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Passez en mode Lean !

Michael BALLÉ • Daniel JONES


Jacques CHAIZE • Orest FIUME
PASSEZ EN MODE LEAN !

LA
Le Lean est une véritable stratégie de succès, pas une simple méthode
pour réduire les coûts. L’adopter dans votre entreprise, c’est développer
l’autonomie de vos collaborateurs par l’apprentissage, en vue d’améliorer la
qualité, l’agilité, d’augmenter la valeur pour le client et de vous assurer une
croissance durable.
Une stratégie Lean consiste à :

STRATÉGIE
• apprendre une nouvelle façon d’être compétitif et innovant,
pour répondre aux besoins réels du client ;
• mener à bien des challenges, en explorant, en essayant,
et en engageant toutes les personnes ;
• améliorer la performance à tous les niveaux : augmenter les ventes,

LEAN
le cash-flow, réduire les coûts, réaliser de meilleurs investissements ;
• manager les apprentissages qui rendent plus fort chaque jour.
Cet ouvrage traduit d’un best-seller aux États-Unis met en lumière des en-
treprises françaises leaders dans le Lean et montre comment, en adoptant

LA STRATÉGIE LEAN
une stratégie Lean, vous pourrez transformer votre façon de penser, votre
entreprise… voire la société entière.
Une équipe internationale d’auteurs, dont deux français, qui réunit les meil-
leurs spécialistes du Lean :

Michael Ballé est spécialiste Jacques Chaize a dirigé plu-


du Lean management depuis sieurs entreprises industrielles
© Jacques Chaize
© Michael Ballé

Créer un avantage compétitif,


25 ans. Il accompagne les qui font référence en matière de
dirigeants d’entreprise dans pratique Lean. Ancien président
la découverte et l’apprentis- du CJD (Centre des Jeunes Diri-
sage du Lean sur le terrain.
Il est cofondateur de l’Institut Lean France,
geants), de l’APM (Association
Progrès du Management), il a cofondé SOL France libérer l’innovation,
assurer une croissance durable
du magazine web planet-lean.com et du Certi- (Société pour l’Organisation Apprenante).
ficat d’Études Spécialisé de Lean Management
de Télécom Evolution.

Daniel Jones est le cofonda- Orest Fiume a été directeur


en développant les personnes
teur du Lean. Ses ouvrages financier et administrateur
© Daniel Jones

de The Wiremold Company et


© Orest Fiume

ont contribué à diffuser la


pensée Lean dans le monde. a développé des systèmes de Michael Daniel Jacques Orest
Il est également le créa- comptabilité Lean. Il a cofondé
teur de la Lean Enterprise le mouvement Lean Accounting. BALLÉ JONES CHAIZE FIUME
Academy et du Lean Global Network.
Préface de Nicolas Chartier, cofondateur d’AramisAuto.com
ISBN : 978-2-212-56827-1

39 €
Code éditeur : G56827

Couverture d’après © McGraw Hill Higher


Education © Éditions Eyrolles

G56287_LaStrategieLean-EXE.indd 1 23/01/2018 09:41


Passez en mode Lean !

Michael BALLÉ • Daniel JONES


Jacques CHAIZE • Orest FIUME
PASSEZ EN MODE LEAN !

LA
Le Lean est une véritable stratégie de succès, pas une simple méthode
pour réduire les coûts. L’adopter dans votre entreprise, c’est développer
l’autonomie de vos collaborateurs par l’apprentissage, en vue d’améliorer la
qualité, l’agilité, d’augmenter la valeur pour le client et de vous assurer une
croissance durable.
Une stratégie Lean consiste à :

STRATÉGIE
• apprendre une nouvelle façon d’être compétitif et innovant,
pour répondre aux besoins réels du client ;
• mener à bien des challenges, en explorant, en essayant,
et en engageant toutes les personnes ;
• améliorer la performance à tous les niveaux : augmenter les ventes,

LEAN
le cash-flow, réduire les coûts, réaliser de meilleurs investissements ;
• manager les apprentissages qui rendent plus fort chaque jour.
Cet ouvrage traduit d’un best-seller aux États-Unis met en lumière des en-
treprises françaises leaders dans le Lean et montre comment, en adoptant

LA STRATÉGIE LEAN
une stratégie Lean, vous pourrez transformer votre façon de penser, votre
entreprise… voire la société entière.
Une équipe internationale d’auteurs, dont deux français, qui réunit les meil-
leurs spécialistes du Lean :

Michael Ballé est spécialiste Jacques Chaize a dirigé plu-


du Lean management depuis sieurs entreprises industrielles
© Jacques Chaize
© Michael Ballé

Créer un avantage compétitif,


25 ans. Il accompagne les qui font référence en matière de
dirigeants d’entreprise dans pratique Lean. Ancien président
la découverte et l’apprentis- du CJD (Centre des Jeunes Diri-
sage du Lean sur le terrain.
Il est cofondateur de l’Institut Lean France,
geants), de l’APM (Association
Progrès du Management), il a cofondé SOL France libérer l’innovation,
assurer une croissance durable
du magazine web planet-lean.com et du Certi- (Société pour l’Organisation Apprenante).
ficat d’Études Spécialisé de Lean Management
de Télécom Evolution.

Daniel Jones est le cofonda- Orest Fiume a été directeur


en développant les personnes
teur du Lean. Ses ouvrages financier et administrateur
© Daniel Jones

de The Wiremold Company et


© Orest Fiume

ont contribué à diffuser la


pensée Lean dans le monde. a développé des systèmes de Michael Daniel Jacques Orest
Il est également le créa- comptabilité Lean. Il a cofondé
teur de la Lean Enterprise le mouvement Lean Accounting. BALLÉ JONES CHAIZE FIUME
Academy et du Lean Global Network.
Préface de Nicolas Chartier, cofondateur d’AramisAuto.com

G56287_LaStrategieLean-EXE.indd 1 23/01/2018 09:41


La stratégie Lean
Groupe Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05

www.editions-eyrolles.com

Titre original : The Lean Strategy – Using Lean to Create Competitive Advantage,
Unleash Innovation, and Deliver Sustainable Growth,
McGraw-Hill Education, 2017.
© 2017 by Michael Ballé, Daniel Jones, Jacques Chaize, and Orest Fiume.
All rights reserved.

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le


présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français
d’exploita­tion du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.

