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général au
développement
durable
2030
SEPTEMBRE
2010 #3 veille de la mission prospective 2050
« Quels scénarios réalistes
pour préserver
la biodiversité
d’ici à 2030 ? »
sommaire
en adoptant, il y a exactement
p. 2 l ANALySE
édito vingt-cinq ans, le terme de
biodiversité, les scientifiques ont
& ARguMENTS voulu signifier que l’enjeu n’était plus seulement de
conserver certains espaces ou espèces remarquables
La biodiversité mais de faire face à une crise, une rupture globale de
au futur nos relations à la nature, comparable dans son ampleur
Quelles visions pour 2030 ? à celle qui avait conduit à la disparition des dinosaures il y a
65 millions d’années. Jamais, dans toute l’histoire humaine, l’érosion
de la biodiversité n’a été en effet aussi rapide qu’au cours des cinquante dernières années, si bien
p. 15 l VEiLLE
PROSPECTiVE qu’aujourd’hui les deux tiers des écosystèmes sont exploités au-delà de leur capacité. depuis la fin des
années 1980, beaucoup de progrès ont été faits pour comprendre les causes de cette dégradation et
> Prospective de la biodiversité
rendre explicites les services considérables rendus gratuitement par la nature, indirectement à la base
> Aménagement du territoire
d’au moins 40 % des activités économiques. mais l’échéance fixée en 2010 pour renverser les tendances
> économie verte
> Modes de vie
passées ne sera pas respectée et l’on peut craindre que le changement climatique ne fasse, au contraire,
> Changement climatique qu’accélérer le processus. pour la France, comme pour beaucoup d’autres pays dans le monde, les deux
décennies qui suivront pourraient donc être décisives. entre le très long terme des biologistes et l’action
quotidienne, la prospective a plusieurs rôles importants à jouer. d’abord, expliciter et mettre en débat les
visions portées par les différents acteurs. ensuite, réarticuler les prévisions faites par les scientifiques avec
p. 18 l BLOC-NOTES
les évolutions anticipées en matière économique, d’aménagement du territoire, d’agriculture, d’énergie.
Publications/ Agenda/ enfin, et surtout, permettre une évaluation aussi réaliste que possible des opportunités et des marges
Colloques et conférences de manœuvre qui seront celles des politiques à long terme de préservation de la biodiversité à l’échelle
concrète des territoires, dans une situation qui sera fortement marquée par les difficultés économiques.
Ce sont là les trois objectifs de l’exercice lancé par le ministère, dont ce numéro constitue l’introduction.
jACQuES ThEyS
responsable de la mission prospective
www.developpement-durable.gouv.fr
ANALySE & ARguMENTS
La biodiversité au futur :
quelles visions pour 2030 ?
Désignée « Année internationale de la biodiversité » par les Nations unies, 2010 ne devrait
pas être uniquement une date symbolique. elle marque en effet à la fois la fin d’un cycle et le
début d’une décennie qui sera sans doute décisive. il nous a semblé intéressant, dans ce troisième
dossier d’horizons 2030-2050, d’éclairer cette nouvelle étape en présentant quelques-unes des
grandes visions contrastées qui, en France ou dans le monde, pourront servir demain de référence
à l’action, non sans avoir préalablement explicité l’hypothèse d’un changement de cycle.
L
a fin d’un cycle…
2010, c’est d’abord l’échéance à
laquelle la plupart des pays de la
planète s’étaient, il y a une dizaine
d’années à Johannesbourg 1*, engagés
à « réduire significativement le rythme global
d’érosion de la biodiversité » ou même,
pour les pays européens 2, à stopper cette
dégradation. C’est aussi le terme défini pour
la stratégie nationale adoptée en France en
2004. plus largement, ce sera l’occasion
de faire partout dans le monde des bilans
après vingt ans d’application de la convention
internationale qui a démocratisé la notion
de biodiversité (sommet de rio, 1992).
Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer * Voir toutes les notes en pages 13 et 14.
Rédaction : jacques Theys et Annabelle Berger
le cadre du grenelle. C’est toute une de biodiversité sont considérables – non l’hétérogénéité de ses territoires 5.
nouvelle génération d’enjeux et de défis seulement à l’échelle européenne, mais, Ces responsabilités particulières, face à un
qu’il va donc falloir intégrer dans les grâce aux territoires d’outre-mer, également contexte de rapides et profondes mutations,
agendas en cours de redéfinition. à l’échelle mondiale (encadré ci-dessous) justifient l’initiative prise début 2010 par
ce dont témoigne son inclusion récente le ministère du développement durable
LA FRANCE, PARTiCuLièREMENT dans la liste des pays de mégadiversité4 ; de lancer pour la première fois un programme
iMPLiQuéE • parce que notre pays a, en raison de de prospective sur la biodiversité à l’échelle
la France est tout particulièrement concernée sa géographie, toujours eu des relations de l’ensemble des territoires français6.
par ces défis ou ces transformations à venir : spécifiques et sans doute plus complexes l’objectif ne sera pas seulement de mettre
• parce que son implication est forte sur qu’ailleurs avec ses espaces et territoires en évidence les tendances ou ruptures
presque tous les fronts qui seront décisifs naturels : n’étant ni les pays-bas, contraints majeures qui devraient affecter cette biodiversité
pour le futur : l’agriculture, les énergies vertes, par leur densité à « gérer la nature comme d’ici à 2030, mais également de mettre en
la mise en œuvre d’infrastructures écologiques, un jardin », ni les états-unis ou les pays débat tout l’éventail des visions possibles de
la protection des espaces marins et littoraux, scandinaves, disposant d’espaces non l’action publique ou privée dans ce domaine
la nature en ville, le changement climatique, habités considérables, la France est, plus avec, comme enjeu central, de favoriser une
le commerce international d’espèces ou de que d’autres, confrontée à la nécessité de appropriation beaucoup plus large de cette
matériaux génétiques ; trouver des solutions sur mesure, adaptées notion au-delà du cercle des scientifiques et des
• parce que ses responsabilités en matière à la diversité, à la fragmentation et à associations déjà convaincus.
