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Atoutes les époques historiques, dans tous les types de société, les êtres humains mangent,

dorment, travaillent et procréent au sein de cercles familiaux. Nous nouons nos relations les plus
intenses avec les membres de notre famille. Les familles nous situent socialement et façonnent
nos vies du berceau jusqu’à la tombe. Pourtant dans la plupart des grandes œuvres du marxisme,
la famille n’est pas au centre de l’analyse : loin des yeux, loin du cœur. Il existe quelques
exceptions notables : l’œuvre de Claude Meillassoux vient ici à l’esprit  
[1][1]Voir par exemple : Femmes, greniers et capitaux, Paris,…. Mais d’une manière générale, la
matrice familiale des rapports entre les sexes et les générations – cet espace intime où se nouent
des rapports d’affection et de pouvoir – n’a pas été abordé par les classiques du marxisme.
Engels avait commencé de façon prometteuse en plaçant la production des êtres humains sur un
pied d’égalité avec la production des biens dans ce passage célèbre à juste titre :
« Selon la conception matérialiste, le facteur déterminant, en dernier ressort, dans l’histoire, c’est
la production et la reproduction de la vie immédiate. Mais, à son tour, cette production a une
double nature. D’une part la production de moyens d’existence, d’objets servant à la nourriture, à
l’habillement, au logement, et des outils qu’ils nécessitent ; d’autre part, la production des
hommes mêmes, la propagation de l’espèce. Les institutions sociales sous lesquelles vivent les
hommes d’une certaine époque historique et d’un certain pays sont déterminées par ces deux
sortes de production […] »  
[2][2]F. Engels, L’Origine de la famille, de la propriété privée et….
2Malheureusement, son intuition a été délaissée par le courant principal de la pensée marxiste.
Dans Le Capital, Marx écrit que :
« La conservation et la reproduction constante de la classe ouvrière demeurent une condition
constante de la reproduction du capital. Le capitaliste n’a pas de souci à se faire : il peut faire
confiance à l’instinct de conservation et à l’instinct sexuel des ouvriers »  
[3][3]K. Marx, Le Capital : Critique de l’économie politique, volume….
3Cette interprétation naturaliste a marginalisé la place des familles ouvrières dans l’analyse
marxienne du capitalisme. A partir de là, pour la plupart des marxistes, le champ de la
production s’est réduit à la production des biens matériels, les forces productives se sont réduites
aux instruments de travail et les rapports sociaux de production n’ont plus concerné que les
rapports noués sur le lieu de production des biens. La question de la subsistance est abordée de
manière unilatérale en tant que processus de consommation. En inversant le point de vue, on
retrouve l’intuition d’Engels. La production des biens est considérée comme un processus
de consommation de la force de travail, alors que la consommation, dans le cadre du foyer, de
nourriture et de logement est considérée comme un processus de productionde la force de travail
au quotidien et de génération en génération.

4Toutes les sociétés humaines participent nécessairement à trois types de production étroitement
liées : (a) la production des moyens de production ; (b) la production des moyens de subsistance
et (c) la production de la force de travail. Dans chaque cas, le cycle de reproduction consiste à
réparer régulièrement et à remplacer périodiquement la force productive en question. Les
théories marxistes classiques du concept de mode de production ne s’occupent que des deux
premiers « domaines ». Le processus de production de la force de travail – son rajeunissement
quotidien et son remplacement générationnel – manque à l’appel.

5La domination d’un mode de production favorise la reproduction de certains types de famille
tout en empêchant ou limitant le développement d’autres modèles. Ce qui est déterminant en la
matière, c’est la manière dont la force de travail est exploitée et les moyens que les familles
productrices utilisent pour subvenir aux besoins de leurs membres. Le processus mondial de
prolétarisation sous l’égide du capitalisme – la perte de la propriété terrienne des moyens de
production et le recours grandissant au salariat comme moyen de subsistance – a joué un rôle
crucial dans l’évolution des formes modernes de famille.

6Si les modes de production déterminent les types de famille, l’inverse est également vrai. Les
types de famille jouent un rôle actif dans la constitution et le développement des modes de
production, en premier lieu en raison du rôle central qu’elles jouent dans la production des êtres
humains et de leur capacité de travail, de consentement et de résistance. Pour prendre en compte
le caractère profondément réciproque de cet équilibre et jauger sa force ou sa vulnérabilité, il faut
s’abstenir d’utiliser les modèles fonctionnalistes et structuralistes. Aucun telos ne peut être
assigné au système dans son ensemble. Les stratégies familiales des classes dominées répondent
à leurs propres impératifs de subsistance. Les classes dominées forment leurs propres familles,
mais dans des conditions qu’elles n’ont pas choisies.

