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La Kalâa des Ath Abbas :

Wikipedia :

Toponymie
L’appellation de Kalâa des Beni Abbès est attribuée à El Abbès, fils du dernier sultan hafside de Béjaïa,
les exploits de son fils Abdelaziz Ben Abbès, lui vaille que son nom soit rattaché à la Kalâa et ses alliées 4.

La Kalâa des Beni Abbès n’est pas mentionnée par aucun auteur avant cette date, El Mérini, un auteur
maghrébin du XVIe siècle cite que les fils du roi de Béjaia se sont réfugiés dans la Kalâa d'El Ouennougha,
selon certains auteurs cette Kalâa est l’actuelle Kalâa des Beni Abbès, en outre la chaine des Bibans se
nommait El Ouennougha avant la colonisation française5.

Époque hammadide

Le site de Kalâa était un fort hammadide lié à la Kalâa des Béni Hammad qui abrite un contingent
militaire pour assurer le contrôle du passage stratégique des « portes de fer » (Bibans) ainsi que la vallée
de la Soummam et une étape du triq sultan7, le site comportait :

 le fort militaire hammadide : il n’en reste actuellement que des vestiges sur les lieux appelés
Akhriv Ouziri (ruines de Ziri) ;
 la place d’armes hammadide : lieu de présentation des troupes situé devant la Grande Mosquée,
appelé actuellement Loudha Laâli ;
 la fonderie de Kalâa (1366-1871) : les français explorateurs et des officiers de l’armée française
ont signalé l’existence de pièces d’artillerie de gros calibre trouvées à Kalâa entre 1848 et 1865.
Charles Féraud (officier traducteur) a signalé dans la Revue Africaine, l’essor qu’ont connu ces
canons appelés par les spécialistes « Tours de force » vu leur volume et leur poids.

Époque hafside

La Kalâa s’est développée avec la fin du règne du dernier sultan hafside de Béjaïa, Abou El Abbés
Abdelaziz8, lorsque les deux fils de ce dernier, l’Émir Abdrrahman et l’Émir El Abbés 9 et une partie des
habitants de Béjaïa, fuyant l'occupation espagnole de la ville, conduite par Pedro Navarro en 1510, s'y
sont réfugiés à la casbah fortifiée pour échapper aux mêmes atrocités, commises par les espagnols à Oran
lors de la conquête de cette ville10 et ils ont constitué les premiers habitants de la Kalâa 11. Elle sera dirigée
par les descendants du dernier roi hafside de Béjaia pendant plus d'un siècle, c'est parmi cette même
lignée que seront recrutés les grands chefs des Béni Abbas jusqu'au début de la colonisation française
dont le dernier est le Cheikh El Mokrani8.

Époque de la Régence d’Alger

Les fils du sultan Abdelaziz ont choisi le site de la Kalâa au XVIe siècle pour sa difficulté d’accès et sa
position défensive afin d'édifier leur capitale12; la Kalâa comportait pendant cette période :

 le palais royal (aucune trace n’en reste) ;


 le quartier entourant le palais royal dont il reste des vestiges à ce jour. Un explorateur
français[Qui ?] a réalisé une esquisse d’une maison de Kalâa composée d’une cour intérieure et un
rez-de-chaussée et d’un étage, avant que Kalâa ne soit saccagée par le général d’Armand en août
1871. Certaines parties du quartier ont été totalement reconstruites ; toutefois, le cachet
architectural originel demeure en plusieurs endroits, des portails portent encore des gravures
réalisées par les sculpteurs juifs et mauresques de l’Andalousie ;
 les remparts : jusqu’à ce jour on peut observer les vestiges de fortes murailles dans certaine zones
notamment à Thagurth Ou Aji (porte de Aji, à l’entrée de Kalâa) et à Thagurth El Bordj (la porte
de la citadelle, entrée nord-est) appelé S’Sour Ouroumi ;
 les sites historiques : mosquées, mausolées et garnisons militaires, Kalâa compte au total 14
mosquées et mausolées.

En 1553, la kalaa connait la première expédition ottomane, le mur d’enceinte de la kalaa est édifié suite à
cette expédition13.

L'an 1510 , voit un grand tournant dans l'histoire de Bougie et de ses habitants. Pierre de Navarre, écrase
les troupes du Sultan de Bougie et de ses alliés et s'empare de la ville 10. Les Espagnols persécutent
fortement la population , dont bon nombre s'enfuirent. Ils organisent à partir de cette position des razzias
dans l'arrière-pays. Les conquérants soumirent les habitants aux lois de l'inquisition espagnole en
vigeure11. Les Juifs mais aussi leurs congènaires musulmans et certains renégats chrétiens se réfugiènt
auprès du sultan Abderahman de Bougie 12 sur les monts des Bibans où les Abbassides fondèrent un petit
royaume autour de la Kalaâ des Béni Abbas13,14. Il a été attesté par plusieurs écrivains et historiens de
l’époque que les juifs de petite Kabylie étaient, au xvie siècle, en majorité des artisans bijoutiers et
cordonniers13. A son apogée au xvie siècle, la cité des Beni Abbès est une véritable ville forteresse de 80
000 âmes , dont 300 juifs et une synagogue15,16. Les Juifs andalous y introduisent un nouvel art importé de
leur ancien pays , l'orfèvrerie émaillée , une technique permettant la création de bijoux et ciselures
d'armes sophistiqués17. Lorsqu'il mentionne les communautés juives de l'interrieure au même siècle ,
Hischberg cite la Kalaa aux côté de Médéa et Miliana18. La prise de la ville de Bougie en 1553 par les
Turcs , n'attire que très peude juifs. Il faudra attendre l'investigation de certains marchands d'Alger pour
que la ville retrouve un semblant de commerce notoire mais qui s'éteint au lendemain de la conquête
française.