•
La responsabilité mondiale, européenne et
nationale de la France face aux enjeux de préservation
de la biodiversité
une responsabilité mondiale mondial, soit 10 % du total communautaire listés
Les 12 collectivités d’outre- mondial. On estime qu’ils dans le cadre de la directive
mer (COM) confèrent à la sont endommagés à hauteur habitats (CTE/DB, 2008)
France une responsabilité de 10 à 80 % selon les et 40 % de la flore d’Europe,
mondiale pour la préserva- régions. « L’archipel France », avec une forte proportion
tion de la biodiversité. Neuf dont la Polynésie française, d’espèces endémiques,
de ces territoires, auxquels représente 20 % des atolls présente surtout dans ses
il convient d’ajouter la zone de la planète. C’est une parties méditerranéenne
méditerranéenne, sont situés zone soumise à de multiples et alpine. Trois quarts des
dans un des 34 points chauds pressions mondiales liées habitats sont dans un état
de biodiversité recensés dans à des activités économiques de conservation défavorable.
le monde. La richesse en comme la navigation ou la
biodiversité de ces territoires, pêche et des phénomènes une responsabilité locale
souvent liée à leur caractère
insulaire, englobe 26 fois
naturels comme les chan-
gements climatiques.
L’occupation du sol français
est variée, source de diversité
Plus que
plus de plantes, trois fois paysagère. Une partie de la d’autres, la
et demi plus de mollusques, une responsabilité diversité des écosystèmes
100 fois plus de poissons européenne nationaux est couverte par France est confrontée
d’eau douce, 60 fois plus
d’oiseaux endémiques
La France métropolitaine
est le seul pays européen
des dispositifs de protection,
localisés dans des zones à fort à la nécessité de
qu’en métropole. Leur rythme
d’extinction y est d’ailleurs
à couvrir une diversité
de conditions écologiques
potentiel en biodiversité. Les
parcs nationaux, les parcs na-
trouver des solutions
60 fois plus important. Par
son positionnement dans les
exceptionnelles, ce qui
positionne le territoire comme
turels régionaux, les arrêtés de
biotope ou encore les espaces
sur mesure, adaptées
trois grands océans, la France
dispose du 2e espace maritime
pays d’accueil de certaines
populations migratrices
naturels sensibles couvrent
environ un quart du territoire
à la diversité, à la
mondial soit de 11 millions (10 %). Elle abrite, sur moins métropolitain français. Entre fragmentation et à
l’hétérogénéité de
de km2. Avec 58 000 km2 de 12 % de la surface 2000 et 2006, l’artificialisation
de récifs coralliens et lagons, du continent, 131 des 216 autour des aires protégées
la France occupe le 4e rang types d’habitats d’intérêt a fortement progressé.
ses territoires. »
C
ontrairement à la protection La notion de biodiversité est très
de la nature qui s’ancre dans
une histoire déjà longue, la notion récente, à peine 25 ans. il n’est donc
de biodiversité est très récente,
à peine 25 ans 7. il n’est donc pas
pas étonnant qu’elle souffre d’un certain
étonnant qu’elle souffre d’un certain déficit déficit d’appropriation, alors qu’elle
d’appropriation, alors qu’elle a connu, au
cours des deux décennies passées, des a connu, au cours des deux décennies
développements scientifiques et politiques
tout à fait considérables. Ce déficit est une
passées, des développements scientifiques
des raisons qui explique le fort décalage qui et politiques tout à fait considérables. »
existe dans ce domaine entre les diagnostics
ou les anticipations faits par les experts
et les perceptions qui sont celles du public sur les limites planétaires, affirment que considérablement complexifiée au cours
ou des acteurs socio-économiques. dans « dans le domaine de la biodiversité, ces des vingt dernières années.
une enquête commanditée en 1998 par le limites planétaires, exprimées en terme
muséum d'histoire naturelle de new York – de taux d’extinction acceptable des espèces, uNE PROBLéMATiQuE Qui S’EST
confirmée par des sondages récemment sont d’ores et déjà dépassées d’un ou deux ExTRAORDiNAiREMENT ENRiChiE
effectués en France et en europe (graphique ordres de grandeur 9 » (schéma p. 5). en schématisant à l’extrême, on peut dire
p. 5) – 60 % des non scientifiques interrogés que cette extension, dont on n’a pas encore
reconnaissaient ainsi avoir peu ou pas non seulement la perception des enjeux véritablement pris la mesure, s’est faite
de familiarité avec le concept de diversité diffère entre spécialistes et non spécialistes, dans deux directions différentes.
