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Collège

5e

FRANÇAIS

Rédaction pédagogique
Maud Eyheremendy
Fabienne Frérot
Nolwenn Grall
Marie-Pierre Hergibo
Mariame Lachtane
Alice Marchoux-Bazin
Frédéric Nottebaert

Expertise de la progression pédagogique


Gaëtan Le Lu

Coordination
Adeline Bouchard
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© CNED 2014
Unité 6

À la rencontre de l’héroïsme médiéval :


un modèle d’excellence

OBJECTIFS DE L’UNITÉ

Ÿ D
écouvrir le monde médiéval grâce à des figures héroïques
du Moyen Âge
Ÿ Approfondir la notion de héros et ses caractéristiques
Ÿ Inscrire le héros médiéval et ses valeurs dans une permanence
Ÿ Jouer avec le lexique et son histoire pour comprendre notre
langue
Ÿ Savoir analyser la phrase simple en utilisant les notions de
constituants facultatifs et obligatoires

Cette unité 6 s’inscrit dans une des entrées du cycle 4 : AGIR SUR LE MONDE que nous allons une seconde fois
aborder sous l’angle du questionnement « héros, héroïne, héroïsme ».
Nous allons travailler sur ce thème en plongeant dans le monde des héros d’hier et en particulier ceux de l’univers
médiéval. En effet, le Moyen Âge est une période qui a vu naitre nombre de héros dont l’histoire est parvenue jusqu’à
nous grâce aux écrits divers d’une part, mais aussi aux adaptations cinématographiques d’autre part.
Au fil des séances, tu liras des auteurs classiques mais aussi des auteurs de littérature de jeunesse.
Tu vas aussi découvrir un passé très riche et très attirant, qui a fabriqué de véritables figures héroïques.
Tu vas apprendre également comment notre langue a évolué au fil du temps grâce à une plongée dans le lexique
médiéval. Enfin, tu apprendras ce que sont les armoiries, leur code et leur utilité.
Bon voyage à travers le temps !
Parallèlement à l’unité, tu devras lire en autonomie Le Seigneur sans visage de Viviane Moore en œuvre intégrale
dans l’édition de ton choix. Le devoir de fin d’unité portera sur cette œuvre.

Sommaire
Séance 1 : Entrer en histoire

Tu entreras dans l’univers médiéval et travailleras sur tes représentations de cette période de l’histoire.

Séance 2 : Entrer en littérature : Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes

Tu découvriras un texte phare de la littérature médiévale et réinvestiras la notion d’incipit. Nous étudierons
également les constituants obligatoires facultatifs dans la phrase.

Séance 3 : Vivre avec les Chevaliers : la scène de combat, un motif récurrent

À partir d’extraits d’Yvain ou le Chevalier au lion, tu vas mettre en lumière les constantes de la scène de combat et
du héros médiéval.

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Séance 4 : Du héros littéraire au héros historique : La Chanson de Roland

Tu étudieras la chanson de geste.

Séance 5 : J’évalue ce que j’ai appris

Tu testeras tes connaissances et mettras en pratique tes compétences.

Séance 6 : Étudier le cadre romanesque propice à l’expression héroïque

Tu vas étudier comment l’écrivain construit l’univers « héroïque » médiéval à partir de la description d’un château
fort et d’une scène d’adoubement.

Séance 7 : « À cœur vaillant, rien d’impossible »

Tu vas t’initier à l’héraldique. Il s’agit d’une science qui décrypte et analyse les armoiries marquant les accessoires
du chevalier, et notamment son bouclier. Pour cela, tu liras un extrait de : Sans nom ni blason, de Jacqueline
Mirande. Nous étudierons également les constituants obligatoires facultatifs dans la phrase.

Séance 8 : Histoire d’écrire

À partir d’une illustration proposée, tu rédigeras un texte descriptif en t’appuyant sur les outils découverts dans les
séances précédentes.

Compétences travaillées
Dans cette unité, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler les compétences ci-dessous.

Comprendre Acquérir des éléments


Lire Écrire le fonctionnement de culture littéraire
de la langue. et artistique
Lire des œuvres de la Pratiquer l’écriture Fonctionnement Établir des liens entre des
littérature avec des d’invention de la phrase complexe : productions littéraires
objectifs divers : et artistiques issues de
Adapter des stratégies -- identifier les consti-
cultures et d’époques
-- reconnaitre les et des procédures tuants de la phrase
différentes
implicites d’un d’écriture efficaces : complexe
texte et faire les Mobiliser des références
-- organiser l’écrit en Fonctionnement
inférences et hypo- culturelles pour interpréter
fonction des règles de la phrase simple :
thèses les textes et les productions
propres au genre du
de lecture -- identifier les groupes artistiques et littéraires,
texte à produire et à
nécessaires syntaxiques : leurs et pour enrichir son
son support
constituants et leurs expression personnelle
Élaborer une
fonctions
interprétation
de la lecture :
-- formuler des
impressions
de lecture
-- percevoir un
effet esthétique
et en analyser les
sources

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Je peux lire aussi
Dans le cadre de cette unité, tu peux lire d’autres œuvres qui te permettront d’explorer l’époque médiévale :
-- Le Chevalier au loup, Viviane Moore
-- Le Renard de Morlange, Alain Surget
-- Les Brumes de Montfaucon, Anne Pouget
-- Pendant la guerre de Cent Ans : Journal de Jeanne Letourneur 1418, Brigitte Coppin
N’oublie pas que tu dois te procurer et lire Le Seigneur sans visage de Viviane Moore.
Ta compréhension de l’œuvre sera évaluée dans le devoir.

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Séance 1
Entrer en histoire

OBJECTIFS DE LA SÉANCE

Ÿ E
ntrer dans l’univers médiéval par des
représentations variées
Ÿ D
écouvrir l’histoire de la langue : des mots et
expressions médiévaux

Tout au long de l’unité, tu vas rencontrer et étudier des héros du Moyen Âge. Cette première séance te permettra de
te familiariser avec l’univers médiéval.

JE DÉCOUVRE

Rencontrer le Moyen Âge


Avant de commencer, prends ton cahier et écris sur une nouvelle page le titre et le numéro de l’unité. Écris
ensuite le numéro et le titre de la séance.
Tu as certainement des représentations personnelles sur le Moyen Âge. Tu vas à présent voyager et te plonger dans
l’univers si particulier de cette époque.
1- Observe attentivement les images suivantes.

4
6

1
3
8

7
5

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2- Décris chaque image.
Par exemple : La première image représente un personnage…… habillé… …en train de… …
3- Quelles sont celles qui te semblent représenter le Moyen Âge ? Justifie ta réponse.
4- Pour toi, le Moyen Âge cʼest… Réécris cette phrase en la complétant grâce aux éléments repérés auparavant.
5- En fonction de tes représentations personnelles et de celles que les images te proposent, rédige ta définition
du héros médiéval.

Des mots et expressions du Moyen Âge

Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de cette partie.

La vie du Moyen Âge était donc très différente de la nôtre, et la langue n’était pas non plus celle que tu connais
aujourd’hui.
1- Surligne dans le texte ci-dessous les mots et les expressions qui te semblent correspondre au langage médié-
val.
La damoiselle était vêtue d’un affublement magnifique. Elle devait tantôt épousailler son damelot. Toute la journée, il y
aurait de la poularde à mangeailler, vinasse gouleyante et francherepue. Quelles belles épousailles !
2- Réécris maintenant le texte sur ton cahier en utilisant la langue d’aujourd’hui.
3- Lis attentivement les expressions ci-dessous. Associe-les à la bonne traduction.

Oyez l’ami ! allez donc quérir un doux breuvage La descendance de Sire Gauvain est
• •
pour notre gosier sec ! la bienvenue.

Notre fillot a donné son acquiescement Allez l’ami, allez donc nous chercher
• •
aux épousailles avec la gente damoiselle. à boire ! Nous avons soif !

Notre fils a donné son accord pour épouser


La géniture de Sire Gauvain est la bien vaigniez. • •
la jeune fille.

Tu as bien compris que ces expressions ne résument pas à elles seules la langue médiévale. Il s’agit ici de ­
« jouer » avec cette langue en utilisant quelques mots et expressions qui donnent « une impression » médiévale.
Tu vas découvrir au fil de cette unité combien cette langue peut sembler bien compliquée à comprendre pour nous
aujourd’hui…

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JE M’EXERCE

Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive des questions 4, 5 et 7.

Comme nous te l’expliquions précédemment, la langue médiévale était bien différente de la nôtre. Vois plutôt…
1- Observe et lis attentivement le texte extrait de Perceval ou le conte du Graal de Chrétien de Troyes
et sa traduction en français moderne.
Ce fu au tans qu’arbre florissent, C’était au temps où les arbres fleurissent,
Fuellent boschage, pré verdissent les bois se feuillent, les prés verdissent,
Et cil oisel an lor latin où les oiseaux dans leur latin
Doucement chantent au matin avec douceur chantent au matin,
Et tote riens de joie anflame, et où toute chose s’enflamme de joie :
Que li filz a la veve dame le fils de la Veuve dame
De la gaste forest soutainne de la Déserte Forêt perdue
Se leva, et ne li fu painne se leva et de bon coeur
Que il sa sele ne meïst sella son cheval de chasse,
Sor son chaceor et preïst se saisit de trois javelots
Trois javeloz, et tot einsi et sortit ainsi du manoir de sa mère
Fors del manoir sa mere issi. Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la charrette ou le Roman
Chrétien de Troyes (v. 1135 - V. 1185), Perceval ou le de Lancelot, traduction de Charles Méla, Livre de Poche,
Conte du Graal, 1180 1992

2- De quoi est-il question dans ce texte ? Recopie un passage dans le texte traduit qui justifie ta réponse.
3- Où et à quelle saison la scène se déroule-t-elle ? Justifie en relevant un mot ou un groupe de mots.
4- a)  Dans le texte original, surligne les noms et verbes que l’on utilise encore aujourd’hui.
b)  Quels éléments rendent difficile la lecture de ce texte ?
5- a)  Recherche dans le texte original le mot signifiant « temps ».

b)  Recherche sur Internet ou dans un dictionnaire l’origine latine de ce mot.


c) Notre langue provient en grande partie du latin. Compare maintenant ces trois mots (mot en ancien
­français, mot latin et mot en français moderne). Quelles remarques peux-tu faire ?
6- Voici d’autres exemples de l’évolution de certains mots :

Mot latin Ancien français Français moderne


stella estoele étoile
lacte leit lait
a) 
En t’aidant du mot latin et du mot en français moderne, complète les tableaux ci-dessous en trouvant des
mots de la même famille que lait et étoile que l’on emploie aujourd’hui. Tu peux t’aider d’un dictionnaire si
tu le souhaites.

Mot latin : Stella Fançais moderne : Étoile Mot latin : Lacte Français moderne : Lait
exemple : stellaire exemple : lactation exemple : laiterie

b) Que remarques-tu sur la construction de ces familles de mots ?

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JE RETIENS

Histoire de la langue et étymologie


Si certains mots sont différents de leur origine latine, c’est parce qu’ils ont évolué différemment.
En effet : - « stella » s’est transformé à force d’être employé à l’oral, jusqu’à devenir « étoile ». C’est
ce que l’on appelle un doublet populaire.
- « stellaire » a été réintroduit dans la langue au XVIe siècle par les savants de la
Renaissance. Ils l’ont construit à partir de la forme latine. C’est ce que l’on appelle un
doublet savant.
Les formes comme « stellaire » et « étoilé » sont donc appelées des doublets parce qu’ils proviennent
d’un même mot latin « stella ».

JE M’EXERCE

7- Tu vas maintenant essayer de retrouver les deux mots issus de la même origine latine.
Associe chaque mot latin aux deux mots qu’il a générés.

