apparentant à une crise
structurelle.
Des sites s’effacent : Béziers en 300 (notice 6), Clermont-l’Hérault vers 250 (notice 9),
Durban vers 350 (notice 10), Gailhan vers 350 (notice 13), Laudun vers 400 (notice 15),
Marguerittes-Roquecourbe vers 250 (notice 18), Mèze en 400 (notice 21), Murviel-les-
Béziers dans le premier quart du IVe siècle (notice 22), Narbonne au IVe siècle (notice 24),
Peyriac-de-Mer en 300 (notice 28), Pézenas dans la première moitié du IVe siècle (notice
29), Sigean en 200 (notice 37), Villevieille au milieu du IVe siècle (notice 39). Des
agglomérations disparaissent définitivement (Clermont-l’Hérault, Durban, Gailhan,
Margueritte Roquecourbe), mais la plupart des autres reprennent leurs activités avec les
Romains et perdurent jusqu’à nos jours.

La crise structurelle qui a touché le Languedoc à l’âge du Fer a débouché sur des
restructurations, parce que c’était la seule façon d’assurer la survie d’un système pris dans la
trajectoire continue de la marchandisation croissante de l’économie méditerranéenne.

Des restructurations
Les restructurations, dont sans doute beaucoup nous restent inconnues, apparaissent
notamment dans la réorganisation de l’espace de certains habitats, avec la reprise des activités
sur des sites, ou au travers des mouvements de populations.

Certains sites élargissent leur espace et se mettent à fonctionner en bipolarité en


s’adjoignant un quartier bas, comme celui de La Livière à Narbonne (notice 24) ou le quartier
bas sur le Gardon de Saint-Bonnet-du-Gard (notice 32).
Des sites s’étendent dans la plaine, comme Nîmes (notice 25) ou Nissan-lez-Ensérune
(notice 26). D’autres se déplacent, comme La Ramasse qui se transporte à Peyre-Plantade sur
le trajet futur d’une voie romaine (notice 9).
Ces exemples témoignent d’un déplacement organisé vers la plaine qui laisse entendre
que la zone d’activités et d’échange se tient là dorénavant. Ce choix d’installation en plaine

126
signe l’abandon du « perchement » qui incarnait la « civilisation des oppida », sonne la fin
d’une séquence historique et l’entrée dans une autre.

Les activités reprennent sur certains sites. Les échanges recommencent à Mèze (notice
21) à proximité de la future Voie Domitienne, à Narbonne (notice 24) future capitale de la
Province romaine, à Poussan (notice 31) et Saint-Thibéry (notice 34) traversés plus tard par la
Voie Domitienne. On observe donc la relation entre la renaissance de ces sites et l’existence
de la voie romaine à venir.
Le plus important à remarquer reste sans doute le fait que les habitants des lieux ont
anticipé la présence future de la Voie Domitienne, laissant comprendre que la restructuration
socio-économique du Languedoc était déjà à l’œuvre avant l’arrivée des Romains et qu’elle a
précédé la conquête.

Les mouvements de population sont indicateurs de changements en profondeur


puisqu’ils sont synonymes d’exil, d’exode et de migration. Une étude effectuée sur les
variations démographiques en Provence, à partir d’estimations archéodémographiques, établit
la corrélation entre trois éléments en apparence contradictoires. La production céréalière
augmente dans la périphérie de Marseille, malgré l’érosion démographique que la périphérie
subit, le tout étant lié à l’essor de la population dans la cité phocéenne (Garcia, Isoardi 2010,
415, 422).
Ces données, confirmant la dépendance de la périphérie au centre par « la dépendance
des indigènes aux Grecs de Marseille » (ibid., 423), mettent surtout en évidence une crise de
société. Une crise qui entraîne la désertification des campagnes et un exode rural des paysans
que leur lopin de terre n’arrive plus à nourrir, parce que trop petit ou parce que perdu pour
« dette ». La périphérie se vide d’une partie de sa population qui migre vers la ville, procurant
là un exutoire momentané à la crise sociale. Mais cette migration est l’expression d’une
restructuration en fond du territoire, qui s’organise désormais autour de gros pôles urbains qui
ne cesseront de grossir sous les Romains et plus tard.
Les restructurations introduisent de nouveaux modes de fonctionnements, dont un des
plus importants paraît être une nouvelle gestion territoriale articulée autour des villes, en
substitution au décalage précédent entre le littoral et l’arrière-pays.
La restructuration autour du monde urbain, refuge des malheureux et des laissés pour
compte, constitue en même temps un formidable creuset où les populations confrontées au
métissage et à l’anonymat font l’expérience de l’Autre et l’apprentissage de la liberté

127
individuelle. Les mentalités évoluent au rythme accéléré de la ville, dans le cadre d’un monde
placé sous tensions politiques exacerbées à partir de la période hellénistique.

128
3. LES LUTTES DE POUVOIR EN MÉDITERRANÉE

Dans le jeu de balance de l’économie-monde de Braudel, les événements qui se déroulent


au centre se répercutent dans la périphérie : ainsi les « systèmes princiers » du nord et les
chefferies simples du sud ont enregistré les séismes en Méditerranée dont l’onde de choc s’est
propagée à l’ensemble des zones (Brun, Ruby 2008, 78).
Parallèlement, l’intensification du trafic maritime tisse une toile de plus en plus serrée
sur laquelle circulent les marchandises et les informations. La fréquence évaluée de quatre
bateaux mensuels à Lattes au IVe siècle (Py 1999, 654), laisse entendre que les informations
parviennent assez rapidement et que le Languedoc de l’âge du Fer n’est pas isolé des
nouvelles du monde.
Son entrée dans le système méditerranéen, fenêtre ouverte sur le vaste univers, l’expose
aux différents bouleversements qui s’y produisent.

Les conflits
Les puissants États méditerranéens de cette moitié du dernier millénaire se livrent une
bataille acharnée pour avoir le contrôle du commerce et pour affirmer leur hégémonie. La
seule participation attestée du Languedoc dans ces conflits entre « grands » concerne
l’initiative malheureuse des Élysiques de Narbo dans la coalition étrusco-carthaginoise
perdante à la bataille d’Himère en 480 avant notre ère.
Les guerres ont pour objectif d’imposer un nouveau rapport de force : les retombées de la
bataille d’Alalia (535) procure aux Massaliètes l’accès au Bassin occidental méditerranéen,
les victoires d’Himère et Cumes qui en chassent la flotte étrusque confortent la présence
grecque. Le conflit gréco-punique à partir du IVe siècle entame le long épisode des guerres
contre Carthage, que les Romains poursuivent et achèvent avec la destruction de la ville en
146 avant notre ère. Dans le bassin oriental, la guerre du Péloponnèse et la victoire de Sparte
(401) clôt définitivement le cycle de la domination athénienne en Méditerranée.

Dans cette conjoncture, il est important de rappeler « qu’Athènes a réussi à maintenir le


niveau des importations de blé au IVe siècle » (Finley 1984, 84), malgré le contrôle de la
route du blé de la Thrace par Sparte (387-386), malgré l’alliance des rois lacédémoniens et
des tyrans grecs de Sicile pour couper l’autre route du blé, et malgré le blocus d’Athènes

129
(376). Il paraît probable dans ces conditions d’encerclement, que les Athéniens aient fait appel
à des alliés sûrs disposant d’une route maritime et que Marseille ait pourvu à
l’approvisionnement d’Athènes. Cela fournirait une autre réponse possible au questionnement
qu’on se pose à propos des impressionnantes quantités de stocks céréaliers dans la périphérie
proche de Marseille. Cela pourrait encore expliquer les fluctuations d’échanges relevées au
Marduel (notice 32) et Villetelle (notice 38) proches de Marseille, ainsi que celles de
Perpignan (doc.115) où le blé pour Athènes aurait pu être convoyé via la diaspora grecque
d’Emporion, Ampurias en Espagne.

La crise généralisée du IVe siècle


Cette crise se traduit par la fin de l’emprise séculaire du monde égéen en Méditerranée
orientale qui provoque une série de crises et de réajustements.
En Grèce continentale, les conflits incessants pour l’hégémonie entre Athènes, Sparte et
Thèbes, affaiblissent suffisamment le pays pour faciliter la conquête de Philippe II de
Macédoine (338).
En Europe centrale, la disparition des systèmes princiers à la fin Ve siècle interrompant
les échanges avec la Grèce et la Grande-Grèce, assèche une partie des activités commerciales
de Marseille et entraîne l’appauvrissement des populations du Rhône et du littoral provençal.
Cet effondrement des systèmes princiers entraîne encore une crise démographique en Gaule
centrale (en Champagne) et provoque des mouvements de populations qui migrent en Italie
septentrionale ou encore plus à l’Est, bouleversant les itinéraires des routes commerciales
(Brun, Ruby 2008, 93 et 95).
Des crises écologiques viennent s’ajouter aux autres, dont l’épisode le plus connu est la
péjoration climatique en Europe entre 430 et 250 (ibid., 113). Des crises pandémiques se
propagent, dont la peste qui emporte Périclès (429) ou celle qui fait reculer les Carthaginois
en Sicile pendant la guerre gréco-punique (397).
Cette accumulation de crises ébranle le système et comme les autres crises structurelles,
celle-ci trouve une issue dans des restructurations. Mais dans le cas du IVe siècle en
Méditerranée, c’est une restructuration politique d’envergure qui offre un débouché rapide.

Le débouché par la recomposition politique


Au Ve siècle déjà, les États de Méditerranée orientale sont à la recherche d’une forme
politique dont les structures correspondent mieux à la dimension de l’économie-monde

130
archaïque et qui soit plus adaptée à la gestion du flux croissant du capital marchand : cette
transcroissance prend alors la forme politique de l’empire.
Cette première expérience en revient aux Grecs qui instaurent l’empire athénien de 478 à
431. La création de la Ligue de Délos en 478 (Finley 1984, 62) répond au constat que le cadre
institutionnel de la cité-État ne suffit plus pour faire face à la situation et que la question de
son dépassement se pose donc : Athènes seule, malgré sa richesse et sa puissance navale, n’a
pas les moyens de construire et d’entretenir les deux cents trières nécessaires à l’éviction des
Perses de la mer Égée. Le maintien de la Ligue de Délos après la victoire à l’Eurymédon (vers
466) montre que les cités réunies, ayant expérimenté la puissance d’une coalition, éprouvent
la nécessité de rester unies et de passer à une échelle supérieure pour gouverner un monde
devenu plus grand et plus riche.
Il faut remarquer, qu’au cours de ces recherches en quête d’un outil plus fort adapté aux
exigences du moment, Marseille se tient à l’écart de ce mouvement et se maintient jusqu’à sa
fin sous la forme d’une cité-État. En continuant à échanger avec sa périphérie, la Cité a sans
doute fait écran entre les populations locales et les bouleversements du monde extérieur,
réduisant peut-être la crise indigène des IVe-IIIe siècles à une réplique atténuée de la secousse
générale qui a secoué la Méditerranée au IVe siècle.
Mais l’empire trouvera sa forme la plus achevée avec l’empire romain. Après la défaite
de la dernière ville étrusque Volsinies (264) et la prise de Syracuse (212), Rome assure au IIIe
siècle sa domination sur toute l’Italie et l’ancienne Grande-Grèce.
Au IIe siècle, Rome conquiert le bassin oriental : déclare Délos port franc (166), détruit
Corinthe et la Ligue achéenne (146), hérite du royaume de Pergame légué par Attale III (133),
et transforme l’Asie mineure en une province romaine (127). Rome s’impose dans le bassin
occidental en sortant victorieuse des deuxièmes et troisièmes guerres puniques. Au Ier siècle,
la défaite d’Alexandrie et la conquête de la Gaule en 52 placent Rome à la tête d’un immense
empire administré selon les lois de l’état romain.

131
CONCLUSION

Le Languedoc protohistorique, en voie d’intégration dans l’économie-monde archaïque


qu’il ne maîtrise pas et pris dans un contexte politique qu’il subit, a été maintenu dans un état
de soumission. De plus, sa lente progression vers des formes d’organisation propres qui
auraient pu émerger à partir du développement du commerce régional a été interrompue par
l’installation de la Province et la colonisation romaine.
Si on permet une extrapolation anachronique, l’inachèvement de ce processus évoque à
beaucoup d’égards l’état inachevé de pays ayant subi la colonisation. Cette situation fait
penser à celle des pays que nous nommons de nos jours les « pays émergents ».
Il paraît alors intéressant en finissant ce travail de l’ouvrir brièvement à quelques
situations issues de ces pays, pour donner vie à une vision trop désincarnéee de l’histoire,
pour insister sur un moment charnière générateur d’un modernisme des rapports économiques
et sociaux, et aussi rappeler que dans la longue chaîne de l’histoire chaque période conserve
l’écho des orientations antérieures.

132
III. LE LANGUEDOC PROTOHISTORIQUE : UN PAYS ÉMERGENT

L’histoire est évolutive et ne se répète pas. Elle offre simplement des situations qui parfois
évoquent des ressemblances. Le rapprochement entre le Languedoc de l’âge du Fer et les pays
émergents actuels relève de ce domaine des similitudes. Il n’établit pas pour autant une
comparaison entre l’intégration d’une région périphérique dans « un fragment de l’univers »
(Braudel 1979, déjà cité) et l’absorption de zones entières dans la mondialisation
contemporaine.
Dans la postface de « La production des Grands Hommes », Maurice Godelier revisite
trente ans plus tard la société Baruya qu’il a commencé d’étudier en 1967 (Godelier 1996). Il
observe que les Baruya auxquels l’ONU a donné le statut de nation indépendante en 1975 ont
abandonné leurs valeurs traditionnelles, dont celle fondamentale pour eux de devenir un
« Grand Homme » par l’art de la guerre. Les Baruya, aimantés par l’argent, bien qu’ils ne
l’utilisent pas et le placent sur un livret de caisse d’épargne, se sont néanmoins rapidement
convertis à l’économie marchande (ibid., 363).
Ce constat sur la marchandisation rapide des esprits, alerte aussi sur la disparition des
sociétés primitives et le tarissement des apports directs de l’ethnologie à l’archéologie, qui va
devoir encore élargir davantage ses investigations en direction de l’antrhropologie sociale,
comme l’histoire, l’économie, la politique, la littérature...
Dans ce champ de recherche la littérature, même romancée, présente une tranche de vie
de la société et offre un reflet de la réalité à un moment précis. Dans ce sens, la littérature
africaine francophone actuelle, me paraît pouvoir devenir un bon relais. Les écrivains
africains, qui fabriquent leur présent, ressentent encore pour l’instant l’obligation de
transmettre et de fixer par écrit l’héritage de leur civilisation orale, comme l’a hautement
revendiqué Hampâté Bâ, à la tribune de l’ONU en 1962. Cette écriture apparue
majoritairement après la seconde guerre mondiale, retranscrit le passé lointain des sociétés
primitives depuis leur genèse, depuis les dieux des cosmogonies des différentes ethnies en
réincarnant des croyances enfouies et perpétuées par l’oralité. Cette littérature procure nombre
de renseignements sur les sociétés antérieures au colonialisme.
Les sources littéraires, plus encore que les données ethnologiques, sont à lire avec du
recul et à manier avec précaution, mais des modes d’organisation politique et sociale, de
développement économique inégal et des changements des mentalités, offrent des
ressemblances avec des formes de notre passé ou du moins avec celles de notre passé
« imaginé » (Wallerstein, exergue).

133
L’organisation politique

La chefferie africaine est une division territoriale autochtone antérieure à


l’administration coloniale qui en a repris le nom et l’usage. Elle se présente comme une entité
politique à part entière : «Avant d’arriver à cette localité, on devait passer à Gouban où
résidait Karibou Sawali, demi-frère puîné de Brildji et prétendant légitime à la succession de
la chefferie de Witou » (Bâ 1992, 170). C’est ici : « une chefferie Mossi du cercle de
Kandougourou » (Bâ 1994, 228), ou « Que feras-tu à Togobala ? La chefferie est morte.
Togobala est fini, c’est un village en ruine » (Kourouma, 1970, 181).
Les chefferies entretiennent entre elles des rapports hiérarchiques qui s’expriment par
une gradation des titres : « le chef de cette principauté peul, Idrissa Ouidi Sidibé, était l’un des
plus grands et des plus réputés parmi les chefs indigènes de Haute-Volta. En importance, il
venait immédiatement après le Moro Naba, empereur des Mossis » (Bâ 1994, 232-233).
Á l’inverse, certaines chefferies fonctionnent sans lien hiérarchique. Quelques chefs
africains sans pouvoir, à l’image des chefs amérindiens de P. Clastres ou mélanésiens de M.
Shalins, sont au service de leur communauté et ne dépendent que du jugement collectif :
« Notre chef ne sait pas commander, il a envoyé des hommes combattre sans préparation et
nous voilà vaincus. Malheur, Bizena (le dieu) aide-nous ! Le chef semble avoir compris toute
la machination. Il marche seul, abandonné, déserté. Il ne parle pas, ne prend même pas sa
propre défense, il écoute tête baissée » (Dongala 1987, 41).
D’autres chefferies, secondées par des intermédiaires conciliants, pratiquent la collusion
avec le colonisateur : « Enfin, lorsque le calme reviendra dans ce beau pays, une conférence
plénière se tiendra afin de discuter de l’avenir politique et économique du territoire. Et les
indigènes évolués se confondirent en remerciements comme cela se fait entre gens civilisés et
promirent de raisonner la population. Ils sortirent tous dans la cour pour une dernière poignée
de main » (Dongala 1987, 205).