biologique et moins de la moitié pensaient mais c’est la notion elle-même qui n’est pas
qu’il y a là une menace majeure pour interprétée de la même manière. si dans l tout d’abord, la façon d’appréhender
l’homme 8. pour les scientifiques consultés l’opinion publique la biodiversité est souvent la nature et son fonctionnement s’est
dans le même temps « la disparition rapide associée aux menaces qui pèsent sur les extraordinairement diversifiée
des espèces constitue » au contraire « un espaces ou espèces les plus emblématiques et complexifiée. sans remettre
problème plus grave que le réchauffement (la forêt amazonienne, la savane africaine, en cause le socle déjà constitué autour
de la planète ou les pollutions globales ». l’ours blanc, la baleine bleue...) ce n’est des politiques de conservation, la notion
une opinion confirmée par quelques-uns pour les scientifiques et acteurs les plus de biodiversité (de la molécule aux
des meilleurs spécialistes mondiaux qui, concernés qu’une des dimensions d’une écosystèmes10) a progressivement réussi
dans plusieurs articles récemment publiés problématique bien plus large et qui s’est à fédérer un ensemble de dimensions
l Ce n’est pourtant pas là, la seule rupture sur la diversité biologique (Cdb),
liée à l’émergence du concept de biodiversité. de règles internationales définissant
Faire une
Sait ce dont il s'agit prospective de
34% la biodiversité, c’est
38%
A entendu parler du terme
mais ne sait pas ce que c'est aussi parler du futur
N'a jamais entendu parler
de la pharmacie,
28% du terme biodiversité
de l’agriculture, du
génie urbain ou de
source : eurobaromÈtre, Commission européenne, mars 2010 l’énergie. »
les droits d’accès et de propriété sur n’apporte directement d’arguments à la relation aux territoires et, plus
les ressources génétiques et écologiques ; une protection renforcée de la nature. spécifiquement encore, celle de la place
l en 2003-2005, l’explicitation par représenter la complexité du vivant – avec de la prospective territoriale. si l’enjeu
le millenium ecosystem assessment son enchevêtrement de niveaux – ou essentiel est celui de l’érosion génétique
de la notion de « services écologiques reconstruire les bases d’une économie de ou des espèces à l’échelle planétaire, on
rendus par la nature 14 » ; la nature ne va pas de soi. la multiplication peut très bien imaginer une prospective
l plus récemment, la systématisation, des dimensions à prendre en compte est de la biodiversité très largement non
d’exercices ambitieux s’attachant source, en même temps, d’ambiguïtés, de territorialisée, centrée sur quelques espaces
à faire une évaluation économique controverses et de nombreuses questions remarquables et sur quelques grands
de ces services en prélude à la mise ouvertes 21. Faut-il privilégier les espèces déterminants en amont (les prélèvements
en place de mécanismes de marché 15. ou les écosystèmes ? la conservation in de ressources, l’urbanisation, l’agriculture,
situ ou ex situ ? la nature remarquable le climat, les importations d’espèces). s’il
l’économie avait oublié que la nature est à l’échelle internationale ou la nature s’agit au contraire, dans une perspective
source de valeur et directement à la base ordinaire ? les fonctions économiques de développement durable, d’avoir une
d’une part non négligeable des activités ou non économiques de la biodiversité ? vision aussi réaliste et appropriable que
productives : on cite souvent le chiffre la perspective des généticiens n’est pas possible des articulations concrètes entre
de 40 %. au cours des dix dernières années, nécessairement celle des écologues et il activités humaines et services rendus par la
de nombreuses analyses sont venues rappeler n’y a pas obligatoirement de convergence nature (y compris à travers les paysages),
cette réalité. elles montrent, par exemple, entre les objectifs de protection et la dimension territoriale est alors
que la diversité biologique peut être corrélée ceux d’une gestion optimale du capital irremplaçable. C’est aussi une approche
avec la productivité primaire des prairies 16 naturel 22. mais surtout, on peut se beaucoup plus exigeante en informations
ou 17 que la valeur économique de beaucoup demander si la notion de biodiversité, car elle suppose de s’intéresser « non
d’espaces exploités de manière durable est en élargissant considérablement les seulement à la variabilité des organismes
généralement supérieure à celle liée à une dimensions scientifiques et économiques vivants, mais aussi à leur abondance, à
exploitation plus « minière » (graphique ci- de la protection de la nature, n’en a pas leurs interrelations systémiques et à leur
contre) ou encore que la valeur des services finalement détourné une large fraction distribution spatiale »23. or ces données sont
rendus par les écosystèmes serait proche de du public. C’est dans le prolongement encore malheureusement très incomplètes
la moitié du pib mondial (23 500 milliards de ces interrogations que se pose notamment à l’échelle la plus utile, celle
d’euros) et que leur dégradation pourrait
représenter près de 7 % de ce même pib en
plus particulièrement la question de des grands territoires, régions ou pays.
•
2050 18. il faut remarquer, là encore, que tous
ces développements économiques récents, uN DiFFéRENTiEL DE VALEuRS éCONOMiQuES Au BéNéFiCE
à partir de la notion de biodiversité, nous DE LA gESTiON DuRABLE DES éCOSySTèMES
situent dans une perspective très différente
Écosystèmes gérés durablement
de celle qui existait il y a 20 ou 30 ans. Relativement peu d’études se sont attachées
7000 Écosystèmes convertis
il ne s’agit plus seulement de donner une à comparer la valeur économique d’ensemble
valeur aux espaces naturels remarquables, d’écosystèmes gérés selon des modes de
Zones humides
mais de construire les bases d’une 6000 intactes gestion alternatifs. Les résultats auxquels ont
abouti celles qui l’ont fait sont donnés dans le
« œconomie19 » ou d’une « bio-économie20 »
5000 graphique ci-dessus.
intégrant étroitement évaluation du capital
Chaque fois que l’on a comparé la valeur
naturel et capacités de production.
