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Analyse des déformations actuelles dans le Rif (Maroc) :

approche morphotectonique
Antoine Poujol

To cite this version:


Antoine Poujol. Analyse des déformations actuelles dans le Rif (Maroc) : approche morphotectonique.
Géomorphologie. Université Montpellier II - Sciences et Techniques du Languedoc, 2014. Français.
�NNT : 2014MON20105�. �tel-01170466v2�

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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Délivré par UNIVERSITE MONTPELLIER 2

Préparée au sein de l’école doctorale SIBAGHE


Et de l’unité de recherche Géosciences Montpellier-
UMR5243

Spécialité : Géosciences

Présentée par Antoine POUJOL

ANALYSE DES DEFORMATIONS


ACTUELLES DANS LE RIF (MAROC) :
APPROCHE MORPHOTECTONIQUE

Soutenue le 12/12/2014 devant le jury composé de

M. Philippe VERNANT, MCf, Univ. Montpellier II Directeur


M. Jean-François RITZ, DR, Univ. Montpellier II Co-Directeur
M. Olivier BELLIER, PR, CEREGE, Aix-en-Provence Rapporteur
M. Yves GAUDEMER, PR, IPGP Paris Rapporteur
M. Stéphane MAZZOTTI, PR, Univ. Montpellier II Président
M. Bruno SCALABRINO, MCf, Géoazur, Univ. Nice-Sophia Antipolis Examinateur
M. Abdelilah TAHAYT, PR, Université Mohammed V, Rabat Invité
Jebel Rif - Saida Fikri
iii

Résumé
L’objectif de cette étude est d’identifier et de quantifier les déformations actuelles dans
la chaine du Rif (Maroc), notamment celles associées aux failles actives (localisation, géo-
métrie, cinématique). Pour ce faire, nous mettons en œuvre pour la première fois dans
cette région, une approche morphotectonique. Les sites et failles sélectionnés et étudiés se
situent dans la partie Nord (les failles conjuguées de la baie d’Al-Hoceima : Trougout, Boujibar
et Rouadi), l’Est (la faille de Nékor) et le Sud (front chevauchant sud rifain entre Fes et Meknes).

A partir des outils de la morphotectonique (MNTs à différentes résolutions, images satel-


litaires, photographies aériennes), d’analyses de terrain et grâce aux méthodes de datation
14 10
du Quaternaire (U/Th, OSL, C et isotopes cosmogéniques produits in-situ Be, 3 He, 36
Cl),
cette étude met en évidence et quantifie une déformation transtensive dans la partie Nord de
la chaine. Les vitesses de glissement horizontales et verticales le long de la faille principale
d’orientation méridienne de Trougout sont de ∼1.6 mm/an et ∼2 mm/an, respectivement.
Dans la partie Sud, nous montrons que le front rifain entre Fez et Meknes est actif avec une
vitesse de raccourcissement de ∼1.8 mm/an. La déformation dans la région Est se localise
principalement sur la faille du Nékor avec une vitesse décrochante senestre de ∼1.5 mm/an. Par
ailleurs, la présence de nombreuses figures d’incision et de surfaces marines soulevées au niveau
du littoral Nord témoignent d’une surrection généralisée de la chaine de l’ordre de ∼0.2 mm/an.
L’ensemble de cette déformation semble être constante depuis la période du Messino-Pliocène.

Ces résultats sont cohérents avec les données GPS qui montrent un déplacement de
∼5mm/an vers le SW de l’ensemble du Rif associé à un mouvement rotatif horaire, dans le
référentiel Afrique stable. D’un point de vue géodynamique, nous proposons que le Rif, la mer
d’Alboran et les Bétiques appartiennent à une même microplaque limitée au Nord par les failles
décrochantes des Bétiques, au Sud par le chevauchement rifain, à l’Est et au Nord-Est par les
failles décrochantes de Nékor et de la TASZ (Trans Alboran Shear Zone) et à l’Ouest par les
structures plissées bordières du Rif.

MOTS-CLES : morphotectonique, tectonique active, isotopes cosmogéniques, radiocarbone,


U/Th, Maroc, Rif
v

Abstract
In order to identify and quantify the Rif (Morocco) present-day deformation, especially those
related to active faults (location, geometry, kinematic), we perform a morphotectonic study.
The studied area and faults are located in the Northern part (conjugate faults of Al-Hoceima
Bay : Trougout, Boujibar and Rouadi), the Eastern part (Nekor fault) and the Southern part
of the chain (Rif frontal thrust between Fes and Meknes cities).

Morphotectonic tools (DEMs at different scales, satellite and aerial pictures), field studies
14 10
and Quaternary dating methods (U/Th, OSL, C and in-situ cosmogenic isotopes Be, 3 He,
36
Cl) allow us to characterize transtensional deformation in the Northern Rif. Horizontal and
vertical slip rates along the N-S-oriented Trougout major fault are ∼1.6 mm/yr and ∼2 mm/yr
respectively. In the Southern part, the Rif frontal thrust shows a shortening rate of ∼1.8
mm/yr into Fes and Meknes area. In the Eastern part, the deformation is focused on the Nekor
left-lateral strike-slip major fault with ∼1.5 mm/yr. Incision features and raised marine terraces
involve an uplift of the chain about ∼0.2 mm/yr. The overall deformation in the Rif seems to
be continuous since the Messinian-Pliocene time.

These new morphotectonic constraints are consistent with the GPS measurements showing
southwestward overall motion of most of the Rif belt with respect to stable Africa, associated
to clockwise rotation. Finally, we propose a geodynamic model in which the Rif, the Alboran
sea and the Betics belong to a single microplate bounded by the strike-slip faults of the Betics
on the North, the Rif frontal thrust on the South, the Nekor and TASZ (Trans Alboran Shear
Zone) strike-slip faults on the East and North-East, and the western Rif folded structures on
the West.

KEYWORDS : morphotectonic, active tectonics, cosmogenic isotopes dating, radiocarbon,


U/Th, Morocco, Rif
vii

Remerciements

Ces trois années touchent à leur fin et je me rends compte à quel point elles sont passées
vite !
Je remercie d’avance Olivier Bellier et Yves Gaudemer d’avoir accepté de juger et de rapporter
ce travail. J’espère que la lecture de ce manuscrit sera aussi agréable, que longue et épuisante fut
l’écriture. Merci également aux examinateurs, Bruno Scalabrino et Stéphane Mazzotti, d’avoir
accepté d’être dans mon jury. Et merci Abdelilah pour ton accueil à Rabat, tes conseils et ta
gentillesse, et ta présence à Montpellier pour ma soutenance alors que tu es en pleine période de
paternité !
Mes remerciements iront ensuite à ceux qui m’ont soutenu jusqu’au bout de la galère, qui
m’ont encouragé quand j’en avais besoin, qui m’ont donné un coup de pied au c.. quand c’était
nécessaire et qui m’ont enlevé, à force de persévérance, la peau de sauc’ que j’avais dans les
yeux ! Merci donc à mes deux directeurs, Philippe et Jeff, qui m’ont donné la chance de faire
cette thèse et de travailler sur une montagne aussi belle ! Votre disponibilité et votre rapidité
à corriger les chapitres de ce manuscrit m’ont bien aidé !Philippe, merci pour tes bons conseils
scientifiques et tes éclaircissements sur la géodynamique en Alboran, les interprétations sur
Rastarf n’auraient jamais vu le jour sans toi. Jeff, merci pour ta patience, ton savoir-faire et ta
passion, j’ai énormément appris grâce à toi, à tous les niveaux. Bon, et sinon j’attends toujours
la descente de l’aven des deux versants..
Je remercie Michel Condomines pour ces conseils et son investissement dans l’analyse U/Th
et dans l’écriture de l’article. Je remercie tous les membres du laboratoire pour leur accueil et
leur gentillesse pendant ces trois ans, les secrétaires pour leur disponibilité, notamment Céline
que j’ai enquiquiné après chaque retour de mission avec mes notes de frais du Maroc (et sans
facture !). Merci à Sylvie, pour avoir plongé avec moi dans les tréfonds poussièreux du batiment
22, à la recherche des publications sacrées..
Mes remerciements vont ensuite aux personnes qui m’ont accueilli au CEREGE et au CRPG :
merci à Régis, le fou d’excel ! aux doctorantes du CEREGE, Lucie et Julie, qui m’ont hébergé
sur un canapé dans leur salon pendant 3 semaines alors qu’elles ne me connaissaient pas ! à
l’équipe du CRPG, Léo qui m’a appris à me servir de la machine infernale (que j’ai grillé 1 fois
ou 2, je sais plus..), Guillaume qui m’a également hébergé quelques nuits. Merci à PH pour sa
disponibilité lors de ma venue dans ce pays froid. Un grand merci à la famille d’Anne et Claude
pour leur gentillesse et leur accueil (encore !) dans leur maison pendant 2 semaines.
Merci à tous les marocains qui étaient avec moi sur le terrain : Ouail que j’ai retrouvé à
Montpellier, Youssef et Youssef, Soufian qu’est-ce que tu m’as fait rire sur le terrain ! (mzien ou
viii

mzien ?), Mohammed avec qui je me suis bien marré pendant la toute première campagne GPS,
qui m’a appris mes premiers mots en marocain et qui m’a fait connaitre cette fameuse chanson
sur le Rif (Saida Fikri) ! Merci à tous les Rifains qui nous ont toujours accueillis le coeur sur la
main.
Un grand merci à mes collègues de bureau pour ces trois ans inoubliaux ! Ninh avec ses
champignons indescriptibles et les bonnes parties de tennis, Stéph euh..Mme Stéphanie pardon,
à la Défense ! et bien sur Yannick, l’homme des mousses (faut s’en refaire une au ranch d’ailleurs..)
avec qui on a partagé le bureau pendant TOUTE la thèse pour le meilleur et pour le pire. Dur,
dur ces derniers mois mec...je te remercie de ton aide pour latex, je m’en serais pas sorti sans
toi et Rémi (ptit ricou ?), Gianluca que je voyais de l’autre côté de la Méditerranée, lui sur son
terrain, moi sur le mien, ma qué ! et tous les autres bien sûr. Laure pour me remonter le moral
quand je suis au "fond du sachet", Cyprien avec sa bonne humeur, sa présence dans les moments
difficiles, les pauses café à 10h et son éternel "ce soir, Panama les gars !", et bien sûr tous les
doctorant(e)s de GM avec qui ces trois années n’auraient pas été aussi enrichissantes !
Merci à Romain et Florie, la semaine sur le Larzac cet été m’a fait grand bien ! Je vous attend
à la soutenance..
Un grand merci à ma mère (pour la lecture du manuscrit presque en entier,merci !), mon
père (qui m’a vu dépérir de jour en jour) et à mes frangines pour leurs encouragements et leur
soutien, ça fait du bien de vous avoir !
Enfin, un merci tout particulier, à celle qui m’a supporté, soutenu, conseillé, encouragé,
aidé aussi pendant toute la rédaction, et avec le sourire en plus (ou presque..). Merci Fatna,
Choukrane hbibi ;)
PS : J’ai sûrement oublié de remercier plein de gens, qu’ils m’en excusent..
Table des matières

1 Introduction 1

2 Cadre géodynamique, géologique, structurale et sismologique de la zone Rif-


Bétiques : Etat de l’Art 9
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2 Evolution géodynamique de la Méditerranée Occidentale . . . . . . . . . . . . . 11
2.2.1 Mise en place et évolution géodynamique de l’arc de Gibraltar . . . . . . 11
2.2.2 Situation géodynamique actuelle de l’arc de Gibraltar : apport des obser-
vations géophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.3 Synthèse des différents modèles géodynamiques proposés . . . . . . . . . 21
2.3 La déformation active dans les chaines Bético-Rifaines et l’Alboran . . . . . . . 22
2.3.1 La sismicité comme indicateur de la limite de plaque Afrique/Eurasie . . 22
2.3.2 Apport de la géodésie et de la tectonique active dans la compréhension
des déformations actuelles dans les cordillères Rif-Bétiques . . . . . . . . 27
2.4 La chaîne du Rif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.4.1 Situation géographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.4.2 Les principaux domaines structuraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

3 Objets géologiques étudiés et méthodes utilisées lors de l’analyse morphotec-


tonique 41
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.2 Les failles actives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2.1 Faille active et processus de rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2.2 Temps de récurrence et séisme caractéristique . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3 Identification et reconnaissance des failles actives et de leurs marqueurs morpho-
logiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.1 Les méthodes de cartographie et d’imagerie . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.2 Les marqueurs morphologiques rencontrés dans la chaine du Rif . . . . . 48
3.4 Les méthodes de datation des marqueurs morphologiques . . . . . . . . . . . . . 58
3.4.1 Stratégies d’échantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.2 Méthodes de datation du Quaternaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

4 La région Nord-Est du Rif : Les failles actives dans la région d’Al-Hoceima 77


4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4.2 Contexte géologique et structurale de la zone nord-est du Rif : le massif des
Bokoyas, Al-Hoceima et la plaine du Bas-Nekor . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
4.2.1 Le massif de Bokoya : contexte géologique et structural . . . . . . . . . . 80
4.2.2 La baie d’Al-Hoceima : contexte géologique et structural . . . . . . . . . 82
4.2.3 La région d’Al-Hoceima : contexte sismologique, sismotectonique et de
tectonique active . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.3 Etude de tectonique active des failles de la région d’Al-Hoceima . . . . . . . . . 92
4.3.1 La sismicité instrumentale et historique enregistrées dans la région d’Al-
Hoceima et du massif volcanique de Ras Tarf . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.3.2 Analyse morphotectonique des failles actives et des marqueurs morpholo-
giques de la région d’Al-Hoceima . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
x TABLE DES MATIÈRES

5 La région Nord-Est du Rif : Analyse et quantification du soulèvement de part


et d’autre de la Baie d’Al-Hoceima 141
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
5.2 Contexte géologique et structurale de la zone Nord-Est du Rif : le massif volca-
nique du Ras Tarf et le bassin de Boudinar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
5.2.1 Le volcanisme néogène de la méditerranée occidentale . . . . . . . . . . . 143
5.2.2 Le massif volcanique du Ras Tarf : contexte géologique et structural . . . 146
5.2.3 Le bassin de Boudinar : contexte géologique et structural . . . . . . . . . 148
5.2.4 Le littoral méditerranéen Nord-Est marocain : contexte de tectonique active150
5.3 Etude de tectonique active de la zone Ras Tarf-Boudinar . . . . . . . . . . . . . 157
5.3.1 Analyse morphotectonique régionale des marqueurs morphologiques sur la
péninsule d’Al-Hoceima, le massif du Ras Tarf et le bassin de Boudinar . 158
5.3.2 Analyse morphotectonique locale des marqueurs morphologiques sur la
péninsule d’Al-Hoceima, le massif du Ras Tarf et le bassin de Boudinar . 162
5.3.3 Datation U/Th des terrasses marines et quantification du taux de soulè-
vement du massif volcanique de Ras Tarf . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
5.3.4 Datation "10 Be" et "3 He" des terrasses marines et alluviales et quantifica-
tion du taux de soulèvement du massif volcanique du Ras Tarf . . . . . . 176
5.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185

6 La région Est du Rif : La faille active de Nekor 189


6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
6.2 Contexte géologique et structurale de la faille du Nekor . . . . . . . . . . . . . 191
6.2.1 Mise en place et âge de la faille du Nekor . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.2.2 Déformation néotectoniques et rotation des contraintes au Plio-Quaternaire192
6.3 Etude de tectonique active de la faille du Nekor . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
6.3.1 La sismicité instrumentale et historique enregistrées dans la région du Nekor196
6.3.2 Analyse morphotectonique de la faille active et des marqueurs morpholo-
giques de Nekor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
6.3.3 Datation "36 Cl" du plan de faille de Nekor et estimation préliminaire du
taux de glissement le long de cette structure majeure du Rif . . . . . . . 210
6.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215

7 La région Sud du Rif : Etude morphotectonique du front de chevauchement


de la chaîne 219
7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
7.2 Contexte géologique et structurale du front sud de la chaine du Rif . . . . . . . 221
7.2.1 Le sillon Sud-Rifain : les bassins d’avant-pays du Saïss et du Gharb . . . 221
7.2.2 Les Rides Pré-Rifaines : aperçu géologique et structurale . . . . . . . . . 229
7.2.3 Le Front Sud Rifain : aperçu de la tectonique active sur le front de che-
vauchement externe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
7.3 Etude de tectonique active du Front Sud Rifain . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
7.3.1 Etude de la sismicité instrumentale et historique . . . . . . . . . . . . . . 237
7.3.2 Analyse morphotectonique régionale des marqueurs morphologiques le
long du Front Sud Rifain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
7.3.3 Analyse morphotectonique locale des marqueurs morphologiques le long
du Front Sud Rifain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
7.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
TABLE DES MATIÈRES xi

8 Discussion et Conclusion 269


8.1 Discussion sur les stratégies d’échantillonnage et les méthodes de datation : Ap-
plication à la chaine du Rif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270
8.2 Vitesses géologiques vs vitesses géodésiques : âge et localisation de la déformation 273
8.3 Implications géodynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
8.4 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283

References 285

A Active tectonics of the Northern Rif (Morocco) from geomorphic and geo-
chronological data 317
Table des figures

1.1 Données de sismicité sur la période 1980-2009, d’après la base de données de


l’USGS. La profondeur des séismes est donnée grâce à l’échelle de couleurs. On
remarque que la sismicité est essentiellement localisée sur les domaines inter-
plaques. Le carré noir localise la région étudiée au cours de cette thèse (la chaîne
du Rif au Maroc), située dans la zone de limite des plaques Afrique/Eurasie. . . 2
1.2 Carte de la sismicité instrumentale depuis les années 2000 pour des magnitudes
comprises entre 3 et 7 dans la région de la Méditerranée Occidentale. Les pro-
fondeurs des séismes sont données par les couleurs (d’après Palano et al., 2012)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

2.1 Localisation et représentation sur une carte des reliefs de la zone Rif-Bétiques-
Alboran et son intégration dans le cadre géodynamique de convergence des
plaques. La géométrie de la limite de plaques au niveau du détroit de Gibral-
tar est mal connue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Cadre tectonique actuel de la Méditerranée montrant les bassins d’extension néo-
gènes et les fronts de chevauchement des chaines alpines. GA = Arc de Gibraltar,
AA = Arc Egéen, TA = Arc Tyrrhénien (modifié d’après Comas et Platt, 1999) 12
2.3 Reconstitutions cinématiques du domaine Méditerranéen depuis 150 Ma au Qua-
ternaire vus en cartes (modifié d’après Rosenbaum et al., 2002) . . . . . . . . . . 14
2.4 Modèle d’évolution géodynamique de l’arc de Gibraltar du Jurassique au Miocène
moyen vu en coupes (d’après Michard et al., 2002) . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.5 (a) Retrait du slab vers l’Ouest et (b) bloc 3D interprétatif des données tomo-
graphiques en Méditerranée Occidentale (Spakman et Wortel, 2004). (c) Modèle
3D de la subduction sous Gibraltar interprété à partir des données géochimiques
(Duggen et al., 2005), notons les remontées asthénosphériques qui expliqueraient
le soulèvement des chaines Rif-Bétiques. (d) Modèle 3D du déchirement du slab
lors du retrait vers l’Ouest de la subduction sous Alboran (Jolivet et al., 2006). . 16
2.6 Evolution du champ de contrainte dans le Rif et les Atlas depuis le Paléocéne
(d’après Ait Brahim et al, 2002). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.7 Vues en cartes et en coupe de la tomographie sismique dans la région Rif-Bétiques-
Alboran(d’après Bonnin et al., 2014) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
xiv TABLE DES FIGURES

2.8 Les quatre modèles géodynamiques proposés dans la littérature pour expliquer
les observations géologiques dans la zone de la mer d’Alboran (modifié d’après
Andrieux et al., 1971 ; Calvert et al., 2000 ; Gutscher, 2004 ; Seber et al., 1996). Le
modèle A est celui proposé par Andrieux (1971) où il évoque une collision simple
de la plaque Alboran sur les plaques Afr/Eur. Le modèle B (Gutscher, 2004) fait
intervenir une subduction à pendage Est et un phénomène de roll-back ou une
rupture du slab. Le modèle C suggère une délamination du manteau lithosphérique
par convection (Seber et al., 1996). Le modèle D propose une délamination par
traction du slab océanique (Fadil et al., 2006) (voir le texte pour plus de détails). 21

2.9 Carte de la sismicité le long de la limite de plaques Afrique/Eurasie (modifié


d’après Serpelloni et al., 2007).GB=Banc de Goringe. . . . . . . . . . . . . . . . 23

2.10 (a) Sismicité de la zone Rif-Bétique (catalogue NEIC, 3<Mw<6.5) et les trois fron-
tières de plaques Afrique/Eurasie proposées : en rouge (Klitgord and Schouten,
1986), en vert (Bird, 2003) et en bleu (Gutscher, 2004). Les failles sont cartogra-
phiées en noir, les mécanismes au foyer en rouge (d’après Vernant et al., 2010).
(b) Représentation des mécanismes aux foyers sur la zone Rif-Bétique et (c) des
régimes de déformation obtenus par inversion des tenseurs de moments sismiques
pour la période 2002-2005 (d’après Stich et al., 2006). . . . . . . . . . . . . . . . 25

2.11 Modèle Numérique de Terrain de la région Rif-Bétiques sur lequel sont reportés
le champ de vitesse GPS (flèches rouges) dans le référentiel Afrique et les séismes
destructeurs des 60 dernières années (étoile jaune). Le taux de convergence entre
les deux plaques est de 4.3 ± 0.5 mm/an et le mouvement du Rif est de 5.4 ± 1.5
mm/an. Localisation des profils présentés dans la Figure 2.12. . . . . . . . . . . 26

2.12 Profils de vitesse (1 et 2) à travers la zone Alboran (voir Figure 11 pour l’empla-
cement des profils). (a) et (d) Vitesses et incertitudes à 1sigma projetées le long
de la direction de convergence des plaques (perpendiculaire aux profils). (b) et (e)
Vitesses et incertitudes à 1sigma projetées perpendiculairement à la direction de
convergence (parallèle aux profils). La déformation intersismique calculée pour les
différentes hypothèses de frontière de plaques est indiquée par les courbes en cou-
leurs (voir Figure 2.10a pour les correspondances des couleurs). Les courbes roses
correspondent au modèle cinématique optimum incluant un bloc Rif-Alboran. (c)
et (f) Coupes topographiques et lithosphériques interprétatives. LM=manteau li-
thosphérique, OC=croute océanique, LVA=anomalie sismique faible vitesse (Ver-
nant et al., 2010). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
TABLE DES FIGURES xv

2.13 (a) Carte tectonique de la région Rif-Alboran-Bétiques où sont reportées les struc-
tures actives onshore et offshore (Pedrera et al., 2011). Notons la faible quantité de
structures actives reportées dans le Rif liée au manque de données de tectonique
active (Quaternaire récent) dans cette région. (b) Carte de tectonique néogène du
Rif (Meghraoui et al., 1996). (c) Carte de tectonique active des Bétiques (Reicher-
ter and Peters, 2005). (d) Carte de tectonique active de la mer d’Alboran (d’après
Mauffret et al., 2007). (e) Carte des profondeurs de la mer d’Alboran construite
à partir des données acoustiques (d’après Mauffret et al., 2007). . . . . . . . . . 32

2.14 Carte des mouvements récents du Rif où sont reportées les structures actives.
Les courbes de niveau colorées correspondent aux isohypses de la topographie
tortonienne montrant les zones anciennement immergées (d’après Morel, 1992) . 36

2.15 Paysage de "badlands" rencontré dans la chaine du Rif . . . . . . . . . . . . . . 37

2.16 Carte géologique et structurale générale du Rif (Maroc) (les structures sont tracées
d’après Meghraoui et al. (1996), Aıt Brahim et al. (1990), Morel (1987), Poujol
et al. (2014)). Les rectangles rouges sur la carte géologique localisent les zones
étudiées pendant mon travail de recherche. NF = Faille Nekor, JF = Faille Jebha. 39

2.17 Coupes géologiques simplifiées de la chaine Bétiques (en haut) et du Rif (en bas,
selon le profil dessiné sur la carte précédente)(d’après Michard et al, 2002). Notons,
dans le Rif, l’empilement des nappes de chevauchement vers le Sud-Sud-Est. . . 40

3.1 (en haut) Les modèles théoriques de fonctionnement des failles (modifié d’après
Shimazaki and Nakata, 1980). (en bas) Les trois modèles de glissement le long
d’une faille (modifié d’après Schwartz and Coppersmith, 1984). . . . . . . . . . . 45

3.2 Méthode d’acquisition des couples de photos aériennes : deux photos de la même
zone sont prises avec un intervalle de temps court et donc un angle de prise de
vue différents permettant un recouvrement d’au moins 60%. Les lunettes stéréo-
scopiques permettent une vision 3D à partir d’un couple de photos aériennes. . . 47

3.3 (En haut) Exemple de déformation rencontrée le long des failles normales qua-
ternaires (Motoki et al., 2008) et (en bas) le long de décrochement (éd. « Active
fault of Japan », Research Group of Active Fault of Japan, 1991). . . . . . . . . 49

3.4 Exemple de reconstruction de l’histoire des dépôts de cônes alluviaux et de l’éro-


sion en rapport avec le fonctionnement de la faille décrochante de Bogd (d’après
Ritz et al., (1995)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
xvi TABLE DES FIGURES

3.5 Bloc diagramme d’une faille décrochante dextre décalant des incisions et des lignes
de crêtes (modifié d’après Christiansen (1995)). Les deux méthodes de mesure
des décalages horizontaux de drains sont reportées en vert. (1) Mesure par profils
perpendiculaire à l’axe du drain, (2) Mesure par projection parallèle à l’axe du
drain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

3.6 Les différentes configuration de terrasses alluviales (modifié d’après Burbank and
Anderson (2011)). (a) Profils des terrasses d’aggradation et de dégradation, (b)
Profils montrant une séquence complexe de terrasse d’aggradation et de dégradation. 52

3.7 Exemple d’une terrasse alluviale déposée contre la faille et ré-utilisée comme res-
tanque pour l’agriculture (site de Trougout, région d’Al-Hoceima). Les flèches
indiquent la trace de la faille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

3.8 Schéma représentant l’évolution morphotectonique de la Bitut Valley (Mongolie)


durant le Pléistocène inf.-Holocène (d’après Vassallo et al (2007)). Les profils de
rivière et les blocs 3D associés montrent une alternance de phases de dépôts et
d’incision dans un cône alluvial liés d’une part à la tectonique et d’autre part aux
pulsations climatiques globaux (transition glaciaire/interglaciaire). . . . . . . . . 53

3.9 Schéma représentant les deux types de morphologie de terrasse marine. L’une
est recouvert uniquement de dépôts continentaux postérieurs à la formation de
la terrasse (appelée terrasse d’abrasion), l’autre est recouverte de dépôt marins
contemporains puis continentaux postérieurs à la formation de la terrasse (appelée
terrasse de dépôt) (d’après (Saillard, 2008). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

3.10 Photographie du massif du Ras Tarf (Rif) montrant la succession de deux terrasses
marines étagées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

3.11 Les deux types de terrasses rencontrées sur les côtes nord-marocaines (en bas)
et leur morphologie associée (en haut, dessins modifiés d’après Pedoja, 2003).
(à gauche) La terrasse marine est en cours de formation et est composée d’une
encoche à son sommet et d’un platier en cours de construction. (à droite) La
terrasse est très étroite et caractérisée par un éperon rocheux émergé et des éboulis
en pied de falaise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

3.12 Profil de concentration d’isotopes cosmogéniques accumulés le long d’un escarpe-


ment de faille (Palumbo et al., 2004). Les datations cosmogéniques mettent en
évidence la trace de trois déplacements co-sismiques le long de la faille. A partir
des âges calculés pour chaque profil, il est possible d’estimer le temps de récurrence
des séismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
TABLE DES FIGURES xvii

3.13 Photographies des différentes stratégies d’échantillonnage. (a) Profil le long d’un
plan de faille normale de petite taille (échantillonnage chaque 10 à 50 cm), (b)
Profil au sein d’un cône alluvial (un pas d’échantillonnage de 25 à 50cm), (c) Profil
le long d’un plan de faille normale-décrochante de grande taille (échantillonnage
sur corde nécessaire et collecte tous les 50 cm à 1m), (d) Profil le long d’un plan
de faille décrochante de grande taille (échantillonnage sur corde nécessaire), (e)
Outil pour l’échantillonnage s’étant avéré peu adapté, (f) Collecte d’amalgames
de surface sur une terrasse alluviale (∼50 échantillons de ∼5 à 10 cm de diamètre
sur l’ensemble de la surface morphologique). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

3.14 Schéma montrant le processus de bombardement cosmique sur les atomes de l’at-
10
mosphère puis la production de Be in situ dans les minéraux de quartz sur les
2-3 premiers mètres de la surface de la Terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

3.15 Exemple de distribution de la concentration en 10 Be en fonction de la profondeur


(Rizza et al., 2011). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

3.16 Evolution théorique des concentrations en 10 Be en fonction des temps d’exposition


et des taux d’érosion (Brown et al., 1991). Le palier matérialise l’état d’équilibre
entre gain et perte pour une érosion donnée. Plus le taux d’érosion est élevé, plus
vite est atteint l’état d’équilibre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
14
3.17 (en haut) Schéma représentant le phénomène de décroissance radioactive du C
dans un organisme après sa mort. La courbe orange indique la décroissance du 14 C
14
après la mort de l’organisme, la courbe bleue représente la variation du C dans
14
l’atmosphère au cours du temps, la courbe verte correspond à la teneur en C
dans l’organisme avant sa mort. (en bas) Comparaison de la courbe de calibration
14
du C de l’atmosphère avec la courbe gaussienne de l’âge radiocarbone non-
corrigé pour l’estimation de l’âge calibré (tiré du site internet du Poznańskie
Laboratorium Radiowęglowe). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

3.18 Répartition et sources de l’Hélium dans un minéral mafique exposé aux rayonne-
ments cosmiques (Blard and Farley, 2008). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

3.19 Compilation des taux de production mesurés pour 3 He dans les olivines, pyroxènes
et couple Ol+Px (Goehring et al., 2010). On remarque que ce taux de production
pour le pyroxène varie entre 89 et 141 at/g/an. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

3.20 Principe de stockage et de perte d’énergie au sein d’un sédiment au cours du temps
utilisé pour la datation OSL. A chaque enfouissement, le sédiment se charge en
énergie et à chaque exhumation, il se décharge ou blanchit. . . . . . . . . . . . . 75
xviii TABLE DES FIGURES

4.1 (a) Carte géologique et structurale des failles considérées actives et stéréogrammes
associés de la région d’Al-Hoceima reportés sur le MNT SPOT5 (les failles sont
reportées d’après Aıt Brahim et al. (1990), El Alami et al. (1998) et Poujol et
al. (2014)). Le rectangle noir localise la figure b, le trait rouge localise le profil
gravimétrique en figure c. (b) Carte géologique et structurale montrant la struc-
turation « en damier » du horst d’Al-Hoceima (d’après Azzouz et al. (2002)). (c)
Profil gravimétrique réalisé à travers la baie de Souani (localisation en figure a)
et interprétation des structures et couches observées (d’après Galindo-Zaldivar et
al. (2009)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

4.2 (a) Zones de déformation récente, structures actives et modèle explicatif pour la
formation du réseau de failles décrochantes observées dans la région d’Al-Hoceima
(d’après Calvert et al., 1997). Les auteurs suggèrent que le mouvement décrochant
des deux failles majeures (Jebha, à terre, et la ride d’Alboran, en mer) est res-
ponsable de la mise en place du réseau de failles décrochantes conjuguées d’Al-
Hoceima, en relation avec la sismicité. Les mécanismes au foyer de grands séismes
et les directions des contraintes principales sont reportés le long de la marge afri-
caine. Les carrés noirs localisent les cartes bathymétriques présentées au-dessous.
(b) Carte bathymétrique de la zone située au large de la faille de Trougout. (c)
Carte bathymétrique de la zone située au large de la péninsule d’Al-Hoceima fai-
sant apparaitre l’escarpement de la faille de Bokkoya. (d) Carte bathymétrique
de la zone située au large de la faille de Bousekkour-Aghbal. (e) Carte structurale
des failles actives à terre et en mer dans la région d’Al-Hoceima. La flèche rouge
indique le mouvement vers le SSW du bloc Rif d’après les données GPS. Le champ
de contrainte est également reporté sur la carte (flèches noires et blanches). (f)
Coupe structurale interprétative de la baie d’Al-Hoceima montrant une structure
« en fleur ». Les figures b, c, d, e, f sont tirées de d’ Acremont et al, (2014). . . . 83

4.3 (a) Carte géologique de la région d’Al-Hoceima sur laquelle sont reportés les mé-
canismes au foyer et les fissures de surface associés au séisme de 2004 (24/02,
Mw∼6.4)(Ait Brahim et al., 2004). Un modèle de déformation est proposé par les
auteurs pour expliquer la cinématique des fissures de surface observées. (b) Méca-
nismes au foyer du séisme d’Al-Hoceima de 2004 reportés sur la carte structurale
(Stich et al., 2005). (c) Carte d’intensité liée au séisme de 2004 (Ait Brahim et al.,
2004). (d) Photos des déformations de surface observées après le séisme de 2004
(Jabour et al., 2004). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
TABLE DES FIGURES xix

4.4 (a) Carte de répartition des répliques suite au séisme de 2004, Al-Hoceima. (b)
Représentation des mécanismes au foyer par zones de distribution des répliques
autour de la baie d’Al-Hoceima. Notons la présence majoritaire de mécanismes en
décrochement pur sur le massif de Bokkoya (NW) et sur les bordures du bassin
de Nekor. Quelques mécanismes de faille normale apparaissent sur la bordure
Centre-Est du bassin de Nekor. (c) Les deux modèles explicatifs du séisme de
2004 proposés pour expliquer la distribution des mécanismes au foyer. D’après
Van Der Woerd et al. (2014). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

4.5 Modèle Numérique de Terrain sur lequel les vecteurs vitesses GPS de la zone du
Ras Tarf ont été reportés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

4.6 Carte de la sismicité instrumentale, historique et mécanismes au foyer (d’après


Meghraoui et al, 1996) dans la région d’Al-Hoceima/RasTarf. Les deux derniers
séismes destructeurs d’Al-Hoceima sont reportés en rouge (1994 et 2004). Le rec-
tangle bleu localise la zone d’étude présentée dans ce chapitre, le rectangle vert
localise la zone d’étude présentée dans le chapitre 5 . . . . . . . . . . . . . . . . 95

4.7 MNT SPOT5 (à gauche) et carte géologique (à droite) de la région d’Al-Hoceima


incluant les structures actives et les stéréogrammes des plans de failles et des
stries. Les failles en rouge sont celles qui ont été étudiées au cours de ce travail
de recherche. Les triangles verts indiquent les massifs montagneux. . . . . . . . 97

4.8 (a) MNT SPOT de la faille de Trougout sur le bord Ouest du massif de Ras Tarf.
La flèche indique la direction de prise de vue de la figure b, le rectangle noir indique
la localisation de la Figure 4.9. (b) Panorama photo et schéma interprétatif de la
faille de Trougout. Les traits rouges soulignent les facettes triangulaires associées
au déplacement de la faille, les flèches noires indiquent l’emplacement de la faille. 98

4.9 (a) Photo aérienne de la faille de Trougout sur le bord Ouest du massif de Ras Tarf
(à gauche) et interprétation morphotectonique associée (à droite). Les triangles
noirs indiquent les segments de faille, les flèches noires montrent les drains décalés
en sénestre. Les cônes alluviaux principaux sont représentés en gris, les hachures
montrent les facettes de failles et indiquent le sens de glissement de la faille. (b)
Photo de terrain prise du Nord montrant le site de El Hadid et la continuité Sud
de la faille de Trougout. Les flèches blanches indiquent la base de l’escarpement
de faille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
xx TABLE DES FIGURES

4.10 Photos de terrain de la faille de Trougout affectant les terrasses alluviales qua-
ternaires. Les triangles blancs indiquent la base de l’escarpement de faille (A).
Les ronds blancs indiquent le sommet des talus de terrasses de la plus jeune à la
plus vieille (T1 à T3 et F1)(A et D). Les cercles noirs indiquent les points repères
des marqueurs utilisés pour l’estimation des décalages le long de la faille (D). La
flèche blanche montre le vecteur glissement de la faille (A). Le cercle blanc donne
l’échelle (A). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

4.11 Schéma interprétatif des dépôts de terrasses alluviales le long de la faille de Trougout.102

4.12 (a) MNT (0.5m), avec des contours de 1m, de la faille de Trougout, des terrasses
et du cône alluviaux (T1, T2, T3 et F1). Le tracé noir gradué indique la faille,
les traits noirs indiquent les profils topographiques visibles sur la figure (c). En
haut à droite : carte des pentes de l’escarpement de faille. Les marqueurs utilisés
pour mesurer les décalages sont indiqués en pointillés et correspondent au sommet
des talus T2-T3 B, T3-F1 A et à l’axe du drain actuel O et ancien O’. (b) Bloc
3D construit à partir du MNT (0.5m) de l’escarpement de faille et des surfaces
alluviales observées. (c) Profils topographiques à travers l’escarpement de faille
montrant les décalages verticaux minimums des surfaces alluviales. . . . . . . . . 103

4.13 (a) Soil pit de 2m de profondeur creusé dans le cône alluvial F1 pour un échan-
tillonnage de basaltes et de grès en vue de datations cosmogéniques. Notons que
le soil pit a été creusé 1 m en-dessous de la surface du cône. La surface du cône
a été échantillonnée à part. (b) Colonne stratigraphique du profil échantillonné.
Les échantillons ont été récoltés à 0 m dans les dépôts argilo-sableux et à 2 m de
profondeur dans les dépôts sableux (bandes rouges). La stratigraphie montre une
évolution normale des dépôts depuis la profondeur jusqu’en surface. (c) Surface
du cône F1 recouverte par endroits de galets de basaltes/andésites échantillon-
nés pour la datation 3 He. (d) Préparation et retaille des échantillons de grès
quartzitique. (e) Lit actuel de la rivière échantillonné pour estimer l’héritage. (f)
Echantillonnage d’une ravine dans la terrasse T3. . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

10
4.14 Profils en profondeur réalisés dans le cône F1 pour les concentrations en Be
et en 3 He. Le profil 10
Be semble cohérent tandis que le profil 3 He montre une
augmentation de la concentration en profondeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
TABLE DES FIGURES xxi

4.15 Bloc 3D réalisé à partir d’orthophotos (logiciel Photoscan#),


R coupe topogra-
phique le long de la strie et photos du plan de faille de Trougout (les points rouges
situent les échantillons). Notons l’irrégularité du plan de faille dû à l’érosion. Le
mètre ruban posé sur l’escarpement, parallèle à la direction des stries a servi de
profil de référence lors de la collecte des échantillons. La coupe topographique
s’arrête à 10m mais les échantillons ont été collectés jusqu’à ∼13m. . . . . . . . 109

4.16 (à gauche) Photo du plan de faille échantillonné sur les 4 premiers mètres. (à
droite) Profil de concentration 3 He cosmogénique de la surface du plan de faille.
Les échantillons en clair sont considérés comme des valeurs aberrantes et ne sont
pas pris en compte dans les calculs. Les bandes grises représentent les paliers
topographiques observés sur le plan de faille (Figure 4.15). . . . . . . . . . . . . 111

4.17 Profils d’âge d’exposition de la surface du plan de faille avec deux taux d’érosion
différents. Les points noirs correspondent à la concentration sans taux d’érosion,
les figurés rouges et oranges correspondent à la concentration avec érosion (29
m/Ma et 53 m/Ma). Les bandes grises représentent les paliers topographiques
observés sur le plan de faille. Plus la concentration des échantillons est élevée,
plus l’effet de l’érosion est important. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

4.18 Photo de l’escarpement de faille de Trougout prise du Nord. Notons la stratifica-


tion sub-verticale des dépôts de bréches. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

4.19 (a) Image GoogleEarth de la faille de Trougout au pied des reliefs localisant les
deux zones d’étude (El Hadid et Figuier). Les flèches vides localisent les photos, les
flèches pleines soulignent la faille. (b, c, d) Photos de l’escarpement de faille prises
du NE, de l’Ouest et du Nord, respectivement. Les flèches blanches localisent
la base de l’escarpement. Notons la faible signature de l’escarpement dans la
morphologie due à une forte activité anthropique (champs en culture sur le dépôt
alluvial au pied de la faille). (e) Photo montrant le décalage horizontal du dépôt
de cône (F0) visible dans la rivière. (f) Photo montrant le décalage vertical du
dépôt de cône. (g) Photo d’affleurement montrant la forte incision dans les dépôts
alluviaux lités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
xxii TABLE DES FIGURES

4.20 Schémas interprétatif de l’évolution du chenal recoupé par la faille de Trougout.


Le cône alluvial (F0) se dépose, puis est incisée de part et d’autre de la faille (e.g.
effet climatique, tectonique ?). Puis la faille joue et décale le chenal. Sur le bloc
supérieur surélevé, les dépôts alluviaux commencent à s’éroder tandis que le drain
s’incise. La faille continue à se déplacer, l’érosion et l’incision sur le bloc supérieur
se renforcent entrainant des dépôts de pente au pied de l’escarpement, tandis que
sur le bloc inférieur le drain alterne les phases d’érosion et de dépôt créant ainsi
une succession de méandres. Une terrasse (T0) se dépose dans la zone concave du
méandre (en jaune sur la figure). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

4.21 MNT (0.5m précision) du site des Figuiers le long de la faille de Trougout. Les
traits blancs marquent le sommet du talus d’incision, les traits noirs numérotés lo-
calisent les profils topographiques en (c). Les points repères A et B correspondent
respectivement au sommet du talus et à l’axe du drain reportés sur la faille, pour
le bloc supérieur de la faille. Les points repères A’ et B’ correspondent respecti-
vement au sommet du talus et à l’axe du drain reportés sur la faille, pour le bloc
inférieur de la faille. (b) Bloc 3D, construit à partir du MNT (0.5m précision), de
l’escarpement de faille et de la surface alluviale décalée par la faille. (c) Profils
topographiques à travers la faille estimant les rejets verticaux. . . . . . . . . . . 117

4.22 (a) Photo du cône F0 affecté par la faille. La surface a été échantillonnée avec un
amalgame de ∼50 galets de basaltes/andésites. (b) Photo des galets échantillonnés
sur la surface de F0. (c) Photo du lit actuel de l’oued échantillonné en surface. . 119

4.23 (a) Vue d’ensemble du site de Trougout Figuier. Les triangles noirs localisent la
base de l’escarpement de faille, les flèches blanches localisent les photos (b, c,
d). (b) Photo d’affleurement de la terrasse T0 non déformée où sont localisés les
échantillons de charbons collectés. Les triangles noirs localisent la base de l’es-
carpement. (c) Photo d’affleurement du cône F0 où sont localisés les échantillons
de charbons collectés. (d) Photo d’affleurement de plusieurs dépôt de colluvions
postérieurs au dépôt du cône F0, déposés à la base de l’escarpement de faille. . . 120

4.24 (a) Photo panoramique de la faille de Trougout affectant des dépôts de colluvions
au niveau de son extrémité Nord. La flèche noire indique un escarpement de
∼30cm dans les colluvions visible au contact de la faille. (b et c) Photos du
contact entre la faille et les colluvions. (d) Photo d’une faille secondaire affectant
les coulées andésitiques massives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
TABLE DES FIGURES xxiii

4.25 Failles secondaires observées à l’extrémité Sud du graben triangulaire de la baie


d’Al-Hoceima, entre les failles de Trougout et Bou Haddad, en rive gauche du
Nekor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
4.26 (a) Image GoogleEarth de la faille de Bou Haddad au niveau du village de Bou
Haddad (N35.008137˚, W3.776283˚). Les flèches soulignent l’escarpement de
faille. Notons les incisions profondes sur le versant Est. (b) Photo aérienne et
interprétation géomorphologique de la faille. Les triangles indiquent la faille, le
carré noir localise la Figure 4.27. (c) Vue générale du site et coupe topographique
de l’escarpement cumulé AA’. (d) Photo de l’escarpement de faille montrant un
décalage vertical de ∼50 cm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.27 (a) Photo de l’escarpement de faille recouvert par la végétation. (b) Vue 3D du
MNT (1m resolution) de l’escarpement de faille et coupe topographique indiquant
un rejet de vertical de 5.1 ± 1.4 m. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
4.28 (a) Image GoogleEarth de la péninsule d’Al-Hoceima sur laquelle sont reportées
les failles de Boujibar et d’Ajdir. Le rectangle localise la photo aérienne en (c).
(b) Photo des facettes triangulaires vue de côté, observées le long de la faille de
Boujibar. (c) Photo aérienne et interprétation géomorphologique de la faille de
Boujibar. Le tracé A-A’ localise la coupe topographique (située au-dessus) du
graben d’Al-Hoceima, l’étoile localise l’escarpement de faille cité dans le texte, les
facettes triangulaires sont représentées sur la photo-interprétation en traits pleins
parallèles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.29 (a) Photo de l’escarpement de faille de Boujibar mettant en contact des calcaires
(bedrock) et des colluvions. La faille se situe au niveau de la rupture de pente. (b)
Agrandissement photo de la faille de Boujibar affleurant au fond d’un thalweg. Les
flèches rouges localisent la zone de faille. (c) Photos de l’escarpement de la faille
de Boujibar construit dans les calcaires et faille antithétique secondaire associée.
Le schéma illustre la présence de la brèche au contact de ces deux failles (voir
texte pour détails). (d) Photos de l’escarpement de la faille bordant le graben
au NE d’Al-Hoceima. Les flèches rouges indiquent le contact entre la faille et les
colluvions, les flèches noires marquent la base de l’escarpement de faille. . . . . . 128
4.30 (a) Photo du plan de faille échantillonné. (b) Photo de l’escarpement de faille . . 129
4.31 Distribution des concentrations en 36 Cl sur un profil vertical le long de la faille de
Boujibar. La profondeur 0 correspond au sommet de l’escarpement, c’est-à-dire à
la partie du plan de faille mise à l’exposition en premier. Les incertitudes sur les
concentrations sont données pour chaque échantillon. . . . . . . . . . . . . . . . 130
xxiv TABLE DES FIGURES

4.32 (a) Carte géologique de Rouadi (Choubert, 1984) plaquée sur le MNT SPOT. Les
traits noirs localisent les traits de coupes. (b) Profils topographiques de l’escar-
pement de faille. Notons la dépression à l’Est de la faille visible sur les profils
topographiques correspondant à un bassin d’effondrement rempli de dépôts qua-
ternaires s’étendant au Sud-Est. (c) Photo aérienne (1 :30,000) de la faille de
Rouadi et interprétation géomorphologique. Les flèches blanches sur la photo aé-
rienne montrent le décalage senestre des drains le long de la faille. . . . . . . . . 132

4.33 (a) Photo de terrain de la faille de Rouadi prise de l’ESE. (b) Photo de l’escar-
pement de faille. Notons la présence des facettes triangulaires séparées par des
drains incisés dans des cônes de déjection (les flèches noires indiquent la faille).
(c) Agrandissements photographiques des drains recoupés par la faille. Notons
l’escarpement, dans l’alignement de la faille, qui affecte les cônes (flèches noires).
(d) Photo du plan de faille. (e) Colluvions affectées par la faille visible sur le talus
d’un thalweg (flèches rouges). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

4.34 (a), (b) Photos de l’échantillonnage du plan de faille de Rouadi. Notons la présence
des dépôts de colluvions sur l’escarpement de faille (en b). . . . . . . . . . . . . 134

4.35 Distribution des concentrations en 36 Cl sur un profil vertical le long de la faille de


Rouadi. La profondeur 0 correspond au sommet de l’escarpement, c’est-à-dire à
la partie du plan de faille mise à l’exposition en premier. Les incertitudes sur les
concentrations sont données pour chaque échantillon. . . . . . . . . . . . . . . . 135

4.36 (en haut) Carte synthétique des failles actives de la région d’Al-Hoceima avec
le vecteur vitesse GPS reporté en pointillé et les vitesses de glissement obtenues
sur les failles actives par morphotectonique lors de notre étude. Les vitesses de
glissement horizontales sont indiquées en bleu, les vitesses verticales en noir. (en
bas) Schéma explicatif du relais extensif de la baie d’Al-Hoceima vues en plan et
en coupe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

5.1 Carte des ensembles volcaniques de la Méditerranée Occidentale (modifié d’après


Duggen et al., 2008). Notre zone d’étude est encadrée en rouge. . . . . . . . . . 143

5.2 Les différents modèles géodynamiques pour expliquer la mise en place du volca-
nisme mio-pliocène en Méditerranée Occidental ( d’après C. Maury et al (2000) ;
Duggen et al (2008) ; Piqué et al (1998)). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
TABLE DES FIGURES xxv

5.3 . Carte géologique du massif de Ras Tarf. Les failles sont reportées d’après
Galindo-Zaldivar et al (2009) et Poujol et al (2014). La zone contournée cor-
respond à la figure 5.5. Le Néogène de la carte correspond au Messinien dans le
texte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

5.4 Carte géologique détaillée de l’édifice volcanique de Ras Tarf (d’après Bourdier,
1986).1 : socle ; 2 : brèches volcaniques ; 3 : intrusions dans les brèches ; 4 : coulées
terminales de Trougout ; 5 : sédiments néogènes. Les dépôts Quaternaires ne sont
pas représentés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148

5.5 Extrait de la carte géologique au 1/50,000 de Boudinar (modifié d’après Choubert


et al, 1984) représentant les dépôts de terrasses marines le long du littoral. La
nomenclature donnée dans la légende correspond aux niveaux de transgressions
marines marocaines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

5.6 Modèle Numérique de Terrain sur lequel les vecteurs vitesses GPS de la zone du
Ras Tarf ont été reportés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

5.7 Localisation et altitude de la terrasse marine la plus basse (considérée comme


datant du MIS 5e) déposée le long du littoral en Méditerranée Occidentale et
vitesse de soulèvement de ces terrasses en fonction de leur localisation en longitude
(modifié d’après Morel et Meghraoui, 1996 et El-Kadiri et al, 2010). Les triangles
colorés correspondent aux terrasses situées dans le Rif, les triangles noirs aux
terrasses situées en Algérie (en dehors de la carte). . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5.8 Photo aérienne et schéma interprétatif plaqué sur le MNT de la faille de Boudinar.159

5.9 (a) Image satellite (http://www.flashearth.com/) et profils le long du littoral


méditerranéen entre le Ras Tarf et Melilla. Les coupes topographiques font ap-
paraitre une diminution d’altitude, d’Ouest en Est, de la terrasse marine la plus
basse (b) Image GoogleEarth du Ras Tarf vue du NE où sont localisées les trois
terrasses marines (Tr1 à Tr3), (c) MNT Pléiade (4m de résolution) du Ras Tarf
et coupe N-S perpendiculaire aux surfaces marines, (d) cartographie des trois ter-
rasses marines (Tr1 à Tr3) superposée à la photo aérienne du cap de RasTarf. Le
trait pointillé noir correspond à la terminaison de la faille de Boudinar. . . . . . 161

5.10 Levé topographique et photos de terrains des affleurements étudiés de la faille de


Boudinar. Notons qu’à l’extrémité Nord de la faille, elle est scellée par les dépôts
de la terrasse marine Tr3 témoignant de son inactivité actuelle. . . . . . . . . . . 163
xxvi TABLE DES FIGURES

5.11 (a) Image satellite de la péninsule d’Al-Hoceima sur laquelle sont localisées les
photos d’affleurement (b, c, d, e, f) des trois terrasses marines (Ta0, Ta1, Ta2)
décrites dans notre étude. Les cercles entourant des personnes donnent l’échelle
de la photo. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164

5.12 Vues d’ensemble de la terrasse marine Tr1 à 12 m d’altitude sur le cap du RasTarf.
Les coquilles marines et les coraux ont été échantillonnés pour les datations par
la série de désintégration U/Th. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166

5.13 (a) Affleurement de la terrasse marine Tr2 (22m) le long de la route du littoral sur
le cap du Rastarf. La ligne pointillée indique le sommet de la terrasse. 1,2 : photos
de débris de coquilles visibles dans la terrasse Tr2. (b) Photo de la terrasse marine
Tr3 (80m). Les pointillés indiquent le sommet de la terrasse, le carré localise la
figure (c). (c, d) Photo des dépôts et coquilles remaniées au sommet de la terrasse
Tr3. (e, f) Photos de la terrasse Tr4 (141m) et les dépôts de coquilles marines
associées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168

5.14 (a) Image satellite de la pointe Nord du RasTarf sur laquelle sont représentées les
marqueurs morphologiques observés sur le terrain. (b) Photo montrant la terrasse
alluviale perchée au premier plan et la terrasse marine Tr1 en contrebas. Un
agrandissement du dépôt de la surface alluviale montre un conglomérat constitué
de galets de basalte/andésite et grés. (c) Photo de la terrasse alluviale perchée et
de l’oued actif associé (Ighzer Azemmour). (d) Coupes topographiques (localisées
en (a)) montrant d’une part l’empilement des marqueurs marins et fluviaux le
long de la pente et d’autre part la différence d’altitude de ∼35m entre ces deux
surfaces. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

5.15 Photo des surfaces morphologiques observées au Nord du massif du Rastarf et


méthodes de datation mises en œuvre pour chacune. . . . . . . . . . . . . . . . . 170

5.16 (a, b) Photos d’ensemble de la côte entre Al-Hoceima et Nador montrant des
vallées « perchées » de ∼25m au-dessus du niveau marin (flèches noires). (c)
Photo d’un drain « perché » fortement incisé, surmonté par une surface sub-
horizontale interprétée comme une surface morphologique à ∼40m (indiquée par
les traits noirs). (d) Dépôts épais de colluvions fortement incisés retrouvés dans
l’oued « perché ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

5.17 Courbe eustatique de fluctuation du niveau marin global depuis 500ka avec son in-
certitude à 1 sigma (modifié d’après Bintanja et al (2005)). Les stades isotopiques
sont indiqués au-dessus des pics de transgression. . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
TABLE DES FIGURES xxvii

5.18 (a) Données de la basse (12m) et de la haute (80m) terrasse reportées sur un dia-
gramme (230 Th/238 U)-(234 U/238 U). Les quatre courbes correspondantes aux rap-
ports initiaux (234 U/238 U) de 1.15 (eau de mer), 1.5, 2, 2.5 ainsi que les isochrones
sont reportés sur le diagramme. Les ellipses en gris clairs correspondent aux don-
nées de la terrasse à 80m et celles en gris foncés à la terrasse de 12m. Les ellipses
vides correspondent aux âges considérés comme incohérents. (b) Illustration sché-
matique du cas où la terrasse plus jeune (Tr2) se trouve plus haute en altitude
que la terrasse plus vieille (Tr1)(voir les discussions dans le texte). (c) Evolution
des taux de surrection (mm/an) en fonction du temps dans le massif du RasTarf.
Les barres d’erreur en abscisse correspondent à la durée approximative des trans-
gressions successives, celles en ordonnée correspondent aux incertitudes liées à la
courbe du niveau marin (Bintanja et al., 2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174

5.19 Photos des dépôts de surface prélevés sur la terrasse marine Tr1 en vue des data-
tions 10 Be et 3 He (quartzite et basaltes/andésites). Les amalgames échantillonnés
contiennent ∼50 galets de même lithologie et de même diamètre. . . . . . . . . . 178

5.20 Schéma simplifié des marqueurs morphologiques et de leurs âges, estimés avec
l’ensemble des méthodes de datation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

5.21 Schémas interprétatifs des différents processus d’érosion et de dépôt associés à la


surrection du massif du RasTarf d’après les modèles proposés 2 (a) et 2 (b) (voir
texte pour plus de détails). En rouge, sont indiquées les altitudes des transgres-
sions marines par rapport au niveau actuel des mers. Les flèches bleues corres-
pondent aux fluctuations du niveau marin au cours du temps, les flèches noires
correspondent au mouvement de surrection du massif, le trait bleu foncé indique
l’incision au cours du temps de l’oued responsable du dépôt de la terrasse alluviale.184

5.22 Etat d’altération des andésites/basaltes (à gauche) et des quartzites (à droite).


Notons le mauvais état de préservation de la surface des galets volcaniques rela-
tivement aux galets de grès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186

6.1 (a) Le rôle des grands décrochements lors de l’évolution de la mer d’Alboran au
Miocène supérieur. 1 : extension du bloc Alboran expulsé au Burdigalien, 2 :
extension du bloc expulsé au Tortonien, 3 : décrochement, 4 : front des charriages
internes, 5 : front des charriages externes (modifié d’après Leblanc, 1980). (b) Les
différentes types de structures observées le long du couloir de décrochement du
Nekor par Asebriy et al (1993). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
xxviii TABLE DES FIGURES

6.2 Carte aéromagnétique de la zone de Temsamane-Ketama (modifié d’après Dem-


nati A., 1972). Trait pointillé : faille de Nekor, At : Arbaa Taourirt, Bd : Boudinar.
L’encadré dans le coin SE représente le modèle de faille proposé par Hatzfeld et
al, 1993. Notons les deux anomalies magnétiques alignées parallèlement à la faille
de Nekor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194

6.3 Carte structurale et détermination des axes de contraintes de la région de Taou-


nate au Plio-Quaternaire (modifié d’après Ait Brahim and Chotin, (1989)). . . . 195

6.4 (a) Carte de la région de Nekor regroupant les données de sismicité instrumen-
tale, les mécanismes au foyer (d’après Meghraoui, 1996), les vecteurs GPS et la
toponymie. Les rectangles verts indiquent les vitesses de glissement le long de la
faille de Nekor estimées à partir des données GPS : en rouge, le taux de glissement
latéral ; en noir, le raccourcissement. (b) Carte géologique de la région de Nekor.
Les rectangles noirs localisent les Figures 6.6, 6.7 et 6.12 . . . . . . . . . . . . . 198

6.5 (a) Image Bing de la région Nord-Est du Rif au niveau du massif du Ras Tarf.
(b) Image GoogleEarth de la terminaison NE de la faille de Nekor. Notons la
morphologie émoussée du relief au contact de la faille et son recouvrement par
une large surface continentale. (c) Photographie du dépôt de colluvions épais qui
recouvre le bedrock (schiste) et moule la topographie de l’escarpement de faille du
Nekor. (d) Photographie du contact des colluvions sur la faille qui montre qu’elle
est scellée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

6.6 MNT (résolution 5m) du couloir de déformation de Nekor, le long de l’oued Nekor,
construit à partir des images Pléiades. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200

6.7 (à gauche) Image GoogleEarth du Jebel Irza. Les flèches blanches situent la trace
de la faille. Les rectangles blancs localisent les figures 6.8a, 6.8b et 6.10c. (à droite)
Image Pléiade (résolution 1m) et carte topographique (Tizi Ousli, 1 :50,000) sur
laquelle les segments de faille considérés actifs ont été tracés en trait plein rouge.
Notons le long de l’accident la présence de relais extensifs disposés en échelon
(milieu du tracé), d’une large bande de déformation (notée shear zone) et d’une
source réactivée lors du séisme d’Al-Hoceima. Les segments en pointillés parallèles
au tracé de la faille active correspondent aux traces de l’ancienne faille marquée
par la limite lithologique grès/marnes. Le rectangle noir localise la figure 6.9a. . 201
TABLE DES FIGURES xxix

6.8 (a1, a2) Photo aérienne de la faille de Nekor sur le Jebel Irza et schéma mor-
phostructural associé. Les marqueurs morphotectoniques observés en 1 et 2 sont
décrits en détail dans la figure 6.9. (b) Photo aérienne de drains alignés sigmoï-
daux sur la faille du Nekor. (c) Photo du plan de faille de Nekor et ses stries
horizontales. (d) Panorama de drains sigmoïdaux observés le long de la faille de
Nekor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202

6.9 (a) MNT du Jebel Irza réalisé avec le GPS cinématique, sur lequel sont reportées
la faille senestre du Nekor, les failles normales secondaires et le réseau hydrogra-
phique. (b1, b2) Photos de terrain du méandre perché sur la faille de Nekor (voir
le texte pour plus de détails). (c) MNT de la faille de Nekor au niveau du méandre
perché et reconstitution de la position initial du méandre. (d) Photo de terrain de
drain décalé par la faille de Nekor. (e) MNT d’un drain décalé latéralement par
la faille de Nekor et estimation du décalage total. . . . . . . . . . . . . . . . . . 204

6.10 (a) Photo du contact lithologique et tectonique de la faille du Nekor aux alentours
du village de Boulma. (b) Photo du contact lithologique et tectonique de la faille
du Nekor prise depuis le village d’Arbaa Taourirt. (c) Photo des surfaces alluviales
incisées au Sud du couloir de Nekor. (d) Source thermale observée au village de
Boulma sur un des segments de la faille de Nekor. . . . . . . . . . . . . . . . . . 205

6.11 (a) Image GoogleEarth de la continuité SW de la faille de Nekor au sud du Jebel


Irza. Les flèches blanches indiquent le tracé de la faille. Les traits en pointillés
soulignent la limite lithologique correspondant à l’ancien chevauchement de l’unité
de Ketama sur l’unité de Temsamane. (b) Photo de terrain de l’escarpement d’un
segment normal-décrochant de la faille de Nekor. Les flèches noires indiquent
la trace de la faille, le cercle indique l’échelle. (c) Agrandissement de la photo
précédente. (d) MNT de la zone de faille réalisé au GPS cinématique et coupes
topographiques le long de la faille montrant un rejet horizontal de 22 ± 2m et
vertical de ∼2m. Les traits en pointillés localisent les coupes. . . . . . . . . . . . 206
xxx TABLE DES FIGURES

6.12 (a) MNT SPOT5 du couloir de faille de Nekor depuis Arbaa Taourirt (NE) jus-
qu’à Taounate (SW), sur lequel sont reportés le réseau hydrographique, la trace
de la faille, la toponymie, les sites d’études et les diagrammes stéréographiques
des structures mesurées sur le terrain. (b) MNT GoogleMap de la zone de faille
correspondant à un agrandissement de la figure a. Les flèches rouges indiquent les
segments de failles. (c) Photos d’affleurement et schéma interprétatif d’une faille
observée dans la ville de Taounate. La flèche noire indique le galet comme re-
père. (d) MNT local et photos de terrain montrant les marqueurs morphologiques
observés au Nord de Taounate sur la faille de Nekor. . . . . . . . . . . . . . . . 208

6.13 Photo montrant une surface alluviale basculée le long de la faille de Nekor. . . . 209

6.14 (a) Carte de pentes du méandre perché sur la faille de Nekor construite à partir
du MNT haute résolution. O et O’ sont les points repères correspondant au drain
décalé de part et d’autre de la faille. (b) Bloc 3D schématique représentant le
décalage sénestre du drain abandonné et les points d’échantillonnage sur le plan
de faille. Les traits en pointillés indiquent la nouvelle direction d’écoulement em-
pruntée par la rivière suite aux déplacements co-sismiques successifs de la faille.
(c) Photo du plan de faille où sont reportés les points d’échantillonnage avec leur
profondeur et leur distance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212

36
6.15 Distribution des concentrations en Cl le long d’un profil horizontal sur la faille
de Nekor (rond rouge). Plus la distance à l’origine augmente, plus le temps de
mise à l’exposition diminue. La profondeur des échantillons est indiquée en noir.
Les échantillons dans la partie grisée ont été collectés en surface. Ils ne seront
donc pas considérés lors de l’estimation du taux de glissement. . . . . . . . . . . 213

36
6.16 Distribution des âges d’exposition déduits des concentrations en Cl pour les
échantillons NEK13 à NEK34. Les âges obtenus avec érosion sont représentés en
losanges noirs, les âges obtenus sans érosion sont figurés par les cercles rouges.
Les deux segments tracés correspondent aux droites de régression utilisées pour
l’estimation de la vitesse moyenne de glissement le long de la faille avec et sans
érosion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214

6.17 Carte synthétique de la faille du Nekor avec le vecteur vitesse GPS reporté en
pointillé et la vitesse moyenne de glissement horizontal déduite de notre étude
morphotectonique. En bleu :vitesse de glissement horizontale. . . . . . . . . . . . 216
TABLE DES FIGURES xxxi

7.1 MNT SRTM de la Méditerranée Occidentale sur lequel est représentée la carte géo-
logique et structurale du Rif accompagnée d’une coupe géologique du Rif (d’après
Michard et al., 2002). Les failles sont tracées d’aprés (Chalouan and Michard,
2004 ; Palano et al., 2013 ; Platt et al., 2013). NF = faille de Nékor. . . . . . . . 222
7.2 Carte géologique du sillon sud rifain (bassins de Gharb et Saiss) et localisation
des rides Zalagh et Tghat (modifiée d’après Chalouan, 2006). Les traits bleus
localisent les profils sismiques apparaissant dans la Figure 7.3. . . . . . . . . . . 223
7.3 Profils sismiques (localisation Figure 7.2) réalisés dans le bassin du Gharb mon-
trant la structure en horst et grabens héritée de la phase hercynienne (Zouhri
et al., 2002).1. Paléozoique, 2. Trias, 3. Prérif, 4. Miocène inf., 5. Miocène sup.,
6. Plio-Quaternaire, 7. Failles, 8. Unités géol., 9,10. Forages, 11. Chevauchement
aveugle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
7.4 (a) Contexte tectonique du golfe de Cadiz où sont tracés les deux chevauchements
liés au prisme d’accrétion du slab de Gibraltar. Le tracé rose indique la locali-
sation des profils tomographiques et électriques. (b) et (c) Profils électriques et
tomographiques, respectivement, montrant les anomalies liées au passage des 2
chevauchements (modifié d’après Toto et al, 2012). DDF=Dhar Doum Fault. . . 225
7.5 Carte géologique du bassin du Saiss modifié d’après Taltasse, 1953. . . . . . . . 227
7.6 Coupes schématiques du bassin du Saiss interprétées à partir de données de forages
(d’après Charroud et al., 2006). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
7.7 Coupes géologiques simplifiés à travers le bassin du Saiss montrant les structures
en rampes au Front de la chaine. Ces deux coupes traversent les Djebel Zalagh et
Tghat (d’après Charroud, 2007). 1 : Quaternaire ; 2 : Plio.sup (conglomerat) ; 3 :
Plio. sup. (marnes vertes) ; 4 : Plio. Inf à moy. (marnes sableuse ; 5 : Miocène sup.
(marnes bleues) ; 6 : Miocène ; 7 : Miocène (marnes de tghat) ; 8 : Miocène (grès
grossier de Tghat) ; 9 : Lias inf. (dolomies) ; 10 : Jurassique moy. (marno-calcaire) 229
7.8 Carte structurale du Front Sud Rifain offshore à partir de la bathymétrie et de
profils sismiques (d’après Zitellini et al., 2009) avec le nom des structures et leur
interprétation. Ligne rouge avec triangle : chevauchement actif ; ligne bleue claire
avec triangle : limite externe du prisme d’accrétion ; ligne bleue foncée avec tri-
angle : chevauchement inactif ; ligne bleue avec losange : anticlinal inactif ; ligne
rouge courte : structure liée à l’accrétion de la croûte océanique ; ligne violet :
faille normale crétacée ; lignes rouges WNW-ESE : linéaments dits de « SWIM » ;
triangle rouge : volcans ; ligne verte : limite océanique magnétique. . . . . . . . . 230
7.9 Carte et coupe géologique détaillées du Djebel Zalagh (d’après Chalouan, 2014). 232
xxxii TABLE DES FIGURES

7.10 Carte et coupe géologique du Djebel Tghat (d’après Chalouan et al., 2014) . . . 233
7.11 Carte géologique et champs de vitesse GPS dans le Rif. Localement, les taux de
raccourcissement et de glissement sont reportés sur le Front Sud Rifain. . . . . . 234
7.12 Mouvements relatifs estimés par les vitesses GPS sur les failles actives du FSR
(d’après Chalouan et al., 2014). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
7.13 Carte de la sismicité instrumentale, historique (les rectangles en pointillés in-
diquent les ruptures historiques approximatives et/ou les épicentres estimés des
séismes destructeurs) et mécanismes au foyer (tirés du catalogue RCMT et de
Meghraoui et al, 1996) dans la chaine du Rif. Notre zone d’étude se situe autour
de la ville de Fes le long du Front de Chevauchement Sud-Rifain (tracé en rouge
sur la carte) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
7.14 Comparaison entre les effets des séismes de 1755 (1er Novembre) et 1969 (28
Février) sur le Maroc et l’Espagne-Portugal (modifié d’après Moratti et al., 2003).
Ligne noire : isoséiste (échelle MSK) du séisme de 1969 (28 Fev.) ; ligne jaune :
isoséiste (MSK) du séisme de 1755 (1er Nov.) ; ligne rouge pointillé : zone de
destruction du séisme de Fes-Meknes (18 ou 27 Nov. 1755) ; étoile : épicentre
(calculé ou estimé) des séismes. Pour la région du Maroc, les isoséistes de 1755
(1er Nov.) sont extrapolées à partir des isoséistes de 1969. Les valeurs près des
villes du Maroc représentent les intensités MSK du séisme de 1969.GB = Banc
de Gorringe, MP = Marques de Pombal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
7.15 (a) MNT SPOT5 ombré de la région de Fes, (b) carte géologique (légende figure
5), (c) représentation schématique des failles actives le long du Front Sud Rifain,
(d) et carte du réseau hydrographique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242
7.16 MNT et carte géologique au 1 :100,000 de la région du Djebel Tghat. Le MNT
a été construit à partir d’orthophotos avec une résolution de 2.5m (en haut). En
blanc sont représentées les structures antiformes, en rouge sont représentés les
segments des failles actives le long du FSR. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
7.17 (a) Coupes topographiques, (b) MNT haute résolution, (c) carte des pentes et
(d) bloc interprétatif du site des « trois rides » montrant les relais compressifs en
échelon. La flèche rouge indique la surface alluviale perchée observée sur le terrain.244
7.18 (a) MNT, (b) carte de pente et (c) coupes topographiques du Djebel Zalagh. Les
flèches rouges indiquent les encoches observées sur la crête du massif, les flèches
noires indiquent les ruptures de pente, le cercle noir indique la vallée perchée et
les pointillés noirs les failles décrochantes décalant latéralement les deux massifs. 246
TABLE DES FIGURES xxxiii

7.19 (a) Représentation ombrée, (b) carte des pentes et (c) coupes topographiques du
Djebel Tghat. Les flèches noires en (b) indiquent la trace du chevauchement frontal
associé à des arrêts d’incision, les flèches noires en (c) indiquent les ruptures de
pente, les pointillés (c) indiquent la trace d’une structure le long de laquelle les
drains (en blanc) sont décalés latéralement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
7.20 (a) Orthophoto et photo-interprétation, (b) MNT et (c) profil topographique du
site de Douar T’laha. Les flèches indiquent la dépression sommitale et les ruptures
de pente sur le flanc sud associées au front de chevauchement actif. . . . . . . . 248
7.21 Photos du Djebel Zalagh sur lesquelles on observe (a) le rétrochevauchement actif
souligné par la présence de dépôts de colluvions actifs et (b, c) alignement ∼E-
W des reprises d’incisions observées dans le prolongement Est de l’escarpement
associé au rétrochevauchement. (d) Schéma explicatif du phénomène de reprise
d’incision. La flèche en (b) localise la Figure 7.21. . . . . . . . . . . . . . . . . . 250
7.22 Photo et interprétation d’une faille affectant les dépôts de sol Quaternaire sur le
flanc Nord du Jebel Zalagh. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
7.23 Photo d’une vallée perchée sur les crêtes orientales du Djebel Zalagh . . . . . . . 252
7.24 Photos de terrain des escarpements liés à l’érosion différentielle observés sur le
Djebel Tghat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
7.25 Photo depuis le Sud-Est du front de chevauchement actif aux abords du village
de Douar T’laha. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
7.26 Photo de terrain du site de la carrière et coupe géologique du pli anticlinal situé
dans la carrière, à l’ouest du village de Douar T’laha. . . . . . . . . . . . . . . . 254
7.27 (a) Photos, panorama et (b) croquis du site de la carrière (proche de Douar T’laha
village). Notons le redressement des lits de galets et la morphologie en éventail
des dépôts alluviaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256
7.28 Zone de gouge de faille observée au pied des dépôts alluviaux plissés du site de la
carrière et bloc 3D interprétatif de la gouge et de l’escarpement associé observé
en surface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
7.29 Bloc interprétatif des dépôts alluviaux déformés du site de la carrière. Après
chaque dépôt alluvial le massif subit un soulèvement, ce qui a pour conséquence
un basculement puis une incision des dépôts. Les dépôts suivants se mettent en
place sur les dépôts basculés puis sont soulevés, basculés et incisés, etc... . . . . 260
7.30 Localisation et photo de l’échantillonnage OSL dans les dépôts alluviaux déformés
du site de la carrière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
xxxiv TABLE DES FIGURES

7.31 Représentation ombrée, carte de pente et photo d’affleurement de l’escarpement


de faille qui affecte une surface fluviale près du village de Douar T’laha. Le rejet
co-sismique vertical mesuré est de 0.7-1 m. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
7.32 Photo et schéma stratigraphique du dépôt alluvial affecté par une faille inverse
sur le site du village de Douar T’laha. Les échantillons radiocarbones datés lors
de cette étude sont reportés sur le profil de sol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
7.33 Courbes des âges radiocarbones obtenus pour les échantillons FV3 et FV5. A
gauche, les courbes sont données par Calib 7.0, à droite la courbe a été obtenue
par Oxcal 4.02 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
7.34 Chronologie des séismes historiques ressentis dans la région de Fes. Les âges ra-
diocarbones de notre étude sont reportés sur la figure. . . . . . . . . . . . . . . 265
7.35 Carte synthétique représentant le tracé du Front Sud Rifain avec le vecteur vi-
tesse GPS reproté en pointillé et les vitesses de glissement déduites de notre
étude morphotectonique (encadré blanc). Noir=vitesse de raccourcissement, Bleu
clair=rupture et âge de séisme historique déduits de notre étude et de l’étude de
Moratti et al. (2003). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266

8.1 Carte synthétique du Rif sur laquelle sont reportés les terrains géologiques, les
séismes instrumentaux (M>4, source IRIS/Seismiquery), les failles actives (tirées
de Poujol et al. (2014) et Leroux-Mallouf et al. (in prep)) et les vitesses de glis-
sement déduites du GPS et de notre étude.Légende : raccourcissement=vitesse
horizontale, Extension=vitesse vertical. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274
8.2 (en haut) Carte schématique de la mer d’Alboran regroupant les données de géo-
désies, de sismicité instrumentale et les différents modèles de limites de plaques
proposées dans la littérature : Klitgord at Schouten, 1986 (bleu), Bird, 2003 (rose)
et Gutscher, 2004 (vert). (en bas) Modèle géodynamique schématique, proposé à
la suite de mon travail de thèse, faisant intervenir plusieurs blocs indépendants en
frontière de plaques (voir texte pour plus de détails). Les failles dans le Rif sont
tracées à partir des données de notre étude, les structures en Alboran sont tirées
de Comas et al. (1992), Maldonado and Comas (1992) ; Bourgois et al. (1992) ;
Chalouan et al. (1997) ; Mauffret et al. (2007). Les structures dans les Bétiques
sont dessinées d’après Alfaro et al. (2008), (2001), Galindo-Zaldivar et al. (2007),
(2003) ; García-Tortosa et al. (2008). Les flèches blanches indiquent la direction
de convergence des plaques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
Chapitre 1

Introduction

Les forts tremblements de terre (M>6) se produisent essentiellement aux frontières de


plaques, là où l’activité tectonique est associée aux grandes zones de failles lithosphériques et
où les taux de déformation (raccourcissement, extension,..) sont les plus élevés (Figure 1.1). Les
frontières de plaques divergentes enregistrent des séismes de magnitudes élevées mais les plus
dévastateurs sont généralement situés dans les zones de convergence de plaques. C’est le cas dans
les zones de subduction (Chili (2010) : Mw 8.8 ; Japon (2011) : Mw 8.9 ; San Francisco (1906) :
Mw 8.2...) et de collision (ChiChi, Taïwan (1999) : Mw 7.6 ; Sichuan (2008) : Mw 7.9 ; Himalaya
(1950) : Mw 8.6...). Cependant, il a été montré que les forts séismes ne sont pas l’apanage
des régions en limites de plaques mais peuvent se produire en domaine intracontinental, loin
des frontières de plaques, où les taux de déformation sont faibles à modérés et où l’activité
tectonique est souvent associée à une distribution de la déformation sur plusieurs segments de
failles, ou systèmes de failles lentes (e.g. Champagnac et al., 2010 ; Ritz et al., 1995 ; Tuttle et
al., 2002 ; Woerd et al., 1998). Dans certains cas, ces grands séismes intracontinentaux montrent
une organisation temporelle qui permet de parler d’essaims sismiques séparés dans le temps par
de longues périodes de quiescence. C’est le cas de la Mongolie par exemple (Chéry et al., 2001 ;
Rizza et al., 2011).

Etudier et comprendre les mécanismes et les processus physiques qui contrôlent les
séismes représentent un enjeu scientifique et sociétal majeur pour la détermination de l’aléa
sismique et une étape indispensable pour l’évaluation du risque sismique dans une région donnée.

Au début du XXème siècle, Reid (1910) énonce la théorie selon laquelle les séismes sont le
résultat du rebond élastique de la lithosphère autour des zones de failles. Les notions de charge-
ment intersismique, seuil de contraintes et relâchement de la déformation accumulée apparaissent
naturellement suite à cette théorie. En 1980, Shimazaki et Nakata (1980) démontrent l’existence
d’une relation entre le temps de chargement (i.e. intervalles de récurrence des séismes) et les
déplacements produits et introduisent implicitement la notion conceptuelle de « séisme caracté-
ristique » repris par Schwartz and Coppersmith (1984).
2
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
Figure 1.1: Données de sismicité sur la période 1980-2009, d’après la base de données de l’USGS. La profondeur des séismes est donnée grâce à
l’échelle de couleurs. On remarque que la sismicité est essentiellement localisée sur les domaines inter-plaques. Le carré noir localise la
région étudiée au cours de cette thèse (la chaîne du Rif au Maroc), située dans la zone de limite des plaques Afrique/Eurasie.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION 3

Notion qui est aujourd’hui adoptée par la communauté scientifique mais parfois remise en
question (e.g. Dawson et al., 2003 ; Weldon et al., 2002). En parallèle, à la même période,
les connaissances sur le cycle sismique progressent avec l’apparition de la géodésie et de la
paléosismologie.
La géodésie permet de mesurer à court terme les taux de déformations s’accumulant de part
et d’autres des failles actives en période inter-sismique et, par l’intermédiaire de modèles,
d’extrapoler leur vitesse de glissement. La paléosismologie permet, en allongeant la trop courte
période d’observation instrumentale (dernier siècle), de déterminer à plus long terme (103 -105
ans) les vitesses des failles actives, les magnitudes des séismes que celles-ci ont générés (via
la mesure des déplacements cosismiques et éventuellement des longueurs de ruptures) et les
intervalles de récurrence entre ces séismes. Cette connaissance des événements passés est
cruciale pour anticiper les futurs séismes car elle apporte un ensemble statistique de données
sur la façon dont une faille ou un groupe de failles ont fonctionné jusqu’à nos jours.

L’objectif de ce travail de thèse est d’analyser la déformation active court et moyen terme de
la chaine de montagne du Rif (Maroc) située dans une région du monde où la frontière des plaques
est encore discutée (Bird, 2003 ; Gutscher, 2004 ; Klitgord and Schouten, 1986), à tel point que
le Rif peut se trouver soit au Nord, soit au Sud de la limite Eurasie-Afrique. La mer d’Alboran
fait alors partie, selon les modèles de limite de plaque, soit de l’Eurasie, soit de l’Afrique, soit est
directement sur la limite. Les données géodésiques récentes obtenues dans la région d’Alboran
(Tahayt et al., 2008 ; Vernant et al., 2010 ; Koulali et al., 2011) montrent localement dans la zone
nord-marocaine des déplacements significatifs vers le SW (dans le référentiel Afrique stable) de
l’ordre de ∼5mm/an alors que la direction régionale de convergence est NW-SE avec un taux de
∼4 mm/an. Avec ce déplacement perpendiculaire à la direction de convergence régionale, le Rif
semble avoir une cinématique indépendante de la convergence Afrique-Eurasie.
Depuis des décennies, les études géologiques et géophysiques dans la région de la Méditerranée
Occidentale se succèdent pour tenter (i) de comprendre les mécanismes profonds, qui régissent
et/ou qui découlent de la convergence des plaques Afrique et Eurasie, et (ii) d’expliquer les
déformations actuelles observées dans l’arc Rif-Bétiques. De nombreux modèles géodynamiques
très différents ont été proposés mettant en œuvre diverses approches : gravimétrie, tomogra-
phie, modélisation numérique, paléomagnétisme, anisotropie sismique, sismotectonique,... (ex. :
Duggen, 2005 ; Faccenna et al., 2004 ; , Fadil et al., 2006, Gutscher et al., 2002 ; Jolivet et al.,
2008 ; Lonergan and White, 1997 ; Spakman and Wortel, 2004), mais la situation tectonique reste
encore largement discutée.
4
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
Figure 1.2: Carte de la sismicité instrumentale depuis les années 2000 pour des magnitudes comprises entre 3 et 7 dans la région de la Méditerranée
Occidentale. Les profondeurs des séismes sont données par les couleurs (d’après Palano et al., 2012)
CHAPITRE 1. INTRODUCTION 5

La région du Rif est le siège d’une sismicité instrumentale très active (Figure 1.2), mais
aucun travail détaillé à l’échelle du Pléistocène supérieur (les derniers 105 ans) n’existe sur la
tectonique active/géomorphologie des failles sismogènes. Cette activité sismique est également
notable au travers de la sismicité historique comme en témoigne le séisme d’intensité MSK
VIII (Mw=6.2) survenu le 27 novembre 1755 dans les villes de Fez et Meknes (Sud du Rif),
26 jours après le séisme dévastateur de Lisbonne responsable de la mort de plus de 100 000
personnes sur les côtes européennes et marocaines. Plus proche de nous, le 26 mai 1994, la
région d’Al-Hoceima, située sur la côte nord-est marocaine, tremble sous l’effet d’un séisme
de magnitude Mw=5.8-6 détruisant de nombreux habitats dans la ville d’Al-Hoceima et dans
les campagnes environnantes. Dix ans plus tard, le 24 février 2004, un séisme meurtrier de
magnitude Mw=6.3-6.5 se produit également dans la province d’Al-Hoceima et entraine la mort
de plus de 600 personnes et la destruction de 2500 foyers. Il est ressenti à plus de 300 km de
l’épicentre. Cette activité sismique, instrumentale et historique pose la question fondamentale
des sources qui génèrent les séismes :
Où sont les failles actives ? Quelles sont leurs caractéristiques géométriques et cinématiques
(mécanismes, vitesse de déplacement) ? Quelle est leur relation avec la limite de plaque
Eurasie-Afrique ?

