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30 juin 2012 : « On ne se sent pas Japonais » (LNC)

Petit, Georges jouait dans les banians du centre-ville, où il


habitait juste en face avec sa sœur Anna.
Le fait du jour
George Hisao Tsushima et sa sœur Anna, sont nés
en Nouvelle-Calédonie dans les années 1930. Avant
leur expulsion, ces « Tatura kids » gardent de très
bons souvenirs de leur enfance sur le Caillou.
« Mon père disait que la Nouvelle-Calédonie c’était
le paradis ! Il pensait y vivre toute sa vie. » Anna
Tsushima se rappelle avec grand plaisir des
premières huit années de sa vie passées à Nouméa.
De passage sur le Caillou, elle accompagne
actuellement son frère George Hisao, invité dans le cadre des festivités pour y présenter sa
collection d’estampes japonaises. L’exposition de ces « Ukiyo-e » débute ce samedi matin au
Musée de la Nouvelle-Calédonie.

Barbelés. Mais l’enfance d’Anna et de George a été bousculée par la Seconde Guerre mondiale.
Leur mère est venue se marier avec leur père installé ici pour les besoins de la mine. « C’était un
mariage arrangé, décrit George. Ils se sont unis en 1930. Mon père a dû travailler très dur. » Et
Anna est née deux ans plus tard à Thio. George, quatre ans plus tard à Nouméa. « Après la mine,
mon père travaillait le sel, continue George. On habitait une maison à côté de l’ancien commissariat
de police, là où est installée aujourd’hui, la banque de Nouvelle-Calédonie, à côté du Rex. Je me
souviens que j’apercevais le mur du cinéma. »
« Il n’y avait pas tellement d’enfants, raconte à son tour sa sœur aînée. Le projectionniste me disait
de venir voir des films. J’y ai vu Blanche-Neige. » Anna a appris le français qu’elle parle toujours
très bien. Elle allait à l’école chez les sœurs. « Ma maîtresse s’appelait Mme Joli. C’était un nom
facile à retenir, un des premiers que j’ai appris. »
George se souvient aussi qu’il jouait à attraper les lézards dans les banians du centre-ville. Et
pêchait là où se situe l’actuel musée. Puis un jour de décembre 1941, le destin familial bascule.
Toute la famille est « internée » et envoyée au camp australien de Tatura. « Au camp, on ne
manquait de rien au contraire, on était bien traités même s’il y avait des barbelés. »
Décalage. C’est le retour au Japon où ils sentent en décalage qui sera le plus dur. « On est Japonais
mais on ne se sent pas comme des Japonais. C’est un peuple très strict, très dur, moins ouvert sur
les autres cultures que les Occidentaux. » Anna et George se perçoivent, eux, comme des étrangers
dans leur pays d’origine. Grâce à sa carrière au sein de la compagnie Japan Airlines, George
voyage partout dans le monde et surtout en Europe. C’est à Londres qu’il trouve ses premières
estampes dont les Japonais ignorent la valeur. Il ouvrira même un musée à Chiba, près de Tokyo.
Anna travaillera, elle, comme secrétaire pour l’armée du Commonwealth au Japon. « Je regrette
qu’à 18 ans, mon père ne nous ait pas demandé si on voulait disposer de la nationalité française. Il
a décidé pour nous, sans nous consulter. » Ces deux « Tatura kids » retrouvent leur pays natal une
nouvelle fois avec beaucoup de plaisir.
Le grand-père de Rose-Marie Take, Takeo Tsuji, a eu la chance de retrouver la Calédonie en 1953
après avoir été transféré dans le camp de Loveday, en Australie, et renvoyé au Japon en 1942.
Janvier 1911. Débarquement de Japonais à Thio. 5 575 japonais sont arrivés en Nouvelle-
Calédonie entre 1892 et 1919. Ils venaient travailler dans les mines de nickel pour une période de
cinq ans.
Arielle Honda a retrouvé la tombe de l’un de ses deux grands-pères japonais dans la ville de Misato.
Le Chiffre : 8000
C’est le nombre estimé de descendants de ces 5 575 émigrés japonais, passés en Calédonie.
Repères
Ames errantes
L’artiste Mustumi Tsuda spécialiste de l’émigration japonaise en Nouvelle-Calédonie présentera son
dernier livre Âmes errantes traduit en français, à Poindimié, le 3 juillet à la médiathèque.
Cet ouvrage retrace la vie d’une famille nippo-kanak, installée sur la côte Est. Denzo Higa avait
épousé la petite-fille du grand chef de Pouébo, Laura Leroi.

Mémorial à Thio
Le 25 janvier 1892, 599 Japonais débarquaient à Thio. Près de trois cents Japonais y sont décédés.
la première pierre d’un mémorial y sera posée le 5 juillet. Il est réalisé par l’architecte Yukiyoshi
Matsuda, lui-même fils d’un émigré japonais, dont les demi-sœurs vivent ici.

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