économique totale résultant des modes
en d’autres termes, faire une prospective 4000 Foresterie
durable de gestion durables, à celle produite par
de la biodiversité, c’est aussi parler du futur des modes de gestion ayant entraîné la
de la pharmacie, de l’agriculture, du génie 3000
Agriculture
conversion des écosystèmes ou le recours
urbain ou de l’énergie… intensive Petites exploitations à des pratiques non durables, la valeur
agricoles
2000 obtenue par le premier type de gestion a été
Utilisation traditionnelle
uNE OuVERTuRE Qui POSE Mangroves
intactes
de la forêt supérieure à la seconde, même si les profits
DES PROBLèMES DE ChOix 1000
Bois d’oeuvre
privés (c’est-à-dire les avantages monétaires
les quelques chiffres qui viennent d’être
Élevage de (exploitation réels obtenus à l’aide des services mis sur
crustacés non durable)
0 le marché) favorisent la conversion ou la
cités témoignent du changement d’échelle Zones humides Forêt tropicale Mangrove Forêt tropicale
gestion non durable.
qu’a opéré l’émergence de la notion Canada Cameroun Thaïlande Cambodge
de biodiversité. mais cette extension source : secrétariat de la Convention sur la diversité biologique (2006) Perspectives mondiales de la diversité biologique, deuxième
édition. montréal.
soulève au moins autant de défis qu’elle
A
u-delà de la prise de conscience l l’objectif fixé pour 2010 de stopper Chiffres
des services rendus par cette dégradation ou au moins d’en réduire
la nature, les dix dernières le rythme ne sera pas atteint ;
années, notamment à travers
le millenium ecosystem
l si bien qu’à l’horizon 2050, l’évolution la
aux grands choix politiques qui vont être l les pollutions locales et diffuses ;
transformations de l’habitat et à l’extension rythme voisin de ce qu’il est actuellement, placée en europe en matière de protection
des pollutions (et notamment des pesticides), 60 000 hectares par an, soit un département – notamment dans la partie ouest de la
des préoccupations émergentes à propos comme la savoie tous les 10 ans. on a vu dans métropole et dans certains territoires d’outre-
des espèces exotiques envahissantes, la dernière décennie émerger la question des mer (carte p. 9) – et que notre pays abrite
mais sans doute des prélèvements de espèces exotiques envahissantes, notamment une biodiversité importante mais continue à
ressources plus modérés qu’ailleurs (sauf dans les territoires d’outre-mer et, au vu des être dans la liste des dix états dans le monde
dans le domaine de la pêche). les profondes évolutions récentes (+ 50 % en 4 ans), on peut qui abritent le plus d’espèces menacées 30.
transformations de l’espace rural que notre craindre que ce phénomène ne s’accélère.
pays a connu après 1950 (remembrement, DE NOuVEAux ENjEux
intensification agricole, fragmentation, malgré l’extension prévisible des espaces À iNTégRER D’iCi À 2030
assèchement des zones humides, réduction protégés 29, malgré le développement d’une aux facteurs de changement récurrents
des surfaces en herbe…) vont continuer à agriculture beaucoup plus raisonnée et une qui viennent d’être évoqués, il faut ajouter
avoir des effets importants, comme on a pu prise en compte plus forte des dimensions les incertitudes liées à l’émergence
déjà le constater entre 1989 et 2008 avec écologiques dans l’aménagement, de problèmes nouveaux – comme le
la baisse de près de 30 % des populations la tendance lourde est donc, en France, changement climatique – ou aux choix
d’oiseaux communs en zone agricole. le comme en Europe ou dans le monde, qui ont été faits ou vont l’être demain
rythme de consommation d’espaces agricoles celle d’une érosion, moindre qu’hier mais dans des domaines aussi déterminants
et naturels par l’urbanisation et la construction réelle, de la biodiversité. or, il faut rappeler pour la biodiversité que l’agriculture,
d’infrastructures devrait se poursuivre à un qu’aujourd’hui la France n’est pas la mieux l’énergie ou les infrastructures…
À la demande du Secrétariat de de la biodiversité à l’échelle siècles et demi de changement à perspectives futures à l’horizon
la Convention sur la Biodiversité mondiale et des différentes l’échelle planétaire, indique une 2050. Il met en évidence
Biologique (CDB), l’Agence grandes régions du monde. baisse de l’abondance des espèces l’importance de l’agriculture
Hollandaise d’évaluation de Les deux graphiques qui de près de 40 % sur l’ensemble de comme facteur majeur de
l’Environnement a réalisé en 2006 suivent en présentent quelques cette période (30 % en l’an 2000) ; modification de la biodiversité,
une étude à la fois rétrospective résultats très synthétiques : l le second, qui concerne quant avant les infrastructures
et prospective sur l’évolution l le premier, qui porte sur trois à lui l’Europe, est centré sur les et l’urbanisation.
L’érosion de la biodiversité mondiale (par biome)* Les grands facteurs d’évolution d’ici
1700 – 2050 à 2050 à l’échelle européenne**
(scénario tendanciel)
2000 2050
sources : *braal &ten brink, 2008. **«Cross-roads of planet earth’s life exploring means to meet the 2010 biodiversity», target study performed for the global biodiversity outlook 2, 2006.
moins de 10
11 à 20
21 à 30
31 à40
41 et plus
pas de données
Nombre de sites
moins de 25
26 à 100
101 à 250
251 et plus
Note :
aires protégées définies selon :
les désignations nationales des listes iuCn (réserves
nationales strictes, aires naturelles, parcs nationaux,
monuments nationaux, zones de gestion des habitats /
espèces, protection des paysages / espaces marins,
zones de gestion des ressources protégées) ;
les conventions et programmes internationaux
(convention de barcelone, directive oiseaux, réserve
biogénétique, qualification européenne type a,b,C,
convention d'helsinki, programme man and biosphere
de l'unesco, aires d'importance internationale ramsar,
convention sur l'héritage mondial).
sans anticiper sur le travail de prospective (première ou seconde génération) ; Sans anticiper
qui reste à réaliser, il est d’ores et
déjà possible d’évoquer une dizaine
l les choix qui seront faits en 2013 en
l le mode d’insertion ou de « recréation » qu’en outre-mer – entre l’exploitation de l les chances ou menaces éventuelles
de la nature dans les modèles de ville durable nouvelles ressources marines (énergie, résultant du développement attendu
ou de ville post-carbone de demain ; matériaux…) et l’extension des protections des technologies du vivant et de la bio-
l la place future des espaces ruraux – et du (création de nouveaux parcs marins, économie ;
tourisme rural ou de nature – dans la politique protection des récifs coralliens, reconstitution l le degré d’intégration des enjeux de
d’aménagement du territoire des vingt des stocks de pêche, mise en œuvre de la biodiversité dans les politiques sectorielles
prochaines années ou dans l’action régionale directive-cadre stratégie milieu marin). et de réalisation de la nouvelle stratégie
de l’europe ; nationale pour la biodiversité ;
lles décisions qui seront prises en matière Comme on le constate la liste des l les impacts du changement climatique
de développement des biotechnologies et incertitudes est longue, opportunités ou et de la transition énergétique future.
