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Pmhihi1io11, p.

,ydwnalyse er produc:lio11 de la ma/ria hérérosexuel/e

emploie pour construire la « Loi » comme impuissance perma­


nente. Que! est le pouvoir créateur de cctte fiction qui reflete un
assujeuissemcnt auquel il est impossible d'échapper? Quels
enjeux culturels y a-t-il à garder le pouvoir dans ce cerclc d'auto­
négation. et comrnent pourrait-on ressaisir lc pouvoir loin des
apparcnces trompeuses d'une !oi prohibitive qui est ce pouvoir
dans sa dissimulation ct l'assujettissement de soi?

Freud et la mélancolie du genre


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Irigaray a soutcnu J 'idée que la structure de la féminité et de la


mélancolic « se recoupait .,K », et Kristcva. identifie la maternité
à la mélancolie dans « Maternité selon Giovanni Bellini 39 » et
dans Solei/ rwir: dépression et mélancolie'"l, mais on n'a guere
cherché à comprendrc comment le déni/la préservation mélanco-
1 ique de l'homosexualilé produisait du genre dans le cadre

38. Lucc litiGARAY, Spernlum de /"aurrejemme, op, dt., p. 78-87.


:19. /11 Julia KltlST�VA, Polylo!{11e, Scuil. Paris, 1977, p. 409-435 [premierc
publica1inn. i11 Pei11/1trt!. nº 10-11, décembre 1975. (N.d.T.J]
40, Voir Juliu Kl<ISTEVA, ÍII Leon Rt>UIJIEZ (éd.), De.,·ire ill ].A.lllgt./a/{I! : A
Se111.io1i<.· Approuch ,,, Lirerature and Arl, Columbia University Press. New
York, 1980: Solei/ 11oir: dépre.,·sim1 e/ méla11co/ie, Gallimard, Paris. 1987. La
l<:<:ture que fait Kris1cv.i de la mélancolie dans ce dernier ouvrage se fontle en
parlie sur lcs écrits de Mélanic Klein. La mélancolie est la pulsion matricide
rc1ournée con1.rc k sujei féminin et a donc à voir avec le problemc du maso­
chisme. Dm1s ce 1ex1c. Krisleva semble accepter la notion d' 11grcssion primaire
el différencicr les sexcs sclon l'objet primairc d'agression et la maniere doni ils
reíusen1 de commctlre les meurtres qu'ils onl profondément envie de
comme11re. La position masculine est donc comprise comme une forme de
sadisme dirígé vers l'exlérieur. alars que la posiLion féminine es1 une forme de
masochismc dirigé vers rinléríeur. Pour Kristeva, la mélancolie e sl une « trís­
tesse voluptucuse » qui semble liéc à la produclion sublimée de l'art. La forme
la plus liaulc de ccnc suhlimat.ion semble se concentrer sur la souffrance qui est
son origine. En conséquence, Kristeva clôt le livre, de maniere abrup1e et un
pcu polémiqut!, en célébran1 les grandes reuvres du modemisme qui manifes­
lcnt la SllllCturc u·agique de l'ac1ion humaine, 1ou1 en condamnant les efforts
pustmodemes pour déclarer, plutôl que souffrir, les fragmentations actuelles de
lu psyché. Pour une discussion du rôle de la mélancolie dans « Matemité selon
Giovanni Bcllini », voir chapitre 3 de ce livre, prcmiere section. « Julia Kris-
1cva .:t sa poliliquc du corps ».

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Troub/11 tkms /e Kl!llre Prohihiliun. psydumcily.,e 111 productüm de la matrice hétéro.,·exue,

