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COMMENTAIRE DU PSAUME 2

1 Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples médité de vains projets? 2 Les rois
de la terre se sont levés, et les princes se sont ligués contre le Seigneur et contre son
Christ.
3 Rompons leurs liens, et rejetons loin de nous leur joug.
4 Celui qui habite dans les cieux se moquera d'eux, et le Seigneur les tournera en
dérision. 5 Alors il leur parlera dans sa colère, et dans sa fureur il les remplira de
trouble.
6 Mais moi, j'ai été établi par lui roi sur Sion, sa montagne sainte, annonçant son décret.
7 Le Seigneur m'a dit : Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré.
8 Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage, et pour ta possession les
extrémités de la terre.
9 Tu les régiras avec un sceptre de fer, et comme un vase de potier tu les briseras.
10 Et maintenant, rois, comprenez, laissez-vous enseigner, vous qui jugez la terre.
11 Servez le Seigneur dans la crainte, et réjouissez-vous en lui avec tremblement. 12
Embrassez la discipline, de peur que le Seigneur ne s'irrite, et que vous ne périssiez
hors de la voie juste.
13 Lorsque soudain prendra feu sa colère, bienheureux tous ceux qui se confient en lui.
Dans le psaume précédent le psalmiste a décrit de manière quasiment universelle la
condition et l'évolution du genre humain ; dans ce psaume il va traiter le sujet
proprement dit, c'est-à-dire ses propres tribulations qui signifient celles du Christ.
Et à cet égard, il implore d'abord le secours divin en priant contre les tribulations
menaçantes. Ensuite il rend grâces pour avoir été exaucé, et cela au psaume 8 : «
Seigneur, notre Dieu, qu'il est admirable ton nom par toute la terre. »Enfin il montre la
confiance qui en découle, et cela au psaume 10 : « Je me confie dans le Seigneur :
comment dites-vous à mon âme : Émigre sur la montagne comme un passereau ? »
Or dans les tribulations l'homme peut demander deux choses.
D'abord qu'il en soit libéré.
Ensuite que ses ennemis soient abattus ; et il fait cette demande au psaume 7 : «
Seigneur, mon Dieu, c'est en toi que j'espère. »
Concernant sa demande de libération, il commence par implorer le secours contre ceux
qui le tourmentent ; ensuite contre ceux qui cherchent à le tromper ; et cela au psaume
5 : « Prête l'oreille à mes paroles. »
En implorant le secours, il rappelle d'abord les machinations de ceux qui s'insurgent
contre lui. Ensuite il implore le secours contre ceux qui se sont insurgés contre lui ; et
cela au psaume 3 : « Seigneur, pourquoi se sont-ils multipliés ceux qui me
tourmentent? » Enfin, mû par sa confiance d'avoir été exaucé, il invite les autres à se
confier en Dieu ; et cela au psaume 4 : « Lorsque je l'invoquais, il m'a exaucé.»
Pour ce qui regarde ce psaume, on notera cependant qu'il ne traite aucune ment dans
son ensemble de la prière, mais bien de la malice de ceux qui se rebellent. D'une
manière générale il faut savoir qu'il existe deux opinions au sujet de ce psaume.
Certains ont affirmé qu'il est la suite du premier psaume ; et ce fut l'opinion de Gamaliel.
Et c'est pourquoi ils affirmaient que tout comme ce psaume 1 commence par : «
Bienheureux l'homme, etc. », ainsi ce psaume se termine comme s'il en était une
partie : Bienheureux ceux qui se confient en lui, etc. ; puisque ce verset semble
reprendre le début du psaume 1. Mais il y a deux objections à faire contre cette
affirmation. La première, c'est que de cette manière il n'y aurait plus cent cinquante
psaumes. Mais on répondra à cela que certaines versions en ajoutent un que l'on
trouve dans plusieurs psautiers ; et ce psaume commence ainsi : « Pusillus eram, etc.
(étais tout petit, etc.). » Et la secondé objection à faire, c'est qu'en hébreu les psaumes
sont ordonnés selon l'ordre des lettres ; et cela afin de savoir de quel psaume il s'agit.