Cette thèse est la première étude morphotectonique de la chaîne du Rif (Maroc).


La diversité et le couplage des méthodes de datations quaternaires multiples (14 C,
10
Be, 3 He, 36
Cl, U/Th, OSL) utilisées sur les différents objets géomorphologiques
afin de quantifier les zones de failles actives font l’originalité de ce travail de thèse.
Les résultats obtenus apportent ainsi des informations nouvelles sur la structuration
de cette région proche d’une limite de plaque, ainsi que pour la compréhension de
l’évolution géodynamique récente et actuelle dans la région d’Alboran, et l’estima-
tion de l’aléa sismique dans le Nord du Maroc.
6 CHAPITRE 1. INTRODUCTION

Problématiques

Pour analyser la cinématique actuelle et récente (Pléistocène Supérieur) du Rif, nous nous
sommes attachés à répondre aux questions suivantes :
Où les déformations actives se localisent-elles ?
Quelles sont leur géométrie et leur cinématique (mécanisme, vitesse de déplace-
ment) ?
Quelles sont les magnitudes et les temps de récurrence des séismes que produisent
ces failles ? Correspondent-elles à des structures héritées ou sont-elles néo-formées ?
Les caractéristiques géométriques et cinématiques de ces failles sont-elles en accord
avec les données géodésiques ?

Plan de la thèse

Ce mémoire de thèse s’articule autour de quatre grandes parties :


• La première partie est une synthèse des connaissances scientifiques et des questionnements
géodynamiques portant sur la région de la Méditerranée Occidentale. Je décris de façon brève le
cadre tectonique, géologique et géodynamique de la région d’Alboran et de la chaine du Rif en
particulier. Un rappel succinct des modèles géodynamiques et cinématiques est indispensable
pour bien comprendre le contexte dans lequel s’inscrit cette étude morphotectonique du Rif.
• La deuxième partie sera consacrée aux outils et méthodes qui sont utilisés dans les études
morphotectoniques pour identifier les failles actives et caractériser leur fonctionnement (vitesses,
magnitudes et récurrence des séismes passés). Je présente également les techniques de datation
utilisées lors cette thèse (14 C, 10 Be, 3 He, 36 Cl, U/Th, OSL), et je discute leurs avantages et leurs
inconvénients.
• La troisième partie, articulée autour de quatre chapitres distincts, concerne les résultats acquis
sur l’ensemble des failles et des objets morphologiques étudiés lors de la thèse. Les résultats sont
présentés par zone géographique : Nord-Est du Rif, Sud du Rif et Rif Central et selon l’approche
suivante : (i) identification des marqueurs morphologiques et des structures potentiellement
actives par l’utilisation d’imagerie aérienne et satellitaire haute résolution, (ii) reconnaissance
sur le terrain et quantification cinématique à partir des marqueurs précédemment identifiés (iii)
échantillonnage pour datations de ces marqueurs afin d’estimer des vitesses de glissement. Cha-
cune des zones géographiques étudiées est introduite par une synthèse géologique, structurale
et sismologique détaillée afin de replacer l’étude dans son contexte local.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION 7

Enfin le dernier chapitre est une discussion générale sur l’ensemble des résultats obtenus au
cours de ce travail.

NB : Cette thèse a fait l’objet d’un travail de recherche d’une durée de trois ans au sein du
laboratoire Géosciences Montpellier grâce aux financements accordés par le CNES et l’INSU.
Cinq missions de terrain allant de 2 à 5 semaines ont été réalisées dans la région du Rif, plus
de ∼70 échantillons ont été prélevés sur plusieurs sites d’échantillonnage le long de 6 failles
majeures (Trougout, Nekor, le Front Sud Rifain, Boujibar, Rouadi, Boudinar) et analysés au
CEREGE (Aix-en-Provence), au CRPG (Vandoeuvre-les-Nancy) et à Géosciences Montpellier.
En parallèle, un réseau de 16 stations GPS a été installé dans l’ensemble du Rif en octobre 2011
et mesuré chaque année afin de mieux contraindre les mouvements horizontaux dans la chaine.
L’échelle de mesure étant trop courte (3 ans) pour avoir un signal suffisamment bon, ces résultats
n’ont pas été traités et ne seront pas présentés dans ce manuscrit.
Chapitre 2

Cadre géodynamique, géologique,


structurale et sismologique de la zone
Rif-Bétiques : Etat de l’Art

Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2 Evolution géodynamique de la Méditerranée Occidentale . . . . . . . 11
2.2.1 Mise en place et évolution géodynamique de l’arc de Gibraltar . . . . . . 11
2.2.2 Situation géodynamique actuelle de l’arc de Gibraltar : apport des obser-
vations géophysiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.3 Synthèse des différents modèles géodynamiques proposés . . . . . . . . . . 21
2.3 La déformation active dans les chaines Bético-Rifaines et l’Alboran . 22
2.3.1 La sismicité comme indicateur de la limite de plaque Afrique/Eurasie . . 22
2.3.2 Apport de la géodésie et de la tectonique active dans la compréhension des
déformations actuelles dans les cordillères Rif-Bétiques . . . . . . . . . . . 27
2.4 La chaîne du Rif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.4.1 Situation géographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.4.2 Les principaux domaines structuraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Malgré l’étonnante diversité des études de recherche menées dans cette région du globe pour
tenter de comprendre l’histoire et l’évolution des structures qui forment la Méditerranée Oc-
cidentale, et malgré le perfectionnement exponentiel des techniques et des outils d’exploration
géologiques, la compréhension des caractéristiques de cette géodynamique complexe est encore
largement débattue au sein de la communauté scientifique et ne cesse d’aiguiser les curiosités.
Nous présenterons ici de façon succincte et objective les différents modèles géodynamiques pro-
posés dans la littérature, ainsi que leurs implications et leurs limites, et les données scientifiques
de tectonique active qui nous serviront par la suite dans la compréhension et l’interprétation de
nos propres résultats.
10 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

2.1 Introduction

Les chaînes alpines (Bétiques, Pyrénées, Alpes, Apennins, Dinarides, Rif) et les bassins de
la Méditerranée occidentale constituent la zone de frontière de plaques séparant l’Afrique de
l’Eurasie. Cette frontière de plaques est caractérisée par une grande complexité géologique et
structurale, fruit d’une histoire géodynamique pluriphasée. L’histoire de la Méditerranée occi-
dentale a alterné des épisodes d’extension permettant la naissance de nouveaux océans : la Téthys
et l’Atlantique, dont l’ouverture du second accompagna la fermeture du premier, et des périodes
de convergence donnant lieu à des phénomènes de subduction et à la création de chaînes de col-
lision. En parallèle, deux bassins océaniques voient le jour au Néogène, au sein même de la zone
de convergence Afrique-Eurasie (bassin Algéro-provençale et mer Thyrrhénienne). L’extension
arrière-arc et le retrait de la fosse de subduction dans la zone du détroit de Gibraltar conduisent
à la formation de la mer d’Alboran, bassin marginal en extension constitué d’une lithosphère
continentale très amincie, et de l’arc Rif-Bétiques. L’architecture actuelle de l’arc orogénique
constitué par les cordillères Bétiques (sud de l’Espagne) et Rifaines (nord du Maroc) est très
atypique et présente une morphologie concave vers l’est faisant partie des plus incurvée au monde.
Encerclée par ces deux chaines de montagnes, la mer d’Alboran, terminaison occidentale de la
Méditerranée, correspond à une zone diffuse et mal définie de limite des plaques Afrique/Eurasie
(Figure 2.1). Actuellement, la convergence entre les deux plaques lithosphériques se poursuit
et continue à jouer un rôle majeur sur le régime tectonique de la région Rif-Bétiques-Tell : les
déformations actuelles sont étroitement liées à cette convergence et semblent s’accommoder à
travers les structures héritées des grandes phases orogéniques antérieures. Les données sismiques
et les observations géologiques suggèrent un régime de déformation actuel en décrochement dans
le Rif et les Bétiques et en pli-faille inverse sur la côte algérienne. Les études géodésiques et les
modèles cinématiques basés sur les anomalies magnétiques du plancher océanique indiquent un
mouvement actuel de convergence des plaques au niveau d’Alboran orienté NW-SE avec une
vitesse de 4.3±0.5 mm/an (Argus et al., 2011 ; DeMets et al., 1994 ; Fadil et al., 2006 ; Koulali
et al., 2011 ; McClusky et al., 2003 ; Tahayt et al., 2008 ; Vernant et al., 2010) et un déplace-
ment du Rif (par rapport à l’Afrique stable) vers le Sud-Ouest de 5.4±1.5 mm/an. En parallèle,
des études sismologiques régionales montrent de l’extension NE-SW et du décrochement dans
les Bétiques sud (Martínez-Martínez et al., 2006 ; Stich et al., 2006), de la transtension en mer
d’Alboran (Comas et al., 1992 ; Faccenna et al., 2004 ; Lonergan and White, 1997 ; Morel and
Meghraoui, 1996 ; Stich et al., 2006 ; Watts et al., 1993) et du décrochement et transtension dans
le Rif nord (Aıt Brahim et al., 1990 ; Moratti et al., 2003 ; Tahayt et al., 2009).
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 11

Figure 2.1: Localisation et représentation sur une carte des reliefs de la zone Rif-Bétiques-Alboran et
son intégration dans le cadre géodynamique de convergence des plaques. La géométrie de
la limite de plaques au niveau du détroit de Gibraltar est mal connue.

2.2 Evolution géodynamique de la Méditerranée Occi-


dentale

Plusieurs études ont tenté de reconstituer et d’interpréter les différentes phases de l’évolution
géodynamique du bassin méditerranéen (Calvert et al., 2000 ; Carminati et al., 2012 ; Chalouan
et al., 2008 ; Chertova et al., 2014 ; Faccenna et al., 2004 ; Gueguen et al., 1998 ; Gutscher
et al., 2002 ; Jolivet et al., 2006 ; Lonergan and White, 1997 ; Michard et al., 2002 ; Platt and
Vissers, 1989 ; Platt et al., 2013 ; ; Royden, 1993 ; Stampfli and Borel, 2004 ; Spakman and Wortel,
2004 ; Tejera De Leon, 1997). Nous ne rentrerons pas dans les détails mais conseillons fortement
la lecture des "reviews" de Platt et al. (2013) et Rosenbaum et al. (2002) qui reprennent les
différentes études menées sur la Méditerranée Occidentale ainsi que le livre de Michard et al.
(2008) qui présente l’ensemble des travaux et avancées concernant la géologie générale du Maroc
et la chaîne du Rif.

2.2.1 Mise en place et évolution géodynamique de l’arc de Gibraltar

L’arc de Gibraltar (ou arc Betico-Rifain) est un arc continental étroit qui s’étend sur plus
de 600 km. Il est constitué de deux chaines de montagne incurvées à 180˚ et dont l’extrémité
ouest est marquée par un rayon de courbure de ∼100 km (Platt et al., 2013) (Figure 2.2).
12 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Figure 2.2: Cadre tectonique actuel de la Méditerranée montrant les bassins d’extension néogènes et
les fronts de chevauchement des chaines alpines. GA = Arc de Gibraltar, AA = Arc Egéen,
TA = Arc Tyrrhénien (modifié d’après Comas et Platt, 1999)
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 13

2.2.1.1 Océanisation et formation des marges du domaine d’Alboran

Durant le Jurassique supérieur et le Crétacé inférieur, au stade pré-orogénique, le mou-


vement de la plaque lithosphérique Africaine par rapport à la plaque Européenne est caractérisé
par un déplacement sénestre lié à l’ouverture et au fonctionnement de l’océan Atlantique.
Depuis 120 Ma, l’Afrique commence sa convergence vers l’Europe avec des vitesses de dépla-
cement qui fluctuent au cours du temps et qui semblent s’amortir depuis l’ouverture du bassin
algéro-provençal à l’actuel (Reilinger and McClusky, 2011)(Figure 2.3). Le domaine interne est
alors considéré comme une marge passive de la paléo-Téthys associée à une ancienne croûte
océanique dont il ne reste que de rares indices en surface : le massif serpentinisé de Beni Malek
dans le Rif (Chalouan et al., 2008 ; El Azzab et al., 1997 ; Elazzab and Feinberg, 1993 ; Michard
et al., 2002, 1992).

2.2.1.2 Convergence des plaques Afrique et Eurasie et ses implications en Alboran :


subduction, "roll-back" puis collision

Le rapprochement progressif de ces deux plaques engendre dès le Crétacé supérieur, par un
ou plusieurs processus de subduction, la fermeture d’un domaine océanique, l’océan Téthys,
et l’édification d’un prisme de collision (Figure 2.4). La présence d’indices de métamorphisme
HP-BT dans les roches de la lithosphère continentale des chaines Bético-Rifaines (unités des
Sebtides/Alpujarrides) laisse supposer une évolution géodynamique de la zone depuis une sub-
duction classique à une subduction continentale puis une collision (Michard et al., 2002)(Figure
2.4). Avant le début de la collision directe entre les deux plaques Afrique et Europe, une troi-
sième plaque, la microplaque d’Alboran qui correspond à un bloc continental rigide, s’insère
entre les deux plaques par coulissement vers l’Ouest et rentre en collision avec les marges Sud-
Européennes et Nord-Africaines vers le Miocène inférieur (Figure 2.4). Cela va jouer un rôle
important dans la structuration de ces marges qui va se traduire par la propagation de la dé-
formation chevauchante vers les zones externes des chaines Rif et Bétiques (Andrieux, 1971 ;
Dercourt et al., 1986). L’érosion de la couverture du domaine interne se produit en même temps
qu’un raccourcissement et un plissement de son socle. De grands bassins d’avant-chaînes se dé-
veloppent alors au front des zones externes (Guadalquivir et Rharb). Le mouvement vers l’ouest
de cette microplaque Alboran aurait été guidée par de grandes failles décrochantes (les failles
de Jebha et Nékor pour le Rif, les failles Nord-Bétiques et Crevillente pour les Bétiques), inter-
prétées comme des paléo-transformantes entre l’Afrique et l’Ibérie, réactivées lors de l’orogénèse
alpine (De Galdeano, 1990 ; Leblanc and Olivier, 1984 ; Tejera De Leon, 1997). Certains auteurs
suggèrent qu’à la fin de l’Eocène-début Oligocène, d’après les similitudes qui existent entre
14 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Figure 2.3: Reconstitutions cinématiques du domaine Méditerranéen depuis 150 Ma au Quaternaire


vus en cartes (modifié d’après Rosenbaum et al., 2002)

l’ensemble des blocs Alboran-Kabylie-Peloritan-Calabre (AlKaPeCa), ces blocs rigides étaient


tous rattachés à la marge Sud-Est de la plaque Ibéro-Sarde avant d’être disloqués et acheminés
à leur emplacement actuel (Bouillin, 1986 ; Chalouan and Michard, 2004 ; Frizon de Lamotte et
al., 2006 ; Michard et al., 2006 ; Rosenbaum et al., 2002) (Figures 2.3 et 2.4). Ces blocs étaient
alors situés sur la plaque chevauchante d’une zone de subduction de direction NE-SW et auraient
donc été tractés ensuite par le déplacement vers le S/SW du slab Africain à pendage nord (Ro-
senbaum et al., 2002 ; Frizon de Lamotte et al., 2000 ; Jolivet and Faccenna, 2000 ; Lonergan and
White, 1997 ; Rehault et al., 1984). Certains auteurs adoptent le modèle de sous-plaque d’Albo-
ran d’Andrieux et al (1971) et expliquent l’évolution tectonique collisionnelle dans la région par
un poinçonnement et un écrasement rigide plastique des blocs (Piqué et al., 1998 ; Tapponnier,
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 15

1977).

Figure 2.4: Modèle d’évolution géodynamique de l’arc de Gibraltar du Jurassique au Miocène moyen
vu en coupes (d’après Michard et al., 2002)

Au Miocène inférieur et jusqu’au Miocène moyen, le taux de convergence diminue et


cela entraine une extension dans les terrains du domaine interne accompagné d’un amincissement
crustal provoquant l’effondrement et la formation du bassin d’Alboran au coeur de l’arc (Jolivet
et al., 2006 ; Jolivet and Faccenna, 2000) (Figure 2.5). Le phénomène responsable de cette dis-
tension, qui est le plus invoqué mais encore sujet à débat par la communauté scientifique, fait
intervenir une extension arrière-arc orientée ∼E-W en Alboran associée au retrait (roll-back)
d’un slab océanique vers le Sud et l’Ouest (Faccenna et al., 2004 ; Gutscher et al., 2002 ; Jolivet
16 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

et al., 2006 ; Royden, 1993). Les données de paléomagnétismes (Lonergan and White, 1997),
d’anisotropie sismique (Buontempo et al., 2008) et de géologie structurale (Afiri et al., 2011)
semblent confirmer cette hypothèse. Des failles normales à faible pendage se mettent en place
et accommodent l’ouverture du bassin d’Alboran : elles ont alors pour effet de contrôler l’exhu-
mation des massifs péridotitiques métamorphisés à BP-HT de Beni Bousera (Maroc) et Ronda
(Espagne) (Azdimousa et al., 2014 ; Bouybaouene et al., 1998 ; Feinberg et al., 1996 ; Zeck, 1996 ;
Monie et al., 1991 ; Chalouan et al., 1995). Mauffret et al (2007) démontrent, par l’utilisation
de profils sismiques, que les bassins marins miocènes d’avant-arc épousent la forme de l’arc au
niveau d’Alboran et suggèrent que la géométrie de l’arc au Miocène était proche de l’actuelle.

2.2.1.3 Migration de l’arc vers l’Ouest

Figure 2.5: (a) Retrait du slab vers l’Ouest et (b) bloc 3D interprétatif des données tomographiques en
Méditerranée Occidentale (Spakman et Wortel, 2004). (c) Modèle 3D de la subduction sous
Gibraltar interprété à partir des données géochimiques (Duggen et al., 2005), notons les
remontées asthénosphériques qui expliqueraient le soulèvement des chaines Rif-Bétiques.
(d) Modèle 3D du déchirement du slab lors du retrait vers l’Ouest de la subduction sous
Alboran (Jolivet et al., 2006).

Dès le Miocène moyen (∼18-15 Ma), la subduction atteint la marge passive africaine au Sud
et devient continentale, ce qui a pour effet de bloquer la subduction (Figure 2.5a,b). Le retrait
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 17

du slab se poursuit alors uniquement là où subsiste la lithosphère océanique, c’est-à-dire vers


l’Ouest sous l’actuel détroit de Gibraltar. Le changement de direction de la subduction aurait
provoqué un déchirement du slab sous la région NE Maroc associé à une remontée de flux as-
thénosphériques (Duggen et al., 2008, 2004 ; Faccenna et al., 2004, 2003) (Figure 2.5c). Certains
auteurs, en accord avec le retrait de la subduction vers l’Ouest, poursuivent également la sub-
duction au nord dans les Bétiques avec un pendage S à SE (Pedrera et al., 2011a). D’autres
encore suggèrent deux subductions contemporaines opposées agissant indépendamment, l’une
sous le Rif, l’autre sous les Bétiques (Carminati et al., 2012). Quoiqu’il en soit, le slab océanique
étroit (∼200 km de large) résultant de cette déchirure plonge sous son propre poids (Jolivet
et al., 2008) (Figure 2.5d), alimentant ainsi l’extension arrière-arc en Alboran, et entraine un
amincissement crustal de la plaque supérieure qui atteint alors 15 km d’épaisseur (Lonergan
and White, 1997). En parallèle, les études géochimiques de Bellon, (1981), Coulon et al. (2002),
Duggen (2005), Duggen et al. (2008, 2004), El Azzouzi et al. (2014, 1999), El Bakkali et al.
(1998) identifient de nombreux volcans dans le bassin d’Alboran ainsi que sur les marges espa-
40
gnole et marocaine. De ∼15 à 0.65 Ma (datations Ar/39 Ar), les laves évoluent d’une nature
calco-alcaline, caractéristique de magmas issus de l’hydratation du manteau, à alcaline, carac-
téristique de volcanisme intraplaque. Certains des auteurs proposent donc une évolution géody-
namique depuis un phénomène de subduction, responsable du volcanisme calco-alcalin (jusqu’à
∼6 Ma), jusqu’à un phénomène de délamination de la lithosphère sous-continentale, respon-
sable des épanchements alcalins. Le couplage entre le slab de la Méditerranée occidentale et les
lithosphères sous-continentales africaines et eurasiatique aurait provoqué la déchirure et la déla-
mination de celles-ci lors de la migration de l’arc vers l’Ouest (Figure 2.5). Durant cette période,
la déformation de l’arc de Gibraltar est toujours contrôlée par la convergence Afrique-Eurasie
mais reste dominée par la migration de l’arc vers l’Ouest. Par la suite, les fragments issus du
domaine interne de la plaque supérieure entrainés dans la migration s’accrêtent sur les marges
passives africaines et ibériques, et initient l’épaississement des chaînes Bétiques et Rifaines. La
subduction océan-continent devenue une subduction continent-continent se transforme en une
collision orogénique. De ces évènements géodynamiques successifs en résulte un édifice arqué très
resserré composé de nappes et d’écailles chevauchantes vers leur avant-pays respectifs : l’arc de
Gibraltar (Michard et al., 2002) (Figure 2.4).

2.2.1.4 Réorientation du champ de contraintes et mouvements verticaux

A la fin du Miocène, le détroit de Gibraltar est fermé et l’océan Atlantique et la mer


Méditerranée communiquent via des sillons marins situés aux bordures du Rif et des Bétiques.
Suite à des mouvements tectoniques (surrection tectonique liée au raccourcissement horizontal
18 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Figure 2.6: Evolution du champ de contrainte dans le Rif et les Atlas depuis le Paléocéne (d’après Ait
Brahim et al, 2002).

associé aux mouvements des nappes de chevauchement) ou eustatiques, les deux océans ne
communiquent plus, ce qui a pour conséquence une baisse du niveau de la mer Méditerranée
de plus de 1500 m (Betzler et al., 2006 ; Braga et al., 2006 ; Cornée et al., 2004 ; Martín et al.,
2001). Les cours d’eau subissent une incision intense liée à l’érosion régressive et deviennent
ainsi des canyons (comme cela se produit sur l’ensemble des côtes méditerranéennes) : c’est le
cas dans le Rif des oueds Laou, Martil ou encore Tihissasse (Clauzon et al., 1996 ; Duggen et al.,
2003 ; Loget and Van Den Driessche, 2006), canyons qui se remplissent au Pliocène inférieur
lors de l’ouverture du détroit. Longtemps considéré comme d’origine tectonique, bien qu’aucune
structure n’ait été observée à terre et en mer, l’ouverture du détroit semble être en réalité lié à une
érosion intense (Loget and Van Den Driessche, 2006). Au Pliocène, la déformation continue et
l’arc est soumis à un régime de compression N-S puis NW-SE, à l’origine des chevauchements et
des plis E-W à NE-SW, ainsi que des décrochements sénestres NE-SW et leurs conjugués dextres
NW-SE visibles à terre et en mer (Aıt Brahim et al., 1990 ; Bargach et al., 2004 ; Chalouan et
al., 2006 ; Pedrera et al., 2011a ; Ruiz-Constán et al., 2011 ; D’Acremont et al., 2014)(Figure
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 19

2.6). Des mouvements verticaux surviennent à la même époque comme en témoignent plusieurs
bassins marins datés du Pliocène inférieur surélevés jusqu’à ∼500 mètres d’altitude le long des
côtes méditerranéennes marocaines (Benmakhlouf and Chalouan, 1995 ; Romagny et al., 2014 ;
Saji and Chalouan, 1995). Plus tardivement, durant le Quaternaire, le régime compressif reste
inchangé et plusieurs études font état de mouvements verticaux récents en Méditerranée (Cadet
et al., 1977 ; El Kadiri et al., 2010 ; Mustapha Meghraoui et al., 1996).

2.2.2 Situation géodynamique actuelle de l’arc de Gibraltar : apport


des observations géophysiques

Les études de tomographie sismique effectuées dans la Méditerranée Occidentale sur le man-
teau de la mer d’Alboran ont permis de caractériser la géométrie en profondeur de l’arc (Figure
2.7). Les sections E-W réalisées dans la mer d’Alboran ont ainsi permis de localiser la position
actuelle de la zone de subduction au niveau du détroit de Gibraltar et d’imager en 2 dimensions
le slab océanique étroit (∼200 km) à pendage Est qui plonge sous Alboran et atteint une profon-
deur de 600 km (Bezada et al., 2013 ; Blanco and Spakman, 1993 ; Calvert et al., 2000 ; Faccenna
et al., 2004 ; Gutscher et al., 2002 ; Piromallo and Morelli, 2003 ; Seber et al., 1996 ; Serrano et
al., 2003 ; Spakman and Wortel, 2004). La résolution de la tomographie ne permet pas de définir
précisément la direction et la géométrie de ce slab, en raison de son étroitesse. L’existence d’un
slab à pendage Nord sous la chaine Rifaine est discutée et ne peut être confirmé malgré les pro-
fils N-S effectués dans la chaine (Spakman and Wortel, 2004 ; Bonnin et al., 2014)(Figure 2.7).
En profondeur, les données de tomographie mettent en évidence la présence d’une anomalie à
forte vitesse des ondes P s’étendant sous les Bétiques et s’incurvant ensuite sous le détroit de
Gibraltar. Cette structure plus dense s’observe de 200 à 660 km de profondeur et ne semble pas
dépasser la limite entre le manteau supérieur et inférieur. Cette anomalie est interprétée comme
un panneau plongeant de la lithosphère ibérique qui se serait détaché lors de la migration de l’arc
vers l’Ouest (Faccenna et al., 2004 ; Gutscher et al., 2002 ; Spakman and Wortel, 2004 ; Bonnin
et al., 2014)(Figure 2.7). D’après la géométrie et la position de cette anomalie, les auteurs sug-
gèrent alors que le phénomène de "roll-back" daté au Miocène moyen aurait été plus intense le
long de la marge africaine ce qui aurait eu pour conséquence le détachement du slab dans cette
partie méridional de la subduction, son approfondissement et donc sa "disparition" des images
tomographiques (Duggen, 2005). Au niveau des Bétiques, le panneau plongeant se serait détaché
plus tardivement (Miocène supérieur) ce qui peut expliquer sa présence en profondeur. A moins
de 200 km de profondeur sous le bassin d’Alboran, les données de tomographie montrent une
anomalie de faible vitesse des ondes P superposée à l’anomalie de vitesses rapides correspondant
20 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

au slab détaché. Cette zone "lente" correspond à une anomalie thermique de haute température
confirmée par les données de flux de chaleur (>100 mW.m−2 ), avec des températures de l’ordre
de 450˚C à moins de 20 km de profondeur, et est associée à une anomalie de Bouguer fortement
positive (∼50-100 mGal) (Fernández-Ibáñez and Soto, 2008 ; Galindo-Zaldivar et al., 1998 ; Rimi
et al., 1998 ; Torne et al., 2000). Ces anomalies gravimétriques et thermiques au niveau de la mer
d’Alboran semblent s’expliquer par un amincissement crustal, observé par la sismique réfraction
(Hatzfeld and Bensari, 1977) du fait de l’extension arrière-arc (15 km d’épaisseur de croûte ac-
tuelle en Alboran contre ∼30-40 km sur les marges Rif-Bétiques)(Lonergan and White, 1997 ;
Mancilla et al., 2012 ; Rimi et al., 2008) et probablement aussi du fait des mouvements asthéno-
sphériques qui surviennent depuis le déchirement du slab au Miocène moyen (Buontempo et al.,
2008 ; Duggen et al., 2005 ; Faccenna et al., 2004 ; Jolivet et al., 2008). L’étude de Pedrera et al.
(2011), par l’utilisation de la tomographie et des séismes intermédiaires, permet d’imager un slab
en 3D dont la direction (N20 à N100) suit celle de l’arc dans sa partie Nord et Ouest. De plus,
Bonnin et al (2014) dans son étude de tomographie couplée aux données d’anisotropie sismique,
suggèrent une arrêt de la subduction actuelle et une activité de flux asthénosphériques horizon-
taux liés à la présence du panache des Canaries (sous l’Atlas) et verticaux liés au déchirement
du slab sous Alboran (Alpert et al., 2013 ; Duggen et al., 2009).

Figure 2.7: Vues en cartes et en coupe de la tomographie sismique dans la région Rif-Bétiques-
Alboran(d’après Bonnin et al., 2014)
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 21

Enfin, une approche basée sur la modélisation numérique de Pérouse et al (2010) a tenté
d’expliquer les déformations actuelles de surface observées sur la marge Nord-Ouest Africaine
grâce à la géodésie, en utilisant un modèle de plaque élastique. Les auteurs montrent qu’il est
nécessaire de faire appel à des phénomènes de délamination du manteau lithosphérique sous la
chaine du Rif pour retrouver le champ de déplacement horizontal en surface.

2.2.3 Synthèse des différents modèles géodynamiques proposés

Figure 2.8: Les quatre modèles géodynamiques proposés dans la littérature pour expliquer les observa-
tions géologiques dans la zone de la mer d’Alboran (modifié d’après Andrieux et al., 1971 ;
Calvert et al., 2000 ; Gutscher, 2004 ; Seber et al., 1996). Le modèle A est celui proposé
par Andrieux (1971) où il évoque une collision simple de la plaque Alboran sur les plaques
Afr/Eur. Le modèle B (Gutscher, 2004) fait intervenir une subduction à pendage Est et
un phénomène de roll-back ou une rupture du slab. Le modèle C suggère une délamination
du manteau lithosphérique par convection (Seber et al., 1996). Le modèle D propose une
délamination par traction du slab océanique (Fadil et al., 2006) (voir le texte pour plus
de détails).

Bien d’autres modèles et scénarios d’évolution géodynamique existent pour expliquer la for-
mation des chaines Bético-Rifaines dans le cadre de l’évolution alpine de la Méditerranée Occi-
dentale et de la convergence des plaques. Les trois principaux modèles qui réussissent à concilier
22 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

les différentes observations géologiques et géophysiques de la région avec plus ou moins de succès
sont (Figure 2.8) :
A) Modèle de collision sans subduction (Andrieux et al., 1971 ; Bouillin, 1986 ; Durand-Delga,
1980) : la microplaque d’Alboran chevauche sur les deux plaques ibérique et africaine par trans-
pression, sans phénomène de subduction, et formation de la chaine par collision (Figure 2.8A).
B) Modèles de collision avec une (Gutscher et al., 2002 ; Jolivet and Faccenna, 2000 ; Lonergan
and White, 1997 ; Tapponnier, 1977 ; Zeck, 1996) ou deux subductions (Chalouan and Michard,
2004 ; Michard et al., 2002) : ces modèles sont ceux développés en amont avec soit une sub-
duction associée à un poinçonnement puis expulsion suivie d’une rupture du slab ou retrait,
soit une subduction arquée, soit deux subductions opposées à pendage NW et SE autour de la
microplaque Alboran (Figure 2.8B).
C) Modèle de délamination par convection (Calvert et al., 2000 ; Platt and Vissers, 1989 ; Seber
et al., 1996 ; Vissers et al., 1995) : ce modèle fait intervenir un détachement et une assimilation
du manteau lithosphérique par convection sous Alboran suivi par un effondrement extensionnel
et un amincissement crustal (Figure 2.8C).
D) Modèle de délamination par traction du slab océanique arrivé en butée (Fadil et al., 2006 ;
Pérouse et al., 2010) : ce modèle consiste en une séparation progressive entre la croûte et le
manteau lithosphérique tracté par le mouvement de retrait de la subduction (Figure 2.8D).

2.3 La déformation active dans les chaines Bético-


Rifaines et l’Alboran

2.3.1 La sismicité comme indicateur de la limite de plaque


Afrique/Eurasie
Les chaines Bético-Rifaines se situent au niveau de la frontière de plaque entre l’Afrique et
l’Eurasie. La localisation de cette limite de plaques est bien définie dans le domaine Atlantique
par l’alignement de la sismicité et de la bathymétrie. Elle débute sur la jonction triple entre
la ride médio-atlantique qui limite la plaque Nord-Américaine au niveau des Açores et la ride
de Terceira qui sépare les deux plaques lithosphériques Afrique/Eurasie, puis se poursuit en
Méditerranée Orientale avec une longueur totale de plus de 600 km. Elle passe d’une limite
océan-océan à l’Ouest à une limite continent-continent à l’Est du détroit de Gibraltar. Dans
sa partie occidentale, la frontière entre l’Eurasie et l’Afrique fonctionne comme un système
transformant dextre entre la jonction triple des Açores et le golfe de Cadix à l’extrémité ouest
de l’arc de Gibraltar (Figure 2.1). Le système des Açores (ou Terceira Ridge) à l’Ouest est
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 23

une ride à régime distensif NE-SW qui devient décrochant dextre sur la faille transformante
de Gloria et enfin compressif au niveau du banc de Gorringe (Fernandes et al., 2004 ; Iribarren
et al., 2007). L’alignement de la sismicité le long du système Acores-Gibraltar est perturbé au
niveau du Golfe de Cadix où la répartition devient plus dense et peu profonde (de 0 à 30 km de
profondeur) pour les faibles magnitudes (Figure 2.9). On remarque également que la sismicité
est faible sur le segment central de la faille décrochante de Gloria bien qu’il y ait la présence
d’un évènement isolé de M = 8.3 (1941) qui semble avoir contribué à la libération quasi-totale du
moment sismique de la région pour le dernier siècle (Serpelloni et al., 2007)(Figure 2.9). Le taux
de déformation local le long de la faille de Gloria a été estimé à ∼4.7 mm/an par Fernandes et al.
(2003), Nocquet and Calais (2004) et Serpelloni et al. (2007), taux que l’on retrouve également
au niveau de l’arc Bético-Rifain mais de façon beaucoup plus distribuée.

Figure 2.9: Carte de la sismicité le long de la limite de plaques Afrique/Eurasie (modifié d’après
Serpelloni et al., 2007).GB=Banc de Goringe.

En mer d’Alboran, la sismicité très diffuse rend difficile la localisation exacte de la frontière
de plaques entre l’Espagne et le Maroc. Au niveau de l’arc et jusqu’aux montagnes du Tell
en Algérie, la véritable limite de plaques est floue et apparait comme une bande de sismicité
de 300 km de large, orientée ∼E-W le long du parallèle 36˚N. La sismicité considérée comme
modérée à forte est principalement crustale (profondeurs comprises entre 0 et 40 km) et semble se
concentrer dans les chaines Bétiques et Rif. Les séismes intermédiaires (entre 40 et 150 km) sont
localisés de façon hétérogène dans la région de Malaga-Grenade, sa prolongation au sud dans le
centre du bassin d’Alboran et dans le golfe de Cadix. Quelques séismes profonds (∼650 km) et
de magnitude élevées se retrouvent sous les Bétiques Centrales avec une forte lacune sismique
entre 150 et 600 km de profondeur. Dans la région d’Alboran, de façon générale, la sismicité
intermédiaire semble caractérisée par une structure en forme de "Z" (Figure 2.9) où l’axe majeur
orienté NE-SW relie la région d’Alméria dans les Bétiques à la région d’Al-Hoceima dans le
24 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Rif : cette zone est appelée "Trans-Alboran Shear Zone" (TASZ) et pourrait correspondre à la
frontière des plaques Afrique et Eurasiatique (Buforn et al., 2004, 1995 ; Gutscher, 2004 ; Stich
et al., 2006). Certains auteurs (Bird, 2003 ; Klitgord and Schouten, 1986) proposent d’autres
configurations de cette frontière de plaques, elles sont présentées sur la Figure 2.10a. L’étude des
mécanismes au foyer dans la région permet de définir 6 domaines avec des régimes de déformation
différents (Figure 2.10b, c) (Buforn et al., 1995 ; Stich et al., 2006) :

1. la zone de la faille de Gloria et du golfe de Cadix (domaine A) est gouvernée


par un régime transpressif dextre

2. la zone du centre Bétiques (domaine B) montre un régime extensif de direction


WSW-ENE

3. la TASZ (domaine C et D) a un comportement transtensif sénestre

4. la marge algérienne (domaine E) montre un régime de déformation en com-


pression orienté NNW-SSE

5. la zone intraplaque ibérique (domaine F) est gouvernée par une extension orien-
tée NE-SW

L’étude de la sismicité instrumentale en Alboran semble donc montrer un alignement de la


sismicité (la TASZ) qui pourrait souligner la frontière de plaques entre l’Afrique et l’Eurasie
(Gutscher, 2004)(Figure 2.10a). Enfin, après cette synthèse des données de sismicité instrumen-
tale, si l’on considère un modèle géodynamique à une ou deux subduction océaniques actives
comme cela semble être accepté dans la communauté scientifique, certaines problématiques per-
sistent qui vont à l’encontre de ces théories : (i) l’activité sismique est trop faible pour caractériser
une zone de subduction, (ii) les mécanismes au foyer des séismes peu profond en Alboran ne cor-
respondent pas à un champ de contraintes de type subduction et (iii) la localisation des séismes
intermédiaires ne dessine pas de plan de Wadati-Benioff caractéristique. Historiquement, la ré-
gion Ibéro-Maghrébine a été affectée par de nombreux séismes destructeurs, dont les plus violents
se sont produits en domaine atlantique à proximité du golfe de Cadiz, à l’extrémité Est de la faille
de Gloria (Figure 2.9). Parmi les plus importants tremblements de terre figurent le séisme de Lis-
bonne de 1755 d’intensité MSK X (échelle de mesure d’intensité d’un séisme) soit une magnitude
estimée de 8.5 à 9.4. Il fut accompagné d’un tsunami de 5 à 10 m de hauteur et a ravagé la ville
de Lisbonne ainsi que tout le littoral atlantique du Portugal au Maroc (Gutscher, 2004 ; Moratti
et al., 2003 ; Thiebot and Gutscher, 2006) en causant la mort de ∼60,000 personnes. Ce séisme
semble s’être initié sur la structure compressive du banc de Gorringe (Figure 2.11). En 1969, un
séisme de magnitude 7.9 s’initie à une centaine de km au sud sur la structure compressive de
Horseshoe (Fukao, 1973)(Figure 2.11). Une étude plaéosismologique sur les dépôts turbiditiques
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 25

Figure 2.10: (a) Sismicité de la zone Rif-Bétique (catalogue NEIC, 3<Mw<6.5) et les trois frontières
de plaques Afrique/Eurasie proposées : en rouge (Klitgord and Schouten, 1986), en vert
(Bird, 2003) et en bleu (Gutscher, 2004). Les failles sont cartographiées en noir, les
mécanismes au foyer en rouge (d’après Vernant et al., 2010). (b) Représentation des
mécanismes aux foyers sur la zone Rif-Bétique et (c) des régimes de déformation obtenus
par inversion des tenseurs de moments sismiques pour la période 2002-2005 (d’après Stich
et al., 2006).

situés au large du Portugal, dans la plaine abyssale de Horseshoe (4800 m de profondeur) dans
le golfe de Cadiz, suggère un temps de récurrence des méga-séismes dans la zone de 1000 à 2000
ans (Lebreiro et al., 1997). Les marges Africaines et Eurasiatiques sont également touchées par
des séismes de forte magnitude. En 1954, à l’aplomb de la ville de Grenade dans les Bétiques,
un séisme de magnitude 7.8 est enregistré à plus de 600 km de profondeur (Grimison and Chen,
1986) (Figure 2.11). Plus récemment, en 1994 et 2004, la ville d’Al-Hoceima est frappée par
deux séismes destructeurs de magnitude ∼6 initiés en décrochement dans la croûte supérieure
(∼10km)(Figure 2.11). En 2011, le séisme de Lorca, à la limite Nord-Est des Bétiques et de la
Sierra Nevada, de magnitude 5.1 à 1 km de profondeur fait neuf morts (Figure 2.11). Enfin, à
la limite Est de la zone d’Alboran, en 1980 et 2003, les séismes d’El Asnam (ou Cheliff) et de
26 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Boumerdes, se produisent à proximité de la marge algérienne sur des structures compressives


avec des magnitudes respectivement de 7.1 et de 6.9 (Delouis et al., 2004 ; Déverchère et al.,
2005 ; Meghraoui, 1982 ; Meghraoui et al., 2004 ; Philip and Meghraoui, 1983)(Figure 2.11).

Figure 2.11: Modèle Numérique de Terrain de la région Rif-Bétiques sur lequel sont reportés le champ
de vitesse GPS (flèches rouges) dans le référentiel Afrique et les séismes destructeurs des
60 dernières années (étoile jaune). Le taux de convergence entre les deux plaques est de
4.3 ± 0.5 mm/an et le mouvement du Rif est de 5.4 ± 1.5 mm/an. Localisation des profils
présentés dans la Figure 2.12.

Dans les Bétiques, l’histoire sismologique jusqu’au 19ème siècle est bien documentée et pré-
sente de nombreux évènements sismiques violents atteignant des intensités MSK de X (pour plus
de détails, voir le lien : http://iagpds.ugr.es/pages/informacion_divulgacion/sismos_
superior_vii). Au Maroc et en Algérie, la documentation des séismes historiques est bien
moins précise sur la localisation et l’estimation de l’intensité. Cependant, de nombreux séismes
destructeurs ayant affecté les grandes villes historiques du Maroc depuis le IXème siècle sont
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 27

signalés dans un catalogue (El Mrabet, 2005) et une étude publiée par Peláez et al. (2007). 1

2.3.2 Apport de la géodésie et de la tectonique active dans la com-


préhension des déformations actuelles dans les cordillères Rif-
Bétiques
2.3.2.1 Les études géodésiques

Les résultats géodésiques récents (Fadil et al., 2006 ; Koulali et al., 2011 ; McClusky et al.,
2003 ; Tahayt et al., 2008 ; Vernant et al., 2010) en accord avec les modèles NUVEL-1A (DeMets
et al., 1994, 1990) et les études sismologiques (somme des moments sismiques sur une durée de
20 ans) (Buforn et al., 2004) montrent un mouvement actuel de convergence des plaques de 4.3
± 0.5 mm/an avec une direction N116˚±5˚ distribué à travers l’ensemble de l’arc Rif-Bétiques
(Figure 2.11). D’après l’étude récente de Vernant et al. (2010) sur la zone Rif-Bétiques, dans un
référentiel Afrique stable, les stations GPS de la plaque Ibérique montrent un mouvement vers
le SE avec un taux de ∼4 mm/an, ce qui est cohérent avec le mouvement de convergence des
plaques (Figure 2.11). Au Sud du Rif, les sites GPS de la chaine de l’Atlas montre des vitesses
non significatives dans le référentiel Afrique stable ce qui suggère une déformation très faible.
Dans la chaine du Rif, par contre, le champ de vitesse GPS donne un mouvement très inattendu
vers le SSW avec une vitesse moyenne de 5.4 ± 1.5 mm/an dans le référentiel Afrique stable. Les
mesures effectuées sur 31 stations temporaires et 15 stations permanentes à différents intervalles
de temps entre 1999 et 2010 indiquent un phénomène constant dans le temps et permet donc
d’écarter l’hypothèse d’un phénomène transitoire. De plus, ce champ de vitesse est en accord
avec les observations sismologiques (mécanismes au foyer en décrochement sénestre dans l’Est
du Rif (Meghraoui et al., 1996 ; Tahayt et al., 2009)) et géologiques (chevauchement dans le Sud
du Rif et décrochement sénestre au Nord-Est du Rif (Aıt Brahim et al., 1990 ; Bargach et al.,
2004)) (Figure 2.10). Les modèles cinématiques tirés des études géodésiques citées précédemment
s’accordent sur le fait de faire du Rif un bloc indépendant bordé par des systèmes de failles dont
les vitesses de glissement avoisinent les 3 à 4 mm/an. Ce bloc serait bordé d’après la position
relative et la norme des vecteurs vitesses par du décrochement sénestre NNE-SSW sur sa bordure
Est, au Sud par une zone de chevauchement légèrement sénestre orientée E-W et sur sa bordure
Ouest par une zone transpressive dextre orientée N-S à NNE-SSW. Ces études géodésiques
montrent également que le champ de vitesse diffère de façon étonnante entre la zone du détroit
de Gibraltar et la mer d’Alboran (Figure 2.12).
1. Les sismicités instrumentale et historique seront détaillées localement par la suite pour chaque région du
Rif que nous avons étudiée.
28 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Figure 2.12: Profils de vitesse (1 et 2) à travers la zone Alboran (voir Figure 11 pour l’emplacement
des profils). (a) et (d) Vitesses et incertitudes à 1sigma projetées le long de la direction de
convergence des plaques (perpendiculaire aux profils). (b) et (e) Vitesses et incertitudes
à 1sigma projetées perpendiculairement à la direction de convergence (parallèle aux pro-
fils). La déformation intersismique calculée pour les différentes hypothèses de frontière
de plaques est indiquée par les courbes en couleurs (voir Figure 2.10a pour les correspon-
dances des couleurs). Les courbes roses correspondent au modèle cinématique optimum
incluant un bloc Rif-Alboran. (c) et (f) Coupes topographiques et lithosphériques inter-
prétatives. LM=manteau lithosphérique, OC=croute océanique, LVA=anomalie sismique
faible vitesse (Vernant et al., 2010).

En effet, dans la région du détroit de Gibraltar, les profils de vitesse montrent du raccour-
cissement (Figure 2.12a, b). Par contre, en mer d’Alboran, les profils de vitesse, en plus de
montrer le raccourcissement lié à la limite de plaque, indiquent également de l’extension sur
la marge ibérique et de la compression sur la marge africaine, et ce à 90˚ de la direction de
convergence (Figure 2.12d, e). Il parait difficile d’expliquer les mécanismes responsables d’une
extension et d’une compression sur une distance de 350 km tout en intégrant les mouvements
décrochants visibles sur les bordures Est et Ouest du Rif. Fadil et al (2006) et Vernant et al
(2010) suggèrent donc à partir de ces données GPS insolites que le mouvement de ce bloc (ou
microplaque) Rif est contrôlé par une délamination de la lithosphère sous-jacente liée au roll-
back vers le Sud du panneau africain sous le Rif. Une interprétation alternative de ce champ de
vitesse est donnée par Platt et al. (2013) qui en se basant sur les études de profils sismiques de
Flinch (1996) effectuées à travers le Rif suggèrent non pas un phénomène lithosphérique mais un
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 29

mouvement gravitaire superficiel des nappes géologiques du Nord vers le Sud sur un niveau de
décollement constitué de sédiments faiblement consolidés et d’évaporites. Ils se basent sur le fait
que les déplacements cumulés sur les failles normales au Nord et Centre Rif sont comparables
à ceux observés sur les failles chevauchantes du Sud de la chaine. Nous verrons par la suite que
ce modèle ne semble en accord ni avec les directions ∼N-S des structures extensives au Nord
du Rif et ∼E-W des chevauchements à vergence Sud dans le Sud du Rif que nous observons
dans notre étude morphotectonique, ni avec le tenseur de déformation des Bétiques qui montre
une extension ∼NE-SW. Enfin, une étude récente, comparant les taux de déformation déduits
des moments sismiques enregistrés sur ∼20 ans et ceux déduits des données GPS (Stich et al.,
2007) dans la région d’Alboran, montre un couplage de seulement ∼25% et donc une lacune
sismique de ∼75%. Aucun phénomène de "creeping" n’ayant été observé sur les failles actives
de la zone Rif-Bétiques-Alboran, cette lacune sismique semble donc liée au fait que les durées
d’observation sismiques sont trop courtes pour pouvoir les comparer aux vitesses de déformation
lentes observées dans la région. 2

2.3.2.2 Les études de tectonique active

La Méditerranée Occidentale est constituée d’un grand nombre de structures témoignant


d’une histoire tectonique complexe marquée par de nombreuses rotations du champ de
contraintes depuis le Cénozoique. Les résultats des études de tectonique pliocène et quaternaire
effectuées dans la région d’Alboran de part et d’autres du détroit de Gibraltar sont synthétisés
ici (Figure 2.13) :

• Le Golfe de Cadiz (Figure 2.13a) : les études bathymétriques et sismiques récentes effec-
tuées à l’Ouest du détroit de Gibraltar montrent un prisme allongé vers l’Ouest d’une épaisseur
excédant 10 km et constitué de matériels datés au moins au Miocène (Rosas et al., 2009 ; Zitellini
et al., 2009). Ce prisme a été interprété comme un olistostrome géant (Iribarren et al., 2007)
et/ou comme un prisme d’accrétion lié à la subduction (Gutscher et al., 2002) et semble être la
continuité offshore d’un prisme d’accrétion enfoui observé sous la plaine du Rharb (Maroc) par
Flinch (1996). Le Sud-Ouest de la marge Ibérique est déformé par des failles inverses orientées
NE-SW et E-W associées à de la sismicité instrumentale (Zitellini et al., 2009). Au niveau du
détroit, dans la partie supérieur du prisme, la présence de failles normales suggèrent une part
importante de la tectonique gravitaire dans la mise en place du prisme (Flinch, 1996). Plus au

2. Les vitesses de déplacement des stations GPS de chaque zone étudiée seront détaillées localement dans les
résultats afin de donner au lecteur les informations nécessaires à la compréhension de nos résultats morphotec-
toniques.
30 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Sud, le prisme d’accrétion sensu stricto est scellé par une pile de sédiments non-déformés déposés
depuis le Pliocène. Seules des jeunes failles dextres subparallèles orientées WNW-ESE (appelés
linéaments SWIM) déforment les sédiments jusqu’à l’Holocène depuis la terminaison est de
la zone de faille de Gloria jusqu’à la marge Marocaine (Rosas et al., 2009 ; Zitellini et al., 2009).

• La mer d’Alboran (Figure 2.13d, e) : malgré la faible profondeur du bassin (maximum


2000 m), la morphologie sous-marine d’Alboran est marquée par une succession de sous-bassins,
rides et monts sous-marins (Comas et al., 1992 ; Maldonado and Comas, 1992). La ride
d’Alboran orientée NE-SW à WNW-ESE est la structure majeure de la mer d’Alboran. Sa
formation est liée à des failles inverses et des plis en échelon qui déforment les sédiments jusqu’à
l’Holocène (Gensous et al., 1986 ; Morel and Meghraoui, 1996 ; Stich et al., 2006 ; Tesson et al.,
1987). La ride d’Alboran est limitée à l’Est par la faille décrochante dextre de Yussuf (orientée
WNW-ESE) qui se prolonge jusqu’à la marge Nord-Algérienne à l’Est sous la forme d’un bassin
actif en pull-apart et à l’Ouest par la Trans-Alboran Shear Zone. Cette zone de déformation
sismogène est marquée par des structures transpressives sénestres orientées ∼NE-SW disposées
en échelon et connectées aux failles N à NE de Lorca et Palomares (Sud Bétiques) et aux failles
NNE-SSW de la région d’Al-Hoceima-Nekor dans le Rif (Bourgois et al., 1992 ; Chalouan et al.,
1997 ; Comas et al., 1999 ; Gràcia et al., 2006 ; Maldonado and Comas, 1992 ; Martínez-García
et al., 2011 ; Mauffret et al., 2007).

• La cordillère Bétique (Figure 2.13c) : la partie Ouest des Bétiques est marquée par un
soulèvement récent (présence de terrasses marines soulevées)(El Kadiri et al., 2010 ; Hillaire-
Marcel et al., 1986 ; Zazo et al., 2003 ; Zazo and Goy, 1989) et d’importantes figures d’incisions
alluviales. Le front le plus Nord-Ouest de la chaine semble actif comme en témoignent la sismicité
superficielle associée à la propagation NW de failles inverses NE-SW (étude magnétotellurique de
Ruiz-Constán et al., 2010). Bien qu’il n’y ait aucun marqueur d’une déformation quaternaire en
surface, ce front de chevauchement est clairement tracé dans la topographie et délimite le bassin
d’avant-pays subsidant du Guadalquivir (Fernàndez et al., 1998 ; Garcia-Castellanos et al., 2002 ;
Muñoz et al., 2004 ; Sanz de Galdeano and Alfaro, 2004). Plusieurs plis de taille kilométrique
orientés E-W et ENE-WSW forment l’essentiel du relief au Centre et à l’Est des Bétiques et
semblent contrôler la géométrie rectiligne du trait de côte d’Almeria à Malaga (Galindo-Zaldıvar
et al., 2003 ; Marín-Lechado et al., 2007). Ces plis se poursuivent en mer d’Alboran et déforment
des dépôts holocènes sur la marge Ibériques (Marín-Lechado et al., 2007). Une tectonique ex-
tensive interagit avec ces plis et se traduit dans les Bétiques Centrales (bassin de Granada)
par la présence de failles normales actives de différentes échelles orientées NW-SE/WNW-ESE
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 31

connectées par des failles latérales de transfert dextres orientées ∼E-W (Alfaro et al., 2008,
2001 ; Frasca et al., in prep ; Galindo-Zaldivar et al., 2007, 2003 ; García-Tortosa et al., 2008 ;
Marín-Lechado et al., 2007 ; Martínez-Martínez et al., 2006 ; Pérez-Peña et al., 2010 ; Sanz de
Galdeano et al., 1995). La partie Est des Bétiques est affectée par des réseaux de failles sénestres
orientées NNE-SSW à NE-SW associées à une sismicité modérée et qui touchent des surfaces
quaternaires à terre et en mer (Booth-Rea et al., 2003 ; Gracia et al., 2008 ; Martínez-García
et al., 2011). Les taux de déformation moyens des failles ont été estimés à 1-2 mm/an, ce qui
accommoderait seulement 50% de la vitesse de convergence enregistrée (Cunha et al., 2012).
32 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

Figure 2.13: (a) Carte tectonique de la région Rif-Alboran-Bétiques où sont reportées les structures
actives onshore et offshore (Pedrera et al., 2011). Notons la faible quantité de structures
actives reportées dans le Rif liée au manque de données de tectonique active (Quaternaire
récent) dans cette région. (b) Carte de tectonique néogène du Rif (Meghraoui et al., 1996).
(c) Carte de tectonique active des Bétiques (Reicherter and Peters, 2005). (d) Carte de
tectonique active de la mer d’Alboran (d’après Mauffret et al., 2007). (e) Carte des
profondeurs de la mer d’Alboran construite à partir des données acoustiques (d’après
Mauffret et al., 2007).
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 33

• La chaine du Rif (Figure 2.13b) : le Nord du Rif est marqué par un soulèvement côtier
de quelques ∼0.1-0.2 mm/an sur l’ensemble de la côte Méditerranéenne (Cadet et al., 1977 ;
El Kadiri et al., 2010 ; Meghraoui et al., 1996 ; Morel and Meghraoui, 1996). Associées à ces
soulèvements, une série de failles normales, à composante parfois transtensives, N-S à NNE-SSW
déforment la partie supérieure de la croute, sous la forme de horsts et grabens à remplissage
quaternaire, jusqu’à un (ou plusieurs) niveau de détachement en profondeur hérité de la phase
de mise en place des nappes de chevauchement. Cette stratification mécanique de la croute
produite par l’empilement de niveaux de rhéologie différentes, seraient à l’origine des différences
observées entre la cinématique des failles qui rompent la surface (failles normales) et l’activité
sismique en profondeur (qui indique plutôt du décrochement)(Galindo-Zaldivar et al., 2009).
De plus, les auteurs expliquent le soulèvement régional par la présence de larges plis dans la
partie supérieure de la croûte. Quelques failles normales alignées avec le trait de côte et à fort
pendage vers le bassin d’Alboran ont été décrites le long de la marge maghrébine à terre et en
mer (Ait Brahim, 1991 ; d’ Acremont et al., 2014 ; Mustapha Meghraoui et al., 1996 ; Romagny
et al., 2014). Les deux failles majeures de Nékor et Jebha de direction ∼NE-SW, a priori
responsables de la mise en place des nappes de charriage vers le SW au Miocène (Chalouan et
al., 2006), recoupent de façon oblique la chaine du Rif. L’activité sismique associée à ces failles
est quasiment inexistante et leur activité au Quaternaire reste encore débattue (Aıt Brahim
et al., 1990 ; Benmakhlouf et al., 2012 ; Galindo-Zaldivar et al., 2009 ; Morel, 1987 ; van der
Woerd et al., 2014 ; Tejera De Leon, 1997). Grâce à la reconstitution des topographies anciennes
plio-quaternaires et de décalages observés sur les terrasses villafranchiennes, Meghraoui et
al. (1996) déduits tout de même des vitesses de raccourcissement de l’ordre de 2 mm/an sur
la faille de Nekor et de Jebha depuis le Pliocène. La faille de Jebha semble se prolonger en
mer Méditerranée sur le pli-faille de la ride d’Alboran avec une géométrie en faille inverse, et
sur le littoral Atlantique, au Sud de Larache, où elle semble se comporter comme une faille
senestre s’amortissant sur des plis orientés N140 (Meghraoui et al., 1996). Le Sud du Rif
est caractérisé par de la compression associée à du décrochement sénestre le long de plis et
chevauchements orientés ∼E-W. Ce front de chevauchement actif au Pliocène (correspondant
au front à vergence opposé du Guadalquivir dans les Bétiques, décrit précédemment) marque la
limite entre la chaine rifaine et le Moyen-Atlas/Meseta. Il affecte les dépôts Plio-Quaternaires
et semble se propager actuellement vers le Sud par-dessus les bassins d’avant-pays (Saiss,
Rharb,...) eux-mêmes en extension (Bargach et al., 2004 ; Chalouan et al., 2006 ; Moratti et
al., 2003). La partie Ouest du Rif a été peu étudiée en terme de tectonique active, seule les
études de néotectonique de Morel (1992, 1987) (Figure 2.14) indiquent la présence d’une faille
34 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

normale ∼E-W à pendage Nord dans la région de Tétouan et une succession de plis parallèles
orientés NNW-SSE jouant comme des plis de propagation de rampes (Zakir et al., 2004). Une
étude récente de Leroux-Mallouf,R. 2013 et Leroux-Mallouf et al. (in prep.) en cohérence avec
Morel (1987) suggère une activité tectonique récente dans la région de Larache se traduisant
par des plis associés à des failles aveugles de direction N-S/NNW-SSE hérités de déformations
plus anciennes. La déformation Quaternaire dans le Rif semble donc gouvernée globalement par
des directions de raccourcissement NNE-SSW, N-S et NNW-SSE (Brahim and Chotin, 1984 ;
de Lamotte et al., 1991 ; Morel, 1987), traduisant soit la poursuite des mouvements de nappes
vers le Sud-Sud-Ouest (de Lamotte et al., 1991 ; Morley, 1992), soit la convergence des plaques
lithosphériques africaine et eurasiennes, soit la concomitance des deux.
En résumé, les études de tectonique active présentées ici suggèrent que l’activité tectonique
actuelle dans la région Rif-Bétique-Alboran résulte d’une combinaison de (Figure 2.14) :

(1) Failles décrochantes dextres ESE, failles sénestres NE à N et failles inverses ENE
permettant le transfert des déformations depuis la zone de faille de Gloria jusqu’à la marge
Nord-Algérienne.

(2) Failles transtensives dextres ∼E-W localement dans les Bétiques associées à du soulève-
ment.

(3) Failles transtensives sénestres ∼NE-SW localement dans le Rif associées à du soulèvement.

La déformation dans la région Alboran semble donc se distribuer le long de nombreuses failles
lentes qui se distribuent spatialement sans organisation apparente ni relation évidente avec la
dynamique interne de la région. Certaines études comparatives, on l’a vu plus haut, mettent
le doigt sur un problème d’accommodation de la déformation, observée par GPS, le long des
structures actives. Ainsi, elles montrent que l’activité sismique et l’ensemble des failles actives
majeures étudiées dans la région Alboran n’accommodent respectivement que 25% et 50% de la
convergence enregistrée par GPS. Cela suggère donc soit une accumulation de la déformation
élastique de part et d’autres des failles (l’échelle de temps d’observation sismique étant alors trop
courte pour être significative), soit l’existence de processus asismiques continus qui pourraient
se traduire (i) par de la déformation intrabloc de type flexuration/plis (Belabbès et al., 2009 ;
Martínez-Martínez et al., 2006 ; Pérez-Peña et al., 2010) qui pourrait expliquer le soulèvement
que l’on rencontre sur l’arc et/ou (ii) par de faibles coefficients de frictions le long des failles
actives qui glisseraient alors de façon continue (phénomène de "creep", Fernández-Ibáñez et al.,
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 35

2007). Les données de vitesse de glissement sur les failles actives étant quasiment inexistantes
dans le Rif, notre étude permettra donc de vérifier si ce phénomène, visible dans les Bétiques et
en Alboran, se vérifie dans le nord du Maroc.

2.4 La chaîne du Rif

2.4.1 Situation géographique

La chaine du Rif (en amazigh "Arrif" qui signifie le "rivage, bord") est une chaine alpine
de 300 km de long sur 100 km de large située dans la région septentrionale du Maroc et qui
s’étend entre 34-36˚N de latitude et 2-7˚W de longitude (Figure 2.16). C’est une chaine de
montagne très contrastée où les paysages forestiers humides à l’Ouest s’opposent aux massifs
semi-arides et steppiques de l’Est. Les régions occidentales et centrales sont exposées à la fois
aux perturbations océaniques et méditerranéennes et sont donc fortement arrosées (>1500 mm
de précipitation par an près de la ville de Kétama), contrairement à la partie orientale qui subit
un climat méditerranéen semi-aride et ne reçoit que 200-300 mm/an. Bien que cette chaine soit
considérée actuellement comme active, les terrains géologiques étant principalement composés
de roches tendres telles que les argiles, les marnes ou les schistes, elle présente des reliefs arrondis
et progressifs où le terme de "badlands" (paysages ruiniformes peu végétalisés et entaillés par
de profondes ravines) prend tout son sens (Figure 2.15). Le Jebel Tidirhine situé sur les unités
calcaires est le point culminant du Rif avec une altitude de 2456 m, pour une altitude moyenne
de la chaine inférieure à 1000 m.
L’érosion vigoureuse, liée en grande partie aux terrains géologiques et à la forte anthropi-
sation des campagnes, et les vitesses de déformation lentes rendent difficile la préservation des
marqueurs morphologiques et des escarpements de failles et demande donc une prudence accrue
dans l’analyse et l’interprétation des figures de déformation.

2.4.2 Les principaux domaines structuraux

Le Rif est composé de trois domaines principaux depuis le Nord vers le Sud, soit de l’intérieur
à l’extérieur de l’arc, et en remontant la série stratigraphique : les zones internes, les nappes de
flyschs et les zones externes (Flinch, 1993 ; Saadi et al., 1980). Chaque domaine consiste en un
complexe tectonique de nappes et d’écailles formé de la même lithologie (Chalouan et al., 2008)
(Figures 2.16 et 2.17).
36
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART
Figure 2.14: Carte des mouvements récents du Rif où sont reportées les structures actives. Les courbes de niveau colorées correspondent aux
isohypses de la topographie tortonienne montrant les zones anciennement immergées (d’après Morel, 1992)
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART 37

Figure 2.15: Paysage de "badlands" rencontré dans la chaine du Rif

2.4.2.1 Les zones internes et le domaine d’Alboran

Les zones internes sont des formations du socle hercynien appartenant au domaine d’Alboran
qui ont été déplacées vers l’Ouest et charriées sur la marge africaine (Andrieux et al., 1971)
lors des différents épisodes géodynamiques décrits précédemment (Figures 2.16 et 2.17). Elles
sont communes au Rif et aux Bétiques et sont constituées principalement de terrains plissés et
métamorphiques. Trois unités continentales, résultant du remaniement de la sous-plaque Alboran
entre le Jurassique et le Miocène, composent les zones internes :
– Les Sebtides : ces unités inférieures sont affectées par un métamorphisme de type Schiste
bleu/Eclogite à Schiste vert. Elles sont composées de micaschistes, de gneiss et de kinzigites
et entourent le massif péridotitique de Beni Bousera (Kornprobst, 1974).
– Les Ghomarides : ces unités supérieures sont composées de schistes affectés par un faible
métamorphisme alpin (Michard et al., 2006).
– Dorsale calcaire : cette unité comprend des carbonates triaso-liasiques non-métamorphisés
et correspond aux reliques de la marge passive Sud de la Téthys (Michard et al., 2002).
Cette unité forme les reliefs majeurs du Rif.

2.4.2.2 Les nappes de Flyschs

Les nappes de Flyschs, considérées par Durand-Delga et al (2000) comme des dépôts turbidi-
tiques, sont constituées, à la base de la série, de marnes à litage calcaires d’âge Crétacé supérieur
et, au sommet, de grès à faciès nummidien Oligocène. Elles se sont formées dans l’océan Cé-
nozoique Liguro-Maghrébin, alors qu’il était connecté à l’Atlantique et aux océans alpins, et
38 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

correspond à la couverture sédimentaire d’un plancher océanique situé à l’origine au Sud et à


l’Est de la sous-plaque d’Alboran. Lors de la convergence à l’Oligocène-Miocène, ces nappes de
Flyschs, enracinées sous les zones internes, se sont empilées vers le Sud sur les zones externes
(Figures 2.16 et 2.17).
Elles sont limitées dans leur partie Orientale par la faille majeure du Nékor, et sont séparées
du domaine interne à l’Ouest par la faille de Jebha. Leur continuité au NE et au SW reste mal-
connue. Ces nappes de Flyschs apparaissent dans la morphologie du Rif sous forme de klipps au
sommet des hauts reliefs (Michard et al., 2006).

2.4.2.3 Les zones externes

Les zones externes sont des terrains parautochtones issus de la marge passive nord-africaine,
décollés de la croûte et charriés sur un niveau évaporitique Triasique (Figures 2.16 et 2.17).
Ils sont peu ou pas métamorphiques et s’organisent selon un système de plis et de nappes de
chevauchements à vergence S à SW (Tejera De Leon, 1997). On distingue trois unités structurales
du haut vers le bas de la série stratigraphique (du Nord au Sud) c’est-à-dire du bassin océanique
au plateau continental de la paléo-marge : l’Intrarif, le Mésorif et le Prérif. L’Intrarif est constitué
des unités de Kétama, qui affleurent dans la région d’Al-Hoceima et du Nékor sous forme de
schistes Mésozoiques métamorphisés (faciès Schiste Vert), des unités de Tanger et de Loukkos
(Crespo-Blanc and de Lamotte, 2006). Le Mésorif correspond à un ensemble de nappes empilées
constituées essentiellement de matériel daté du Jurassique au Crétacé inférieur. Il est imbriqué
entre l’Intrarif et le Prérif. La séquence de nappes imbriquées est scellée par une épaisse pile de
sédiments Oligocène à Miocène moyen constituée de marnes et de grès (Andrieux et al., 1971 ;
Crespo-Blanc and de Lamotte, 2006 ; De Lamotte, 1985). Le Prérif correspond aux terrains les
plus vieux et il vient donc s’enraciner sous le Mésorif. Il est subdivisé en Prérif interne, qui est
formé d’écailles de roches carbonatés Jurassique, et Prérif externe, qui se présente sous forme
d’une structure gravitaire chaotique marno-sableuse résultant du démantèlement des fronts de
nappes pendant ou juste après la mise en place des nappes au Miocène (Chalouan et al., 2008).
Le domaine externe est recoupé par l’accident majeur sénestre de Nékor orienté NE-SW et par
les failles ∼N-S qui découpent la région d’Al-Hoceima.

2.4.2.4 Les Rides Prérifaines

Elles occupent le front Sud du Rif, à la limite entre la chaine du Rif et les bassins d’avant-
pays, et sont constituées de matériel Mésozoique (Figures 2.16 et 2.17). Dispersées sous forme de
rides isolées (Jebel Tghat, Jebel Zalagh,...), elles sont interprétées comme des écailles de l’avant-
pays rifain déversées vers le Sud et l’Ouest résultant d’une phase de compression postérieure à
CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART
Figure 2.16: Carte géologique et structurale générale du Rif (Maroc) (les structures sont tracées d’après Meghraoui et al. (1996), Aıt Brahim
et al. (1990), Morel (1987), Poujol et al. (2014)). Les rectangles rouges sur la carte géologique localisent les zones étudiées pendant
mon travail de recherche. NF = Faille Nekor, JF = Faille Jebha.

39
40 CHAPITRE 2. ETAT DE L’ART

la mise en place des nappes (Faugeres, 1978). 3

Figure 2.17: Coupes géologiques simplifiées de la chaine Bétiques (en haut) et du Rif (en bas, selon le
profil dessiné sur la carte précédente)(d’après Michard et al, 2002). Notons, dans le Rif,
l’empilement des nappes de chevauchement vers le Sud-Sud-Est.

3. Les failles actives étudiées lors de cette thèse recoupent l’ensemble des domaines géologiques cités précé-
demment sans distinction. Aussi une présentation géologique et structurale détaillée pour chaque zone d’étude
introduira nos résultats morphotectoniques.
Chapitre 3

Objets géologiques étudiés et méthodes


utilisées lors de l’analyse
morphotectonique

Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.2 Les failles actives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2.1 Faille active et processus de rupture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2.2 Temps de récurrence et séisme caractéristique . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.3 Identification et reconnaissance des failles actives et de leurs mar-
queurs morphologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.1 Les méthodes de cartographie et d’imagerie . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.3.2 Les marqueurs morphologiques rencontrés dans la chaine du Rif . . . . . . 48
3.4 Les méthodes de datation des marqueurs morphologiques . . . . . . . 58
3.4.1 Stratégies d’échantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.4.2 Méthodes de datation du Quaternaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
42 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

3.1 Introduction

Pour une meilleure identification et compréhension des phénomènes et processus tectoniques


qui affectent une région donnée à l’échelle de plusieurs cycles sismiques, il est nécessaire de cou-
pler l’étude des paysages - c’est le rôle de la géomorphologie - à l’étude des structures qui affectent
ces paysages - c’est le rôle de la tectonique. Cette approche est appelée géomorphologie tecto-
nique ou « Morphotectonique » (Wallace, 1977). Le but de la morphotectonique est d’analyser
l’évolution temporelle et spatiale, aussi appelée cinématique (terme qui regroupe la géométrie,
l’amplitude et le sens des déplacements, et in fine la vitesse), des structures tectoniques en étu-
diant leurs effets sur les objets quaternaires de surface (cône alluvial, colluvions, terrasse alluviale
et marine, réseau hydrographique, ride...). La caractérisation de ces objets ou marqueurs mor-
phologiques quaternaires par les processus tectoniques nécessite de pouvoir observer les choses
à différentes échelles de temps et d’espace. Une analyse morphotectonique passe par l’étude du
fonctionnement des structures sur plusieurs milliers, voire dizaines ou centaines de milliers d’an-
nées, temps généralement proportionnel aux vitesses de déformation enregistrées autour de ces
structures. Cela représente des surfaces morphologiques affectées variant de quelques centaines
de m2 (échelle locale) à plusieurs centaines de km2 (échelle régionale). L’identification puis l’ana-
lyse de marqueurs morphologiques quaternaires décalés et déformés par une faille permettent
en premier lieu de déterminer la géométrie de la faille et la quantité de déformation cumulée le
long de cette faille. En datant les marqueurs qui ont enregistrés cette déformation, les vitesses
moyennes de glissement des failles peuvent être estimées. La paléosismologie s’intéresse généra-
lement aux marqueurs décalés sur des temps plus courts (quelques centaines à milliers d’années)
et permet de mieux quantifier le cycle sismique de la faille étudiée (déplacement co-sismique,
magnitude et temps de récurrence). Ces données sont importantes dans l’estimation de l’aléa sis-
mique régional. Avant de commencer une étude morphotectonique d’une zone géographique, il est
important d’étudier les données sismiques et géologiques disponibles (i.e. les cartes géologiques,
les données de sismicité instrumentale et historiques, les cartes des champs de vitesse GPS,..)
renseignant sur la déformation court-terme, afin de cibler au mieux les régions potentiellement
actives tectoniquement. L’étape suivante consiste à observer à l’échelle régionale les structures
géologiques et les marqueurs morphotectoniques à partir d’images satellites, de photos aériennes
et de modèles numériques de terrain (MNT), permettant une première sélection des sites à étu-
dier. Cette étape est suivie par une analyse locale détaillée de terrain permettant l’observation et
la description précise de la géométrie et de la nature géologique des marqueurs morphologiques
et des structures tectoniques impliquées. Enfin, la dernière étape est quantitative et consiste à
dater, quand cela est possible, la mise en place ou la période d’exposition en surface des dépôts
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 43

constituant les marqueurs morphologiques affectées, à partir d’échantillons de roches et/ou or-
ganiques (coquilles, charbons) prélevés sur ces surfaces. J’ai appliqué systématiquement chacune
des différentes approches décrites précédemment à chaque zone géographique étudiée pendant
ma thèse dans le but de déterminer les taux de glissement des failles actives qui affectent la
région du Rif. Dans ce chapitre, je ferai tout d’abord une synthèse brève sur les failles actives et
le cycle sismique. Je présenterai ensuite l’ensemble des outils utilisés et les différents marqueurs
morphologiques rencontrés et étudiés dans la chaine du Rif. Puis je décrirai les six méthodes
de datations que j’ai employé pour l’estimation des âges des marqueurs morphologiques : les
10
méthodes isotopiques du Be in situ, de l’3 He in situ, du 36
Cl in situ, du 14
C, de l’U/Th et la
méthode de Luminescence Stimulée Optiquement (OSL).
44 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

3.2 Les failles actives

3.2.1 Faille active et processus de rupture

Une faille est une discontinuité le long de laquelle deux blocs rocheux se déplacent l’un par
rapport à l’autre sous l’effet de contraintes tectoniques. Reid, en 1910, introduit la théorie du
rebond élastique et décrit les séismes comme le relâchement brutal le long d’une faille de l’énergie
élastique emmagasinée dans un volume rocheux autour de cette faille. Les séismes sont nucléés
en général à faible profondeur (entre 10 et 20 km), dans la croûte supérieure dite fragile (ou
sismogénique), et la rupture se propage jusqu’en surface (lorsque la magnitude atteint ∼Mw 6,
pour une profondeur moyenne de nucléation entre 10-12 km et des pendages de faille > 60˚) et
le long d’un ou plusieurs segments de faille. Au-delà d’une certaine profondeur, la rhéologie du
milieu devient ductile, le glissement se poursuit donc en profondeur de manière lente, continue et
asismique par fluage plastique le long de zone de cisaillement. En surface, la faille se bloque sous
l’effet d’aspérités et de rugosité sur son plan de glissement tandis que la déformation se poursuit
en champ lointain de manière élastique. Quand la déformation accumulée sur la faille est trop
importante, le seuil de chargement est atteint et la faille rompt. On parle de cycle sismique et il
se résume ainsi à une phase inter-sismique (chargement), co-sismique (rupture) et post-sismique
(ajustement de la lithosphère aux contraintes générées par la rupture instantanée de la croute
supérieure). Si la vitesse de déformation et le seuil de rupture sont supposés constants d’un
séisme à l’autre, alors le cycle sismique le long d’une faille est périodique et donc la magnitude
et le temps de retour des séismes sont prévisibles.

3.2.2 Temps de récurrence et séisme caractéristique

La répétition de séismes le long d’une faille active repose en réalité sur trois modèles théo-
riques (Shimazaki and Nakata, 1980) (Figure 3.1) :
a. Le modèle périodique (ou modèle de séisme caractéristique) : les seuils de chargement et de
rupture sont constants au cours du temps, induisant que les séismes se produisant sur une faille
ont des temps de récurrence et des déplacements co-sismiques constants semblables. Ce sont les
séismes caractéristiques.
b. Le modèle « time-predictable » : le seuil de chargement maximal est constant au cours du
temps, le seuil minimum après relâchement des contraintes est variable au cours du temps. On
peut donc prédire les temps de récurrence entre les séismes à partir du déplacement co-sismique
mais pas le déplacement associé au prochain séisme.
c. La modèle « slip-predictable » : les seuils maximums de chargement varient au cours du temps
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 45

mais l’état de contrainte atteint après un séisme est constant. Le taux de chargement depuis le
dernier séisme permet donc d’estimer les déplacements associés lors du prochain séisme.
Il est donc possible d’avoir des failles sur lesquelles les séismes se succèdent avec des intervalles
de récurrence et des déplacements co-sismiques irréguliers. Comme il est possible que certaines
failles génèrent des ruptures de surface de longueurs différentes d’un séisme à l’autre (Figure
3.1)(Schwartz and Coppersmith, (1984)).

Figure 3.1: (en haut) Les modèles théoriques de fonctionnement des failles (modifié d’après Shimazaki
and Nakata, 1980). (en bas) Les trois modèles de glissement le long d’une faille (modifié
d’après Schwartz and Coppersmith, 1984).
46 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

3.3 Identification et reconnaissance des failles actives et


de leurs marqueurs morphologiques

3.3.1 Les méthodes de cartographie et d’imagerie

Approche régionale
L’étude grande échelle d’une zone déformée tectoniquement est indispensable avant toute étude
de terrain et passe par l’utilisation d’une panoplie d’outils et de données cartographiques.
Cette première approche permet la reconnaissance des déformations de surface à une échelle
plurikilométrique. Au cours de ma thèse, j’ai utilisé :

a. L’imagerie satellitaire telles que :


• Les images GoogleEarth : ce sont des images généralement SPOT et QUICKBIRD à ∼15m
de résolution sur tout le globe.
• Les images Bing : leur résolution est quasiment similaire à celle de GoogleEarth, mais nous
avons remarqué qu’elles étaient parfois de meilleure qualité sur la zone du Maroc.
• Les images Pléiades : initié par le CNES (premier lancement en 2011), le projet Pléiade
a permis l’acquisition d’images Très Haute Résolution soit en panchromatique (sans discri-
mination des couleurs) avec 70 cm de résolution, soit en mode multispectral (assemblage de
plusieurs images, avec à chaque image une bande spectrale (bleu, vert, rouge, IR)) avec 2.8 m
de résolution. Une série d’image a été obtenu dans le cadre d’un financement CNES-TOSCA.
Le logiciel TerraIncognita a été utilisé afin d’acquérir les images satellites géoréférencées.

b. Les Modèles Numérique de Terrain (MNT) :


Nécessaires à une bonne vision globale et locale des zones d’études et à la quantification du
décalage des marqueurs morphologiques étudiés, ils sont devenus des outils indispensables au
morphotectonicien. J’ai utilisé au cours de ma thèse cinq types de MNT différents :
- Les MNTs issus des tuiles SRTM ou ASTER à 90m et 30m de résolution, disponibles gratui-
tement sur internet.
- Un MNT issus des images SPOT5, à 20m de résolution, financé par un projet CNES-TOSCA.
- Les MNTs construits à partir des images Pléiades dont les résolutions sont de l’ordre de 1 à
2m.
- Les MNTs construits par photogrammétrie à partir des photos aériennes sur le logiciel Agisoft-
PhotoScan, pouvant atteindre des résolutions inférieures à 1m.
- Les MNTs issus du GPS cinématique RTK (Trimble R8) et de la station optique (Trimble
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 47

5605) : ces MNTs ont des résolutions dépendantes de l’acquisition qui est faite sur le terrain,
mais les incertitudes relatives sont de l’ordre de quelques centimètres en horizontal et vertical.
Dans notre cas, nous avons atteint localement une résolution de quelques dizaines de centimètres
dans le meilleur des cas, ce qui nous a permis d’estimer précisément les valeurs des décalages
de marqueurs observés le long des failles étudiées. La différence entre ce type de MNT et les
autres réside dans son mode acquisition, en effet ce dernier nécessite d’être présent sur la zone
à cartographier et un minimum d’effort physique !

Approche locale
c. Les photos aériennes :
Ce sont les images couramment utilisées dans les domaines de la géomorphologie, morpho-
tectonique, et elles permettent de cartographier précisément les marqueurs morphologiques et
les failles actives en surface. Elles sont souvent utilisées par couple de deux photos prises avec
deux angles de vue différents pour permettre une vision stéréoscopique. L’échelle des images
aériennes acquises sur le Rif varie de 1/30,000 pour les campagnes récentes (2003) à 1/50,000
pour les campagnes plus anciennes (1960). Le grain de la photo s’est amélioré avec le temps. Les
dernières générations de photos aériennes sont à privilégier pour une étude morphotectonique
au Maroc, car les photos « vieilles générations » sont souvent inutilisables. L’inconvénient de
ces documents réside dans le fait qu’ils ne sont pas orthorectifiés et présentes des distorsions
sur les bordures. Au cours de ma thèse, j’ai travaillé essentiellement sur les photos aériennes. A

Figure 3.2: Méthode d’acquisition des couples de photos aériennes : deux photos de la même zone
sont prises avec un intervalle de temps court et donc un angle de prise de vue différents
permettant un recouvrement d’au moins 60%. Les lunettes stéréoscopiques permettent une
vision 3D à partir d’un couple de photos aériennes.

partir d’un jeu de lunettes stéréoscopique (Figure 3.2) et de film Codatras, j’ai pu cartographier
précisément les zones actives du Rif et, en analysant la déformation des marqueurs géomorpho-
logiques quaternaires, identifier les failles actives. Cette cartographie a permis de cibler les zones
d’études détaillées sur le terrain.
48 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Bien entendu, nous avons également acquis et étudiés les documents indispensables à la car-
tographie que sont les cartes topographiques, géologiques et structurales de notre zone d’étude. 1

3.3.2 Les marqueurs morphologiques rencontrés dans la chaine du


Rif

Dans les régions où le climat est méditerranéen à semi-aride (pluviométrie comprise entre 200
et 400 mm/an), c’est le cas sur la côte Nord-Est du Maroc, les marqueurs sont habituellement
bien préservés des processus érosifs et offrent les meilleurs conditions pour l’analyse morphotec-
tonique à des échelles de temps longues. Dans ces régions-là, le climat est souvent caractérisé
par des pulsations, des évènements extrêmes ponctuels et intenses qui façonnent brutalement
les paysages et remobilisent facilement le matériel géologique, favorisant la formation de bons
marqueurs morphologiques. Dans la région du Rif, l’érosion est variable d’une zone à l’autre de
la chaine, ceci est dû en partie aux différences de climat entre l’Est (climat sec méditerranéen),
l’Ouest (climat humide océanique) et la partie centrale de la chaine (climat montagnard). Elle
demeure cependant moyenne dans la région et cela est dû majoritairement à la faible dureté des
terrains géologiques que l’on y rencontre, comme en témoigne la forte proportion de glissements
de terrains et les morphologies de « bad lands » visibles dans l’ensemble du Rif. Les marqueurs
morphologiques du Rif ne sont donc pas toujours facilement identifiables en imagerie et sur le
terrain. Ils correspondent pour la plupart à des formations fluviatiles et marines qui enregistrent
d’une part les effets de la tectonique mais également les oscillations climatiques au cours du
Pléistocène-Holocène (<1Ma). En morphotectonique, l’intérêt des analyses est de mesurer les
décalages de marqueurs associés à un ou plusieurs séismes, marqueurs qui sont préférentielle-
ment utilisés lorsqu’ils sont (i) de géométrie linéaire (lignes de crête, talus de terrasse) et/ou
plane (surface alluviale, surface marine) car plus facilement exploitables et (ii) observables de
part et d’autre de la zone de faille afin de les comparer et d’estimer les décalages (Figure 3.3).
Je considère deux grandes familles de marqueurs morphologiques de la déformation le long des
failles actives : les marqueurs directs (plan de faille) et les marqueurs indirects (vallée, cône,
terrasse...).