© Groupe Eyrolles, 2018, pour la traduction


ISBN : 978-2-212-56827-1
Michael Ballé | Daniel Jones | Jacques Chaize | Orest Fiume

Préface de Nicolas Chartier,


cofondateur d’AramisAuto.com

LA STRATÉGIE LEAN
Créer un avantage compétitif, libérer l’innovation,
assurer une croissance durable
en développant les personnes

Traduit de l’anglais par Pascale-Marie Deschamps


À nos sensei
Sommaire

Préface à l’édition française...................................................................................... 9


Préface à l’édition originale...................................................................................... 15
Introduction.................................................................................................................................. 21

Chapitre 1.  Faire mieux................................................................................................... 31


Qu’est-ce que la pensée Lean ?............................................................................................. 36
Qu’est-ce que la stratégie Lean ?.......................................................................................... 40

Chapitre 2.  Penser différemment........................................................................... 57


La pensée Lean est différente................................................................................................ 60
Améliorer pour comprendre la situation............................................................................ 67
Mesurer les résultats pour comprendre les vrais problèmes.................................... 74
Réfléchir en profondeur aux axes d’amélioration (et aux sources
potentielles de résistance)........................................................................................................ 79
S’engager dans le développement des capacités.......................................................... 87

Chapitre 3.  Diriger à partir du terrain.............................................................. 91


Apprendre en faisant.................................................................................................................. 96
Rechercher des solutions centrées sur les personnes.................................................. 103
Diriger à partir du terrain pour affronter les véritables problèmes....................... 109

Chapitre 4.  Cadrer pour apprendre................................................................... 111


Comment Toyota recherche-t-il son avantage compétitif ?........................................ 117
© Groupe Eyrolles

Comment le TPS crée-t-il son avantage compétitif ?.................................................... 122


L’ambition......................................................................................................................................... 124
Les conditions................................................................................................................................. 126
6 La stratégie Lean

Les conditions jidoka................................................................................................................... 128


Les conditions du juste-à-temps............................................................................................ 134
Le takt time..................................................................................................................................... 136
Calculer un takt time.................................................................................................................. 138
Le flux continu................................................................................................................................ 139
Le plan lissé..................................................................................................................................... 141
Tirer le flux avec le kanban..................................................................................................... 142
Les petits trains de prélèvements réguliers...................................................................... 148
Action : comment manager pour apprendre
à entretenir au quotidien la satisfaction des collaborateurs..................................... 150
Les standards.................................................................................................................................. 152
Le management visuel............................................................................................................... 153
La résolution de problèmes au quotidien.......................................................................... 154
Le kaizen.......................................................................................................................................... 157
Pour être Lean, vous devez penser Lean............................................................................ 160

Chapitre 5.  S’organiser pour apprendre......................................................... 163


Kaizen et respect des personnes.......................................................................................... 176
Les leaders d’équipe.................................................................................................................... 181
La stabilité........................................................................................................................................ 183
Promouvoir les managers sur leur aptitude à apprendre.......................................... 185

Chapitre 6.  Une nouvelle formule de croissance.................................. 191


La qualité intégrée augmente les marges......................................................................... 205
Le coût total baisse en fonction de l’intensité du kaizen........................................... 206
Le chiffre d’affaires futur découle du lancement de nouveaux produits,
grâce à des investissements plus flexibles........................................................................ 211
Les ventes et le taux de rotation des stocks augmentent
grâce à l’amélioration du flux et de la qualité et grâce au raccourcissement
des délais de livraison................................................................................................................. 213

Chapitre 7.  Apprendre à apprendre, moteur


de l’accroissement continu de la valeur........................... 217
Utiliser la stratégie Lean en développement
© Groupe Eyrolles

des capacités d’apprentissage pour réagir à l’incertitude......................................... 218


Du nettoyage de la vitre à l’amélioration du flux de qualité.................................... 221
Utiliser le système d’apprentissage afin de réduire la base de coûts
en intensifiant le kaizen............................................................................................................. 230
Sommaire 7

D’abord les livraisons................................................................................................................... 236


Puis l’intégration de la qualité au produit.......................................................................... 239
Soutenir l’apprentissage sur le terrain avec le système d’apprentissage Lean. 241
Multiplier les expérimentations pour accroître l’apprentissage............................... 246

Chapitre 8.  Accélérer les progrès......................................................................... 255


Prendre en considération le takt time de l’évolution du produit............................. 264
La valeur est créée par des solutions centrées sur les personnes......................... 269
Les solutions centrées sur les personnes exigent d’apprendre
par la pratique............................................................................................................................... 272
Changement 1 : repérer tous les problèmes de qualité............................................. 275
Changement 2 : nettoyer la vitre à la production.......................................................... 276
Changement 3 : attribuer nommément la responsabilité de la qualité
des modèles de pompes à essence aux ingénieurs..................................................... 278
Changement 4 : intégrer les achats à l’effort de qualité............................................ 279
Changement 5 : repenser l’hydraulique de fond en comble..................................... 279

Chapitre 9.  Du kaizen à l’innovation................................................................... 285

Chapitre 10.  Changez d’attitude............................................................................ 301


Conclusion – Vers une société sans gaspillage............................................ 317
Ce qu’il faut retenir, chapitre par chapitre........................................... 327
Notes et références............................................................................................................ 335
À propos des auteurs....................................................................................................... 339
Remerciements ...................................................................................................................... 341
Index...................................................................................................................................................... 345
© Groupe Eyrolles

10717_.indb 7 15/01/2018 15:00


Préface à l’édition française
Pourquoi la lecture de ce livre
est indispensable

Nicolas Chartier, cofondateur d’AramisAuto.com

J
e viens de finir la lecture de La Stratégie Lean et je recommande
chaudement cet ouvrage !
Depuis la création d’AramisAuto.com, et surtout depuis que la
société a dépassé une taille critique (probablement celle du cap des
100 collaborateurs), je me suis posé beaucoup de questions sur la
meilleure manière de maintenir en mouvement une telle organisa-
tion. Ayant eu une première partie de vie d’entreprise très « start-up »
et alors que la société prenait de l’ampleur, j’ai toujours cherché à
maintenir l’agilité, le sens du client et le pragmatisme.
Et je peux dire aujourd’hui que nous en avons connu des années
de galère !
Mes premières recherches m’ont amené à travailler avec des
consultants en organisation, vers 2012. Leur promesse était enthou-
siasmante : grâce au Lean, nous pourrions retrouver cette agilité et
mettre en mouvement l’organisation. J’avais découvert le Lean en
© Groupe Eyrolles

business school et, passionné par les sujets de management, j’avais


lu beaucoup d’ouvrages sur le sujet. Le Lean revenait souvent
comme une méthode qui, à la différence de bien d’autres, tenait ses
10 La stratégie Lean