Mots latins Mots créés

Potionem • • Écouter
• Poison
Auscultare • • Hôpital
• Légal
Legalis • • Ausculter
• Métier
Ministerium • • Ministère
• Loyal
Hospitalem • • Potion
• Hôtel

LE COIN DES CURIEUX

Pleins feux sur le mot héros


Puisque tu travailles sur la notion de
« héros », nous te proposons un point
d’étymologie sur ce terme.
Si la majorité des mots de notre langue
provient du latin, certains proviennent
de la langue grecque. Ainsi en est-il du mot
« héros ».
Le mot grec hêrôs signifie « chef de guerre »
ou « demi-dieu ». Ce mot est ainsi passé au
latin classique avec le sens de « demi-dieu »
puis « d’homme de grande valeur ».
Il n’est entré dans notre langue française
qu’au XIVe siècle pour finalement désigner de nos jours une personne qui se distingue par ses exploits
ou un courage extraordinaire.
Recherche maintenant des mots de la même famille que « héros ». Cela te permettra d’enrichir ton
vocabulaire sur le sujet.

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Séance 2
Entrer en littérature : Yvain ou le Chevalier au lion
de Chrétien de Troyes

OBJECTIFS DE LA SÉANCE

Ÿ Entrer dans l’univers littéraire médiéval


Ÿ R
éinvestir la notion d’incipit et imaginer une
suite en respectant le cadre donné par les
premières pages
Ÿ Découvrir un auteur du Moyen Âge :
­Chrétien de Troyes

Dans cette séance, tu vas te familiariser avec la littérature médiévale et en particulier avec la figure du Chevalier
dans Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes (v. 1135 - v. 1185).

JE DÉCOUVRE

Chrétien de Troyes
Avant de commencer, prends ton cahier et écris le numéro et le titre de la séance.
Avant de lire un extrait d’Yvain ou le Chevalier au lion, découvrons son auteur.
Chrétien de Troyes est né en 1135, et mort en 1185.
Ces dates sont indicatives car à cette époque, il existait
rarement de traces écrites précises. On ne sait d’ailleurs
quasiment rien de sa vie personnelle.
Cinq romans de Chrétien de Troyes nous sont
parvenus. On considère cet auteur comme l’un des
premiers auteurs de roman de chevalerie et l’un des
plus grands écrivains du Moyen Âge. La plupart de ses
œuvres sont liées à la légende du roi Arthur.
Yvain ou le Chevalier au lion est un de ses romans
chevaleresques écrit au XIIe siècle. Il est écrit à l’origine
sous forme de poème en octosyllabes à rimes plates car
les premiers romans sont encore imprégnés des règles de
l’écriture latine. Il raconte les périples du courageux Yvain,
chevalier de la Table Ronde. Au début de l’histoire, il doit
venger son cousin Calogrenant d’un chevalier noir…

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  13


Je découvre le texte
Lis attentivement l’extrait suivant. Il s’agit de l’incipit d’Yvain ou le Chevalier au lion.

Pour te faciliter la lecture, il s’agit d’une traduction du texte original en français moderne et en prose.
Tu peux également écouter la version audio à la piste 32 de ton CD ou la retrouver sur ton espace inscrit.
« Arthur, le bon roi de Bretagne, dont la vaillance nous enseigne à être preux et courtois, tenait une très riche
cour en la fête de la Pentecôte. C’était à Carduel, en Galles. Après manger, dedans les salles les chevaliers
s’assemblèrent là où les avaient appelés les dames et les demoiselles. Les uns contaient des nouvelles, les autres
parlaient de l’amour, de ses angoisses et ses douleurs et des grands biens que reçurent souvent les disciples
de son ordre qui était alors riche et doux. Mais presque tous l’ont délaissé et Amour en fut abaissé car ceux qui
aimaient voulaient être appelés courtois et preux, hommes généreux, hommes d’honneur. Aujourd’hui Amour est
tourné en fable1 : ceux qui l’ignorent disent qu’ils aiment mais ils mentent. Ils se vantent d’être amoureux mais ce
droit-là ils ne l’ont point car ce n’est que fable et mensonge.
Parlons des hommes d’autrefois, cela vaut mieux. Oui, m’est avis qu’homme courtois mort vaut mieux que vilain
en vie ! C’est pour cela qu’il me plaît de raconter une histoire digne d’être écoutée touchant un roi qui fut si grand
qu’en tout lieu on célébra sa gloire. Je m’accorde là-dessus avec les Bretons : toujours durera son renom et grâce
à lui sera gardé le souvenir des chevaliers qui firent prouesse pour l’honneur.
Ce jour-là beaucoup de gens s’étonnèrent que le roi se levât et quittât l’assemblée. Plusieurs en furent fâchés et
en firent murmure car jamais en un si grand jour ils n’avaient vu le roi se retirer dans sa chambre pour dormir ou
pour se reposer. Mais ce jour-là il advint que la reine le retint et qu’il demeura si longtemps près d’elle qu’il oublia
la Cour et s’endormit.
À l’huis de la chambre, dehors, il y avait Dodinel et Sagremor, Ké, le sénéchal2, et messire Gauvain. Il y avait
aussi messire Yvain et avec eux Calogrenant, un chevalier très avenant3 qui commença de leur faire un conte.
L’affaire lui était arrivée non pour son honneur mais sa honte.
La reine écoutait ce que contait le chevalier. Elle s’était levée d’auprès du roi et s’en était venue si doucement
que nul ne la vit s’asseoir au milieu de tant de gens. Et Ké, homme très ramponeux4, et malveillant et venimeux, dit
alors :
— Par Dieu, Calogrenant, vous êtes preux, vous êtes leste5 et il m’est agréable que vous soyez d’entre nous tous
le plus courtois. Et je sais que vous le croyez, tant vous êtes vide de bon sens. Il est juste que madame pense que
vous avez bien plus que nous de courtoisie6 et de prouesse7. Sans doute ne nous sommes point levés par paresse
ou parce que nous ne daignâmes pas le faire. Mais, par Dieu, sire si nous ne nous sommes levés c’est que nous
n’avons vu madame !
— Certes, Ké, fait la reine je voudrais que vous fussiez crevé si vous ne pouvez-vous vider du venin dont vous
êtes plein ! Vous êtes odieux et lâche de tancer ainsi vos compagnons !
— Madame, reprend Ké, si nous ne gagnons à votre compagnie gardez que nous n’y perdions pas ! Je ne crois
avoir chose dite qui puisse m’être reprochée. S’il vous plaît restons-en là. Et faites-nous conter ce que le chevalier
avait commencé.
Calogrenant répond :
— Dame, je ne me soucie de la dispute. Pourquoi priserais-je ? Si Ké m’a fait offense je n’en aurai nul dommage.
À de mieux vaillants, de plus sages, messire Ké, vous avez souvent dit paroles blessantes, car vous en êtes
coutumier. Toujours doit puer le fumier, les taons piquer, le bourdon bruire, les félons8 ennuyer et nuire. Mais je
ne conterai rien aujourd’hui, si madame veut bien me laisser en paix. Et je la prie qu’elle ne dise mot et veuille ne
point me commander une chose qui me déplaise.
- Calogrenant, dit la reine, que ne vous chaillent9 les méchantes paroles de messire Ké le sénéchal ! Il a
coutume de dire du mal et ne peut s’en corriger. N’en ayez nul ressentiment et contez-nous chose si plaisante à
entendre. Je vous le demande. Je vous en prie. Si vous voulez garder mon amitié, commencez le conte derechef ! »
Yvain ou le Chevalier au lion, Chrétien de Troyes, Gallimard, Folio junior, 2008.

Notes : 5. leste : agile, précis et aisé.


1. tourné en fable : réduit en mensonge, en un récit imaginaire. 6. courtoisie : attitude de politesse raffinée.
2. sénéchal : officier au service d’un roi, prince ou seigneur temporel. 7. prouesse : (ici) bravoure, vaillance.
3. avenant : qui plait par sa manière d’être, sa grâce… 8. félons : hommes fourbes et déloyaux, par extension, traitres.
4. ramponeux : injurieux, moqueur. 9. que ne vous chaillent : que ne vous importent.

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JE M’EXERCE

A. Comprendre et analyser le texte : le lexique


Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de la question 2.

1- Lis attentivement ces mots extraits du texte : vaillance – preux – courtois – Pentecôte – l’huis – daignâmes –
tancer – priserais-je – derechef
2- a)  Cherche dans un dictionnaire la définition de chacun puis note-la dans le tableau ci-dessous.
b)  Trouve également un synonyme lorsque cela est possible.

Définition Synonyme

« Vaillance »

« Preux »

« Courtois »

« Pentecôte »

« L’huis »

« Daignâmes »

« Tancer »

« Priserais-je »

« Derechef »

B. Le héros médiéval
Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de la question 4.

1- Qui raconte l’histoire ?


2- Quels sont les sujets abordés dans les deux
premiers paragraphes ?
3- Souviens-toi, le rôle de l’incipit est de présenter le
cadre de l’action, les personnages et les éléments
de l’intrigue :
a)  Où se déroule l’action ?
b)  Quand se déroule-t-elle ?
c)  Qui est présent ? Cite quelques noms.
d)  Que s’apprête à faire Calogrenant ?
e) Quel élément important va déclencher
l’intervention de la reine ?
4- a) Quelles expressions Calogrenant utilise-t-il
pour qualifier Ké ? Surligne des éléments dans
le texte pour justifier ta réponse.
b) 
Que peux-tu en déduire sur le personnage de
Ké ?
5- Relève les éléments qui caractérisent le personnage de Calogrenant.
6- Dans ce face-à-face, quelles valeurs chevaleresques sont malgré tout mises en avant par le personnage de
Calogrenant ?

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C. L’incipit
1- Quels temps sont principalement utilisés dans le
premier paragraphe ? De quoi y est-il question ?
2- a) Quel temps est utilisé au début du troisième
paragraphe ? Pourquoi ce changement ?
b) 
Relève le connecteur de temps qui confirme
ce changement.
3- Quel est l’objectif de Chrétien de Troyes dans cet
incipit ?
4- Quel était le but des assemblées de chevaliers selon
toi ?
5- Quels éléments et valeurs nous confirment qu’il s’agit
bien d’un incipit de roman de chevalerie ?

JE RETIENS

Le « roman » au Moyen Âge


Au XIIe siècle, la notion de « roman » renvoyait à la langue utilisée pour écrire ; à l’origine, le mot
« roman » désignait donc un texte écrit en langue romane (langue du peuple), par opposition au latin
(langue savante). Les récits d’aventures étaient écrits en roman et en octosyllabes. Puis vers 1160, le
mot « roman » désigna un récit d’aventures merveilleuses vécues par des personnages héroïques.
Chrétien de Troyes (v. 1135 - v. 1185) est l’auteur qui ouvrit la voie à l’écriture du roman, et qui fixa les
règles du héros médiéval. Yvain ou le Chevalier au lion respecte ainsi les codes narratifs de l’époque.
Chrétien de Troyes a choisi cette forme pour pouvoir parler aux hommes de son temps. Il utilise la
langue qui est comprise par tous et non le latin qui servait aux textes religieux. Être courtois et être
preux sont les valeurs qui devaient être diffusées et mises en valeur.
L’incipit sert à présenter le cadre et les personnages, mais il joue aussi le rôle d’interpellation d’un
auditoire. Ceci entraine un jeu sur les temps verbaux, le présent permettant à l’auteur/narrateur de
présenter l’histoire mais aussi de donner son avis sur les mœurs de l’époque, notamment la chevalerie
et ses codes. Ici, les valeurs de la chevalerie sont présentées par la rencontre de deux personnages
opposés : le preux chevalier Calogrenant et le félon, Ké.

JE M’EXERCE

D. Dictée
Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de cette dictée.

1- Écoute une première fois attentivement la lecture du texte ci-dessous à la piste 33 de ton CD.

2- Écoute une deuxième fois le texte puis complète-le avec les mots manquants. Fais bien attention
à l’orthographe de chaque mot.

« La reine et le roi .......................................... les chevaliers à narrer leurs ............................................ . L’air était
doux, l’été se terminait à la cour du roi Arthur. Gauvain, qui était ............................................
et ....................................................... ne parlait pas souvent. Mais, ce jour-là, il décida de prendre la parole et de
conter son aventure récente. Alors qu’il ....................................................... le long d’une falaise
....................................................... il avait entendu des cris. N’écoutant que son courage, il avait mis pied à terre
et s’était approché. Un jouvenceau s’accrochait à une branche prête à se briser.

16  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Gringalet, le fidèle ....................................................... de Gauvain vint alors à la rescousse sans que ce dernier
n’ait à demander son aide. Il s’appuya fermement sur ses pattes et tira le jeune damoiseau auquel Gauvain
avaient lancé une corde.

