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Alzahrani Yahya. La responsabilité sociétale des entreprises en Arabie Saoudite. In: Revue internationale de droit
comparé. Vol. 64 N°4,2012. pp. 923-947;
doi : https://doi.org/10.3406/ridc.2012.20115
https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_2012_num_64_4_20115
Abstract
This article aims to highlight the Saudi application of corporate social and environmental
responsibility from different perspective in focusing on the legal and international sources of this
application from the different international conventions. This study tends to analyse this social and
environmental responsibility in three aspects : corporate governance – environmental regulation –
labor regulation. Then from its international sources it tries to measure the impact of this
international regulation in Saudi Arabia on its national regulation and on the corporate its
weaknesses and its strength. The aim of this study is to demonstrate that corporations play a
leading role in international law. To this purpose government rules of societies, environmental law
and labour law are analysed.
R.I.D.C. 4-2012
Yahya ALZAHRANI*
This article aims to highlight the Saudi application of corporate social and
environmental responsibility from different perspective in focusing on the legal and
international sources of this application from the different international conventions.
This study tends to analyse this social and environmental responsibility in three aspects:
corporate governance – environmental regulation – labor regulation. Then from its
international sources it tries to measure the impact of this international regulation in
Saudi Arabia on its national regulation and on the corporate its weaknesses and its
strength. The aim of this study is to demonstrate that corporations play a leading role in
international law. To this purpose government rules of societies, environmental law and
labour law are analysed.
*
Professeur associé à la Faculté des études stratégiques de l’Université de Nayef.
924 REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARÉ 4-2012
INTRODUCTION
1
Site de ministère du commerce, dernière statistique faite en 2000 :
http://mci.gov.sa/statistic/companies.asp
2
« Le social est relatif à un groupe d’individus, à la différence du sociétal, qui est relatif à la
société, à ses valeurs, à ses institutions. Le social peut être aussi relatif aux rapports entre les classes
de la société », (Dictionnaire Le Robert, p. 1041).
3
Livre vert publié par la Commission de Communauté Européenne : Promouvoir un cadre
européen pour la responsabilité sociale des entreprises, Bruxelles, 2001.
Y. ALZAHRANI : ARABIE SAOUDITE - RSE 925
Le terme soft law se réfère aux instruments juridiques qui n’ont pas de
caractère juridiquement contraignant, ou dont la force obligatoire est un peu
plus faible que la force obligatoire du droit positif. Traditionnellement, le
terme soft law est associé au droit international, bien que plus récemment, il
ait été transféré à d’autres branches du droit interne. En droit international,
le terme de soft law reste relativement discuté, car certains spécialistes
internationaux ne reconnaissent pas son existence quand d’autres estiment
qu’il demeure une certaine confusion par rapport à son statut dans le
domaine du droit. Cependant, d’après la plupart des spécialistes
internationaux, le développement des instruments de la soft law est
indispensable au bon fonctionnement du système juridique international. Par
ailleurs, les États sont souvent réticents à souscrire à de trop nombreux
engagements malgré leurs participations à un objectif international. « Le
terme soft law vise deux manifestations distinctes : d’une part, il désigne les
résolutions, déclarations, recommandations ou autres instrument de genre et,
d’autre part il peut designer le contenu d’un traité ou d’une convention –
bien qu’elle soit un instrument de hard law par excellence, la convention
peut en effet présenter des éléments de soft law »4. En droit européen, il
existe des effets directs5, par la signature d’une convention ou d’un traité, ou
bien indirects, comme les effets de cette signature sur les entreprises ou les
effets de la signature d’une convention sur la société, même si l’entreprise
n’a pas un lien direct avec cette convention. Partant du principe que la
convention régulièrement ratifiée s’intègre dans l’ordre interne et que
l’entreprise est soumise au droit interne, la convention lui sera donc
applicable.
4
C. LA HOVARY, Les droits fondamentaux au travail. Origine, statut et impact en droit
international, Paris, PUF, 2009, p. 210.