promesses. J’étais devenu croyant et, désormais, des consultants me


proposaient de m’aider à pratiquer le Lean dans mon entreprise.
Malheureusement, comme dans beaucoup d’autres entreprises,
les résultats de cette première expérience ont été plutôt mitigés :
nous avons mené des chantiers avec les équipes, les collaborateurs se
sont montrés très enthousiastes et quelques résultats ont été obtenus
à court terme… ; néanmoins, au bout de quelques mois, la dyna-
mique s’est essoufflée et, finalement, nous n’étions plus très sûrs des
résultats obtenus. Nous avons alors décidé de continuer à déployer
une partie des « outils » que nous considérions comme « Lean » avec
l’aide d’un consultant interne, mais la dynamique a continué à s’affai-
blir. Malgré cela, voyant de mieux en mieux se dessiner le potentiel
du Lean et n’étant pas résolu à renoncer, j’ai relancé une démarche
avec des consultants spécialistes. Nous avons alors initié de nou-
veaux chantiers, plus importants et plus coûteux cette fois-ci ; mais
au bout de neuf mois, le résultat a été le même que pour l’expérience
précédente : une dynamique qui s’essouffle rapidement.
Au bout du compte, nous ne parvenions toujours pas à amélio-
rer la qualité pour nos clients, ma première priorité ; et les coûts de
fonctionnement continuaient à augmenter plus vite que la marge,
malgré la croissance.
C’est en lisant la version anglaise de La Stratégie Lean que les
choses ont commencé à changer. Je me suis en effet tout de suite
reconnu dans l’expérience de Jacques Chaize, l’un des coauteurs
du livre, ex-P.-D.G. et désormais chairman du board d’une grande
entreprise canadienne, ancien président du Centre des jeunes diri-
geants (CJD) et de l’Association pour le progrès du management
(APM) qui, toujours à la recherche de pratiques de management
innovantes pour son entreprise, décrit le même cheminement que
le mien, ses premiers faux départs et sa découverte du « vrai » Lean.
Comme Jacques le raconte dans le livre, je me suis alors dit que pour
avancer, j’avais besoin de rencontrer des « gourous » du Lean, en
pensant qu’ils auraient peut-être une manière différente d’aborder
les problèmes que je rencontrais et d’autres solutions à proposer.
© Groupe Eyrolles

C’est ainsi que j’ai contacté Michael Ballé, autre coauteur du livre,
via LinkedIn. Son nom m’avait été suggéré au détour d’une conver-
sation et j’étais allé voir ce qu’il faisait en visionnant quelques-unes
Préface à l’édition française 11

de ses vidéos. Je compris qu’il avait travaillé longtemps avec les


pionniers du Lean, dont Daniel Jones, cofondateur du mouvement
Lean et également coauteur de La Stratégie Lean.
Un jour, j’ai décidé de lui envoyer le message suivant :
« Bonjour,
Je suis l’un des deux fondateurs et dirigeant d’AramisAuto.com.
Nous sommes engagés depuis plusieurs années dans une démarche
Lean et je suis actuellement en pleine réflexion sur l’orientation
à donner à la démarche en 2017 pour nos 450 collaborateurs.
Seriez-vous disponible pour échanger sur le sujet ? Idéalement, je
vous propose de nous rencontrer. Je suis à Paris. Bonne journée.
Nicolas. »
J’ai eu Michael au téléphone qui m’a dit que j’étais fou, que je
n’allais pas y arriver et que « réfléchir sur l’orientation à donner à la
démarche » n’était pas une démarche Lean. Il a malgré tout accepté
de venir me rencontrer.
C’est au cours de cette rencontre qu’il m’a montré qu’il était tout
à fait normal que mes précédentes expériences aient échoué, dans
la mesure où le Lean ne se déploie pas comme un projet et qu’il
n’y a pas d’entreprise Lean à proprement parler, mais qu’il n’existe,
en somme, que des managers Lean, c’est-à-dire des managers qui
« pensent Lean ». Par conséquent, la seule manière de transformer
mon entreprise comme je le souhaitais était d’abord et avant tout
de me transformer moi-même, d’une part, que cette transforma-
tion était un apprentissage, d’autre part. Puis il a ajouté qu’il fal-
lait « apprendre à faire le geste » et, pour cela, travailler avec un
sensei* une journée par mois. Nous nous sommes tout de suite
bien entendus et il a accepté de m’aider.
Il est très difficile de travailler avec un sensei, surtout au début,
car son rôle est de faire voir ce que l’on ne voit pas ou ce que l’on
ne veut pas voir. C’est la première chose que l’on apprend en Lean :
voir, c’est-à-dire voir vraiment ce qu’il se passe dans l’entreprise et sur-
tout voir ce que l’on fait vis-à-vis de nos clients, en particulier ce que
© Groupe Eyrolles

*  Le sensei est celui qui emmène le cadre dirigeant sur le terrain et qui lui « apprend
à voir ».
12 La stratégie Lean

l’on fait mal. Et lorsque l’on regarde véritablement ce que l’on fait
mal, c’est très douloureux ! Un temps est toujours nécessaire pour
comprendre que la critique n’est pas un reproche mais simplement
un constat, un début de compréhension qui est déjà, en soi, un enga-
gement dans l’amélioration.
Nous convenons par ailleurs avec Michael de faire une visite, un
gemba*, une journée sur le terrain par mois. L’idée est d’aller sur le
théâtre des opérations pour observer et découvrir nos problèmes avec
nos collaborateurs, sans que cette démarche soit ressentie par eux
comme une « attaque », ce qui, parfois, peut s’avérer compliqué. La
plus grande surprise pour moi, qui est très bien décrite dans le présent
ouvrage, c’est la discussion permanente à propos de la stratégie de
l’entreprise autour de ce que les personnes comprennent et font sur
le terrain, de leur attitude vis-à-vis de leurs clients internes et externes.
C’est ainsi que, en avançant, en faisant, nous avons transformé
la société, petit à petit.
Pour commencer, nous avons remis le client au centre de toutes
nos décisions. Bien entendu, mon associé et moi avons toujours été
obsédés par la satisfaction client. Ainsi, toutes nos initiatives et tous
nos projets ont toujours été pensés en partant des besoins des clients
mais, la société prenant de l’ampleur, nous éprouvions des difficultés
à mobiliser tous les collaborateurs sur le sujet. À trop regarder les
processus de l’entreprise, nous étions en train de perdre de vue le
client. Le Lean nous a fait revenir immédiatement à ce principe de
base. « Mettre le client au centre » signifie surtout commencer par
mettre les problèmes de nos clients au centre et, en premier lieu,
ceux que nous lui causons, avec la conviction que leur résolution
nous permettra de construire une croissance durable et rentable.
Chaque gemba (j’en fais maintenant toutes les semaines, sans
sensei), dans la mesure où il permet de mettre au jour des problèmes,
devient une source inépuisable et extrêmement féconde ; chaque
problème résolu ouvrant des opportunités de croissance ! Évidem-
ment, en nous attaquant aux problèmes de nos clients, nous avons
© Groupe Eyrolles