7L’omission de la production de la force de travail de la conception marxiste classique du mode


de production a conduit à assigner par défaut à la nature l’organisation sociale de la maternité,
des soins apportés aux tout-petits et des premiers contacts avec autrui. Une fois éliminés de « la
base », les familles sont placées dans « la superstructure », comme chez Althusser lorsqu’il fait
de la famille un « appareil idéologique d’Etat »  [4][4]L. Althusser, « Idéologie et appareils
idéologiques d’Etat »,…. S’il est indéniable que les familles sont les lieux privilégiés d’une
intense activité idéologique, les foyers où elles habitent et travaillent sont des unités
économiques. La plus grande partie du travail ménager est fait par les femmes, ce qui les place
bien plus que les hommes au cœur de la production de la force de travail. Le schéma traditionnel
fait manifestement la part trop belle aux hommes. Dès lors, il n’y a pas lieu de s’étonner de voir
les féministes reprocher aux marxistes d’avoir élaboré un mode de production « qui ne tient pas
compte des femmes »  [5][5]Heidi Hartmann, « The Unhappy Marriage of Marxism and….

La production des êtres humains et de leur force de travail

8L’espèce humaine fait preuve d’une capacité unique d’adaptation et d’acquisition de moyens de
subsistance dans une grande variété de climats et d’habitats. Nos capacités de travail sont
suffisamment généralisées pour que, contrairement à d’autres espèces, nous ne soyons pas
cantonnés à une niche écologique particulière. Les spécificités de la force de travail humaine ne
la cantonnent pas non plus à la production des biens. La manière dont nous nous produisons est
également unique. Grâce au contrôle social de la fertilité (par et à l’intérieur du mariage), nous
maîtrisons notre capacité de procréation bien mieux que les autres espèces.

9Le rapport entre sexualité et procréation n’étant pas naturellement déterminé, son organisation
est un élément capital de la reproduction de toutes les sociétés. Même lorsque les taux de
mortalité sont élevés, la plupart des gens ont un surplus d’énergie libidinale qui dépasse les
besoins de la société et le désir des parents d’avoir plus d’enfants. Contrairement à d’autres
primates, les femelles humaines ont une libido qui ne se limite pas aux périodes d’ovulation.
Surtout, elles ne ressentent au moment de l’ovulation aucun désir fort de copuler avec le premier
mâle disponible, contrairement à ce qui se passe lors de l’ovulation pour d’autres primates
femelles.
10Il est donc devenu possible que le choix du partenaire devienne une prérogative féminine, ce
qui n’est pas sans conséquences pour l’évolution de notre espèce.

11Le fait que la sexualité puisse être dissociée de la procréation crée un grand nombre de
possibilités d’évolution pour ces deux fonctions. C’est avec l’espèce humaine que, pour la
première fois, la conception elle-même devient une affaire de savoir pratique et de choix
conscient. Historiquement, le contrôle des naissances n’est pas une invention récente. Diverses
formes de restriction de la fertilité (l’abstinence, le retrait, l’avortement et l’infanticide) ont été
détectées dans presque toutes les sociétés. Aujourd’hui, dans les pays du tiers-monde en proie à
une « explosion démographique », les taux de fertilité n’atteignent que quarante à soixante pour
cent de leur capacité naturelle. Il n’existe nulle part de trace de taux de natalité qui se
maintiennent durablement aux niveaux qu’on attendrait naturellement d’une population
hétérosexuelle se reproduisant sans contraintes.

12Les moyens de contrôler les naissances sont nombreux et variés : certains mettent l’accent sur
le célibat et la peur de la sexualité (par exemple l’abstinence) ; d’autres facilitent l’activité
sexuelle en la libérant de la peur (par exemple les moyens contraceptifs actifs) ; certains résultent
de pressions de la société et contraignent les choix des individus (par exemple l’interdiction des
relations sexuelles avant le mariage) ; d’autres résultent du choix personnel des femmes ou des
couples. Les objectifs des différents moyens de contrôle de la fertilité sont également opposés :
alors que certaines politiques cherchent parfois à limiter le taux de natalité et à contrôler la
croissance de la population, d’autres cherchent à encourager la croissance de la population, à
réprimer la sexualité et à contrôler les femmes. Quand la répartition de la propriété est liée à la
paternité, les hommes d’âge mûr cherchent toujours à contrôler la sexualité des femmes, dans la
mesure où, comme l’a fait remarquer le célèbre juriste romain Gaius, « tandis que la maternité
est connue de façon certaine, la paternité n’est que présomption ». Pour qu’il soit admis que le
mari est le père légitime de l’enfant, il faut que la société considère que sa femme lui a été fidèle.
Bref, le contrôle de la fertilité est un enjeu de luttes où s’affrontent des forces antagonistes dont
les objectifs sont incompatibles. Cela apparaît clairement aujourd’hui à chaque fois que des luttes
politiques prolongées sont menées à propos du droit des femmes de choisir d’avorter. Les
femmes ont rarement été autonomes en matière de sexualité et de procréation ; elles ont rarement
été en mesure de contrôler leurs propres capacités biologiques. Comme l’a bien compris le
mouvement féministe contemporain, le combat pour l’autonomie en matière de reproduction est
un élément essentiel de la lutte pour l’émancipation de la femme.

