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ORIENT - OCCIDENT

Volume 21/1
2017
Ouvrage publié avec le concours
de la Société des Amis de la Bibliothèque Salomon Reinach

Comité d’honneur (au 01.01.2018) :


Jean Andreau, Alexandre Farnoux, Ian Morris, †Georges Rougemont, Catherine
Virlouvet

Comité de Rédaction (au 01.01.2018) :


Marie-Françoise Boussac, Roland Étienne, Jean-François Salles, Laurianne
Martinez-Sève, Jean-Baptiste Yon

Responsable de la Rédaction : Marie-Françoise Boussac


Adjoint : Jean-Baptiste Yon
Maison de l’Orient et de la Méditerranée — Jean Pouilloux
5/7 rue Raulin, F-69365 Lyon Cedex 07, France
marie-francoise.boussac@mom.fr
www.topoi.mom.fr
http://www.persee.fr/collection/topoi

Diffusion : De Boccard Édition-Diffusion, 4 rue de Lanneau, F-75005 Paris

Topoi. Orient-Occident 21, Lyon (2017)


ISSN : 1161-9473

Illustration de couverture : Chapiteaux de Beyrouth et d’Anjar (dessins H. Kahwagi-


Janho).
Illustration du dos : Le grand palais d’Anjar (photo H. Kahwagi-Janho).
SOMMAIRE

Fascicule 1

Sommaire 5-8
Index des auteurs 9-10

Études
M. Minardi, « The Zoroastrian Funeray Building of Angka Malaya » 11-49
R. Raja, « Representations of the so-called “Former Priests” in Palmyrene
Funerary Art. A Methodological Contribution and Commentary » 51-81
H. Kahwagi-Janho, « De Baalbeck à Anjar. À propos de quelques séries
de chapiteaux antiques » 83-103
A.-K. Rieger, « Text and Landscape. The complementarity of the Papiro
Vaticano Greco 11 R (PMarm) to landscape-archaeological results
from the arid Marmarica (NW-Egypt/NE-Libya) » 105-146

Dossier « La question des crises dans l’Antiquité »


V. Chankowski, « Introduction : la question des crises dans l’Antiquité » 147-149
Cr. Viglietti, « Les crises frumentaires dans la Rome alto-républicaine
et la question des consommations alimentaires entre croissance et limitation » 151-172
Fr. de Callataÿ, « Crises monétaires et crises du monnayage dans le monde
gréco-romain. Une vue perspective » 173-192
Ch. Doyen, « Crise économique ou révolution comptable ? Évolution des
normes monétaires et des pratiques comptables à l’époque hellénistique » 193-206
Th. Faucher, « La grande mutation. Aspects et impacts d’une “crise monétaire”
dans l’Égypte ptolémaïque » 207-216
X. Deru, « Croissance et crise dans le nord de la Gaule romaine » 217-232
D. Hoyer, « Regionalism in Rome’s Third Century Fiscal Crisis.
A Statistical Approach to Ancient Economic History » 233-262

Chroniques
Fr. Croissant, « Du nouveau sur les terres cuites grecques. À propos de
quelques publications récentes » 263-280
L. Martinez-Sève, « Sur la nature du pouvoir séleucide » 281-289
Chr. J. Robin, « L’Arabie à la veille de l’islam dans l’ouvrage de Aziz al-Azmeh,
The emergence of Islam in Late Antiquity » 291-320

Topoi 21 (2017)
p. 5-8
SOMMAIRE

Fascicule 2

Sommaire 325-326

Comptes rendus
Études thématiques : géographie antique et sacrée, paléobotanique
P.-O. Leroy, S. Bianchetti et al., Brill’s Companion to Ancient Geography (2016) 327-333
P.-O. Leroy, D. Dueck, The Routledge Companion to Strabo (2017) 335-339
M. Albaladejo-Vivero, Strabon, Géographie XV (éd. P.-O. Leroy) (2016) 341-343
S. Amigues, Ph. Beaujard, Histoire et voyages des plantes cultivées
à Madagascar (2017) 345-355
S. Amigues, P. Lieutaghi, Une ethnobotanique méditerranéenne (2017) 357-359
A.-C. Panissié, N. Belayche et al., Fabriquer du divin (2015) 361-367
M. Lesgourgues, P. Struck, Divination and Human Nature (2016) 369-377
M. Sartre, Y. Lafond, V. Michel, Espaces sacrés (2016) 379-384
Orient ancien, Iran, Inde
F. De Romanis, Kl. Karttunen, Yonas and Yavanas in Indian Literature (2015) 385-386
V. Lefèvre, L. Fogelin, An Archaeological History of Indian Buddhism (2015) ;
B. Ahmed, Buddhist Heritage of Bangladesh (2015) 387-396
J.-Fr. Salles, F. De Romanis, M. Maiuro, Across the Ocean (2015) 397-406
A. de Saxcé, D.A. Agius et al., Red Sea Project VI (2017) 407-412
R. Boucharlat, P. Callieri, Architecture et représentations
dans l’Iran sassanide (2014) 413-419
V. Messina, J.M. Schlunde, B.B. Rubin, Arsacids, Romans and Local Elites (2017) 421-423
V. Messina, J. Wiesehöfer, S. Müller, Parthika (2017) 425-429
C. Saliou, D. Parayre, Le fleuve rebelle (2016) 431-436

Grèce depuis l’époque archaïque


N. Kourou, Fl. Gaignerot-Driessen, De l’occupation postpalatiale à la cité (2016) 437-441
B. Holtzmann, V. Barlou, Die archaische Bildhauerkunst von Paros (2014) 443-455
B. Holtzmann, R. Di Cesare, La città di Cecrope (2015) 457-470
J. Zurbach, H. van Wees, Ships and Silver, Taxes and Tribute (2013) 471-481
J. Zurbach, S. Murray, The Collapse of the Mycenaean Economy (2017) 483-485
J.G. Manning, A. Bresson, The Making of the Ancient Greek Economy (2016) 487-488
J. Faguer, J. Blok, Citizenship in Classical Athens (2017) 489-499
sommaire 7

Monde hellénistique et romain


R. Étienne, C.A. Picón et S. Hemingway, Pergamon and the
Hellenistic Kingdoms (2016) 501-503
Fr. Queyrel, H. Kyrieleis, Hellenistische Herrscherporträts aus Paphos (2015) 505-510
L. Martinez-Sève, A. Coşkun, A. McAuley (éds), Seleukid Royal Women (2016) 511-519
L. Capdetrey, Chr. Feyel et L. Graslin-Thomé (éds), Le projet politique
d’Antiochos IV (2014) 521-533
J.-Chr. Couvenhes, R. Oetjen, Athen im dritten Jahrhundert (2014) 535-541
R. Descat, J. Labuff, Polis Expansion and Elite Power (2015) 543-544
P. Fröhlich, W. Mack, Proxeny and Polis (2015) 545-551
G. Reger, N. Badoud, Le temps de Rhodes (2015) 553-563
G. Petzl, J.-L. Ferrary, Les mémoriaux de Claros (2014) 565-571
M.-Th. Le Dinahet, E. Le Quéré, Les Cyclades sous l’empire romain (2015) 573-577
Fr. Kirbihler, L.‑M. Günther, Bürgerinnen und ihre Familien (2014) 579-596