3.3.2.1 Les marqueurs « indirects » de la déformation

Le réseau hydrographique, thalwegs, rides et vallées :


Le réseau hydrographique désigne l’ensemble des chenaux qui assurent le drainage superficiel,

1. Tous les documents, images, modèles de terrain, cartes, photos ont été orthorectifiés, quand cela était
nécessaire, et géoréférencés puis intégrés dans une base de donnée complète sous le logiciel de SIG ArcGis 10.0.
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 49

Figure 3.3: (En haut) Exemple de déformation rencontrée le long des failles normales quaternaires
(Motoki et al., 2008) et (en bas) le long de décrochement (éd. « Active fault of Japan »,
Research Group of Active Fault of Japan, 1991).

permanent ou temporaire, d’un ou plusieurs bassin-versant. La densité du réseau dépend du


climat, des valeurs de pentes, de la perméabilité des formations géologiques du substrat... L’or-
ganisation du réseau dépend quant à lui des structures qu’il traverse, de la géologie et du relief.
Les failles (décrochantes, normales ou inverses) sont responsables de décalage latéraux (figure
sigmoïdale), verticaux (présence de knickpoint) et de figures d’incision (reprise d’incision) dans
le réseau de drainage, lorsque celui-ci les traverse. Associés à ces décalages de drains et, à plus
grande échelle, d’axes de vallées, on retrouve également des décalages dans les reliefs positifs
que sont les lignes de crêtes et les « shutter-ridges » (Figure 3.3). Un exemple présentant un
ensemble de drains décalés le long de la faille décrochante de Bogd (Mongolie) montre la ré-
organisation progressive du réseau hydrographique visible par la succession de dépôts alluviaux
d’âges différents qui se sont mis en place suite aux déplacements successifs de la faille (Ritz et
al., 1995)(Figure 3.4).
La mesure des décalages horizontaux se fait : soit par profils perpendiculaires à l’axe du drain,
quand celui-ci est oblique, de chaque côté de la faille (Figure 3.5, cas 1), soit par projection de
l’axe du drain décalé sur la ligne de faille, quand celui-ci est rectiligne (on obtient ainsi deux «
piercing points » dont la distance qui les sépare représente le décalage, Figure 3.5, cas 2). Dans
50 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Figure 3.4: Exemple de reconstruction de l’histoire des dépôts de cônes alluviaux et de l’érosion en rap-
port avec le fonctionnement de la faille décrochante de Bogd (d’après Ritz et al., (1995)).

le cas des lignes de crêtes ou des rides, il est souvent plus aisé d’appliquer la première méthode.
Les décalages verticaux se mesurent avec l’une ou l’autre de ces méthodes.
Dans le Rif, le réseau hydrographique a un régime intermittent. On utilise le mot « oued
» pour désigner ce type de drains qui est quasiment à l’étiage toute l’année et ne se met en
charge que lors des crues « éclairs » d’automne et du printemps. La forte évaporation, la forte
infiltration et ponctuellement la forte pluviométrie expliquent ces phénomènes extrêmes. Le
réseau hydrographique dans l’ensemble du Rif est fortement incisé et présente souvent des lits
très larges facilement reconnaissables sur les images satellites et aériennes.

Les terrasses alluviales :


Il existe deux grands types de terrasses alluviales : les terrasses d’aggradation (ou « fill terrace
») et de dégradation (ou « strath terrace ») (Figure 3.6). L’une se forme par aggradation de
matériel alluvial le long de la rivière directement suivis par une incision laissant ainsi les surfaces
de dépôt abandonnées de part et d’autre de l’axe de drainage. Le cycle se répète jusqu’à créer un
emboîtement de n terrasses. L’autre type de terrasse peut se former de différentes façons mais
concerne généralement les terrasses mises en place par incision du bedrock, qui sont seulement
associées à des dépôts très fins de graviers. Quoi qu’il en soit le mode de formation de ces deux
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 51

Figure 3.5: Bloc diagramme d’une faille décrochante dextre décalant des incisions et des lignes de
crêtes (modifié d’après Christiansen (1995)). Les deux méthodes de mesure des décalages
horizontaux de drains sont reportées en vert. (1) Mesure par profils perpendiculaire à l’axe
du drain, (2) Mesure par projection parallèle à l’axe du drain.

types de terrasses alluviales est lié à un changement du profil d’équilibre de la rivière en relation
avec (i) une mise à l’affleurement de lithologie différente lors de l’incision de la rivière, (ii) un
changement climatique et/ou du niveau de base ou (iii) un forçage externe lié à la tectonique.
Dans le cas (ii), les changements climatiques ont des incidences directes sur l’érosion et le dépôt
des surfaces alluviales. Parfois, pour des régions voisines qui ont connu les mêmes conditions
climatiques, il n’est pas rare de retrouver les mêmes types de dépôts avec des âges similaires.
Ainsi, la corrélation de terrasses non-datées avec des terrasses datées dans une autre région du
globe ou ayant subi les mêmes variations climatiques, a souvent été utilisée pour estimer l’âge
des surfaces non-datées (Avouac and Peltzer, 1993).
Le cas (iii) qui nous intéresse concerne les terrasses formées en réponse à une perturbation
tectonique comme un décalage vertical de l’aire de drainage. Les sites les plus intéressants pour
mesurer des décalages horizontaux et verticaux sur des marqueurs alluviaux sont ceux où la
faille coupe perpendiculairement ces surfaces. Les marqueurs géomorphologiques utilisés pour
la mesure de décalage horizontaux ou verticaux sont généralement linéaires (axe des drains,
les bords de talus des terrasses) et constituent des lignes repères (prolongement du marqueur
linéaire) ou points repères (point d’intersection d’une ligne repère avec un tracé de faille par
exemple) (Burbank and Anderson, 2011 ; Harkins and Kirby, 2008 ; van der Woerd et al., 2004).
L’inconvénient est qu’il est difficile de savoir si le décalage mesuré correspond à un décalage
52 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Figure 3.6: Les différentes configuration de terrasses alluviales (modifié d’après Burbank and Anderson
(2011)). (a) Profils des terrasses d’aggradation et de dégradation, (b) Profils montrant une
séquence complexe de terrasse d’aggradation et de dégradation.

Figure 3.7: Exemple d’une terrasse alluviale déposée contre la faille et ré-utilisée comme restanque
pour l’agriculture (site de Trougout, région d’Al-Hoceima). Les flèches indiquent la trace
de la faille.

cumulé et si le marqueur n’a pas été érodé car alors le décalage estimé serait minimum. Dans
notre étude, nous avons mesuré les décalages verticaux et horizontaux en utilisant les deux
techniques courantes exposées ci-avant. Lorsque les dépôts se trouvent recoupés par la faille,
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 53

un profil perpendiculaire à la ligne de faille permet d’en estimer le décalage vertical. Les profils
topographiques permettant ces mesures sont tirés des cartes de microtopographie à 0.5 m de
résolution réalisées grâce au GPS cinématique. Les difficultés rencontrées au Maroc concernent
l’érosion, principalement anthropique, des talus de terrasses utilisées comme « restanques » par
les agriculteurs, et donc le choix des lignes et points repères à mesurer (Figure 3.7).

Les cônes alluviaux :


Ce sont des marqueurs morphologiques qui traduisent des environnements climatiques et mor-
phologiques particuliers.

Figure 3.8: Schéma représentant l’évolution morphotectonique de la Bitut Valley (Mongolie) durant
le Pléistocène inf.-Holocène (d’après Vassallo et al (2007)). Les profils de rivière et les
blocs 3D associés montrent une alternance de phases de dépôts et d’incision dans un cône
alluvial liés d’une part à la tectonique et d’autre part aux pulsations climatiques globaux
(transition glaciaire/interglaciaire).

Ils sont généralement localisés à l’exutoire d’une vallée ou d’un canyon sur le haut de la
plaine alluviale et sont causés par une décroissance soudaine du flux torrentiel associée à une
54 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

perte de charge sédimentaire. Ils se déposent sous la forme d’un éventail ouvert ou semi-conique
sur une faible pente et peuvent atteindre de fortes épaisseurs (Burbank and Anderson, 2011 ;
Harvey et al., 2005 ; Southard et al., 1975). Quand leur formation est associée au jeu d’une faille
normale en piedmonts de relief, leur taille peut renseigner sur la vitesse de déformation de la
faille (Burbank and Anderson, 2011). Plus la faille est rapide, plus l’étendue du cône est faible.
Le cône ne correspond à aucune zone climatique en particulier et peut se retrouver à la fois sous
des climats humides et secs. Ils peuvent parfois indiquer un changement d’une phase climatique
dite interpluviale (ou interglaciaire) à une phase climatique pluviale (ou glaciaire) marquée alors
par un plus fort alluvionnement (Tassin, 2012), mais ce n’est pas systématique, et souvent ce
n’est pas un épisode unique d’alluvionnement mais une succession alluvionnement/creusement
liée à la période de transition climatique qui construisent le cône (Figure 3.8).
Au niveau de son apex, le cône se raccorde au cours d’eau qui l’alimente en amont et qui
peut le creuser lors d‘épisodes d’incision (Delcaillau, 2005). Dans la chaine du Rif, les cônes
alluviaux sont très présents et sont souvent associés aux failles actives. Au Nord-Est du Rif, un
cône de plus de ∼50m d’épaisseur, situé à l’exutoire d’un canyon marquée par le passage de la
faille de Trougout, a été incisé de plus de ∼10m dans sa partie apicale et présente à l’intérieur de
cette incision une succession de terrasses imbriquées. La mesure des décalages dans les cônes se
fait généralement à l’aide des chenaux d’incision identifiés à leur surface, aux talus les bordant
latéralement ou en comparant l’axe médian du drain d’alimentation du cône par rapport à l’axe
moyen (ou génératrice) du dépôt alluvial (Figure 3.4). L’inconvénient des cônes alluviaux est
qu’ils sont des marqueurs morphologiques de grande envergure ce qui induit de fortes incertitudes
dans les mesures de décalage (i.e. Le Béon, 2008).

Les colluvions :
Les colluvions sont des dépôts gravitaires détritiques qui se mettent en place après un faible
transport sur les pentes, si elles n’excèdent pas un certain degré de pendage, ou sur des rup-
tures de pente en contrebas de relief. La remobilisation et le dépôt des colluvions sont dus à
des phénomènes climatique (i.e. le ruissellement) ou encore tectonique (i.e. rupture cosismique
entrainant une remobilisation gravitaire de dépôts en surface). On trouve par exemple au pied
des escarpements de faille des coins de colluvions issus de processus de déstabilisation gravitaire
et/ou de dégradation diffusive. Même s’il est difficile de faire la différence entre les colluvions
« co-sismiques » et les autres, elles restent un marqueur de déformation très utile et peuvent
parfois être datés. Ils représentent cependant un inconvénient lorsqu’il s’agit de dater de la mise
36
à l’exposition du plan de faille par les isotopes cosmogéniques (e.g. Cl in situ sur miroirs de
faille calcaires), car dans ce cas, les dépôts de colluvions masquent le rayonnement cosmique et,
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 55

s’ils sont remobilisés à chaque rupture sismique, bruitent et biaisent le signal du « chronomètre
isotopique » (Benedetti et al., 2002 ; Palumbo et al., 2004).

Les terrasses marines :


Les terrasses marines sont des marqueurs morphologiques qui renseignent sur la paléo-dynamique
côtière et qui permettent, dans le cas qui nous intéresse, de quantifier des taux de surrection.
Elles sont le résultat d’une interaction entre les variations du niveau marin, les mouvements
tectoniques et l’érosion du continent (Bradley and Griggs, 1976 ; Lajoie et al., 1991). Une ter-
rasse marine est une surface plane limitée, côté océan, par un escarpement ou une falaise côtière
active, et, côté continent, par un escarpement ou une rupture de pente. C’est une ancienne
surface ou plate-forme d’abrasion formée par l’érosion marine lors d’un haut niveau marin, cor-
respondant à une période interglaciaire, recouverte ou non de sédiments, et qui a été abandonnée
lors d’un soulèvement tectonique puis préservée de l’érosion. Il est également possible de former
une terrasse marine lors d’un stade glaciaire mais elle a peu de chance d’être préservée car elle
subira alors l’érosion marine lors de la prochaine transgression ou bien elle restera immergée si
la vitesse de surrection est trop lente. Les terrasse marines sont fréquemment recouvertes pen-
dant les transgressions de dépôts marins (sables, coquilles) et pendant les régressions de dépôts
continentaux (dépôts alluviaux et colluviaux, blocs d’effondrement de la falaise sus-jacente).
Ces dépôts sont donc soit contemporains à la formation de la terrasse, soit postérieurs (Figure
3.9). Une terrasse marine est rarement marginalisée sur un massif, elle est souvent accompagnée
d’une succession de terrasses étagées d’âges différents où la plus haute en altitude est souvent
la plus vieille (Anderson et al., 1999 ; Chappell and Shackleton, 1986 ; Siddall et al., 2006). Une
succession étagée de terrasses marines présente rarement la séquence chronostratigraphique com-
plète (Anderson, 2010 ; Burbank and Anderson, 2011). Certaines terrasses faiblement prononcées
(formée lors d’une transgression rapide et courte par exemple) peuvent s’effacer sous l’effet de
processus d’érosion continental lors de son émersion ou si elles sont de nouveau immergées. En
général, la ré-immersion d’une terrasse marine dépend de la vitesse et de la durée de stabilité de
la transgression marine, de l’intervalle de temps entre deux hauts niveaux marins et enfin de la
vitesse de surrection de la côte.
Dans le Nord du Rif, les terrasses marines présentent à la fois des dépôts marins de type
coquilles, coraux ou sables consolidées et des dépôts continentaux de surface composés générale-
ment de galets ou de blocs enchâssés ou non dans les dépôts d’origine. Elles sont particulièrement
bien marquées dans la morphologie et apparaissent comme une succession de ruptures de pente
associées à des surfaces planes à faible pente vers le trait de côte (Figures 3.10 et 3.11). On re-
trouve souvent intercalés entre ces terrasses des dépôts éoliens de type dunaire qui apparaissent
56 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Figure 3.9: Schéma représentant les deux types de morphologie de terrasse marine. L’une est recouvert
uniquement de dépôts continentaux postérieurs à la formation de la terrasse (appelée ter-
rasse d’abrasion), l’autre est recouverte de dépôt marins contemporains puis continentaux
postérieurs à la formation de la terrasse (appelée terrasse de dépôt) (d’après (Saillard,
2008).

clairement sur les images satellites. Cette succession de terrasses n’est pas visibles sur l’ensemble
de la côte méditerranéenne. Cela peut être dû à des taux de surrection différents et/ou aux
différents types de morphologie côtière rencontrés.

La lithologie et le pendage des couches affleurant sur la falaise côtière ont une influence sur
le développement des plates-formes marines. Plus les roches du substrat sont résistantes et plus
le pendage des couches est élevé et/ou dirigé vers le continent, plus l’érosion sera lente et la
plate-forme marine étroite voire inexistante.

Lorsque l’on cherche à mesurer l’altitude d’une terrasse marine (pour les calculs de taux
de surrection par exemple), il faut définir le point haut ou paléo-niveau 0 de la terrasse. Ce
paléo-niveau 0 correspond à la paléo-zone d’action des vagues du maximum transgressif et est
matérialisé soit par une encoche marine dans une ancienne falaise côtière, soit par une rupture
de pente plus ou moins bien préservée. Avec l’érosion et les dépôts de colluvions en pied d’es-
carpement, l’altitude exacte de la rupture de pente est souvent mal estimée. Nous avons donc
rajouté une incertitude (comprise entre 1-5m), proportionnelle à l’âge de la terrasse, sur les me-
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 57

Figure 3.10: Photographie du massif du Ras Tarf (Rif) montrant la succession de deux terrasses ma-
rines étagées.

Figure 3.11: Les deux types de terrasses rencontrées sur les côtes nord-marocaines (en bas) et leur
morphologie associée (en haut, dessins modifiés d’après Pedoja, 2003). (à gauche) La
terrasse marine est en cours de formation et est composée d’une encoche à son sommet et
d’un platier en cours de construction. (à droite) La terrasse est très étroite et caractérisée
par un éperon rocheux émergé et des éboulis en pied de falaise.
58 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

sures d’altitude effectuées à partir du GPS cinématique (précision de ∼50 cm). Pour le calcul
du taux de soulèvement, il faut connaitre l’altitude actuelle du paléo-niveau marin (A1), l’âge
de la terrasse (t) et la hauteur maximale de la transgression correspondante (A0) par rapport
au niveau zéro actuel. A partir de ces paramètres, la vitesse est définie par l’équation :

A1 − A0
V =( ) (3.1)
t

3.3.2.2 Le marqueurs « direct » de la déformation

Les plans de failles exhumés


Il est difficile de ranger les failles avec les marqueurs morphologiques car ce sont elles qui les
déforment. Cependant, ce qui nous intéresse et que nous considérons comme marqueurs mor-
phologiques ce sont les plans de faille qui découlent du mouvement de la faille. Les plans de
failles enregistrent beaucoup d’informations sur la géométrie du mouvement le long de la faille
(stries, cannelures,..). Associées aux datations d’exhumation du plan de faille, ces informations
nous permettent d’estimer des vitesses de déformation et potentiellement les âges des séismes
passés (Figure 3.12). Il faut tenir compte sur le terrain de l’état de préservation du plan de faille,
de sa lithologie pour adopter la bonne méthode de datation, ainsi que la stratégie et les moyens
nécessaires pour échantillonner le plan. Au cours de ma thèse, j’ai étudié trois failles normales
et une faille décrochante sur lesquelles j’ai pu utiliser cette approche.

3.4 Les méthodes de datation des marqueurs morpholo-


giques

J’ai utilisé plusieurs méthodes de datation au cours de ma thèse en fonction des marqueurs
rencontrés et de leur lithologie très différente selon les zones étudiées : certaines font interve-
nir des cosmonucléides (10 Be, 36
Cl, 3 He, 14
C), d’autres des éléments radioactifs (U/Th) et enfin
d’autres encore se basent sur l’absorption d’énergie par le Quartz (OSL) (Figure 3.1). Les mé-
thodes du 10 Be in situ et du 14 C seront décrites en détails, les autres méthodes seront présentées
succinctement. Plus de détails sur ces méthodes sont présentés dans les ouvrages suivants :
Anderson, (2010) ; Bierman, (1994) ; Blard, (2006) ; Cerling and Craig, (1994) ; Dunai, (2010) ;
Gosse and Phillips, (2001) ; Lal, (1991) ; Nishiizumi et al., (1986) ; Schimmelpfennig, (2009). Je
présente également en parallèle les différentes méthodes et stratégies d’échantillonnage adoptées
au cours de ma thèse pour quantifier les taux de glissement le long des failles actives.
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 59

Figure 3.12: Profil de concentration d’isotopes cosmogéniques accumulés le long d’un escarpement de
faille (Palumbo et al., 2004). Les datations cosmogéniques mettent en évidence la trace
de trois déplacements co-sismiques le long de la faille. A partir des âges calculés pour
chaque profil, il est possible d’estimer le temps de récurrence des séismes
60 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Table 3.1: Tableau récapitulatif des différentes méthodes de datations utilisées au cours de cette thèse
et leur fiabilité associée dans le cas de notre étude.

3.4.1 Stratégies d’échantillonnage

J’ai adopté plusieurs méthodes d’échantillonnage au cours de cette thèse, dépendamment du


type de marqueurs, de lithologie, de stratigraphie du dépôt, des moyens disponibles, etc... La
stratégie d’échantillonnage sur le terrain tient compte de l’état de préservation morphologique
des surfaces et des échantillons qui les composent et de leur mode de dépôt (e.g. galets libres ou
enchâssés dans la matrice, dépôt alluvial monocouche, dépôt conglomératique ou sableux,...).
Ce sont le type et la lithologie des dépôts ainsi que le coût et la fiabilité qui conditionnent
le choix de la méthode de datation. Au cours de ma thèse, j’ai appliqué plusieurs stratégies
d’échantillonnage essentiellement en fonction de l’environnement morphologique :

a. Collecte d’amalgames (3 He, 10


Be) : cet échantillonnage est statistique et consiste
à récolter au moins ∼50 échantillons de même lithologie, de même taille (<10cm) et de même
géométrie, dans un bon état de préservation, sur l’ensemble d’une surface morphologique
abandonnée (Figure 3.13f). Ils sont analysés et interprétés comme un seul et même échantillon,
ce qui permet une diminution des effets stochastiques liés aux paramètres aléatoires des
processus géologiques en faisant une estimation statistique du rayonnement cosmique reçu par
l’ensemble du dépôt. En faisant cela nous nous affranchissons des dispersions de concentrations
liées en partie aux différences d’héritages. Il est souvent judicieux d’échantillonner en parallèle
la surface active pour connaitre l’héritage cosmogénique à déduire des concentrations de la
surface abandonnée (pré-exposition avant dépôt, i.e. échantillonnage d’une terrasse alluviale et
échantillonnage du dépôt dans le lit actuel). Cette stratégie d’échantillonnage sous-entend qu’il
n’y a pas eu de changement morphologique majeur (changement de la géométrie et lithologie du
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 61

bassin-versant par exemple, dans le cas de dépôts alluviaux) entre le moment du dépôt « ancien
» et le dépôt actuel, et qu’ils sont donc comparables en terme d’héritage. Pour l’échantillonnage
des terrasses marines, il est nécessaire de récolter les échantillons le plus près possible du pied
de la falaise de chaque terrasse (au paléo-niveau 0).

b. Profils en profondeur (10 Be, 3


He) : cette stratégie d’échantillonnage permet
d’analyser la distribution des concentrations d’un cosmonucléide en fonction de la profondeur et
donc ce l’atténuation du rayonnement cosmique. Ainsi, en théorie, les concentrations diminuent
en profondeur selon une courbe de décroissance exponentielle (e.g. Brown et al. (1992) et
tendent vers une valeur minimum de concentration qui correspond à l’héritage anté-dépôt du
matériel. Les profils que nous avons réalisés descendent à 2m de profondeur, et typiquement 7-8
échantillons « amalgames » sont récoltés entre la surface et 2m avec un pas de 25 cm dans le
premier mètre puis de 50 cm dans le 2eme mètre (Figure 3.13b). Un log stratigraphique détaillé
est également levé pour chaque profil d’échantillonnage, car il n’est pas toujours possible à la
simple observation de la section étudiée de reconnaitre si on est bien dans le cas d’un dépôt
synchrone (il arrive que la section étudiée correspondent à des dépôts multicouches diachrones
résultant dans la dispersions des concentrations et par conséquent l’impossibilité de caractériser
l’âge de la surface exposée par le biais d’un profil de décroissance).

c. Profil le long du miroir de faille (36 Cl, 3 He) : cette stratégie d’échantillonnage
s’applique aux plans de failles normales ou décrochantes. Le principe est le même : nous
récoltons selon un profil qui suit le vecteur glissement (profil vertical pour une faille normale,
horizontal pour une faille décrochante, oblique pour une faille normale-décrochante) avec un
pas d’échantillonnage de 50cm maximum pour des failles jeunes (Figure 3.13a, c, d, e). Le choix
du plan de faille dépend essentiellement de son état de préservation.

d. Luminescence optique « OSL » : l’approche que j’ai utilisé pour échantillonner un


dépôt en vue de sa datation par la méthode OSL consiste à prélever un cube d’au moins 20cm
de côté à 40cm minimum en profondeur, et en évitant l’exposition de l’échantillon à la lumière
du soleil.

3.4.2 Méthodes de datation du Quaternaire


Le développement des techniques de datations de marqueurs et de processus de surface par
les isotopes cosmogéniques a permis une avancée majeure en géochronologie du quaternaire. Dé-
veloppé depuis une trentaine d’années, ces méthodes permettent d’estimer l’âge d’abandon de
62 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Figure 3.13: Photographies des différentes stratégies d’échantillonnage. (a) Profil le long d’un plan de
faille normale de petite taille (échantillonnage chaque 10 à 50 cm), (b) Profil au sein d’un
cône alluvial (un pas d’échantillonnage de 25 à 50cm), (c) Profil le long d’un plan de faille
normale-décrochante de grande taille (échantillonnage sur corde nécessaire et collecte
tous les 50 cm à 1m), (d) Profil le long d’un plan de faille décrochante de grande taille
(échantillonnage sur corde nécessaire), (e) Outil pour l’échantillonnage s’étant avéré peu
adapté, (f) Collecte d’amalgames de surface sur une terrasse alluviale (∼50 échantillons
de ∼5 à 10 cm de diamètre sur l’ensemble de la surface morphologique).

surfaces morphologiques quaternaires sur des périodes de temps qui vont de quelques milliers à
quelques centaines de milliers d’années (Klein et al., 1986 ; Nishiizumi et al., 1986). Ces méthodes,
basées sur l’analyse des concentrations d’isotopes rares présents dans les roches terrestres, sont
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 63

intéressantes en morphotectonique car correspondent à des gammes de temps identiques à celles


qui régissent les processus géomorphologiques. En outre, elles peuvent s’appliquer aujourd’hui
dans quasiment tous les environnements quartzeux (10 Be), calcaires (36 Cl) ou basaltiques (3 He).
Le principe de datation par les isotopes cosmogéniques est basé sur le processus de production de
cosmonucléides lors d’une exposition aux rayonnements cosmiques reçus à la surface de la Terre.
La Terre est constamment soumise à un bombardement galactique cosmique principalement com-
posé de nucléons de haute énergie : 83% de protons et 13% de particules alpha, mais également
d’électrons (3%) et de noyaux durs (1%) (Dunai, 2010) (Figure 3.14). Lorsque ce rayonnement
traverse l’atmosphère terrestre les particules qui le composent entrent en contact avec les atomes
de l’atmosphère (Azote, Oxygène) ce qui a pour effet de créer une cascade de réactions nucléaires
14 10
en chaine aboutissant à la formation d’éléments instables comme le C (bien connu) et le Be
atmosphériques (différent de celui utilisé dans ce travail) et de particules secondaires comme
les neutrons et les muons (Gosse and Phillips, 2001) (Figure 3.14). Ces particules secondaires
(essentiellement des neutrons), excitées énergétiquement, bombardent les roches exposées à la
surface de la Terre et réagissent à leur tour avec certains atomes contenus dans les minéraux
de ces roches. Ces réactions (spallation, capture neutronique et capture muonique) conduisent
10 36
à la production de cosmonucléides in situ tels que le Be, le Cl, l’3 He, etc...(Figure 3.14). Les
principaux éléments cibles affectés sont les atomes de Si, O, Al, Fe, Mg, Ca, K contenus dans
les pyroxènes, les olivines, les quartz et les carbonates. Du fait de l’atténuation des particules
incidentes dans la matière (le sol), la production de cosmonucléides décroit exponentiellement
en fonction de la profondeur jusqu’à devenir négligeable, pour notre utilisation, à partir de 2-3m
de profondeur (Dunai, 2000 ; Lal, 1991 ; Stone, 2000).

10
3.4.2.1 Le Be in situ

10
La méthode du Be in situ permet de dater l’exposition aux rayonnements cosmiques de
roches détritiques constituant les marqueurs morphologiques cités précédemment, tels que les ter-
rasses alluviales, les terrasses marines et les cônes d’épandage. L’âge d’exposition d’un marqueur
affecté par une faille, couplé à sa valeur de déplacement obtenu par l’analyse morphotectonique,
permet d’estimer une vitesse moyenne de glissement le long de cette faille.
L’utilisation de cette méthode est optimale pour toutes les roches contenant du Quartz
(SiO2 ), minéral très résistant présent partout à la surface de la Terre. Son taux de production
(P0 ) dépend de l’intensité du champ magnétique terrestre qui varie selon l’altitude et la latitude,
du flux du rayonnement cosmique et du masque de la topographie autour des dépôts.
La production de 10 Be est maximale en haute altitude, haute latitude, sans masque topogra-
phique et en surface. Le taux de production pour le quartz est bien connu pour des altitudes et
64 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Figure 3.14: Schéma montrant le processus de bombardement cosmique sur les atomes de l’atmosphère
puis la production de 10 Be in situ dans les minéraux de quartz sur les 2-3 premiers mètres
de la surface de la Terre

latitudes données (Dunai, 2000 ; Lal, 1991 ; Stone, 2000). Il s’exprime en at/gr/an et est calculé
selon le polynôme de Lal (1991) :

P0 (L, z) = a(L) + b(L) × z + c(L) × z 2 + d(L) × z 3 (3.2)

où L est la latitude géomagnétique, z l’altitude (km), et a,b,c,d sont des coefficents dépendants
de L. L’atténuation théorique du taux de production en fonction de la profondeur est donnée
par la loi suivante :
−ρx
P (x) = P0 × exp( ) (3.3)
Λ
Où ρ est la densité de la roche (g/cm3 ), x la profondeur (cm), Λ la longueur d’atténuation
de 160 g/cm2 (pour les neutrons), 1500 g/cm2 (pour les slow muons) et 5300 g/cm2 (pour les
fast muons) (Braucher et al., 2011).
Le profil Concentration/Profondeur théorique décrit une décroissance exponentielle qui tend
vers une concentration minimum asymptotique en profondeur (Figure 3.15). Cette concentration
correspond à l’héritage moyen et est considérée comme constante pour tous les échantillons d’un
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 65

même profil.

Figure 3.15: Exemple de distribution de la concentration en 10 Be en fonction de la profondeur (Rizza


et al., 2011).

10
Le Be est un élément radioactif qui décroît au cours du temps, il y a donc au sein du
profil une diminution de la concentration dûe à l’atténuation en profondeur (équation a), à la
désintégration radioactive (sur l’ensemble du profil) et à l’érosion de la surface. Cela est pris en
compte dans les calculs de concentrations, en faisant l’hypothèse que l’érosion et le rayonnement
reçu sont constants au cours du temps et en prenant en compte les contributions relative de
chaque particule secondaire (neutrons, muons) dans la production. Braucher et al. (2003) montre
10
que les neutrons contribuent à 97.8% dans la production de Be de surface, les muons lents à
1.5% et les muons rapides à 0.65%.
10
Lorsque la production de Be par rayonnement cosmique est compensée par la perte liée
aux phénomènes d’érosion et à la décroissance radioactive de l’élément, on dit que l’échantillon
est à l’état d’équilibre (Figure 3.16).

1/ Si l’on suppose qu’un échantillon est à l’état d’équilibre (ce qui n’est pas forcément facile
à vérifier), on peut estimer son taux d’érosion en surface selon l’équation :

P0
ε=( − λ) × Λ (3.4)
C(0, ∞) − C0
66 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

10 10
où C (0,∞) est la concentration en Be à l’état d’équilibre, C0 la concentration en Be à l’état
initial.

Figure 3.16: Evolution théorique des concentrations en 10 Be en fonction des temps d’exposition et des
taux d’érosion (Brown et al., 1991). Le palier matérialise l’état d’équilibre entre gain et
perte pour une érosion donnée. Plus le taux d’érosion est élevé, plus vite est atteint l’état
d’équilibre.

10
Ainsi, pour une même concentration de Be mesurée dans un échantillon, l’âge peut varier
fortement en fonction du taux d’érosion qu’on lui attribue (Figure 3.16).
2/ Si l’échantillon n’est pas à l’état d’équilibre, on se retrouve avec deux inconnues : l’érosion
et l’âge. On suppose une érosion nulle et l’on peut ainsi estimer un âge minimum :

1 λC(0, t)
tmin = − × ln(1 − ) (3.5)
λ P0
où λ est la constante de décroissance radioactive du 10 Be et C(0,t) la concentration mesurée en
10
Be.
Lors de nos calculs d’âges sur des échantillons de surface et sur des profils de profondeur, nous
avons utilisé la méthode d’inversion du Chi2 de Braucher et al. (2003). Cette dernière méthode
permet de faire varier les taux d’érosion et les âges théoriques afin de minimiser au maximum
la valeur du Chi2 pour des échantillons de surface et de profondeur. Les échantillons collectés
en 2012 et 2013 ont été préparé (par broyage, tamisage et séparation du Quartz) à Géosciences
Montpellier et mesurés au CEREGE (Aix-en-Provence) en collaboration avec R. Braucher.

10
Discussions sur la fiabilité de la méthode Be
10
L’utilisation du Be pour la datation, et la stratégie de choix d’échantillonnage des marqueurs
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 67

quaternaires doivent vérifier certaines conditions :


– La roche étudiée doit avoir connue une histoire relativement simple en termes de pré-
exposition avant son dépôt, au risque sinon de surévaluer son âge de dépôt. Il faut donc
étudier le site et le dépôt avant de l’échantillonner afin d’éviter les dépôts susceptibles
d’avoir été remobilisés. Les profils restent la méthode d’échantillonnage la plus complète
car ils permettent d’estimer le taux d’érosion et l’héritage des dépôts qui restent sinon in-
connus. La méthode d’échantillonnage de surface qui consiste à dater le dépôt abandonné
et le dépôt actuel, afin d’estimer l’héritage, repose sur le fait que le bassin-versant n’a pas
changé au cours du temps et que le matériel a connu la même histoire de pré-exposition
anté-dépôt au cours du temps (même altitude d’origine, même temps de transport..). Il
est donc nécessaire d’échantillonner, sur les deux surfaces à comparer, le même type de
roches, avec le même aspect, la même taille, et quand cela est possible étudier la compo-
sition chimique des minéraux de chacun des dépôts (en lame mince) afin d’observer l’état
d’altération.
– Il faut également bien étudier la stratigraphie du dépôt, repérer les liserés et les limites de
couches pouvant correspondre à des paléosols par exemple, pour éviter d’échantillonner des
dépôts sédimentaires multicouches, montrant en profil des dispersions de concentrations
en fonction de la profondeur.
– Enfin, il faut bien estimer tous les paramètres qui influencent le taux de production (l’écran-
tage, la densité et l’épaisseur du matériau) et surtout bien contraindre le taux d’érosion,
qui est le paramètre prépondérant dans le calcul des âges d’exposition et qui peut les faire
varier de façon très significative, et la profondeur.

3.4.2.2 Le radiocarbone (14 C)

La datation par radiocarbone est une méthode de datation radiométrique basée sur l’activité
14
radiologique du C contenu dans la matière organique (charbon, coquille) dont on souhaite
connaitre l’âge, c’est-à-dire le temps écoulé depuis sa mort. Le domaine d’utilisation de cette
méthode va de la centaine d’années jusqu’à 35000-50000 ans, ce qui la rend particulièrement inté-
ressantes pour les disciplines telles que l’archéologie et la paléosismologie. Les organismes vivants
de tous types et toutes tailles assimilent du carbone durant leur vie. Le carbone atmosphérique
est composé de trois isotopes : 12 C (98.89%), 13 C (1.11%) et 14 C (10−10 %). Le radiocarbone (14 C)
14
est le produit de l’interaction entre le N et les rayonnements cosmiques dans la stratosphère
(75%) et la troposphère supérieure (25%). Il correspond au seul isotope radioactif du carbone.
Largement répandu sur Terre, il a une demi-vie de 5734 ± 40 ans. Une fois produit, le 14 C entre
dans le cycle du carbone et circule dans l’atmosphère principalement sous la forme de dioxyde
68 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

de carbone (14 CO2 ) avant d’être assimilé par les organismes avec un fractionnement isotopique
connu. Durant sa vie, la proportion de carbone 14 présent dans l’organisme par rapport au
carbone total est identique à celle existant dans l’atmosphère du moment (Figure 3.17 haut).

Figure 3.17: (en haut) Schéma représentant le phénomène de décroissance radioactive du 14 C dans un
organisme après sa mort. La courbe orange indique la décroissance du 14 C après la mort
de l’organisme, la courbe bleue représente la variation du 14 C dans l’atmosphère au cours
du temps, la courbe verte correspond à la teneur en 14 C dans l’organisme avant sa mort.
(en bas) Comparaison de la courbe de calibration du 14 C de l’atmosphère avec la courbe
gaussienne de l’âge radiocarbone non-corrigé pour l’estimation de l’âge calibré (tiré du
site internet du Poznańskie Laboratorium Radiowęglowe).

14
La méthode du C se base donc sur la présence, dans tout organisme, de radiocarbone en
14
infime proportion. A partir du moment où l’organisme meurt, la perte de C par décroissance
n’est plus compensé par l’assimilation de l’organisme, il commence donc à décroitre selon
14
une loi exponentielle caractérisée par la demi-vie du C (Figure 3.17 haut). La comparaison
14
du rapport C/12 C dans l’échantillon et dans l’atmosphère permet de déterminer l’âge
14
radiocarbone. L’âge radiocarbone se base sur l’hypothèse que la concentration initiale de C
dans l’atmosphère, à la mort de l’organisme, était la même que dans l’atmosphère actuelle.
Cependant, la concentration et la production de radiocarbone dans l’atmosphère a changé au
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 69

cours du temps, il faut donc utiliser une courbe de calibration qui permet de transformer les
âges radiocarbones en âge réel (exprimé en cal BP ou cal AD) (Figure 3.17 bas). Le problème
de la méthode réside essentiellement dans le fait que pour une valeur d’âge radiocarbone, il peut
exister plusieurs âges calibrés. Il faut donc prendre en compte les intervalles de confiance des
14
âges obtenus pour les différents échantillons. Le rapport C/12 C est mesuré généralement par
spectrométrie de masse. La méthode de datation consiste à déterminer la concentration de radio-
carbone d’un échantillon à l’instant t de la mesure, puis de dater en utilisant l’équation suivante :

1 C0
t − t0 =
× ln (3.6)
λ Ct
où C0 est la concentration de radiocarbone au moment t0 de la mort de l’organisme, λ la constante
radioactive de l’organisme. Les échantillons récoltés au cours de ma thèse sont des charbons de
taille inférieure au centimètre, collectés dans des dépôts alluviaux et colluviaux.

3.4.2.3 L’3 He in situ

L’Hélium est l’élément le plus abondant dans l’univers après l’Hydrogène et c’est le plus
léger des gaz rares. Il possède deux isotopes stables : 3 He et 4 He. L’isotope cosmogénique de
l’3 He fonctionne de la même façon que l’isotope 10
Be : il possède un taux de production qui
dépend de la latitude, de l’altitude, du masque topographique ou végétal, de la densité et de
l’épaisseur du matériel échantillonné et de la profondeur. Il est produit par spallation sur tous
les éléments chimiques sauf H, par capture de neutrons thermiques sur 6 Li et par capture de
muons négatifs sur 7 Li (∼2-3%) (et également en proportion moindre par désintégration de
3
H pour des minéraux enrichis en Li ou pour des roches très vieilles >1Ma) (Goehring et al.,
2010). Il est particulièrement bien retenu dans les olivines et les clinopyroxènes. Son domaine
de compétence concerne donc plutôt les roches magmatiques basiques (basaltes, andésites). La
10
différence avec le Be est que l’3 He n’est pas radioactif, ce qui simplifie considérablement les
10
équations de calculs d’âges. Cependant, si le Be se produit uniquement par bombardement
cosmique et donc n’est pas présent dans les minéraux au départ, l’3 He lui peut être produit
dans les roches avant une exposition en surface. Dans les minéraux, il a deux composantes
principales : l’3 He magmatique et l’3 He cosmogénique. L’Hélium atmosphérique peut également
être présent à la surface des minéraux mais il est éliminé par chauffage. La fusion des minéraux
lors de l’analyse de l’3 He total permet d’extraire indifféremment l’3 He et l’4 He totaux. La
quantité extraite totale de He (correspondant à 3 He + 4 He) est donc égale à :

He (total) = He (cosmogénique) + He (magmatique)


70 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

Pour corriger de la quantité d’Hélium magmatique, il faut donc connaitre l’3 He et l’4 He
magmatiques provenant des inclusions de fluides du minéral et l’4 He radiogénique issu de la
décroissance radioactive de U, Th et Sm des minéraux présents dans la roche (Figure 3.18).
L’Hélium magmatique est extrait par broyage sous vide (Blard and Farley, 2008). L’âge d’expo-
sition se mesure très facilement avec la concentration en 3 He corrigée de l’Hélium magmatique
et le taux de production selon l’équation :
Ccorr
texpo = (3.7)
PHe
où Ccorr est la concentration en 3 He (corrigée de l’Hélium magmatique) et PHe le taux de
production en at/g/an.

Figure 3.18: Répartition et sources de l’Hélium dans un minéral mafique exposé aux rayonnements
cosmiques (Blard and Farley, 2008).

Le taux d’érosion peut également être estimée sur un objet considéré à l’état stationnaire
avec l’équation suivante :

Λ × P0
ε= (3.8)
ρ × C(0, ∞)

L’âge d’exposition devient donc :

−Λ ρ × ε × C(t)
t= × ln(1 − ( )) (3.9)
ρ×ε Λ × P0
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 71

Figure 3.19: Compilation des taux de production mesurés pour 3 He dans les olivines, pyroxènes et
couple Ol+Px (Goehring et al., 2010). On remarque que ce taux de production pour le
pyroxène varie entre 89 et 141 at/g/an.

Au cours de ma thèse, j’ai préparé et analysé 35 échantillons constitués de minéraux de


clinopyroxènes provenant du massif du Ras Tarf (cf. chapitre 5). La préparation se fait en
plusieurs étapes :

• Broyage de la roche totale au broyeur à mâchoire puis à anneau pour obtenir une fraction
relativement fine
• Lavage puis tamisage (nous avons gardé une fraction fine comprise entre 100 et 200 µm). Une
fraction fine permet la diminution de l’effet de l’Hélium magmatique.
• Séparation des pyroxènes au Frantz (séparation magnétique) puis aux liqueurs denses (sépa-
ration par densité). Une séparation à la loupe binoculaire peut être indispensable. Une quantité
de 300 mg minimum de pyroxènes purs a été nécessaire compte-tenu des concentrations d’3 He
attendues (dépendant de l’âge d’exposition attendu).
J’ai effectué les analyses au CRPG, Nancy sous la supervision de P-H. Blard et L. Martin.
Elles consistent à extraire l’Hélium total par fusion de l’échantillon dans un four haute tempé-
rature (1400˚C). Il est ensuite purifié des espèces chimiques autres que l’Hélium, puis analysé
au spectromètre de masse SFT (Trull and Kurz, 1993 ; Zimmermann et al., 2012). Dans ce tra-
72 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

vail de recherche, pour le calcul d’âge d’exposition, le taux de production local est calculé en
utilisant le SLHL (Sea Level and High Latitude) P3 de Blard et al (2013) (121 ± 5 at/g/an), le
facteur d’échelle de Stone, (2000) et bien entendu en prenant en compte les différentes sources
de correction.

Discussions sur la fiabilité de la méthode 3 He


Les avantages de cette méthode pour l’estimation d’âges d’exposition sont :
• La stabilité de l’isotope 3 He non-radioactif qui permet de dater a priori des surfaces vieilles
• Elle s’applique à une grande variété de dépôts contenant des minéraux mafiques (olivine,
pyroxène) et du quartz
• Les mesures de calibration du taux de production sont nombreuses et distribuées partout
dans le monde (Goehring et al., 2010) (Figure 3.19)
Les inconvénients de cette méthode sont :
• L’apport d’3 He non-cosmogénique dans le système comme l’3 He magmatique et radiogénique
difficilement quantifiable
• La dispersion des taux de production à travers le monde, pour un même minéral cible (Figure
3.19).
• Le peu d’études sur sa fiabilité appliquées au domaine de la géomorphologie

36
3.4.2.4 Le Cl in situ

36 10
L’isotope cosmogénique du Cl est un isotope radioactif, comme le Be, sa concentration
décroit donc au cours du temps. Il s’applique aux roches riches en Ca et K comme les
calcaires (Palumbo et al., 2004), les basaltes riches en plagioclases (Schimmelpfennig et al.,
36
2009), etc... Quatre types de réaction entrainent la production de Cl in situ dans une roche
(Schimmelpfennig, 2009) :
• Les réactions de spallation sur Ca, K, Ti et Fe, prépondérants à la surface
40 39
• La capture muonique par Ca et K, prédominant en profondeur
35
• La capture neutronique (neutrons thermique non-radiogéniques) par le Cl
35 238
• La capture de neutrons radiogéniques par le Cl suite à la fission de U et la radioactivité
de l’U et du Th

Ces paramètres sont fortement influencés (i) par le flux cosmique comme c’est le cas avec ses
homologues et particulièrement, pour le 36 Cl, (ii) par la composition chimique de la roche. Plus la
36
roche totale est riche en chlore, plus les concentrations en Cl augmentent, surestimant ainsi la
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 73

concentration de 36 Cl cosmogénique. La part de production de 36 Cl par capture neutronique sur


35
Cl est complexe à paramétrer (dépend de la distribution des neutrons thermiques à l’interface
roche/atmosphère) et peut se corriger en connaissant la teneur en chlore total de la roche et en
effectuant une succession de dissolution sur roche totale lors de la préparation des échantillons.
Les incertitudes sur cette méthode proviennent donc essentiellement de la composition des
roches, du protocole chimique adopté et des différents processus responsables de la formation de
36
Cl.
Au cours de la thèse, nous avons échantillonné des profils sur trois plans de faille dans des
36
calcaires et des calc-schistes afin de calculer les temps d’exposition par la méthode Cl (cf.
chapitres 4 et 6). Les analyses ont été effectuées au CEREGE sous la supervision de R. Braucher
et les données ont été traitées avec le tableur Excel de Schimmelpfennig et al. (2009) .

3.4.2.5 La méthode de déséquilibre de l’U/Th

La méthode de datation U/Th utilise le déséquilibre U/Th engendré par la désintégration de


l’U en Th. L’234 U soluble dans l’eau de mer se désintègre naturellement en 230
Th insoluble dans
l’eau. Au cours de sa vie, un organisme coquillier marin ou un corail piège dans sa coquille (si
234
elle est riche en calcite ou aragonite) de l’U dissous mais pas de Th, avec un rapport U/238 U
de ∼1.15 égal à celui de l’eau de mer. A la mort de l’organisme, l’U se désintègre en Th. A
partir de la mesure du rapport U/Th du fossile, on peut retrouver la durée de désintégration et
donc le temps écoulé depuis la mort de l’organisme. Les études menées sur la méthode U/Th
depuis presque 50 ans (Choukri et al., 2011 ; Hillaire-Marcel et al., 1986 ; Kaufman et al., 1996,
1971 ; Stearns and Thurber, 1965) semblent indiquer qu’elle fonctionne mieux avec les coraux
qu’avec les coquilles carbonatées et que plus la coquille est riche en calcite, plus est fiable. Cela
est dû au fait que les coquilles contrairement aux coraux ne fixent pas correctement l’U au cours
de leur vie. Au cours de leur fossilisation, les coquilles ou coraux peuvent ne pas retenir les
234
isotopes pères et fils (cela se traduit par un rapport U/238 U différent du standard de l’eau de
230
mer) ou être contaminés par le Th continental (le rapport Th/238 U est alors faussé), on dit
qu’ils fonctionnent en système ouvert. Au cours de ma thèse, j’ai effectué 13 datations U/Th
sur coquilles de Gastéropodes, Gibbula, Huitres, Cardium et Coraux, au sein du laboratoire
Géosciences Montpellier sous la supervision de M. Condomines. Les résultats sur les coraux
234
présentent un rapport U/238 U proche de celui de l’eau de mer, ce qui semble confirmer la
meilleure fiabilité des coraux pour cette méthode de datation. Les techniques analytiques sont
décrites en détail dans l’article que nous avons publié à Journal of Geodynamics (2014) (cf.
Annexe A).
74 CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES

3.4.2.6 La Luminescence Stimulée Optiquement (OSL)

La luminescence stimulée optiquement est basée sur le fait que les minéraux naturels peuvent
absorber et garder de l’énergie grâce à leurs impuretés et leurs défauts qui constituent des pièges
électroniques (« traps ») pour les électrons libres. Au cours du temps, les matériaux de la croûte
40
terrestres sont bombardés continuellement par les radionucléides naturels (U, Th, K). Les
atomes bombardés vont alors relâcher des électrons libres qui vont s’accumuler dans les pièges
électroniques des minéraux voisins (i.e. le quartz). Lorsque ces électrons piégés sont soumis à
un stimulus tel que la lumière, ils libèrent des photons. L’ensemble des photons relâchés sont
mesurés et constituent la quantité d’énergie stockée dans le milieu depuis sa dernière exposition
(appelée dose équivalente, De ), c’est-à-dire depuis son dernier enfouissement (Figure 3.20).
En comparant la dose équivalente de l’échantillon avec la dose annuelle Dr (c’est-à-dire la
quantité d’énergie accumulée en un an dans le même type de milieu), on peut retrouver l’âge
d’enfouissement du sédiment :

De
t= (3.10)
Dr

Etant très sensible à la lumière, l’échantillon OSL doit être collecté en prenant certaines précau-
tions. Plusieurs méthodes d’échantillonnage existent. Lors de ma thèse nous avons collecté un
échantillon OSL en utilisant la méthode du bloc : cela consiste à prélever un cube de 20x20x20cm
à plus de 40 cm de la surface du dépôt puis de le mettre immédiatement à l’abri à la lumière en
l’entourant de papier aluminium et en le conservant dans un sac étanche et opaque à la lumière.
L’avantage de cette méthode réside dans la grande quantité de matériel collecté. L’inconvénient
est que ce bloc peut se fissurer et laisser passer la lumière.
CHAPITRE 3. OBJETS ET MÉTHODES 75

Figure 3.20: Principe de stockage et de perte d’énergie au sein d’un sédiment au cours du temps
utilisé pour la datation OSL. A chaque enfouissement, le sédiment se charge en énergie
et à chaque exhumation, il se décharge ou blanchit.
Chapitre 4

La région Nord-Est du Rif : Les failles


actives dans la région d’Al-Hoceima

Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4.2 Contexte géologique et structurale de la zone nord-est du Rif : le
massif des Bokoyas, Al-Hoceima et la plaine du Bas-Nekor . . . . . . 80
4.2.1 Le massif de Bokoya : contexte géologique et structural . . . . . . . . . . 80
4.2.2 La baie d’Al-Hoceima : contexte géologique et structural . . . . . . . . . . 82
4.2.3 La région d’Al-Hoceima : contexte sismologique, sismotectonique et de tec-
tonique active . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.3 Etude de tectonique active des failles de la région d’Al-Hoceima . . . 92
4.3.1 La sismicité instrumentale et historique enregistrées dans la région d’Al-
Hoceima et du massif volcanique de Ras Tarf . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.3.2 Analyse morphotectonique des failles actives et des marqueurs morpholo-
giques de la région d’Al-Hoceima . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
78 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

4.1 Introduction

Le Nord-Est du Rif et la région d’Al-Hoceima en particulier est une zone qui a été étudiée dans
le cadre de ce travail de thèse pour plusieurs raisons. La première raison est d’ordre géologique :
les terrains récents Plio-Quaternaires à Quaternaires sont surtout localisés à la périphérie de
la chaine sous forme de bassins sédimentaires marins et/ou continentaux (bassin de Rharb au
Sud-Ouest, de Saiss au Sud, de Boudinar au Nord-Est, du Bas-Nekor au Nord-Est) et sont
particulièrement représentés dans la région Nord-Est du Rif.
D’autre part, la tectonique dans la région est relativement récente comme l’attestent ces
bassins déformés.
De plus, la région d’Al-Hoceima est considérée comme la zone sismique la plus active de la
Méditerranée Occidentale. En effet cette région, à forte densité de population, a été récemment
touchée par deux séismes destructeurs, les séismes du 26 Mai 1994 (Mw∼6) et du 24 Février
2004 (Mw∼6.4) (Bezzeghoud and Buforn, 1999 ; Calvert et al., 1997 ; Stich et al., 2005 ; Tahayt
et al., 2009), dont les caractéristiques restent encore mal comprises, ce qui en fait une zone à
haut risque sismique.
Enfin, aucune étude de déformation active sur le moyen-terme n’a été réalisée dans cette
région, il apparait donc nécessaire de s’y intéresser.
Dans ce chapitre, je présente en premier lieu le contexte géologique, structural et sismo-
logique de la baie d’Al-Hoceima et des massifs proches. Je présente ensuite les observations
morphotectoniques en suivant la logique utilisée lors de mon travail de recherche, à savoir :

• Identification de marqueurs morphologiques par l’utilisation des méthodes de télédétection,

• Reconnaissance sur le terrain et quantification géométrique, cinématique et temporelle de


ces marqueurs et enfin,

• Interprétation locale et régionale des résultats obtenus.

L’étude de la sismicité instrumentale et historique habituellement détaillée dans l’ensemble


des chapitres est commune pour les deux chapitres qui concernent la région Nord-Est du Rif
(chapitres 4 et 5).
En résumé, l’analyse morphotectonique réalisée dans la région d’Al-Hoceima a permis de
mettre en évidence la présence de plusieurs failles actives normales et transtensives, fonction-
nant en horst et graben, situées à moins de 20 km de la ville d’Al-Hoceima. Cette déformation
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 79

extensive observée dans le Nord-Est du Rif est oblique de ∼30˚ à la direction de convergence
des plaques.
La reconnaissance et la datation de marqueurs morphologiques sur trois failles majeures de la
région ont permis d’estimer des vitesses de glissement sur ces failles et pour certaines des temps
de récurrence. La cinématique de ces failles semble cohérente avec le champ de vitesse déduit
des mesures GPS, bien qu’elles ne suffisent pas à absorber toute la déformation.
Je confirme également une réorientation ∼N-S des structures actives comme le suggère la
connexion de la faille majeure de Nekor (ancienne rampe latérale de mise en place des nappes
de la chaine), orientée NE-SW, à l’ensemble de horst-grabens de direction ∼N-S.
Enfin, j’étudie pour la première fois, à ma connaissance, les phases d’exposition d’un escar-
pement de faille normale-décrochante dûes au cycle sismique en utilisant la méthode de datation
de l’3 He cosmogénique produit in-situ sur une faille majeure limitant la bordure d’un massif
volcanique et appartenant à un ensemble de horsts et grabens.
Une partie de ces résultats ont fait le sujet d’un article publié dans Journal of Geodynamics
en 2014 (voir Annexe A).
80 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

4.2 Contexte géologique et structurale de la zone nord-


est du Rif : le massif des Bokoyas, Al-Hoceima et la
plaine du Bas-Nekor

4.2.1 Le massif de Bokoya : contexte géologique et structural

Le massif de Bokkoya est un édifice montagneux qui se situe sur la côte méditerranéenne
dans la partie centrale nord du Rif. Il s’étale sur ∼40 km entre les localités de Torres et Bades
à l’Ouest et se poursuit à l’Est jusqu’à la ville d’Al-Hoceima (Figure 4.1a).
Le massif fait partie des zones Internes du Rif et est constitué par des écailles de Dorsale
calcaro-dolomitique dans lesquelles apparaissent quelques klippes des unités des Sebtides et des
Ghomarides (Chalouan et al., 1995 ; Michard et al., 2002). Ces écailles chevauchent sur la série de
Flyschs gréseux de Tisirène, par l’intermédiaire d’une couche marneuse (le Prédorsalien) utilisée
comme niveau de décollement des nappes, elle-même charriée sur les unités du Rif externe au
Sud.
Le massif de Bokkoya, découpé en plusieurs micro-blocs plus ou moins basculés, est ultra-
fracturé (Fiure 4.1b) et semble indiquer une histoire tectonique polyphasée complexe résultant
de la superposition de plusieurs phases compressives et distensives successives depuis l’Eocène
jusqu’à l’actuel.
Elle commence par la phase de serrage oligocène orientée N-S, puis elle se poursuit avec une
phase distensive oligo-miocène également N-S liée à l’ouverture d’Alboran, et elle se termine
par la phase de mise en place des nappes et le chevauchement du massif de Bokkoya sur le
domaine de Flysch au SSE. Enfin, une phase tardive compressive NNE-SSW tortonienne permet
la structuration définitive du massif des Bokkoyas (Andrieux et al., 1971 ; Azzouz, 1992).
Depuis le Miocène terminal, la déformation crustale superficielle dans la région se traduit
par des plis de tailles kilométriques et de la déformation cassante, associée au développement de
grandes failles décrochantes (i.e., la faille de Nekor, cf chapitre 6).
Ait Brahim (1991) et Medina (1995) suggèrent que le réseau dense de structures qui recoupent
le massif de Bokkoya et l’ensemble de la région d’Al-Hoceima est le résultat d’une réorientation
progressive de la contrainte principale depuis une direction NE-SW au Tortonien, à ∼N-S du-
rant la transition Tortonien-Messinien et enfin NNW-SSE au Plio-Quaternaire. Cela pourrait
expliquer les nombreuses failles du massif qui affectent l’ensemble des terrains dans toutes les
directions. Ces failles peuvent être cataloguées en trois familles dont deux sont quasiment ortho-
gonales : l’une de direction NNE-SSW, une autre de direction N-S perpendiculaire au trait de
côte et enfin une autre NW-SE (Ait Brahim et al., 2004 ; Azzouz, 1992 ; Chalouan et al., 1995 ;
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 81

Jabour et al., 2004) (Figure 4.1b).

Figure 4.1: (a) Carte géologique et structurale des failles considérées actives et stéréogrammes associés
de la région d’Al-Hoceima reportés sur le MNT SPOT5 (les failles sont reportées d’après
Aıt Brahim et al. (1990), El Alami et al. (1998) et Poujol et al. (2014)). Le rectangle noir
localise la figure b, le trait rouge localise le profil gravimétrique en figure c. (b) Carte
géologique et structurale montrant la structuration « en damier » du horst d’Al-Hoceima
(d’après Azzouz et al. (2002)). (c) Profil gravimétrique réalisé à travers la baie de Souani
(localisation en figure a) et interprétation des structures et couches observées (d’après
Galindo-Zaldivar et al. (2009)).
82 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Globalement, mise à part les failles de chevauchement qui limitent les différentes unités,
la plupart des failles affectant le massif présentent des pendages subverticaux et ont un jeu
principalement normal ou/et décrochant. C’est le cas des failles majeures de Rouadi (une faille
normale orientée NNE-SSW), de Boussekour-Aghbal (une faille décrochante orientée NE-SW)
et de Boujibar (une faille orientée NW-SE) (Figure 4.1a).
Actuellement, il est difficile de différencier les failles anciennes qui datent de la mise en place
des nappes (ou qui sont antérieures), des failles réellement actives.
Les différentes unités structurales qui composent le massif et l’orientation orthogonale des
failles qui l’affectent présentent une structuration en damier composée de horst et grabens
d’échelle plurimétrique à kilométrique (Figure 4.1b). Cette structuration lui confère une mor-
phologie de plateau légèrement ondulée, culminant entre 500 et 700 m d’altitude, bien visible
dans la topographie. La ville d’Al-Hoceima est construite sur des replats de forme losangique
légèrement affaissés correspondant à cet ensemble de structures en grabens délimitées par des
failles normales ∼N-S à NE-SW.
Le massif de Bokkoya, de par sa nature lithologique et structurale, présente un littoral très
escarpé formé principalement de falaises raides taillées dans les calcaires de la Dorsale, dont les
plus hautes dépassent par endroits la centaine de mètres. Cette topographie accidentée est visible
sur l’ensemble du littoral méditerranéen rifain et semble être associée à des failles normales de
type gravitaires liées à l’effondrement de la mer d’Alboran (Chalouan et al., 1995 ; Maldonado
and Comas, 1992 ; Meghraoui et al., 1996 ; Morel, 1987). Azzouz et al. (2002) montre que la
structuration complexe et la lithologie du massif de Bokkoya le rendent sujet à de nombreux
glissements de terrain et semblent contrôler le réseau hydrographique qui entaille profondément
le massif calcaire.

4.2.2 La baie d’Al-Hoceima : contexte géologique et structural


A terre

La baie d’Al-Hoceima, ou baie de Souani (Figure 4.1a), est située dans la partie Nord-Est du
Rif entre les villes de Melilla, Nador à l’Est et Tétouan, Oued Laou à l’Ouest. La baie ressemble
à une profonde encoche, de ∼14 km de largeur et encaissée de ∼10 km à l’intérieur des terres.
Cette encoche taillée dans le trait de côte est marquée par une plaine de remplissage, dont
l’altitude moyenne est de ∼20m, correspondant à l’embouchure de l’oued Nekor (Figure 4.1a).
La baie est encadrée à l’Est par le massif du Ras Tarf culminant à plus de 600m d’altitude
et à l’Ouest par le massif des Bokkoyas culminant à ∼400m d’altitude et sur lequel est construit
la ville d’Al-Hoceima.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 83

Figure 4.2: (a) Zones de déformation récente, structures actives et modèle explicatif pour la formation
du réseau de failles décrochantes observées dans la région d’Al-Hoceima (d’après Calvert et
al., 1997). Les auteurs suggèrent que le mouvement décrochant des deux failles majeures
(Jebha, à terre, et la ride d’Alboran, en mer) est responsable de la mise en place du
réseau de failles décrochantes conjuguées d’Al-Hoceima, en relation avec la sismicité. Les
mécanismes au foyer de grands séismes et les directions des contraintes principales sont
reportés le long de la marge africaine. Les carrés noirs localisent les cartes bathymétriques
présentées au-dessous. (b) Carte bathymétrique de la zone située au large de la faille de
Trougout. (c) Carte bathymétrique de la zone située au large de la péninsule d’Al-Hoceima
faisant apparaitre l’escarpement de la faille de Bokkoya. (d) Carte bathymétrique de la zone
située au large de la faille de Bousekkour-Aghbal. (e) Carte structurale des failles actives à
terre et en mer dans la région d’Al-Hoceima. La flèche rouge indique le mouvement vers le
SSW du bloc Rif d’après les données GPS. Le champ de contrainte est également reporté
sur la carte (flèches noires et blanches). (f) Coupe structurale interprétative de la baie
d’Al-Hoceima montrant une structure « en fleur ». Les figures b, c, d, e, f sont tirées de d’
Acremont et al, (2014).
84 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

La géomorphologie générale de la zone, montrant des variations brutales en altitudes sur de


courtes distances entre des plaines ou vallées profondes et des massifs prononcés, est gouvernée
d’une part par l’héritage structural en chevauchement dont témoigne la présence des forts reliefs
et d’autre part par une tectonique plus récente en horsts et grabens orientés ∼N-S (Aıt Brahim
et al., 1990 ; Meghraoui et al., 1996 ; Rampnoux et al., 1977) dont témoigne la topographie « en
escalier » entre des zones relativement soulevées et affaissées.
En effet, la plaine alluviale du Bas-Nekor est délimitée à l’Est et à l’Ouest par des failles
rectilignes d’orientation ∼N-S qui semblent se rejoindre plus au Sud pour former un graben
triangulaire (les failles d’Ajdir, d’Imzouren, de Boujibar et de Trougout) (Aıt Brahim et al.,
1990 ; Galindo-Zaldivar et al., 2009 ; Meghraoui et al., 1996) (Figure 4.1a). L’ensemble de la
zone d’Al-Hoceima est découpée par ces failles normales remarquables de plusieurs dizaines de
kilomètres et par des failles secondaires de petites dimensions avec des orientations similaires
globalement ∼N-S.
Cherkaoui (1991) et Cherkaoui et al. (1990) pensent que ces failles de direction ∼N-S pour-
raient être contrôlées par l’accident majeur de la région d’Al-Hoceima : la zone de faille de Nekor
(cf chapitre 6), et ce, malgré son activité sismique faible (Figure 4.6). Ils étayent leur hypothèse
en indiquant que la sismicité dans la région d’Al-Hoceima est alignée selon une direction NE-SW
identique à la direction de la faille de Nekor située plus au Sud.
Le découpage tectonique observé à terre est particulièrement bien marqué le long de la côte
méditerranéenne comme en témoigne l’irrégularité du trait de côte dentelé, ce qui semble suggérer
une continuité des structures en mer.
D’un point de vue géologique, la région d’Al-Hoceima est située sur le contact entre les zones
internes (massif de Bokkoya) et les zones externes du Rif, séparées par l’unité de Flyschs (Figure
4.1a). L’ensemble de la zone est construit par un empilement de ces trois unités d’épaisseur et de
nature géologique différentes. La baie d’Al-Hoceima marque la limite franche entre deux massifs
géologiquement très différents : le massif volcanique miocène du Ras Tarf à l’Ouest (cf chapitre
5) et le massif calcaro-dolomitique des Bokkoyas à l’Est.
Morphologiquement, la baie d’Al-Hoceima apparait comme un bassin alluvial contrôlé par
les failles normales bordières du graben du Nekor (Figure 4.1a). Rempli principalement par les
dépôts sédimentaires continentaux amenés en grande partie de l’oued Nekor et des oueds pro-
venant des massifs alentours, le bassin semble subir une subsidence depuis au moins le Pliocène
comme le suggère la forte épaisseur de dépôts Plio-Quaternaires observée à terre et en mer par
forages (1000 m, d’après (Guillemin and Houzay, 1982 ; Morel, 1987 ; Thauvin, 1971)).
Galindo-Zaldivar et al. (2009) montrent, à travers une étude de terrain détaillée et des mesures
gravimétriques (Figure 4.1c), un remplissage asymétrique du bassin du Bas-Nekor composé de
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 85

∼500 m de sédiments quaternaires avec un basculement du bassin vers l’Est au niveau de la faille
de Trougout, associé à un remplissage sédimentaire plus important. Ils montrent également, dans
la partie Ouest, la présence en surface et en profondeur des failles bordières de graben d’Ajdir et
d’Imzouren, considérées comme les failles conjuguées de la faille de Trougout, et en profondeur
d’une faille aveugle s’amortissant dans les dépôts détritiques Plio-Quaternaires (Figure 4.1c).

En mer

Plusieurs études de bathymétrie ont été effectuées en mer le long des structures majeures
de la mer d’Alboran (Bourgois et al., 1992 ; Comas et al., 1992 ; d’ Acremont et al., 2013 ;
Maldonado and Comas, 1992) et montrent une morphologie sous-marine complexe résultant
d’une part de structures distensives liées au retrait vers l’Ouest d’un slab océanique depuis
l’Oligocène (Gutscher et al., 2002 ; Mauffret et al., 2007) et d’autre part d’un maillage structural
composé de grandes failles décrochantes conjuguées NE-SW et NW-SE. Ces failles décrochantes
se poursuivent à terre et semblent liées à la convergence Afrique/Eurasie (la « Trans-Alboran-
Shear-Zone », cf chapitre 2)(Ammar et al., 2007 ; Chalouan et al., 2008 ; Martínez-García et al.,
2011).
Les études de Gensous et al. (1986), Calvert et al. (1997) et d’ Acremont et al. (2014) se
sont focalisées sur les structures sous-marines situées immédiatement au large de la baie d’Al-
Hoceima. Ils montrent une continuité nette vers le Nord des structures observées à terre (Figure
4.2a).
Ainsi, la faille de Trougout se poursuit en mer sur au moins 7 km avec une direction ∼N175˚E
et apparait comme un escarpement topographique de ∼5m (Figure 4.2b). En profils sismiques,
la faille de Trougout décale verticalement le substrat acoustique (Pliocène ?) de ∼50m.
Une structure à vergence opposée, observée 2km à l’Ouest sur les cartes bathymétriques,
semble se conjuguer avec la faille de Trougout : la faille de Boussekkour-Aghbal. Cette faille se
poursuit en mer avec une orientation N20˚E et apparait comme un escarpement topographique
clairement marqué sur les cartes bathymétriques sur une distance de ∼4 km (Figure 4.2d). Elle
semble fonctionner avec un jeu senestre comme le suggère la présence d’un bassin compressif
entre les deux segments de faille situés au Nord et un jeu normal comme le suggère le décalage
vertical du substrat acoustique de ∼60m visible en profil sismique.
Enfin, à 10 km au Nord de la péninsule d’Al-Hoceima, et bien qu’elles ne soient pas visibles
à terre, deux failles ont été observées : la faille dite de Bokkoya avec une direction N30˚E
sur une distance de ∼4 km et une faille secondaire orientée ∼N130˚E avec une longueur de
∼2 km (Figure 4.2c). La faille de Bokkoya apparait comme une faille en échelon avec un jeu
86 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

normal-décrochant senestre et semble décaler verticalement le substrat acoustique de ∼50m. La


présence de séquences superposées de dépôts alluviaux visibles sur les profils sismiques indique
une sédimentation syn-tectonique active. Une structure d’antiforme très érodée orientée ∼E-W
est observée au Sud-Est de la faille de Bokkoya et semble appartenir à l’héritage structurale en
compression de la zone (Figure 4.2c).
L’ensemble de ces observations en mer semblent indiquer l’existence d’un système de failles
transtensives se poursuivant également à terre en limitant les bordures du bassin du Bas-Nekor.
Ce système de failles considérées actives est interprété comme une structure « en fleur » trans-
tensive large de plusieurs dizaines de kilomètres (d’Acremont et al., 2014) englobant les failles
bordières de la baie d’Al-Hoceima, se prolongeant jusqu’à la faille senestre de Nekor au Sud et
les failles normales du Jebel Hammam au Sud-Ouest (Figure 4.2e, f). Les auteurs, en accord
avec les observations de Galindo-Zaldivar et al. (2009), font intervenir un niveau de décollement
situé à 9-12 km de profondeur sous les nappes, orienté N-S avec un faible pendage vers l’Ouest
et connecté en surface à la faille de Trougout. Ce niveau de décollement limiterait le domaine
interne de la zone des Flyschs et correspondrait à une faille de détachement d’échelle crustale
héritée de la phase de mise en place des nappes de chevauchement dans la chaine du Rif.

4.2.3 La région d’Al-Hoceima : contexte sismologique, sismotecto-


nique et de tectonique active

Les premières données sismologiques dans la région d’Al-Hoceima, basées sur des enregistre-
ments locaux de microsismicité pendant une période de 5 semaines (Hatzfeld, 1978 ; Hatzfeld et
al., 1993), montrent une activité sismique localisée sur des plans N-S décrochants sénestres et à
des profondeurs comprises entre 5 et 13 km et sont interprétées comme étant en relation étroite
avec la faille de Nekor. Van Der Woerd et al. (2014) supposent, en se basant sur la présence
de cette alignement de microsismicité juste à l’Ouest de la faille de Trougout et son orientation
parallèle à la faille, l’existence d’un lien entre l’activité microsismique et l’activité de la faille en
profondeur. Cela suggèrerait donc une profondeur de 5-13 km pour la faille de Trougout et une
géométrie listrique de la faille en profondeur.
Les mécanismes au foyer de la région d’Al-Hoceima montrent principalement des solutions
en failles décrochantes avec un axe P orienté NNW-SSE et des profondeurs de nucléation faibles
(Buforn et al., 1995 ; Stich et al., 2005 ; van der Woerd et al., n.d.)(Figure 4.3a, b). Cela semble
cohérent avec la direction ∼NW-SE de convergence des plaques Afrique et Eurasie obtenue par
les mesures géodésiques (Vernant et al., 2010).
Pour le séisme de 1994, bien que la localisation précise de la source soit encore débattue et
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 87

qu’aucune rupture de surface n’ait été observée, les études sismologiques couplées aux analyses
InSAR suggèrent l’activité d’une faille aveugle orientée NNE-SSW située à ∼10 km à l’Ouest de
la ville d’Al-Hoceima, en mer ou à terre avec un jeu décrochant sénestre (Akoglu et al., 2006 ;
Biggs et al., 2006 ; El Alami et al., 1998)(Figure 4.3b, Figure 4.4c). La carte des isoséistes (Figure
4.3c) et les mouvements du sol établis par InSAR, ainsi que les inversions géophysiques indiquent
une zone de dégâts maximums le long de la faille de Boussekkour-Aghbal laissant supposer son
activité lors de la crise sismique de 1994.
D’Acremont et al. (2014) identifient un escarpement topographique orienté ∼NE-SW en mer
au large d’Al-Hoceima (Figure 4.2d) et l’interprètent comme une faille active pouvant avoir été
réactivée lors du séisme. Cet escarpement de ∼5m, qui n’avait pas était mis en évidence par
la mission bathymétrique de Calvert et al. (1997), se suit sur quelques kilomètres en mer, mais
sa continuité à terre reste à démontrer, et on peut se demander s’il correspond réellement à un
escarpement de faille.
Pour le séisme de 2004, les études sur les sources sismiques et les inversions d’ondes sismiques
suggèrent l’activité d’une faille située à terre au Sud d’Al-Hoceima présentant un jeu soit sénestre
orientée NNE-SSW (Stich et al., 2005 ; van der Woerd et al., 2014), soit dextre avec un orientation
WNW-ESE (van der Woerd et al., 2014)(Figure 4.4c) et à une profondeur estimée entre 10 et
14 km (source du CNRST). Les observations InSAR sont également en désaccord et indiquent
soit un déplacement NW-SE dextre (Akoglu et al., 2006 ; Cakir, 2006) soit des déplacements
conjugués dextre et sénestre le long de failles orientées NW-SE et NE-SW (Tahayt et al., 2009).
Quoi qu’il en soit, la contrainte principale estimée pour ces deux séismes indique une direction
de l’axe de compression NW-SE et un axe de tension NE-SW, compatible avec la convergence
des plaques (Figure 4.4c).
Akoglu et al. (2006) proposent que les séismes de 1994 et 2004 se soient produits sur deux
plans de failles conjuguées NNE-SSW et NW-SE et Jabour et al. (2004) invoquent un phénomène
de transfert de contraintes expliquant le délai court entre ces deux évènements. La secousse
principale en 2004 fut suivie de plus d’un millier de répliques, alignées selon une direction
NNE-SSW et distribuées en mer (des répliques ont été enregistrées sur la ride d’Alboran) et à
terre à 20km au Sud d’Al-Hoceima (Ait Brahim et al., 2004 ; Jabour et al., 2004)(Figure 4.4a,
b). Les profondeurs des répliques ont été estimées entre 2 et 45 km. Malgré la présence, sur le
pourtour de la baie d’Al-Hoceima, de nombreuses failles considérées actives orientées ∼NE-SW
susceptibles d’engendrer ce type de séismes, aucune ne présente de composante purement
décrochante en accord avec les mécanismes au foyer des séismes de 1994 et 2004. De plus,
bien que les observations de terrain ont mis en évidence de nombreuses fissures co-sismiques
de surface d’échelle centimétrique à kilométrique avec des orientations principalement NE-SW
88 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.3: (a) Carte géologique de la région d’Al-Hoceima sur laquelle sont reportés les mécanismes
au foyer et les fissures de surface associés au séisme de 2004 (24/02, Mw∼6.4)(Ait Brahim
et al., 2004). Un modèle de déformation est proposé par les auteurs pour expliquer la
cinématique des fissures de surface observées. (b) Mécanismes au foyer du séisme d’Al-
Hoceima de 2004 reportés sur la carte structurale (Stich et al., 2005). (c) Carte d’intensité
liée au séisme de 2004 (Ait Brahim et al., 2004). (d) Photos des déformations de surface
observées après le séisme de 2004 (Jabour et al., 2004).

à NNE-SSW et présentant des figures en échelons ou sigmoïdales typiques d’une déformation


décrochante sénestre, aucune rupture co-sismique liée à une faille en surface n’a été observée
suite à l’un ou l’autre de ces deux séismes (Ait Brahim et al., 2004 ; Galindo-Zaldivar et al.,
2009 ; Jabour et al., 2004 ; Tahayt et al., 2009 ; Van der Woerd et al., 2014)(Figure 4.3d).

Ces différentes observations montrent qu’il existe, dans la région d’Al-Hoceima, des contra-
dictions entre les structures tectoniques et morphologiques visibles en surface (Figure 4.2a), les
déformations de surface déduites de l’InSAR et l’activité sismique en profondeur provenant des
données sismologiques (Figure 4.3b, 4.4).
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 89

Figure 4.4: (a) Carte de répartition des répliques suite au séisme de 2004, Al-Hoceima. (b) Représen-
tation des mécanismes au foyer par zones de distribution des répliques autour de la baie
d’Al-Hoceima. Notons la présence majoritaire de mécanismes en décrochement pur sur le
massif de Bokkoya (NW) et sur les bordures du bassin de Nekor. Quelques mécanismes de
faille normale apparaissent sur la bordure Centre-Est du bassin de Nekor. (c) Les deux mo-
dèles explicatifs du séisme de 2004 proposés pour expliquer la distribution des mécanismes
au foyer. D’après Van Der Woerd et al. (2014).
90 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Afin d’expliquer ces contradictions, Galindo-Zaldivar et al. (2009) invoquent la stratification


mécanique de la croûte due à l’empilement de nappes de lithologie et rhéologie différentes et à
la présence de niveaux de décollement crustaux hérités. Ils suggèrent la présence d’une zone de
failles décrochantes néo-formées dans les couches inférieures de la croûte, comme le montrent
les mécanismes au foyer, surmontées par une zone de larges plis et failles normales associées
dans les couches supérieures (i.e. antiforme de Ketama). Si la présence de plis peut expliquer
le soulèvement observé dans la chaine (i.e. les terrasses marines soulevées du Ras Tarf), les
déplacements vers le SW mesurés par GPS ne montrent pas d’amortissement lié à la présence
de plis entre la région Nord-Est et le reste du Rif. De plus, aucun pli de taille suffisamment
importante pour entrainer du soulèvement à l’échelle de la région Nord-Est du Rif et créer une
succession de horsts/grabens plurikilométriques sur ces flancs n’a été observé, permettant de
confirmer cette hypothèse.
Pour Cakir et al. (2006), la contradiction observée entre les mouvements en profondeur
déduites de la sismologie (en accord, pourtant, avec la direction générale de la convergence)
et l’absence de structures actives en surface capables d’accommoder cette déformation est due
au stade précoce d’un nouveau régime de déformation en décrochement s’initiant dans le Rif.
Les auteurs étayent leur observation en se basant sur l’absence de sismicité visible le long des
failles normales bordières des grabens et le long de Nekor suggérant une « délocalisation » de la
déformation.
Cependant, d’une part les structures ∼N-S transtensives de la baie d’Al-Hoceima sont encore
actives (je le confirme dans ce travail de recherche) et d’autre part les données InSAR (déplace-
ment dextre NW-SE) montrent une corrélation directe avec la direction de convergence, ce qui
ne corroborent pas la thèse de Cakir et al. (2006).
En terme de tectonique active, (Ait Brahim, 1991 ; Galindo-Zaldivar et al., 2009 ; van der
Woerd et al., 2014) confirment l’activité récente des failles transtensives de la région d’Al-
Hoceima, telles que les failles de Trougout, Rouadi et Ajdir, à partir d’observations de terrain,
bien qu’aucune étude morphotectonique détaillée n’ait été effectuée sur cette région et sur ces
failles.

4.2.3.1 Les déplacements horizontaux (GPS)

Les études de géodésie menées avec plus de 10 ans de mesures sur un réseau constitué de
∼17 stations GPS continues et temporaires réparties sur l’ensemble du Rif montrent localement,
de part et d’autres des structures en horst et grabens de la baie d’Al-Hoceima, des différences
significatives en terme de vitesse horizontale, dans un référentiel Afrique stable (Fadil et al.,
2006 ; Koulali et al., 2011 ; Tahayt et al., 2008 ; Vernant et al., 2010).
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 91

En effet, si les vecteurs vitesses GPS indiquent un déplacement vers le SW de l’ordre de 3 à


4 mm/yr dans la partie centrale et occidentale du Rif, il n’en est rien dans la partie orientale de
la chaine.
Les vecteurs vitesses mesurés entre Al-Hoceima/massif des Bokkoyas (station HOCM, BBFH
et KTMA) et Nador/Melilla/massif des Kebdana (station MELI et AION) indiquent un mouve-
ment différentiel entre les blocs Ouest et Est situés de chaque côté de la faille Est de Trougout.
Le premier a un déplacement vers le SSW de ∼4 mm/yr pour les stations BBFH et KTMA
(le déplacement enregistré par la station HOCM est inférieur avec une direction SE discutable
compte tenu de son incertitude) tandis que le bloc Est se déplace vers une direction supposée
SE avec des vitesses très lentes inférieures à leurs incertitudes.
Cela semble donc suggérer un mouvement latéral relatif du bloc Ouest vers le Sud et un bloc
est solidaire de l’Afrique aux incertitudes près, ainsi qu’une extension E-W de part et d’autres
de la faille de Nékor, dans le référentiel Afrique stable. En accord avec les vitesses GPS trouvées
par Vernant et al. (2010), le report des vitesses GPS le long d’un tracé ∼N-S correspondant à
la direction générale de l’ensemble des structures de la baie d’Al-Hoceima, suggère une vitesse
de glissement latérale de l’ordre de 3 ± 1.5 mm/an et une composante extensive de 2.3 ± 1.1
mm/an (stations BBFH et KTMA)(Figure 4.5).

Figure 4.5: Modèle Numérique de Terrain sur lequel les vecteurs vitesses GPS de la zone du Ras Tarf
ont été reportés.
92 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

4.3 Etude de tectonique active des failles de la région


d’Al-Hoceima
Malgré les nombreuses études antérieures de sismologie, sismotectonique, géophysique, géo-
logie structurale, évaluation des risques,... effectuées sur la région depuis des décennies, des
incohérences persistent, nous l’avons vu dans le bref état des connaissances présenté en amont.
Les problématiques sont donc les suivantes :

Pourquoi les deux derniers séismes de magnitude supérieurs à 6 ne sont associés


à aucune rupture de surface alors que certaines failles situées dans la même zone
présentent des plans de failles de plusieurs mètres à l’affleurement ?

Quels processus géologiques pourraient expliquer les divergences observées entre


la cinématique des failles en profondeur et à la surface ?