En effet au psaume premier correspond la lettre Aleph pour signifier qu'il s'agit du
premier ; au psaume deuxième correspond la lettre Beth pour signifier qu'il s'agit du
deuxième ; au troisième correspond la lettre Gimel, et ainsi de suite. Donc puisque
Beth, lettre qui est la deuxième dans l'ordre de l'alphabet, figure au début de ce
psaume, il est manifeste qu'il s'agit du psaume deuxième ; et c'est ce que soutient
Augustin. On doit donc dire que ce psaume est le deuxième dans l'ordre des psaumes,
mais le premier qui a un titre. Et son titre est : Psaume de David. Le mot « psaume »
vient à proprement parler de psaltérion, qui est un instrument à dix cordes qu'on touche
avec la main - d'où le verbe psallere qui signifie « toucher avec la main » -, et qu'on
touche par le haut. C'est pour quoi on appelle psaume un cantique que David chantait,
ou faisait chanter sur le psaltérion.
Au sens mystique cependant, les dix cordes du psaltérion signifient la loi de Dieu qui
comprend dix préceptes, et il faut qu'il soit touché avec la main, c'est-à-dire que la loi
soit bien accomplie, et touché par le haut, parce que les préceptes doivent être
accomplis en raison de l'espérance des biens éternels - autrement on le toucherait par
le bas. Il s'agit donc d'un psaume de David qui a été composé par lui, et qui traite de
son royaume comme figure du royaume du Christ. En effet David symbolise bien le
Christ, puisqu'il veut dire « par la main du fort », et que le Christ est « force de Dieu ».
On dit aussi de David qu'« il a l'aspect désirable », et du Christ qu'il est « splendeur de
la gloire ». Et encore qu'il est celui sur « qui les anges désirent se pencher ».
1 Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples médité de vains projets ? 2 Les
rois de la terre se sont levés, et les princes se sont ligués contre le Seigneur et contre
son Christ.
Ce psaume se divise en deux parties :
I) Dans la première partie est décrite la machination de ceux qui s'attaquent au royaume
de David et du Christ.
Il) Dans la seconde est exposée leur répression : 4 Celui qui habite dans les cieux se
moquera d'eux.
I. Au sujet de ceux qui s'attaquent au royaume de David et du Christ, il dit trois choses :
A) Il commence par exposer la rébellion de ceux qui machinent.
B) Ensuite il dit contre qui ils machinent : contre le Seigneur et contre son Christ.
C) Enfin il manifeste leur intention : Rompons leurs liens.
A. Or, au sens littéral, il faut savoir tout d'abord que lorsqu'un peuple prépare une
rébellion, il commencé par murmurer, puis cherche à obtenir un appui auprès des
puissants afin d'arriver à ses fins.
Le psalmiste expose donc en premier lieu la tentative du peuple qui murmure. Puis le
secours des puissants : Les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont ligués.
Ainsi dans le peuple certains agissent moins sous l'empire de la raison : ce sont les
violents ; d'autres davantage : ce sont les sages. Les premiers ne sont pas mus par
l'intelligence pour se rebeller, mais plutôt par la violence ; et c'est pourquoi le psalmiste
dit de ces derniers qu'ils ont frémi, ce qui est le propre des bêtes : « La colère du roi est
comme le grondement d'un lion. » Les seconds sont mus par le conseil, et c'est
pourquoi il dit de ceux-ci : ils ont médité de vains projets. « Car vaines sont les pensées
des hommes. » Le peuple est la multitude des hommes unie par le lien du droit. Et c'est
pourquoi on dit des Juifs qu'ils sont un peuple, parce qu'ils ont et sont sous la loi de
Dieu. Les autres sont appelés nations, parce qu'ils ne sont pas sous la loi de Dieu. Ou
bien au sens littéral, dans le royaume de David il y avait des nations soumises et des
Juifs fidèles ; et les uns et les autres ourdissaient contre lui, aussi dit-il : Pourquoi les
nations ont-elles frémi, et les peuples médité de vains projets ? Il n'interroge pas mais il
réprimande, comme dans le livre de la Sagesse : « À quoi nous a servi l'orgueil, et que
nous a rapporté la jactance des richesses ? »
De même les plus petits n'auraient rien pu faire par eux-mêmes s'ils n'avaient bénéficié
du secours des puissants, aussi nomme-t-il ceux qui prêtent leur secours : d'abord en
les aidant par leur pouvoir ; et à ce propos il dit : Les rois de la terre se sont levés, et
les princes se sont ligués contre le Seigneur et contre son Christ, autrement dit : les uns
ont frémi, mais les autres se sont levés, c'est-à-dire ont prêté assistance à cette malice.