Égypte et Orient de l’époque hellénistique à l’islam


J. Marchand, J. Engemann, Abū Mīnā VI (2016) 597-599
Chr. Thiers, V. Grieb et al., Alexander the Great and Egypt (2014) 601-606
H. Aumaître, Th. Faucher et al., Egyptian Hoards I (2017) 607-613
J.-Cl. Béal, E. Rodziewicz, Ivory and bone sculpture in Alexandria (2016) 615-618
A.-E. Veïsse, S. Coussement, ‘Because I am Greek’ (2016) 619-622
R. Seignobos, A. Merrills, Roman Geographies of the Nile (2017) 623-626
R. Bagnall, P. Reinard, Kommunikation und Ökonomie (2016) 627-638
A. Dalla Rosa, A.-V. Pont et Fr. Lerouxel, Propriétaires et citoyens (2016) 639-645
O. Bordeaux, B. Kritt, The Seleucid Mint of Ai Khanoum (2016) 647-656
V. Messina, R. Wellenfels, Hellenistic Seal Impressions (2016) 657-658
M. Sartre, T. Kaizer, Religion, Society and Culture at Dura-Europos (2016) 659-663
M. Zellmann-Rohrer, A. Sartre-Fauriat et M. Sartre, IGLS XIV, La Batanée et
le Jawlān oriental, BAH 207 (2016) 665-689
L. Tholbecq, Z.T. Fiema et al., Petra – The Mountain of Aaron II (2016) 691-697
J.-B. Yon, M. Blömer, Steindenkmäler römischer Zeit aus Nordsyrien (2014) 699-709
C. Saliou, A. Schmidt-Colinet et U. Hess, Das Nymphäum von Apamea (2015) 711-713
C. Saliou, R. Cribiore, Between City and School (2015) 715-721
D. Genequand, G. Tate et al., Serǧilla (2013) 723-731

Rome et Occident
R.-M. Bérard, V. Nizzo, Archeologia e antropologia della morte (2015) 733-742
J.J. Palao Vicente, Fr. Bérard, L’armée romaine à Lyon (2015) 743-750
CRISES MONÉTAIRES ET CRISES DU MONNAYAGE
DANS LE MONDE GRÉCO-ROMAIN
Une vue perspective

La crise monétaire (en réalité du monnayage) n’est pas un sous-genre, en


l’occurrence de la crise économique. Elle est un genre en soi dont les effets ne sont
pas moins dévastateurs que le déclin de la productivité, les grands fléaux naturels
ou la guerre 1. Voilà ce que soutient Nicolas Copernic (1473-1543) en préambule
d’un mémoire adressé au début du xvie s. au chanoine Felix Reich : « Quelques
innombrables que soient les fléaux qui causent d’ordinaire la décadence des
royaumes, des principautés et des républiques, les quatre suivants sont néanmoins,
à mon sens, les plus redoutables : la discorde, la mortalité, la stérilité de la terre
(nb : qui est ici la crise économique conçue comme crise de la production) et la
dépréciation de la monnaie. Les trois premiers de ces fléaux sont si évidents que
personne ne les ignore, mais le quatrième, concernant la monnaie, n’est admis
que par peu de gens, par les esprits les plus ouverts, car il ne ruine pas les états
d’une façon violente et d’un seul coup, mais peu à peu et d’une manière presque
insensible » 2. Quant aux causes de la dépréciation de la monnaie, il les range
en deux catégories. D’abord, écrit-il : « La monnaie se déprécie le plus souvent
à cause de sa quantité excessive, savoir quand une si grande quantité d’argent
a été transformée en monnaie que l’argent métal devient plus désirable que la
monnaie elle-même ». Mais, poursuit-il, la monnaie se déprécie aussi pour d’autres

1. Selon Christel Müller (Müller 2011, p. 333), la littérature grecque identifie trois
types de crises : la guerre (polemos), la disette frumentaire (sitodeia) et l’absence de
ressources (aporia tōn chrēmatōn).

2. Traduction française du texte latin reprise à Le Branchu 1934, I, p. 5. Cette


dissertation dont l’original est perdu et qui visait à réagir contre le détestable
exemple donné alors par la Prusse, fait aujourd’hui tenir Copernic pour le véritable
inventeur de ce qui a longtemps été appelé la « loi de Gresham » selon laquelle « la
mauvaise monnaie chasse la bonne ». Pour une description grecque de cette « loi de
Gresham », voir déjà Aristophane, Grenouilles, 718-733.

Topoi 21 (2017)
p. 173-192
174 f. de callataÿ

raisons : « soit à cause du défaut de la matière seule, lorsque pour le même poids
de monnaie on mélange avec l’argent plus de cuivre qu’il ne faut ; soit par suite
de l’insuffisance du poids, le mélange de l’argent et du cuivre étant équitable ; soit
enfin, ce qui est le plus mauvais, pour les deux causes à la fois. En outre, la valeur
diminue également par l’usure due au long usage de la monnaie et cette raison
suffit pour que celle-ci soit reprise et renouvelée » 3.
Avec la question des dettes souveraines contractées par nos états et de la
viabilité de l’euro comme monnaie unique européenne, nos oreilles ont ces
dernières années été saturées de commentaires sur la et les crises monétaires. Que
l’histoire antique ne soit pas sans parallèle avec la situation actuelle, c’est ce qu’a
tenu a rappeler un Lyonnais, par ailleurs alors président de la Banque Européenne
d’Investissement, lorsque, prenant la parole le 12 mai 2010 à Stanford, Jean-
Claude Trichet a ouvert son discours en citant Tacite et l’a refermé en invoquant
Cicéron : « Financial crises, disait alors Trichet, have been a recurrent feature of
human history. Let me take you back over two millennia in Europe to see how the
great historian Tacitus described the financial crisis that hit the Roman Empire
in the year 33 AD. In the Annales, he wrote : “The destruction of private wealth
precipitated the fall of rank and reputation. At last, the emperor interposed his aid
by distributing throughout the banks a hundred million sesterces, and allowing
freedom to borrow without interest for three years, provided the borrower gave
security to the State in land to double the amount. Credit was thus restored, and
gradually private lenders were found.” Replace “emperor” with “governments and
central banks”, “sesterces” with “dollars” or “euro”, “security” with “collateral” :
this two thousand year old quotation could sound surprisingly familiar”. Et il
concluait : “I started with Tacitus’ example of bold policy action. I would like to
end with Cicero’s fides. There was a famous controversy between Julius Caesar
and Cicero 80 years before the crisis described by Tacitus. Rome, at that time, was
struggling with a debt overhang. Caesar proposed partly to remit the debt. Cicero
strongly opposed such action. He argued that debt forgiveness would shake the
foundations of the Roman Republic and destroy one of its most important values :
fides. Fides is trust, confidence, good faith » 4.
La fides latine ou la pistis grecque est en effet au cœur du phénomène
monétaire ainsi que l’énonce l’Anonyme de Jamblique dans un passage souvent

