LUNDI 27 mai 2019 / Edition Wallonie / Quotidien / No 123 / 1,90 € (GDL : 2,10 €) / 02 225 55 55
CAHIER
Deux Belgique
Le Soir
27 05 2019 *
Raoul Hedebouw (PTB), Zakia Khattabi (Ecolo), Tom Van Grieken (Vlaams Belang).
C
’est une nouvelle Belgique qui
est sortie des urnes, ce di-
manche soir. Deux Belgique
même, avec un fossé de plus en plus
marqué entre le nord et le sud du pays.
En Flandre, en effet, le Vlaams Belang
est le grand vainqueur des élections
avec plus de 18 % des voix. Les extré-
mistes deviennent le deuxième parti
flamand derrière une N-VA en baisse
ÉDITO
BÉATRICE DELVAUX ÉDITORIALISTE EN CHEF
Un dimanche noir, un tsunami politique, un pays désarticulé
a Flandre vient ce dimanche d’ajou-
Ll’Europe.
ter une tache sur la carte noire de
Ceux qui croyaient avoir réduit
l’extrême droite à néant au nord du pays
ne doivent pourtant pas faire les sur-
pris : notre dernier sondage montrait
cette forte montée en puissance. « Di-
manche pourrait être noir, mais qui s’en
soucie ? », écrivions-nous alors, hélas, à
raison.
Aujourd’hui, nous voilà le nez contre le
mur, et quel mur !
Il ne s’agit pas de stigmatiser les élec-
teurs de ces partis. À travers l’Europe, ils
disent quelque chose que nous devons
entendre et auquel surtout nous devons
répondre. Mais écouter l’électeur des
partis extrémistes ne justifie jamais de
trouver fréquentables ceux qui ex-
ploitent leurs émotions et leurs colères.
Briser le cordon sanitaire ? Gouverner
avec le Belang ? Ce serait pactiser avec le
racisme véhiculé par ce parti et les dé-
rives haineuses de ceux qui prennent la
parole en son nom.
Il n’y a rien d’envisageable ou d’audible
22
5 413635 080173
La Flandre vire à l’extrême droite avec une poussée
du Vlaams Belang. En Wallonie, le PTB et Ecolo gagnent
les élections. Tous les partis traditionnels sont en baisse
(25 %, - 6,6 pp) mais encore incontour-
nable. C’est donc un tsunami, même si
notre dernier sondage de la semaine
passée montrait une poussée extré-
miste en Flandre.
Hier soir, en tout cas, Bart De Wever
a salué la victoire du Belang et ne lui a
pas fermé la porte pour le gouverne-
ment flamand...
Côté francophone, un énorme bug in-
dans leur programme, il n’y a pas de
compagnon de route dans leurs rangs.
Et celui qui s’allierait à eux se disqualifie-
rait pour les autres niveaux de pouvoir.
Hier soir, les déclarations « d’ouverture »
de Bart De Wever étaient insuppor-
tables. Ce président qui a perdu les
élections instrumentalisait soudain la
victoire d’un autre pour servir d’effet de
levier à son projet confédéraliste. Tout
La Belgique était une
formidable exception
sur la carte des extrémismes
européens et aurait pu le rester.
Mais elle a joué avec le feu
est bon pour gagner ? Non. Rien ne
justifie de se servir de l’extrême droite
comme marchepied, même en se bou-
chant le nez.
Le président de la N-VA ment par ailleurs
lorsqu’il déclare à ses troupes que ce
dimanche soir, la Flandre a choisi majo-
ritairement le nationalisme flamand.
MOTS CROISÉS 25 SUDOKU 25 MÉTÉO 25 LOTERIE 25 BON À DÉCOUPER 25 RÉSULTATS ÉLECTIONS 29 À 48 NÉCROLOGIE 54 TÉLÉVISION 55
L’INSTANT TECHNO 56 PETITE GAZETTE 56
© PHOTONEWS/REUTERS.
formatique a retardé la diffusion des ré-
sultats jusque tard dans la soirée et au
moment de boucler cette édition,
toutes les précisions n’étaient pas en-
core connues. Mais l’enseignement
principal était déjà très clair : ce sont
les verts et le PTB qui connaissent la
progression la plus forte. Le PS et le
MR étaient au coude à coude en Wallo-
nie, tous deux en recul. A Bruxelles, PS,
Non, M. De Wever, l’électeur du Belang
n’a pas voté pour la scission du pays ou
le nationalisme flamand. Il a sanctionné
un « système » dont, cette fois, la N-VA
fait partie avec tous les autres partis
traditionnels. La claque, c’est une
grande partie du monde politique qui la
prend, aussi, mais dans une beaucoup
moindre mesure, en Wallonie et à
Bruxelles avec le vote Écolo et PTB.
La Belgique était une formidable excep-
tion sur la carte des extrémismes euro-
péens et aurait pu le rester. Mais elle a
joué avec le feu. Comment en effet
convaincre l’électeur de voter pour un
système où des partis qui avaient pro-
mis de construire durant une longue
législature, ont passé leur temps à se
disputer ? Où des partis ont débranché
la prise de gouvernements pour des
raisons électorales ? Où des partis n’ont
retrouvé le sens de l’éthique qu’après
être passés par la case « scandale » ? Où
des partis n’arrivent pas à résoudre
ensemble ces problèmes qui angoissent
des individus devenus surpuissants et
Ecolo et MR occupent les trois pre-
mières places.
Quoi qu’il en soit, les perdants, au
nord comme au sud, sont les partis tra-
ditionnels : selon les estimations, au
Parlement fédéral, les trois familles
« classiques » (socialiste, libérale et
chrétienne) perdent... vingt-quatre
sièges !
C’est dire si la formation des diffé-
pourtant si perdus face à la mondialisa-
tion, la migration et la planète ?
Comment par ailleurs convaincre de ne
pas voter pour des partis qui agitent la
haine et le rejet de l’autre lorsque,
comme la N-VA, on joue aux apprentis
sorciers en dévoyant le thème – crucial –
de l’identité sur les Wallons puis les
migrants avec pour résultat de légitimer,
décomplexer et banaliser les propos et
les votes extrémistes. On le sait quand
même tous : à la copie, on préfère tou-
jours l’original. Ceux qui, à la N-VA, ont
fait tomber un gouvernement en jouant
du « Marrakech » parce qu’ils avaient
peur de perdre les fédérales et ceux qui
ont fait l’autruche face aux déborde-
ments de Theo Francken sur la migra-
tion, doivent aussi analyser leur respon-
sabilité.
Comment vider l’outre noire ? En s’al-
liant, en se serrant les coudes et en
cessant de se renvoyer la balle. Écolo/
Groen pense pouvoir tracer cette piste,
les autres partis libéraux et socialistes
aussi. Mais leur bulle vient d’éclater
SPÉCIAL
RÉSULTATS
20 PAGES
rents gouvernements va être compli-
quée vu le morcellement des forces en
présence.
Quant au scrutin européen, il a
confirmé une poussée des partis popu-
listes, mais loin du tsunami annoncé.
En France, c’est cependant le Rassem-
blement national qui arrive en tête, de-
vant le parti d’Emmanuel Macron.
violemment : ce n’est plus eux qui ont
l’agenda en main, mais la Flandre où
une alliance N-VA/Belang pourrait forcer
au confédéralisme. Si les Régions pour-
raient très vite fonctionner, mais com-
ment le Roi, qui a dénoncé en son temps
l’extrême droite, va-t-il pouvoir gérer ce
front de fer ?
Nombre de démocrates sont à la re-
cherche de solutions avec d’autant plus
d’angoisse que sur le front européen, ce
dimanche a vu Marine Le Pen battre
Emmanuel Macron. Le populisme, écrit
le sociologue Jean-Claude Kaufman,
n’est que le deuxième étage. En dessous,
il y a ce changement de société, ces gens
qui cherchent à se protéger dans des
bulles de certitude. Il faut une histoire
qui porte pour les reconquérir. Elle sera,
hélas, plus difficile que jamais à
construire et à faire entendre dans une
Belgique dont la N-VA et le Vlaams
Belang sont désormais les deux pre-
miers partis !
Vous avez bien lu : les deux premiers
partis. Un gâchis. Un tsunami.
1
Le Soir Lundi 27 mai 2019
2 élections 2019
Le Soir 27 05 2019 *
LE VLAAMS BELANG
Le retour
des démons
extrémistes
Le Vlaams Belang
a gagné. Bart De Wever
a perdu et va discuter
avec Tom Van Grieken.
La N-VA ne ferme pas
la porte à une rupture
du cordon sanitaire
qui existe depuis 1991.
MAXIME BIERMÉ
n l’avait sentie monter mais pas
O à ce point-là. Une nouvelle
vague brune a bien déferlé sur
la Flandre dimanche. On pourrait
presque parler d’un tsunami car le
Vlaams Belang s’est hissé à la deuxième
place au nord du pays avec plus de 18 %
des voix au parlement flamand et plus
de 20 % des voix flamandes à la
Chambre. Un score impressionnant
mais pas historique. En 2004, le parti
qui venait de renaître des cendres en-
core chaudes du Vlaams Blok, avait ré-
colté 24 % des voix.
Tel un phénix, le parti extrémiste a de
nouveau déjoué tous les pronostics.
Rappelons qu’il y a cinq ans, le Vlaams
Belang avait failli disparaître de la carte
politique de la Flandre et de la Belgique
en passant sous les 5 %, seuil symbo-
lique qui permet la représentation au
sein d’un parlement. À l’heure d’écrire
ces lignes, on estimait qu’il n’y aurait
plus trois, mais dix-huit élus d’extrême
droite au Parlement fédéral. Au niveau
régional, ils devraient être vingt-trois,
soit dix-sept de plus que ces cinq der-
nières années.
Ce qui a changé entre les deux crises
existentielles de l’extrême droite fla-
mande, c’est l’arrivée de la N-VA au
pouvoir et sa domination sur l’échiquier
KROLL
politique du nord du pays. C’est tou-
jours le cas aujourd’hui, mais avec un
peu moins de prestance. La formation
indépendantiste emmenée par Bart De
Wever a perdu des plumes lors de ce su-
per-scrutin régional, fédéral et euro-
péen et ne pointe désormais plus qu’à
environ 26 % au parlement flamand,
contre près de 32 % en 2014. De Wever
a d’ailleurs reconnu faire partie des per-
dants de la soirée, tout en relevant que
la Flandre était plus à droite que jamais.
On peut écrire pour la première fois que
près d’un électeur flamand sur deux a
voté pour un parti nationaliste ou d’ex-
trême droite.
Presque rayé de la carte
Cette performance a donné des ailes à la
figure historique de l’extrême droite fla-
mande Filip De Winter : « Ce n’est pas
un dimanche noir mais un dimanche
blanc », a-t-il déclaré. « L’électeur s’est
exprimé, écoutez-le maintenant. » Dès
le début de la soirée, celui qui sera dé-
sormais député au parlement flamand
après cinq ans passés au fédéral, en a
profité pour plaider pour la suppression
du « cordon sanitaire ». Pour rappel, il
s’agit d’un accord entre les partis démo-
cratiques datant de 1991. Il visait à em-
pêcher toute alliance avec un parti d’ex-
trême droite. A l’époque, le Vlaams Blok
ne pesait pourtant « que » 7 % des voix.
Cela n’en était pas moins du jamais-vu
depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le cordon bientôt brisé ?
Près de trente ans plus tard, le cordon
sanitaire n’a visiblement plus la cote
chez certains Flamands. L’ancien judo-
ka Jean-Marie Dedecker qui tirait la
liste de la N-VA en Flandre-Occidentale
en tant que candidat indépendant, a dé-
claré qu’il fallait discuter avec le Vlaams
Belang, qualifiant pour l’occasion le ré-
sultat de dimanche de « gros doigt
d’honneur collectif ».
On entendait aussi ce type de discours
du côté du VLD même si, en soirée,
Nombre de voix récoltées par le Vlaams Belang
aux élections fédérales (la Chambre) depuis 1991
Chiffre provisoire à 22 h 30, dépouillement complet à 85 %
767.605 799.844
11,70 % 12 % 721.910
13,42 %
613.523
9,90 %
475.677 506.697
7,80 %
405.247 7,80 %
6,60 %
247.738
3,70 %
1991 1995 1999 2003 2007 2010 2014 2019
Gwendolyn Rutten, la présidente des li-
béraux flamands, assurait qu’il n’était
« absolument pas question » de tra-
vailler avec le Belang.
Cela n’a pas découragé Tom Van Grie-
ken. Devant des militants exaltés qu’il a
appelés à respecter les autres partis, le
président du Vlaams Belang a annoncé
qu’il prendrait ses responsabilités en
tant que grand gagnant de la soirée. Il a
clairement lancé un appel du pied à
Bart De Wever.
Interrogé sur une alliance possible, le
leader des nationalistes ne lui a pas cla-
qué la porte au nez. « Il faut bien
constater qu’une Flandre nationaliste a
été choisie par les électeurs. J’ai déjà
discuté avec le Vlaams Belang par le
passé et je vais les rencontrer comme les
autres partis. » De Wever a aussi repré-
cisé qu’il « n’était pas un grand fan du
cordon sanitaire ».
Discussions il y aura donc dès ce lun-
di. Sur quoi et pour quelle potentielle
coalition ? A voir. Seuls, la N-VA et le
Vlaams Belang n’ont pas suffisamment
de sièges pour décrocher une majorité.
Il faudrait l’appui d’un autre parti mais
personne ne semblait intéressé à l’heure
d’écrire ces lignes.
Dans son discours, Tom Van Grieken
a déjà annoncé qu’il mettrait certains
points incontournables sur la table des
négociations. Il les annoncera ce lundi
matin lors d’une conférence de presse.
On ne devrait logiquement pas échap-
per à des propositions sur la migration,
thématique numéro 1 du Vlaams Be-
lang depuis sa création.
Tom Van Grieken (en
haut), le président du
VB, a clairement lancé
un appel du pied à Bart
De Wever. Celui-ci ne lui
a pas claqué la porte
au nez. © PHOTO NEWS.
analyse Jeunesse, immigration, social... :
M.BMÉ rait la liste du parlement flamand à An-
vers, mais on sent quand même que Tom
près la claque d’il y a cinq ans où il Van Grieken est devenu le vrai patron. »
A avait failli passer sous le seuil des
5 %, son pire résultat historique, le
Un jeune patron qui a aussi pu bénéfi-
cier d’une libération de la parole qu’on
Vlaams Belang a tout changé du sol au constate en Europe, mais particulière-
plafond. Du moins en apparence. Filip ment en Flandre où il n’y a pas de cordon
Dewinter, figure historique du parti, a sanitaire médiatique. Tom Van Grieken
végété cinq ans à la Chambre avant de re- a participé à des talk-shows et même une
venir à l’avant-plan sur la question de la émission pour enfants de la télévision
signature du pacte pour les migrations publique. Peut-être aussi un peu aidé par
qui a fait chuter le gouvernement. la droitisation des discours, notamment
Parallèlement, Tom Van Grieken, via les tweets de Theo Francken quand il
32 ans (27 au moment où il a été propul- était secrétaire d’État à l’Asile et la Mi-
sé président du parti), se faisait une gration, Van Grieken a réalisé une bonne
place dans le cœur des électeurs. « Filip campagne en jouant justement sur son
Dewinter avait un ton plus dur, plus hard image « plus lisse » de « gendre idéal ».
et rance », explique Dave Sinardet, poli- Un trait qu’il partage avec Dries Van
tologue à la VUB. « Il est toujours là. Il ti- Langenhove, 26 ans. Le visage du mou-
*** 2