13Bien que l’accouchement incombe par nature aux femmes, c’est en raison de la division
sociale du travail, qui a pour corollaire de diminuer la responsabilité masculine, que les femmes
sont censées s’occuper des enfants. Si le rôle que jouent les hommes dans l’éducation de leurs
enfants varie beaucoup, il est rare qu’on attende des hommes qu’ils s’occupent concrètement des
enfants (en les nourrissant et en les blanchissant) ou que ces responsabilités soient partagées de
manière égale entre les parents. Les recherches féministes ont souligné le rôle culturel
fondamental que joue l’asymétrie des rôles parentaux dans la reproduction de la polarité
homme/femme et des identités de genre  [6][6]Voir par exemple Nancy Chodorow, The
Reproduction of Mothering,….
14De manière presque universelle, la vie commence avec la mère, non seulement pendant les
premiers mois de la vie, mais aussi pendant les années qui suivent. Les pratiques maternelles
variant beaucoup selon les cultures ; on ne peut pas dire que le rapport mère-enfant est toujours
le même, mais on peut admettre qu’il est toujours important. S’occuper de jeunes enfants est
toujours une responsabilité qui prend beaucoup de temps et s’inscrit dans la durée. Il faut deux
fois moins de temps aux bébés chimpanzés et aux bébés singes qu’aux humains pour être en
mesure sans danger de s’émanciper de la tutelle et des soins constants de leur mère.
L’investissement qu’il nous faut consentir pour prendre soin de notre progéniture avant que la
nouvelle génération ne devienne capable de produire de manière indépendante et de rembourser
le coût de son éducation prolongée singularise notre espèce. Dans le monde moderne, l’extension
de la scolarité obligatoire et les forts taux de chômage des jeunes font que la plupart des enfants
des pays développés ne s’émancipent pas de la tutelle financière de leurs parents avant l’âge de
20 ou 25 ans.

15En raison de l’idée largement répandue qu’il existe un instinct maternel qui vient
naturellement aux femmes, le savoir et les compétences que ce rôle requiert ont toujours été
gravement sous-estimés. La dévaluation des capacités féminines en matière de tâches ménagères
est à la fois l’effet, et réciproquement la cause, de la subordination des femmes dans un grand
nombre de sociétés. Les féministes ont subverti ce présupposé naturaliste et ont arraché une
reconnaissance tardive de la contribution des mères au développement des êtres humains.

16Qu’est-ce qui détermine la nature du lien entre les responsabilités de la femme en matière de
reproduction et leur statut général au sein de la société ? L’un des points clé, c’est la possibilité
de combiner facilement le travail de reproduction avec d’autres tâches. Les différentes tâches
productives des femmes sont-elles compatibles avec le soin apporté aux enfants ? Partout où
l’accouchement et l’allaitement forcent les femmes à se retirer du travail non domestique
pendant de longues périodes, leur présence publique et le pouvoir qu’elles exercent au sein de
leur environnement social tend à diminuer. Lors de la transition de la houe à la charrue, la
position de la femme s’est globalement détériorée car la nouvelle agriculture était moins
compatible avec les responsabilités maternelles  [7][7]Ester Boserup, Women’s Role in
Economic Development, New York,…. A chaque fois que le mode de production dominant
d’une société favorise fortement la production de la richesse par rapport à la production des êtres
humains, la tendance qui en résulte est la remise en cause de l’intégration harmonieuse des deux
processus de travail. Le capitalisme a créé un antagonisme profond entre d’une part l’enfante-
ment et les soins apportés aux jeunes enfants et d’autre part le travail salarié, ce qui a dégradé la
position des femmes dans leurs rapports au marché du travail.
17Aucun groupe humain ne peut survivre si la durée de vie moyenne de ses producteurs n’est
pas assez longue pour qu’ils puissent produire une descendance, s’en occuper et les éduquer
jusqu’au moment où ils pourront devenir pleinement productifs. Cela implique la coexistence
d’au moins trois générations : les enfants, qui ne subviennent pas encore à leurs propres besoins ;
les personnes âgées qui ont cessé d’être pleinement productrices et la génération intermédiaire
des adultes qui doivent produire une quantité suffisante de biens de subsistance pour couvrir les
besoins de tous. A l’échelle d’une vie, la période correspondant à cette capacité productive
correspond à peu près à celle qui conduit également à la maturation de la capacité de procréation.
La génération intermédiaire contrôle les deux aspects de la capacité de travail, alors que les
enfants et les personnes âgées sont incapables de prendre en charge l’un ou l’autre de ces deux
éléments indispensables à la vie. Il est donc nécessaire que chaque classe de producteurs adultes
produise en permanence un « surplus de subsistance » (en plus du surplus qui peut être produit
par les classes non productives) afin de se reproduire de génération en génération. La manière
dont les familles parviennent à gérer l’équilibre entre producteurs et consommateurs au sein des
foyers détermine leur niveau de vie et souvent leur survie.