3. Le Branchu 1934, I, p. 7.

4. Trichet 2010. Pour la pensée de Cicéron voir De officiis, 2, 84 : « Rien en effet ne
maintient avec plus de force l’État que la bonne foi (nec enim ulla res vehementius
rem publicam continet quam fidem), qui ne peut exister s’il n’y a pas nécessité de
payer ses dettes ». Le passage peut être rapproché de celui que l’on trouve dans le
Contre Dionysodoros (48), attribué à Démosthène : « Si vous pensez que les contrats
écrits et les conventions doivent faire loi entre les parties, si vous n’avez aucun
ménagement pour ceux qui les transgressent, la classe des préteurs sera davantage
disposée à faire crédit et votre emporion ‘augmentera’ (trad. reprise de Chankowski
2013, p. 169).
crises monétaires et crises du monnayage 175

cité que l’on date le plus probablement de la fin du ve s. av. J.‑C. : « Commençons
donc par montrer, en premier lieu, les fruits de l’eunomia. Le premier est la
confiance, qui aide grandement tous les hommes. C’est d’elle que provient l’argent
de la communauté et ainsi, même s’il y en a peu, il suffit qu’il circule, alors que
sans elle, même s’il y en a beaucoup, il ne suffit pas […] Par contre l’anomia
produit les méfaits suivants : d’abord les hommes n’ont pas le temps de s’occuper
de leurs affaires et se soucient du plus néfaste pour eux, les affaires (publiques) ; ils
thésaurisent l’argent par défiance et par repli sur soi au lieu de l’échange ; l’argent
arrive donc à manquer, même s’il y en a beaucoup » 5.
D’où une première définition du mot crise qui est, en contexte monétaire,
d’abord et avant tout une perte de confiance. Où l’on voit dès lors aussi que,
l’inverse d’une crise monétaire étant le retour à la confiance, le modèle vertueux
en matière monétaire n’est pas la croissance qui aura tant obsédé les esprits des
économistes depuis Adam Smith mais bien plutôt – ainsi que l’a rappelé Raymond
Descat à l’entame de ce colloque – la stabilité.

1. Définition de ce qu’est une crise monétaire

Mais d’abord : qu’est-ce qu’une crise monétaire ? La question mérite d’autant


plus d’être posée qu’elle continue d’être obscurcie par une littérature numismatique
qui confond l’étude de la monnaie avec celle du monnayage. Le numismate peut
bien constater une légère perte de poids ici ou une plus sévère altération de l’aloi
là-bas, ces observations sont sans objet pour l’histoire monétaire dès lors qu’elles
n’affectent pas la valeur nominale du numéraire. « Il est donc surprenant et
consternant, écrivait Gilles Hennequin en 1981, que la confusion entre monnayage
et monnaie soit encore si répandue s’agissant du passé et plus précisément de la
période pré-libérale, en gros l’Antiquité et le Moyen âge. Il continue de paraître
mensuellement des études fort consciencieuses dont les auteurs, ayant décelé telle
évolution du poids, de l’alliage ou même seulement de la morphologie (Figures,
légendes, etc.) intitulent imperturbablement leur travail ‘La réforme monétaire du
roi X’ ou ‘La dévaluation de l’empereur Y’ ou encore ‘La crise du dīnār’ » 6. Il
faut donc rappeler que le français, plus pauvre en cela que l’anglais, fait moins
bien la différence entre « debasement » – qui est un abaissement du titre de fin – et
« devaluation » – qui est un abaissement de la valeur nominale, seule valeur qui
intéresse l’histoire monétaire.
Par ailleurs, j’avoue rester extérieur à l’ambitieuse typologie théorique des
crises monétaires donnée récemment par Bruno Théret, dont je ne distingue pas
le côté opératoire, et franchement sceptique quant à la construction conceptuelle

5. Anonyme de Jamblique, 7, 1-3-8, et Jamblique, Protreptique, 20, 101 (voir


Grandjean 2007, p. 102).

6. Hennequin 1981, p. 407 (lecture décapante et hautement recommandée).


176 f. de callataÿ

élaborée par une certaine anthropologie militante réunie historiquement autour de


Michel Aglietta et André Orléan, qui s’inscrivent eux-mêmes dans la perspective
développée par René Girard sur la violence et le sacré 7.
Cela étant, les définitions proposées ici et là de la crise monétaire partent
généralement dans deux directions : soit 1) une situation de pénurie qui entrave
les échanges – c’est le thème documenté dans la littérature antique de la caritas
nummorum 8 ou de l’inopia rei nummariae 9 – soit 2) un effondrement de la
confiance des utilisateurs, lequel effondrement peut être causé par 2a) la quantité
de la monnaie – ce sont les phénomènes d’inflation ou de déflation liés à la masse
monétaire en circulation –, ou par 2b) la qualité de la monnaie – et l’on en revient
aux causes énoncées par Copernic.
Je me propose de passer en revue ces différents facteurs – la rareté,
l’abondance et les manipulations – qui sont tous les trois susceptibles d’engendrer
une perte de confiance et dont le troisième peut naturellement se combiner avec
l’un des deux premiers. Ainsi dans le cas de la crise de l’empire romain au iiie s.,
qui a occupé l’essentiel de la littérature moderne consacrée spécifiquement aux
crises monétaires 10, et à laquelle nos journées font une fois encore la part belle,
il est loisible de combiner l’épuisement des gisements argentifères de Dacie (et
d’ailleurs) avec l’altération de l’aloi des antoniniani. Le but de l’exercice que
je me propose de mener ici n’est pas d’entrer dans le détail des argumentations
soutenues mais bien de les cadrer en fonction de leur contexte plus large, c’est-
à-dire en tâchant de pondérer les forces à l’œuvre. Ces commentaires portent
avant tout sur le rôle de la monnaie frappée, dite encore monnaie marchandise,
sans véritablement aborder la question du crédit et de la monnaie de compte qui
pourtant influe sur la masse monétaire en circulation 11.

7. Pour les crises monétaires, voir Théret 2007, p. 58-74 (voir le Tableau 2, p. 60-61 :
« Formes types de la crise monétaire »). Pour la « monnaie souveraine », voir Aglietta
et Orléan 1998 et 2002. J’avoue trouver indigentes certaines bases conceptuelles de
l’édifice (e.g. Théret 2007, p. 22 : sur l’universalité des « dettes de vie »).

8. Cicéron, Att., IX, 9, 4 (17 mars 49 av. J.‑C.) – voir Nicolet 1971, p. 1219, et Verboven
1997.

9. Tacite, Annales, VI, 17, 1.

10. Pour s’en tenir à quelques titres explicites, voir Dattari 1908 ; Campo et Gurt 1980 ;
Reece 1981 ; Loriot 1987 ; Depeyrot et Hollard 1987 ; Depeyrot 1988 et 2005 ;
Depeyrot et Moisil 2004 ; Cavada Nieto 1994 ; Estiot 1996 ; Carrié 2007b.

