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Auto-immunité antithyroïdienne
C. Cardot-Bauters, M. Ladsous, K. Benomar, M. d’Herbomez, J.-L. Wémeau

L’auto-immunité thyroïdienne constitue un modèle de maladie auto-immune spécifique d’organe. Sous


l’influence de facteurs génétiques, environnementaux, endogènes, la thyroïde développe des phéno-
mènes auto-immuns induisant des altérations lésionnelles ou fonctionnelles du parenchyme thyroïdien.
Les mécanismes effecteurs sont multiples et relèvent de l’immunité humorale et de l’immunité cel-
lulaire. Les principaux antigènes thyroïdiens impliqués dans la synthèse des hormones thyroïdiennes
– thyroperoxydase, thyroglobuline, récepteur de la TSH, sodium-iodure symporteur, pendrine – génèrent la
production d’anticorps spécifiques. Les thyroïdites lymphocytaires chroniques auto-immunes regroupent
différentes formes cliniques : la thyroïdite de Hashimoto, la thyroïdite lymphocytaire chronique de
l’adolescent, la thyroïdite atrophique, la thyroïdite silencieuse ou indolore et la thyroïdite du post-partum,
la thyroïdite auto-immune asymptomatique et la thyroïdite auto-immune d’accompagnement. La mala-
die de Basedow constitue le modèle des pathologies thyroïdiennes auto-immunes liées au récepteur de
la TSH. Des manifestations extrathyroïdiennes liées au récepteur de la TSH sont aussi décrites : orbito-
pathie basedowienne, myxœdème prétibial, acropachye. Ces maladies sont parfois associées à d’autres
manifestations auto-immunes extrathyroïdiennes, viscérales ou glandulaires, dans le cadre des polyen-
docrinopathies de type I ou II. Même si la grossesse constitue une période de tolérance immunitaire
rendant compte de l’atténuation spontanée des dysthyroïdies auto-immunes, les répercussions possibles
sur le fœtus et le nouveau-né des phénomènes auto-immuns liés à la maladie de Basedow imposent une
prise en charge spécialisée et rigoureuse. Le post-partum constitue une période propice à l’émergence
ou à l’aggravation de ces maladies et impose une surveillance accrue des patientes à risque. Certaines
thérapeutiques contenant une forte dose d’iode (amiodarone) peuvent déclencher des thyropathies auto-
immunes, cela a aussi été décrit pour les thérapies ciblées et les anticorps monoclonaux utilisés en
oncologie. Les thérapeutiques utilisées, symptomatiques pour la plupart, visent à normaliser la fonc-
tion thyroïdienne et sont très efficaces et bien tolérées. Les traitements immunosuppresseurs, réservés
aux manifestations extrathyroïdiennes sévères, ont principalement été étudiés dans l’ophtalmopathie
basedowienne.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Anticorps antithyroperoxydase ; Anticorps antirécepteurs de la TSH ; Facteurs génétiques ;


Facteurs environnementaux ; Thyroïdites lymphocytaires chroniques auto-immunes ; Maladie de Basedow

Plan ■ Modèles cliniques des thyropathies auto-immunes 7


Thyroïdite de Hashimoto 7
■ Introduction et historique 2 Thyroïdite lymphocytaire chronique de l’enfant et de l’adolescent 7
Thyroïdite atrophique 7
■ Bases physiopathologiques 2 Thyroïdite silencieuse ou indolore 7
Antigènes thyroïdiens 2 Thyroïdite auto-immune asymptomatique 7
Réaction auto-immune 2 Thyroïdite auto-immune d’accompagnement 7
Mécanismes effecteurs 3 Caractéristiques étiopathogéniques communes à l’ensemble
Modèles expérimentaux de thyroïdites auto-immunes 4 des thyroïdites auto-immunes 8
■ Facteurs pathogéniques 4 ■ Modèle clinique de la maladie de Basedow et autres
Facteurs génétiques 4 pathologies auto-immunes du récepteur de la TSH 8
Facteurs liés à l’environnement 4
■ Manifestations extrathyroïdiennes de l’auto-immunité
Facteurs endogènes 5
antithyroïdienne 8
■ Évaluation de l’auto-immunité thyroïdienne 5 Œil basedowien 9
Antigènes thyroïdiens et autoanticorps 5 Myxœdème prétibial 9
Autoanticorps circulants et leurs dosages 5 Acropachye basedowienne 10
Populations lymphocytaires 6 Encéphalopathie de Hashimoto 10
Applications cliniques des dosages des anticorps antithyroïdiens 6

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 13 > n◦ 1 > janvier 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(15)50472-1
10-002-G-10  Auto-immunité antithyroïdienne

■ Modèle clinique des polyendocrinopathies auto-immunes 10 On ajoute que les désordres peuvent se cantonner à la glande
Polyendocrinopathies auto-immunes de type 1 10 thyroïde, parfois s’associer à une atteinte d’autres tissus cibles
Polyendocrinopathies auto-immunes de type 2 10 (particulièrement l’orbite, les régions prétibiales), ou s’intégrer
« Immunodysregulation polyendocrinopathy X-linked au cadre de désordres polyendocriniens ou d’atteintes multivis-
syndrome » 10 cérales.