de la bio-économie (chimie verte…) ; menaces nouvelles qui pourraient affecter
l le niveau de réalisation – et éventuellement la biodiversité à l’horizon 2030. de cet si, à l’horizon de la fin du siècle, ce dernier
la renégociation ou l’actualisation de la direc- ensemble se dégagent cependant quatre facteur sera sans doutedéterminant, les
tive-cadre sur l’eau, dont l’objectif est un enjeux transversaux : scientifiques n’en sont encore qu’au tout
retour à une bonne qualité écologique des l les conséquences pour la biodiversité début de l’évaluation de ses conséquences
cours d’eau d’ici à 2015 ; d’une compétition accrue sur les ressources pour la biodiversité future (cartes ci-dessous)
l la mise en œuvre du grenelle de la mer et que sont la forêt, la mer et le sol (à la fois et les stratégies d’adaptation nécessaires
l’équilibre qui sera trouvé – tant en métropole comme espace et comme humus) ; restent à élaborer.
•
LES iMPACTS POTENTiELS Du ChANgEMENT CLiMATiQuE
SuR LA RéPARTiTiON DES ESPèCES FORESTièRES (2000-2100) :
évolutions attendues de la répartition spatiale de ces espèces entre 2000 et 2100
sources :
rapport interministériel onerC, septembre 2009 (d'après badeau, comm. pers.)
rapport roman arnot, « préparer les forêts au changement climatique », 2007
Cartes modélisées - arpege 2100
S
’ilconvergences
existe aujourd’hui des
assez fortes à la
six visions contrastées de l’action
publique en matière de biodiversité,
architecture mondiale très centralisée, la
mobilisation de moyens d’inventaire et de
fois sur l’état de la biodiversité et comme le synthétise l’illustration. stockage sophistiqués et un accès très ouvert
sur les facteurs de son érosion, aux ressources génétiques, a naturellement
le débat reste, au contraire, L’ARChE DE NOé les avantages et les inconvénients d’un gel
relativement ouvert sur ce qui devrait dans une première vision, intitulée en l’état des patrimoines existants : réduire
être fait en priorité pour la sauvegarder. « l’arche de noé », l’objectif est de la vulnérabilité aux aléas extérieurs mais,
Ces divergences de visions apparaissent garantir sur une très longue période la en même temps, freiner ou stopper les
avec une clarté toute particulière dans les conservation du patrimoine génétique dynamiques d’évolution.
nombreux scénarios qui on été récemment mondial des espèces, et éventuellement
élaborés sur le thème de la biodiversité – d’un échantillon d’écosystèmes, par des LA PRiORiTé Aux POiNTS ChAuDS
et notamment dans ceux proposés en 2005 mesures coordonnées et systématiques DE LA BiODiVERSiTé
par le millenium ecosystem assessment de sauvegarde ex situ. des banques de Ou « hOTSPOTS »
(brève p. 15). en schématisant à l’extrême, gènes spécialisées sont mises en place les « hotspots » correspondent aux quelques
on peut dire que ce qui distingue ces à l’intérieur d’un réseau couvrant toute régions du monde (34) caractérisées à la
scénarios ou ces conceptions normatives la planète, à l’instar de la chambre forte fois par leur nombre exceptionnel d’espèces
de l’action c’est, d’un côté, leur approche de graines créée à svalbad, au nord de la endémiques (qu’on ne retrouve nulle part
du territoire – avec des visions plus norvège. des écosystèmes entiers peuvent ailleurs) et une menace exceptionnelle.
ou moins territorialisées à différents être également reproduits dans des jardins en y ajoutant les zones sauvages de haute
niveaux – et, de l’autre, leur degré artificiels, confinés dans des bulles où biodiversité, cinq écorégions encore intactes
d’intégration sectorielle – avec une des espèces et des milieux fonctionnent et très riches (amazonie, bassin du Congo…),
priorité donnée aux actions de conservation en circuit fermé, comme ce fut le cas de ce sont près des deux tiers des espèces de
ou la volonté d’adopter une perspective l’expérience biosphère 2 menée dans le plantes et la moitié des espèces de vertébrés
plus intégrée. En croisant ces deux désert de l’arizona au milieu des années endémiques qui y sont ainsi rassemblés
dimensions, on obtient finalement 1980. Ce scénario, qui nécessite une mais aussi 56 % des espèces de mammifères
CONSERVATiON
A rc A ir s
he de N oé H ots p ots es p ro t é g é e
iNTégRATiON
DD s
Bio e Pla i re
- é co n o m i n è te j a rdi n * de
s t e r rito
populations locales et des systèmes de la nature, élargie aux services de la nature, d’une attitude de prédateur, de
équitables de compensation et de partage actuellement gratuits, puisse servir de base consommateur à une attitude de soin, de
des coûts, ce ciblage sur des territoires à une régulation efficace de la biodiversité. jardinier ;
mondialement prioritaires a l’inconvénient elle s’appuie sur deux logiques qu’il s’agit l un large recours à l’ingénierie et au
de toute politique de confinement : une d’articuler efficacement : design des systèmes écologiques et
démobilisation hors des espaces concernés l le développement et la gestion soutenable aux techniques les plus avancées dans