18Toutes les sociétés doivent assurer un équilibre global entre l’épuisement programmé de la
force de travail et la relève démographique assurée par ses foyers. Les manières dont cet
équilibre est assuré ou rompu permettent d’obtenir un aperçu significatif de la dynamique de la
société toute entière. Pendant des périodes entières, il arrive que des familles de producteurs
ajustent involontairement leur démographie aux exigences en matière de travail du système
socio-économique en adaptant de manière flexible le rapport entre actifs et inactifs au sein même
de leurs propres foyers. Pendant d’autres périodes, leurs stratégies familiales entrent en conflit
avec les exigences en matière de travail du système tout entier. Les déséquilibres s’accumulent ;
s’ils ne sont pas corrigés, ils finissent par mener à une situation de stagnation et de crise.
Aujourd’hui, on observe les déséquilibres s’accumuler dans le monde capitaliste développé. Les
taux de natalité sont tombés bien en dessous du taux de remplacement des générations, les forces
de travail vieillissent, les retraités vivent plus longtemps, et les systèmes de retraite – publics et
privés – sont en train d’être gravement fragilisés. Si les tendances actuelles continuent, beaucoup
de systèmes de retraite feront faillite au cours des deux prochaines décennies. Le problème n’est
pas insoluble : le monde regorge de gens jeunes qui recherchent un emploi et qui veulent bien
émigrer. Mais l’émigration massive en provenance de pays pauvres que nécessiterait le
rajeunissement des forces de travail des pays riches se heurte à de fortes résistances qui résultent
principalement de la peur d’être « envahis » par des populations de couleur qui parlent des
langues étrangères, ont des coutumes étranges et des croyances religieuses potentiellement
dangereuses.

19Depuis que Marx a dénoncé les théories démographiques de Malthus, les marxistes sont restés
extrêmement méfiants à l’égard de tout modèle de développement socio-économique qui accorde
un rôle actif aux facteurs démographiques. Si l’hostilité aux politiques malthusiennes
réactionnaires était tout à fait justifiée, l’occultation par le matérialisme historique des effets des
dynamiques démographiques a eu des conséquences désastreuses pour l’analyse. Nous avons
abandonné le terrain à nos ennemis.

Conceptualiser les types de famille au sein des modes de production

20Les chercheurs ne sont pas parvenus à élaborer une définition interculturelle satisfaisante de
« la famille ». La diversité des types de famille est telle que la recherche d’une essence
universelle s’est révélée une entreprise aussi futile qu’idéaliste. Il est plus fructueux de
commencer par étudier la manière dont les familles organisent leur cycle de vie dans un mode de
production donné. Loin d’être déterminées sur le plan génétique, les formes familiales répondent
à la contrainte inverse : la dure réalité des difficultés que doit affronter la reproduction humaine,
qui ne relèvent pas du biologique. Les impératifs universels qui nous obligent tous à former des
groupes familiaux semblent avoir trait à : (a) la régulation de la fertilité et la légitimation de
l’enfantement par le mariage ; (b) la construction sociale de la paternité sur la base d’un statut de
la paternité reconnu au sein de la société ; (c) la mise en place d’un foyer stable,
économiquement viable et socialement légitime, pendant la période exceptionnellement longue
où les enfants sont dépendants ; (d) la transmission et la distribution de ressources (en matière de
savoir et de propriété) entre les générations ; et (e) la prise en charge des personnes âgées
dépendantes qui ne sont plus capables de subvenir seules à leurs besoins. Aucun de ces facteurs
ne fournirait, à lui seul, la raison qui permettrait d’expliquer de manière convaincante la
reproduction des formes de famille dans les sociétés humaines, mais si on les considère
ensemble, on voit la logique puissante qui est à l’œuvre.

21En tant que matérialistes, notre approche de la famille s’ancre dans l’organisation de
l’économie domestique, dans la manière dont ses membres accèdent aux moyens de production,
acquièrent les moyens de leur survie et restaurent leur capacité de travail. Une telle approche ne
présente pas de difficultés importantes au niveau de l’étude de la vie quotidienne. Il est facile de
comprendre que les familles doivent nourrir, habiller et loger leurs membres, et ce au sein de
foyers. Les problèmes surgissent lorsqu’on s’intéresse à la formation des familles de génération
en génération, aux processus de choix des conjoints et de mariage, à la formation de nouveaux
liens familiaux par le rapprochement de deux familles différentes. A ce niveau, on entre dans un
autre univers conceptuel, qui est dominé par le discours juridique de la parenté, au détriment des
impératifs pratiques de la survie quotidienne, qui semblent disparaître de l’horizon. Pour parvenir
à concilier sur le plan conceptuel ces deux points de vue, il faut relier directement la forme que
prend le cycle familial à son soubassement économique, le cycle domestique du groupe
cohabitant. Sous cet angle, il s’agit d’analyser les manières dont les foyers gèrent le rapport
changeant entre actifs et inactifs pendant toutes les périodes du cycle de vie de la famille : les
manières de financer la procréation et l’éducation des enfants, de faire passer les jeunes à la vie
active, de s’occuper des personnes âgées et de transférer richesses et statut de génération en
génération par le mariage et l’héritage. Le système de parenté codifie les idéaux dominants pour
ce qui est de la bonne gestion de ces processus.