■ Auto-immunité antithyroïdienne et grossesse 10 Tout cela relève de bases physiopathologiques communes. Les
Thyroïde et grossesse 10 approches thérapeutiques ont longtemps été fondées sur des
Auto-immunité thyroïdienne et grossesse 11 bases empiriques, car la qualité des traitements symptomatiques
Hyperthyroïdie et grossesse 11 a contrecarré en pathologie humaine le développement de traite-
Anticorps antirécepteur de la TSH stimulants ou bloquants ments innovants. Mais certaines situations rebelles, s’exprimant
et grossesse 11 notamment sous forme de l’orbitopathie ou du myxœdème pré-
Hypothyroïdie et grossesse 11 tibial, conduisent à reconsidérer les principes de thérapeutiques
Anticorps antithyroperoxydase, fertilité, grossesse et post-partum 11 nouvelles à visée immunomodulatrice.
■ Iatrogénie et auto-immunité antithyroïdienne 11
Thyropathies iatrogènes 11
Interféron alpha
Interféron bêta
11
11
 Bases physiopathologiques
Lithium 12
Anticorps monoclonaux 12
Antigènes thyroïdiens
Thérapies ciblées 12 Trois principaux antigènes thyroïdiens sont impliqués dans la
Iode 12 pathogénie des maladies thyroïdiennes auto-immunes : la TPO, la
■ Auto-immunité thyroïdienne et cancer 12 Tg et le RTSH. On peut retrouver leurs principales caractéristiques.
Thyroïdite de Hashimoto 12 Des Ac dirigés contre d’autres antigènes thyroïdiens – le sym-
Maladie de Basedow 12 porteur d’iodure et de sodium (NIS), la pendrine – ont été mis
■ Sites d’action des thérapeutiques de l’auto-immunité en évidence chez des patients atteints de maladies thyroïdiennes
antithyroïdienne 12 auto-immunes mais leur responsabilité dans le déterminisme de
Antithyroïdiens de synthèse 12 l’atteinte auto-immune n’a jusqu’à présent pas été établie.
Corticothérapie 12 La TPO est une protéine membranaire, présente dans le compar-
Radiothérapie 13 timent intracellulaire et exprimée à la surface apicale des cellules
Ciclosporine 13 thyroïdiennes. Deux protéines différentes, TPO1 et TPO2, sont
Rituximab 13 produites par épissage alternatif du même gène. La TPO est une
Perspectives thérapeutiques 13 enzyme essentielle à la biosynthèse des hormones thyroïdiennes.
De la partie N-terminale à la partie C-terminale, elle comporte
trois domaines distincts : myéloperoxydase (MPO)-like, comple-
ment control protein (CCP)-like et epidermal growth factor (EGF)-like.