les vecteurs du carton de l’extrême droite
vement Schild & Vrienden a finalement
décroché son siège au Parlement fédéral
en se présentant comme indépendant
sur la liste du Vlaams Belang en Brabant
flamand. Un pari risqué mais réussi pour
le parti.
Cette jeunesse est d’ailleurs l’une des
principales explications du succès du
Vlaams Belang. 700.000 primo-votants
pouvaient faire entendre leur voix et il
semblerait qu’une bonne partie d’entre
eux ont été séduits par le discours radical
du parti d’extrême droite. Très présent
sur les réseaux sociaux, il est parvenu à
les atteindre mieux que les autres partis
traditionnels en misant sur des
« mèmes », ces images détournées, sou-
vent humoristiques, qui permettent de
faire passer des messages, ici essentielle-
Le Soir 27 05 2019 *
La Flandre encore plus à droite
Tout le monde s’atten-
dait à se trouver aux
prises avec une N-VA
forte, mais personne,
côté francophone, n’avait
prédit ceci : une N-VA qui
reste forte, et un Vlaams
Belang qui explose.
Fameux casse-tête. Peu
après 22 heures, la situa-
tion en Flandre se figeait
autour de ceci : à la
Chambre, la N-VA reste-
rait le premier parti, mais
perdrait 4,8 %. Elle totali-
serait encore 27,8 % des
suffrages. Derrière elle,
arrive le Vlaams Belang,
qui progresse de manière
spectaculaire : + 14,5 %.
L’extrême droite devient
donc le deuxième parti
de Flandre et dépasse le
CD&V (15,2 %, – 3,5 %),
l’Open VLD (14,2 %,
– 1,5 %), le SP.A (11,3 %,
– 2,9 %) et Groen (10,3 %,
+ 1,7 %).
Le paysage flamand s’est
donc une nouvelle fois
recomposé. On savait
que la Flandre votait plus
à droite que le sud du
pays, mais dans la confi-
guration de dimanche
soir, le vote au Nord est
désormais presque majo-
ritairement à la droite
(radicale) et à l’extrême
droite. La composition
du Parlement fédéral en
apportera une illustra-
tion flagrante : ensemble,
la N-VA et le Vlaams
Belang totalisent
43 sièges. Par comparai-
son, la plus grande fa-
mille politique du pays,
les socialistes à l’heure
ment centrés sur la question de l’immi-
gration. Une préoccupation partagée par
une grande partie de la population mais
dont on a finalement peu parlé durant la
campagne, du moins dans les médias et
les grands débats.
Déçus du SP.A et de la N-VA
Dans le même temps, le VB est aussi par-
venu à surfer sur des thématiques plus
sociales comme le retour de la pension à
65 ans et la baisse de la taxe sur l’électri-
cité de 21 à 6 %. Selon Dave Sinardet,
cette stratégie peut avoir permis de récu-
pérer une partie des électeurs du SP.A.
Dernier point, et peut-être le plus im-
portant : le Vlaams Belang a pu compter
sur le retour au bercail d’une partie de
ceux qui espéraient que le changement
Le Soir Lundi 27 mai 2019
élections 2019 3
La coalition fédérale introuvable,
Les exclusives des partis peut-être une maxi-négociation
francophones obscurcissent le jeu institutionnelle
Du côté francophone, flamand. D’autant que C’était le scénario hard, Flandre, se rouvre l’hypo-
de boucler cette édition,
tous, à l’exception du MR, Bart De Wever a été clair, analysions-nous samedi, thèse d’une séquence
sont à 27 sièges.
avaient mis une exclusive prenant le premier la on ne croyait pas si bien politique vouée à une
Le président de la N-VA,
contre un gouvernement parole dimanche soir dire : les élections du négociation institution-
Bart De Wever, n’a pas
fédéral avec la N-VA. Le pour cadrer d’emblée les 26 mai établissent sans nelle en vue d’une régio-
dit autre chose, di-
parti de Charles Michel, choses : il ne pourra y ambiguïté l’ancrage à nalisation accrue, une
manche soir, en affir-
qui avait opposé le même avoir de gouvernement droite de la Flandre, avec confédéralisation du
mant : « En démocratie,
veto en 2014 avant de fédéral sans majorité une droite extrémiste, pays, qui donnerait lieu à
l’électeur a toujours
s’allier avec les nationa- dans le camp linguistique celle du Vlaams Belang, et un face-à-face musclé
raison. Mais il a perturbé
listes flamands, avait flamand (au contraire de l’autre nationaliste- entre les représentants
les cartes aujourd’hui
manifestement appris de ce que le MR a accepté du conservatrice, la N-VA. Ce des partis flamands et
avec un regard tourné
cette erreur et n’avait rien côté francophone ces bloc des droites est incon- francophones. Après cela,
plus que jamais vers le
exclu. Les autres partis cinq dernières années). tournable politiquement, si la négociation devait
centre-droit, la droite et
francophones auraient-ils Une manière de mettre la sauf à nier l’expression aboutir, il n’est pas exclu
les nationalistes. »
dû en faire autant ? En pression sur les autres démocratique du corps que les électeurs soient à
L’électeur flamand a
politique, il est louable partis flamands pour électoral au nord. Au sein nouveau appelés à s’ex-
manifestement été
que des responsables, au qu’ils respectent cette de ce bloc des droites, la primer sur la base de la
conséquent. Au parle-
nom de leurs valeurs, ligne. A voir. N-VA est pour sa part nouvelle donne politico-
ment flamand, la balance
disent ne pas vouloir Comment les partis fran- (quasiment, on y vient) institutionnelle. Fiction ?
penchera encore beau-
s’allier avec des forma- cophones s’en sortiront- incontournable mathé- En effet. Mais les résultats
coup plus à droite. Selon
tions qu’ils jugent ex- ils ? On a longtemps matiquement en vue de de dimanche permettent
les projections dispo-
trêmes ou à la limite de dit/cru que le CDH de la formation d’un gouver- d’y croire.
nibles vers 22 h, la N-VA
l’extrémisme. Mais en Maxime Prévot pourrait nement fédéral. Les Bart De Wever a expliqué
restait aussi le premier
politique, c’est souvent le se montrer moins réti- autres partis flamands, le qu’il prendrait ce lundi
parti à 25,4 %, devant un
pragmatisme qui l’em- cent à renforcer une CD&V, le VLD, SP.A, Groen, l’initiative afin de former
Vlaams Belang à 18,6 %.
porte. Car la raison a ses coalition suédoise que sont loin derrière. Il n’y a un gouvernement fla-
Le premier parti de
raisons que les principes sous l’ère de Benoît Lut- pas de véritable alterna- mand. Le même s’apprête
gauche au parlement
ne connaissent pas. Et gen. En fin de campagne, tive à un exécutif flamand (à noter cependant que
flamand, le SP.A, arrive
qu’à défaut d’accepter le nouveau président a avec la N-VA, partant un les familles socialiste
en cinquième position,
qu’un pays ne soit pas plus ou moins fermé exécutif fédéral. Et vu les PS-SP.A comme libérale
avec 10 %.
gouverné pendant de cette porte. Le PS et positionnements des MR-VLD arrivent en tête
Cette évolution du pay-
longs mois, il faut accep- Ecolo se sont montrés partis francophones, la en nombre de sièges à la
sage flamand marque un
ter le résultat des urnes tellement hostiles à toute confection du gouverne- Chambre) à prendre la
nouveau tournant dans
et « faire avec ». alliance avec la N-VA qu’il ment fédéral relève de main au fédéral : « Nous
la recomposition du
Alors, au lendemain de leur sera difficile de se l’acrobatie, voire de l’im- attendons l’initiative du
paysage flamand et
ces élections coup de dédire. Sauf qu’en Bel- possibilité. A noter qu’en Roi. Mais laissez-moi dire
belge. La N-VA avait, aux
poing, il faudra bien gique, le temps arrange théorie, excluant la N-VA, une chose clairement :
élections de 2014, réussi
former des coalitions. souvent les choses. Et une coalition fédérale aucun gouvernement ne
le pari de vider le Vlaams
Dans les Régions, mais au que ce qui est impossible associant un arc-en-ciel peut être formé sans une
Belang de sa substance.
fédéral aussi. Et exclure à au lendemain d’une PS-MR-Ecolo franco- majorité en Flandre. Nous
Elle avait tenté de
la fois le Vlaams Belang élection peut devenir phone et une tripartite ne le permettrons ja-
conserver son avantage
(ce qui est une évidence) possible quelques mois CD&V-VLD-SP.A côté mais. » Le leader de la
en gardant un discours
et la N-VA, comme l’ont plus tard. Le temps de flamand tient la route en N-VA a une arme ultime
radical, parfois à la limite
fait la grande majorité faire comprendre à l’opi- nombre de sièges. Politi- dans son arsenal : la
du racisme. Mais mani-
des partis francophones, nion qu’aucune autre quement invraisem- menace d’une alliance
festement, l’électeur a
rend impossible toute solution n’est réalisable. Il blable ? Plutôt, oui. avec le Vlaams Belang, ce
préféré l’original et a été
coalition, du moins avec était (bien) trop tôt pour Donc ? Donc, sous l’effet qui couperait le pays en
déçu des promesses de
une majorité dans le ça hier. de la poussée nationa- deux sans retour.
la N-VA.
groupe linguistique MARTINE DUBUISSON liste-extrémiste en DAVID COPPI
BERNARD DEMONTY
La Chambre 2019
OPEN VLD (-2)
Estimation des sièges
(résultats à minuit)
CD&V (-6
-4)
-3)
SP.A (
7)
MR
H(
(+
CD
2)
)
(-5
O
OL
12 12 9 (+
)
EC
PS 6 EN
( 15
-5 13 GR
O 15)
)
ANG (+
18 8 BEL
S
LA AM
N-VA 18 V
(-8)
25
12 PTB (+10)
150 sièges 2 Défi (0)
Répartition des sièges 2014
CD&V
D
MR
VL
Coalitions mathématiquement possibles
EN
OP
20 18 Majorité à la Chambre : au moins 76 députés
PS
14 .A
23 SP
13 H 76
CD
9 LO
N-VA ECO
33 6 GROEN PS, MR, Ecolo / SP.A, Open VLD, Groen 75
6 VLAAMS BELANG
3
150 sièges 22 PTBFDF
1 PP PS, Défi, Ecolo / SP.A, Open VLD, Groen 62
PS, MR, Ecolo / SP.A, Open VLD, CD&V 79
PS, Ecolo, CDH / SP.A, Groen, CD&V 66
passerait par la N-VA. « La réalité, c’est
que dans la plupart des pays et régions PS, Ecolo / SP.A, Groen, CD&V 60
d’Europe, un quart voire jusqu’à un tiers
des électeurs sont attirés par un parti PS, Ecolo / SP.A, Groen, Open VLD 60
très strict sur l’immigration », décrypte
encore Dave Sinardet. « Selon le
contexte politique, ces gens vont voter PS, MR, CDH / SP.A, Open VLD, CD&V 72
pour un parti d’extrême droite ou de
droite radicale qui affiche une ligne sécu-
ritaire. On l’a vu en Autriche par PS, MR / SP.A, Open VLD, CD&V 66
exemple. Mark Rutte avait aussi joué là-
dessus il y a quelque temps avec succès MR, Ecolo, CDH / Open VLD, Groen, CD&V 66
au Pays-Bas. En Flandre, ces électeurs
étaient au Vlaams Belang et sont partis à
la N-VA qui est devenue un parti de gou- MR / N-VA, Open VLD, CD&V 64
vernement. C’était le risque pour la
N-VA d’avoir une partie des déçus qui re- MR, CDH / N-VA, Open VLD, CD&V 70
tournent vers le Vlaams Belang. Cela
s’est confirmé. »
*** 3
Le Soir Lundi 27 mai 2019

4 élections 2019

Tom Van Grieken, l’homme

LE PRÉSIDENT
Le Soir 27 05 2019 *

qui rend le Belang « fréquentable »

En cinq ans, le jeune ne remporte plus que 5,6 % des suf-
frages. Un résultat symbolique quand
président est arrivé à on sait qu’en 2004 encore, près de 25 %
des Flamands avaient voté pour le parti
faire d’un parti de Filip Dewinter. Au moment où il
prend les rênes du parti, personne ne
moribond la deuxième croit en lui, on l’appelle « l’enfant sol-
formation de Flandre. dat ». Il a alors 27 ans.
à un stop migratoire en Belgique, consi-
dérant que l’Islam n’avait pas sa place
en Belgique et qu’il fallait légaliser le
« pepper spray ». On relèvera aussi que,
sous la direction de Van Grieken, le
Vlaams Belang est le seul parti à s’être
rendu aux marches de Pegida en Alle-
magne.
Et jouant à la fois sur la modération et
d’ailleurs très souvent été invité dans les
médias flamands. Ce fut encore le cas ce
vendredi, où il se trouvait en débat
contre Theo Francken sur le thème de la
migration. Il est aussi parvenu à séduire
des intellectuels flamands, qui ont
contribué à rendre son discours plus ac-
ceptable.

Sans rompre avec le
passé, en envoyant des
signes de modération.
PORTRAIT
BERNARD DEMONTY
ais qui a entendu parler de Tom
M Van Grieken en Belgique franco-
phone ? Pas grand monde. Et pourtant,
c’est cet homme qui, en cinq ans, sera
parvenu à redresser le Vlaams Belang.
Il en prend les commandes en 2014,
alors que le parti touche le fond. Le soir
des élections, le parti d’extrême droite
Mais même si l’idéologie du Vlaams Belang n’a pas changé sur le fond, le « style » Van Grieken, moins provocant, plus charmeur que Philippe Dewinter,
a joué un rôle dans la remontée de son parti. © BELGA.
Pas de rupture brutale
La question qui se posait à son arrivée
était de savoir s’il allait rompre avec la
ligne dure du parti, incarnée par Filip
Dewinter, et qui manifestement n’avait
pas convaincu, devant une N-VA plus
modérée, notamment sur les questions
migratoires. L’intelligence de Tom Van
Grieken fut de ne pas rompre brutale-
ment, tout en envoyant des signaux de
modération. Par exemple, quand Filip
Dewinter s’est rendu en Grèce auprès
des membres d’Aube dorée, Tom Van
Grieken a condamné.
Mais il a su aussi envoyer des signaux
dans l’autre sens, déclarant : « Je ne suis
pas moins radical que Filip. » Et il a ef-
fectivement prolongé la ligne, appelant
en posant quelques actes symboliques
pour rassurer l’aile dure, le jeune pré-
sident est parvenu à attirer de nouveaux
sympathisants dans son parti, sans
perdre l’aile radicale. Il apparaît aujour-
d’hui que ces constatations sont confir-
mées dans les urnes.
Mais même si l’idéologie n’a pas chan-
gé sur le fond, le « style » Van Grieken a
pu jouer un rôle. Contrairement à Filip
Dewinter, par exemple, ce n’est pas un
adepte de la provocation. C’est plutôt un
charmeur, et c’est ce qui pourrait expli-
quer son succès. En évitant donc la pro-
vocation, en appelant très souvent à la
fin du cordon sanitaire en suggérant
que le Vlaams Belang avait changé, il a
pu se rendre plus fréquentable. Il a
Communication et publicité
Tom Van Grieken a également pu
compter sur ses qualités d’expression.
Sa formation a pu l’aider en ce sens,
puisqu’il a étudié le management de la
communication. Il a aussi travaillé dans
la publicité, ce qui lui a sans doute per-
mis de comprendre la puissance des
images dans le monde d’aujourd’hui.
On ajoutera, pour clore le tableau,
que Tom Van Grieken a su aussi se rap-
procher de la classe ouvrière, en faisant,
nous dit-on une campagne sur le terrain
dans les quartiers les plus défavorisés.
Un autre Vlaams Belang, donc, mais
personne ne dit que l’idéologie du parti
d’extrême droite s’est adoucie pour au-
tant.
RTBF et RTL
ont-elles brisé le
cordon sanitaire ?
« Je lance un appel à tous
les élus des partis tradi-
tionnels pour briser, avec
nous, le cordon sani-
taire. » Philippe Dewinter,
figure du Vlaams Belang,
ne s’exprime ni à la VRT ni
sur VTM, où la notion de
cordon sanitaire média-
tique n’existe pas, mais
bien à la RTBF. Peu avant,
c’est sur RTL-TVi qu’un
autre ténor du parti na-
tionaliste répondait aux
questions de Christophe
Deborsu. Deux interven-
tions qui ont, sinon cho-
qué, à tout le moins inter-
pellé une partie du public
plus habitué à mettre un
visage sur l’extrême
droite sur les chaînes
françaises qu’aux JT
francophones belges.
La RTBF s’est immédiate-
ment défendue d’avoir
franchi cette ligne Magi-
not. Au même titre que
RTL qui nous dit « ne pas
avoir ouvert le micro en
direct ». « L’interview a été
filtrée pour s’assurer de
ne présenter que des
propos neutres, analysant
leur stratégie au fédéral.
On ne peut évidemment
pas faire semblant qu’il
ne se passe rien en
Flandre. »
Pour l’expert en commu-
nication politique de
l’ULB, François Heinde-
ryckx, « il ne faut pas
jouer avec les mots ».
« Quel que soit leur résul-
tat aux élections, il est
évidemment hors de
question pour les médias
d’ouvrir une tribune à
l’extrême droite. Mais dès
lors qu’ils font l’actualité
en doublant ou en tri-
plant leur score, il est

l’expert « Un vote qui reflète le double visage de la jeunesse flamande »

ENTRETIEN
LUDIVINE PONCIAU
J érémy Dodeigne est politologue à
l’université de Namur.
Que faut-il déduire du recul des
partis traditionnels au profit du VB ?
L’effet de ressac que l’on constate
pour les partis traditionnels est en
ligne avec les plus récents sondages,
dont celui du Soir du 20 mai. On est
dans cette marge d’erreur. Sauf pour
le VB où, au lieu des 13 à 16 % atten-
dus, on est plutôt à 18 ou 19 %.
Pourquoi tant d’indécis ont décidé
de voter à l’extrême ?
On avait en effet beaucoup d’indécis :
de 20 à 30 %. Ces votes détournés
des partis traditionnels ont eu pour
effet d’augmenter l’importance du
Vlaams Belang, mais aussi du PVDA
(le PTB flamand), ce qui est assez
surprenant. Ces indécis ont choisi les
partis de l’opposition et les messages
les plus radicaux. Pas d’aller vers les
verts.
Vous y voyez un vote de protesta-
tion ou un réel renforcement de
l’extrême droite, à mettre en paral-
lèle avec la montée du populisme
aussi du devoir des mé-
dias d’analyser, de déco-
der, ce qui implique mal-
en Europe ? ritaire n’est pas forcément une mau- aller vers une coalition de centre- gré tout de leur parler. »
En général, les partis au pouvoir se vaise chose. gauche en faisant monter le SP.A, un On serait donc loin, dans
stabilisent ou perdent un peu. Ici, Le deuxième profil, c’est celui des parti perdant, mais le CD&V pren- ce cas, des « dérives
c’est un ressac général, avec une jeunes qui se mobilisent plus rapide- drait-il un risque pareil ? Ça semble
graves » observées à la
poussée des partis non traditionnels. ment, comme pour le climat. peu réaliste. BBC qui a tendu son
On peut y voir un vote protestataire. Mais encore une fois, ces deux vi- micro, sans filtre, à Nigel
Une partie de cet électorat s’est re- sages de la jeunesse ne sont qu’une On a senti dans certaines déclara- Farage, le « brexiter »
trouvée face à un discours banalisé, partie de l’explication. tions dimanche soir, à la N-VA mais populiste. Quoi qu’il en
comme celui que tient Theo L’autre, c’est le retour à une pas que, une remise en question du soit, si le cordon sanitaire
Francken, qui donne une ligne situation presque normale cordon sanitaire… venait à sauter entre la
de conduite légitime. Et ces dans l’échiquier flamand. Il Ce qui est inédit dans ce scrutin, c’est NV-A et le Belang, une
électeurs ont choisi de retour- faut rappeler que ce n’est pas la banalisation par les autres partis. brèche viendrait imman-
ner vers la version originale. du tout le meilleur score du Bart de Wever l’a dit : c’est la victoire quablement fragiliser
Alors, on peut effectivement VB. En 2004, il avait obtenu du centre-droit, de la droite et du na- celui tendu entre les
faire un parallèle avec ce qui se 32 sièges au parlement fla- tionalisme flamand. Peut-être faut-il médias francophones et
passe en Europe car on est Jérémy mand. y voir une stratégie pour se rendre l’extrême droite.
aussi dans cette mouvance, Dodeigne incontournable mais du point de vue PHILIPPE LALOUX
mais c’est surtout explicable (UNamur) Quelle coalition entrevoyez- politique, ces déclarations sont très
par la stratégie manquée de la © D.R. vous à la lumière des pre- importantes. Les jeux sont plus ou-
N-VA. miers résultats ? verts…
Paradoxalement, l’affaiblissement de Après, les options restent multiples
Le rajeunissement du parti a-t-il la N-VA la rend plus incontournable vu qu’il n’y a pas encore eu de réac-
contribué à sa percée ? que jamais. Selon les projections, la tions explicites. Il n’est pas du tout
Les jeunes – on l’a d’ailleurs constaté N-VA et le Vlaams Belang obtien- certains par exemple que les ténors
lors des provinciales de 2018 – ont draient 58 sièges sur 124 au parle- du CD&V, qui se sont battus pour le
privilégié le vote protestataire, anti- ment flamand. cordon sanitaire, soient d’accord
système ou le vote blanc. C’est le pre- À ce stade, une alliance de quasi tous pour entrer au gouvernement fla-
mier profil de ces jeunes électeurs : les autres partis semble peu crédible. mand avec le Vlaams Belang.
ceux qui sont pris dans différents Reconduire la coalition actuelle est Numériquement, cette coalition ne
problèmes et qui n’ont jamais enten- par contre possible. L’une des op- serait d’ailleurs pas beaucoup plus
du que le mot « crise ». Des études tions serait de faire monter le VB confortable que la coalition actuelle.
montrent d’ailleurs que les jeunes mais quel en serait l’avantage ? Ou Mais sur le plan politique, ce serait
considèrent qu’avoir un leader auto- alors exclure la N-VA et le VB pour un message très fort.

* 4
Le Soir Lundi 27 mai 2019

6 élections 2019

Ecolo et le PTB émergent

WALLONIE
Le Soir 27 05 2019 *

du brouillard informatique
Une panne informatique dans la transmission des
données au ministère de l’Intérieur a gravement
perturbé la publication des résultats wallons.

ERIC DEFFET
FRÉDÉRIC DELEPIERRE

e dépouillement des élections fédé-

L rales et régionales a tourné au fias-
co ce dimanche en Wallonie. Le vote gé-
néralisé sur papier mais surtout des dif-
ficultés informatiques liées à l’encodage
des résultats expliquent les retards pris
dans les opérations post-électorales.
Ainsi, à 19h30 en 2014, le dépouille-
ment avait été mené à bien pour 30 %
des bureaux pour ces élections régio-
nales. Cinq ans plus tard à la même
heure, on en était à moins de 5 %, soit
79 bureaux sur 1.360, autant dire rien
du tout. Il faut encore préciser qu’à
l’heure du JT de la RTBF, aucun résul-
tat n’était disponible à Mons, Charleroi
ou Liège, et dans la plupart des grandes
villes.
Il faudra évidemment faire toute la lu-
mière sur les causes de ces difficultés in-
formatiques qui ont également concer-
né Bruxelles pourtant convertie intégra-
lement au vote électronique. Le vote pa-
pier était revenu en grâce partout en
Wallonie pour éviter les couacs liés à la
technologique. Un comble wallon… Les
germanophones ont été épargnés par
ces difficultés. Il faut dire qu’après une
longue polémique, ils ont obtenu de
conserver les machines à voter.
En cours de soirée, sur le plateau de la
RTBF, le ministre-président bruxellois
Rudi Vervoort (PS) a souligné que ces
soucis n’étaient en aucun cas de la res-
ponsabilité des bureaux de dépouille-
ment. C’est bien dans l’encodage et la Ecolo devrait être vite reçu par Elio Di Rupo, puisqu’il est le vainqueur objectif du scrutin au sud du pays. © BELGA.
transmission des résultats par voie télé-
phonique vers le ministère de l’Intérieur
que les problèmes ont surgi. Le Bruxel-
lois a refusé de confirmer la responsabi-
lité de Proximus. Mais les témoins s’ex-
primant dans les médias ont tous souli-
Le PS a eu chaud mais Di Rupo mènera les consultations
gné que l’opérateur téléphonique est à Le parlement wallon 2019 E.D. tempo au cours des prochains jours,
l’origine de ce « bug ». Estimation des sièges (résultats à 23 h 30) comme il l’avait fait au lendemain des
« Dans l’après-midi, nous avons été n Wallonie, le suspense est venu élections de 2014. Même si le nombre
informés d’un ralentissement de la E d’où on ne l’attendait pas. Au mo- de sièges devrait être très proche : 22
MR

-3)

transmission des informations », a réagi ment de boucler cette édition, alors pour le PS selon l’Intérieur, deux de
H(
(-5)