L’organisation sociale
L’organisation sociale perpétue des modèles hérités « de sociétés encastrées dans les
rapports sociaux et les liens de parenté » (Polanyi déjà cité). Ainsi : « Confier son enfant à un
tiers était alors une coutume très fréquente dans nos pays, elle subsiste encore, mais tend à
diminuer en raison des conditions sociales et économiques » (Bâ, ibid., 295).

134
Ou encore : « Son successeur qui fut couronné en 1906 garda mon oncle marabout
auprès de lui et augmenta ses prérogatives. Il ajouta à son prestige en lui donnant une de ses
soeurs en mariage » (Bâ 1994, 113).
L’ensemble de l’organisation sociale, immergée dans la culture orale, privilégie la
parole : « Il avait oublié la réalité du pouvoir dans son pays, dans cette Afrique où l’acte et la
parole ne sont que les côtés d’une même chose, où l’on condamne un homme aussi
sévèrement pour l’opinion qu’il a exprimée que pour l’acte qu’il a commis. Oui, il avait
oublié qu’ici la parole n’était pas gratuite comme en Occident. Sinon, aurions-nous bâti toute
une civilisation sans écriture ? » (Dongala 1973, 125). Cette importance accordée à la parole,
donc à la parole donnée, me fait revenir sur la suspicion que j’avais à propos de la solidité des
engagements oraux passés entre les chefs locaux du Languedoc et les commerçants étrangers.

Un développement économique inégal


Certains faits relatent des traits d’archaïsme. Un événement daté des années 1933
montre, malgré l’emprise coloniale, que l’usage de l’argent n’est pas encore bien répandu en
Haute-Volta (actuel Burkina Faso) : « Je donnais au palefrenier cinq cents cauris, ces petits
coquillages blancs décoratifs qui servaient encore de monnaie à l’époque » (Bâ 1994, 86).
Un chef local, suspicieux à l’endroit de la monnaie et préférant revenir aux contreparties
en nature pour payer son tribut au colonisateur, répond au commandant de cercle : « Si le
commandant veut que je lui règle l’impôt que je dois à la France en chameaux, autruches,
bœufs, moutons, chèvres, mil, riz, beurre de vache ou même captifs, je peux le faire. Mais s’il
exige que je lui donne les galettes qu’il me montre là et qui sont cuites en France, alors c’est
qu’il veut la bagarre. » (ibid., 211).
Un autre trait d’archaïsme apparaît dans l’usage maintenu et renouvelé du principe de
redistribution. Un chef de Côte d’Ivoire, dans le but de gagner les faveurs de sa communauté
(en vue d’une élection) convie tous les membres de sa population à un grand rassemblement
et un immense banquet : « La veille des élections, Béma organisa un grand festin sur la place
du marché pour tous ceux qui dans leur vie n’avaient jamais, une seule fois encore, mangé à
leur faim, c’est-à-dire pratiquement nous tous. Il nous offrit d’avaler du riz bien cuit et
pimenté aux oignons et soumara, de déchirer de la viande avec nos canines. Nous nous
sommes ballonnés au point que nos ventres ont retenti comme la peau de tam-tam bien tendue
et longuement chauffée ; la générosité ne troubla point, ne changea en rien à nos décisions :
nous n’avons jamais eu la reconnaissance du ventre » (Kourouma 1990, 236).

135
Cette redistribution rappelle des situations connues à l’âge du Fer, parmi lesquelles celle
du fameux cratère de Vix contenant 1100 litres capables d’abreuver 4500 personnes, ou celle
d’un roi arverne du Ier siècle avant notre ère jetant des pièces d’or depuis son char, anecdote
contée par Poseidonios d’Apamée (Olivier, 2017, 42). On peut justement se demander si ces
exemples de redistribution étaient empreints des mêmes arrières pensées politiques que celles
fomentées par ce chef de Côte d’Ivoire ?

Un des traits les plus saillants de la modernité se manifeste par l’urbanisation et


l’excroissance des villes, qui ont transformé définitivement les manières de vivre et les façons
de penser des habitants : « On disait que c’était une cité immense avec des gens de toutes
races, de toutes ethnies et qu’on pouvait y disparaître aussi facilement qu’un grain de riz sur
une plage de sable » (Dongala 1987, 126).
La ville est le refuge des paysans sans terre et de tous les pauvres : « Il ne lui restait plus
qu’un endroit où aller, cette grande ville (Brazzaville) qui était devenue la capitale de l’État,
bâtie par les étrangers (ibid.).
En même temps, la ville est aussi un lieu de perdition et de perversion de toutes les
valeurs : « Les grands vols et la grande délinquance ne commenceront à apparaître qu’avec la
généralisation de l’argent et la pénétration de la civilisation moderne, et de préférence dans les
grandes villes » (Bâ 1994, 334).
Le phénomène urbain, porteur d’avenir mais aux effets contradictoires, plonge ses
racines dans l’exode rural et l’appauvrissement continu des producteurs : « Chaque fois que
l’année avait été mauvaise et les récoltes insuffisantes, les chefs de famille nécessiteux étaient
obligés d’emprunter l’argent de l’impôt auprès des gens aisés qui acceptaient de leur prêter en
échange d’une garantie sûre : ces pères de famille engageaient donc chez les prêteurs leurs
enfants en âge de travailler, jusqu’à ce qu’ils soient en état de rembourser leur dette » (Bâ
1994, 335). Ce constat fait penser à « l’esclavage pour dette » de la Grèce antique, laisse
imaginer les désastres causés par les crises du IVe siècle dans les campagnes de Gaule
méridionale et le dénuement de ceux qui sont venus grossir la population des villes, dont celle
de Marseille.

Outre l’emmêlement d’éléments archaïques et modernes, le développement économique


inégal sous dépendance institutionnalise la relégation des indigènes à un rang inférieur :
« quand ils iront manifester devant la maison du gouverneur pour dénoncer l’exploitation dont
ils sont victimes… on leur montrera un papier jauni. Ils liront que leurs aïeux ont bien cédé la

136
souveraineté du pays, qu’ils ont accepté par ce bout de papier de fournir un kilo d’ivoire pour
un kilo de sel, de faire des journées de travail non rémunérées, de livrer une quantité
mensuelle de caoutchouc et ainsi de suite, bref qu’ils ont accepté, soit par ignorance, soit par
cupidité, cet échange inégal qui restera longtemps la marque de leurs relations avec le pays de
ces étrangers » (Dongala 1987, 79-80).

Des comportements de colonisés


La plupart des chefs, comme on l’a vu pour ceux de l’âge du Fer en Languedoc, affichent
leur pouvoir en étalant leur richesse avec ostentation : « L’Eze Wosu d’Omokachi était peut-
être le plus richement paré. Les couleurs de son pagne étaient éblouissantes. Une femme
déclara que le pagne de Wosu constituerait aisément la dot d’au moins quatre futures
épouses » (Amadi 1993, 114).
Ils imitent les comportements du colonisateur en les caricaturant et les adaptant à leur
convenance : « C’était le prince Lolo qui arrivait, entouré par ses courtisans et ses griots, tous
à cheval, et suivi par une garde aussi armée que pour aller à l’attaque d’une fortification
ennemie » (Bâ 1994, 89).
Ils reproduisent la hiérarchie du système colonial pour un profit à court terme sans en
mesurer les effets de division à long terme. Hampâté Bâ signale l’attitude arrogante des
dirigeants des trois villes sénégalaises récompensées par la France pour la bravoure de leurs
tirailleurs à la guerre de 1914-1918 : « Ainsi par un phénomène plus ou moins consacré par
l’histoire, les auxiliaires des conquérants se considéraient comme des conquérants eux-
mêmes » (Bâ, ibid., 111).
Enfin, les populations confrontées à une civilisation qu’elles ressentent comme plus
avancée et qui les domine économiquement éprouvent un grand trouble, que même
l’acculturation ne semble pas résoudre : « Partagés entre nos désirs de posséder la culture de
nos colonisateurs et de redevenir nous-mêmes, nous ne savions plus qui nous étions »
(Dongala 1973, 235).
Il faut entendre ce traumatisme, et sans doute par récurrence le transposer aux populations
du Languedoc confrontées à une situation assez similaire.

137
CONCLUSION

Le cœur de l’activité commerciale, à l’âge du Fer en Languedoc, se tient en Méditerranée


dans l’espace de « l’économie-monde archaïque ».
Dès l’extrême fin du VIIe siècle et au début du VIe siècle, les courants commerciaux en
provenance des cités étrusques méridionales, de Grande-Grèce, de Marseille ou des régions
ibériques, sillonnent le bassin occidental méditerranéen.
Les accords qui réglementent l’emporía autour des années 550-530 avant notre ère
découpent la Méditerranée en plusieurs zones commerciales réparties entre les puissances
maritimes du moment. Ce découpage accorde la Ligurie et une partie du Languedoc au
commerce massaliète et laisse aux courants phénico-ibériques la portion depuis la rive droite
de l’Hérault jusqu’en Espagne.
Ces deux forces dominantes en Languedoc, après l’effacement du commerce étrusque,
sont en compétition et imposent l’hégémonie dans leur zone en intensifiant leurs échanges
commerciaux et en les stabilisant par des implantations communautaires. Chaque courant
stimule l’économie et laisse son empreinte culturelle dans la région au travers de productions
céramiques, de graffitis ou d’écritures différentes. Mais la concurrence vivace entre ces deux
aires économiques ne faiblit jamais et trouve son prolongement dans les accords de Marseille
avec Rome contre Carthage en 340 avant notre ère. L’explication de cette alliance par la
rivalité politico-économique entre Grecs et Carthaginois semble avantageusement remplacer
la légende qui veut que les Phocéens se sentent redevables envers Rome depuis l’accueil
généreux de Tarquin l’Ancien, alors roi de la ville (616-578).
L’ouverture du Languedoc au commerce représente l’étape préliminaire de son
intégration dans le système méditerranéen et le prélude à toutes les transformations qui ont
suivi.

La multiplication des circuits de redistribution des marchandises a augmenté les voies de


comunication, tissé un maillage du territoire qui a favorisé la propagation rapide du nouveau
mode économique. Les commerçants méditerranéens ont mis l’économie du Languedoc en
adéquation avec celle en vigueur en Méditerranée, accélérant ainsi son caractère marchand.
Les contreparties en nature ont joué le rôle de monnaies marchandises et donné naissance
à un type d’échange basé sur le donnant-donnant et une hiérarchie des objets. Ces échanges de
type marchand (Bonte, Izard), commencent à se monétiser en Languedoc à partir du IIIe

138
siècle avant notre ère, évoluant jusqu’à l’orée d’une économie moderne institutionalisée par la
monnaie.
La notion de monnaies marchandises remet en cause une des théories de l’économie
classique qui veut que l’homme se soit toujours adonné au troc et que la monnaie soit apparue
pour le faciliter. D’autres économistes qui réfutent cette vision de l’homme en appellent à
l’anthropologie et à Polanyi pour qui l’économie des sociétés primitives est encastrée dans les
rapports sociaux et les liens de parenté, gouvernée par de multiples formes de dettes qui
excluent le troc sinon en période de pénurie. D’ailleurs les exemples de troc recencés par les
anthropologues renvoient principalement à un code d’honneur pratiqué entre chefs et à des
échanges chargés de valeurs rituelles et cérémonielles (Malinowsky, Mauss).
L’échange marchand, exercé depuis la fin du VIIe siècle en Languedoc, se distingue de
toutes les autres formes d’échanges pratiquées jusque-là. Cet échange est inégalitaire parce
qu’il ne se déroule pas complémentairement entre producteurs comme au temps du commerce
lointain, mais entre des producteurs et les puissants marchands méditerranéens. Il l’est parce
qu’il repose sur le commerce et que ce dernier tire ses profits du décalage des niveaux de vie
entre les différentes zones du pourtour méditerranéen, pillant les régions pauvres au profit des
plus riches (Braudel). Il l’est parce qu’en faisant prédominer la valeur d’échange sur la valeur
d’usage, il établit une hiérarchie entre la marchandise et le produit, rabaisse le produit (fruit
d’un travail) par rapport à la marchandise (fruit d’une spéculation) faisant primer l’intérêt
financier sur le travail productif. Il l’est parce qu’il dévoie les mentalités en leur instillant la
primauté de l’argent, créant un danger déjà dénoncé par Aristote au IIIe siècle avant notre ère.
Cette économie marchande, dirigée par le capital marchand grec puis romain, a colonisé
tout l’espace de la Méditerranée au dernier millénaire, réduisant les acteurs en simples
pourvoyeurs d’un système en voie de généralisation.

L’inégalité économique a sa traduction politique et sociale. Le dénivelé social existe au


sein des sociétés du Languedoc de l’âge du Fer, où l’on a vu qu’une partie de la population est
utilisée comme main-d’œuvre pour le transport des marchandises, tandis que la fraction
dirigeante des chefferies profite des retombées du commerce.
La caractérisation sociale et politique de la chefferie reste difficile à cerner et donne lieu
à des débats de spécialistes (Testart 2005). Dans le schéma évolutionniste adopté ici, la
chefferie oscille politiquement entre l’organisation tribale et la mise en place des d’éléments
constitutifs d’un État archaïque.

139
Les chefferies du Languedoc, à la tête de petits territoires, directement soumises au
capital marhand méditerranéen bien avant toutes les autres régions de Gaule, ont choisi de se
soumettre et de se rallier au pouvoir dominant. Ces chefferies plus ploutocratiques
qu’aristocratiques ont en définitive laissé peu de traces de leur passage, tant dans l’exhibition
funéraire que dans l’édification d’ouvrages d’art.
Les événements qui se déroulent en Méditerranée ont des répercussions sur les
populations locales par le fait que leur intégration dans l’activité commerciale les soumet à
l’économie-monde archaïque et par le fait que la puissante et proche Marseille offre le seul
débouché possible à l’écoulement de leurs productions.
Enfin les conflits entre grandes puissances pour conquérir l’hégémonie, qui se soldent
par un changement de « leadership » en Méditerranée, se résument à la construction politique
de l’empire (grec et romain) qui provoque d’énormes perturbations dans tout le pourtour
méditerranéen. La dimension de l’empire, échelle à laquelle dorénavant se joue la partie
depuis le Ve siècle avant notre ère, relègue encore plus au dernier rang les petites chefferies
du Languedoc et assujettit encore davantage leurs populations.
Ce hiatus profond entre des forces disproportionnées fait penser à la position actuelle des
pays « émergents », tiraillés entre l’héritage de sociétés archaïques et la pression mondiale de
la « modernisation ». La littérature des pays africains, par exemple, exprime le désarroi vécu
par ces populations et nous transmet par retour une vision de notre propre passé, esquissant
une réponse au sentiment diffus que nous éprouvons pour nos ancêtres : si lointains mais aussi
si proches.

La mutation d’une économie archaïque vers l’économie marchande à l’âge du Fer en


Languedoc, à la vitesse accélérée de moins de cinq siècles, a été un épisode violent et plein
d’agressivité : « le mécanisme que le mobile du gain mit en branle ne peut se comparer pour
ses effets qu’à la plus violente des explosions de ferveur religieuse qu’ait connues l’histoire »
(Polanyi, 1983, 70).