 Introduction et historique Les autoanticorps anti-TPO ne reconnaissent que deux à six épi-
topes de la molécule de TPO. Les épitopes B, conformationnels,
C’est au niveau de la thyroïde qu’est née l’évidence d’une préférentiellement impliqués dans les maladies thyroïdiennes
auto-immunité. Longtemps il fut admis que l’immunisation auto-immunes, sont localisés entre les acides aminés 590 et
contribuait à la protection contre les agents extérieurs (bactéries, 767. Les épitopes T, linéaires, sont situés entre les acides aminés
parasites, virus) et que – horror autotoxicus – nul ne pouvait déve- 110-250, 414-589, 842-901.
lopper des altérations immunes contre ses propres constituants. La Tg est une protéine iodée glycosylée formée de deux
En 1956, Rose et Witebsky ont montré que l’injection chez sous-unités identiques de 330 kDa. Elle est synthétisée par les cel-
le lapin d’extrait de thyroïde homologue couplé à l’adjuvant de lules thyroïdiennes et sécrétée dans la lumière folliculaire où elle
Freund induisait l’apparition d’un infiltrat thyroïdien lympho- représente le constituant majeur de la colloïde. La thyroglobu-
plasmocytaire et d’anticorps (Ac) dirigés contre la thyroïde [1] . line est le précurseur des hormones thyroïdiennes, elle intervient
Pour la première fois était créé le concept de maladie auto- dans l’iodation des résidus tyrosyls, le couplage des iodotyrosines
immune, dans le cas présent spécifique d’organe. La même année, en iodothyronines, la libération par protéolyse des hormones thy-
Roitt et al. ont mis en évidence dans le sérum des patients atteints roïdiennes. Les autoanticorps anti-Tg ne reconnaissent que deux
de goitres liés à la thyroïdite de Hashimoto la présence d’Ac dirigés ou trois domaines épitopiques sur l’ensemble de la molécule.
contre la thyroglobuline (Tg) [2] . Un an plus tard, a été carac- Le récepteur de la TSH est exprimé au pôle basolatéral des
térisé un autre antigène présent dans la fraction microsomale cellules thyroïdiennes. Il appartient à la famille des récepteurs
d’homogénats de thyroïde [3] , secondairement identifié comme couplés aux protéines G et comporte une partie extracellulaire,
la thyroperoxydase (TPO) [4] . Ultérieurement, ont pu être identi- une partie transmembranaire de sept domaines et une partie intra-
fiés d’autres Ac dirigés contre le récepteur de la TSH (RTSH), le cellulaire. La liaison de la TSH au récepteur de la TSH stimule la
symporteur de l’iodure, la pendrine. synthèse et la libération des hormones thyroïdiennes, et la crois-
Ainsi, la thyroïde apparaît susceptible de développer des phéno- sance des cellules thyroïdiennes. Le récepteur de la TSH comporte
mènes auto-immuns dirigés contre l’un ou l’autre de ses propres deux sous-unités : une sous-unité A extracellulaire de 55 kDa et
constituants, et de créer des altérations lésionnelles et fonc- une sous-unité B transmembranaire de 40 kDa, liées par des ponts
tionnelles du parenchyme thyroïdien. Cela explique l’intrigante disulfures. Les deux sous-unités peuvent être clivées, libérant ainsi
diversité d’expressions des thyropathies auto-immunes qui vont la sous-unité A soluble de la surface cellulaire. Le récepteur de la
de la parfaite latence clinique aux situations d’hypertrophies TSH est exprimé également par les adipocytes, et particulièrement
ou d’atrophies de la glande, d’hypo- ou d’hyperthyroïdies, les préadipocytes.
frustes ou sévères. Malgré tout, les thyropathies auto-immunes
relèvent de bases physiopathologiques communes, de prédispo-
sitions génétiques analogues que modulent divers facteurs liés à Réaction auto-immune
l’environnement.