11. Sur cette question, voir e.g. Cohen 2008.


crises monétaires et crises du monnayage 177

2a. Perception antique des crises monétaires

Il faut dire un mot préalable du degré de perception qu’ont pu avoir les


utilisateurs lambda de la monnaie dans l’Antiquité 12, d’autant qu’il s’agit de réagir
contre une vision qui tiendrait les utilisateurs antiques pour des naïfs alors même
que cette vision consacre l’ingénuité de ceux qui la soutiennent.
Il y a toute chance en effet pour que les manipulations de poids et de titre
opérées sur les monnaies, même celles portant sur moins de 5 % d’altération, ont
été immédiatement reconnues par la communauté des utilisateurs. Croire qu’un
empereur pouvait duper son monde en augmentant le poids de tel monnayage
d’argent de 10 % tout en faisant passer le titre de 90 % à 60 % (ou en diminuant
le poids de 5 % tout en augmentant le diamètre des pièces pour impressionner le
chaland) procède d’une étonnante naïveté et d’un sens affecté des réalités. Les
sources médiévales et modernes montrent bien que – sauf à être congénitalement
idiot – chacun jusqu’aux enfants était informé de ces manipulations 13.
En revanche, il n’en va pas de même pour ce qui est de l’appréciation de la
masse monétaire ou – comme le rappelle Copernic qui limite cette perception aux
« esprits les plus ouverts » – des effets à long terme des dépréciations monétaires.
À propos de la masse monétaire, il existe une littérature à laquelle j’ai participé et
qui paraît avoir tranché la question : disons simplement que, dès lors que la masse
monétaire du jeune Empire français sous Napoléon fit l’objet d’estimations allant
du simple à plus de son triple (de 1 à 3,3 milliards de livres) de la part des experts
les plus versés de l’époque, il n’est pas raisonnable d’imaginer que les Grecs ou
les Romains aient eu une perception fine des masses monétaires en circulation,
et en tous cas jamais fine au point de pouvoir, en fonction de cette information,
déterminer un niveau de frappe dit « d’entretien » pour pallier le pourcentage de
monnaies quittant chaque année le système 14.
Cela dit, dans les rares cas de mouvements brusques et de grande ampleur
comme celui provoqué par l’abondance de numéraire consécutif à l’arrivée à
Rome du trésor des rois d’Égypte, il ne fallait probablement pas être aussi instruit

12. Sur cette question, voir Alföldy 1974 et Lo Cascio 1996.

13. Jean Bodin (1529-1596) a décrit la réaction de la population en 1306 lorsque Philippe
le Bel décria le premier la monnaie d’argent pur : « lequel pour ceste cause Dante
appelle Falsificatore di moneta ; il y eut une merveilleuse peine à luy donner cours,
tellement que le peuple de Paris se mutina, pilla & saccagea les maisons d’Etienne
Barbette, & alle mesmes assieger le roy au temple, jettant son disner qu’on luy
portoit, en la fange, avec plusieurs insolences. Et combien que le roy en fist quelque
punition, toutesfois craignant plus grande esmeute, il restitua la monnoye d’argent
pour ce coup la au premier pied » (Bodin 1568, fol. I, 2, r° et v° = Le Branchu 1934,
p. 136).

14. Callataÿ 2005, p. 125-129 (« Frappes d’entretien » – avec renvoi à la littérature


antérieure), Le Rider et Callataÿ 2006, p. 215-217.
178 f. de callataÿ

que Suétone pour lier, comme lui, le renchérissement des terres avec les facilités
de crédit 15. L’inverse en somme de ce qui s’était passé lors de la conjuration de
Catilina où le manque de numéraire avait entraîné une hausse des taux d’intérêt et
dès lors une baisse des prix 16.

2b. Perception moderne des crises monétaires

À l’heure où se tissent des liens plus fructueux que jamais – mais,


reconnaissons-le, encore modestes – entre historiens et économistes, où pour le
dire selon la jolie terminologie employée par Cécile Morrisson entre « historiens-
économistes » et « économistes-historiens », chacune des deux familles de
spécialistes soupirant devant le faible bagage de l’autre s’agissant de sa propre
formation professionnelle 17, il est certainement rafraichissant et instructif pour
l’historien d’aller faire un tour du côté des économistes.
Or, face aux crises monétaires, il semble que les uns et les autres ne réagissent
pas exactement de la même manière. Les économistes ont développé d’autres
réflexes que ceux en vigueur chez les spécialistes des monnayages du monde
antique : si ces manipulations ont eu lieu, c’est aussi – en partie, disent-ils – parce
qu’elles étaient demandées par le public afin de pouvoir disposer de monnaie pour
ses échanges. Autrement dit, les détériorations de poids et d’aloi peuvent avoir
été réclamées par les utilisateurs pour remédier à un problème de pénurie. On
est loin du rapport unilatéral, trop souvent postulé en histoire antique, qui fait de
l’utilisateur la dupe du pouvoir émetteur.
Jehan Cherruyt, seigneur de Malestroict, ne dit pas autre chose dans un
passage de ses Paradoxes paru en 1566 : « L’une des choses qui plus a trompé &

15. Suétone, Auguste, 41, 1-2 : « Liberalitatem omnibus ordinibus per occasiones
frequenter exhibuit. Nam et invecta urbi Alexandrino triumpho regia gaza tantam
copiam nummariae rei effecit, ut faenore deminuto plurimum agrorum pretiis
accesserit, et postea, quotiens ex damnatorum bonis pecunia superflueret, usum
eius gratuitum iis, qui cavere in duplum possent, ad certum tempus indulsit ».
Traduction française de H. Ailloud : « Il (Auguste) saisit maintes occasions de
témoigner sa libéralité aux différents ordres. Ainsi, quand on eut transporté à Rome,
lors du triomphe d’Alexandrie, le trésor des rois d’Égypte, il en résulta une si grande
abondance de numéraire que, le taux de l’argent ayant diminué, la valeur des terres
s’accrut de façon considérable, et, par la suite, chaque fois que des confiscations
faisaient surabonder l’argent (dans le trésor), il en prêta gratuitement pour un temps
déterminé à ceux qui pouvaient répondre du double ». Voir aussi Dion Cassius, LI,
21, 5 (qui précise que le taux d’intérêt baissa de deux tiers) et Orose, VI, 19, 19.