140
ANNEXES

141
142
143
NOTICE 1

Le décompte des amphores, repris par G. Marchand et D. Garcia (1995) depuis les listes
d’inventaires laissées par A. Nickels, est présenté sous forme d’un tableau (doc.1) et de deux
documents iconographiques visualisant les taux moyens d’importation d’amphores (doc.2) et
le volume moyen des échanges (doc.3). Le (doc.1) correspond au tableau 1, p.100, les deux
documents suivants correspondent aux taleaux 2 et 3 p.101 (ibid.).
Le taux d’échange jamais inférieur à 22% (doc.3) indique un site fortement impliqué
dans les réseaux commerciaux depuis ses débuts. La courbe met en évidence un palier à 80%
qui reflète la main mise de Marseille sur Agde et deux périodes de relatif moindre échange.
La première déprise de 480 à 425 pourrait correspondre à la chute qu’on observe au passage
d’un courant commercial à l’autre (étrusque, marsséliète) et au temps nécessaire à la
réorganisation des réseaux. Mais cette latence particulièrement longue (cinquante-cinq ans)
pourrait illustrer les difficultés des commerçants massaliètes à s’imposer dans la région
d’Agde « un demi-siècle après la prise en main de Lattes » (Janin 2012, 149). Leur avancée
semble avoir rencontré des résistances non imputables à la concurrence étrusque, puisque ce
commerce s’efface autour de 475. Le fléchissement de la seconde période entre 300 et 150,
coïncidant avec l’arrivée du commerce italique et au changement de courant serait aussi dû à
la seconde guerre punique de 218-201 avant notre ère (Ugolini 2010, 150).

Agde occupe une petite butte basaltique de 10 m de hauteur sur la rive gauche de
l’Hérault, à 3,5 km de l’embouchure actuelle. Ce lieu, malgré un environnement anthropique
ancien, ne porte pas trace de fréquentation avant le milieu du VIe siècle, alors que les villages
immergés dans le fleuve (l’Ile, La Motte) en amont de la ville, livrent du matériel du Bronze
final IIIb. Les importantes nécropoles à incinérations du Peyrou (plus de deux cents tombes)
et du Bousquet, à cinq cents mètres et deux kilomètres au nord-est de la ville, datées de la
seconde moitié du VIIe siècle, témoignent d’une occupation ancienne dont on ne retrouve pas
les habitats correspondants. L’agglomération qui s’entoure d’un mur d’enceinte au VIe siècle
se dote d’un rempart au IVe siècle, redoublé au IIe siècle. Agathè, 4 ha, a bénéficié d’un vaste
programme édilitaire dont un reste de chapiteau de style ionique trouvé en aval de la ville
antique renverrait à l’existence d’un sanctuaire colonial (Garcia 1995a,149).

144
145
NOTICE 2

La fouille du Jardin d’Hiver entre dans le vaste programme d’études lancé par P. Arcelin
en 1983 sur Arles protohistorique. Le (doc.4) présente les résultats obtenus au Jardin d’hiver
et ne concerne que le volume d’échange du site (Arcelin 1995, fig.7A, 334, note 6). Les taux
d’amphores concernant toute la ville proviennent d’une autre source : « 12% d’amphores
étrusques au début du Ve siècle (Arcelin 2008, 110), puis la domination absolue du commerce
massaliète de 425 à 175 (ibid., 111), enfin la suprématie des amphores italiques « 94% après
175 » (ibid., 113). Cette dernière date correspond à celle de l’abandon du Jardin d’hiver.
Le (doc.4), calculé en nombre d’individus (NMI), met en évidence un gros volume
d’échange qui indique les grandes capacités commerciales d’Arles au Ve siècle. Cette forte
activité commence à s’éroder au IVe siècle et se poursuit une partie du IIIe siècle (Arcelin
2008, 111) : reflux que l’auteur attribue « au retrait des Marseillais vers le littoral » (ibid.).

Le Jardin d’Hiver est installé sur les pentes d’une éminence d’environ 50 m au-dessus du
Rhône où « une première présence indigène est bien attestée durant la première moitié du VIe
siècle avant notre ère » (Arcelin 1995, 333). L’établissement devient ensuite un comptoir
massaliète fondé vers 540-530 (Théliné) qui grossit dès 520-500, peut-être à cause de l’arrivée
d’une nouvelle vague de Phocéens en 545 (Arcelin ibid., 337). À partir de 425, une forte
présence indigène côtoie les populations grecques ou fortement hellénisées de
l’agglomération créant « une dichotomie socio-culturelle entre les deux grandes composantes
de la population » (Arcelin 2008, 112). Cette situation a visiblement engendré des conflits
puisqu’elle ne s’est pas résolue par une forme de mixité mais par l’affirmation indigène de la
ville « gérée vers 200 par des édiles majoritairement indigènes » (ibid.). Théliné prend alors le
nom celtisant d’Arelate « plus familier aux gens de la batellerie et aux commerçants qui
parcouraient le fleuve » (Arcelin ibid., 113). L’aide que la ville apporte à César dans sa guerre
contre Marseille lui vaut de devenir colonie romaine en 46 avant notre ère.

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NOTICE 3

Le relevé cadastral (doc.5) procure la vision d’ensemble d’un site composé de plusieurs
entités (Bussière, Feugère 1989, 86). Les documents 6, 7, 8 (ibid., 87, 89) présentent les
diverses proportions d’amphores du site : étrusques, massaliètes, italiques. Si le choix du
comptage par vingtaines, trentaines, centaines, fait bien ressortir la progression constante du
matériel amphorique jusqu’à la culmination italique, la méthode employée n’apporte pas de
chiffres précis et comporte l’inconvénient majeur de ne pas fournir de chronologie. Mais nous
savons que les amphores étrusques et massaliètes apparaissent en même temps vers 550 dans
la moyenne vallée de l’Hérault (Garcia 1993, 117), laissant supposer que celles du site
d’Aumes plus méridional datent d’un peu avant.

Le Pioch du Télégraphe, en limite de la basse et moyenne vallée de l’Hérault, est un


vaste site de 45 ha qui occupe les pentes du Lico-Castel à 85 m et le plateau des Mazes à 105
m, séparés par une dépression. Le lieu fréquenté au Néolithique et à l’âge du Bronze est
occupé de façon continue du Bronze final IIIb jusqu’à la première moitié du Ier siècle de
notre ère, dont la période la plus florissante commence au IIIe siècle. Le site recèle en
contrebas du plateau des Mazes des tombes à incinération des IIe-Ier siècles (Garcia 1993,
163). Il possède une maison gallo-romaine du Ier siècle avant notre ère, livre des pièces de
monnaies massaliètes et romaines, ainsi que des monnaies « frustes » (Michelozzi, Richard,
Rouquette 1976, 57). Il offre des vestiges de monuments publics (Garcia 1993, 313) dont un
chapiteau votif des IIIe-IIe siècles avant notre ère comportant l’unique dédicace gallo-grecque
du Languedoc occidental (Ruiz Darasse 2013, 28). Il resserre encore des sculptures parmi
lesquelles un lion en pierre à la crinière stylisée qui attise la curiosité.

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149
NOTICE 4

Les deux documents présentent l’inventaire du mobilier céramique trouvé lors de


sondages pratiqués au sommet de la colline (Dedet et al., 1978, 62, 51). La couche la plus
ancienne (doc.9) renferme du matériel du dernier quart du VIe siècle, la couche la plus récente
(doc.10) contient celui du Ve siècle.
Les amphores massaliètes s’imposent en Languedoc oriental vers 525, mais à la Redoute
à cette date, elles dépassent déjà du double les amphores étrusques. Cela témoigne d’une
éviction précoce des commerçants tyrrhéniens de la vallée du Rhône et de la détermination
des Marseillais à contrôler rapidement cet axe de communication majeur. Le volume des
échanges important et en progression indique « un site indigène normalement intégré aux
grands courants commerciaux qui touchent le littoral… et plus particulièrement intégré aux
commerces régionaux de la basse vallée du Rhône » (Dedet et al. 1978, 74).

L’oppidum, rive droite du Rhône, en aval de la confluence avec le Gardon, se tient sur la
colline de la Redoute qui surplombe à 45 m la ville actuelle de Beaucaire. Il succède à
l’oppidum de Triple-Levée (deuxième moitié du VIIe siècle) installé sur une colline proche.
La Redoute connaît trois occupations entrecoupées de hiatus : au Bronze final IIIb, au VIIe s.
et au VIe siècle jusqu’à nos jours (Dedet et al.1978, 33, 127). On retrouve trois nécropoles
des IIe-Ier siècles avant notre ère sur l’emplacement de l’habitat en plaine de la fin du IIIe
siècle, qui se transforme en grosse agglomération nommée Ugernum (Dedet, Py 2008, 93). À
la fin du second âge du Fer, cette agglomération devient une importante ville romaine d’où
partiront la Voie Aurélienne vers l’Italie et la Voie Domitienne vers l’Espagne.
Beaucaire, au gué du Rhône emprunté par les hommes pour circuler d’Est en Ouest, tire
son prestige d’une longue fréquentation humaine, dont les alentours renferment des vestiges
moustériens.

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NOTICE 5

Les documents (docs.11, 12, 13) sont extraits d’une publication parue en 1989 (Nickels
1989) : le (doc.11, ibid., 113), les (docs.12, 13, ibid., 115). Le (doc.14) est une reprise des
listes d’inventaires de A. Nickels par E. Gailledrat (Gailledrat 1997, 241).
Ce dernier document (Gailledrat, ibid.) où les appellations « puniques » et « grecques »
sont remplacées par les amphores ibériques et massaliètes, met en évidence des décomptes
d’amphores approchants (docs.11 et 14). En revanche, les taux d’échanges divergent parce
que le découpage chronologique n’est pas exactement le même (docs.13 et 14) et que les
modes de comptage diffèrent : ceux de A. Nickels « semblant calculés selon une méthode
autre que le simple comptage des fragments » (Gailledrat, Solier 2004, 434, note 52). En
opposition avec les calculs de A. Nickels (doc.11), ceux de E. Gailledrat et Y.Solier 2004
donnent à La Monédière un volume d’échange de 53% entre 540 et 500 (ibid., 422) et de 75%
entre 500 et 450 (ibid., 423). Pour la période ancienne (600-575) calculée par A. Nickels, le
volume des échanges de 18% (doc.11) dépasse celui de tous les autres établissements
contemporains. La progression constante des importations, la diversité des partenaires
commerciaux, font de Bessan un lieu d’échange très exceptionnel.

La Monédière d’environ 4 ha, sur une butte de 15 m de hauteur sur la rive droite de
l’Hérault baignant alors ses rives, se trouve à une dizaine de kilomètres du rivage marin au
nord d’Agde. Le site, non habité avant les premières années du VIe siècle, est occupé de 575 à
425, sa date d’abandon « coïncidant précisément avec la création d’Agathè » (Nickels 1989,
118). Malgré une occupation sporadique entre les IVe et IIe siècles, le site n’offre pas de
mobilier postérieur au Ve siècle : « il n’est plus qu’un village au moment de l’arrivée des
négotiatores italiens » (Nickels, ibid., 119). Le contexte archéologique renvoie à la forte
occupation de la basse vallée de l’Hérault à l’âge du Bronze final IIIb avec la présence d’une
nécropole à incinérations à huit cents mètres au sud-est, et des maisons à abside prouvant
« que des populations grecques étaient établies dans la basse vallée de l’Hérault dès le milieu
du VIe siècle» (Nickels 1976, 128).

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NOTICE 6

Le (doc.15) dresse l’inventaire des céramiques du Ve siècle (Ugolini, Pezin 1993, 85)
retrouvées Place de la Madeleine lors des fouilles pratiquées en 1985. Le (doc.16) synthétise
les taux d’amphores du centre ville au Ve siècle (Gailledrat 1997, 291). Le diagramme
(doc.17) souligne les principaux courants commerciaux qui ont touché Béziers aux Ve-IVe
siècles (Ugolini, Olive 1990, 122, fig.2).
La présence des amphores ibériques apparaît plus forte au centre ville (18%) que Place
de la Madeleine (14,59%) d’après les documents.16 et 15. Un découpage chronologique
resserré (doc.17) montre que les amphores ibériques sont majoritaires de 460 à 430 et que le
rapport s’inverse en faveur des amphores massaliètes ensuite, vraisemblablement en raison de
la création d’Agathè vers 425. On remarque encore (doc.17) que la progression des amphores
de Marseille n’interrompt pas les échanges avec les autres courants méditerranéens, conférant
à Béziers la caractéristique « du commerce à partenaires multiples des sites ouest-
languedociens » (Janin, Py 2012, 145).
Le taux élevé des échanges (doc.15) indique la place clef qu’occupe la ville, à proximité
du littoral et sur la route conduisant aux minerais de la haute vallée de l’Orb.

L’agglomération protohistorique sur la rive gauche de l’Orb, au sommet d’un éperon


rocheux à 68 m au-dessus du fleuve, se trouve sous la ville actuelle. Fondée dans la première
moitié du VIe siècle, elle atteint une superficie de 40 ha à la fin du IVe siècle. Brusquement
abandonnée vers 300, elle est réinvestie vers 200 par la population gauloise des Longostalètes
qui ont laissé des traces de monnayage et donné son nom (Betarra) à la ville actuelle. Elle est
devenue colonie romaine de la Province de Narbonne en 36 avant notre ère.
L’étendue du site dès ses débuts, 20 ha, plaide davantage en faveur d’un site indigène
qu’en faveur « d’un établissement grec », qui d’ailleurs ne livre « aucun graffiti grec »
(Ugolini 2012, 174). Néanmoins, nombre d’indices archéologiques (four de potier, ateliers de
céramique, lampes à huile, vaisselle attique) laissent envisager la présence d’une communauté
grecque.

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NOTICE 7

L’histogramme (doc.18) extrait d’un ouvrage sur les gisements lagunaires (Py 1985, 72)
synthétise des données présentées par secteurs de fouille dans la monographie sur la Liquière
(Py 1984). Le taux d’échange du site (doc.19) est intégré dans la moyenne générale des
échanges des sites de Vaunage (Py 1990, 66, fig.30).
Le pourcentage absolu d’amphores étrusques (doc.18) n’a rien d’étonnant puisqu’elles
sont les seules à exister à cette époque (625-550) et que celles de Marseille « n’apparaissent
pas à la Liquière avant la deuxième moitié du VIe siècle» (Py 1984, 274). C’est pourquoi la
baisse des amphores (doc.18) entre 575 et 550 interroge. On peut bien sûr envisager un déclin
du site, mais il semble qu’on doive relier cet événement à l’effacement des villages lagunaires
dont la disparition a obligatoirement entraîné un tarissement des livraisons. La chute des
importations est ici moins brutale qu’à Mauguio (doc.48) dans la même période, tendant à
prouver que La Liquière a déjà trouvé d’autres points d’approvisionnement. La moyenne des
taux d’échanges en Vaunage, quasiment égale à celle des lieux de débarquement sur l’étang
de Mauguio (doc.19) invalide l’idée d’un appauvrissement du site. En revanche, le
plafonnement des échanges autour de 10% à La Liquière et sa région (doc.19) qui semble
indiquer une incapacité à fournir davantage de contreparties pose question : ce déficit étant
surmonté sous le commerce massaliète (Py 1990, 162, doc.31).

Cet habitat de hauteur, sans enceinte, de 2 à 3 ha, regroupant entre 500 et 750 habitants
(Py 2015, 63) et installé à l’extrémité nord-est du plateau de la Liquière, domine la plaine de
Vaunage « ouverte sur la vallée du Vidourle au sud et limitée sur les autres côtés par un rang
continu de collines dont l’altitude moyenne est de 150 m » (Py 1972, 28). L’oppidum, qui fait
face à la colline du Roc de Gachonne occupé à l’âge du Bronze, est habité de 600 à 480. La
Liquière ouvre la liste des cinq oppidums de Vaunage « que l’on ne peut absolument pas
étudier l’un sans l’autre » : la Font du Coucou, Mauressip, Roque de Viou, les Castels à
Nages (Py, ibid., 15).

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NOTICE 8

Les comptages (doc.20) sont réalisés (Ugolini, Olive 2004, 67, fig.22) à partir du
matériel recueilli en surface et publié par F. Mazière (PCR 14-15, 1999).
Au sein d’un mobilier amphorique diversifié (étrusque, grec, ibérique) « les amphores
de Marseille dominent (55%-65%) et « représentent les deux tiers du matériel » (Mazière,
ibid., 388). La surprise vient de la quantité des importations : « 1,5 fois plus qu’au Cayla II à
Mailhac qui reçoit à cette époque 45% d’amphores » (ibid., 389). Comment en cinquante ans
d’existence ce petit oppidum de 600 m2 a-t-il pu accumuler autant de richesse ? Peut-être
celle-ci provient-elle de formes de péages prélevés sur les produits ou les personnes circulant
sur la route des minerais. À moins qu’il ne s’agisse d’actes délictueux qui expliqueraient la
brève existence du lieu ?