Contribuant à la définition de ces situations, l’ensemble des thy- Le système immunitaire, en reconnaissant les struc-
ropathies auto-immunes ont un fond commun histologiquement tures du « soi » et du « non-soi », permet l’élimination des
constitué par un infiltrat lymphoplasmocytaire s’organisant par- micro-organismes pathogènes et des cellules altérées, sénescentes,
fois en centres germinatifs et contribuant à divers remaniements tumorales.
du parenchyme thyroïdien. Celui-ci est biologiquement caracté- La réponse immunitaire à un antigène résulte de l’interaction
risé par la présence d’autoanticorps antithyroïdiens circulants. entre trois types de cellules :

2 EMC - Endocrinologie-Nutrition
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• les cellules présentatrices d’antigène (CPA) (monocytes- Les cellules Th1 sécrètent de l’IL-2, de l’IFN-␥ et du TNF-␣ et sont
macrophages, cellules dendritiques, lymphocytes B activés) ; impliquées dans l’immunité à médiation cellulaire tandis que les
• les cellules effectrices qui diffèrent selon les modalités de la cellules Th2 sécrètent de l’IL-4, de l’IL-5, de l’IL-6 et de l’IL-10 et
réponse : lymphocytes B précurseurs des cellules productrices régulent l’immunité à médiation humorale.
d’Ac, lymphocytes T précurseurs des cellules T cytotoxiques ou Un troisième type de cellules T, sécrétant de l’IL-17, appelées
pro-inflammatoires, cellules natural killer (NK), etc. ; Th17, jouent un rôle dans l’attraction des leucocytes vers le foyer
• les cellules régulatrices qui contrôlent les cellules précédentes inflammatoire et sont impliquées dans les mécanismes lésionnels
et jouent un rôle essentiel dans la régulation de la réponse tissulaires.
immune.
La réaction auto-immune est une situation pathologique dans Réponses cellulaires B
laquelle les autoantigènes ne sont pas reconnus en tant que struc-
Des régions immunodominantes ont été décrites pour la TPO et
tures du « soi », mais considérés comme structures étrangères.
la Tg, mais il n’est pas certain que les autoanticorps réagissent pré-
Différents mécanismes ont pour but de prévenir la réponse
férentiellement avec ces épitopes par contraste avec les Ac induits
immune dirigée contre les antigènes du soi. Tolérance centrale
par des antigènes exogènes. Les Ac anti-RTSH stimulants se lient
thymique (sélection négative [délétion] des clones cellulaires T
à la partie extramembranaire du récepteur de manière analogue à
autoréactifs) et tolérance périphérique (cellules T régulatrices) [5, 6] .
la TSH. Les Ac anti-RTSH bloquants se lient également à la partie
extramembranaire du récepteur mais avec une affinité moindre
Présentation de l’antigène pour l’extrémité C-terminale.
Les CPA identifient et captent les antigènes et les dégradent en Les Ac antithyroïdiens sont produits principalement dans la
peptides d’une vingtaine d’acides aminés. Ces peptides sont pré- thyroïde mais également dans les ganglions adjacents et dans la
sentés par les molécules human leukocyte antigen (HLA) de classe II moelle osseuse. Les lymphocytes B intrathyroïdiens sont polyclo-
situées à la surface des CPA aux récepteurs T situés à la surface des naux. Les Ac participent aux altérations tissulaires (mécanismes
lymphocytes T. Après la reconnaissance de l’antigène, une costi- lésionnels). De plus, les cellules B agissent en tant que CPA et
mulation (deuxième signal) est nécessaire pour initier l’activation participent à l’entretien de la réaction auto-immune.
des cellules T. Les protéines B7 (B7.1 et B7.2) sont des molécules
exprimées à la surface des CPA et induisent ce deuxième signal en
se liant au récepteur CD28 exprimé à la surface des lymphocytes Mécanismes effecteurs
T. La liaison B7.1-CD28 induit l’activation des cellules T helper Les mécanismes effecteurs sont multiples, ils peuvent être
(Th) 1, tandis que la liaison B7.2-CD28 induit l’activation des cel- humoraux ou cellulaires et ont pour conséquence la destruction
lules Th2. Les lymphocytes T ainsi activés prolifèrent, sécrètent des cellules thyroïdiennes, ou une altération de leur fonction.