5
Le principe de droit de l’Union européenne est direct, en fonction des droits dont les
dispositions du droit communautaire peuvent, si elles sont correctement encadrées, conférer et
imposer des obligations aux particuliers, obligations que les tribunaux des États membres de l’Union
sont tenus de reconnaître et d’exécuter. Jamais explicitement mentionné dans les traités de l’UE, le
principe de l’effet direct a été établi en relation avec les dispositions de ces traités par la Cour
européenne de justice dans l’affaire Van Gend en Loos c. Nederland se der Administrative
Belastingen. L’effet direct a connu ensuite un certain relâchement dans son application aux articles
du traité, et la Cour de justice a étendu ce principe, estimant qu’il est susceptible de s’appliquer à la
quasi-totalité des formes possibles de la législation de l’Union, les plus importants sont les
règlements et, dans certaines circonstances, les directives.
926 REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARÉ 4-2012
6
C. LA HOVARY, préc. note 4.
7
P.MALANCZUK, Modern Introduction to International Law, Routledge, 1997, pp. 1-60 ;
K. ABBOTT, D. SNIDAL, « Hard and Soft Law in International Governance », in G. DOWNS,
M. JONES, International Organization Downs, 2001, 4(3), pp. 421-456.
8
P. BLACHER, Droit des relations internationales, Paris, Litec, 2006, p 4.
Y. ALZAHRANI : ARABIE SAOUDITE - RSE 927
touche à la fois au droit international public et privé, mais aussi aux droits
de l’Homme. Jusqu’à présent la RSE est traitée comme un concept
économique ou comme une notion de management. Il paraît nécessaire
d’aborder autrement ce sujet, à savoir d’une façon plus régulatrice : en
étudiant les normes qui agencent et ordonnent cette responsabilité et ses
éléments obligatoires ou volontaires, afin de déterminer le rôle du droit
international dans la RSE.
Certaines organisations internationales, comme l’Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE), ont proposé des
normes internationales qui devront être adoptées par les entreprises.
Consistant ainsi à opérer une transition de la soft law vers la hard law, ces
normes sont liées à la gouvernance des entreprises.
Ainsi qu’est ce que la gouvernance d’entreprise et quelle est
l’expérience de l’Arabie Saoudite concernant ces réglementations de
gouvernance des entreprises ?
9
OCDE, Principles of corporate governance, Paris, 2004, p. 22.
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10
Cf. les articles 3 et 6 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, garantissant le
traitement équitable des actionnaires.
11
Arrêt de l’Autorité des marchés financiers du 6/6/2010.
12
Arrêt l’Autorité des marchés financiers du 22/02/2010.
Y. ALZAHRANI : ARABIE SAOUDITE - RSE 929
13
International Corporate Gouvernance Network, Global Corporate Governance Principles,
Washington, 2009, p. 22.
14
Régulation de gouvernance des entreprises, n°1-212, 2006.
15
« Le conseil d’administration doit remplir certaines fonctions essentielles, Notamment :
1. Revoir et guider la stratégie de l’entreprise, ses principaux plans d’action, sa politique de risque,
ses budgets annuels et programmes d’activité, définir ses objectifs de résultats, assurer la
surveillance de la mise en œuvre de ces objectifs et des résultats de l’entreprise et contrôler les
principales dépenses d’équipement, acquisitions et cessions d’actifs. 2. Surveiller les pratiques
effectives de la société en matière de gouvernement d’entreprise et procéder aux changements qui
s’imposent. 3. Recruter les principaux dirigeants, déterminer leurs rémunérations, suivre leurs
activités et, le cas échéant, les remplacer et préparer les plans de succession. 4. Aligner les
rémunérations des principaux dirigeants et des administrateurs avec les intérêts à long terme de la
société et de ses actionnaires. 5. S’assurer de la mise en place d’une procédure clairement définie et
transparente pour la nomination et l’élection des administrateurs. 6. Surveiller et gérer les conflits
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d’intérêt pouvant survenir entre la direction, les administrateurs et les actionnaires, y compris les
abus de biens sociaux ou les abus commis dans le cadre de transactions avec des parties liées.
7. S’assurer de l’intégrité des systèmes de comptabilité et de communication financière de la société,
notamment de l’indépendance de la vérification des comptes, et que l’entreprise est dotée de
dispositifs de contrôle adéquats, en particulier de dispositifs de gestion des risques et de contrôle
financier et opérationnel, ainsi que de respect du droit et des normes applicables. 8. Surveiller le
processus de diffusion de l’information et de communication de l’entreprise ». Organisation de
coopération et développement économique. Principes de gouvernement d’entreprise, de l’OCDE,
2004.