Les localités du royaume des Abbasides acceuillent nombre de refugiés de Bougie. Il y avait, parmi ces
réfugiés, des constructeurs, des orfèvres, des ébénistes qui allaient mettre leur savoir-faire au service des
populations locales19,20. Au xixe siècle, la pluspart des bijoutiers et orfèvres de petite Kabylie sont encore
presque tous juifs21. En 1850 , les Juifs bougiotes quittent la compagne pour les colonies françaises de Sétif
, Alger et Bejaïa dépourvue de ses juifs depuis22. On mentionne une petite colonie juive installée à Dellys23.

Royaume des Ait Abbas


Tagelda n Ait Abbas

1520 – 1871

Carte des tribus de Grande Kabylie et le drapeau de Béjaïa (sous les Hafsides). Le fondateur du Royaume
d'Ait Abbas prince de Béjaïa est un allié des Hafsides avant de s'émanciper en 1510 date de leur défaite
face aux Espagnols. Il reprendra les symboles et l'administration locale à son compte. Le second drapeau
a été capturé par l'armée française dans le Djurdjura lors de la conquête de l'Algérie et il est semblable à
la description du drapeau de Boumezrag Mokrani1.

Entités précédentes :

Royaume des Hafsides

Entités suivantes :

Algérie Française

Le Royaume des Aît Abbas est un État dont l'autorité s'étendait sur la petite Kabylie du XVIe siècle au
XIXe siècle. Sa capitale était la Kalâa des Beni Abbès une citadelle dans les Bibans. Ce sera un bastion de
résistance aux Espagnols puis aux Ottomans et enfin aux Français face auxquels il maintiendra
l'indépendance de la région.

Sommaire
1 Fondation

2 Relation au Royaume de Koukou

3 Résistance aux Ottomans

4 Chute du Royaume

5 Notes et références

Fondation

Article détaillé : Histoire de Béjaïa.

Arbre généalogique des Amokrane du Royaume des Ait Abbas.

En 1510, sur la lancée de la Reconquista, les Espagnols s'emparent de Béjaïa aux mains des Berbères
hafsides. Ils organisent à partir de cette position des razzias dans l'arrière-pays. Les Berbères de la région
cherchent protection à l'intérieur des terres et prennent pour nouvelle capitale la Kalâa des Beni Abbès,
au cœur de la chaîne des Bibans. Cette ville était une ancienne place fortifiée de l'époque hammadide et
une étape du triq sultan la route commerciale allant des Hauts Plateaux à Béjaïa, c'est le sultan
Abderahmane qui choisira le site pour des raisons sécuritaires. Le règne de son petit-fils Abelaziz fera
sortir le nom de la Kalâa de l'anonymat, à son apogée la cité comptait 70 000 habitants et rivalisait alors
avec Tunis, il prendra alors le titre d'Amokrane. C’est durant son règne que la Kalâa se dotera de
fabriques d’armes avec l’aide des renégats chrétiens ainsi qu'une partie des habitants de Bougie chassés
par l'occupation espagnole ,dont des andalous , musulmans , ainsi qu'une communauté juive qu’elle
accueille en grand nombre et qui apportent leur savoir-faire2.

Relation au Royaume de Koukou

Le royaume de Koukou implanté en Kabylie de l'autre côté de la vallée de la Soummam, sera un rival
dans la région. Les Ait Abbas durant le XVe siècle entreront plusieurs fois en guerre avec lui, s'alliant
parfois avec les Ottomans qui jouaient sur la rivalité entre les deux royaumes pour espérer s'implanter en
Kabylie. Cependant les relations se détériorant avec la Régence d'Alger et à l'occasion de mariages entre
les grandes familles des deux royaumes, il deviendront progressivement alliés3.

Résistance aux Ottomans

Entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle il y aura plusieurs conflits entre les royaumes kabyles d'Aït Abbas et
de Koukou et la Régence d'Alger dont les principaux ont eu lieu en 1609 où les Kabyles ont dévasté la
Mitidja et menacé Alger, entre 1758 et 1770 dans toute la Kabylie et entre 1805 et 1813 dans la vallée de la
Soummam2. Enfin en 1823 ils entrent en révolte contre l'autorité de la Régence et coupent les voies de
communications entre Alger et Constantine. Ce n'est qu'après plusieurs mois de combats que l'agha
Yahia parvient à négocier la soumission des tribus et en 1824 est signé le dernier traité de paix4.
Globalement le royaume, qui bénéficie d'une certaine reconnaissance internationale (représentations
diplomatiques en Espagne, notamment), contribue à préserver une relative autonomie de la région par
rapport au reste de la régence d'Alger5.

Après une période de rivalité où alternent phases de paix et de guerre entre Ottomans et Kabyles pour le
contrôle d'Alger, leurs relations se stabilisent à l'époque des deys. Son autonomie fait l'objet d'une
reconnaissance tacite qui marque une étape importante dans la constitution de l'identité régionale.