Fourquos Esquinos, à 18 km au nord de Béziers, implanté sur une barre rocheuse à 140
m au-dessus de l’Orb, connaît trois occupations entrecoupées de hiatus : une première
occupation au BFIIIa, une autre du VIe siècle à la première moitié du Ve siècle (525-480),
une dernière dans la première moitié du IIe siècle avant notre ère (Mazière, ibid., 389).
Placé à quatre kilomètres en amont de Murviel-les-Béziers, à la sortie du défilé de Réals,
on s’interroge aussi sur les rapports entre ces deux sites : en complémentarité ou en
compétition? On imagine plutôt que les prospecteurs de métaux ont joué la concurrence entre
eux, parce que les deux sites alliés auraient pu complètement obstruer le passage du défilé.

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NOTICE 9

Le document est extrait d’une synthèse des pourcentages d’amphores massaliètes de la


vallée de l’Hérault (Garcia 1990, 115, tab.4) puisque le site de La Ramasse, à l’exception de
quelques fragments étrusques, possède en majorité des amphores de Marseille (Garcia 1993,
197).
Le tableau (doc.21) montre une déprise de la moyenne vallée de l’Hérault à l’âge du Fer
auquel l’oppidum Saint-Gervais à Plaissan, plus méridional et aux arrivages plus diversifiés,
échappe un peu. Le volume d’échange de la Ramasse culminant à 8,2% entre 450 et 400
indique une activité commerciale ralentie et un grand isolement. Pourtant, son rempart « de
facture grecque » au tracé en crémaillère (Garcia 1993, 151) procure l’impression d’un
oppidum important, que sa position au croisement des voies terrestres reliant Nîmes à
Toulouse et le littoral à la Gaule interne aurait pu justifier.

L’oppidum d’environ 5 ha, au sommet d’une colline de 257 m, au sud de la ville actuelle
de Clermont-L’Hérault, est occupé en continu de 530 à 225 avant notre ère. La première
occupation (530-500) qui livre une quarantaine de stèles est assimilée à un sanctuaire
« héroïque et/ou naturaliste » (Garcia 2004, 108, Garcia 2009, 58). La seconde période (500-
400) n’a pratiquement pas laissé de traces. La troisième (400-375/225) au second âge du Fer,
correspond à la période la plus active qui voit l’édification du rempart (Garcia 1993, 35-40).
L’agglomération abandonnée au IIe siècle se déplace à Peyre-Plantade, un habitat de plaine
situé sur le tracé futur d’une voie romaine (ibid.).
Parmi les curiosités de La Ramasse figurent les stèles aniconiques et anépigraphes (deux
sont gravées) semblant renvoyer au sanctuaire de hauteur ayant peut-être présidé au choix de
l’emplacement de l’agglomération (Garcia 1992, 164). Leur réemploi dans le parement
intérieur de l’enceinte laisse en suspens la question de savoir s’il s’agit d’un geste iconoclaste
ou au contraire d’un rite propitiatoire, d’un acte visant à sacraliser le rempart ? Le rempart «en
baïonnette » et les banquettes basses des maisons, les monnaies retrouvées sur le site ou
accumulées en « trésors » dans les environs (Garcia 1993, 212), témoignent de la présence
d’une communauté grecque installée dans l’arrière-pays.

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NOTICE 10

Les deux documents présentés synthétisent les résultats des fouilles pratiquées par Y.
Solier dans les années 1980 sur différents secteurs du Calla. Le (doc.22) propose un décompte
des amphores pour la phase la plus ancienne du site de 525 à 450 (Ugolini 1997, 166, fig.6).
Le (doc.23) est un comptage du mobilier par Y. Solier lui même pour la seconde phase
d’occupation de 450 à 350 (Solier 1992, 352, tab.1).
Les amphores massaliètes, quatre fois supérieures aux amphores étrusques (doc.22) dans
la première séquence, ne représentent plus que la moitié des amphores ibériques dans la
seconde (doc.23), indiquant que l’augmentation du taux d’échange (de 3,60% à 17,57%) est
liée au développement des échanges avec les courants ibériques.

Ce très petit habitat de 70 ares environ, à une quinzaine de kilomètres du rivage


méditerranéen, se perche sur les contreforts des Corbières orientales à 182 m d’altitude. Créé
vers 525, occupé tout le Ve s., il est abandonné entre le milieu et la fin du IIIe siècle (Solier
1992, 351). Cet établissement présente un double aspect : agricole avec des restes de doliums
(Solier, ibid., 352) et acculturé avec un mobilier semblable à celui des « comptoirs
hellénisés » : 4,85% de céramiques attiques et à peine plus de céramiques non tournées qu’à
l’emporion de Pech Maho. L’auteur établit des correspondances avec les sites de Pech Maho à
Sigean et du Moulin à Peyriac-de-Mer, concluant que ces « trois habitats appartiennent au
même milieu culturel et économique » (Solier, ibid., 352). Sans doute Durban a-t-il abrité
quelque temps une petite communauté grecque comme cela a été le cas à Peyriac-de-Mer
(Granier 2004, 164). Cette présence étrangère pourrait encore être liée à l’exploitation d’une
source d’eau salée (Chartrain, de Labriffe 2008, 413) dont on sait malheureusement peu de
choses.

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NOTICE 11

Le (doc.24) présente les taux d’amphores de l’Argentière à Espeyran, calculés sur toute
la durée d’occupation du site et répartis en courtes séquences chronologiques (Barruol, Py
1978, 92). Le (doc.25) établit une comparaison entre les importations d’Espeyran et celles des
principaux habitats contemporains de 525 à 475 (ibid., 96). Le (doc.26) indique le taux
d’échange de l’Argentière par rapport à la moyenne des taux d’échanges des établissements
de l’arrière-pays (Py 1990, 163, fig.75).
Les échanges, quasiment en exclusivité avec Marseille, maintenus au volume de 55% à
65% pendant trois siècles, s’érodent doucement à partir de 200 pour s’abaisser aux environs
de 25% dans les années 100 avant notre ère. Mais par comparaison, ces résultats restent
encore très supérieurs à ceux de tous les autres sites de l’intérieur (doc.26).

La création de ce comptoir fluvial vers 525, occupé jusqu’à la période gallo-romaine,


construit sur une langue de terre haute de 7,5 m, incite au rapprochement avec Lattes, tant
pour sa construction au milieu des marais que pour l’éventualité d’un regroupement de
villages lagunaires au sein d’une grosse agglomération (Barruol, Py 1978, 95). Des mobiliers
identiques et dans des proportions proches de ceux de Theliné suggèrent aussi une fondation
directement liée à l’expansion phocéenne de 545 (ibid., 96). Espeyran, sur le bras occidental
du Rhône et Arles sur le bras oriental possèdent des traits en commun : une profusion
d’amphores de Marseille dès leurs débuts, un faciès non indigène où la proportion de vaisselle
non tournée décroît à l’Argentière de 18,8% à 5% en moins d’un siècle (ibid., 94). Mais ces
deux villes jumelles liées au commerce massaliète évoluent différemment : on remarque que
la baisse des échanges à Arles justifiée par « le « retrait des Marseillais sur le littoral »
(Arcelin 1995) ne touche pas Espeyran qui continue de prospérer.

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NOTICE 12

Le site, fouillé en 1975 par A. Nickels et publié plus tard (Nickels 1987), a fait l’objet de
nouveaux sondages par E. Gomez qui ont débouché (Gomez 2000, 161, tab.9) sur un
inventaire complet du mobilier céramique (doc.27) de 525 à 475. Le (doc.28) qui reprend les
décomptes précédents ne s’attache qu’au mobilier amphorique (Ugolini, Olive 2004, 62,
fig.8).
Le site de Montjoui, ouvert à plusieurs courants commerciaux (doc.27) possède un
volume d’échange élevé et démontre une étonnante activité, principalement avec le commerce
marseillais : « au VIe siècle une amphore sur deux est massaliète et le rapport augmente
encore au Ve siècle » (Gomez 2000, 168).

Montjoui, sur les bords de la rive gauche de l’Hérault, maintenant éloigné de deux
kilomètres, se situe à six kilomètres au nord d’Agde et à quatre de la Monédière à Bessan sur
la rive opposée. Il est à la pointe septentrionale d’un triangle qui relie trois pôles d’activité à
l’embouchure du fleuve (Agde, Bessan). Le site tirerait sa prospérité du passage d’une voie
protohistorique sur la rive gauche du fleuve, correspondant au parcours de l’ancien chemin
salinier « qui part du nord-est d’Agde et qui rejoint le bassin de Gignac » (Nickels 1987, 40).
L’oppidum à la fin du VIe siècle s’entoure d’un double système de fossés (Gomez, ibid., 170)
puis d’une imposante structure en basalte, assimilée à un rempart daté du premier quart du Ve
siècle selon A. Nickels (Nickels 1987, 37). Ces impressionnantes fortifications qui offrent
l’apparence d’un riche habitat indigène (tradition des fossés, posture ostentatoire) poussent à
se demander comment ce site, écarté du trafic littoral contrôlé par Agde et placé derrière
Bessan, a pu devenir si riche ? Sans doute tire-t-il sa richesse des contreparties agricoles
puisqu’il possède une grosse quantité de conteneurs de stockage (doc.27), mais peut-être aussi
provient-elle de prélèvements ponctionnés sur les marchands grecs ayant besoin d’avoir un
accès libre au fleuve pour leur commerce ? La chute rapide du site (525-475) pourrait
provenir d’une réaction des commerçants agathois contre des exigences jugées excessives ou
pour freiner la mégalomanie d’un chef ? On sait que la région d’Agde (480-425) a connu des
turbulences avant la création massaliète de Agde (notice1).

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NOTICE 13

Le relevé des amphores du Plan de la Tour (doc.29) résulte de trois années de fouilles de
B. Dedet à Gailhan (Dedet 1980, 105). Le (doc.30) sépare ce que l’auteur appelle le
commerce « régional » de celui du commerce à « longue distance » (Dedet, ibid., 113) et vise
à démontrer l’hégémonie du commerce massaliète sur la région. Le (doc.31) compare le taux
d’échange du site avec celui du Marduel à Saint-Bonnet-du-Gard et ceux des autres oppidums
de Vaunage (Py, 1990, 162, fig.74).
La moyenne du taux d’échange à Gailhan (doc.31) dépasse celle du Marduel légèrement
supérieure à celle de l’ensemble des sites de Vaunage, de 500 à 400. L’effondrement des
échanges à partir de 400 rétrograde Gailhan au-dessous de la moyenne de Vaunage, voire de
la région nîmoise présentée dans le document sur Nîmes (doc.57).

L’oppidum, situé à l’extrémité occidentale de la Vaunage, se tient sur un point


culminant à 150 m au-dessus du Vidourle, entre Sommières et Quissac. Il est occupé du début
du Ve siècle jusqu’à la deuxième moitié du IVe siècle (Dedet, Py 2008, 61-65) par trois
agglomérations successives : Gailhan 1 (525-450), Gailhan 2 (400-350) Gailhan 3 (300-250).
On observe, à partir du cas de Gailhan, que le commerce massaliète pénètre dans les terres
depuis les fleuves (Vidourle, Gardon, Cèze) et qu’il réussit bien sa progression vers les
Cévennes, à la recherche de minerais ou en vue de nouveaux contacts avec les régions
intérieures ? On remarque que le sort de Gailhan (doc.29) est complètement lié au commerce
massaliète : aucune autre catégorie d’amphores après 400. Cette dépendance du site au
commerce massaliète illustre la précarité et la vulnérabilité des établissements situés à la
périphérie.

168
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LATTES

170
NOTICE 14

Les taux d’importations des différentes catégories d’amphores, calculés en nombre de


fragments (NFr) et nombre de bords (NBd), présentés dans les documents (32, 33, 34, 35)
sont extraits du Dicocer 2 (Py et al.2001, 16, fig.2- 129, fig.15-86- fig.7- 98, fig.9). Deux
courbes (docs. 36 et 37) visualisent les variations d’importations d’amphores : la première de
Gailledrat 2008, 154, fig.105, la seconde de Py 1984, 265, fig.173. Les taux d’échanges
(doc.38), évalués par quart de siècle, suivent au plus près le volume des activités
commerciales de Lattes de 500 à 150 avant notre ère (Gailledrat 2010, 455).
Le commerce de Lattes, organisé en partenariat quasi exclusif avec l’Étrurie puis ensuite
avec Marseille, laisse très peu d’espace aux autres courants commerciaux notamment ceux en
provenance de la Péninsule ibérique (doc.36). L’acmé du taux d’échange (83%) entre 500 et
475, liée au commerce étrusque se situe peu après la création de la ville. L’autre point
culminant (62,6%) se tient sous le monopole massaliète dans les années 325-300 (doc.38). Ce
dernier document fournit encore deux renseignements importants : l’activité commerciale de
Lattes comme celle d’Espeyran n’est pas affectée par la crise des IVe-IIIe siècles, et son
volume d’échange, quoique élevé, décroît régulièrement depuis la création de la ville.

Lattara, estimée à 10 ha, construite sur une presqu’île entre deux bras du Lez, bordait
l’étang actuellement situé à environ 1 kilomètre. La première occupation connue des lieux
remonte au Néolithique moyen (village chasséen de 0,5 ha au nord du site), la seconde au
Bronze final IIIb, la dernière s’étend des environs 500 jusqu’à 200 après notre ère. La création
du port lagunaire de Lattes, plus ou moins contemporaine de celle d’Arles, Espeyran ou Le
Cailar, se distingue de ces trois ports fluviaux, notamment parce que la ville n’abrite pas une
communauté grecque mais étrusque (zone 27) qui « implante ou développe un comptoir au
service de son commerce » (Lebeaupin, Séjalon 2008, 60). Le rempart de fondation « resté en
élévation sur le même plan jusqu’à l’orée romaine » (Py 2008, 124) a nécessité un savoir faire
inconnu des populations locales d’alors et par comparaison avec le rempart d’Ortobello, celui
de Lattes paraît être de conception étrusque (Py 2009a, 51).
Les fouilles à la Cougourlude, sur les bords de la Lironde à moins d’un kilomètre au
nord-est de Saint-Sauveur, ont mis au jour un quartier étrusque qui confirme la présence des
marchands tyrrhéniens depuis le Bronze final, sans doute déjà installés là pour le sel : « le sel
pourrait avoir constitué une denrée majeure de Lattara » (Chartain, de Labriffe 2008, 426).

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L’immensité de La Cougourlude (près de 17 ha) incite à penser que ce site a pu constituer une
réponse collective de regroupement humain face à l’effacement des villages lagunaires. Dans
cette hypothèse, les populations auraient appris à gérer un grand espace et à inventer des
formes nouvelles d’organisation sociale qui auraient conduit (sous influence étrusque ?) à la
construction de Lattes. Mais des recherches en cours qui s’intéressent aux dynamiques
internes des sociétés indigènes apporteront sans doute bientôt de nouveaux éléments. Pour
l’instant, les chercheurs s’attachent à la question de l’antériorité de la Cougourlude et aux
rapports entretenus entre un gros site indigène et un grand comptoir méditerranéen sis côte à
côte et quelque temps en contemporanéité (Daveau, Py 2015).
Il se dégage de la riche documentation exhumée de Lattes des caractères spécifiques. Il
s’agit des premiers graffitis étrusques gravés sur les vases destinés à la communauté occupant
un quartier au VIe siècle et de grafittis grecs du IVe siècle. Les abécédaires qu’on suppose
destinés à l’apprentissage des enfants des communautés résidentes pourraient avoir servi à
dispenser un enseignement rudimentaire à quelques indigènes afin de faciliter les négociations
avec les responsables locaux? Ce contact ancien de Lattes avec l’écriture et son maintien
(inscriptions gallo-grecques, fin IIIe siècle) suggèrent un niveau culturel élevé, un peu
surprenant dans un comptoir indigène voué au commerce. L’introduction de la viticulture à la
fin du IIIe siècle a sans doute apporté de l’autonomie à la ville en lui permettant de
s’affranchir d’une partie des contraintes du monopole commercial massaliète d’alors, mais
l’initiation des indigènes à cette pratique a peut-être aussi participé de l’élévation du niveau
culturel général ? L’utilisation précoce de la monnaie (trésors d’oboles du IVe siècle), un
usage fréquent du monnayage à partir de la fin du IIe siècle (Dietler et al. 2008, 202, 206),
indiquent que des modes d’échanges plus sophistiqués que ceux basés sur le simple échange
des contreparties en nature se pratiquent dans les grands comptoirs, que l’argent y circule et
que l’économie est en évolution. Enfin la statuaire étant l’emblème d’une cité, on trouve à
Lattes la belle statue en ronde-bosse du « guerrier de Lattes », dont l’art maîtrisé fait
envisager la possibilité d’un sanctuaire emporique, vraisemblablement lié à la présence
étrusque (Py 2009b, 33). Les piliers et les stèles scellés dans la courtine du rempart (milieu Ve
siècle) ou réemployés dans des murs d’habitatation (IVe siècle) sont des pièces qui pourraient
renvoyer à un sanctuaire qui précéderait la fondation de l’agglomération (Garcia 2009, 57).