22Il nous faut tout particulièrement concentrer notre attention sur la transition – la phase de
remplacement du cycle – lorsque la progéniture atteint l’âge adulte, se marie, rejoint ou fonde
des foyers et commence à procréer, tandis que les parents prennent leur retraite et meurent.
Passons brièvement en revue ces étapes, ainsi que les types de problèmes que chacune soulève.
(a) Gagner sa vie : comment les jeunes accèdent-ils durablement aux moyens de production et
parviennent-ils ainsi à pourvoir à leurs propres besoins et à ceux de leurs futurs enfants ?
(b) L’accès au logement : comment les jeunes ont-ils accès au logement lorsqu’ils deviennent
adultes ? Quelles sont les règles d’habitation et de formation des foyers qui gouvernent ce
changement ? La formation du foyer dépend-elle d’un transfert de propriété des parents vers les
enfants ? (c) Le mariage : Comment les jeunes d’une société donnée deviennent-ils adultes et
susceptibles de se marier ? Qui contrôle le choix des conjoints et le moment du mariage ? Le
contrat de mariage implique-t-il une forme quelconque de transfert de propriété et si oui de quel
type ? Quel lien existe-t-il (s’il en existe un) entre le mariage et l’héritage ? (d) Faire et élever
des enfants : Quelles sont les circonstances qui rendent la naissance légitime et autorisent les
couples à procréer ? Comment la fertilité est-elle régulée, par ainsi qu’à l’intérieur du mariage ?
Comment les familles gèrent-elles l’augmentation de la dépendance qui résulte de l’entrée des
femmes dans le cycle de la maternité ? (e) La prise en charge des parents : Quand les enfants
deviennent des adultes productifs et se marient, quelle sorte d’obligations gardent-ils envers leurs
parents ? Sont-ils obligés de les aider et de les prendre en charge lorsqu’ils vieillissent ? Quel
rôle (s’il existe) l’héritage joue-t-il dans la structuration des rapports entre les générations,
garantissant que chacune des parties fera face à ses obligations ? La manière dont ces transitions
s’organisent successivement détermine la structure familiale ; c’est sur cette base qu’on peut
utilement distinguer les différents types de famille.
23Les modes de production opérant à des niveaux variés de détermination, la meilleure manière
de les concevoir consiste à varier les niveaux d’abstraction ; il en va de même pour les types de
familles. C’est pour cette raison qu’on ne peut se contenter de dériver un type unique de famille
d’un mode de production donné. Prenons à cet égard l’exemple de la féodalité. Dans ce cas, la
forme de propriété seigneuriale a favorisé l’émergence au sein de la paysannerie d’un cycle de
famille souche fondé sur l’existence d’un héritier unique. Mais les types de propriété sous-
jacents se sont développés de manières très différentes en Europe orientale et en Europe
occidentale. On constate donc le développement de formes diverses de la famille souche : à l’est
de l’Europe, une variante courante de ce modèle était fondée sur le mariage précoce et la
cohabitation des générations au sein du foyer paternel ; à l’ouest de l’Europe, une variante
affaiblie du modèle souche dominait, fondée sur un mariage plus tardif et la formation de foyers
dans l’environnement proche. Au niveau le plus abstrait, on pourrait dire que la féodalité a
favorisé l’émergence de deux ou trois types dominants de famille. Dans un tel modèle en effet,
tout principe de détermination paraît très faible. En procédant de manière historique, il serait plus
juste de dire que le mode de production féodal s’est développé de manière différente à l’est et à
l’ouest de l’Europe, et que ce sont ces variantes qui ont à leur tour déterminé le développement
de cycles familiaux distincts selon les régions. Une fois admise la nécessité de déployer le
concept même de mode de production à différents niveaux d’abstraction, il devient possible de
penser les types de famille à tous les niveaux du modèle. Ainsi on peut rendre compte
pleinement de la grande variété des types de famille dans une formation sociale donnée sans
renoncer à découvrir leurs racines communes et les limites qu’elles partagent en raison des
formes de propriété du mode de production au sein duquel elles voient le jour.