Le royaume contrôle le passage stratégique des Portes de Fer appelés Tiggoura par les Kabyles et Demir
kapou par les Turcs qui est un point de passage obligatoire sur la route reliant Alger à Constantine. La
Régence d'Alger devait payer un tribut pour le passage de ses troupes, dignitaires et commerçants. C'est
d'ailleurs dans l'Algérie de l'époque le seul endroit où le pouvoir Makhzen de la régence payait un tribut à
des populations locales insoumises6.
Le voyageur français Peyssonnel écrivit en 1725:

« Ces troupes (la milice, turque) si redoutables dans tout le royaume, sont obligées de baisser leurs
étendards et leurs armes, en passant par un détroit fâcheux appelé la Porte de fer, entre des montagnes
escarpées. La nation dite Benia-Beïd (Beni-Abbas), qui habite ces montagnes, les force à la soumission. [...]
et ils s'estiment encore heureux d'être en paix avec eux, sans quoi il faudrait aller passer dans le Sahara
pour aller d'Alger à Conslantine6. »

Chute du Royaume

Avec l'arrivée progressive des Français dans la région le royaume des Ait-Abbas aura une position
changeante, soutenant la Régence d'Alger face à l'invasion française puis les révoltes de Lalla Fatma
N'Soumer, mais signant plus tard la paix avec la France qui nommera Bachagha son chef Mohamed
Amokrane. Mais face aux tentatives d'expropriation, Mohamed Amokrane, dernier Amokrane (chef) du
royaume, entrera en guerre en 1871 avec la « révolte des Mokrani », où la confrérie de la Rahmaniya joue
un grand rôle. La répression se solde par de nombreuses arrestations, des spoliations et des déportations
en Nouvelle-Calédonie (c'est l'origine des « Kabyles du Pacifique »)7.

Notes et références

↑ Louis Rinn, Histoire de l'insurrection de 1871 en Algérie, Alger, Librairie Adolphe Jourdan, un poème
populaire ancien rapporté sur la révolte de 1871, p. 285

↑ a et b Youcef Allioui, Les Archs, tribus berbères de Kabylie : histoire, résistance, culture et démocratie,
L'Harmattan, 2006, (ISBN 2-296-01363-5), p. 205

↑ Tahar Oussedik, Le royaume de Koukou

↑ Ernest Mercier, Histoire de la Berbérie, tome III, p. 515-516.

↑ Henri Aucapitaine, Les confins militaires de la Grande Kabylie sous la domination turque (Province
d'Alger), Moquet, 1857.

↑ a et b Société Archéologique Coloniale,Notices et Mémoires de la Société Archéologique de la Province de


Constantine , Volume 5 de la deuxième série, 1871-1872, BnF ,p249

↑ Alain Mahé, Histoire de la Grande Kabylie XIXe XXe siècles : Anthropologie historique du lien social dans
les communautés villageoises, Bouchêne, Paris, 2001 (ISBN 2-912946-12-3).

http://athabbas.blogspot.com/2012/05/le-royaume-independant-de-la-qalaa-nath.html

Les espagnols et les ottomans y ont été tenus en échec : Le royaume indépendant de la Qalaâ n’Ath Abbès
fête son 500e anniversaire

Cette année, la commémoration du 139e anniversaire de la mort, sur le champ de bataille, de El Hadj
Mohamed El Mokrani, leader de l’insurrection de 1871, menée avec l’appui de Cheikh Aheddad, coïncide
avec la célébration du 500e anniversaire de la naissance du royaume indépendant de la Qalaâ n’Ath
Abbès dans les Bibans.

La relation entre ces deux événements vient du fait que El Mokrani a été le descendant direct des Ath
Mokrane, fondateurs du royaume des Ath Abbès au XVe siècle. Mokrane, signifiant le chef ou le sultan en
berbère, la fonction a donc créé le nom patronymique. Pour rappel, en 1510, après la chute de la ville de
Béjaïa entre les mains des Espagnols, les fils du sultan de la cité hafside, une partie de sa cour ainsi que de
nombreux artisans, intellectuels, réfugiés andalous ou simples citoyens trouveront asile à la casbah
fortifiée de la Qalaâ n’Ath Abbès fondée par Sidi Abderrahmane, ancêtre des Mokrani, vers 1450.
Pedro de Navarro s’étant emparé de Béjaïa, c’est un véritable transfert du pouvoir qui s’opère alors vers
l’arrière-pays. Vers ce pic quasiment inaccessible des Bibans et dont la mission militaire a toujours été
degarder le passage des portes de fer et l’entrée de la vallée de la Soummam, sous la houlette du brillant
stratège Abdelaziz Amokrane, le royaume naissant va prospérer et tenir tête aux Espagnols puis aux
Ottomans. La Qalaâ deviendra alors un important centre politique, militaire et économique régnant sur
un territoire s’étendant du Djurdjura jusqu’aux portes du désert. Les Turcs organiseront plusieurs
expéditions militaires contre la forteresse des Ath Abbès, mais ne parviendront jamais à la faire plier. Pis
encore, ils doivent se soumettre à l’impôt et baisser leur étendard au passage des portes de fer gardé par
les Ath Abbès. Jusqu’à sa chute en 1624, date à laquelle meurt assassiné son dernier sultan, la Qalaâ
jouera un rôle politique majeur dans un Maghreb en proie à de multiples divisions nées du déclin des
dynasties hafside, mérinide et abdelwadide.

A titre d’exemple, en 1545, Abdelaziz Amokrane s’allie aux Ottomans pour repousser une invasion des
Marocains saâdides alliés aux Espagnols. Cette victoire, obtenue grâce aux troupes de Abdelaziz, jouera
un rôle dans la formation de la future Algérie par la mise en place des premiers éléments du traçage des
frontières. Même si le prestige de la dynastie des Ath Mokrane ira déclinant, il se maintiendra jusqu’au
jour où El Hadj Mohamed El Mokrani décide de déclarer la guerre aux Français en mars 1871. Ce
mercredi 5 mai, donc, de très nombreux invités et citoyens se sont retrouvés avec la délégation des
autorités officielles de la wilaya de Béjaïa, à la Qalaâ n’Ath Abbès pour commémorer ce double
anniversaire en se recueillant sur la tombe du martyr El hadj Mohamed El Mokrani.