*  Le gemba est une activité des managers qui consiste à aller sur le terrain pour re-
chercher les gaspillages et les opportunités d’amélioration.
Préface à l’édition française 13

tout de suite découvert ceux auxquels étaient confrontés nos colla-


borateurs, et trouvé, là encore, une source intarissable de progrès.
En mettant tout le monde d’accord sur la nécessité de travailler
sur ces problèmes, nous avons cassé les silos qui existaient entre les
différents services, supprimé des journées de travail inutiles, remis
sur les rails une dynamique d’innovation et de croissance fondée au
quotidien sur l’engagement des personnes à apprendre à résoudre
des problèmes pour nos clients en solutionnant d’abord les leurs,
et une implication grandissante à le faire ensemble, en s’entraidant.
Aujourd’hui, les résultats parlent d’eux-mêmes. Ainsi, sur la der-
nière année, nous avons retrouvé une croissance de notre chiffre
d’affaires à deux chiffres et la rentabilité de l’entreprise est repartie
à la hausse. De même, notre indice de satisfaction client (NPS) ne
cesse de progresser.
En pratiquant, j’ai fait une découverte importante : cette
approche pragmatique et terrain du Lean n’a pas fait évoluer uni-
quement le management de l’entreprise, elle a fait changer sa straté-
gie. En effet, lorsque l’on crée une dynamique sur le terrain avec les
collaborateurs, toute la stratégie de l’entreprise peut être repensée.
C’est là un apport majeur du livre de Michael, Jacques, Dan et Orry.
Ainsi, contrairement à l’idée répandue selon laquelle le Lean est
une méthode pour mieux exécuter, mieux produire, essentiellement
dans les usines, il s’avère en réalité une véritable stratégie globale
d’entreprise.
Après des années de recherche, j’ai enfin trouvé une démarche
qui répond à ma volonté de développer mon entreprise, en assu-
rant une croissance soutenue, en apportant un niveau de satisfaction
client toujours plus élevé et en attachant une grande importance
au respect et au progrès des femmes et des hommes qui l’animent.
C’est pourquoi je pense que tous les cours de management devraient
impérativement inclure ce livre au programme des lectures.
Mon environnement d’entrepreneur me met au contact de
dizaines d’entrepreneurs. Ils sont tous confrontés au même pro-
blème que moi. Pourquoi si peu trouvent la voie ?
© Groupe Eyrolles

La lecture de ce livre sera pour eux une première étape dans le


cheminement vers une démarche plus poussée qui leur permettra
d’obtenir les mêmes résultats que ceux qui y sont déjà engagés.
Préface à l’édition originale

C e livre propose d’apprendre une manière fondamentalement diffé-


rente d’être compétitif. Le management actuel se réduit de
plus en plus à de la gestion financière : réduction de la masse
salariale, consolidation par acquisitions ou cessions d’entreprises et
remplacement de la responsabilité individuelle par des systèmes
d’information. Nous l’avons tous vécu, à la fois comme client et
comme salarié : cette gestion engendre des bureaucraties tentacu-
laires, des produits ou des services décevants et des collaborateurs
méfiants et désengagés. Nous connaissons une meilleure façon
d’être compétitif. Nous avons eu la chance d’observer comment des
entreprises réussissent à créer une croissance pérenne et rentable
en se concentrant sur la valeur client par le développement de leurs
collaborateurs.
Cette approche dynamique (une façon de travailler ensemble
centrée sur les personnes) donne de meilleurs résultats pour l’orga-
nisation, son personnel et la société en général. Elle ne traite pas les
salariés comme de la marchandise substituable par des robots ; elle
n’enferme pas les managers dans des systèmes bureaucratiques par
nature résistants au changement ; elle ne favorise pas non plus les
solutions à court terme au détriment de l’environnement. Dans les
entreprises qui ont adopté cette façon de travailler, les collaborateurs
sont impliqués dans l’amélioration de leurs tâches et les conditions
de l’innovation continue sont créées partout au quotidien sans gas-
piller de précieuses ressources. Les changements nécessaires pour
© Groupe Eyrolles

affronter des marchés turbulents s’appuient sur les talents et la pas-


sion des personnes qui créent la valeur en cherchant une meilleure
façon de faire leur travail.
16 La stratégie Lean

Il y a près de trente ans, nous avons découvert qu’un système de


management centré sur les personnes était à l’origine de l’essor des
industriels japonais de l’automobile, de Toyota notamment. Cette
approche a intéressé de nombreuses entreprises qui cherchaient
à améliorer leur organisation. Elle a suscité de nombreuses expé-
riences dans les secteurs les plus variés, des start-up à la santé, de
l’industrie aux services et aux technologies de l’information, ainsi
qu’un mouvement mondial en croissance continue que l’on appelle
« Lean » pour résumer l’agilité, la rapidité, la flexibilité, la sobriété et
la robustesse qui le distinguent du management traditionnel.
Les pratiques courantes de ce système, codifiées en tant qu’ou-
tils Lean afin d’en enseigner les principes de base, ont été d’abord
envisagées pour éliminer le gaspillage et concevoir des processus
plus efficaces. Mais comme ces outils vont à l’encontre des schémas
conventionnels, ils doivent être assimilés par la pratique plutôt qu’en
salle de formation. De fait, nous savons à présent que le système de
production Toyota est un cadre d’apprentissage conçu pour aider les
collaborateurs à améliorer leur travail et à travailler ensemble afin
de créer la valeur pour laquelle les clients paient. Si beaucoup consi-
dèrent encore le Lean comme un simple système de management, il
est bien davantage.
Cette vision, à son tour, nécessitait d’organiser très différem-
ment le processus d’apprentissage tant à la production que dans
les fonctions support. Pour ce faire, nous avons appris un nouvel
éventail d’outils de management dont la méthode de résolution de
problèmes A3, le management au quotidien, l’analyse de la chaîne de
valeur et la méthode de planification Hoshin. Il est apparu évident
que pour donner des résultats ces outils requéraient une nouvelle
façon de penser, et que leur pérennisation et leur déploiement dans
toute l’organisation nécessitaient leur appropriation par le manage-
ment de proximité ainsi que l’implication active de la direction.
L’essentiel de la littérature Lean choisit, de fait, un angle organi-
sationnel plutôt qu’économique. Dans ce livre, nous montrons com-
ment les leaders de transformations Lean réussies – les dirigeants
© Groupe Eyrolles

mêmes de ces entreprises – adoptent la pensée Lean, changent leurs


propres façons de diriger et déploient cette connaissance dans l’en-
treprise. Pour comprendre ces défis de leadership, nous avons eu
Préface à l’édition originale 17

