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Maitre Mohamed Ziane explique ainsi : « Les Nations-Unies ont décrit l'absence flagrante de
conditions favorables à un procès équitable, notamment avec le maintien de Taoufik Bouachrine en
détention. Pendant des mois, nous avons bataillé pour obtenir une réponse du Ministère public à la
demande de liberté immédiate émise par le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire ; notre
dernier recours était cette demande de liberté provisoire et elle a été refusée hier par la Cour
d'Appel. »
« Je prends acte et estime désormais que la Cour d'Appel refuse d'offrir les conditions d'un procès
équitable à Taoufik Bouachrine et qu'il est invalide. Il n'y a donc aucune raison que je continue à
participer à cette mascarade. »
Le journaliste Taoufik Bouachrine, directeur du quotidien marocain Akhbar al-Yaoum considéré par
Reporters Sans Frontières comme l'un des derniers journaux indépendants du Maroc, est détenu en
isolement depuis son arrestation en février 2018 pour des accusations de viol et traite d’être humain
qu'il a toujours démenti. En novembre 2018, à la suite d'une procédure ahurissante, avec notamment
cinq présumées victimes conduites de force au tribunal qui ont refusé d'accuser le journaliste,
menant l'une d'entre elles à être condamnée à 6 mois de prison ferme pour outrage à un officier de
police judiciaire, il avait été condamné à 12 ans de prison, sentence pour laquelle toutes les parties
ont fait appel.
Ses avocats ainsi que Reporters Sans Frontières, Amnesty International, Human Rights Watch, le
Committee to Protect Journalists, l'International Press Institute ainsi que l'Association Marocaine
des Droits Humains dénoncent un procès politique, mettant en danger la liberté de la presse mais
aussi la lutte contre la violence faites aux femmes.
En janvier 2019, le groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire appelait les autorités
marocaines à « libérer immédiatement [Taoufik Bouachrine] et à lui accorder le droit d'obtenir
réparation, notamment sous la forme d'une indemnisation et d'une garantie de non-répétition,
conformément au droit international », critiquant entre autres les conditions dans lesquelles s'est
déroulé le procès1.
Rodney Dixon QC, avocat international spécialiste des droits de l'homme et conseil de Taoufik
Bouachrine, commente également : « Le GTDA avait donné un délai de six mois aux autorités
marocaines pour se mettre en conformité avec leur avis et notamment la libération immédiate de
Taoufik Bouachrine. Ils ne l'ont pas fait. Nous allons donc reprendre nos actions auprès du GTDA
en leur signalant la décision de la Cour d'Appel de Casablanca et en leur demandant d'agir en
conséquence. »
« Le Royaume du Maroc fait partie des Nations-Unies et nous ne pouvons que nous étonner du
manque de volonté manifeste des autorités de coopérer avec le Conseil des Droits de l'Homme qui
en est l'une des émanations les plus importantes »
Khadija Ryadi, membre de l'Association Marocaine des Droits Humains, note que « Ces deux
procès sont politiques. Dans les deux cas, on détourne des sujets primordiaux comme la lutte contre
la violence faites aux femmes ou le droit à l'avortement et au respect de la vie privée pour
s'attaquer à des journalistes que les autorités veulent faire taire par n'importe quel moyen. »
FIN
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1 - Cette détention relève selon le GTDA des catégories I, II et III, selon les méthodes de travail du GTDA :
Catégorie I : Impossibilité d'invoquer un quelconque fondement légal pour justifier la privation de liberté –
dans le cas de Taoufik Bouachrine : méconnaissance de la règle qui implique que toute détention ne saurait se
poursuivre au-delà de la garde à vue sans ordonnance judiciaire
Catégorie II : La privation de liberté résulte de l'exercice de droits ou de libertés garantis par la Déclaration
universelle des Droits de l'homme et par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques – dans le cas de
Taoufik Bouachrine : à cause de son travail d'investigation et d'information, en violation de la protection dont il
bénéficie en vertu de l'article 19 du dit Pacte
Catégorie III : L’inobservation, totale ou partielle, des normes internationales relatives au droit à un procès
équitable est d'une gravité telle qu'elle rend la privation de liberté arbitraire – dans le cas de Taoufik Bouachrine : à
cause des violations entravant substantiellement le droit du journaliste à un procès équitable.