CD

Haroun Fenaux, porte-parole de Proxi-
mus. « Nous avons immédiatement
contacté nos partenaires et nos ingé-
nieurs ont investigué en collaboration
avec eux. Il a fallu analyser une centaine
de routeurs qui avaient été installés
dans des bureaux de vote. Une chose est
sûre, nous n’avons constaté aucun pro-
blème sur notre réseau. »
Saturation
Selon un porte-parole du SPF Intérieur,
que nous étions en possession des ré- plus que le MR.
) Quid des autres formations en lice
20 (+
9 sultats de 80 % des bureaux de vote, le
PS
(-8 10 OL
O PS et le MR en finissaient à peine avec en Wallonie ? Ecolo et le PTB ont assez
) EC un coude à coude qui avait duré toute rapidement émergé du brouillard in-
13 la soirée et devait leur permettre de formatique. Le score des verts devrait
22 rester ou de devenir le premier parti être de l’ordre de 15 à 16 %, alors qu’ils
8) politique dans le paysage wallon. Ce étaient tombés à 8,6 % il y a cinq ans.
PTB (+
10 leadership ne serait toutefois qu’une
75 députés piètre consolation : les deux princi-
pales formations au sud du pays ont Ecolo semble comme
Répartition des sièges 2014 perdu des plumes à l’occasion de ce prévu le partenaire naturel
scrutin. du PS puisqu’il est
MR

le processus électoral s’est retrouvé sa- Finalement, les libéraux évoluaient

turé lorsque 70 % des cantons électo-
raux ont tenté de se connecter simulta-
nément pour envoyer les résultats au
ministère de l’Intérieur. Le problème a
été réglé en milieu de soirée.
Sur les plateaux télé, les candidats PS
Ahmed Laaouej et MR Didier Reynders
ont fustigé la défaillance technique par-
lant d’une situation inadmissible dans
un pays de droit. « Je ne vais certaine-
ment pas réagir à des propos tenus sur
des plateaux télé », s’est contenté de
commenter Haroun Fenaux, pour
Proximus.
Longtemps, les hommes et les
femmes politiques invités à commenter
le scrutin wallon en ont été réduits à
multiplier les précautions oratoires de
circonstance ou à commenter le dé-
pouillement bien plus rapide en Flandre
avec la très forte poussée du Vlaams Be-
lang qui inquiète les démocrates de tout
le pays.
Même très partiels, les premiers ré-
sultats wallons ont toutefois rapide-
ment montré une progression réelle
d’Ecolo et du PTB, des scores moins ca-
tastrophiques que prévus pour le CDH
tandis que le PS et le MR étaient annon-
cés en baisse, mais conservaient leur
première et leur deuxième place, devant
les verts confinés largement sous la
barre symbolique des 20 %.
autour des 22 % des voix, soit une
25 baisse de 4 % par rapport à 2014. Les
PS socialistes faisaient encore moins bien :
H une chute de 6 points et un score géné-
30 CD
13 ral de l’ordre de 25 %. Mais méfiance
donc : les résultats restaient incom-
ECOLO plets et plus particulièrement dans les
4
2 PTB grandes agglomérations comme Mons,
75 députés 1 PP
Charleroi ou Liège où le PS est d’habi-
tude largement en tête, flirtant réguliè-
rement avec la barre des 40 %.
Dans ces circonscriptions urbaines,
Coalitions mathématiquement possibles les socialistes tournaient encore aux
Majorité au parlement wallon : au moins 38 députés alentours de 33, 36 ou même 38 %
des voix, alors que les résultats res-
taient partiels. On pensait que cela
38 leur permettrait d’atteindre un résul-
tat final plus en mesure avec leurs
PS, MR 42 ambitions initiales et de prendre le
large par rapport aux libéraux. Mais
PS, CDH, Ecolo 45 les tableaux du ministère de l’Inté-
rieur ont confirmé l’impression ini-
tiale : l’égalité presque parfaite du dé-
MR, CDH, Ecolo 43 but de soirée s’est transformée en
écart de deux ou trois points en faveur
du PS.
Ce qui est loin d’être négligeable…
La « pole position » permet au vain-
queur de garder la main pour la phase
suivante : le tour de table post-électo-
ral, puis d’éventuelles négociations de
gouvernement. Le PS d’Elio Di Rupo
devrait donc être en mesure de fixer le
le vainqueur objectif
Le PTB devrait lui aussi doubler son
score de 2014 pour culminer au-delà
des 12 %. Inutile de préciser que ces
deux formations seront en mesure de
composer un groupe politique en
bonne et due forme au parlement ré-
gional.
Reste le CDH que l’on prédisait en
perdition. Mais les humanistes su-
bissent en définitive un recul hono-
rable qui les verrait glisser de 15 à
12 %, au moment de mettre sous
presse et leur permettrait de conserver
10 sièges contre 13 à Ecolo et 10 au
PTB.
A qui le PS proposerait-il de compo-
ser une majorité ? Ecolo semble le can-
didat naturel puisqu’il est le vainqueur
objectif du scrutin au sud du pays.
Reste une question qui attendra avant
d’être tranchée : de combien de sièges
disposerait une coalition de ce type ?
Cela risque d’être insuffisant : 35 selon
les projections. Le CDH pourrait être
appelé à la rescousse.
En tout cas, les choses ne traîneront
pas. Elio Di Rupo a annoncé qu’il
consulterait toutes les formations re-
présentées au parlement dès ce mer-
credi, puis après le congé de l’Ascen-
sion.
6
 Le Soir Lundi 27 mai 2019

élections 2019 7
Le Soir 27 05 2019 *
PARLEMENT ÉCOLO THUIN MÉDIAS
GERMANOPHONE
Les Zèbres de Nollet Au bureau de vote en tenue de Gille Un Sacha
Les libéraux battus à Anvers On ne pouvait décidé-
sachant chasser
ment pas les manquer.
grands Un dimanche d’élections, on passe le temps Pour venir voter, plusieurs Sacha Daout avait été chargé par la RTBF
comme on peut... Les résultats électoraux tar- électeurs avaient en effet de suivre la piste d’Elio Di Rupo durant
perdants dant à tomber en Wallonie (et c’est un euphé- décider de porter leur l’après-midi électorale. L’expérience a vite
misme), Jean-Marc Nollet s’est concentré di- tenue de Gille. Ce fut tourné au « running gag », notre confrère
manche après-midi sur le match de foot décisif notamment le cas à Thuin désespérant de croiser la route du pré-
(pour une place en Coupe d’Europe) entre l’Ant- où ils étaient plusieurs sident du PS dans sa ville de Mons et
werp et Charleroi, le club de son cœur. à voter en sabots et jusque dans le Borinage voisin. Comble
Le visage pâle et une écharpe zébrée autour du tenue traditionnelle. de l’humiliation (avec le sourire s’en-
cou, le coprésident d’Ecolo a suivi la partie sur Hasard du calendrier, tend) : c’est sur l’écran rival de RTL-TVI
un écran d’ordinateur. le premier jour du carna- que Di Rupo est apparu en premier lieu,
Un exercice douloureux qui s’est achevé dans la val tombait en effet devant son domicile de la rue du 11
douleur : vert de rage, Nollet a bien dû enregis- ce dimanche à Thuin. SP novembre. Mais Sacha sait chasser : il a
trer la défaite de ses couleurs en croisant les filé à Bruxelles pour rattraper l’homme
doigts afin que le sort soit moins funeste pour politique au siège de son parti avec
sa formation politique. Ce fut le cas en fin de Dimanche, à Thuin, c’était carnaval. © DR. la promesse de ne plus le quitter
soirée. E.D. jusqu’au bout de la soirée. E.D.


Oliver Paasch, ministre-
président germanophone,
membre du parti ProDG.
© DOMINIQUE DUCHESNES.

Alors que bugs informa-

tiques et autre poudre
blanche ralentissaient le
dépouillement des votes en
Wallonie, tous les bureaux
des cantons de l’Est ont
bien été finalisés vers
19 heures. Les résultats,
assez stables par rapport au
précédent scrutin, sont
nets : les libéraux sont les
grands perdants de di-
manche au parlement
germanophone. Avec un
recul de 4,19 %, ils de-
viennent la plus petite
force politique en totalisant
seulement 11,36 % des
suffrages.
A l’inverse, la plus forte
augmentation est à mettre
au crédit du parti Vivant, lié
à l’Open VLD, qui progresse
de 4,20 % pour atteindre
14,82 % des voix. Ensuite,
ce sont les écologistes qui
observent une augmenta-
tion de 2,96 % et ob-

Allez,
tiennent ainsi un total de
12,50 % des suffrages. Une
percée qui ne connaît
toutefois pas le même écho
que celui observé sur le
territoire fédéral.
Le changement le plus
marquant est le passage en
tête du parti régionaliste

on se
Pro Deutschsprachigen
Gemeinschaft (ProDG). Ce
parti, celui du ministre-
président actuel Oliver
Paasch, est un parti régio-
naliste qui vise la recon-
naissance de la Commu-
nauté germanophone de
Belgique en tant que qua-
trième Région et onzième

bouge!
province, soit comme com-
posante à part entière dans
la Belgique fédérale au
niveau politique, social,
économique, administratif
et culturel. Il devient donc
la première force politique
avec 23,33 % des voix, soit
une augmentation de
1,13 % relativement au
dernier scrutin.
Il est suivi de près par le
Christlich Soziale Partei
(CSP) (23,14 %), pour sa
part en recul de 1,72 %. Les
socialistes du Socialistische
Partei (SP) sont également
La Matinale Bel RTL avec Bérénice
en léger recul avec moins
1,23 % et recueillent seule-
ment 14,84 % des suffrages.
Des résultats qui can-
Tous les matins dès 7h
tonnent l’ex-ministre-pré-
sident germanophone
Karl-Heinz Lambertz (1999-
2014) derrière son succes-
seur, Oliver Paasch.
Ce dimanche, c’étaient
49.440 germanophones qui
étaient appelés à voter
dans l’un des 57 bureaux
de vote installés sur le
#vosmeilleursmoments
territoire de l’Ostbelgien.
M.TH.

7
Le Soir Lundi 27 mai 2019

8 élections 2019

Le parti socialiste loin

CIRCONSCRIPTIONS
Le Soir 27 05 2019 *

de ses records historiques

Le PS perd des plumes Elections fédérales Elections régionales
partout, même dans
ses fiefs habituels. Bruxelles Brabant wallon Liège Tournai
Ath
Ecolo et PTB Ecolo surfe sur sa vague Charles Michel Le PP perd son siège
Mouscron
Ecolo avec Groen est le limite la casse Malgré des résultats
disposeront premier parti pour la Le Mouvement réforma- encore incomplets, de
d’un groupe au circonscription de la
Région bruxelloise. Il de-
teur a perdu ce qu’il avait
gagné en 2014. Charles
grandes tendances appa-
raissaient dimanche soir
Crucke et Demotte
ne font pas de miracle
parlement régional. vance de quelques pour Michel devrait donc pour les fédérales à Le PS enregistre ici une
cent le PS et augmente limiter la casse avec un Liège. Le grand vain- chute importante dans
de 11,08 %. Le PS obtient score de son parti proche queur devrait être Ecolo un de ses bastions où il
19,84 % soit une diminu- de celui de 2010. Cela lui qui gagnerait 6 points à était emmené par Rudy
tion de 5%. Du côté des permettrait de garder 15,8 % et remporterait Demotte. Il devrait se
élus, Emir Kir, en troi- trois élus – Charles Mi- trois sièges à la Chambre situer autour des 29 %,
sième place, fait quasi- chel, Florence Reuter et soit deux de plus qu’en perdant plus de 7 points
Les élus ment autant de voix que
la tête de liste, Ahmed
Emmanuel Burton – au
Parlement fédéral. Ce qui
2014. A l’inverse, le PS et
le MR en perdraient un
depuis 2014, un de ses
plus mauvais résultats
A l’heure de boucler cette Laaouej. Le MR devient le changera, c’est certain, chacun au passage. Les depuis dix ans même s’il
édition, voici les noms 3e parti avec 17,37%. La c’est la position d‘Ecolo socialistes réaliseraient reste le premier parti
des élus probables : nouvelle recrue, Michel qui redeviendra le un résultat médiocre, devant le MR. Emmené
PS De Maegd est élu. deuxième parti de la passant de 30 à 23 %. Le par le ministre wallon
Elio Di Rupo, Ludivine Le CDH atteint tout juste province, devant le PS. PTB de Raoul Hedebouw Jean-Luc Crucke, le parti
Dedonder, Patrick Prevot, les 5,85 % (9,31 % en Comme un miroir inversé devrait quant à lui chute de près de 5
Hugues Bayet, Eric Thié- 2014) et suave ainsi son par rapport à 2014. Cela conserver ses deux stra- points pour se situer
baut, Guillaume Far- siège mais il perd tout de ne changerait malheu- pontins. Liège n’aura plus autour des 22 %. En
vacque, Daniel Senesael, même un élu. A l’inverse, reusement rien en termes de représentant du Parti Wallonie picarde, c’est
Mélissa Hanus, André le PTB fait une percée de siège puisqu’Ecolo et populaire à la rue de la Écolo qui devient le
Flahaut, Frédéric Daer- inattendue avec plus de le PS garderont un seul Loi. E.D. troisième parti avec près
den, Julie Fernandez 12,16%. Aucun sondage mandat, avec respective- de 15 % des voix tandis
Fernandez, Christophe n’avait donné ce score. ment Simon Moutquin et ■ PS : 22,8 % que derrière, le CDH
Lacroix, Marc Goblet, Défi se maintient avec André Flahaut. Au grand ■ MR : 22,2 % était au coude à coude
Eliane Tillieux, Jean-Marc 10,76% et perd unique- dam d’Olivier Vanham ■ Ecolo : 15,8 % avec le PTB pour le
Delizée ment 0.33%. Enfin, les (CDH) dont la formation a ■ CDH : 10,4 % statut de quatrième
MR Listes Destexhe perdent encore perdu des voix et ■ PTB : 14 % parti. Mais c’est finale-
Denis Ducarme, Marie- leur pari et n’atteignent qui ne retrouve pas l’élu ■ Défi : 3,4 % ment le PTB qui a em-
Christine Marghem, pas le seuil d’éligibilité. perdu en 2014. J.-P. D.V. ■ PP : 3,4 % porté ce match dans le
Georges-Louis Bouchez, V.LH. match. S.DX
Benoît Piedboeuf, Charles
■ Ecolo : 22,70 % ■ MR : 35,10 % ■ PS : 28,61 %
Michel, Florence Reuter,
■ MR : 18,45 % ■ Ecolo : 20,04 % ■ MR : 21,76 %
Emmanuel Burton, Daniel
■ PS : 18,44 % ■ PS : 15,07 % ■ Ecolo : 14,60 %
Bacquelaine, Jaddin Ka-
■ Défi : 11,57 % ■ CDH : 7,80 % ■ PTB : 11,39 %
trin, Philippe Goffin,
■ PTB : 11,36 % ■ Défi : 6,06 % ■ CDH : 10,91 %
Nicolas Reynders, Marion
■ CDH : 5,60 % ■ PTB : 7,22 % ■ Défi : 3,23 %
Dubois, David Clarinval
■ PP : 1,63 % ■ PP : 2,41 % ■ PP : 3 %
Ecolo
Jean-Marc Nollet, Marie-
Colline Leroy, Gaëlle
Hossey, Cécile Thibaut, 15
Simon Moutquin, Sarah Bruxelles-
capitale
Shiltz, Samuel Cogolati,
Julie Chanson, Georges
Gilkinet 5
CDH Brabant
Catherine Fonck, Marie- wallon 15 Mons
Liège
Hélène Vanelstraete, Josy 18
Arens, Vanessa Matz, Hainaut
Le MR en recul
Madeleine Hennes- A la Chambre Avec la réserve de ri-
Grosch, Maxime Prévot
6 gueur, tout indique que
Nombre d’élus Namur
PTB dans chaque le PTB pourrait réaliser
Marco Van Hees, Sofie circonscription un de ses meilleurs résul-
Merckx, Appoline Dupuis, électorale francophone tats dans la circonscrip-
Raoul Hedebouw, Nadia tion de Mons pour les
Moscufo, Catherine La- régionales. Un score de
comble,Thierry Warmoes 4 plus de 16 % était envisa-
Luxembourg geable au moment de
Namur boucler cette édition, soit
une hausse de 10 points
Prévot sauve le CDH qui serait historique.
Hainaut La lutte s'annonçait à couteaux tirés Parmi les autres ga-
entre des socialistes emmenés par gnants, Ecolo bien enten-
Di Rupo recule avec le PS l'ancienne ministre wallonne Eliane du, qui obtiendrait 11 %,
En Hainaut (près de 50 % des bureaux Tillieux, des réformateurs par un c’est-à-dire moins que
dépouillés), le parti socialiste restera en cadre du parti – David Clarinval est dans d’autres circonscrip-
tête au soir du 26 mai. Mais le PS em- chef de groupe à la Chambre –, tions. Le CDH perdrait
mené par Elio Di Rupo pour la Chambre Maxime Prévot qui voulait redonner deux points aux alen-
devra la jouer modeste : il devrait en des couleurs aux siens et Georges Luxembourg tours de 10 %. Le PS se
effet subir un recul important, peut- Gilkinet chez Ecolo. Les deux partis comporterait honorable-
être de l’ordre de 8 ou 9 points, ce qui qui traditionnellement se disputaient Cécile Thibaut (Ecolo) Luxembourg mais perd ment avec Joëlle Kapom-
devrait le situer aux alentours de 32 % le leadership sont en chute : - 8,14 mange un siège du CDH toutefois 3 points pole à sa tête : un résul-
des voix. A l’inverse, le PTB devrait pour le MR (à 20,17%) et - 5,38 pour En Luxembourg, les (18,6%). Il y aura donc tat autour de 37 %, soit
progresser dans des proportions com- le PS (à 22,45%). Ils conservent ce- tendances sont claires, 4 élus fédéraux luxem- un recul approximatif de
parables pour culminer à 14 % des pendant les deux premières places, que ce soit au niveau bourgeois issus des 4 3 points. Mais le grand
voix. Le MR se tasse lui aussi mais des devant le CDH, en légère progression fédéral et régional. premiers partis (CDH, perdant serait toutefois
une moindre mesure, de 20,7 à 17,33 % à 16,52%. Derrière, les 4e et 5e posi- A l’heure du bouclage, MR, PS et Ecolo), un le MR pourtant emmené
Mais comme partout en Wallonie, c’est tions sont occupées par les deux sur 106 bureaux sur 129, visage historique en par Jacqueline Galant et
Ecolo qui l’emporte ici, aux alentours formations politiques qui ont le vent le CDH perd un siège au Luxembourg. Sans avoir Richard Miller : les libé-
de 14 %, ce qui devrait lui permettre de en poupe dans la province namuroise: profit d’Ecolo dont c’était d’élu, le PTB croît de plus raux pourraient perdre
remporter trois sièges. Le CDH est Ecolo à 14,58% (+4,83%) et le PTB à un rêve presque inacces- de 7 points. J.-L. B. 7 % à 13,6 %. A confir-
stable aux alentours de 10 %. E.D. 12,19% (+7,33%). L. SC. sible. Le CDH perd beau- mer. E.D.
coup de plumes (près de
■ PS : 32,4 % ■ PS : 22,45 % 10 points pour se situer à ■ PS : 18,94 % ■ PS : 37,21 %
■ MR : 17,3 % ■ MR : 20,17 % 23,8%) mais était au ■ MR : 23,44 % ■ PTB : 16,31 %
■ PTB : 13,9 % ■ CDH : 16,52 % coude à coude avec le ■ Ecolo : 15,35 % ■ MR : 13,65 %
■ Ecolo : 13,6 % ■ Ecolo : 14,58 % MR pour le leadership en ■ Défi : 2,94 % ■ Ecolo : 11,21 %
■ CDH : 9,4 % ■ PTB : 12,19 % Luxembourg, un MR qui, ■ CDH : 23,40 % ■ Défi : 2,92 %
■ Défi : 3,6 % ■ Défi : 4,85 % lui, glisse de -1,17 point. ■ PTB : 9,53 % ■ CDH : 9,87 %
■ PP : 2,92 % Le PS reste le 3e parti en ■ PP : 2,92 % ■ PP : 3,46 %