Épuisé mais en vie, Enguerrand, c’était son nom, conta sa mésaventure. Il s’était aventuré trop
près du bord pour cueillir des mûres. Il fit ....................................................... accolades à
Gauvain qui ....................................................... son chemin heureux d’avoir pu, grâce à son
....................................................... cheval, sauver une vie. »

E. Expression écrite
Pour conclure cette séance, tu vas imaginer et rédiger un texte narratif en
t’inspirant du texte de la dictée précédente.
Lis attentivement l’extrait suivant qui te servira de point de départ :
« Calogrenant, dit la reine, que ne vous chaillent les méchantes paroles de
messire Ké le sénéchal ! Il a coutume de dire du mal et ne peut s’en corriger. N’en
ayez nul ressentiment et contez-nous chose si plaisante à entendre. Je vous le
demande. Je vous en prie. Si vous voulez garder mon amitié, commencez le conte
derechef ! »
Calogrenant a vécu une aventure, comme celle vécue par Gauvain, dans le
texte de la dictée médiévale. Imagine, en dix lignes minimum, l’aventure
que Calogrenant raconte à l’assemblée.
Réalise d’abord cet exercice au brouillon. Relis-toi et vérifie que tu as
respecté toutes les consignes du tableau :

Je vérifie que…
1- J’ai rédigé un texte narratif décrivant l’aventure de Calogrenant.
2- J’ai utilisé le champ lexical du Moyen Âge pour créer un contexte médiéval et décrire les actions qu’un
chevalier pourrait accomplir.
3- J’ai respecté le contexte donné par l’incipit de départ.
4- J’ai articulé les éléments de mon histoire à l’aide de marqueurs temporels et logiques.
5- J’ai fait attention à l’orthographe (j’ai relu plusieurs fois mon brouillon en prenant soin de vérifier que j’ai
employé le bon homophone, que j’ai fait les accords du sujet avec le verbe, etc.).
6- J’ai fait attention à la qualité de mon expression et de ma syntaxe (les phrases sont ponctuées, les majuscules
placées, etc.).

Si toutes les consignes ont bien été respectées, recopie ton récit sur ton cahier. Consulte ensuite le corrigé afin de
lire un exemple de ce qu’il était possible de rédiger.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  17


Séance 3
Vivre avec les chevaliers : la scène de combat,
un motif ­récurrent

OBJECTIFS DE LA SÉANCE

Ÿ Découvrir la scène du combat en littérature


Ÿ R
éinvestir les notions d’héroïsme et utiliser le lexique
spécifique qui lui correspond
Ÿ Rédiger une définition des valeurs chevaleresques
Ÿ Se repérer dans la phrase

Dans la séance précédente, tu es entré dans l’univers médiéval avec Chrétien de Troyes ; tu vas poursuivre ton
voyage littéraire avec un motif récurrent (qui revient régulièrement) de la société médiévale : le combat des héros
chevaleresques.
Tu vas découvrir une scène de combat dans deux extraits de Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion.

JE DÉCOUVRE

Avant de commencer, prends ton cahier et écris le numéro et le titre de la séance.


Lis ensuite attentivement les deux textes qui suivent.
Texte 1 : Yvain affronte un chevalier
Yvain se repose non loin de la fontaine merveilleuse, située dans la forêt de Brocéliande, et profite du doux chant des
oiseaux. Mais soudain, arrive un chevalier « plus brûlant de colère qu’une braise »…
À peine se furent-ils aperçus qu’ils s’élancèrent l’un contre l’autre et laissèrent paraître la haine mortelle qu’ils
se portaient. Chacun avait une lance rigide et solide ; ils échangèrent de si grands coups que les deux écus qui
pendaient à leurs cous sont percés et les hauberts1 démaillés ; les lances se fendent et éclatent et les tronçons2
en volent en l’air. Ils s’attaquent alors à l’épée ; à grands coups, ils tranchent les courroies des écus, ils brisent
les écus, taillant de tous côtés si bien que les morceaux en pendent et qu’ils ne peuvent plus s’en couvrir pour se
défendre. Ils les ont si bien tailladés que les épées étincelantes ont accès libre aux flancs3, aux bras, aux hanches.
Ils se mesurent avec rage et ne cèdent pas un pouce de terrain, on aurait dit deux rocs ; jamais on ne vit deux
chevaliers plus désireux de hâter leur mort. Ils évitent de gaspiller leurs coups et les ajustent du mieux qu’ils
peuvent ; les heaumes4 se cabossent et se plient, les mailles des hauberts volent, ils font couler beaucoup de sang ;
leurs hauberts en sont tout chauds et ne valent guère mieux qu’un froc5 de moine pour l’un comme pour l’autre. De
la pointe de l’épée, ils se frappent en plein visage ; il est extraordinaire que puisse se prolonger un combat d’une
telle violence. Mais tous deux sont si déterminés, qu’à aucun prix l’un ne céderait à l’autre un pied de terrain avant
de le blesser à mort. Signe de leur haute valeur : jamais ils ne frappèrent ni ne blessèrent les chevaux ; ils ne le
voulaient ni ne le daignaient. Ils restèrent constamment à cheval et ne mirent jamais pied à terre : le combat en fut
d’une plus grande beauté.

18  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Finalement, monseigneur Yvain brisa le heaume du chevalier qui resta hébété et étourdi du coup ; son trouble
fut profond, car jamais il n’avait essuyé de coup aussi terrible ; sous la coiffe, Yvain lui avait fendu la tête jusqu’à la
cervelle, si bien que la maille du blanc haubert était maculée de cervelle et de sang. Le chevalier en ressentit une
telle douleur, que le cœur fut bien près de lui manquer.
S’il prit la fuite, il n’eut point tort ; car il se sentait blessé à mort ; se défendre ne lui aurait été d’aucun secours.
Il prit donc la fuite aussitôt qu’il en prit conscience, et se précipita vers son château […].
Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion, traduction de Michel Rousse,
Flammarion, Étonnants classiques, 1997.
Notes :
1. hauberts : longues cottes de mailles.
2. tronçons : morceaux.
3. flancs : côtés.
4. heaumes : casques enveloppant toute la tête et le visage.
5. froc : pantalon, pièce de tissu.

Texte 2 : Yvain défend le lion


Monseigneur Yvain cheminait1, absorbé dans ses pensées, dans une forêt profonde, lorsqu’il entendit, au cœur
du bois, un cri de douleur perçant. Il se dirigea alors vers l’endroit d’où venait le cri et, quand il y fut parvenu, il vit,
dans une clairière, un lion aux prises avec un serpent qui le tenait par la queue et qui lui brûlait les flancs comme
une flamme ardente. Monseigneur Yvain ne s’attarda guère à regarder ce spectacle extraordinaire. En son for
intérieur2, il se demanda lequel des deux il aiderait, et décida de se porter au secours du lion, car on ne peut que
chercher à nuire à un être venimeux et perfide3. Or le serpent est venimeux, et sa bouche lance des flammes tant il
est plein de malignité4. C’est pourquoi monseigneur Yvain décida de s’attaquer à lui en premier et de le tuer.
Il tire son épée et s’avance, l’écu5 devant son visage pour se protéger des flammes qu’il rejetait par la gueule,
une gueule plus large qu’une marmite. Si ensuite le lion l’attaque, il ne se dérobera pas. Mais quelles qu’en soient
les conséquences, il veut d’abord lui venir en aide. Il y est engagé par Pitié qui le prie de porter secours à la noble
bête. Avec son épée affilée6, il se porte à l’attaque du serpent maléfique ; il le tranche jusqu’en terre et le coupe en
deux moitiés. Il frappe tant et plus, et s’acharne tellement qu’il le découpe et le met en pièces. Mais il fut obligé de
couper un bout de la queue du lion parce que la tête du serpent perfide y était accrochée. Il en trancha donc ce qu’il
fallut : il lui était impossible d’en prendre moins.
Quand il eut délivré le lion, il pensa que celui-ci viendrait l’assaillir et qu’il allait devoir le combattre. Mais ce
ne fut pas dans les intentions de l’animal. Écoutez ce que fit alors le lion, comme il se conduisit avec noblesse et
générosité. Il commença par montrer qu’il se rendait à lui, il tendait vers lui ses pattes jointes, et inclinait à terre
son visage. Il se dressait sur ses pattes arrière, et s’agenouillait ensuite, tout en baignant humblement sa face de
larmes. Monseigneur Yvain n’eut pas de doute et comprit que le lion lui manifestait sa reconnaissance et s’humiliait
devant lui pour le remercier d’avoir tué le serpent et de l’avoir sauvé de la mort.
Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion, traduction de Michel Rousse,
Flammarion, Étonnants classiques, 1997.
Notes :
1. cheminait : marchait.
2. en son for intérieur : dans ses pensées.
3. perfide : sournois, déloyal, venimeux, fourbe.
4. malignité : disposition à faire du mal à autrui, à en penser, à en dire du mal…
5. écu : bouclier.
6. affilée : affûtée, acérée.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  19


JE M’EXERCE

A. As-tu compris ?
Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive des exercices qui suivent.

1- Pour vérifier que tu as bien compris les extraits que tu viens de lire, lis les énoncés suivants et coche s’ils sont
justes ou erronés.

Texte 1 : Yvain affronte un Chevalier

Vrai Faux
Yvain affronte Ké.
Le chevalier ne veut pas combattre.
Ils possèdent tous les deux une lance.
Il s’agit d’un tournoi.
Yvain est vaincu.
Ils s’attaquent à la lance.
L’affrontement ne dure pas longtemps.
Yvain fend le heaume du chevalier.
Ils portent tous les deux des écus.
Le chevalier meurt sous les coups d’Yvain.

2- Lis les énoncés suivants et coche s’ils sont justes ou erronés. Attention, ceux-ci portent sur le texte 2.

Texte 2 : Yvain défend le lion

Vrai Faux
Yvain est pensif.
Il chemine le long de la mer.
Il aperçoit un dragon et un lion.
Il fuit en courant.
Il pense que le lion va l’attaquer.
La gueule du serpent est plus large qu’une bassine.
Il choisit de défendre le serpent.
Il finit vaincu par le lion.
Il coupe le serpent en multiples morceaux.
Le lion le suit et le remercie.

20  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


B. Repérer les constantes du combat de chevalerie
Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de la question 2- a) et b).

1- Dans le texte 1, surligne les termes qui désignent les éléments du costume des combattants ainsi que les
armes qu’ils utilisent.
2- a)  Dans le premier paragraphe, surligne au moins dix verbes de mouvement conjugués. Qu’expriment-ils ?
b)  Quel effet l’accumulation de ces verbes crée-t-elle ?
c)  Quels adjectifs qualificatifs utiliserais-tu pour caractériser la scène ?

C. Les valeurs du chevalier


Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive des questions 2 et 3.

Réponds aux questions suivantes sur ton cahier en t’appuyant uniquement sur le texte 2.
1- Quel événement fait sortir Yvain de ses pensées ?

2- Quels paragraphes témoignent de l’attitude courageuse d’Yvain ?

3- a)  Coche les adjectifs qualificatifs qui caractérisent l’attitude d’Yvain dans ce passage.

o audacieux o vaillant o téméraire ¨ lâche


o hardi o fort o courageux
b)  Quelle action le prouve ?
4- Quel élément détermine Yvain à porter secours au lion ?
5- a)  De quelle manière le serpent est-il présenté ?
b)  À quel passage de la Genèse cela te fait-il penser ?

D. Les motivations du combat


1- Dans le texte 1, pourquoi et contre qui combat Yvain ?
2- Dans le texte 2, contre qui Yvain combat-il ?
3- Comment nomme-t-on le registre littéraire où apparaissent des animaux qui n’existent pas dans la réalité ?
4- Quelles similitudes présente Yvain avec les héros que tu as étudiés dans l’unité 3 ?