et une efficacité finalement limitée par leur des multiples activités reposant sur une ce domaine : systèmes d’observation
interdépendance avec l’extérieur. base de ressources biologiques : agriculture, sophistiqués, génie génétique, génie
pêche, aquaculture, chimie verte, écologique, technologies vertes et éco-
LE RéSEAu D’AiRES PROTégéES biocarburants, bio-énergie, pharmacie… efficientes, urbanisme végétal, agriculture
la troisième vision, également centrée sur la on estime qu’en europe ces activités biologique, écologie industrielle…
conservation, se situe dans le prolongement représentent 1 500 milliards d’euros annuels très clairement développée dans le scénario
des politiques traditionnelles de protection et 22 millions de personnes 35 ; « techno-garden » du millenium ecosystem
de la nature en y ajoutant la notion de l la valorisation des fonctions ou services assessment, cette cinquième vision intègre
réseau et d’infrastructures écologiques. il rendus gratuitement par la nature et à la fois une perspective planétaire (l’image
s’agit, pays par pays ou même région par l’intégration de ces valeurs dans les coûts du vaisseau spatial) et le souci d’optimiser,
région, de maintenir les espaces à fort de production ou les prix dans la à l’échelle de chaque territoire, les relations
potentiel écologique dans toute leur diversité perspective de création de nouveaux entre activités humaines et nature, à l’instar
et d’organiser leur mise en réseau et leur marchés éventuels : rappelons que ces de ce qui a pu être fait dans un pays très
continuité à travers des corridors permettant services ont été récemment estimés à dense comme les pays-bas. très tournée
les échanges. une large part de la politique 23 500 milliards d’euros par an 36 ! vers le futur, elle a l’avantage de montrer
européenne ou française se situe dans cette dans l’un et l’autre cas, la combinaison que la biodiversité peut être un formidable
perspective, avec comme objectif l’extension d’une meilleure définition des droits de moteur pour l’innovation dans tous les
à 20 % de l’espace des zones protégées, propriété et d’instruments économiques domaines, de la régulation des inondations
le développement des protections fortes (taxes, marchés de droit, systèmes de à l’architecture… mais on en voit aussi
(dont de nombreux projets d’aires marines) compensation) est indispensable soit les risques : le besoin d’investissements
et, suite au grenelle environnement, la pour internaliser les coûts externes, soit lourds et sophistiqués, inaccessibles aux
mise en place d’une trame verte et bleue pour structurer l’offre et la demande de pays ou territoires les plus pauvres ou les
assurant les continuités nécessaires. tout nouveaux services, à l’instar, par exemple, moins denses, et les possibles effets en
cela peut s’accompagner de mécanismes de de ce qui existe déjà aux états-unis, où les retour d’une artificialisation progressive
financement, compensations, péréquation entreprises et les agriculteurs qui portent et d’une maitrise trop exclusivement
permettant de répartir équitablement les atteinte aux zones humides doivent technique de la nature.
le programme
Biodiversité et territoires durables 2030
intégré dans l’axe de travail Territoires durables 2030, le programme Biodiversité 2030, lancé début
2010, participe au processus de réflexion sur la révision de la stratégie nationale pour la biodiversité.
l’originalité de ce programme est d’articuler étroitement le programme s’articulera autour de QuATRE gRANDS VOLETS :
TROiS OBjECTiFS : • une réflexion prospective, conduite par la mission prospective associée
• proposer au public le plus large et aux acteurs concernés une vision à la direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature
aussi claire que possible des enjeux futurs de la biodiversité en et adossée à un groupe de travail animé par biotope - asca ;
métropole et France d’outre-mer ; • un programme de recherche structuré autour des opportunités ou
• fournir des éléments permettant au ministère du développement facteurs de blocage pour la conduite des transitions : analyse des
durable et aux autres partenaires d’orienter leurs stratégies à long stratégies d’acteurs, temps de latence à mettre en œuvre des actions
terme en matière de biodiversité ou de mieux prendre en compte publiques, scénarisation quantifiée et spatialisée des changements
celle-ci dans leurs politiques sectorielles ; attendus de la biodiversité ;
• mieux insérer le thème de la biodiversité dans les démarches de • un élargissement de la démarche aux territoires d’outre-mer sous
prospective territoriale. des modalités et un calendrier à préciser ;
• un colloque de restitution associant les acteurs du domaine.
il devrait s’achever fin 2011 avec la publication d’un rapport proposant
Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer des recommandations d’actions à long terme.