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NOTICE 15

Le mobilier provient de deux sondages (Goury 1997) qui ont mis au jour deux périodes
séparées par un long hiatus. Le premier tableau (doc.39) fait le décompte des céramiques du
Ve siècle (ibid., 133) et le second (doc.40) le décompte de celles du Ie siècle avant notre ère
(ibid.136).
Lors de la première phase, la quantité d’amphores massaliètes est sept à huit fois
supérieure à celles des amphores étrusques (Nfr, NMI). Lors de la seconde phase, le rapport
s’inverse en faveur des amphores italiques dans une proportion encore plus grande que la
précédente : de 1 à 9. Le volume des échanges augmente considérablement d’une période à
l’autre.

« Camp César » est situé en bordure orientale du plateau calcaire de Lacau, à proximité
immédiate du sillon rhodanien, au confluent des vallées de la Cèze et de la Tave qui sont
d’importantes voies de pénétration vers les Cévennes puis le Massif central » (Goury 2002,
755-765). Le vaste oppidum de 13 ha, entouré dès sa fondation d’un rempart de pierres sèches
de 475 m de longueur doté de grandes tours quadrangulaires, est occupé tout le Ve siècle puis
abandonné. Au Ier siècle une nouvelle agglomération voit le jour, dotée d’un nouveau rempart
entourant un habitat de 5 ha (Dedet, Py 2008, 77-80). Ce nouvel oppidum, sur le passage de
voies donnant accès à la Gaule intérieure, renaît sous l’occupation romaine, développe des
programmes édilitaires, prospère jusqu’à l’Antiquité tardive puis disparaît à la fin du VIe
siècle de notre ère.

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NOTICE 16

Les données proviennent de deux sondages : l’un pratiqué sous le cimetière par M. Py et
R. Roure et l’autre sous la Place de la Saint-Jean par R. Roure. Le tableau des décomptes
d’amphores (doc.41) intègre la séquence 500 à 450 récemment mise au jour (Roure 2010,
684, fig.504). Le (doc.42) compare les taux d’échange du Cailar avec ceux de sites
contemporains : Espeyran, Lattes, le Marduel, et les sites de Vaunage (Py, Roure 2002, 210,
fig.36, 1).
Le taux d’échange du Cailar (80%) dépasse ceux des autres sites jusqu’en 400-375 et
baisse vers 375-350 (doc.42). À partir de cette date, Le Cailar est supplanté par Espeyran qui
se maintient à un haut niveau d’activité jusque vers 100 av. n. è. (doc.26). Ce comptoir fluvial
tient un rôle de premier plan au Ve siècle dans le dispositif de redistribution du commerce
marseillais. Situé à 15 km d’Arles et d’Espeyran il participe du maillage de plus en plus serré
du territoire.

Le Cailar, au bord d’une lagune aujourd’hui comblée, est installé sur une petite butte
enserrée par les eaux du Rhôny et du Vistre. Sa date de fondation « non encore clairement
connue » ne semble pas remonter avant le dernier quart du VIe siècle et son occupation
semble durer jusqu’au IIe siècle (Roure et al. 2009, 152). Une des particularités du site réside
dans son rempart du Ve siècle, bâti sur un socle en pierre taillée surmonté d’une élévation en
briques de terre crue. Cette facture méditerranéenne évoque une fondation grecque du site, au
même titre que les comptoirs d’Arles et d’Espeyran. Comme à Arles plus tard, la population
locale semble s’être approprié l’agglomération au IIIe siècle, laissant contre le rempart un
espace rituel lié au culte des têtes coupées (Roure 2010, 685) et à celui des dépôts d’armes
(Roure 2011, 132).

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NOTICE 17

Un programme de recherche régional (PCR) développé de 1995 à 2001 a permis « une


reprise exhaustive de la documentation issue des fouilles anciennes menées sur Mailhac » par
Odette et Jean Taffanel et donné lieu à une nouvelle publication (Gailledrat, Taffanel 2002).
Les taux d’amphores du Calya pour la période 575 à 450 (Gailledrat, Taffanel 2002, 243) sont
présentés en NMI (doc.43). Ceux de la période 450 à 325 (Gailledrat 1997, 291) sont calculés
en NFr (doc.44). Le (doc.45) établit un classement typo-chronologique des amphores
massaliètes du site (Gailledrat 2002, 244, fig.218).
Le document (43) montre un site ouvert à plusieurs courants commerciaux, où les
amphores étrusques et massaliètes tiennent une place importante mais où elles sont
supplantées par les amphores ibériques. Le document (44) confirme le quasi monopole des
amphores ibériques. Le volume des échanges entre 575 et 525, d’environ 7% (Gailledrat
2004, 421), évolue entre 550 et 450 de 8% à 15% (Gailledrat, Rouillard 2003, 404) et
augmente de 33% à 45% vers 450 (Gailledrat, Solier 2004, 422). Cette progression continue,
confirme un cadre d’échange majoritaire avec les courants ibériques et rattache Mailhac au
contexte ibéro-languedocien.

Le site de Mailhac se compose de l’oppidum du Cayla et de l’habitat de plaine du


Traversant. L’oppidum est installé sur un relief de 144 m au pied duquel se tient le
Traversant. L’occupation du Traversant dure de 725 à 575 (Gailledrat, Poupet 2006-2007,
38), celle du Cayla s’étend du IXe siècle jusqu’à l’époque romaine et se subdivise en cinq
séquences.
Occupé au Bronze final IIIb (875-725) Cayla I descend au Traversant vers 725 et
remonte sur la colline vers 525.
Cayla II (525-450), d’environ 6 ha, s’entoure d’un rempart en pierre, mais conserve un
habitat en matériaux légers.
Cayla III (450-325) construit un habitat en dur et élève « une tombe de chef » au sommet
de l’oppidum.
Cayla IV (325-75) en continuité avec les phases précédentes connaît des avaries à
l’époque romaine, dont la destruction de son rempart qui ne sera pas reconstruit.
Cayla V dure de 75 avant notre ère jusqu’au début du IIe siècle de notre ère : époque où
le site est abandonné (Sanchez, Taffanel 2002, 210, 211).

Un des caractères particuliers du lieu tient à la proximité de trois grandes nécropoles


organisées en véritables villes : Grand Bassin I contemporain du Traversant, Grand Bassin II
contemporain de Cayla II, puis le Moulin.
Les autres curiosités consistent en sculptures : « le buste du Cayla », un ensemble sculpté
déposé dans une fosse au Traversant (Gailledrat 2009, 29), des dépôts funéraires comme
« l’urne cinéraire placée dans une petite construction de 6 m2 contenant des offrandes »
(Garcia 2003, 229). Des monnaies variées témoignent des échanges importants que Le Cayla
a entretenu avec l’extérieur, grâce à la place qu’il occupe sur une route directe reliant la plaine
narbonnaise à la vallée de l’Aude.

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NOTICE 18, Peyrouse

Le document (46) est extrait du « tableau de comparaison de la répartition des


céramiques à Peyrouse et quelques habitats de la région nîmoise : Roquecourbe (doc.47), le
Marduel (doc.79), Villevielle (doc.102), Nîmes-Mont Cavalier (doc.55) » pour la période
s’étendant de 525/500 à 450 avant notre ère (Py, Vignaud 1998, 193).
Les taux d’amphores massaliètes très élevés à Peyrouse s’additionnent à quelques autres
arrivages. Le taux d’échange doit être pondéré et évalué autour de 18% : « le nombre élevé de
tessons d’amphores est lié à leur utilisation pour paver la voie » (Py, Vignaud, ibid., 194).
Malgré cela, ce chiffre encore important maintient le site en bonne position derrière le Mont
Cavalier à Nîmes (doc.55) et juste après le Marduel à Saint-Bonnet-du-Gard (doc.79). La
présence de nombreux vases attiques, une proportion de vaisselle tournée supérieure à celle de
tous les sites environnants (Nîmes comprise), indiquent que Peyrouse, même de façon
éphémère, a été un lieu important de contacts et d’échanges.
Peyrouse, à l’habitat des VIe-Ve siècles mal conservé, se situe le long d’une voie
protohistorique régulièrement entretenue, dont l’orientation sud-nord fait se demander si elle a
relié cet habitat de plaine à un établissement de hauteur Roquecourbe (Py, Vignaud, ibid.,
192) mais la « contemporanéité des sites n’est pas confirmée par l’archéologie » (ibid.).
La proximité d’une voie préromaine, très empruntée entre Nîmes et le Marduel depuis le
gué sur le Gardon (ibid., 190), explique sans doute la prospérité de Peyrouse. Ce site vit
d’autres échanges que ceux tirés des activités agricoles (2,03% de doliums) et semble avoir
prospéré grâce au commerce qui se déroule le long de la voie

NOTICE 19, Roquecourbe

Le document (47) est extrait du même « tableau de comparaison de la répartition des


céramiques à Peyrouse et quelques habitats de la région nîmoise » (Py, Vignaud 1998, 193,
tab.V) pour la période de 525 à 450.
Le taux élevé d’amphores massaliètes (100%) relié au plus bas taux d’échange de la
région (8,48%) signale un site à l’écart des circuits commerciaux et évoque un isolement
semblable à celui de La Ramasse à Clermont-l’Hérault (notice 9).

L’habitat fortifié de 5 ha de Roquecourbe, sur une colline culminant à 196 m d’altitude, à


4 km au nord de Peyrouse, a connu trois occupations : au VIIe-VIe siècle, au Ve siècle, et à la
première moitié du IIIe siècle jusqu’à l’abandon vers 250 (Py 1977, 54).
Cet habitat tire ses contreparties de son terroir agricole (7,46% de doliums) mais parvient
mal à les échanger, sans doute parce que l’économie au IIIe siècle a pris des formes plus
complexes.
Les données montrent que Peyrouse et Roquecourbe n’ont pas fonctionné ensemble,
mais leur côtoiement éclaire le déroulement inégal d’une économie en transformation.

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NOTICE 20

Parmi la douzaine de villages qui jalonnent le bord septentrional de l’étang de Mauguio,


seules les cabanes de Tonnerre I et de La Rallongue ont été fouillées, délivrant du matériel du
dernier quart du VIIe siècle composé de quelques vases grecs, puniques, de bucchero nero et
de fragments d’amphores étrusques (Py 1985, 70). L’histogramme (doc.48) donne les
quantités d’amphores retrouvées sur le site de Mauguio (Py 1985, 72, fig.31, 1).
L’exclusivité (100%) des amphores étrusques de 625 à 600 s’explique par leur primeur et
l’absence de concurrence. Mais leur diminution de presque moitié de 600 à 525, sur un site
qui a possiblement été un lieu de livraison, pose question : ou les amphores massaliètes sont
parvenues massivement avant 525 à Mauguio (contrairement aux autres lieux en Languedoc)
ou plus vraisemblablement cette baisse enregistre déjà l’effacement en cours des villages
lagunaires dans la seconde moitié du VIe siècle (Py 1985, 77).

Les deux cabanes fouillées, le long d’une ancienne ligne du rivage lagunaire, se tiennent
aujourd’hui dans les terres à cinq cents mètres des bords actuels de l’étang de Mauguio :
Tonnerre I se place près de la ville actuelle, La Rallongue se rapproche du Vidourle à l’Est.
Tonnerre I recèle des vestiges du dernier quart du VIIe au troisième quart du VIe siècle (Py
1985, 69), ceux de la Rallongue datent des deux premiers quarts du VIe s. (ibid. 70). Les
villages lagunaires disparaissent entre 550 et 525 sous les effets conjugués de variations
eustatiques, d’une péjoration climatique et de raisons économico-historiques (ibid., 77). Or, la
disparition des villages pose le problème du devenir de leurs habitants : éparpillement ou
regroupement ? Les dimensions de la Cougourlude suggèrent plutôt une réponse dans le sens
d’un grand rassemblement humain (notice 14).

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NOTICE 21

La synthèse des comptages du mobilier protohistorique (doc. 49) récapitule les données
des fouilles exécutées par de D. Rouquette en 1988 (Rouquette, Ugolini 1997, 148, fig.23).
Le document présenté met en évidence l’écrasante majorité des amphores massaliètes et
un taux d’échange important. La grande quantité de doliums (11,45%) semble confirmer que
les « produits agricoles acheminés de l’arrière-pays constituaient une des contreparties de ce
petit port lagunaire » (Rouquette, Ugolini, ibid.). Néanmoins, d’autres chercheurs contestent
les chiffres donnés affirmant que : « les ensembles publiés ne concernent que le début du
second âge du Fer » (Gailledrat, Solier 2004, 423). Le lecteur comprend simplement que le
différend porte sur la durée de la domination massaliète que les auteurs précédents auraient
allongée par « excès d’hellénophilie » ? (Gailledrat, Solier, ibid., 434, note 57). Sinon, plus
prosaïquement, on s’interroge sur les raisons qui ont poussé les commerçants massaliètes à
choisir Mèze plutôt que Poussan comme l’avaient fait avant eux les commerçants étrusques :
à cause des conditions d’accostage de la lagune, à cause des bateaux de plus en plus gros, ou
peut-être sous la pression du profit incitant les commerçants méditerranéens à toujours
rechercher les partenaires les plus conciliants ?

Mesua, sur une butte de 6 à 7 m de hauteur, au milieu du rivage septentrional de l’étang


de Thau, connaît une première occupation au Bronze final IIIb qui livre des fragments de
céramique mailhacienne, une seconde aux Ve-IVe siècles, une dernière aux IIe-Ier siècles
avant notre ère qui laisse une nécropole à incinérations (Bermond 2002, 373).

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NOTICE 22

La reprise d’une collection ancienne par F. Mazière en 1999, issue d’un ramassage en
surface de J. Giry en 1968, est ici présentée par D. Ugolini et C. Olive (Ugolini 2004, 67,
fig.21) dans le document 50.
Ce document met en évidence une très faible présence d’amphores grecques, un nombre
assez important d’amphores étrusques et une majorité d’amphores massaliètes.

Hormis un texte sur les dépôts launaciens de Croix-de-Mus (Soutou, Arnal 1963), le site
du Mus ne fait pas l’objet d’une abondante bibliographie. L’établissement, à 14 km au nord de
Béziers, sur une terrasse gauche de l’Orb coulant aujourd’hui à cent mètres, se situe dans un
environnement immédiat très peuplé depuis l’âge du Bronze (Thérouns, Rieu-Sec). Le site est
occupé de la fin du VIe siècle au premier quart du IVe siècle (Ropiot 2009, 76). La
diversification des échanges (quatre flux commerciaux) s’explique sans doute par la proximité
de Béziers et/ou par l’emplacement du site qui fait naturellement barrage sur la route des
métaux à l’entrée du défilé de Réals, évoquant la possibilité de péages. La question des
relations, complémentaires ou compétitives, entre le Mus à Murviel-les-Montpellier et le site
de Cessenon-sur-Orb dans la fourchette 525 et 480 se repose (notice 8). Mais la position
respective des deux sites, évoquant celle de Bessan et Florensac, nous rappelle que souvent
l’habitat en arrière et le moins acculturé disparaît le premier (notices 5 et 12).

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NOTICE 23

Le (doc.51) est choisi parmi d’autres documents de la monographie de 1978 (Py 1978)
parce que la fouille du dépotoir J1 offre la plus longue séquence chronologique (250-125) et
recouvre la période la plus florissante de l’oppidum de Nages II (ibid., 325)

Les amphores italiques deviennent définitivement majoritaires vers 150 (couche 4), après
quelques fluctuations (couches 6, 5). Le taux d’échanges des Castels, autour de 10%, s’inscrit
dans la moyenne de la région nîmoise (doc.57, Py 1990, 161).