24Les modes de production dominants ne sont pas plus stables temporellement qu’ils ne sont
homogènes géographiquement. Ils sont profondément influencés par leurs prédécesseurs
historiques et par les conditions spécifiques de leur apparition et de leur imposition. Prenons à
cet égard l’exemple du capitalisme. Pour ceux qui vendent leur force de travail, ce mode de
production encourage le développement de foyers regroupant des familles nucléaires
indépendantes sur deux générations et tend à faire disparaître les vestiges de types familiaux
antérieurs et à dissoudre les relations de parenté dans le domaine du travail. Une généralisation
aussi vaste est valable quand on se place au niveau de la définition abstraite d’une époque
historique. Mais à la naissance du capitalisme industriel, il n’en a pas été ainsi. On constate que
les familles de prolétaires étaient souvent élargies à plusieurs générations ; les foyers
accueillaient souvent des personnes au-delà du noyau de base, et les membres de la famille
travaillaient souvent ensemble à la mine, à l’usine ou dans l’atelier. Notre modèle s’en trouve-t-il
invalidé ? Non. A ce stade, le capitalisme, qui n’avait pas encore atteint sa maturité, n’avait pas
complètement développé ses caractéristiques. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les
survivances de la première période ont disparu. Les familles élargies se sont raréfiées, les foyers
sont devenus des espaces plus privés et leur composition plus strictement nucléaire ; les
capitalistes ont décidé d’arrêter d’embaucher des familles entières et se sont mis à payer tous les
salaires directement à chaque travailleur. Ce stade du capitalisme est plus pur que le précédent,
tant pour les types de famille que pour les autres structures.

25Le modèle de mode de production que nous construisons est élaboré au niveau d’abstraction
le plus élevé à partir de l’étude du système dans sa maturité, aux moments et aux endroits où il a
atteint son extension la plus grande. A partir de là, en avançant et en reculant dans le temps, on
retrace la dynamique du mode de production à travers ses stades divers d’ascension et de déclin,
ce qui nous rapproche du domaine de l’histoire proprement dite, de sa richesse, de sa variété, de
ses accidents et de ses coïncidences. Ce « retour au concret » permet de tester la validité du
modèle général. Cependant, il ne permet pas de contrôler la théorie au niveau le plus abstrait,
puisque de tels modèles théoriques ne peuvent jamais reproduire par la pensée les formes
historiques dont ils sont censés révéler les structures profondes. Mais puisque je considère que
les modes de production sont des structures sociales qui exercent une influence considérable
plutôt que de simples outils élégants permettant de comprendre les sociétés, la validité empirique
de la théorie doit être prise au sérieux. La thèse de la détermination du développement des
familles par les modes de production doit pouvoir être falsifiée en se référant à l’histoire. Ainsi,
s’il était possible de montrer que la structure fondamentale des types de famille n’a pas changé
quand le mode de production dominant s’est transformé lors de la transition de la féodalité au
capitalisme, les thèses avancées plus haut seraient alors invalidées  [8][8]Les deux œuvres
suivantes, A Millenium of Family Change et….

Pouvoir patriarcal et relations de famille

26On peut distinguer les types de famille de diverses manières, mais le critère essentiel dans le
cadre que je propose est la façon dont la jeune génération accède pleinement au statut de chef de
famille. Cette approche met l’accent sur la question des rapports de pouvoir entre les générations,
qui est intimement liée avec l’autre structure de pouvoir au sein des foyers : le pouvoir
qu’exercent les maris sur leurs femmes. La combinaison de ces deux dimensions définit les traits
caractéristiques du système familial patriarcal.

27Généralement, les systèmes familiaux patriarcaux s’accompagnent, à des degrés et selon des
modalités variables, des prérogatives suivantes qu’exercent les maris et les pères sur leurs
femmes et leurs enfants : (a) le droit de représenter le groupe familial et de parler en son nom au
sein de la société ; (b) la possession, en fait ainsi qu’en droit, et le droit de disposer librement de
la propriété familiale, y compris les revenus ; (c) le contrôle du travail des autres membres de la
famille ; (d) le droit conjugal de posséder sa femme sexuellement, et ce de façon exclusive, au
sein du mariage (ce qui garantit la paternité) ; (e) le droit de garde des enfants, ce qui entraîne le
droit de décider de leur éducation. Normalement, ces prérogatives s’accompagnent en retour
d’obligations qui s’imposent au père. C’est en s’acquittant consciencieusement de son devoir de
protéger et de subvenir aux besoins de ceux qui dépendent de lui que le chef de famille peut
subordonner leurs intérêts aux siens en représentant la famille en tant que groupe. Dans un
contexte patriarcal, le « bon père et bon mari » est celui qui exerce ses prérogatives en montrant
de façon tangible qu’il se préoccupe du sort des membres de la famille qui résident sous son toit.