JE FAIS LE BILAN

La valeur du chevalier
Un combat de chevaliers respecte un code vestimentaire précis. Le haubert, le heaume et l’écu ainsi
que le cheval pour le premier texte sont des constantes. Le chevalier se bat à l’aide d’une lance et
d’une épée.
La valeur d’un chevalier repose sur sa force, son courage et sa férocité tout comme celles du héros
épique ou encore du super-héros.
Les deux scènes insistent sur la violence des actions et sur le sang répandu. Le chevalier est un héros
parce qu’il se distingue par ses actions valeureuses. Le combat peut être l’occasion de régler des
comptes entre les hommes, mais il est aussi un moyen de se distinguer des autres chevaliers lorsqu’il
s’agit de combattre des bêtes monstrueuses.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  21


JE M’EXERCE

E. Expression écrite
Dans cette séance, tu as pu constater qu’un chevalier doit respecter un code
très précis.
En t’appuyant sur les éléments que tu as appris durant cette séance, rédige un
court texte expliquant ce que sont les valeurs chevaleresques.
Emploie le vocabulaire de la chevalerie. Rédige un récit de cinq lignes au
présent de l’indicatif.
Réalise d’abord cet exercice au brouillon. Relis-toi et vérifie que tu as respecté
toutes les consignes du tableau suivant.

Je vérifie que…
1- Le texte que j’ai rédigé explique ce que sont les valeurs chevaleresques.
2- J’ai rédigé mon texte au présent de l’indicatif.
3- J’ai fait attention à l’orthographe (j’ai relu plusieurs fois mon brouillon en prenant soin de vérifier que j’ai
employé le bon homophone, que j’ai fait les accords du sujet avec le verbe, etc.).
4- J’ai fait attention à la qualité de mon expression et de ma syntaxe (les phrases sont ponctuées, les majuscules
placées, etc.).

Si toutes les consignes ont bien été respectées, recopie ton récit sur ton cahier. Consulte ensuite le corrigé afin de
lire un exemple de ce qu’il était possible de rédiger.

J’APPRENDS

La phrase et ses constituants


Rappel : Une phrase est un groupe de mots organisé autour d’un verbe conjugué ou non. Elle commence par
une majuscule et se termine par un point à l’écrit. Elle doit avoir un sens.

Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive des questions 1, 2, 4 et 5.

1- Lis attentivement les phrases ci-dessous.


a)  Ce matin-là, Messire Yvain cheminait dans la forêt profonde.
b)  Calogrenant affronte ses ennemis pendant très longtemps.
c)  Malgré sa force et son courage, le preux chevalier s’écroule.
d) Le lendemain, avec courage, Yvain combattit les monstres jusqu’à
la nuit.
2- Dans ces phrases, surligne le verbe et souligne son sujet.
3- Encadre les groupes de mots que tu peux éventuellement enlever dans
chaque phrase tout en respectant la définition d’une phrase.
4- Dans chaque phrase, essaie maintenant de déplacer les groupes de mots que
tu as encadrés.
5- Est-ce possible de les déplacer tout en conservant le sens de la phrase ?
o Oui, il est possible de déplacer ces groupes de mots dans la phrase tout en conservant le sens.
o Non, il est impossible de déplacer ces groupes de mots dans la phrase tout en conservant le sens.

22  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


6- Sur ton cahier, réécris les phrases obtenues en enlevant les groupes de mots que tu avais encadrés.
7- Quelles remarques peux-tu faire sur les phrases ainsi obtenues ?

JE RETIENS

La phrase verbale (ou phrase de base) et ses constituants


La phrase comporte deux éléments obligatoires : le groupe sujet et le groupe verbal.
Les groupes qui sont déplaçables et supprimables ne sont pas essentiels à la grammaticalité de la
phrase, ils apportent des éléments d’information non essentiels.

JE M’EXERCE

Exercice 1

Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de cet exercice.

1- Lis attentivement les phrases ci-dessous.


a) Ce soir-là, malgré la douceur du temps, Colombe peina à trouver
le sommeil.
b)  Ombeline parcourait les prés.
c)  Tristan et Yseut s’aiment, depuis la nuit des temps.
d)  Roland le chevalier fut vaincu.
e) En rentrant des tournois, l’été, les chevaliers s’allongent dans l’herbe.
2- Dans ces phrases, encadre les groupes de mots non essentiels.

Exercice 2
1- Construis trois phrases sur ton cahier à l’aide des groupes qui te sont proposés ci-dessous. Tu dois tous les
utiliser.
demain / après la pluie / pour manger / afin d’obtenir satisfaction / en partant de bon matin
2- Construis maintenant une seule phrase avec TOUS les groupes qui te sont proposés.

JE RETIENS

Les éléments non essentiels de la phrase


En utilisant les critères de déplacement et de suppression, tu pourras donc repérer les éléments non
essentiels dans une phrase.
De cette manière, lorsque tu écris, tu sauras comment organiser tes phrases et comment les enrichir
pour donner, par exemple, les informations circonstancielles, de lieu, de temps ou encore de manière.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  23


Séance 4
Du héros littéraire au héros historique : La Chanson de Roland

OBJECTIFS DE LA SÉANCE

Ÿ  Découvrir une chanson de geste


Ÿ Réinvestir les notions d’héroïsme et
utiliser le lexique spécifique qui lui corres-
pond
Ÿ Travailler le lexique : étudier le mot
« courage »

Tu vas maintenant poursuivre ton voyage littéraire en découvrant un héros historique de notre patrimoine : Roland.
Tu vas également découvrir la chanson de geste, une particularité du Moyen Âge.

JE DÉCOUVRE

Prends ton cahier et écris le numéro et le titre de la séance.


La Chanson de Roland est un poème épique écrit au XIe
siècle dont l’auteur reste inconnu à ce jour. Ce poème
relate, de manière légendaire, le combat fatal du chevalier
Roland contre une armée vasconne, qui se serait déroulé à
Roncevaux.
Avant de découvrir un extrait de La Chanson de Roland,
lis le résumé suivant évoquant le contexte historique du
poème.
En 778, Charlemagne faisait la guerre en Espagne
depuis sept ans. Selon la légende, lors de son retour en
France, il fut trahi par un de ses barons : Ganelon. Le traître
le convainquit de placer Roland à la tête de l’arrière-garde
au col de Roncevaux. Celle-ci se trouva isolée du reste de
l’armée et fut attaquée par les Vascons.
Le poème raconte que onze autres barons se joignirent
à Roland, et se choisirent seulement 20 000 chevaliers pour
s’opposer aux 100 000 Vascons. Pendant la bataille, Olivier,
son meilleur ami, tenta de convaincre Roland d’appeler
Charlemagne à la rescousse, mais il refusa, par orgueil. Le
combat fut fatal pour tous les Vascons et tous les Français.
Roland mourut le dernier, juste avant l’arrivée de Charlemagne.

24  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Je découvre le texte
Lis attentivement le texte suivant extrait de La Chanson de Roland. Tu disposes du texte original écrit en ancien
français à gauche et du texte traduit à droite.

Tu peux également écouter la version audio du texte traduit à la piste 34 de ton CD ou sur ton espace
inscrit.

104 104
La bataille est merveilleuse e cumune. La bataille fait rage et devient générale.
Li quens Rollant mie ne s’asoüret, Le comte Roland ne fuit pas le danger.
Fiert de l’espiet tant cume hanste li duret, Il frappe de l’épieu tant que résiste la hampe1 ;
A .XV. colps l’ad fraite e perdue ; après quinze coups il l’a brisée et détruite
Trait Durendal, sa bone espee, nue, Il dégaine Durendal, sa bonne épée,
Sun cheval brochet, si vait ferir Chernuble : il éperonne son cheval et va frapper Chernuble,
L’elme li freint ù li carbuncle luisent, il lui brise le casque où brillent des escarboucles2,
Trenchet le cors e la cheveleüre, lui tranche la tête et la chevelure,
Si li trenchat les oilz e la faiture, lui tranche les yeux et le visage,
Le blanc osberc, dunt la maile est menue et la cuirasse blanche aux fines mailles,
E tut le cors tresqu’en la furcheüre. et tout le corps jusqu’à l’enfourchure3.
Enz en la sele, ki est a or batue. À travers la selle plaquée d’or,
El’ cheval est l’espee aresteüe, l’épée atteint le corps du cheval,
Trenchet l’eschine, hunc n’i out quis juinture, lui tranche l’échine sans chercher la jointure,
Tut abat mort el pret sur l’erbe drue. et il l’abat raide mort dans le pré sur l’herbe drue.
Après li dist : « Culvert, mar i moüstes ! Puis il lui dit : « Canaille, pour votre malheur vous êtes
De Mahumet ja n’i avrez aiude. venu ici !
Par tel glutun n’ert bataille hoi vencue ». [...] De Mahomet vous n’aurez jamais d’aide.
Un truand comme vous ne gagnera pas aujourd’hui la
bataille. » [...]

106 106
E Olivers chevalchet par l’estur. Et Olivier chevauche parmi la mêlée
Sa hanste est fraite, n’en ad que un trunçun ; de sa lance brisée, il n’a plus qu’un tronçon.
E vait ferir un païen, Malsarun. Il va frapper un païen4, Malsaron,
L’escut li freint ki est ad or e à flurs, lui brise son bouclier couvert d’or et de fleurs,
Fors de la teste li met les oilz ambsdous, lui fait de la tête sauter les deux yeux
E la cervele li chet as piez desuz : et la cervelle lui tombe jusqu’aux pieds.
Mort le tresturnet od tut .vii. c. des lur. Il l’abat mort avec sept cents des leurs.
Puis, ad ocis Turgin e Esturgus ; Puis il a tué Turgis et Esturgot.
La hanste briset e esclicet jusqu’as puigns. Sa lance se brise et se fend jusqu’aux poings.
Ço dist Rollanz : « Cumpainz, que faites vus ? Roland lui dit : « Compagnon, que faites-vous ?
« En tel bataille n’ai cure de bastun ; Dans une telle bataille, je ne veux pas d’un bâton ;
« Fers e acers i deit aveir valur. le fer et l’acier doivent prévaloir.
« U est vostre espée ki Halteclere ad num ? Où est donc votre épée qui se nomme Hauteclaire ?
« D’or est li helz e de cristal li punz. La poignée en est d’or, le pommeau de cristal.
« — Ne la puis traire, Olivers li respunt, – Je n’ai pu la tirer, lui répond Olivier,
« Kar de ferir oi jo si grant bosuign. » car, à frapper, j’avais tant de besogne ! »

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  25


107 107
Danz Olivers trait ad sa bone espée Sire Olivier a tiré sa bonne épée
Que sis cumpainz li ad tant demandée, que son compagnon Roland lui a tant demandée,
E il li ad cum chevalers mustrée. et il l’a brandie en vrai chevalier.
Fiert un païen, Justin de Val-Ferrée ; Il frappe un païen, Justin de Valferrée,
Tute la teste li ad par mi severée, il lui partage en deux toute la tête,
Trenchet le cors e la bronie safrée, il lui tranche le corps et la brogne safrée5,
La bone sele ki ad or est gemmée, la bonne selle aux gemmes6 serties d’or,
E à l’ cheval ad l’eschine trenchée : et du cheval il a tranché l’échine7.
Tut abat mort devant lui en la prée. Il les abat morts devant lui dans le pré.
Ço dist Rollanz : « Or vos receif jo frere. Roland lui dit : « Je vous reconnais, frère.
« Pur itels colps nus aimet li Emperere. » Pour de tels coups l’empereur nous aime. »
De tutes parz est Munjoie escriée. De toutes parts, on a crié « Monjoie8 ».

La Chanson de Roland (XIe siècle) La Chanson de Roland (XIe siècle), traduction de Jean
Dufournet, Flammarion, Paris, 1993

Notes :
1. hampe : long manche généralement en bois.
2. escarboucles : pierres précieuses comportant une variété de grenat rouge foncé brillant d’un vif éclat.
3. enfourchure : entrejambe.
4. païen : personne qui pratique une religion polythéiste et par extension, personne qui adore de faux dieux selon les chrétiens.
5. brogne safrée : cotte de mailles de couleur bleu saphir.
6. gemmes : pierres précieuses.
7. échine : colonne vertébrale, épine dorsale.
8. Monjoie : ou Montjoie, cri de guerre autrefois utilisé par les Français dans les batailles.

JE M’EXERCE

A. Histoire de la langue : l’ancien français



Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de la
question 2.

1- Les deux textes sont-ils très proches ? Justifie ta réponse.