des cytokines et génèrent des cellules effectrices et mémoires. Les Ac interviennent dans les phénomènes de cytotoxicité
À l’inverse, la liaison entre B7.1 ou B7.2 et CTLA-4 met fin à dépendante du complément. Les cellules thyroïdiennes ne sont
l’activation des lymphocytes T (anergie). pas lésées car protégées par des inhibiteurs de l’activation
La plupart des CPA expriment de façon constitutive des molé- du complément. Il s’agit d’altérations fonctionnelles (dimi-
cules HLA de classe II et des molécules costimulatrices. Les cellules nution de la réponse à la TSH), libération de molécules
thyroïdiennes normales n’expriment pas les molécules HLA de pro-inflammatoires : IL-1, IL-6, prostaglandine E2, métabolites
classe II, à l’inverse des cellules thyroïdiennes des patients atteints réactifs à l’oxygène qui exacerbent les lésions thyroïdiennes. Indé-
de thyroïdite auto-immune. Il s’agit d’un phénomène induit par pendamment des Ac, la TPO peut également activer directement le
l’interféron ␥ (IFN-␥) produit par les cellules T présentes dans complément [5] .
l’infiltrat cellulaire thyroïdien. L’expression des molécules HLA de Les Ac jouent un rôle déterminant dans les phénomènes
classe II par les cellules thyroïdiennes n’est donc pas le facteur ini- de cytotoxicité cellulaire Ac dépendante (antibody-dependent
tiateur mais un facteur perpétuant la réaction auto-immune. Les cell-mediated cytotoxicity [ADCC]) : destruction des cellules thyroï-
cellules thyroïdiennes exprimant les molécules HLA de classe II diennes par les cellules NK et les monocytes [8] . Ce mécanisme est
ne peuvent stimuler que les cellules T ne nécessitant pas de médié par les Ac anti-TPO et les Ac anti-Tg, mais probablement
costimulation par B7 et préalablement activées par des cellules aussi par d’autres Ac antithyroïdiens non encore caractérisés.
dendritiques ou des macrophages. Les Ac exercent des effets fonctionnels directs : les Ac
anti-RTSH bloquants expliquent certains cas d’hypothyroïdies
Initiation de la réaction auto-immune auto-immunes [9] . Des Ac anti-RTSH bloquants ont été mis en évi-
On connaît mal les premiers stades de la réaction auto-immune dence jusqu’à une proportion de 10 % des enfants présentant une
chez l’homme. Les modèles animaux montrent que le processus thyroïdite chronique auto-immune. Leur taux semble corrélé à la
débute par l’accumulation des macrophages et des cellules den- sévérité de l’hypothyroïdie mais non à l’absence de goitre [10] .
dritiques dans la thyroïde, suivie par la réaction des cellules T et Les cellules T cytotoxiques détruisent les cellules cibles par
des cellules B dans les ganglions adjacents. La diapédèse des cel- l’action de médiateurs solubles (la sécrétion de perforine par le
lules immunocompétentes du sang vers la thyroïde nécessite des lymphocyte T cytotoxique entraîne la formation de pores sur la
molécules d’adhésion et des chémokines. Le remodelage du tissu cellule cible par lesquels pénètrent des granzymes qui conduisent
conjonctif sous l’action des métalloprotéases et des platelet-derived à la mort de la cellule cible par apoptose) [11] .
growth factor (PDGF) est nécessaire à la migration des monocytes, Interactions Fas ligand-Fas : l’Il-1 induit l’expression de Fas
macrophages et cellules dendritiques. Sous l’action des cytokines : à la surface des cellules thyroïdiennes et les rend sensibles à
interleukines (IL)-1␤, IL-6, TNF-␣, IL-10, ces cellules acquièrent des l’apoptose induite par les cellules T exprimant Fas ligand. L’IL-1
propriétés inflammatoires et initient la réaction auto-immune. induit également l’expression de Fas ligand à la surface des cellules
thyroïdiennes, conduisant à la possibilité d’apoptose par interac-
tion Fas-Fas ligand entre cellules thyroïdiennes adjacentes, sans
Réponses cellulaires T intervention des cellules T. Le contenu des cellules thyroïdiennes
Bien que des régions immunodominantes aient été mises en en B-cell lymphoma 2 (Bcl-2), protéine régulatrice de l’apoptose est
évidence sur les antigènes thyroïdiens (TPO et Tg), la réponse faible, les rendant ainsi plus sensibles à l’apoptose [12] .