28Définir les prérogatives diverses qui définissent généralement le pouvoir patriarcal est une
chose, expliquer leur origine en est une autre. Sauf à postuler un désir universel de domination
masculine, il faut aborder cette question en la replaçant dans les contextes historiques
spécifiques. Je propose, dans cet esprit, d’exposer ma manière de traiter ce problème. On peut
aborder la question en cherchant les réponses possibles à la question suivante : « Si le mariage
est une institution qui opprime les femmes, pourquoi la grande majorité des femmes choi-sissent-
elles de se marier, de rester mariées ou de se remarier ? ». La meilleure réponse, à mon avis, est
que pour la plupart des femmes dans la plupart des cas, le mariage est un moindre mal. Ce qui
assure la domination masculine au sein du mariage, c’est la dévalorisation des solutions de
rechange et l’individuation de l’expérience féminine du mariage. Tout ce qui améliore les
possibilités offertes aux femmes en dehors du mariage, tout ce qui facilite le célibat des femmes
jeunes et aide les femmes mariées à quitter leurs maris renforce la position des femmes au sein
du mariage. Les coûts et les bénéfices de ce choix sont à la fois matériels et idéologiques. Quitter
son mari peut diminuer le niveau de vie d’une femme et lui faire risquer l’opprobre de la société.
Les deux sont des coûts réels et jouent un rôle dans la continuation des mariages. De plus, les
deux ont tendance à mutuellement se renforcer. L’appauvrissement qui résulte de la privation des
ressources du foyer abaisse le statut de la femme dans la société ; la condamnation de la société
qui s’ensuit peut isoler et appauvrir la femme.

29Tout comme les hommes, la plupart des femmes s’intéressent à leur bien-être et sont prêtes à
agir pour améliorer leur sort à chaque fois qu’elles peuvent le faire sans prendre de risques
déraisonnables. Le plus souvent, elles ont à cœur de défendre l’intérêt de leurs enfants plutôt que
leur intérêt personnel au sens étroit du terme. Les femmes qui préfèrent continuer à endurer
l’oppression au sein de leur mariage, qui souffrent souvent en silence et tolèrent les mauvais
traitements le font surtout parce que les risques encourus en cas de rupture sont prohibitifs pour
elles-mêmes et pour leurs enfants.

30La réponse à la question « pourquoi la plupart des femmes se marient-elles ? » écarte deux
idées reçues. La première prétend que l’instinct biologique des femmes les pousse à vivre de
façon monogame et à procréer et qu’elles se marient pour réaliser ces objectifs. Le désir d’avoir
des relations sexuelles est certes quasi universel, mais les objets de ce désir et les rapports
sociaux qui permettent sa satisfaction ne sont pas prédéterminés sur le plan biologique. De
même, je concède volontiers que le désir de procréer est quasi universel, mais c’est la structure
sociale, et non la biologie, qui détermine la mise en place de mécanismes qui légitiment
l’éducation des enfants au sein du mariage, et l’interdit juridiquement, la rend précaire
économiquement et la stigmatise culturellement en dehors des liens du mariage.

31La seconde thèse privilégie les raisons idéologiques pour expliquer le désir des femmes de se
marier. Dans un monde patriarcal, la subjectivité de la plupart des femmes se forme de telle sorte
qu’elles deviennent victimes de fausse conscience. Systématiquement habituées à accepter la
soumission, elles deviennent incapables d’identifier et d’agir en fonction de leurs intérêts bien
compris. Les théories de la fausse conscience ont desservi les marxistes dans leurs tentatives
d’explication de l’acceptation du capitalisme par les ouvriers ; elles sont tout aussi pernicieuses
quand il s’agit de rendre compte de l’acceptation par les femmes du patriarcat. Le problème de
ce type de théories, c’est qu’elles postulent l’existence d’intérêts « véritables », simples et
univoques (comme dans la formule « vous n’avez rien d’autre à perdre que vos chaînes ») et que
par conséquent elles présupposent nécessairement l’existence d’une discordance entre la
conscience des gens et leurs intérêts « véritables » (c’est-à-dire révolutionnaires). Si les dominés
réagissent de manière conservatrice, c’est parce qu’ils ont été endoctrinés ou mystifiés et que
leurs intérêts véritables ont été trahis. L’idéologie dominante n’est donc pas censée trouver sa
source dans la situation des dominés, et son pouvoir de séduction n’est que chimère. Parce que
nous rechignons à faire face à la réalité déconcertante et donc à admettre que l’intérêt des
opprimés n’est pas toujours révolutionnaire, nous préférons adopter une explication entièrement
idéaliste des comportements de prudence et de consentement.
32C’est seulement en envisageant les possibilités qui s’offrent aux partenaires en dehors de la
relation qu’on peut comprendre le paradoxe suivant : le plus souvent, c’est l’homme, le principal
bénéficiaire d’une relation, qui a le moins à perdre en cas de rupture et non la femme, que la
relation opprime. Il est parfois dans l’intérêt immédiat de la femme d’obéir à son mari et de bien
le servir, si son attitude le conduit à mieux la traiter. Son comportement peut parfaitement être
calculé, rationnel et intéressé ; il n’est pas obligatoirement synonyme de masochisme, de haine
de soi ou de l’adoption entièrement mystifiée du point de vue du mari. Tant que les perspectives
de renversement d’une relation de soumission sont lointaines et que les conséquences de la
rupture sont graves, le comportement rationnel que préfèrent le plus souvent adopter la plupart
des dominées consiste à faire preuve d’un certain degré de consentement et à éviter les
provocations afin d’éviter le conflit. Ce qui ne signifie pas que les femmes opprimées au sein de
leur mariage sont satisfaites de leur sort et ne veulent pas affronter leurs maris. La résistance, la
négociation, les accords explicites et les arrangements informels sont le lot nécessaire de tout
mariage normal. De grandes disparités en matière de pouvoir n’empêchent pas la réciprocité
entre les époux. Pas plus que l’oppression n’empêche la compassion, l’affection et l’attachement
de se développer.

