TITRE

Commentez cette formule de M. Thierry Maulnier: «Dans Corneille, qui est français et classique,
l’intérêt est déjà porté tout entier sur les sentiments. Mais dans Corneille les sentiments naissent du
drame, tandis que dans Racine le drame est fait de sentiments»

Lisez le titre avec attention et soulignez les mots ou expressions clé sur lesquelles bâtir le plan: si
vous prêtez attention, le titre vous donne déjà la structure du plan. Dans votre plan indiquez déjà
les connecteurs logiques nécessaires (soulignés) à l’enchaînement de votre discours.

PLAN

introduction

L’introduction, qu’il faudrait rédiger après avoir développé le corps de la dissertation, sert à
introduire la thématique que le titre a déclenchée et qui sera développée dans le corps, en
introduisant ainsi le développement (ce qui sera dit, mais que vous aurez déjà rédigé!).

Le système idéologique rationnel d’origine jésuite sous-jacent aux pièces de Corneille est celui du
‘généreux’ cartésien, un homme héroïque et donc idéal dont les nobles valeurs chevaleresques sont
au-dessus de l’humanité commune. C’est la raison pour laquelle le dramaturge choisit des intrigues
capables de susciter l’opposition entre les sentiments et le devoir, entre l’instinct naturel et ce qui
est socialement acceptable (honneur, clémence, foi). C’est seulement grâce à cette démarche que les
sentiments peuvent se manifester. En revanche, dans les tragédies raciniennes la conception
janséniste d’un homme en proie à ses passions et à ses péchés, dont il n’arrive pas à maîtriser les
forces qui se révèlent par conséquent destructrices, efface l’intrigue pour faire trôner le ravage des
sentiments les plus variés dont l’analyse psychologique du poète saura rendre les moindres nuances.

1er paragraphe – Corneille

structure de la tragédie: d’abord, il faudra analyser l’intrigue de Corneille, dont le développement

englobe et préfigure le conflit du héros ou de l’héroïne. C’est ce qu’on a
appelé ‘conflit-type’ entre le devoir et les obstacles à ce même devoir.
Ces obstacles coïncident souvent avec les sentiments.
exemples: 1. par exemple, le soufflet du père de Chimère à celui de Rodrigue dans le «Cid» (1637)
annonce déjà les deux pôles vers lesquels chaque personnage sera attiré et par
lesquels son sens du devoir et ses sentiments seront tiraillés.
2. il en est de même dans «Cinna» (1641) en ce qui concerne le complot que les amis les
plus fidèles de l’empereur Auguste organisent contre lui ou encore à propos du
choix de Polyeucte dans la tragédie homonyme (1642) de professer ouvertement sa
foi chrétienne contre tout et tous et surtout contre l’amour de Pauline.
conclusion du paragraphe: par conséquent, l’action sérieuse et illustre, c’est-à-dire vraisemblable
et liée à un grand intérêt d’État, met en place des sentiments et des
attitudes ‘extraordinaires’, qui ne relèvent pas du naturel de
l’homme, mais qu’une idéalisation philosophique et éthique (morale
des jésuites et cartésianisme) impose à des êtres qui sont censés être
supérieurs.
2ème paragraphe – Racine

transition au nouveau paragraphe: Si la complexité des intrigues cornéliennes amorce le mécanisme

des oppositions et le conflit-type, chez Racine par contre la

1
 tragédie-crise doit «plaire et toucher» par le biais d’une intrigue
qui «consiste à faire quelque chose de rien» par rapport à son rival
(schéma essentiel de Roland Barthes).
structure de la tragédie: En effet, le dramaturge sélectionne le segment narratif d’un mythe connu
où, ‘in medias res’, les passions se déchaînent. Voilà pourquoi les
sentiments, quoique cachés, même du point de vue linguistique,
débordent dès les premiers vers. Certes, une majeure complexité de
l’intrigue caractérise encore «Andromaque» (1667), mais dix ans plus
tard, dans «Phèdre» (1677) les sentiments non seulement structurent la
tragédie entière, mais se déploient sous tous les aspects, des plus purs,
l’innocente chasteté d’Hyppolite, aux plus farouches, la fureur mortelle
de Phèdre.
exemples: 1. même si Andromaque semble encore déchirée entre l’amour filial et l’amour conjugal,
qui relèvent du sentiment du devoir à l’instar des personnages cornéliens, Hermione et
Oreste tissent le véritable drame racinien, l’une par le suicide dicté par la jalousie,
l’autre par la folie dictée par l’impossibilité d’être aimé.
2. cependant/toutefois c’est dans «Phèdre» que Racine atteint la perfection du drame des
sentiments Par exemple Hyppolite nomme dès le début du 1 er acte sa belle-mère «la
fille de Minos et de Pasiphaé», en introduisant ainsi le déchirement et l’égarement de
l’héroïne éponyme.
conclusion du paragraphe Or, plutôt que l’intrigue, c’est la langue de Racine qui, à travers un jeu
savant de clairs-obscurs, de non-dit, de refoulement des interdits
moraux par des interdits linguistiques et d’aveux effrayants pour la
morale de l’époque (lecture freudienne de Francesco Orlando), peint
non tant l’histoire des personnages, mais la manifestation de leurs
passions effrénées et par là même fatales.

Conclusion

La conclusion doit résumer le développement et relancer le sujet, comme dans l’exemple ci-dessous.

Sartre disait que l’homme est ce qu’il se fait, toujours projeté vers l’avenir: tels sont les héros et les
héroïnes cornéliens, dont les sentiments ne sont que l’effet de leurs choix. En revanche, le
personnage racinien, homme ou femme qu’il soit, porte en lui le germe du malheur et parfois de la
malédiction: cette sorte de ‘maladie’ n’attend que la tragédie pour éclater et infecter les âmes des
autres personnages. D’ailleurs, Corneille fut accusé dans la célèbre querelle de ne pas induire chez
le public la bienfaisante catharsis, ses personnages étant tellement hors du commun que ses
spectateurs ne pouvaient pas se purifier. Racine, quant à lui, fut le chantre du Classicisme tel que
l’Académie et la cour le souhaitaient, malgré la cabale qui suivit à la représentation de «Phèdre».
Voilà donc toute la différence entre un poète qui peint l’homme tel qu’il devrait être et un autre qui
peint l’homme tel qu’il est: La Bruyère ne se trompait pas en soulignant d’une part l’idéalisation
cornélienne aux yeux du public et d’autre part l’identification que Racine provoque dans ce même
public. Encore aujourd’hui les sentiments que les beaux vers de Racine cachent semblent vrais et
actuels aux lecteurs-spectateurs qui peuvent s’identifier à ses personnages, mais n’a-t-on pas besoin
d’un idéal d’homme qui, tout en laissant de côté ses intérêts personnels, combatte pour l’affirmation
d’un idéal collectif (politiques, chefs d’Etat, chefs religieux)?…. à suivre

Après avoir fini la rédaction il faut corriger en relisant (contrôler l’orthographe et les accents,
les accords, le sens des phrases) et recopier sur la moitié de la feuille.