cellulaire T semble être polyclonale, impliquant de multiples Le tumor necrosis factor-related apoptosis-inducing ligand (TRAIL)
épitopes. De plus, la réponse cellulaire T diffère selon que la est un autre ligand induit par les cytokines à la surface des cellules
TPO est dégradée et présentée par les CPA « professionnelles » ou thyroïdiennes et favorisant l’apoptose [13] .
les cellules thyroïdiennes ayant acquis la capacité de présenter Les cytokines produites par l’infiltrat lymphocytaire T : IFN-
l’antigène [7] . ␥, IL-2, IL-4, IL-6, TNF sont le reflet des réponses Th1 et Th2.
L’infiltrat lymphocytaire thyroïdien est riche en cellules T régu- Ces cytokines, associées à celles produites par le parenchyme
latrices, mais il existe une diminution de leur fonction qui les rend thyroïdien lui-même, altèrent la fonction des cellules thyroï-
incapables de limiter la réaction auto-immune. diennes et contribuent au développement de l’hypothyroïdie.

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De plus, le TNF sécrété par les cellules CD8+ induit une hyper- Certains gènes interviennent non spécifiquement dans
plasie des cellules épithéliales et une fibrose. Les cytokines l’immunorégulation. Il s’agit d’abord des antigènes de classe II
favorisent la production des chémokines qui attirent vers la du système majeur d’histocompatibilité (HLA) ; la liaison
thyroïde des cellules inflammatoires. Les cytokines favorisent est forte avec HLA-DR3 pour la thyroïdite de Hashimoto et
l’expression d’intercellular adhesion molecule 1 (ICAM1) sur les la maladie de Basedow. Mais sont impliqués aussi cytotoxic
cellules thyroïdiennes et permettent leur liaison aux cellules T T-lymphocyte-associated protein 4 (CTLA4) et protein tyrosine phos-
cytotoxiques exprimant lymphocyte function-associated antigen-1 phatase 22 (PTPN22) qui sont des inhibiteurs de l’activation des
(LFA1) [14] . cellules T. CD40, qui appartient à la famille des récepteurs de
TNF, est exprimé sur les cellules B et les cellules présentatrices
d’antigène. On a reconnu aussi l’intervention du gène du récep-
Modèles expérimentaux de thyroïdites teur alpha de l’IL-2 (IL-2RA/CD25), du gène de la Fc receptor like
auto-immunes protein 3 (FCRL3).
Sont impliqués aussi des variants affectant plus spécifiquement
Les modèles expérimentaux ont permis de mieux comprendre le gène de la thyroglobuline ; ils affecteraient l’interaction de la Tg
les mécanismes étiopathogéniques des thyroïdites auto-immunes avec les molécules HLA-DR. De même, des variants introniques
humaines, bien que n’existe aucun modèle animal totalement du gène du récepteur de la TSH contribueraient à modifier la
satisfaisant. présentation de cet antigène et à l’émergence de la maladie de
Des souris immunisées par la thyroglobuline et un adjuvant Basedow.
développent une thyroïdite transitoire ; cependant, la sévérité Clairement, la combinaison des particularités géniques majore
de la thyroïdite n’est pas corrélée à la production des Ac, et la susceptibilité génétique à la constitution de l’auto-immunité
il y a peu de retentissement sur la fonction thyroïdienne [15] . antithyroïdienne [24, 25] .
La susceptibilité génétique est déterminée essentiellement mais Globalement, dans la constitution de l’auto-immunité antithy-
non exclusivement par les antigènes du complexe majeur roïdienne, les gènes de susceptibilité interviendraient pour trois
d’histocompatibilité (CMH) de classes I et II. Le rôle fondamental quarts, et l’environnement pour un quart. Dans les enquêtes chez
de l’immunité cellulaire est attesté par la possibilité de transférer les jumeaux, la part génétique a été estimée à 79 % pour la maladie
la thyroïdite auto-immune expérimentale par les cellules T CD4+ de Basedow [26] , à 73 % pour la présence d’Ac antithyroïdiens [27] .
et CD8+ .