recours aux pionniers qui ont d’emblée mis le Lean au cœur de leur
stratégie. C’est ce projet initial qui a fédéré cette équipe inédite : un
P.-D.G. pionnier et un directeur financier qui ont chacun person-
nellement appliqué le Lean, ainsi que deux auteurs riches de nom-
breuses années d’expérience dans l’accompagnement de dirigeants.
Le projet de ce livre se précisant, nous avons appris trois leçons.
D’abord, adopter la pensée Lean est une stratégie à part entière.
La pensée Lean redéfinit la notion traditionnelle de stratégie : atta-
quer des marchés par des technologies propriétaires et des proces-
sus standardisés et manager l’activité par des investissements de
capacité et la réduction permanente des coûts. La stratégie Lean est
une approche fondamentalement différente : chercher de véritables
problèmes à résoudre, cadrer des axes d’amélioration de sorte que
chacun comprenne comment contribuer et soutenir l’apprentissage
changement après changement là où se crée la valeur ajoutée afin
d’éviter les décisions coûteuses. Donner un cap durable aux amélio-
rations et les soutenir au quotidien pour résoudre des défis globaux
est une stratégie ; une stratégie gagnante de surcroît.
Deuxième leçon, diriger une organisation centrée sur les per-
sonnes est entièrement affaire d’apprentissage : comment penser
différemment le management de sorte que l’amélioration s’intègre
au travail lui-même. Les personnes réussissent le mieux lorsqu’elles
cherchent à s’améliorer, que leurs efforts sont soutenus et recon-
nus et qu’elles constatent leurs progrès ; bref, lorsqu’elles voient le
sens de ce qu’elles font. Les équipes les plus performantes ont la
latitude d’émettre leur avis sur leur fonctionnement, la motivation
pour réfléchir à de meilleures façons de faire ainsi que l’autonomie
et le contrôle pour engager les changements qui amélioreront leur
pratique. Le système Lean d’apprentissage offre une méthode struc-
turée pour soutenir les équipes dans leur effort d’apprentissage. Elle
permet également aux dirigeants d’apprendre à être plus compéti-
tifs dans leur domaine à partir des améliorations opérationnelles des
équipes.
Troisième leçon, l’apprentissage du Lean améliore le résultat
© Groupe Eyrolles

financier. Une qualité améliorée dope les ventes et les marges (en
réduisant le coût de la non-qualité), tandis que l’accélération des flux
entraîne une meilleure utilisation des capacités et du cash et que le
18 La stratégie Lean

kaizen au quotidien encourage la maîtrise des coûts au niveau de


chaque équipe. Au niveau de l’activité, une vision Lean de la rentabi-
lité actuelle et à venir (et de son financement) modifie radicalement
les choix et la manière d’investir des dirigeants. En investissant dans
les compétences des personnes et en comprenant comment l’amélio-
ration progressive libère de nouvelles capacités, les dirigeants créent
les conditions d’une innovation réelle et durable, elle-même finan-
cée essentiellement par une meilleure trésorerie générée par l’accé-
lération des flux opérationnels. Cette manière radicale de repenser
les sources de rentabilité distingue les dirigeants Lean des managers
financiers qui comptabilisent les ventes, les coûts opérationnels et
les investissements de capacité en silos étanches et, comme nous le
voyons autour de nous, continuent à détruire la vraie valeur pour
des gains comptables à court terme. La confiance mutuelle, en soi,
envers les dirigeants et les équipes est le socle de la profitabilité
durable.
On dit souvent du Lean que « l’implication du P.-D.G. » est la
clé du succès. Ce livre adopte la perspective de dirigeants qui ont
transformé leur entreprise grâce au Lean et montre comment ils ont
d’abord changé leur propre façon de penser pour ensuite changer
celle des autres.
• La pensée Lean est un raisonnement différent qui part du ter-
rain où nous apprenons à chercher (find) les vrais problèmes à
résoudre dans l’expérience du travail quotidien, à les confronter
(face) en créant les indicateurs adéquats, à les cadrer (frame) de
sorte que chacun dans l’organisation les comprenne et y adhère,
enfin, à les résoudre en construisant (form) de nouvelles solu-
tions pas à pas, en impliquant les équipes dans des expérimenta-
tions et des changements contrôlés.
• Le Lean est un système d’apprentissage que tout leader est à
même de développer dans son entreprise en commençant par
comprendre comment utiliser le système de production Toyota
pour se fixer un horizon de satisfaction client et de rentabilité. Le
Lean encourage l’apprentissage individuel en préférant s’arrêter
© Groupe Eyrolles

et investiguer plutôt que perpétuer défauts et erreurs ; il favo-


rise l’apprentissage transversal grâce aux outils du juste-à-temps
permettant de réduire les délais ; il accroît enfin la satisfaction
Préface à l’édition originale 19

des collaborateurs ainsi que la confiance mutuelle en créant un


environnement de travail différent dans lequel les problèmes
sont considérés comme le matériau fondamental de l’amélio-
ration et leur résolution comme étant au cœur de la culture de
l’entreprise.
• Ce livre donne également une lecture Lean des éléments finan-
ciers à l’origine du résultat net et explique comment les leaders
Lean s’appuient sur cette gestion plus avisée pour stimuler la
créativité de leurs équipes et soutenir des innovations réelles
grâce à l’amélioration de leurs capacités et au développement des
compétences individuelles. Dans l’approche Lean de la finance,
le succès d’une entreprise commence par la réussite individuelle
de chaque collaborateur, tandis que l’encadrement favorise une
relation positive entre chaque personne, son travail et la satisfac-
tion client.
• Le Lean aborde l’innovation continue en utilisant le système
d’apprentissage pour découvrir les opportunités offertes par
l’analyse de la valeur et l’ingénierie de la valeur afin de dévelop-
per concomitamment les capacités d’ingénierie, de production
et d’approvisionnement qui déploieront les innovations de rup-
ture nées du kaizen des équipes.
Nous espérons que ce livre incitera les lecteurs à entamer leur
propre quête d’un management fondé sur l’importance des per-
sonnes. Accompagnez-nous dans ce voyage pour construire un
monde meilleur.
© Groupe Eyrolles
Introduction
Le sens du Lean

I l nous est rarement donné de changer l’histoire de notre vie : la


manière dont nous envisageons les problèmes et y répondons,
les choix que nous faisons en tant que personnes et organi-
sations productrices de biens ou de services qui répondent à nos
besoins et, dans l’idéal, rendent le monde meilleur.
Nous désirons tous vivre bien ; nous voulons tous réussir. La
promesse de produits toujours meilleurs et plus intelligents, de
carrières épanouissantes, d’un entourage stable et attentif au sein
duquel élever ses enfants, voire de temps libre pour son épanouis-
sement personnel, prédomine encore. Cependant, les effets secon-
daires du système que nous avons bâti pour fournir ce bien-être
(stress financier, inquiétudes environnementales, emplois démo-
tivants, loisirs hyper marchands, sentiment croissant d’injustice et
d’inégalité) menacent de plus en plus la capacité dudit système à
remplir cette fonction. En bref, le modèle industriel dominant du
travail, de la production et de la pensée sur le travail n’a pas rempli
ses promesses.
Aujourd’hui, les marchés sont saturés ; les financiers ont réduit
l’économie à la seule recherche de profits. La valeur des fabricants
ou de quiconque créant de nouveaux produits ou services est rabais-
sée à une époque où n’importe qui, n’importe où dans le monde,
est susceptible de copier rapidement le produit (entre autres, grâce
© Groupe Eyrolles