2- Surligne dans la première partie du texte original
les termes qui s’approchent le plus de la langue d’aujourd’hui.
3- Pourrais-tu comprendre le texte sans la traduction ? Pourquoi ?

B. Les caractéristiques du genre


1- Quelles remarques peux-tu faire sur la disposition du texte ?
2- a) La Chanson de Roland est ce qu’on appelle une chanson de geste. Cherche le sens de cette expression dans
ton dictionnaire.
b) Cherche le terme par lequel on nomme les différentes parties d’une chanson de geste.
3- Relis le texte en entier. Que décrit-il ?
4- Surligne le nom des personnages de la scène. Qui sont-ils ?
5- Cherche sur Internet des éléments sur ce fameux épisode décrit ici : la bataille de Roncevaux.

26  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


JE RETIENS

La chanson de geste
La chanson de geste est un récit en vers qui met en scène des faits et des exploits historiques, et qui
était destiné à être chantée. Elle est constituée d’une succession de strophes de longueur inégale
­appelées laisses.
Ce genre littéraire est typiquement médiéval. Il a pour but d’exalter des héros qui ont marqué
­l’histoire et de mettre en lumière la valeur militaire par la représentation des prouesses physiques
et la vaillance au combat.
L’histoire y est sublimée par la légende et le merveilleux. Les combats, parfois contre des monstres, des
bêtes fabuleuses et des forces maléfiques, mettent en valeur les chevaliers, symboles du bien. Les qua-
lités du héros sont ainsi magnifiées et opposées régulièrement à celles d’un ennemi félon et traître.
La bataille de Roncevaux fut notamment rendue célèbre grâce à cette chanson.

JE M’EXERCE

C. Les éléments de la scène de combat



Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive
de la question 2.
1- Surligne dans le texte les éléments qui témoignent
de la scène de combat.
2- a) Quels champs lexicaux dominent ?
b) De quoi sont-ils l’expression ?
3- a) Quelle « laisse » en particulier témoigne
de l’héroïsme de la scène ?
b) Comment appelle-t-on ce registre ?
4- À quels éléments peux-tu reconnaitre le héros de la bataille
dans cette scène ?

JE FAIS LE BILAN

Le héros médiéval : héros historique ?


Comme tu l’as appris, la notion de héros a évolué depuis l’Antiquité, du demi-dieu, au personnage du
chevalier qui se distingue par ses faits glorieux. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant :
méprisant la fatigue, la peur, le danger, il est irrémédiablement fidèle à son seigneur. Le preux cheva-
lier est un modèle de toutes les vertus et le sens de l’honneur lui importe autant que sa vie.
Ainsi, tu as pu constater dans cette séance, que la légende historique crée aussi ses héros. Roland fait
partie de notre patrimoine héroïque national.

J’APPRENDS

Pleins feux sur le mot « courage »



 ormis la question 3, tu peux retrouver sur ton espace inscrit la version
H
numérique de l’ensemble des questions.
L’étymologie du mot « courage »
Le mot « courage » vient du latin cor, cordis signifiant « cœur ».
Les définitions :
a) L’ensemble des passions qu’on rapporte au cœur.
b) Fermeté qui fait supporter ou braver le péril, la souffrance…
c) Homme de courage. Homme honnête, fidèle à son cœur, à sa morale dans ses actes : homme de cœur.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  27


1- Sur ton cahier, écris cinq mots de la même famille que « courage ».
2- Complète ensuite le tableau ci-dessous.

Synonymes du nom « courage » Adjectifs issus des noms synonymes Antonymes du nom « courage »
- - -
- - -
- - -
3- Le nom « courage » est l’évolution populaire de la racine latine cord- qui signifie « cœur ». Trouve et écris

quatre mots issus de la racine latine : .......................................................................................................


Comme tu peux le constater, les mots peuvent évoluer au niveau de la forme et du sens, et ce de façon
surprenante. Le cœur, considéré comme le centre des émotions de l’homme est à l’origine de nombreuses
familles de mots.
4- Retrouve et coche à quels adjectifs qualificatifs appartiennent les définitions suivantes.

Brave Courageux Hardi Intrépide Téméraire


Qui manifeste une hardiesse excessive
devant le danger.
Qui est prêt à affronter les dangers.
Qui ne tremble pas devant le danger
et l’affronte sans crainte.
Qui agit sans tenir compte des risques,
avec assurance.
Qui demeure déterminé et ferme face au
danger.
5- Dans les phrases suivantes, chaque adjectif qualificatif en gras est employé deux fois avec un sens différent.
Retrouve ces deux sens en donnant un synonyme de chaque adjectif qualificatif parmi ceux proposés ci-dessous :
honnête – braves – osé – courageux – intrépide – solide
Il présentait au monde sa brave figure d’ouvrier travailleur.

àà .....................................................................................................................................................................
Notre blessé est aujourd’hui rétabli, mais pas encore bien vaillant.

àà .....................................................................................................................................................................
« Marat était audacieux, mais nullement brave. » (Michelet)

àà .....................................................................................................................................................................
Ne trouvez-vous pas ce terme un peu hardi ?

àà .....................................................................................................................................................................
Les chevaliers furent vaillants.

àà .....................................................................................................................................................................
Yvain était un chevalier hardi.

àà .....................................................................................................................................................................

28  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Séance 5
J’évalue ce que j’ai appris

Tu vas tester tes connaissances et mettre en pratique tes compétences.


Réalise les deux parties de l’évaluation puis vérifie la correction. Complète ensuite le tableau d’autoévaluation.

JE DÉCOUVRE

Avant de commencer, prends ton cahier et écris le numéro et le titre de la séance.

Lis attentivement le texte suivant à deux reprises. Tu peux également écouter la version audio à la piste
35 de ton CD.
Méléagant, battu à deux reprises par Lancelot qui lui a cependant laissé la vie sauve, a emprisonné ce dernier. Mais
Lancelot parvient à s’échapper et s’apprête à affronter une dernière fois son ennemi juré. C’est donc d’un combat à mort
qu’il va s’agir cette fois-ci…
Lancelot fond sur Méléagant avec une fureur bien digne de sa haine. Avant de l’attaquer, il lui crie cependant
d’une voix menaçante :
— Venez par là : je vous fais un défi et tenez pour certain que je ne voudrai pas vous épargner.
Il éperonne alors son destrier et retourne en arrière à une portée d’arc pour prendre un peu de champ1. Puis les
deux combattants se précipitent l’un sur l’autre au plus grand galop des chevaux. De leurs lances bientôt ils ont
heurté si fort leurs solides écus qu’ils les ont transpercés. […] Étriers2, sangle, courroies, rien ne put empêcher
leur chute : il leur fallut vider leur selle et par-dessus les croupes des chevaux tomber sur le sol nu. Les coursiers
fous de peur errent de tous côtés ; en ruant, en mordant, ils voudraient eux aussi s’entre-tuer.
Les chevaliers jetés à bas se sont bien vite relevés d’un bond. Ils tirent leurs épées où des devises sont gravées.
L’écu à la hauteur de leur visage, ils pensent désormais au moyen le meilleur de se faire du mal avec l’acier
tranchant. Lancelot n’avait pas la moindre crainte : il s’entendait deux fois plus que Méléagant à jouer de l’épée, car
il avait appris cet art dans son enfance.
Ils frappent tous les deux si bien sur leurs écus et sur leurs heaumes lamés d’or que les voilà fendus et
bosselés. Mais Lancelot de plus en plus presse Méléagant : d’un coup puissant il tranche le bras droit pourtant
bardé de fer que l’imprudent aventurait à découvert par-devant son écu. En se sentant si malmené, Méléagant […]
est presque insensé de rage et de douleur.
Il s’estime bien peu, s’il n’a recours à quelque fourberie. Il fond sur l’adversaire en comptant le surprendre. Mais
Lancelot se donne garde : avec sa bonne épée, […] il le frappe en effet au nasal3 qu’il lui enfonce dans la bouche en
lui brisant trois dents. Dans sa souffrance et sa fureur Méléagant ne peut dire un seul mot. Il ne daigne non plus
implorer la pitié, attendu que son cœur, en mauvais conseiller, l’enferme dans les rets4 de son aveugle orgueil. Son
vainqueur vient sur lui : il délace son heaume et lui tranche la tête. Méléagant ne jouera plus de mauvais tour à
Lancelot : le voilà tombé mort.
Chrétien de Troyes (v. 1135 - v. 1185), Le Chevalier de la charrette, trad. J. Frappier, éd. Champion, 1982.
Notes :
1. prendre du champ : prendre de l’élan.
2. étriers : anneau sur lequel le chevalier appuie le pied, lorsqu’il est en selle.
3. nasal : partie du heaume qui protège le nez.
4. rets : filet pour capturer des animaux ; ici, au sens figuré : Méléagant est pris au piège de son orgueil.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  29


JE M’EXERCE

I. Étude de texte
1- Comment se prénomment les personnages de l’histoire ?

2- Surligne les différentes armes du chevalier.

3- Pour quelle raison les deux chevaliers se battent-ils selon toi ? Utilise le paratexte pour t’aider à répondre.

4- Comment sont présentés ces deux personnages ?

5- Quelles sont les valeurs que le chevalier doit respecter et mettre en pratique ?

6- Qui, dans cette scène peut être qualifié de chevalier ? Justifie ta réponse.

7- Qu’est-ce qu’un « destrier » ? Donne un synonyme.

II. Étude de la langue


8- En t’appuyant sur l’exemple donné, complète le tableau en retrouvant les mots de la famille demandée.

Nom Verbe
Cercle ex : Encercler
éperon
Bosse
Crainte

9- Lis attentivement les phrases ci-dessous. Dans chacune, surligne les verbes et souligne leur sujet.

a) Depuis le matin, sous un soleil écrasant, Lancelot souffre le martyre.

b) La reine Guenièvre mange, avec plaisir, les fruits cueillis par ses serviteurs.

c) Le roi Arthur se lève.

d) M
 algré la pluie battante, pour tenir le rythme, les chevaliers galopent avec rapidité, depuis plus de
dix heures.

10- Dans ces mêmes phrases, encadre les groupes de mots que tu peux supprimer et déplacer sans changer le
sens.

11- Comment appelle-t-on ces groupes ?

12- À quoi servent-ils ?

30  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


III. Je m’évalue
Après avoir vérifié la correction, complète le tableau suivant.
Pour chaque question, mets une croix dans la case rouge si tu as très bien réussi, dans la case bleue si tu as un
peu réussi, et dans la case verte si tu n’as pas réussi.

J’ai très bien réussi. J’ai presque réussi. Je n’ai pas réussi.
Question 1
J’identifie les personnages d’un récit.
Questions 2, 3, 4 et 5
Je restitue les aspects essentiels du
genre.
Question 6
Je repère et analyse des éléments
précis dans un texte.
Question 7
Je m’appuie sur le contexte pour
trouver le sens d’un mot.
Question 8
Je trouve les mots de la même famille.
Questions 9, 10, 11 et 12
Je repère les constituants essentiels et
non essentiels dans la phrase simple.
Nombre de cases cochées :

J’ai plus de croix dans la colonne rouge.


Bravo ! Tu as bien réussi.
J’ai plus de croix dans la colonne bleue.
Tu dois approfondir ton travail. Fais-toi aider d’un adulte, ou contacte le tuteur.
J’ai plus de croix dans la colonne verte.
Tu dois contacter le tuteur.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  31


Séance 6
Étudier le cadre romanesque propice à l’expression héroïque 

OBJECTIFS DE LA SÉANCE

Ÿ Analyser les éléments qui construisent l’espace


romanesque : le discours descriptif
Ÿ Étudier les caractéristiques du discours descriptif :
paysage et portrait
Ÿ  Découvrir les marqueurs du texte descriptif
Ÿ  Étudier la construction des mots : la dérivation

À partir de la description d’un château fort et d’une scène d’adoubement, tu vas étudier comment l’écrivain
construit l’univers « héroïque » médiéval.

JE DÉCOUVRE

Avant de commencer, prends ton cahier et écris le numéro et le titre de la séance.