De même certains ont offert leur secours en les conseillant par leur sagesse ; et à ce
propos il dit : ils se sont ligués, c'est-à-dire afin de délibérer. La version iuxta Hebraeos
de Jérôme lit : « Tractabant pariter (Ils traitaient ensemble). » - « J'irai donc vers les
grands et je leur parlerai : car eux ils savent la voie du Seigneur, et le jugement de leur
Dieu ; et voilà que de plus eux aussi ont brisé le joug, ils ont rompu les liens. »
B. Ensuite, lorsqu'il dit : contre le Seigneur et contre son Christ, etc., il fait connaître
ceux qui endurent la rébellion. Il montre en effet contre qui fut dirigée la rébellion, car ce
fut contre le Seigneur, et contre son roi ; car les rois sont appelés Christ, c'est-à-dire «
Oints » : « Ne touchez pas à mes Oints. » Donc celui qui se rebelle contre le roi établi
par Dieu, se rebelle aussi contre Dieu : « Celui qui s'insurge contre l'autorité se révolte
contre l'ordre établi par Dieu. » Et c'est pourquoi il dit : contre le Seigneur et contre son
Christ. - « Ce n'est pas toi qu'ils ont rejeté, mais moi. »
Au sens mystique, ces paroles se rapportent au Christ sous la figure de David : «
Seigneur, toi tu as dit par la bouche de notre père David, ton serviteur : Pourquoi les
nations ont-elles frémi, et les peuples médité de vains projets? Pourquoi les rois de la
terre se sont-ils levés, et les princes se sont-ils ligués contre le Seigneur et contre son
Christ? Car Hérode et Ponce Pilate se sont vraiment ligués dans cette cité avec les
nations et les peuples d'Israël, contre ton saint Fils Jésus que tu as oint, pour faire ce
que ton bras et ton conseil avaient décrété qui serait fait. » Et selon ce sens, il faut
comprendre que les nations, c'est-à-dire les soldats, se sont ligués contre le Christ. Et
les peuples, c'est-à-dire les Juifs, ont médité de vains projets, en croyant le tuer tout à
fait, c'est-à-dire en pensant qu'il ne ressusciterait pas. Et Les rois de la terre, c'est-à-
dire Hérode Ier l'Ascalonite qui tua les enfants, et puis Hérode Antipas, son fils, qui
donna son consentement à Pilate. Et les princes, c'est-à-dire Pilate, en tant que ce mot
est mis au pluriel pour un singulier par synecdoque. Ou bien, les princes des prêtres se
sont ligués, c'est-à-dire avec une volonté perverse, contre le Seigneur et son Christ.
3 Rompons leurs liens, et rejetons loin de nous leur joug.
C. Ensuite il exposé l'intention de ceux qui machinent, aussi dit-il : Rompons leurs liens
et rejetons loin de nous leur joug. Ce qui est dit à bon droit, car le pouvoir du roi est
appelé joug. Dans le premier livre des Rois, on rapporté que l'assemblée d'Israël
demanda à Roboam d'alléger le joug que leur avait imposé Salomon. De même que les
boeufs sont attelés au joug pour le travail, ainsi les hommes le sont sous le pouvoir
d'une royauté. Et on ne peut enlever un joug sans rompre les attaches. Or dans un
royaume ces liens, par exemple les soldats, les camps et les armes, sont les
fondements du pouvoir royal. Il faut donc d'abord supprimer ces liens, et alors enlever le
joug.
Au sens spirituel, dans le Christ le joug est la loi de la charité : « Mon joug est suave et
mon fardeau léger. » Les liens sont les vertus : l'espérance, la foi, la charité : «
Appliquez-vous à maintenir l'unité de l'esprit par le lien de la paix. » - « Les liens de la
Sagesse sont des chaînes salutaires. » Donc pour que la conscience de l'homme né
soit pas sous le joug de la loi du Christ, cela ne se peut sans qu'auparavant ces liens
soient rompus ; ce que font ceux qui disent à Dieu : « Retire-toi de nous, il ne nous plaît
pas de connaître tes voies. Qui est le Tout-Puissant, pour que nous le servions? et que
nous revient-il, si nous le prions? » - « Depuis longtemps que tu as brisé ton joug, tu as
rompu tes liens, et tu as dit : Je ne servirai pas. » Ou bien cela se rapporte au Christ
dans la personne de David parlant à ses serviteurs. Selon la Glose, « c'est comme Si
David disait : Eux-mêmes machinent ainsi ; mais le Christ dit : Ô mes disciples, ne
consentez pas à ma mort ». Cependant cette interprétation n'entre pas dans notre
propos.
4 Celui qui habite dans les cieux se moquera d'eux, et le Seigneur les tournera en
dérision. 5 Alors il leur parlera dans sa colère, et dans sa fureur il les remplira de
trouble.