à une main-d’œuvre meilleur marché) ou de bouleverser numéri-


quement son usage. Les emplois sont de plus en plus considérés
comme des jobs de court terme sans loyauté, avantages, sentiment
22 La stratégie Lean

d’appartenance ni croissance. C’est à croire que seuls les créateurs


de nouvelles plates-formes (les Google et Facebook du monde aux
marchés numériques protégés) bénéficient d’une valeur durable.
Comment les entreprises peuvent-elles donc croître et prospérer
aujourd’hui ?
Nous croyons que la réponse réside dans la réécriture de leur
histoire. Non pas du joli conte de leur origine, de leur identité et de
leurs produits, mais de quelque chose de plus profond.
Aujourd’hui, beaucoup connaissent le Lean, mais peu le com-
prennent vraiment. Cumulant à nous quatre plusieurs décennies de
travail selon cette démarche, nous avons la conviction que le véri-
table sens du Lean est de changer la manière dont votre organisation
et votre secteur créent de la valeur pour les utilisateurs et la société
au sens large. La stratégie Lean consiste à permettre à votre entre-
prise de changer l’histoire de votre secteur.
Toyota, à l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui le Lean, a
ainsi changé l’histoire de la mobilité pendant de nombreuses années.
L’obsolescence programmée était une caractéristique fondamen-
tale de l’industrie automobile jusqu’à ce que le constructeur nippon
change les règles en proposant des voitures de qualité à des prix
abordables dans le segment inférieur du marché. La qualité est deve-
nue gratuite. Aujourd’hui, le moindre doute sur la qualité d’un nou-
veau modèle de voiture entame profondément sa réputation. Les
gaz d’échappement et les émissions polluantes élevées étaient le prix
à payer pour la puissance (à une époque où la voiture électrique était
une chimère laissée aux générations futures), jusqu’à ce que Toyota
réussisse à mettre au point des prototypes hybrides essence-électri-
cité, d’abord pour la Prius, puis pour un large éventail de modèles
(huit millions d’exemplaires vendus et ça continue). Ce qui était
auparavant souvent considéré comme des arbitrages nécessaires est
désormais envisagé comme les éléments de l’équation globale. De
fait, Toyota a annoncé son prochain objectif impossible : produire
une voiture à hydrogène dont le gaz d’échappement serait… de l’eau.
Toyota a changé l’histoire de l’industrie automobile en appre-
© Groupe Eyrolles

nant à concevoir et à construire des voitures de grande qualité plus


efficacement que ses concurrents, bien avant d’ouvrir la voie à des
technologies de propulsion alternatives. Ce fait dément l’affirmation
Introduction 23

courante que la technologie est le seul moyen de modifier en pro-


fondeur l’histoire d’un secteur. De nombreuses études sur la tech-
nologie montrent que l’adhésion des utilisateurs, l’ancienneté des
organisations et les cadres de pensée sont les principaux freins à
la concrétisation des opportunités offertes par l’innovation tech-
nologique1. Toyota a créé une culture d’apprentissage à même de
développer ces technologies révolutionnaires et de les diffuser assez
rapidement à travers plusieurs générations de produits à mesure que
leur marché croissait. Ce faisant l’entreprise a créé ce que le théo-
ricien Takahiro Fujimoto a appelé « une capacité d’apprentissage
évolutive2 ».
Toyota est loin d’être une organisation parfaite et ses leaders
admettront qu’elle a autant de problèmes et de défauts que n’im-
porte quel autre constructeur automobile. La différence réside dans
le fait que ses dirigeants ont appris à se saisir de ces problèmes et
à les confronter avec leurs équipes. À défaut de rendre Toyota par-
faite, cela la rend visiblement meilleure que ses concurrents (6e au
classement général des marques les plus valorisées du magazine
Forbes, Toyota est numéro 1 des entreprises industrielles, largement
devant ses concurrents). En fait, le constructeur ne recherche pas la
perfection. Il s’efforce d’être meilleur aujourd’hui qu’il ne l’a été hier
et d’être meilleur demain qu’il ne l’est aujourd’hui. Ses dirigeants ont
découvert que la performance durable procède de la dynamique de
progrès et non de l’optimisation statique, ce qui est une leçon cru-
ciale pour les entreprises au-delà du monde automobile.
Changer votre histoire, c’est chercher et résoudre les « bons »
problèmes, ceux qui aident vos clients à résoudre les leurs, sans
perte de temps, d’efforts et de ressources sur les « faux » sujets. Le
faire mieux que vos concurrents les incite à en faire autant, ce qui
finit par modifier le cours de l’ensemble du secteur. Par exemple, on
ne considère plus la voiture comme un engin peu fiable, voire dan-
gereux, mais comme le produit le plus avancé en termes de qualité
et de sécurité. Cependant, changer l’histoire d’un secteur n’est pas
une fin en soi, cela améliore simplement la performance globale. En
© Groupe Eyrolles

vous obligeant constamment à faire mieux, vous mettez la pression


sur vos concurrents et vous recentrez votre secteur sur les para-
mètres que vous maîtrisez le mieux.
24 La stratégie Lean

