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Le Soir
d’Algérie Société Dimanche 8 septembre 2019 - PAGE

Vérités et éclairage
L’EMBUSCADE D’OUED ZEGGAR (SKIKDA) LE 11 MAI 1957
DANS LA WILAYA 2 DU NORD-CONSTANTINOIS

de quatre compagnies de combat

étaient restés au PC du
L’embuscade tendue par l’Armée de libération nationa-
1er bataillon à Mechat.
le, le 11 mai 1957, contre un convoi du 15e Régiment des
Le baroudeur El Hadi
tirailleurs sénégalais (RTS), au lieudit Oued Zeggar, sur la
Kemikem a ajouté, en outre,
route de Aïn Kechra à Collo dans la Wilaya II du Nord-
Constantinois, fut l’une des plus grandes tendues par qu’après les brillantes opérations
l’Armée de libération nationale (ALN). Elle est connue par militaires de Azrar et Taskifet
durant le mois d’avril de la même
année, ledit bataillon a été dis-
le nombre de morts et de blessés parmi les militaires

A contre-courant de certaines sériâtes qui étaient composées sout les 13 et 14 mai 1957 dans
français.

contre-vérités colportées par cer-
tains historiens, nous avons pris
attache avec l’un des moudjahidi-
ne survivant de cette fameuse
bataille, Kemikem El Hadi, auteur
d’un ouvrage El Milia, les souve-
nirs d’un ancien combattant de
de 150 soldats chacune : Taher la région de Oued Zhor non loin
(150), El Milia (150), Constantine de Benifergane.
(150), Collo (150). Le poste de Après la prise du pouvoir de la
commandement de ce bataillon wilaya II par Ali Kafi après le
dirigé par le défunt commandant départ de Bentobal vers la
Messaoud Bouali se trouvait à Tunisie, le nouveau chef de la
Aquabet Saadalh à Mechat dans wilaya a reconstitué le deuxième
le secteur 3 à 13 kilomètres au bataillon vers le début du mois

sur cette embuscade. nord du chef-lieu de la commune de juillet 1957 avec le même
l’Armée de libération nationale

Cet ancien lieutenant-colonel
de l’ANP a affirmé que les res-
ponsables de l’ALN dans cette
wilaya ont choisi la région d’El
Milia pour son relief montagneux
d’El Milia, nous a précisé
Kemikem El Hadi qui fut acteur
de cette armée.
Ce dernier a tenu à noter que
Messaoud Bouali avait comme
Photos : DR
effectif et le même encadrement
en gardant le même poste de
commandement dont, entre
autres, Messouad Bouali assisté
mouton avait été mis sur la route français tués et 12 autres bles- par les chefs de compagnie
Le bataillon qui a pris part à cette opération de grande envergure.

et fortement boisé avec l’existen-
ce de plusieurs oueds, citant
entre autres Boussiaba, El Kebir,
El Zhor et ses limites avec Oued
Zeggar, comme champs d’action
des deux bataillons car cette
zone, a ajouté notre interlocu-
teur, a permis aux troupes de
l’ALN d’évoluer d’une manière
facile en tous temps et toute
situation opérationnelle.
Ce haut gradé à la retraite a
ajouté que cette zone offrait plu-
sieurs cibles à la guérilla car elle
comptait de nombreux cantonne-
ments militaires de l’armée fran-
çaise. Il a souligné, par ailleurs,
que le chef de la wilaya II, le
regretté Lakhdar Bentobal, a fait
appel au début du mois d’avril
1957 aux compagnies de combat
en provenance de Taher, El
Milia, Collo, Constantine pour la
constitution du premier bataillon.
Selon une autre source, le
adjoints les chefs des 4 compa-
gnies de combat de Taher, El
Milia, Collo et Constantine.
Poursuivant son récit, ce natif
de la localité de Ouled Boufaha,
relevant de la commune d’El
Ancer, a révélé aussi que Krim
Belkacem et son adjoint
Mohamedi Saïd et Lakhdar
Bentobal ont transité par le PC
de ce bataillon en partance vers
la Tunisie.
Kemikem nous a confié égale-
ment que «ce bataillon fut une
grande puissance». Pour sa part,
l’un des rescapés de cette
embuscade, Bernard Robin,
appelé du contingent, est revenu
sur cette opération. Dans un
témoignage recueilli il y a
quelques années, il est souligné
que le 11 mai 1957 son régiment
avançait sur la route de Aïn
Kechra à Collo près de
Constantine. «Nous allions au
pour nous retarder. C’est alors
que la vingtaine de véhicules est
tombée dans une embuscade
tendue par plusieurs centaines
d’hommes. Une attaque meurtriè-
re qui fit trente-cinq morts et vingt
blessés du côté des troupes.»
Il convient de souligner que
lors de la fusillade, Bernard
Robin a été grièvement blessé.
«J’ai reçu une balle dans le dos
qui a traversé le poumon et est
sortie par le cou», se souvient-il.
Ses camarades du régiment l’ont
cru condamné, à tel point qu’un
cercueil lui avait été préparé. Un
aveu qui lui a été révélé il y a
seulement quelques années par
son ancien camarade de régi-
ment, André Orta.
L’appelé avançait le chiffre de
35 morts et 25 blessés alors que
du côté algérien, M. Makhaba,
moudjahid du bureau de wilaya
de Skikda, avait avancé, il y a
sés. Un chiffre qui fait polémique.
Dans leur site, les anciens du
15 e Régiment des tirailleurs
sénégalais qui étaient attaqués
lors de cette opération avan-
çaient le chiffre de 35 morts et 27
blessés et un disparu ajoutant
que cette embuscade etait la
plus meurtrière de la guerre
d’Algérie. Mais elle a moins frap-
pé l’opinion que les 19 soldats
tués lors de celle de Palestro….
Mystère médiatique ? s’interro-
geait le site.
On apprend aussi, auprès de
certains récits, que 370 soldats
de l’ALN ont pris part à cette
embuscade et 200 soldats pour
la mission de logistique. Selon
les témoignages du moudjahid
Alloua Betatache du groupe du
martyr Achour Lebdai, de retour
de Tunisie, des djounoud de ce
groupe ont aussi pris part à cette
opération de grande envergure
Messaoud Bensam dit Taheri et
Dekhli Mokhtar.
Le deuxième bataillon avait à
son actif un certain nombre
d’opérations dont celle contre la
légion étrangère occupant le vil-
lage de Tanefdour au sud de
Mechat en 1957 relevant actuel-
lement de la commune d’El Milia.
Cependant, au cours du repli,
le chef de compagnie de la
région de Taher, Dekhli Mokhtar,
dit El Baraka, a trouvé la mort
sous un bombardement d’artille-
rie, d’après notre interlocuteur
qui ne cesse de s’insurger contre
certaines contrevérités colpor-
tées par certains pseudo-histo-
riens sur les réseaux sociaux qui
désorientent les jeunes d’aujour-
d’hui concernant leur histoire glo-
rieuse écrite par des hommes et
des femmes qui se sont sacrifiés
pour que l’Algérie recouvre son
indépendance.