Comment générer localement des réseaux de failles normales associés à du


soulèvement sur une marge passive soumise à un contexte général de convergence
des plaques ?

Comment est-accommodée la convergence des plaques à la limite Nord-Est


du Rif ? Les déplacements horizontaux déduits des mesures GPS reflètent-ils les
cinématiques des failles actives de la région ? La déformation active dans la région
est-elle localisée, diffuse ?

L’hypothèse d’une structure en fleur (D’Acremont et al., 2014) sous la baie


d’Al-Hoceima pour expliquer l’ensemble de horst et grabens est-elle cohérente avec
les vitesses de glissement des failles estimées en surface ?

Enfin, quelle est la part de l’héritage structural dans cette déformation quater-
naire transtensive ? Et donc depuis quand cette déformation est en place dans le
Nord-Est du Rif ?

Sans avoir la prétention de répondre de façon définitive à l’ensemble de ces questions,


l’étude morphotectonique que j’ai effectué dans la zone d’Al-Hoceima a permis d’identifier
les structures réellement actives et d’estimer les caractéristiques cinématiques de ces failles
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 93

dans le but d’apporter des éléments nouveaux susceptibles d’être utilisés pour améliorer la
compréhension de la tectonique active dans la région.

Les plupart des failles de la région d’Al-Hoceima sont bien connues car apparaissent nettement
dans la topographie et plusieurs études antérieures font état de ces failles remarquables.
Au cours de mon travail de recherche, je me suis intéressé à trois failles majeures en me basant
sur leurs signatures topographiques franches et sur la présence de marqueurs morphologiques
exploitables. Elles se distribuent géographiquement sur et autour de la péninsule d’Al-Hoceima :
la faille principale de Trougout semble être la plus active car contrôle l’évolution du graben de
la baie d’Al-Hoceima à l’Est, la faille de Boujibar traverse la ville d’Al-Hoceima et présente
donc un aléa sismique majeur et enfin la faille de Rouadi située plus à l’Ouest sur le massif de
Bokkoya.
L’approche morphotectonique régionale effectuée à partir de MNT et d’images aériennes
récentes (2003) a permis de cartographier précisément le tracé de ces failles antithétiques et les
marqueurs morphologiques associés témoignant d’une déformation récente. Ensuite, une analyse
de terrain détaillée a permis de caractériser la cinématique de ces failles. Et enfin, une approche
quantitative a été effectuée mettant en oeuvre des datations géochronologiques sur les marqueurs
morphologiques. Plusieurs méthodes de datation quaternaire ont été utilisées, parfois sur la même
faille, en fonction des terrains et des unités géologiques rencontrés.

4.3.1 La sismicité instrumentale et historique enregistrées dans la


région d’Al-Hoceima et du massif volcanique de Ras Tarf

Le catalogue de la sismicité instrumentale, enregistrée dans la zone Nord-Est du Rif depuis


les années 1970 (IRIS catalog : http://www.iris.edu/SeismiQuery/sq-events.htm) et depuis
le début des années 1910 (depuis le site de l’Institut Scientifique Marocain : http://sismo-lag.
org/) regroupe tous les séismes (ainsi que les répliques, sans distinction) qui se sont produits
dans la région avec des magnitudes allant de 2-3 à 6.4 et des profondeurs échelonnées entre 0 et
>150 km.
D’après la carte de distribution des séismes (Figure 4.6), on constate que la région Nord-
Est présente une densité importante d’évènements sismiques de magnitude 2 à 6. Les essaims
sismiques situés dans la zone d’Al-Hoceima et de Melilla indiquent clairement que la zone Nord-
Est est la plus active sismiquement de l’ensemble de la chaine du Rif (malgré une contamination
liée aux séismes de 1994 et 2004). En effet, des séismes dont la magnitude est supérieure à 2.4
se produisent chaque année avec des profondeurs de nucléation relativement faibles comprises
94 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

entre 4 et 12 km.
Il est difficile d’y apercevoir une organisation spatiale des épicentres, on remarque cependant
qu’ils se répartissent selon une zone centrée sur la péninsule d’Al-Hoceima et orientée globalement
N-S. Ils couvrent une surface de ∼80 km selon l’axe N-S et ∼60 km selon l’axe E-W.
Le massif du Ras Tarf et le bassin de Boudinar sont partiellement touchés par cette sismicité
active qui se concentre essentiellement à l’Ouest de la baie. Les séismes sont également répartis
en terre et en mer où l’alignement sismique se réoriente avec une direction NE-SW et se propage
vers la ride d’Alboran en mer. Une seconde zone sismique orientée ENE-WSW couvre la ride
d’Alboran au Nord et est associée à des failles de chevauchement. Une troisième zone sismique
de direction N-S semble s’aligner avec la bordure du horst du Ras Tarf.
Mise à part les deux séismes de magnitude supérieure à 6 décrits précédemment, la majo-
rité des évènements sismiques enregistrés ont des magnitudes comprises entre Mw=2 et Mw=4
(1327 séismes depuis 1964 soit ∼90% des séismes enregistrées dans la région), une centaine de
séismes ont des magnitudes comprises entre Mw=4 et Mw=5 (soit 6% des séismes enregistrés
dans la région) et seulement six séismes ont des magnitudes supérieures à 5. La répartition des
profondeurs de nucléation des séismes comprises entre 0 et 12 km est de 75%, entre 12 et 30 km
est de 20% et enfin > 30 km est de 5%.
La sismicité est donc très active dans la région (1500 séismes enregistrés en moins de 50
ans) et se produit majoritairement avec des magnitudes faibles inférieures à Mw=4 et à des
profondeurs inférieures à 12 km.
En terme de processus profond, rappelons que les études sismiques menées dans le Rif (Bonnin
et al., 2014 ; Mancilla et al., 2012 ; Rimi et al., 1998) montrent une variation brutale de l’épaisseur
de la croûte à l’aplomb de la région d’Al-Hoceima. La partie située à l’Ouest d’Al-Hoceima est
caractérisée par une épaisseur de croûte de 40 km, tandis que dans sa partie Est, la croûte ne
dépasse pas 28 km d’épaisseur. Au Nord, le long de la marge méditerranéenne l’épaisseur de la
croûte continentale diminue rapidement pour atteindre une quinzaine de kilomètres d’épaisseur
sous la mer d’Alboran (Lonergan and White, 1997). Cet amincissement crustal s’accompagne
d’une zone à faible vitesse des ondes P (Calvert et al., 2000 ; Faccenna et al., 2004 ; Gutscher
et al., 2002 ; Spakman and Wortel, 2004) associée à une anomalie thermique (Fernández-Ibáñez
and Soto, 2008).
Les mécanismes au foyer mesurés par Buforn et al. (1995, 1988), Hatzfeld (1978), Medina
(1995), Medina and El Alami (2006) sont dominés par des décrochements avec une direction
de l’axe de la contrainte compressive maximum NNW-SSE et celle de la contrainte compres-
sive minimum ENE-WSW, ce qui est cohérent avec la direction de convergence des plaques
lithosphériques Afrique-Eurasie.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 95

Figure 4.6: Carte de la sismicité instrumentale, historique et mécanismes au foyer (d’après Meghraoui
et al, 1996) dans la région d’Al-Hoceima/RasTarf. Les deux derniers séismes destructeurs
d’Al-Hoceima sont reportés en rouge (1994 et 2004). Le rectangle bleu localise la zone
d’étude présentée dans ce chapitre, le rectangle vert localise la zone d’étude présentée
dans le chapitre 5

L’étude sismotectonique par inversion des tenseurs de moments sismiques de Stich et al.
(2006) montre un régime essentiellement décrochant sur la marge Nord-marocaine.
La sismicité historique dans la région Nord-Est du Rif est localisée essentiellement sur les
villes historiques d’Al-Hoceima, Melilla et Bades (ville espagnole appelée également Penon de
Velez de la Gomera située à 35 km à l’Ouest d’Al-Hoceima) fondées respectivement aux IXème ,
avant le VIIème et au IIème siècle après J-C et conquises par les Espagnols au cours du XVème
siècle.
Bien qu’il soit difficile de localiser précisément, d’après les archives, les épicentres des séismes
historiques, l’étude menée par El Mrabet (2005) montre que cette zone est la deuxième région la
mieux documentée du Maroc et également la première région la plus active sismiquement depuis
le XVIème siècle. De nombreuses secousses ont été ressenties dans ces trois villes depuis 1522,
96 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

mais nous ne présenterons ici que quelques séismes fortement ressentis dans ces trois villes de la
côte Nord-Est du Rif (Figure 4.6)
Globalement, les séismes de la région du Nord-Est marocain ressentis dans les trois villes
citées précédemment (les dates soulignées correspondent aux séismes les plus destructeurs) se
sont produits à Badès en : 1522 (22/09, responsable d’un tsunami ?), 1624, 1791 (19/04, VII ),
1792 (31/10, VI ), 1795, entre 1800 et 1802 (53 secousses) et en 1848 (08/07, VII ), et à Mélilla
en : 1579 (01/03, VIII ), 1660 (05/08, VII ), 1790, 1792 (31/08, VIII ), 1794, 1804 (13/01, VI ),
1808 (VII ), 1819, 1821, 1848 (11/02, VII ), 1858, 1887, 1893 (13/06, IV ).
Les séismes probablement initiés dans la région d’Al-Hoceima n’apparaissent que partielle-
ment dans les écrits historiques et correspondent au ressenti des séismes cités pour les villes de
Badès et Melilla. Ainsi, on retrouve les séismes de 1522 (22/09, responsable d’un tsunami ?) et
1792 (3/10, VI ), et d’autres plus locaux : 1803 (03/01), 1910 (20/04 et 19/11), 1911 (20/05),
1915 (02/10), 1923 (09/07), 1924 (06/01), 1926 (06/11), 1927 et bien entendu en 1994 (26/05,
6) et en 2004 (24/02, 6.4).
D’après la sismicité historique, la ville d’Al-Hoceima et ses environs (Imzouren, Ait-Kamara,
Ajdir, Izemmouren...) est marquée par de longues périodes de quiescence sismique et semble
moins active et moins touchée par des séismes destructeurs depuis le XIème siècle que ses voisines
(Bades et Melilla).
Quelles sont donc les failles actives susceptibles de créer cette sismicité ?

4.3.2 Analyse morphotectonique des failles actives et des marqueurs


morphologiques de la région d’Al-Hoceima

4.3.2.1 La faille de Trougout : site de El Hadid

Identification des marqueurs morphologiques affectés

La faille de Trougout correspond à la faille principale séparant la baie d’Al-Hoceima à


l’Ouest du massif volcanique de Ras Tarf à l’Est (Figure 4.7 et 4.8).

Le MNT SPOT fait clairement apparaitre le tracé de la faille le long du massif volcanique et
les facettes triangulaires associées (Figure 4.8a et b). La faille marque très nettement la rupture
de pente située au pied des reliefs et l’on remarque la présence d’une faible pente entre la trace
de la faille et la ligne de côte (Figure 4.8) correspondant aux dépôts de cônes de déjection à
l’exutoire des reliefs associés à une activité récente de la faille.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA
Figure 4.7: MNT SPOT5 (à gauche) et carte géologique (à droite) de la région d’Al-Hoceima incluant les structures actives et les stéréo-
grammes des plans de failles et des stries. Les failles en rouge sont celles qui ont été étudiées au cours de ce travail de recherche.
Les triangles verts indiquent les massifs montagneux.

97
98 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.8: (a) MNT SPOT de la faille de Trougout sur le bord Ouest du massif de Ras Tarf. La flèche
indique la direction de prise de vue de la figure b, le rectangle noir indique la localisation
de la Figure 4.9. (b) Panorama photo et schéma interprétatif de la faille de Trougout. Les
traits rouges soulignent les facettes triangulaires associées au déplacement de la faille, les
flèches noires indiquent l’emplacement de la faille.

La photo-interprétation de l’image aérienne au 1 :30,000 (campagne du 29 Septembre 2003)


permet de cartographier précisément la faille et montre qu’elle est divisée en plusieurs segments
en échelon orientés ∼N-S décalés latéralement vers la droite (Figure 4.9a). Dans la partie Nord,
la faille apparait comme un segment de 7 km connecté au Sud à un autre segment de ∼26 km
de long par l’intermédiaire d’un relais compressif large de 400 mètres (Figure 4.9b).
La faille marque le contact entre les dépôts Quaternaires du bassin de Nekor et les brèches
andésitiques et basaltiques de la formation Tortonien-Messinien du massif de Ras Tarf à l’Ouest
ou les nappes du Rif Externe au Sud. L’alignement de facettes triangulaires, la présence de
larges cônes de déjection très incisés et de drains décalés latéralement en senestre à l’exutoire
des bassins-versants creusés dans le massif volcanique du Ras Tarf suggèrent une déformation
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 99

verticale et décrochante sénestre le long de la faille.


Au Sud du bassin de Nekor, la faille se poursuit avec un tracé plus diffus et se divise en
plusieurs segments parallèles situés de part et d’autre de la rivière Nekor. Un des segments
semble se connecter à la faille d’Imzouren formant ainsi un graben triangulaire de ∼15 km de
large et de ∼30 km de long (Figure 4.7).

Figure 4.9: (a) Photo aérienne de la faille de Trougout sur le bord Ouest du massif de Ras Tarf
(à gauche) et interprétation morphotectonique associée (à droite). Les triangles noirs in-
diquent les segments de faille, les flèches noires montrent les drains décalés en sénestre.
Les cônes alluviaux principaux sont représentés en gris, les hachures montrent les facettes
de failles et indiquent le sens de glissement de la faille. (b) Photo de terrain prise du Nord
montrant le site de El Hadid et la continuité Sud de la faille de Trougout. Les flèches
blanches indiquent la base de l’escarpement de faille.

Près du village de El Hadid (N35.224047˚, W3.761298˚, Alt. 50m), la zone de faille est sub-
verticale et consiste en une brèche volcanique déformée de ∼2 m d’épaisseur (Figure 4.10a). La
100 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

face Ouest de la zone de brèche déformée apparait comme un plan de faille de ∼12 m de hauteur
plus ou moins bien préservé (Figure 4.10a). Trois zones présentant des érosions différentes sont
visibles sur le plan de faille, orientées selon une ligne parallèle au talus situé au pied de la faille.
La partie haute du plan de faille est la plus altérée tandis que la partie basse du plan de faille
est la mieux préservée et présente des cannelures et des stries obliques.
Les observations de terrain en accord avec les mesures des stries sur le plan de faille
(N5˚E/82˚W, pitch de 60˚S) indiquent clairement un mouvement transtensif sénestre de la
faille.
Dans la partie Est du village, la faille normale-senestre de Trougout coupe la rivière El Hadid,
qui s’écoule d’Est en Ouest, formant sur le bloc supérieur soulevé de la faille un canyon E-W
de 20 m de profondeur dans les formations volcaniques et se poursuivant sur le bloc inférieur
abaissé sous la forme d’une figure d’incision de 15m creusée dans un épais cône alluvial (nommé
F1).
Sur le bloc inférieur de la faille, plusieurs terrasses alluviales de dépôts (nommées T1 à T3,
de la plus jeune à la plus vieille) sont emboîtées dans le cône alluvial (Figure 4.10a, c et Figure
4.12b). Les terrasses T1, T2 et T3 sont observées en rive gauche de la rivière tandis que seule
les terrasses T1 et T2 apparaissent en rive droite. J’interprète cette morphologie asymétrique
comme le résultat de la composante décrochante senestre du déplacement le long de la faille qui
permet de préserver la rive gauche tandis que la rive droite, se faisant décaler graduellement
vers le canyon, est érodée progressivement par la rivière (Figure 4.11). La présence des terrasses
T1 et T2 à la fois sur les rives droite et gauche du bloc inférieur indiquent qu’il n’y a pas eu de
mouvement de la faille depuis leur mise en place dans le cône.
Sur le bloc supérieur de la faille, des vestiges de dépôts de l’apex du cône F1 et de la terrasse
T3 sont observés en rive droite au-dessus du plan de faille. En rive gauche, la surface d’abrasion
liée à la terrasse T3 est bien marquée mais sa surface et les dépôts associés semblent avoir été
remaniés par l’activité humaine (Figure 4.10c). Les terrasses T1 et T2 sont observés en contrebas
à l’intérieur du canyon (Figure 4.10a, d).
Les terrasses T1, T2 et T3 contiennent des clastes roulés de tailles décimétriques, princi-
palement basaltiques et andésitiques et parfois gréseux quartzitiques (substrat probablement
Miocène affleurant sous l’édifice volcanique), pris dans une matrice silto-sableuse. Le cône allu-
vial F1 est constitué de blocs basaltiques/andésitiques (∼70%) et gréseux quartzitiques (∼30%)
flottant dans une matrice silto-sableuse.
La Figure 4.12 représente le MNT haute résolution de la zone interpolé à partir de mesures
réalisées au GPS cinématique et à la station TOTAL. Il permet d’estimer les déplacements
verticaux et horizontaux du cône alluvial et des terrasses le long de la faille.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA
Figure 4.10: Photos de terrain de la faille de Trougout affectant les terrasses alluviales quaternaires. Les triangles blancs indiquent la
base de l’escarpement de faille (A). Les ronds blancs indiquent le sommet des talus de terrasses de la plus jeune à la plus
vieille (T1 à T3 et F1)(A et D). Les cercles noirs indiquent les points repères des marqueurs utilisés pour l’estimation des
décalages le long de la faille (D). La flèche blanche montre le vecteur glissement de la faille (A). Le cercle blanc donne
l’échelle (A).

101
102 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.11: Schéma interprétatif des dépôts de terrasses alluviales le long de la faille de Trougout.

A partir des profils topographiques traversant les différents marqueurs morphologiques, j’ai
mesuré un déplacement vertical minimum pour les surfaces T3 et F1. Le profil n˚1 donne un
décalage vertical minimum de 20.7 m pour F1 tandis que les profils n˚2, 3 et 4 donnent un
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 103

Figure 4.12: (a) MNT (0.5m), avec des contours de 1m, de la faille de Trougout, des terrasses et du
cône alluviaux (T1, T2, T3 et F1). Le tracé noir gradué indique la faille, les traits noirs
indiquent les profils topographiques visibles sur la figure (c). En haut à droite : carte
des pentes de l’escarpement de faille. Les marqueurs utilisés pour mesurer les décalages
sont indiqués en pointillés et correspondent au sommet des talus T2-T3 B, T3-F1 A et
à l’axe du drain actuel O et ancien O’. (b) Bloc 3D construit à partir du MNT (0.5m)
de l’escarpement de faille et des surfaces alluviales observées. (c) Profils topographiques
à travers l’escarpement de faille montrant les décalages verticaux minimums des surfaces
alluviales.

décalage vertical minimum de 10.2 m pour T3 (Figure 4.12c). Les terrasses T2 et T1 sont
observées à la même altitude de part et d’autre de la faille suggérant qu’elles n’ont pas été
déplacées par la faille (Figure 4.12c).
Pour estimer le déplacement horizontal des marqueurs morphologiques, j’utilise la distance
entre deux points (appelés points repères), correspondant chacun à l’intersection d’un objet
morphologique linéaire avec la faille. Dans mon cas, je compare l’intersection avec la faille, du
bord supérieur du talus F1-T3 (A) et T3-T2 (B) en rive gauche et de l’axe du canyon lors du
dépôt de F1 et T3 (O représente l’intersection entre l’axe actuel du canyon et la faille, supposant
que l’axe du canyon n’a pas changé depuis le dépôt, et O’ l’intersection entre le bord supérieur
du canyon en rive gauche et la faille) (Figure 4.10d). Ainsi, en utilisant ces quatre points repères
reportés sur la trace de la faille, j’estime des déplacements horizontaux cumulés compris entre
25 m (O’A) et 35 m (OA) pour le talus F1-T3 et entre 6 m (O’B) et 16 m (OB) pour le talus
T3-T2 (Figure 4.12a, c).
104 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Ces estimations de la composante verticale et horizontale des marqueurs morphotectoniques


décalés le long de la faille de Trougout sont en accord avec les mesures de stries du plan de faille
et confirme un déplacement normal-senestre récent. Afin de quantifier les vitesses de glissement
le long de ce segment de la faille de Trougout, les différents marqueurs morphologiques ont été
échantillonnés et datés.

Estimation de la vitesse de glissement de la faille

Plusieurs méthodes de datation ont été utilisées sur l’ensemble des marqueurs morphologiques
pour tenter de quantifier la cinématique de la faille de Trougout. Les résultats sont présentés
pour chaque marqueur et une estimation des vitesses de glissement est donnée en utilisant les
décalages mesurés sur les marqueurs. Les préparations et les datations des échantillons utilisant
10 36
les isotopes cosmogéniques Be et Cl ont été réalisées au CEREGE (Aix-en Provence), sous
la supervision de R. Braucher. La préparation et la datation des échantillons utilisant l’isotope
cosmogénique 3 He ont été effectuées au CRPG (Nancy) sous la supervision de P-H. Blard.

Cône alluvial F1

Pour estimer l’âge du cône F1, nous avons analysé les concentrations en 3 He cosmogénique
d’un amalgame de galets de même taille échantillonnés à la fois sur la surface de dépôt et dans le
lit actuel de la rivière (Figure 4.13c, e). Les amalgames sont constitués de 50 galets de basaltes
et d’andésites collectés sur l’ensemble de la surface de dépôt. La concentration des échantillons
récoltés dans le lit actuel de la rivière correspond à l’héritage des dépôts.
Les concentrations obtenues pour la surface du cône F1 et pour le lit actuel de la rivière
sont respectivement de 3.6 ± 0.05 .106 at/g et de 1.73 ± 0.04.106 at/g. Pour calculer les âges,
nous avons calculé le taux de production local de 3 He produit in-situ en utilisant une valeur de
Sea Level and High Latitude (SLHL) P3 de 121 ± 5 at/g/an (Blard et al., 2013) et le facteur
d’échelle, dépendant de la latitude et l’altitude, de Stone (2000) et nous obtenons un taux de
112 ± 1 at/g.
Les échantillons ont été récoltés sur des surfaces sans masque topographique. En prenant
un taux d’érosion nul, ce qui est raisonnable compte tenu de la bonne préservation des objets
géologiques datés et de l’âge attendu (au vu des faibles concentrations), l’âge minimum de dépôt
du cône F1 déduit des concentrations en 3 He est de 16.9 ± 1.1 ka.
Afin de vérifier ces résultats, nous avons également analysé les concentrations en 10 Be in-situ
d’amalgame de galets de quartzites (Figure 4.13d) collectés sur un profil en profondeur à 0m
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 105

et 2m de profondeur (Figure 4.13a,b). Pour des raisons pratiques, le profil a été réalisé sur un
ressaut 1m en contrebas de la surface du cône. Nous avons donc également échantillonné la
surface du cône et l’avons intégré dans le profil de profondeur avec les deux autres échantillons.
La stratigraphie du dépôt est normale et indique un granoclassement inverse typique des dé-
pôts alluviaux (Figure 4.13b). Le profil en 10 Be montre une diminution progressive des concentra-
tions avec la profondeur, ce qui est cohérent (Figure 4.14). Nous utilisons une méthode d’inversion
10
du Chi-carré pour minimiser les différences entre les données Be mesurées et modélisées, avec
une dénudation et un héritage variable, et une densité du matériel alluvial de 2 g/cm3. Nous
utilisons une valeur de production de 4.02 at/g/an (Braucher et al., 2011) et le facteur d’échelle
de Stone (2000).
A partir de l’analyse 10 Be du cône en utilisant l’inversion du Chi-carré, le meilleur ajustement
donne un âge de 20 ± 2 ka avec un héritage de 12 ± 2 kat/gr et un taux de dénudation nul.
Ce résultat est en accord avec l’âge 3 He déduit des échantillons de surface.
Un profil en profondeur a également été tenté pour l’3 He mais les résultats indiquent une
diminution de la concentration entre 0.25 et 0.5 cm puis une augmentation jusqu’à la profondeur
10
125 cm (Figure 4.14). La stratigraphie normale du dépôt est cohérente et la méthode Be s’est
vérifiée sur ce dépôt, ces variations semblent donc suggérer une histoire anté-dépôt différente
pour les clastes de basaltes/andésites échantillonnés à 1m et 1.25m (i.e. provenance différente,
temps de transport plus long).
Afin d’estimer une vitesse de glissement, en divisant le décalage observé sur le cône F1 (20.7
m en vertical et 35-25 m en horizontal) par l’âge de la surface, j’obtiens des valeurs de glissement
horizontal minimum comprises entre 1.8 ± 0.4 mm/an (3 He) et 1.6 ± 0.4 mm/an (10 Be)
et de glissement vertical minimum le long du plan de faille de 1.22 ± 0.07 mm/an (3 He) et
1.04 ± 0.1 mm/an (10 Be).
J’obtiens donc un taux de glissement moyen sur la faille compris entre 1.95 ± 0.35 mm/an
(10 Be) et 2.1± 0.4 mm/an (3 He).

Terrasse alluviale T3

La terrasse T3 a été échantillonnée à la fois sur le bloc inférieur et sur le bloc supérieur de la
faille. Sur le bloc inférieur, la terrasse a été échantillonnée selon un profil vertical dans une ravine
située en bord de talus, avec une collecte de ∼10 échantillons tous les 50 cm (Figure 4.13f).
Les analyses d’3 He cosmogénique réalisées sur l’échantillon le plus bas (2m) et le plus haut
(0m) du profil ont donné des concentrations similaires, ce qui est incohérent et suggère soit un
dépôt très récent or la terrasse T3 se situe ∼7m au-dessus du lit actuel et est fortement incisée,
106 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.13: (a) Soil pit de 2m de profondeur creusé dans le cône alluvial F1 pour un échantillonnage
de basaltes et de grès en vue de datations cosmogéniques. Notons que le soil pit a été
creusé 1 m en-dessous de la surface du cône. La surface du cône a été échantillonnée à
part. (b) Colonne stratigraphique du profil échantillonné. Les échantillons ont été récoltés
à 0 m dans les dépôts argilo-sableux et à 2 m de profondeur dans les dépôts sableux
(bandes rouges). La stratigraphie montre une évolution normale des dépôts depuis la
profondeur jusqu’en surface. (c) Surface du cône F1 recouverte par endroits de galets de
basaltes/andésites échantillonnés pour la datation 3 He. (d) Préparation et retaille des
échantillons de grès quartzitique. (e) Lit actuel de la rivière échantillonné pour estimer
l’héritage. (f) Echantillonnage d’une ravine dans la terrasse T3.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 107

Figure 4.14: Profils en profondeur réalisés dans le cône F1 pour les concentrations en 10 Be et en 3 He.
Le profil 10 Be semble cohérent tandis que le profil 3 He montre une augmentation de la
concentration en profondeur.

soit une exposition de tous les échantillons du profil simultanément. Nous avons donc décidé
de ne pas analyser les autres échantillons du profil. J’interprète ces données comme étant le
résultat d’une mise à l’exposition instantanée, postérieure au dépôt, de l’ensemble du profil liée
à un creusement rapide de la ravine (Figure 4.13f).
La terrasse T3 sur le bloc supérieur de la faille a été échantillonnée en surface avec un
amalgame de ∼50 échantillons de basaltes/andésites. La concentration des échantillons récoltés
dans le lit actuel de la rivière correspond à l’héritage des dépôts. La concentration en 3 He
cosmogénique du dépôt de surface de la terrasse T3 est 2.34 ± 0.1 .106 at/g et la concentration
du lit actuel de la rivière correspond à celle utilisée précédemment pour le cône F1, 1,73 ±
0.04.106 at/g. Parce que le dépôt T3 est partiellement masqué du rayonnement cosmique par
la pente de ∼50˚ du massif, j’applique un facteur de correction de 0.89 (d’après le logiciel
CRONUS shielding calculator édité par G. Balco (2006) accessible sur le site http://hess.
ess.washington.edu/math/general/skyline_input.php).
Pour l’estimation de l’âge, en utilisant un taux de production corrigé local de 99 at/g/an et
en soustrayant la valeur d’héritage, j’obtiens un âge minimum de 6.5 ± 0.5 ka.
Afin d’estimer une vitesse de glissement, en divisant le décalage observé sur la terrasse T3
(10.2 m en vertical et 6-16 m en horizontal) par l’âge de la surface, j’obtiens des valeurs de
glissement horizontal de 1.7 ± 0.7 mm/an et de glissement vertical de 1.57 ± 0.13 mm/an.
J’obtiens donc un taux de glissement moyen sur la faille de 2.3 ± 0.5 mm/an.
108 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Le plan de faille

La faille de Trougout au niveau du site du village de El Hadid présente un plan de faille


sub-vertical relativement bien conservé, du moins dans sa partie basale, entre 0 et 3 m, où les
figures de stries sont clairement visibles.
D’après les observations de terrain, la faille est normale-décrochante. Cet escarpement haut
de 10 m n’est pas plan et présente sur sa surface plusieurs ressauts liés à l’érosion lui conférant
une morphologie en palier. Plus l’on monte sur l’escarpement, plus son plan est altéré ce qui est
en accord avec la composante normale de la faille qui induit un âge d’exhumation plus élevé au
sommet de l’escarpement.
Au moins trois zones d’érosion différentielle ont été observées le long de l’escarpement, elles
apparaissent clairement sur le MNT construit à partir du logiciel Photoscan#
R (Figure 4.15). Le

profil en Figure 4.26 montre une zone située entre 0 et 4m de hauteur où le plan de faille est
préservé de l’érosion. C’est dans cette partie de l’escarpement que les stries ont pu être mesurées.
Un premier palier d’érosion est observé entre 4 et 6 m, puis un deuxième à 7-7.5 m et enfin
un dernier entre 9 et 13 m.
Afin de retracer les processus d’exhumation de la faille dus au cycle sismique et d’estimer
une vitesse de glissement, nous avons collecté 19 échantillons (7 échantillons en 2012 : MA12-
6A à -6G, et 12 échantillons en 2013 : MA13-TF1 à –TF12) chacun constitué d’un amalgame
de ∼10-15 clastes de basaltes/andésites, tous les 50 cm le long d’un profil parallèle à la strie
sur le plan de faille (Figures 4.15 et 4.16). L’objectif est de mesurer leur concentration en 3 He
cosmogénique afin de dater leur âge d’exposition. Les valeurs sont reportées dans le Tableau 4.1
et sur la Figure 4.16. 1
Les échantillons du profil montrent une linéarité et une augmentation des concentrations
avec la hauteur, ce qui est cohérent (Figure 4.16). De plus, on observe un léger changement
de pente du profil qui semble se redresser vers le haut et permet d’identifier trois groupes
d’échantillons avec des pentes bien distinctes (un premier groupe de 0 à 4 m de hauteur, un
deuxième de 6 à 8.75 m et enfin un dernier groupe rassemblant les échantillons MA13-TF1
et MA13-TF2) (Figure 4.16). Cela va dans le sens d’un effet accru de l’érosion vers le haut
de l’escarpement qui diminuerait les valeurs de concentrations attendues, ce qui est cohérent.
On remarque également que les concentrations sont les plus disparates au niveau des paliers :
au niveau du palier situé à ∼7 m, les concentrations des échantillons varient du simple au

1. Une première tentative a été réalisée sur sept échantillons collectés dans la partie basale peu altérée de
l’escarpement et la méthode a permis d’estimer une première vitesse de glissement comprise entre 0.75-0.95
mm/an (Poujol et al., 2014, cf Annexe A
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 109

Figure 4.15: Bloc 3D réalisé à partir d’orthophotos (logiciel Photoscan#), R coupe topographique le
long de la strie et photos du plan de faille de Trougout (les points rouges situent les
échantillons). Notons l’irrégularité du plan de faille dû à l’érosion. Le mètre ruban posé
sur l’escarpement, parallèle à la direction des stries a servi de profil de référence lors de
la collecte des échantillons. La coupe topographique s’arrête à 10m mais les échantillons
ont été collectés jusqu’à ∼13m.

double, de 5.4 (échantillon MA13-TF7) à 11.5 105 at/g (MA13-TF6). L’échantillon situé à 4m
de hauteur (MA13-TF9) montre également une concentration élevée alors qu’il se trouve à la
limite d’un palier (profil, Figure 4.15). Nous interprétons cette concentration élevée comme
l’effet supplémentaire du rayonnement cosmique survenu par le haut du palier (les neutrons
agissent dans la production de 3 He cosmogénique jusqu’à ∼2m de profondeur).

Pour calculer les âges d’exhumation de cet escarpement, l’érosion et la géométrie du plan de
110
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA
Table 4.1: Concentrations en 3 He des échantillons prélevés sur le plan de faille de Trougout. Les échantillons avec une étoile sont
considérés comme valeurs aberrantes et ne sont pas pris en compte dans les calculs.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 111

Figure 4.16: (à gauche) Photo du plan de faille échantillonné sur les 4 premiers mètres. (à droite)
Profil de concentration 3 He cosmogénique de la surface du plan de faille. Les échantillons
en clair sont considérés comme des valeurs aberrantes et ne sont pas pris en compte dans
les calculs. Les bandes grises représentent les paliers topographiques observés sur le plan
de faille (Figure 4.15).

faille doivent être pris en compte. Nous appliquons donc un facteur de correction au taux de
production, lié au masque topographique que représente l’escarpement de faille (80˚) (Figure
4.16), et un taux d’érosion considéré comme continu au cours du temps. Les taux d’érosion ont
été estimé en échantillonnant (i) un bloc situé sur les pentes du massif surplombant la faille et (ii)
le haut de l’escarpement de faille considérés tous les deux à l’état stationnaire. Les concentrations
en 3 He sont de 2.1.106 at/g pour le bloc et 1.2.106 at/g pour l’escarpement. Les taux d’érosion
obtenus sont respectivement de 29 et 53 m/Ma. Les résultats sont présentés dans la Figure 4.17.
Pour un taux d’érosion nul, les âges d’exposition varient de 2.5 à 16.7 ka avec une vitesse
moyenne de glissement de 0.75 mm/an.
Pour un taux d’érosion de 29 m/Ma, les âges d’exposition varient de 3 à 40 ka avec une
vitesse moyenne de glissement de 0.3 mm/an (Figure 4.17).
Pour un taux d’érosion de 53 m/Ma, beaucoup de valeurs tendent vers l’infini et la vitesse
moyenne est de ∼0.1 mm/an (Figure 4.17).
En étudiant les échantillons séparément, en leur attribuant un facteur d’écrantage approprié
à la géométrie du plan de faille, et en écartant des calculs les échantillons situés sur les paliers
qui ont une histoire trop complexe (bandes grises sur les graphiques des Figures 4.16 et 4.17),
on obtient les valeurs corrigées présentées dans le Tableau 4.2(gauche). La vitesse de glissement
déduite de ces valeurs est 1.1 mm/an.
Afin d’estimer la variable prépondérante, entre l’héritage, le taux de production local (corrigé
112 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.17: Profils d’âge d’exposition de la surface du plan de faille avec deux taux d’érosion différents.
Les points noirs correspondent à la concentration sans taux d’érosion, les figurés rouges
et oranges correspondent à la concentration avec érosion (29 m/Ma et 53 m/Ma). Les
bandes grises représentent les paliers topographiques observés sur le plan de faille. Plus
la concentration des échantillons est élevée, plus l’effet de l’érosion est important.

de l’écrantage) et l’érosion dans le calcul des âges, j’utilise une vitesse de glissement de 1.5
mm/an (valeur obtenue à partir des estimations effectuées sur les décalages des marqueurs
morphologiques), je fixe la valeur d’âge de l’échantillon basale à 0 et j’estime les valeurs théoriques
d’âges et de taux de production (Tableau 4.2, droite). On remarque que les valeurs de taux de
production pour les échantillons situés au-dessus de 6 m sont incohérentes (supérieures au taux de
production global calculé par Blard et al., 2013), induisant des facteurs d’écrantage incohérents
(>1). Le taux de production ne semble donc pas impliqué (ou en tout cas pas seulement) dans
les variations d’âges observés le long du plan de faille. L’érosion théorique estimée montre la
même disparité avec cependant une augmentation des valeurs vers le bas de l’escarpement, ce
qui parait incohérent au vu de l’état de préservation de l’escarpement. Enfin, l’héritage estimé en
soustrayant l’âge théorique de l’âge réel montre des disparités le long de l’escarpement avec une
augmentation des valeurs vers le haut de l’escarpement. Cela suggère un effet accru de l’héritage
sur les échantillons les plus vieux.
Aucun de ces modèles avec et sans érosion ne donne des vitesses de glissement similaires
à celles obtenues grâce aux marqueurs morphologiques (1.5-2 mm/an). Les vitesses obtenues
sont bien inférieures et indiquent donc des concentrations en 3 He trop élevées au sommet
relativement à la base de l’escarpement.

En observant l’escarpement de faille, on remarque une stratification des dépôts de brèches


CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 113

Table 4.2: (gauche) Estimation des âges d’exposition des échantillons du plan de faille en utilisant des
facteurs de correction topographique (écrantage) déterminés en fonction de la morphologie
du plan de faille. (droite) Détermination théorique des valeurs d’âges, de taux de production,
de facteur de correction topographique, d’héritage et d’érosion en utilisant une vitesse de
glissement de 1.5 mm/an, estimée grâce aux marqueurs géomorphologiques.

parallèles au plan de faille pouvant suggérer une succession de dépôts gravitaires sub-verticaux
empilés, progradants vers l’Ouest (Figure 4.18) déjà décrit dans l’étude de Bourdier (1986)
(cf chapitre 5.2.2). Cela induit d’une part que ces strates de brèches empilées pourraient avoir
un âge et donc un héritage anté-faille très différents variant entre la base et le sommet de
l’escarpement entrainant ainsi une surestimation des concentrations en 3 He cosmogénique des
échantillons. D’autre part, cela suggère que l’érosion du plan de faille se produit de façon
ponctuelle au cours du temps par basculement et effondrement le long des plans de stratification
comme en témoigne la morphologie en palier successif de l’escarpement (profil topographique,
Figure 4.15). Cela aurait pour effet d’entrainer une mise à l’exposition au rayonnement
cosmique instantanée de certaines zones de la faille et d’augmenter les concentrations en 3 He
cosmogéniques de certains des échantillons seulement.

Il apparait suite à ces résultats que l’hétérogénéité des valeurs de concentrations mesurées
peut être liée (i) à une érosion discontinue au cours du temps et (ii) aux héritages anté-failles
des dépôts qui constituent l’escarpement de faille. Ces différences d’héritage peuvent être liées
à l’origine du matériel formant ces brèches et/ou aux processus de dépôts des brèches. L’aug-
mentation des valeurs d’héritage vers le sommet de l’escarpement est cohérente avec la mise à
l’affleurement par érosion des brèches plus vieilles (situées en arrière de l’escarpement préservé).
Cependant, le problème de la linéarité des concentrations observée le long du profil (Figure 4.16)
persiste. Seule l’intégration d’une source de production non cosmogénique d’3 He liée à l’âge de
114 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.18: Photo de l’escarpement de faille de Trougout prise du Nord. Notons la stratification
sub-verticale des dépôts de bréches.

cristallisation des minéraux de pyroxènes (3 He nucléogénique produit par réaction avec le Li,
cf chapitre 3) peut augmenter les concentrations d’3 He produit in situ de façon proportionnelle
à l’âge. La correction de cette source de production d’3 He supplémentaire n’a pas été effectuée
sur l’intégralité du plan de faille et pourrait expliquer en partie la teneur élevée en 3 He des
échantillons provenant du massif du Ras Tarf inactif depuis ∼12 Ma.

4.3.2.2 La faille de Trougout : site des Figuiers

Identification des marqueurs morphologiques affectés

Situé ∼500m au Nord du site de El Hadid (Figure 4.19a), le site des Figuiers (N35.2241˚,
W3.761298˚, Alt. 50m) correspond à un drain secondaire recoupé par la faille de Trougout. La
zone de faille est sub-verticale et constituée d’une bréche volcanique de couleur claire déformée
de ∼1m d’épaisseur. La lithologie du plan de faille semble différente de celle rencontrée au site
de El Hadid. Le plan de faille est fortement altéré et apparait comme une rupture de pente,
de quelques mètres de hauteur, limitant la formation volcanique à l’Est, de terrains cultivés
à l’Ouest (Figure 4.19b,c,d,f). De plus, l’escarpement de faille en rive droite est plus érodé
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA
Figure 4.19: (a) Image GoogleEarth de la faille de Trougout au pied des reliefs localisant les deux zones
d’étude (El Hadid et Figuier). Les flèches vides localisent les photos, les flèches pleines
soulignent la faille. (b, c, d) Photos de l’escarpement de faille prises du NE, de l’Ouest et
du Nord, respectivement. Les flèches blanches localisent la base de l’escarpement. Notons la
faible signature de l’escarpement dans la morphologie due à une forte activité anthropique
(champs en culture sur le dépôt alluvial au pied de la faille). (e) Photo montrant le décalage
horizontal du dépôt de cône (F0) visible dans la rivière. (f) Photo montrant le décalage
vertical du dépôt de cône. (g) Photo d’affleurement montrant la forte incision dans les

115
dépôts alluviaux lités.
116 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

qu’en rive gauche et présente des dépôts de pente à sa base. A l’endroit où la faille recoupe
la rivière, celle-ci montre une figure sigmoïdale figurée par un méandre indiquant un décalage
latéral sénestre, ce qui confirme le mouvement transtensif sénestre de la faille observé au site de
El Hadid. La faille a une direction N170˚E, légèrement différente de celle mesurée sur le plan
de faille au site de El Hadid, qui marque une réorientation vers le NW. Sur le bloc inférieur de
la faille, le drain incise de 2 m maximum un dépôt de cône alluvial (nommé F0) constitué de
clastes de basaltes et andésites lités pris dans une matrice argilo-sableuse.

Figure 4.20: Schémas interprétatif de l’évolution du chenal recoupé par la faille de Trougout. Le cône
alluvial (F0) se dépose, puis est incisée de part et d’autre de la faille (e.g. effet climatique,
tectonique ?). Puis la faille joue et décale le chenal. Sur le bloc supérieur surélevé, les
dépôts alluviaux commencent à s’éroder tandis que le drain s’incise. La faille continue à
se déplacer, l’érosion et l’incision sur le bloc supérieur se renforcent entrainant des dépôts
de pente au pied de l’escarpement, tandis que sur le bloc inférieur le drain alterne les
phases d’érosion et de dépôt créant ainsi une succession de méandres. Une terrasse (T0)
se dépose dans la zone concave du méandre (en jaune sur la figure).

Les clastes de taille décimétrique sont faiblement arrondis suggérant un temps de transport
moyen à faible, en accord avec l’étendue du bassin-versant observé en amont. Sur ce site aucun
claste de grés quartzitique n’a été trouvé.
Dans le lit de la rivière, un dépôt de terrasse a également été observé (Figure 4.20) située au
pied de l’escarpement de faille, à l’endroit où se trouve la figure de décalage sigmoïdale (terrasse
notée T0). Cette terrasse, située dans la partie convexe du méandre, ne semble pas ou peu
affectée par la faille et s’est déposée après la formation du cône suite à l’érosion du méandre
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 117

par le chenal. L’ensemble de ces petites terrasses sont cultivées et semblent avoir été totalement
remaniée par l’activité anthropique.
Sur le bloc supérieur, l’incision y est plus prononcée que sur le bloc inférieur, cependant des
surfaces alluviales sont disposées de part et d’autre du chenal (Figure 4.20) et sont interprétées
comme les vestiges du dépôt de cône observé sur le bloc inférieur.

Figure 4.21: MNT (0.5m précision) du site des Figuiers le long de la faille de Trougout. Les traits
blancs marquent le sommet du talus d’incision, les traits noirs numérotés localisent les
profils topographiques en (c). Les points repères A et B correspondent respectivement
au sommet du talus et à l’axe du drain reportés sur la faille, pour le bloc supérieur de
la faille. Les points repères A’ et B’ correspondent respectivement au sommet du talus
et à l’axe du drain reportés sur la faille, pour le bloc inférieur de la faille. (b) Bloc 3D,
construit à partir du MNT (0.5m précision), de l’escarpement de faille et de la surface
alluviale décalée par la faille. (c) Profils topographiques à travers la faille estimant les
rejets verticaux.

Le MNT présenté en Figure 4.21, réalisé à partir du GPS cinématique, permet de mesurer les
décalages cumulés horizontaux et verticaux minimum de la surface alluviale observée à la fois sur
le bloc supérieur et inférieur de la faille. La surface du cône alluvial incisé par la rivière apparait
avec un faible pendage vers la ligne de côte et s’observe de part et d’autre de la faille. Les profils
1 et 2 ont été réalisés en rive gauche afin de s’affranchir de l’érosion liée à l’activité humaine
(Figure 4.21c). Ils indiquent un décalage vertical de 10 ± 1 m de la surface alluviale. On note,
sur ces profils topographiques, le faible pendage de l’escarpement de faille, proche du pendage
observé dans la partie supérieure érodée de l’escarpement du site de El Hadid, indiquant une
forte altération du plan de faille .
118 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Afin d’estimer le décalage horizontal de la surface alluviale, j’ai comparé à la fois (i) les
intersections entre l’axe du chenal du bloc supérieur (noté B) et l’axe du chenal du bloc inférieur
(B’), et le tracé de la faille et (ii) les intersections entre le haut du talus de la surface alluviale
du bloc supérieur (A) et le haut du talus de la surface alluviale du bloc inférieur (A’), et le tracé
de la faille (Figure 4.21a). J’obtiens un décalage de 10 ± 2 m pour le cas (i) (distance B-B’) et
de 8 ± 1 m pour le cas (ii) (distance A-A’). On peut également utiliser la longueur de la terrasse
T0, considérée comme un dépôt postérieur à l’activité de la faille, c’est-à-dire la distance entre
le talus lit actuel/T0 et le talus T0/F0, pour estimer un décalage horizontal maximum et on
obtient ∼12 ± 2 m. Afin d’estimer des vitesses de glissement le long de la faille, le cône alluvial
a été échantillonné et daté.

Estimation de la vitesse de glissement de la faille

Au niveau du site des Figuiers, le long de la faille de Trougout, nous avons daté le cône
alluvial (F0) affecté par la faille en effectuant un échantillonnage de la surface de dépôt (Figure
4.22a). Des amalgames de ∼50 échantillons de basaltes/andésites ont été collectés sur le cône et
dans le lit actuel de l’oued qui l’incise (Figure 4.22b, c). Les concentrations en 3 He cosmogénique
obtenues pour les dépôts de la surface alluviale affectée et du lit actuel sont respectivement de
2.21 ± 0.13 .106 at/g et 1.4 ± 0.15 .106 at/g. A partir du taux de production local (112 at/g/an)
et en utilisant la concentration du dépôt actuel comme héritage, j’obtiens, pour une érosion
nulle, un âge minimum du cône affecté de 7.3 ± 2.5 ka.
Pour estimer une vitesse de glissement, je divise le décalage observé sur le cône (10 ± 1 m en
vertical et 8 ± 1 m en horizontal) par l’âge de la surface et j’obtiens des valeurs de glissement
horizontal de 1.25 ± 0.4 mm/an et de glissement vertical de 1.6 ± 0.5 mm/an. Le taux de
glissement moyen sur la faille est de 2 ± 0.6 mm/an.
Afin de vérifier ces résultats, nous avons également collecté six échantillons de charbons sur le
14
bloc inférieur de la faille en vue d’analyses C. Trois échantillons ont été prélevés dans le dépôt
de cône affecté par la faille en rive droite et trois autres dans le dépôt de la terrasse cultivée, non
affectée par la faille (notée T0), située à la base de l’escarpement en rive gauche (Figure 4.23a).
Dans la terrasse non affectée par la faille (T0), les échantillons ont été collectés à des pro-
fondeurs de 100 cm (TF9), 90 cm (TF7) et 65 cm (TF5) et donnent respectivement des âges
calibrés de 465 ± 55, 245 ± 45 et 140 ± 60 ans, ce qui est stratigraphiquement cohérent (Figure
4.23b).
Le dépôt de cette terrasse montre trois unités stratigraphiques. Les deux premiers échantillons
(à 100 cm et 90 cm) appartiennent à un dépôt de galets centimétriques pris dans une matrice
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 119

Figure 4.22: (a) Photo du cône F0 affecté par la faille. La surface a été échantillonnée avec un amal-
game de ∼50 galets de basaltes/andésites. (b) Photo des galets échantillonnés sur la
surface de F0. (c) Photo du lit actuel de l’oued échantillonné en surface.

sablo-argileuse tandis que le dernier (à 65 cm) appartient à un dépôt argilo-sableux plus aéré
contenant peu de galets. Ces deux unités stratigraphiques ont chacune une épaisseur de 20 cm.
La cohérence entre les âges obtenus et les profondeurs d’échantillonnage indiquent que ces deux
dépôts n’ont pas été remaniés et se sont probablement déposés après le dernier rejeu de la faille
daté au minimum à 465 ± 55 ans. Le dépôt supérieur, épais de 60 cm, est argilo-sableux et
contient peu de galets. Il est très aéré et présente une grande quantité de charbons et de racines
suggérant un remaniement anthropique récent.

Trois échantillons ont été collectés dans le cône affecté par la faille, dans deux zones diffé-
rentes, et donnent des âges de 4749 ± 80 ans (TM2), 3871 ± 116 ans (TM3) et 1318 ± 34 ans
(TS4) (Figure 4.23c, d).

Les deux premiers échantillons, prélevés à 45 et 60 cm de profondeur, proviennent d’un


dépôt argilo-sableux sombre stratifiés contenant une unité à galets fins à la base surmontée
120 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.23: (a) Vue d’ensemble du site de Trougout Figuier. Les triangles noirs localisent la base de
l’escarpement de faille, les flèches blanches localisent les photos (b, c, d). (b) Photo d’af-
fleurement de la terrasse T0 non déformée où sont localisés les échantillons de charbons
collectés. Les triangles noirs localisent la base de l’escarpement. (c) Photo d’affleurement
du cône F0 où sont localisés les échantillons de charbons collectés. (d) Photo d’affleure-
ment de plusieurs dépôt de colluvions postérieurs au dépôt du cône F0, déposés à la base
de l’escarpement de faille.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 121

d’une unité à galets grossiers faiblement arrondis (Figure 4.23c). Cette stratification lits de
galets fins/grossiers du dépôt est interprétée comme le résultat d’un changement de régime de
dépôt du chenal probablement en lien avec la présence de la faille.
L’abaissement du bloc inférieur suite au déplacement périodique de la faille entrainerait
une érosion intense et une remobilisation de matériel détritique grossier sur le bloc supérieur
suivie d’une aggradation sur le bloc inférieur. Les lits de galets fins marqueraient les périodes de
quiescence de la faille.
L’estimation des vitesses verticales et horizontales de la faille, à partir de l’âge radiocarbone
minimum du cône obtenu précédemment et des décalages le long de la faille (10 ± 1 m en vertical
et 8 ± 1 m en horizontal), donnent respectivement 2.08 ± 0.2 mm/an et 1.66 ± 0.1 mm/an.
Le taux de glissement moyen le long de la faille est de 2.6 ± 0.4 mm/an.
Le dernier échantillon a été prélevé au niveau du méandre décalé par la faille dans un dépôt
sableux sombre peu cohésif et riche en clastes anguleux interprété comme un dépôt colluvionnaire
stratifié lié à un démantèlement successif de l’escarpement de faille (Figure 4.23d). L’âge de
l’échantillon TS4 est 1318 ± 34 ans. La position du dépôt à la base de la faille, sa nature très
différente du dépôt du cône F0 (clastes anguleux, matrice sableuse), l’organisation chaotique des
clastes et son âge plus jeune que celui du cône F0 suggèrent un dépôt postérieur au cône lié au
mouvement de la faille.

4.3.2.3 La continuité Nord de la faille de Trougout

Au Nord du site des Figuiers, la continuité de la faille est visible sur les images aériennes
et le MNT (Figures 4.8a et 4.9a), elle se poursuit avec la même direction sur ∼3 km avant
de disparaitre en mer. Des marqueurs morphologiques sont visibles le long de son tracé, tels
que des facettes triangulaires et des drains décalés latéralement. Au niveau de la route N16, la
faille forme un escarpement fortement altéré constitué de la même brèche volcanique observée
précédemment au village de El Hadid et au site des Figuiers (Figure 4.24).
Des figures de cannelures et de stries ont été observées le long de plaquages de calcite re-
couvrant le plan de faille et indiquent un mouvement normal-décrochant (N35˚E, 50˚W et
pitch de 45˚S et N10˚E, 60˚W et pitch de 55˚S). Un dépôt de colluvions de plusieurs mètres
d’épaisseur repose sur la faille et semble être affecté par elle, comme le suggère un escarpement
de ∼30cm visible à la surface du dépôt (Figure 4.24a) et des figures de ridelles visibles dans le
dépôt au contact de la faille. De nombreuses failles secondaires de direction ∼E-W à pendage
Nord affectent les coulées andésitiques massives et semblent héritées d’un épisode de déformation
plus ancien (Figure 4.24d).
122 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.24: (a) Photo panoramique de la faille de Trougout affectant des dépôts de colluvions au
niveau de son extrémité Nord. La flèche noire indique un escarpement de ∼30cm dans les
colluvions visible au contact de la faille. (b et c) Photos du contact entre la faille et les
colluvions. (d) Photo d’une faille secondaire affectant les coulées andésitiques massives.

4.3.2.4 La continuité Sud de la faille de Trougout

Le long de la route N2 qui descend vers le Sud du Rif, entre la baie d’Al-Hoceima et le Jebel
Irza (Figure 4.7) et situés en rive gauche de l’oued Nekor, nous avons observé de nombreuses
failles secondaires. Ces failles de petites envergures présentent des directions N180˚E à N130˚E
et N90˚E, obliques à la direction générale des structures qui contrôlent la région d’Al-Hoceima,
et des pendages sub-verticaux vers l’Est, le Nord-Est, et le Nord respectivement (Figure 4.25).
Ces failles sont soit structurées en horst et grabens de dimensions métriques à décamétriques,
soit solitaires et indiquent dans les deux cas un déplacement purement normale (Figure 4.25).
Ces failles se développent dans les unités de Kétama et affectent des calcaires ou des dépôts de
conglomérats peu consolidés correspondant à des paléo-chenaux. Elles présentent des brèches
fracturées et des gouges de faille et semblent décaler le sol en surface, ce qui suggère une activité
récente. Leur direction oblique à la direction ∼N-S des failles majeures de la baie d’Al-Hoceima,
leur pendage sub-vertical et leur localisation suggèrent une appartenance à la structuration en
horst et graben du Nord. Elles pourraient marquer la terminaison Sud du graben triangulaire
de l’oued Nekor.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 123

Figure 4.25: Failles secondaires observées à l’extrémité Sud du graben triangulaire de la baie d’Al-
Hoceima, entre les failles de Trougout et Bou Haddad, en rive gauche du Nekor.

4.3.2.5 La faille de Bou Haddad

Dans le massif d’Ait Tessaft, au Sud du massif de Ras Tarf (Figure 4.7), nous avons identifié
une structure morphologique que nous avons interprétée comme un escarpement de faille et qui
pourrait correspondre à l’extension Sud de la faille de Trougout. Cet escarpement topographique
linéaire est clairement visible sur le MNT SPOT, les images GoogleEarth et sur les photos
aériennes (1 :30,000) (Figure 4.26a, b). Il est caractérisé par l’arrêt brutal de rides et thalwegs à
pendage Est le long d’un escarpement de direction N105˚E. Cet escarpement limite une surface
aplanie légèrement basculée vers l’Est sur laquelle est construite le village de Bou Haddad (Figure
4.26b). La continuité Sud de l’escarpement de faille est difficile à suivre. La trace de la faille
disparait sous un large glissement de terrain, au Sud duquel elle traverse de nombreux chenaux
sigmoïdaux avant de se réorienter vers le Sud-Ouest et de rejoindre la faille de Nekor.
Un profil topographique E-W extrait du MNT SPOT (20m résolution) à travers l’escarpement
cumulé commençant sur les rides à l’Est et se terminant sur la surface morphologique où se trouve
le village permet de déterminer une différence de hauteur de 36m qui correspond au décalage
vertical cumulé minimum associé au déplacement normal le long de la faille de Bou Haddad
124 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.26: (a) Image GoogleEarth de la faille de Bou Haddad au niveau du village de Bou Haddad
(N35.008137˚, W3.776283˚). Les flèches soulignent l’escarpement de faille. Notons les
incisions profondes sur le versant Est. (b) Photo aérienne et interprétation géomorpholo-
gique de la faille. Les triangles indiquent la faille, le carré noir localise la Figure 4.27. (c)
Vue générale du site et coupe topographique de l’escarpement cumulé AA’. (d) Photo de
l’escarpement de faille montrant un décalage vertical de ∼50 cm.

(Figure 4.26c). Le long de la pente principale de cet escarpement cumulé de 36m, plusieurs
escarpements de petite échelle peuvent être observés à différents endroits (Figure 4.26d). Bien
qu’il y ait de nombreuses terrasses artificielles dues à l’activité anthropique, nous pensons que
ces escarpements correspondent à l’expression récente d’une rupture de surface. Nous avons
effectué des mesures de microtopographie avec le GPS cinématique sur le site à l’endroit où
l’escarpement de faille recoupe un petit thalweg couvert par la végétation (Figure 4.27a). Le
MNT obtenu permet d’estimer un décalage vertical de 5.1 ± 1.4 m (Figure 4.27b). Aucune
signature de déplacement latéral n’a été observée sur ce site d’étude.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 125

Figure 4.27: (a) Photo de l’escarpement de faille recouvert par la végétation. (b) Vue 3D du MNT
(1m resolution) de l’escarpement de faille et coupe topographique indiquant un rejet de
vertical de 5.1 ± 1.4 m.

4.3.2.6 La faille de Boujibar

Identification des marqueurs morphologiques affectés par la faille

Située sur la péninsule d’Al-Hoceima, la faille de Boujibar apparait comme un segment de


∼12 km traversant la ville d’Al-Hoceima à l’Ouest avec une direction NW-SE et recoupant les
terrains des zones internes (Figure 4.28a). Peu visible sur le MNT SPOT, la trace de la faille
apparait clairement sur la photo aérienne et marque la limite entre les reliefs des Bokkoyas à
l’Ouest et la structure dépressionnaire d’Al-Hoceima (Figure 4.28c).
Plusieurs figures morphologiques sont observées le long du tracé de la faille telles que des
126 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

facettes triangulaires dans sa partie Sud et des incisions différentielles sur les drains qui la
traversent (Figure 4.28b et c). Ces marqueurs morphologiques suggèrent un déplacement vertical
récent le long de la faille.
Dans sa partie Nord, la faille disparait sous les habitations mais sa signature topographique
est encore visible jusqu’au trait de côte. La faille se poursuit vers le Sud et semble se brancher
sur la faille d’Ajdir située sur le bord occidental du graben de l’oued Nekor. Un escarpement
topographique parallèle à la faille de Boujibar, est visible dans la partie Est de la ville d’Al-
Hoceima et marque la limite entre la ville et la pointe Nord-Est de la péninsule (Figures 4.28c
et 4.29d). Nous interprétons cette structure comme la faille conjuguée NW-SE de la faille de
Boujibar délimitant conjointement le graben de la ville d’Al-Hoceima. Les observations de ter-
rain et les mesures de figures de stries effectuées le long de la faille de Boujibar confirment le
déplacement purement normal de la faille (N150˚E/70˚NE, pitch de 90˚).

Figure 4.28: (a) Image GoogleEarth de la péninsule d’Al-Hoceima sur laquelle sont reportées les failles
de Boujibar et d’Ajdir. Le rectangle localise la photo aérienne en (c). (b) Photo des fa-
cettes triangulaires vue de côté, observées le long de la faille de Boujibar. (c) Photo
aérienne et interprétation géomorphologique de la faille de Boujibar. Le tracé A-A’ loca-
lise la coupe topographique (située au-dessus) du graben d’Al-Hoceima, l’étoile localise
l’escarpement de faille cité dans le texte, les facettes triangulaires sont représentées sur
la photo-interprétation en traits pleins parallèles.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 127

Les figures de drainage recoupant la faille présentent sur le terrain des incisions plus profondes
dans le bloc supérieur que dans le bloc inférieur. De plus, chaque drain étudié sur le terrain
montre des séries remarquables de remplissages colluvionnaires de plusieurs mètres, déposés au
pied des reliefs directement sur le substrat abrasé, et fortement incisées, témoignant d’alternances
de phases de dépôt/érosion associées à un remaniement constant des reliefs en amont (Figure
4.29b). Ces dépôts quaternaires sont affectés par la faille à certains endroits, ce qui témoigne
d’une activité récente de la faille (Figure 4.29a, b). Bien que recouverte par les colluvions, la
faille affleure sur les bords des oueds sous la forme d’escarpements construits dans les calcaires
de la Dorsale.
En rive droite d’un oued situé dans le village de Boujibar (N35.228945, W3.937495) adjacent
à la ville d’Al-Hoceima, nous avons observé un escarpement de faille de 3m de hauteur formé de
bancs calcaires, à interlits marneux, fracturés (Figure 4.29c). Les mesures de glissement effectuées
sur le plan de faille indiquent un déplacement majoritairement normal (N140˚E/70˚E, pitch de
85˚NE). La faille principale est recoupée par des petites failles normales conjuguées secondaires
à plus faible pendage (N170˚E/50˚W, pitch de 90˚). Au contact de ces failles secondaires avec
le plan de faille principal, nous observons des remplissages de brèches constituées de clastes de
calcaire centimétriques à décimétriques pris dans une matrice carbonatée silteuse résultant du
broyage des calcaires (Figure 4.29c). Certains clastes présentent des stries suggérant l’activité
contemporaine de l’ensemble de ces failles. La base de l’escarpement est marquée par une terrasse
cultivée formée de colluvions.

Estimation de la vitesse de glissement et du temps de récurrence

Afin d’estimer la cinématique de la faille de Boujibar, nous avons échantillonné, en vue de


datation, un profil le long du plan de faille. L’échantillonnage s’est déroulé le long d’un profil
parallèle à la direction de la strie (Figure 4.30a). Une quantité de calcaire correspondant à ∼1kg
de roche a été collectée tous les 50 cm sur le plan de faille entre 0 et 3 m de hauteur (Figure 4.30a,
b). Les échantillons ont été analysés au CEREGE (Aix-en-Provence), sous la supervision de R.
Braucher. Sept échantillons ont été récoltés dont trois ont été analysés en éléments traces au LA-
ICP-MS à Géosciences Montpellier, afin d’identifier et de corriger toutes les sources de production
36
du Cl non-cosmogénique, notamment le 35Cl radiogénique (découlant de la désintégration de
l’U et du Th). Les résultats sont présentés dans le Tableau 4.3.
Le taux de production (par spallation sur Ca) utilisé dans cette étude est de 42 at/g (Ca)/an
(Schimmelpfennig, 2009) et nous considérons un écrantage de moitié, pour tous les échantillons,
correspondant au masque engendré par le plan de faille vertical.
128 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.29: (a) Photo de l’escarpement de faille de Boujibar mettant en contact des calcaires (be-
drock) et des colluvions. La faille se situe au niveau de la rupture de pente. (b) Agran-
dissement photo de la faille de Boujibar affleurant au fond d’un thalweg. Les flèches
rouges localisent la zone de faille. (c) Photos de l’escarpement de la faille de Boujibar
construit dans les calcaires et faille antithétique secondaire associée. Le schéma illustre la
présence de la brèche au contact de ces deux failles (voir texte pour détails). (d) Photos
de l’escarpement de la faille bordant le graben au NE d’Al-Hoceima. Les flèches rouges
indiquent le contact entre la faille et les colluvions, les flèches noires marquent la base de
l’escarpement de faille.
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 129

Table 4.3: Concentrations en 36 Cl et chlorure dans les carbonates du plan de faille de Boujibar dé-
terminées par AMS (Accelerator Mass Spectrometry) au CEREGE (Aix-en-Provence). Le
numéro des échantillons correspond à la hauteur de collecte le long du plan de faille, qui
est inverse à la profondeur.

Figure 4.30: (a) Photo du plan de faille échantillonné. (b) Photo de l’escarpement de faille

Les concentrations des échantillons augmentent tandis que la profondeur tend vers zéro,
c’est-à-dire tandis que l’on se rapproche du sommet du plan de faille, ce qui est cohérent. De
plus, si l’on considère que la base du profil contient la plus grosse part d’héritage (elle est la
plus récemment exposée) et en supposant un temps infini (état stationnaire), on obtient un
taux de dénudation de 56 m/Ma.

Le profil de concentration en fonction de la profondeur (Figure 4.31) montre clairement


trois groupes d’échantillons distincts interprétés comme trois mises à l’exposition successives du
130 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.31: Distribution des concentrations en 36 Cl sur un profil vertical le long de la faille de Bouji-
bar. La profondeur 0 correspond au sommet de l’escarpement, c’est-à-dire à la partie du
plan de faille mise à l’exposition en premier. Les incertitudes sur les concentrations sont
données pour chaque échantillon.

plan de faille liées à trois évènements sismiques. En considérant une dénudation postérieure au
dernier évènement nulle et en utilisant la méthode de calcul de Schimmelpfennig et al. (2009),
on détermine les âges en les faisant varier ainsi que la dénudation du plan de faille avant chaque
évènement.
Le meilleur ajustement donne des âges d’exposition de 1.24 ± 0.14 ka, 5.25 ± 0.25 ka et
14.5 ± 1 ka interprété comme des rejets co-sismiques. Cela suggère une vitesse minimum de
glissement le long de la faille de 0.23 ± 0.03 mm/an, un rejet co-sismique minimum de ∼1-1.5
m et un temps de récurrence de 9 ka entre les deux premiers séismes et 4 ka entre les deux
derniers séismes.

4.3.2.7 La faille de Rouadi

Identification des marqueurs morphologiques affectés par la faille

A 20km à l’Ouest d’Al-Hoceima, située au coeur du massif calcaire de Bokkoya, la faille


subméridienne de Rouadi se présente comme un segment de ∼10 km (Figure 4.7). Sa signature
morphologique est nettement visible sur les images satellites et le MNT SPOT de par la linéarité
presque parfaite de son tracé. Elle s’initie au Nord en bordure des schistes paléozoïques, recoupe
les terrains des zones internes du Rif, constitués essentiellement des calcaires dorsalien, borde
une lentille de grès numidien, correspondant au niveau de décollement oligo-miocène des zones
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 131

internes, et s’amortie au Sud dans les formations marneuses des unités de Flyschs (Figure 4.32a).
La faille marque clairement la limite entre les reliefs montagneux à l’Ouest et une dépression
située à la base de l’escarpement, à l’Est. Cette dépression étroite orienté ∼N-S le long de la faille,
s’ouvre au Sud-Est sur un bassin d’effondrement orienté ∼E-W rempli de dépôts quaternaires
(Figure 4.32a, b). Ce bassin se superpose à la limite des nappes de chevauchement de la zone
interne au Nord et des unités de Flyschs au Sud. Une structure secondaire orientée NE-SW
se branche à la faille de Rouadi dans son extrémité Sud mais semble appartenir à l’héritage
structural.
La Figure 4.32c correspond à la photo aérienne au 1 :30,000 (septembre 2003) et à son
interprétation géomorphologique.
La faille est bien visible sur la photo aérienne où elle apparait associée à des facettes tri-
angulaires incisées par de nombreux drains. L’ensemble de ces drains montrent une incision
différentielle de part et d’autre de la faille et sont pour la plupart associés à des cônes de déjec-
tion (noté S1, coloré en jaune sur la Figure 4.32c) déposés au pied de la faille sur d’épais cônes
d’éboulis couvrant une large surface de dépôt (noté S0, coloré en vert sur la Figure 4.32c). Le ré-
seau hydrographique incise profondément l’ensemble de ces dépôts. Un faible décalage horizontal
sénestre semble affecté certains drains recoupés par la faille.
La superposition de ces deux générations de dépôts, l’incision profonde et différentielle du
réseau de drainage, la présence de facettes triangulaires et d’un bassin rempli de sédiments
quaternaires au pied du massif témoignent de l’activité de la faille avec un déplacement vertical
normal du bloc Est.
A partir des profils topographiques, nous estimons un dénivelé total de ∼600 m interprété
comme le rejet total de la faille.
Sur le terrain, la faille est marquée par un plan subvertical de 2.5 m construit dans les calcaires
et affleurant sur les pentes du massif (Figure 4.33a,b,d). A la base du massif, nous observons
des dépôts épais de colluvions qui recouvrent les pentes depuis l’escarpement de faille jusqu’à la
plaine située ∼100m en contrebas. Au niveau des thalwegs, ces dépôts recouvrent la trace de la
faille et sont affectés par un escarpement topographique (Figure 4.33c). Ces importants dépôts
de pente sont incisés profondément par le réseau de drainage. L’alternance répétée de formation
de cônes alluviaux au contact de la faille et de figures d’incision dans ces dépôts suggèrent une
activité récente de la faille. Cette activité est confirmée par la présence de colluvions affectées
par la faille et décalées verticalement confirmant une composante normale de la faille (Figure
4.33e).
Les mesures de glissement effectuées sur le plan de faille en accord avec les observations de
terrain indiquent un mouvement transtensif sénestre principalement normale (N10˚E/70˚E,
132 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

Figure 4.32: (a) Carte géologique de Rouadi (Choubert, 1984) plaquée sur le MNT SPOT. Les traits
noirs localisent les traits de coupes. (b) Profils topographiques de l’escarpement de faille.
Notons la dépression à l’Est de la faille visible sur les profils topographiques correspondant
à un bassin d’effondrement rempli de dépôts quaternaires s’étendant au Sud-Est. (c)
Photo aérienne (1 :30,000) de la faille de Rouadi et interprétation géomorphologique. Les
flèches blanches sur la photo aérienne montrent le décalage senestre des drains le long de
la faille.

pitch 80˚N).

Estimation de la vitesse de glissement et du temps de récurrence

Afin d’estimer les caractéristiques de la faille, nous avons échantillonné l’escarpement de


CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 133

Figure 4.33: (a) Photo de terrain de la faille de Rouadi prise de l’ESE. (b) Photo de l’escarpement
de faille. Notons la présence des facettes triangulaires séparées par des drains incisés
dans des cônes de déjection (les flèches noires indiquent la faille). (c) Agrandissements
photographiques des drains recoupés par la faille. Notons l’escarpement, dans l’alignement
de la faille, qui affecte les cônes (flèches noires). (d) Photo du plan de faille. (e) Colluvions
affectées par la faille visible sur le talus d’un thalweg (flèches rouges).

faille. Il présente sur sa surface une fine épaisseur de concrétionnement carbonatés probablement
mise en place par circulation de fluides avant son exhumation (Figure 4.34).
Le site d’échantillonnage a été choisi du fait du bon état de préservation du plan de faille et
de l’activité récente de la faille comme en témoignent la présence le long de la faille de marqueurs
morphologiques déformés récents (coins de colluvions, drains sigmoïdaux).
134 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

L’échantillonnage s’est déroulé le long d’un profil parallèle à la direction de la strie (Figure
4.34). Une quantité de calcaire correspondant à ∼1kg de roche a été collectée tous les 50 cm sur
le plan de faille entre 0 et 2 m de hauteur. Les derniers 50 cm n’ont pas été échantillonné. Les
échantillons ont été analysés au CEREGE (Aix-en-Provence), sous la supervision de R. Braucher.
Cinq échantillons ont été récoltés dont trois ont été analysés en éléments traces au LA-ICP-
MS à Géosciences Montpellier, afin d’identifier et de corriger toutes les sources de production
36
du Cl non-cosmogénique, notamment le 35Cl radiogénique découlant de la désintégration de
l’U et du Th. Les résultats sont présentés dans le Tableau 4.4.

Table 4.4: Concentrations en 36 Cl et chlorure dans les carbonates du plan de faille de Rouadi dé-
terminées par AMS (Accelerator Mass Spectrometry) au CEREGE (Aix-en-Provence). Le
numéro des échantillons correspond à la hauteur de collecte le long du plan de faille, qui
est inverse à la profondeur.

Figure 4.34: (a), (b) Photos de l’échantillonnage du plan de faille de Rouadi. Notons la présence des
dépôts de colluvions sur l’escarpement de faille (en b).

Le taux de production (par spallation sur Ca) utilisé dans cette étude est de 42 at/g (Ca)/an
(Schimmelpfennig, 2009) et nous considérons un écrantage dû au plan de faille de 70˚ (facteur to-
pographique de 0.69), pour tous les échantillons. Les concentrations des échantillons augmentent
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 135

tandis que la profondeur tend vers zéro, c’est-à-dire lorsque l’on se rapproche du sommet du plan
de faille, ce qui est cohérent (Figure 4.34).
De plus, si l’on considère que la base du profil contient la plus grosse part d’héritage en pro-
fondeur (elle est la plus récemment exposée) et en supposant un temps infini (état stationnaire),
on obtient un taux de dénudation de 31 m/Ma pour la base du profil.
En utilisant ce taux de dénudation, on arrive à déterminer trois groupes d’échantillons devant
avoir le même âge d’exposition. En considérant une dénudation postérieure au dernier évènement
nulle et en utilisant la méthode d’inversion du Chi-2, on détermine les âges en les faisant varier
ainsi que la dénudation avant chaque évènement du plan de faille.

Figure 4.35: Distribution des concentrations en 36 Cl sur un profil vertical le long de la faille de Rouadi.
La profondeur 0 correspond au sommet de l’escarpement, c’est-à-dire à la partie du
plan de faille mise à l’exposition en premier. Les incertitudes sur les concentrations sont
données pour chaque échantillon.

Le meilleur ajustement donne un âge nul pour les deux premiers échantillons, un âge d’ex-
position de 7.65 ± 0.26 ka pour le troisième échantillon et de 35.8 ± 1.2 ka pour les deux
échantillons situés au sommet du plan (Figure 4.35).
Les âges nuls estimés pour la base de l’escarpement pourraient être dû à un écrantage lié à la
présence de coins de colluvions recouvrant le plan de faille sur ∼50 cm déposés pendant ou juste
après le dernier séisme créant ainsi un masque au flux de rayonnement cosmique. Ces dépôts ont
pu ensuite être remobilisés récemment de façon naturelle ou par l’activité anthropique et ne sont
plus visibles actuellement. Cela n’est pas incohérent compte-tenu des dépôts épais de colluvions
que l’on observe tout au long de la zone de faille (Figure 4.34b).
En considérant les groupes d’âges obtenus et en supposant que les trois échantillons de la base
ont le même âge, l’exhumation du plan de faille serait donc liée à deux évènements sismiques,
dont le dernier est daté à 7650 ans, avec un rejet co-sismique minimum de l’ordre de 1m et un
136 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

temps de récurrence de 28 ka. La vitesse minimum de glissement estimée le long de la faille est
de 0.08 ± 0.01 mm/an.

4.4 Discussion des résultats


Les études morphotectoniques effectuées dans la région d’Al-Hoceima et présentées dans
ce chapitre ont permis de mettre en évidence l’activité récente des failles de Trougout sur la
bordure Est de la baie d’Al-Hoceima, de Boujibar sur la péninsule d’Al-Hoceima et de Rouadi
sur le massif de Bokoyas (Figure 4.36). La faille de Trougout est normale avec une composante
secondaire sénestre (N5˚E/82˚W, pitch de 60˚S) et a une vitesse moyenne (estimée sur deux
sites d’études) de glissement verticale de 1-2 mm/an et horizontale de 1.25-1.8 mm/an.
Longue de ∼40 km dans sa section terrestre, la faille de Trougout se poursuit au Sud pour
se connecter à la faille décrochante majeure de Nekor via la faille de Bou Haddad. Plus au
Nord, avant de disparaitre en mer, la faille de Trougout a une composante décrochante plus
prononcée. La cinématique estimée à partir de la morphotectonique sur la faille de Trougout
est globalement en accord avec la cinématique déduite du GPS bien que seulement 50% de la
composante horizontale et 20% de la composante extensive observées en GPS soient absorbées
le long de la faille. Cela suggère que la déformation est distribuée, ce qui est cohérent avec la
succession de horsts et grabens de plusieurs kilomètres de largeur observés de part et d’autre
de la baie d’Al Hoceima et la région située à l’Ouest (failles de Rouadi et Boujibar). Les
vitesses verticales estimées suggèrent une subsidence de la baie d’Al-Hoceima de l’ordre de 1
à 2 mm/an. La présence de cônes de déjection de plusieurs centaines de mètres de large et de
hautes facettes triangulaires observés le long de la faille ainsi que le remplissage de sédiments
alluviaux (∼500 à 1000 m d’épaisseur) visibles en forages et en profils gravimétriques dans la
baie (Galindo-Zaldivar et al., 2009 ; Guillemin and Houzay, 1982 ; Morel, 1987 ; Thauvin, 1971)
attestent de cette subsidence active. Celle-ci aurait commencé au Plio-Quaternaire (au moins
depuis 2Ma). 2 .

La morphologie incurvée de la baie d’Al-Hoceima ainsi que la continuité de la faille de Trou-


gout et du massif volcanique en mer sur quelques dizaines de kilomètres confirment une défor-
mation associée en décrochement du même âge (Ammar et al., 2007 ; d’Acremont et al., 2014 ;
Maldonado and Comas, 1992). L’hypothèse formulée par Cakir et al. (2006), pour expliquer les
mécanismes au foyer des séismes d’Al-Hoceima, sur l’évolution très récente des failles de la ré-

2. La présence de dépôts récifaux Messinien chapeautant les unités volcaniques du Ras Tarf à 600 m d’altitude
suggère une subsidence encore plus ancienne (cf chapitre 5)
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 137

gion depuis une déformation ancienne normale à une déformation actuelle purement décrochante
n’est donc pas compatible avec nos observations morphologiques. La réorientation de la faille de
Trougout au Sud et sa connexion avec la faille décrochante du Nekor, le changement de cinéma-
tique observé à ses deux extrémités et la distribution de la déformation semblent confirmer la
présence d’une structure de type relais extensif dans la baie d’Al-Hoceima (d’Acremont et al.,
2014 ; van der Woerd et al., 2014). Ce relais extensif serait contrôlé par les failles sénestres de
Nekor à terre et d’une faille annexe et parallèle à la ride d’Alboran en mer.
Ceci étant, l’orientation NE-SW de ces failles décrochantes est difficilement compatible avec
la convergence Afrique/Eurasie orientée NW-SE. La déformation et la cinématique de cette
région semblent être associées à l’existence d’un système de blocs tectoniques indépendants
(Vernant et al., 2010). Bien que la faille de Trougout n’accommode que 50% de la déforma-
tion horizontale mesurée en GPS, elle semble contrôler intégralement la bordure Est de ce
relais extensif, ce qui est confirmé par le basculement du remplissage quaternaire de la baie
d’Al-Hoceima vue en gravimétrie et l’asymétrie structurale E-W de ce relais avec une faille
principale à l’Est (Trougout) conjuguée à un réseau de failles secondaires à l’Ouest. Sa longueur
et sa position sur le contact lithologique entre le massif volcanique et la nappe de Flyschs (ou
la nappe de Ketama ?) montre également que la faille de Trougout est une structure majeure
probablement héritée de la phase de mise en place des nappes, ce qui signifie un enracinement
compris entre 5 et 12 km de profondeur.

Sur la bordure Ouest de la baie d’Al-Hoceima, les failles respectivement normale et


normale-senestre de Boujibar et Rouadi, correspondant aux structures antithétiques de la faille
de Trougout, sont actives et accomodent la déformation avec des vitesses verticales de ∼0.23
et ∼0.1 mm/an. Les segments de failles de Rouadi et Boujibar ont été observées sur ∼10 km
et présentent des rejets co-sismiques de l’ordre de 1 à 1.5 m, ce qui suggère des magnitudes de
séismes de l’ordre de 6 cohérent avec les longueurs de faille d’∼10 km (Wells and Coppersmith,
1994) et du même ordre de grandeur que les magnitudes enregistrées dans la région. Ainsi, bien
que les temps de récurrence estimés sur ces failles soient grands (de l’ordre de 28 ka, 9 ka et 4
ka) la présence de ces multiples failles actives font de la région d’Al-Hoceima une zone à fort
aléa sismique.

Galindo-Zaldivar et al. (2009) suggèrent, suite aux deux derniers séismes (1994 et 2004),
une stratification mécanique et un découplage de la croûte supérieur empêchant les séismes de
rompre la surface. Cette stratification existe et date de la mise en place de nappes de charriage.
Cependant, notre étude morphotectonique montre que les failles actives récentes sont associées
138 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

à des ruptures de surface et à des décalages de marqueurs morphologiques.


L’absence de rupture de surface pour le séisme de 1994 est lié probablement à sa localisation
en mer (Van der Woerd et al., 2014) où un escarpement a d’ailleurs été observé lors d’une
campagne marine (d’ Acremont et al., 2014). En ce qui concerne le séisme de 2004, localisé à
terre dans les nappes de Flyschs, il est possible d’une part que la rupture existe mais n’ait pas
été trouvée - malgré les nombreuses missions de terrain- car peu marquée et recouverte par
les dépôts peu compétents des Flyschs, et d’autre part qu’elle ait été amortie par les dépôts
de marnes et schistes et n’ait pas engendré d’escarpement net en surface. D’après Buforn et
al. (1995), il existe une contradiction entre les mécanismes au foyer mesurés dans la zone et la
déformation de surface. L’étude des mécanismes au foyer réalisée par Van der Woerd et al. (2014)
sur les répliques du séisme de 2004 montre qu’ils ne sont pas tous purement en décrochement
selon leur localisation et présentent parfois une composante normale (Figure 4.4b). De plus,
la présence des failles sénestres majeures (e.g. Nekor), à proximité, contrôlant le relais extensif
dans la baie d’Al-Hoceima peuvent expliquer cette déformation profonde en décrochement en
supposant qu’elles viennent toutes les deux s’enraciner sous la zone de Flyschs, là où ont été
enregistrés les mécanismes au foyer en décrochement. La faille de Trougout, si elle se poursuit
dans la croûte en profondeur -ce qui est probable au vue de sa longueur de surface (>40km)-
pourrait également venir s’enraciner sous l’unité de Flyschs et créer ces séismes en décrochement.

