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En principe, la punition de celui qui commet l’infraction est garantie à la société, et en face
de ce droit se trouve le droit de l’accusé a un procès équitable. Ainsi devant cette opposition
de droits, le législateur a séparé le corps judiciaire entre le pouvoir d’accusation (ministère
public) et le jugement (tribunal).
Le ministère public possède un grand nombre de pouvoirs, certains qu’on a même qualifié
d’exorbitants. Parmi eux, on trouve le principe de l’opportunité des poursuites.
Ainsi pour comprendre ce principe, une définition des termes s’impose. On entend par
poursuite l’acte procédural par lequel une partie a la procédure, exerçant son action, saisie
une juridiction d’instruction ou de jugement ouvrant ainsi le procès pénal. Tandis que le mot
”opportun” est la pour exprimer la liberté du parquet quant a la poursuite ou la non-
poursuite.
Le droit marocain opte pour le principe de l’opportunité des poursuites que le contrôle
hiérarchique tempère, mais ne rejette pas complètement celui de la légalité des poursuites
notamment en ce qui concerne l’exercice de l’action publique.
A- présentation du principe
B- l’appréciation d’opportunité lors de l’exercice des poursuites
A- limite du principe
B- critique du principe
A- Présentation du principe :
Le pouvoir du ministère public varie en fonction du système retenue par le législateur, entre
la légalité et l’opportunité des poursuites. Au Maroc, c’est le principe de l’opportunité des
poursuites qui règne.
Ainsi l’article 40 du code de procédure pénale stipule dans son alinéa 1 que le parquet reçoit
les procès-verbaux, plaintes et dénonciations et apprécie la suite à leur donner. C’est cette
appréciation qui a fait dire qu’il est libre de poursuivre ou de ne pas poursuivre. Cette liberté
se manifeste à l’égard de l’administration (ministre de la justice). Elle se manifeste
également a l’égard du pouvoir judiciaire (d’instruction et de jugement) en raison de la
séparation des fonctions. Enfin, elle se manifeste à l’égard de la partie civile (victime de
l’infraction).
Cette liberté de poursuivre ou non se justifie essentiellement par le fait qu’étant le supérieur
hiérarchique de la police judiciaire, le parquet peut demander et concentrer toutes les
informations a même de lui permettre de décider de l’opportunité ou non des poursuites.
Une fausse qualification des faits incriminés, leur prescription ou leur amnistie, leur
insignifiance, le risque d’une répression encore plus nuisible qu’utile a l’ordre public… sont
autant d’éléments que peuvent faire que le parquet décide de ne pas poursuivre. Autrement
dit, cette liberté du ministère public reste tributaire de plusieurs considérations dont
l’ampleur de l’infraction, le dommage causé a l’ordre public et aux intérêts des tiers sont
autant d’éléments qui décident le ministère public.
Le procureur du roi se trouve placé dans une alternative ; ou il décide de ne pas intenter de
poursuites (décision de classement sans suites) ou il décide au contraire de mettre l’action
publique en mouvement (décision de poursuite).
Décision de classement : Le procureur décide de classer l’affaire s’il pense que les poursuites
sont irrecevables (par exemple parce que l’action publique est éteinte). Il en sera de même
s’il pense que tous les éléments de l’infraction ne sont pas réunis, ou que la charge de leur
preuve présentera des obstacles insurmontables. Il en sera enfin de même si le procureur du
roi estime simplement que les poursuites sont inopportunes.
Ce classement sans suite ne constitue pas une décision juridictionnelle, mais une pure
décision administrative. Contre elle il n’existe pas de recours judiciaire, mais seulement un
recours hiérarchique auprès du procureur général, lequel pourra, dans certaines conditions,
adresser au procureur du roi l’ordre d’avoir a déclenché des poursuites.
D’autre part, cette décision, n’ayant rien d’un jugement n’a pas l’autorité de la chose jugée,
et n’a donc pas un caractère définitif mais simplement provisoire. Ainsi, le procureur du roi
peut revenir sur sa décision tant que la prescription n’est pas acquise, sans avoir a donner
aucun motif particulier de ce revirement qui peut intervenir même si aucune charge
nouvelle n’est survenue. Il peut en être ainsi si des éléments nouveaux sont découverts. Le
classement n’empêche pas non plus la victime de mettre elle-même l’action publique en
mouvement en saisissant les juridictions répressives de son action civile.
Dans le système de l’opportunité des poursuites, ce n’est pas obligatoire de déclencher des
poursuites, car ce n’est pas parce qu’une infraction a été commise qu’il faut obligatoirement
déclencher les poursuites. Ce principe est très humain, ainsi il permet a la justice de ne pas
opérer a l’aveugle.
Dans ce cadre, en cas d’enquête de flagrance, l’officier de police judicaire est obligé d’aviser
le parquet de toute mise en garde a vue, et de requérir son autorisation préalable avant d’y
procéder en cas d’enquête préliminaire. Dans ce cas, le procureur du roi peut, pour des
raisons préventives, mettre l’accusé en garde a vue ou bien le laisser partir en liberté
provisoire. Comme il a le choix de donner ou non l’autorisation de renouveler le délai de
garde a vue.
1-Il y a des limites qui obligent le ministère public de ne pas poursuivre, ils sont contre sa
volonté, ils peuvent être soit définitives soit temporaires :
Pour les empêchements définitifs, ils sont justifiés par la réalisation d’une finalité
sociale plus importante que celle de poursuivre.