Une conférence retraçant l’histoire de cette cité forteresse a également été donnée par le professeur Seddik
Djamel.

Béjaïa, le chef-lieu de wilaya, a également fêté ce double anniversaire par une grande exposition qui s’est
tenue au siège du TRB.

Initiée par l’association Gehimab, en partenariat avec le Cnrpah, le ministère de la Culture et


l’association Nadi El Mokrani de la Qalaâ, l’exposition avait pour objectif de faire connaître au grand
public le rôle joué par le royaume indépendant des Ath Abbès à une époque charnière de l’histoire de
l’Algérie. L’exposition avait aussi pour objectif de faire le point sur les divers travaux engagés à la Qalaâ.

Un musée pour la Qalaâ et un mausolée pour les Mokrani

http://www.elwatan.com/dist/puce.gif Selon Mourad Nacer, directeur de la culture de la wilaya de Béjaïa,


la Qalaâ n’Ath Abbès aura bientôt son musée. Il regroupera un ensemble d’objets et de documents
historiques liés à la culture et l’histoire du royaume, qui a défié les Espagnols et les Ottomans et assuré
une permanence maghrébine aux XVe et XVIe siècles. L’idée de l’érection d’un mausolée en l’honneur de
Mohamed El Mokrani et de son frère Boumezrag a également été retenue par les autorités de la wilaya.
Comme pour Cheikh Aheddad et ses deux fils Aziz et M’hand, il est question, en effet, de transférer les
ossements des deux chefs des Ath Moqrane, El hadj Mohamed, enterré dans le cimetière familial de
Djamaâ El Kebir et Boumezrag, enterré au cimetière de Sidi M’hamed, à Alger, vers un mausolée digne
de leur statut de figures historiques nationales. Par ailleurs, nous avons également appris qu’une
opération de restauration de la Qalaâ n’Ath Abbès a été inscrite pour l’année 2010, sur proposition du
wali de Béjaïa avec l’appui du ministère de la Culture. Cette opération concerne le mausolée du sultan
Ahmed Ben Abderrahmane, dit mosquée Ousahnoun, la grande mosquée dite Djamaâ El Kebir, le
mausolée de Cheikh El Mokrani, sa maison, la medersa des oulémas musulmans construite en 1934 ainsi
que la poudrière souterraine de Mokrani.

Par Djamel Alilat

Triq Es Soltane (l’itinéraire du roi) par Dj Alilat

Il y a tout juste mille ans, en 1007, naissait dans le Hodna, au pied du Djebel Taqarbouzt, la Dynastie
Berbère des Hammadites. Dans un milieu quasiment désertique, le royaume de la Qalaâ des Beni
Hammad allait faire naître une brillante mais éphémère civilisation, qui allait rayonner sur tout le
Maghreb.
Soixante années après sa naissance, les souverains de ce royaume prospère durent transférer leur capitale
des Hauts-Plateaux du Hodna vers les montagnes kabyles de Béjaïa, fuyant devant les essaims
dévastateurs des Beni Hilal et des Beni Solaïm. Du Djebel Mâadhid jusqu’au Mont Gouraya, c’est une
longue route parsemée de caravansérails et de forteresses que durent emprunter les émirs et leurs
populations pour une formidable migration, qui a duré des dizaines d’années, créant au passage une
autoroute médiévale baptisée Triq Essoltane.

Dans leur migration, les Hammadites utilisaient l’ancienne voie romaine qui reliait les Hauts-Plateaux
sétifiens à Saldae (Béjaïa) par Bordj Bou Arréridj, Medjanna, Bordj Boni, Ighil Ali, Tablast, actuellement
Allaghane, avant de longer la vallée de la Soummam jusqu’à la mer. C’est ce trajet que nous avons tenté
de refaire avec un rétroviseur braqué sur le passé. A mesure que la voiture quitte les mornes plaines des
environs de Msila pour grimper vers le Maâdhid, on a l’étrange impression de se retrouver dans le sud des
Aurès. C’est le même paysage de montagnes rocailleuses et de ravins tapissés de verdure qui rappellent les
célèbres gorges du Ghouffi. En nous arrêtant pour contempler ce paysage, où cohabitent le vert tendre du
laurier rose et le jaune des montagnes schisteuses, notre chauffeur, voyant surgir sur le flanc des collines
semé de cactus, des maisons de pierres sèches coiffées de tuiles romaines, s’exclame : « Tiens, on se croirait
en Kabylie ! » Pour des Bougiotes partis en pèlerinage sur les terres de la première capitale des ancêtres,
le lien est vite fait. Nous traversons la ville de Bechara, qui paraît très animée en cette fin de semaine,
avant de voir surgir au loin le fameux minaret de la mosquée de la Qalaâ.