L’oppidum des Castels à Nages est précédé d’un habitat entre le Chalcolithique et l’âge
du Bronze. Il constitue le dernier des cinq oppidums formant « un même habitat qui se serait
déplacé » (Py 1972, 16, Py 1978, 25), en l’occurrence de la colline de Roque de Viou sur celle
des Castels. Cette hypothèse a été un peu modulée au profit d’une plus grande indépendance
des deux sites (Dedet, Py 2008, 29). L’occupation des Castels (Py 2015, 121) se divise en
trois périodes.
Nages I vers (300-275), Nages II ancien (250-175) Nages II récent 175-100), Nages III
ancien (100-70), moyen (70-30) et final (30 à 10 ap. n. è.). La première phase est mal connue,
la seconde représente l’apogée du site, la troisième entame le déclin de l’oppidum qui se vide
au profit de l’agglomération romaine au bas de la colline, à Nages, mais la population
perpétue un lieu de culte au pied de la tour centrale des Castels jusque vers 40 de notre ère.

Le site, à l’instar de celui de Roque de Viou II, rompt avec la tradition locale en édifiant
un rempart. Ce dernier, imposant, comprend cinq enceintes (Py 1978) entourant un habitat qui
augmente de 3 à 10 ha. Le caractère ostentatoire du rempart et un plan d’urbanisme
possiblement imité de celui de Lattes (Py 2009a, 126) enracinent l’oppidum dans une identité
indigène. L’érection d’une tour monumentale aux IIIe-IIe siècles, des marques de richesse
(monnaies), des maisons à plusieurs pièces (Py 2015, 161), semblent conférer au site un rôle
de « capitale » locale (Py 1980, 48).
Plus énigmatique reste l’ajout successif des murailles sans la destruction des précédentes,
quand il s’agissait de gagner de l’espace ? Outre la « théâtralisation » de la puissance par
l’exposition d’un dispositif massif de murailles, il semble que l’on doive s’interroger sur une
fonction spécifique des enceintes : comme si chacune d’elle conservait une mémoire et
commémorait un événement particulier, comme la succession des différents membres d’une
lignée ? La conservation de toutes les murailles symboliserait l’hérédité de la chefferie des
Castels de Nages, ou du moins « une fonction à caractère héréditaire du pouvoir » comme le
dirait A. Testart (Testart 2005, 95).
Les amphores retrouvées en quantités pratiquement identiques dans chaque maison
« n’est pas le signe d’un niveau de vie égal … mais celui d’une redistribution » (Py 2015, 64).
Ce qui plaiderait encore en faveur d’un pouvoir fort, perpétuant pour des raisons particulières
l’ancien principe de redistribution.

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NOTICE 24

Les comptages de céramiques sont effectués à partir du mobilier exhumé par les fouilles
de A.-C. de Chazelles à Montlaurès de 1989 à 1994. Le (doc.52) présente le double comptage
des céramiques de 525-500 (Ugolini 1997, 158, fig.1). Le (doc.53) établit l’inventaire (en
NFr) du mobilier céramique de l’ensemble du Ve siècle (Ugolini, Pezin, 1993, 82, tab.II). Le
(doc.54) concerne le mobilier après l’incendie des maisons vers 475 (Ugolini 1997, 159,
fig.2). Les décomptes d’amphores concernant la dernière période du site des IIe et Ier siècles
sont à paraître (Sanchez 2015).
Les amphores ibériques sont majoritaires et représentent le double voire le triple des
amphores massaliètes. La progression du taux d’échange est interrompue à cause sans doute
de la destruction des maisons à la fin du Ve siècle.

L’agglomération de Montlaurès, à 6 km au nord de Narbonne actuelle, se présente


comme un vaste ensemble bipolaire, composé d’une partie principale de 18 ha débordant sur
les versants d’une colline haute de 52 m et d’un quartier en plaine La Livière, de 2 ha, à
proximité d’un bras de l’Aude et d’un rivage marin lagunaire. L’occupation se déroule en
deux séquences entrecoupées par une désaffection. Lors de la phase I (550-460), l’habitat en
constructions légères, ceint d’un fossé, évolue vers un habitat lâche de maisons au
soubassement en pierre surélevé d’adobes. De grandes zones artisanales se développent,
notamment spécialisées dans le travail du corail et les activités salinières (Chartrain, de
Labriffe 2008, 411). Pendant la déprise (400-300) le site de hauteur se vide, peut-être au profit
de celui installé en plaine, « mais les preuves manquent » (de Chazelles 2003, 466-484). Dans
la dernière phase (150-50), sous l’effet combiné d’un regain démographique et de l’arrivée du
commerce italique, les échanges reprennent (monnaies), les nombreux « greniers » et
entrepôts laissent envisager la possibilité d’une production locale de vin et d’huile.
Néanmoins, le site de Montlaurès souvent proposé comme capitale des Élysiques « n’offre
pas de signes particuliers de richesses » (de Chazelles, ibid.).
Son caractère particulier tient davantage à une forme de religiosité ambiante : rites de
fondation (offrandes d’animaux, coquillages, galets, enfouis dans le sol des maisons),
coutumes rituelles (inhumations de nouveaux-nés sous les habitations), rites domestiques liés
au feu (chenets), pratiques des têtes coupées, dépôts d’armes dont « le casque de bronze de
Montlaurès » (de Chazelles 2011, 130-131).

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NOTICE 25

Le (doc.55) est extrait du tableau de comparaison de cinq sites de la région nîmoise entre
525/500 et 450 (Py, Vignaud 1998, 193m tab.V). Le (doc.56) donne le mobilier recueilli dans
un sondage au Mont Cavalier et daté des environs 400 (Py 1981, 60, tab.I). Le (doc.57) établit
la moyenne des échanges des deux âges du Fer dans la région nîmoise qui comprend la
Vaunage, le Bas-Rhône, le littoral à l’exception de Lattes (Py 1990, 65 et 161).
Les amphores massaliètes dominent dans la première moitié du Ve siècle (doc.55) et
obtiennent le monopole dans la seconde moitié du Ve siècle (doc.56). En dépit de cela, les
amphores étrusques résistent bien toute la première moitié du Ve siècle au Mont Cavalier
(doc.55), mieux que dans les sites de Peyrouse (doc.46) et Roquecourbe (doc.47) à
Marguerittes, ou celui du Marduel à Saint-Bonnet-du-Gard (doc.79).
L’énorme volume d’échanges de Nîmes (docs.55, 56) au-dessus de la moyenne de la
région nîmoise (doc.57) indique la place importante qu’occupe déjà la ville dans le commerce
régional.

Le premier habitat, fin VIe-Ve siècles, en matériaux légers, s’étend autour de la source
de La Fontaine et sur les pentes méridionales du Mont Cavalier. Fin Ve-IVe siècles, des
maisons en pierre et une première enceinte apparaissent. Fin IIIe siècle, une tour
monumentale en pierres sèches est érigée au sommet : la Tour Magne, chemisée à l’époque
augustéenne est parvenue jusqu’à nous sous cet état. La ville s’agrandit à l’Ouest (quartier
Canteduc) et au Sud où elle s’entoure d’un fossé marquant les limites d’une agglomération de
20 ha. L’extension vers la plaine (quartier Languissel, chemin du Grézan), entamée aux IIe et
Ier siècles avant notre ère se poursuit avec la construction d’un nouveau rempart doublé de
deux fossés (Py 2011, 84-85).
Nîmes (Némausus), née d’un culte de l’eau voué à la source de la Fontaine, conserve des
vestiges à connotation plus ou moins religieuse : « inscriptions gallo-grecques illustrant
certains rituels de la fin de l’âge du Fer » dont celui des têtes coupées. La ville possède une
statuaire à forte charge symbolique : des linteaux ornés de la fin IIe siècle, la statue-stèle de la
Tour Magne, le guerrier de Grézan du Ve siècle, une statue d’accroupi du IIe siècle à Villa
Roma (ibid., 89).

192
193
NOTICE 26

Les documents présentés proviennent d’une source unique : Ugolini, Olive 2004, 67. Le
(doc.58) concernant le Ve siècle, s’appuie sur les résultats des fouilles de 1965 (zone W,
niveau II/I) et d’un inventaire (inédit) de F. Mazière (ibid., fig.27). Les décomptes
d’amphores des deux autres documents (59 et 60) s’appuient sur le mobilier extrait de la
fouille de l’Insula VIII-Est par C.-A. de Chazelles et M.-E. Bellet en 2000, concernant les
niveaux deuxième moitié IVe-IIIe siècles et IIIe siècle (ibid., fig.24, fig.25). La
documentation, quoique disparate et lacunaire (absence de la première moitié du IVe s.),
reconstitue des synthèses de comptages qui n’existent pas dans les rapports de fouilles de J.
Jannoray.
Le site, très ouvert à de nombreux apports extérieurs (objets grecs et celtiques), reste
sous l’influence dominante du courant commercial massaliète au Ve siècle et sous celle des
courants ibériques dans la seconde moitié du IVe siècle et au IIIe siècle.

L’oppidum qui surplombe l’étang de Montady (asséché et exploité pour son sel au
Moyen-Âge), sur une étroite plateforme sommitale bordée de falaises sur les flancs nord et
est, domine la plaine entre Béziers et Narbonne à plus de 100 m de hauteur. L’habitat,
alimenté par une source pérenne au pied de l’escarpement septentrional, occupe le sommet de
la colline et les terrasses supérieures des pentes nord et sud. Le site, habité en continuité
depuis le VIe siècle, maintes fois remanié, bouleversé par de nombreuses fouilles, offre une
lecture mal aisée. C’est une des raisons pour lesquelles la plus grande majorité des chercheurs
se réfèrent à la chronologie fixée par J. Jannoray (1955) qui distingue trois étapes : Ensérune I
(550-425), Ensérune II (425-225), Ensérune III (225 à 100 après notre ère). La première phase
mal connue laisse une nécropole « archaïque » à l’écart des habitations dans le quartier ouest
(Dubosse 2007, 142). La seconde phase comprend un habitat en dur, une enceinte autour du
plateau supérieur (Barruol 1985, 65-66), des silos, une nécropole « ibéro-languedocienne »
sur la lisière du plateau nord et ouest (Dubosse, ibid. 145). La troisième période est celle de la
plus grande extension du site, les constructions débordent de l’enceinte, couvrent les pentes
des terrasses, s’installent sur l’emplacement de l’ancienne nécropole, reléguant le quartier
funéraire au sud-est (ibid. 149). Les silos, qui dépassent la centaine (Garcia 1987, 79-88), sont
répartis sur l’ensemble de la colline mais se concentrent surtout à l’est de l’éperon qui en
regroupe soixante-seize (Gallet de Santerre 1980). Ces silos ont accompli les fonctions de

194
stockage de grains et de réserve d’eau. Les « silos-citernes » du IIIe siècle ont sans doute
supplée au débit devenu insuffisant de la source à cause de l’explosion démographique.
L’adhésion quasi générale aux thèses de J. Jannoray soulève de nos jours quelques
objections (Ugolini, Olive 2013, 349/ Bellet 2006-2007), dont une des propositions les plus
plausibles serait de changer la date d’édification de l’enceinte : au milieu du Ve siècle plutôt
qu’au IVe siècle, au moment du changement d’urbanisme (Dubosse 2000, 201).
Ensérune, importante agglomération à la fin de l’âge du Fer, conserve un médaillier riche
d’un millier de monnaies, des graffitis sur céramiques, des armes celtiques (Fiches 2002, 118)
et de nombreux vestiges d’édifices publics dont une grande salle hypostyle (Garcia 1992b).
Mais c’est l’usage précoce et régulier de l’écriture : étrusque (un graffito), grecque (vingt
graffitis), paléohispanique (huit cents inscriptions), latine au Ier siècle avant notre ère (Ruiz
Darasse 2013, 34) qui fait que ce site « n’a rien d’équivalent ni dans la région, ni en Gaule »
(ibid., 31). Pour cela, Ensérune occupe la seconde place derrière le site d’Azaila (vallée de
l’Ebre) en matière de documentation épigraphique paléohispanique. L’omniprésence de la
langue ibérique à partir des IVe-IIIe siècles (plaque de plomb, pierre inscrite de plusieurs
lignes, semi-syllabaire en Paléohispanique levantin) signifie une implantation ibère sur les
lieux. Mais cela n’explique pas (des communautés ibères sont présentes à Pech Maho)
pourquoi Ensérune possède tant de vestiges épigraphiques. L’auteur (Ruiz Darasse, ibid.)
évoque « la limite extrême du courant phénico-punique ». Cela signifierait-il que la frontière
entre deux mondes culturels a été marquée de façon ostentatoire pour afficher une
supériorité ? Comme cela fut le cas à notre époque avec la vitrine attractive de Berlin ouest ?
Quoi qu’il en soit, la persistance de l’écriture plusieurs siècles durant témoigne de la présence
régulière d’une élite cultivée (étrangère, acculturée, ou les deux) et de l’existence d’une élite
fortunée (grandes maisons, édifices publics) dont le maintien pourrait avoir débouché sur une
gestion « aristocratique » voire semi-étatique de l’agglomération ?

195
196
PERPIGNAN

197
NOTICE 27

Les dix documents (61 à 70) extraits de la monographie de R. Marichal et I. Rébé


(Marichal, Rébé 2003) répertorient en double comptage (NFr, NMI) toutes les céramiques par
tranches de 25 ans. Les tableaux présentés ici, pour la période de 600 à 100 avant notre ère, ne
concernent que les catégories d’amphores ( ibid., 83 à 116 : fig.81, 85, 87, 91, 97, 100, 102,
106, 109, 111)
Les tableaux révèlent des arrivages minimes d’amphores grecques orientales, étrusques
et massaliètes au VIe siècle. Ils montrent que les amphores de Marseille restent toujours très
minoritaires avant de disparaître au IIIe siècle, que les amphores ibériques s’imposent
massivement à partir du Ve siècle et que les amphores italiques stagnent jusqu’en 100
(doc.70).
Le volume des échanges a été calculé de 600 à 325 (ibid., 118). La courbe indique la
quantité des amphores par rapport au total de la vaisselle, en NFr.

Ruscino d’environ 7 ha, d’un nom sans doute d’origine phénicienne (CAG 66, 443), sis
sur une petite éminence de 10 à 12 m de hauteur, sur la rive droite d’un ancien lit de la Têt
qui a changé plusieurs fois de cours, se trouve à 5 km du rivage marin actuel. Le lieu occupé
au Néolithique final et à l’âge du Bronze final IIIb, réinvesti à l’âge du Fer pour une période
de cinq siècles avant notre ère, peut-être la capitale des Sordes (Marichal, Rébé 2004, 266),
est ensuite réoccupé à la période gallo-romaine. On relève sur le site des tombes du Bronze
final, une tombe protohistorique, des graffitis grecs des Ve-IVe siècles et un plomb écrit en
Paléohispanique.

198
199
NOTICE 28

Les comptages sont réalisés (Ugolini, Olive 2004, 72) à partir des comptes-rendus des
fouilles effectuées par Solier et Fabre en 1969. Le décompte d’amphores en NFr (doc.71)
provient d’un sol daté du IVe siècle (Ugolini, Olive, ibid., 72), celui calculé en NMI (doc.72)
provient d’un sol daté de la deuxième moitié du IVe siècle (ibid., 72).
Les amphores massaliètes au IVe siècle sont majoritaires (doc.71), mais le rapport
s’inverse dans la deuxième moitié du siècle au profit des amphores ibériques (doc.72). Le
volume des échanges dans cette dernière période est estimé à 13% (Ugolini, Olive 2004, 72).
Une nouvelle étude du site du Moulin à Peyriac-de-Mer (Granier 2004) évalue au IVe
siècle la proportion des amphores massaliètes à 45,4%, celle des amphores ibériques à 41%
(Granier, ibid., 161) et le volume des échanges à 18% (ibid., 143).

Le Moulin, site de moins de 1 ha, occupe une petite éminence rocheuse de 15 m, au bord
de l’étang de Bages-Sigean alors en communication avec la mer. La principale phase
d’occupation, après quelques traces du VIe siècle, se situe au IVe siècle et s’achève par un
incendie aux environs de 300. La caractéristique du site est de commercer avec les
Massaliètes plutôt qu’avec les courants ibériques, contrairement aux autres sites du
Narbonnais. Des indices, comme 65,7% du mobilier céramique importé, des graffitis grecs, de
la céramique grecque au sein de la vaisselle de cuisine, incitent à poser l’hypothèse « d’une
présence sur place de personnes issues du monde grec » (Granier ibid., 115, 164).
Le Moulin se situe dans un contexte archéologique ancien qui livre trois grandes lames
de hache du Néolithique dans la presqu’île du Doul à Peyriac-de-Mer, attestant d’une
intégration dans les longs circuits d’échanges liés à la production salinière (Chartrain, Labriffe
2008, 409).