16. Sur ces questions de perception, voir Nicolet 1971, p. 1225, et Crawford 1971.

17. Avec de notables exceptions comme le sont – pour s’en tenir aux participants de
ces journées – Jean Andreau et Koen Verboven pour les historiens-économistes et
Jérôme Maucourant pour les économistes-historiens.
crises monétaires et crises du monnayage 179

rendu pauvre le François & la France, & qui plus a faict contemner & enfreindre,
depuis cent ans, les Ordonnances faictes par les Roys sur le cours & mise des
monnoyes, les prenant & alouant à plus hault pris que les Princes ne les a évaluées.
En quoi l’opinion du vulgaire a toujours esté maistresse car quelque resistance que
les Roys aient sceu faire, ilz ont finalement esté vaincus & contrainctz de suivre
en cela la volonté desordonnée du peuple, & de hausser l’escu de jour en jour » 18.
Ainsi perçue, l’inflation monétaire génératrice d’inflation des prix est souvent
une réponse liée à la demande, dans un monde caractérisé par une faible élasticité
de cette dernière : peu de surplus à dépenser et des coûts prohibitifs de transaction,
à commencer par ceux du transport 19. Il se trouve que cette explication est celle
prônée récemment par plusieurs auteurs s’agissant de l’histoire monétaire romaine.
Ceux-ci observent une absence d’inflation des prix alors même que l’ampleur de la
masse monétaire, le M de l’équation de Thomas Fisher (PV = MQ), s’est trouvée
bouleversée. Que ce soit à la fin de la République ou en plein milieu de ce iiie s.
alors réputé en crise, l’augmentation importante de la masse monnayée n’a pas
entraîné d’inflation des prix car celle-ci a été amortie par l’augmentation de la
demande (le Q de Fisher) 20.
Par ailleurs, les recherches produites par les historiens-économistes sur la
monnaie témoignent d’abord, aux yeux des économistes-historiens, du rôle actif
joué par la monnaie sur l’économique et le social 21. Ce qui – à la surprise des
historiens – surprend les économistes puisque la théorie classique dit le contraire
en soutenant que la monnaie est comme un « voile » posé sur les échanges, sans
action propre 22. C’est peut-être vrai des sociétés monétisées en profondeur depuis

18. Malestroict 1566, fol. B IV, r° (Paradoxe deuxième – voir Le Branchu 1934, I,
p. 61).

19. Verboven 2007, p. 252, ou Cohen 2008, p. 67.

20. Hollander 2008 et Verboven 2007, p. 252 (“Probably more important is that currency
inflation is a form of demand inflation”), et Carrié 2007b, p. 160 (“à l’opposé des
tenants de la crise, certains historiens commencent à envisager la possibilité – à mon
sens tout à fait probable – d’une augmentation des besoins en numéraire, causée
par une augmentation générale de la production. En effet, si la masse monétaire en
circulation augmentait constamment, on s’attendrait à une augmentation globale des
prix, au point que les numismates déduisent le second phénomène du premier. Or il
ne se produit rien de tel”).

21. Paesani 2009, p. 361.

22. Le rôle moteur de la monnaie sur le développement économique et social a été


souligné par bon nombre d’historiens de l’économie antique et par exemple pour
le ive s. par Mickwitz 1932 et Mazzarino 1951 (voir Depeyrot 2005, p. 232). Parmi
les économistes soutenant le rôle actif joué par la monnaie, on citera Carl Menger
(1840-1921), le père du marginalisme, et bien sûr Irving Fisher (1867-1947), et sa
théorie quantitative de la monnaie, reprise par John Maynard Keynes.
180 f. de callataÿ

longtemps mais certainement pas de celles qui en ont fait l’apprentissage 23. Il


n’est que trop évident que la monnaie a bouleversé la société en rendant invisible
la richesse jusque-là foncière – le thème de l’aphanès ousia cher à Isocrate 24 –, a
permis à ses détenteurs de s’affranchir des contraintes sociales et a bouleversé le
jeu politique et militaire dans le cas de grande accumulation.
En réalité, par définition et sans qu’il faille recourir à l’hypothèse
primordiale de la monnaie comme « dette de vie », la monnaie est puissamment
liée à la croissance et donc à la mutation économique puisque cette dernière,
selon la vulgate même de l’économie néoclassique ou mainstream, découle d’une
chaîne vertueuse de causalités dont les étapes nécessaires sont dans l’ordre : 1) la
division du travail, 2) les gains de productivité, 3) l’accumulation de capital et 4)
l’investissement productif. Et on voit bien que la division du travail entraîne la
monétisation de la société tandis que l’accumulation de capital et l’investissement
productif la requièrent absolument.

3. Cadre général des frappes monétaires dans le monde gréco-romain

Rappelons aussi à grands traits le cadre général des frappes monétaires dans
l’Antiquité. Presque toute l’affaire tient dans la proposition transitive qui veut
que, dans un monde qui – sauf exceptions – ignore la frappe libre et où la frappe
de la monnaie est le privilège de l’État (la cité, le roi, l’empereur), ce dernier
frappe monnaie pour régler des dépenses publiques à court terme, en engrangeant
au passage un profit. Et comme il apparaît que, comme c’est du reste le cas
– sauf exceptions – de toutes les sociétés préindustrielles, les dépenses militaires
l’emportent – souvent de loin – sur les autres types de dépenses, il en résulte que
l’essentiel de la frappe monétaire a été émise pour des dépenses de ce type 25.
Ensuite de quoi, l’État ne semble pas se soucier du sort du numéraire qu’il
émet et ne le rappelle jamais, semble-t-il, parce que celui-ci aurait perdu trop de
poids en raison de sa circulation. De leur côté, les utilisateurs antiques ne rognent
pas les pièces comme ils le feront avec passion au Moyen Âge et à l’époque
moderne.
A contrario de cette situation et en fonction de ce qui a été dit sur
l’impossibilité d’estimer finement la masse monétaire en circulation, les États

23. Pour présenter l’étude Mythes et réalités de la crise monétaire internationale


(Guindey 1973), la page de couverture indique en caractères blancs sur fond rouge :
« Une crise dont l’enjeu est plus que monétaire, puisqu’elle pose le problème de
l’inflation, fléau social, et celui de la construction européenne ».

24. Gabrielsen 1986.

25. Pour une vue moins ferme de cette assertion, voir Howgego 1990 et Amandry 1993,
p. 1-3.
crises monétaires et crises du monnayage 181

