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« Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse ».

Comme les disciples sur le chemin d’Emmaüs, nous sommes ce soir/ce matin
invités à rencontrer le Christ ressuscité. Avez-vous remarqué que Luc a
construit son récit comme une célébration eucharistique ?
Deux disciples sont en chemin, et ils parlent entre eux. « De quoi discutez-vous
en marchant ? » Et voilà que les disciples, Cléophas et son compagnon
anonyme, s’ouvrent au voyageur inconnu de tous leurs soucis, de leur malaise
et de leurs incompréhensions face aux « événements de ces jours-ci ».
Nous-mêmes, nous sommes arrivés dans cette église avec nos doutes, nos
interrogations, nos blessures… Celles qui habitent nos vies personnelles, bien
sûr, et aussi celles que nous ressentons face à l’avenir de notre pays, à la
situation du monde. Nous avons commencé par les confier au Seigneur, dans
le rite de demande de pardon.
Sur le chemin, que fait ensuite le mystérieux voyageur ? « Partant de Moïse et
de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le
concernait ». Luc ne nous rapporte pas la liste des textes que Jésus a
parcourus avec les deux disciples d’Emmaüs, le contenu de ce parcours
biblique ! Un constat s’impose pourtant : il s’agit d’une véritable liturgie de la
parole ! Avant d’inviter les deux disciples à s’asseoir à la Table eucharistique, il
les invite à partager la Table de la Parole. Comme nous le faisons nous-
mêmes, en ce moment. Les deux Tables, celle de la Parole et celle du Pain,
sont indissociables.
Une note intéressante, à ce propos : Jésus ne les a pas fait asseoir pour
feuilleter ensemble les pages de la Bible. C’est en marchant que s’est fait cet
enseignement, car la Parole est un chemin. Un chemin qui fait bouger, qui
prépare la rencontre, qui ouvre à la conversion. « Notre cœur n’était-il pas
brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les
Écritures ? » Qu’en est-il pour nous-mêmes, quand dans nos eucharisties,
nous écoutons la Parole, et nous accueillons son commentaire dans
l’homélie ?
« Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et,
l’ayant rompu, il le leur donna ». C’est bien ici une Eucharistie que Jésus
célèbre en pratiquant le geste de la fraction du pain. Ce geste si simple, voir
banal, les disciples l’ont vu faire par Jésus de nombreuses fois, accompagné
d’une bénédiction à chaque repas et lors de son dernier repas, avec ces
paroles : « ceci est mon corps livré pour vous ». Ce geste repris depuis près de
2000 ans par ses disciples à chaque messe, et qu’Edmond, va faire dans
quelques minutes en notre nom à tous, en mémoire du Christ, et comme prêtre
en la personne du Christ. C’est le sommet de la rencontre, l’instant qui ouvre le
cœur des disciples et leur fait reconnaître le Christ vivant dans ce voyageur
mystérieux.
Il y a un paradoxe dans le récit d’Emmaüs : avant la fraction du pain, Jésus est
présent, mais les disciples ne le reconnaissent pas ; après la fraction, ils le
reconnaissent, mais Jésus disparaît à leurs yeux ; comme s’il était pour eux
encore plus présent qu'auparavant, et pour toujours, même s'ils ne le voient
plus. C’est la situation dans laquelle nous sommes, aujourd’hui : nous ne
voyons pas Jésus. Mais dans son Eucharistie, il est infiniment présent au
milieu de notre assemblée, pour nous tous, et pour chacun de nous. Et en
chacun de nous quand nous recevons le pain partagé dans la communion.
Nous devenons tous des « ostensoirs vivants » de la présence du Christ.
Chacun, par notre relation intime au Christ. Et tous, en Eglise, car le pain
partagé crée un lien mystérieux entre tous ceux qui le reçoivent.
Voilà pourquoi l’Eucharistie est le sommet de toute l’action liturgique, et de
toute la vie chrétienne.
Elle en est aussi la source. C’est la fraction du pain qui permet la rencontre :
elle donne sens à la Parole, et elle ouvre le cœur à la conversion. Elle remet
les disciples en route. « À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à
Jérusalem ». Les disciples ne restent pas pieusement et béatement à
contempler la chaise vide laissée par Jésus dans l’auberge. Le rythme du récit
s’accélère : comme les femmes au matin de Pâques, ils courent aussitôt
retrouver leurs frères et porter la Bonne Nouvelle : « Le Seigneur est vraiment
ressuscité ». Ils deviennent, témoins, comme Pierre et les onze, le jour de la
Pentecôte. L’Eucharistie est un envoi pour la mission, communautaire et
personnelle. Elle est la source de toute notre vie chrétienne, de toute notre vie
baptismale.
(Voilà pourquoi, Wylliam, Julia et Lilou, qui allez être baptisés maintenant, vous
serez invités, dès que vous aurez l’âge, à venir rejoindre la Table
eucharistique. A vous leurs parents de leur partager cette invitation en y
répondant vous-mêmes. Car il est vital…)
(Voilà pourquoi) il est vital, pour chacun de nous, (pour vous aussi, Jeanne et
Noé, qui allez faire profession de foi) de goûter avec assiduité, le plus souvent
possible, la Parole et le Pain. Si tu deviens dans chaque Eucharistie un
« ostensoir vivant », ce n’est pas pour garder Jésus pour toi, ou pour un entre-
soi ! Par la communion à la Parole et au Pain, chacun de nous est envoyé
porter Jésus au monde, partager la Bonne Nouvelle avec ceux et celles que
Dieu met sur son chemin.
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, Alléluia !

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