Il. Ensuite lorsqu'il dit : Celui qui habite, il expose la répression de ceux qui machinent
contre le royaume de David. Et à ce propos il montre deux choses :
A) d'abord comment ils sont réprimés par le Seigneur.
B) Ensuite comment ils le sont par son Christ : Mais moi, j'ai été établi par lui roi sur
Sion, etc. C'est contre ces deux, le Seigneur et son Christ, qu'ils ont machiné, comme
on l'a dit.
A. Concernant la manière dont le Seigneur les réprimé, on notera quatre choses : la
raillerie, la dérision, l'expression de la colère, et le trouble.
Car de même qu'un enfant, dépourvu de force et de puissance, sera raille par le géant
qu'il combat, ainsi quiconque dénué de puissance veut s'en prendre à celui qui habite
dans les cieux, sera raille par lui : « Regarde en haut le ciel, et vois : et contemple
combien la région de l'air est plus haute que toi. Si tu pèches, en quoi lui nuiras-tu ? »
Et si l'impuissant persévère, alors celui qui est plus puissant le réprime et le tourne en
dérision. Or selon Jérôme, dans la Glose, la raillerie se fait par la bouche, tandis que la
dérision se fait par le plissement du nez, c'est-à-dire avec une légère indignation : « Moi
aussi à votre mort je rirai et je vous tournerai en dérision, lorsque ce que vous craigniez
vous sera arrivé. »
Mais s'il ne se désiste en aucune manière, alors il en vient à la vengeance ; et c'est
pourquoi il dit : Alors il leur parlera dans sa colère, c'est-à-dire proférera une sentence
de vengeance contre eux. Cependant Dieu ne cède pas à la colère, mais parce qu'elle
est le propre de la créature, on l'attribue quelquefois au Créateur, par
anthropomorphisme, ce qui relève de « la propassion » humaine : « Seigneur, ne me
reprends pas dans ta fureur, et ne me châtie pas dans ta colère. »
Enfin la sentence passe à l'exécution ; et c'est pourquoi il dit : et dans sa fureur il les
remplira de trouble, dans le coeur et dans l'âme par un châtiment éternel, c'est-à-dire il
les punira par sa propre puissance : « Quand il se remue pour chercher son pain, il sent
que le jour des ténèbres est prêt en sa main. La tribulation l'épouvantera, et l'angoisse
l'environnera. » Ces quatre manifestations auront lieu au jugement dernier. Car le
Seigneur se moquera d'eux en les mettant à sa gauche. Il les tournera en dérision, en
disant avec reproche : « J'ai eu faim. » - « Il leur parlera dans sa colère », en proférant
cette sentence : « Allez loin de moi, maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le
diable et pour ses anges. » - « Il les remplira de trouble », en exécutant sa sentence : «
Ils iront ceux-ci au supplice éternel, et les justes dans la vie éternelle. »
6 Mais moi, j'ai été établi par lui roi sur Sion, sa montagne sainte, annonçant son
décret.
B. Ensuite il montre comment ils sont réprimés par son Christ : Mais moi. Or le peuple,
les nations et les princes s'insurgèrent contre le Christ David.
1) Il commence donc par montrer comment le Christ se comporte à l'égard du peuple.
2) Ensuite à l'égard des nations : Le Seigneur m'a dit.
3) Enfin vis-à-vis des rois : 10 Et maintenant, rois, comprenez, etc.
1. Ainsi dit-il : Mais moi, j'ai été établi par lui roi sur Sion, sa montagne sainte, etc. Or il
faut savoir qu'il a été établi par Dieu roi sur Jérusalem, et qu'il a ramené le peuple à
Dieu par son enseignement, autrement dit : ceux-là agissent ainsi, mais ils ne peuvent
avoir sa propre intention, car dit-il : j'ai été établi, c'est-à-dire de manière stable, roi sur
Sion, c'est-à-dire sur le peuple des Juifs qui était à Jérusalem, dont la citadelle est à
Sion. par lui, c'est-à-dire par Dieu : « Le Seigneur m'est une aide : je ne craindrai pas ce
que peut me faire un homme. » - « Place-moi auprès de toi, et que la main de qui que
ce soit combatte contre moi. » - Mais j'ai été établi roi sur Sion sa montagne sainte, non
pour moi, mais afin de régir le peuple selon la loi de Dieu; et c'est pourquoi il dit :
Annonçant son décret.