Lis attentivement le texte suivant. Il est extrait de La Légende de Saint Julien l’Hospitalier de Gustave Flaubert
(1821-1880).
Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d’une colline.
Les quatre tours aux angles avaient des toits pointus recouverts d’écailles de plomb, et la base des murs
s’appuyait sur les quartiers de rocs, qui dévalaient abruptement jusqu’au fond des douves. Les pavés de la
cour étaient nets comme le dallage d’une église. De longues gouttières, figurant des dragons la gueule en bas,
crachaient l’eau des pluies vers la citerne ; et sur le bord des fenêtres, à tous les étages, dans un pot d’argile
peinte, un basilic ou un héliotrope s’épanouissait.
Une seconde enceinte, faite de pieux, comprenait d’abord un verger d’arbres à fruits, ensuite un parterre où des
combinaisons de fleurs dessinaient des chiffres, puis une treille1 avec des berceaux pour prendre le frais et un jeu
de mail2 qui servait au divertissement des pages. De l’autre côté se trouvaient le chenil, les écuries, la boulangerie,
le pressoir et les granges. Un pâturage de gazon vert se développait tout autour, enclos lui-même d’une forte haie
d’épines.
On vivait en paix depuis si longtemps que la herse ne s’abaissait plus ; les fossés étaient pleins d’herbes ; des
hirondelles faisaient leur nid dans la fente des créneaux ; et l’archer, qui tout le long du jour se promenait sur la
courtine, dès que le soleil brillait trop fort rentrait dans l’échauguette3, et s’endormait comme un moine.
Gustave Flaubert, « La Légende de Saint Julien l’Hospitalier », in Trois Contes, 1877, Folio classique.

Notes :
1. treille : berceaux de treillage soutenant des plantes grimpantes, décorant des jardins.
2. un jeu de mail : ancien jeu français qui se pratique avec un maillet en bois.
3. échauguette : guérite permettant de faire le guet souvent placée en surplomb sur une muraille fortifiée.

32  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


JE M’EXERCE

A. Un texte descriptif

Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive des questions 1 et 2.

1- Que présente le texte ?

2- À quelle époque penses-tu que ce texte fait référence ? Justifie ta


réponse.

3- Cherche dans un dictionnaire la définition des noms « héliotrope »


et « basilic ».

4- Comment le texte est-il construit ? Pour quelles raisons selon toi ?

5- Cherche l’étymologie et la signification du mot « décrire ».

6- Que peux-tu en déduire sur le type de texte que tu viens de lire ?

7- D’après ces renseignements, quelles fonctions joue la description


dans un récit ?

B. La structure du texte descriptif



Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de la question 3.

Maintenant que tu as compris la raison pour laquelle les écrivains utilisent la description, tu vas analyser sa
composition, sa structure et ses marqueurs, repérer à quels éléments textuels on la reconnait et ce qu’elle nous
apprend.
1- Quelle est la classe grammaticale des mots ou groupes de mots surlignés ci-dessous ? À quoi servent-ils ?

Les quatre tours aux angles avaient des toits pointus recouverts d’écailles de plomb, et la base des murs s’appuyait
sur les quartiers de rocs, qui dévalaient abruptement jusqu’au fond des douves. Les pavés de la cour étaient nets
comme le dallage d’une église. De longues gouttières, figurant des dragons la gueule en bas, crachaient l’eau des
pluies vers la citerne ; et sur le bord des fenêtres, à tous les étages, dans un pot d’argile peinte, un basilic ou un
héliotrope s’épanouissait.
Une seconde enceinte, faite de pieux, comprenait d’abord un verger d’arbres à fruits, ensuite un parterre où des
combinaisons de fleurs dessinaient des chiffres, puis une treille avec des berceaux pour prendre le frais et un jeu
de mail qui servait au divertissement des pages. De l’autre côté se trouvaient le chenil, les écuries, la boulangerie,
le pressoir et les granges. Un pâturage de gazon vert se développait tout autour, enclos lui-même d’une forte haie
d’épines.

2- Quelles informations et indications les mots encadrés dans ce texte apportent-ils ?

3- En t’aidant des réponses précédentes, et de celles qui te sont fournies, renseigne le tableau suivant lorsque
cela est possible à l’aide des éléments du texte.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  33


Caractéristiques (informations sur
Élément décrit Lieu /situation
la forme, la couleur, la matière…)
Au milieu des bois
Un château
Sur la pente d’une colline
Quatre tours Aux angles
Pointus
Des toits
recouverts d’écailles de plomb
La base des murs Sur les quartiers de rocs

Les pavés Nets comme le dallage d’une église


Longues
[Des] gouttières
Figurant des dragons la gueule en bas

Un basilic ou un héliotrope

Une seconde enceinte Faite de pieux

Un verger D’abord d’arbres à fruits

Un parterre
Une treille
Un jeu de mail
Le chenil, les écuries,
la boulangerie, le pressoir
et les granges
Un pâturage

C. Utiliser des outils grammaticaux pour décrire



Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive des questions 1 et 3.

1- Précise la classe grammaticale de chacun des groupes ci-dessous, que tu as relevés dans le tableau p
­ récédent.

Groupe nominal Conjonction


Adverbe
prépositionnel de coordination
« Sur le bord des fenêtres »
« Dans un pot d’argile peinte »
« Ensuite »
« Puis »
« Et »

2- À quoi ces groupes servent-ils dans un texte descriptif ?

3- Quelle est la classe grammaticale des éléments suivants ? Coche la bonne réponse.

34  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Proposition Groupe nominal Adjectif
subordonnée relative prépositionnel qualificatif
« pointus »
« où des combinaisons de fleurs dessinaient
des chiffres »
« avec des berceaux pour prendre le frais »
« qui servait au divertissement des pages »
« de gazon vert »
4- À quoi ces éléments servent-ils dans un texte descriptif ?
5- Comment les appelle-t-on ?

JE RETIENS

Les marqueurs du texte descriptif


Un récit doit être « vu » par le lecteur. Cela est rendu possible grâce à la description. Elle donne donc
des informations essentielles.
Comme tu as pu le constater, la description est organisée par des marqueurs spécifiques ; elle est donc
ordonnée. Ce sont des adverbes exprimant l’ordre (d’abord, ensuite, puis, tout autour) ou la conjonction
de coordination (et), ou encore les groupes prépositionnels (de l’autre côté, au milieu des bois, sur la
pente d’une colline, aux angles, sur les quartiers de roc, sur le bord des fenêtres, à tous les étages).
Ensuite, la description donne à voir : elle donne donc des précisions portées par les adjectifs
qualificatifs, la proposition subordonnée relative ou encore les groupes nominaux et les groupes
nominaux prépositionnels.

Pour rédiger une description, je peux donc suivre le modèle suivant :


Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des Je présente le thème
bois, sur la pente d’une colline.
Les quatre tours aux angles avaient des toits pointus recou-
verts d’écailles de plomb, et la base des murs s’appuyait sur les Je nomme les
quartiers de rocs, qui dévalaient abruptement jusqu’au fond des éléments
douves. Les pavés de la cour étaient nets comme le dallage d’une
église. De longues gouttières, figurant des dragons la gueule en
bas, ­crachaient l’eau des pluies vers la citerne ; et sur le bord des J’ordonne et je
fenêtres, à tous les étages, dans un pot d’argile peinte, un basilic ou hiérarchise
un héliotrope s’épanouissait.
Une seconde enceinte, faite de pieux, comprenait d’abord un verger
d’arbres à fruits, ensuite un parterre où des combinaisons de Je décompose
fleurs dessinaient des chiffres, puis une treille avec des berceaux Je caractérise
pour prendre le frais et un jeu de mail qui servait au divertissement
des pages. De l’autre côté se trouvaient le chenil, les écuries, la
boulangerie, le pressoir et les granges. Un pâturage de gazon
vert se développait tout autour, enclos lui-même d’une forte haie
d’épines.
On vivait en paix depuis si longtemps que la herse ne s’abaissait Je finis par une phrase
plus ; les fossés étaient pleins d’herbes ; des hirondelles faisaient de caractérisation
leur nid dans la fente des créneaux ; et l’archer, qui tout le long du générale
jour se promenait sur la courtine, dès que le soleil brillait trop fort
rentrait dans l’échauguette, et s’endormait comme un moine.

Un texte descriptif est organisé de façon précise : il nomme les éléments, il les hiérarchise,
il les décompose, il les caractérise. Dans ce texte de Flaubert, la description est encadrée par une
présentation du thème et se clôt par une phrase de caractérisation générale.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  35


JE M’EXERCE

D. Une scène médiévale


Lis attentivement le texte ci-dessous. Il est extrait du Chevalier au bouclier vert, d’Odile Weulersse.

Deux coups de trompette font vibrer l’air frais du matin. Les jongleurs,
accompagnés de leurs luths, vielles et rotes1, répondent en chantant en chœur. La
cour du château est remplie de monde : belles dames aux longues tresses et aux
vêtements de soie, chevaliers des environs dans leur plus beau manteau, enfants
qui courent et crient gaiement. Des serviteurs déroulent au milieu de la cour un
tapis.
Quand Thibaut, le premier adoubé, car le plus jeune, s’avance sur le tapis,
un silence recueilli se fait dans l’assistance. Thibaut sent la fierté inonder son
coeur. Un peu maladroitement, son père, qui lui sert de parrain, se baisse, lui
lace les chausses de fer qui enveloppent ses jambes et attache à ses pieds deux
éperons d’argent. Ensuite, il lui enfile le haubert, longue robe de mailles de fer
qui enveloppe la tête, les bras et le corps jusqu’aux chevilles. Puis il pose sur
la tête de son fils le heaume, casque de fer qui protège le crâne et le nez. Enfin,
lentement, malgré ses doigts épais et malhabiles, il noue les petits lacets de cuir
qui attachent le heaume à la cotte de mailles.
Maintenant que le garçon est préparé pour l’adoubement, le seigneur de
Montcornet s’approche. Il tient une épée au pommeau vermeil.
« Thibaut, mon neveu, je te donne l’épée que mon oncle m’a confiée, avant de
mourir en Terre sainte. Je compte sur ta vaillance pour maintenir l’honneur de
notre lignage2. Sache que cette épée a combattu fièrement les infidèles3 et qu’elle
contient dans son pommeau un morceau de la vraie Croix du Christ. Pour cette
raison, elle se nomme Santacrux. Fais-en un digne usage au service de Dieu. »
Thibaut ferme les yeux. Il sent le baudrier4 passer autour de son cou, puis
l’épée, la longue épée, qui vient battre son flanc gauche. Sa main s’empare du
pommeau et l’étreint violemment. Dorénavant, s’ouvre devant lui le chemin des
prouesses et la joie emplit son cœur. Il voudrait crier d’allégresse, lorsque le
seigneur lui dit : « Maintenant, courbe la tête, je vais te donner la colée5. »
Thibaut baisse la tête et reçoit sur la nuque un si vigoureux coup de paume qu’il
chancelle. Le seigneur l’embrasse en souriant et dit : « Tu es désormais chevalier.
Honore les chevaliers. Donne aux pauvres, aime Dieu. Que le Christ, qui fut mis en
croix, te défende contre tous ennemis. »
Odile Weulersse, Le Chevalier au bouclier vert, Hachette jeunesse, 1990.

Notes :
1. luths, vielles et rotes : instruments de musique à cordes du Moyen Âge.
2. lignage : ensemble des personnes descendant d’un même ancêtre.
3. infidèles : qui sont étrangers à la religion considérée comme vraie.
4. baudrier : bande de buffle, de cuir ou d’étoffe qui se porte en écharpe et qui sert à soutenir le
sabre ou l’épée.
5. colée : coup qui se donnait sur le cou pendant les cérémonies d’adoubement.

1- Surligne les éléments du texte qui témoignent qu’une cérémonie importante se


prépare.
2- Quels sont les personnages principaux en présence ? Que font-ils ?
3- Quel est donc le thème du texte ? À quels éléments le vois-tu ?
4- Qu’est-ce que l’adoubement ? Surligne dans le texte, les éléments qui te permettent
de le comprendre.
5- Que ressent Thibaut ? Justifie ta réponse à l’aide d’éléments du texte.
6- À quelles valeurs le seigneur fait-il appel lors de la scène ?

36  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


7- En procédant comme tu l’as appris pour le premier texte, tu vas analyser le texte descriptif :
- retrouve la structure du texte en cinq parties
- surligne les différents éléments décrits sous forme de noms ou de GN
- encadre les marqueurs spécifiques que tu as appris à repérer.