33Les hiérarchies sociales durables ne sont menacées que lorsque les dominés ont plus à gagner
et moins à perdre à protester collectivement au lieu d’amadouer les puissants et de négocier pour
tenter individuellement d’obtenir un meilleur sort en respectant les règles du jeu existant. D’où
l’importance cruciale des solutions autres que le mariage quelle que soit la période historique si
l’on veut comprendre le cadre qui définit les rapports de force entre époux. Tant que ces
solutions de rechange sont limitées juridiquement, pénalisantes économiquement et dévalorisées
culturellement, les femmes ont tout intérêt à chercher des partenaires et à ne pas mettre fin à des
mariages qui les oppriment.

34Dans la vie quotidienne, la question du rapport de forces entre époux ne se pose pas de
manière aussi brutale. Le problème qui se pose aux femmes n’est pas de choisir entre partir ou
rester, mais plutôt de parvenir à faire pour le mieux dans la situation où elles se trouvent, de
s’assurer qu’elles auront de quoi vivre, dans un environnement stable, amical, et empreint de
dignité humaine. La thèse sur les rapports de force entre époux exposée plus haut peut
maintenant être étendue à la vie quotidienne : le pouvoir que les femmes sont en mesure
d’exercer dans leurs relations avec leurs maris dépend essentiellement de la nature des rapports
qu’elles ont entre elles. La domination masculine au sein du mariage résulte de l’individuation de
la vie des femmes, de leur soumission individuelle à des hommes particuliers, du fait qu’elles
sont relativement isolées d’autres femmes et en concurrence avec elles. Inversement, la
construction de liens de solidarité et d’un esprit de groupe entre femmes renforce leur pouvoir
dans le rapport de force conjugal. En discutant avec d’autres femmes, les épouses partagent leurs
expériences de femmes mariées et sont en mesure de comparer leur relation avec d’autres au sein
du groupe. Ceci leur permet d’utiliser le pouvoir du groupe afin d’atténuer les pires excès du
pouvoir patriarcal. Bien que les cultures féminines informelles de solidarité contribuent de
manière décisive à améliorer la position des femmes au sein du mariage, d’ordinaire, elles ne
contestent pas les prérogatives les plus fermement établies du patriarcat, mais seulement les abus
les plus manifestes qui en découlent. Condamner un mari brutal revient à demander d’être mieux
traitée, ce qui renforce le modèle traditionnel du bon mari, du maître capable de bonté et de
compassion. Et ce bon mari mérite une bonne épouse, qui sera gaie et travailleuse, serviable et
obéissante. En l’absence d’un mouvement des femmes, l’amitié féminine et les réseaux
d’entraide ne contestent pas les bases du mariage et du patriarcat en tant que tels ; ils atténuent
les conséquences de ses pires excès et facilitent la vie avec certains hommes. Ceci ne minimise
en rien l’importance des réseaux d’entraide pour les femmes, mais rappelle simplement qu’ils ne
deviennent révolutionnaires qu’à condition d’être reliés à un mouvement féministe indépendant
qui milite pour le changement.

Notes

 [1] Voir par exemple : Femmes, greniers et capitaux, Paris, Maspéro, 1982.

 [2] F. Engels, L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, Paris, Editions


sociales, 1954, pp. 15-16 (Préface de la première édition, 1884).

 [3] K. Marx, Le Capital : Critique de l’économie politique, volume 1, Paris, PUF, 1993,
p. 642.

 [4]L. Althusser, « Idéologie et appareils idéologiques d’Etat », in Positions, Paris,


Editions sociales, 1976.

 [5] Heidi Hartmann, « The Unhappy Marriage of Marxism and Feminism : Towards a
More Progressive Union », in Lydia Sargent (ed.), Women and Revolution : A Discussion
of the Unhappy Marriage of Marxism and Feminism, London, 1981, p. 2.

 [6] Voir par exemple Nancy Chodorow, The Reproduction of Mothering, Psychoanalysis
and the Sociology of Gender, Berkeley, 1978.

 [7] Ester Boserup, Women’s Role in Economic Development, New York, 1970.

 [8] Les deux œuvres suivantes, A Millenium of Family Change et Weathering the Storm,
s’emploient à démontrer l’existence de ce lien en étudiant concrètement la transformation
des types de famille dans le nord-ouest de l’Europe lors de la transition multi-séculaire
qui a mené du système féodal au capitalisme.

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