Ces différentes hypothèses sont : l’immunité, l’amnistie, la prescription et le décès du
délinquant.
a- En premier lieu il y a l’immunité, qui ne constitue pas des faits justificatifs ni des excuses
absolutoires ni encore des causes d’irresponsabilités. Il concerne les nationaux ainsi que les
étrangers.
Lorsqu’on parle d’immunités des nationaux, on distingue entre 2 types :
Le premier concerne l’immunité juridictionnel qui a un caractère générale, autrement dit il
concerne toutes les infractions. En réalité, le seul cas qui existe est le cas de sa majesté le Roi
ainsi qu’aux membres de la famille royale.
Le deuxième concerne l’immunité qui a un caractère spécifique : on prend l’exemple des
parlementaires pour les opinions exprimés en assemblée ou en commission, sauf quand les
propos portent atteinte a la forme monarchique du régime, a la religion ou au respect dû au
roi. A cet égard il faut noter qu’en dehors de leur mandat, les parlementaires peuvent être
poursuivies.
En plus de ces immunités qui intéressent le droit interne, il y a celles qui concernent le doit
international. On parle d’immunités diplomatiques qui concernent les chefs d’Etats
étrangers, les ambassadeurs et leurs familles. Dans ce sens, en cas d’infraction, le ministère
public s’adresse au ministre de la justice qui transmet au ministre des affaires étrangères qui
informe son homologue étranger. L’Etat d’origine peut rappeler et poursuivre son
fonctionnaire. Notant que l’immunité ne s’étend pas aux coauteurs et aux complices.
c- En cas de décès du délinquant, le ministère public doit renoncer aux poursuites. C’est une
mesure évidente et elle est lié a la personnalité de la responsabilité pénale. Donc, le décès
avant le déclenchement des poursuites, oblige automatiquement le ministère public a
conserver et a classer le dossier.
En plus de ca, si le décès intervient alors que le procès a commencé, la juridiction saisie doit
déclarer l’action publique éteinte quelque soit le rôle de la juridiction saisie.
Il faut noter que l’action civile demeure, car l’action en réparation diriger contre l’accusé au
départ puis contre les héritiers a sa mort est une dette qui grève la succession.
Parmi ces empêchements, il y a la nécessite d’une autorisation avant les poursuites. On cite
le cas des parlementaires ayant commis des infractions lors des sessions. L’autorisation de
lever l’immunité parlementaire doit être demandée a la chambre des représentants. Un
autre cas dans lequel une demande doit être formulée, c’est le cas d’insultes à l’ encontre de
certains corps constitués (tribunaux, cours, armées de terre et de mer, administrations
publiques). Ce corps délibère et décide de la poursuite ou non.
L’autorisation est demandée préalablement aux poursuites parce qu’on considère que
l’administration est celle qui est concernée dans ces cas pour des raisons techniques.
2-Apres avoir vu les différents empêchements qui sont contre la volonté de poursuivre du
ministère public, il est nécessaire de citer les obligations de poursuivre du ministère public.
L’obligation de poursuivre : c’est le cas ou le parquet ne veut pas poursuivre, mais cela se fait
comme même, autrement dit il arrive des situations ou le ministère public ne peut pas
classer l’affaire sans suite. Ils sont au nombre de 3 :
La première, lorsque le parquet reçoit des ordres de poursuite émanant de son supérieur
hiérarchique pour mettre en mouvement l’action publique.
Mais le parquet garde, théoriquement, la liberté de développer oralement et d’une manière
libre ses opinions.
Notant que cette attitude demande beaucoup de courage surtout quand les propos oraux
vont contre le réquisitoire de poursuite.
Il convient de préciser que pour certains infractions le ministère publique ne renonce jamais
a mettre en mouvement l’action publique, c’est notamment le cas d’infractions qualifiés
crimes.
B- critiques du principe:
Les partisans du principe d’opportunité des poursuites avancent plusieurs arguments pour
justifier ce principe. Il s’agit de l’individualisation du criminel, du maintien de l’ordre public,
de la gestion efficiente et souple du tribunal et du désengorgement des juridictions et des
maisons d’arrêt.
Malgré ces avantages, force est de constater que de nombreuses critiques peuvent être
faites à ce système.
D’abord l’application de ce principe ouvre la voie a l’arbitraire : En effet le procureur du roi
de par sa décision de classement sans suite se comporte exactement comme un juge. Plus
qu’une décision administrative, le classement sans suite peut être une véritable décision au
fond d’abandon de charges car l’infraction étant bien constitué. Donc assimilable a une
véritable décision juridictionnelle puisqu’elle traite des questions de libertés.
Ensuite elle ouvre la voie a l’injustice : Le principe de l’opportunité des poursuites conduit a
une application a géométrie variable de la loi qui peut, dans certains cas, créer un
déséquilibre entre les intérêts des parties.
Outre ces critiques majeures, les opposants du principe constatent également que les
justificatifs évoqués par les partisans de l’opportunité des poursuites sont vraiment
impertinents :
D’abord l’impertinence du désengorgement des maisons d’arrêts est une illusion parce que
la poursuite pénale ne se résout pas systématiquement à la détention provisoire. En outre,
le principe qui gouverne la poursuite en matière pénale est la liberté et l’exception la
détention.
Quant a l’impertinence du désengorgement des juridictions, il y a un principe qui voudrait
que toute personne, qu’elle que soit le fait délictuel qu’il a commis, soit déférer devant le
juge conformément au principe du libre accès a la justice qui prévoit selon l’article 118 de
la constitution que l'accès a la justice est garantie a toute personne pour la défense de ses
droits et de ses intérêts protégés par la loi.