VEiLLE PROSPECTiVE
a
ujourd’hui encore, la plupart des ré- les scénarios du Mea ne sont pas des prévi- l'érosion de la biodiversité est la plus élevée des
flexions sur la biodiversité mondiale sions. Ils simulent les perspectives mondiales quatre scénarios ;
restent marquées par la révolution de long terme dans le but, plus limité, d’explorer
conceptuelle qu’a introduite l’Évaluation des les changements imprévisibles et les points de l le deuxième, « Orchestration mondiale »,
écosystèmes pour le Millenium menée de rupture. Comme le synthétise le schéma, deux imagine une société entièrement connectée dont
2001 à 2005 à l’initiative des Nations unies. familles d’incertitudes spatiale et temporelle les moteurs sont le commerce international et
1 350 experts issus de 95 pays se sont attachés en expliquent principalement la structuration : la libéralisation économique. avec la croissance
durant ces quatre ans à répondre à cinq ques- d’une part, des échelles différentes de gouver- économique la plus élevée des quatre scénarios,
tions principales : comment les écosystèmes nance (planétaire ou régionale) et, de l’autre, les axes prioritaires sont la réduction des inégalités
et les services qu’ils procurent ont-ils évolué au des attitudes par rapport à l’action plus ou moins humaines et sociales. l'érosion de la biodiversité
cours des décennies passées ? Qu’est-ce qui prudente (réactives ou proactives). continue, quant à elle, de progresser fortement
est à l’origine de ces changements ? Comment en raison d'un désintérêt pour la diversité locale
ceux-ci ont-ils affecté les conditions de vie de en résultent quatre scénarios : des écosystèmes et de l'attitude exclusivement
l’homme ? Quels scénarios imaginer pour le l le premier, « l’Ordre par la force », est mar- réactive face à l'accroissement de la fréquence
futur ? et, enfin, quelles options possibles pour qué par le protectionnisme et la régionalisation des catastrophes climatiques ;
une meilleure préservation à toutes les des échanges, limitant ainsi le commerce des
échelles ? les analyses qui en ont résulté ont espèces face à la montée de l'insécurité mon- l le troisième, « Mosaïque adaptative », explore
permis de faire un saut épistémologique ma- diale. les marchés se développent localement les conséquences d'un déclin de la légitimité des
jeur dans la connaissance des services rendus pour privilégier l'accès aux ressources naturelles. institutions internationales, suite à un éventuel
par la nature, dans l’explicitation des facteurs la stratification de la société favorise ainsi le échec du processus de Kyoto. les marchés et les
directs ou indirects jouant sur l’érosion de la développement économique des zones à fort politiques sont régionalisés, laissant ainsi la place
biodiversité mais aussi en matière de prospec- potentiel écologique dans les pays en voie de à une gouvernance locale qui facilite l'intégration
tive, avec l’élaboration de scénarios de réfé- développement, par exemple, sans considéra- des interactions entre biodiversité et bien-être au
rence à l’échelle mondiale. tion du report de la charge environnementale. sein des socio-écosystèmes. la société renforce sa
vision proactive de la gestion des écosystèmes dont
LES QuATRE SCéNARiOS Du MEA les pertes de biodiversité sont moins élevées. À
partir de 2050, la mise en place d'une gouvernance
Attitude mondiale devient urgente face à l'accélération des
réactive catastrophes environnementales ;
Orchestration mondiale Ordre par la force
l société connectée mondialement lmonde fragmenté l le quatrième, « Techno-jardin », privilégie l'in-
l libéralisation des échanges lpriorités à la sécurité et au génierie écologique dans un monde entièrement
et de l’économie protectionnisme des marchés connecté. le temps de latence entre décisions et
l efforts pour réduire la pauvreté régionaux
et les inégalités
résolutions des perturbations écologiques est réduit
par une flexibilité accrue. la croissance économique
Organisation Organisation y est rapide, élevée et impulsée par l'existence d'un
planétaire régionale véritable marché des services écosystémiques. le
jardin planétaire Mosaïque adaptative « capitalisme naturel » impulse une gestion urbaine
verte et une agriculture écologique dynamiques.
l progrès de technologies l apprentissage local de la gestion
environnementales des écosystèmes - expérimentations Cependant, la facilité d'accès aux ressources accroît
l les écosystèmes sont gérés ou restaurés l activités économiques à l’échelle régionale la vulnérabilité des écosystèmes.
(ingénierie écologique) l peu d’intérêt pour les problèmes mondiaux
Attitude
source : mea pro-active
l
a plupart des états du G20 se sont engagés, états-unis qui se situent en seconde place (18,6
au cours des cinq dernières années, dans milliards). Suivent la Grande-bretagne (11,2) et
des politiques actives de développement l'espagne (10,2). Selon cette étude, la France,
des énergies propres et renouvelables avec des qui a commencé ses efforts plus tardivement,
investissements qui, en moyenne, ont aug- n'occupait en 2009 que le 8e rang pour la capa-
menté de 50 % durant cette période. le pew cité installée et le 11e pour les investissements
Center, s'appuyant sur des données collectées mais se distinguait en revanche par un rythme triels nécessaires au développement des éner-
par le groupe bloomberg, a publié, fin mars de progression de sa capacité installée très gies propres étaient importés, avec de fortes
2010, une première comparaison de ces efforts élevé depuis cinq ans, devancée seulement par conséquences sur le déficit de la balance com-
en analysant, état par état, les investissements la Corée, la Chine et l'australie. Dans ces inves- merciale. Il est significatif qu'en Californie près
faits en 2009, les capacités installées et leur tissements, une part variable, estimée entre 25 de la moitié du marché du solaire (46 %) est
progression depuis 2005. pour la première fois, et 75 % selon les technologies, correspond à aujourd'hui occupé par les entreprises chinoises.
la Chine a pris la prépondérance mondiale dans des emplois manufacturés. aux états-unis, l'in-
ce domaine en investissant en 2009 près de 35 quiétude s'est récemment manifestée sur le fait SOURCE : The Pew Charitable Trust, Who's win-
milliards de dollars, soit près du double des que 70 % des systèmes et composants indus- ning the clean energy race ?, mars 2010.
des âges, liens directs entre ville et campagne, tent en image le déroulé d’un
la ville « multi-locale » peut être un lieu d’in- projet ;
novations sociales susceptible « pour peu que l les objets comme des
l
a publication récente, par le conseil économique et social de la région l le troisième scénario, « Après nous le déluge », imagine une situation
bretagne, du rapport intitulé Pouvoir et démocratie en Bretagne à dans laquelle aucune instance de coordination ne parvient à s’imposer et
l’épreuve du changement climatique marque un double événe- où règne une confusion chaotique des pouvoirs, avec une concurrence
ment. D’abord, parce que c’est la première fois qu’une collectivité territo- et une permanence des conflits entre institutions et groupes d’intérêt ;
riale aborde la question du climat sous l’angle de l’adaptation et non de l enfin le dernier, « Ensemble contre vents et marées », renvoie, au
l’atténuation. ensuite, parce que presque tout le document est structuré contraire, à une hypothèse de régulation concertée laissant un rôle majeur
par une interrogation centrale et à nouveau originale qui est celle du défi à la démocratie locale et à la société civile. Ce n’est pas nécessairement
démocratique posé aux responsables régionaux par la prise en charge de le scénario idéal car il risque de conduire à un excès de localisme et à une
ce problème. vision à courte vue de problèmes qui concernent nécessairement plusieurs
générations.