présuppose un désir originei (non le « désir » au sens lacanien, loi du discours, distinguant !e discutable de l'indiscutable (déli­
mais lajouissance 45) qui maintient l'intégrité ontologique el la mitant et construisant le domaine de l'ind.iscutable), !e légitime
précédence chronologique sur la loi répressive 46• Si l'on en croil de l'illégitime.
Foucault, cette !oi réduil par la suite au silence ou transforme ce
désir en une forme ou une expression (déplacement) secondaire
et nécessairement insatisfaisante. Foucault considere que le Complexité du genre et limites de l'identitlcation
désir, conçu à la fois comme originei et refoulé, est l'effel même
de la !oi assujettissante. Par conséquent, la !oi produit le leurre Les analyses que nous venons de voir, celles de Lacan, de
du désir refoulé pour rationaliser ses propres stratégies d'auto­ Riviere et de Freud dans le Moi et le ça, nous offrent des ver­
expansion. Au lieu de penser que la loi juridique exerce une sions concurrentes de la maníere dont fonctionnent les identifi­
fonction répressive, il faudrait plutôt la reconsidérer, dans ce cas cal ions de genre - des versions qui incitent même à se
précis et plus généralement, comme une pratique discursive pro­ demander si ces idcntifications « marchent » vraiment. Peut-on
ductive ou créatricc - discursive en ce qu'elle produit la fiction expliquer la complcxité du genre el ses dissonances à partir de la
linguistique du désir refoulé pour maintenir sa propre position en multiplication et de la convergence d'une variété d'identifica­
tant qu'instrument téléologique. Ledit désir en vient à signifier tiuns culturellcment dissonantes? Ou toute identification est­
le « refoulé » dans la mesure ou la loi constitue le cadre de sa el le construite sur l'excl usion d'une sexualité qui met ces
mise en contexte ; en réalité, la loi intensifie et fortifie le « désir identifications en question ? Dans le premier cas, les identifica­
refoulé » en tant que tel, fait circuler te terme et, de fait, creuse tions mulliples peuvent donner une configuration non hiérar­
!'espace discursif pour l'expériencc consciente et élaborée parle chique faite de chassés-croisés mcttant en question la primauté
langage qui répond au nom de « désír refoulé ». de 1ou1e altribution d'un gcnre univoque. Dans le cadre théo­
Le tabou de !'inceste, et implicitement de I' homosexualité, rique lacanicn, l'identification se comprend strictement à partir
est une injonction répressivc présupposant un désir originei pré­ de la disjonction entre « avoir » ou « être » Je Phallus, avec pour
sent dans l'idée de « prédispositions », qui subit un refoulement conséquence que le tiers exclu ne cesse de hanter et de
d'une tendance libidinale originellement homosexuelle et pro­ déstabiliser la présentation cohérente de chacun d'eux. Le tiers
duit Je désir hétérosexuel comme effet secondaire. La structure cxclu. c'est une sexualité exclue qui conteste les prétentions
de ce méta-discours du développement infantile présente les pré­ auto-fondatrices du sujei, ainsi que ses prétentions à connaitre la
dispositions sexuelles comme si elles étaient des pulsions prédis­ source et l'ohjct de son désir.
cursives, premieres dans le temps et ontologiquement distinctes, Le plus souvent, les chercheuses féministes qui se sont inté­
ayant un but, et donc un sens, avant d'émerger dans Je langage ressées à la problématique psychanalytique de l'identification
et la culture. L'entrée même dans le champ cullurel détourne ce ont mis l'accent sur la question de l'identification maternelle et
désir de sa signification premiere, avec pour conséquencc que le dles ont cherché à élahorer une position épistémologique fémi­
désir dans la culture est, de toute nécessité, une série de déplace­ niste à partir de cette identification maternelle et/ou d'un dis­
ments. La !oi répressive produit donc en cffet l'hétérosexualité cours maternel élaboré du point de vue de cette identification et
et n'agit pas seulement comme un code négatif ou un mode de ses difficultés. Ce travai! a été, pour une grande part extrême­
d'exclusion, mais comme une sanction ou, mieux, comme une ment important et a eu une influence incontestable, mais il a fini
par occuper une position hégémonique dans la théorie féministe
standard. Plus encore, il tend à renforcer le cadre précisément
45. En français dans !e texte. (N.d.TJ hinaire, hétérosexiste, qui découpe les genres en masculin et
46. Voir M. PoUCAULT, Histoire de la sexuaJité, vol. l, op. de., p. 108. féminin et empêche de décrire convenablement les formes de

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