Les études morphologiques ont également montré que la baie d’Al-Hoceima est régie par les
phénomènes climatiques. Ces phénomènes climatiques se traduisent par de variations d’apports
sédimentaires, d’érosion, par des incisions profondes... A travers notre étude nous avons montré
que l’abandon du cône alluvial au niveau du site de El Hadid s’est produit il y a ∼17-20ka,
c’est-à-dire entre les stades MIS 2 (fin de la dernière période glaciaire Würm) et MIS 1 (début
de l’interglaciaire-période Holocene).
La taille remarquable du cône émergé (60m d’altitude, ∼1km de largeur)(Figure 4.9a) se
prolongeant en mer sur plusieurs centaines de mètres indique un couplage entre un forçage
climatique (période glaciaire) et un forçage tectonique (jeu en faille normal) capables de mobiliser
des quantités très importantes de matériel sédimentaire depuis un bassin-versant relativement
modeste (Figure 4.9a).
Les figures d’incision observées au niveau des cônes le long de la baie d’Al-Hoceima sont
post-glaciaires et se produisent alors que le niveau marin est en train de remonter rapidement.
Ces figures d’incision ne sont donc pas liées à la subsidence tectonique associée à la faille. Elles
témoignent simplement d’un changement de régime des pluies liés à un climat interglaciaire plus
chaud et plus humide, associé à un accroissement du bassin versant et donc à un abaissement
CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA 139

Figure 4.36: (en haut) Carte synthétique des failles actives de la région d’Al-Hoceima avec le vecteur
vitesse GPS reporté en pointillé et les vitesses de glissement obtenues sur les failles actives
par morphotectonique lors de notre étude. Les vitesses de glissement horizontales sont
indiquées en bleu, les vitesses verticales en noir. (en bas) Schéma explicatif du relais
extensif de la baie d’Al-Hoceima vues en plan et en coupe.
140 CHAPITRE 4. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : AL-HOCEIMA

du profil en long de la rivière drainant celui-ci (eg. Vassallo et al., 2007). L’âge de formation
14
du cône au niveau du site des Figuiers (âge C compris entre 3.8 et 4.8 ka) marque la pé-
riode de transition Holocène moyen/terminal, et serait également liée aux variations climatiques.

Enfin, concernant les méthodes de datation utilisées dans ce chapitre, notre étude montre
36
que l’on peut utiliser le Cl pour quantifier les vitesses de déplacement horizontal le long de
miroirs de faille calcaires, comme il l’avait déjà été fait le long de failles normales (Palumbo et
al., 2004 ; Schlagenhauf, 2009). En ce qui concerne l’3 He notre étude montre que son application
à la datation et la quantification du mouvement tectonique le long de miroirs de failles contenant
du matériel basaltique / andésitique n’est pas triviale. En effet, bien que l’3 He soit un isotope
stable c’est-à-dire non-radioactif et donc a priori applicable à des échelles de temps très longues,
il semble pourtant fortement dépendant de l’âge et du type de matériel géologique à dater. S.
Medynski (2013), dans son travail de thèse, applique l’3 He cosmogénique à la datation de plan
de faille et enregistre une bonne corrélation entre les évènements sismiques et les concentrations
et obtient des profils d’exponentielles caractéristiques. Le matériel qu’elle date (<10 ka) est bien
plus jeune que celui provenant du Ras Tarf (>12 Ma), ce qui pourrait expliquer les bonnes
corrélations qu’elle obtient avec la méthode 3 He. Dans notre cas, les andésites et les basaltes
du Ras Tarf ne paraissent donc pas approprié à l’utilisation de cette méthode. La cause semble
être liée à l’état de préservation et/ou à la composition chimique des roches échantillonnées.
10
Une alternative pour le cas de ce massif volcanique serait la datation par le Be, méthode
sensiblement plus fiable, des olivines contenues dans les roches volcaniques.
Chapitre 5

La région Nord-Est du Rif : Analyse et


quantification du soulèvement de part
et d’autre de la Baie d’Al-Hoceima

Sommaire
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
5.2 Contexte géologique et structurale de la zone Nord-Est du Rif : le
massif volcanique du Ras Tarf et le bassin de Boudinar . . . . . . . . 143
5.2.1 Le volcanisme néogène de la méditerranée occidentale . . . . . . . . . . . 143
5.2.2 Le massif volcanique du Ras Tarf : contexte géologique et structural . . . 146
5.2.3 Le bassin de Boudinar : contexte géologique et structural . . . . . . . . . 148
5.2.4 Le littoral méditerranéen Nord-Est marocain : contexte de tectonique active150
5.3 Etude de tectonique active de la zone Ras Tarf-Boudinar . . . . . . . 157
5.3.1 Analyse morphotectonique régionale des marqueurs morphologiques sur la
péninsule d’Al-Hoceima, le massif du Ras Tarf et le bassin de Boudinar . 158
5.3.2 Analyse morphotectonique locale des marqueurs morphologiques sur la pé-
ninsule d’Al-Hoceima, le massif du Ras Tarf et le bassin de Boudinar . . . 162
5.3.3 Datation U/Th des terrasses marines et quantification du taux de soulève-
ment du massif volcanique de Ras Tarf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
5.3.4 Datation "10 Be" et "3 He" des terrasses marines et alluviales et quantification
du taux de soulèvement du massif volcanique du Ras Tarf . . . . . . . . . 176
5.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
142 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

5.1 Introduction
Dans ce chapitre, je présente en premier lieu le contexte géologique et géomorphologique du
massif volcanique du Rastarf dominant la baie d’Al-Hoceima, et du bassin néogène de Boudinar
situé sur sa bordure Est. Je présente ensuite les observations morphotectoniques en suivant
la logique utilisée lors de la thèse, c’est-à-dire : identification de marqueurs morphologiques
par l’utilisation des méthodes de télédétection, reconnaissance sur le terrain et quantification
géométrique, cinématique et temporelle de ces marqueurs et enfin interprétation locale et
régionale des résultats obtenus.

En résumé, cette étude permet de mettre en évidence la présence d’un soulèvement local
du massif du RasTarf et de la péninsule d’Al-Hoceima visible grâce à la présence de terrasses
marines surélevées. Les datations effectuées par la méthode de désintégration de la série U/Th
sur des coquilles marines couplés aux méthodes des isotopes cosmogéniques 3 He et 10
Be, m’ont
permis de calculer un taux de soulèvement moyen de l’ordre de 0.2 mm/yr, qui semble diminuer
depuis 500 ka. De plus, je mets en évidence un effet local de l’accident majeur bordier du massif
(la faille de Trougout, décrite en détail dans le chapitre 4) sur la surrection différentielle de la
région nord-est du Rif. Une partie de ces résultats ont fait l’objet d’un article publié dans Journal
of Geodynamics en 2014 (Poujol et al., 2014, cf Annexe A).
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 143

5.2 Contexte géologique et structurale de la zone Nord-


Est du Rif : le massif volcanique du Ras Tarf et le
bassin de Boudinar

5.2.1 Le volcanisme néogène de la méditerranée occidentale

Depuis l’ère Tertiaire et jusqu’à l’Actuel, soit plus exactement du Miocène moyen au Quater-
naire récent, le pourtour de la Méditerranée occidentale a subit une activité volcanique impor-
tante, mais sporadique, qui s’est manifestée dans la plupart des régions affectées par l’orogénèse
alpine. Plusieurs témoins de cette activité se retrouvent en mer et à terre. Dans le Maghreb
septentrional, les ensembles volcaniques sont, dans l’ensemble, disposés à l’intérieur d’une bande
étroite de 1200 km de long sur un peu plus de 50 km de large, proche de la côte actuelle (Figure
5.1).

Figure 5.1: Carte des ensembles volcaniques de la Méditerranée Occidentale (modifié d’après Duggen
et al., 2008). Notre zone d’étude est encadrée en rouge.

Cette bande orientée E-W s’étend depuis la Galite (Tunisie) jusqu’au massif volcanique de
Ras Tarf (Maroc) et comprend les édifices volcaniques du Gourougou et ses satellites ainsi que
l’ensemble volcanique d’Oujda. D’autres se localisent sur un axe NE-SW à travers le Maroc,
144 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

depuis Oujda au nord jusqu’au Moyen Atlas.


Il apparait clairement que l’ensemble de ces massifs volcaniques miocènes se sont installés
postérieurement à la mise en place des nappes car ils les recoupent au niveau des chaines rifaines
et telliennes (El Bakkali et al., 1998 ; Hernandez et al., 1987 ; Hernandez and Bellon, 1985 ; Piqué
et al., 1998).
Les laves et produits volcaniques issus de cet ensemble d’édifices présentent des différences pé-
trographiques, géochimiques, spatiales et temporelles. Le volcanisme évolue de façon temporelle
d’une composition calco-alcaline vers une nature alcaline en passant par des phases transition-
nelles. Les premières émissions calco-alcalines importantes interviennent vers 16 Ma (Langhien)
en Algérie centrale et orientale (Bellon, 1981) puis se propagent vers l’est (Tunisie) de 14 à 7 Ma
et l’ouest (Oranie et Maroc septentrional) de 12 à 7 Ma (Hernandez and Bellon, 1985 ; Hernandez
et al., 1987 ; Lonergan and White, 1997 ; Piqué et al., 1998 ; Coulon et al., 2002).
Leur mise en place s’effectue alors dans un régime de compression régionale NNE-SSW (Piqué
et al., 1998). En raison du caractère calco-alcalin des laves au Miocène supérieur, qui semblent
indiquer une contamination crustale de la source mantellique, la plupart des auteurs interprètent
cette signature géochimique comme le résultat d’un épisode de subduction contemporain au
magmatisme (Araña and Vegas, 1974 ; Delarue and Brousse, 1974 ; Duggen et al., 2008, 2005,
2004 ; Puga, 1980)(Figure 5.1). Cependant, certains auteurs, en se basant sur le fait que les
volumes émis sont très faibles en comparaison aux autres zones de subduction à travers le monde
et que la signature pétrographique est plus potassique, associent ce volcanisme à un processus
de délamination lithosphérique (Carminati et al., 1998 ; C. Maury et al., 2000)(Figure 5.2).
Une deuxième phase plus tardive (fini-Tortonien à Messinien) riche en potassium (laves
de type shoshonitique) indique une transition du volcanisme depuis des magmas calco-alcalins
vers des magmas alcalins. Ces laves transitionnelles existent aux deux extrémités de la chaine
volcanique du Maghreb, en Tunisie, et surtout en Oranie (Ouest Algérie) et au Maroc.
Au début du Tortonien (11-6.5 Ma), le magmatisme calco-alcalin cesse en Algérie centrale et
orientale, alors qu’un volcanisme alcalin se développe aux extrémités ouest et est de la chaine
maghrébine, du Tortonien au Plio-Pléistocène.
Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer cette évolution temporelle et spatiale
de la nature chimique des émissions volcaniques à travers le Maghreb. Certains auteurs voient
dans ces différentes sources magmatiques, une évolution du contexte géodynamique de la zone
Ouest Méditerranée. Piqué et al. (1998) associe cette évolution du volcanisme à une évolution
structurale, l’idée d’un « poinçon maghrébin » émerge alors (Figure 5.2). Il fait la liaison entre
le changement de direction de compression de NE-SW à N-S daté au Messinien et l’activation de
méga-structures décrochantes. Ces accidents entraineraient des déchirures crustales permettant
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 145

une fusion partielle du manteau sous-continental et donc une remontée de magmas plutôt alcalins.
Il explique l’absence de transition de magmas calco-alcalins à alcalins en Algérie du Nord par
sa position frontale bloquée, tandis que simultanément de part et d’autres de ce bloc immobile
la Tunisie et le Maroc coulissent latéralement vers le SE et le SW respectivement, le long de
grandes ruptures lithosphériques.

Figure 5.2: Les différents modèles géodynamiques pour expliquer la mise en place du volcanisme mio-
pliocène en Méditerranée Occidental ( d’après C. Maury et al (2000) ; Duggen et al (2008) ;
Piqué et al (1998)).

D’autres auteurs parlent d’un grand couloir décrochant « Trans-Alboran » entre le Maroc
et l’Espagne qui aurait permis simultanément, par le biais de plusieurs accidents décrochants,
l’ouverture des bassins sédimentaires néogènes et la mise en place du volcanisme dans la région
(Hernandez, 1983 ; Hernandez et al., 1987). Bien que le contexte régionale soit ici en compression
(N-S puis NE-SW et enfin NW-SE), les auteurs défendent l’idée que le volcanisme est associé à des
extensions locales géométriquement lié aux accidents décrochants ou aux secteurs en extension
contemporains de la formation des bassins sédimentaires. Cela se voit très bien dans le Rif oriental
(et également dans le sud des Bétiques), où les massifs volcaniques de Guilliz, du Gourougou
et du RasTarf sont situés dans les bassins sédimentaires de même âge (Miocène moyen-Miocène
sup.) de Guercif, du Kert et de Boudinar (Figure 5.3). Cependant, Bourdier (1986) suggère,
grâce à des corrélations stratigraphiques de terrain et des datations (K/Ar), que le volcan du
Ras Tarf est antérieur au fonctionnement du bassin de Boudinar et indépendant de celui-ci.
146 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

5.2.2 Le massif volcanique du Ras Tarf : contexte géologique et struc-


tural
Le volcanisme du Ras Tarf est situé sur la côte méditerranéenne, à 20 km à l’Est d’Al-
Hoceima. Il repose par contact normal et discordant à l’extrémité nord de l’anticlinal de nappes
d’axe N-S des monts de Trougout (unités de Kétama) qui sépare la plaine du Nékor du bassin de
Boudinar (Figure 5.3). Il est recouvert localement par des dépôts de la transgression maximale
du Messinien à plus de 600 m d’altitude et par des dépôts plio-quaternaires : dépôts de pente
de types colluvions et dépôts de terrasses marines qui seront décrites en détails par la suite.

Figure 5.3: . Carte géologique du massif de Ras Tarf. Les failles sont reportées d’après Galindo-Zaldivar
et al (2009) et Poujol et al (2014). La zone contournée correspond à la figure 5.5. Le
Néogène de la carte correspond au Messinien dans le texte.
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 147

La partie émergée de l’édifice volcanique du Ras Tarf a environ 12 km de diamètre, avec un


point culminant à 640 m d’altitude, et il se poursuit probablement en Méditerranée.
Son âge de fonctionnement est estimé entre 13.1 et 12.1 Ma (Bellon, 1981 ; Bernard-Griffiths
et al., 1999 ; El Bakkali et al., 1998). Il est constitué par une accumulation pyroclastique dans
laquelle se retrouvent des unités volcano-sédimentaires au sein desquelles sont interstratifiées
des coulées andésitiques peu épaisses typique du volcanisme calco-alcalin, et qui sont recoupées
enfin par un complexe central. Le Ras Tarf est formé pour l’essentiel par des brèches pyroclas-
tiques grossières, stratifiées pouvant atteindre à certains endroits 200 m d’épaisseur (Hernandez,
1983 ; Hilali and Houzay, 1976). Cela représente en volume plus des trois quarts des matériaux
volcaniques qui constituent l’édifice. Ces brèches apparaissent comme des dépôts primaires d’ac-
tivité volcanique, et non comme des produits remobilisés (absence de tri et de granoclassement
vertical), bien qu’elles présentent des caractères de dépôts gravitaires : matrice cristallisée et
non vésiculée (Bourdier, 1986). Les pendages de ces brèches d’écoulement sont souvent forts (30
à 40˚) et varient latéralement assez vite, comme au nord du bassin de Boudinar où le pen-
dage passe alors de 35˚ à 10˚. Cela suggère une topographie et une accumulation de matériel
différentielles, directement liées à la distance des produits par rapport à leur point d’émission
(Hernandez et al., 1987 ; Hernandez and Bellon, 1985). Plus le dépôt est épais, plus la source
volcanique est proche.
Ainsi, ces variations d’épaisseur étant visibles de façon disparate sur tout le massif, les au-
teurs proposent donc non pas un volcan unique centré mais la présence de plusieurs centres
éruptifs. Dans les brèches, l’épaisseur des strates est décimétrique à métrique, en relation avec
leur granulométrie moyenne. Le faciès prépondérant est grossier, chaotique, constitué de nom-
breux blocs de 10 à 50 cm, pris dans une matrice cendro-sableuse. Les bancs de brèches font
de 50 cm à 2 m d’épaisseur. Des niveaux fins de quelques centimètres à quelques décimètres de
lapillis émoussés et à matrice cendro-sableuse s’intercalent dans les brèches grossières. Ils pré-
sentent des stratifications obliques et des granoclassements, sont souvent mal triés et contiennent
parfois quelques blocs distribués de façon erratique. Ces brèches sont consolidées mais non sou-
dées et contiennent souvent de minces niveaux argileux bistres correspondant au développement
de paléosols, témoins de périodes de quiescence volcaniques et d’érosion continentale (Bourdier,
1986)(Figure 5.4).
L’ensemble des terrains volcaniques décrits précédemment ont subi une érosion importante
qui a mis à l’affleurement en fond de certaines vallées le substrat quartzitique des unités de
Kétama, c’est le cas notamment de l’oued qui traverse la faille de Trougout au niveau du village
d’El Hadid (cf. chapitre 4). Enfin, ce massif semble avoir été presque entièrement recouvert par
la transgression marine messinienne comme en témoignent les dépôts récifaux retrouvés à plus
148 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

de 600 m d’altitude recouvrant les volcanites (en bleu sur la Figure 5.3).
Structuralement, le massif volcanique est affecté par une importante tectonique cassante qui
recoupe et décale dans toutes les directions l’ensemble des dépôts (Figure 5.4). De plus, le massif
est bordé à l’Est et à l’Ouest par deux failles majeures transtensives : la faille normale-senestre
de Trougout (décrite en détail dans le chapitre 4) et la faille normale-dextre de Boudinar, qui
sera décrite par la suite dans ce chapitre (Figure 5.3). Le massif du Ras Tarf est un horst actif
appartenant à la succession de horst et grabens d’axe N-S qui s’étend sur une grande partie de
la côte méditerranéenne rifaine. 1

Figure 5.4: Carte géologique détaillée de l’édifice volcanique de Ras Tarf (d’après Bourdier, 1986).1 :
socle ; 2 : brèches volcaniques ; 3 : intrusions dans les brèches ; 4 : coulées terminales de
Trougout ; 5 : sédiments néogènes. Les dépôts Quaternaires ne sont pas représentés.

5.2.3 Le bassin de Boudinar : contexte géologique et structural

La partie orientale du Rif est caractérisée par l’existence de vastes bassins sédimentaires
datés du Tortonien au Quaternaire, développés lors des nombreux changements de contraintes
1. Lors des campagnes de terrain effectuées sur le massif du Ras Tarf dans le cadre de ma thèse, nous avons
rencontré quelques enclaves éparses de roches basiques de type xénolites qui ne sont mentionnées dans aucune
étude ou publication scientifique. Ces roches situées sur le flanc nord du massif, au fond de la vallée d’Y-Israfene,
n’ont pas été récoltées ni étudiées lors de cette étude mais il me semblait intéressant d’y faire allusion.
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 149

tectoniques de la zone (Hernandez et al., 1987). Le bassin de Boudinar appartient à l’un d’entre
eux.
Fermé à l’ouest par le massif du Ras Tarf et les unités d’Aknoul et de Kétama, et au sud et à
l’est par les schistes métamorphiques de l’unité de Temsamane, le bassin de Boudinar correspond
à une vaste dépression triangulaire baignée au nord par la mer Méditerranée (Figure 5.3). La
formation de ce bassin, en demi-graben, dont l’altitude ne dépasse pas 500 m semble avoir été
contrôlée principalement par la faille majeure du Nekor, située le long de sa bordure Est, et
accessoirement par la faille de Boudinar, située au pied du massif du Ras Tarf, le long de son
flanc Est (Ait Brahim, 1991 ; Houzay, 1975). La géométrie triangulaire du bassin a également
été assimilée à une structure de type « pull-appart » dont la moitié nord se serait effondrée en
mer d’Alboran (Ammar, 1987).
Les dépôts dans le bassin de Boudinar sont essentiellement marins depuis le Tortonien
jusqu’à la fin du Pliocène (Houzay, 1975). A la suite de son individualisation au Tortonien
inférieur, le bassin a enregistré trois transgressions marines matérialisées par trois séries
sédimentaires différenciées :

• une série sédimentaire marine à caractère détritique du Tortonien supérieur,

• une série messinienne de type plate-forme carbonatée essentiellement marneuse avec des
intercalations de niveaux volcano-sédimentaires (bandes étroites de cinérites à biotite, apatite)
et de dépôts épais de diatomites localisés au NW du bassin.

• une série du Pliocène inférieur caractérisée par une base conglomératique surmontée par
des marnes grises (Ouahabi et al., 2007).

A partir du Quaternaire, bien que les conditions climatiques et tectoniques ne soient pas très
bien définies, un régime continental franc s’établit à l’intérieur du bassin. Les faciès sont très
variés et regroupent des séries épaisses détritiques, dues aux déformations récentes des bordures
du bassin, dans lesquelles on distingue plusieurs surfaces emboîtées.
A l’intérieur même du bassin, le Villafranchien est visible dans certaines surfaces morpho-
logiques (imbrication de plusieurs niveaux de terrasses alluviales) et se traduit par plusieurs
épisodes de dépôts de limons et d’encroûtements calcaires.
En bordure de Méditerranée, il existe de nombreuses terrasses d’abrasion marines caractéri-
sées par des surfaces sub-horizontales qui sont associées à des dépôts de galets et/ou de graviers
et des fossiles marins (Figures 5.3 et 5.5). Sur ces surfaces, on observe également des dépôts de
150 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

dunes avec des stratifications entrecroisées et la présence de fossiles continentaux, et des dépôts
de pentes, avec la présence de galets roulés. Ces surfaces marines quaternaires définissent des
plates-formes à faible pendage vers la mer et se succèdent depuis l’altitude 10 m jusqu’à la côte
+ 250 m. Certaines se terminent par des ruptures de pente plus marquées, associées parfois à
des encoches dans des substrats durs.
Leur formation est due aux changements eustatiques qui se sont succédés pendant le Pléis-
tocène : à chaque transgression marine correspond une terrasse plus ou moins bien conservée
en fonction de l’âge de formation et de la durée du phénomène. Sur les flancs méditerranéens
du massif du Ras Tarf et le long des côtes jusqu’à l’embouchure de l’oued Kert, quatre surfaces
d’érosion marines ont été recensés (Choubert et al., 1984)(Figure 5.5). Enfin, il est courant dans
le nord du Maroc de retrouver des concrétionnements indurés de carbonate moulant les reliefs
des dépôts superficiels récents. Ces dépôts de calcrêtes sont des indicateurs paléo-climatiques et
suggèrent un climat aride à semi-aride avec des précipitations inférieures à 700 mm/an lors de la
rubéfaction (Reeves, 1976 ; Vogt, 1984). Sur le littoral méditerranéen, dans les environs d’Oujda
et Al-Hoceima, les précipitations annuelles moyennées sur 30 ans sont de 200-250 mm/an.

5.2.4 Le littoral méditerranéen Nord-Est marocain : contexte de tec-


tonique active

De nombreuses failles normales de petite envergure affectent des terrains allant jusqu’au
Tortonien dans la péninsule de Melilla et jusqu’au Messinien et Plio-Quaternaire dans le bassin de
Boudinar avec une extension orientée NE-SW à E-W (Rampnoux et al., 1977). Galindo-Zaldivar
et al (2009) identifient une faille normale à composante anciennement dextre sur la bordure
Ouest du bassin de Boudinar (nommée faille de Boudinar et déjà observée auparavant par (Aıt
Brahim et al., 1990 ; Houzay, 1975 ; Rampnoux et al., 1977 ; Azdimousa et al., 2006)(Figures 5.3
et 5.4). Elle forme la limite lithologique entre les dépôts pliocènes du bassin et les pyroclastites
du Ras Tarf. Ils la considèrent comme active.
D’après ces auteurs, la faille de Boudinar orientée SSE-NNW recoupe et déforme la ligne de
côte au nord constituée essentiellement de dépôts marins quaternaires suggérant ainsi un jeu
récent. Dans une étude de terrain réalisée à l’échelle de la chaine du Rif central et oriental et
à travers une analyse des populations de failles, Aıt Brahim et al. (1990) dressent une carte
structurale de la région et attribuent également une activité récente à la faille de Boudinar.
Ils se basent sur les données de la sismicité instrumentale et sur la variation morphologique
annuelle des cônes alluviaux développés le long de la structure.
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 151

Les bordures Sud et Est du bassin sont limitées par la faille majeure du Nékor, qui a
une signature nette et franche en cartographie mais qui semble scellée par les sédiments
déposés du Tortonnien au Messinien (Figure 5.3). Bien que Galindo-Zaldivar et al (2009) ne
voit aucun indice de réactivation récent le long du segment nord-est de la faille de Nékor,
ce n’est pas le cas de Van der Woerd et al (2014) qui décrivent des décalages sénestres de
marqueurs géomorphologiques récents tels que les cours d’eau et les crêtes des reliefs. Ils
estiment à partir d’un MNT SPOT des rejets cumulés maximums de 160 à 200 mètres,
avec une distribution majoritaire des rejets de l’ordre de 90 à 110 mètres. Cependant,
lors d’une mission de terrain, nous avons observé que la faille de Nekor est scellée au NE par
une forte épaisseur de dépôts de pente et ne présente aucun signe d’activité récent (cf chapitre 6).

D’après la carte géologique de Boudinar au 1 :50,000 datée de 1984 (Choubert et al., 1984),
de nombreuses failles réparties sur l’ensemble du bassin de Boudinar et le massif du Ras Tarf sont
répertoriées avec une orientation préférentielle SE-NW et secondaire SW-NE (Figure 5.3). Ces
failles de quelques kilomètres seulement affectent l’ensemble des terrains géologiques miocènes
et pliocènes de la zone. On remarque cependant sur l’ensemble de la zone nord du bassin des
terrains cartographiés comme des dépôts de terrasses alluviales étagées témoignant de mouve-
ments verticaux successifs attribués au Quaternaire moyen à supérieur (allant de l’Amirien au
Soltanien, ce qui correspond à l’ancienne nomenclature des interpluviaux continentaux au Maroc
et équivaut au Pléistocène moyen à supérieur. Les pulsations transgressives marines quaternaires
sont datées du Messaoudien à l’Ouljien dans la nomenclature marocaine)(Figure 5.5).

Mouvements horizontaux

Les études de géodésie menées avec plus de 10 ans de mesures sur un réseau constitué de 17
stations GPS continues et temporaires, réparties sur l’ensemble du Rif, montrent localement de
part et d’autres de la faille du Nekor, des différences significatives en terme de vitesse horizontale,
dans un référentiel Afrique stable (Fadil et al., 2006 ; Koulali et al., 2011 ; Tahayt et al., 2008 ;
Vernant et al., 2010). En effet, si les vecteurs vitesses GPS indiquent un déplacement vers le
SW de l’ordre de 3 à 4 mm/yr dans la partie centrale et occidentale du Rif, il n’en est rien
dans la partie orientale de la chaine. Les vecteurs vitesses mesurés entre Al-Hoceima/massif
des Bokoyas (station HOCM, BBFH et KTMA) et Nador/Melilla/massif des Kebdana (station
MELI et AION) indiquent un mouvement différentiel entre les blocs ouest et est situés de chaque
côté de la faille de Nékor.
Le premier a un déplacement vers le SSW de 4 mm/yr pour les stations BBFH et KTMA
152 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

Figure 5.5: Extrait de la carte géologique au 1/50,000 de Boudinar (modifié d’après Choubert et al,
1984) représentant les dépôts de terrasses marines le long du littoral. La nomenclature
donnée dans la légende correspond aux niveaux de transgressions marines marocaines.

(le déplacement enregistré par la station HOCM est inférieur avec une direction SE discutable
compte tenu de son incertitude) tandis que le bloc est se déplace vers une direction supposée
SE avec des vitesses très lentes inférieures à leurs incertitudes. Cela semble donc suggérer un
mouvement latéral relatif du bloc ouest vers le sud et un bloc est solidaire de l’Afrique aux
incertitudes près, ainsi qu’une extension E-W de part et d’autres de la faille de Nékor, dans le
référentiel Afrique stable.

Mouvements verticaux

Le littoral méditerranéen marocain présente une série de paléo-rivages étagés sous la forme
de terrasses d’abrasion ou d’encoches marines relativement bien conservées et qui apparaissent
dans le paysage comme des surfaces sub-horizontales à faible pendage vers la mer.
En périodes de transgressions marines, c’est-à-dire lors des hauts niveaux marins liés aux
changements de volume des calottes glaciaires, les littoraux sont caractérisés par la formation de
plates-formes d’abrasion marines. Sur une côte soumise à des mouvements tectoniques verticaux,
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 153

Figure 5.6: Modèle Numérique de Terrain sur lequel les vecteurs vitesses GPS de la zone du Ras Tarf
ont été reportés.

les plates-formes d’abrasion anciennes (identifiées comme des terrasses marines) se trouvent
soit émergées (s’il y a soulèvement), soit submergées (s’il y a subsidence). Pour remonter à la
variable tectonique il faut travailler avec les courbes eustatiques globales et/ou régionales si
l’on considère que la mer Méditerranée fonctionne au Quaternaire indépendamment des grands
domaines océaniques globaux. Afin de préciser les vitesses verticales de soulèvement déduites de
l’altitude des terrasses marines, il faut donc disposer d’une chronologie de formation des terrasses
permettant de les distinguer.
Ce problème de datations peut se résoudre par l’utilisation d’études paléontologique ou de
malacofaune (reconnaissance d’espèces de coquilles fossiles spécifiques connues), d’aminostra-
tigraphie ou racémisation des acides aminés (basé sur la proportion d’acides aminés contenus
dans le test de la coquille (Miller, 1982 ; Murray-Wallace, 1993)), de la morphostratigraphie
(comparaison de successions chronologiques de terrasses connues et datées partout ailleurs dans
le monde) ou de la datation absolue (datations par méthodes géochimiques : U/Th ou 14C
sur coquillages fossiles, isotopes cosmogéniques sur les dépôts de surface des paléo-rivages) (cf
chapitre 3).

Sur les côtes marocaines, de nombreuses études depuis les années 50 ont été réalisées,
essentiellement sur le littoral atlantique de la Méséta marocaine, domaine considérée comme
stable tectoniquement. Ces études ont permis de reconnaitre et de nommer au moins cinq
pulsations transgressives tardi-quaternaires au Maroc - Beaudet et al. (1967) et Biberson (1958)
observent six transgressions quaternaires - qui sont de la plus ancienne à la plus récente :
154 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

Messaoudien, Maarifien, Anfatien, Harounien et Ouljien (Bardají et al., 2009 ; Cadet et al.,
1977 ; El Kadiri et al., 2010 ; Gigout et al., 1977 ; Guillemin, 1976 ; Rampnoux et al., 1977 ;
Biberson, 1971 ; Lefevre and Raynal, 2002 ; Beaudet and Ruellan, 1971). Ces transgressions
marines correspondent respectivement, dans la nomenclature européenne, aux stages Calabrien,
Sicilien, Tyrrhénien ancien, moyen et récent (Gigout et al., 1977). La litho-chronostratigraphie
de cette succession marine marocaine a été revisité récemment incluant des datations absolues
(Choukri et al., 2011, 2007 ; Rhodes et al., 2006) et des études biostratigraphiques (Geraads
and Metz-Muller, 1998). Ces études ont permis de relier ces étages du Quaternaire marin aux
différents épisodes interglaciaires et ainsi aux stages isotopiques marins de l’Oxygène (MIS).
Nous avons donc respectivement :

• OULJIEN = INTERGLACIAIRE RISS-WURM = MIS 5e


• HAROUNIEN = INTERGLACIAIRE MINDEL-RISS (III) = MIS 7
• ANFATIEN = INTERGLACIAIRE MINDEL-RISS (II) = MIS 9
• MAARIFIEN = INTERGLACIAIRE MINDEL-RISS (I) = MIS 11 ( ?)
• MESSAOUDIEN = INTERGLACIAIRE GUNZ-MINDEL = MIS 13 ( ?)

Cependant, cela reste encore débattu, notamment pour l’Harounien, car d’une part les dépôts
de chacun de ces évènements eustatiques ne sont pas systématiquement observables sur tout le
littoral marocain et donc difficilement corrélables et d’autre part les âges absolus sont encore
mal contraints du fait de l’incertitude des méthodes de datations.
La difficulté principale, d’après (Beaudet et al., 1967), réside dans les corrélations entre Maroc
atlantique et Maroc méditerranéen où les faunes apparaissent plus typiques, moins homogènes.
En effet, les transitions entre épisodes glaciaires et interglaciaires en Méditerranée sont plus
franches et se caractérisent par l’apparition/disparition soudaine de nouvelles espèces malaco-
faunes. C’est le cas par exemple du repère paléontologique des Strombes typiques d’une mer
chaude qui apparaissent en Méditerranée à partir du MIS 7, se développe surtout au cours du
MIS 5 et qui sont par contre inexistantes sur les côtes atlantiques marocaines (Zazo et al., 1993 ;
Zazo and Goy, 1989).
La faune du Quaternaire récent que l’on retrouve simultanément sur le littoral méditerranéen
et atlantique est caractérisée par l’association d’espèces de type Thais Haemastoma et Patella
Safiana (Guillemin, 1976). D’autres espèces typiques des eaux marines chaudes appartenant à la
« faune senegalienne » se retrouvent également en Méditerranée durant ces Stages Isotopiques
Marins. Nous verrons par la suite lors de la présentation de mes résultats qu’il existe également
des espèces de coraux sur le littoral méditerranéen marocain pendant les épisodes MIS 5 et 7,
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 155

bien que cela ne soit cité dans aucune étude.


Les études menées par le Groupe de Recherche Néotectonique de l’Arc (1977) (groupe de re-
cherche géologique franco-marocain qui comprend une partie des auteurs cités précédemment),
Guillemin and Houzay (1982), El Kadiri et al (2010) ainsi que Choubert et al (1984) identifient
le long de la côte Méditerranéenne marocaine, espagnole et algérienne (entre Tanger et Melilla
pour le Maroc et entre Gibraltar et Almeria pour l’Espagne) de nombreuses terrasses marines
étagées (Figure 5.7). Suite à cette étude, il apparait que certains secteurs de la côte sont sur-
élevés (Maroc : Al-Hoceima, Tanger et Ceuta ; Espagne : Tarifa, Alméria) avec les vitesses les
plus rapides localisées sur le détroit de Gibraltar alors que d’autres secteurs semblent subir une
subsidence car aucune terrasse marine n’y est recensée (Maroc : Oued Laou, Jebha ; Espagne :
Marbella, Malaga). Ces secteurs semblent même s’organiser spatialement entre les côtes maro-
caines et espagnoles selon des bandes orientées NNE-SSW à travers la mer d’Alboran (Figure
5.7). Pour El Kadiri et al (2010), qui se basent sur une comparaison des taux de surrection des
terrasses marines dans le monde tiré de Zazo et al (1999), le soulèvement des côtes en Alboran
est modéré à faible, ce qui réfute, pour lui, le modèle d’une subduction active sous Gibraltar.
Entre Al-Hoceima et Melilla, quatre terrasses ont été recensées à des altitudes comprises
entre 4 et 150 mètres, avec des erreurs de mesures liées à l’instrumentation de l’ordre de ± 1 à
5m. Malgré l’absence de datations absolues sur chacune des terrasses, elles sont attribuées aux
âges marocains Ouljien (MIS5), Harounien (MIS7), Anfatien (MIS9) et Maarifien (MIS11).
Cadet et al. (1977) et Gigout et al. (1977) observent une élévation d’altitude des terrasses
d’Est en Ouest jusqu’au massif du Ras Tarf. Ils attribuent cette disparité géographique à un
soulèvement progressif vers l’Ouest constant pendant le Quaternaire. De plus, ils remarquent
que les plus fortes altitudes se situent sur l’édifice volcanique néogène du Ras Tarf et observent
même des surfaces d’abrasion perchée à plus de 600m d’altitude associées à des dépôts récifaux
à Porites caractéristiques du « Pontien » (ou Messinien).
Dans la zone d’Al-Hoceima, les altitudes des terrasses d’abrasion marines semblent dimi-
nuer et certaines de ces terrasses ne sont même pas représentées (Harounien). Ils associent ces
soulèvements différentiels à l’activité locale de failles telle que celle de Trougout située sur le
piedmont ouest du Ras Tarf et leur attribuent un rôle prépondérant dans cette déformation à
grand échelle. Stearns and Thurber (1965) ont publié une liste de datations d’échantillons qua-
ternaires méditerranéens et obtiennent trois épisodes principaux qu’ils nomment : Anfatien pour
des âges >200 000 ans et Ouljien I et II pour des âges de 145 000 à 110 000 et 95 000 à 75 000
ans. D’après Gigout et al. (1977), l’Ouljien (MIS5) est daté à 120 000 ± 10 000 ans.
Enfin, Meghraoui et al. (1996) et Morel and Meghraoui (1996), à partir des études de Gigout
et al. (1977) et Stearns and Thurber (1965), recensent trois familles principales de terrasses
156 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

Figure 5.7: Localisation et altitude de la terrasse marine la plus basse (considérée comme datant du
MIS 5e) déposée le long du littoral en Méditerranée Occidentale et vitesse de soulèvement
de ces terrasses en fonction de leur localisation en longitude (modifié d’après Morel et
Meghraoui, 1996 et El-Kadiri et al, 2010). Les triangles colorés correspondent aux terrasses
situées dans le Rif, les triangles noirs aux terrasses situées en Algérie (en dehors de la carte).

marines sur la côte entre le Ras Tarf, Al-Hoceima et Melilla à 11m, 33m et 85m d’altitude,
attribuées respectivement à 145, 125 et 500 ka. A partir de ces attributions et de la courbe
eustatique de (Chappell and Shackleton, 1986), les auteurs estiment un taux de surrection de la
côte méditerranéenne marocaine de l’ordre de 0.11 à 0.26 mm/an avec une vitesse de 0.2 mm/an
sur le massif du Ras Tarf (Figure 5.7).
Ils observent également des mouvements verticaux le long de la côte algérienne et constatent
un taux d’élévation homogène des terrasses marines durant le Quaternaire récent le long des
côtes méditerranéennes occidentales (Pedoja et al., 2013).
Il apparait clairement ici que malgré le grand nombre d’études effectuées sur les terrasses
marines quaternaires du Maroc (et en Méditerranée Occidentale), le doute persiste encore concer-
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 157

nant la nomenclature utilisée (notamment quand on compare les termes et les âges utilisés pour
nommer les niveaux atlantiques et méditerranéens), les courbes eustatiques utilisées qui diffèrent
légèrement d’une étude à l’autre (certains voient une transgression continue de 200 à 120 ka,
d’autres en voient deux distinctes..) et surtout concernant la fiabilité des objets datés et des
méthodes de datations utilisées. Il apparait donc indispensable de multiplier les études mor-
phologiques sur les terrasses marines quaternaires en diversifiant et en comparant les méthodes
de datation afin de minimiser les incertitudes sur les âges et ainsi sur les taux de surrection.
J’apporte ici à travers une étude couplant l’utilisation de trois méthodes de datations différentes,
un éclairage nouveau sur les terrasses d’abrasion marines de la région Nord-Est du Rif.

5.3 Etude de tectonique active de la zone Ras Tarf-


Boudinar

Structuralement, la zone est clairement découpée d’est en ouest en une succession de horsts et
grabens, d’une dizaine de kilomètres de large en moyenne, et bordés chacun par une ou plusieurs
failles normales antithétiques. Certaines de ces failles sont actives au Quaternaire (cf chapitres
4), bien qu’elles n’aient pas enregistrées de mouvement lors des séismes de 1994 et 2004, et
indiquent en plus du jeu normal une composante horizontale décrochante sénestre.
Le horst qui nous intéresse ici, est celui qui apparait très clairement dans la topographie
régionale et qui domine de 620m la baie d’Al-Hoceima : il s’agit du massif volcanique du Ras
Tarf. Il est délimité à l’est par la faille de Boudinar qui le sépare du bassin sédimentaire néogène
de Boudinar et à l’ouest par la faille majeure de Trougout qui le sépare du bassin d’embouchure
de l’oued Nekor. Cet ancien édifice volcanique ainsi que l’ensemble de la côte nord-marocaine
semblent se soulever progressivement depuis le Pléistocène moyen comme le suggèrent les études
néotectoniques antérieures.
Les études géodésiques et sismotectoniques indiquent une déformation essentiellement
transtensive dans la région tandis que les études structurale montrent de la surrection. Il
reste donc à identifier plus précisément les indices morphologiques qui étayent la thèse d’un
soulèvement tectonique, et à répondre aux questions suivantes :

La surrection est-elle généralisée à l’ensemble du littoral méditerranéen maro-


cain avec la même amplitude ? Ou bien est-elle contrôlée localement par certaines
structures tectoniques ?
Le cas échéant, quelles sont les caractéristiques géométriques et cinématiques de
158 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

ces structures
Enfin, comment ce soulèvement s’intègre-t’il dans le contexte de la convergence
des plaques Afrique/Europe et dans un modèle d’expulsion du bloc Rif vers le SW ?

L’analyse des données de sismicité instrumentale et historique est présentée dans le chapitre
4.
L’approche morphotectonique régionale effectuée à partir de MNT de différentes résolutions
et de documents photographiques aéroportés a permis en premier lieu de cartographier des
terrasses d’abrasion marines et des paléo-surfaces continentales surélevées sur la péninsule d’Al-
Hoceima, sur le massif volcanique du Ras Tarf, aux abords de l’embouchure de l’oued Kert
(Figure 5.6) et d’étudier la faille de Boudinar située sur la bordure ouest du bassin. Ensuite,
une analyse de terrain détaillée a permis une description précise de la géométrie et des unités
stratigraphiques qui composent ces différents marqueurs. Et enfin, une approche quantitative a
été effectuée mettant en œuvre des datations géochronologiques sur des fossiles de gastéropodes et
de bivalves trouvés sur les surfaces d’abrasion marines (utilisation de la méthode de déséquilibre
U/Th) et des galets déposés sur ces mêmes surfaces marines ainsi que sur une surface alluviale
perchée (utilisation des isotopes cosmogéniques 3 He et 10 Be sur les dépôts des surfaces affectées).
Afin de mieux contraindre la cinématique locale, nous avons appliqué plusieurs méthodes
de datations géochronologiques appliquées à deux objets morphologiques (terrasses marine et
terrasse alluviale) espacés seulement de quelques centaines de mètres. Cela nous a permis de
quantifier la vitesse de surrection long-terme de la côte méditerranéenne dans la région d’Al-
Hoceima.

5.3.1 Analyse morphotectonique régionale des marqueurs morpholo-


giques sur la péninsule d’Al-Hoceima, le massif du Ras Tarf et
le bassin de Boudinar

L’analyse détaillée du Modèle Numérique de Terrain (MNT) provenant des images SPOT5
d’une résolution de 20m ainsi que du MNT fabriqué à partir des images Pléiades, le long de la
côte depuis Melilla jusqu’à la péninsule d’Al-Hoceima, permet la reconnaissance des structures
et des déformations de surface à une échelle plurikilométrique. L’analyse des photographies
aériennes au 1 :30,000 permet une identification et une cartographie plus détaillée des objets
géomorphologiques.
Notre zone d’étude couvre la péninsule d’Al-Hoceima, le massif du Ras Tarf, le bassin de
Boudinar et une partie de la ligne de côte proche de l’embouchure de l’oued Kert (Figure 5.6).
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 159

5.3.1.1 La faille de Boudinar

Figure 5.8: Photo aérienne et schéma interprétatif plaqué sur le MNT de la faille de Boudinar.

La faille de Boudinar correspond à l’accident qui borde le massif volcanique du Ras Tarf à
l’Est et le bassin sédimentaire daté du Tortonien-Messinien à l’actuel à l’Ouest. Cette structure
longue de ∼25 km est orientée N-S mais s’incurve localement dans sa partie centrale et affiche
alors une direction N140˚E. Elle se dessine clairement sur les photos aériennes car elle constitue
la limite entre les terrains volcaniques sombres et les dépôts de diatomites blancs du Messinien
(Figure 5.8). Dans sa partie nord, elle disparait visuellement et semble s’amortir sur la pente
d’Iyya Tazaghine, tandis qu’elle apparait clairement dans sa partie sud où elle recoupe de nom-
breux oued. Sur les différents MNTs, la faille affiche une composante normale franche car décale
vers le bas les unités du bassin de Boudinar mais ne semble pas affectée les terrasses marines
quaternaires (Choubert et al., 1984). Aucun marqueur morphologique ne semble indiquer une
activité récente de cette faille. Les terrasses marines cartographiées Quaternaire apparaissent à
la même altitude de part et d’autres de la faille de Boudinar.
160 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

5.3.1.2 Les terrasses marines d’Al-Hoceima et du Ras Tarf

D’après la carte géologique au 1 :50 000 du bassin de Boudinar (Choubert et al., 1984), quatre
générations de terrasses marines ont été observées par les auteurs (Figure 5.5) : la première située
à 10 m a.s.l (above sea level : au-dessus du niveau marin actuel) (notée q1a) a été attribué au
MIS 5e (130 ka), la seconde située entre 60 et 70 m a.s.l (notée q2a) est attribuée au MIS 11-13
(427-528 ka), la troisième terrasse située à 150 m a.s.l (notée q3a) a été attribuée au MIS 15
(621 ka) et enfin, la dernière terrasse cartographiée (notée q4a) qui s’élève jusqu’à 250m a.s.l
sans attribution à un stade isotopique.
On remarque que ces dépôts marins sont décrits avec les mêmes faciès : cailloutis marins et/ou
conglomérats coquilliers à Strombus Bubonius pour la basse terrasse, à Purpurea Haemastoma
pour la seconde terrasse. A la lecture de la carte géologique, on remarque que tous ces dépôts
sont recouverts par un glacis continental limoneux ou une sorte de surface d’encroûtement et
parfois par des dépôts de pente, des colluvions ou des cailloutis continentaux.
Parfois, la succession des terrasses est discontinue, c’est le cas notamment aux abords de la
faille de Trougout (limite Ouest du massif volcanique) où la terrasse q1a disparait à l’Ouest et
est remplacée par les terrasses q2a-q3a qui se retrouvent alors plusieurs dizaines de mètres en
contrebas de leur altitude sur le Ras Tarf (Figure 5.5). Les dépôts quaternaires de la péninsule
d’Al-Hoceima sont majoritairement de type continental (sables dunaires consolidés, sables
dunaires modernes, colluvions..). De façon erratique, sur la plaine de Souani (embouchure de
l’oued Nekor), à l’embouchure de l’oued Isly ou sur la côte nord de la péninsule, on retrouve
des dépôts de terrasses marines et alluviales.

L’étude des images Google Earth (CNES/Atrium) et des photos aériennes au 1 :30,000 des
secteurs d’Al-Hoceima (péninsule) et du Ras Tarf permet de visualiser le long du trait de côte
une succession de surfaces étagées parallèles au littoral (Figure 5.9).
Elles se retrouvent sur les pentes du massif volcanique sous la forme de bandes blanches
parallèles (Figure 5.9b) et sur la côte sous la forme de falaises plus ou moins prononcées ou de
récifs sur lesquelles viennent se briser les vagues. Les MNT réalisés à partir des images Pléiades et
des orthophotos permettent de recenser de nombreuses ruptures de pente associées à des replats
sub-horizontaux pentés vers la côte situés entre 4m et 150 m d’altitude (Figure 5.9c).
Ces ruptures de pente visibles en surface et en coupe ne correspondent pas systématiquement
à des terrasses d’abrasion marines mais peuvent être simplement des dépôts continentaux de
type dunes éoliennes ou dépôts de pentes. L’étude de terrain effectuée sur les deux secteurs a
permis de différencier ces deux types d’unités stratigraphiques.
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 161

Figure 5.9: (a) Image satellite (http://www.flashearth.com/) et profils le long du littoral médi-
terranéen entre le Ras Tarf et Melilla. Les coupes topographiques font apparaitre une
diminution d’altitude, d’Ouest en Est, de la terrasse marine la plus basse (b) Image Goo-
gleEarth du Ras Tarf vue du NE où sont localisées les trois terrasses marines (Tr1 à Tr3),
(c) MNT Pléiade (4m de résolution) du Ras Tarf et coupe N-S perpendiculaire aux surfaces
marines, (d) cartographie des trois terrasses marines (Tr1 à Tr3) superposée à la photo
aérienne du cap de RasTarf. Le trait pointillé noir correspond à la terminaison de la faille
de Boudinar.

Les profils topographiques réalisés à partir des MNTs le long de la côte entre le Ras Tarf et
l’embouchure de l’oued Kert (à l’est) montrent une diminution de l’altitude de la terrasse la plus
162 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

basse de 10-12 m à 5-6 m a.s.l sur une distance inférieure à 50 km (Figure 5.9a).

5.3.2 Analyse morphotectonique locale des marqueurs morpholo-


giques sur la péninsule d’Al-Hoceima, le massif du Ras Tarf
et le bassin de Boudinar
Les structures et figures morphotectoniques décrites précédemment peuvent être observées
sur le terrain. Je décrirai ici les observations de terrain des différents marqueurs morphologiques
affectés par la déformation quaternaire dans le Nord-Est de la chaine du Rif. Les surfaces mor-
phologiques observées sur le massif ont d’abord été décrites et identifiées sur le terrain puis leur
altitude a été mesurée soit directement à l’aide d’un télémètre (précision ± 1 à 5m en fonction
de la distance et de l’angle de visée), soit à l’aide du MNT réalisé par GPS cinématique sur les
pentes nord du Ras Tarf.

5.3.2.1 La faille de Boudinar

Clairement visible sur les images satellites et les photos aériennes, la structure majeure du
bassin de Boudinar apparait sur le terrain comme un escarpement sub-vertical de plusieurs
mètres construit dans les brèches pyroclastiques andésitiques du Ras Tarf (Figure 5.10). Dans sa
partie sud, nous l’avons suivi sur plusieurs kilomètres avant de la voir disparaitre progressivement
dans les schistes crétacés de l’unité de Kétama, aux environs du village d’Abarkhach (Figure
5.10).
Dans sa partie centrale (N35˚14.992, E3˚91.780), entre les villages de Ait Abdellah et
Tighza, à l’endroit où la faille recoupe l’oued Ighzer Azemmour Inyane, des dépôts de diato-
mites messiniennes de plusieurs dizaines de mètres à l’affleurement forment un crochon le long
de la faille, indiquant une composante normale claire (Figure 5.10). Une surface d’érosion ma-
rine située à ∼150m a.s.l recoupe les dépôts messiniens et se stoppent sur l’escarpement de faille
marqué ici par un mur sub-vertical de ∼10m. Des stries bien préservées, observées sur un pla-
cage de calcite, indiquent un pitch de 67˚S sur le plan N140˚E/76˚E de la faille. Cela suggère
un glissement à composante principale normale associée à une faible composante décrochante
dextre, ce qui est cohérent avec les mouvements transtensifs NE-SW observés sur la faille de
Trougout (cf chapitre 4) de l’autre côté du massif du Ras Tarf. La géométrie en crochon au
contact de la faille et l’épaisseur constante des lits de diatomites affectés indiquent donc ici une
déformation post-messinienne.
Dans sa partie nord, la faille recoupe et abaisse les dépôts mio-pliocènes et les lits de cinérites
tardi-pliocènes mais est scellé par les dépôts de la terrasse marine à 80 m qui couvre la surface
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 163

Figure 5.10: Levé topographique et photos de terrains des affleurements étudiés de la faille de Boudi-
nar. Notons qu’à l’extrémité Nord de la faille, elle est scellée par les dépôts de la terrasse
marine Tr3 témoignant de son inactivité actuelle.

Iyya Tazaghine (Tr3). La faille est donc inactive depuis le Pléistocène récent.

5.3.2.2 Les surfaces morphologiques d’Al-Hoceima et du Ras Tarf

Les terrasses d’abrasion marines d’Al-Hoceima

Nous avons observé sur l’ensemble de la péninsule d’Al-Hoceima (depuis la plage d’El Mont
à l’ouest jusqu’à la plage d’Isly à l’est) des unités épaisses de dunes éoliennes reconnaissables
par leurs dépôts consolidés de grés et de sable, leur litage oblique en « onlap » et les débris
de coquilles de gastéropodes continentaux qu’elles renferment. Ces dépôts éoliens sont déposés
en discordance sur le socle schisteux des Ghomarides ou calcaire de la Dorsale (zone interne)
et sont souvent surmontés par des unités de conglomérats à débris de coquilles et de dépôts
alluviaux classiques. Intercalés dans ces niveaux sableux à bioclastes, j’ai distingué deux dépôts
de terrasses d’abrasion marines à 4±1m et 55±5 m a.s.l, ainsi qu’une plate-forme marine en
164 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

cours de construction à 0.5-1m a.s.l. (Figure 5.11).

Figure 5.11: (a) Image satellite de la péninsule d’Al-Hoceima sur laquelle sont localisées les photos
d’affleurement (b, c, d, e, f) des trois terrasses marines (Ta0, Ta1, Ta2) décrites dans
notre étude. Les cercles entourant des personnes donnent l’échelle de la photo.

La première plate-forme d’abrasion marine Ta0, observée à 0.5-1m a.s.l le long de l’affleure-
ment de la nouvelle route de la corniche à l’ouest de la ville d’Al-Hoceima, apparait comme une
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 165

surface plane à faible pendage vers la mer (1 à 2˚) émergée en période de basses-eaux et creusée
dans les calcaires des zones internes (Figure 5.11c et e). Cette terrasse n’est pas recouverte par
la succession classique de dépôts éoliens bioclastiques mais est très clairement marquée dans la
morphologie de la côte par sa position basse et les encoches systématiquement creusées en pied
de falaise. Cette surface d’abrasion se développe parfois au pied d’un éperon émergé à quelques
mètres du rivage et peut être associée à des éboulis de falaise. J’interprète cette surface comme
une terrasse marine actuelle dont la construction est liée aux effets de marées qui ne dépassent
pas plus de 0.5-1m en Méditerranée.
La terrasse suivante à 4±1m a.s.l se distribue de façon sporadique le long du littoral soit sous
la forme d’encoches creusées dans les falaises du socle, soit sous la forme de surfaces planaires à
faiblement pente vers la mer et composées de sables grossiers à fins peu cimentés et de fragments
de coquilles marines (Figure5.11c et e). L’espèce dominante dans ses dépôts est le Gibbula, un
gastéropode marin abondant sur les côtes méditerranéennes et vivant sur les récifs dans les
eaux chaudes et peu profondes. Cette terrasse marine nommée Ta1 est recouverte jusqu’à 9m
d’altitude par des dépôts dunaires à débris de gastéropodes et limnées. A l’embouchure de l’oued
Isly, l’altitude de la terrasse est de 8m a.s.l.
La dernière terrasse nommée Ta2 observée se situe à ∼55m a.s.l et se caractérise par une
couche de sables consolidés de ∼0.5m d’épaisseur contenant des débris de coquilles marines (e.g.
Pectinidae) ainsi que des galets recouverts de traces fossiles d’algues benthiques colorées de
type Rhodophyta (Figure 5.11b, d et f). Le dépôt de terrasse est souvent précédé à sa base par
une surface érosive. Sur l’ensemble des affleurements étudiés, cette terrasse est affectée par une
multitude de petites failles normales qui font varier son altitude entre 38m et 55m a.s.l. Par-
dessus ces dépôts marins, nous observons des dépôts alluviaux brêchiques et conglomératiques
contenant des éléments polygéniques noyés dans une matrice argilo-sableuse riches en bioclastes
de gastéropodes continentaux.
Sur l’ensemble de la zone d’Al-Hoceima, de nombreuses failles normales de faible envergure
affectent la terrasse Ta2 ce qui explique sa variation d’altitude entre +38 et +55m a.s.l.

Les terrasses d’abrasion marines du Ras Tarf

Nous avons observé sur la zone d’Iyya Tazaghine et le long de l’oued Ighzer Azemmour
Inyane (Figure 5.9d), depuis la mer jusqu’à l’altitude ∼80m une succession de dépôts marins
et continentaux et de surfaces étagés visibles en coupe et sur le terrain par une succession de
ruptures de pente. Nous avons effectué une campagne de GPS cinématique (Trimble R8) afin de
quantifier précisément les marqueurs morphologiques affectés par les mouvements verticaux de
166 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

la zone. Le MNT haute résolution (Figure 5.9c) a permis de localiser précisément les ruptures
de pente et d’obtenir des altitudes de façon plus précise qu’avec le télémètre.

Figure 5.12: Vues d’ensemble de la terrasse marine Tr1 à 12 m d’altitude sur le cap du RasTarf. Les
coquilles marines et les coraux ont été échantillonnés pour les datations par la série de
désintégration U/Th.

Le profil topographique N-S de 1.7 km de long obtenu sur la pente d’Iyya Tazaghine, a
permis de mettre en évidence de nombreuses ruptures de pente définissant au moins trois
terrasses marines localisées à 12±2m, 22±2m et 80±5m (Figure 5.9c et d).

La terrasse la plus basse (nommée Tr1) située à 12±2m a.s.l est observée tout au long de la
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 167

côte du cap de Ras Tarf et est caractérisée par une surface planaire à faible pendage vers le nord
(Figure 5.12). Les dépôts qui composent cette surface sont essentiellement des galets roulés, libres
ou enchâssés, de basaltes/andésites et de quartzites de taille homogène décimétrique. Les galets
de quartzites ont une surface bien préservée, contrairement aux galets de basaltes/andésites qui
sont fortement vésiculés et présentent une surface très altérée. Des fossiles de coquillages marins
enchâssés dans une matrice sableuse sont également présents sur cette surface marine (Figure
5.12). Les fossiles correspondent pour la plupart à des coraux, des gastéropodes marins, des
Patella Safiana et des Thais Hemastoma. Aucun strombes (coquille caractéristique du MIS 7 à
5) n’a été observé sur cette terrasse. La surface d’abrasion de cette terrasse correspond à des
coulées volcaniques dans lesquels j’ai pu observer des micro-cavités correspondant à la trace de
faune lithophage.

La terrasse suivante (Tr2) est située à 22±2m a.s.l et affiche le même type de dépôt que ceux
observés sur la Tr1(Figure 5.13).

La troisième terrasse (Tr3), située à 80±5m a.s.l, est caractérisée par une surface érosive
basale recouverte de blocs volcaniques anguleux de 50 cm de diamètre enchassés dans une matrice
de bioclastes et de sables indurés(Figure 5.13). Ces blocs sont interprétés comme des éboulis de
pied de falaises effondrés sur la paléo-ligne de rivage suite à l’érosion des vagues. Dans la matrice
bioclastique, nous avons trouvé de nombreuses coquilles de Ostrea sp., Gibbula sp. et Cardium
sp. Entre les terrasses Tr2 et Tr3, nous avons observé une succession de dépôts de dunes composés
de sables consolidés contenant des coquilles de gastéropodes continentaux. Des vestiges de plate-
forme d’abrasion sont bien marqués sur le profil topographique par des ruptures de pente, mais
aucun dépôts marins ni d’indices de paléo-rivages marins n’ont été observé sur ces surfaces.
Une quatrième terrasse marine a été observée à 141±5m a.s.l et correspond à la surface d’abrasion
marine recoupant les dépôts messiniens déformés par la faille de Boudinar (Figure 5.10).

Enfin, l’ensemble de la morphologie, surfaces et dépôts associés, sont recouverts par des
dépôts continentaux constitués de sables rouges silto-argileux et d’encroûtement calcaires de type
calcrêtes, témoins d’un climat aride ou semi-aride de type méditerranéen où les précipitations
n’excèdent pas 700 mm/an. Leur présence sur les terrasses d’abrasion marine suggère une très
faible sédimentation ou une stabilisation de la surface (Goudie and Pye, 1983). Il semblerait donc
que ces dépôts de terrasses n’aient subi que peu ou pas d’érosion depuis leur formation, c’est
pourquoi nous avons tenté de les dater en utilisant les méthodes de désintégration de la série
10
U/Th sur les coquilles fossiles et des isotopes cosmogéniques Be et 3 He sur les galets déposés
à la surface des terrasses. Un modèle de formation de ces terrasses surélevées a ainsi pu être
proposé.
168 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

Figure 5.13: (a) Affleurement de la terrasse marine Tr2 (22m) le long de la route du littoral sur le cap
du Rastarf. La ligne pointillée indique le sommet de la terrasse. 1,2 : photos de débris
de coquilles visibles dans la terrasse Tr2. (b) Photo de la terrasse marine Tr3 (80m). Les
pointillés indiquent le sommet de la terrasse, le carré localise la figure (c). (c, d) Photo des
dépôts et coquilles remaniées au sommet de la terrasse Tr3. (e, f) Photos de la terrasse
Tr4 (141m) et les dépôts de coquilles marines associées.
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 169

Les terrasses alluviales du Ras Tarf

Figure 5.14: (a) Image satellite de la pointe Nord du RasTarf sur laquelle sont représentées les mar-
queurs morphologiques observés sur le terrain. (b) Photo montrant la terrasse alluviale
perchée au premier plan et la terrasse marine Tr1 en contrebas. Un agrandissement du dé-
pôt de la surface alluviale montre un conglomérat constitué de galets de basalte/andésite
et grés. (c) Photo de la terrasse alluviale perchée et de l’oued actif associé (Ighzer Azem-
mour). (d) Coupes topographiques (localisées en (a)) montrant d’une part l’empilement
des marqueurs marins et fluviaux le long de la pente et d’autre part la différence d’altitude
de ∼35m entre ces deux surfaces.
170 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

La morphologie de la zone est marquée par une multitude de surfaces sub-horizontales de


grande envergure interprétées comme les vestiges de paléo-rivages ou de terrasses marines. Ces
surfaces marines bien que majoritaires dans notre zone d’étude sont incisées par des oueds
orientés N-S qui se sont développés sur les pentes du massif volcanique en direction de la mer
au nord.
Associé à ces morphologies marines, il n’est pas rare d’observer des surfaces et des dépôts
alluviaux. C’est le cas le long de l’oued Ighzer, où nous avons observé une surface légèrement
inclinée vers le littoral constituée de galets arrondis de taille centimétrique à décimétrique perchée
à ∼40m au-dessus du niveau marin (Figure 5.14b et d). Ces dépôts de conglomérats consolidés
et recouverts par une croûte calcaire de type « calcrête » sont déposés sur le socle volcanique
et présente une épaisseur de ∼1m (Figure 5.14b). Ils sont ponctuellement associés à des blocs
métriques de basaltes également pris dans les dépôts de calcrêtes. Quelques 30m en contrebas,
le lit de l’oued actuel, à sec une grande partie de l’année et qui ne se met en charge que quelques
semaines par an, s’est incisé dans les roches volcaniques et présente des dépôts de galets libres de
forme bien arrondis (Figure 5.14c). Les lithologies des galets sur les deux dépôts sont semblables :
il s’agit de galets de basaltes/andésites fortement vésiculés et altérés à patine claire et de galets
de grés quartzeux arrondis peu altérés. Les galets de basalte/andésite sont représentés à 70%
dans les dépôts, les galets de quartzite à 30%.

Figure 5.15: Photo des surfaces morphologiques observées au Nord du massif du Rastarf et méthodes
de datation mises en œuvre pour chacune.

Nous interprétons ces dépôts alluviaux horizontaux culminant à ∼35 m au-dessus du lit actuel
comme appartenant au dépôt d’un ancien lit de rivière mis en place proche de son embouchure.
L’aspect désorganisé et hétérogène du dépôt suggère un dépôt de type cône alluvial, aujourd’hui
perché suite à l’incision de l’oued. Cette forte incision témoigne soit d’une variation eustatique
importante, soit d’un soulèvement tectonique de la zone, soit d’une combinaison des deux. La
présence d’anciennes terrasses marines entre +12 et +141 m d’altitude sur l’ensemble du massif
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 171

suggèrent une influence importante de la tectonique dans cette zone.


Les galets présents sur cette terrasse alluviale culminant à 35 m au-dessus de son cours
actuel ainsi que les galets présents au fond de l’oued actuel ont été échantillonnés dans le but
d’effectuer des datations par isotopes cosmogéniques produits in-situ (3 He et 10 Be)(Figure 5.15).
Ces datations nous permettront de quantifier la vitesse d’incision de l’oued afin de la comparer
aux vitesses de surrection obtenues par la datation U/Th des terrasses marines. Les résultats
sont présentés par la suite.

Dans les environs de l’oued Kert

Le long de la route nationale N16 qui relie Al-Hoceima à Nador par la côte, sur une bande
comprise entre les latitudes N35.185˚ et N35.190˚, de nombreuses vallées s’initiant au sud dans
le massif des Beni Said (∼15km) et s’écoulant vers la Méditerranée se trouvent perchées à leur
embouchure sur des falaises rectilignes de 25m alignées NE-SW (Figure 5.16).

Figure 5.16: (a, b) Photos d’ensemble de la côte entre Al-Hoceima et Nador montrant des vallées «
perchées » de ∼25m au-dessus du niveau marin (flèches noires). (c) Photo d’un drain «
perché » fortement incisé, surmonté par une surface sub-horizontale interprétée comme
une surface morphologique à ∼40m (indiquée par les traits noirs). (d) Dépôts épais de
colluvions fortement incisés retrouvés dans l’oued « perché ».

Des blocs de grés éboulés marquent le pied des falaises (Figure 5.16c). Ces oueds incisent
essentiellement des dépôts de colluvions de plusieurs mètres d’épaisseur composés en grande
172 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

partie de clastes centimétriques anguleux de calcaire et de quartz pris dans une matrice
argilo-sableuse rouge. Ces dépôts de pente reposent sur des bancs de grès lités horizontaux
(Figure 5.16d). Aucune structure tectonique apparentée à ces vallées surélevées n’a été observée
sur le terrain. Pourtant, ce phénomène ne semble pas uniquement lié à la différence de
lithologie rencontrée à l’embouchure des oueds comme le suggère la présence d’autres oueds
voisins non-affectés par cet escarpement. Ces morphologies sont très localisées et s’observent
uniquement dans la zone du massif des Beni Said. Des amalgames de galets de quartz dans les
oueds perchés et comparativement dans un oued voisin, non-affecté par cette morphologie mais
s’initiant sur le même massif et affichant des dimensions de bassin versant similaires, ont été
échantillonnés. Les datations n’ont malheureusement pas pu être réalisées.

A l’endroit de ces vallées perchées, la succession de terrasses marines observées plus à l’ouest
n’existe pas, car la morphologie du littoral, essentiellement constitué de falaises, ne le permet
pas. Les premières surfaces morphologiques marines que l’on observe sont situées à ∼40m (Figure
5.16c).

5.3.3 Datation U/Th des terrasses marines et quantification du taux


de soulèvement du massif volcanique de Ras Tarf

Nous présentons ici les résultats des datations effectuées par la méthode U/Th sur onze
échantillons de coquilles prélevées sur les terrasses marines du massif du Ras Tarf. Ces résultats
apparaissent dans un article publié à Journal of Geodynamics (Poujol et al., 2014) (cf Annexe
A).

5.3.3.1 Ages U/Th des terrasses marines

Etant actuellement en période de transgression marine et sachant que le maximum de trans-


gression du niveau marin au Pléistocène est de +5m par rapport au niveau actuel, nous consi-
dérons que les terrasses marines étagées entre +4 et +141 m a.s.l sur le massif du Ras Tarf et
la péninsule d’Al-Hoceima sont d’âge Pléistocène et ont subi un soulèvement tectonique. Nous
avons donc tenté de dater les terrasses Tr1 et Tr3 situées respectivement à 12m et 80m a.s.l
(Figures 5.12 et 5.13), en utilisant la méthode U/Th sur coquilles de mollusques afin d’estimer
un taux de surrection des terrasses. Retenons simplement des études antérieures qu’entre plu-
sieurs âges U/Th obtenus pour des coquilles d’une même terrasse ayant subies une incorporation
d’Uranium post-mortem, il est plus judicieux de garder l’âge le plus vieux.
Nous avons analysés 11 échantillons en utilisant la procédure chimique de séparation U et
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 173

Th puis l’appareillage spectromètre alpha. Les données sont reportées dans le Tableau 5.1 et
sur le graphique conventionnel (234 U/238 U)-(230 Th/238 U) (Figure 5.18a). De tous les échantillons
analysés, nous remarquons que seulement deux ont le rapport initial (234 U/238 U) de l’eau de mer
(1.15), ce qui suggère que les autres échantillons ont fonctionné en système ouvert et ont donc
pu être contaminés. Deux fragments de coraux échantillonnés sur deux affleurements différents
et deux coquilles de gastéropodes (Thais Hemastoma) provenant tous les quatre de la terrasse
Tr1 donnent un âge de 200 ± 30 ka tandis que deux coquilles de Cardium trouvés sur la même
terrasse donnent des âges très jeunes de 50 ± 3 ka. L’âge de 200 ka trouvé pour la terrasse Tr1 est
surprenant car cette terrasse que l’on retrouve le long des côtes marocaines est habituellement
considérée comme appartenant au dernier interglaciaire daté à ∼120 ka (l’épisode appelé Ouljien
au Maroc et correspondant au MIS 5e).

Table 5.1: Données U/Th obtenues par spectrométrie alpha. Les incertitudes sur les ratios d’activité
sont de 1sigma et sur les âges de 2 sigma, et ont été calculées avec le programme Isoplot
(Ludwig, 2012). Les échantillons avec les astérisques ne sont pas pris en compte (voir le
texte pour les détails). Les âges écrits en gras sont considérés comme les plus cohérents.

Les cinq échantillons provenant de la terrasse Tr3 donnent des âges bien plus vieux, bien
que deux d’entre eux semblent donner des âges biaisés. Nous obtenons donc des âges de l’ordre
de 400±230 ka situés à la limite de la méthode U/Th. Les âges retenus seront :

- Tr1 (+12m) : 200±30 ka

- Tr3 (+80m) : 400-600 ka

Bien que le soulèvement tectonique de la péninsule d’Al-Hoceima soit avéré par la présence des
terrasses marines sur les reliefs, aucune n’a été datée car leurs altitudes, du fait de la présence
174 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

Figure 5.17: Courbe eustatique de fluctuation du niveau marin global depuis 500ka avec son incer-
titude à 1 sigma (modifié d’après Bintanja et al (2005)). Les stades isotopiques sont
indiqués au-dessus des pics de transgression.

d’une multitude de failles normales qui les décalent verticalement, sont trop variables ce qui
induirait une trop forte incertitude sur les vitesses.

Figure 5.18: (a) Données de la basse (12m) et de la haute (80m) terrasse reportées sur un diagramme
(230 Th/238 U)-(234 U/238 U). Les quatre courbes correspondantes aux rapports initiaux
(234 U/238 U) de 1.15 (eau de mer), 1.5, 2, 2.5 ainsi que les isochrones sont reportés sur le
diagramme. Les ellipses en gris clairs correspondent aux données de la terrasse à 80m et
celles en gris foncés à la terrasse de 12m. Les ellipses vides correspondent aux âges consi-
dérés comme incohérents. (b) Illustration schématique du cas où la terrasse plus jeune
(Tr2) se trouve plus haute en altitude que la terrasse plus vieille (Tr1)(voir les discussions
dans le texte). (c) Evolution des taux de surrection (mm/an) en fonction du temps dans
le massif du RasTarf. Les barres d’erreur en abscisse correspondent à la durée approxi-
mative des transgressions successives, celles en ordonnée correspondent aux incertitudes
liées à la courbe du niveau marin (Bintanja et al., 2005)
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 175

5.3.3.2 Taux de surrection des terrasses marines

Nous considérons que les terrasses marines se forment en période de haut-niveaux marin
comme cela est admis habituellement (eg Anderson et al., 1999 ; Bradley and Griggs, 1976 ;
Chappell and Shackleton, 1986 ; Plaziat, 2008 ; Zazo et al., 1993). Dans notre cas, l’ensemble de
la faune fossile retrouvé sur les terrasses (e.g Thais Hemastoma, corail,...) sont caractéristiques
des eaux chaudes.
Les modèles habituels considèrent également que les âges des terrasses augmentent avec leur
altitude a.s.l, ce qui est surtout vérifié dans les zones à fort taux de surrection (> 0.5 mm/yr),
mais pas nécessairement pour des taux de surrection modérés à faible. Cela est illustré dans la
Figure 5.18b, où une portion de la courbe eustatique est représentée, montrant deux maximums
transgressifs successifs avec le plus jeune ayant un niveau marin plus élevé que le précédent.
Si ∆h (en mètres) représente la différence d’élévation du niveau marin entre deux maximums
transgressifs successifs, ∆t leur différence d’âge (en ka) et U le taux de soulèvement (en m/ka
ou mm/an) considéré comme constant au cours du temps, alors trois modèles différents peuvent
être envisagés :

(i) Si U*∆t > ∆h, la terrasse la plus vieille sera située au-dessus de la plus jeune lorsqu’elles
seront soulevées au-dessus du niveau marin. Cela correspond au modèle habituel.

(ii) Si U*∆t < ∆h, la terrasse la plus vieille sera à plus basse en altitude a.s.l que la plus
jeune, lorsqu’elles seront émergées. Ainsi, la terrasse la plus vieille sera immergée pendant un
intervalle de temps ∆θ de quelques milliers d’années. Cette durée est considérée comme trop
courte pour que la terrasse disparaisse sous l’effet d’une érosion sous-marine.

(iii) Si U*∆t ∼ ∆h, une terrasse composite ou bien deux terrasses proches en altitude,
correspondant à deux transgressions successives, se développeront.

Lors d’une succession de plus de deux transgressions, avec des niveaux marins de plus en
plus élevés, une série de terrasses accolées seront produites, même si elles ont d’importantes
différences d’âges.
Nous déduisons de nos résultats un âge de 200ka pour la terrasse Tr1 (+12m a.s.l) corres-
pondant au MIS 7. Le maximum transgressif de ∼120ka (MIS 5e), qui est habituellement bien
marqué dans la morphologie pourrait correspondre à la terrasse Tr2 située à +22m, en accord
avec le modèle (ii). En utilisant la courbe eustatique de (Bintanja et al., 2005) (∼+6m a.s.l pour
le MIS 5e et ∼-25m pour le MIS 7), le taux de surrection moyen serait de 0.16 mm/an depuis
176 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

200 ka (0.2 mm/an entre 200ka et 120ka, et 0.13 mm/an depuis 120ka).
Le maximum transgressif marin de 330ka (MIS 9) n’est probablement pas représenté par une
véritable terrasse, mais pourrait correspondre à une des ruptures de pente observées entre Tr2 et
Tr3, alors interprétées comme une succession de vestiges d’anciennes terrasses marines. Notons
que si le haut-niveau marin de 330ka était représenté par la terrasse Tr2, cela impliquerait,
d’après la courbe de Bintanja et al (2005), une subsidence entre 330ka et 200ka, ce qui paraitrait
complétement incohérent.
Les âges obtenus sur la terrasse Tr3 (400-600 ka) sont affectés d’une grande incertitude
ce qui rend difficile leur attribution à un stage isotopique précis. Mais cette terrasse pourrait
bien correspondre à une terrasse composite en accord avec le modèle (iii), construite lors des
trois maximums successifs (appartenant aux MIS 11, 13 datés autour de 410, 485 et 530ka)
caractérisés par une augmentation des niveaux marins d’après Bintanja et al (2005). Si Tr3 est
bien une terrasse composite, le taux de surrection calculé serait de 0.45 mm/an entre 530 et 410
ka.
Notons que, avec un taux de surrection de 0.45 mm/an, nous nous attendrions à ce que le stage
isotopique MIS 15 à 600ka soit représenté par une terrasse située à ∼140m a.s.l, terrasse en effet
présente sur le massif du Ras Tarf (voir ci-dessus). La Figure 5.18c résume nos interprétations.
Malgré des incertitudes élevées sur l’âge de la terrasse Tr3 (∼400-600 ka), nos interprétations
suggèrent un taux de soulèvement moyen de 0.2 mm/an depuis ∼500 ka. Ce taux de surrection
modéré n’est pas rare dans la région de la Méditerranée Occidentale (El Kadiri et al., 2010 ;
Meghraoui et al., 1996 ; Morel and Meghraoui, 1996 ; Zazo, 1999).

5.3.4 Datation "10 Be" et "3 He" des terrasses marines et alluviales et
quantification du taux de soulèvement du massif volcanique du
Ras Tarf

Nous l’avons vu précédemment, la méthode de datation utilisant la série de désintégration


U/Th pour des échantillons de coquilles n’est pas toujours fiable et les âges obtenus sont parfois
entachés d’erreurs dues en partie au stade d’altération des échantillons analysés et à l’ouverture
ou non du « système géochimique » des coquilles. C’est pourquoi nous avons tenté deux autres
approches de datation qui mettent en œuvre les isotopes cosmogéniques produits in-situ du 10 Be
et de l’3 He. Si la méthode « 10 Be» peut être considérée aujourd’hui comme une méthode robuste
et bien adaptée pour la datation des marqueurs morphologiques, nous verrons que ce n’est pas
forcément encore le cas pour la méthode « 3 He » (voir discussion dans chapitre 3). Les méthodes
d’échantillonnage pour les datations cosmogéniques sont présentées en détail dans le chapitre 3.
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 177

10
Les méthodes « Be » et « 3 He » n’ont jamais été utilisées pour la datation de terrasses
marines dans la chaine du Rif, que ce soit sur des terrasses d’abrasion marine ou sur des dépôts
alluviaux. Ainsi, aucun taux de production local n’a été calculé pour cette région du monde,
nous prendrons donc des taux de production recalculés en fonction de la latitude et de l’altitude
du site d’échantillonnage selon Lal (1991), Stone (2000) et Blard et al. (2013).
Afin de simplifier le calcul, le changement d’altitude des terrasses par rapport au niveau
marin lors des transgressions et régressions marines (qui ont fluctuées de +6 à -130m en 200 ka),
et lors du soulèvement tectonique des terrasses n’a pas été pris en compte dans le calcul du taux
de production du 10 Be et 3 He. Cela induit donc un biais supplémentaire faible lors du calcul des
âges d’exposition. La contribution de l’3 He magmatique contenu en général dans les inclusions
de fluides des minéraux est considéré comme négligeable dans nos calculs d’âge, car nous avons
utilisé une fraction minérale fine < 200 µm (Kurz et al., 1990).
De plus, au vu de la bonne préservation (i) des marqueurs géomorphologiques et (ii) de
l’aspect des galets prélevés, deux scénarii ont été proposés pour le calcul des âges d’exposition :
un scénario avec un taux de dénudation nul, qui nous donne donc des âges de dépôt minimums,
et un scénario avec un taux de dénudation calculé en supposant les surfaces étudiées à l’état
stationnaire. Nous avons systématiquement échantillonné les galets enchâssés dans leur matrice
quand cela était possible. Enfin, nous utilisons le modèle de Lal (1991) et Stone (2000), où le
taux de production est considéré constant au cours du temps.
Je présente ici les résultats des datations effectuées par les méthodes des isotopes cosmogé-
niques produit in-situ 3 He et 10
Be sur les dépôts de surface de la terrasse marine Tr1 étudiée
précédemment d’une part, et d’autre part, sur les dépôts alluviaux actuels et anciens observés le
long de l’oued Ighzer. Pour chacune des méthodes, les âges sont donnés avec et sans taux d’éro-
sion. Les âges ainsi obtenus sont ensuite comparés aux âges obtenus par désintégration U/Th.
Je présente enfin une interprétation générale sur les mouvements tectoniques verticaux dans le
Nord-Est de la chaine du Rif.

5.3.4.1 Ages 3 He et 10
Be de la terrasse Tr1

L’étude menée sur les terrasses marines confirme l’idée d’un soulèvement régional du massif
du Ras Tarf depuis le milieu du Pléistocène. Comme décrit précédemment, la surface marine Tr1
est recouverte de galets roulés de même taille et de nature basaltique/andésitique et de nature
gréseuse riche en Quartz (Figure 5.19).
J’ai échantillonné un amalgame de 50 galets de basaltes/andésites enchâssés dans la matrice
de la terrasse que j’ai analysé en 3 He ainsi qu’un amalgame de 50 galets de grés quartzeux que
10
j’ai analysé en Be, de taille identique. Les galets ont été prélevés dans les deux cas proche
178 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

Figure 5.19: Photos des dépôts de surface prélevés sur la terrasse marine Tr1 en vue des datations
10 Be et 3 He (quartzite et basaltes/andésites). Les amalgames échantillonnés contiennent

∼50 galets de même lithologie et de même diamètre.

du sommet de la terrasse, afin d’approcher l’âge du maximum transgressif responsable de la


formation de la terrasse. Les résultats de ces deux analyses sont présentés dans le Tableau 5.2.
Le masque topographique que constituent la pente du massif en amont n’est pas pris en
compte dans le calcul des âges, car pour une pente de ∼10˚, pente légèrement supérieure à celle
du massif du Ras Tarf, les âges varient d’une centaine d’années pour des valeurs d’âges de dépôt
de l’ordre de 100 ka. Les taux d’érosion estimés, en considérant un état stationnaire pour la
surface alluviale perchée comme le suggèrent les observations de terrain, sont de 10±0.5 m/Ma
avec l’3 He cosmogénique et de 5 ± 0.5 m/Ma avec le 10 Be cosmogénique, cohérent avec le climat
méditerranéen à semi-aride de la région.
10
Les valeurs d’âges sont reportées dans le Tableau 5.2. L’âge Be obtenu pour la terrasse
marine Tr1 est 125 ± 8 ka pour un taux d’érosion nul, avec un héritage de 34 ka, et 210 ± 10
ka pour un taux d’érosion de 5 ± 0.5 m/Ma, avec un héritage de 58 ka. L’âge 3 He obtenu pour
la terrasse marine est 77 ± 3.5 ka pour un taux d’érosion nul et 250 ± 70 ka pour un taux
d’érosion de 10 ± 0.5 m/Ma. En intégrant le taux d’érosion obtenu par le 10 Be (5 ± 0.5 m/Ma)
dans le calcul des âges d’exposition 3 He, l’âge est 102 ± 3.5 ka.

5.3.4.2 Ages 3 He et 10
Be des dépôts alluviaux anciens et récents de l’oued Ighzer

Interprété comme le dépôt d’un ancien lit de l’oued Ighzer surélevé, nous avons échantillonné
en grés et basaltes/andésites le dépôt situé à 35m d’altitude sur la rive droite de l’oued et le lit
actuel. Les résultats sont présentés dans le Tableau 5.2. Une correction du masque topographique
a été appliquée sur le taux de production pour les échantillons prélevés au fond de l’oued actuel,
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF
Table 5.2: Données d’âge 10 Be et 3 He obtenues pour les deux marqueurs morphologiques étudiés sur le massif du Ras Tarf en utilisant
deux valeurs d’érosion pour chacune des datations. La troisième ligne des tableaux correspond à la terrasse alluviale perchée à
laquelle on soustrait un héritage (la concentration de l’oued actuel). Les erreurs sont indiquées à 1 sigma.