200
201
NOTICE 29

Les taux d’amphores sont établis d’après les calculs de J. Giry, à partir de sondages
pratiqués par lui en 1968 (Ugolini, Olive 2004, 64). Les synthèses sont présentées par les
(doc.73, ibid., 64) et (doc 74, ibid, 64) .
Fin VIe et début Ve siècle (doc.73) les amphores étrusques n’existent quasiment pas
tandis que les amphores massaliètes dominent et s’imposent encore tout le Ve siècle (doc. 74).
Cette présence majoritaire de 525 à 400 signale le passage de la vallée de l’Hérault dans
l’orbite massaliète au VIe siècle, indiquant que l’emporion d’Agde contrôlait déjà le
commerce avant la création du comptoir massaliète en 425.

Saint-Siméon, planté sur un petit plateau à 94 m d’altitude, à 300 m à l’Ouest de la


nécropole protohistorique de Saint-Julien, est un site bipolaire qui s’étend sur deux hauteurs
séparées par une dépression. L’oppidum, après une occupation au Bronze final IIIb, est
occupé de la fin du VIe siècle à la première moitié du IVe siècle. Un mur à simple parement
construit début Ve siècle (4 m de largeur et 2,5 m de hauteur conservée) ceint la plateforme
sommitale d’une superficie d’un peu moins de 2 ha (Feugère 2002, 328, 329).
L’abbé Giry, en découvrant l’oppidum de Saint-Siméon pensait avoir trouvé l’habitat
correspondant à la nécropole de Saint-Julien (Giry 1970, 3).

202
203
NOTICE 30

Le tableau des pourcentages d’amphores (doc.75) des Gardies (Raynaud, Roux 1983, 48)
résulte de trois campagnes de fouilles effectuées de 1978 à 1980.
Lors de la phase 1 (550-500) le site est ouvert à quatre courants commerciaux à parts
presque égales, malgré un léger avantage aux amphores étrusques. Dans la phase 2 (500-450),
les amphores massaliètes dominent. Dans la phase 3 (450-400), les amphores massaliètes
s’imposent de façon quasi exclusive faisant disparaître les amphores grecques et ibériques.
Le volume des importations, selon un mode de calcul différent de celui habituellement
pratiqué (amphores plus vaisselle fine), met en évidence des capacités d’échanges importantes
: 28,7%, 38,9% et 30,82% (ibid., 48, note.35). L’activité commerciale du site s’explique sans
doute par sa position géographique, à proximité du littoral, à la croisée d’un chemin salinier et
du grand axe terrestre de circulation est-ouest. L’intégration de l’oppidum dans la sphère
massaliète comme dans d’autres endroits, a fait disparaître les échanges « lointains » au profit
du commerce régional avec Marseille.

Les Gardies, sur une colline haute de 180 m, se situent dans la zone méridionale des
garrigues à 12 km de la mer. L’occupation de l’oppidum dure un siècle et demi, du milieu du
VIe siècle à la fin du Ve siècle. Le site possède une enceinte de pierres sèches montée en
appareil fruste (sans fondations, en blocs bruts disposés en tout sens), datée du dernier tiers du
VIe siècle, qui la rend donc contemporaine de celle de l’oppidum du Marduel à Saint-Bonnet-
du-Gard.

204
205
NOTICE 31

Le tableau de synthèse (doc.76) est élaboré par D. Ugolini et C. Olive (Ugolini, Olive
2004, 61, fig.2) à partir des prospections de surface de D. Rouquette et I. Bermond pendant
les années 1998 et 1999.
L’ancienneté du site (550-475) explique la forte présence d’amphores étrusques, mais
leur grande quantité laisse penser que Puech Gayès se situe près d’un lieu de débarquement
sur l’étang de Thau et que les amphores remontent jusqu’au site par l’affluent de la Vène qui
coule à ses pieds.

Le Puech Gayès, au sommet entouré d’une enceinte circulaire de pierres sèches, abrite un
habitat perché à 74 m, d’une superficie d’environ 1,5 ha. Habité au Chalcolithique, vaste
habitat au Bronze final IIIb, le site est brièvement occupé au premier âge du Fer. Le passage
plus tard de la Voie Domitienne lui redonnera vie et en fera un établissement de 4 ha
(Bermond 2002).

206
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SAINT-BONNET

208
209
NOTICE 32

La sélection de onze documents (docs. 77 à 87), parmi la volumineuse documentation


consacrée à la stratigraphie du Marduel (Py, Lebeaupin, 1986-1994), répond à la volonté de
suivre l’évolution historique du site de 625 à 100 avant notre ère, depuis les phases VIA à
IIB2 en adoptant le découpage proposé par séquences d’un quart ou d’un demi-siècle. Les
documents qui ne font apparaître que les quantitités d’amphores ou de doliums ont été
tronqués et ont subi deux contractions chronologiques : le (doc.79) synthétise les phases (VA-
VB), le (doc.80) rassemble les phases (VC-VD-VE) entre 450 et 400, dans le but de dégager
le tableau suivant.

Tableau récapitulatif

Documents Phases Chronologies Catégories Taux échanges Pourcentages


majoritaires de doliums
77 VIA 625-550 A. ETR 1,60% 0,10%
78 VIB Vers 525 A. MAS 15,13% 2,57%
79 VA-VB 525-450 " 23,41% 6,15%
80 VC-VD-VE 450-400 " 22,40% 23,9%
81 IVA 400-375 " 15,71% 3,41%
82 IVB 375-300 " 13,51% 5,66%
83 IIIA 300-250 " 9% 14,30%
84 IIIB 250-200 " 7,9% 8,85%
85 IIA 200-175 " 6,6% 4,7%
86 IIB1 175-125 " 7,4% 5,2%
87 IIB2 125-100 A. ITA 12,5 2,7%

Ce tableau montre l’effacement du commerce étrusque vers 525 et met en évidence les
« quatre siècles d’amphores massaliètes » (Py 1978b) de 525 à 125. On remarque encore les
échanges étiques avec la Péninsule ibérique et l’arrivée du commerce italien fin IIe siècle et
début Ier siècle.
À l’inverse de nombreux oppidums de la région, le Marduel ne connaît pas d’effacement
malgré des incendies. Ses taux d’échanges légèrement inférieurs à ceux de la moyenne de la
région nîmoise (doc.57, Py 1990, 65, 161), sont élevés sous le commerce massaliète et

210
tombent en dessous de 10% à partir de 300 pour ne remonter qu’avec le commerce italique
sous la présence romaine.
Les capacités de stockage, signifiées en pourcentage de doliums, ne dépassent pas 10%
sauf entre les phases VIB et IVB. On observe dans ces phases que les taux d’échanges sont
très supérieurs aux quantités de doliums (525-300) mais que ce rapport s’inverse à partir de
IIIA jusqu’à IIB2 (300-100). On en déduit alors que le lien entre le taux d’échange et les
réserves en contreparties agricoles n’est pas automatique. Ce phénomène de distorsion a été
abordé dans la partie II sur l’économie (p. 79).

Le Marduel, semblablement à Montlaurès à Narbonne, se présente sous la forme d’un


ensemble bipolaire composé d’un habitat d’environ 7 ha à flanc de colline et d’un quartier bas
sur la rive droite du Gardon contrôlant le passage du gué et le croisement des voies terrestres
Alba-Nîmes et Beaucaire-Uzès. La colline du Marduel, d’une soixantaine de mètres, est
occupée au Bronze final II, au Bronze final IIIb, à la fin VIIe siècle et au début VIe siècle.
Elle est régulièrement habitée de la fin du VIe siècle jusqu’aux dix premières années de notre
ère (Dedet, Py 2008, 87).
Le nouvel habitat construit en dur vers 525, s’entoure d’un mur simple en pierres sèches
de trois mètres d’épaisseur (la plus ancienne enceinte avec celle des Gardies à Pignan), qui
évolue en un rempart imposant au Ve siècle, maintes fois remanié et embelli au fil du temps.
Parmi les curiosités du Marduel figurent des monnaies (massaliètes, romaines), des
inscriptions gallo-grecques suggérant une nécropole en direction de la rivière (Fiches 2002,
702), des vestiges cultuels en réemploi : dix fragments de piliers monolithes d’environ deux
mètres destinés à soutenir des bustes, six fragments de stèle en pierre taillée, un buste mutilé
de bicéphale sculpté en ronde-bosse orné d’un torque (Py 2009b, 31, 32). Ces pièces qui ont
été déplacées, datables du XIe au VIe s., sont attribuées à un ensemble cultuel dont on ignore
le lieu d’érection (Py 2011, 92). Sanctuaire naturaliste, de hauteur, sanctuaire tutélaire de
l’agglomération ? Le tout néanmoins emprunte à la symbolique de l’axis mundi et renvoie à
des formes de religion, sans doute cosmiques ici.

211
212
213
NOTICE 33

Les deux documents utilisés résultent des données recueillies après le sondage d’une
maison dont la stratigraphie établit la continuité Roque de Viou II ancien (doc.88) et Roque
de Viou II récent (doc.89), pour la période qui s’étend de 380 à 280 (Py,Garmy 1980, 52,
couches 3 et 2).
La suprématie des amphores massaliètes dans les deux documents montre que les
échanges se réalisent dans le cadre exclusif du commerce régional avec Marseille.
Le volume des échanges s’inscrit dans la moyenne de la région nîmoise dont le déclin
(doc.57, ibid.) frappe tous les oppidums de la région. Entre 350 et 325 : « Les importations
d’amphores se retrouvent à un niveau inférieur aux premiers apports de la fin VIIe-début VIe
siècles. Période d’étiage qui dure jusqu’au début du IIe siècle où s’amorce une reprise » (Py
2015, 107).

L’oppidum, d’environ 6 ha, se tient sur la colline en face de celle des Castels à Nages.
L’occupation au Bronze final IIIb, nommée Roque de Viou I, est suivie d’un long hiatus.
L’oppidum de Roque de Viou constitue le quatrième de la série des « cinq oppida de
Vaunage ». Son occupation se scinde en trois phases : Roque de Viou II ancien (350-325),
Roque de Viou II récent (325-300) et Roque de Viou III de 25 jusqu’à 50 après notre ère
(Dedet, Py 2008, 41).
Roque de Viou II récent rompt avec la tradition locale en édifiant le premier rempart de
Vaunage, à multiples parements, et à caractère ostentatoire. Le site est semble-t-il abandonné
volontairement, sans traces de violence, aux alentours de 300 (Garmy 1974, 12).

214
SAINT-

215
NOTICE 34

Le document présenté (doc.90), reconstitué à partir des tableaux de V. Ropiot (2003),


eux-mêmes issus des décomptes cumulés de trois anciens sondages de J. Coulouma et G.
Claustres en 1942, est proposé ici de l’aveu même des auteurs « à titre indicatif » (Ugolini,
Olive 2004, 63, fig.12). De plus, le bouleversement du terrain par des aménagements
modernes, dont une voie ferrée, rend illisible la seconde occupation du site au deuxième âge
du Fer.
Une majorité d’amphores massaliètes et des amphores italiques en quantité non
négligeable pourraient confirmer une date estimée « au début du IVe siècle » (ibid.)

Le Fort, interprété comme le site romain de Cessero, se situe au confluent de la Thongue


et de l’Hérault, au niveau probable d’un gué sur le fleuve. Installé sur un petit promontoire
rocheux basaltique de 10 à 15 m, il est entouré d’un rempart fruste de blocs grossiers de
basalte entièrement détruit par des travaux du XXe siècle. Après une importante occupation
au Bronze final IIIb, dont on retrouve des traces, le site est réinvesti au IVe siècle. Mais il est
surtout connu pour son rôle de relais sur la Voie Domitienne plus tard (Mauné 2002, 363).

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NOTICE 35

Les tableaux de comptage résultent de trois sondages pratiqués par M. Passelac de 1979
à 1981. Le (doc.91) recouvre la période de 550-525 (Passelac 1995, 180, tab.I), le (doc.92)
celle autour de 510-490 (ibid., 181, tab.II) et le (doc.93) donne les résultats de 400 à 350
(ibid., 182).
Les amphores étrusques majoritaires dans la deuxième moitié du VIe siècle (doc.91) sont
supplantées par celles d’Ibérie au début du Ve siècle et pendant tout le IVe siècle (docs.92 et
93).
Le volume des échanges qui progresse met en évidence plusieurs événements :
l’effacement du commerce étrusque au profit de la suprématie économique des marchands
ibères, et l’impossibilité des commerçants massaliètes à prendre le contrôle de l’entrée de
l’Isthme gaulois pour y diffuser massivement leur vin.

La Moulinasse, sur une petite éminence d’une dizaine de mètres, bordée de talus abrupts
sur trois côtés, se tient au-dessus de la vallée de l’Aude et du vaste estuaire que forme le
fleuve à l’âge du Fer (Passelac 2003, 586). Un fossé, qui ferme le site dans sa partie non
protégée, délimite au Néolithique un établissement de 4 500 m2 et un village de 8 000 m2 à la
transition Bronze final-début du premier âge du Fer. L’habitat en dur, d’environ 12 000 m2
dans la seconde moitié du VIe siècle, malgré un incendie fin VIe-début Ve siècles est occupé
régulièrement jusqu’à la fin du Ier siècle avant notre ère (Passelac, ibid., 589). La
perpétuation des enceintes fossoyées semble enraciner le site dans la tradition néolithique
locale.

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NOTICE 36

Le (doc. 94) présente l’inventaire du mobilier du Port au Ve siècle, retiré des fouilles de
A. Pezin dans les années de 1989 à 1991, publié en 1993 (Pezin, Ugolini 1993, 81, tab.I).
La disproportion entre les arrivages d’amphores ibériques et les autres (massaliètes,
grecques orientales ou de Grande-Grèce) indique que l’activité commerciale du site est
presque entièrement tournée vers la Péninsule ibérique.

Le Port, petit établissement de moins de 1 ha est construit sur une langue de terre
s’avançant dans les eaux de l’étang de Salses, actuellement retiré à quelques centaines de
mètres. Le site est brièvement occupé pendant un siècle de 500 à 400. Cependant, ce petit
habitat de courte durée laisse des vestiges étonnants : des maisons à soubassements en pierre
surmontés d’adobes, un rempart épais de six mètres ayant nécessité le transport de pierres
depuis l’arrière-pays, un plan d’urbanisme organisé autour d’une rue unique, des maisons de
deux ou trois pièces et les traces d’une grande structure mal identifiée (Ugolini et al. 2000,
190, 191). Pour quelles raisons cette communauté a-t-elle abandonné un lieu si bien urbanisé
et après un tel investissement ? Certes les auteurs évoquent la précarité d’une situation en
zone lagunaire mouvante (ibid.), mais cette situation existe aussi ailleurs et à Lattes. Cet
abandon reste énigmatique parce que vraisemblablement la fonction du site a été mal définie.
On pourrait peut-être rapprocher la fonction du Port à Salses-le-Château de celle d’un
autre site côtier voisin, comme celui de Pech Maho, interprété comme un « débouché
maritime du commerce du métal depuis les Corbières » (Gailledrat, Rouillard 2003, 405).
Dans ce cas, le départ correspondrait à une faillite ayant entraîné la fuite? On pourrait, à
l’inverse de l’hypothèse précédente, attribuer au Port la fonction de centre d’exportation de
produits céréaliers puisqu’on y retrouve les signes d’une activité agricole intense représentée
par nombre de meules à va-et-vient et qu’on y remarque d’importantes capacités de stockage
(CAG 66, 571-575). Dans ces deux cas, il semble qu’une opération commerciale a mal
tourné : soit avec les partenaires ibériques privégiés ou avec la diaspora grecque d’Emporion
(Ampurias) essayant d’acheminer du blé à Athènes ?
Cependant, ces deux options possibles ont débouché sur un fiasco.

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221
222
223
NOTICE 37

Les documents, extraits de la monographie de E. Gailledrat et Y. Solier consacrée à Pech


Maho (Gailledrat, Solier 2004), présentent en double comptage les taux d’amphores (docs. 95
et 96) et les taux d’échanges (docs. 97 et 98). Les deux premiers documents correspondent à
la phase Pech Maho I de 540 à 510 (ibid., 425,427), les deux derniers à Pech Maho II de 510 à
450 (ibid., 420,421)

L’emporion, relié à sept circuits commerciaux (docs. 95, 96), est largement ouvert au
commerce méditerranéen, même si les arrivages de la Péninsule ibérique sont en écrasante
majorité et en constante augmentation d’une période historique à l’autre. L’augmentation
continue du volume des échanges (docs.97, 98) se situe dans le contexte ibéro-languedocien
du site. Le peu de quantités de doliums qui n’apparaissent qu’en fin de cycle (doc.98),
accrédite l’idée que le site n’échange pas à l’aide de ses contreparties agricoles mais « fait
office de débouché maritime pour le minerai de fer probablement exploité dans des Corbières
à cette époque» (Gailledrat, Solier 2004, 439). Hypothèse confortée par le fait que l’emporion
de Pech Maho situé à proximité du site aurifère de Maisons (Benoît 1980, 112) a sans doute
servi de débouché pour l’exportation de ce métal.