Mais au sens mystique il a été établi roi, en vertu de cette parole du prophète Jérémie :
« Un roi régnera, et il sera sage, et il rendra le jugement et la justice sur la terre. » sur
Sion, c'est-à-dire sur l'Église des Juifs, qui est appelée montagne sainte, parce qu'elle a
reçu la première les rayons du soleil : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la
maison d'Israël. » - « Est-ce que j'ignore que je suis devenu aujourd'hui roi sur Israël ? »
annonçant son décret, c'est-à-dire l'évangile dans sa totalité, ou bien ce précepte
particulier dont il est dit : « Je vous donne un commandement nouveau : c'est que vous
vous aimiez les uns les autres » ; et de même : « Voici mon commandement, c'est que
vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. » Or ce commandement,
il le prêcha personnellement aux Juifs, c'est-à-dire dans sa propre personne : « Jésus
parcourait la Galilée enseignant dans leurs synagogues, et prêchant l'Évangile du
royaume. » Et l'apôtre Paul dit à ce propos : « Je dis que le Christ a été ministre de la
circoncision, pour justifier la véracité de Dieu et confirmer les promesses faites à nos
pères. »
7 Le Seigneur m'a dit : Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré.
2. Ensuite lorsqu'il dit : Le Seigneur, il montre à partir de la même histoire comment il se
comporte à l'égard des nations. Et à ce propos il relève deux choses :
a) Il commence par montrer que le pouvoir sur les nations convient au Christ.
b) Ensuite il expose l'usage de ce pouvoir : Tu les régiras avec un sceptre de fer
a. En traitant de la convenance du pouvoir que le Christ a sur les nations, le psalmiste
montre d'abord sur quel droit il se fonde. Puis il expose la donation de ce pouvoir : je te
donnerai les nations.
Ainsi dit-il : Le Seigneur m'a dit. Cette parole ne s'accomplit pas totalement dans la
personne de David, et c'est pourquoi on l'entend du Christ, à qui appartient le pouvoir
sur les nations selon un double droit, c'est-à-dire par héritage : Le Seigneur m'a dit : Tu
es mon Fils, etc. ; et par mérite : Demande-moi, etc.
Le Christ est roi » de toutes choses », comme le dit la lettre aux Hébreux ; et cela en
vertu de sa qualité de fils : « S'il est fils, il est aussi héritier par Dieu », et c'est pourquoi
le psalmiste traite de la génération éternelle du Christ à l'égard de laquelle on notera
trois choses :
- D'abord le mode de sa génération.
- Puis le caractère distinctif de sa filiation.
- Enfin l'éternité du fils engendré.
- Le mode de la génération est indiqué dans cette affirmation : Le Seigneur a dit, c'est-
à-dire qu'il a procédé par mode de pensée. Chaque type de génération se fait selon son
mode propre. Le mode de génération de la nature divine n'est pas charnel mais
intellectuel, bien plus il est la pensée même. Ensuite cette génération est une
procession selon l'origine, telle qu'elle se rencontre dans la réalité intelligible, au sens
où la conception du verbe procède de l'intellect; et cela c'est dire le verbe dans le coeur.
Et c'est pourquoi il dit : Le Seigneur a dit, comme si dans l'acte de dire il m'engendra.
Aussi le Fils est-il le verbe que le Père a dit, c'est-à-dire a produit en l'engendrant.
- Quant au caractère distinctif de la filiation, il est montré en ce qu'il dit : mon Fils, non
par adoption, comme ceux dont il est dit : « Il leur a donné le pouvoir de devenir fils de
Dieu; à ceux qui croient en son nom; qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de
la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu », mais par nature. C'est pourquoi il
dit : Tu es mon Fils, par nature, unique, consubstantiel : « Celui-ci est mon fils bien-
aimé. »
- L'éternité de sa génération est exposée dans les mots qu'il ajoute : moi, aujourd'hui, je
t'ai engendré, c'est-à-dire éternellement; car cette génération n'est pas nouvelle mais
éternelle. Et c'est pourquoi il dit : aujourd'hui, je t'ai engendré, car le mot aujourd'hui
désigne la présence, et ce qui est éternel dure toujours. Il dit aussi : je t'ai engendré et
non je t'engendre, afin de signifier la perfection de cette génération : car lorsque la
génération se fait sans mouvement, être engendré et avoir été engendré sont un même
acte. Il dit encore : aujourd'hui, afin de signifier la présence actuelle et glorieuse qui
échoit au Christ : « Lui qui habite une lumière inaccessible », et qui est vraiment, en qui
rien n'est passé, ou futur, ou obscur, mais en qui tout est clair.
8 Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage, et pour ta possession les
extrémités de la terre.