** 8
 Le Soir Lundi 27 mai 2019

élections 2019 9

Le Soir 27 05 2019 *
Soignies
La Louvière
Le PS reste dominant
Les résultats dans la toute nouvelle
circonscription de Soignies-La Louvière
(dix communes associées pour la pre-
mière fois) se sont heurtés comme
prévu à l’impossibilité de toute compa-
raison avec les scores obtenus en 2014.
Toutefois, les socialistes restent large-
ment dominants dans ce coin du Hai-
naut avec 37 % des voix. La surprise
vient du PTB qui devient le deuxième
parti de cette circonscription avec
17,19 % des voix soit bien devant le MR
et ses 15 % d’électeurs. Ensuite arrive
Écolo avec près de 11 % des suffrages,
ce qui devrait constituer une belle
percée pour le parti dans cette région.
Derrière, le CDH et ses 8,61 % des voix
confirme sa mauvaise forme. À noter
que Défi et le PP atteignent à peine les
3,5 % des voix. S.DX
■ PS : 37,42 %
■ PTB : 17,19 %
■ MR : 15,06 %
■ Ecolo : 10,56 %
■ CDH : 8,63 %
■ Défi : 3,45 %
■ PP : 3,46
Nivelles
Hélène Ryckmans
double la mise Ecolo
Il n’y aurait qu’un seul changement au
sein du parlement wallon. La représen-
tation du MR serait toujours composée
de quatre élus, malgré un score en
baisse de près de 8 % de la liste menée
par la ministre sortante Valérie De Bue.
Par contre, le PS, en baisse de plus de
5 %, n’enverrait plus qu’un seul élu
avec Dimitri Legasse. Simplement parce
qu’Ecolo, mené par la députée sortante
Hélène Ryckmans, doublerait la mise
avec plus de 9 % de hausse. Quant au
CDH mené par André Antoine, le pré-
sident du parlement sortant, il permet-
trait aux humanistes, malgré une lé-
gère baisse, d’être toujours représenté.
Ce qui signifie que le PTB et Défi, en
hausse, ne seront pas représentés à
Namur. J.-P. D.V.
■ MR : 34,16 %
■ Ecolo : 19,99 %
■ PS : 14,72 %
■ CDH : 8,51 %
■ Défi : 6,28 %
■ PTB : 7,43 %
■ PP : 2,69 %
Huy
Waremme
Le PS garde son leadership
A l’heure de boucler cette édition, le PS
et le MR baissaient tous les deux d’un
peu plus de 5%. Les deux formations
devraient néanmoins garder au moins
un siège chacune. Les libéraux payent
l’absence d’Hervé Jamar sur les listes.
Dans son fief de Hannut, le parti perd
plus de 10%. Pour rappel l’ancien mi-
nistre fédéral est devenu gouverneur
de la province et ne peut donc plus se
présenter aux élections. Du côté des
gagnants, on retrouve Ecolo et le PTB
qui gagnent respectivement 5 et 6%.
Toutefois, vu l’importance de l’apparen-
tement dans l’arrondissement, il n’est
pas certain que ce regain électoral se
transforme en siège au Parlement. SI
c’était le cas, Maxime Tondeur pourrait
devenir le député le plus âgé de l’hémi-
cycle car le leader du PTB est âgé de 75
ans.T.J.
■ PS : 26,20 %
■ MR : 22,90 %
■ Ecolo : 16,45 %
■ PTB : 12,86 %
■ Défi : 4,38 %
■ CDH : 7,70 %
■ PP : 3,63 %
Liège
Jean-Claude Marcourt
et le PS devraient rester en tête
Avec un peu plus d’un tiers des bu-
reaux dépouillés à 22 h 30, difficile de
donner une estimation des résultats
qui ne devraient, selon certaines
sources qui se basent sur ce qui s’est
passé lors des dernières élections com-
munales, et compte tenu qu’il faut
encore y ajouter l’apparentement, être
connues que vers 6 h ce lundi. La seule
tendance qui se dégageait, c’était la
hausse du PTB, d’Ecolo et de Défi, dans
l’ordre décroissant d’importance, toutes
les hautes formations étant en baisse.
Le PS mené par Jean-Claude Marcourt
était toujours en tête, avec 28,92 % des
suffrages, devant le PTB (Alice Bernard)
avec 19,12 % et le MR (Philippe Dodri-
mont) à 16,82 %. A suivre… J.-P. D.V.
■ PS : 28,92 %
■ PTB : 19,12 %
■ MR : 16,82 %
■ Ecolo : 13,16 %
■ Défi : 3,89 %
■ CDH : 7,37 %
■ PP : 4,04 %

Charleroi
Thuin
Clersy récupère le siège
d’Écolo
Comme partout ailleurs,
les résultats sont long-
temps restés partiels au
point de retarder les
allocutions des ténors des
partis. Avec 32,7 % contre
40 %, le PS n’était assuré
que d’obtenir 3 sièges, le
MR deux, malgré un recul
de l’ordre de 0,8 % le
plaçant juste devant le
PTB avec 16,4 %, des voix
(et une progression de
+9,4 %). Avec près de
10,5 %, Écolo qui a dou-
blé son score récupérerait
son député wallon dans
la circonscription : Char-
leroi est un arrondisse-
ment toujours plus diffi-
cile pour les verts, mais la
remontée est plus que
satisfaisante selon la tête
de liste, Christophe Cler-
sy. Par contre, le CDH
risquait de perdre le sien,
crédité de 8,1 %, soit
-1,5 % par rapport à 2014.
DéfI n’a pas créé la sur-
prise et est en dessous
des 5 % comme le PP. D.A.
■ PS : 32,77 %
■ MR : 17,05 %
■ PTB : 16,54 %
■ Ecolo : 10,45 %
■ CDH : 8,03 %
■ PP : 4,73 %
■ Défi : 4,40 %
7 8
Tournai-
Ath-
Mouscron
Au Parlement
wallon
Nombre d’élus
dans chaque
circonscription
électorale
Namur
Stéphane Hazée est le troisième
homme
Au scrutin régional, la circonscription
de Namur doit envoyer sept élus au
parlement wallon. Après dépouille-
ment de 56 bureaux sur 121, soit près
de la moitié, un changement apparaît
dans la hiérarchie du top 4. Le PS
(22,05%) emmené par Jean-Charles
Luperto reste le premier parti malgré
un net recul (-6,84%), devant le MR à
20,21% (-3,28%) où le retour en poli-
tique de Sabine Laruelle a visiblement
aidé à « sauver les meubles ». Du moins
en partie. En revanche, le CDH (15,73%,
en recul de 5,41%), qui était cette fois
tiré par Benoît Dispa - et non Maxime
Prévot qui se présentait au fédéral -,
n'est plus le troisième parti. Il est de-
vancé par l’Ecolo Stéphane Hazée qui
emporte 17,81% des suffrages
(+7,56%). Le PTB est à 11,5% (+6,46%).
L. SC.
■ PS : 23,37 %
■ MR : 19,42 %
■ Ecolo : 16,76 %
■ CDH : 15,50 %
■ PTB : 12,11 %
■ Défi : 5,32 %
■ PP : 2,92 %
Verviers
Ecolo et PTB progressent,
le MR reste en tête
Le MR demeure le premier parti malgré
une chute non négligeable des votes. A
4 13 contrario sa tête de liste, Pierre-Yves
Nivelles
5 Huy- Liège Jeholet, demeure la personnalité poli-
Waremme tique qui a obtenu le plus de voix de
Soignies-
La Louvière 7 6 préférence sur la circonscription, toutes
5 10 Namur Verviers formations confondues. Ecolo se trouve
Mons Charleroi en deuxième position et constitue le
Thuin parti qui fait la plus belle progression.
4
Il est suivi de près par le PS et le CDH.
Dinant-
Philippeville Le PTB, comme Ecolo, fait une très belle
progression. Ces deux partis politiques
6 constituent les deux grands gagnants
Arlon-Marche- des élections. A noter qu’une particula-
Bastogne- rité habille cette circonscription électo-
Neufchateau- rale vu que les élus de la communauté
Virton
germanophone seront remplacés par
un élu francophone au sein de la com-
munauté francophone. CYC
■ MR : 25,93 %
■ Ecolo : 18,01 %
■ PS : 17,86 %
■ CDH : 16,42 %
■ Défi : 2,78 %
■ PTB : 9,97 %
Arlon ■ PP : 5,30 %
Dinant Marche
Philippeville Bastogne
Le PTB devant Ecolo
Neufchâteau
Seuls quatre élus du parlement de Virton
Wallonie seront issus de la circonscrip-
tion de Dinant-Philippeville. Et une J-Philippe Florent gagne un siège
chose est certaine, il n'y aura pas d'Eco- vert historique
lo dans le lot. Tout simplement parce A l’heure du bouclage, sur 83 bureaux
que si les verts ont effectivement pro- sur 110, le CDH, parti leader en Luxem-
gressé (3,14% après dépouillement de bourg, perd beaucoup de voix (-
83% des votes), ils arrivent... cinquième 8,48 %), et dans une moindre mesure le
parti. C'est le PTB, dans ces arrondisse- PS et le MR, qui devient le premier
ments ruraux, qui arrive en quatrième parti luxembourgeois pour la Région
position à 12,93% (+8,12%). Le trio de wallonne. Autre fait marquant, Ecolo
tête, lui, reste inchangé. Le MR, tiré par fait non seulement une percée (plus de
François Bellot, reste en tête à 25,81%, 14 % des voix et une progression de
mais loin des 33,84% de 2014. Le PS, 6 %) mais il décroche un siège wallon
emmené par Pierre-Yves Dermagne historique, qui lui semblait promis non
atterrit à la deuxième place à 23,69%. seulement suite aux divers sondages,
En fait, un tassement pour les socia- mais aussi par la grâce des nouvelles
listes. Le CDH (-1,43%) perd moins que circonscriptions électorales pour les-
les deux précédents, et emporte quelles les verts se sont battus ces
15,16% des suffrages, ce qui devrait lui dernières années. Le PTB fait lui aussi
assurer un siège. L. SC. une progression historique avec une
croissance de plus de 6 % des voix,
dépassant les 9 %. J.-L. B.
■ MR : 25,81 %
■ PS : 23,69 % ■ MR : 24,50 %
■ CDH : 15,06 % ■ CDH : 22,93 %
■ PTB : 12,93 % ■ PS : 19,94 %
■ Ecolo : 11,75 % ■ Ecolo : 14,44 %
■ Défi : 3,62 % ■ PTB : 9,15 %
■ PP : 3,17 %
■ Défi : 2,90 %

** 9
Le Soir Lundi 27 mai 2019

10 élections 2019

Le Soir 27 05 2019 *
BRUXELLES

Ecolo et le PTB en nette

progression, le PS et le
MR à la traîne
Le bug informatique a fortement perturbé la publication
des résultats. A l’heure de boucler cette édition, impossible
de savoir qui d’Ecolo, du PS ou du MR rafle la pole position.

VÉRONIQUE LAMQUIN La victoire des verts était en tous les

ruxelles a, comme la Wallonie,
B souffert du bug informatique… A
l’heure de boucler cette édition, seule-
ment 60 % des résultats étaient connus.
Avec une difficulté supplémentaire pour
les analyser : leur répartition géogra-
phique totalement inégale. Ainsi, des
bastions rouges tels que Molenbeek,
Saint-Gilles ou la Ville n’avaient pas, ou
très partiellement, livré leur verdict.
Quelques tendances nettes semblaient
toutefois déjà se dessiner.
Les verts consolident le sud
La première, c’est la victoire d’Ecolo.
Impossible d’en évaluer l’ampleur
exacte. Et surtout de déterminer qui est
le premier parti dans la capitale… Trois
partis étaient dans un mouchoir : les
verts, le PS et le MR. Or, la pole position
déterminera qui prendra la main, dès ce
lundi, pour former des coalitions. Car,
vu les résultats intervenus en Flandre,
et les premières déclarations de Bart De
Wever (N-VA), il y a fort à parier que les
francophones n’attendront pas le pro-
cessus fédéral pour lancer leurs négo-
ciations.
cas acquise dans plusieurs cantons.
Dans celui d’Ixelles, il a raflé pas moins
de 27,15 % des voix… Ils consolident
ainsi leurs bastions ixellois (33 % aux
communales, avec le maïorat de Chris-
tos Doulkeridis à la clé) et boitsfortois
(avec, là aussi, un bourgmestre en la
personne d’Olivier Deleuze). A Uccle
(avec Forest dans le même canton), où
les écologistes ont également cartonné
en octobre dernier, se hissant dans les
Il y a fort à parier que les
francophones n’attendront pas
le processus fédéral pour lancer
leurs négociations
deux majorités (avec une écharpe maïo- aussi élevé dans la capitale. Or, à l’heure légèrement sous les 20 %. Défi semblait Le PTB est un des vain-
rale forestoise), Ecolo se classe de boucler cette édition et, là aussi, dans quant à lui stable, autour des 15 %. queurs de ce scrutin
deuxième parti, avec 22,61 % des voix, l’attente de résultats en provenance de Avec pareille configuration, l’initia- bruxellois. Et c’est une
juste derrière le MR. communes qui leur sont a priori favo- tive de former une majorité devrait re- surprise. © BELGA.
rables, l’extrême gauche cartonnait, venir à Ecolo ou au PS. Or, ces deux for-
Le PTB vainqueur inattendu avec près de 12 % des suffrages. mations ont indiqué vouloir privilégier
L’autre tendance, c’est la victoire du Une certitude : socialistes et libéraux des alliances progressistes. La coalition
PTB dans ce scrutin bruxellois. Et c’est sont en recul par rapport à 2014. A prio- pressentie avant les élections semble
une surprise, les sondages n’ayant ja- ri, les rouges devant les bleus, mais bien donc mathématiquement possible : PS,
mais donné les marxistes à un niveau en deçà de leurs scores d’il y a cinq ans, Ecolo et Défi devraient réunir la moitié

sation. La police est donc intervenue ATTAQUE FAMILLE ROYALE

GILETS JAUNES
Des manifestants
s’attaquent
au siège du PS
bruxellois
La police est intervenue ce dimanche
en début d’après-midi à la gare du
Nord, à Bruxelles, pour contenir une
manifestation non autorisée des gilets
jaunes. Quelque 350 arrestations ont
eu lieu. « Un appel à manifester circulait
depuis quelques semaines sur les ré-
seaux sociaux alors que les électeurs
de 21 Etats membres de l’Union euro-
péenne votaient ce dimanche pour
renouveler le Parlement européen », a
commenté la commissaire Ilse Van de
Keer, porte-parole de la zone police de
Bruxelles-Ixelles.
« Plusieurs centaines de manifestants
ont répondu à l’appel, mais les organi-
sateurs n’avaient pas demandé d’autori-
pour contenir le rassemblement. Des
fouilles systématiques ont été effec-
tuées et des objets divers, comme des
fumigènes, ont été saisis. Par la suite, la
police a encerclé les manifestants pen-
dant qu’ils se déplaçaient dans le
centre-ville. Quelques dizaines de per-
sonnes ont été interpellées et
conduites dans des bus. »
Un petit groupe d’individus a alors
réussi à s’extraire du groupe principal. Il
a emprunté plusieurs axes du centre-
ville pour arriver devant le siège du
Parti socialiste, boulevard de l’Empe-
reur, où se préparait la soirée électo-
rale. « Des barrières Nadar se trouvaient
sur les trottoirs et ils les ont empoi-
gnées avant de les jeter », poursuit la
commissaire. « Il n’y a eu que des dé-
gâts limités. Ils ont aussi arraché des
affiches publicitaires. Nous les avons
reconduits vers la gare du Nord afin
qu’ils reprennent le train. En milieu
d’après-midi, la situation était sous
contrôle. » Des arrestations ont égale-
ment eu lieu sur la Grand-Place.
F. DE.
INFORMATIQUE
Albert II et Paola
Le site ont voté
du Vlaams Le roi Albert et la reine Paola ont voté à Laeken en ce
dimanche où plus de 8 millions d’électeurs se sont
Belang
rendus aux urnes pour désigner les députés fédéraux,
hors wallons, bruxellois, flamands, européens et ceux de la
communauté germanophone. Plus tôt dans la journée,
service on retrouvait la princesse Astrid et son époux le prince
Lorenz, ainsi que leurs enfants, les princesses Luisa
Le site du Vlaams Belang a Maria, Laetita Maria et le prince Joachim, qui ont égale-
été la cible d’une attaque ment voté dans un bureau de vote situé à Laeken.
informatique. Et ce n’est BELGA © BELGA.
pas la première fois cette
année que cela arrive.
C’est du moins ce qu’a
affirmé le porte-parole du
parti d’extrême droite,
Klaas Slootmans. Le site a
été rendu inaccessible ce
dimanche après-midi, à la
suite de l’annonce des
premiers résultats électo-
raux qui ont vu une forte
poussée du Vlaams Be-
lang. Dans la soirée, le site
était toujours inaccessible,
malgré l’intervention de
plusieurs techniciens.
BELGA
<

Près de 350 manifestations ont eu lieu. © BELGA.

10
 Le Soir Lundi 27 mai 2019

élections 2019 11

Le Soir 27 05 2019 *

Groen suit la même

des suffrages dans le camp linguistique
francophone. D’autres formules sont
bien sûr possibles, avec le MR à la place
d’un des autres partis… Peu probable,
cependant, que le PS tende la main aux
libéraux. Quant aux relations entre
verts et bleus, elles ne se sont pas vrai-
ment réchauffées pendant la cam-
pagne ; en outre, les écologistes de la ca-
pitale ont la réputation d’être plus à
gauche que leurs homologues wallons,
là où les libéraux bruxellois semblent
parfois plus conservateurs. Bref, peu
probable que bleus et verts se préci-
pitent pour convoler ensemble. Quant
au PTB, les négociations avortées, au
lendemain du scrutin communal, avec
le PS, n’en font guère un partenaire très
probable.
Quant au CDH, il ne semble guère en
voie qu’Ecolo
Il faut rester toujours extrêmement
prudent à l’heure de boucler cette
édition car le bug informatique n’a pas
permis d’obtenir les scores pour les
cantons de Saint-Gilles et de Molen-
beek. Pour celui de Bruxelles, les résul-
tats sont extrêmement partiels mais il
semble que la vague verte se décline
également du côté néerlandophone.
Groen obtient 21,57 %, soit une hausse
de près de 4 % par rapport à 2014. A
cette heure, il serait le premier parti. La
Résultats francophones à Bruxelles N-VA n’aurait pas fait la percée prédite
En %, estimations à 22 heures, dépouillés à 69 % par certains et se stabilise autour des
17 % comme lors de la dernière élec-
2019 2014 tion régionale.
En troisième position, on retrouverait
26,59
l’Open VLD avec 16,25 % au lieu de
23,04 26,7 % en 2014. Mais le score des libé-
20,5 19,79 raux flamands devrait augmenter grâce
18,27 au canton de Bruxelles. Ensuite, nous
15,3814,8 retrouverions le SP.A avec 13 %, soit
11,74 12,02 une diminution par rapport à 2014.
10,11 Cette baisse peut s’expliquer par le bon
6,95 score du PVDA, le pendant néerlando-
3,86
2,76
phone du PTB, avec ses 4 %.
1,671,94 Enfin, le CD&V tomberait à 7,35 % et
Ecolo CDH MR Parti Défi PTB Listes PS perdrait ainsi 4 points de pourcentage.
Populaire Destexhe Par contre, le Vlaams Belang ne pro-
gresserait que de 2 points pour at-
teindre presque les 8 %. Le parti d’ex-
trême droite n’a jamais fait un score
fabuleux dans la capitale. Lors de la
dernière législature, il n’avait qu’un élu,
qu’il devrait donc conserver.
La N-VA serait donc contournable à
Bruxelles. Par contre, reconduire l’atte-
lage VLD-S.PA-CD&V ne serait mathé-
matiquement plus possible. Vu le score
mesure de prétendre à une place au mettait pas de dépasser la barre des de Groen, les écologistes néerlando-
gouvernement bruxellois, mathémati- 5 %. phones devraient prendre la main pour
quement parlant. A l’heure de boucler Notons enfin que les autres petits former une majorité dans le collège
cette édition, les humanistes sauvaient partis, côté francophone, n’ont pas réus- néerlandophone. Les convergences
leur place dans l’hémicycle, se hissant si leur pari. C’est vrai pour tous les par- devraient se porter vers le SP.A pour
de justesse au-dessus du seuil électoral. tis citoyens. Mais aussi pour le parti avoir une coalition la plus progressiste
Ce n’était par contre pas le cas pour DierAnimal, crédité de 1,35 % des voix possible. L’Open VLD se grefferait très
les Listes Destexhe, qui stagnaient sous (qui gonfleront l’escarcelle du PTB, probablement à cet attelage. V.LH.
les 3 %. Et même leur regroupement de groupement de listes oblige).
listes avec le Parti populaire ne leur per-

HORS DE NOS FRONTIÈRES

Ecolo favori des Belges à l’étranger

Les Belges qui votaient à l’étranger pour la désignation des députés fédéraux ont plébiscité les
écologistes. Avec un score qui tourne autour des 30 %, Ecolo est en tête partout, sauf en Brabant
wallon. Chaque province compte un canton « affaires étrangères » permettant de comptabiliser ces
votes, organisés plus tôt que les nationaux vivant en Belgique. A Bruxelles, Ecolo récolte 31,35 % de
ces suffrages, suivi du MR avec 26,07 %, du PS avec 12,73 %, du CDH avec 5,53 %, de Défi avec
5,35 %. Les autres partis ne franchissent pas le seuil de 5 %.
A Liège, Ecolo est en tête avec 31,5 %. Le MR y arrive encore en deuxième position avec 27 % et le
parti socialiste arrive en troisième position avec 16,3 %. Du côté de Namur, les Ecolo cartonnent
également avec 36 %. La vague verte se confirme aussi pour le Hainaut.
Seul le Brabant wallon ne penche pas pour les verts. C’est le MR qui est en première position chez
les Brabançons wallons à l’étranger avec 40 % des voix. Ecolo y arrive en deuxième position avec
près de 30 %. Le PS arrive à nouveau loin derrière avec 8 %. BELGA