Astuce : Tu peux t’aider du « Je retiens » si besoin.

E. Une scène médiévale désorganisée



Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de cet exercice.

Voici un texte dont l’organisation a été bouleversée. Numérote de 1 à 9 les différents paragraphes pour en retrouver
l’ordre initial. Appuie-toi sur les marqueurs du texte descriptif.

1 Lorsque Enguerrand arriva devant la muraille du château, il fut impressionné par sa


monumentale herse. On le fit entrer avec beaucoup de prévenance, et on le conduisit à ses
appartements.
Tout était fait pour le repos dans ce magnifique château du Lot où Enguerrand devait être fait
chevalier par Messire Baudouin de Correzie.
7 Un pichet de vin, un pâté odorant et une miche de pain attendaient Enguerrand.
La chambre, tapissée de tentures de velours rouge profond invitait au repos et à la paresse.
A droite de la porte, un vaste meuble pouvait accueillir des vêtements en quantité ; de
remarquables chandeliers encadraient le lit, majestueux, qui trônait au milieu de la vaste
pièce.
De l’autre côté du lit, une cheminée de pierres blanches réchauffait l’atmosphère.
Deux fauteuils et une petite table de bois précieux, étaient disposés devant cette dernière.
Il s’assit avec bonheur et se régala des mets mis à sa disposition. Le pâté de grives,
accompagné du pain frais fut dévoré avec un bel appétit. Lorsque le valet arriva pour
desservir, Enguerrand s’était endormi tout habillé sur la moelleuse couverture de laine.
Un baldaquin majestueux pouvait envelopper le lit d’une douce chaleur, lorsqu’on en fermait
les lourds rideaux noirs.
Au fond, à gauche du lit, une table en bois, sur laquelle étaient posés un broc d’étain et une
cuvette de faïence, permettait de faire la toilette.

J’APPRENDS

Histoire de la langue, étymologie et dérivation


Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de cet exercice.

Dans la séance 3, tu as appris la signification de l’étymologie. Il s’agit d’une science qui donne des informations sur
l’origine des mots de notre langue. Tu vas maintenant découvrir comment on forme les mots grâce à la dérivation.
1- Observe attentivement les mots ci-dessous.

Ressemblance Semblable Sembler Ressembler Semblablement

2- Quel est l’élément qu’ils ont en commun ? Comment s’appelle cet élément ?

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  37


3- a) Quels éléments ont été ajoutés dans chacun ?
b) Comment les appelle-t-on ?
4- Quelle est la classe grammaticale de chacun des mots qui ont été formés ainsi ?

JE RETIENS

La dérivation
Pour former des mots, on peut utiliser la dérivation. Elle consiste à ajouter des préfixes ou des suf-
fixes au radical.
Ex : ressemblance – semblable - sembler/ressembler - semblablement

JE M’EXERCE

F. Jouons avec les mots



Tu peux retrouver sur ton espace inscrit, la version interactive de cet exercice.

En fonction de la classe grammaticale qui est demandée, forme un nouveau mot à l’aide de la dérivation.

sembler : (adjectif qualificatif) : semblable

rugir (nom) : .............................................

maintien (verbe) : ............................................

malheur (adjectif qualificatif) : .......................

généreux (nom) : .............................................

balayer (nom) : .............................................

lait (verbe) : ...........................................

gros (nom) : .............................................

grâce (verbe) : ............................................

38  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Séance 7
« À cœur vaillant, rien d’impossible »

OBJECTIFS DE LA SÉANCE

Ÿ  Découvrir un langage symbolique : l’héraldique


Ÿ Travailler la phrase
Ÿ Lire un extrait de littérature de jeunesse mettant en
lumière l’importance du blason au Moyen Âge
Ÿ  Rédiger sa propre devise héroïque

Tu vas poursuivre la découverte du Moyen Âge en observant les armoiries et les blasons. Nous allons donc étudier
l’héraldique dans cette séance.

JE DÉCOUVRE

Rencontrer le Moyen Âge autrement


Avant de commencer, prends ton cahier et écris le numéro et le titre de la séance.
1- Observe attentivement les images ci-dessous et décris-les avec précision sur ton cahier.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  39


2- Cherche la définition des termes suivants : héraldique, écu, blason, armoiries. Aide-toi d’un dictionnaire.
3- Si tu connais un mot parmi ces derniers, dans quel contexte l’as-tu déjà rencontré ?

J’APPRENDS

Apprendre le langage héraldique : blasonner


I. Qu’est-ce que l’héraldique ?
L’héraldique est la discipline ou l’art qui étudie les armoiries
(c’est-à-dire le blason et les éléments que l’on retrouve autour). Les armoiries
permettaient d’identifier leurs porteurs et de connaitre leur histoire (les faits
d’armes et les victoires qu’il avait remportées). L’héraldique s’est développée
au Moyen Âge dans toute l’Europe.
Au départ, les armoiries étaient utilisées par les chevaliers pour être
reconnus sur les champs de bataille (le blason était peint sur leurs écus),
puis rapidement, son usage s’est étendu à toute la société : femmes, clercs,
paysans, bourgeois, villes, régions, pays et même corporations de métiers.
Il existe alors une quantité considérable d’armoiries ou de blasons, qui se
sont compliquées au fil des siècles.
Pour arriver à identifier un blason – et l’homme qui se cache derrière – il faut connaitre le vocabulaire très
particulier de l’héraldique et le lire (c’est-à-dire décrire sa composition et sa forme) ; on dit également blasonner.

II. Les différentes formes d’écu.


Il existe toute sorte de formes d’écu, parce qu’il existait toute sorte de formes de bouclier !

La plus classique est : Mais il existe nombre d’autres formes, Chaque pays a sa forme particulière, par
l’écu ancien par exemple : exemple :

L’écu L’écu des L’écu des L’écu L’écu


L’écu anglais
moderne dames demoiselles espagnol allemand

III. Les émaux


En héraldique, les couleurs ont un nom particulier, on les appelle les « émaux ». On les classe en trois catégories :
les métaux, les couleurs et les fourrures.

Pour former un blason, il est important de respecter certaines règles :

-- Il est interdit d’apposer un métal à côté d’un autre métal.

-- Il est interdit d’apposer une couleur à côté d’une autre couleur.

-- Il est interdit d’apposer une fourrure à côté d’une autre fourrure.

40  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Voici les différents métaux que l’on peut rencontrer :

L’or L’argent Et plus rarement : le fer

symbolisé en jaune symbolisé en blanc symbolisé en gris

Les couleurs :
Elles ont un nom particulier. 

Azur Gueules Sinople Sable Pourpre Orangé Tanné Sanguine Murrey

bleu rouge vert noir violet orange marron rouge foncé Rose

Les fourrures :
Voici les motifs principaux que l’on peut rencontrer. Les fourrures peuvent avoir une couleur différente et les motifs
peuvent être plus ou moins grands.

Hermine Contre-Hermine Vair Contre-Vair

Le péan
De gueules herminé d’or Le vair d’or et gueules Gros-vair
(de sable herminé d’or)

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  41


IV. Les partitions : les découpages à l’intérieur des blasons
Un écu peut être divisé en deux, en quatre, en diagonale ou découpé en bandes horizontales ou verticales. Il peut
également être orné de motifs géométriques, permettant d’alterner les couleurs. Les découpages des écus sont
appelé partitions. Lorsque l’écu est uni, sans partition, il est dit plain.

Plain Parti Coupé Tranché La bande

Taillé Ecartelé Ecartelé en sautoir Sur-le-tout Le chevron

V. Les meubles et figures


En plus des couleurs et des formes, les armoiries peuvent porter des décors que l’on les appelle des « meubles »
ou « figures ». Il s’agit de formes géométriques, d’animaux, de végétaux ou encore d’objets.

Le losange Le lion La fleur de lys La couronne La tour

VI. Lire un blason


Lire un blason se dit également « blasonner ». Cela consiste à décrire le blason avec précision.
Il faut employer le vocabulaire spécifique de l’héraldique et être précis.
-- Pour ce faire, tu dois commencer par décrire les émaux du champ ­principal
­(couleur, fourrure etc.).
-- Puis décris le partitionnement (s’il y en a un).
-- Ensuite, indique les émaux des figures géométriques, et celles des meubles et
figures (décors), puis leur position.

Ex : D’azur à trois lions léopardés d’argent l’un sur l’autre

42  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


Voici des exemples de lecture d’armoirie et de blasons célèbres :

Le roi de France La Normandie Le roi Arthur


Le chevalier
Lancelot

D’azur aux trois fleurs de lys. Au-dessus, De gueules à deux D’azur aux treize D’argent aux trois
une couronne, le cri des rois de France léopards d’or l’un sur couronnes d’or. bandes de gueules.
« Montjoie Saint Denis », deux anges et l’autre.
des ornements.

VII. À toi de jouer !


Tu peux toi aussi créer ton propre blason. Pour cela, reprends les étapes que nous avons énumérées aux pages
précédentes et choisis :
-- La forme de ton écu
-- La couleur ou fourrure que tu souhaites mettre en fond
-- Les meubles ou figures, ainsi que leur couleur
-- Les partitions éventuelles…

JE DÉCOUVRE

Je découvre le texte
Lis attentivement le texte ci-dessous. Il est extrait de Sans Nom ni blason de Jacqueline Mirande.
Tu peux également écouter la version audio à la piste 36 de ton CD.
Au XIIe siècle, Guillaume, enfant trouvé, s’échappe du domaine où il est maltraité, pour retrouver ses origines. Le prieur1
qui l’a recueilli enfant lui remet une curieuse bague trouvée sur lui alors qu’il était bébé. Persuadé qu’un grand destin
l’attend et qu’il est fils de chevalier, il part, vers la terre sainte des chrétiens. Parvenu à Saint-Jean-d’Acre2, il participe à
un tournoi… et finira par trouver des réponses à ses questions. Voici un extrait du combat.
Lorsqu’il arriva dans la grande prairie au bord de l’Oronte, les tribunes étaient déjà pleines. L’éclat des tissus
d’or, sous le soleil, blessait les yeux et l’odeur des fleurs tressées en guirlandes alourdissait l’air. Le bruit de la
foule était tel que plusieurs cavaliers déjà groupés derrière les barrières avaient de la peine à tenir leurs chevaux.
Hugues Bals remarqua, parce qu’il se tenait un peu en retrait et montait un cheval superbe, un chevalier
portant au bras un écu sans blason. Le fait était rare. Hugues en fut frappé et, un instant, se demanda qui pouvait
bien être ce garçon. Puis il l’oublia car il arrivait dans les tribunes du prince d’Antioche3 […]. Les hérauts d’armes4
venaient de sonner le début du tournoi. Les Chevaliers s’élançaient, lance baissée, heaume fermé, pour la
première joute5 qui devait décider de qui combattrait en combat singulier. Hugues s’en désintéressait. Il avait vu
se dérouler tant de tournois depuis le temps où, jeune chevalier, il arborait6 avec fierté la première écharpe de sa
première dame en bout de lance ! Et maintenant, s’il se rappelait encore un peu son visage, il fallait qu’il fasse un
effort pour se souvenir de son nom… Ah, tout n’était que vanité7 en ce monde ! […]
Une rumeur de foule le tira de réflexions amères. Il n’avait jusque-là rien regardé du tournoi. Pourquoi ce
murmure qui, du peuple massé près du fleuve, gagnait les tribunes ?
Il leva les yeux et vit que le chevalier à l’écu sans blason venait de désarçonner8 son adversaire. Ce ne devait
pas être le premier à en juger par l’ovation9 ! Hugues remarqua que, s’il montait un beau cheval, son armure, en
revanche, était simple, presque pauvre et que personne autour d’eux ne semblait le connaître. Quelqu’un dit assez
haut :

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  43


– C’est un Arménien10 ! Il est de la suite de Malatya !
Hugues interrogea du regard le seigneur Gabriel. Un sourire rusé plissait encore un peu plus son visage ridé et lui
donnait l’air d’un vieux singe malin.
– C’est vrai qu’il est de ma suite, fit-il à voix basse, en réponse au regard d’Hugues, et il monte un cheval que je
lui ai prêté.
Dans la lice11 aux barrières ornées de branches vertes et de fleurs, le chevalier inconnu venait de désarçonner
un dernier adversaire. Les trompettes sonnèrent pour le proclamer champion. Le vieux Bals en éprouva un
pincement au cœur, presque une jalousie en songeant qu’autrefois c’était pour son aîné que les trompettes
sonnaient. Et, parce qu’il était mort, un inconnu sans blason et sans nom allait-il lui ravir sa renommée ?
Il le regarda sans bienveillance s’approcher de la tribune où la reine Aliénor12, dans un élan enthousiaste13 qui
faisait applaudir la foule, sourire le prince d’Antioche et froncer les sourcils du roi, tendait au chevalier vainqueur
sa propre écharpe de mousseline verte brodée de faucons d’or.
Mais le vieux Bals ne parvint pas à le prendre en défaut ni de tenue ni d’usage.