Plus haut le psalmiste a exposé le privilège de la génération éternelle qui confère au
Christ le pouvoir de régir les nations en vertu du droit héréditaire; ici il montre comment
il l'a acquis par son mérite.
Il faut à ce propos faire la considération suivante : de même que dans les réalités
naturelles la matière est informée en fonction de sa capacité dispositive; ainsi dans les
réalités spirituelles Dieu dispense gratuitement ses dons : « Dieu est celui qui opère en
nous le vouloir et le faire, selon sa bonne volonté » et c'est pourquoi il veut que nous
recevions ses dons en demandant et en priant. Et il a voulu nous montrer cet exemple
dans le Christ en lui faisant demander ce qui lui revenait par droit héréditaire. Or cette
demande faite en vue d'appeler les nations, peut se comprendre de deux manières.
D'abord par la prière, car il pria pour elles : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais
encore pour ceux qui par leur parole croiront en moi. » Également par sa passion : «
Afin que la mort intervenant pour la rédemption des prévarications qui existaient sous la
première alliance, ceux qui sont appelés reçoivent la promesse de l'héritage éternel »;
demande qui assurément ne fut pas vaine, puisqu'en tout » il a été exaucé pour sa piété
». C'est pourquoi il fait mention de la donation lorsqu'il ajoute : Et je te donnerai les
nations. Il faut noter ici que nul ne vient au Christ si ce n'est par un don du Père : « Nul
ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire. » Or la donation des nations
est purement un don : car les Juifs ont été comme restitués, puisqu'ils avaient été
donnés auparavant : « Je dis que le Christ Jésus a été le ministre de la circoncision »,
et c'est pourquoi il dit : je te donnerai les nations, c'est-à-dire afin qu'elles te soient
soumises et qu'elles soient ton héritage : « afin qu'au nom de Jésus, tout genou
fléchisse aux cieux, sur terre et dans les enfers ». - « Mon héritage est incomparable
pour moi. » De plus il ne les possède pas à la manière des serviteurs, comme Pierre ou
Paul, mais en tant que maître : « Et Moïse, à la vérité, a été fidèle dans toute sa maison
comme un serviteur, pour rendre témoignage de tout ce qu'il devait dire; or le Christ est
comme un fils dans sa maison, et cette maison c'est nous. » Et c'est pourquoi il dit : ta
possession. - « Afin que tu possèdes des héritages dissipés; que tu dises à ceux qui
étaient dans les chaînes : Sortez; et à ceux qui étaient dans les ténèbres : Venez à la
lumière. » Il dit ensuite : les extrémités de la terre, parce que l'Église a été édifiée dans
le monde entier. Mais par la suite des fidèles apostasièrent à cause de l'hérésie de
Nicolas et de Mahomet. Ou bien l'Église est dans l'attente d'être fondée : « C'est peu
que tu me serves à relever les tribus de Jacob, et à convertir les restes d'Israël. Je t'ai
établi pour être la lumière des nations, et mon salut jusqu'à l'extrémité de la terre. » - «
Dieu l'a établi héritier de toutes choses. »
9Tu les régiras avec un sceptre de fer, et comme un vase de potier tu les briseras.
b. Ensuite lorsqu'il dit : Tu les régiras, il expose l'exécution de son pouvoir sur les
nations. Et selon le sens historique, il faut savoir que David avait été établi roi des
Juifs ; aussi régnait-il sur certaines nations qu'il s'était soumises, en tant que figure de
la souveraineté universelle du Christ. Mais étant donné qu'autre est la manière dont
sont régis les citoyens, c'est-à-dire sous un régime de miséricorde, et qu'autre est la
manière dont sont soumis les ennemis, c'est-à-dire sous un régime de justice
ngoureuse; voilà pourquoi il dit : avec un sceptre de fer. Mais mieux vaut appliquer ces
mots à la souveraineté spirituelle du Christ. Il est en effet nécessaire que celui qui régit
ait un sceptre : « C'est un sceptre d'équité que le sceptre de ton règne. »C'est afin de
détenir le sceptre de la discipline pour punir les délinquants que les rois sont
nécessaires. Et parce que le Christ a été établi roi par Dieu pour régir le peuple, il dit :
Tu les régiras avec un sceptre de fer. Et il ajoute : de fer pour signifier la discipline de la
justice. Car le sceptre avec lequel les Juifs étaient soumis ne fut pas de fer, puisqu'ils se
donnèrent souvent des prétextes pour adorer les idoles. Mais le sceptre avec lequel il
régit les nations est de fer, parce que les Juifs ne s'écarteront plus de la souveraineté
du Christ, lorsque la totalité des nations sera entrée dans l'Église : « Elle enfanta un
enfant mâle qui devait gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer. »