Le 8 septembre 1960 :
premier bataillon comptait quatre ravitaillement, un troupeau de trois ans, le chiffre de 93 soldats alors que des dizaines de soldats

OUED FODDA (CHLEF)

Bouhali Mohammed Cherif

la bataille mémorable de Z'babdja bés au champ d'honneur, les

armes à la main. Les témoins
Les habitants du douar des Z'babdja, situé entre Oum

ajoutent : «Pour se venger des

Dhrou (Ex-Pontébas) et Oued Fodda à l'est de Chlef, et
lourdes pertes subies, les chefs
les aînés surtout se souviennent de ce qu'ils ont vécu en
de l'opération s'attaquèrent aux
ce 8 septembre 1960 de la bataille qui a opposé un grou-
pe de moudjahidine de l'ALN et de la soldatesque du pou- civils par des exécutions som-
voir colonial de l'époque. maires et des tortures contre les
Selon plusieurs témoignages, les sorties avant de tenter d'inves- vieilles personnes, les femmes et
une réunion de responsables de tir les lieux et engager un combat les enfants.»
la «Nahia» (district) de l'ALN qui dura plusieurs heures.» Aujourd'hui, que reste-t-il d'un
devait avoir lieu dans une maison Face à la supériorité en de ces hauts-lieux de la
du douar, un groupe d'habitation hommes et en matériels de l’en- Résistance qui a mené au recou-
isolé, retiré et situé à quelques nemi, les combattants se sont bat- vrement de l'Indépendance ?
encablures au sud de la RN4. tus vaillamment. Si bien, dit-on, Hormis les souvenirs gravés
Selon ces sources, les élé- que la soldatesque avait fait appel dans la mémoire de ceux qui ont
ments de l'ALN se croyaient à à des renforts qui arrivèrent de vécu ce jeudi 8 septembre 1960,
l'abri mais ils ignoraient que les Oued Fodda, de Pontébas aucune trace, aucun mémorial n'a
services de renseignement de l'ar- (actuellement Oum Dhrou et été construit en ce haut-lieu de la
mée coloniale avaient été infor- d'Orléansville (Chlef), appuyés par lutte armée. Selon les moudjahidi-
més de la tenue de cette réunion. l'aviation et des commandos qui ne encore vivants, bien des
Les personnes qui s'en sou- ont été déversés au sommet des démarches ont été effectuées
viennent racontent : «Très tôt le collines par des hélicoptères sur- auprès des instances locales,
matin de ce 8 septembre, un nommés «Bananes», à double mais toutes sont restées sans
Le lieu de la célèbre bataille de Z’babdja.
hommes qui ont donné le meilleur du combat héroïque que nous
jeudi, une armada de militaires hélices. A la fin de l'opération, on écho comme si les responsables d'eux-mêmes, leur sang et leur avons mené et que d'autres géné-
surarmés, appuyés par des maté- rapporte que les troupes colo- d'aujourd'hui ne se sentent pas vie. A ce sujet, un moudjahid dira : rations avant nous déja, ont mené
riels lourds, s'est déployée tout niales ont perdu 39 militaires tan- concernés par les sacrifices inesti- «Que laisserons-nous aux géné- aussi.»
autour du douar bouclant toutes dis que 12 moudjahidine sont tom- mables de ces femmes et de ces rations à venir ? Pas grand-chose Karim O.