antiques n’ont jamais frappé monnaie dans le but de fluidifier les échanges, même
s’ils ont parfois – quoique très rarement – tenté de remédier à une situation de
pénurie locale 26. En conséquence de quoi, il convient de rester très prudent dans
l’emploi des termes. La plupart du temps, on peut et il faut remplacer l’expression
« politique monétaire », dont il est fait un grand usage indu, par « politique du
monnayage », qui n’est le plus souvent qu’un ensemble assez frustre de recettes.
En outre, rapportée à la masse existante de métaux précieux, or et argent, la
proportion monnayée demeure presque modeste, guère supérieure à 10 % a-t-on
pu écrire pour le monde hellénistique 27. De même, la masse monnayée chaque
année par un roi hellénistique ne représente qu’une petite fraction de ses rentrées,
perçues pour l’essentiel en nature 28. Il ne semble pas que les rois ou les empereurs
aient cherché à s’accaparer les métaux précieux qui restent d’abord dans les mains
privées. Et on ne s’exagérera pas non plus la fortune des temples. Nous sommes
donc loin du modèle mercantiliste qui voudrait que rois et empereurs aient cherché
à monnayer autant que faire se peut pour financer leur Weltmachtpolitik.
En revanche, il est indéniable que l’usage de la monnaie a été grandissant et
probable que le niveau de monétisation de l’Empire romain pris dans son ensemble
n’ait plus été atteint en Occident avant un millénaire après sa chute. Quelles que
soient les difficultés d’estimer ce taux de monétisation – Angeliki Laiou s’y est
essayée pour le monde byzantin 29 – il faut bien voir que l’Antiquité gréco-romaine
est le moment d’un surgissement : des pans entiers de l’échange se sont trouvés
soudainement monétisés alors qu’ils ne l’étaient pas. En bonne théorie quantitative
de la monnaie, on ne peut augmenter la quantité des biens (Q) sans créer une
inflation des prix (P) si les autres paramètres, dont la masse monétaire (M), restent
inchangés. Il est donc probable que le monde gréco-romain se soit régulièrement
trouvé dans une situation bien faite pour déconcerter l’économiste de métier, à
savoir des inflations de prix non pas liées à l’augmentation de la masse monétaire
(M) comme il en a l’habitude, mais bien à l’augmentation de la quantité (Q) des
dépenses monnayées. C’est exactement le titre d’un article de Dominic Rathbone :
« Monetization, not price-inflation in third-century A.D. Egypt » 30.

26. Voir Lo Cascio 1981.

27. Callataÿ 2006.

28. Par exemple Callataÿ 2004.

29. Laiou 2002, p. 1154.

30. Rathbone 1996 (voir Carrié 2007a, p. 80).


182 f. de callataÿ

4a. Rareté du métal et pénurie monétaire

On a beau jeu d’écrire que le monde antique fut d’une certaine manière
perpétuellement en état de pénurie monétaire. Moses Finley, qui s’est peu
intéressé aux affaires monétaires et pas du tout au témoignage des monnaies, tenait
pour un axiome fondamental l’état chronique de pénurie monétaire dans lequel
se serait trouvé le grand continuum gréco-romain qu’il décrit dans son Ancient
economy. Pour lui : “Shortage of coins was chronic, both in total numbers and in
the availability of preferred types of denominations” 31.
Il me paraît falloir faire essentiellement deux commentaires à cette assertion :
1) ce ne sont pas les témoignages littéraires qui suffisent à forger cette présomption,
et 2) le monde gréco-romain, surtout à partir de la fin de l’époque classique, fut
davantage monétisé – c’est même là une de ses caractéristiques les plus notables
– que toutes les sociétés du monde occidental qui se développèrent par la suite et
cela jusqu’à l’époque moderne, en sorte que cette pénurie apparaîtra comme très
relative sur la longue durée, et ne constitue certainement pas un critère de moindre
développement, une phase initiale, un état antérieur, comme se le figuraient Finley
et tous ceux qui se sont plu à placer l’économie gréco-romaine au début d’une
théorie des stades.
S’agissant du premier commentaire (je ne discuterai pas ici du second, qui
nous entraînerait trop loin), rares en réalité sont les auteurs qui, comme Tacite
à l’occasion de la crise tibérine de 33 apr. J.‑C. 32, évoquent cette carence de
l’instrument monétaire. Les quelques occurrences réunies par Elio Lo Cascio où
l’État romain aurait cherché à approvisionner la circulation monétaire ne prouvent
pas, a contrario, la vision finleyenne d’un manque chronique de numéraire 33. Pas
plus que les expédients monétaires – en général des cours forcés temporaires –
rapportés par le pseudo-Aristote dans le second livre de l’Économique pour le
monde grec classique 34 ou par Aristophane pour l’épisode du remplacement à
Athènes de la monnaie d’argent par la monnaie de bronze 35. Pas plus non plus
d’ailleurs que des constructions modernes comme la vision qui voudrait attribuer

31. Finley 1985, p. 166 (voir aussi plus loin : “what is significant in the present context
is the persistent failure to provide coins of sufficiently large denomination to be
adequate for large payments”, et encore, p. 56 : “they therefore faced chronic
shortages of cash – which in this world meant gold and silver coins and nothing
else”).

32. Tacite, Annales, VI, 17, 1.

33. Lo Cascio 1981, p. 83-85.

34. Pseudo-Aristote, Économique, 20h (Denys de Syracuse double la valeur de la


drachme pour faire face à ses dettes).

35. Aristophane, L’assemblée des femmes, 717-733.


crises monétaires et crises du monnayage 183

un but à long terme à la vaste réforme menée par Néron : celui de remédier à
une forme de stagnation économique par manque d’instruments monétaires en
engageant un programme de dépenses publiques 36. Cette vision en rupture avec
le modèle général (voir supra sur l’absence de politique monétaire) laisse en effet
dubitatif tant paraît anachronique ce keynésianisme pur jus au cœur du ier s. apr.
J.‑C.
Ce qui, mieux que les rares attestations littéraires ou certaines hypothèses
aventurées par les Modernes, est de nature à nous convaincre de la pénurie monétaire,
non pas chronique mais endémique, c’est l’existence et le développement du prêt
de monnaies frappées. On a beaucoup écrit récemment sur le crédit et je crois
qu’on est aujourd’hui allé trop loin 37 dans le sens inverse des Primitivistes qui en
niaient jusqu’à l’existence. Mais il est indéniable que derrière les cas d’ingéniérie
fiscale et monétaire développés par les privés, les fondations et les temples du
monde hellénistique, on trouve une demande pour emprunter de la monnaie 38.
En réalité et selon la lecture de l’Anonyme de Jamblique, il convient de
distinguer, pour les cas avérés de caritas nummorum, quelle en est la cause :
la pénurie monétaire résulte-t-elle d’une contraction de la masse monétaire
disponible, comme on le pensait naguère encore tant pour la crise de 64/63 av.
J.‑C. liée à Catilina que pour celle de 33 apr. J.‑C. sous Tibère, ou bien n’est-ce
là qu’une crise de confiance et du crédit ayant provoqué un repli thésaurisateur,
comme on l’a – à bon droit, j’en suis persuadé – plus récemment reconnu dans
les deux cas 39 ? Le cas de la crise de 49/48 av. J.‑C. au début de la guerre civile
est plus clair : il s’agit d’une crise d’endettement non liée à la masse monétaire 40.
Dans l’ensemble, on souscrira au propos de Jean Andreau lorsqu’il écrit : « … les
crises d’endettement et les crises de paiement se produisent à des moments où les
finances publiques ne vont pas si mal et où la monnaie est assez stable ou même
très stable. Même au ier s. av. J.‑C., et en dépit de la désorganisation politique et

36. Thornton et Thornton 1990.

37. Sans entrer dans un réexamen de la question, on se contentera de noter ici que Harris
2006 n’évoque nulle part la question des récurrentes manipulations monétaires par
les rois et les empereurs qui pourtant paraissent offrir un argument puissant contre la
vision du crédit facile.