16
Régulation de gouvernance des entreprises par le conseil de l’autorité des marchés
financiers, n°1-212, 2006.
17
Il faut noter qu’en Arabie Saoudite, le calendrier Hijrite est le plus utilisé.
18
http://www.cma.org.sa/cma_ar/default.aspx (date de consultation : 12 sept. 2009).
19
Régulation de gouvernance des entreprises par le conseil de l’autorité des marchés
financiers, op. cit.
20
http://www.cma.org.sa/cma_ar/default.aspx (date de consultation : 12 sept. 2009).
Y. ALZAHRANI : ARABIE SAOUDITE - RSE 931
21
Avec la mention du type de membre.
22
Régulation de gouvernance des entreprises par le conseil de l’autorité des marchés
financiers, op. cit.
23
http://www.cma.org.sa/cma_ar/default.aspx
24
Système des marchés de financier émis par le décret royal n°M / 30, le 8/4/2003.
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25
Régulation de gouvernance des entreprises par le conseil de l’autorité des marchés
financiers, op. cit.
26
Régulation des marchés financiers.
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27
Régulation de gouvernance des entreprises par le conseil de l’autorité des marchés
financiers, op. cit.
28
Site de l’Autorité des marchés financiers saoudiens : http://www.cma.org.sa/Ar/Publications
report/Doclib/CMA%20Annual%20Report2010%20%28Ar%29.pdf
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29
G. ARAS, D. CROWTHER, The durable corporation: strategies for sustainable
development, Gower, Garnham, 2009, p. 69.
Y. ALZAHRANI : ARABIE SAOUDITE - RSE 935
30
Il existe sans cesse des polémiques concernant le réchauffement climatique. Mais il existe
d’autres risques environnementaux majeurs, notamment la pollution par « marée noire », à cause
d’accident de pétroliers, ou du déversement de déchets pétroliers après l’explosion d’une plate
forme.
31
Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires, Adoption :
1973 (la Convention), 1978 (protocole de 1978), 1997 (Protocole - Annexe VI) ; Entrée en vigueur :
2 oct. 1983 (annexes I et II). V : http://www.imo.org/about/conventions/listofconventions/pages/international-
convention-for-the-prevention-of-pollution-from-ships-%28marpol%29.aspx.
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commercial ou non, peut avoir des résultats à court et long termes par une
mise en place d’un plan d’urgence surtout pour les activités dangereuses. À
court terme il s’agit de s’efforcer de réduire la pollution faite par les
entreprises commerciales ou les pays industriels et pétroliers.
32
Nous avons choisi le mot droit dans notre titre, mais en Arabie Saoudite, c’est toujours le
terme système qui s’impose. Nous avons choisi ce terme pour qu’il n’y ait pas de confusion entre
système au sens juridique avec l’expression système de l’environnement (au sens de système
écologique).
33
Nous insistons toujours sur le mot Constitution, or, ce terme n’existe pas dans le système
judiciaire ou politique d’Arabie Saoudite. Les responsables évoquent plutôt le « noble Coran », mais
le Coran possède beaucoup de règles qui ne sont toujours pas constitutionnalisées. Cela pose donc
un problème fondamental que nous ne traitons pas dans cette étude. Cependant, un système de
gouvernance principale y est mentionné, et c’est en ce sens qu’il est considéré comme une
Constitution.
Y. ALZAHRANI : ARABIE SAOUDITE - RSE 937
34
A. RAHMAN BIN ABDUL AZIZ BIN SHALHOUB, Le système constitutionnel en Arabie
saoudite entre le droit et le droit comparé, Bibliothèque nationale du Roi Fahd, 2005, p. 173 et 192.
35
Il existait avant l’émergence des premières normes nationales, mais il n’était pas encore
doté d’un ensemble de droit précis.
36
Art. 12, Système général de l’environnement en Arabie Saoudite, 2001.
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37
Ibid., Art. 13.
38
C’est l’adoption du texte MARPOL.