Un vestige séculaire

Au pied de cet immense vestige de 25 m qui vous contemple du haut de ses dix siècles d’histoire, nous
sommes tout de même saisis par une certaine émotion. La tour est tellement haute, qu’on a de la peine à la
faire rentrer dans l’objectif de l’appareil photo. On ne se lasse pas d’en faire le tour et de la contempler
sous tous les angles. Plus on la contemple, plus elle nous paraît familière : ces pierres sèches et cette
architecture austère ressemblent à toutes ces maisons kabyles qui parsèment les flancs familiers des
Bibans. En plus grand, bien sûr. Les vestiges de la Qalaâ étant situés plus hauts que les villages du
Maâdhid, aux alentours, il n’y a que quelques bergers gardant stoïquement leurs troupeaux de moutons
sous un soleil de plomb. Au bout d’une heure de visite, l’un des bergers, un vieux monsieur coiffé de son
chapeau de paille, s’approche discrètement. Nous profitons de l’occasion pour engager la conversation.
Disponible et avenant, notre homme s’avère être un ancien gardien qui a travaillé 35 ans sur le site de la
Qalaâ. Amar Ferahtiya, 68 ans, est intarissable sur le sujet. Une vraie mine d’or. A l’ombre de l’immense
minaret, cet homme, qui n’a jamais été à l’école, nous raconte ce qu’il a appris à force de côtoyer les
chercheurs et les archéologues. « Le site de la Qalaâ des Beni Hammad s’étend sur 7 km. Cette tour est
dotée de 131 marches. Sa hauteur initiale est de 30 m, mais elle n’en a plus que 25 après sa restauration »,
dit-il. « Cette montagne que vous voyez là-bas, c’est le Djebel Taqarbouzt. Elle culmine à 1418 m
d’altitude. La Qalaâ avait trois portes d’entrée : Bab Ledjnane, Bab Laqwas et Bab Djeraoua. Elle était
entourée de remparts et elle comprenait quatre palais dont il reste aujourd’hui quelques vestiges », nous
explique-t-il.

L’ombre d’Abu Yazid

Assis à l’ombre de la tour, nous écoutons Ammi Amar nous parler longuement de la naissance du
royaume, de la guerre entre Zirides et Hammadites, du révolté Kharidjite Abou Yazid, l’homme à l’âne,
qui est mort en 935, cerné au sommet du Taqarbouzt, du sultan Ennacer qui a construit le palais du
Manar pour la princesse Bellara dont il était tombé amoureux fou, et puis des huit émirs qui se sont
succédé à la Qalaâ depuis sa fondation par Hammad Ben Ziri. Il s’agit, dans l’ordre, d’ El Qaïd, de
Mohcene Ben El Qaïd de Bologhine, de Nacer Ben Alennas, le fondateur de Béjaïa, de Mansour le
fondateur de Mansoura à Tlemcen, de Badis Ben Mansour, d’El Aziz Ben Mansour, puis de Yahia, le
dernier prince hammadide qui a quitté la Qalaâ en 1152 après la défaite contre les Almohades. A écouter
ce vieil homme assis dans la poussière, l’histoire, tout à coup, prend un sens. Elle devient palpable. Il vous
parle de guerre entre Berbères Zenata et montagnards Sanhadja, comme s’il s’agissait de la rivalité qui
oppose les Chnawa du MCA aux supporters de l’USMA. On n’a même pas besoin de fermer les yeux pour
voir ces décombres froids de la Qalaâ s’animer, reprendre corps.

Cette ville grouillante, peuplée d’artisans remarquables, de poètes, d’architectes, de paysans et de savants,
revient à la vie l’espace d’un instant fugitif. A notre grand regret, notre guide est obligé de nous quitter
pour rassembler ses brebis, qui ont profité de la leçon d’histoire pour s’éparpiller à travers champs.
Notre visite se poursuit plus à l’Est où subsistent d’importants vestiges du Palais du Manar construit au
dessus des gorges de Oued Fredj, à même la falaise. Devant l’état de total abandon dans lequel se trouvent
ses murs antiques, qui ont traversé les siècles, on est pris d’un profond malaise. Les pans de mur qui
s’effondrent et les brèches qui se créent n’ont jamais été restaurés. L’état de ruine des vestiges rend la
visite très dangereuse. Il n’y a, apparemment, dans tout le Maghreb, que l’Algérie pour s’offrir le luxe de
cracher sur un site classé patrimoine mondial par l’Unesco dès 1980, pour le laisser à la merci des
prédateurs et des vandales. Cet abandon de la Qalaâ des Beni Hammad est révoltant. Partout, des traces
de construction et des vestiges là où l’œil se pose. Les fouilles ont été apparemment délaissées depuis De
Beilié, l’archéologue français à qui on doit l’essentiel des connaissances sur la Qalaâ.

Nous n’avons pas le temps de faire le tour du site. Il nous faut quitter la fournaise du Hodna, avant
l’heure fatidique où le soleil assomme même les chameaux, en faisant la promesse de revenir un jour faire
plus ample connaissance avec ce haut lieu de l’histoire. Ne pouvant faire comme les Hammadites qui,
probablement, empruntaient des sentiers de muletiers en allant droit vers le nord, on se résout sagement à
reprendre l’asphalte vers M’sila. Thamsilt, comme disent encore les Kabyles de l’ancienne génération.