et comme un vase de potier tu les briseras. Ce verset est expliqué dans ce passage du
livre de Jérémie : « Je descendis dans la maison du potier, et voici qu'il travaillait sur sa
roue. Et le vase qu'il faisait de ses mains avec l'argile fut manqué, comme il arrive à
l'argile dans la main du potier; et il se mit à en faire un autre vase », et l'application qui
suit : « Comme l'argile est dans la main du potier, ainsi vous êtes dans sa main ». En
effet lorsqu'un vase de potier est neuf, on le brise facilement si sa forme est mauvaise
et on lui en restitue une bonne. Ainsi les Juifs étaient-ils convertis, aussi ne devaient-ils
pas être brisés ; car leur foi est la même que la nôtre. Mais les gentils étaient idolâtres,
et c'est pourquoi ils devaient être brisés afin de recevoir une autre forme, c'est-à-dire
une autre foi, la véritable. Ou bien : Tu les régiras avec un sceptre de fer, c'est-à-dire les
bons, et comme un vase de potier tu les briseras, c'est-à-dire les méchants qui
finalement doivent être brisés : « Celui-ci a été établi pour la ruine et la résurrection d'un
grand nombre. » - « Subitement, tandis qu'on ne s'y attend pas, viendra son brisement.
Et elle sera mise en pièces, comme on brise d'un brisement très fort un vase de potier,
et on ne trouvera pas parmi ses fragments un têt dans lequel on puisse porter un peu
de feu pris d'un incendie, ou puiser un peu d'eau à une fosse ». - « Que celui qui est
juste devienne plus juste encore; que celui qui est souillé se souille encore. »
10 Et maintenant, rois, comprenez, laissez-vous enseigner, vous qui jugez la terre.
3. Ensuite lorsqu'il dit : Et maintenant, il montre comment il se comporte à l'égard des
rois. Or il les réprime en les admonestant et en les gagnant au service de Dieu.
a) À cet égard il commence par exposer son admonestation.
b) Puis il en assigne la raison : de peur qu'il ne s'irrite.
a. Son avertissement porte sur trois choses. Sur la vérité de la doctrine, sur l'humilité de
la soumission : Servez, etc., sur l'accueil de la correction : laissez-vous enseigner. Les
hommes peuvent connaître la vérité de deux manières : ou bien par des découvertes, et
ceux-ci sont qualifiés à bon droit d'intelligents; ou bien par l'enseignement, et ceux-là
sont qualifiés à juste titre de dociles. De même il y a deux sortes de gouvernants. À
certains est confié le gouvernement universel : ce sont les rois. À d'autres est confié un
jugement particulier : et ce sont les juges. Il exhorte donc les premiers à comprendre :
car « l'homme intelligent apprendra l'art de gouverner ». Et les seconds à se laisser
enseigner, c'est-à-dire à recevoir des autres la procédure ([ormam) du jugement; et
c'est pourquoi il dit : Comprenez et laissez-vous enseigner. - « Écoutez rois et
comprenez; instruisez-vous juges des confins de la terre. »
11 Servez le Seigneur dans la crainte, et réjouissez-vous en lui avec tremblement. 12
Embrassez la discipline, de peur que le Seigneur ne s'irrite, et que vous ne périssiez
hors de la voie juste.
Ensuite lorsqu'il dit : Servez, il montre à bon droit le service, après avoir parlé de
l'intelligence; car le service de Dieu, qui est latrie, est une profession de foi. Et c'est
pourquoi il importe d'abord de croire, et ensuite de confesser sa foi et de servir : « On
croit de coeur pour la justice, et on confesse de bouche pour le salut. » Il dit encore : le
Seigneur, car pour celui qui sert l'homme, il suffit qu'il se soumette à lui par une
obéissance extérieure; tandis que pour celui qui sert Dieu, il faut qu'il se soumette à lui
intérieurement avec un coeur bien disposé : « Maintenant mon âme sera soumise à
Dieu. » Il affirme aussi : avec crainte, car celui qui persiste dans la voie de la sainteté
n'est pas pour autant préservé du péché, selon cet avertissement de l'Écriture : « Que
celui qui se croit être ferme prenne garde de tomber. » Et on notera, selon Augustin,
que le roi sert Dieu en tant qu'homme par une vie fidèle, mais en tant que roi, en portant
des lois contre ce qui s'oppose à la justice de Dieu; c'est pourquoi la constitution de
l'Église est préfigurée dans ce psaume. Car dès son origine les rois de la terre
prescrivirent des lois contre le Christ et les chrétiens, mais par la suite ils édictèrent des
lois en faveur du Christ. Et il montre leur première attitude lorsqu'il dit : se sont levés;
leur seconde attitude ici : Servez le Seigneur. Mais de peur que ce service ne donne
l'impression d'être une peine s'il ajoute : et réjouissez-vous en lui avec tremblement.