SENEFFE

De la poudre blanche
dans un bureau
de dépouillement
De la poudre blanche a été découverte dans un bureau
de dépouillement à Seneffe, dans le Hainaut, a indiqué
Jeremie Demeyer, assesseur à l’occasion des élections et
par ailleurs journaliste à L’Echo. Découverte en fin
La file d’attente devant le consulat. d’après-midi, la poudre a forcé la police à descendre sur
© D.R. les lieux où les assesseurs ont été confinés dans le
bureau concerné. Le dépouillement a été interrompu
EUROPÉENNES dans la foulée. BELGA

File devant le INCIDENTS MINEURS EUROPÉENNES

consulat roumain Multiples interventions Un taux de participation

Plus de 500 personnes ont fait la queue
devant le consulat de Roumanie à
Bruxelles. Plusieurs agents de police
étaient sur place pour s’assurer que
l’attente, parfois longue de plus de
quatre heures, se déroule dans le calme.
De longues queues se sont également
formées à Berlin ou Londres. Cette forte
mobilisation intervient à la veille d’un
verdict en appel concernant le chef du
parti PSD, Liviu Dragnea, condamné à
trois ans et demi de prison ferme en
première instance dans un dossier d’em-
plois fictifs. M. TH.
techniques dans
les bureaux de vote
Environ 700 interventions pour des problèmes tech-
niques dans des bureaux de vote durant cette journée
électorale ont été observées, a indiqué dimanche le
ministre de l’Intérieur Pieter De Crem (CD&V) sur Twit-
ter. La moitié d’entre eux ont pu être résolus par télé-
phone tandis que l’autre moitié a nécessité le déplace-
ment sur place d’une équipe mobile. BELGA
Le dépouillement a été perturbé.
© OLIVIER CHARLES/BELGA.
en hausse
D’après les estimations, le taux de participation aux
élections européennes bat tous les records : ils seraient
« les plus élevés en 20 ans » avec une estimation de
51 % pour les 27 pays de l’Union européenne (UE), sans
le Royaume-Uni, a annoncé dimanche le Parlement
européen. Avec le Royaume-Uni, cette participation
pourrait se situer entre 49 et 52 %, a ajouté le porte-
parole du Parlement, Jaume Duch. AFP

11
Le Soir Lundi 27 mai 2019
12 élections 2019
Le Soir 27 05 2019 *
Ecolo remporte une victoire qui lui était promise
PARTIS
Les verts doublent leur
score de 2014 à
Bruxelles. L’avancée est
moins forte que prévu
en Wallonie.
Ecolo 2014 2019 Estimations en % à 23h
19,39
17,01 14,97
10,11
8,65 8,62
Fédéral Bruxelles Wallonie
PASCAL LORENT
’histoire est-elle en train de repas-
L ser les plats ? A la table des verts,
on se pose sérieusement la question.
Comme en 1999 et 2009, Ecolo enre-
gistre une progression. Mais à l’instar
de ces deux scrutins distants à chaque
fois de dix ans, le succès annoncé dans
les sondages s’est révélé moins marqué
dans les urnes. Encore que…
En 1999, les écologistes avaient obte-
nu 7,36 % et 11 députés à la Chambre et
7,74 % et 3 sénateurs. Au parlement
wallon, ils avaient décroché 14 sièges,
soit six de plus qu’en 2014. A Bruxelles,
les 14 élus verts étaient alors deux fois
plus nombreux. En 2009, Ecolo était
passé de 8,52 à 18,54 % à Namur (14
élus) et de 9,69 à 20,22 % (16 députés)
dans la capitale.
Et ce dimanche ? A une semaine des
élections, notre Grand Baromètre pro-
mettait 18,5 % en Wallonie et 20,2 % à
Bruxelles aux écologistes. Un sacré sur-
saut par rapport aux scores obtenus en
2014, lors de leur dernier ressac électo-
ral : Ecolo se situait à 8,62 % (4 sièges)
au parlement wallon et à 10,11 % (8
sièges) dans l’enceinte bruxelloise, tan-
dis qu’il obtenait 3,30 % et 6 parlemen-
taires à la Chambre. Et ce dimanche
soir, Zakia Khattabi avait beau jeu d’an-
noncer la victoire de ses troupes par
rapport à 2014, tout en anticipant ce
constat : « Les sondages se sont trom-
pés. » Elle se basait alors sur un… son-
dage réalisé à la sortie des bureaux de
votes par le Cevipol (ULB), donnant son
parti en troisième position en Wallonie
et à Bruxelles, aux alentours de 17 %.
Les sondages
se sont trompés
Zakia Khattabi coprésidente d’Ecolo
Dans quelle ampleur se sont-ils trom-
pés ? Ce dimanche, à l’heure de boucler
ces lignes, alors que 93,53 % des bu-
reaux étaient dépouillés en Wallonie,
Ecolo obtenait 14,97 % des suffrages
(+6,35) et 12 élus (+8). Dans la capitale,
où 95,60 % des bureaux avaient livré
leur verdict, les colistiers d’Alain Maron
étaient annoncés à 19,39 % (+9,3), avec
15 députés (+7). Avec la promesse de la
ministre-présidence ? Sans doute pas
car au fur et à mesure que les com-
munes où le PS est bien implanté li-
vraient leurs résultats, l’écart entre les
deux formations se réduisait et, sur le
coup de 22 h 15, les socialistes passaient
en tête devant les verts. A la Chambre,
où 95,29 % des bureaux étaient dé-
pouillés (mais où les voix exprimées
dans les provinces de Hainaut et de
Liège manquaient encore partielle-
ment), les verts pointaient à 5,89 % à
l’échelle nationale (+2,59 %). Soit 13
parlementaires (+7).
Une fin de campagne agitée
et un retour en force du PS
Bref, le succès écologiste apparaissait
incontestable dès le milieu de soirée.
Mais son ampleur variait entre
Bruxelles, où les sondages semblaient se
19,82
11,69
Europe
Zakia Khattabi savourait la victoire des siens. Mais la ministre-
présidence bruxelloise, qui lui semblait promise en fin de cam-
pagne, pourrait encore lui échapper. © PHOTO NEWS.
confirmer, et la Wallonie, où les augures
s’étaient montrés un poil trop opti-
mistes. Une famille verte qui ne pouvait
toutefois pas espérer devenir la pre-
mière du pays, compte tenu de la pro-
gression mesurée de Groen.
Comment expliquer ces résultats ? Le
succès des écologistes, d’abord. Comme
l’avait démontré l’analyse des résultats
du scrutin communal d’octobre : Ecolo
a pris des électeurs au MR, ceux-ci
étant sans doute déboussolés par cer-
tains choix cautionnés par la famille li-
bérale au gouvernement fédéral. Plus
question de croître uniquement sur la
gauche, donc, au gré des vicissitudes du
PS. Les enjeux climatiques, à l’agenda
des médias et de la population, com-
plètent cette explication : ce thème
reste un de ceux sur lesquels les verts
apparaissent comme les plus « compé-
tents » aux yeux des électeurs. « Ils ont
confirmé qu’il n’y a pas de transition
écologique sans justice environnemen-
tale et sans justice sociale », a insisté
Zakia Khattabi.
Et pourtant, la victoire apparaît
moins importante que prévu. Pour-
quoi ? D’abord, Ecolo a fait l’objet de
rudes attaques, venues en particulier du
MR puis, en fin de campagne, du CDH.
Avec chaque fois l’objectif de récupérer
les électeurs centristes ou de droite qui
avaient préféré Ecolo en octobre der-
nier. Plus que le « fake » sur la taxation
de la viande, c’est sans doute la bévue
du tract communautaire à Bruxelles
(sur le port du voile et l’abattage sans
étourdissement) qui a coûté quelques
voix. Enfin, la bonne fin de campagne
du PS a probablement entamé le capital
voix du parti vert sur sa gauche.
Pas assez toutefois pour priver Ecolo
de sa victoire, impressionnante en plu-
sieurs coins de Wallonie et de Bruxelles
(comme sur le canton d’Ixelles, par
exemple). Mais avec le score de l’ex-
trême droite en Flandre, celle-ci perd
une partie de sa saveur.
craintes Le Belang fait peur
aux militants des verts
REPORTAGE
FRÉDÉRIC DELEPIERRE
ans le centre de Bruxelles, la salle
D de spectacle de la Madeleine a été
totalement repensée et redécorée en ce
dimanche électoral. Choisi par Ecolo-
Groen comme QG pour sa soirée, l’es-
pace culturel a viré au vert. Tant à l’exté-
rieur qu’à l’intérieur, c’est la seule et
unique couleur visible. Particularité du
lieu, alors que les partis séparatistes
fêtent leur victoire au sud du pays, chez
les écologistes, francophones et fla-
mands célèbrent leurs bons résultats en-
semble.
Gijs et Marie, un jeune couple néerlan-
dophone habitant Bruxelles, arborent
un large sourire après les résultats des
verts. Mais là n’est pas leur préoccupa-
tion principale. Le choc, ils l’ont vécu un
peu plus tôt en apprenant la percée du
Vlaams Belang. « On savait que les na-
tionalistes allaient monter, mais pas à ce
point-là », commente Gijs. « Alors, oui,
nous sommes contents du résultat de
Groen, mais on ne peut s’empêcher de
constater que dégager une majorité au
fédéral ne va pas être simple. Les discus-
sions risquent de durer longtemps. »
Verres de bière à la main, Augustin et
Thomas aussi ont le triomphe modeste.
« Je ne peux pas m’empêcher de penser
au résultat du Belang avant de parler
d’Ecolo », déclare Augustin. « C’est telle-
ment inquiétant. »
Au vu des résultats engrangés, les deux
amis ne doutent pas un instant qu’Ecolo
Désormais, nous va prendre ses responsabilités en accé-
dant au pouvoir à Bruxelles et en Wallo-
sommes traités nie. « C’est le moment de le faire mais,
avec respect alors par contre, la question est de savoir que
faire au fédéral. Une des priorités sera la
qu’avant, on était bonne gouvernance et ça dépendra des
considérés comme partis avec lesquels on devra travailler.
Et à Bruxelles, le dossier principal sera
la cinquième roue celui de la mobilité. »
Un peu plus près du bar, Hubert, Do-
du carrosse. Nous minique et Stéphanie sont tout sourire.
ne sommes plus La victoire des leurs, ils ne la boudent
pas. « Nous sommes très heureux et très
des néophytes contents », lance Hubert qui s’improvise
Hubert, Dominique porte-parole du groupe. Reste désor-
et Stéphanie mais à traduire ces résultats en majori-
tés. Et là, le trio d’amis a des craintes.
« Au niveau fédéral, tout va évidemment
dépendre de ce qui se dégage en Flandre.
Mais désormais, nous sommes traités
avec respect alors qu’avant, on était
considérés comme la cinquième roue du
carrosse. Nous ne sommes plus des néo-
phytes. »
« Ça fait longtemps que nous sommes
prêts à monter au pouvoir », ponctuent
Céline et Anne. « Il y a des bonnes têtes
bien faites chez nous. La priorité, à
Bruxelles, sera d’améliorer les transports
en commun. Intelligemment. Comment
peut-on décider de détruire le viaduc
Herrmann-Debroux sans penser à une
solution alternative ? »
Beaucoup se demandent comment une coalition fédérale va
pouvoir être formée. © PIERRE-YVES THIENPONT.
12