Face aux conséquences qui pourraient résulter du changement climatique
et à l’éventualité d’un réchauffement plus rapide que prévu, quatre scéna- par
ar prudence, le rapport ne se conclut pas
rios sont proposés combinant plusieurs modes possibles d’intervention et par des recommandations et actions
2030
d’interaction des acteurs locaux, nationaux ou internationaux : précises mais par une liste de
l dans le premier, « Un pilote pour la planète », la régulation est essentiel- dix questions qui devraient inté-
En
20 %
lement internationale et conduit à une répartition autoritaire des contraintes, resser toutes les régions ou toutes
telle que, par exemple, l’affectation à la région de quotas de réfugiés clima- les collectivités locales souhaitant
près de
tiques venus à la fois de l’intérieur et de l’extérieur de la France ; s’engager dans des politiques
du littoral breton se trouverait
l dans le second, « L’État climatiseur », ce sont les états qui se substituent actives d’adaptation au change- exposé au risque
à une gouvernance mondiale défaillante et se dotent d’outils de pilotage à ment climatique. de submersion marine
distance (évaluations, indicateurs, normes, cahiers des charges) ne laissant
aux collectivités locales qu’une rôle de relais ; SOURCE : www.cesr-bretagne.fr
8 octobre
Sciences po, paris
PROSPECTiVE DES MODES DE ViE,
4e atelier PROMOV
Publications
patriCk BlanDin priCe waterhouse the Futures aCaDemy un haBitat
Biodiversité. L'avenir Coopers DiB, DuBlin institute oF State of the World
du vivant Transportation and teChnoloGy Cities 2008/2009 :
Paris, Albin Michel, 2010 logistics 2030 : how will Built environment Harmonious Cities
......... supply chains evolve in Foresight 2030 : the
an energy constrained, sustainable development
Cahiers Français, low carbon world ? imperative
L’économie verte 2010 2009
La Documentation française www.pwc.com www.thefuturesacademy.ie
n°355, 2010 ......... .........
.........
Ceps (Center For
european poliCy stuDies)
Colloques et conférences
Future impacts of Climate
Change across Europe.
WD n° 324, 2010 A
_ eu lieu À
_ venir
www.ceps.eu
......... 7-8 juiN 10-11 SEPTEMBRE
Parlement européen, Bruxelles Paris
amélie Darley, (Belgique) 3e CONFéRENCE iNTERNATiONALE
Gwénaëlle zunino CONFéRENCE FiNALE D'EFONET MigRATiONS ET DéVELOPPEMENT
Petit détour par les (réseau européen de prospective école d'économie de Paris, Agence
utopies d'aujourd'hui énergétique) française de développement,
in Envies de ville, les World Bank
Cahiers de l'IAU, n° 149, 9-10-11 juiN www.parisschoolofeconomics.eu
décembre 2008 Willemschaftszentrum, Berlin
......... (Allemagne) 10-12 NOVEMBRE
18e COLLOQuE Du gERPiSA, université de Wageningen (Pays-Bas)
netherlanDs Le verdissement de l'industrie SCALiNg AND gOVERNANCE
environmental automobile mondiale en temps de crise CONFERENCE 2010, Quel choix
assessment aGenCy www.gerpisa.org d'échelle pour la gestion
Growing within limits. des systèmes complexes ?
A Report to the Global
assembly 2009
15-16 juiN www.scalinggovernance.wur.nl
Vienne (Autriche)
of the Club of Rome.
2009
1RE RéuNiON DE LA PLATE-FORME 16-20 NOVEMBRE
EuROPéENNE DE PROSPECTiVE, Bruxelles (Belgique)
www.clubofrome.at
......... Dg Recherche et AiT, EuROPEAN PLATFORM
institut culturel français FOR BiODiVERSiTy RESARCh
STRATEgy (EPBRS), POSiTiVE
pierre JaCQuet, raJenDra
k. paChauri, laurenCe 22-25 AOûT ViSiONS FOR BiODiVERSiTy
Oldenbourg et Brême (Allemagne) What kind of world would we want
tuBiana
11e CONFéRENCE BiENNALE to hand on to our children? What
Villes : changer
DE LA SOCiéTé iNTERNATiONALE POuR research do we need to reach it?
de trajectoire
L'éCONOMiE éCOLOgiQuE, Advancing www.epbrs.org
in Regards sur la terre 2010.
L'annuel du développement sustainability in a time of crisis
durable, Presses de Sciences
Po, 2010
.........
horizons 2030 - 2050 # 3 - Septembre 2010 19
pour en savoir plus :
• Mission-Prospective.Ddd2@developpementdurable.gouv.fr
01 40 81 34 91
• www.developpement-durable.gouv.fr
rubrique Développement durable brochure imprimée
sur du papier certifié
écolabel européen
www.eco-label.com
Édition : Septembre 2010
Directrice de la publication : Michèle Pappalardo
Rédacteur en chef : Jacques Theys
Coordination éditoriale : Nathalie Etahiri
Conception graphique : MEEDDM/SG/DICOM/DIE/F. Chevallier
Crédits photos : p.1 : Albachiaraa/Fotolia - p.2 : L. Mignaux/MEEDDM -
p.4 : DR - p.11 : Fotolia - p.16 : Galam/Fotolia - p.17 : Kheng Guan Toh/Fotolia
Impression : MEEDDM/SG/SPSSI/ATL2/Atelier de reprographie
ISNN : en cours
Dépôt légal : Septembre 2010
Réf. : DICOM/CGDD/LET/09032
www.developpement-durable.gouv.fr