De la montagne vers la plaine

Sur la route de Hammam Dhalaâ, beaucoup de semi-remorques immatriculés 06. Rien d’étonnant quand
on sait que cette route est celle du ciment. Des allers et venues qui rappellent les caravanes qui faisaient ce
même chemin, il y a dix siècles. Les matériaux de construction ont toujours été un problème épineux. Dans
sa fuite vers les rivages sécurisants de la Kabylie, l’émir Ennacer avait obligé chaque famille émigrée à
transporter au moins une pierre à chaque voyage, sous peine d’amende. Après la ville d’El Mhir, il y a le
fameux passage des Portes de Fer. Un détroit stratégique qui assure, depuis la nuit des temps, le passage
de l’Est vers l’Ouest, de la montagne vers la plaine. Les Romains l’ont toujours contourné, préférant
passer par Auzia (Sour El Ghozlane) et éviter ainsi les guet-apens et embuscades des tribus de la région.
Les Portes de Fer ou Détroit des Bibans s’appelle en réalité Taggurt, (la porte), pluriel : Tiggura. Il y a
deux portes : Tammezyant, la petite et Tameqrant, la grande. L’appellation actuelle, que les Français ont
reprise, vient de l’arabe Bab et Bibans. Pour le fer, certains disent que c’est à cause des mines de fer qu’il
y avait dans ces montagnes. D’autres avancent l’idée que ce sont les Turcs qui ont donné ce nom à ce
passage où ils ont toujours été obligés de baisser leurs armes et de payer un péage aux Ath Abbès qui en
assuraient la garde. Nous franchissons ce fameux passage juste pour la forme puis nous revenons sur nos
pas pour prendre par Bouqtone ; nous franchissons l’oued du même nom. Cette route mène jusqu’au
plateau de Boni en passant par Ath Rached et Ferracha. Selon les anciens de la région, c’est cette route
qui a toujours été empruntée pour aboutir à la Qalaâ des Beni Abbès.

La Qalaâ des Beni Abbès a été bâtie sur le modèle de celle des Beni Hammad. Position stratégique, accès
difficile, portes gardées et muraille tout autour. Même le nom du plus haut sommet, Taqarbouzt, a été
copié sur l’original et importé. Au départ, c’est un Fort hammadite lié à la Qalaâ des Beni Hammad qui
avait pour mission de garder le fameux passage des Bibans, ainsi que la vallée de la Soummam. Pendant
des siècles, des troupes stationnées à la Qalaâ se sont relayées pour assurer le passage des Bibans, jusqu’à
ce que le khalifa Mokrani, dont le fils M’hamed allait soulever le nord de l’Algérie avec Cheikh Aheddad
en 1871, ouvre définitivement ce passage aux Français en 1833. A propos de la Qalaâ, certains historiens,
comme Paul Wintzer, affirment que les Hammadites ont d’abord occupé la Qalaâ des Beni Abbès qui
s’appelait alors la Qalaâ de Ouanougha, avant de s’installer à Béjaïa. Ceci est très probable, d’autant plus
que lorsque Béjaïa est tombée aux mains des Espagnols en 1510, les émirs hafsides de Béjaïa se sont
repliés à la Qalaâ des Beni Abbès.

La halte de Si Moh U M’hand

A la Qalaâ des Beni Abbès, nous avons rendez-vous avec Mourad Mebarek, un architecte qui a fait sa
thèse sur l’urbanisme particulier de cette vieille forteresse. Nous arrivons de nuit à la Qalaâ. A Tajjmaâth
n’Tazaïart, Mourad est en train de discuter avec quelques amis sous la pleine lune qui donne un aspect
fantasmagorique au paysage de murs effondrés de l’ancienne capitale des Ath Abbès. Au bout de deux
heures de discussion à revisiter l’histoire, nous sommes invités à la maison dite « Akham Gu’Ahchaïchi ».
C’est une vieille maison berbère où, mis à part l’électricité, rien n’a changé depuis plus d’un siècle.

Un véritable musée avec sa cour pavée, asqif, adaynine, taârichth, ichvouyla et même un authentique
coffre berbère superbement sculpté. Cette maison, où nous reçoit très gentiment Menzou Djamel affairé à
griller des sardines, a appartenu à Abderrahim Mokhtar, présumé né en 1882. Ce monsieur, dont un
portrait jauni est accroché à la poutre maîtresse de la maison, avait pour ami un certain Si Moh U
M’hand. Chaque fois que le célèbre barde partait vers Tunis, il s’arrêtait à Qalaâ chez son ami Ahchaïchi.
On nous apprend, par ailleurs, qu’une fois, Si Mohand a séjourné plus d’une année sous ce toit. Comme
quoi, l’histoire a quelques fois de ces clins d’œil. Mourad nous apprend que ce qui est particulier avec les
maisons de La Qalaâ, est le fait de posséder trois portes et trois cours qui donnent les unes sur les autres.
Passé le premier portail, la cour intérieure est réservée aux khammass et aux gens de passage, la deuxième
porte donne sur une cour réservée aux invités et aux amis, alors qu’au-delà de la troisième et dernière
porte, seuls les membres de la famille y sont admis.

Mourad vit depuis longtemps à Brême, en Allemagne. Il se définit d’abord comme Brêmois, puis comme
Kabyle, ensuite comme Algérien, puis comme Allemand. Autant dire que culturellement, il a autant
d’entrées que les maisons de ses aïeux. Les gens de La Qalaâ sont très hospitaliers et, en général, très
instruits. Aujourd’hui, cette cité qui fut un jour prospère au point d’être comparée à Tunis, ne revit plus
que pendant les vacances ou les week-ends, lorsque les familles installées dans les grandes villes du pays
reviennent au bercail.

La route qui relie Bordj à la Kabylie par Ighil Ali va bientôt être reclassée route nationale.

La circulation automobile est infernale sur une RN26 encombrée par les poids-lourds. A force de
s’étendre le long de la route, les agglomérations ont fini par se coller les unes aux autres. Les portions de
route vierges d’habitations commencent à se faire de plus en plus rares. Pourtant la Vallée de la
Soummam n’a été habitée que depuis la colonisation française et, plus précisément, après la défaite de
1871, ce qui a permis à la France de construire les premiers villages européens comme Tazmalt, Akbou,
Sidi Aïch et El Kseur.