Le PTB crée la surprise et double, triple,
PARTIS
quintuple la mise
À tous les niveaux de
pouvoir, le PTB repart
avec des scores bien
au-delà des sondages.
Ils tripleraient leurs voix
à Bruxelles et
doubleraient en
Wallonie. Les
communistes
pourraient envoyer
douze élus au fédéral,
et trois au nord.
Pour la première fois.
PTB 2014 2019 Estimations en % à 23h
12,22 12,72 12,59
5,17 5,76
3,86
Fédéral Bruxelles Wallonie
SOPHIE MIGNON
vec deux représentants au fédéral,
A quatre à Bruxelles et deux en Wal-
lonie dans les législatures sortantes, les
élus PTB étaient annoncés deux à trois
fois plus nombreux après le scrutin. Et
c’est un défi qu’à l’heure de boucler cette
édition, ils sembleraient avoir réussi
haut la main. « Une alternative est en
train de naître », a réagi hier soir le
porte-parole Raoul Hedebouw.
Au fédéral, alors que 93 % des bulle-
tins de vote étaient dépouillés, le parti
dirigé par Peter Mertens empochait
8,11 %, contre 3,84 % voici cinq ans.
Soit douze sièges sur 150, annonçait
provisoirement le site du ministère de
l’Intérieur. Cinq fois plus qu’il y a cinq
ans. Le porte-parole du parti a confirmé
hier soir dans un discours au QG du
PTB que la province d’Anvers enverrait
deux députés fédéraux communistes et
que la Wallonie ferait siéger « au moins
cinq à six députés fédéraux ». Les mar-
xistes sont parvenus à s’ancrer dans cer-
taines communes de manière forte.
Ainsi, par exemple, le PTB est le troi-
sième parti à la Chambre dans le canton
de Schaerbeek totalement dépouillé,
avec 14,77 % des voix.
La surprise à Bruxelles
Au parlement bruxellois, les premiers
chiffres sont aussi une surprise : côté
francophone, le PTB recueille 13,01 %
(+9,16 %) à 91 % du dépouillement et
côté néerlandophone, où il n’avait récol-
té aucun siège voici cinq ans, le PVDA
(PTB flamand) engrange 4,17 %
(+2,92 %) à ce même stade. Ce qui est
bien au-delà des sondages, qui dépei-
gnaient un PTB en petite forme, avec à
peine 7,9 % selon notre dernier Grand
Baromètre. Pourtant, le voici qui triple-
rait son score dans le groupe linguis-
tique français. Le PTB-PVDA empoche-
rait onze sièges dans l’hémicycle bruxel-
lois.
En Wallonie, les résultats égrainés
semblaient aller dans le même sens, bu-
reau après bureau. Les marxistes enre-
gistraient 13,06 % au comptage de 86 %
des bulletins, soit une hausse de 7,30 %.
Ils doubleraient donc leur score. Eux
qui avaient pourtant rechuté sous la
barre des 10 % pour la première fois de-
puis 2015 dans notre dernier Grand Ba-
romètre Le Soir – RTL Info – Ipsos –
Het Laatste Nieuws – VTM. À 9,2 %,
contre 28,9 % pour le PS.
Les votes récoltés par ces deux-là
jouent généralement les vases commu-
nicants. Quand le Parti socialiste pro-
gresse, le PTB recule. Et vice versa.
Cette transfusion pourrait se vérifier
une fois encore. Car au sud, le PS, s’il
semble rester le premier parti, perdrait
des plumes, -5,28 % à l’heure de boucler
cette édition.
14,47
5,48
Europe
Le parti de Peter
Mertens gagnera ses
trois premiers sièges
au nord du pays,
quand il s’était arrêté
en dessous du seuil
électoral en 2014.
© KRISTOF VAN ACCOM/BELGA
Le PVDA gagnera ses premiers sièges
au nord du pays, quand il s’était arrêté
en dessous du seuil électoral en 2014. À
96 % du dépouillement des votes, il
remportait 5,28 % des voix. Alors que,
dans les sondages, le PVDA n’avait tou-
jours pas dépassé les 5 %. Trois élus se-
ront envoyés au parlement flamand, a
fait savoir Raoul Hedebouw dans un
discours au QG de son
C’est le signal que parti hier soir à Liège.
les gens en ont « Un signal pour les
marre d’une partis traditionnels »
Cette « percée rouge ma-
société où les jeure », comme l’a décrite
riches sont de plus Raoul Hedebouw, s’expli-
querait, dit-il, par le ras-
en plus riches et le-bol du système poli-
tique des citoyens sur le-
les pauvres de quel misait le parti. Le
plus en plus PTB espérait condenser
les votes contestataires
pauvres. Voilà le des citoyens déçus. Parti-
signal qui a été culièrement après le gou-
vernement Michel, dé-
envoyé ce soir nonçant la « précarité
Raoul Hedebouw créée » par la politique de
« jobs, jobs, jobs » des li-
béraux et mettant notam-
ment en avant sa proposi-
tion de taxe sur les
grosses fortunes.
« C’est un signal très clair pour les
partis traditionnels », a déclaré Raoul
Hedebouw. « Ce sont eux qui mettent
les gens dans la misère alors que les spé-
culateurs, les banquiers, ce sont eux les
responsables. Un signal que le peuple
en a marre, qu’on n’est pas là pour tra-
élections 2019 13
Plus que les objectifs
dépassés, c’est la percée
en Flandre qui ravit le
PTB. © M. GOLINVAUX.
vailler plus longtemps, que les gens en
ont marre d’une société où les riches
sont de plus en plus riches et les pauvres
de plus en plus pauvres. Voilà le signal
qui a été envoyé ce soir. »
Depuis 2014, les sondages donnaient
le PTB en progression partout. Et en
décembre 2017, le parti atteignait le pic
historique de 18,9 % des intentions de
vote. Résultat de cause à effet du trem-
blement qu’ont engendré les affaires
Publifin et Samusocial au sein du PS,
grand adversaire des marxistes qui avait
alors chuté sous la barre des 20 %. Une
envolée qui aura été brève à l’époque, le
vent s’essoufflant à mesure que le scan-
dale socialiste était encaissé par les élec-
teurs wallons, mais qui, semble-t-il, au-
ra toutefois provoqué un certain élan,
poussant une partie non négligeable des
électeurs dans les bras des commu-
nistes.
Certains craignaient que le PTB ne
paie sa frilosité à la sortie des urnes
communales d’octobre dernier. À Hers-
tal, Molenbeek, La Louvière, Charleroi
ou encore Liège, les marxistes n’avaient
pas réussi à s’entendre avec leurs parte-
naires potentiels. « Nous n’irons que là
où on est absolument nécessaire », se
plaisent-ils à dire. Ce refus de monter
dans un exécutif aurait pu encourager
les électeurs à voter « plus utile » et pro-
fiter aux socialistes. Eux qui n’ont pas
hésité à marcher sur les plates-bandes
du PTB, reprenant à leur compte cer-
taines propositions prônées par les
marxistes, comme la gratuité des trans-
ports en commun ou des consultations
médicales chez le généraliste.
Le Soir Lundi 27 mai 2019
Le Soir 27 05 2019 *
« L’espoir,
aujourd’hui,
c’est nous »
REPORTAGE
LORRAINE KIHL
our le champagne, il faudra repas-
P ser, plutôt binouze – mojito et play-
list un peu datée. Militants PTB histo-
riques, jeunes pousses du Comac, tra-
vailleurs se sont retrouvés au Bodega, à
Molenbeek, dimanche soir pour fêter
une victoire historique. On est « super-
contents », « euphoriques » même.
Mais aussi fatigués. La campagne a été
longue, usante. Payante. Après des
heures d’attente et ces résultats qui ne
viennent pas, le mot est passé. C’est
bon, très bon même, meilleur que les
objectifs : un siège au Parlement euro-
péen, au moins 12 à la Chambre – « ça
pourrait monter encore mais on ne
communiquera que si on est sûrs »,
avertit David Pestieau sur scène, le vice-
président –, même Namur a son élu (ça
applaudit un peu plus fort). L’entrée au
parlement flamand, avec trois sièges,
« alors qu’on nous avait dit qu’il n’y
avait pas d’espace pour le PTB au nord
du pays, ça, c’est une belle victoire. Dans
le Limbourg, c’est un siège “piqué” au
Vlaams Belang. Les journaux ne parle-
ront que du Vlaams Belang demain
mais l’espoir, aujourd’hui, c’est cette
gauche authentique qui va faire reculer
les partis traditionnels et l’extrême
droite ».
Programme unique, parti unique.
Plus que les objectifs dépassés, c’est
cette percée en Flandre qui ravit chacun
et qu’on célèbre dans les deux langues.
« On nous a toujours dit qu’il n’y avait
pas d’espace pour le PTB en Flandre.
Aujourd’hui, on montre que c’est faux »,
se réjouit Françoise De Smedt entre
deux « félicitations ». « Il n’y a pas un
divorce nord-sud, mais bien un divorce
avec les partis traditionnels. »
« Ça ne fait que commencer pour
nous, ça va être difficile. L’enjeu mainte-
nant, c’est de convaincre les gens qui
ont voté de rejoindre la lutte », analyse
Jean-Marc, 54 ans. Les luttes en fait, le
piquet de grève qu’il fait soutenir, le
combat pour les maisons médicales, les
logements sociaux. Le très local. Pour
Jean-Marc, le PTB, c’est une affaire de
famille. Mais pas depuis longtemps. Le
fils et la mère ont fini par rejoindre la
tante, militante depuis les années 80,
délaissant le PS quand il a « arrêté
d’être de gauche ». « Toutes les mesures
antisociales : la chasse aux chômeurs,
l’austérité, les pensions, les inégalités
dans la taxation… », énumère Myriam,
sa mère. Le parti de « gauche authen-
tique » les a rapidement séduits. « Je
me suis rendu compte que le PTB était
très présent sur le terrain, il y avait cette
détermination à changer les choses,
c’est cela qu’on porte. »
** 13
Le Soir Lundi 27 mai 2019
14 élections 2019
Le Soir 27 05 2019 *
Le PS en recul mais premier
PARTIS
en Wallonie et à Bruxelles
Les rouges cèdent
6 points environ par
rapport à 2014, mais
restent en tête au
classement côté
francophone.
Elio Di Rupo a la main
pour négocier
au sud du pays. Le
fédéral ? Un casse-tête.
PS 2014 2019Estimations en % à 23h
30,59 30,9
25,27
22,89 26,59
20,95
Fédéral Bruxelles Wallonie
DAVID COPPI
e PS a vécu les montagnes russes
L dimanche. A 16 h, un sondage à la
sortie des urnes donnait les rouges en
tête à Bruxelles et tous estimaient
alors qu’ils arriveraient en tête en Wal-
lonie. A l’aise. Au siège du parti, boule-
vard de l’Empereur à Bruxelles, Elio Di
Rupo, dans un bref commentaire arra-
ché par la RTBF, appelait à la pru-
dence, « attendons les chiffres ».
De fait, les heures qui suivirent
furent un cauchemar pour lui. Alors
que le paysage politique flamand se
dessinait assez nettement, les résultats
tombaient au compte-gouttes en Wal-
lonie et à Bruxelles, ce qui s’apparen-
tait au supplice chinois pour le PS, qui
semblait couler littéralement, loin sous
les 20 % des voix.
Sauf que les montagnes russes de-
vaient se poursuivre et repartir à la
hausse : autour de 19-20 h, lorsque les
bureaux de vote livraient leur vérité,
plus nombreux, il apparaissait cette
fois que le PS restait en dessous de son
score aux élections de 2014 mais re-
montait le toboggan dans lequel on
l’avait jeté, s’installant en tête en Wal-
lonie, devant le MR, aussi à Bruxelles,
devant Ecolo.
A l’heure de mettre sous presse, à
minuit, le PS obtenait 25,8 % des voix
en Wallonie et 21,6 % des suffrages à
Bruxelles, en perdant 5 à 6 % des voix
par rapport aux élections de 2014.
On négocie
Dans le Hainaut, emmené par Elio Di
Rupo, tête de liste, le PS décrochait
(toujours à l’heure de mettre sous
presse à minuit) 32,5 % des voix, 25 %
à Liège, 23,5 % à Namur, 14,7 % dans
le Brabant wallon, 19,5 % dans le
Luxembourg. Par ailleurs, le PS était
crédité dimanche soir de 18 sièges à la
Chambre et, avec 27 sièges au total
avec le SP.A, la « famille » socialiste est
au coude à coude avec la famille libé-
rale MR-VLD.
Dans ces conditions, tous jugent que
le PS, face au regain d’Ecolo comme
du PTB notamment, doit avoir une ré-
flexion en interne sur les grandes op-
tions programmatiques et structu-
relles. Certainement poursuivre, relan-
cer en fait, son Chantier des idées.
Mais tous savent aussi que l’heure est
gravissime à l’échelle nationale (fédé-
rale) et qu’il faut donc se concentrer
dans un premier temps sur les discus-
sions entre partis, qui auront lieu dès
cette semaine. Avec la mission de
mettre sur pied les gouvernements
wallon, bruxellois et de la Communau-
té française. Et, surtout, serait-on tenté
de dire, de jauger la situation à l’étage
supérieur, fédéral, où la N-VA, forte de
la poussée droitière au nord (avec le
Vlaams Belang), est incontournable.
Avec quelles conséquences ? Sur les
29,29 26,61
Europe
Elio Di Rupo, ici aux côtés de Laurette Onkelinx, annonce qu’il
entamera des pourparlers avec les autres partis francophones
dans les prochains jours. © PHOTO NEWS.
plateaux de télévision dimanche soir,
Laurette Onkelinx, qui dételle en poli-
tique, mais qui reste au timon à
Bruxelles le temps des négociations L’ampleur du score
gouvernementales, a évoqué une pos-
sible « crise de régime ». A savoir : un de l’extrême droite
blocage politico-institutionnel prolon- doit inquiéter tous
gé, peut-être l’obligation de s’engager
dans une négociation communautaire les démocrates,
qui verrait les partis flamands et fran- elle blesse nos
cophones se faire face durement pour
décider du sort du pays, davantage ré- valeurs
gionalisé, voire confédéralisé. Elio Di fondamentales
Rupo a répété durant la campagne
Elio Di Rupo
électorale qu’il n’était pas question de
voir les rouges prendre part à un gou-
vernement fédéral au sein duquel se
retrouverait la N-VA (Bart De Wever
pose lui aussi une exclusive à l’en-
contre du PS), mais aussi qu’il n’était
pas demandeur ni preneur d’une négo-
ciation institutionnelle. Cela même si,
au détour d’une interview à nos
confrères de L’Echo il y a un peu plus
d’un mois, le président du PS avait ex-
pliqué qu’à terme, il était nécessaire de
revoir la loi de financement des entités
fédérées, jugeant que la Wallonie était
défavorisée dans les circonstances ac-
tuelles.
Première force francophone
Elio Di Rupo est intervenu, au boule-
vard de l’Empereur, vers 22h30 di-
manche soir : « L’ampleur du score de
l’extrême droite doit inquiéter tous les
démocrates, elle blesse nos valeurs fon-
damentales », a-t-il calibré après le
succès du Vlaams Belang et de la
N-VA au nord du pays. Le président
du PS s’est réjoui de voir son parti
« rester la première force politique en
Wallonie, la première force politique
des francophones dans le pays ». Le
même voit un « signal clair » des ci-
toyens, expliquant que « le PS est prêt
à assumer ses responsabilités démocra-
tiques ». Elio Di Rupo entamera les
pourparlers en Wallonie fin de se-
maine et prendra l’initiative dans le
même temps à la Communauté fran-
çaise.
Le MR en repli partout, mais
deuxième à la Chambre et au sud
MR 2014 2019Estimations en % à 23h
26,69
25,28
23,04 22,21
21,05
17,6
Fédéral Bruxelles Wallonie
Charles Michel insiste sur sa place de deuxième parti francophone
plutôt que sur les pertes en pourcentages. © BELGA.
MARTINE DUBUISSON
a participation gouvernementale
L n’a pas donné des ailes aux libé-
raux. Au fédéral, le parti de Charles Mi-
chel perd de 0,7 à 8,5 %, la plus grosse
baisse se marquant dans la province de
Namur. Et au parlement wallon, le
mouvement réformateur recule de 3,2 à
7,6 %. Avec cet élément douloureux
pour le président-Premier ministre sor-
tant, Charles Michel : c’est en Brabant
wallon, fief des bleus et le sien, que le
parti baisse le plus en Wallonie. Lui se
présentait à la Chambre ; là, dans son
canton, celui de Wavre, le MR perd
6,9 %. Tout ça largement au profit
d’Ecolo.
A la Chambre, le parti serait dès lors
crédité de 21 %, soit 4,2 % de moins
qu’en 2014. Et cinq sièges de moins.
Une perte notable. En Wallonie, le MR
serait à 22,2 %, soit -4,4 %. Là aussi, ce-
la signifierait 5 sièges de moins. Mais
rappelons que certains sondages
avaient annoncé le MR sous la barre des
20 % en Wallonie, ce n’est donc pas le
cas. Sujet de satisfaction pour les bleus,
malgré cette baisse généralisée en pour-
centages et en sièges : tant en Wallonie
qu’à la Chambre, le MR reste deuxième
parti derrière le PS, et pas si loin des
rouges : au fédéral, il est distancé de
1,5 % et de 4 % en Wallonie, de 4,5 % à
Bruxelles.
Et dans la capitale ? C’est là que le
MR était annoncé en plus grande diffi-
culté. Cela s’est-il vérifié ? A 17,6 %, la
liste de Didier Reynders perd 5,4 %. Et
celle de Françoise Schepmans, à la Ré-
gion, reculerait de 5,5 %, atteignant
17,5 %, ce qui en fait le troisième parti.
Sous les feux nourris
pendant cinq ans
On le sait : participer au gouvernement
ne signifie pas, loin s’en faut, avancée
électorale au scrutin suivant. Cela s’est
donc vérifié pour les libéraux, qui se
trouvaient, il est vrai, face à une sérieuse
difficulté : pendant cinq ans, ils ont eu
tout le spectre francophone contre eux,
puisqu’ils avaient accepté d’être le seul
parti francophone du gouvernement fé-
déral. Avec cet autre handicap encore :
ils s’étaient alliés aux nationalistes fla-
mands de la N-VA. Et cette alliance n’a
pas été un long fleuve tranquille…
En Wallonie, l’entrée au gouverne-
ment voici deux ans, avait remis les
bleus aux commandes. Une opportuni-
27,1
19,38
Europe
té. Mais en deux ans, point de miracle.
Il n’a effectivement pas eu lieu, même si
les libéraux scorent mieux au sud du
pays qu’à la Chambre.
Deuxième parti
Que penser dès lors de la stratégie de
campagne du MR ? Le ciblage rude
d’Ecolo, qui lui avait chipé par mal
d’électeurs au scrutin communal d’oc-
tobre, n’a pas suffi à éviter le recul bleu.
Ni à empêcher la progression verte –
même si celle-ci est moindre qu’estimée
par les sondages. En perte de vitesse no-
table, mais restant deuxième parti fran-
cophone au fédéral et deuxième parti
wallon, le MR a trouvé une manière de
présenter les résultats de façon pas trop
désavantageuse. Sur le coup de 22h20,
le président Charles Michel a ainsi in-
sisté sur la place de son parti parmi les
formations francophones plutôt que sur
les pourcentages où les sièges. Il a en ef-
fet assuré : « Les électeurs nous renou-
vellent massivement leur confiance. »
Argumentant : « Le MR est la deuxième
formation politique en Wallonie. Et à
Bruxelles, nous sommes au coude à
coude pour la deuxième place. » Mais à
cette heure-là, le MR était déjà troi-
sième dans la capitale. Enfin, s’est ré-
joui Charles Michel, « nous menons la
bataille, en termes de famille politique,
pour la première ou la deuxième place à
la Chambre. »
Voilà qui mettra du baume sur le
cœur des bleus. Mais ne suffira pas à
masquer le vrai recul global des libé-
raux.
Nous menons la
bataille, en termes
de famille
politique, pour la
première ou la
deuxième place à
la Chambre
Charles Michel
** 14
 Le Soir Lundi 27 mai 2019

élections 2019 15
Le Soir 27 05 2019 * Les gagnants
Les humanistes évitent le pire,
PARTIS
Côté flamand, Bart De
Wever (N-VA) à Anvers fait
un carton avec 242.386

pas le déclin voix. A Louvain, Theo

Sauf à Namur à la
Chambre, fief du
président Maxime
Prévot, le CDH recule
partout. De 3 ou 4 %
souvent, bien plus en
Luxembourg. Mais il ne
passe nullement sous le
seuil électoral.
MARTINE DUBUISSON
n prédisait le pire au CDH, parti-
O culièrement à Bruxelles. Puisque
certains sondages le voyaient même,
dans la capitale, sous le seuil électoral
de 5 %. Le pire n’est pas arrivé, les cen-
tristes font mieux que ce que leur an-
nonçaient les baromètres. Mais les hu-
manistes sont loin de pouvoir pavoiser.
Car ils perdent des plumes partout, sauf
dans le Namurois.
A la Chambre, avec 10,8 % (-2,2 %), le
CDH perd 3 sièges, il ne lui en reste que
6. Et partout en Wallonie, il recule à la
Région, de 3 à 7 %. Pour atteindre glo-
balement 11,9 % (-3,3 %), ce qui lui
coûtera 3 sièges. Au fédéral, il n’y a
qu’en province de Namur, fief du pré-
sident Maxime Prévot, que les huma-
nistes progressent légèrement : +1 %.
Dans son fief, le canton de Namur,
Maxime Prévot gagne même 4,4 % par
rapport au score du CDH en 2014. Il est
donc bien élu député fédéral (réalisant,
de loin le meilleur score de la province).
L’erreur stratégique
en Luxembourg
Le CDH a manifestement commis une
erreur stratégique en Luxembourg, son
fief historique. En acceptant que la liste
européenne soit emmenée par l’ex-pré-
sident Benoît Lutgen, le parti s’est privé
Statu quo à Bruxelles pour Défi,
Francken (NVA) devance
très largement Maggie De
Block (Open VLD). Avec
de nombreuses voix dans la province où
le bourgmestre de Bastogne est très po- CDH 2014 2019 Estimations en % à 23h
110.911, l’ancien Secré-
taire d’Etat à la Migration
pulaire. Résultat : – 10,4 % à la Au fédéral, il n’y a qu’en 13,07
11,74
15,17
11,9
fait près du triple des voix
Chambre et – 7,2 % à la Région wal- province de Namur, 10,82 11,36 de préférence de l’an-
lonne. Ce qui coûte un siège de député fief du président Prévot, 7,5
9,08
cienne Ministre de la
fédéral au parti dans la province. Heu- que les humanistes Santé libérale. Dans la
reusement, Benoît Lutgen a remporté progressent (de 1 %). circonscription de Flandre
son strapontin d’eurodéputé. Mais si la
tête de liste européenne avait été accor-
© BELGA.
Fédéral Bruxelles Wallonie Europe occidentale, Hilde Crevits
(CD&V) arrive largement
dée à Joëlle Milquet, comme celle-ci le en tête avec 74.276 voix.
souhaitait (et dans ce cas, elle n’aurait En Brabant flamand, Ben
peut-être pas renoncé à être candidate), Weyts (N-VA) s’affirme
l’ex-ministre aurait peut-être assuré le
siège européen, sans que le siège luxem-
avec 50.447 voix.
En Wallonie, Rudy De-
bourgeois ne soit perdu grâce à la pré-
sence de Benoît Lutgen au fédéral. On
motte (PS) l’emporte
largement en circonscrip-
ne le saura jamais… tion de Tournai-Ath-Mous-
Quoi qu’il en soit, les résultats du cron avec 20.161 voix. A
CDH sont par ailleurs fluctuants. Dans Liège, Jean-Claude Mar-
la province de Liège, les centristes court (PS) arrive premier
perdent 4,5 % à la Chambre et 3,2 % en avec 6.042 voix. Dans la
Région wallonne. Dans les communes circonscription Charleroi-
germanophones, le parti se porte mieux Thuin, l’ancien ministre
qu’en 2014. Dans le Hainaut : -1,9 % à
la Chambre, -3,4 % en Wallonie. Le par-
ti perd 3 % en Brabant wallon. Et dans
Paul Furlan (PS) décroche
8.225 voix de préférence.
A Mons, c’est Joëlle Ka-
la province de Namur, l’effet Prévot n’a pompole (PS, 3.507 voix)
pas joué pour le parlement de Wallo- qui prend la première
nie : -4 %. place.
Et à Bruxelles ? C’est là, surtout, que En Région bruxelloise, les
les sondages prédisaient l’apocalypse chiffres provisoires
aux centristes. Qu’en est-il finalement ? placent Françoise Schep-
mans (MR) en tête avec
15.350 voix, suivie par
Sans Benoît Lutgen, le parti Rudi Vervoort (PS) 14.271
et Bernard Clerfayt (Défi),
s’est privé de nombreuses
13.352 .Du côté flamand,
voix dans la province le ministre VLD Guy Van-
où le bourgmestre de Bastogne hengel est le plus popu-
est très populaire laire avec ses 3.802 voix.
Suivi par son ex-collègue
A la Chambre, le CDH perdrait 3,5 %. Pascal Smet (SP.A, One-
Et à la Région, il décrocherait 7,5 %, soit .Brussels), 3.550 voix, et la
une baisse de 4,2 % par rapport à 2014. Groen Elke Van den
Pas la disparition non plus. Mieux, Brandt 3.414.
même, que les prévisions de tous les
derniers baromètres. Ouf. Mais nulle- Les perdants
ment de quoi crier victoire, le parti A Anvers, le succès de Bart
étant sixième formation, de quoi lui De Wever laisse loin der-
prédire potentiellement l’opposition. rière son concurrent Filip
Maxime Prévot n’avait d’ailleurs pas Dewinter (Vlaams Belang)
exclu une cure d’opposition durant la qui récolte 91.955 voix. Ils
campagne. L’analyse des résultats devra sont suivis de loin par Bart
se faire à tête reposée chez les orange. Somers (Open VLD,
Pour prendre les bonnes décisions. 52.885) et Meyrem Almaci
(Groen, 50.848). Maggie
De Block prend un revers
sévère avec 31.709 voix
dans la circonscription du
Brabant flamand. Devan-
cée par l’ancien ministre

qui rate son entrée au parlement wallon de la Justice Koen Geens

ARTHUR SENTE
as de vagues pour le parti ama-
P rante, qui, au moment de boucler
cette édition, et alors que les chiffres
publiés par l’Intérieur n’étaient pas en-
core tout à fait complets ( 94 % des bu-
reaux dépouillés en Wallonie, 97% à
Bruxelles), stabilisait son nombre de
sièges à la Chambre (où il envoie 2
élus) comme à la Région bruxelloise (11
députés, pour un score de 13,99 %), où
il termine 4e parti. La formation par-
vient par ailleurs à consolider ses posi-
tions en Wallonie, où il pointe à 4,12 %
(+1,59 % par rapport à 2014), sans
pour autant réussir à dépasser le seuil
électoral nécessaire à une entrée au
sein de l’hémicycle namurois. Il rate
ainsi le coche de ce qui était l’un de ses
principaux objectifs pour ce scrutin.
Commentant ces chiffres « en yo-
yo », Bernard Clerfayt, qui tirait la liste
de son parti à la Région bruxelloise, a
tenu à relativiser ces résultats : « Il
semblerait que nous ne soyons pas at-
teints comme les partis traditionnels ».
Chez Olivier Maingain, président de
Défi, la déception est néanmoins assu-
mée : « Soyons de bon compte : nous
aurions espéré plus, » a admis ce der-
nier lors de son allocution devant les
militants du parti, durant laquelle il a
également fustigé la montée du Vlaams
Belang et du PTB, tout en saluant le
bon score d’Ecolo. L’occasion au pas-
sage de tendre la main en vue de fu-
tures négociations en Région bruxel-
loise, en déclarant : « Nous serons,
dans la mesure de nos forces, là où
nous pourrons assumer des responsa-
bilités. »
L’été 2017 semble malgré tout assez
loin pour le parti du centre. Rappelez-
vous, dans la foulée de l’affaire du Sa-
musocial et de « l’appel du 19 juin » de
Benoit Lutgen, le parti, au sommet de
sa forme (allant jusqu’à pointer à
18,4 % d’intention de vote à Bruxelles
Soyons de bon compte,
nous aurions espéré plus
Olivier Maingain Président de Défi
dans un de nos sondages), se profilait
aux côtés d’Ecolo – avec lequel il venait
de cosigner une « feuille de route »
commune en matière de bonne gouver-
nance – comme grand tenant de droi-
ture politique. Soucieux de maintenir la
majorité bruxelloise en place malgré les
sirènes de l’ex-président du CDH, le
parti amarante s’était peu à peu effacé
depuis cette fièvre estivale, au profit
d’Ecolo.
Défi
5,79
4,12
Fédéral
(CD&V) qui récolte 36.530
voix, elle est même talon-
Poussé dans son fief bruxellois par née de très près par le
François de Smet, ex-directeur de My- jeune candidat d’extrême
ria (Centre fédéral Migration), en vue droite Dries Van Langen-
du scrutin fédéral, le parti a également
dû composer pour cette élection sans la
hove (Vlaams Belang),
avec ses 30.091 voix. Dans
figure de son président de parti et la circonscription de
homme fort, Olivier Maingain (32.246 Flandre-Occidentale, Bart
à son nom dans la circonscription de Tommelein (Open VLD,
Bruxelles en 2014), qui a fait le choix, 19.817) s’est fait dépasser
dans la foulée du débat sur le décumul, par Hilde Crevits. En Bra-
de se consacrer exclusivement à son fief bant flamand, Ben Weyts
de Woluwe-Saint-Lambert où il détient (N-VA) devance avec
le mayorat – ce qui ne l’a pas empêché 50.447 voix Gwendolyn
de pousser la liste à l’Europe. Notons Rutten (Open VLD, 35.681)
que le parti perd également quelques et Peter Van Rompuy
plumes dans le Brabant flamand, où il (CD&V, 20.004).
a réalisé un score de 1,92 % (contre Côté wallon, Jean-Luc
2,27 % en 2014). Crucke (MR) s’est fait
Côté wallon, c’est dans la circonscrip- dépasser par Rudy De-
tion de Nivelles, la plus proche de la ca- motte à Tournai-Ath-
pitale, que DéFI semble avoir réalisé Mouscron avec 17.215
son meilleur score au sud du pays, avec voix. A Liège, Alda Greoli
un peu plus de 6,2 % des voix, ce qui ne (CDH) arrive loin derrière
devrait toutefois pas lui permettre de Marcourt avec 1.502 voix.
décrocher un siège à la Région. À Na- A Mons, Carlo Di Antonio
mur, Défi réalise un score de 5,37 %, (CDH, 4.430 voix) prend la
tandis que dans les neuf autres circons- deuxième place... derrière
criptions wallonnes, les troupes d’Oli- Jacqueline Galant (MR,
vier Maingain sont partout annoncées 7.390 voix).
sous le seuil électoral.
Défi augmente son score en Wallonie
sans pour autant parvenir à envoyer
2014 2019 Estimations en % à minuit
un élu à Namur. © BELGA.
14,8 13,99
5,93
4,01 3,38
2,53
Bruxelles Wallonie Europe

** 15
Le Soir Lundi 27 mai 2019

16 élections 2019
Le Soir 27 05 2019 *

Le parlement flamand peut

GILETS JAUNES

FLANDRE
Des manifestants
s’attaquent
au siège du PS bruxellois
renouer avec la suédoise
Le vote nationaliste
flamand perturbe le jeu
politique habituel au
nord du pays.
Théoriquement,
plusieurs coalitions sont
possibles. Pratiquement,
une seule s’impose.