Pech Maho, sur le bord septentrional d’un étang aujourd’hui rétracté à celui de Bages-
Sigean, à dix kilomètres du rivage marin actuel, se tient au passage d’une voie terrestre
empruntant un ancien gué sur la Berre. Ce petit habitat fortifié de 1,5 ha, fondé vers 560 est
violemment détruit entre 225 et 200, sans doute lors de la deuxième guerre punique.
L’histoire du site se découpe en trois grandes phases (Gailledrat, Solier, ibid., 23) : Pech
Maho I (560-450), Pech Maho II (450-325/300), Pech Maho III (325/300 -225/200).
L’important volume des transactions avec le commerce méditerranéen a nécessité
l’utilisation de contrats écrits : plomb du Ve siècle en étrusque et ionien et autres plombs du
IIIe siècle inscrits en grec et en Paléohispanique. L’emploi de monnaies est aussi attesté.
Les fortifications, démesurées par rapport à l’habitat (175 m de muraille) et sans cesse
remaniées, forment un ensemble massif et statique de six mètres d’épaisseur, principalement
composé d’un double rempart précédé d’un système de plusieurs fossés, de courtines intégrant
des bastions et des tours quadrangulaires arrondies aux angles, plus une prestigieuse tour
monumentale du IIIe siècle. Ce dispositif, unique dans la région, semble puiser au
« patrimoine des cultures protohistoriques de la Péninsule ibérique » (Moret 2000, 77).
La sacralisation du rempart liée à un rite de fondation (vingt-cinq dalles gravées placées
en assise débordante de la courtine) est renouvelée tout au long de l’existence de Pech Maho
par le réemploi de stèles, l’existence d’un petit autel dans ses murs (Gailledrat 2010b, 201) et
par l’érection d’un glacis de pierres plantées en avant de la muraille, improprement nommées
« chevaux de frise », parce que non dressées dans un but défensif (Moret, ibid.). Des pratiques
magico-religieuses (massacres de chevaux, bûcher collectif, ossements humains) associées à
des rituels guerriers (dépôts d’armes, pilier de têtes coupées, tombe de chef) effacent le
cosmopolitisme de l’emporion pour laisser l’image finale d’un comptoir indigène au pouvoir
fort.

224
225
NOTICE 38

Le sondage pratiqué dans la partie sommitale du site lors des fouilles de 1976 à 1980 a
mis au jour le mobilier de l’oppidum crée fin IVe-début IIIe siècles (Gutherz, Roux, Fiches
1979). Les tableaux de comptage restituent les taux de céramiques du deuxième âge du Fer
jusque vers 150. Le (doc.99) correspond à la couche 4 datée vers 250 (ibid., 37), le (doc.100)
à la couche 3 entre 250-200 (ibid., 39), le (doc.101) correspond à la couche 2 de 200 à 150
avant notre ère (ibid., 41).
Les taux majoritaires d’amphores massaliètes baissent régulièrement tandis que les
amphores italiques progressent à partir du IIe siècle (doc.101).
Le taux d’échange autour de 9% dans les deux premiers documents (docs. 99, 100)
baisse à 3, 51% dans la première moitié du IIe siècle (doc.101)
La courbe des structures de stockage, inversée par rapport à la courbe des échanges
(doc.101), souligne une fois encore le lien non automatique entre les prévisions de stockage et
les mouvements d’échanges (p.79).

Ambrussum occupe la colline de Devès dont les abrupts surplombent le Vidourle, au-
dessus d’un ancien gué sur lequel les Romains construiront le pont Ambroix. On relève au
sommet de la colline des traces de fréquentations anciennes : un habitat du Néolithique final
d’environ un hectare (culture de Ferrières), deux occupations à l’âge du Bronze et une au VIe
siècle (Gutherz, Roux, Fiches, ibid.). L’oppidum protohistorique de 5 ha, construit fin IVe-
début IIIe siècles est abandonné au début du IIe siècle après notre ère. Dès sa construction, il
se ceint d’un rempart à tours quadrangulaires, modifié au milieu IIIe siècle par l’introduction
de bastions arrondis et l’érection d’une tour monumentale : la tour 17.
L’oppidum est surtout connu pour sa période romaine : grandes maisons italiennes,
pavage de la Voie Domitienne qui le traverse. Il a livré des monnaies : oboles et bronzes de
Marseille, asses de Nîmes, monnaies celtiques, des pièces frappées AMB à l’ethnique
d’Ambrussum au Ier siècle (Fiches, Mathieu 2002, 523).
Un cimetière de la première moitié IIIe siècle (vingt-cinq tombes et une aire de
crémation) en zone inondable au Sablas, les traces d’un enclos cultuel des premiers siècles
avant et après notre ère, des graffitis gallo-grecs ont été repérés à proximité du fleuve (Fiches
2007, 42).

226
227
NOTICE 39

Le (doc.102) extrait du tableau de synthèse (Py, Vignaud 1998,193) s’appuie sur les
résultats issus de trois sondages pratiqués par F. Py et M. Py en 1974.
Les arrivages d’amphores proviennent principalement de Marseille, mais il faut
remarquer le maintien des amphores étrusques (12,73%) au moment où elles ont déjà disparu
des autres sites (docs. 46, 47, 79), excepté celui de Nîmes (doc.55) où elles atteignent encore
(14, 98%).
En revanche, le volume des échanges place cet oppidum derrière tous les autres, sauf
celui de Roquecourbe (doc.47), et le classe au-dessous de la moyenne de la région nîmoise
(doc.57) : Py 1990, 65, 161.

L’oppidum de Villevieille, en bordure d’un plateau élevé de 99 m, domine la rive gauche


du Vidourle. Il se tient à la croisée d’un axe nord-sud qui suit le fleuve jusqu’à la mer et d’un
axe est-ouest qui relie les « oppida de Vaunage » qui passe par Beaucaire et Nîmes. Posté à la
bifurcation de cet axe qui conduit à la Voie héracléenne via Substantion ou à la Vieille
Toulouse via Lodève, « Villevieille est le point de croisement d’un axe naturel et d’un axe
historique de circulation » (Py, Tendille 1975, 8). L’oppidum connaît quatre occupations : au
Néolithique final (culture de Fontbouisse), à l’âge du Bronze, au premier âge du Fer fin VIe-
milieu IVe siècles jusqu’à l’époque gallo-romaine.
L’alliance de traits de modernité (ouverture au commerce) et d’archaïsmes (habitat en
matériaux périssables, poterie perpétuant des formes archaïques, faible pourcentage de
céramique tournée) confère au site des aspects antinomiques (ibid., 62) à l’image d’un
développement économique inégal.
La similitude des importations entre Villevieille et Nîmes (doc.55) laisse penser que
Nîmes approvisionne l’oppidum. Cette observation suggèrerait que les produits circulent
davantage sur l’axe est-ouest que sur celui du littoral sud-nord, comme à l’âge précéedent, et
que ces changements d’itinéraires s’accomplissent en fonction de modes de transport adaptés
à un maillage nouveau du territoire.

228
BIBLIOGRAPHIE

LISTE DES ABRÉVIATIONS

ARALO Association pour la recherche archéologique en Languedoc oriental


BEFAR Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome
BSPF Bulletin de la société préhistorique française
CAG Carte archéologique de la Gaule
DAM Documents d’archéologie méridionale
EAN École antique de Nîmes
FIGLINA Revue consacrée à l’étude des céramiques antiques en Gaule
KTÈMA : Revue sur les civilisations de l’Orient, de la Grèce et de Rome antiques
MAM : Monographie d’archéologie méditerranéenne
MEFRA : Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’École française de Rome. Antiquités
PCR : Programme collectif de recherche
RAN : Revue archéologique de Narbonnaise
SESA : Société des études scientifiques de l’Aude
SFECAG : Société française d’étude de la céramique antique en Gaule
TA : taux moyens d’amphores
TE : taux moyens d’échange
doc. : document

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A
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(Collection Le Monde Noir)

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Bâ 1992 : BÂ Hampâté-L’Étrange destin de Wangrin. Paris, Nouvelle Édition, 1992, 1er éd.
1973, 450 p. (Collection 10-18)

Bâ 1994 : BÂ Hampâté- Oui mon Commandant. Paris, Actes Sud, 1994, 505 p.

Dongala 1973 : DONGALA Émmanuel-Un fusil dans la main, un poème dans la poche.
Paris, Albin Michel, 1973, 284 p.

Dongala 1987 : DONGALA Émmanuel-Le feu des origines. Paris, Albin Michel, 1987, 256 p.

Kourouma 1970 : KOUROUMA Ahmadou-Le Soleil des Indépendances. Paris, Éditions du


Seuil, 1970, 1986 p. (Collection Points)

Kourouma 1990 : KOUROUMA Ahmadou- Monne, Outrages et Défis. Paris, Éditions du


Seuil, 1990, 278 p. (Collection Points)

256
TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION (p3- 8)
Présentation spatio-temporelle du Languedoc. Liste des sites. Liste des figures .Carte des sites
(fig.1)

PARTIE I (p.9)
INTÉGRATION DANS LES COURANTS COMMERCIAUX
Introduction : quatre courants principaux
1. LE COURANT ÉTRUSQUE (p.11)
Présentation générale
AIRE DU COMMERCE ÉTRUSQUE
Amphores attestées
Amphores comptabilisées : tableau récapitulatif des pourcentages d’amphores (doc.103)
ÉTUDE DES SITES MAJORITAIRES (p.16)
TA, Taux moyens d’amphores (doc.104) : durée du courant
TE, Taux moyens d’échange (doc.105) : volume des échanges
Carte des sites du courant étrusque (fig.2)
BILAN : des résultats contrastés : avancées, stratégies offensives, reculs et déclin (p.21)
Conclusion (p.25)

2. LE COURANT MASSALIÈTE (p.26)


Présentation
AIRE DU COMMERCE MASSALIÈTE
Amphores attestées
Amphores comptabilisées : tableau récapitulatif des pourcentages d’amphores (doc.106)
ÉTUDE DES SITES MAJORITAIRES (p.33)
TA, Taux moyens d’amphores (doc.107) : durée du courant
TE, Taux moyens d’échange (doc.108) : volume des échanges
Carte des sites massaliètes (fig.3)
BILAN : une position hégémonique : un commerce monopolistique, la politique d’une cité-
État, une stratégie commerciale, un esprit de conquête, en phase avec les évolutions (p.38)
Conclusion (p.41)

257
3. COURANTS PÉNINSULAIRES IBÉRIQUES (p.42)
Présentation
AIRE DU COMMERCE PÉNINSULAIRE IBÉRIQUE
Amphores attestées
Amphores comptabilisées : tableau récapitulatif des pourcentages d’amphores (doc.109)
ÉTUDE DES SITES MAJORITAIRES (p.47)
TA, Taux moyens d’amphores (doc.110) : durée du courant
TE, Taux moyens d’échange (doc.111) : volume des échanges
Carte des sites du commerce ibérique (fig.4)
BILAN : un courant solidement implanté : les origines, la culture ibéro-languedocienne (p.50)
Conclusion (p.52)

4. LE COURANT ITALIQUE (p.53)


Présentation
AIRE DU COMMERCE ITALIQUE
Amphores attestées
Amphores comptabilisées : tableau récapitulatif des pourcentages d’amphores (doc.112)
ÉTUDE DES SITES MAJORITAIRES (p.57)
TA, Taux moyens d’amphores (doc.113) : durée du courant
TE, Taux moyens d’échange (doc.114) : volume des échanges
CARTE DES SITES DU COURANT ITALIQUE (fig.5)
BILAN : une promesse d’avenir : fig.6, fig.7 (p.60)
Conclusion (p.61)

5. ESSAI DE SYNTHÈSE (p.62)


I. SYNTHÈSE DES DONNÉES (p.62)
Repères spatio-temporels et volumes échangés des sites majoritaires (fig.8 à fig.16)
II. ÉTUDE COMPARÉE DES COURANTSCOMMERCIAUX (p.67)
Courants ensemble, en succession, en concurrence, en convergence
CONCLUSION (p.70)

258
PARTIE II (p.71)
LES TRANSFORMATIONS ÉCONOMIQUES
Introduction : mise en place de processus marchands

1. LES MONNAIES MARCHANDISES (p.73)


Définition des monnaies marchandises
Définition par rapport à la notion de « troc »
LES CONTREPARTIES CÉRÉALIÈRES (p.75)
Tableau récapitulatif des décomptes de doliums (doc.115)
Interprétation du tableau
Analyse de 3 cas significatifs
Conclusions. (fig.17)
LES AUTRES CONTREPARTIES (p.82)
Ressources métallifères, productions artisanales, production salinière, dépôts launaciens
CONCLUSION (p.88)

2. DES MÉCANISMES MARCHANDS (p.89)


PRÉDOMINANCE DE LA VALEUR D’ÉCHANGE
POSITION DOMINANTE DES MARCHANDS MÉDITERRANÉENS

3. UN CAPITAL MARCHAND (p.92)


définition du capital marchand (commercial et financier)
CAPITAL MARCHAND GREC
CAPITAL MARCHAND MASSALIÈTE
CAPITAL MARCHAND EN LANGUEDOC
CONCLUSION (p.105)

259
PARTIE III (p.106)
ÉVOLUTIONS SOCIALES ET POLITIQUES

Des évolutions matérielles et culturelles dues à des causes internes et externes

I. LES FACTEURS INTERNES (p.109)

Introduction : le rôle indispensable des indigènes


1. DES INTERMÉDIAIRES INDIGÈNES (p. 109)
Dans le transport, pour la conclusion des marchés
2. L’INTERMÉDIAIRE DES CHEFFERIES (p. 111)
Introduction : les apports de l’anthropologie à l’archéologie
Des typologies sociales
Explication de la typologie choisie (fig.19)
Essai de caractérisation de la chefferie
3. LES CHEFFERIES DU LANGUEDOC (p.114)
Un relais culturel
Un relais politique
Un nouveau consensus social
Conclusion (p.117)

II. LES FACTEURS EXTERNES (p.118)


Introduction : trois raisons principales à la dépendance du Languedoc aux événements
extérieurs

1. UNE ÉCONOMIE MONDE ARCHAÏQUE EN MÉDITERRANÉE (p.119)


Adoption du concept d’économie monde transposé à l’âge du Fer (Brun, Ruby 2008, 88)
L’économie monde
Rappel de la théorie de F. Braudel
Le Languedoc dans l’économie monde archaïque

2. MARSEILLE DANS L’ÉCONOMIE MONDE ARCHAÏQUE (p.121)


Remise en cause du terme « colonie ». Une vision renouvelée. Application à Marseille de
deux notions braudéliennes

260
MARSEILLE VILLE RELAIS
Ville relais d’Athènes
MARSEILLE CENTRE D’UNE PÉRIPHÉRIE
Tout converge au centre, stimulus du centre sur la périphérie (fig.20)
DES CRISES DANS LA PÉRIPHÉRIE
Crises : sociale, écologique, économique
Une crise structurelle
Une sortie de crise par des restructurations.

3. LE POIDS DES LUTTES DE POUVOIR EN MÉDITERRANÉE (p.129)


LES CONFLITS
LA CRISE GÉNÉRALISÉE DU IVe SIÈCLE.
SON DÉBOUCHÉ PAR LA RECOMPOSITION POLITIQUE
CONCLUSION (p.132)
Transition : le système méditerranéen a freiné le processus d’évolution interne du Languedoc.
La colonisation romaine surimposée à cet état d’inachèvement suggère la comparaison avec
les actuels pays émergents.

III. LE LANGUEDOC PROTOHISTORIQUE : UN PAYS ÉMERGENT (p.133)


La dépendance économique et politique du Languedoc protohistorique offre des similitudes
avec les anciens pays colonisés par la France. Le relais de la littérature africaine francophone
comme éclairage : extraits de textes.
L’organisation politique
L’organisation sociale
Un développement économique inégal
Des comprtetements de colonisés.

CONCLUSION GÉNÉRALE (p.138 à 140)

ANNEXES (p.141à 226)

261
102 DOCUMENTS : tableaux de décomptes d’amphores commentés
39 NOTICES SUCCINCTES DE SITES

LISTE BIBLIOGRAPHIQUE (p.227 à 254)

TABLE DES MATIÈRES ( p.255 à 260)

262

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