179
180 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

incisé de 30 m qui sont partiellement masqués des rayonnements cosmiques, selon le facteur de
correction de G. Balco (http://hess.ess.washington.edu/math/general/skyline_input.
php).
10
Les âges Be obtenus pour la terrasse alluviale perchée sont 140 ± 10 ka pour un taux
d’érosion nul, avec un héritage de 37 ka, et 305 ± 90 ka pour un taux d’érosion de 5 ± 0.5
10
m/Ma, avec un héritage de 54 ka. Si l’on considère la concentration en Be mesurée dans le lit
actuel de la rivière comme l’héritage anté-dépôt de la terrasse alluviale perchée, nous obtenons
respectivement des âges de 35.7 ± 17 ka et 40.3 ± 20 ka sans et avec érosion.
Les âges 3 He obtenus pour la terrasse perchée sont 72.6 ± 2.8 ka sans érosion et un taux
d’érosion nul, 180 ± 25 ka pour un taux d’érosion de 10 ± 0.5 m/Ma et 95 ± 3 ka pour un
taux d’érosion de 5 ± 0.5 m/Ma. Si l’on considère la concentration en 3 He mesurée dans le lit
actuel de la rivière comme l’héritage anté-dépôt de la terrasse alluviale perchée, nous obtenons
respectivement des âges de 64.4 ± 3.8 ka et 68.1 ± 3.9 ka sans et avec érosion.

10
5.3.4.3 Taux de surrection du massif de Ras Tarf en comparant les méthodes Be,
U/Th et 3 He

En comparant les données 3 He et 10 Be, pour les dépôts situés au fond de l’oued Ighzer, si l’on
considère qu’ils représentent la valeur de l’héritage à soustraire à l’âge des dépôts de la terrasse
alluviale perchée, on obtient un âge réel de ∼35-40 ka (10 Be) et ∼65 ka (3 He), correspondant au
stage isotopique 2 (Tableau 5.3). Le niveau de la mer était alors ∼100 m en dessous du niveau
actuel. Si ces dépôts se sont déposés proche du littoral, à l’embouchure de l’oued comme cela a
été suggéré précédemment, alors cela implique qu’ils ont été soulevé de ∼140 m en ∼65-35 ka,
ce qui donne des taux de surrection aberrant de ∼2 à 4 mm/an.
Les taux de soulèvement les plus rapides se situent dans les zones de subduction et n’excèdent
pas 3 mm/an (Japon, Nouvelle-Zélande, Corinthe, Papouasie-Nouvelle-guinée...)(Bloom et al.,
1974 ; Bull and Cooper, 1986 ; Chappell, 1974 ; Koike and Machida, 2001 ; Pedoja et al., 2011).
Pour expliquer ces valeurs élevées de concentrations dans les galets du lit actif de l’oued,
il faut faire intervenir un processus de remobilisation de matériel plus vieux situés au-dessus
de l’oued comme par exemple les galets de la terrasse perchée que nous venons d’étudier. Ce
processus de remobilisation a pu être déclenché par le changement de morphologie liée à la
forte incision observée le long de l’oued. Cela a eu pour effet d’accentuer les pentes et donc de
faciliter le colluvionnement lors des fortes précipitations qui touchent sporadiquement le littoral
méditerranéen. De plus, lors des nombreuses missions de terrain effectuées à diverses périodes de
l’année, nous n’avons jamais vu l’oued en charge, ce qui suggère un fonctionnement intermittent
et donc peu ou pas d’apport régulier de matériel récent provenant du bassin versant et ainsi un
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 181

faible renouvellement du matériel. Cela expliquerait la présence majoritaire de matériel vieux


dans le lit « actif » de l’oued.
Nous décidons donc de ne pas prendre en compte les concentrations estimées dans le lit
actuel et de négliger ainsi l’héritage anté-dépôt des galets, ce qui peut induire une faible
surestimation des âges.

Table 5.3: Tableau récapitulatif des valeurs d’âges obtenus sur les surfaces morphologiques du Ras Tarf
avec les méthodes de datations 10 Be, 3 He et U/Th. Dans chacun des cas, le paléo-niveau
marin ainsi que la vitesse de surrection sont indiqués. La troisième ligne des tableaux cor-
respond à la terrasse alluviale perchée à laquelle on soustrait un héritage (la concentration
de l’oued actuel).

Les âges obtenus, pour les deux autres surfaces morphologiques, en comparant les trois
10
méthodes (U/Th, Be et 3 He), que ce soit avec ou sans érosion, sont très dispersés (Tableau
5.3, Figure 5.20). En effet, il y a peu de compatibilité entre les méthodes et les âges sont très
182 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

Figure 5.20: Schéma simplifié des marqueurs morphologiques et de leurs âges, estimés avec l’ensemble
des méthodes de datation.

différents lorsque l’on fait varier l’érosion. De plus, en travaillant avec les variations du niveau
marin des incertitudes sur les paleo-altitudes viennent s’ajouter et changent considérablement
les taux de surrection estimés. Il apparait donc difficile d’attribuer de manière catégorique un
taux de surrection pour le massif en corrélant les trois méthodes de datation. Cependant si l’on
compare la méthode U/Th avec chaque méthode de datation cosmogénique séparément, quatre
modèles peuvent être proposés :

Modèle 1. Avec la méthode 3 He :

(a) avec une érosion nulle, on remarque que (i) la valeur d’âge obtenue pour la terrasse marine
(∼77 ka) ne correspond à aucune transgression marine (Bintanja et al., 2005)(Figure 5.17) et
(ii) l’âge de la terrasse alluviale induit une surrection de 100m (-60m de niveau marin il y a ∼70
ka ajouté à l’altitude 40m de la terrasse alluviale) en ∼70 ka soit un taux de surrection de ∼1.5
mm/an, ∼10 fois supérieur à celui obtenu dans notre étude avec la méthode U/Th (Poujol et al.,
2014) et décrit dans les études antérieures (Cadet et al., 1977 ; El Kadiri et al., 2010 ; Meghraoui
et al., 1996).
(b) En observant les valeurs d’âges obtenus avec érosion, on remarque que la terrasse marine
à 12 m d’altitude est plus vieille que la terrasse alluviale à 40 m et devrait s’être formée à un bas
niveau marin (MIS8), ce qui n’est pas cohérent. En intégrant les incertitudes, l’âge calculé pour
Tr1 pourrait aussi correspondre au MIS7 ou 9 (Figure 5.17). Dans ce cas, les vitesses de surrec-
tion estimées seraient similaires à celle obtenue avec l’U/Th. Les concentrations de la terrasse
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 183

perchée sont plus délicates à interpréter, sachant qu’elles donnent un âge d’exposition plus jeune
que Tr1 qui est située 28 m en-dessous. La seule possibilité est d’attribuer aux deux surfaces
l’âge du MIS 7 et de faire intervenir le phénomène de re-déposition expliqué dans le modèle 2 (b).

10
Modèle 2 Avec la méthode Be (Figure 5.21) :

(a) Avec un taux d’érosion de 5m/Ma, on remarque d’une part que l’âge trouvé sur la terrasse
marine Tr1 est cohérent avec la valeur obtenue par la datation U/Th (∼200ka) et que l’âge de la
surface alluviale perchée (∼300 ka) est supérieur à celui de Tr1 et induit un taux de surrection
10
de 0.3 ± 0.1 mm/an en accord avec celui obtenu avec l’U/Th. Les valeurs Be et U/Th sont
donc cohérentes et indiquent chacune un taux de surrection du massif de 0.2-0.3 mm/an (Figure
5.21, gauche).
(b) Sans érosion, on remarque que l’âge trouvé sur la terrasse alluviale perchée à 40 m
correspond au stade isotopique MIS 5e, aux incertitudes près, le niveau de la mer était alors
de +6 m au-dessus du niveau actuel. Cela implique, en considérant que cette terrasse s’est
formée quasiment au niveau de la mer, que ces dépôts ont été soulevé de 34 m en 140 ± 10
ka, ce qui induit un taux de soulèvement de 0.25 ± 0.03 mm/an en accord avec le taux estimé
sur les terrasses marines avec la méthode U/Th. Quand à la terrasse marine, bien que l’âge
se rapproche plus du MIS 5e que du MIS 7 (ce qui est en accord avec l’âge attribué dans la
littérature mais incohérent avec l’âge estimé par la méthode U/Th), il est également très proche
de l’âge de la terrasse alluviale.

En comparant les dépôts trouvés sur la terrasse marine à 12 m d’altitude et les dépôts de
la terrasse alluviale perchée à ∼40 m, nous avons observé des similitudes remarquables entre les
galets (tailles des galets, nature, état d’altération, répartition sur la surface...). Ces observations
de terrain associées aux résultats de datations, nous laisse supposer que les galets de la terrasse
alluviale et de la surface marine sont identiques. Ils ont pu être remobilisés et déposés depuis la
terrasse alluviale jusque sur la terrasse marine située en contrebas, pendant le soulèvement du
massif et les fluctuations du niveau marin. De plus, on remarque que les âges 3 He obtenus à la
fois sur la terrasse marine et sur la terrasse alluviale perchée, bien que très inférieurs aux âges
10
Be, sont presque similaires entre eux, ce qui est cohérent avec ce modèle d’âge (Figure 5.21,
droite).
Lorsque l’on compare les valeurs obtenues avec les deux méthodes en prenant en compte le
taux d’érosion, on remarque des similitudes pour l’âge de la terrasse marine Tr1 (210 ± 10 ka
10
avec le Be, 250 ± 70 ka avec l’3 He) en accord avec la valeur obtenue par la méthode U/Th
184 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

(∼200 ± 30 ka). Par contre, les valeurs d’âges obtenus avec une érosion nulle montrent des
divergences. Pour la terrasse alluviale perchée, avec et sans érosion, les deux méthodes donnent
des âges très différents avec de fortes incertitudes. Si l’on considère une érosion nulle, les âges
ne sont pas corrélables entre eux. En prenant en compte l’érosion, les âges obtenus divergent
mais possèdent une seule valeur commune aux extrémités de leurs intervalles d’incertitude à ∼
200 ka. Cette valeur n’est pas cohérente avec l’âge déduit de la méthode U/Th pour la surface
marine Tr1 datée à ∼200 ka et située 28m en contrebas. La comparaison des deux méthodes
cosmogéniques est incompatible.

Figure 5.21: Schémas interprétatifs des différents processus d’érosion et de dépôt associés à la surrec-
tion du massif du RasTarf d’après les modèles proposés 2 (a) et 2 (b) (voir texte pour plus
de détails). En rouge, sont indiquées les altitudes des transgressions marines par rapport
au niveau actuel des mers. Les flèches bleues correspondent aux fluctuations du niveau
marin au cours du temps, les flèches noires correspondent au mouvement de surrection
du massif, le trait bleu foncé indique l’incision au cours du temps de l’oued responsable
du dépôt de la terrasse alluviale.
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 185

Ces différentes comparaisons nous amènent à penser que le meilleur modèle d’âge
pour estimer le taux de surrection du massif de Ras Tarf, compatible avec les âges
10
U/Th et Be (et 3 He avec de grosses incertitudes, pour la terrasse marine unique-
ment), est le modèle 2 (a) en prenant en compte un taux d’érosion. Cela induit un
taux de surrection du massif compris entre 0.16 ± 0.04 et 0.26 ± 0.1 mm/an.

5.4 Discussion des résultats


Les données de datation U/Th et les âges d’exposition estimés avec le 10 Be et l’3 He indiquent
que le massif du Ras Tarf se soulève avec une vitesse de ∼0.2 mm/an, vitesse qui semble décroître
depuis au moins 200 ka mais potentiellement depuis 500 ka.
Les données de terrain montrent localement un soulèvement différentiel lié à la présence de
la faille de Trougout en bordure ouest du massif qui semble accélérer le processus de surrection.
Les vitesses de surrection sur le littoral méditerranéen sont moyennes à faibles (0.1-0.2 mm/an)
(Cadet et al., 1977 ; El Kadiri et al., 2010 ; Meghraoui et al., 1996 ; Morel and Meghraoui, 1996)
et correspondent aux taux que l’on rencontre habituellement le long des marges passives.
Malgré l’absence de terrasses marines surélevées cartographiées lors d’études antérieures entre
Al-Hoceima et Jebha, il semblerait d’après les études de thermo-chronologie qu’il y ait eu un
soulèvement progressif depuis 4Ma dans cette zone (comm. perso. P.Munch et M. Ferry). Les
fortes incisions fluviales rencontrées dans l’ensemble du Rif attestent de l’actualité de ce sou-
lèvement et l’absence de dépôts surélevés sur la côte Atlantique suggère une localisation de la
déformation verticale dans le Rif central et oriental.
Ce phénomène de surrection observée dans le Rif a également été décrite de l’autre côté du
bassin d’Alboran sur le littoral méditerranéen au niveau des Bétiques (Goy et al., 1993 ; Zazo
et al., 2003 ; Zazo and Goy, 1989), avec les même taux. Cette répartition de la déformation
verticale semble donc s’étendre sur une large zone autour du bassin d’Alboran et suggère un
processus profond de type mantellique (cf chapitre 8).

De plus, notre étude montre que les âges obtenus par les deux méthodes cosmogéniques pour
les mêmes objets géomorphologiques sont très différents, et que, suite à une comparaison avec
une troisième méthode (U/Th), l’utilisation du 10 Be in situ semble plus fiable. Cela s’explique par
le fait qu’elle a été plus étudiée et donc mieux contrainte en terme de paramètres de production.
Afin d’expliquer les biais observés entre les âges 3 He et les âges 10
Be avec et sans érosion,
nous proposons soit :
186 CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF

10 10
• Un fort héritage anté-dépôt en Be des Quartzites qui feraient rajeunir les âges Be,
auquel cas nous avons surestimés les âges. Mais nous avons vu qu’ils étaient cohérents avec les
âges obtenus en U/Th, contrairement aux données 3 He.

• Un écrantage sous-évalué, par la végétation ou encore par des dépôts postérieurs, compa-
rativement entre les galets de quartzite et les galets de basaltes/andésites. En effet, nous savons
que la production d’3 He cosmogénique diminue de 1/3 à 0.5m de profondeur (Lal, 1991). Mais
ceci est à exclure car les observations de terrain nous indiquent que ces deux types de galets
sont mélangés dans le dépôt de façon homogène.

• Une altération différentielle des galets. En effet, d’après le mauvais état de préservation et
la forte vésiculation des basaltes/andésites, on peut supposer qu’ils sont plus rapidement affectés
par l’érosion que les quartzites qui sont des roches compétentes (Figure 5.22). L’altération des
roches et des minéraux pourraient jouer un rôle sur la conservation des isotopes cosmogéniques
produits in-situ, entrainant une diminution de la concentration au cours du temps par diffusion.
Il est cependant difficile de quantifier cela.

Figure 5.22: Etat d’altération des andésites/basaltes (à gauche) et des quartzites (à droite). Notons le
mauvais état de préservation de la surface des galets volcaniques relativement aux galets
de grès

• Une dernière source d’erreur pourrait être la surestimation du taux de production de l’3 He
pour cette région du monde (les taux de production calculés de l’3 He cosmogénique sont encore
débattus entre les auteurs et varient parfois pour une même latitude et une même altitude à
deux endroits de la Terre (P.H. Blard et al., 2013a ; P.H. Blard et al., 2013b ; Blard and Farley,
2008 ; Dunai, 2000 ; Farley et al., 2006 ; Kurz, 1986 ; Kurz et al., 1990 ; Lal, 1991 ; Licciardi et
CHAPITRE 5. LA RÉGION NORD-EST DU RIF : LE RAS TARF 187

al., 1999 ; Poreda and Cerling, 1992 ; Stone, 2000)).

Enfin, il est possible que la stratégie d’échantillonnage soit à remettre en question. En effet,
nous avons échantillonné et amalgamé les basaltes et les andésites sans distinction comme cela
avait déjà été fait dans des études antérieures avec les andésites et les dacites (Blard, 2006 ; P. -H.
Blard et al., 2013), mais il est possible que ces deux types de roches aient des comportements dif-
férents, des histoires anté-dépôts différentes, des caractéristiques chimiques différentes... Afin de
vérifier cela, il faudrait donc étudier ces deux roches séparément et comparer leur concentration
en 3 He dans un même dépôt sédimentaire.
Chapitre 6

La région Est du Rif : La faille active


de Nekor

Sommaire
6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
6.2 Contexte géologique et structurale de la faille du Nekor . . . . . . . 191
6.2.1 Mise en place et âge de la faille du Nekor . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
6.2.2 Déformation néotectoniques et rotation des contraintes au Plio-Quaternaire 192
6.3 Etude de tectonique active de la faille du Nekor . . . . . . . . . . . . . 196
6.3.1 La sismicité instrumentale et historique enregistrées dans la région du Nekor196
6.3.2 Analyse morphotectonique de la faille active et des marqueurs morpholo-
giques de Nekor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
6.3.3 Datation "36 Cl" du plan de faille de Nekor et estimation préliminaire du
taux de glissement le long de cette structure majeure du Rif . . . . . . . . 210
6.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
190 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

6.1 Introduction
Dans ce chapitre, je présente tout d’abord le contexte géologique et structural détaillé de
la faille du Nékor et son rôle dans la mise en place des nappes de chevauchement du Rif. Je
présente ensuite les observations morphotectoniques réalisées sur cette faille.
En résumé, nous mettons en évidence l’inactivité de la faille du Nékor dans sa terminaison
NE scellée par les sédiments tortonien supèrieur-messinien. Une activité récente de la faille en
décrochement a été mise en évidence par des décalages de figures de drainage, dans sa partie
centrale. Dans son extrémité SW, la faille semble s’amortir sur des plis actifs et des chevauche-
ments aveugles. L’activité récente de la faille est soulignée par un déplacement cumulé de ∼250m
le long du réseau hydrographique et par des figures de drainage décalée. Dans sa partie centrale,
l’analyse d’un méandre perché, abandonné et décalé par la faille permet d’estimer une vitesse
moyenne de glissement de ∼1.5 mm/an.
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 191

6.2 Contexte géologique et structurale de la faille du Ne-


kor

6.2.1 Mise en place et âge de la faille du Nekor

La faille du Nekor est la faille majeure du Rif Central. Elle a un tracé net entre Arbaa
Taourirt et Boured (Figure 6.1b), et se poursuit de façon linéaire, plus ou moins bien marquée,
au NE et au SW sur environ 100 km en terre (Chalouan et al., 2006 ;Asebriy et al., 1993). La
faille du Nekor n’est pas formée par un plan unique mais constituée d’un ensemble de segments
formant une zone de cisaillement complexe. Elle marque le contact anormal entre le Crétacé
inférieur de l’unité géologique de Ketama au NW et le Miocène de l’unité de Temsamane au SE,
qu’elle décale latéralement en sénestre. Le rejet total estimé sur la faille est de l’ordre de 50 km
depuis le Tortonien (Leblanc, 1980), ce qui donnerait une vitesse moyenne de ∼5 mm/an.
Cependant, il semblerait que l’activité principale de la faille ait eu lieu durant le Messinien et
le Pliocène. Le rôle de cet accident majeur dans l’histoire géologique du Rif n’est pas clair : De
Lamotte et al (1991) et Chalouan et al (2006) l’interprètent comme une ancienne rampe latérale
qui aurait joué un rôle majeur lors du chevauchement des nappes vers le Sud-Ouest, tandis que
Favre (1995) la considère comme un simple accident vertical profond de type crustal. Leblanc
(1980) suggère que la faille du Nekor recoupe verticalement les nappes des zones internes avec
un jeu décrochant et s’enracine sous les unités superficielles charriées du Pré-Rif (zone externe).
Leblanc (1980) lui confère donc un rôle tardif dans la structuration de la chaine, associé à des
phénomènes de sous-charriages vers le Nord, ainsi que lors de l’expulsion du bloc Alboran vers le
WSW. Il la considère d’âge tortonien inférieur, synchrone des charriages tardifs (Leblanc, 1980).
Au niveau de sa terminaison sud, la faille semble se réorienter E-W et se poursuit par des
relais extensifs et des failles conjuguées, responsables de l’ouverture du bassin de Taounate, avant
d’être recouverte par les nappes de charriage du Prérif à l’Ouest (Ait Brahim and Chotin, 1989 ;
Asebriy et al., 1993).
Dans sa partie centrale, au niveau du village d’Arbaa Taourirt, la zone de contact anormale
est soulignée par une brèche gypsifère formant un affleurement étroit et rectiligne. Asebriy et al
(1993) compare cette zone de faille à une méga-fente de tension dont la contrainte principale σ1
serait parallèle au tracé NE-SW de la faille. La matrice gypseuse en très grande quantité semble
provenir du Trias (Leblanc and Olivier, 1984). Les olistolites contenus dans la brèche sont très
hétérogènes et regroupent des morceaux de socle, des débris de couverture post-triassique ainsi
que des marnes miocènes. L’origine de la brèche est encore débattue : certains auteurs considèrent
ce dépôt comme lié à un sillon marin étroit localisé dans la zone de l’accident (de Lamotte, 1987),
192 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

d’autres suggèrent qu’elle serait remontée de nappes sous-jacentes et donc liée à une tectonique
diapirique postérieure au Messinien (Leblanc and Olivier, 1984).
Dans sa partie NE, la faille borde le bassin de Boudinar et se manifeste de façon diffuse
par un ensemble de failles normales annexes tardives, ayant participées à l’individualisation du
bassin. La trace de la faille semble cachetée par les dépôts fini-tortonien/messinien de Boudinar
(Morel, 1989). Pinçé entre les unités de Ketama et de Temsamane aux abords de la ligne de faille
et associé à une forte anomalie magnétique, le massif péridotitique serpentinisé de Beni Malek se
présente avec un axe d’allongement parallèle à l’axe de la faille du Nekor (Michard et al., 1992).
La présence de ce corps profond en surface à proximité de la faille du Nekor joue en faveur
d’un épisode extensif antérieur. Les données magnétiques et de conductivité électrique en mer
(Demnati A., 1972) montrent que la faille de Nekor semble participer au couloir de décrochement
Trans-Alboran depuis le Tortonien (Leblanc and Olivier, 1984).
Les données sismiques suggèrent que la zone de faille du Nékor se réoriente actuellement à
l’Est après le cap de Ras Afraou avant de rejoindre la faille senestre du Cap des Trois Fourches
orientée N80˚E (Asebriy et al., 1993 ; Bourgois et al., 1992) (Figure 6.1b). A terre, les données
géophysiques montrent des anomalies de conductivité électrique et de champ géomagnétique
tout au long de la faille (Demnati A., 1972 ; LEGSP, 1977) et suggère un enracinement profond
de la faille.
La faille décrochante sénestre du Nekor dans le Rif combinée à son homologue décrochant
dextre dans les Bétiques (faille de Crevillantes) (Figure 6.1a) semble avoir joué un rôle impor-
tant lors de l’expulsion du bloc Alboran au Tortonien. D’après Leblanc and Olivier (1984), elle
s’étendait (et s‘étend encore ?) sur environ 700 km depuis le bassin du Rharb à l’Ouest jusqu’à
la zone de cisaillement Trans-Alboran au NE (Figure 6.1a).

6.2.2 Déformation néotectoniques et rotation des contraintes au


Plio-Quaternaire

La faille du Nekor aurait alterné des phases d’extension au Messinien sous forme de flexures
responsable de la subsidence dans le bassin de Boudinar et de la formation d’un graben le long du
couloir gypsifère NE-SW proche de l’oued Nekor (Asebriy et al., 1993). Au Plio-Quaternaire, les
mouvements verticaux se seraient inversés et une compression NNW-SSE se serait mise en place
permettant la formation de la ride de Taounate (Figure 6.3). Plusieurs failles annexes conjuguées
de la zone de déformation du Nekor enregistrent également cette rotation des contraintes (Ait
Brahim and Chotin, 1989).
Les études de sismicité et de microsismicité indiquent une dualité entre l’Ouest de la faille où
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 193

Figure 6.1: (a) Le rôle des grands décrochements lors de l’évolution de la mer d’Alboran au Miocène
supérieur. 1 : extension du bloc Alboran expulsé au Burdigalien, 2 : extension du bloc
expulsé au Tortonien, 3 : décrochement, 4 : front des charriages internes, 5 : front des
charriages externes (modifié d’après Leblanc, 1980). (b) Les différentes types de structures
observées le long du couloir de décrochement du Nekor par Asebriy et al (1993).
194 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

il y a une forte concentration de séismes et l’Est où la sismicité devient diffuse et faible (Asebriy
et al., 1993). Les études de populations de (micro)failles (Ait Brahim, 1986 ; Ait Brahim et al.,
2002 ; Rampnoux et al., 1977) mettent en évidence une différence de la direction du champ de
contrainte de part et d’autre de la faille du Nekor et confirment l’importance de cet accident
pour la distribution et l’accommodation de la déformation du Rif Central/Oriental. Cependant,
aucune activité sismique n’est directement liée à la faille du Nekor à proprement parler (Hatzfeld
et al., 1993).

Figure 6.2: Carte aéromagnétique de la zone de Temsamane-Ketama (modifié d’après Demnati A.,
1972). Trait pointillé : faille de Nekor, At : Arbaa Taourirt, Bd : Boudinar. L’encadré dans
le coin SE représente le modèle de faille proposé par Hatzfeld et al, 1993. Notons les deux
anomalies magnétiques alignées parallèlement à la faille de Nekor.

Les microséismes semblent indiquer une zone plus active au NW, à des profondeurs de 4 à 12
km, associée à des mécanismes au foyer en décrochement sénestre sur des plans probablement
N-S (Frogneux, 1980 ; Hatzfeld et al., 1993 ; van der Woerd et al., 2014).
Au Nord de la zone de faille du Nekor, les mécanismes aux foyers semblent indiquer globale-
ment une extension NE-SW. La localisation de la microsismicité est comparable aux anomalies
magnétiques et semble se concentrer non pas directement sur la trace de la faille du Nekor, mais
sur une ligne parallèle située tout de suite à l’Ouest (Figure 6.2). Ce qui a amené les auteurs
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 195

à proposer un modèle de faille pour expliquer l’accommodation de la déformation le long de la


zone de cisaillement du Nekor, en accord avec la lacune de sismicité et les mécanismes au foyer
normal-décrochant (Figure 6.2). Ils suggèrent une zone de cisaillement simple avec une distri-
bution de la déformation sur une large zone responsable de la formation de bassins extensifs
successifs limités par des failles normales-décrochantes (Figure 6.2).

Figure 6.3: Carte structurale et détermination des axes de contraintes de la région de Taounate au
Plio-Quaternaire (modifié d’après Ait Brahim and Chotin, (1989)).

En terme de tectonique active, Galindo-Zaldivar et al. (2009) et Rampnoux et al. (1977)


considèrent la faille du Nekor comme inactive en accord avec les études de sismicité de Hatzfeld
et al (1993) et Frogneux, (1980).
D’un autre côté, Meghraoui et al. (1996) en se basant sur des études de terrains et de paléo-
topographie (Aıt Brahim et al., 1990 ; Morel, 1987) estime un taux de convergence des plaques
de 2 à 3mm/an et un raccourcissement de ∼2,3 mm/an le long de l’accident Nekor depuis
le Pliocène. Ceci suggère une accommodation totale de la déformation régionale le long de la
structure de Nekor.
En accord avec les vitesses GPS trouvées par Vernant et al. (2010), le taux de convergence des
plaques Afrique/Eurasie est de ∼5mm/an et le report des vitesses GPS le long du tracé NE du
Nekor orienté N50˚E suggère une vitesse de glissement latérale de l’ordre de 3.6 ± 1.5 mm/an
et une composante normale de 1.9 ± 0.8 mm/an (Figure 6.4a). Le taux de raccourcissement
estimé à partir du GPS sur un tracé ∼E-W de la faille, au niveau de Taounate, est de 1.9 ± 0.8
196 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

mm/an avec une composante latérale du glissement estimée à 0.84 ± 0.4 mm/an (Figure 6.4a).
Récemment, Van der Woerd et al. (2014) décrivent des décalages sénestres de figures de
drainage dans l’extrémité NE de l’accident Nekor et estiment à partir de MNT des rejets cumulés
horizontaux de l’ordre de ∼100 m. Ils associent ces indices à une activité récente de la faille dans
sa partie NE, bien que Choubert et al (1984) et Morel (1989) confirment lors d’études de terrain
le scellement de la faille par les dépôts messiniens du bassin de Boudinar.

6.3 Etude de tectonique active de la faille du Nekor


La faille du Nekor est un accident décrochant majeur et correspond à une des deux structures,
avec la faille de Jebha, ayant accommodé une grande partie de la déformation de la chaine du
Rif depuis le Néogène.
D’après les études géologiques (Aıt Brahim et al., 1990 ; Meghraoui et al., 1996 ; Morel, 1987),
elle semble accommoder une grande partie de la déformation régionale actuelle. Pourtant son
activité tectonique récente n’est pas facile à démontrer, car d’une part elle recoupe des terrains
meubles (marnes de l’unité de Temsamane, couloir gypsifère du Nekor, schistes de l’unité de
Ketama) (Figure 6.4b) et d’autre part elle semble se propager sur une large zone de cisaillement.
Les études sismiques montrent une lacune sismique le long de cet accident, les mécanismes au
foyer indiquent une composante à la fois décrochante et normale entre 8 et 12 km de profondeur
et les études géologiques ne s’accordent pas sur l’activité de cette faille majeure.
La question se pose donc de l’activité ou non de cette faille et de sa cinématique actuelle.
Je me suis attaché à répondre à cette question en étudiant en détail certaines zones de cette
faille, à savoir : le segment NE au voisinage du bassin de Boudinar et la partie centrale proche
du village de Arbaa Taourirt. Des observations préliminaires dans la région de Taounate ont
également été effectuées et seront présentées succinctement. Une partie de ces résultats a fait
l’objet d’un article publié dans Journal of Geodynamics.

6.3.1 La sismicité instrumentale et historique enregistrées dans la


région du Nekor

La sismicité instrumentale de 1970 à 2014 indique une faible activité sismique le long de
l’accident du Nekor. Une majorité des séismes enregistrés ont une profondeur de nucléation
inférieure à 30 km et ne dépassent pas des magnitudes de 3. Cependant, on remarque quelques
évènements localisés à plus forte profondeur à l’aplomb du tracé de la faille. Quand on s’éloigne
de la faille, on remarque une disparité entre la partie Ouest très active sismiquement, et la partie
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 197

Est.

La faille du Nekor semble donc marquer une limite tant géologique, la faille souligne le contact
entre les unités de Ketama (Intrarif) et de Temsamane (Mesorif), que tectonique, avec la répar-
tition disparate des séismes, entre l’Est et l’Ouest. Les quelques mécanismes au foyer indiquent
surtout du décrochement. Il n’y a aucune donnée de sismicité historique, à ma connaissance, le
long de l’accident Nekor (pour des détails sur la sismicité instrumentale et historique de la zone
très active située au Nord, se reporter au chapitre 4).

6.3.2 Analyse morphotectonique de la faille active et des marqueurs


morphologiques de Nekor

L’analyse détaillée des images Pléiades (<1m de résolution), du MNT construit à partir de
ces images (∼5m résolution) et du Modèle Numérique de Terrain (MNT) provenant des images
SPOT5 permet d’identifier le tracé de la faille et les déformations de surface associés à une
échelle plurikilométrique. L’analyse des photographies aériennes au 1 :30,000 permet de préciser
la cartographie des objets géomorphologiques. Enfin, l’observation de terrain couplée à l’analyse
d’un MNT haute résolution réalisé grâce au GPS cinématique RTK (Trimble R8) permet une
mesure précise de la cinématique de la faille. Dans ce chapitre, les deux approches sont couplées
car les structures sont difficilement observables et interprétables en utilisant uniquement les
données d’imagerie.
La faille du Nekor est subdivisée en trois zones d’études : l’extrémité Nord-Est du Nekor
(Boudinar), la zone centrale du Nekor (Jebel Irza) et la zone de Taounate au Sud-Ouest. La
première zone d’étude sera présentée brièvement car elle ne montre pas de signe d’activité récent.

6.3.2.1 L’extrémité NE de la faille du Nekor (Boudinar)

Le long de la bordure Sud-Est du bassin de Boudinar au niveau du tracé cartographique


de la faille du Nékor (Figure 6.5a), aucun indice de déformation récente est observé dans la
morphologie, ni au niveau du réseau hydrographique, ni au niveau des formations quaternaires
qui jalonnent la base des reliefs (colluvions de pente, alluvions de talweg) (Figure 6.5b,c,d).
Malgré un héritage topographique important marqué par une rupture de pente prononcée au
pied des reliefs qui semble indiquer une ancienne composante normale, la faille est scellée par
des dépôts messiniens dans le bassin et plus récemment par une forte épaisseur de colluvions sur
la pointe de Ras Afraou (Figure 6.5c). Ces éléments indiquent que la faille du Nekor n’est plus
198 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

Figure 6.4: (a) Carte de la région de Nekor regroupant les données de sismicité instrumentale, les
mécanismes au foyer (d’après Meghraoui, 1996), les vecteurs GPS et la toponymie. Les
rectangles verts indiquent les vitesses de glissement le long de la faille de Nekor estimées
à partir des données GPS : en rouge, le taux de glissement latéral ; en noir, le raccour-
cissement. (b) Carte géologique de la région de Nekor. Les rectangles noirs localisent les
Figures 6.6, 6.7 et 6.12
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 199

active dans sa partie Nord-Est sur toute la bordure Sud du bassin.

Figure 6.5: (a) Image Bing de la région Nord-Est du Rif au niveau du massif du Ras Tarf. (b) Image
GoogleEarth de la terminaison NE de la faille de Nekor. Notons la morphologie émoussée
du relief au contact de la faille et son recouvrement par une large surface continentale. (c)
Photographie du dépôt de colluvions épais qui recouvre le bedrock (schiste) et moule la to-
pographie de l’escarpement de faille du Nekor. (d) Photographie du contact des colluvions
sur la faille qui montre qu’elle est scellée.

6.3.2.2 Le segment central du Nekor (Jebel Irza)

L’étude des MNT et des images spatiales a permis de cartographier la zone de déformation
associée à la faille de Nekor. Elle apparait très clairement sur ∼10 km de long au Sud du village
de Arbaa Taourirt puis semble disparaitre sous une série de glissement de terrain vers le SW
(Figures 6.6 et 6.7). Son tracé est net et relativement linéaire.
De nombreux indices de déformation quaternaire ont été observés le long du segment de 10 km
situé sur le Jebel Irza, à proximité du village d’Arbaa Taourirt (Figure 6.4a). Le premier indice
de déformation se trouve sur le flanc Sud-Ouest du Jebel Irza. La trace de la faille est clairement
visible car marque le contact entre les marnes jaunes du Mio-Pliocène au NW (cartographiées en
bleu sur la Figure 6.4b), soulignées par l’absence de végétation et sur lesquelles reposent un dépôt
200 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

fin de conglomérats pliocènes, et la brèche gypsifère du Miocène constituée de larges blocs de


marnes et de calc-schistes constituant le couloir de déformation du Nekor (Figure 6.8b). Le long
de ce contact, la présence de marqueurs morphotectoniques suggère une activité récente de la
faille (Figure 6.9a). Deux figures de drainages décalés nous permettent de définir la cinématique
de la faille.

Figure 6.6: MNT (résolution 5m) du couloir de déformation de Nekor, le long de l’oued Nekor, construit
à partir des images Pléiades.

Le premier marqueur décalé correspond à un thalweg de forme incurvée perché sur une falaise
de 30 m de haut et de ∼400 m de long constituée de calc-schistes et de gypse et correspondant
au plan de la faille (Figures 6.8a-1 et 6.9b1,b2).
Les parties amont et aval de ce méandre abandonné sont recoupés par la faille qui semble
les décaler verticalement de 30 m par rapport au drain principal d’écoulement qui se trouve
en contrebas de la falaise. Un ressaut vertical de ∼2m dans les formations gypseuses marque
l’intersection entre la terminaison aval de ce méandre et la faille. En amont, le méandre perché
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR
Figure 6.7: (à gauche) Image GoogleEarth du Jebel Irza. Les flèches blanches situent la trace de
la faille. Les rectangles blancs localisent les figures 6.8a, 6.8b et 6.10c. (à droite) Image
Pléiade (résolution 1m) et carte topographique (Tizi Ousli, 1 :50,000) sur laquelle les
segments de faille considérés actifs ont été tracés en trait plein rouge. Notons le long de
l’accident la présence de relais extensifs disposés en échelon (milieu du tracé), d’une large
bande de déformation (notée shear zone) et d’une source réactivée lors du séisme d’Al-
Hoceima. Les segments en pointillés parallèles au tracé de la faille active correspondent
aux traces de l’ancienne faille marquée par la limite lithologique grès/marnes. Le rectangle

201
noir localise la figure 6.9a.
202 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

Figure 6.8: (a1, a2) Photo aérienne de la faille de Nekor sur le Jebel Irza et schéma morphostructural
associé. Les marqueurs morphotectoniques observés en 1 et 2 sont décrits en détail dans la
figure 6.9. (b) Photo aérienne de drains alignés sigmoïdaux sur la faille du Nekor. (c) Photo
du plan de faille de Nekor et ses stries horizontales. (d) Panorama de drains sigmoïdaux
observés le long de la faille de Nekor.
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 203

débute sur une large encoche associée à une ride dont la continuité se retrouve décalée de l’autre
côté de la faille (Figure 6.9b1, b2). Le drain principal actif situé au Nord-Ouest de la faille, le long
de la falaise, est fortement incisé dans les marnes jaunes néogènes. En amont, immédiatement
au Sud-Ouest du méandre abandonné, on remarque un ensemble de surfaces planes à la même
altitude semblant appartenir à une seule et même surface ré-incisée par la rivière. Ces surfaces
creusées dans le substratum marneux correspondent à un ancien niveau de base de la rivière
dont l’altitude est la même que celle du méandre perché (Figure 6.8a, en figuré maillé, et Figure
6.10c).
Le deuxième marqueur a été observé 400 m au Nord-Est du méandre perché. Il correspond à
un drain décalé latéralement dans l’alignement du marqueur précédent (Figures 6.8a-2 et 6.9d,
e). Ces deux figures morphotectoniques indiquent clairement un déplacement décrochant senestre
récent le long de la faille. Une campagne de mesure de microtopographie a été effectuée avec
le GPS cinématique afin de cartographier précisément les marqueurs. Les estimations faites à
partir des photos aériennes et des données du GPS indiquent un rejet cumulé horizontal le long
du méandre perché de 42 ± 5 m (Figure 6.9c) et de 25 ± 2 m (Figure 6.9e) sur le drain décalé
latéralement.
De part et d’autres de la faille, de nombreuses figures d’incision ont été observées associées
à des surfaces de dépôts. Au Sud de la faille, des incisions profondes de plusieurs dizaines de
mètres entaillent des dépôts de remplissage stratifiés résultant du remaniement des terrains
marneux environnants (Figure 6.10c). Ces surfaces planes ré-incisées couvrent toute la largeur
du lit de l’oued Sidi Aisa depuis la zone de faille sur le flanc Sud du Jebel Irza jusqu’aux
pieds du massif situé ∼ 500m plus au Sud et semblent correspondre à de larges terrasses
alluviales. Ces larges dépôts alluviaux situés à proximité du couloir de déformation du Nekor
peuvent être associés à l’activité de la faille mais semble lié à un phénomène de surrection
généralisé comme l’indiquent d’autres figures d’incision observées dans la chaine. Les incisions
profondes découpant ces dépôts de remplissage suggèrent un changement d’équilibre du profil de
rivière associé soit à une modification climatique, soit à un soulèvement tectonique, soit les deux.

Notons que l’oued Nekor situé au Nord de la zone de faille présente également sur ses flancs
de nombreuses surfaces alluviales perchées visibles par leur morphologie en escalier. Cela suggère
une incision importante datée au Quaternaire.
La continuité SW de la faille est visible sur les images satellites et aériennes bien qu’elle
disparaisse parfois sous des loupes de glissement de terrain (Figures 6.6 et 6.7). Nous l’avons
suivi jusqu’au village de Boulma où elle est marquée par une zone de cisaillement intense.
Sur l’extrémité Sud-Ouest du massif d’Irza avant le village de Boulma, deux segments de
204
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR
Figure 6.9: (a) MNT du Jebel Irza réalisé avec le GPS cinématique, sur lequel sont reportées la faille senestre du Nekor, les failles normales
secondaires et le réseau hydrographique. (b1, b2) Photos de terrain du méandre perché sur la faille de Nekor (voir le texte
pour plus de détails). (c) MNT de la faille de Nekor au niveau du méandre perché et reconstitution de la position initial du
méandre. (d) Photo de terrain de drain décalé par la faille de Nekor. (e) MNT d’un drain décalé latéralement par la faille de
Nekor et estimation du décalage total.
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 205

faille semblent se dessiner en parallèle : un segment est marqué à flanc de massif par le contact
lithologique entre les formations gréso-pélitiques de Ketama au Nord-Ouest qui semblent sur-
monter les marnes néogènes au Sud-Est, soulignées par l’absence de végétation (Figure 6.10a).
Très net dans le paysage, ce segment de faille ne présente pas de marqueurs morphologiques
déformés, il est interprété comme inactif et correspond probablement à l’ancien tracé de la faille
comme en témoignent les figures de fracturation intense observées au contact grès/marnes.

Figure 6.10: (a) Photo du contact lithologique et tectonique de la faille du Nekor aux alentours du
village de Boulma. (b) Photo du contact lithologique et tectonique de la faille du Nekor
prise depuis le village d’Arbaa Taourirt. (c) Photo des surfaces alluviales incisées au
Sud du couloir de Nekor. (d) Source thermale observée au village de Boulma sur un des
segments de la faille de Nekor.

Le deuxième segment situé à une centaine de mètres au Sud est plus diffus et s’observe mal
sur l’ensemble du massif. Les photos aériennes seules ne permettent pas de le suivre précisément.
Sur le terrain, ce segment est marqué par une série de failles normales de petites envergures en
échelon constituant un ensemble de relais extensifs (Figure 6.9a). Construites dans les dépôts
marneux, ces failles normales affectées d’un faible rejet se poursuivent sur une centaine de mètres
le long du segment principal.
Plus au Sud, un escarpement de faille construit dans les dépôts gypseux décale verticalement
et latéralement en senestre les dépôts marneux néogènes (Figure 6.11a, b, c). L’estimation faite
à partir de MNT haute résolution sur un thalweg indique un décalage latérale senestre de 22
± 2m et verticale de ∼2m (Figure 6.11d). La faille se poursuit vers le SW et s’observent très
clairement sur quelques centaines de mètres car elle marque le contact lithologique net entre les
marnes grises et le gypse d’aspect plus clair (Figure 6.11a). Quelques escarpements de failles
206 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

sont observés sur le parcours de la faille mais il est difficile d’estimer une cinématique exacte de
la faille en partie à cause de la mollesse des terrains.

Figure 6.11: (a) Image GoogleEarth de la continuité SW de la faille de Nekor au sud du Jebel Irza. Les
flèches blanches indiquent le tracé de la faille. Les traits en pointillés soulignent la limite
lithologique correspondant à l’ancien chevauchement de l’unité de Ketama sur l’unité de
Temsamane. (b) Photo de terrain de l’escarpement d’un segment normal-décrochant de la
faille de Nekor. Les flèches noires indiquent la trace de la faille, le cercle indique l’échelle.
(c) Agrandissement de la photo précédente. (d) MNT de la zone de faille réalisé au GPS
cinématique et coupes topographiques le long de la faille montrant un rejet horizontal de
22 ± 2m et vertical de ∼2m. Les traits en pointillés localisent les coupes.

Au niveau du village de Boulma, la faille semble venir se brancher à une large zone de
déformation (notée « shear zone » sur la Figure 6.7) marquée par une intense fracturation et
associée à tout un réseau de fractures ponctuée de sources thermales (Figure 6.10d). Aucun
indice de déformation récente n’a été observé sur le terrain mais la trace de la faille se poursuit
clairement au Sud-Ouest marquée par des escarpements gypseux situés ça et là. 1
1. Des habitants du village de Boulma affirment qu’une des sources principales, s’étant tarie quelques années
auparavant, a été réactivée suite au séisme d’Al-Hoceima de 2004, et qu’ils ont également ressenti la secousse à
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 207

La continuité NE de la faille de Nekor sur l’extrémité du Jebel Irza est bien marquée dans
le paysage par le contact lithologique (Figure 6.10b). La trace de la faille recoupe ensuite un
ensemble de drains sigmoïdaux (Figure 6.8b et d) secondaires alimentant l’oued Nekor. Les
décalages estimés à partir des photos aériennes sont compris entre 100 et 270 m. La faille recoupe
ensuite l’oued Tarzout (Figure 6.8b) où elle est marquée par un plan de faille vertical bien défini
affleurant sur la rive droite de la rivière. Le plan est caractérisé par des stries horizontales
indiquant un jeu purement décrochant (Figure 6.8c). La faille semble ensuite se connecter au
segment de Bou Haddad au Nord, correspondant lui-même à la continuité Sud de la faille de
Trougout (cf chapitre 4).
Une large zone de déformation affleurant sur la route N2, entre les figures de drains sig-
moïdaux et l’escarpement de Bou Haddad, marque le passage de l’accident du Nekor avec une
direction NNE-SSW.

6.3.2.3 Le segment Sud-Ouest du Nekor (Taounate)

La zone de Taounate a été très peu étudiée et je présente seulement quelques résultats mor-
photectoniques préliminaires. Ces résultats suggèrent d’après les indices de déformation observés
sur le terrain, une incurvation du tracé de la faille de Nekor vers l’Ouest et une composante ver-
ticale qui semble se surimposer au jeu décrochant de la faille (Figure 6.12a et b).
L’étude du MNT SPOT5 a permis de suivre le tracé de l’accident Nekor depuis Arbaa
Taourirt jusqu’à Taounate. Le tracé de la faille est net et rectiligne et soulignée par le
réseau hydrographique (Figure 6.12a et b). Lorsque la faille arrive dans la région de Taou-
nate, elle se ré-oriente progressivement et semble connecter d’autres segments secondaires.
Le segment principal de la faille utilise l’héritage structural et se positionne sur la limite
chevauchante entre le miocène post-nappes (grès, marnes) et les unités du Mésorif interne
(schistes marneux). Le couloir de déformation constitué des brèches gypseuses rencontré
au NE a totalement disparu. Ce segment marque une limite topographique bien nette sur le
MNT entre la zone montagneuse au Nord et une zone de pénéplaine au Sud (Figure 6.12a et b).

Ce changement de topographie se traduit au niveau du réseau hydrographique par un élar-


gissement du lit des rivières (Figure 6.12d) et une accentuation des dépôts de terrasses alluviales
à l’exutoire des reliefs.
Les segments secondaires observés proche de la ville de Taounate se connectent à la faille
de Nekor avec une direction SE-NW (Figure 6.12a). Ils marquent également une limite topogra-
phique prononcée entre les reliefs au Nord et la plaine au Sud. Ces segments mettent en contact
50 km de l’épicentre.
208 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

Figure 6.12: (a) MNT SPOT5 du couloir de faille de Nekor depuis Arbaa Taourirt (NE) jusqu’à Taounate (SW),
sur lequel sont reportés le réseau hydrographique, la trace de la faille, la toponymie, les sites d’études
et les diagrammes stéréographiques des structures mesurées sur le terrain. (b) MNT GoogleMap de
la zone de faille correspondant à un agrandissement de la figure a. Les flèches rouges indiquent les

ville de Taounate. La flèche noire indique le galet comme repère. (d) MNT local et photos de terrain
segments de failles. (c) Photos d’affleurement et schéma interprétatif d’une faille observée dans la

montrant les marqueurs morphologiques observés au Nord de Taounate sur la faille de Nekor.

les schistes crétacés et les unités gréso-marneuses du Mio-Pliocène. Sur le terrain, trois zones ont
été étudiées : deux zones sur le segment principal de la faille de Nekor (Figure 6.12d et Figure
6.13) et une zone sur le segment secondaire qui traverse la ville de Taounate (Figure 6.12c).

Dans la zone située au Nord de Taounate, sur la route reliant Taounate à Ketama, une figure
de drainage perchée sur une crête orientée N-S et désolidarisée du réseau hydrographique a été
observée (Figure 6.12d3). Interprétée comme une ancienne vallée perchée, elle semble afficher
un axe Est-Ouest. Associée à ce marqueur, à l’extrémité de la crête on observe une structure
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 209

∼E-W bombée et marquée par une forte rupture de pente sur laquelle affleurent des bancs de
grès (Figure 6.12d1 et d2). Cette structure est encadrée à l’Est et à l’Ouest par deux oueds
circulant du Nord vers le Sud. Dans l’un des oueds, nous avons observé à la base de la structure
des lits de conglomérats basculés recouvrant des bancs de grès.

Figure 6.13: Photo montrant une surface alluviale basculée le long de la faille de Nekor.

Cette structure est interprétée comme une flexure liée au jeu d’une faille aveugle, puisqu’au-
cun marqueur de cette faille en surface n’a été observé. Cette flexure serait responsable d’un
soulèvement local expliquant la présence de la figure de drainage sur la crête. Le marqueur
hydrographique est récent et suggère une déformation active. L’axe de cette vallée perchée est
perpendiculaire à la direction d’écoulement des deux oueds adjacents. Cela pourrait suggérer que
cette vallée aujourd’hui perchée à ∼80m au-dessus des deux oueds actifs servait de connexion
entre les deux oueds qui n’en formait qu’un seul. Avec le soulèvement du massif, la vallée est
abandonnée et la connexion entre les deux oueds se fait alors plus au Sud.
Le long de la faille principale de Nekor, sur la route d’Al-Hoceima, nous avons observé
plusieurs dépôts de conglomérats faiblement consolidés correspondants à des terrasses alluviales
récentes de l’oued Ouerrha situé en contrebas de la route. Ces dépôts sont basculés et affichent
un pendage de 80˚N, suggérant une déformation verticale récente (Figure 6.13). Enfin, dans la
ville de Taounate, un escarpement de faille de faible envergure a été observé. Les observations
de terrain et les données de glissement mesurées sur le plan de faille (N160˚E/38˚NE, pitch de
50˚S) indiquent clairement un jeu décro-chevauchant de la faille avec une composante principale
en chevauchement (Figure 6.12b). Des dépôts de conglomérats à matrice gréseuse faiblement
consolidée constitués de lits de galets très arrondis sont affectés par la faille et se réorientent
210 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

selon la direction de son plan. L’âge des dépôts de conglomérats est Plio-Quaternaire et aucun
dépôt postérieur ne vient recouvrir cet escarpement, ce qui suggère une activité Plio-Quaternaire
et peut-être plus récente de cette faille secondaire.

6.3.3 Datation "36 Cl" du plan de faille de Nekor et estimation prélimi-


naire du taux de glissement le long de cette structure majeure
du Rif
Je présente les résultats des datations d’exposition successive du plan de faille de Nekor
36
obtenus avec la méthode « Cl ».

6.3.3.1 Stratégie d’échantillonnage de la faille de Nekor

La faille du Nekor, bien que possédant un tracé rectiligne très net dans la morphologie, re-
coupe des terrains peu compétents du Miocène constitués pour l’essentiel de marnes, de grès ou
encore de gypse. Il a donc été très difficile d’une part, de trouver des marqueurs morphologiques
suffisamment bien préservés et d’autre part, des dépôts, constituant ou recouvrant ces mar-
queurs, suffisamment indurés et préservés pour tenter d’y effectuer des datations. En effet, vu la
mollesse de la morphologie et la faible compétence des terrains qui la constituent, nous n’avons
observé que peu ou pas de dépôts susceptibles d’être datés. Par exemple, le bassin versant ali-
mentant le méandre perché avant son abandon ne contient que des roches très érodables de type
marnes. Quelques galets provenant probablement de couches conglomératiques pliocènes supé-
rieures ont été trouvés mais en quantité trop faible pour utiliser l’une ou l’autre des méthodes de
datation d’exposition. Les figures de déformation observées dans le réseau hydrographique dans
la partie NE de la faille ne présentent aucune surface potentiellement datables. Enfin, l’étude
morphotectonique de l’extrémité SW de la faille n’a pas permis d’identifier des dépôts datables.
La seule façon d’estimer des âges le long de Nekor a été de s’appuyer sur les quelques plans
de failles affleurant au niveau de la zone d’Arbaa Taourirt (cf. section 6.3.2.2) : le plan de faille
associé au décalage du méandre perché et le plan de faille observé le long de la figure de drainage
sigmoïdale.
Nous avons donc échantillonné ces deux marqueurs constitués d’une brèche gypseuse dans
laquelle affleurent ponctuellement des olistolites de plusieurs mètres de diamètre. Ces gros blocs
sont pour la plupart des calc-schistes et schistes sériciteux affectés par un métamorphisme épi-
zonal qui se sont mis en place au front des nappes de charriage, puis ont été démantelés et noyés
dans une matrice constituée essentiellement de gypse. Ces détails ont leur importance sur le
choix de la méthode de datation. En effet, ces blocs ayant une composition minéralogique riche
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 211

36
en carbonate, nous nous sommes orientés vers la méthode de datation cosmogénique Cl (cf
chapitre 3).
Le plan de faille sur lequel se trouve le méandre abandonné a été fortement altéré car a subi
en premier lieu, l’incision de la rivière lors de l’abandon du méandre, puis l’érosion aérienne
depuis sa mise à l’exposition. De plus, nous avons remarqué que les dépôts de marnes néogènes
en place recouvrent localement le plan de faille à la base. Ces informations ont été prises en
compte lors de l’échantillonnage.
Nous avons échantillonné les blocs de calc-schistes sur le plan de faille le long d’un profil ho-
rizontal parallèle au vecteur glissement de la faille (Figure 6.14a et b). Une certaine distance par
rapport à la surface devait être respectée afin d’une part, d’atteindre la profondeur d’atténua-
tion des muons pour s’affranchir de cette contamination supplémentaire en Cl et d’autre part,
de ne pas échantillonner la partie basse du plan de faille ayant subi à la fois l’incision alluviale
puis l’érosion de surface. Le plan de faille du méandre abandonné mesurant plus de ∼20m de
hauteur, nous avons réalisé un échantillonnage à l’aide d’une corde d’alpinisme amarrée à un
arbre au niveau de la surface surplombant la falaise, l’échantillonneur harnaché à la corde ainsi
fixée pouvant descendre ou monter à loisir le long de celle-ci. Un décamètre a été tendu sur le
rebord du plan de faille afin d’échantillonner avec un pas régulier tandis qu’un autre décamètre
permettait de mesurer la profondeur d’échantillonnage.
Le profil d’échantillonnage débute à la ride observée en rive droite et se poursuit sur ∼50
m jusqu’au niveau de la même ride située en rive gauche. Les échantillons ont été récoltés
horizontalement tous les ∼5 mètres et à des profondeurs variant de 5.5 à 8.5 mètres en fonction
de la présence de blocs dans la matrice (Figure 6.12c). Des blocs ont également été échantillonnés
en surface afin d’estimer un taux d’érosion en considérant la production de surface à l’état
d’équilibre (cf chapitre 3). Le pas d’échantillonnage est trop espacé pour pouvoir espérer observer
des épisodes d’exposition successifs qui correspondraient chacun à un évènement sismique. Les
âges obtenus, bien qu’entachés de nombreuses incertitudes, couplés à l’analyse morphotectonique
nous permettent toutefois d’estimer une vitesse de glissement.

6.3.3.2 Ages d’exposition et vitesse de glissement de la faille de Nekor

Dix échantillons ont été récoltés sur un profil horizontal d’une cinquantaine de mètres, le
long du plan de faille correspondant à la falaise en rive droite du vallon (Figure 6.1).Huit échan-
tillons ont pu être analysés (deux échantillons ont été totalement dissous lors de la phase de
préparation chimique et n’ont pu être exploités). L’ensemble des échantillons a été analysé en
éléments traces au LA-ICP-MS (Géosciences Montpellier) afin d’identifier et de corriger toutes
36
les sources de production du Cl non-cosmogénique, notamment le 35 Cl radiogénique découlant
212 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

Figure 6.14: (a) Carte de pentes du méandre perché sur la faille de Nekor construite à partir du
MNT haute résolution. O et O’ sont les points repères correspondant au drain décalé de
part et d’autre de la faille. (b) Bloc 3D schématique représentant le décalage sénestre
du drain abandonné et les points d’échantillonnage sur le plan de faille. Les traits en
pointillés indiquent la nouvelle direction d’écoulement empruntée par la rivière suite aux
déplacements co-sismiques successifs de la faille. (c) Photo du plan de faille où sont
reportés les points d’échantillonnage avec leur profondeur et leur distance.

de la désintégration de l’U et du Th. Les résultats sont présentés dans le Tableau 6.1.
Les échantillons NEK 2 et NEK 9 ont été totalement dissous lors de la préparation chimique.
Ils n’ont donc pas été analysés. Les échantillons notés NEK39, NEK44 et NEK49 sont situés
hors du plan de faille, sur la surface alluviale abandonnée, et sont considérés à l’état d’équilibre
(Tableau 6.1, Figure 6.15). Ils ont été récoltés afin d’estimer un taux d’érosion pour le site. Ils ne
seront donc pas pris en compte lors de l’estimation de la vitesse de glissement le long de la faille.
Le taux de production (par spallation sur Ca) utilisé est de 42 at/g (Ca)/an (Schimmelpfennig,
2009) et nous avons estimé un écrantage de 50% pour tous les échantillons, correspondant au
masque engendré par le plan de faille vertical.
En premier lieu, les résultats montrent des concentrations en [Cl] total très élevées pour
l’ensemble des échantillons (Tableau 6.1, Figure 6.15). Ces valeurs sont de l’ordre de 100 à
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 213

Table 6.1: Concentrations en 36 Cl et chlorure dans les carbonates déterminées par AMS (Accelerator
Mass Spectrometry) au CEREGE (Aix-en-Provence). Les taux de production ont été calculé
en utilisant une valeur de 42 at/g(Ca)/an et le facteur d’échelle de Stone (2000). Les
échantillons NEK 2 et NEK 9 ont été totalement dissous lors de la préparation chimique.

Figure 6.15: Distribution des concentrations en 36 Cl le long d’un profil horizontal sur la faille de Nekor
(rond rouge). Plus la distance à l’origine augmente, plus le temps de mise à l’exposition
diminue. La profondeur des échantillons est indiquée en noir. Les échantillons dans la par-
tie grisée ont été collectés en surface. Ils ne seront donc pas considérés lors de l’estimation
du taux de glissement.

400 ppm avec un maximum de ∼1360 ppm pour les échantillons de surface. Elles sont bien
supérieures aux valeurs utilisées pour les calibrations qui sont de l’ordre de ∼50 ppm. Cela
semble indiquer une forte concentration de [Cl] naturel dans tous les échantillons, ce qui rend
difficilement quantifiable l’estimation des âges d’exposition.
36
Les valeurs de concentrations en Cl pour les échantillons en profondeur (NEK 13 à NEK
34) montrent une diminution progressive horizontalement le long du plan de faille, ce qui est plu-
214 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

tôt cohérent (Figure 6.15). Cependant, les deux derniers échantillons (NEK 29 et NEK 34), qui
devraient avoir été mis à l’exposition en dernier montrent une légère augmentation de concen-
tration. On remarque que les échantillons NEK24 et NEK34 à moindre profondeur ont une forte
concentration, cela indique une influence muonique sur la production.
Le pas d’échantillonnage étant trop élevé pour tenter de reconstruire l’histoire sismique de
cette faille, je m’intéresse uniquement au déplacement cumulé total le long de la faille et aux
âges relatifs entre chaque échantillon. Si je considère que les échantillons NEK 39 à 49 sont
à l’état d’équilibre, j’obtiens un taux d’érosion de 80 m/Ma. En injectant ce taux d’érosion
dans les estimations d’âge d’exposition, j’obtiens des valeurs négatives pour certains des échan-
tillons, ce qui suggère soit un taux d’érosion estimé trop faible, soit un héritage en Cl trop élevé.

Table 6.2: Ages d’exposition déduits des concentrations en 36 Cl cosmogénique d’échantillons prélevés
sur le plan de faille de Nekor, pour deux valeurs d’érosion (175 et 0 m/Ma) et pour un
écrantage topographique de moitié lié à l’escarpement.

Figure 6.16: Distribution des âges d’exposition déduits des concentrations en 36 Cl pour les échantillons
NEK13 à NEK34. Les âges obtenus avec érosion sont représentés en losanges noirs, les
âges obtenus sans érosion sont figurés par les cercles rouges. Les deux segments tracés
correspondent aux droites de régression utilisées pour l’estimation de la vitesse moyenne
de glissement le long de la faille avec et sans érosion.

En prenant un taux d’érosion maximum (e=175m/Ma) correspondant à l’échantillon NEK24,


les âges obtenus sont 9.6 ± 1ka (NEK13), 2.2 ± 0.3ka (NEK18), 1.1 ± 0.1ka (NEK29) et 2.1 ±
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 215

0.2ka (NEK34) avec des valeurs de Chi2 comprises entre 1 et 9 (Figure 6.16, Tableau 6.2). La
vitesse moyenne de glissement obtenue par régression est de 1.7 ± 0.5 mm/an.
Pour des calculs d’âges relatifs, en considérant que l’héritage et les taux d’érosion sont nulles
pour les cinq échantillons récoltés, je trouve des âges de 14.8 ± 1.5 ka (NEK13), 7.2 ± 1.1
ka (NEK18), 6.7 ± 0.6 ka (NEK24), 7.9 ± 0.9 ka (NEK29) et 8.9 ± 0.7 ka (NEK34), pour
des valeurs de Chi2 inférieure à 1 (Figure 6.16). La vitesse moyenne de glissement obtenue par
régression est de 1.2 ± 0.4 mm/an. Nous retiendrons une vitesse de glissement de la faille de
Nekor comprise entre 1.2 et 1.7 ± 0.5 mm/an.

6.4 Discussion des résultats


L’analyse morphotectonique détaillée de la faille de Nekor nous permet de mettre en évidence
une activité récente de la faille, contrairement aux études antérieures qui suggéraient que la faille
était inactive (e.g. Galindo-Zaldivar et al., 2009 ; Hatzfeld et al., 1993).
Le long de la faille, les observations montrent clairement des déplacements senestres affectant
le réseau de drainage sur le Jebel Irza, à proximité du village d’Arbaa Taourirt, et dans la zone
située entre l’oued Tarzout et l’oued Sidi Aisa, au Nord-Est du Jebel Irza. Les déplacements
cumulés les plus importants estimés à partir des marqueurs morphologiques sont de l’ordre de
∼250m (Figure 6.8). Dans sa partie centrale, la faille apparait découpée en plusieurs segments
reliés les uns aux autres par une succession de relais extensif (Figures 6.9, 6.11, 6.15 et 6.17).
La terminaison NE de la faille, en limite Sud du bassin de Boudinar ne montre aucune
évidence de déformation récente et est scellée par les dépôts messiniens et plus tardivement par
une forte épaisseur de colluvions (Figure 6.5). A proximité du massif serpentinisé de Beni Malek,
au Sud-Ouest du bassin de Boudinar, la faille de Nekor semble se réorienter et se connecter avec
les failles ∼N-S normales qui contrôlent l’effondrement de la baie d’Al-Hoceima au Nord (Figure
6.17).
Comment expliquer la fin d’activité du segment NE de la faille et sa réorienta-
tion ∼N-S ? L’évolution géodynamique de la région et les réorientations du champ
de contrainte qui en ont découlées dans le Rif depuis le Tortonien (Ahmamou
and Chalouan, 1988 ; Ait Brahim et al., 2002) ont-elles eu une influence sur la
réorganisation des zones actives ?

L’activité récente en transtension au niveau de la baie d’Al-Hoceima (cf chapitre 4) et la mise


en place des horsts et grabens a probablement conduit à la capture de la faille de Nekor vers le
Nord ce qui aurait engendré à la même période la fin d’activité de son segment Nord-Est. Cette
216 CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR

Figure 6.17: Carte synthétique de la faille du Nekor avec le vecteur vitesse GPS reporté en pointillé
et la vitesse moyenne de glissement horizontal déduite de notre étude morphotectonique.
En bleu :vitesse de glissement horizontale.

variation d’activité au moins datée au Plio-Quaternaire (cf chapitre 4) semble localisée au Nord
du Rif. Les variations
Dans sa partie SW, aux abords de Taounate, le tracé de la faille s’incurve vers l’Ouest et
semble se connecter à la structure héritée de l’épisode de chevauchement des nappes et pos-
térieurement, de la formation de la ride de Taounate (Ait Brahim and Chotin, 1989) (Figures
6.12, 6.15 et 6.17). Malgré l’absence d’escarpement de faille en surface, la présence d’une vallée
perchée sur un des segments de la faille de Nekor au Nord et de dépôts alluviaux basculés à
l’Est de la ville de Taounate, suggèrent une composante verticale chevauchante de la faille. La
déformation semble donc s’accommoder le long de plis et de failles aveugles comme c’est le cas
dans la partie Ouest et Sud du Rif (cf chapitre 7 et Leroux-Mallouf, R. (2013)).
La faille de Nekor présente donc des signes d’activité tectonique récente sur plus de 100km
entre les zones d’Arbaa Taourirt, où elle apparait avec une orientation NE-SW et un jeu purement
décrochant, et de Taounate, où elle affiche une direction globalement ∼E-W associée à une
composante chevauchante(Figure 6.17). Le comportement de la faille à son extrémité Ouest
reste encore méconnu : La faille se connecte-t‘elle sur la continuité Sud-Ouest du Front Sud
Rifain aux abords du bassin du Rharb ? Se poursuit-elle à l’Ouest le long de la limite des nappes
CHAPITRE 6. LA RÉGION CENTRALE DU RIF : LE NEKOR 217

chevauchantes du domaine externe, vers les plis actifs de la région de Larache (Leroux-Mallouf,
in prep) ?
Concernant les datations, il apparait clairement que la concentration en [Cl] naturel est trop
élevée pour espérer quantifier de façon absolue l’âge d’exposition des échantillons. De plus, la
géométrie complexe et l’altération du plan de faille de Nekor ainsi que l’échantillonnage dis-
persé tant en horizontal qu’en vertical et la part d’incertitude liée aux différents processus de
36
production du Cl, biaisent les estimations d’âges d’exposition sur la faille de Nekor. Enfin, la
présence majoritaire de gypse dans la constitution du plan de faille peut également entrainer
un biais supplémentaire dans les estimations de Cl cosmogénique. En effet, le radio-isotope de
35 40 35
S contenu naturellement dans le gypse et produit par spallation de Ar se désintègre en Cl,
36
qui lui-même entre dans la production du Cl. Il est donc probable que la forte teneur en [Cl]
naturel des échantillons soit due à la présence du gypse en grande quantité dans la matrice du
plan de faille.
Malgré tous ces biais, la vitesse moyenne de glissement de ∼1.5 mm/an obtenue en utilisant
d’une part les âges relatifs le long du plan de faille, c’est-à-dire en considérant le déplacement
cumulé et en supposant un héritage et un taux d’érosion identique et nulle pour l’ensemble des
échantillons, et d’autre part en considérant un fort taux d’érosion, ce qui n’est pas incohérent
compte-tenu de la faible dureté du gypse, est du même ordre de grandeur que la vitesse géodé-
sique, estimée le long de la faille (3.6 ± 1.5 mm/an, d’après Vernant et al, 2010) et de la vitesse
estimée sur la faille de Trougout lors de notre étude (cf chapitre 4).
Bien qu’il s’agisse d’un résultat préliminaire celui-ci suggère en cohérence avec les données
GPS que la faille de Nekor accommode une partie importante de la déformation au niveau du
Rif, ce qui est également cohérent avec le fait qu’aucune autre structure active n’a été observée
dans la zone centrale du Rif lors de notre étude.
Chapitre 7

La région Sud du Rif : Etude


morphotectonique du front de
chevauchement de la chaîne

Sommaire
7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
7.2 Contexte géologique et structurale du front sud de la chaine du Rif . 221
7.2.1 Le sillon Sud-Rifain : les bassins d’avant-pays du Saïss et du Gharb . . . 221
7.2.2 Les Rides Pré-Rifaines : aperçu géologique et structurale . . . . . . . . . . 229
7.2.3 Le Front Sud Rifain : aperçu de la tectonique active sur le front de chevau-
chement externe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
7.3 Etude de tectonique active du Front Sud Rifain . . . . . . . . . . . . . 236
7.3.1 Etude de la sismicité instrumentale et historique . . . . . . . . . . . . . . 237
7.3.2 Analyse morphotectonique régionale des marqueurs morphologiques le long
du Front Sud Rifain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
7.3.3 Analyse morphotectonique locale des marqueurs morphologiques le long du
Front Sud Rifain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
7.4 Discussion des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
220 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

7.1 Introduction
Dans ce chapitre, je présente tout d’abord le contexte sédimentologique, structural et
morphologique de la zone de chevauchement frontale de la chaîne du Rif et des bassins Mio-Plio-
Quaternaires d’avant-pays associés. Puis nous présentons nos observations morphotectoniques
en suivant la logique utilisée lors de la thèse.

En résumé, notre étude a permis de mettre en évidence la présence d’une déformation long-
terme, à l’échelle de l’Holocène, du bassin du Saiss sous l’effet des Rides Pré-Rifaines dans la
région de Fes et de localiser précisément le nouveau front actif de la chaine et la trace du dernier
séisme historique destructeur de Fes en 1755.
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 221

7.2 Contexte géologique et structurale du front sud de la


chaine du Rif

7.2.1 Le sillon Sud-Rifain : les bassins d’avant-pays du Saïss et du


Gharb

Le sillon Sud-Rifain correspond à une zone frontière intercalée entre deux grands domaines
structuraux : le Rif au nord et le Moyen Atlas au sud, et s’étale depuis l’océan Atlantique
jusqu’au col de Taza (les bassins du Gharb et du Saiss) et continue au-delà par le bassin de
Guercif jusqu’en Méditerranée (Figure 7.1).
Au Miocène, ce couloir marin permet la communication entre les deux ensembles océaniques :
l’Atlantique et la Méditerranée. Suite à la fermeture du détroit, dans la région de Taza, à la
fin du Miocène, les bassins du Gharb et du Saiss fonctionnent comme des golfes ouverts sur
l’océan Atlantique (Chalouan et al., 2008). Ces bassins individualisés sont constitués, de façon
générale, de sédiments pélagiques d’eau profonde, des sédiments fluvio-alluviaux et des sédiments
lacustres-palustres (Ahmamou, 2002, 1987 ; Flinch, 1993 ; Zizi, 1996), attestant de la transition
d’un épisode sédimentaire marin subsidant à un épisode sédimentaire continental flexural.
L’ensemble sédimento-structurale Saïss-Gharb, localisé au front sud de la chaine rifaine,
s’est développé depuis le Tortonien jusqu’au Plio-Quaternaire. Actuellement, la structuration
du bassin du Saiss continue et se manifeste par un épisode de progradation des chevauchements
frontaux Sud-Rifains visibles sur les flancs sud et nord des rides de Tghat et Zalagh (massifs
calcaires situés aux abords de la ville de Fes) (Figure 7.4).

7.2.1.1 Le bassin d’avant-pays du Gharb-Mamora : aperçu géologique et structural

Le bassin ou plaine du Gharb est situé au front occidental de la chaîne rifaine (Figure 7.1).
Les villes de Rabat, Larache et Kénitra se situent dans ce bassin qui couvre une superficie de
40.000 km2 . Il est de forme dissymétrique et correspond à une vaste dépression dont 80% de la
surface ne dépasse pas 20 m d’altitude.
Il est alimenté par l’oued Sebou, fleuve qui prend sa source dans la chaine du Moyen-Atlas,
contourne le bassin du Saiss par l’est et traverse le domaine Sud-Rifain avant de rejoindre
l’Atlantique aux abords de Kénitra (Figure 7.1). L’oued Sebou a subi plusieurs changements
dans sa direction de drainage en relation directe avec les grandes phases tectoniques néogènes
de la région (Falguères et al., 2007). Cet aspect sera développé par la suite.
222 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.1: MNT SRTM de la Méditerranée Occidentale sur lequel est représentée la carte géologique
et structurale du Rif accompagnée d’une coupe géologique du Rif (d’après Michard et al.,
2002). Les failles sont tracées d’aprés (Chalouan and Michard, 2004 ; Palano et al., 2013 ;
Platt et al., 2013). NF = faille de Nékor.
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 223

Le bassin semble fortement subsidant depuis sa formation au Miocène jusqu’à l’actuel et


contient, d’un point de vue stratigraphique, une succession de dépôts néogènes d’âges Tortonien
à Quaternaire (Figure 7.2). Les profils sismiques et les forages effectués dans le bassin du Gharb
semblent indiquer, du bas vers le haut de la série, un socle Paléozoïque constitué de granites
surmonté par une séquence de type lacustre datée du Mésozoique. La nature lithologique des
dépôts néogènes varie de la bordure vers le centre du bassin, où l’épaisseur totale dépasse 3000 m
(Litto et al., 2001), et correspond à une succession épaisse de marnes (« marnes bleues ou marnes
de Salé ») et de sables transgressifs, de niveaux argilo-silteux de mer ouverte, témoignant d’un
environnement deltaïque et turbiditique, et de dépôts de sables bioclastiques ou de carbonates
typiques d’un environnement de plate-forme (Bargach et al., 2004 ; Cirac, 1985 ; Cirac et al.,
1993 ; Feinberg and Lorenz, 1970 ; Flinch, 1993, 1996 ; Litto et al., 2001 ; Maychou, 2009).
Ainsi depuis le Tortonien jusqu’au Pliocène terminal, le bassin du Gharb est recouvert par une
mer de profondeur variable et fonctionne comme un bassin d’avant-fosse ouvert sur l’Atlantique
et communicant avec la Méditerranée.
Au Villafranchien une transgression marine s’installe sur l’ensemble du bassin du Gharb et
une grande partie de la Méséta. Cela représenterait le dernier grand évènement sédimentaire ma-
rin du bassin. En effet, même si le Quaternaire est rythmé par les variations climatiques globales
et les évènements glacio-eustatiques, se traduisant par une série de transgressions/régressions
marines le long des côtes atlantiques (Cirac, 1985), il reste dominé dans le bassin du Gharb par
un régime de sédimentation continentale, contrôlé en grande partie par le système fluviatile de
l’oued Sebou.

Figure 7.2: Carte géologique du sillon sud rifain (bassins de Gharb et Saiss) et localisation des rides
Zalagh et Tghat (modifiée d’après Chalouan, 2006). Les traits bleus localisent les profils
sismiques apparaissant dans la Figure 7.3.
224 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.3: Profils sismiques (localisation Figure 7.2) réalisés dans le bassin du Gharb montrant la
structure en horst et grabens héritée de la phase hercynienne (Zouhri et al., 2002).1.
Paléozoique, 2. Trias, 3. Prérif, 4. Miocène inf., 5. Miocène sup., 6. Plio-Quaternaire, 7.
Failles, 8. Unités géol., 9,10. Forages, 11. Chevauchement aveugle.

Le bassin du Gharb se serait ouvert au Miocène terminal suite à l’effondrement des bordures
nord de la Méséta et du Moyen-Atlas. Il aurait fonctionné en extension, du Tortonien au Pliocène
inférieur, comme l’attestent les dépôts mio-pliocène affectés par des séries de failles normales
conjuguées N30 à N40˚E et N125 à N130˚E, associés à des structures en horsts et grabens
hérités de la phase hercynienne et réactivés (Feinberg, 1986 ; Flinch, 1996 ; Litto et al., 2001 ;
Zouhri, 2004 ; Zouhri et al., 2002) (Figure 7.3). Cette phase distensive d’orientation NE-SW,
est antérieure ou synchrone à un épisode compressif qui s’étendrait du Pliocène supérieur au
Quaternaire (Flinch, 1996).
Cet épisode compressif, lié au chevauchement des Nappes Prérifaines vers le sud, aurait
engendré la formation de plis sur la bordure nord du bassin ce qui aurait eu pour conséquence
une flexuration du soubassement et un soulèvement général des bordures du bassin (Flinch, 1993,
1996 ; Rampnoux et al., 1977).
Tous ces mouvements et déformations néotectoniques de faibles amplitudes, qui se sont tra-
duits dans la zone côtière par l’activité de plusieurs failles et dans la partie médiane par un
soulèvement progressif de la Meseta, seraient dû à un processus de rééquilibrage isostatique
tardi-alpin suite à la superposition des nappes tectoniques vers le sud (Chalouan et al., 2001 ;
Chalouan and Michard, 2004 ; Choubert, 1957 ; Cirac, 1985 ; Le Coz, 1964 ; Michard, 1976 ;
Michard et al., 2002 ; Platt et al., 2003).
En terme de déformation récente le long de la côte Atlantique, malgré l’absence de terrasses
d’abrasions marines Quaternaires surélevées ou de structures tectoniques actives au Quaternaire
récent (Cadet et al., 1977 ; El Kadiri et al., 2010), il a été observé dans la partie nord du bassin
du Gharb, près de la lagune de Moulay Bousselham, des dépôts lagunaires récents (2400±250 ans
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 225

14
BP obtenu par C) émergés et culminant à des altitudes proches de +32m au-dessus du niveau
marin (Benmohammadi et al., 2007). Rejetant les hypothèses mettant en jeu des évènements
climatiques (forte tempête) ou tectoniques (tsunamis) extrêmes pouvant expliquer la présence de
ces dépôts lagunaires surélevés, les auteurs retiennent l’hypothèse d’une néotectonique locale «
hyperactive », où le taux de surrection avoisine 14 mm/an. Cette déformation rapide et localisée,
non observée ailleurs sur le littoral Atlantique (ni même dans la chaine du Rif), est, d’après
les auteurs, intimement liée à une tectonique argilocinétique comme l’atteste la présence de
nombreux volcans de boue observés au large de la côte.

Figure 7.4: (a) Contexte tectonique du golfe de Cadiz où sont tracés les deux chevauchements liés au
prisme d’accrétion du slab de Gibraltar. Le tracé rose indique la localisation des profils
tomographiques et électriques. (b) et (c) Profils électriques et tomographiques, respecti-
vement, montrant les anomalies liées au passage des 2 chevauchements (modifié d’après
Toto et al, 2012). DDF=Dhar Doum Fault.

D’après les auteurs, la position géographique de ces dépôts, « poinçonnés » entre la Meseta
stable au sud, le domaine Rifain au nord et le prisme d’accrétion lié à la subduction du plancher
océanique Atlantique sous la marge Africaine à l’ouest, expliqueraient la mise en place de cette
tectonique argilocinétique.
En combinant des observations de terrains, des profils de résistivité électriques et tomogra-
phiques, (Toto et al., 2012) mettent en évidence la présence de deux chevauchements actifs avec
une composante décrochante dans la région de Moulay Bousselham et Kénitra (Figure 7.4). Ces
chevauchements à vergence sud, visibles sur les profils électriques et sismiques sous forme de va-
riations latérales d’épaisseur de dépôts dunaires, affecteraient des dépôts quaternaires holocènes
226 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

en surface avec un rejet de 10m. Les auteurs interprètent ces accidents comme la continuité du
Front Sud Rifain et pensent qu’ils se connectent en mer au prisme d’accrétion du Golfe de Cadiz
(Toto et al., 2012)(Figure 7.4).
De façon générale, la côte Atlantique le long du bassin du Gharb ne subit que peu de mouve-
ments verticaux, sauf peut-être de la subsidence relative depuis le Pléistocène, comme l’atteste la
présence de paléo-rivages, situés dans la partie sud du bassin, datés à 112 ± 11 ka et observés 3
à 4 m plus bas que leurs homologues de la partie nord du bassin (Azougagh et al., 2001 ; Plaziat
et al., 2006 ; Ruiz-Constán et al., 2011 ; Cadet et al., 1977 ; Gigout et al., 1977). 1

7.2.1.2 Le bassin d’avant-pays du Saiss et l’oued Sebou : aperçu géologique et


structural

Le bassin du Saiss est une dépression allongée E-W de 30 km de large sur 110 km de long. Il
est limité au sud par la bordure orientale de la Meseta centrale et le causse Moyen-Atlasique et
à l’ouest par l’oued Beht (Figure 7.5). Il vient buter à l’est sur les reliefs du Tazekka et le seuil
de Taza et au nord, sur le domaine Prérifain et les Rides Sud-Rifaines. Intercalé entre les deux
grands domaines structuraux qui sont le Rif, à structure alpine complexe et active, et le Moyen
Atlas, formant un ensemble de plateaux stables et rigides, le bassin du Saiss a fonctionné au
cours des derniers épisodes de la surrection de la chaine du Rif comme un bassin d’avant-fosse
de la chaine alpine Rifaine (Bargach et al., 2004 ; Taltasse, 1953 ; Zizi, 1996) (Figure 7.5).
Son évolution commence au Miocène supérieur, période durant laquelle le bassin du Saiss
fonctionne comme un bassin marin profond lié au sillon Sud-Rifain et donc sous influence atlan-
tique et méditerranéenne. Une épaisse série sédimentaire marneuse à intercalations turbiditiques
gréseuses de plus de 1000 mètres se dépose dans le bassin durant cette période de subsidence.
En parallèle, les Rides Pré-rifaines commencent à se mettre en place par compression, ce
qui entraine une flexuration de la bordure atlasique et du centre du bassin se traduisant par
une compartimentation en horsts et grabens du soubassement liassique, limitée par un réseau
de failles normales orientées NE et NW (Ahmamou, 2002 ; Bargach et al., 2004 ; Charroud et
al., 2006 ; Taltasse, 1953) (Figure 7.6). Cette phase tectonique en extension est synchrone à
des épisodes compressifs tangentiels à vergence S et SW, décrits dans la partie nord du bassin
(Bargach et al., 2004).
Au Pliocène moyen et supérieur, le comblement du bassin par les sédiments entraine une

1. Cirac et al. (1993) observent des morphologies allongées, parallèles à la côte et sur-creusées par le système
de drainage longitudinale, jusqu’à 80 km vers l’intérieur du bassin. Elles ne sont pas interprétées comme des
structures tectoniques mais comme d’anciennes barres dunaires éoliennes déposées lors des nombreuses variations
eustatiques durant le Pliocène et le Quaternaire.
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 227

Figure 7.5: Carte géologique du bassin du Saiss modifié d’après Taltasse, 1953.

régression de la mer. S’ensuit une phase de continentalisation du bassin qui se traduit par une
succession de dépôts fluviatiles et lacustres interprétés comme étant le résultat d’un système
sédimentaire fermé peu profond de type endoréique (Ahmamou, 1987 ; Ahmamou et al., 1989 ;
Charroud et al., 2006 ; Faugeres, 1978 ; Taltasse, 1953). Le bassin du Saiss est alors alimenté
essentiellement par le Paléo-oued Sebou, dont l’exutoire se situait à l’emplacement de l’actuelle
ville de Fes. La sédimentation associée à ce type d’environnement se traduit par des dépôts
détritiques terrigènes sur les bordures du bassin et carbonatés à évaporitiques lacustres au centre
du bassin.