ERIC BURGRAFF

eux lourdes tendances planaient

La police est intervenue ce dimanche à la gare du Nord,

à Bruxelles, pour contenir une manifestation non auto-
risée des gilets jaunes. Quelque 350 arrestations ont eu
lieu. « Un appel à manifester circulait depuis quelques
semaines sur les réseaux sociaux », a commenté la
commissaire Ilse Van de Keer, porte-parole de la zone
police de Bruxelles-Ixelles.
« Plusieurs centaines de manifestants ont répondu à
l’appel, mais les organisateurs n’avaient pas demandé
d’autorisation. La police est donc intervenue pour
contenir le rassemblement. Des fouilles systématiques
ont été effectuées et des objets divers ont été saisis.
Par la suite, la police a encerclé les manifestants pen-
dant qu’ils se déplaçaient dans le centre-ville. Quelques
dizaines de personnes ont été interpellées et conduites
dans des bus. »
Un petit groupe d’individus a alors réussi à s’extraire du
groupe principal. Il a emprunté plusieurs axes du
centre-ville pour arriver devant le siège du Parti socia-
liste, boulevard de l’Empereur, où se préparait la soirée
D dimanche soir sur le parlement
flamand. D’abord, une baisse marquée
pour la N-VA : 25,11 % (en tout cas à
l’heure de boucler ces lignes)… soit
plus de 6,5 points en dessous de son
score historique de 2014.
Ensuite, une hausse (très marquée)
pour le Vlaams Belang : 18,59 % (tou-
jours à l’heure de boucler ces lignes),
soit trois fois son score historiquement
bas de 2014. Et pour la première fois
un statut de second parti de Flandre.
Des tendances qui calquent largement
les résultats des élections fédérales.
Mais qui ne charrient ni les mêmes
enseignements, ni les mêmes consé-
quences.
Premier écueil à éviter : faire sienne De Wever a reconnu la
l’analyse de certains politiques franco-
Le parlement flamand 2019 défaite des siens mais
phones se réjouissant ouvertement de Estimation des sièges (résultats à 23 h 30) n’a pas de quoi pleu-
l’affaiblissement de la N-VA. Certes, rer. © BELGA.
OPEN VLD

électorale. « Des barrières Nadar se trouvaient sur les dimanche soir Bart De Wever n’était
trottoirs et ils les ont jetées », poursuit la commissaire. pas vraiment à la fête. « Nous avons
-5)
CD

(-3)

perdu ces élections, c’est clair et net »,

SP.A(

« Il n’y a eu que des dégâts limités. Ils ont aussi arraché

&V

4)
(+
(-8

des affiches publicitaires. » Des arrestations ont égale- a-t-il consenti. Pourtant, le patron de
N
16
)

OE

ment eu lieu sur la Grand-Place. F. DE. la N-VA n’a pas non plus de quoi pleu- 13
19
GR

N-
rer : avec 25 % des voix la N-VA est, et VA
(
reste, la première force politique en -7) 14
)
EUROPÉENNES HORS DE NOS Flandre. 36 LANG
(+17
Second écueil à éviter : résumer la VL. BE
FRONTIÈRES 23xx
Longue file surprenante remontée de l’extrême
droite à un transfert de voix des élec- UF 0 (-1)
devant Ecolo teurs de droite vers l’ultra droite. La 124 députés PVDA 3 (+3)
hausse du Vlaams Belang est trop
le consulat favori conséquente – deux fois le ressac de la
N-VA – pour se contenter de ce rac-
Répartition des sièges 2014
des Belges
LD

roumain
CD&V

courci : c’est probablement dans toutes

NV

les couches de la société, et plus parti-

OPE

Plus de 500 personnes à l’étranger culièrement au centre et au centre-

ont fait la queue devant
le consulat de Roumanie
à Bruxelles. Plusieurs
agents de police étaient
sur place pour s’assurer
que l’attente, parfois
La file d’attente devant
le consulat. © D.R.
longue de plus de quatre
heures, se déroule dans
le calme. De longues
queues se sont égale-
ment formées à Berlin ou
Londres, où des files
d’environ trois heures se
sont formées, d’après des
témoignages lus sur
Twitter. Cette forte mobi-
lisation intervient à la
veille d’un verdict en
appel concernant le chef
du parti PSD, Liviu Dra-
gnea, condamné à trois
ans et demi de prison
ferme en première ins-
tance dans un dossier
d’emplois fictifs. M. TH.
Les Belges qui votaient à
l’étranger pour la désigna-
tion des députés fédéraux
ont plébiscité les écolo-
gistes. Avec un score qui
tourne autour des 30 %,
Ecolo est en tête partout,
sauf en Brabant wallon.
Chaque province compte
un canton « affaires étran-
gères » permettant de
comptabiliser ces votes,
organisés plus tôt que les
nationaux vivant en Bel-
gique. A Bruxelles, Ecolo
récolte 31,35 % de ces
suffrages, suivi du MR
avec 26,07 %, du PS avec
12,73 %, du CDH avec
5,53 %, de Défi avec
5,35 %. Les autres partis
ne franchissent pas le
seuil de 5 %.
A Liège, Ecolo est en tête
avec 31,5 %. Le MR est
deuxième avec 27 % et le
parti socialiste arrive en
troisième position avec
16,3 %. Du côté de Namur,
les Ecolo cartonnent
également avec 36 %. La
vague verte se confirme
aussi pour le Hainaut.
Seul le Brabant wallon ne
penche pas pour les verts.
C’est le MR qui est en
première position chez les
Brabançons wallons à
l’étranger avec 40 % des
voix. Ecolo y arrive en
deuxième position avec
près de 30 %. Le PS arrive
à nouveau loin derrière
avec 8 %. BELGA
gauche, que les colistiers de Filip De-
winter sont allés gagner leur pain
blanc.
Pourtant, Bart de Wever l’assure,
comme en 2014, en tant que leader du
premier parti de Flandre, il prendra
l’initiative pour constituer une majori-
té. Comme en 2014… sauf qu’ici l’élec-
teur a passablement perturbé le jeu de
cartes. Alors que voici cinq ans, le
camp nationaliste (N-VA et Vlaams
Belang) pesait un gros tiers des voix, il
en fait désormais pas loin de la moitié
(environ 44 %). Et s’il prend l’initia-
tive, c’est parce qu’il sait que son parti,
même en perte de vitesse, reste le pi-
vot mathématique de la négociation.
« Paradoxalement, l’affaiblissement
de la N-VA la rend plus incontour-
nable que jamais », explique Jérémy
Dodeigne, politologue à l’université de
Namur. « Selon les dernières projec-
tions, la N-VA et le VB obtiendraient
58 sièges, alors que la majorité est à
63. »
Dès lors, un gouvernement sans la
N-VA et sans le Vlaams Belang est
théoriquement possible… Théorique-
ment car il supposerait une alliance
hétéroclite de quatre ou cinq couleurs
politiques allant de l’Open VLD au PS
(voire au PVDA) en passant par les
verts et les oranges. « A ce stade, cette
alliance de quasi tous les autres partis
semble peu crédible. »
Théoriquement toujours, on peut
imaginer une N-VA diriger un remake
de sa coalition anversoise où elle est
associée au SP.A et à l’Open VLD. Pos-
sible mais très juste en termes de
sièges.
Cordon sanitaire
Théoriquement encore, la N-VA pour-
27
N-
VA
43
124 députés
Coalitions mathématiquement possibles
Majorité au parlement flamand : au moins 63 députés
63
N-VA, CD&V, Open VLD
rait prendre le risque de casser le cor-
don sanitaire établi autour du Vlaams
Belang et tenter de négocier une majo-
rité avec un parti d’appoint. Filip De-
winter a lancé des appels du pied sans
équivoque à ce propos. Bart de Wever,
lui, n’a pas évoqué ce scénario. Il ne l’a
pas non plus ouvertement exclu, se-
mant le trouble chez certains observa-
teurs à coup de : « Nous avons été élus
pour que l’identité et la prospérité fla-
mande soient défendues. » Ou : « La
Flandre vote pour le centre, la droite
et les nationalistes flamands plus que
jamais. » Ou encore : « Je félicite le
Vlaams Belang, en démocratie l’élec-
teur a toujours raison. » Jérémy Do-
deigne commente : « Ce qui est inédit
dans ce scrutin, c’est la banalisation
par les autres partis. Peut-être faut-il y
voir une stratégie pour se rendre in-
contournable mais du point de vue po-
litique, ces déclarations sont très im-
portantes. Les jeux sont plus ou-
verts… » Dave Sinardet (VUB) ajoute :
19 A
SP.
18
N
GROE
10
VL. BELANG
6
1 UF
71
« Politiquement, il n’y a pas de possibi-
lité de briser le cordon, mais ce que je
crois, c’est que le débat public intellec-
tuel, lui, va ressurgir ».
Cela étant, Bart De Wever sait
qu’une rupture du cordon sanitaire en
terres flamandes le mettrait en sé-
rieuses difficultés pour négocier la
suite en terres belgo-belges. Il sait aus-
si que ni l’Open VLD ni le CD&V ne
sont prêts à se laisser embarquer dans
cette aventure. De la théorie à la pra-
tique, un seul scénario semblait tenir
la route dimanche soir : la reconduc-
tion de la suédoise flamande qui a te-
nu de 2014 à 2019. Avec 35 sièges à la
N-VA (- 8), 19 au CD&V (-8) et 16 à
l’Open VLD (-3), ces trois-là peuvent
repartir avec une majorité de 70 sièges
sur 124. Moins confortable que durant
la dernière législature. D’autant moins
confortable que l’alliance des trois for-
mations est mathématiquement indis-
pensable. Et qu’elle met en scène une
coalition de perdants…

** 16
 Le Soir Lundi 27 mai 2019

élections 2019 17
Le Soir 27 05 2019 *

La fin de la domination du PPE

Brexit :
EUROPÉENNES

des recours
envisagés pour
les citoyens privés
de vote

et des sociaux-démocrates Les associations représen-

La droite modérée et
les sociaux-démocrates
ont perdu leur
domination sur le
Parlement européen.
Mais les nationalistes et
populistes n’ont pas
atteint les chiffres
nécessaires pour
bloquer l’assemblée.
JUREK KUCZKIEWICZ
omme l’annonçaient tous les son-
C dages depuis longtemps, les élec-
tions européennes qui se sont achevées
ce dimanche ont sonné le glas de la
domination sur la construction euro-
péenne des deux forces qui en ont été
les artisans historiques : la démocratie
chrétienne, devenue sous le nom de
Parti populaire européen (PPE) une
grande force conservatrice modérée et
la première du continent, et la social-
démocratie. A elles deux, ces deux
forces n’atteindraient plus que 324
sièges, loin des 376 correspondant à la
majorité absolue.
Loin du tsunami
Cette chute attendue est-elle due au
« tsunami national-populiste » qu’on
avait tant annoncé ? On est très loin
du tsunami. Ces mouvements, qui
étaient organisés au travers de deux
groupes distincts, ENL (extrême
droite) et EFDD (populistes, dont le
parti de Nigel Farage et le Mouvement
5 Etoiles italien), et des non-inscrits,
progresseraient globalement de 99 à
121 sièges, ce qui représente, il est vrai,
un gain de 20 %. Mais ils restent très
loin d’un niveau où ils pourraient blo-
quer voire même freiner les travaux du
Parlement, l’élection du président de la
prochaine Commission européenne et
l’approbation de l’ensemble de la Com-
mission en octobre prochain.
Cette chute attendue est-elle
due au « tsunami
national-populiste » qu’on avait
tellement annoncé ? On est très
loin du tsunami
Et n’en déplaise aux oiseaux de mau-
vaise augure qui assuraient de l’arrivée
d’une déferlante noire ou brune, ce
sont les gains des familles écologiste et
libérale qui expliquent aussi l’abaisse-
ment de l’étiage du PPE et du S&D.
Toujours selon les projections basées
sur des résultats très préliminaires ou
des sorties des urnes, la nouvelle al-
liance libéralo-macronienne, dont la
création a d’ailleurs été confirmée par
le chef du groupe ALDE Guy Verhof-
stadt, était créditée à l’heure de bou-
cler cette édition à 105 sièges, contre
68 dans l’assemblée sortante. Une pro-
gression qui est générée pour moitié
par la liste Renaissance du président
Emmanuel Macron. Guy Verhofstadt
voyait surtout les raisons de se réjouir
de ce résultat du nouvel allié français,
même si la liste dirigée par Nathalie
Loiseau rate le pari et l’objectif exis-
tentiel que lui avait fixé Macron, qui
était de battre le Rassemblement na-
tional…
Quant aux Verts, ils passeraient de
52 à 67. En début de soirée, l’Ecolo
Philippe Lamberts confiait que son ré-
sultat rêvé pour le groupe qu’il préside
était à 70 sièges…
Ménage à trois
Chef de file des libéraux au Parlement
européen, Guy Verhofstadt s’est évi-
demment réjoui de ce que pour la pre-
Les gains des familles écologiste,
co-présidée par Philippe Lamberts et
Ska Keller, et libérale expliquent aussi
l’abaissement de l’étiage des groupes
politiques traditionnels du Parlement,
PPE et S&D. © REUTERS
mière fois de son histoire, « le PPE et
les sociaux-démocrates n’auront plus la
majorité à eux deux ». Cela implique
que la coalition qui devra être consti-
tuée devra nécessairement être renfor-
cée au moins par une troisième force
politique. Et la coalition qui semble a
priori la plus faisable et la plus stable
serait une coalition à trois, où le PPE
et les sociaux-démocrates du S&D
convoleraient avec l’ALDE-Renais-
sance : ce ménage à trois atteindrait
une majorité confortable de 437 sièges.
Udo Bullman, le chef du groupe
S&D, voulait toutefois continuer à
croire à la possibilité d’une « majorité
de progrès » qui pourrait porter à la
présidence de la Commission son chef
de file, le Néerlandais Frans Timmer-
mans, actuel numéro deux de l’exécutif
européen. En l’occurrence : pareille
coalition « de Tsipras à Macron », en-
globerait la Gauche unitaire (dont le
PTB belge !), les sociaux-démocrates,
les Verts et l’ALDE-Renaissance. Mais
outre le fait que cet attelage paraît très
hétéroclite, il bute sur l’arithmétique :
cette coalition n’atteindrait que 362
sièges, soit 14 de moins que la majorité
absolue nécessaire… Par ailleurs, les
deux actuels co-présidents des Verts au
PE, l’Allemande Ska Keller, et le Belge
Philippe Lamberts le répétaient dans
toutes les langues : « Sans changement
mesurable et vérifiable dans le pro-
gramme politique, ce sera sans nous ! »
Premier des candidats à la prési-
dence de la Commission à se pronon-
cer une fois les premiers résultats
connus, Manfred Weber (PPE) s’est
d’emblée prononcé en faveur de la coa-
lition à trois, avec les socialistes et les
libéraux. Non sans exclure les Verts…
Un enseignement global de ce scru-
tin aura par contre réjoui tous les par-
tis pro-européens, de la gauche à la
droite classique : pour la première fois
depuis 1999, le taux de participation à
l’échelle de l’ensemble de l’Union n’a
pas chuté, mais est remonté : sur les
28 États membres, 50,5 % des Euro-
péens se sont déplacés vers les bureaux
de vote. Il y a cinq ans, ils n’avaient été
que 42,6 % à participer à cette élec-
tion. Et il faut remonter aux élections
de 1994, où il avait été près de 56 %,
pour retrouver un taux de participa-
tion supérieur à celui de ce dimanche.
tant les citoyens euro-
péens au Royaume-Uni
(the3million) et britan-
niques dans l’UE (British in
Europe) envisagent des
recours juridiques, après
que des milliers de ci-
toyens se sont vus refuser
le vote aux élections euro-
péennes. Un crowdfun-
ding a été lancé ce samedi
pour financer ces pour-
suites. Les deux associa-
tions estiment à plusieurs
milliers le nombre de
citoyens étant arrivés au
bureau de vote pour
constater que leur nom
avait été biffé à cause de
leur nationalité. Le quoti-
dien britannique The
Guardian dit avoir de son
côté recueilli près de 1.000
témoignages. « Cela
montre un échec systéma-
tique du gouvernement
britannique et de la com-
mission électorale, alors
que the3million les a
avertis avant les élections
des problèmes rencontrés
par les citoyens euro-
péens, mais aucune action
n’a été prise pour réduire
ces risques », déplorent les
associations. E.LR
Espagne :
Le parlement européen 2019 Puigdemont élu
Estimation des sièges (résultats à 00 H 20)
Estimations de 27 pays
105 180
67
61
152 54
55 Carles Puigdemont est
7 attendu de pied ferme
38 32 par la justice
751 députés
de son pays. © AFP
Répartition des sièges du parlement 2014 Le droitier Carles Puigde-
mont a remporté la ba-
67 221
taille électorale du camp
50 des indépendantistes avec
28 % des voix face à son
opposant de gauche Oriol
Junqueras qui empoche
191 70 19.5 %. Le hic : Puigde-
mont est toujours officiel-
48 lement recherché par la
justice en Espagne. Or, s’il
veut pouvoir siéger à
52 52 Bruxelles, un député euro-
751 députés
péen doit d’abord passer
GUE Gauche radicale PPE Centre-droit par la case Madrid… pour
S&D Socio-démocrates ECR Eurosceptiques récupérer la documenta-
Verts/ALE Ecologistes EFDD Anti-européens Autres tion administrative néces-
ADLE Libéraux ENL Extrême-droite NI Non inscrits saire. Puidgemont s’abrite
sous l’immunité que lui
confèrerait son statut
Les 21 eurodéputés belges d’eurodéputé, Madrid lui
Estimation des sièges (résultats à 00 h30) répond que sans les fa-
meux papiers, l’immunité
2 1 1 2 1 1 2 1 2 2 3 3 n’est pas applicable. Bref,
en Espagne, le serpent se
mord toujours la queue.
Dans un autre scrutin,
Répartition des sièges en 2014 l’ancien Premier ministre
français Manuel Valls a
3 1 1 1 1 2 1 3 3 4 1 essuyé un échec aux muni-
cipales de Barcelone. M.BN
PS PTB sp.a Ecolo Groen cdH CD&V
CSP MR Open VLD N-VA Vlaams Belang France : une veste
pour les gilets
La participation en hausse jaunes
Les « gilets jaunes » n’ont
En dépit d’une piètre campagne, l’enjeu européen aura donc été pas réussi à mobiliser dans
perçu comme important par les électeurs. Les taux de participation les urnes. Les deux listes
pour les élections européennes sont « les plus élevés en 20 ans », du mouvement ont re-
avec une estimation de 51 % pour les 27 pays de l’UE, sans le cueilli à peine 1 % des
Royaume-Uni, a annoncé ce dimanche le Parlement européen. suffrages, selon les estima-
Le taux de participation affiné, en incluant le Royaume-Uni, pour- tions. « Alliance jaune »,
rait se situer entre 49 et 52 %, a indiqué le porte-parole du Parle- menée par le chanteur
ment Jaume Duch. De fortes hausses, supérieures à 10 points de Francis Lalanne, a rempor-
pourcentage, ont été enregistrées en Espagne, en Hongrie, en Rou- té 0,5 % et « Evolution
manie, en Pologne, selon les estimations. La participation est égale- citoyenne », avec à sa tête
ment en hausse en Allemagne et en France. « Pendant des décen- Christophe Chalençon,
nies, j’ai entendu des journalistes, des politiques dire que l’Europe moins de 0,5 %, loin des
n’est pas populaire, que la participation est en baisse (…). Aujour- 5 % nécessaires pour
d’hui, l’Europe est de retour, l’Europe est populaire » s’est réjoui envoyer des élus au Parle-
Guy Verhofstadt. M.BN ment européen. AFP