Car la crainte du Seigneur n'est pas faite de peine mais de joie, aussi est-il écrit dans le
Lévitique qu'« Aaron répondit à Moïse » : « Comment [peuvent-ils] plaire au Seigneur
avec un esprit chagrin ? » Mais de peur que cette joie ne verse dans la présomption ou
la négligence, il ajoute : avec tremblement, ce qui est l'effet d'une crainte soudaine : «
Opérez votre salut avec crainte et tremblement. » Ensuite il les exhorte à accueillir,
lorsqu'il ajoute : Embrassez, pour que personne ne vive à son gré, mais comme il
convient. Et c'est pourquoi il dit : la discipline, c'est-à-dire les préceptes et les bonnes
moeurs, ou une sorte de secours et de défense dans l'adversité : « Et ta discipline m'a
corrigé. »
b. Et il expose la raison de son avertissement en disant : de peur qu'il ne s'irrite. Et cette
raison est double : pour éviter le châtiment et pour obtenir la gloire : bienheureux tous
ceux qui se confient en lui.
Mais il dit : de peur, en raison de la patience de Dieu, dont les délais se prolongent en
ce monde : « Dieu est un juge équitable, fort et patient : est-ce qu'il s'irrite tous les
jours ? » disant : « Si vous ne vous convertissez », autrement dit : gardez mon
admonestation de peur que ne vienne le temps de la punition.
que vous ne périssiez hors de la voie juste, c'est-à-dire hors de la justice et de la
société des bons, ce qui est un grand châtiment pour ceux qui ont goûté la douceur de
la justice. La version iuxta Hebraeos de Jérôme lit : « Pereatis de via (Que vous ne
périssiez hors de la voie) », mais le mot justa (juste) n'y figure pas. En effet aussi
longtemps que l'homme est dans le monde, il est comme en état de voie (in via) ; car s'il
vient à tomber, il peut se relever. On ne dit pas non plus qu'est perdue une chose qui
peut être réparée, tout comme ce qui ne tombe pas hors de la voie mais sur la voie.
Mais hors de la voie, c'est irréparable : « Et parce que nul ne comprend, ils périront
pour toujours. » Et voilà pourquoi il dit ensuite : Lorsque.
13 Lorsque soudain prendra feu sa colère, bienheureux tous ceux qui se confient en lui.
Il expose ici l'autre raison qui consiste en l'acquisition de la gloire, autrement dit :
Embrassez la discipline, car Lorsque soudain prendra feu sa colère, bienheureux tous
ceux qui se confient en lui. Il dit à bon droit : Lorsque soudain prendra feu sa colère, car
maintenant il ne brûle pas en châtiant comme un père, mais au Jugement dernier il les
engloutira et les brûlera, quand il les punira d'un châtiment éternel : « Voici que le nom
du Seigneur vient de loin; sa colère est ardente, et nul n'en peut soutenir l'effort. Ses
lèvres sont pleines d'indignation, et sa langue est comme un feu dévorant. » Il dit aussi :
soudain, car il n'examinera pas chaque péché séparément, mais tous à la fois. C'est
pourquoi ce jugement sera bref et ne durera pas mille ans, comme l'a dit Lactance.
L'Écriture dit en effet : « En un moment, en un clin d'oeil, au son de la dernière
trompette », et alors tous les bons seront changés dans la gloire de l'immortalité; aussi
bienheureux ceux qui se confient, autrement dit : la vengeance en cet instant n'atteindra
pas ceux qui se confient en Dieu, mais ils seront bienheureux car ils parviendront au
Royaume ; béatitude ou gloire qui apparaîtra plus éclatante que le châtiment des
méchants : « Béni l'homme qui se confie dans le Seigneur, et dont le Seigneur sera
l'espérance. Et il sera comme un arbre que l'on transplante sur le bord des eaux, qui
étend ses racines vers l'eau qui l'humecte; il ne craindra pas la chaleur, lorsqu'elle
viendra. Et son feuillage sera vert, et au temps de la sécheresse il ne sera pas en
peine, et jamais il ne cessera de faire du fruit. »

Éditions du Cerf
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