Dans la partie nord du Saiss, les Rides Pré-Rifaines sont remobilisées en compression, telles
que les Rides de Tghat et Zalagh et de nombreuses failles aveugles syn-sédimentaires chevau-
chantes vers le sud se mettent en place le long du Front Sud Rifain (Chalouan et al., 2006).

Lors de la transition Néogène-Quaternaire, marquée par une intense activité tectonique, le


bassin du Saiss connait un changement radical de sa géomorphologie et de sa dynamique sédimen-
taire (Charroud et al., 2006). En effet, le régime tectonique devient majoritairement compressif
avec une orientation N-S et NNW-SSE, ce qui a pour effet de réactiver en chevauchements les
principales structures bordières du bassin au nord (actives en extension au Miocène) et d’entrai-
228 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.6: Coupes schématiques du bassin du Saiss interprétées à partir de données de forages (d’après
Charroud et al., 2006).

ner une progradation du Front Sud Rifain vers Fes. Le centre de la plaine est marqué par des
gauchissements dans les calcaires lacustres tandis que s’accentuent les flexures du Moyen-Atlas
au sud. Le bassin du Saiss se surélève, certains reliefs apparaissent (ainsi le socle paléozoïque
est mis à l’affleurement au centre du bassin et chevauchent sur les dépôts pliocènes, le long des
rampes de Sebou et de Sidi Hrazem), d’autres s’accentuent et se surélèvent de plus de 500 m
par rapport à la plaine (Figure 7.7).
L’émersion et l’assèchement du bassin lacustre pliocène, centré sur l’actuelle ville de Fes,
forcent le Paléo-Sebou à modifier son sens d’écoulement et à inciser les Rides Pré-Rifaines à
l’est du Djebel Zalagh (Figure 7.5). L’ensemble du réseau hydrographique est affecté par cette
ré-organisation morphologique et s’écoule désormais du Sud vers le Nord, c’est à dire perpen-
diculairement à l’axe d’allongement du bassin (Ahmamou, 2002 ; Ahmamou et al., 1989 ; Ait
Brahim and Chotin, 1989 ; Bargach et al., 2004 ; Brahim and Chotin, 1984 ; Charroud et al.,
2006 ; Faugeres, 1978 ; Taltasse, 1953). L’incision associée à ce nouveau réseau est intense et
peut atteindre 100 m dans les parties centrales et est du bassin.
Des travertins à galets encroutés observés dans la partie nord du bassin par-dessus des dépôts
pliocènes supérieur, au pied du Djebel Tghat donnent un âge U/Th supérieur à 300 000 ans
(Gourari, 2001). Les mesures des paléo-courants par imbrication de galets dans ces formations
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 229

Figure 7.7: Coupes géologiques simplifiés à travers le bassin du Saiss montrant les structures en rampes
au Front de la chaine. Ces deux coupes traversent les Djebel Zalagh et Tghat (d’après
Charroud, 2007). 1 : Quaternaire ; 2 : Plio.sup (conglomerat) ; 3 : Plio. sup. (marnes
vertes) ; 4 : Plio. Inf à moy. (marnes sableuse ; 5 : Miocène sup. (marnes bleues) ; 6 :
Miocène ; 7 : Miocène (marnes de tghat) ; 8 : Miocène (grès grossier de Tghat) ; 9 : Lias
inf. (dolomies) ; 10 : Jurassique moy. (marno-calcaire)

indiquent un sens d’écoulement du Paléo-Sebou depuis l’est vers le sud-est et montrent le passage
d’un système en tresses à un système en méandre, ce qui semble attester de l’accentuation de la
pénéplanation à la fin du Pliocène terminal (Charroud et al., 2006, Falguères et al., 2007).
Pour Bargach et al. (2004), la déformation du bassin du Saiss au Quaternaire est plus com-
plexe qu’elle n’y parait. Les auteurs observent une rotation anti-horaire NE-SW à NW-SE de la
direction de compression du Pliocène à l’actuel, comme décrit précédemment. Mais ils mettent
également en évidence, par la détermination des paléo-contraintes grâce à l’étude de stries sur les
affleurements de failles et les galets, la superposition, de part et d’autre du front rifain majeur,
d’un contexte extensif dans la bordure nord du bassin d’avant-pays et d’un contexte compres-
sif dans les Rides Pré-Rifaines qui le chevauchent. Ils associent cette extension localisée à une
flexure du soubassement Paléozoique suite à la mise en place des nappes tectoniques dans la
partie frontale du Rif.

7.2.2 Les Rides Pré-Rifaines : aperçu géologique et structurale

Le front de la chaine Rifaine est constitué par les Nappes (ou Rides) Pré-Rifaines qui ap-
partiennent au domaine géologique externe du Rif et qui chevauchent sur le sillon Sud-Rifain
230 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

(bassins d’avant-fosse décrits précédemment) ou directement sur le Moyen-Atlas le long d’une


structure majeure : le Front Sud Rifain.
Les Rides Pré-Rifaines se composent de massifs allongés, formés essentiellement de calcaires
jurassiques recouverts par une matrice souple de molasses et de marnes mio-pliocènes. Ces Rides
sont interprétées comme une partie de la couverture de la marge Africaine impliquée en che-
vauchement lors de la propagation vers le sud de la déformation alpine du Rif entre le Miocène
terminal et le Pliocène moyen (Faugeres, 1978 ; Zizi, 1996). Dans la partie ouest, les Rides Pré-
Rifaines apparaissent avec une forme arquée convexe vers l’ouest (Figure 7.5). Elles se terminent
à leur extrémité ouest par une faille majeure orientée NW-SE, visible en profils sismiques, qui
sépare le bassin subsident du Gharb à l’ouest des rides chevauchantes à l’est, et qui semble se
prolonger dans l’océan Atlantique (Gutscher et al., 2002 ; Zitellini et al., 2009) (Figure 7.8).

Figure 7.8: Carte structurale du Front Sud Rifain offshore à partir de la bathymétrie et de profils
sismiques (d’après Zitellini et al., 2009) avec le nom des structures et leur interprétation.
Ligne rouge avec triangle : chevauchement actif ; ligne bleue claire avec triangle : limite
externe du prisme d’accrétion ; ligne bleue foncée avec triangle : chevauchement inactif ;
ligne bleue avec losange : anticlinal inactif ; ligne rouge courte : structure liée à l’accrétion
de la croûte océanique ; ligne violet : faille normale crétacée ; lignes rouges WNW-ESE :
linéaments dits de « SWIM » ; triangle rouge : volcans ; ligne verte : limite océanique
magnétique.

Dans la partie est, les Rides forment un arc moins accentué, plus ouvert sur le bassin et se
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 231

terminent dans le prolongement oriental par deux Rides isolées, affleurant de part et d’autres
de la ville de Fes, qui seront les sujets de notre étude morphotectonique : les Djebel Tghat et
Zalagh (Cirac, 1985 ; Litto et al., 2001) (Figure 7.5).
Les Rides Pré-Rifaines sont formées d’une séquence sédimentaire qui commence par des
dépôts évaporitiques et argileux de bassin datés du Trias, surmontés par une épaisse série de
calcaires jurassiques localement recouverte par des marnes crétacées. Les marnes et grés miocènes
sont discordants sur cette couverture mésozoïque.
D’un point de vue structural, les Rides correspondent à des plis anticlinaux à vergence Sud et
Sud-Ouest relatifs à des failles aveugles ou des plis-failles inverses à même vergence qui viennent
chevaucher et déformer les bassins d’avant-fosse du Gharb et du Saiss. Ces nappes de charriage
viennent s’ancrer sur le niveau de décollement représenté par la limite du socle Paléozoïque/Trias.
Les profils de sismiques réflexion réalisés par (Zizi, 1996) montrent une épaisseur des dépôts
triasiques plus importante sous les Rides que sous le bassin du Saiss, associée à une série de
failles normales situées directement à l’aplomb des structures compressives des Rides (Figure
7.6). D’après Bargach et al. (2004), la zone aurait subi une inversion tectonique et les failles
normales anciennement bordières du bassin triassique rejoueraient donc depuis le Miocène en
failles inverses facilitant ainsi la mise en place des nappes.
Les Djebels Tghat et Zlagh, rapidement évoqués précédemment, correspondent à des struc-
tures en rampes chevauchantes vers le sud sur les formations miocènes et plio-quaternaires du
bassin du Saiss. Le Djebel Zalagh, culminant à 900 m, est une ride isolée, allongée ENE-WSW,
et située à 5 km au NE de la ville de Fes. Cet anticlinal d’axe N110 est déversé vers le sud avec
un plongement de 10 à 30˚. Son coeur est formé de calcaires et marno-calcaires dolomitiques du
Lias, sur lesquels reposent en discordance les marnes et molasses du Miocène supérieur (Cha-
louan et al., 2006) (Figure 7.9). Cet anticlinal est affecté par deux séries de failles, une série de
failles inverses de direction ENE-WSW à vergence sud et une série de failles dextres de direction
NW-SE observées principalement à son extrémité est. Son flanc nord est marqué cependant par
une faille inverse sub-verticale à vergence nord interprétée comme un rétro-chevauchement rac-
cordé en profondeur à la rampe frontale principale de la ride (Bargach et al., 2004 ; Chalouan
et al., 2006). Cette rampe frontale semble fonctionner en faille aveugle comme au Djebel Tghat.
Le champ de contraintes associé est décrochant avec un axe σ1 orienté NE-SW et un axe σ3 de
direction NW-SE.
Le Djebel Tghat est un pli anticlinal asymétrique d’orientation E-W culminant à 800 m et
légèrement arqué vers le sud. Il possède une ossature marneuse datée du Jurassique moyen,
émergeant sous les marnes du Miocène supérieur (Figure 7.10). Il ne semble pas affecté par
des failles visibles en surface mais son flanc sud vient chevaucher et redresser les formations
232 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.9: Carte et coupe géologique détaillées du Djebel Zalagh (d’après Chalouan, 2014).

fluviatiles et les calcaires lacustres plio-quaternaires du bassin du Saiss.


D’après Chalouan et al (2006), deux accidents décrochants limitent ce massif à l’Est (faille
senestre de direction NNE-SSW) et à l’Ouest (faille dextre de direction NW-SE). L’étude des
paléo-contraintes sur galets striés indiquent que le champ de contraintes est caractérisé par une
compression N-S à NNW-SSE responsable du soulèvement de la ride et par une extension NW-SE
résultant d’une compensation de la surcharge induite par le chevauchement de la ride. D’après
les auteurs, le chevauchement principal responsable de la migration de la ride vers le sud serait
aveugle.
Les deux massifs apparaissent décalés latéralement de 5 km par une faille décrochante senestre
de direction N30 relative à la compression N-S (d’après Chalouan et al., 2006).

7.2.3 Le Front Sud Rifain : aperçu de la tectonique active sur le front


de chevauchement externe

Le Front Sud Rifain est la structure principale de la bordure sud de la chaine montagneuse
du Rif. Il s’étend au-delà du bassin du Gharb à l’est avec une direction ESE-WNW à SE-NW
et se voit très bien en mer (Zitellini et al., 2009) (Figure 7.8). Il borde les reliefs sous-marins
au large de Moulay Bousselham et est interprété par certains auteurs comme la limite sud d’un
prisme d’accrétion offshore lié à une subduction à vergence est (Gutscher, 2004 ; Gutscher et al.,
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 233

Figure 7.10: Carte et coupe géologique du Djebel Tghat (d’après Chalouan et al., 2014)

2002 ; Thiebot and Gutscher, 2006) (Figure 7.8).


Dans sa partie est, cet accident majeur contourne les Rides Pré-rifaines et continue vers le
détroit de Taza avec une direction incurvée SW-NE. Ce front devient parallèle à la direction
d’allongement de la chaine de l’Atlas-Tell jusqu’à ce qu’il recoupe les côtes méditerranéennes au
nord-est du Rif dans la région du massif des Kebdana aux environs de la ville de Ras Kebdana.
Des villes principales du Maroc septentrional se situent à moins de 30 km de cette faille
majeure, c’est le cas des villes de Taza, Fes, Meknes, Rabat (la capitale du royaume du Maroc)
et Kénitra et rassemblent pas moins de 3 millions d’habitants (Figure 7.1).
Parmi les travaux portant sur la tectonique active du Front Sud Rifain (Bargach et al., 2004 ;
Chalouan et al., 2006 ; Fadil et al., 2006 ; Koulali et al., 2011 ; Meghraoui et al., 1996 ; Moratti
et al., 2003 ; Morel and Meghraoui, 1996 ; Chalouan et al., 2014 ; Vernant et al., 2010 ; Tahayt
et al., 2008), peu d’études sont réellement centrées sur la morphotectonique.
Les études structurales de Bargach et al. (2004), Chalouan et al (2006), Moratti et al. (2003)
suggèrent que le front de direction E-W est actif et subit un raccourcissement orienté N-S à
NW-SE, mais ne démontrent pas l’activité Pléistocène et Holocène. A travers une étude de
terrain et une interprétation des photos aériennes dans la région de Fes-Meknes, Moratti et al.
(2003) décrivent des indices géomorphologiques de rupture de surface et, grâce à des documents
historiques décrivant les lieux des ruptures, ils individualisent ainsi la trace co-sismique du séisme
du 27 novembre 1755 à 15km de la ville de Meknes, 26 jours après le séisme historique de Lisbone
1755 (nous rappellerons par la suite la liste des séismes historiques qui ont touché la zone du
Saiss depuis l’an 1045). Ces auteurs mettent également en évidence le tracé d’une faille active le
long de la face nord du Djebel Zalagh (10 km au NE de la ville de Fes) suite à l’observation sur
le terrain d’un escarpement topographique affectant des débris de pente.
Meghraoui et al. (1996) et Morel et Meghraoui (1996) s’intéressent aux pourtours de la
mer d’Alboran, c’est-à-dire toutes les failles actives situées de part et d’autres du Détroit du
234 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Gibraltar. Bien que leurs études ne soient pas détaillées le long du front de la chaine du Rif, ils
estiment à partir de la géodynamique régionale une vitesse de raccourcissement entre les deux
plaques lithosphériques (Afrique-Europe) de l’ordre de 1 à 2,3 mm/yr (Morel and Meghraoui,
1996) et 2 à 2.5mm/yr (Meghraoui et al., 1996). Ainsi, ils estiment que le Front Sud Rifain est
actif, comme l’ensemble du système Goringe-Alboran-Tell, en décro-chevauchement et que le Rif
subit une rotation horaire depuis le Pliocène et un accroissement de la composante décrochante.

Figure 7.11: Carte géologique et champs de vitesse GPS dans le Rif. Localement, les taux de raccour-
cissement et de glissement sont reportés sur le Front Sud Rifain.

La présence d’une anomalie de flux de chaleur sous les Rides et l’alignement de nombreuses
sources hydrothermales jaillissant le long de l’accident sud-rifain, comme celles renommées de
Moulay Yacoub situées à 15 km de la ville de Fes, témoigneraient d’une activité tectonique
récente d’après Abdelkrim (2001) et Rimi et al. (2008, 1998).
Les études récentes de géodésie (Fadil et al., 2006 ; Koulali et al., 2011 ; Vernant et al.,
2010) apportent un champ de vitesse complet sur l’ensemble Bético-Rifain avec plus de 10 ans
d’observations mesurées sur un réseau constitué de 65 stations GPS continu et 31 sites GPS
temporaire. Les différents auteurs mettent en évidence un déplacement relatif du Rif central
vers le SSW, relatif à la plaque Afrique stable, avec une vitesse de l’ordre 3,5 à 4 mm/yr. Le
long de l’accident Sud-Rifain, les auteurs estiment un taux de raccourcissement de l’ordre de 2.1
à 2.9 ± 0.7 mm/yr associé à un taux de glissement décrochant senestre de l’ordre de 1.9 à 2.4
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 235

± 0.7 mm/yr le long de l’accident Sud Rifain.

Figure 7.12: Mouvements relatifs estimés par les vitesses GPS sur les failles actives du FSR (d’après
Chalouan et al., 2014).

Du point de vue de la géométrie, certains des auteurs estiment que la structure active qui
accommode ces taux de déformation est orientée NW-SE depuis la ville de Fes jusqu’au bassin du
Gharb et à l’ouest de Gibraltar en offshore. Dans sa partie est, les auteurs incurvent la structure
et lui dessinent une orientation SW-NE de façon à ce qu’elle vienne se brancher sur la faille
majeure du Nékor (Figure 7.11).
Récemment, (Chalouan et al., 2014) montrent, par mesure GPS sur une période de cinq ans
d’un réseau de 6 stations non-permanentes localisées dans la région sud du Rif, que le Front Sud
Rifain ainsi que le bassin d’avant-pays du Saiss sont tectoniquement actifs (Figure 7.12).
Ils suggèrent que le bassin du Saiss, au contact du front nord du Moyen-Atlas, serait affecté
par des failles normales à composante dextre de direction NNE-SSW, qu’ils interprètent comme la
conséquence d’un soulèvement récent du Moyen-Atlas. De plus, ils mesurent un raccourcissement
de 4 ± 2 mm/yr orienté NNE-SSW sur le Djebel Tghat, un raccourcissement de 2 ± 1 mm/yr
orienté NNW-SSE sur le Djebel Zalagh relativement au bassin du Saiss et un décalage latéral de
4-5 mm/yr vers le SW du Djebel Tghat relativement au Djebel Zalagh (voir les vecteurs vitesses
en Figures 7.9 et 7.10). Malgré une courte période de mesure peu représentative du déplacement
236 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

inter-sismique et des incertitudes élevées, les auteurs interprètent un déplacement régional vers
le SW avec une augmentation du gradient de déformation d’est en ouest, une déformation active
mais faible dans le Saiss et le Moyen-Atlas et enfin ils suggèrent que l’essentiel de la déformation
s’accommoderait sur le front sud du Djebel Tghat par des failles chevauchantes senestres à
pendage nord et des plis à vergence sud orientés ENE-WSW.
Leurs résultats restent cependant peu cohérents et ils ne montrent pas de déformation si-
gnificative dans leur zone d’étude. Il est donc possible qu’il y ait des chevauchements aveugles
mais leur réseau GPS est inadapté pour montrer cela. Ils terminent leur note en soulignant
que ces mesures GPS doivent être étoffées par une étude de terrain dans le but de vérifier la
véracité de ces résultats et d’estimer réellement les taux de glissement sur les failles principales.
Nous apportons ici les premiers éléments de réponse à ces interrogations à travers une étude
morphotectonique détaillée de la zone sud rifaine.

7.3 Etude de tectonique active du Front Sud Rifain


La zone frontale de la chaine du Rif a connu une structuration principale au Miocène supé-
rieur lors de la mise en place des nappes et de l’avancée de la chaine sur son avant-pays atlasique,
en impliquant localement les bassins d’avant-fosse dans les chevauchements. Cette région a en-
suite été soumise à une structuration tardive au Mio-Pliocène qui a entrainé la déformation des
bassins post-nappes. Des déformations plus récentes, datées du Quaternaire ont également été
enregistrées le long des Rides et sur les sédiments plio-quaternaires (tout cela est détaillé en
amont) (Figure 7.1).
– Qu’en est-il de la déformation au Pléistocène terminal et à l’Holocène ?
– Dans quelles zones se concentre-t-elle ? Est-elle diffuse ou localisée sur certaines
structures ?
– Quel est son comportement en profondeur ? Et peut-elle être potentiellement
visible et quantifiable en surface ? Si oui, quelle est sa géométrie et sa cinéma-
tique ?
– Et enfin, comment s’intègre-t’elle dans un schéma régional de convergence des
plaques ?
Nous nous sommes attachés à répondre à ces questions, au niveau des massifs du Jebel Zalagh
et Tghat, en mettant en oeuvre une approche morphotectonique intégrant également une analyse
des données de sismicité instrumentale et historique. Cette analyse a permis de cartographier les
traces de failles actives en surface par détection de leur expression dans la morphologie à partir
de Modèles Numériques de Terrain (MNT) basse (20 m) et haute résolution (2.5 m) et de photos
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 237

aériennes. Une analyse de terrain détaillée couplée à des datations géochronologiques (OSL et
14
C) nous ont permis de quantifier la vitesse le long des segments actifs de la faille. Enfin, un
premier travail paléosismologique nous a permis de caractériser le dernier évènement sismique
avec rupture de surface le long du Jebel Tghat.

7.3.1 Etude de la sismicité instrumentale et historique


Le catalogue de la sismicité instrumentale, enregistrée dans la zone sud du Rif depuis les an-
nées 1901, regroupe tous les séismes (ainsi que les répliques, sans distinction) qui se sont produits
dans la région avec une gamme de Magnitude du moment comprise entre 2 et 6, et des profondeurs
de nucléation échelonnées entre 0 et >150 km (from IRIS catalog : www.iris.edu/SeismiQuery/sq-
events.htm et Cherkaoui, 1991). D’après la carte de distribution des séismes (Figure 7.13), on
constate que la plus forte intensité sismique est localisée dans les Rides Pré-Rifaines, le long
du Front Sud Rifain, aux alentours des villes de Fes et Meknes, et à l’intérieur du bassin du
Saiss jusqu’à la Méséta et le Moyen Atlas. Les séismes dans ces régions ne dépassent pas des
Mw supérieures à 5.5 et sont plutôt de l’ordre de Mw=4. Les profondeurs calculées des séismes
semblent indiquer une profondeur moyenne de nucléation des séismes comprise entre 0 et 30 km.
Quand on observe l’ensemble de la sismicité dans la région, deux tendances principales se
dessinent : un premier alignement orienté SSE-NNW part de la région d’Al-Hoceima et se propage
de façon diffuse vers le S, tandis qu’un deuxième alignement orienté N-S suit la bordure des
reliefs entre Larache et Meknes (Figure 7.13). Ces deux alignements sismiques se rejoignent dans
le bassin du Saiss entre les villes de Fes et Meknes.
On remarque également qu’il y a peu de séismes instrumentaux dans la partie occidentale
du front vers Kénitra. Les mécanismes au foyer calculés dans la région (catalogue RCMT :
http://www.bo.ingv.it/RCMT/searchRCMT.html) montrent principalement des décrochements
et chevauchements dont les plans de compression sont orientés NNW-SSE à N-S ainsi que NNE-
SSW (Medina, 1995 ; Medina and Cherkaoui, 1992).
La sismicité historique dans la région sud du Rif est localisée dans la zone orientale des
Rides Prérifaines et dans le bassin du Saiss, et plus précisément aux alentours des villes de
Fes-Meknes. A l’échelle du Rif, ce sont les villes de Fes et Meknes qui ont été les plus touchées
par les tremblements de terre (18 séismes ressentis dont 6 séismes destructeurs au cours du
dernier millénaire). Les séismes les plus intenses se sont produits sur les flancs orientaux des
Rides Prérifaines, au NW de Fes, à proximité des massifs de Zalagh et de Tghat. La sismicité
historique couvre la période de temps qui s’étend de l’an 1045 à 2005. L’étude de Mrabet (2005)
recense au moins un séisme affectant la ville de Fès lors des 11ème , 13ème , 15ème , 16ème , 17ème
et 18ème siècles. Cependant, aucun séisme destructeur n’a été ressenti dans cette zone depuis le
238 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.13: Carte de la sismicité instrumentale, historique (les rectangles en pointillés indiquent les
ruptures historiques approximatives et/ou les épicentres estimés des séismes destructeurs)
et mécanismes au foyer (tirés du catalogue RCMT et de Meghraoui et al, 1996) dans la
chaine du Rif. Notre zone d’étude se situe autour de la ville de Fes le long du Front de
Chevauchement Sud-Rifain (tracé en rouge sur la carte)

18ème siècle.
Les archives de ces séismes historiques sont fragmentaires et divergent selon que les sources
soient marocaines ou européennes et les magnitudes calculées sont souvent sous-estimées. C’est
le cas des séismes qui ont touché les villes de Meknes et Fes en l’an 1755.
Le premier séisme historique enregistré dans la région se produit en l’an 1045-1046 au point
de coordonnées 5˚W et 34.05˚N, c’est-à-dire sur l’actuelle ville de Fes, avec une intensité MSK
de VIII et une magnitude Mw recalculée (mais probablement sous-estimée) de 5.8 (Figure 7.13).
Les écrits relatent de nombreux morts et dégâts matériel dans la ville de Fes. De 1079 (1er
octobre) à 1586, la ville ressent de nombreuses secousses sans dégâts significatifs sauf en 1079,
1356 (28 août) et en 1522 (22 septembre) où elle subit une destruction complète : « ruine de
Fes et de sa région (...) des montagnes se seraient entrouvertes (...) assèchement des rivières (...)
tsunami au Penon de la Gomera » (Figure 7.14) « qui aurait disparu sous les flots (...) ». G.
Roux (1938) associe dans ses notes « la mort du roi de Fes » à ce tremblement de terre « majeur
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 239

» de 1522.

Figure 7.14: Comparaison entre les effets des séismes de 1755 (1er Novembre) et 1969 (28 Février)
sur le Maroc et l’Espagne-Portugal (modifié d’après Moratti et al., 2003). Ligne noire :
isoséiste (échelle MSK) du séisme de 1969 (28 Fev.) ; ligne jaune : isoséiste (MSK) du
séisme de 1755 (1er Nov.) ; ligne rouge pointillé : zone de destruction du séisme de Fes-
Meknes (18 ou 27 Nov. 1755) ; étoile : épicentre (calculé ou estimé) des séismes. Pour la
région du Maroc, les isoséistes de 1755 (1er Nov.) sont extrapolées à partir des isoséistes
de 1969. Les valeurs près des villes du Maroc représentent les intensités MSK du séisme
de 1969.GB = Banc de Gorringe, MP = Marques de Pombal.

Le 11 avril 1624, un séisme d’intensité MSK IX-X correspondant à une magnitude de 6.7 se
produit à ∼50 km au nord de Fes dans les zones externes (4.57˚W et 34.26˚N) et détruit la
240 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

majeure partie de la ville.


En 1663, le 16 octobre, et en juillet 1719, deux séismes sont décrits dans la même zone que
le séisme précédent, plus à l’ouest, avec des intensités de VII (Mw estimée = 5.2) et VIII (Mw
estimée = 5.8).

Le 1er Novembre 1755, à 10h du matin et durant près de 8-10 minutes, le séisme le plus
dévastateur de l’histoire européenne de ces 350 dernières années, communément appelé « séisme
de Lisbonne », se produit à l’ouest du Cap St Vincent (Portugal), le long de la structure com-
pressive du Banc de Gorringe. Il survient avec une magnitude estimée de l’ordre de 8.5-9.4,
s’accompagne d’un fort tsunami qui affecte l’ensemble des côtes Atlantiques européennes et ma-
rocaines, et entraine la mort de 100.000 personnes (Abrantes et al., 2008 ; Chester, 2001 ; Levret,
1991 ; Martinez Solares et al., 1979 ; Vilanova et al., 2003). Les villes marocaines de Tanger, Té-
touan, Marrakech, Agadir, ..., Fes et Meknès situées, pour les plus éloignées, à plus de 500 km de
l’épicentre estimé, ressentent le séisme avec des intensités MSK (Medvedev-Sponheuer-Karnik :
échelle de mesure de l’intensité liée aux effets produits en surface) allant de VIII à IX (Figure
7.14).
Un père franciscain, témoin européen de l’évènement à Meknés, ainsi qu’un écrivain maro-
cain, Al Qadiri, témoin de l’évènement à Fes, écrivent « (...) destruction d’un grand nombre de
maisons, mosquées, synagogues, hôpitaux, ensevelissant de nombreux juifs et maures sous les
ruines ».
Quelques jours après le séisme principal de Lisbonne, les sources européennes signalent une
série de secousses qui continuent d’ébranler la région les 18 au soir et 19 Novembre 1755. Aucun
dégât n’est signalé dans le nord du Rif à Tétouan et Tanger, ni d’effet le long de la côte Atlantique
au sud.
A Fes et Meknes, les sources européennes et arabes s’entendent sur l’ampleur des dégâts
occasionnés mais diffèrent sensiblement sur les dates. Ainsi, la ruine des deux villes et l’ense-
velissement de milliers de morts est attribuée par les auteurs européens aux secousses du 18 et
19 Novembre, tandis que les sources arabes font état d’un séisme d’une violence bien supérieure
entrainant la destruction totale de Meknes et partielle de Fes, qui se serait produit 26 jours après
la première secousse, soit le 27 Novembre 1755 (El Mrabet, 2005a ; Levret, 1991 ; Peláez et al.,
2007).
Nous détaillons ici cet évènement car il a une importance capitale par la suite dans l’inter-
prétation de nos données paléosismologiques.
En 1773, 1926, 1930, 1954, 1969 (séisme de Mw = 7.3, dans la région du banc de Gorringe,
même épicentre que le séisme de Lisbonne et responsable d’un tsunami sur les côtes portugaises
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 241

et marocaines), 1971, 1994 et 2004 (séismes d’Al-Hoceima), plusieurs secousses ont secoué la
ville de Fes mais aucun épicentre n’a été localisé dans la région de Fes-Meknes ou le long des
Rides Prérifaines.

Ces séismes instrumentaux et historiques (El Mrabet, 2005 ; Levret, 1991 ; Peláez et al.,
2007) montrent que la chaine du Rif est tectoniquement active et que cette activité touche en
particulier la région sud du Rif et le bassin du Saiss.

7.3.2 Analyse morphotectonique régionale des marqueurs morpholo-


giques le long du Front Sud Rifain

L’analyse détaillée du Modèle Numérique de Terrain (MNT) provenant des images SPOT5
d’une résolution de 20 mètres ainsi que du MNT fabriqué par photogrammétrie à partir des
orthophotos de la zone (utilisation du logiciel Agisoft Photoscan : description détaillée dans le
chapitre Méthodes) d’une résolution de 2 mètres permet la reconnaissance des structures et des
marqueurs de la déformation de surface à une échelle plurikilométrique. Les ruptures de surface
et les escarpements de faille associés ne sont pas visibles sur les MNT car leur signature morpho-
logique est inférieure à la limite de résolution de ces représentations tri-dimensionnelles. Pour
compléter cette analyse à partir des MNTs, une cartographie locale et détaillée des marqueurs
morphologiques a été réalisée à partir des photos aériennes au 1 :30,000.
Sur le MNT, le Front Sud Rifain apparait comme une structure de 150 km limitant les reliefs
de la chaine au nord et les bassins d’avant-pays au sud. Cette structure apparait clairement dans
la topographie : elle commence sur la bordure est du bassin du Gharb, à l’ouest, et suit un tracé
sinueux le long des reliefs jusqu’à disparaitre à l’est du Djebel Zalagh. (Figure 7.15a et c).
Si le relief est escarpé et entaillé par un réseau de drainage dense au nord, le bassin au sud
apparait uniforme et plat, seulement affecté de quelques incisions profondes débutant dans la
zone du Moyen-Atlas et s’arrêtant brutalement dans le centre du bassin ou se réorientant vers
l’ouest, selon l’axe de plongement du bassin. Le réseau de drainage orienté ∼N-S ou E-W dans
le bassin d’avant-pays est plus organisé que dans le Prérif où il apparait se développer dans
toutes les directions même si on remarque deux tendances principales d’écoulement faiblement
exprimées dans la topographie d’orientation NW-SE à NE-SW (Figure 7.15d). Ces tendances
correspondent, d’après la carte géologique (Figure 7.4), aux limites lithologiques entre les diffé-
rentes unités géologiques et structurales de la chaîne sur lesquelles se surimposent ces incisions
profondes provoquées probablement par la surrection plio-quaternaire. La limite entre les reliefs
et la plaine au sud de la chaine du Rif est marquée par des structures arquées, convexes vers
242 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.15: (a) MNT SPOT5 ombré de la région de Fes, (b) carte géologique (légende figure 5), (c)
représentation schématique des failles actives le long du Front Sud Rifain, (d) et carte du
réseau hydrographique.

le sud correspondant aux antiformes à ossature calcaire des Rides Prérifaines. Ces structures
sont alignées WSW-ENE et sont recoupées dans la partie nord-est de la zone d’étude par l’oued
Sebou, bien visible de par sa morphologie sinueuse à fond plat (Figure 7.15).
Le fleuve Sebou suit la base du Djebel Zalagh avant de le contourner par l’est.
Dans la partie ouest de Fes, le front de la chaine est marquée par une succession de trois
renflements faiblement dessinés. L’accident se poursuit ensuite vers le sud-ouest en suivant les
crêtes principales et en formant un angle droit souligné par une incision profonde de plus de
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 243

Figure 7.16: MNT et carte géologique au 1 :100,000 de la région du Djebel Tghat. Le MNT a été
construit à partir d’orthophotos avec une résolution de 2.5m (en haut). En blanc sont
représentées les structures antiformes, en rouge sont représentés les segments des failles
actives le long du FSR.

100 m dans les dépôts mio-pliocènes au pied de la ride de Kanoufa (Figure 7.16).

Les trois rides construites dans les calcaires lacustres plio-quaternaires apparaissent asymé-
triques avec une forme allongée légèrement losangeoidal (Figure 7.17).

Le sens d’écoulement est normal sur ces reliefs bien que, ponctuellement sur les flancs sud
et nord, quelques drains se réorientent latéralement en milieu de pente le long de structures
244 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.17: (a) Coupes topographiques, (b) MNT haute résolution, (c) carte des pentes et (d) bloc
interprétatif du site des « trois rides » montrant les relais compressifs en échelon. La
flèche rouge indique la surface alluviale perchée observée sur le terrain.

montrant une composante horizontale sénestre. Si l’on mesure les décalages latéraux sénestres
de ces drains sur le relief central, grâce au MNT construit à partir d’orthophotos (2.5m résolution)
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 245

(Figure 7.17), on obtient d’ouest en est des valeurs respectivement de 90 ± 5 m, 63 ± 5 et 105


± 5m.
Les thalwegs sur le versant sud de ces trois reliefs sont très fortement marqués le long de la
pente et s’expriment avec des incisions plus faibles vers le bas de la pente avant de se stopper
brutalement au pied des reliefs. Ce phénomène se produit suite à un soulèvement rapide et récent
du relief qui a pour effet d’accélérer l’incision du compartiment soulevé jusqu’à ce que le thalweg
trouve de nouveau son profil d’équilibre. Dans notre cas, cela suggère que les trois rides ont subi
une surrection tectonique récente et rapide.
En considérant que ces reliefs se sont soulevés tectoniquement, on peut mesurer la différence
d’altitude entre le sommet et le pied des reliefs et estimer des rejets verticaux totaux compris
entre 60 ± 5 m et 80 ± 5 m. Les rejets verticaux et horizontaux sont du même ordre de
grandeur, ce qui suggère un jeu en chevauchement sénestre avec un ratio V/H (déplacement
Vertical/ déplacement Horizontal) de 1.
Au vue de ces caractéristiques, nous interprétons ces reliefs comme une succession de relais
compressifs en échelon s’exprimant avec un régime de déformation transpressif sénestre (Figure
7.17).
Au nord de ces rides se dessine une dépression déversée vers l’ouest, proche du village de
Guerzine, limitée sur sa bordure nord par un linéament sur lequel s’arrêtent des figures d’incision.
Nous observons ici un contact lithologique entre les conglomérats plio-quaternaires recouvrant les
calcaires lacustres plio-quaternaires d’une part et les marnes consolidées tortoniennes surmontant
les calcaires lacustres plio-quaternaires d’autre part. Ce contact net, la sur-incision (en amont)
et la coupure franche (en aval) du réseau de drainage pourrait suggérer la présence d’un accident
E-W à pendage nord. Cependant, le fort contraste de lithologie et le pendage élevé des couches
indurées semblent jouer un rôle prépondérant sur ces figures d’incision.
Une surface alluviale perchée riche en galets roulés, dont la lithologie est différente de celle
du bassin versant, a été observée sur le terrain et témoigne, associé à un réseau hydrographique
fortement incisé (Figure 7.17b), de la surrection de ce massif.

7.3.2.1 Djebel Zalagh

Le Djebel Zalagh s’exprime dans la topographie avec une morphologie allongée NE-SW, sur
laquelle se rejoignent plusieurs ramifications de crêtes. C’est une structure anticlinale faillée sur
chacun de ses flancs (Figure 7.9) et qui présente en coupe un profil relativement symétrique. Ses
pentes sont de l’ordre de 10˚, sauf en son sommet où il présente sur les 200 derniers mètres une
forme plus effilée avec une pente de l’ordre de 40˚ (Figure 7.18a).
La crête du Djebel présente deux décalages latéraux dans la partie est, interprétés comme
246 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

le rejet de deux failles décrochantes dextres (Figure 7.18b). Ces deux failles semblent affecter
uniquement les terrains jurassiques et ne montrent pas de déformation de marqueurs morpho-
tectoniques quaternaires.

Figure 7.18: (a) MNT, (b) carte de pente et (c) coupes topographiques du Djebel Zalagh. Les flèches
rouges indiquent les encoches observées sur la crête du massif, les flèches noires indiquent
les ruptures de pente, le cercle noir indique la vallée perchée et les pointillés noirs les
failles décrochantes décalant latéralement les deux massifs.

On observe également dans la partie la plus orientale du massif, vers l’altitude 400m, plusieurs
encoches qui entaillent perpendiculairement la crête (flèches rouges, Figure 7.18a). Elles semblent
indiquer des incisions alluviales surélevées, connectées ou pas au réseau hydrographique actuel.
Sur le flanc sud du massif, à l’altitude 400m, on remarque à mi-pente une rupture de pente
associé à un plateau, visible en coupe topographique. Ce plateau est recouvert de sédiments de
colluvions quaternaires (Figure 7.9) et ne correspond pas à une limite lithologique. Il semble
souligner la limite du chevauchement frontal du massif. Une seconde rupture de pente associée à
une surface sub-horizontale est visible à 250 mètres d’altitude et correspond à la terrasse alluviale
du fleuve Sebou, observable en amont du fleuve en rive gauche.
Le fleuve Sebou, situé 200 mètres en contrebas du plateau du Saïss, possède une succession
de trois terrasses étagées entre 200 m et 250 m et est marqué par une incision de plus de 50 m
(Figure 7.18c). Ces terrasses alluviales étagées associées à cette profonde incision suggèrent un
soulèvement progressif de la zone.
Sur le flanc nord, on observe également une rupture de pente à l’altitude 700 mètres, dans
les calcaires jurassiques, associée à une surface de pendage 7˚. Cette rupture de pente semble
également marquer le contact d’une faille E-W à vergence sud. Nous verrons par la suite que les
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 247

marqueurs morphologiques observés sur le terrain confirment la présence d’une structure active.

7.3.2.2 Djebel Tghat

Le Djebel Tghat orienté ENE-WSW est une structure anticlinale déversée vers le sud (Figure
7.10) et qui présente une morphologie arquée. Les crêtes des reliefs situés tout de suite à l’est
et à l’ouest du Djebel Tghat culminent à des altitudes de ∼550m, bien inférieures à l’altitude
sommitale du massif, et ne se connectent pas directement à ses crêtes.
En observant le profil topographique, on dénombre plusieurs ruptures de pente, à des altitudes
comprises entre 540m et 400m (Figure 7.19c). Ces ruptures de pentes sont parfois accompagnées
de décalages latéraux visibles sur le réseau hydrographique et sont souvent marquées par des
arrêts d’incision (Figure 7.19a et b).

Figure 7.19: (a) Représentation ombrée, (b) carte des pentes et (c) coupes topographiques du Djebel
Tghat. Les flèches noires en (b) indiquent la trace du chevauchement frontal associé à des
arrêts d’incision, les flèches noires en (c) indiquent les ruptures de pente, les pointillés (c)
indiquent la trace d’une structure le long de laquelle les drains (en blanc) sont décalés
latéralement.

Les arrêts d’incision au pied du relief et le sur-creusement des drains en amont compa-
rativement à l’aval de ces structures (on note cette différence flagrante sur les différents MNT
éclairés, où les thalwegs apparaissent très clairement grâce à l’éclairage, alors qu’ils disparaissent
en arrivant dans la plaine en contrebas, bien que le substrat y soit plus meuble) suggèrent un
soulèvement récent et rapide du relief. Nous interprétons ces marqueurs comme la signature de
failles actives chevauchantes sénestres émergeant en surface (Figure 7.19).
Les deux structures majeures observées sur le Djebel Tghat se poursuivent sur les reliefs
248 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

environnants avec les mêmes morphologies caractéristiques : ruptures de pente, arrêts d’incision,
décalages latéraux des drains et approfondissement du réseau hydrographique en amont des
structures. Cette analyse suggère que ces structures émergent en surface, néanmoins du fait
de l’érosion et de l’activité anthropique, il n’est pas toujours possible d’affirmer que les failles
atteignent toutes la surface et la question de structures aveugles est posée par endroit.

7.3.2.3 Douar T’laha village

Nous avons effectué une cartographie détaillée des marqueurs morphologiques à partir de
l’analyse des photos aériennes sur le relief situé à l’ouest du Djebel Tghat, après une première
étude des MNTs qui nous ont permis d’identifier les structures actives.
La zone d’étude est centrée sur le village de Douar T’laha, à 7 km de la ville de Fes. Le village
est construit sur les pentes faibles d’un relief dont l’axe sommital, au nord, apparait convexe vers
le sud (Figure 7.20). Le sommet est traversée par plusieurs thalwegs qui s’écoulent vers le sud et
s’initient dans une dépression ovale allongée E-W. Les crêtes de ce relief se poursuivent à l’ouest
avec une morphologie plutôt concave vers le sud et se branchent ensuite sur la structure en
échelon décrite précédemment. La crête marque le contact entre les terrains lacustres pliocènes
du bassin et les marnes miocènes au nord (Figure 7.20a).

Figure 7.20: (a) Orthophoto et photo-interprétation, (b) MNT et (c) profil topographique du site de
Douar T’laha. Les flèches indiquent la dépression sommitale et les ruptures de pente sur
le flanc sud associées au front de chevauchement actif.

Bien que la zone soit fortement anthropisée, comme en témoigne l’imbrication des parcelles
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 249

cultivées de formes géométriques visibles sur la photo, on distingue des surfaces plus claires au
milieu et au pied de la pente (Figure 7.20a). Elles marquent une rupture de pente bien nette,
observable sur le profil topographique (Figure 7.20c) qui se suit sur l’ensemble de la zone et se
segmente au niveau du village. A l’est, cette rupture de pente se retrouve au pied du Djebel Tghat
et se connecte aux structures actives identifiées précédemment sur le massif (Figure 7.20b). A
l’ouest, elle se poursuit très nettement en s’éloignant des reliefs avec une direction NE-SW.
En observant le réseau hydrographique, on remarque que bien qu’il soit plus prononcé et plus
linéaire à l’ouest qu’à l’est, son comportement est sensiblement similaire lorsqu’il recoupe cette
surface morphologique. En effet, en amont de cette rupture de pente, les drains présentent des
reprises d’incisions fortement encaissées, comme décrit précédemment (Figure 7.16), et appa-
raissent très clairement sur la photo (Figure 7.20). En aval de cette surface, les drains sont bien
moins visibles et disparaissent progressivement tandis que la pente diminue.
Tous ces indices témoignent d’un soulèvement rapide du relief associé à l’activité récente
d’une ou deux failles chevauchantes vers le sud, à pendage nord.
A travers cette analyse régionale puis locale de la zone, nous montrons que l’accident du Front
Sud Rifain présente des signes d’activité tectonique récents avec une composante principalement
compressive et faiblement décrochante (Figure 7.17 et 7.19) sur une longueur de 50 km au nord
de la ville de Fes. Il marque la limite entre les reliefs du Rif et le bassin du Saiss.

7.3.3 Analyse morphotectonique locale des marqueurs morpholo-


giques le long du Front Sud Rifain

Les structures et figures morphotectoniques décrites précédemment sur les MNT et les pho-
tos aériennes peuvent être observées sur le terrain. Nous décrirons ci-après les observations de
terrain faite au niveau des différents marqueurs morphologiques affectés par de la déformation
quaternaire le long du Front Sud Rifain.

7.3.3.1 Djebel Zalagh

Nous avons observé au sein du Djebel Zalagh, plusieurs indices de tectonique quaternaire
récente.
Sur le flanc sud du massif, aucune figure morphotectonique associée à de la déformation
quaternaire récente n’a été observé sur le terrain. Nous en déduisons que le front est aveugle ou
situé plus au sud encore et masqué par l’activité anthropique.
En contrepartie, nous observons sur le flanc nord du massif, un escarpement topographique
net avec une orientation NE-SW (Figure 7.21a). Cet escarpement est situé dans les calcaires
250 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

jurassiques (Figure 7.9). Il est souligné par la présence de dépôts de pente sur lesquels la végé-
tation est absente. Nous interprétons l’escarpement topographique et la présence de colluvions
actifs comme les indices morphologiques d’une faille récente et chevauchante vers le nord. Cette
faille correspondrait à un rétro-chevauchement connecté en profondeur à la structure majeure
chevauchante vers le sud de la ride.

Figure 7.21: Photos du Djebel Zalagh sur lesquelles on observe (a) le rétrochevauchement actif souli-
gné par la présence de dépôts de colluvions actifs et (b, c) alignement ∼E-W des reprises
d’incisions observées dans le prolongement Est de l’escarpement associé au rétrochevau-
chement. (d) Schéma explicatif du phénomène de reprise d’incision. La flèche en (b)
localise la Figure 7.21.

En contrebas de la pente, une seconde structure quaternaire de même direction E-W a été
observée. Elle montre un contact anormal entre plusieurs horizons de sol récents et des calcaires
crétacés (cf. Rapport M2 J. Billant 2011) (Figure 7.22).
Le rafraichissement de l’affleurement a permis de mesurer un plan de faille inverse N65E,
80SE. Aucun indice d’une composante horizontale n’a été observé sur ces deux failles.
L’escarpement de faille inverse observé sous la crête du Jebel Zalagh semble se poursuivre vers
l’Est. En effet, on observe un escarpement topographique de direction également E-W (Figure
7.21b) souligné par l’arrêt de figures d’incision de plusieurs mètres de profondeur au niveau d’une
forte rupture de pente. Le substrat correspond ici à des marnes mio-pliocènes. En aval de cet
escarpement, le réseau hydrographique est très peu incisé et disparait progressivement au pied
des reliefs. L’incision observée sur ces thalwegs indique un changement brutal et soudain de leur
profil d’équilibre et suggèrent un soulèvement rapide de ces drains dans leur partie amont. Nous
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 251

Figure 7.22: Photo et interprétation d’une faille affectant les dépôts de sol Quaternaire sur le flanc
Nord du Jebel Zalagh.

interprétons cette rupture de pente comme un escarpement de faille inverse à vergence nord et
l’érosion régressive observée sur les drains comme des reprises d’incision liées à la surrection
récente du bloc chevauchant au Sud.
Ces observations sont en accord avec les marqueurs décrits sur les MNT, et soulignent la
présence d’un rétrochevauchement actif sur le flanc nord du Djebel Zalagh.
A la terminaison Est du Djebel Zalagh, le long de la crête du massif, nous avons observé une
figure d’incision surélevée perpendiculaire à la direction de la crête et déconnectée du réseau
hydrographique. Cette surface, observée et décrite auparavant sur les MNT, est interprétée
comme une vallée abandonnée sur la crête du massif (Figure 7.23).

7.3.3.2 Djebel Tghat

Le Djebel Tghat a été brièvement étudié sur le terrain, nous nous sommes surtout intéressés
à son flanc sud. La rupture de pente (identifiée sur les MNT et les images aériennes) le long de
252 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.23: Photo d’une vallée perchée sur les crêtes orientales du Djebel Zalagh

laquelle le réseau hydrographique est décalé horizontalement et verticalement présente dans les
thalwegs des ressauts verticaux. Ces escarpements de 2 à 3 mètres de haut sont formés de bancs
de grès et de galets plio-quaternaires redressés, mis à l’affleurement par l’érosion des rivières. Ils
sont orientés N90E et ont un pendage de 80˚N (Figure 7.24).

En observant la topographie, on remarque que chacun de ces escarpements est surmonté d’une
surface sub-horizontale qui devient légèrement incurvée à l’approche de ces barres verticales. En
contrebas, les pentes sont plus fortes et l’incision des thalwegs est plus prononcée jusqu’à la
prochaine rupture de pente où de nouveau la pente s’adoucit et l’incision des thalwegs diminue.
Nous interprétons cette succession de ruptures de pente « en escalier » et ces escarpements en
fond de thalwegs comme la conséquence d’un phénomène d’érosion différentielle ayant affecté les
lits redressés des conglomérats plio-quaternaires.

Dans la zone située entre le Djebel Tghat et le village de Douar T’laha à l’ouest, ces structures
tectoniques se poursuivent latéralement le long des reliefs. Les dépôts conglomératiques redressés
verticalement s’observent à chaque intersection avec le réseau hydrographique, sous la forme de
ressauts.

A quelques centaines de mètres à l’ouest du village de Douar T’laha (Figure 7.25), une carrière
a été creusée dans les dépôts conglomératiques et gréseux du Pliocène. Cette carrière nous donne
un aperçu tri-dimensionnel des terrains géologiques et des structures tectoniques associées qui
les affectent. Une cartographie détaillée de la carrière ainsi qu’une coupe ont été réalisées. Elles
ont permis de mettre en évidence la présence d’un pli anticlinal droit d’axe E-W dont le coeur
conglomératique est excavé. La charnière de cet anticlinal forme ici la crête du relief (Figure
7.26).
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 253

Figure 7.24: Photos de terrain des escarpements liés à l’érosion différentielle observés sur le Djebel
Tghat.

Emboité dans cet ensemble de terrains plio-quaternaires plissés, constituant le relief principal,
on observe, quelques dizaines de mètres à l’est, des dépôts détritiques plus récents à matrice
argilo-sableuse à limono-argileux peu cohésive dans laquelle s’inscrivent des lits de galets.

7.3.3.3 Douar T’laha : site de la carrière

Analyse des marqueurs morphologiques déformés

Ces dépôts alluviaux se situent à l’exutoire d’un petit thalweg peu incisé. Au contraire de
l’amont, l’aval de ce cours d’eau est caractérisé par une forte rupture de pente associée à un
important remplissage sédimentaire d’une dizaine de mètres d’épaisseur.

Cet épais remplissage a été fortement ré-incisé de plusieurs mètres conférant à ce thalweg
un aspect de canyon. Les bordures de ces incisions sont quasiment verticales et font apparaitre
254 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.25: Photo depuis le Sud-Est du front de chevauchement actif aux abords du village de Douar
T’laha.

Figure 7.26: Photo de terrain du site de la carrière et coupe géologique du pli anticlinal situé dans la
carrière, à l’ouest du village de Douar T’laha.

en coupe une succession de dépôts meubles argilo-sableux alternant avec des lits de galets plus
indurés (Figure 7.27).
Lorsque l’on observe l’ensemble stratigraphique de cette unité détritique, on remarque que les
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 255
256 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.27: (a) Photos, panorama et (b) croquis du site de la carrière (proche de Douar T’laha
village). Notons le redressement des lits de galets et la morphologie en éventail des dépôts
alluviaux

lits de galets ont des épaisseurs plus faibles, variant de 10 cm à 40 cm, que les lits argilo-limono-
sableux. Les dépôts de galets sont hétérométriques : ils se présentent sous forme de dragées de
1 à 2 centimètres mais peuvent atteindre des tailles de ∼10 centimètres. La distribution de la
granulométrie des galets dans les lits s’organise en fonction de la distance à l’exutoire : plus
la distance à l’exutoire augmente, plus la granulométrie diminue. Cela est cohérent avec une
dynamique de rivière classique à faible pente.

L’ensemble des galets rencontrés dans ces unités ont des formes bien arrondies tantôt ovales,
tantôt allongés et présentent une surface polie. Ils proviennent essentiellement de quartzites et de
quartz, parfois de calcaires. On observe sur leur surface des stries et des figures de déformation.
La typologie de ces galets évoque celle observée dans les poudingues consolidés plio-quaternaires
rencontrés à la carrière. De plus, leur faible angulosité suggère un temps de transport long, ce
qui semble incohérent avec la taille réduite de ce bassin versant.
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 257

Ainsi, nous interprétons le dépôt alluvial décrit ici comme provenant du remaniement des
formations plus anciennes. Nous observons également, intercalés dans les dépôts, des liserés de
couleurs plus sombres ou plus claires que nous interprétons comme les vestiges de paléo-sols ou
de paléo-surfaces érosives.
L’alternance cyclique de ces différents dépôts est probablement liée d’une part à des phéno-
mènes climatiques saisonniers, annuels ou pluri-annuels et/ou d’autre part à des variations de
la morphologie du bassin versant et donc du profil d’équilibre de la rivière, permettant dans les
deux cas une remobilisation du matériel sédimentaire. Nous pensons que les deux hypothèses
sont bonnes. Cependant la deuxième hypothèse suggère un forçage externe autre que climatique
ou lithologique (le thalweg traverse l’ensemble des unités verticalisées), qui serait donc tecto-
nique. Le long de la colonne stratigraphique de ce remplissage sédimentaire, nous observons un
changement du pendage des lits de galets. La surface la plus jeune montre une stratigraphie
sub-horizontale qui apparait surélevée d’une dizaine de mètres par rapport au pied du relief.
Sous ces dépôts, d’autres dépôts affichent des pendages, vers le bas de la pente, de plus en plus
élevés jusqu’à la base de la série où ils apparaissent avec des pendages presque verticaux.
La base de cet escarpement est marquée par la présence d’une zone de gouge visible sur le talus
du thalweg (Figure 7.28). Cette zone de gouge asymétrique s’élargit vers le haut de l’affleurement
et affiche une direction N100E et un pendage de 55-65˚N. Elle est constituée d’une bande de
30 à 50 cm d’épaisseur constituée d’argilite fine sombre altérée, affichant ponctuellement des
reflets violets, verts et oranges. Cette bande de déformation est encadrée par deux liserés blancs
correspondant à de la minéralisation secondaire probablement issu de carbonates.
En bordure de la bande de déformation/altération, sur le bloc chevauchant, nous observons
un banc sub-vertical induré d’argile limoneuse de 3 cm d’épaisseur au contact du liseré carbonaté.
A la suite de ce banc, on retrouve une succession de lits de galets enchâssés dans une matrice
argilo-limono-sableuse et affectés d’un pendage de ∼60˚N. Sur le footwall, en bordure de la
gouge, nous observons de nombreux lits de galets imbriqués liés par une matrice indurée qui
sont affectés par un plissement antiforme. Les lits de galets verticaux au contact de la gouge,
forment un pli vers l’aval et retrouvent progressivement une stratification horizontale.
Un horizon de sol de 30 cm d’épaisseur et de couleur sombre recouvre l’ensemble de cette
zone de gouge jusqu’en surface. Il est constitué de petits lits de galets alternants avec des lits
argilo-sableux fins.
A l’aplomb de la zone de gouge, on remarque de nombreuses fissures qui recoupent le sol à la
verticale jusqu’en surface. Ces fissures sont parfois associées à de la végétation racinaire. Les lits
de galets au passage de ces fissures semblent affectés d’un faible plissement. De plus on observe
un granoclassement des galets de part et d’autres de ces fissures avec des lits grossiers en amont
258 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.28: Zone de gouge de faille observée au pied des dépôts alluviaux plissés du site de la carrière
et bloc 3D interprétatif de la gouge et de l’escarpement associé observé en surface.

et plus fins en aval.

Dans le prolongement de cette zone de gouge, on retrouve en surface sur la rive gauche un
escarpement de quelques dizaine de centimètres dans les dépôts argilo-sableux (Figure 7.28). Le
thalweg se poursuit vers la plaine avec des incisions de l’ordre de ∼1-2 mètres.
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 259

La morphologie en éventail observée dans les dépôts de galets associée à la forte rupture
de pente est interprétée comme le fruit d’une déformation tectonique plicative syn-sédimentaire
(Figure 7.27). Les sédiments argilo-sableux et limono-argileux se déposent à l’horizontale en
fond de chenal, dans une rivière à faible pente où la dynamique sédimentaire est faible. Quelques
évènements saisonniers extrêmes et ponctuels (crues) se produisent permettant le remaniement,
le transport et le dépôt de matériel plus grossiers tels que des galets. (Ce phénomène est d’ailleurs
observable actuellement dans tous les oueds du nord du Maroc sous climat méditerranéen : les
oueds sont quasiment à sec toute l’année et ne se mettent en charge que quelques mois par
an pendant les fortes pluies, engendrant des crues rapides et des débordements, permettant la
remobilisation et le dépôt des sédiments).
Une fois la série sédimentaire déposée, ou de façon contemporaine au dépôt, le massif est
soumis au champ de raccourcissement régional et se soulève sous l’effet du plissement. Ce sou-
lèvement peut s’effectuer de façon continue dans le temps ou saccadé sous l’effet de rejeux
co-sismiques le long d’une faille chevauchante basale. La pile de sédiments alluviaux, étant si-
tuée à la fois sur la charnière et le flanc du pli, se retrouve donc affectée. On explique ainsi la
variation latérale de pendage des lits de galets : les dépôts plus anciens sont verticalisés tandis
que les dépôts plus jeunes sont simplement renversés.
En parallèle, la surrection du massif modifie le cours de la rivière qui incise alors profon-
dément ces sédiments meubles pour retrouver son profil d’équilibre. Quelques vestiges de ces
dépôts renversés sont préservés de l’érosion, puis de nouveau recouvert par un dépôt qui sera lui
aussi déformé par la suite. Le cycle déposition/soulèvement/incision entraine un étagement des
formations sédimentaires où les terrasses alluviales les plus vieilles surplombent les plus jeunes.
Cela explique les différentes générations de pendages des couches et leur disposition les unes sur
les autres. La Figure 29 schématise cette succession d’évènements sédimentaire et tectonique.
Suite à une étude de microtopographie effectuée par GPS cinématique RTK8 sur l’ensemble
du relief, nous mesurons une différence d’altitude de 12 mètres à l’endroit où la surface allu-
viale est la mieux préservée (Figure 7.27). Nous considérons qu’il s’agit d’un rejet minimum
car la surface correspondante dans le footwall se trouve probablement enterré sous des collu-
vions/alluvions plus récentes. Afin de quantifier cette déformation long-terme et d’estimer des
taux de surrection du massif, nous avons prélevé un échantillon cubique de 20 cm d’épaisseur
dans les dépôts argilo-limono-sableux du sommet de la série dans le but d’effectuer une datation
par Luminescence Stimulée Optiquement (OSL).

Datation des marqueurs morphologiques par OSL


260 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.29: Bloc interprétatif des dépôts alluviaux déformés du site de la carrière. Après chaque dépôt
alluvial le massif subit un soulèvement, ce qui a pour conséquence un basculement puis
une incision des dépôts. Les dépôts suivants se mettent en place sur les dépôts basculés
puis sont soulevés, basculés et incisés, etc...

Les dépôts alluviaux du site de la carrière de Douar T’laha, situés le long du Front Sud Rifain,
ont été étudiés et décrits précédemment. Ils sont affectés par une déformation en pli-faille inverse
avec un rejet vertical total de ∼12 mètres.
Afin de quantifier cette déformation sur le long-terme (vitesse de surrection, taux de raccour-
cissement,...), nous avons daté ces dépôts. Rappelons que ces dépôts sont constitués d’unités
sableuses et argileuses dans lesquelles apparaissent des niveaux formés de lits de galets siliceux
et carbonatés.
Nous avons échantillonné un cube de 20x20x20 cm de sables argileux, à 40 cm de profondeur
(pour éviter les contaminations par les irradiations de surface), dans les dépôts situés au sommet
de la formation (Figure 7.30).
Les analyses sur Quartz indiquent que l’échantillon a été mal blanchi. Cependant la bonne
qualité du signal permet d’estimer un âge moyen pour cette échantillon de 5.2 ± 0.2 ka.
Ainsi, cela induit, avec des pendages de faille respectivement de 30˚ (estimé avec la micro-
topographie) et 60˚ (mesuré sur la gouge de faille au niveau du site de la carrière), une vitesse
de soulèvement comprise entre 2.4 et 4 mm/an et de raccourcissement comprise entre 1.4 et
4 mm/an.
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 261

Figure 7.30: Localisation et photo de l’échantillonnage OSL dans les dépôts alluviaux déformés du
site de la carrière.

7.3.3.4 Mise en évidence de la rupture de surface associée au séisme de 27 novembre


1755 par datation Radiocarbone

Analyse des marqueurs morphologiques déformés

Le village de Douar T’laha situé en bas de pente est alimenté par une rivière temporaire qui
provient des reliefs au nord et qui recoupe les bancs indurés de conglomérats plio-quaternaires et
forme un escarpement de plusieurs mètres avant de traverser le village. L’incision de la rivière,
faible en amont, est plus profonde en contrebas de cet escarpement. La profondeur de l’incision
diminue ensuite brutalement au niveau du village (Figure 7.31). Le long du tracé de cette rivière,
entre le village et le ressaut en amont, nous observons une surface plane et horizontale surélevée
de 2 à 3 mètres par rapport au fond du thalweg qui correspond à une terrasse alluviale.
La zone étant fortement construite et cultivée en rive gauche, cette terrasse large de plus de
5 mètres et marquée par un bosquet d’arbres est mieux préservée en rive droite, bien qu’elle ait
été creusée et exploitée pour le sable par les habitants du village. Grâce à cette excavation, nous
avons eu accès à un affleurement en coupe de la terrasse sur ∼1m de profondeur (Figure 7.32).
Nous observons trois niveaux stratigraphiques le long de cette coupe : le premier niveau, du
bas de l’affleurement à 60 cm de profondeur, est un dépôt grisâtre constitué de graviers fins pris
dans une matrice sablo-argileuse. Il est recouvert par un dépôt épais de 45 cm (profondeur : 60
cm à 15 cm) constitué en majorité de limons (60-70%) et d’argile (40-30%) et contient sporadi-
quement des galets arrondis de taille inférieure à 5 cm. Enfin, le dernier niveau stratigraphique
est épais de 15 cm et est formé par un dépôt majoritairement sableux (70%) et argileux (30%).
Il contient également quelques galets bien arrondis de petite taille éparpillés sans organisation
sur l’ensemble du dépôt. La surface de ce niveau est altérée et fissurée par les racines et marquée
262 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

Figure 7.31: Représentation ombrée, carte de pente et photo d’affleurement de l’escarpement de faille
qui affecte une surface fluviale près du village de Douar T’laha. Le rejet co-sismique
vertical mesuré est de 0.7-1 m.

par une pellicule de sol en cours de formation.


Plusieurs charbons de bois ont été échantillonnés le long de ce profil de sol en vue d’effectuer
des datations radiocarbones de ces dépôts.
A l’endroit de cette excavation, la terrasse alluviale est affectée par un escarpement topo-
graphique de direction E-W. La surface alluviale disparait ensuite après quelques mètres dans
le village.
L’escarpement topographique se poursuit sur le flanc du massif à l’ouest et s’observe égale-
ment à l’est en rive gauche. L’escarpement disparait en intersectant l’oued mais semble tout de
même l’avoir affecté car nous observons un changement radical de sa morphologie.
Comme décrit précédemment, la figure d’incision qui présentait des encaissements supérieurs
à 2 mètres en amont, disparait brutalement à ce niveau-là. Les talus de rivière sub-verticaux
observés le long de la terrasse en amont s’évasent à l’endroit de l’escarpement et présentent
ensuite des pentes douces en aval. Cet escarpement topographique est interprété comme un
escarpement de faille inverse orientée E-W et à vergence nord ayant affecté la terrasse alluviale
en rive droite et modifié le profil d’équilibre du thalweg.
Nous avons réalisé un relevé topographique à l’aide d’une station GPS cinématique RTK sur
l’ensemble de la zone afin d’effectuer une cartographie détaillée de cette structure tectonique et
en estimer la cinématique (pendage, rejet, direction...). Le MNT haute résolution créé à partir des
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 263

données de micro-topographie nous permet de tracer précisément la rupture de surface (Figure


7.31). Elle apparait clairement le long du flanc sud du massif et intersecte le thalweg de la
carrière à l’endroit où nous avons observé les arrêts d’incision.
Au niveau du village, la terrasse alluviale apparait clairement sur la carte ombrée des reliefs
et sur la carte des pentes comme une surface sub-horizontale. La reprise d’incision associée à
cette faille est également bien visible sur ces deux représentations. Les profils topographiques de
l’escarpement de faille construits à partir du MNT nous permettent d’estimer un rejet vertical
de 0.7-1 m. En considérant le pendage mesuré sur la gouge (55-65˚), le déplacement co-sismique
le long du plan de faille est de 0.8-1.2 m. En considérant un pendage de 30˚ (estimé grâce à la
microtopographie) le déplacement est alors de 1.4-2.5 m.
Dans le but d’estimer l’âge du séisme ayant produit cet escarpement, nous avons daté par la
méthode du Carbone 14 les dépôts alluviaux de la terrasse affectés par la faille.

Datation de marqueurs morphologiques par Radiocarbone

Les dépôts de la terrasse alluviale sont constitués essentiellement de limons, de sables et


d’argiles, et contiennent ponctuellement des galets (Figure 7.32).

Figure 7.32: Photo et schéma stratigraphique du dépôt alluvial affecté par une faille inverse sur le site
du village de Douar T’laha. Les échantillons radiocarbones datés lors de cette étude sont
reportés sur le profil de sol.

Un log sédimentaire a été effectué afin d’identifier les différentes unités sédimentaires puis
plusieurs charbons ont été prélevés. Nous avons prélevé huit échantillons : un échantillon d’os et
sept échantillons de matière organique végétale charbonneuse. Deux échantillons provenant de la
couche limono-argileuse ont été datés pour des profondeurs de 60 cm (échantillon nommé FV3) et
264 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

57 cm (FV5). Les âges radiocarbones déduits des concentrations de 14 C, donnés sans soustraction
d’âge réservoir, sont 160 ± 30 BP (FV3) et 80 ± 30 BP (FV5). Les âges radiocarbones ont été
corrigés et calibrés en utilisant les logiciels Calib 7.0 (http://calib.qub.ac.uk/calib/calib.
html)et Oxcal 4.02.
Les graphiques de la Figure 7.33 représentent en ordonnée l’âge non calibrés de nos échan-
tillons sous la forme d’une gaussienne (avec les incertitudes 1 et 2 sigma associées) et en abscisse
les âges calibrés AD avec leur distribution de probabilités. La courbe sinusoïdal en grisée indique
l’évolution du taux de radiocarbone atmosphérique en fonction du temps. L’intersection entre les
14
valeurs d’âges brutes de nos échantillons et la courbe du C atmosphérique donne l’âge calibré
AD de nos échantillons.
Pour chaque échantillon, on remarque qu’il existe plusieurs possibilités d’âges calibrés avec
des incertitudes plus ou moins importantes. En utilisant un intervalle de confiance de 95% et en
comparant les données des deux échantillons situés à la même profondeur sur le profil de sol,
nous obtenons des âges AD de 1685 ± 21 (FV3) et 1709 ± 20 (FV5). Le dépôt alluvial affecté
par la faille est donc daté à 1697 ± 20 AD.
Plusieurs séismes historiques postérieurs à 1697 ont été enregistrés dans la zone de Fes. Deux
de ces séismes (1719 et 1773) ont leur épicentre localisé à plus de 50 km au nord de Fes à
l’intérieur de la chaîne et ont été enregistré avec une intensité MSK inférieure à VII (soit Mw
∼ 5.2). Trois autres de ces séismes (1926, 1930 et 1954) ressentis à Fes avec des intensités MSK
inférieures à VI (Mw < 5) ont leur épicentre localisé à plus de 150 km de la ville. Le séisme de
1755 a été localisé à quelques kilomètres de Fes, le long du Front Sud Rifain et estimé avec une
intensité MSK de VIII (soit Mw ∼ 6) (Bargach, 2011 ; El Mrabet, 2005 ; Peláez et al., 2007)
(Figure 7.34).
Cela suggère que de tous les séismes historiques enregistrés après 1697 AD dans la région
de Fes, l’épicentre du séisme de 1755 correspond à la meilleure localisation pour expliquer la
rupture de surface observée à Douar T’laha. De plus, si l’on se base sur la loi de régression de
Wells and Coppersmith (1994) et en utilisant le déplacement moyen sur le plan de faille estimé
précédemment, nous obtenons une magnitude comprise entre 6,5-7 et une longueur de rupture
de ∼ 40 km pour une faille inverse orientée E-W et de pendage estimé à ∼60±5˚. Or seul le
séisme de 1755 enregistre une magnitude estimée supérieure à 6.
Nous mettons en évidence ici une rupture de surface, traversant le village de Douar T’laha et
un thalweg situé près d’une ancienne carrière, que nous associons à l’activité d’une faille de ∼40
km entre Fes et Meknes qui semble avoir jouée pour la dernière fois lors du séisme historique du
27 Novembre 1755, avec une magnitude comprise entre 6.5 et 7. Cela est cohérent avec l’étude
de Moratti et al (2003) qui décrit une rupture de surface à l’Ouest de Fes qu’il associe au séisme
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 265

Figure 7.33: Courbes des âges radiocarbones obtenus pour les échantillons FV3 et FV5. A gauche, les
courbes sont données par Calib 7.0, à droite la courbe a été obtenue par Oxcal 4.02

Figure 7.34: Chronologie des séismes historiques ressentis dans la région de Fes. Les âges radiocarbones
de notre étude sont reportés sur la figure.

historique de Fes-Meknes de 1755.

7.4 Discussion des résultats


Notre étude morphotectonique a montré que le front de chevauchement sud de la chaîne du Rif
est actif au niveau du Djebel Zalagh, du Djebel Tghat et probablement jusqu’au Djebel Zerhoun à
266 CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT

l’ouest. En effet, plusieurs indices morphologiques jeunes sont affectés par cette structure (réseau
hydrographique réorienté, reprise d’incision, arrêts d’incision, terrasse alluviale soulevée...).
Cet accident majeur est difficile à suivre sur l’ensemble de ses 150 kilomètres et semble se
segmenter en plusieurs branches avec une orientation générale E-W. Ce chevauchement montre
également une composante décrochante senestre (Figure 7.35).
Dans la région du village de Douar T’laha, un site d’étude situé dans une ancienne carrière
nous a permis de mettre en évidence une déformation verticale affectant des dépôts alluviaux et
les soulevant de plus de 12 mètres par rapport à leur niveau de base. Ces alternances de limons,
d’argiles et de lits de galets suggèrent un régime de dépôt perturbé en partie lié à la déformation
progressive du bassin versant. Ces dépôts sont étagés et forment une série de terrasses imbriquées
et plissées (Figure 7.29). La vitesse de raccourcissement estimée grâce à la datation OSL est de
1.4 à 4 mm/an en accord avec les données GPS (Figure 7.35).

Figure 7.35: Carte synthétique représentant le tracé du Front Sud Rifain avec le vecteur vitesse GPS
reproté en pointillé et les vitesses de glissement déduites de notre étude morphotectonique
(encadré blanc). Noir=vitesse de raccourcissement, Bleu clair=rupture et âge de séisme
historique déduits de notre étude et de l’étude de Moratti et al. (2003).

Tous les marqueurs indiquent clairement un soulèvement rapide et récent du Front Sud Rifain
et une évolution progradante du front actif dans le bassin du Saïss. Le front de déformation se
déplace donc vers le sud durant l’Holocène par le biais d’anticlinaux de propagation de failles.
L’étude morphotectonique couplée aux datations paléosismologiques nous a permis d’iden-
tifier, à quelques kilomètres seulement de la ville de Fes dans le village de Douar T’laha, une
rupture de surface interprétée comme un segment de la faille responsable du séisme historique
destructeur de 1755. Cette faille s’observe sur plusieurs centaines de mètres et affecte avec un
jeu purement inverse une terrasse alluviale datée par radiocarbone à 1700 AD.
Le rejet co-sismique vertical est de l’ordre de 0.7 à 1 m, ce qui donne un rejet moyen sur
CHAPITRE 7. LA RÉGION SUD DU RIF : LE FRONT DE CHEVAUCHEMENT 267

le plan de faille de 0.8-1.2 m (avec un pendage de 60˚) et de 1.4-2.5 m (avec un pendage de


30˚). La magnitude estimée à partir des lois de régression de Wells and Coppersmith (1994) est
comprise entre 6.5 et 7 et la longueur de la rupture est estimé à ∼40 km, en accord avec l’étude
de Moratti et al. (2003) (Figure 7.35). Le temps de récurrence estimé le long de cette faille est
de 300 ± 50 ans, ce qui est cohérent avec les données de la sismicité historique qui documentent
plusieurs séismes destructeurs dans la zone entre 1045 et 1755.
Bien que la magnitude estimée à partir des intensités MSK (données historiques) soit légère-
ment inférieure à la magnitude calculée dans notre étude, nos résultats sont cohérents avec les
sources historiques qui localisent la déformation entre Fes et Meknes, espacées de ∼50 km.
En comparant les vitesses morphotectonique et géodésiques, on remarque que cette structure
longue de 150 km qui marque la limite entre la chaîne du Rif et l’avant-pays accommode l’essentiel
de la convergence et du mouvement vers le SSW du Rif (Figure 7.35).
Avec les résultats obtenues lors de cette étude et au regard de la forte densité de population
vivant le long de cette structure majeure, il apparait clairement que la région Sud du Rif est la
plus exposée au risque sismique.
Chapitre 8

Discussion et Conclusion

Ce travail de thèse porte sur l’analyse de la déformation active court et moyen terme de la
chaine du Rif au Maroc.
L’utilisation des méthodes de datations du Quaternaire ajoutée à l’analyse morphotectonique
réalisée à partir de l’imagerie aérienne et spatiale, des Modèles Numériques de Terrain (MNT)
et des études de terrain permettent d’identifier et de quantifier les failles sismogènes dans les
régions du Nord-Est, de l’Est et du Sud du Rif, au cours des derniers 500 ka.
L’ensemble des résultats obtenus sur six failles majeures dans quatre zones différentes du
Rif sont synthétisés puis compilés dans le but de discuter de la déformation régionale à l’échelle
de la chaine de montagne. Les vitesses morphotectoniques sont comparées avec les données de
géodésies et de sismicité instrumentale afin de discuter de la déformation sur différentes échelles
de temps. Cela nous permet de proposer in fine un modèle géodynamique régionale pour la
chaine du Rif.
270 CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION

8.1 Discussion sur les stratégies d’échantillonnage et les


méthodes de datation : Application à la chaine du
Rif.

Dans le but de quantifier les déformations horizontale et verticale récentes dans la chaine du
Rif (Maroc), j’ai adopté, au cours de ce travail de recherche, plusieurs stratégies d’échantillon-
nage, adaptées aux différents marqueurs morphologiques alluviaux et marins rencontrés sur le
terrain : échantillonnage dans un dépôt sédimentaire le long d’un profil en profondeur, échan-
tillonnage d’un substrat rocheux le long d’un escarpement de faille, amalgame de galets récoltés
sur une surface morphologique, collecte ponctuelle de matériel charbonneux, de coquilles fossiles
ou encore de sédiments quartzo-feldspathique.
Une approche géochronologique a ensuite été réalisée en couplant de nombreuses méthodes de
14
datation du Quaternaires utilisant les éléments isotopiques tels que le C, l’U/Th, les isotopes
36 10
cosmogéniques produits in-situ Cl, Be, 3 He, et l’OSL.
Les résultats obtenus avec ces différentes approches, au cours de ma thèse, suggèrent que
les stratégies d’échantillonnage et les méthodes de datations les mieux adaptés pour le Rif sont
(Tableau 8.1) :

1. L’échantillonnage le long des escarpements de failles datées par l’isotope cosmogénique


36
Cl. Cette stratégie d’échantillonnage reste la plus complète pour caractériser une faille car elle
permet de retrouver l’âge des séismes et la vitesse de glissement de la faille, les intervalles de
récurrence entre les séismes, les déplacements co-sismiques moyens et, en faisant une hypothèse
sur la superficie du plan de faille en profondeur (Wells and Coppersmith, 1994), d’estimer les
magnitudes des séismes produits par ces failles (Benedetti et al., 2013 ; Palumbo et al., 2004 ;
Pinzuti et al., 2007 ; Schlagenhauf et al., 2011, 2010).
La datation par l’isotope cosmogénique 36 Cl, bien que complexe car fortement dépendante de
la teneur en [Cl] naturel de la roche et influencée par la production muonique à fortes profondeur
(e.g. la faille de Nekor, cf chapitre 6), a donné de bons résultats sur les failles de Rouadi et
Boujibar, dans les calcaires de la Dorsale du domaine Interne au Nord-Est du Rif (cf chapitre 4).

10
2. Les profils en profondeurs associé à la datation par l’isotope cosmogénique Be. Ce type
d’échantillonnage couplé à cette méthode de datation, fiable et bien contrainte (Champagnac et
al., 2010 ; Lasserre et al., 2002 ; Le Béon et al., 2010 ; Ritz et al., 2006 ; Siame et al., 2004, 2001 ;
Woerd et al., 2002), permet de s’affranchir, dans l’absolu, de la plus grosse part d’incertitude
CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION 271

dans le calcul des âges : le taux d’érosion et l’héritage anté-dépôt. Réalisée sur le dépôt de cône
alluvial affecté par la faille de Trougout, dans le Nord-Est du Rif, cette méthode a permis de
dater l’abandon de la surface et de quantifier le glissement de la faille en cohérence avec les
autres méthodes.

3. L’échantillonnage ponctuel de matériel charbonneux et de sédiments quartzo-


14
feldspathiques datés respectivement par C et OSL. Utilisées dans des dépôts alluviaux,
affectés par le Front de chevauchement de la chaine dans le Sud du Rif (cf chapitre 7) et par la
faille de Trougout sur le site des Figuiers au Nord-Est (cf chapitre 4), ces méthodes, bien que
limitées à une courte échelle de temps (50 – 300ka), fournissent des âges fiables avec peu d’incerti-
tudes et s’appliquent bien à une large gamme de dépôt et à toutes les régions de la chaine du Rif.

Ces mêmes résultats suggèrent que la méthode de datation utilisant l’isotope cosmogénique
3
He est probablement peu adaptée à certaines formations volcaniques tardi-miocènes de la chaine
du Rif (e.g. le massif du Ras Tarf). En effet, d’une part l’analyse de l’escarpement de faille de
Trougout, à l’Ouest du massif, semble montrer des concentrations trop élevées incompatibles
10
avec les résultats obtenus par d’autres méthodes (i.e. profil en profondeur Be), d’autre part
les amalgames de surface réalisés à l’aplomb du massif indiquent des âges d’exposition bien
inférieurs à ceux obtenus par ailleurs (i.e. datation U/Th sur coquilles, amalgame de surface
10
daté par Be).
Le dysfonctionnement de cette méthode dans le cas du Rif semble être liée (i) à l’altération
des formations volcaniques du Ras Tarf (âge du dépôt trop ancien ? taux d’érosion sous-estimé ?)
et/ou (ii) à l’apport d’3 He non-cosmogénique dans le système (3 He radiogénique ?) lié à la com-
position chimique initiale des minéraux (cf chapitre 5.4). Enfin, le fait que peu d’études de
géomorphologie utilisent cette méthode de datation cosmogénique, relativement jeune et peu
connue, la rend mal contrainte. Des études récentes sur des objets géologiques jeunes valident
pourtant cette méthode. C’est le cas des études de Blard et al. (2013), (2009), (2007) qui ap-
pliquent la méthode 3 He aux moraines glaciaires et aux coulées de lave récentes sous les hautes
latitudes et Ritz et al. (in prep) qui l’utilisent en morphotectonique pour dater les failles actives
en Arménie.
Concernant la méthode U/Th, bien que fortement remise en question dans la littérature
(Kaufman et al., 1996, 1971 ; Plaziat, 2008 ; Stearns and Thurber, 1965) , elle donne dans mon
travail de thèse, des résultats fiables pour un échantillon sur deux. La méthode fonctionne pour
les échantillons peu altérés et riches en calcite (coraux, cf. Bard et al., 1990a, 1990b ; Cobb et al.,
2003 ; Eisenhauer et al., 1993 ; Poujol et al., 2014) et semble moins fiable pour les échantillons
272 CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION

coquilliers de type Ostrea, Cardium (Choukri et al., 2011).


Le couplage des méthodes de datation sur une même surface morphologique, quand cela est
possible, est intéressant car il permet par comparaison d’estimer de façon relativement robuste
des âges d’exposition moyens. Ainsi, au niveau de la faille de Trougout, l’analyse simultanée des
10
distributions des concentrations en Be avec la profondeur et des concentrations de surfaces en
3
He, a permis une estimation cohérente de l’âge d’abandon du cône alluvial et une vitesse de
glissement le long de la faille. Au niveau du site des Figuiers, le long de la faille de Trougout,
14
le couplage des datations C et 3 He in situ montre des cohérences d’âges et a permis d’esti-
mer une vitesse de glissement. En contrepartie, sur le massif de Ras Tarf, l’analyse conjointe
10
des concentrations de Be et 3 He en surface n’a pas permis une corrélation correcte des âges
d’exposition et seule l’utilisation d’une troisième méthode (U/Th) a rendu possible l’estimation
d’âges d’exposition.
Le couplage des méthodes sur du matériel différent (e.g. quartzite/basalte) a aussi le dé-
faut de disperser les estimations d’âges et de compliquer les interprétations et demande parfois
d’en privilégier une au détriment d’une autre. Une solution serait de coupler les méthodes sur
différents minéraux d’une même roche (i.e. 3 He/10 Be sur les minéraux mafiques, Blard (2006)).
Quoi qu’il en soit, l’ensemble des résultats acquis au cours de ma thèse confirme la nécessité
d’une analyse morphologique détaillée à l’échelle du site et stratigraphique à l’échelle du dépôt
avant tout échantillonnage et suggère, en accord avec Zerathe et al. (2013), des analyses pétro-
graphiques systématiques à l’échelle de l’échantillon pour s’affranchir des processus internes à la
roche.
Enfin, l’utilisation de ces outils géochimiques au cours de ma thèse m’a appris qu’il est né-
cessaire à l’avenir d’améliorer les méthodes de calcul des taux d’érosion (et paléo-érosion) car ils
jouent un rôle primordial dans l’estimation des âges d’exposition par les isotopes cosmogéniques.