Un voyage de mille ans

Moulay Ennacer, le fondateur de Béjaïa a installé des populations sur, toutes les montagnes qui entourent
son royaume, ainsi que des postes de vigie sur les points culminants. Ces vigiles communiquaient entre eux
à l’aide d’un système de miroirs le jour et de feux la nuit, pour se transmettre des messages. Un système
repris plus tard, par les sultans de la Qalaâ des Beni Abbès et même par El Mokrani. Beaucoup de ces
villages, que l’on voit aujourd’hui sur la rive sud du Djurdjura, les flancs des Bibans et des Babors, ont été
créés à l’initiative d’Ennacer et d’El Mansour. C’est l’une des raisons pour lesquelles on retrouve
aujourd’hui, la majorité des villages kabyles occupant des crêtes et des sommets inexpugnables.

A l’entrée d’El Kseur, nous marquons une petite halte symbolique à Tiklat. Chaque jour, des milliers
d’automobilistes passent à quelques mètres des prodigieux vestiges de cette ville occupée successivement
par les Berbères puis par les Romains, ensuite par toutes les dynasties qui ont eu à régner sur la région,
sans s’arrêter et sans même se douter de leur existence. Les citernes romaines, que l’on retrouve
aujourd’hui sur une petite colline qui surplombe la route, ont souvent servi de forteresse pour diverses
armées, y compris celle du rebelle Takfarinas, le célèbre prince berbère qui s’est soulevé contre Rome en
l’an 17 après J.-C.

Ces citernes, au nombre de 15 et qui pouvaient renfermer une réserve d’eau de 15 000 m3, ont souvent
changé de vocation au cours des siècles. Sur le bas côté de la route, le maquis a presque complètement
recouvert les ruines de l’antique ville de Tubusuptu (Tiklat), fondée par une colonie de vétérans de la
légion romaine sous le règne d’Auguste. Ce site, qui peut attirer des milliers de touristes chaque année, s’il
était pris en charge et revalorisé, est, malheureusement, dans un état d’abandon total depuis des lustres.

Partis d’Ighil Ali à 7h, il nous faut un peu plus de trois heures pour rallier Béjaïa. Après Bir Slam, le puits
antique où les pèlerins faisaient leurs ablutions avant de partir pour La Mecque, la ville apparaît adossée
au monumental Gouraya.

Plutôt que d’achever notre périple par la Porte Sarrasine (Bab El Bahr) qui servait de porte de sortie vers
la mer, nous choisissons de passer symboliquement par la vieille ville et Bab El Fouka, l’une des portes
antiques de l’ancienne cité hammadite, pour boucler la boucle. C’est, paraît-il, par cette porte qu’entrait
le sultan. Assis sur son trône, il faisait face à ceux qui entraient dans la ville le jour des foires, des fêtes et
de l’arrivée des caravanes.

La circulation à Béjaïa, en cette fin de mois d’août, demeure difficile et les principaux carrefours de la
ville connaissent des embouteillages homériques. La cité est envahie par les touristes. La plupart de ces
touristes viennent justement de ces Hauts-Plateaux de Sétif, Bordj et M’sila, accomplissant un voyage qui
a débuté il y a mille ans. En effet, cela fait dix siècles que Béjaïa est leur port et leur principale porte vers
la mer.

Djamel Alilat, El Watan (02 septembre 2007

Bejaia. Qalaa Beni Abbes

Découverte d’un canon du XVIe siècle

Une pièce d’artillerie, datant probablement du XVIe siècle, a été découverte à la Qalaâ des Beni Abbès, à
près de 120 km au sud de Béjaïa, par Aoudjit Mohand Salah, alors qu’il effectuait des travaux de
terrassement près de son domicile.

Le site de cette découverte se trouve à une vingtaine de mètres de la mosquée Djamaâ Lekbir où se trouve
la tombe du chef militaire de l’insurrection de 1871, El Hadj Mohamed El Mokrani dont on s’apprête à
célébrer le souvenir le 5 mai prochain. La pièce d’artillerie, qui se trouve être assez rouillée, est un canon
d’un mètre de longueur pour un diamètre non encore mesuré. Pour rappel, la Qalaâ Nath Abbès est un
haut lieu de l’histoire nationale. Forteresse ziride puis hammadite pendant des siècles, elle marque sa
présence dans l’histoire en 1510 lors de la prise de Béjaïa par les Espagnols, en devenant la nouvelle
capitale hafside. De 1510 jusqu’à 1624, Qalaâ devient le siège d’un vaste royaume autonome qui résistera
à l’occupation espagnole de Béjaïa et à l’hégémonie ottomane sur l’Algérie. Abdelaziz Amokrane, ancêtre
éponyme des Mokrani, passe pour être le fondateur de la forteresse sur laquelle a été bâti ce royaume
rival de celui de Koukou et de la régence d’Alger. Durant son règne, qui a duré de 1510 jusqu’à 1559, date
à laquelle il perdra la vie dans une bataille contre les Turcs en 1559, Abdelaziz Amokrane est le premier
chef à introduire les armes à feu, notamment les mousquetons et les canons, en Kabylie orientale. Après la
défaite de 1871 et la chute de la dynastie des Mokrani, les Français, premiers étrangers à mettre le pied à
Qalaâ, découvrent avec étonnement quatre grands canons dont l’un, au moins, a été coulé sur place
puisqu’il comporte en caractères arabes la date de sa fabrication et le nom de l’armurier qui l’a forgé. Des
centaines d’hommes seront mobilisés pour tracter ces canons hors de Qalaâ. Ils seront exposés au musée
de Constantine pour un temps, avant de prendre le chemin du Louvre à Paris où ils s’y trouvent encore.