** 17
Le Soir Lundi 27 mai 2019

18 élections 2019

Le Soir 27 05 2019 *

La droite radicale populiste

EUROPÉENNES

maintient le cap
Selon les premières
projections, l’extrême
droite se maintient
globalement et
enregistre de sérieuses
avancées dans certains
pays.
MARINE BUISSON
ne déferlante populiste ? Certai-
U nement pas. Mais des gains loin
d’être anecdotiques pour la droite radi-
cale populiste européenne. Avec des
nuances en fonction des pays qui sont
plus révélatrices que le résultat géné-
ral. Selon les projections communi-
quées par le Parlement européen, le
groupe Europe des nations et des li-
bertés (ENL), groupe auquel appar-
tiennent notamment la Ligue de Salvi-
ni, le Rassemblement national de Le
Pen, le FPÖ du déchu Strache, le
Vlaams Belang, les Allemands de l’AfD
et le Parti pour la liberté de Wilders,
obtiendrait 57 sièges.
Cette vaste coalition de forces à la
droite de la droite menée par Matteo
Salvini qui espérait se frayer un che-
min jusqu’au Parlement, marque donc
des points dans la plupart des pays. En
France, le Rassemblement national ar-
rive en tête avec 23,5 % de voix, en Al-
lemagne, l’AfD d’extrême droite atteint
son objectif avec 10,8 % (7,1 % en
2014). La Ligue, le parti du ministre
de l’Intérieur, Matteo Salvini, réunirait
29 % des suffrages, selon les sondages
sortis des urnes réalisés ce dimanche
soir. Un résultat qui conforterait la
percée de ce mouvement dans la vie
politique italienne, un an après son ar-
rivée au pouvoir, à la faveur d’une al-
liance avec le Mouvement 5 étoiles
(M5S). Et aura réussi à capitaliser sur
son temps à la tête du pays.
Dans treize pays, les partis de droite
radicale populiste gagnent du terrain :
en Allemagne (AfD), en Estonie
(EKRE), aux Pays-Bas (FvD), en Hon-
grie (Fidesz), en Italie (Ligue) en Slo-
vaquie (SNS), en Croatie (NHR), en
Pologne (PiS), en Suède (SD), au
Royaume-Uni (UKIP/Brexit Party), en
Belgique (Vlaams Belang), en Bulgarie
(Volya) et en Espagne (Vox).
Dans le reste de l’Union européenne,
les forces d’extrême droite se main-
tiennent ou enregistrent une baisse.
S’il reste le premier parti de France, le
Rassemblement national de Marine Le
Pen fait moins bien que lors des élec-
tions européennes de 2014 (24.8 %).
Le Parti populaire danois encaisse une
perte de 50 % de ses voix, comparé au
scrutin de 2014. Le FPÖ autrichien,
s’il se maintient au même niveau que
pour le scrutin européen précédent, a
beaucoup souffert du scandale qui a
forcé Strache et l’extrême droite à dé-
missionner du gouvernement puis-
qu’en comparaison avec les élections
législatives de 2017, un tiers de ses
électeurs lui a tourné le dos. « Globale-
ment, toutes ces forces gagnent du ter-
rain », résume le politologue Cas
Mudde, spécialisé dans les mouve-
ments populistes et l’extrémisme de
droite. « Mais leurs avancées sont mo-
destes. »
Le Fidesz balaye
tout sur son passage
L’incroyable résultat à noter à l’heure
d’écrire ces lignes nous vient de Hon-
grie. Selon les dernières estimations, le
parti souverainiste de Viktor Orban ar-
riverait largement en tête, crédité
d’une victoire écrasante avec 52,3 %
des suffrages.
Il améliore encore son score par rap-
port aux élections européennes de
2014 (51 %) et distance très largement
le parti d’extrême droite classique Job-
bik, en recul à 9 %.
Suspendu par le Parti populaire eu-
ropéen en raison de ses attaques
contre Bruxelles, le dirigeant souverai-
niste entend jouer un rôle majeur dans
la recomposition de la droite euro-
péenne et a multiplié les contacts avec
Matteo Salvini, le FPÖ autrichien et le
PiS polonais. Il n’exclut pas de claquer
la porte du PPE si la droite modérée
refuse de s’allier aux « partis patrio-
tiques de droite » à l’issue du scrutin.
Ce dimanche matin, il déclarait, en
marge de son déplacement dans l’iso-
loir, que son modèle était l’Italie.
Des responsables à Bruxelles redou-
taient qu’ils puissent gagner jusqu’à
200 des 751 sièges.
Matteo Salvini parviendra-t-il à La Ligue
amadouer Viktor Orban et garder Ma- de Matteo Salvini
rine Le Pen malgré leurs divergences ? devient le premier parti
Se lancera-t-il dans la création d’un d’Italie. © AFP
groupe sans le mouvement français ?
In fine, le poids de la droite radicale
populiste dans ce nouveau Parlement
dépendra des alliances qui se noueront
dans les prochains jours entre les Italie Le triomphe de la Ligue
grands gagnants du scrutin.
DOMINIQUE DUNGLAS européens, le scrutin de dimanche est
CORRESPONDANT À ROME considéré par tous les observateurs
comme une sorte de second tour entre
a Ligue est désormais le premier M5S et la Ligue pour déterminer les

France Macron relativise, les Verts surgissent

JOËLLE MESKENS
ENVOYÉE PERMANENTE À PARIS
’est l’enjeu qu’il s’était lui-même
C fixé. Battre le Rassemblement na-
tional de Marine Le Pen. Gagner le
combat des progressistes contre les po-
pulistes. Et trouver ainsi un double
élan : au plan européen et au plan na-
tional pour entamer l’acte 2 de son
quinquennat,
Emmanuel Macron a perdu son pari.
La liste Renaissance (LREM et Mo-
Dem), emmenée par l’ancienne mi-
nistre Nathalie Loiseau, s’incline de-
vant celle conduite pour l’extrême
droite par le jeune Jordan Bardella :
22,5 % contre 23,5 %, selon les résul-
tats en milieu de soirée. Le parti de Ma-
rine Le Pen ne réitère cependant pas
son score de 2014 (24,9 % à l’époque).
En s’investissant personnellement
dans la campagne, le président n’a pas
su empêcher la défaite annoncée,
même si l’abstention a été moindre que
redoutée. Mais ses soutiens relativisent
ce revers en parlant d’un score « hono-
rable » et d’un total favorable aux voix
pro-européennes. Les premières esti-
mations laissaient, il est vrai, redouter
une claque plus cinglante. L’Elysée
n’entend pas dévier de son cap. Le Pre-
mier ministre Édouard Philippe a
d’ailleurs fait taire, dès ce dimanche
soir, les rumeurs sur son départ de Ma-
tignon. « Dès demain, je serai à pied
d’œuvre », a-t-il assuré, alors que l’hy-
pothèse d’un remaniement était régu-
lièrement évoquée.
Pour Marine Le Pen, la pole position
permet d’éloigner le souvenir du débat
raté d’il y a deux ans, avant le deuxième
tour de la présidentielle. Elle redonne à
son camp le sentiment qu’elle peut être
un cheval gagnant. Elle a d’ailleurs in-
vité les « patriotes » à rejoindre son
mouvement pour les prochaines élec-
tions, notamment les municipales de
2020.
Jadot s’impose à gauche
Contre toute attente, les Verts ont surgi
à la troisième place. La liste conduite
par Yannick Jadot obtient 13,1 %. « On
ne peut pas se résoudre à voir l’extrême
droite devenir une option crédible de
conquête du pouvoir », a réagi l’écolo-
giste, regrettant un débat « rétréci à la
seule France ». Jadot s’impose dans un
paysage de gauche au sein duquel il
n’était, jusqu’ici, qu’une force d’appoint.
Car la France insoumise, qui croyait
s’imposer pour proposer une nouvelle
« fédération populaire », s’effondre à
6,4 %. Loin du score de Jean-Luc Mé-
lenchon à la dernière présidentielle
La présidente du RN est parvenue à
faire oublier son très mauvais débat
d’entre-deux tours. © PHOTO NEWS
(19 %). La liste des Insoumis, conduite
par Manon Aubry, finit ex æquo avec
celle du PS emmenée par Raphaël
Glucksmann. « La gauche n’est pas
morte », veut croire l’essayiste qui note
que si l’on additionnait les voix des uns
et des autres, son camp serait en tête.
L’autre surprise de la soirée est venue
de l’effondrement de la droite. Fran-
çois-Xavier Bellamy ne finit que qua-
trième, avec 8,4 % à peine. Le philo-
sophe ultraconservateur avait pourtant
été perçu comme la « révélation de la
campagne » et les derniers sondages le
créditaient de 13 %. C’est un échec cui-
sant pour celui qui l’avait choisi.
Laurent Wauquiez aura bien du mal à
se maintenir à la tête de LR.
L parti italien. Alors que les bureaux
de vote fermaient hier à 23 heures, les
sondages de sortie des urnes donnaient
au parti souverainiste de Matteo Salvini
une fourchette de près de 29 % des voix.
Une croissance extraordinaire aux vues
des derniers scrutins : 6,2 % aux Euro-
péennes de 2014 et 17,4 % aux élections
législatives de 2018. Toutefois, il y a en-
core quelques semaines, les sondages si-
tuaient la Ligue à 36 %. 30 % était la
barrière que les leaders du parti de Mat-
teo Salvini avaient fixée pour décréter
un triomphe. Le suspens était en re-
vanche entier pour l’attribution de la se-
conde place. Le Parti démocrate (PD)
semblait ce dimanche légèrement de-
vant le Mouvement 5 étoiles (M5S), à
23 % pour le premier, 21 % pour le se-
cond. Pour le Mouvement 5 étoiles, qui
avait obtenu 32,7 % des voix en mars
2018 et était devenu le premier parti
italien, passer au troisième rang serait
une défaite cuisante. Le leadership de
Luigi di Maio serait remis en question
par une base divisée entre les courants
de gauche et de droite.
Pour la gauche, arriver en seconde po-
sition, après la déroute des dernières
élections, serait en revanche une divine
surprise. Elle mettrait fin à l’éternelle
querelle des chefs, donnerait du temps
au nouveau secrétaire Nicola Zingaretti
et permettrait au PD d’entrer en conva-
lescence.
Totalement déconnecté des enjeux
rapports de force au sein de l’exécutif.
Les deux alliés du gouvernement jaune
vert sont désormais en contradiction
sur tout : la politique économique, le
respect des traités européens, la liaison
rapide Turin-Lyon, la fiscalité, les auto-
nomies régionales, la gestion de la cor-
ruption politique. Le M5S a une large
majorité au Parlement, 326 élus contre
181 à la Ligue, et au sein du conseil des
ministres dirigé par un de ses hommes,
Giuseppe Conte. Mais Matteo Salvini ne
manquera pas de faire peser son avance
dans le scrutin européen pour exiger
des arbitrages en sa faveur. Il pourrait
également demander un remaniement
ministériel et la présidence du conseil.
Ou encore tenter de capitaliser son suc-
cès en provoquant des élections antici-
pées.
Forza Italia en liquidation
Enfin, Forza Italia était donnée à
10,10 %. Un chant du cygne pour le Ca-
valiere vieillissant et malade. Le parti
qui a dominé l’Italie pendant 20 ans est
désormais en liquidation et on peut s’at-
tendre à ce que ses cadres quittent le na-
vire pour rejoindre la Ligue. La perte
d’influence de Silvio Berlusconi favorise
encore Matteo Salvini qui pourrait ten-
ter de former une coalition de droite,
sans le Mouvement 5 étoiles, dont il se-
rait le seul leader.
Si la nuit n’a pas changé les résultats,
Matteo Salvini a raflé la mise.

** 18
 Le Soir Lundi 27 mai 2019

Belgique Le PTB entre au PE
ELODIE LAMER
es chiffres partiels disponibles vers
L 23h15 sur le site du SPF Intérieur
confirment une percée du Vlaams Be-
lang au niveau européen également.
Ceux-ci obtiennent, selon des données
compilées sur les votes dépouillés de
94 % du royaume, trois sièges au Parle-
ment européen, soit deux de plus que
lors de la précédente législature. La
N-VA perd quant à elle un siège. Geert
Bourgeois, Johan Van Overtveldt et As-
sita Kanko seraient donc élus. Le
Vlaams Belang prend également un
siège à l’Open VLD, qui se maintient à
deux sièges, notamment avec celui de
Guy Verhofstadt.
Ecolo a obtenu le second siège qu’il
briguait. Le Belge Philippe Lamberts,
tête de liste et actuel co-président du
groupe des Verts/ALE, est donc réélu.
Saskia Bricmont, jeune militante et ex-
collaboratrice d’Ecolo, le rejoindra. Phi-
lippe Lamberts nous a dit espérer
conserver son titre de co-président du
groupe.
Le MR aura deux élus, soit un de
moins que dans la précédente législa-
Résultats
des principaux partis
dans douze pays-clés*
*à l’heure de mettre cette édition sous presse
Vlaams Belgang (ENL)
élections 2019 19
Le Soir 27 05 2019 *
Grande-Bretagne Énorme percée des europhobes
ture, Olivier Chastel et Frédérique Ries. MARC ROCHE SNP seraient en tête devant le parti
Nicolas Barnier, fils de Michel, le négo- CORRESPONDANT À LONDRES Brexit. À Londres, une ville travailliste,
ciateur du Brexit, 3e sur les listes MR, les Tories et le Labour sont en forte
n’est donc pas élu.
Le PTB fait donc son entrée au Parle- P our les conservateurs au pouvoir
comme pour l’opposition tra-
baisse.
La participation est en hausse de 3 %
ment européen. Sa tête de liste, Marc vailliste, le fiasco annoncé était bien au par rapport à 2014, indiquant une mo-
Botenga, connaît bien l’institution, rendez-vous lors des élections euro- bilisation des électeurs en faveur du
puisqu’il y était conseiller politique au péennes du 26 mai dont les résultats Brexit, comme des Remainers en fa-
groupe de la Gauche Unitaire euro- définitifs devraient être annoncés ce veur respectivement de Nigel Farage et
péenne (GUE/NGL). « La seule alter- lundi matin. Le nouveau parti radicale- des libéraux démocrates.
native à l’extrême droite qui monte c’est ment anti-européen Brexit qui milite
la gauche authentique, la gauche qui pour une sortie brutale « no deal » de Le retour de Farage synonyme Le nouveau parti de Nigel Farage,
pique », a déclaré Marc Botenga, à l’an- l’Union européenne, est arrivé en tête. d’exaspération Brexit, recueillerait 31,5 % des votes.
nonce des résultats. D’après une première estimation, cette Nigel Farage a fait un score légèrement © REUTERS
Le PS perd un siège. Marc Tarabella formation, créée en janvier, recueille- supérieur à celui de 2014, lorsque
devrait prendre la place de Paul Ma- rait 31,5 % des votes. Payant leurs divi- l’Ukip qu’il dirigeait à l’époque était À l’évidence, le retour de Farage au
gnette, qui avait fait savoir d’entrée de sions, les conservateurs au pouvoir devenu le premier parti du pays avec cœur de l’échiquier politique britan-
jeu qu’il faisait campagne comme tête sont humiliés, à la cinquième position, 27 % des voix, reléguant les Tories de nique souligne l’exaspération des parti-
de liste mais ne prendrait pas son siège, avec 7,5 % des suffrages. David Cameron à la troisième place. sans du « Leave » devant l’impasse du
malgré ses 234.000 voix. Marie Arena Il en est de même du Labour de Je- Brexit. Ceux qui ont voté en faveur du
est également réélue. remy Corbyn relégué à la troisième Brexit lors du référendum du 23 juin
Le CDH conserve son siège, autrefois place (16,6 %) qui serait dépassé par le 2016 redoutent de se voir voler leur
occupé par Claude Rolin, cette fois oc- très européen parti libéral démocrate, victoire par une alliance supposée
troyé à Benoît Lutgen. brillant second avec 20 % des voix. Les entre les parlementaires britanniques,
Groen et SP.A conservent chacun un Verts arrivent en quatrième position très majoritairement favorables au
siège et le CD&V ses deux sièges (Kris avec 11,6 %, un score inférieur à leurs maintien et la Commission, qui espère
Peeters est notamment élu). Le CSP espoirs en raison de l’effet du vote toujours que le Royaume-Uni demeu-
Pascal Arimont (germanophone) utile. rera membre de l’Union européenne.
conserve son siège. En Écosse, les indépendantistes du Des pans entiers de l’électorat
conservateur sont passés dans le camp
de la nouvelle formation de Farage
fondée en janvier.
Le Labour est également sur la dé-
fensive. La gauche a visiblement payé
le refus de son leader, Jeremy Corbyn,
d’accepter la tenue d’un deuxième réfé-
BELGIQUE rendum, que réclament la majorité du
Ecolo (Verts/ALE) 15,06 %
groupe parlementaire et la base.
Reste que les parlementaires euro-
SUÈDE péens élus pourraient très bien ne ja-
NV-A (ECR) 14,28 % mais siéger. En effet, à la mi-juillet, de-
Parti des Travailleurs (S&D) 25,10 % vrait être connu le successeur de The-
12,15 % resa May, qui pourrait annoncer un dé-
part sans accord de l’UE avant la date
Moderaterna (PPE) 17,60 %
10,12 % butoir du 31 octobre accordée par les
Open VLD (ADLE)
27 au Royaume-Uni.
Verts (Verts/ALE) 9,50 % De l’avis général, les élections euro-
PS (S&D) 9,62 % péennes vont servir de tour de chauffe
à la course à la succession de Theresa
PAYSBAS May qui doit démissionner le 7 juin. La
CD&V (PPE) 9,17 %
PVDA (S&D) 18,10 % victoire de Nigel Farage devrait favori-
MR (ADLE) 7% ser les candidats Brexiters durs à la
tête du parti, donc du pays. L’ancien
VVD (ADLE) 15 % bourgmestre de Londres, Boris John-
SPA (S&D) 6,47 %
son, et l’ex-ministre du Brexit, Domi-
CDA (PPE) 12,30 % nic Raab, deux partisans déclarés du
PTB (GUE/ALE) 5,2 % « no deal » ont désormais la cote.

3,47 % Groen/Links (Verts/ALE) 10,50 %

CDH (PPE)

PVDA(GUE) 3,18 % PVV (ENL) 4,10 %

ROYAUME-UNI ALLEMAGNE POLOGNE

Brexit Party (EFDD) 31,50% CDU/CSU (PPE) 28,80 % PiS (ECR) 42,40 %

Lib-Dems (ADLE) Grünen (Verts) 20,60 % Coalition européenne PPE (+S&D) 39,10 %
20 %

Labour (S&D) 16,60 % SPD (S&D) 15,50 %

HONGRIE
Green Party/SNP (Verts/ALE) 11,60 % AfD (EFDD) 10,80 % Fidesz (PPE) 52,3 %

Tories (ECR) 7,50 % Die Linke (GUE) 5,40 % Divers (S&D) 16,3 %

FRANCE AUTRICHE
RN Rassemblement national (ENL) 23,53 % ÖVP (PPE) 34,90 %

LREM En Marche (ALDE) 22,47 % SPO (S&D) 23,40 %

EELV Europe Ecologie les Verts (Verts/ALE) 13,13 % FPÖ (ENL) 17,20 %

LR Les Républicains (PPE) 8,20 % Grüne (Verts/ALE) 14 %

PS (S&D) 6,43 %
ITALIE
LEGA (ENL) 29 %

ESPAGNE PD (S&D) 23 %

PSOE (S&D) 32,83 % M5S (EFDD) 21 %

PP (PPE) 20,12 % Forza It. (PPE) 10,10 % GRÈCE

Podemos/Izquierda U. (GUE) 12,23 % Fratelli d’It. (ECR) Nouvelle Démocratie (PPE) 33,28 %
4,8 %

Syriza (GUE) 23,94 %

Pasok (S&D) 7,22 %

*** 19