Le Lean est une méthode pour changer la trajectoire de votre


entreprise afin de changer celle de votre secteur. Aujourd’hui, les diri-
geants recherchent la rentabilité en exploitant surtout des facteurs
externes (situation de monopole, harcèlement des commerciaux,
enfermement des clients, menaces de changement de fournisseurs,
etc.) au lieu d’améliorer significativement la productivité et la qualité.
Par conséquent, beaucoup d’entreprises fonctionnent comme des
« boîtes noires » au regard de la manière dont la valeur est produite.
Ce n’est pas une fatalité. Vous pouvez abandonner les acrobaties
financières et créer de la valeur de l’intérieur. Une telle approche
bouscule la mentalité traditionnelle des écoles de commerce : le
Lean n’est pas une manière d’embellir temporairement la valeur à
la vente de votre entreprise, mais une façon de doper sa capacité à
créer de plus en plus de valeur au fil du temps. Ce qui, en retour,
offre à votre société un modèle économique plus soutenable en
termes de meilleures ventes, meilleur cash-flow, meilleures marges
et meilleure allocation des capitaux.
La stratégie Lean aide à repenser radicalement « ce qu’il faut
faire ». Elle aide les personnes à écrire leur propre histoire au lieu
de s’en voir imposer une par les autres. Au-delà des stratégies per-
sonnelles de changement, elle permet également de redessiner des
perspectives plus larges. Si le profit est nécessaire pour irriguer le
fonctionnement quotidien de l’entreprise et financer son dévelop-
pement, sa maximisation n’est pas considérée comme une fin en
soi, mais comme un moyen au service d’un dessein plus large. Les
marchés récompensent à moyen terme la raison d’être d’une entre-
prise, c’est-à-dire le service qu’elle rend à ses clients (et les bienfaits
qu’elle apporte à la société au sens large). Une offre et une qualité
supérieures améliorent le chiffre d’affaires. L’histoire d’une organi-
sation est la somme des récits de développement personnel en vue
d’aider les clients à faire ce qu’ils souhaitent (et ce pourquoi ils nous
rémunèrent).
Mais soyons clairs : cette histoire n’est pas ancrée dans une
perspective abstraite grandiose du monde tel qu’il devrait être. Au
© Groupe Eyrolles

contraire, nous avons construit cette réflexion à partir d’années de


pratique au cours desquelles nous avons constaté les résultats irréfu-
tables obtenus par des personnes et des organisations qui utilisaient
Introduction 25

cette approche différente. Tous indicateurs confondus, il nous est


apparu que le Lean est tout simplement une meilleure façon d’en-
treprendre aujourd’hui.
Daniel Jones est le cofondateur du mouvement Lean (avec Jim
Womack) ; Orest Fiume a été le directeur financier de Wiremold
(dont Lean Thinking3 relate l’aventure), l’une des premières entre-
prises vraiment Lean après Toyota ; Jacques Chaize, ex-P.-D.G. de
Socla, a mené en première ligne la transformation Lean de son
entreprise et Michael Ballé, qui a étudié le Lean pendant vingt-cinq
ans, a été l’un des premiers à voir dans le système Lean un système
d’apprentissage. Ensemble, nous souhaitons vous faire partager
notre enthousiasme pour le potentiel de performance que la pensée
Lean révèle dans toutes les entreprises : de fait, nous avons été les
témoins directs de transformations Lean dans tous les secteurs ima-
ginables, de l’industrie aux services, des hôpitaux aux start-up. Nous
avons également appris à raisonner Lean en observant comment les
dirigeants l’ont adopté, se le sont approprié, ont conduit leur entre-
prise au succès et leurs collaborateurs à la réalisation de leur plein
potentiel. Nous espérons vous communiquer le plaisir réel qu’il y
a à voir les choses différemment, à se confronter aux problèmes
les plus difficiles et à les résoudre, en se serrant les coudes, tous
ensemble, pour construire des relations durables avec les clients, les
collaborateurs, les fournisseurs et, ce faisant, passer de l’améliora-
tion à l’innovation véritable.
L’intuition profonde du Lean, celle d’une meilleure coordination
des personnes, des machines et du travail pour créer davantage de
valeur tout en générant moins de gaspillage, a été dans une large
mesure une réponse (ou une série de réponses) aux problèmes qui
surgissent même dans les meilleures entreprises. En grandissant,
celles-ci développent « la maladie des grands groupes » qui trans-
forme un travail qui a du sens en routine absurde et des collabo-
rateurs engagés en actifs dévalués et jetables. La bureaucratie se
répand tandis que la qualité, la productivité et l’initiative décroissent
fatalement face aux symptômes suivants :
© Groupe Eyrolles

• La priorité donnée à la standardisation au détriment des problèmes des


clients. L’entreprise devient si obnubilée par la standardisation
des processus et la réduction des coûts qu’elle en arrive à ignorer
26 La stratégie Lean

les problèmes, les préférences et le mode de vie de ses clients


(avez-vous déjà tenté de résoudre un problème via un centre
d’appels ?). En interne, imposer des procédures standardisées
aux collaborateurs (généralement dans le cadre d’un plan de
réduction des coûts au service de « l’efficacité » organisation-
nelle) les prive des marges de manœuvre dont ils ont besoin
pour comprendre les clients en chair et en os, les aider et les
accompagner. Les règles et régulations internes gênent, voire
empêchent, la création de valeur supplémentaire.
• La préférence accordée à la pensée en silo au détriment des équipes collabo-
ratives et de l’approche systémique. Selon le management tradition-
nel, tout se passera bien si chacun fait ce qu’il a à faire. Tout se
passe bien en effet, mais à un coût absurde. Les organisations
actuelles sont trop grandes et trop interconnectées pour que les
méthodes d’optimisation ponctuelles produisent des améliora-
tions d’ensemble. Tant que chaque direction fonctionnelle vou-
dra résoudre ses problèmes sans prendre en compte ce qu’il en
coûte aux autres, la plupart des améliorations ou des buts visés
seront atteints au détriment de quelqu’un d’autre. La première
étape vers l’amélioration du travail en équipe est de comprendre
ce que les collègues tentent de faire, de reconnaître leurs pro-
blèmes et de voir comment notre propre activité les aide ou les
gêne dans la leur.
• La dévaluation du capital humain au lieu de son développement. Dans la
plupart des entreprises, surtout les plus bureaucratisées, l’enca-
drement intermédiaire se voit comme le défenseur de l’ortho-
doxie de la direction. Il impose une obéissance silencieuse aux
collaborateurs qui sont là pour exécuter et non pour penser.
Réflexions ou contributions originales ne sont ni recherchées,
ni récompensées. Les collaborateurs sont là pour remplir leur
office, le doigt sur la couture du pantalon ; leur expérience per-
sonnelle n’est pas reconnue comme une source d’apprentissage.
• Une pensée stratégique « Océan boueux ». Quand la plupart des
­P.-D.G. visionnaires parlent de « stratégies Océan bleu » (s’em-
© Groupe Eyrolles

parer de nouveaux marchés grâce à de nouvelles stratégies et


technologies), la grande majorité des entreprises sont beaucoup
plus préoccupées par la défense des technologies, des actifs et
Introduction 27