Jacqueline Mirande, Sans Nom ni blason, Pocket jeunesse, 1986.


Notes :
1. prieur : religieux.
2. Saint-Jean-D’Acre : ville d’Israël.
3. prince d’Antioche : prince dont le territoire est en Turquie et en Syrie.
4. h
 érauts d’armes : officiers publics dont le rôle est de transmettre les messages jugés les plus importants, de régler les jeux
et les cérémonies, de s’occuper des blasons.
5. joute : combat, affrontement.
6. arborait : portait.
7. vanité : caractère de ce qui est vain, de ce dont la réalité ou la valeur est illusoire.
8. désarçonner : faire tomber de cheval.
9. ovation : acclamation.
10. Arménien : habitant de l’Arménie, pays se situant à l’Est de la Turquie actuelle.
11. lice : espace entouré de palissades où se déroulaient les tournois.
12. Aliénor : reine des Francs.
13. enthousiaste : passionné.

JE M’EXERCE

A. Une scène médiévale


1- Quel est le type de texte dominant dans le premier paragraphe ? Justifie ta réponse.
2- Par les yeux de quel personnage voit-on la scène ?
3- Cite les principaux personnages présents.
4- Pourquoi sont-ils réunis ?
5- Pour quelle raison le vieux Bals est-il jaloux ?
6- Appuie-toi sur le paratexte et donne l’identité possible du mystérieux chevalier.

B. Les armoiries : un signe de reconnaissance


1- Souligne, dans le deuxième paragraphe, la phrase qui présente le chevalier.
2- Quelle particularité est mise en évidence ?
3- Que pense le vieux Hugues Bals de ce fait ?
4- Quels sont les faits qui révèlent les qualités du mystérieux chevalier ?
5- À ton avis, pourquoi est-il si important de posséder des armoiries ?

44  CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e


JE RETIENS

Le blason : Un signe d’identité essentiel


Le héros chevalier arbore un blason sur son bouclier afin de prouver sa filiation et ainsi sa valeur.
Les armoiries, en effet, témoignent en général de hauts faits lors des batailles. Dans l’extrait p
­ roposé,
Guillaume doit prouver sa valeur pour pouvoir obtenir des réponses et retrouver ainsi sa dignité,
son identité, ses origines et ainsi ses armoiries familiales.

JE M’EXERCE

C. Créer une devise


La devise est une phrase comportant peu de mots ; sorte de proverbe qui permet
de témoigner de la noblesse ou des actions mémorables d’une famille, d’un lieu
géographique ou d’un groupe de personnes.
C’est un constituant de l’armoirie. Elle peut être un rébus, une sentence ou un
proverbe. Elle se situe en bas.
Il y a donc des devises de diverses sortes, par exemple :
-- En allusion au nom des familles :
Devise des Vaudray : J’ai valu, vaux et vaudray.
Devise des Granson : À petite cloche, grand son.
-- En rapport aux pièces des armoiries :
Devise des Montchenu (qui porte une bande dans ses armes) : La droite voie.
-- En rapport avec les relations affectives :
Devise de Philippe le Bon : Autre n’aurai.
Jacques de Brimeu : Plus que toutes.
-- Des proverbes ou des sentences :
Devise des Solara : Tel fiert qui ne tue pas.
Devise des Baronat : Vertu à l’honneur guide.

Pour pouvoir imaginer ta devise, tu dois tout d’abord chercher :


-- un verbe,
-- un adjectif qualificatif,
-- un adverbe,
-- un objet symbolique ou non,
-- un animal ou un personnage fabuleux ou non qui te correspondent.
Tu peux aussi t’inspirer de la formulation de Jacques Cœur : « À cœur vaillant rien
d’impossible. »
Ex : « À clé de verre tout peut s’ouvrir. »
Maintenant, c’est à ton tour. Imagine et rédige une devise qui te correspond grâce à la méthode expliquée ci-dessus.

JE REVISE

Les groupes non essentiels


 appel : La phrase comporte deux constituants essentiels, le groupe sujet et le groupe verbal. Les groupes
R
non essentiels à la grammaticalité de la phrase apportent des informations sur le temps, le lieu, la
manière, etc.

CNED  FRANÇAIS - Unité 6 - 5e  45


1- Lis attentivement les phrases ci-dessous puis repère et encadre les groupes non essentiels dans chacune.
a) Dans la lice aux barrières ornées de branches vertes et de fleurs, le chevalier venait de ­désarçonner son
adversaire.
b) Malgré lui, une rumeur de foule le tira de ses réflexions.
c) Lentement, malgré ses doigts épais et malhabiles, il attache son heaume à sa cotte de mailles.
d) Dorénavant, s’ouvre le chemin de prouesses.

JE DÉCOUVRE

Les constituants de la phrase


1- Dans les phrases ci-dessous, surligne les éléments qui apportent des informations et que tu peux supprimer
sans changer le sens de la phrase.
a) Le chevalier inconnu venait de désarçonner un dernier adversaire.
b) Une rumeur de foule le tira de ses réflexions amères.
c) Il noue les petits lacets qui attachent le heaume à la cotte de mailles.
2- Est-ce possible de déplacer ces éléments dans la phrase ?
o  Oui, il est possible de déplacer ces éléments dans la phrase.
o  Non, il est impossible de déplacer ces éléments dans la phrase.
3- Recopie ces phrases sur ton cahier en enlevant les expansions nominales que tu as repérées à la question
précédente.

JE RETIENS

Les constituants de la phrase


Dans une phrase, les groupes non essentiels peuvent jouer des rôles différents :
- Soit ils apportent des circonstances à la phrase (lieu, temps, manière, cause, opposition…). Ils sont
alors déplaçables et supprimables. Ce sont des groupes non essentiels.
- Soit ils apportent des précisions sur le nom, ce sont les expansions du nom. Ils sont alors
­supprimables, mais non déplaçables.
Lorsque l’on supprime ces éléments dans une phrase, on obtient la phrase minimale.
Ex : Depuis l’aube, les chevaliers de la maison de Bourgogne combattent leurs farouches ennemis,
avec vaillance.
Phrase minimale → Les chevaliers combattent leurs ennemis.

JE M’EXERCE

D. Exercice de repérage
1- Lis attentivement les phrases ci-dessous.
a) Dès le matin, les jeunes écuyers s’exercent pour devenir chevalier.
b) La reine de la fête attend le début du tournoi, avec impatience.
c) Les chevaux sont énervés.
d) Les adversaires combattent avec acharnement et pugnacité.
e) Malgré sa mauvaise humeur, le roi reçoit les hommages des chevaliers avec dignité.
2- Précise le rôle des groupes que tu peux supprimer en encadrant les groupes non essentiels,
et en surlignant les expansions du nom.
3- Repère et écris la phrase minimale que l’on obtient pour chacune.

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Séance 8
Histoire d’écrire
OBJECTIFS DE LA SÉANCE

Ÿ Rédiger un texte descriptif en s’appuyant sur des


documents iconographiques
Ÿ S’appuyer sur un protocole de travail pour écrire
Ÿ Réinvestir les acquis des séances précédentes
au plan grammatical et lexical

Illustration tirée du manuscrit inachevé Lancelot,


Chevalier de la charette, de Chrétien de Troyes
(v. 1135 - v. 1185)

Après toutes ces aventures, tu vas travailler plus particulièrement l’écriture dans cette séance, et notamment
le texte descriptif, que tu as appris à repérer dans la séance 6.

JE DÉCOUVRE

Le document iconographique
Avant de commencer, prends ton cahier et écris le numéro et le titre de la séance.
Observe attentivement l’illustration ci-dessous. Porte une attention particulière aux différents détails :
-- Le paysage (relief, végétation, lumière, couleur…)
-- Le cheval (aspect, attitude…)
-- Les personnages (aspect physique et moral, vêtements, attitude…).

F. Dicksee (1853-1928), La Belle Dame Sans Merci, v. 1901, tableau sur toile, Bristol City Museum Art Gallery

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JE M’EXERCE

A. Je me prépare à écrire
À partir de l’image que tu viens d’observer, tu vas rédiger un texte de vingt lignes minimum. Ton texte sera
constitué d’une grande partie descriptive (décor, personnages…) insérée dans une histoire.
Tu structureras ton texte comme tu l’as appris dans le « Je retiens » de la séance 6 (je présente le thème et la
scène générale, je nomme, je hiérarchise, je décompose et je clôture).
1- Avant de commencer la rédaction de ton texte au brouillon, décris précisément sur ton cahier les principaux
éléments qui composent le tableau.
2- Imagine ce qui se passe entre les deux personnages, quelle est leur histoire. Pour cela, complète le tableau
ci-dessous.

Cadre narratif : Eléments de réponse


Où, quand, depuis
quand, qui, pourquoi ?
Description de l’état
émotionnel des deux
personnages
Informations sur
la jeune fille
Informations sur
le jeune homme

3- Imagine ensuite une « introduction » dans un ensemble narratif. Comme tu as pu le constater, la description
forme une pause dans le récit, et « donne à voir » un moment particulièrement important.

B. Je rédige mon brouillon


Aide à l’écriture : Pour réussir cet exercice d’écriture, tu dois :

a) Décrire précisément le cadre qui accueille la scène et expliquer les raisons de cette rencontre dans une
introfuction narrative.
b) Utiliser des prénoms médiévaux : Colombe, Hermine, Mahaut, Flore, Tristan, Clovis, Baudouin, Arthur,
Eudes, Hugues…
c) Utiliser des noms de tissus et des expansions : mousseline délicate et fluide, corail, de belle
couleur, qui l’enveloppait de douceur…
d) Employer des adjectifs qualificatifs : délicat, raffiné, amoureux, déchiré, passionné, rayonnant, implorant,
­fulgurant, belle à se damner, intense…

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À toi de jouer ! Maintenant que tous les éléments sont réunis, commence par rédiger ton texte au brouillon.
Relis-toi et vérifie ensuite que tu as bien respecté les consignes du tableau ci-dessous :

Je vérifie que…
1- J’ai établi un cadre narratif cohérent avec le document iconographique.
2- J’ai fait preuve d’imagination.
3- J’ai respecté l’organisation du texte descriptif et j’ai apporté des indications de lieux et
de temps.

4- J’ai nommé des éléments et je les ai caractérisés par des expansions (adjectif
qualificatif, proposition relative, groupe prépositionnel).
5- J’ai fait attention à l’orthographe (j’ai relu plusieurs fois mon brouillon en prenant soin
de vérifier que j’ai employé le bon homophone, que j’ai fait les accords du sujet avec le
verbe, etc.).
6- J’ai fait attention à la qualité de mon expression et de ma syntaxe (les phrases sont
ponctuées, les majuscules placées, etc.).

C. Je recopie mon texte


Voici ce que l’on appelle des lettrines. Ce sont des lettres de taille supérieure au reste du texte, qui peuvent être
décorées ou non. Elles sont placées à la tête d’un texte (commencement d’un chapitre ou d’un paragraphe).
Elles servaient à mettre en relief la première lettre des manuscrits enluminés et ainsi à mettre en valeur le texte.

Si toutes les consignes du tableau de la page précédente ont bien été respectées, recopie ton récit sur ton cahier
et utilise une lettrine pour la première lettre de ton texte.
Tu peux t’inspirer de celles-ci ou aller rechercher d’autres modèles.
Consulte ensuite le corrigé afin de lire un exemple de ce qu’il était possible de rédiger.

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