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L'ESTHÉTIQUE, TOUT SIMPLEMENT

Danièle Cohn

Centre Sèvres | « Archives de Philosophie »

2017/2 Tome 80 | pages 229 à 230


ISSN 0003-9632
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.inforevue-archives-de-philosophie-2017-2-page-229.htm
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Archives de Philosophie 80, 2017, 229-230

L’esthétique, tout simplement

Da n i è l e C o h n
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UMR 8103) – PhiCo/CePa

Ces dernières décennies, les voix n’ont pas manqué pour affirmer que
l’esthétique était inopérante, mourante, si ce n’est déjà morte. Une vérita-
ble cérémonie des adieux s’est établie, occasion de scénographies variées qui
ont eu le mérite de mettre au jour des alliances théoriques imprévues, et
détonantes. Cette tonalité anti-esthétique se donne pour généalogie un anti-
kantisme enté sur une critique plus ou moins violente des lumières, et un
néo-hégélianisme qui oppose à l’esthétique une philosophie de l’art. il en
irait d’un double échec de l’esthétique : défaut de réflexion sur la percep-
tion, d’un côté, alors que la phénoménologie et les sciences cognitives se pré-
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vaudraient d’une relation explicite au sensible et d’une conception efficace
de la saisie que nous en avons. De l’autre côté, impuissance à construire un
rapport à l’activité artistique, alors que philosophie et théorie de l’art sau-
raient se doter d’un objet, et trouveraient le juste réglage pour apporter une
connaissance de « l’art ». l’histoire croisée de l’esthétique et de l’histoire des
arts, telle qu’elle s’est déroulée de leurs commencements respectifs au xviiie
siècle jusqu’à la Kunstwissenschaft du début du xxe siècle, et au delà, se
trouverait elle aussi dans une impasse, vieillie prématurément et affaiblie
par la prédominance de l’image. l’anthropologie du visuel, la science des
images analysent les productions artistiques, comme la relation esthétique
que nous pouvons avoir avec elles, au titre d’un pouvoir des images, dédaigne
la dimension artefactuelle des dites images et décline la vera icon sous tous
ses auspices. Quelques indices très récents laissent à penser qu’un néo-
marxisme reprend des couleurs, et s’affaire autour d’une espérance révolu-
tionnaire que les « images » – et non les œuvres – sont appelées à nourrir si
ce n’est à exemplifier, en raison même du pouvoir qui leur est accordé.
Ce numéro des Archives de Philosophie s’est édifié en toute connais-
sance de cause de l’ensemble de la situation. il a choisi de ne pas porter le
fer, d’autres occasions ont déjà permis de le faire, le permettraient encore,
si besoin en est. il a également récusé un travail définitionnel, et le risque
défensif qu’il aurait entraîné. la raison en est qu’il nous est évident que l’es-
thétique existe, et se porte en réalité fort bien. elle se tient d’elle-même avec
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ses questionnements, ses histoires – car elles sont multiples – et l’articula-


tion qui lui est propre d’un lien entre connaissance, art et expérience. les
cinq contributions à ce numéro ne répondent pas à un programme commun.
elles se situent en revanche dans une perspective commune : celle d’une
esthétique entendue comme philosophie appliquée. entièrement dans ce
monde qui est le nôtre, celui qu’il nous revient de partager, l’esthétique ici
vivifiée se préoccupe de cette activité proprement humaine que sont les arts
– architecture, musique, peinture. elle ouvre des voies à une lecture des
espaces et des temps que toute culture invente, en se tenant dans un
constructionisme tempéré de notre expérience. elle réfléchit, parce qu’il y
a une urgence politique, à ce qu’il en est de l’autonomie de l’art, alors même
que le discours sur l’émancipation ne porte plus, et que la question de l’es-
thétisation de la politique a perdu de son acuité. elle reprend à nouveaux
frais la notion d’empathie en lui restituant son relief historique, trop systé-
matiquement méconnu, si ce n’est ignoré. l’empathie se trouve ainsi déga-
gée d’une théorie des émotions naturaliste et analysée pour ce qu’elle est, à
savoir un rapport aux formes sensibles, loin des débordements compassion-
nels qui rendent impossibles tant une compréhension de l’activité artistique
et de ses visées que notre besoin d’art. la capacité de l’esthétique à appro-
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cher en lumière rasante le travail des artistes, leurs dialogues et leurs choix,
puis à trouver une justesse dans la distance nécessaire s’expose – nous en
avons fait l’hypothèse – dans ce numéro, tranquillement en quelque sorte,
sereinement. Penser le fait esthétique est peut-être, à la fin, une manière de
dire l’expérience esthétique en usant d’un lexique contemporain.
l’esthétique, poétique modeste, restaure ses liens avec la morale et le
politique, et poursuit la tâche qui est sa donne de départ : assurer la force
formatrice de la culture, renouant ainsi avec l’idée d’une éducation esthé-
tique dont le but est de constituer une sagesse sensible. la largesse de l’ex-
périence esthétique, sa générosité, tient à l’édification d’une telle sagesse et
les artistes par leurs œuvres nous aident grandement à faire front contre une
pauvreté en expérience.
Telle se veut la proposition de ce numéro des Archives de philosophie,
déployée dans les modes propres à chaque auteur.

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