38. Voir Sosin 2000 et 2001, Chankowski 2011 and 2013, p. 168-171.

39. Pour la crise de 64/63 av. J.‑C., voir en ce sens Verboven 1997 (et Andreau 2007,
p. 108-122, surtout p. 121-122). Pour la crise de 33 apr. J.‑C., Michael Crawford
(Crawford 1971, p. 1229, note 10 et 1230) a contesté qu’elle ait eu pour origine une
« pénurie générale » de monnaie, comme l’avait soutenu Claude Nicolet (Nicolet
1971, p. 1217, note 2 – également Frank 1935 et Carrié 2007a, p. 83).

40. Sur cette crise, voir Frederiksen 1966, Howgego 1992, p. 9-10, et Andreau 2007,
p. 122-124.
184 f. de callataÿ

administrative, le système monétaire n’était pas aussi instable que les apparences
pourraient le laisser croire » 41.

4b. Abondance du métal monnayé et inflation des prix

La formation des prix résulte pour l’essentiel de la loi de l’offre et de la


demande. C’est bien ce que confirme l’étude de l’économie gréco-romaine
notamment. Les prix varient de façon saisonnière en fonction de la proximité des
récoltes, et – plus largement et de façon non prévisible – de tout ce qui peut affecter
la production ou l’usage des biens : les fléaux naturels et la guerre bien entendu,
mais la mise en garnison de troupes dans une cité voire le simple passage d’une
armée à proximité peuvent suffire à faire flamber la demande, comme l’illustrent
si bien les tablettes cunéiformes de Babylone 42.
Une question qui aura quelquefois retenu les esprits depuis les années 1920 –
le premier à en avoir fait usage pour le monde antique, en l’occurrence ptolémaïque,
est Angelo Segrè en 1929 – est de savoir si, au-delà de l’immédiateté de l’offre
et la demande, on observerait des variations de prix à long terme consécutifs à
la modification de la masse monétaire en circulation 43. Autrement dit : le monde
antique a-t-il connu des applications de la théorie quantitative de la monnaie : PV
= MQ, dont la formulation standard est liée à la figure d’Irving Fischer dans le
contexte du krach de 1929 et du New Deal de Roosevelt ?
En réalité, il sera toujours impossible pour le monde antique de démontrer
une telle éventualité qui demande de connaître trois des quatre paramètres ou,
dans la meilleure des hypothèses, d’en connaître un en supputant l’invariabilité de
deux autres (ce que l’on fait par commodité pour V, la vitesse de circulation, et Q,
la quantité de biens échangés). Sachant que, des quatre paramètres de l’équation,

41. Andreau 2007, p. 128. Il donne les cinq moyens dont, selon lui, l’État romain
pouvait faire usage pour remédier à une crise d’endettement (p. 107). On mettra cette
typologie en rapport avec celle, aussi en cinq points, fournie par Michael Crawford
pour lutter contre la pénurie de liquidités : 1) frapper davantage de monnaies, 2)
accorder des prêts ou des subventions, 3) réglementer la thésaurisation, 4) interdire
l’exportation et 5) obliger à investir dans la terre (Crawford 1971).

42. Voir surtout Jursa 2011, van der Spek 2006, Vargyas 2001 et 2010.

43. Segrè 1929 et 1942. Nicolet 1984 a bien montré combien se fourvoyaient ceux
qui ont interprété dans un sens quantitatif un passage de Paul le juriste qui parle de
quantitas (voir les Digestes de Justinien, XVIII, 1, 1 : Eaque materia froma publica
percussa usum dominiumque non tam ex substantia praebet quam ex quantitate,
nec ultra merx utrumque, sed alterum pretium vocatur, que Nicolet traduit, p. 106,
ainsi : « Et ce matériau, frappé au coin de l’autorité publique, autorise l’usage et
la propriété non pas tant par sa substance propre que par [sa] quantité. Et depuis,
les deux choses échangées ne sont plus appelées toutes deux marchandise, mais la
seconde [= le matériau en question] est appelé ‘prix’ »).
crises monétaires et crises du monnayage 185

celui de la masse monétaire est sans doute le plus abordable, l’entreprise est donc
désespérée. C’est bien ce que disent les économistes dont certains considèrent en
outre l’équation de Fisher comme une vieillerie déclassée. Marcello De Cecco a
ainsi eu des mots très durs à son sujet : “the quantity theory of money : you cannot
prove it, it’s useless for us, what can we make of it, or with it ? It’s past, it’s finito,
it’s no more. Maybe the Bundesbank believe in it, but not all of them” 44.
Ne restent plus dès lors comme candidats potentiels à une application ancienne
de la théorie quantitative de la monnaie que des phénomènes d’une amplitude sans
pareille bouleversant le système sur au moins une génération, comme l’arrivée
de l’argent du Nouveau-Monde aux xvie et xviie s. et la déthésaurisation massive
des trésoreries achéménides par Alexandre le Grand, ou encore – c’est moins sûr –
l’arrivée à Rome en 30 av. J.‑C. des trésors ramenés d’Égypte ou l’or pris aux
Daces par Trajan 45.
Pour l’inflation après Alexandre, on voit très bien alors à Babylone le prix de
six denrées augmenter simultanément de façon significative. Ces prix retomberont
dès le début du iiie s. et il est au moins aussi intéressant de s’interroger sur cette
retombée somme toute assez rapide que sur la flambée soudaine. Cette inflation
est-elle causée par l’augmentation de la masse monétaire ou est-elle due à la
présence persistante pendant trois décennies des armées des Diadoques et donc à
une variation de la demande ?
Il est significatif que, dans tous les cas avancés pour l’Antiquité,
l’augmentation soudaine de la masse monétaire soit le fruit d’un butin et non de
l’exploitation minière, laquelle vient après la guerre pour rendre compte de la
masse monétaire en circulation. C’est bien la hiérarchie des raisons données par
Chris Howgego : “The quantity of these metals (or et argent) in the Roman world
depended on three main factors : first, the gain or loss connected with conquest,
booty, and external subsidies, second the balance of external trade in the metals in
question, and third the productivity of the mines” 46.

4c. Détérioration de la qualité des monnaies

Comme il a été dit, la dépréciation du poids ou du titre d’un numéraire est un


fait certes intéressant pour le numismate, mais qui n’est pas du ressort de l’histoire

44. De Cecco 2000, p. 271.

45. A.H.M. Jones a aussi cherché à expliquer de cette façon la crise des iiie et ive s. apr.
J.‑C. (Jones 1964, p. 187-227 : « Inflation under the Roman Empire » ; voir Carrié
2007b, p. 152), mais on a vu que, à l’opposé de cette hypothèse, le iiie s. avait été
caractérisé par une stabilité des prix au moment de plus forte création d’instruments
monétaires.