des relations du passé que par l’ambition de faire réellement du


neuf. Elles s’accrochent à des technologies obsolètes et prennent
leurs clients en otage au lieu de les amener en confiance vers de
nouvelles offres. La pression constante des économies d’échelle
assèche les ressources nécessaires aux nouvelles techniques et
technologies tout en protégeant les systèmes du passé pour
justifier leurs coûts irrécupérables. Ce sont les idées zombies :
des idées mortes, mais encore mortelles pour les personnes et
l’innovation.
La pensée Lean combat la maladie des grands groupes en sti-
mulant la pensée managériale pour donner du sens aux tâches des
personnes qui travaillent consciencieusement afin de créer toujours
plus de valeur pour les clients. Cette nouvelle forme de pensée
repose sur l’intuition profonde que nous, leaders, n’avons pas besoin
de dire aux autres comment travailler mieux, mais plutôt d’explorer et
de découvrir avec eux ce que travailler mieux signifie dans leur situation.
La pensée Lean s’articule sur le changement transformation-
nel de la posture du leadership : nous n’allons pas faire mieux tra-
vailler les personnes (après avoir décidé ce qu’elles doivent faire
autrement). Nous allons explorer avec elles ce que mieux travailler
signifie. Un système Lean, comme nous l’avons appris de Toyota, est
un ensemble d’activités apprenantes interdépendantes, à explorer
sur le lieu de travail et qui répond à quatre questions fondamentales :
• Comment mieux satisfaire le client ? Nous ne voulons pas seulement
produire des biens ou des services que les gens apprécient ;
nous voulons qu’ils en raffolent. Nous voulons des clients pleine-
ment satisfaits, ce qui signifie comprendre ce que nous pouvons
améliorer sur-le-champ pour les aider à régler un par un leurs
problèmes, tout en cherchant à faire évoluer notre offre pour
mieux les servir collectivement à l’avenir.
• Comment faciliter le travail ? Les gens veulent donner du sens à leur
travail comme aux autres aspects de leur existence. Comment
impliquons-nous nos collaborateurs dans l’amélioration de leur
© Groupe Eyrolles

travail et celui de leur équipe ? Comment les aidons-nous à éli-


miner les obstacles qui les empêchent de satisfaire les clients ?
Comment améliorons-nous la fluidité du travail ? Comment
28 La stratégie Lean

enrichissons-nous le travail et le rendons-nous plus épanouis-


sant parce que chacun peut contribuer, donner son avis et être
soutenu dans la mise en œuvre de ses idées ? Comment, enfin,
améliorons-nous la sécurité au travail ?
• Comment réduisons-nous le coût global  ? Pour rester compétitifs sur des
marchés volatils, comment réduisons-nous continûment notre
structure de coûts, non pas en serrant les budgets ligne par ligne,
mais en discutant plus largement avec les personnes concernées
et en les incitant à nous aider à réduire le coût global de pro-
duction des biens ou des services ? Comment allégeons-nous ce
poids sur chaque produit ou service en éliminant le gaspillage à
la direction, à l’ingénierie, à la production, dans la supply chain
et les systèmes support ? Et comment réduisons-nous l’impact
de notre activité sur la planète et notre environnement ?
• Comment apprenons-nous plus vite ensemble ? La grande innovation de
la pensée Lean est l’amélioration des compétences individuelles
et du travail en équipe. Cela signifie prendre ses responsabilités
lorsque les choses vont de travers (ce qui arrive tous les jours)
au lieu d’en blâmer autrui, et confronter le problème ensemble
sans culpabilité. Nous apprenons ensemble quand nous appre-
nons à confronter nos problèmes et à nous soutenir sans déni
ou reproche. Nous remontons nos manches, réfléchissons à
la situation et tentons plusieurs voies d’amélioration grâce à la
contribution de chacun. Le véritable apprentissage ne se limite
pas à apprendre à faire mieux ce que nous savons déjà faire.
Il s’agit également de découvrir que nous devons apprendre ce
que nous ne savons pas encore. Apprendre plus rapidement
ensemble requiert un environnement de confiance et d’initia-
tives qui se nourrit de retours rapides, même lorsqu’à chaud
cela peut passer pour de la critique (ce qui n’est pas le cas).
L’apprentissage requiert des esprits ouverts et curieux bien sûr,
mais également des cœurs généreux.
Cette maladie des grands groupes est mortelle. Les start-up gran-
© Groupe Eyrolles

dissent généralement dans la foulée du succès de leur produit ou


de leur application, augmentant leurs capacités aussi vite que pos-
sible sans connaître les coûts de la complexité. À mesure qu’elles
Introduction 29

répondent à la demande du marché, la croissance tend à ralentir et les


coûts fonctionnels à augmenter, jusqu’à ce que les coûts de structure
dépassent la croissance du chiffre d’affaires. À ce stade, les entreprises
cherchent généralement à optimiser leur structure de coûts et le font
en rajoutant des couches de contrôle bureaucratique qui aggravent le
problème et réduisent les probabilités de trouver une voie innovante
pour attirer de nouveaux clients. Lorsque ces mesures d’optimisa-
tion échouent à relancer la croissance ou à réduire l’augmentation
des coûts opérationnels, les dirigeants, souvent pressurisés par leur
conseil d’administration, ont recours à des mesures de réduction de
coûts telles que les restructurations et/ou la réduction du périmètre
d’activité et de la masse salariale, ce qui détériore davantage le service
au client et accélère la chute de l’entreprise. La courbe de la figure 1
montre les effets de cette maladie. L’enjeu du Lean est de la combattre
afin de trouver de nouvelles voies innovantes pour alimenter la crois-
sance future, tout en contrôlant l’augmentation des coûts grâce à des
investissements plus souples et économes et moins de bureaucratie.
Au cours des vingt dernières années, le Lean a été accusé d’être
un moyen d’extraire le maximum d’un actif immobilisé en optimi-
sant les moyens de l’entreprise grâce à l’élimination du gaspillage,
l’amélioration des processus et la suppression de ressources, à com-
mencer par les personnes. C’est tout simplement faux. Par ce livre,
nous espérons ouvrir un dialogue différent sur le Lean.

Figure 1 – La maladie des grands groupes non maîtrisée


Chiffre
d’affaires Revitalisation : ajout dynamique
de valeur qui répond précisément
à la demande des consommateurs

Croissance : développer
très vite les capacités
pour répondre Maturité :
à la demande Décélération : optimisation Mort : réduction
le coût de des coûts drastique des coûts
Start-up :
la complexité en imposant altérant la capacité
en quête
© Groupe Eyrolles

augmente des contrôles à fournir qualité


de l’accroche
et la demande bureaucratiques et service au client
idéale avec
naturelle atteint freinant davantage qui abandonne la marque
les clients
ses limites l’innovation
Temps
30 La stratégie Lean

La pensée Lean est avant tout une révolution cognitive qui


conduit inévitablement à une révolution organisationnelle. Il s’agit
d’apprendre à penser et à agir différemment (et en effet d’apprendre
par la pratique) afin d’appréhender différemment les problèmes de
l’entreprise et de chercher de meilleures voies, inexplorées, nou-
velles, innovantes pour les résoudre, avec l’ensemble des collabora-
teurs et non contre eux.
Il s’agit de changer l’histoire de votre secteur, de votre activité,
de votre travail ainsi que la vôtre. Pour de bon.

© Groupe Eyrolles

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