Par Djamel Alilat

Informations générales
Monarchique
Statut et tribus
fédérées
Kalâa des
Capitale
Beni Abbès
Langue Kabyle
Religion Islam
Histoire et événements
Abderahmane,
sultan de
Béjaïa pour le
1510 compte des
Hafsides puis
fondateur de
la Kalâa.
1547 Abdelaziz
prend le
pouvoir; sous
son règne la
Kalâa prend
de
l'importance
et son
royaume
s'oppose aux
Ottomans
pour s'allier
au royaume
de Koukou.
Abdelaziz
meurt au
cours d'une
1559
bataille
contre les
Turcs.
Les Kabyles
entrent en
guerre contre
1609 la régence
d'Alger et
dévastent la
Mitidja.
Dernière
révolte et
dernier traité
1824
de paix avec
la régence
d'Alger.
Révolte des
Mokrani et
chute de la
1870 dynastie des
Amokranes
face à la
France.
Partie IV

Un royaume en pleine montagne kabyle


16 Octobre 2010

Par : LARBI GRAÏNE

Le royaume d’Ath Abbas, vous connaissez ? Eh bien il a existé dans la Kabylie orientale au
XVIe siècle. Il a pris forme à ce moment crucial, qui devait voir les habitants d’Alger faire

appel aux frères Barberousse pour se prémunir contre les attaques des Espagnols.

Un certain nombre d’institutions viennent d’exhumer cette dynastie kabyle qui régna sur
les

Bibans, il s’agit de l’association «Gehimab» basée à Bejaïa (Groupe d’études sur l’histoire
des mathématiques à Bougie médiévale), du CNRPAH (Centre national de recherches
préhistoriques anthropologiques et historiques) d’Alger (pour le compte du ministère de la
Culture), de la wilaya de Bejaïa à travers l’APC d’Ighil Ali et la Kalâa n’Ath Abbas et de la
wilaya de Bordj Bou-Arréridj.
En effet, à l’initiative de ces institutions qui ont voulu ainsi célébrer le 500e anniversaire de
la fondation de ce royaume, la salle El Mougar à Alger a abrité jeudi en fin d’après-midi
une exposition sous l’intitulé « Kalaâ n’ath Abbas : Un royaume indépendant dans les
Bibans au XVIe siècle ». La cérémonie d’ouverture de cette exposition qui tranche, il faut le
dire, par sa haute facture et sa qualité d’élaboration, a été marquée par la présence d’Ali
Haroun, ex-membre du HCE et militant de la cause nationale.
La soirée a été égayée par une collation et un concert de musique andalouse animé par
l’orchestre féminin d’Ahbab Cheikh El Bedjaoui. Analysant la portée de cet événement,
l’anthropologue Ali Sayad pense qu’il ne s’agit pas « d’exhumation d’un royaume, mais
d’une civilisation, d’une culture » qui selon lui « s’était développée d’abord à la Kalaâ des
Beni Hammad, dont les habitants devaient fuir les Hilaliens vers Bougie».
« Lorsque, les Espagnols et les Turcs fera-t-il observer, ont occupé Bougie, il y a 5 siècles, le
royaume s’est retiré à la Kalaâ des Beni Abbas qui va devenir l’incarnation d’un certain
nombre de traditions, de gouvernement et de culture, la Kalaâ a été bien plus un pôle
culturel comparativement au royaume de Koukou, où le petit roitelet Ath al-Kadi a fait
plus de mal que de bien, en revanche poursuit notre interlocuteur Ath Abbas puise dans
une culture qui remonte à 1052. Tout en donnant liberté aux villages, ajoute-t-il ce pouvoir
dynastique a su transmettre la culture ».
Pour sa part, le professeur Djamil Aïssani, commissaire de l’exposition, président de
«Gehimad» et

enseignant à l’Université de Bejaïa déplore le fait que la mémoire de ce royaume ne se soit


pas perpétuée même au niveau local. « On n’a pas donné l’importance qu’il fallait à cette
dynastie. Ce qu’on avait mis en avant, c’est cheikh El Mokrani, c’est-à-dire qu’on a limité
500 ans d’histoire à quelques dizaines d’années, il fallait faire ce travail qui est le fruit de
15 ans de recherches » relève-t-il.

Pour le sociologue et anthropologue Youssef Nacib, Ath Abbas a été « un royaume comme

pouvait l’être un royaume au XVIe siècle, c’est-à-dire que c’était un ensemble de villages
qui ne représenteraient pas aujourd’hui un Etat bien entendu ». Et d’ajouter : « Mais ce
qui est important, c’est de savoir se réapproprier objectivement son passé, qu’on le veuille
ou pas un royaume comme celui des Beni-Abbas fait éminemment partie de notre histoire
et de notre passé. Aujourd’hui évidemment, les données ne sont plus les mêmes, on peut
sourire à l’idée que c’était un royaume alors qu’aujourd’hui il ne représenterait même pas
une wilaya dans ce grand ensemble qu’est la nation algérienne, mais connaître son histoire,
a-t-il ajouté c’est s’approprier un élément identitaire oublié, c’est s’approprier un élément
sous-tendant une psychologie sociale d’importance.» « C’est intéressant a-t-il ajouté aussi
de savoir que les siècles précédents ont connu une vie que nous avons eu à l’époque des
gens qui étaient organisés, étudiaient, produisaient. Cela montre simplement une évidence,
c’est q

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