46. Howgego 1992, p. 4.


186 f. de callataÿ

monétaire aussi longtemps que la valeur nominale reste inchangée. Sauf que, en
bonne logique économique toujours, l’altération à la baisse du poids ou de l’aloi
des monnaies est génératrice d’inflation des prix en ce que les opérateurs anticipent
la perte de confiance des acheteurs. En pratique, il peut en aller autrement et on est
régulièrement frappé par l’inertie des utilisateurs face à une mesure pourtant de
nature à saper leur confiance.
Le cas le plus spectaculaire de détérioration de la qualité des monnaies dans
l’Antiquité – en tout cas celui qui aura le plus engendré de littérature – est celui qui
a vu la teneur en argent de l’antoninien, qui valait deux deniers, passer de plus de
40 % encore vers 235 apr. J.‑C. à moins de 1 % dans les années 270. Reproduit à
l’envi, le graphique qui illustre cet effondrement aura longtemps pesé de tout son
poids de meilleur indicateur quantifiable et quantifié dans la vision plus générale
de la crise du iiie s. Cette vision a vécu. « Plus personne aujourd’hui, écrit Jean-
Michel Carrié, ne parle de la ‘grande catastrophe monétaire du iiie siècle’ ni même
de la crise des échanges et de la vie économique qui en aurait été la conséquence,
articles de foi indiscutables de la science historique du siècle dernier. Un vaste
consensus a reformulé la position dominante, qui dédramatise un désordre
monétaire au demeurant incontestable et en relativise les effets » 47.
D’autres indicateurs économiques 48, non traités naguère, renvoient à présent
une toute autre image, faite de stabilité voire de développement pour cette époque
qui n’est en outre – c’est le point capital – pas marquée par une inflation des prix
(en Égypte et en Palestine) 49. Car les grandes inflations des prix eurent lieu soit
avant et de façon modérée sous Commode (doublement des prix à la fin de son
règne), puis surtout à partir de 280 et jusqu’en 360 (augmentation de 14 à 20
fois) 50. En revanche, on enregistre une étonnante stabilité des prix entre 215 et
274, soit au moment même de l’effondrement du titre d’argent de l’antoninien.
La perte de confiance du public et l’augmentation des prix n’est donc en ce cas
aucunement corrélée avec l’altération de la qualité des monnaies. Ou, pour le dire
autrement, la crise de la monnaie qu’étudient les numismates, n’a pas correspondu
à une crise monétaire, qu’étudient les économistes.
Mais cette manipulation a eu des effets importants qui lient la monnaie au
monétaire. En frappant des quantités jamais vues de monnaies à très faible taux
d’argent, l’État romain a non seulement fait disparaître de la circulation l’essentiel

47. Carrié 2007b, p. 140.

48. Exportation de l’huile d’olive d’Espagne, développement des agglomérations


secondaires en Gaule, plus grand éclat des frappes dites provinciales romaines en
Asie Mineure, etc.

49. Ruffing 2012 (et le compte-rendu donné par Jean-Marc Doyen, BCEN 50 [2], mai-
août, p. 175-176). Pour la stabilité des prix entre 215 et 274, voir aussi Carrié 2007b,
p. 141.

50. Voir Bagnall 1985.


crises monétaires et crises du monnayage 187

des sesterces dont le bronze était nécessaire à la frappe des antoniniens ; il a


aussi et à jamais dispersé l’argent qui n’était plus récupérable dans la perspective
d’une éventuelle restauration du système fondé sur ce métal. En cela, cette grande
manipulation du iiie s. ne laissait pas d’autre choix aux empereurs du ive s. que de
refonder un système fondé sur la frappe de l’or, ce qu’ils firent.
Plus perturbant encore pour une lecture numismatique de l’histoire
monétaire, l’empereur Aurélien, à qui les numismates faisaient encore crédit
récemment d’avoir tenté de restaurer le système – et tel fut certainement son
intention –, passe désormais aux yeux de certains pour son plus grand fossoyeur.
Car ce que les modernes appellent l’aurelianus, soit un super antoninien de 4g
titrant 5 % d’argent (en apparence une belle remontée par rapport aux 2,73 % de
la fin des années 260), n’est aucunement un pas vers la restauration du système
du denier argent. C’est une fausse belle monnaie dont l’accueil catastrophé par
les bénéficiaires indique à coup sûr un taux de fiduciarité jugé inacceptable et
entraîna, avec des à-coups, un mouvement inflationniste des prix d’une ampleur
inégalée pour l’Empire romain 51.

5. Conclusion

La conclusion la plus ferme qui se puisse tirer de ce trop rapide tour d’horizon
est que les monnaies étant frappées essentiellement pour des dépenses de nature
militaire, les crises monétaires, que ce soit par augmentation de la masse ou par
adultération des espèces, résultent in fine toutes d’abord de la nécessité de soutenir
un effort de guerre. L’exploitation minière (ses hauts et ses bas), la monétisation
croissante de catégories de transactions, la démographie (dont il n’a pas été parlé
ici, mais qui naturellement joue un rôle sur la demande), la vélocité de circulation
(tenue pour invariante faute de pouvoir mieux la qualifier), la contraction ou le
développement de la production : toutes ces causes ont joué sur les équilibres,
mais jamais autant que et loin derrière le besoin de financer la guerre, présente, à
venir ou révolue 52. Presque toutes les crises monétaires considérées ici sont des
crises d’endettement liées aux guerres. Bien avant une hypothétique augmentation
de la demande, ce sont elles qui génèrent les cas d’augmentation sensible des
instruments monétaires et elles aussi qui ont nécessité les nombreux expédients
dont rendent compte tant les textes que les monnaies elles-même.

51. Voir Carrié 2007b, p. 144-146, et Verboven 2007, p. 256. Pour un cas de ‘currency
discontent’, voir POxy 12 (1916) 1411. En 260 apr. J.‑C. à Oxyrhynchos, les
changeurs et préteurs fermèrent leurs échoppes pour ne pas devoir être forcés de
changer le nouveau numéraire imposé à un cours qui leur était défavorable (voir
Verboven 2007, p. 255).

52. C’est ainsi du reste que Christopher Howgego introduit son chapitre sur les crises
(Howgego 1995, p. 111).
188 f. de callataÿ

Un autre enseignement important est que l’adultération de la qualité des


monnayages (poids et aloi) peut n’avoir débouché sur aucune crise monétaire
entraînant une inflation des prix. La crise du monnayage n’est donc pas forcément
ou toujours la crise monétaire.
Un mot enfin pour en revenir à l’esprit général de ce colloque : krisis
kai auxèsis. On n’a évoqué ici que le rôle de la monnaie s’agissant de la crise,
d’ailleurs pour en minorer l’importance par rapport à ce qui faisait naguère
encore la communis opinio. Mais, en réalité, l’autre versant fut beaucoup plus
déterminant. Si la monnaie a quelquefois été la cause ou le relais amplificateur
d’une crise économique, elle aura surtout été un facteur décisif de croissance.
C’est à explorer cette hypothèse que je me propose de concentrer mes recherches
dans les années qui viennent ; en d’autres termes, à articuler le paradoxe d’une
monnaie émise d’abord dans des contextes économiques peu porteurs – la guerre
et ses endettements – et dont l’usage ensuite est réputé apporter de la croissance.

François de Callataÿ
Bibliothèque royale de Belgique
Université libre de Bruxelles
École Pratique des Hautes Études

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