Table 8.1: Tableau synthétique récapitulant les différentes stratégies d’échantillonnages, les méthodes
de datation utilisées lors de ce travail de recherche et leur taux de réussite. Les astérisques
rouges indiquent les échantillons analysés présentant parfois de fortes incertitudes.
CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION 273

8.2 Vitesses géologiques vs vitesses géodésiques : âge et


localisation de la déformation

L’analyse morphotectonique réalisée au cours de ma thèse montre que les grandes failles
actives du Rif se concentrent essentiellement sur les bordures de la chaine à l’Est, au Nord-Est
et au Sud (Figure 8.1).

1. Sur la bordure Nord-Est du Rif, dans la région d’Al-Hoceima, la faille transtensive de


Trougout orientée N-S et longue de 40 km correspond à la bordure Est d’un système actif de
horsts et grabens qui semble définir un large relais extensif de plusieurs dizaines de kilomètres
(D’Acremont et al., 2014 ; Van Der Woerd et al., 2014) gouverné par deux failles décrochantes
senestres majeures à terre (i.e. Nékor) et en mer (cf chapitre 4). En mer, la faille de Trougout
se poursuit vers le Nord sur plusieurs kilomètres (D’ Acremont et al., 2014 ; Galindo-Zaldivar
et al., 2009) avec, semble-t’il, une composante décrochante plus prononcée (cf chapitre 4).
La vitesse de déplacement verticale le long de la faille de Trougout, estimée à partir des
marqueurs morphotectoniques, est de ∼2 mm/an et la vitesse horizontale de ∼1.5 mm/an.
De nombreuses failles secondaires principalement normales se conjuguent à la faille majeure
de Trougout et recoupent l’ensemble des unités géologiques. Ces dernières se surimposent à la
structuration héritées de la phase d’empilement des nappes de la chaine, contrairement à la
faille de Trougout qui se localise sur un niveau hérité de décollement de l’unité des Flyschs.
Ces failles secondaires d’une dizaine de kilomètres correspondent à la bordure opposée du relais
extensif. Deux de ces failles ont été analysées et datées, les failles de Rouadi et Boujibar, de
direction N-S et NW-SE. Elles montrent respectivement des vitesses moyennes de glissement de
∼0.1 et 0.25 mm/an et des intervalles de récurrence relativement longs de l’ordre de 4 à 28 ka.

La cinématique et les vitesses géologiques moyen-terme mesurées sur ces failles actives à partir
des analyses morphotectoniques sont en accord avec les données actuelles (taux de déformation
géodésique du même ordre de grandeur, Vernant et al., 2010) et suggèrent une constance de la
déformation transtensive dans la région depuis l’Holocène et une accommodation de plus de 50%
de la déformation régionale sur la faille de Trougout. D’après nos observations morphotectoniques
plus long-termes (cf chapitres 4 et 5) et les études antérieures (e.g. Meghraoui et al., 1996 ;
Morel, 1987 ; Guillemin et Houzay, 1982), cette déformation transtensive se serait initiée durant
la transition Messinien-Pliocène comme le suggèrent les diatomites messiniennes déformées sur
la faille de Boudinar (cf chapitre 5) qui marqueraient le début de la tectonique transtensive et
le début du soulèvement du Horst du Rastarf (cf chapitre 5).
!h

274
CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION
Figure 8.1: Carte synthétique du Rif sur laquelle sont reportés les terrains géologiques, les séismes instrumentaux (M>4,
source IRIS/Seismiquery), les failles actives (tirées de Poujol et al. (2014) et Leroux-Mallouf et al. (in prep))
et les vitesses de glissement déduites du GPS et de notre étude.Légende : raccourcissement=vitesse horizontale,
Extension=vitesse vertical.
CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION 275

2. La partie centrale et orientale du Rif est contrôlée par le couloir de déformation du Nekor,
d’une longueur minimum de 100 km. Cette structure décrochante majeure est interprétée comme
une faille profonde (Favre, 1995) pouvant avoir jouée en rampe latérale lors de la mise en place
des nappes de chevauchement au Tortonien (Chalouan et al., 2006 ; de Lamotte et al., 1991). Les
variations d’épaisseur du Moho observées de part et d’autre de cette structure majeure (Mancilla
et al., 2012) semblent confirmer son caractère lithosphérique. Considérée comme inactive par
Hatzfeld et al. (1993) et Galindo-Zaldivar et al. (2009), nous montrons grâce à cette étude
morphotectonique une activité récente de la faille en décrochement sénestre associée localement
à des relais extensifs.
L’étude du réseau de drainage dans la région d’Arbaa Taourirt, au Nord, montre un dépla-
36
cement cumulé minimum de ∼250m et les analyses de concentrations en Cl le long du plan de
faille, bien que préliminaires, suggèrent une vitesse moyenne de glissement horizontal de ∼1.5
mm/an.
La cinématique de la faille du Nékor déduite de notre étude morphotectonique est cohérente
avec les vitesses géodésiques mesurées par Koulali et al. (2011), Tahayt et al. (2008) et Vernant
et al. (2010) et suggère que la faille de Nekor absorbe une part importante de la déformation.
Les estimations de vitesse de glissement tirées des études paleo-topographiques de Ait Brahim
and Chotin (1984) et Morel (1987) sont cohérents avec nos résultats et suggèrent une persistance
de l’activité de la faille du Nékor depuis sa mise en place lors de l’empilement des nappes de
chevauchement de la chaine datée au Torto-Messinien (Ahmamou and Chalouan, 1988 ; Ait
Brahim et al., 2002 ; Aıt Brahim et al., 1990).
Dans sa partie Nord-Est, contrairement à l’interprétation de Van der Woerd et al. (2014),
nous montrons que la faille de Nekor est inactive (Poujol et al., 2014). A cet endroit, la faille se
réoriente vers la faille de Trougout au niveau du massif serpentinisé de Beni Malek (cf chapitre
6), ce qui suggère un niveau d’enracinement commun profond (l’interface nappes/avant-pays ?).
L’âge d’abandon du segment Nord-Est de la faille de Nekor semble donc être étroitement liée
à l’initiation de la déformation trantensive dans le Nord-Est du Rif. Cela est cohérent avec
l’étude de Morel (1989) qui observe un scellement de la faille par les dépôts Tortono-messinien
de Boudinar.
Au niveau de sa terminaison Sud-Ouest, la faille semble s’amortir sur un ensemble de
plis et chevauchements (qui seraient en partie aveugles) orientés ∼E-W au niveau de la
région de Taounate (cf chapitre 6). Sur ce front, le taux de raccourcissement estimé à partir
des vitesses géodésiques (<1.5 mm/an d’après Vernant et al., 2010) est similaire aux vi-
tesses géologiques latérales estimées sur les failles de Nekor et Trougout. La question de la
continuation de la faille de Nekor, au-delà de la région de Taounate, plus au Sud-Ouest se pose :
276 CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION

Se connecte-t’elle au Front Sud Rifain au Sud-Ouest par l’intermédiaire d’une


structure néo-formée (Chalouan et al., 2006) ?
Ou se poursuit-elle à l’Ouest vers les plis et chevauchements aveugles actifs
observés dans les nappes externes (Leroux-Mallouf et al., in prep) ?

Au premier ordre nous n’avons pas observé de critères morphotectoniques qui permettent
de confirmer l’une ou l’autre de ces interprétations, mais un travail plus détaillé est necéssaire
pour pouvoir l’affirmer définitivement.

3. Sur la bordure Sud du Rif, les résultats de notre étude morphotectonique montrent une
déformation essentiellement compressive le long du Front de chevauchement de la chaine (Front
Sud Rifain ou FSR), traduite par des structures de plis-failles inverses, et une composante
mineure en décrochement sénestre, qui se matérialise par des relais compressifs en échelon. Le
FSR s’étend sur une distance de 150 km et marque la limite structurale entre la chaine du Rif
et l’avant-pays « africain » (Atlas). Sa structure en rampe suggère un enracinement crustal sur
un niveau de décollement triassique déformé (Tejera De Leon, 1997 ; Zizi, 1996).
A son extrémité Ouest, le FSR semble connecter les plis hérités NNW-SSE situés dans la
région de Larache (Leroux-Mallouf et al., in prep). A son extrémité Est, la signature de la faille
est faible et notre étude morphotectonique ne montre aucune structure active. Cependant, la
forte concentration de séismes instrumentaux et historiques dans la région de Nador (El Mrabet,
2005 ; Peláez et al., 2007 ; Ramdani et al., 1989) pourrait suggérer sa poursuite vers le Nord-Est
(cf chapitres 4 et 5).
Les vitesses de soulèvement et de raccourcissement déduites de notre étude le long du FSR
aux environs de la ville de Fes sont respectivement de 2.4-4 mm/an et 1.4-4 mm/an. La
cinématique moyen-terme du FSR est en accord avec les vitesses géodésiques et suggère une
accommodation totale de la déformation compressive de la chaine sur cette structure majeure.
L’identification et la datation de la rupture de surface associée au dernier séisme destructeur
de la ville de Fes en 1755 montre un rejet co-sismique moyen le long du vecteur glissement
compris entre 0.8-1.2m et 1.4-2.5 m, un temps de récurrence de 300 ± 50 ans et suggère, d’après
les lois de régression de Wells et Coppersmith (1994), une magnitude de 6.5-7. Cela est cohérent
avec les données de la sismicité historique qui documente plusieurs séismes destructeurs dans la
période entre 1045 et 1755.

4. Enfin, notre étude montre un soulèvement général de l’ensemble du Rif et particulièrement


CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION 277

dans le Nord et le Nord-est. Dans le NE, ce soulèvement ce surimpose au système localisé de


failles normales que nous interprétons comme appartenant à un relais extensif entre le Nékor (à
terre) et une faille connexe à la TASZ (Trans-Alboran Shear Zone)(en mer) (cf chapitre 5). Sur
le massif volcanique de Ras Tarf, inactif (en termes de volcanisme) depuis le Serravallien, l’étude
d’une succession de terrasses marines et alluviales, témoignant d’un phénomène de soulèvement
récent, a permis d’estimer une vitesse de soulèvement de 0.16-0.3 mm/an depuis au moins
∼500 ka (Poujol et al., 2014)(cf chapitre 5). Ce résultat est en accord avec les études antérieures
de malacofaunes et paléo-géographiques (Gigout et al., 1977 ; Meghraoui et al., 1996 ; Rampnoux
et al., 1977). Ce phénomène de topographie dynamique observé actuellement dans la chaine est
cohérent avec les études de thermochronologie (Azdimousa et al., 2014 ; Romagny et al., 2014)
qui montrent un soulèvement dans le Nord du Rif depuis la fin du Miocène.
Des variations latérales des taux de soulèvement ont été observées le long du littoral médi-
terranéen marocain, avec des vitesses maximales sur la pointe de Gibraltar (Abad et al., 2013 ;
Cadet et al., 1977 ; El Kadiri et al., 2010) et une décroissance des vitesses verticales vers l’Est (cf
chapitre 5). Ce phénomène de soulèvement lent généralisé aux zones centrale et septentrionale
de la chaine du Rif et étendue jusqu’à la chaine Bétique au Nord, couvre une large zone et ne
semble pas seulement lié localement aux structures tectoniques de surface (plis intra-nappes,
empilement et rejeu sur des niveaux de décollement de l’avant-pays déformé, relais extensifs, ..)
(FSR, faille de Nekor et de Trougout)(cf chapitres 6, 7 et 4) mais régionalement à des proces-
sus plus profonds probablement d’origine mantellique en rapport avec l’héritage géodynamique
complexe de la région.
Les résultats obtenus au cours de ce travail morphotectonique effectué sur le Rif (Maroc)
montrent que :

– La déformation est principalement localisée sur les bordures de la chaine le long de failles
majeurs,

– L’ensemble des failles actives à l’Est et au Sud appartiennent à des structures héritées de
la phase de mise en place des nappes de chevauchement, probablement enracinées sur un
niveau crustal au contact de l’avant-pays africain (Bargach et al., 2004 ; Chalouan et al.,
2006 ; Zizi, 1996), et

– Il existe une bonne corrélation entre les vitesses moyen-termes (105 ans) et les vitesses
actuelles (GPS), ce qui confirme l’idée d’un phénomène constant dans le temps.
278 CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION

En accord avec l’étude de Leroux-Mallouf et al. (in prep) qui montre une accommodation
de la déformation dans la partie Ouest le long de chevauchement en partie aveugles et de plis
orientés NNW-SSE, notre étude morphotectonique suggère une persistance de la déformation
depuis au moins le Messino-Pliocène. Les résultats de notre étude couplés au champ de vitesse
GPS et aux données de sismicité instrumentale et historique permettent de proposer un modèle
géodynamique pour le Rif.
CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION 279

8.3 Implications géodynamiques

La limite de plaques lithosphériques Afrique/Eurasie est bien définie par la sismicité, à l’Ouest
du Détroit de Gibraltar, le long de la faille décrochante de Gloria puis le banc compressif de
Gorringe. A l’Est du détroit la sismicité devient beaucoup plus diffuse et se structure en forme
de « Z », la Trans Alboran Shear Zone (TASZ), caractérisée par des failles décrochantes NE-SW.
Trois modèles de limite de plaques sont proposées par Bird (2003), qui fait passer la limite au Sud
du Rif, Gutscher (2004), qui la situe sur l’alignement de la sismicité, et Klitgord and Schouten
(1986), qui considère une/plusieurs failles transformantes recoupants Gibraltar et Alboran, mais
aucune ne semble satisfaisante.
Au niveau de cette limite de plaque, le Rif semble présenter une déformation localisée comme
le suggère l’accommodation totale de l’ensemble de la convergence des plaques dans la chaine
(Vernant et al., 2010) mais également distribuée, avec des vitesses de glissement lentes, le long
de structures plus ou moins développées en bordure Est, Sud et Nord-Est de la chaine comme
le montre notre étude morphotectonique.

Comment expliquer une déformation proche de la limite de plaque qui ne semble


appartenir ni au domaine interplaque, ni au domaine intraplaque et qui présente
pourtant les caractéristiques de l’une et l’autre ?

Pourquoi et comment passe-t’on d’une limite de plaques localisée (à l’Ouest) à


une bande de déformation plus distribuée (à l’Est) sur une distance de ∼200 km ?

Pour expliquer à la fois la convergence et la déformation en cisaillement dextre et senestre


en région d’Alboran, les structures transtensives senestre et compressives dans le Rif, le compor-
tement indépendant du Rif et des Bétiques Sud observé sur le champ de vitesse GPS (rotation
horaire dans le référentiel Afrique et mouvement vers l’Ouest dans le référentiel Eurasie), l’ali-
gnement de la sismicité dans la région et les similarités géologiques entre le Rif et les Bétiques
Sud, je propose pour la région d’Alboran un modèle de limite de plaques fragmentée, morcelée
en blocs ou microplaques qui accommodent de façon indépendante la convergence des plaques
lithosphériques Afrique/Eurasie (Figure 8.2).
A l’échelle régionale, ces blocs homogènes séparés par des failles majeures accommodent
la déformation de façon localisés alors que localement, à l’échelle du bloc, la déformation est
distribuée.
280 CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION

Figure 8.2: (en haut) Carte schématique de la mer d’Alboran regroupant les données de géodésies, de
sismicité instrumentale et les différents modèles de limites de plaques proposées dans la
littérature : Klitgord at Schouten, 1986 (bleu), Bird, 2003 (rose) et Gutscher, 2004 (vert).
(en bas) Modèle géodynamique schématique, proposé à la suite de mon travail de thèse,
faisant intervenir plusieurs blocs indépendants en frontière de plaques (voir texte pour
plus de détails). Les failles dans le Rif sont tracées à partir des données de notre étude, les
structures en Alboran sont tirées de Comas et al. (1992), Maldonado and Comas (1992) ;
Bourgois et al. (1992) ; Chalouan et al. (1997) ; Mauffret et al. (2007). Les structures dans
les Bétiques sont dessinées d’après Alfaro et al. (2008), (2001), Galindo-Zaldivar et al.
(2007), (2003) ; García-Tortosa et al. (2008). Les flèches blanches indiquent la direction de
convergence des plaques.
CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION 281

Ce système de « puzzle » géodynamique à l’échelle d’Alboran n’est pas nouveau et serait


hérité de la dislocation du maxibloc AlKaPeCa datée de l’ Eocène-Oligocène (Frizon de Lamotte
et al., 2006 ; Michard et al., 2002 ; Rosenbaum et al., 2002) ramenés vers l’Ouest par le retrait
de la subduction.
Contrairement aux études citées précédemment, ce modèle de blocs fait intervenir un bloc
principal constitué des Bétiques Sud, du Rif et d’Alboran et dont les limites sont (Figure 8.2) :

• à l’Est et au Nord-Est les failles décrochantes de Nekor et de la TASZ,

• au Sud le chevauchement du FSR,

• à l’Ouest les structures plissées et fronts chevauchants bordiers NNW-SSE du Rif,

• au Nord les failles décrochantes des Bétiques Sud.

La rotation horaire enregistrée par le GPS (dans le référentiel Afrique) et observée à la


fois dans les Bétiques et le Rif (Vernant et al., 2010 ; Koulali et al., 2011) peut s’expliquer
par l’obliquité entre la direction de convergence des plaques et les structures actives internes
au bloc, et de façon global par le fait que cette microplaque est bloquée au Sud par le craton
Ouest-Africain, poussée au Sud-Est par l’ouverture du rift des Afars et au Nord-Ouest par
l’ouverture de l’Atlantique.

Le mouvement vers le Sud-Ouest de ce bloc pourrait s’expliquer par sa position exigüe,


poinçonnée entre les deux plaques lithosphériques Afrique/Eurasie, qui aurait pour effet un
mouvement d’expulsion du bloc vers le Sud-Ouest (Chalouan et al., 2006 ; Chalouan and
Michard, 2004 ; Michard et al., 2002). Cependant, aucune structure compressive perpendiculai-
rement à la direction de la convergence n’a été observée dans le Rif .

Comme énoncé précédemment, les phénomènes de topographie dynamique dans la chaine


font probablement intervenir des processus profonds de type mouvements asthénosphériques.
En témoigne l’étendue du soulèvement, généralisé à toute la région Nord Rif, ainsi que
l’amincissement crustal et l’anomalie thermique observés en mer d’Alboran (Bezada et al.,
2013 ; Fernandez-Ibañez et al., 2007).

Le mouvement du bloc vers le SW et le soulèvement lent de la chaine sont donc probable-


282 CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION

ment liés à des phénomènes tels que la subduction (Gutscher et al., 2002), le déchirement de
l’ancien slab africain sous le Rif (Duggen, 2005) et/ou le retrait d’une partie de la lithosphère
continentale découplée (Fadil et al., 2006 ; Pérouse et al., 2010).

Les mouvements actuels enregistrés dans le Rif et dans toute la région d’Alboran semblent
donc liés d’une part à de la déformation horizontale (fragmentation) gouvernée par la conver-
gence Afrique/Eurasie et d’autre part à de la déformation verticale contrôlée par l’héritage
géodynamique profond.
CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION 283

8.4 Perspectives

Suite à cette étude morphotectonique du Rif, il serait judicieux de poursuivre les études
morphotectoniques, car toutes les structures actives n’ont pas été identifiées et quantifiées,
comme le soulignent les différences entre les vitesses géodésiques et géologiques. A mon sens il
serait utile de :

1/ Continuer l’étude morphotectonique à l’Ouest de la faille de Nekor et à l’Est du FSR


dans la région de Nador où des mouvements verticaux récents ont été enregistrés (massif des
Kebdana) afin de mieux contraindre la limite Est du bloc tectonique que je propose.

2/ Approfondir l’étude dans le Nord-Ouest du Rif et quantifier le raccourcissement par les


méthodes de datation Quaternaire sur les dépôts alluviaux soulevés observés sur le terrain.

3/ Appliquer la paléo-sismologie (tranchée) à la rupture de surface associée au séisme de


1755 mise en évidence dans cette étude afin de retrouver et de caractériser les paléo-séismes
dans cette région du Rif où le risque sismique est élevé.

4/ Appliquer la paléo-sismologie à l’ensemble des structures actives décrites dans ce travail


de thèse, notamment les failles de Nekor et de Trougout qui sont facilement accessibles et
construites dans des terrains peu compétents afin de mieux les caractériser et d’estimer le risque
sismique à Al-Hoceima.

5/ Développer un modèle numérique limité au bloc défini précédemment avec les vitesses
géologiques et géodésiques en intégrant les déformations horizontales et verticales afin de vérifier
la cohérence du modèle géodynamique proposé.

6/ Enfin, continuer à développer et améliorer de façon analytique la méthode 3 He, qui présente
de nombreux avantages (isotope abondant, stable et donc facilement utilisable, méthode moins
coûteuse,..), afin de la rendre mieux applicable au domaine des géosciences. Développer une
routine par exemple (e.g. l’inversion du Chi2 de Braucher et al. (2003)) permettant d’intégrer
les taux d’érosion, l’héritage et l’âge d’exposition.
Une autre perspective serait d’estimer et/ou de préciser l’aléa et le risque sismique en multi-
pliant les études morphotectoniques et paléo-sismologiques, dans des régions comme le Sud du
Rif, où des agglomérations à fortes densités de population (Fes, Meknes,..) côtoient la structure
284 CHAPITRE 8. DISCUSSION ET CONCLUSION

la plus rapides de la chaine.


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Annexe A

Active tectonics of the Northern Rif


(Morocco) from geomorphic and
geochronological data
Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Contents lists available at ScienceDirect

Journal of Geodynamics
journal homepage: http://www.elsevier.com/locate/jog

Active tectonics of the Northern Rif (Morocco) from geomorphic and


geochronological data
A. Poujol a,∗ , J.-F. Ritz a , A. Tahayt b , P. Vernant a , M. Condomines a , P.-H. Blard c , J. Billant d ,
L. Vacher a , B. Tibari c , L. Hni b , A. Koulali Idrissi e
a
Geosciences Montpellier, CNRS-University of Montpellier, Montpellier, France
b
CNRST, Institut National de Géophysique, Rabat, Morocco
c
CRPG, UPR 2300, CNRS, Nancy-Université, Vandoeuvre-lès-Nancy, France
d
CEREGE – UMR CNRS, University of Aix-Marseille, Aix-en-Provence, France
e
Research School of Earth Sciences, The Australian National University, Canberra, ACT, Australia

a r t i c l e i n f o a b s t r a c t

Article history: We present results of a geomorphological and morphotectonic analysis of the northeastern part of the
Received 17 May 2013 Rif. We show that the present day kinematics of the Rif is characterized by active deformation along
Received in revised form 15 January 2014 the Trougout and Nekor faults in the North-East. Digital Elevation Models of offset drainage features
Accepted 27 January 2014
(streams, fluvial terraces) allow determining a normal-left-lateral motion along the Trougout fault and a
Available online 31 January 2014
left-lateral strike-slip motion along the Nekor fault. Preliminary 3 He cosmogenic dates of tectonic markers
yield vertical and horizontal slip rates of ∼0.9 mm/yr and ∼0.5 mm/yr, respectively along the Trougout
Keywords:
fault. The present-day localized transtension seen in the north-eastern Rif morphology (Ras Tarf) is coeval
Active tectonics
3
He cosmogenic
with uplifted marine terraces near the Al Hoceima Bay. U/Th dating of shells yield an average uplift rate of
Morocco ∼0.2 mm/yr during the past 500 ka. These data show that active transtension in the northeastern Rif is also
Al-Hoceima associated with uplift. These new morphotectonic constraints are consistent with the GPS measurements
Geomorphology showing southwestward overall motion of most of the Rif belt with respect to stable Africa.
© 2014 Elsevier Ltd. All rights reserved.

1. Introduction kinematics of the present-day deformations in the Rif remains


poorly constrained.
The Moroccan Rif Cordillera is located at the southern part of In this paper, we bring new insights on the active deformations
the Gibraltar arc and constitutes together with the Betic moun- affecting the northeastern Rif, using satellite imagery, 1:30,000
tain belt, the westernmost termination of the peri-Mediterranean scale aerial photographs, Digital Elevation Models (DEMs) at dif-
Alpine mountain range. It results from the convergence between ferent scales and field surveys. Our study allows characterizing the
the African and the Eurasian plates since the Upper Cretaceous. This present-day active faulting in terms of location, kinematics and
convergence is still active as shown by a regular seismic activity and uplift rates in the northeastern Rif.
several destructive historical earthquakes. Geodetic studies show
that the general convergence rate between Africa and Eurasia is 2. Tectonic setting
4.3 ± 0.5 mm/yr with an azimuth of 116 ± 6◦ (McClusky et al., 2003).
This present-day deformation pattern is consistent with tectonics The tectonic evolution of the Rif mountain range reflects over-
studies that show Mio-Pliocene NW-SE compression (Meghraoui printed deformations dominated by the ongoing Eurasian-African
et al., 1996; Moratti et al., 2003; Tahayt et al., 2009). However, GPS plate convergence since the Upper Cretaceous (Lonergan and
studies show that the Rif is moving perpendicularly to the general White, 1997). This deformation started with the subduction of the
WNW-ESE Africa-Eurasia convergence direction (Fadil et al., 2006; Neotethys Ocean (Faccenna et al., 2004) and is closely related to the
Vernant et al., 2010) (Fig. 1A). extension giving way to the Alboran Sea since the Middle Miocene
Despite the GPS velocity field and a few pioneering tectonic (Lonergan and White, 1997).
studies (Aït Brahim and Chotin, 1990; Meghraoui et al., 1996; The structural units of the Rif mountains are classically grouped
Moratti et al., 2003; Rampnoux et al., 1977), the distribution and into three domains: the Internal and External Zones, separated
by the Maghrebian Flysch units (Wildi, 1983) (Fig. 1A). The Inter-
nal Zone is mainly composed of Triassic to Miocene sedimentary
∗ Corresponding author. Tel.: +33 467143894. rocks metamorphosed at high-pressure/low-temperature condi-
E-mail address: antoine.poujol@gm.univ-montp2.fr (A. Poujol). tions during the Eocene-Late Oligocene main Alpine deformation

0264-3707/$ – see front matter © 2014 Elsevier Ltd. All rights reserved.
http://dx.doi.org/10.1016/j.jog.2014.01.004
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 71

The southern boundary of the Rif mountain range corresponds


to the E-W trending south-verging Rif thrust (Chalouan et al., 2001;
Leblanc and Olivier, 1984; Maldonado and Comas, 1992).
In several parts of the Rif range, Neogene-Quaternary sed-
imentary basins developed over the previous described units.
They correspond to Plio-Quaternary foreland basins to the south-
west (Gharb and Saiss basins) and Messinian-Quaternary basins to
the northeast (low-Nekor and Boudinar basins). These basins are
deformed attesting of a post-Messinian tectonic activity. Volcanic
rocks of Tortonian-Messinian age form the Ras Tarf cape (El Azzouzi
et al., 1999; El Bakkali et al., 1998) between the low-Nekor and the
Boudinar basins.
From the compilation of kinematic analyses of Plio-Quaternary
fault populations, Meghraoui et al. (1996) proposed a N-S to NW-SE
main compressional stress direction with a maximum shorten-
ing rate of 1–2.3 mm/yr within the Rif. Along the Nekor fault,
according to paleo-topography studies and field works (Aıt Brahim
et al., 1990; Morel, 1987), Meghraoui et al. (1996) estimated a
shortening rate of ∼2.3 mm/yr since the Pliocene which would sug-
gest that all the shortening is resolved along the Nekor fault. In
Al-Hoceima, these authors noticed a system of NS graben struc-
ture bordered by Quaternary normal faults (Ajdir, Imzourene and
Trougout). On the other hand, Galindo-Zaldivar et al. (2009) con-
sider the Nekor fault as inactive, while the Trougout and Boudinar
faults bounding the Ras Tarf massif would correspond to active
normal faults. From detailed fieldwork and gravimetric measure-
ments, these authors point out an asymmetric filling of 400 m
of Plio-Quaternary sediments of the low-Nekor basin with an
eastward tilt of the basement along the Trougout fault and the
occurrence of a blind normal fault along the western border of
the basin in addition to the eastern bounding Ajdir-Imzourene
faults.
The region of Al-Hoceima is also described as an uplifting
region from the study of marine terraces. After the geological map
(Choubert et al., 1984), three Quaternary marine terraces were
mapped: the first one located at 10 m above the sea level (a.s.l.),
Fig. 1. (A) Structural and geological map of the Rif Cordillera, simplified from is attributed to the MIS 5e (130 ka), the second, located between
Chalouan et al. (2006). Red arrows are GPS site velocities with respect to Africa and 30 and 70 m a.s.l., is attributed to the MIS 11–13 (427–528 ka),
95% confidence ellipses (after Vernant et al., 2010). (B) Seismotectonic map with and the last one situated at 150 m a.s.l. would be attributed to the
major faults drawn on SPOT5 DEM. The instrumental seismicity is from IRIS cata- MIS 15 (621 ka). Detailed studies about the Mediterranean marine
log (http://www.iris.edu/SeismiQuery/sq-events.htm). Focal mechanisms are from
terraces from the upper Pleistocene to Holocene (Morel, 1987;
RCMT catalog (http://www.bo.ingv.it/RCMT/searchRCMT.html) and Meghraoui et al.
(1996). Note that the focal mechanisms of 1994 and 2004 events were underlined. Meghraoui, 1991; Meghraoui et al., 1996; Rampnoux et al., 1977)
Black and white stars indicate location of the epicenters of historical earthquakes show that the Rif Mediterranean shoreline is uplifting at a rate of
with the date, MSK intensity and estimated magnitude after the distribution and 0.2 mm/yr.
amount of damages (after Pelaez et al., 2007). (For interpretation of the references
In the southern Rif, the structural study of Moratti et al. (2003)
to color in this figure legend, the reader is referred to the web version of the article.)
and Bargach et al. (2004) indicate that the E-W-trending frontal
thrust of the Rif is still active with a shortening direction oriented
N-S to NW-SE.
At the present-day, the Rif is still deforming with a moder-
(Kornprobst, 1974; Chalouan and Michard, 2004). The structures ate instrumental seismicity (Fig. 1B) distributed over a several
mainly consist in folds and thrusts with a west to south-west ver- hundred kilometers wide zone (Calvert et al., 2000; Buforn et al.,
gence. Thus, the Internal Zone was thrust onto the Maghrebian 1991). The seismic events recorded in the region between 1970
Flyschs. The External Zone is composed of pelitic and carbonate and 2013 are clustered along a NNE-SSW-oriented zone in the
Mesozoic and Cenozoic rocks deposited on the North African pas- Al-Hoceima and Nekor fault areas, a NE-SW-oriented zone in the
sive continental paleomargin. It underwent the alpine deformation southern Rif front, and a likely NNW-SSE-oriented zone in the west-
mostly during the Late Tortonian that led to an arcuate south- ern Rif.
verging general structure. The southwestern overthrusting was The largest earthquakes took place in the Al-Hoceima region
controlled by two main NE-SW faults (Jebha and Nekor) that played on 05/26/1994 (Mw 6) and 02/24/2004 (Mw 6.3) (Calvert et al.,
the role of lateral ramps. The Nekor fault appears as a major NE- 1997; Stich et al., 2005; Tahayt et al., 2009). The latter event cor-
SW linear structure that may reach an overall length of more than responds to the highest magnitude ever instrumentally recorded
200 km (Fig. 1A) (Chalouan et al., 2006). However, it is not clear in the westernmost Mediterranean. The focal mechanisms of the
whether the southern part of the Nekor fault bends westwards, or region calculated for the period 1968–2004 attest of normal and
extends down to the Southern Rif front. At its northeastern end, the left-lateral strike-slip faulting trending roughly N-S (El Alami et al.,
Nekor fault bounds the east side of the Messinian to Quaternary 1998; Stich et al., 2005; Medina and El Alami, 2006) (Fig. 1B).
basin of Boudinar and is sealed by sediments of Late-Tortonian- In the southern Rif, in the Fez-Meknes area, the historical
Messinian age (Choubert et al., 1984). seismicity indicates that at least five Mw > 5.5 earthquakes were
72 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 2. SPOT5 DEM (left) and geological map (right) of Al-Hoceima region including active structures and stereographic plots of fault planes and striae. Black squares indicate
location of studies areas. Black lines with ticks: normal fault; black lines with arrows: strike-slip faults; white triangles: mountain.

recorded since 1045AD. After Moratti et al. (2003), the latest dam- and a shortening rate of 2.9 ± 0.7 mm/yr within the EW trending
aging historical earthquake in the region occurred in November 27, southern front of the Rif.
1755, and was located between Fez and Meknes (Fig. 1B).
Based on GPS data, Vernant et al. (2010) proposed a block model 3. Morphotectonic analysis
in which the present motion of the Rif range is controlled by
strike-slip displacements along its eastern and western borders, We have carried out a detailed morphotectonic analysis within
while its southern front is characterized by a left-lateral transpres- the northeastern part of the Rif (Fig. 1A). To do so we have mapped
sional deformation. The block model gives a left-lateral slip rate of geomorphic markers and quantify their deformation using satel-
2.6 ± 0.8 mm/yr along the NNE-SSW eastern border, a right-lateral lite imagery, 1:30,000 scale aerial photographs, DEMs at different
slip rate of 2.9 ± 0.7 mm/yr along the NNE-SSW western border, scales and field surveys.

Fig. 3. Aerial photograph (left, September 29, 2003, 1:30,000 scale) of the Trougout fault on the western side of Rastarf massif and associated geomorphologic interpretation
(right). Black triangles point out the segments of the fault (left); black arrows show the left-lateral shifted rivers (right). Gray colors correspond to the main alluvial fan
surfaces. Hatched black lines show the fault facets and indicate the slip direction of the fault.
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 73

Fig. 4. Field views of the Trougout fault scarp affecting the quaternary alluvial terraces. The tips of the white triangles point out the base of the scarp (A). White filled dots (A
and D) point out the top of the riser of the alluvial terraces, numbered from younger to older (T1, T2, T3 and F1). Black circles points out the markers (piercing points) used
to estimate cumulative horizontal and vertical displacements along the fault (D); white arrow indicates the slip direction of the fault (A); hatched black lines show the fault
plan (D); the circled person gives the scale of the picture (A).

3.1. The bay of Al-Hoceima and the Ras Tarf massif preserving the left bank of the river while the right bank, gradually
moving in front of the canyon, is eroded by the river. The occur-
3.1.1. The Trougout Fault rence of T2 on both banks in the hangingwall shows that not much
The Trougout fault corresponds to the main fault separating the movement occurred since its aggradation inset in previous alluvial
Bay of Al-Hoceima to the West from the Ras Tarf volcanic massif to markers.
the East (Fig. 2). The photo-interpretation of 1:30,000 scale aerial Within the footwall, remnants of the apex of fan surface F1 and
pictures (taken in September 29, 2003) allows mapping the fault of T3 terrace can be observed within the right bank (Fig. 4B). On
and showing that it is divided in several NS trending segments that the left bank, the strath surface associated with T3 terrace is well
step right-laterally (Fig. 3). In the northernmost sector, the fault marked although the surface itself and its associated deposits have
consists of a 7 km-long segment connecting to the south another been disturbed by human activity (Fig. 4C). T2 and T1 terraces are
∼26 km long segment via a bended zone forming an 800 m wide found inside the canyon (Fig. 4A and D).
right-stepping jog (Fig. 3). The fault marks the contact between T1, T2 and T3 terraces contain decimeter-sized clasts, mostly
andesitic breccia of the Tortonian-Messinian Ras Tarf formation or basaltic and andesitic floating in a sandy–silty matrix, while F1 fan
Flysch nappes and the Quaternary Nekor deposits (Fig. 2B). The surface is made up of meter-to-decimeter-scale basaltic (∼70%) and
alignment of triangular facets and the occurrence of left-lateral quartzite (∼30%) boulders also included in a sandy–silty matrix.
shifted streams at the outlets of the catchments incising the Ras Fig. 5 shows a DEM interpolated from RTK-GPS and total station
Tarf massif suggest a vertical and left-lateral deformation along the surveys, which allows estimating the displacements of the terraces
fault (Fig. 3). along the fault. From profiles crossing the different surfaces we
Near Dr El Hadid village (N35.224047◦ , W3.761298◦ , Elevation have measured the minimum vertical slip for F1 and T3. Profile No.
50 m), the fault zone is sub-vertical and consists of a ∼1–2 m thick 1 yields a minimum offset of 20.7 m for F1, and profiles Nos. 2, 3
sheared volcanic breccia (Fig. 4A). The western face of the brec- and 4 yield a minimum offset of 10.2 m for T3 (Fig. 5C). T2 and
ciated zone displays an outstanding slickenside on which striae T1 are found at the same elevation at both sides of the fault, thus
are well preserved (Fig. 4A). Field observations and fault slip data suggesting that they have not been displaced yet (see Fig. 4A and C
measured along the plane (N5◦ E/82◦ W, pitch of 60◦ S) indicate a and profile No. 5, in Fig. 5C).
clear transtensional movement (Fig. 2B). At this site, the normal- To estimate the horizontal displacements of morphological
left-lateral Trougout fault cuts the El-Hadid river which forms a markers along the fault plane, we use the distance between two
20 m deep canyon in the Ras Tarf volcanic formation within the markers (so called piercing points), corresponding to the intersec-
footwall block, and continuing within the hanging wall block as tion of two morphological objects with the fault. In our case, we
a 15 m-deep gully incising a thick alluvial fan (F1). Within the compare the intersection with the fault, of the upper edge of F1–T3
hanging wall, several fill-in terraces are entrenched into the fan (A) and T3–T2 (B) left bank risers respectively and of the canyon
deposits (T1 to T3, from the youngest to the oldest, respectively) axis when depositing (O for the actual stream axis and O′ for the
(Figs. 4A, C and 5B). T1, T2, T3 terraces are observed within the left left bank upper edge of the canyon) (Fig. 4D). Thus, using these four
riverbank while T2 is only observed on the right one. We interpret piercing points, we estimate cumulative horizontal displacements
this asymmetric pattern as the result of the left-lateral strike- comprised between 25 m (O′ A) and 35 m (OA) for F1–T3 riser, and
slip component of the displacement along the fault that allows between 6 m (O′ B) and 16 m (OB) for T3–T2 riser (Fig. 5A).
74 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 5. (A) Digital Elevation Model (0.5 m grid) of the Trougout fault scarp with an interval contour of 1 m. Black line with ticks indicates the fault scarp; numbered black
lines indicate location of the topographic profiles visible in (C). Top right: slope map of the fault scarp. Colors scale is given in degrees. Both markers were used to measure
the offsets and are shown in dashed black lines for the top of the risers T2/T3 {A}, T3/F1 {B} and for the present {O} and the ancient {O′ } riverbed. (B) 3D view of the DEM
(0.5 m grid) of the fault scarp with the overlay geomorphologic interpretations. (C) Topographic profiles across the fault scarp showing the minimum vertical offset of the
alluvial terraces.

These estimates of the vertical and horizontal components of rupture. We carried out a topographic survey with a RTK GPS of
displaced morphotectonics markers along the Trougout fault agree a site where the scarp is cutting through a small thalweg. The
with a recent normal-left lateral strike slip displacement. resulting DEM allows estimating a vertical offset of 5.1 ± 0.5 m
(Fig. 9B). There is no evidence for lateral displacement.
3.1.2. The Bou Haddad fault
South of the Ras Tarf massif, within the Ait Tessaft massif, we 3.1.3. The Boudinar fault
have observed a morphological feature that we interpret as a fault The Boudinar fault corresponds to the fault bounding the
scarp, and that may corresponds to the southern extension of the Messinian to Quaternary Boudinar sedimentary basin to the West
Trougout fault (Figs. 2 and 6). This linear topographic scarp is clearly
seen on the Google earth images, and the 1:30,000 scale aerial pho-
tographs (Fig. 7A and B). It is characterized by the abrupt stopping
of eastwards dipping ridges and thalwegs along a N015◦ E trend-
ing scarp bounding a flat surface slightly tilted toward the east on
which stands the Bou Haddad village. The southwards extension of
the fault scarp is difficult to follow. The track of the fault disappears
within a large landslide (Fig. 7B), south of which it crosses through
several sigmoid streams along a line bending progressively toward
the SW to reach the Nekor fault (Fig. 8A and D). This line passes
through a well identified fault plane outcropping on the right river-
bank of the oued Tarzout. It is characterized by a deformed zone
displaying an outstanding slickenside on which striae indicate a
horizontal displacement (Fig. 8B and C).
An E–W profile extracted from Spot 5 DEM across the cumu-
lative scarp allows determining a difference of height of 36 m
that would represent a minimum cumulative vertical offset
associated with the normal displacement along the Bou Haddad
fault (Fig. 7C). Within the main slope defining the large-scale
cumulative scarp, small scarp features can be observed in few
places (Figs. 7D and 9A). Although numerous artificial benches
Fig. 6. DEM SPOT5 of the Nekor–Bou Haddad faults area. White arrows indicate
due to the agricultural activity can be found, we think that these the true fault scarp; white dashed arrows indicate the assumed fault trace. White
features could correspond to the expression of a recent surface squares indicate the study areas.
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 75

Fig. 7. (A) Perspective view of Google Earth image (http://www.earth.google.com) of the Trougout fault near the Bou Haddad village (35.008137◦ N; 3.776283◦ W). White
arrows indicate the location of the fault. Note the deep incision on the eastern flank. (B) Aerial photograph (November 14, 2003) showing the fault trace (left) and the
geomorphologic interpretation (right). White triangles point out the fault segment. Black squares indicate Fig. 9 location. (C) General overview of the study area and a
topographic profile {A–A′ } across the scarp showing the total vertical offset of the fault. The fault is represented by the white triangles. (D) Field view of the fault scarp
showing a vertical offset. White triangles point out the base of the scarp; person on the hanging-wall gives the scale of the picture.

and limiting the Ras Tarf volcanic massif to the East (Fig. 2B). This 3.1.4. The marine terraces of Al Hoceima and Ras Tarf
∼25-km long structure is oriented roughly N-S with a N140◦ E In the Al-Hoceima region and within the Ras Tarf cape, sev-
short segment in its central part. Within this bended zone, the eral Quaternary marine terraces ranging from 4 to 141 m a.s.l can
Messinian diatomites are dragged along the fault indicating a be observed (Figs. 11–13). These terraces appear strongly weath-
clear normal component (Fig. 10). An erosional marine surface ered as shown by the development of rubified soil and calcretes.
located at ∼150 m above the present mean sea-level (a.s.l) cuts On 1:30,000 aerial photographs and Google Earth GeoEye images,
the Messinian deposits, and stops against the fault scarp, here several sand dunes intercalated between the marine terraces are
marked by an outstanding ∼7 m sub-vertical free face cut through observed defining whitish lines parallel to the present shoreline
andesitic debris-flow deposits. Well-preserved striae are observed (Fig. 11A). Using kinematic GPS, we have carried out a 1.7 km-long
on the fault plane. The fault slip data measured on the fault plane NS topographic profile through the Iyya Tazaghine area, where the
are N140◦ E/76◦ E, with a pitch of 67◦ S indicating a dip-slip move- staircased morphology is well expressed. The profile shows three
ment (normal) with a slight right-lateral component, consistent main slope breaks characterizing at least three marine surfaces
with the NE-SW transtension observed along the NS trending located at 12 ± 1 m, 22 ± 2 m and 80 ± 5 m a.s.l (Fig. 11A).
Trougout fault, at the other side of the Rastarf massif (see above) The lowest terrace (Tr1) situated 12 ± 1 m a.s.l is observed all
(Fig. 2B). along the coast within the Ras Tarf cape and is characterized by
The geometry of the drag-fold and the constant thickness a shallow-dipping planar surface marked by rounded decimet-
of the diatomite layers indicate a post-Messinian deforma- ric pebbles and remains of marines shells embedded in a sandy
tion. At its northern end, Quaternary marine terraces (see matrix (Fig. 11B). Among the fauna, coral, Patella safiana, Strom-
below) seal the fault suggesting that it is not active any- bus and marine gastropods can be found (Fig. 11C and D). We
more. have also observed micro-boring on pebbles interpreted as marine
76 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 8. (A) Aerial photograph (November 14, 2003) showing the fault trace at the junction between the Bou Haddad and the Nekor faults. Note the sigmoidal stream features
along the fault trace. (B and C) Field view of the fault scarp showing the fault plane and the associated striae. (D) Field view and its interpretation of the fault zone. Gray
arrows show the bending points of the sigmoid streams.

lithophagous fauna markers. The next terrace (Tr2) is situated at Within the Al-Hoceima area, two main marine terraces can be
22 ± 2 m a.s.l with similar deposits than Tr1 (Fig. 12A). The third distinguished at 4 and 55 m a.s.l (Fig. 13A). The first one (Ta1) is
terrace (Tr3), situated at 80 ± 5 m a.s.l., is characterized by a basal observed along the Al-Hoceima coast either in the form of notches
erosional surface covered by volcanic angular boulders (50 cm- in the limestone and schist cliffs, or in the form of well-preserved
diameter) embedded in a consolidated sand and bioclasts matrix planar surfaces made of cemented coarse sands and bioclasts
(Fig. 12B and C). We interpret these boulders as screes deposited at (Fig. 13B). Among the bioclasts, Gibbula is the dominant specie. The
the cliff foot of the paleo-shoreline. Among the bioclast matrix, we second terrace is around 55 m a.s.l, being well characterized by a
have found numerous shells of Ostrea sp., Gibbula sp., and Cardium thick sandstone layer including pebbles showing trace-fossils due
sp. (Fig. 12D). Between Tr2 and Tr3, we observe a succession of to benthic marine colored algae (Rhodophyta) and by remains of
dunes deposits characterized by consolidated sands containing marines shells (e.g. Pectinidae) (Fig. 13C). The terrace is affected by
continental shells. Remains of wave-cut platforms are marked on numerous small normal faults, its elevation varying from +38 to
the topographic profile by slope breaks. However, non-marine sed- +55 m a.s.l.
imentary deposits were found within these surfaces. Continental
deposits constituted of silty-clayed red sands and calcretes cover 3.2. The jebel izra massif
the overall morphology. A fourth marine terrace deposit (Tr4) is
observed at 141 ± 5 m a.s.l. and corresponds to the abrasive marine 3.2.1. The Nekor fault
surface cutting through the Messinian deposits deformed by the The Nekor fault probably corresponds to one of the major
Boudinar fault (Fig. 12E and F). structures in the Rif during the Neogene period. However, its
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 77

Fig. 9. (A) Field view of the fault scarp covered by vegetation. The tips of white triangles point out the top of the scarp. (B) 3D view of the Digital Elevation Model (1 m grid)
of the fault scarp with location of a topographic profile {a–a′ } across the scarp showing a vertical offset of 5.1 m.

present-day activity is not easy to demonstrate. Along the south- further west along a 10 km-long segment within the Jebel Izra
eastern border of the Boudinar basin (see Figs. 1A and 2B), the (Fig. 14).
Nekor fault does not show any evidences of recent reactiva- The first evidence is found on the southwestern flank of the mas-
tion. But we have found some evidence of Quaternary activity sif (see location on Fig. 14). There, the fault trace is clearly seen in the

Fig. 10. Photograph of the drag folds along the Boudinar fault.
78 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 11. (A) DEM (SPOT5) overlain by aerial photograph (October 15, 2003) of the Rastarf cape, field map of the location and extent of four marine terraces (from Tr1 to Tr4 )
and profile N-S across the marine surfaces. Black line with features indicates the north end of the West-Boudinar fault; colored surfaces correspond to the marine terraces;
dashed yellow lines indicate location of the eolian dunes; white squares indicate the location of the study areas. (B) Field view, from the Ighzer Azemmour Inyane river bed,
of the marine terrace Tr1 located at +12 ± 1 m. Black and white line indicates location of the summit of the abraded marine surface; white square indicates the location of the
shells sampled. (C) Photographs of corals sampled on the Tr1 terrace. (D) Field view and sectional view of a gastropod shell sampled on the Tr1 terrace. (For interpretation of
the references to color in this figure legend, the reader is referred to the web version of the article.)

landscape as the tectonic contact between the Mio-Pliocene yellow Fig. 17 shows clearly the 2 beheaded parts of the thalweg above the
marls to the NW, and a complex unit, Miocene in age, constituted present stream that is now strongly incising the Neogene marls on
of large limestone boulders included in mix of marls and gypsum, the northwestern side of the fault contact. From the DEM, we esti-
to the SE. Along this contact, we have observed several morphotec- mate a 42 ± 5 m cumulative horizontal displacement of the perched
tonics features suggesting that the fault is still active (Fig. 15). Two thalweg (Fig. 17). From the aerial photo, we estimate that the offset
features allowed us to define the kinematics of the fault. The first of the second drainage feature is about 25 m (Fig. 15C2).
one corresponds to a curved thalweg feature perched above a 30 m
high and ∼400 m long cliff of limestone and gypsum correspond- 4. Geochronological data
ing to the fault contact (Fig. 15C1). The upstream and downstream
parts of the thalweg appear beheaded by the fault and set 30 m 4.1. Cosmogenic 3 He dating of the trougout fault plane
above the main stream that incised the Neogene marls on the north-
west side of the fault (Figs. 16A–C and 17). The second feature is 4.1.1. Methods
observed 400 m to the northeast of the first one, and corresponds The principle of the cosmogenic 3 He method of datation is based
to a sigmoid stream feature along the fault contact (Fig. 15C2). We on the fact that the cosmic rays reach permanently the earth sur-
interpret these two features as evidences of recent left-lateral dis- face and their interactions with rocks create in situ cosmogenic
placements along the fault. This interpretation is reinforced by a isotopes. The longer the time the rocks are close to the surface, the
DEM from a GPS kinematic survey within the perched thalweg. longer they are submitted to the cosmic flux ray, and the higher
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 79

Fig. 12. (A) Sectional view along the coastal road located on the Rastarf cape of the Tr2 marine terrace. 1, 2: pictures of remaining marine shells visible in the marine terrace.
Dashed white line indicates location of the summit of the terrace. (B) Field view from the south of the marine terrace Tr3. Dashed white lines indicate the summit of the
terrace Tr3 ; white square indicates location of the (C). (C) Photograph of marine deposits of the summit of Tr3 . The hammer gives the scale of the picture. (D) Photograph of
remaining marine shells sampled on the summit of Tr3 . (E) Field view from the east of the marine terrace Tr4 near the Tigheza mosque (35.253224◦ N; 3.698029◦ W). Dashed
line indicates the summit of the terrace, circled cows give the scale. (F) Photograph of remains of marine shells embedded in consolidated sand matrix of Tr4 terrace.

the in situ cosmogenic 3 He concentration in their minerals (olivine basalts contain millimeter-size pyroxenes phenocrysts, a mineral
and/or pyroxene) is. Thus, it is possible to date the time when the well suited for cosmogenic 3 He dating because it has a high helium
rocks were brought near the surface and study the processes that retentivity (Blard et al., 2005; Trull and Kurz, 1993; Trull et al.,
have emplaced them to the place where they have been sampled 1991). The cosmogenic 36 Cl method has been successfully applied
(e.g.: the deposit of alluvial material or the exposition of fault scarps to study the seismic cycle and estimate the slip rate of normal fault
due to earthquake cycle, Blard et al., 2005; Palumbo et al., 2004). In scarps cutting through limestone (e.g. Palumbo et al., 2004), but
our case, seven samples (MA12-6A to MA12-6G), each constituted this is the first attempt to use the cosmogenic 3 He method for a
by amalgams of ∼10–15 andesitic and basaltic clasts from pyro- similar application on volcanic rocks.
clastic breccia, were collected every 50 cm along the slip direction All 3 He and 4 He concentrations were measured at the CRPG
on the fault plane for the purpose of measuring their cosmogenic noble gas lab, using the SFT mass spectrometer by GV and following
3 He contents (Table 1, Fig. 18). All samples are andesites and basalts the procedures previously described in (Blard et al., 2013). To obtain
from the Rastarf volcano that were emplaced more than 12 Ma (El pure separates of pyroxenes, samples were crushed and sieved, and
Azzouzi et al., 1999; El Bakkali et al., 1998). These andesites and the 100–200 mm fraction was separated in heavy liquid. Most of
80 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 13. (A) Plan view of satellite image (Google Earth) of the Al-Hoceima cape. Red stars indicate location of the places where the marine terraces were observed. (B) Field
view of the actual (named Ta0 ) and the previous marine terrace (Ta1 ) along the western Al-Hoceima coastline (photo by R. Leroux-Mallouf). White lines point out the summit
of the terraces; the circled person gives the scale of the picture. (C) Panoramic view from the coast road west of Al-Hoceima city (photo by R. Leroux-Mallouf). The summit
of the third marine terrace observed on Al-Hoceima coastline, named Ta2 , is indicated by dashed white line. It crops out at +55 m above sea level and appears as a 1 m-thick
indurated sand layer surrounded by continental deposits.

these pyroxene grains were pure and had no melt or mineral inclu-
sions. The magmatic 3 He and 4 He concentrations were determined
by in vacuo step-crushing (from 1 to 15 min) of pyroxenes aliquots
(Kurz, 1986; Scarsi, 2000). To extract all cosmogenic 3 He, uncrushed
phenocrysts were fused in vacuo during 15 min at 1400 ◦ C, in a new
custom single vacuum furnace (Zimmermann et al., 2012). After gas
purification, the total 3 He and 4 He concentrations were analyzed
with the SFT mass spectrometer. The build-up of nucleogenic 3 He
was calculated using major and traces elements measured in phe-
nocrysts and in bulk rocks. Cosmogenic 3 He data and calculated
exposure ages are given in Table 1.

4.1.2. Estimating exposure ages of the Trougout fault


In order to quantify the slip rate along the fault, we sampled the
alluvial deposits within the fan F1 and the terrace T3, and the out-
cropping fault plane to estimate their surface age exposure using
in situ cosmogenic 3 He. Analyses of samples collected within the
terraces are in progress in CRPG Nancy. We present here the results
obtained within the fault plane (Fig. 18 and Table 1). The cosmo-
genic 3 He surface concentrations of the 7 samples collected along
a 3 m long section of the fault plane parallel to the slickensides
show a general growing trend from 2.29 ± 0.93 × 105 at/gr within
the ground surface (sample 6G) to 4.86 ± 0.76 × 105 at/gr (sample
6A) at 2 m above the ground surface (3 m from sample 6G along a
line parallel to the slickensides) (Fig. 18A and Table 1). This trend is
consistent with the normal-left-lateral kinematics observed along
the fault with growing concentrations from the bottom to the top
of the fault plane.
Fig. 14. Plan view of Google Earth image of the Nekor fault. White arrows indicate The distribution of concentrations along the fault plane may
the location of the fault mapped during field investigations; dashed arrows indicate
the likely continuity of the fault; white dots indicate location of the villages; white
be interpreted as (i) 2 main clusters suggesting that its expo-
square indicates location of the study area. sure occurred in two stages, which in turn suggests two coseismic
displacements or (ii) a constant growing trend which suggests
fews successive events with low coseismic displacements (<50 cm).
In the case (i), the mean concentrations of the 2 clusters are
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 81

4.51 ± 0.78 × 105 at/gr and 2.52 ± 0.11 × 105 at/gr, respectively

MA12-6F is considered as an outlier and has not been taken into account for the calculations of the mean concentrations of the second cluster (MA12-6D to MA12-6G). Production rate (P0 ) has been determined using the
Uncertainty
(±), yr
(Fig. 18C and Table 1).

1240

1840
To calculate the corresponding surface ages, we first calculated
the local production rate of in situ produced 3 He at surface using

Age (±),
a sea level and high latitude (SLHL) P3 value of 125 ± 5 at/gr/yr

7190

4030
(Blard et al., 2013) and the altitude- and latitude-dependant
Assuming that there are two main clusters

yr
polynomials of (Stone, 2000). We obtained a value of 105 at/gr/yr.
(±), (105 at g−1 )
Because the samples are partially shielded from the cosmic-
ray flux by the sub-vertical fault plane (dip 80◦ ) and the riser
Uncertainty

between T3 terrace and F1 fan surface (dip 35◦ ) (Fig. 18B), we


1.35

1.15 applied to this production rate a correction factor (Greg Balco,


http://hess.ess.washington.edu/math/general/skyline input.php,
concentrations
(105 at gr−1 )

Version 1.1. March, 2006) to obtain a corrected production rate


According to the hypothesis (i), samples MA12-6A to -6C has been considered as belonging to a first cluster, and samples MA12-6D to -6G to a second cluster (see text for more details). (P0 ) of 62.7 at/gr/yr.
Mean

4.51

2.52

In the case (i), this yields the mean ages of 4.03 ± 1.84 ka and
7.19 ± 1.24 ka for the 2 seismic events, respectively (considering
(±), (103 yr)

that there is no inherited 3 He associated with pre-exposure). These


Uncertainty

results suggest that the two seismic events were separated by a


1.21

1.13
1.92
2.12
1.17
1.49

period of time of 3.16 ± 1.54 ka and that the average slip rate along
1.4

the fault is 0.95 ± 0.47 mm/yr. This corresponds to a horizontal left-


Age (103

lateral component of 0.47 ± 0.23 mm/yr, a vertical component of


7.75
5.87
7.97
2.81
5.62
8.34
3.65

0.82 ± 0.31 mm/yr and an extensional rate, perpendicular to the


yr)

fault, of 0.12 ± 0.05 mm/yr. In the case (ii), using the same produc-
P0 , at

yr−1
gr−1

tion rate (P0 ) and the difference between the fault bottom age and
62.7
62.7
62.7
62.7
62.7
62.7
62.7

the fault top age or the linear regressive slope of the growing trend,
we obtain a period of time of 4.1 ± 1.35 ka. This corresponds to an
(±), (105 at
Uncertainty

average slip rate along the fault of 0.73 ± 0.3 mm/yr, a horizontal
left-lateral component of 0.36 ± 0.15 mm/yr, a vertical component
g−1 )

0.76
0.87
0.71
1.21
1.33
0.73
0.93

of 0.63 ± 0.25 mm/yr and an extensional rate of 0.11 ± 0.04 mm/yr.


However, we emphasize that these results are really preliminary
(105 at

and should be considered with caution. Further sampling for 3 He


c

g−1 )

4.86
3.68
4.99
1.76
3.52
5.23
2.29
3 He

dating should be conducted along the whole fault scarp to sample


several earthquake cycles.
(1012 at
g−1 )

3.74
3.56

3.73

3.51
3.79
4 He

3.4

3.2

4.2. U/Th analysis


567.6
577.2

363.7
251.4
408.8
401.3
Mass
(mg)

538

4.2.1. Analytical techniques


size (mm)

100–200
100–200
100–200
100–200
100–200
100–200
100–200
Sample

The mollusc shell or coral fragments were first treated with a


drill to remove altered or impure parts, then ultrasonically cleaned
in distilled water. Two to four grams of carbonate were used for
Pyroxène
Pyroxène
Pyroxène
Pyroxène
Pyroxène
Pyroxène
Pyroxène

SLHL P3 value of 125 ± 5 at/gr/yr (Blard et al., 2013) and the parameters of Stone (2000).
Mineral

the analyses. Some samples were crushed and heated in a furnace


at 550 ◦ C for several hours in order to eliminate the organic mat-
ter, and then dissolved in nitric acid, after addition of a 232 U–228 Th
thickness
Clasts

tracer. Other samples were directly spiked, dissolved in nitric


(cm)

∼5
∼4
∼5
∼5
∼3
∼5
∼5

acid and left overnight on a hot plate (∼80 ◦ C). The solutions are
clasts sampled

then evaporated to incipient dryness, and the residue dissolved


plane breccia
in the fault
Number of

in diluted nitric acid. After addition of 5–10 mg Fe as iron nitrate,


the iron hydroxide (with U and Th isotopes) is precipitated with
Cosmogenic 3 He data from the Trougout fault plane breccias.

12
11
9
8
10
7
10

NH4 OH. The precipitate is centrifuged, rinsed with distilled water,


Longitude,

and dissolved in HNO3 . The solution is evaporated to dryness, and


3.76126
3.76126
3.76126
3.76126
3.76126

3.76126
3.7613

the residue dissolved in 2–3 ml of HNO3 7N.


◦E

U and Th are then purified on two successive columns (10 ml and


1.5 ml, respectively) filled with AG1 X8 anionic resin conditioned
Latitude,

35.224
35.224
35.224
35.224
35.224
35.224
35.224

with HNO3 7N. U and Th are eluted with H2 O and HCl 8N, respec-
◦N

tively. After evaporation, the residue is dissolved in 0.5 ml of HCl


8N, and the separation of U and Th is achieved on a 0.5 ml column
Altitude

of AG1X8 resin conditioned in HCl 8N. U is retained on the resin,


61.5

60.5

59.5
(m)

62

61

60

59

while Th passes through and is collected. U is finally eluted with


H2 O.
samples from
the ground

After evaporation, U and Th fractions are dissolved in an ammo-


Height of

nium sulphate solution at pH∼2 and separately electroplated on


(cm)

300
250
200
150
100
50
0

polished stainless steel disks according to the method described


MA12-6Fa

by Talvitie (1972). The disks are then introduced and counted in a


MA12-6D

MA12-6G
MA12-6A
MA12-6B
MA12-6C

MA12-6E
Sample
Table 1

576A dual alpha spectrometer (ORTECTM ) equipped with ULTRATM


a

ion implanted silicon detectors.


82 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 15. (A) Aerial photograph of the Nekor fault along the Jebel Izra. White arrows point out the fault scarp; rectangles with black boundaries and labels indicate location of
the pictures C1 and C2. (B) Geomorphologic interpretation of the aerial photograph. (C1 and C2) Enlarged pictures of aerial photo showing the morphologic markers of the
fault displacement.

4.2.2. U–Th ages of marine terraces within the Ras Tarf Cape criteria (e.g. Choukri et al., 2011, 2007; Meghraoui et al., 1996;
We have attempted to date Tr1 and Tr3 terraces located at +12 Zazo et al., 1999). In their detailed study on 75 samples of mollusc
and +80 m a.s.l respectively, through the U–Th method on mollusc shells from the ∼120 ka (MIS 5e) marine terrace along the Atlantic
shells (Figs. 11C, D and 12D). However, since early works in this coast of Morocco, Choukri et al. (2011) obtained ages as young as
domain (e.g. Kaufman et al., 1971; Stearns and Thurber, 1965), it is 40 ka. However, only one sample showed an age slightly older than
well known that mollusc shells often behave as open-systems for the 120 ka. About 30% of the samples analyzed gave ages compat-
U–Th dating. Moreover, there are no a priori criteria to assess the ible with 120 ka, within analytical uncertainties, whatever their
validity of the ages obtained (such as the U content, the (234 U/238 U) (234 U/238 U) ratio, which are sometimes much higher than expected
activity ratio or the calcite/aragonite proportion). Several authors for a marine shell evolving in a closed system [(234 U/238 U) ≤ 1.15].
have reported U–Th ages that are much younger than the well- This suggests that the samples dated at ∼120 ka underwent an
established age, based on paleontological and morphological U-enrichment (with a high “continental” (234 U/238 U) ratio) shortly

Fig. 16. (A) Field view from the SW of the Nekor fault scarp affecting quaternary alluvial surface (see text for more details). White triangles point out the fault scarp and the
circled person gives the scale of the picture. (B and C) Field views from the SW and NE, respectively, of the Nekor fault scarp affecting the Messinian gypsum (that corresponds
to the cliff) and the Neogene yellow marls of the Jebel Izra. White triangles point out the fault.
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 83

Fig. 17. (A) Slope map of the Nekor fault scarp. Colors scale is given in degrees. Black line indicates the fault scarp. Both markers were used to measure the offset and are
shown by dashed black lines for the present stream direction {O} and the beheaded upstream {O′ }. (B) 3D view of the Digital Elevation Model (1 m grid) of the fault scarp
with location of the fault, the piercing points used to estimate the offset and the main stream.

after the death of the mollusc and the emergence of the terrace. Two sub-samples from both a coral fragment and a gastropod
Thus, it seems reasonable to lend some credit only to the oldest shell (Strombus) from the Tr1 terrace yield ages around 200 ka
ages found for mollusc shells of a given terrace. (Fig. 19A), while two Cardium shells display very young ages of
We have analyzed 11 samples or sub-samples using stan- around 50 ka. The age of 200 ka suggested by our data for the
dard chemical procedures for U–Th separation, and alpha- Tr1 terrace can be considered as surprising since this terrace is
spectrometry. Data are reported in Table 2, and in the classical often assumed to correspond to the latest interglacial period at
(234 U/238 U)–(230 Th/238 U) diagram (Fig. 19A). None of the samples ∼120 ka along the coasts of Morocco (the so-called Ouljian stage
plot on the closed-system evolution curve, starting with the ini- corresponding to MIS 5e).
tial (234 U/238 U)0 ratio of seawater (1.15) instead, all of them have The five samples from Tr3 terrace clearly give much older ages,
experienced variable open-system exchanges. although two of them (O2 and O6-3) seem again shifted toward
84 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 18. (A) Photograph of the Trougout fault plane sampled along the slickenslides. The person gives the scale and shows the slickenslides direction. Note the 35◦ -dipping of
the ground corresponding to the riser between T3 terrace and F1 fan surface. (B) Sketch representing the fault plane with the samples aligned along the slickenslides. Brown
areas represent the partial shields from the cosmic-ray flux (see text for more details) by the riser F1–T3 (dip 35◦ ). According to the hypothesis (i), we consider two events
with a coseismic displacement of 1.50 m along the slickenslides (see text for further details). (C) Height profile of the 3 He distribution along the fault plane.

Table 2
U–Th data (alpha spectrometry).

Samples U (ppm) Th (ppm) (234 U/238 U) (230 Th/238 U) Age (ka)

Upper terrace (80 m)


O1 (Ostrea) 0.129 0.001 1.105 ± 0.031 1.146 ± 0.039 461 (+340–160)
O2 (Ostrea)* 0.160 0.003 1.216 ± 0.038 1.160 ± 0.050 268 (+100–60)
G (Gibbula) 0.339 0.047 1.253 ± 0.016 1.305 ± 0.034 404 (+230–110)
C6-2 (Cardium) 2.30 0.024 1.419 ± 0.029 1.537 ± 0.062 426 (+300–140)
O3 (Ostrea)* 0.197 0.017 1.152 ± 0.036 1.079 ± 0.039 261 (+93–55)
Lower terrace (12 m)
S1 (Strombus) 0.876 0.008 1.232 ± 0.027 1.085 ± 0.036 203 (+34–27)
S2 (Strombus) 0.864 0.011 1.273 ± 0.015 1.090 ± 0.026 186 (+20–18)
Co1 (Coral) 1.82 0.287 1.108 ± 0.016 0.971 ± 0.025 213 (+35–28)
Co2 (Coral) 1.63 0.286 1.101 ± 0.024 0.953 ± 0.035 207 (+51–36)
C8-1 (Cardium)* 2.86 0.006 1.327 ± 0.016 0.451 ± 0.014 44.5 (+3.1–3)
C8-4 (Cardium)* 1.54 0.013 1.350 ± 0.015 0.551 ± 0.014 55.9 (+3.2–3.1)

Reported errors on activity ratios are 1 errors. However age uncertainties were calculated at 2 level, using the Monte Carlo method implemented by Ludwig in the Isoplot
program (Ludwig, 2003, 2012). Sample marked with an asterisk (*) are thought to give unreliable ages (see text for explanation). Ages in bold characters are those assumed
to be the most reliable.
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Fig. 19. (A) Data from the lower (+12 m) and upper (+80 m) terraces reported in the (230 Th/238 U)–(234 U/238 U) diagram. Four evolution curves corresponding to (234 U/238 U)
initial ratios of 1.15 (seawater value), 1.5, 2 and 2.5 are reported in the diagram, together with several isochrons (ages in ka). For clarity, error ellipses are plotted at 68.3%
confidence level, using the Isoplot program for U–Th data (Ludwig, 2012, 2003). Light-gray filled ellipses correspond to data for the upper terrace, dark-gray ones to data
for the lower terrace. Open ellipses correspond to sample whose ages are thought unreliable (see text for discussion). (B) Schematic illustration of the case where a younger
terrace (T2) can be found at a higher altitude than an older one (T1). In this example, the uplift rate u is such that u·t < h (see text for explanation). (C) Hypothetical
evolution of the uplift rate with time (in mm/yr) in the Ras Tarf area (see text for explanation). Uplift (in m) is calculated as the difference between the present-day altitude
of a terrace and the height of sea-level at the time of its formation. Errors bars on ages correspond to the approximate duration of successive high-stands, while those on
uplift derive from the uncertainties in the sea-level curve of Bintanja et al. (2005).

biased younger ages. The data suggest that the three other samples of closely spaced terraces can be produced, even if they have rather
could be 400–600 ka-old, at the limit of the U–Th method based on large age differences.
alpha-spectrometry data (Fig. 19A). We suggest that the age of 200 ka for terrace Tr1 (+12 m),
Therefore, we consider, in the following discussion, the ages of deduced from our U–Th data, corresponds to MIS 7. The 120 ka high-
200 ka for Tr1 terrace and 400–600 ka for Tr3 terraces. stand (MIS 5e), which is usually well marked in the morphology,
should then correspond to the terrace Tr2, located at +22 m, accord-
ing to model (ii). Considering the sea level curve given by Bintanja
4.2.3. Uplift rates along the Ras Tarf cape et al. (2005) (+6 m height for the MIS 5e high-stand and ∼ −20 m
The discussion below is based on the usual assumption that for the MIS 7), this yields an average uplift rate of 0.16 mm/yr since
marine terraces correspond to sea-level high-stands (Anderson 200 ka (0.2 mm/yr between 200 ka and 120 ka, and 0.13 mm/yr
et al., 1999; Chappell and Shackleton, 1986; Zazo et al., 1993; since 120 ka).
Bradley and Griggs, 1976; Plaziat et al., 2008), which might not be The older high-stand at 330 ka (MIS 9) is probably not rep-
always the case. However, the fossil macrofauna found on the well- resented by a true terrace with marine deposits. But it could
identified terraces of this area are characteristic of warm water correspond to one of the succession of breaks of slope found
(e.g. Strombus, corals). The common model assuming that the age of between Tr2 and Tr3 which can be interpreted as remains of marine
marine terraces increases with their height a.s.l. is certainly valid in terraces. Note that, if the 330 ka high-stand was represented by the
regions of high uplift rates (e.g. >0.5 mm/yr). However, this might Tr2 terrace, this would imply, based on the Bintanja et al.’s (2005)
not be true in areas with moderate or low uplift rates. This is illus- curve, a subsidence between 330 ka and 200 ka, a rather unlikely
trated in Fig. 19B where a portion of the global sea-level curve scenario.
is plotted, showing two successive high-stands, with the younger The ages found on terrace Tr3 (400–600 ka) are affected by
one reaching a higher level than the previous one. If h (in m) rather large uncertainties that preclude their attribution to a pre-
represents the difference in sea level between these successive cise Isotope Stage. But this terrace could well correspond to a
high-stands, t their age difference (in ka), and u, the uplift rate composite terrace according to model (iii), since three successive
(in m/ka, or mm/yr), assumed constant in this example, then three high-stands (belonging to MIS 11, 13 at around 410, 485 and 530 ka)
different models can be envisioned: (i) if u·t > h, the older ter- seem characterized by increasing sea-levels after Bintanja’s curve
race will be above the younger one when both are uplifted above (Bintanja et al., 2005). If Tr3 is indeed a composite terrace, the cal-
sea-level, which corresponds to the usual model; (ii) if u·t < h, culated uplift rate would be 0.45 mm/yr between 410 and 530 ka.
the older terrace will be at a lower altitude than the younger one Note that, with an uplift rate of 0.45 mm/yr, one would expect that
when both are emerged. Note that the older terrace will remain the high-stand of MIS 15 at ∼600 ka could be represented by a ter-
submerged within the interval  (Fig. 19B), usually only for a few race at ∼140 m altitude, which is indeed present in the Ras Tarf
thousands of years, a duration probably not long enough to erase region (see above).
this terrace by submarine erosion; (iii) when u·t ∼ h, a compos- Fig. 19C summarizes our interpretations. Although this figure
ite terrace or two terraces very close in altitude, corresponding to should be taken with caution in view of the presently available data,
the two successive high-stands will result. In a succession of more it nevertheless suggests a regularly decreasing uplift rate, from
than two high-stands, with progressively higher sea levels, a series about 0.45 mm/yr 500 ka ago, to 0.2 mm/yr between 200 and 120 ka
86 A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88

Fig. 20. Sketch map of active deformation within the Rif mountains (SS: strike-slip, V: vertical, St: stretching and Sh: shortening components) and GPS sites velocities. Black
lines indicate strike-slip, reverse (with triangles) or normal (with ticks) faults observed on the field; dashed lines indicate faults drawn after the geological map of Morocco;
white dots: main cities. Uplifted areas are reported from field observations (NE and central Rif) and from El Kadiri et al. (2010) (NW and Mediterranean shoreline).

ago, and to 0.13 mm/yr since 120 ka. These moderate uplift rates are convergence (Lonergan and White, 1997), or/and they are neo-
not uncommon in the West Mediterranean region (El Kadiri et al., formed faults related to the NE-SW transtensional motion in the
2010; Meghraoui et al., 1996; Zazo et al., 1999). northeastern Rif as evidenced by structural geology and geodetic
studies (Chalouan et al., 2006; Vernant et al., 2010). In addition, the
5. Discussion horst/graben succession observed in the Al-Hoceima region might
have been triggered by the accommodation of the regional uplift of
The new morphotectonic and geochronological data provided the northeastern Rif.
in this study point out the main active fault zones in the Northeast- South of the Al Hoceima bay, the Trougout fault connects to the
ern Rif. Using U–Th ages of uplifted marine terraces we estimate Bou Haddad fault, which shows mainly a normal component, and,
an average uplift rate of the Ras Tarf of ∼0.2 mm/yr since 500 ka in further south, the Bou Haddad fault connects to the Nekor fault.
agreement with previous studies (Meghraoui et al., 1996; Morel Although previous studies suggest that the Nekor fault is inactive
and Meghraoui, 1996). Bounding the Ras Tarf to the west, the (Galindo-Zaldivar et al., 2009; Hatzfeld et al., 1993), there are some
Trougout fault has a normal and left-lateral slip. The cosmogenic clear evidences of a left-lateral motion modifying the drainage net-
3 He analysis along the fault plane suggests a slip rate over the last work of the Jebel Izra and the drainage network between the oued
∼7190 ± 1240 years of ∼0.73–0.95 mm/yr, with vertical and hori- Tarzout and oued Sidi Aisa at the northeast of the Jebel Irza. How
zontal components of ∼0.63–0.82 mm/yr and ∼0.36–0.47 mm/yr, the Nekor fault behaves at its western extremity (is it connecting
respectively. Although preliminary, the 3 He analysis suggests a to the southern Rif?), remains an open question, but evidences of
return period of 3.1 kyr for the earthquakes rupturing the surface. activity along the southern front of the Rif in the region of Fez shows
Both the length of the fault segment (40 km) and the average earth- that the present day deformation extends there, consistently with
quake displacement (1–1.5 m) suggest magnitudes of 6.5–7 (Wells the instrumental and historical seismicity (Moratti et al., 2003).
and Coppersmith, 1994), which are higher than the instrumental This suggest a continuum with the N-S to NW-SE oriented Neogene
seismicity reported in this region. The Trougout fault kinemat- compression (Bargach et al., 2004; Charroud et al., 2007) (Fig. 20).
ics and the uplift rate of the Ras Tarf imply subsidence of the Al
Hoceima bay with a rate of at least 0.5 mm/yr. This is consistent 6. Conclusion
with the 400 m of Quaternary sediments reported in the bay based
on hydrogeological drilling (Galindo-Zaldivar et al., 2009; Medina, All these observations are consistent with the kinematics that
1995; Meghraoui et al., 1996; Thauvin, 1971). The bay is bounded can be deduced from the GPS velocity field (Koulali et al., 2011;
to the west by a system of normal faults allowing the uplift of the Al Vernant et al., 2010; Pérouse et al., 2010). Indeed, along the
Hoceima region as shown by the marine terraces west of the city. Mediterranean Sea, differential motion between Africa and the
How NS-trending-normal faults are generated in a general com- Northern Rif highlighted by GPS is consistent with the vertical
pressional setting NW-SE remains an open question, but it may be motion of this region. Moreover, no GPS displacements relative to
explained by the fact that either they are inherited faults from the stable Africa can be detected along the Atlantic shore of the Rif
Rif cordillera build-up during the NS Eurasian and African plates in agreement with the lack of vertical motion (Meghraoui et al.,
A. Poujol et al. / Journal of Geodynamics 77 (2014) 70–88 87

1996; Morel and Meghraoui, 1996). However the rate deduced for Choukri A., HaKam O.-K. & Reyss J.-L. (2011).- Difficultés de datation des niveaux
the Trougout fault is lower than the one based on the GPS mea- marins pléistocènes à l’aide de coquilles de mollusques fossiles : cas du niveau
ouljien sur la côte du Haut Atlas au Maroc.- Carnets de Géologie / Notebooks on
surements. This is probably due to the fact that (i) the moderate Geology, Brest, Article 2011/02 (CG2011 A02).
earthquakes (<M 6.5) do not break the surface has evidenced by Choukri, A., Hakam, O.-K., Reyss, J.-L., Plaziat, J.-C., 2007. Radiochemical dates
the Al Hoceima earthquakes (Galindo-Zaldivar et al., 2009) and/or obtained by alpha spectrometry on fossil mollusk shell from the 5e Atlantic
shoreline of the High Atlas, Morocco. Appl. Radiat. Isotopes 65, 883–890.
(ii) the movement is partitioned in several minor faults distributed El Alami, S.O., Tadili, B.A., Cherkaoui, T.E., Medina, F., Ramdani, M., Brahim, L.A., Har-
over the Al-Hoceima area. These might be the case also for the nafi, M., 1998. The Al Hoceima earthquake of May 26, 1994 and its aftershocks:
Nekor fault where we have evidenced left-lateral displacements a seismotectonic study. Ann. Geofis. 41, 519–537.
El Azzouzi, M., Bernard-Griffiths, J., Bellon, H., Maury, R.C., Pique, A., Fourcade, S.,
of the drainage network, but only for 20–40 m of finite displace-
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ment. This implies that defining the active fault zones in the Rif during the Neogene. C. R. Acad. Sci. Ser. II A 329, 95–102.
relies on a careful analysis of subtle geomorphic features, where El Bakkali, S., Gourgaud, A., Bourdier, J.-L., Bellon, H., Gundogdu, N., 1998. Post-
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and the erosion processes quickly remove the features associated El Kadiri, K., de Galdeano, C.S., Pedrera, A., Chalouan, A., Galindo-Zaldívar, J., Julià,
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Res. 74, 277–288.
Acknowledgments Faccenna, C., Piromallo, C., Crespo-Blanc, A., Jolivet, L., Rossetti, F., 2004. Lateral slab
deformation and the origin of the western Mediterranean arcs. Tectonics 23.
Fadil, A., Vernant, P., McClusky, S., Reilinger, R., Gomez, F., Ben Sari, D., Mourabit,
We thank J. Chéry, J.-J. Cornée, M. Ferry and P. Munch for fruitful T., Feigl, K., Barazangi, M., 2006. Active tectonics of the western Mediterranean:
discussions and C. Astoury for the pre-processing of the rock sam- geodetic evidence for rollback of a delaminated subcontinental lithospheric slab
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ples. This research was supported in part by the “Institut National Galindo-Zaldivar, J., Chalouan, A., Azzouz, O., Sanz de Galdeano, C., Anahnah, F.,
des Sciences de l’Univers” (INSU-CT3) and the “Center National Ameza, L., Ruano, P., Pedrera, A., Ruiz-Constan, A., Marin-Lechado, C., Ben-
d’Etudes Spatiales” (CNES-TOSCA). We are grateful to the “Cen- makhlouf, M., Lopez-Garrido, A.C., Ahmamou, M., Saji, R., Roldan-Garcia, F.J.,
Akil, M., Chabli, A., 2009. Are the seismological and geological observations of the
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Notes Mém. Serv. Géol. Maroc., 231.
RESUME

L'objectif de cette étude est d'identifier et de quantifier les déformations actuelles dans la
chaine du Rif (Maroc), notamment celles associées aux failles actives (localisation, géométrie,
cinématique). Pour ce faire, nous mettons en œuvre pour la première fois dans cette région,
une approche morphotectonique. Les sites et failles sélectionnés et étudiés se situent dans la
partie Nord (les failles conjuguées de la baie d'Al-Hoceima: Trougout, Boujibar et Rouadi),
l'Est (la faille de Nékor) et le Sud (front chevauchant sud rifain entre Fes et Meknes).

A partir des outils de la morphotectonique (MNTs à différentes résolutions, images


satellitaires, photographies aériennes), d'analyses de terrain et grâce aux méthodes de datation
du Quaternaire (U/Th, OSL, 14C et isotopes cosmogéniques produits in-situ 10Be, 3He, 36Cl),
cette étude met en évidence et quantifie une déformation transtensive dans la partie Nord de la
chaine. Les vitesses de glissement horizontales et verticales le long de la faille principale
d’orientation méridienne de Trougout sont de ~1.6 mm/an et ~2 mm/an, respectivement. Dans
la partie Sud, nous montrons que le front rifain entre Fez et Meknes est actif avec une vitesse
de raccourcissement de ~1.8 mm/an. La déformation dans la région Est se localise
principalement sur la faille du Nékor avec une vitesse décrochante senestre de ~1.5 mm/an.
Par ailleurs, la présence de nombreuses figures d'incision et de surfaces marines soulevées au
niveau du littoral Nord témoignent d'une surrection généralisée de la chaine de l'ordre de ~0.2
mm/an. L'ensemble de cette déformation semble être constante depuis la période du Messino-
Pliocène.

Ces résultats sont cohérents avec les données GPS qui montrent un déplacement de ~5mm/an
vers le SW de l’ensemble du Rif associé à un mouvement rotatif horaire, dans le référentiel
Afrique stable. D’un point de vue géodynamique, nous proposons que le Rif, la mer d'Alboran
et les Bétiques appartiennent à une même microplaque limitée au Nord par les failles
décrochantes des Bétiques, au Sud par le chevauchement rifain, à l'Est et au Nord-Est par les
failles décrochantes de Nékor et de la TASZ (Trans Alboran Shear Zone) et à l'Ouest par les
structures plissées bordières du Rif.

Mots-Cles : morphotectonique, tectonique active, isotopes cosmogéniques, radiocarbone,


U/Th, Maroc, Rif

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