39
L’article 230 de la Convention des Nations Unies sur le droit maritime stipule que,
concernant les « Peines pécuniaires et respect, des droits reconnus de l’accusé, 1. Seules des peines
pécuniaires peuvent être infligées en cas d’infraction aux lois et règlements nationaux ou aux règles
et normes internationales applicables visant à prévenir, réduire et maîtriser la pollution du milieu
marin, qui ont été commises par des navires étrangers au-delà de la mer territoriale. 2. Seules des
peines pécuniaires peuvent être infligées en cas d’infraction aux lois et règlements nationaux ou aux
règles et normes internationales applicables visant à prévenir, réduire et maîtriser la pollution du
milieu marin, qui ont été commises par des navires étrangers dans la mer territoriale, sauf s’il s’agit
d’un acte délibéré et grave de pollution. 3. Dans le déroulement des poursuites engagées en vue de
réprimer des infractions de ce type commises par un navire étranger pour lesquelles des peines
peuvent être infligées, les droits reconnus de l’accusé sont respectés ».
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non sans des efforts démesurés, étant donné le poids du pétrole dans le
Royaume – ces mêmes conventions40.
Il nous semble que l’Arabie Saoudite devrait se doter d’un mécanisme
d’élaboration de droits nationaux qui seraient conformes aux mesures
internationales, peut-être même en les devançant. Bien plus, de notre propre
point de vue, la vision politique du pétrole ne devrait jamais occasionner
d’impact négatif, au détriment des mesures environnementales. Enfin, nous
remarquons que les acteurs nationaux impliqués dans l’environnement
affichent deux visages : un qui assume un rôle responsable et porte un
regard expert et attentif, quand l’autre cache un esprit négligent, qui
implique de fâcheuses conséquences dans le management du système
environnemental saoudien.
40
Cf. la Convention internationale pour la prévention de la pollution maritime des pétroliers
(1954), et ses amendements sur les pétroliers et leurs tailles, sur les procédures (1971). Parmi les
amendements relatifs à la protection de la Grande Barrière de Corail (1971), il a été adjoint la
Convention internationale pour la prévention de la pollution par les hydrocarbures (1954). Il faut
encore ajouter la Convention internationale sur la responsabilité civile des dommages résultant de
pollution par les hydrocarbures (1969), la Convention internationale pour la prévention de la
pollution par les navires et son nouveau protocole (MARPOL 1973 et 1978), la Convention des
Nations Unies sur le droit maritime (1982), la Convention de Vienne pour la protection de la couche
d’ozone (1985), la Convention de Bâle pour contrôler le mouvement des déchets dangereux à travers
les frontières et leur élimination (1989) et son amendement inclus dans la résolution 01/03 à Bâle,
sur les déchets dangereux des pays (cf. l’annexe VII), le Traité international pour sauver (1989) et
ses amendements de Londres (1990), le Protocole de Montréal relatif à des substances nocives pour
la couche d’ozone (1987) et les Amendements de Copenhague (1992), la Convention Cadre des
Nations Unies sur les changements climatiques (1992), la Convention relative à la mise en œuvre de
la partie XI (1994) de la Convention des Nations Unies sur le droit maritime (1982), le Protocole de
Kyoto (1997) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (1992), le
Protocole sur les privilèges de l’Autorité internationale des fonds marins et immunités (1998), la
Convention des Nations Unies sur le droit maritime (1982), le Protocole de Bâle sur la responsabilité
et l’indemnisation pour la pollution causée par le mouvement de déchets dangereux et leur
élimination (1999), adoptée par les États membres de la cinquième réunion de la Convention de
Bâle. Cf. le document officiel de la Commission de météorologie et d’environnement, Riyad, 2005.
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43
Un code de standard social, voir : http://www.saasaccreditation.org/certSA8000.htm.
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44
http://www.cdsi.gov.sa/socandpub/manpower/cat_view/40---/29--/87--/272----1430-2009
45
Ibid.
Y. ALZAHRANI : ARABIE SAOUDITE - RSE 943
46
La loi islamique.
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CONCLUSION
47
Edgar MORIN, Les Sept Savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Paris, éd. du Seuil,
2000.
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BIBLIOGRAPHIE CHOISIE
SITES INTERNET
http://www.mofa.gov.sa/Detail.asp?InSectionID=1618&InNewsItemID=24601
- Site de l’Organisation internationale de normalisation :
http://www.iso.org/iso/iso_members
- Site de l’entreprise ARAMCO :
http://www.aramco.com