La thymectomie peut induire une thyroïdite expérimentale
chez l’animal, pour autant qu’elle soit réalisée au stade où les Facteurs liés à l’environnement
cellules T effectrices autoréactives ont quitté le thymus pour la
périphérie, et lorsque les cellules T régulatrices sont encore pré- Ils sont multiples, progressivement décrits et évalués. Ils inter-
sentes dans le thymus. viennent par des mécanismes épigénétiques : méthylation de
Certaines espèces animales développent spontanément des thy- l’acide désoxyribonucléique (ADN), modification des histones,
roïdites auto-immunes : rats Buffalo, rats BB, souris NOD. La inactivation du chromosome X. Ils ont fait l’objet de nombreuses
thyroïdite chronique du poulet obèse (obese strain chicken) est revues [28, 29] .
le modèle qui se rapproche le plus de la thyroïdite de Hashi-
moto chez l’homme : anomalies immunologiques, évolution vers Iode
l’hypothyroïdie, gènes régulateurs situés en dehors du CMH et
affectant la fonction cellulaire T et contrôlant la production des Les situations de déficience iodée augmentent la prévalence des
Ac [16] . goitres, des nodules, des hyperthyroïdies nodulaires. À l’inverse,
Les facteurs environnementaux sont également déterminants dans les pays où l’iode abonde dans l’environnement, on observe
dans le développement de la thyroïdite expérimentale : ainsi une augmentation de l’auto-immunité antithyroïdienne et des
l’iode peut être responsable d’altérations du tissu thyroïdien hypothyroïdies par atrophie [30] . Cela a été établi aussi par des pré-
par génération de métabolites réactifs à l’oxygène, augmente valences différentes des titres d’Ac antithyroïdiens dans diverses
l’immunogénicité de la thyroglobuline et stimule directement le contrées des populations chinoises, génétiquement analogues,
système immunitaire, en particulier les cellules dendritiques [17] . mais se distinguant par de très notables modifications de l’apport
iodé [31] .
Dans les modèles expérimentaux, chez la souris NOD-H2h4,
 Facteurs pathogéniques l’iode en excès modifie l’immunogénicité de la thyroglobuline,
entraîne une surexpression des molécules d’adhésion, contribue
à la production de peroxydes et d’ions oxygénés. Il semble bien
L’auto-immunité antithyroïdienne se constitue sur des bases
établi que le développement spontané de l’auto-immunité est
génétiques, en réponse à divers facteurs d’environnement, que
accéléré par l’iode, un agent oxydant [32] . Même prudemment
module aussi l’intervention de facteurs endogènes, notamment
donné en évitant tout surdosage, l’introduction de l’iode est suivie
hormonaux.
transitoirement d’un accroissement de l’auto-immunité anti-
thyroïdienne, de dysfonctions thyroïdiennes auto-immunes [33] .
Facteurs génétiques Malgré tout, la supplémentation iodée au cours de la grossesse
n’a pas révélé de modification de l’auto-immunité, de dysfonc-
La prédisposition génétique est attestée par la haute concor- tion hormonale en cours de grossesse, ou de la prévalence des
dance des thyropathies auto-immunes chez les apparentés au thyroïdites du post-partum [34, 35] .
premier degré. Cliniquement, elle s’exprime chez environ un sujet
sur sept, et par la présence d’autoanticorps circulants chez un sujet
Sélénium
sur deux [18, 19] . Cette concordance se constitue progressivement à
l’âge adulte jusqu’à la cinquantaine, mais son incidence se réduit Il est présent dans la thyroïde sous forme de sélénoprotéines,
au-delà. couplées notamment aux désiodases, aux glutathions peroxy-
Elle est aussi exprimée par les évaluations conduites chez les dases. Le sélénium agit comme un agent antioxydant, ce qu’a
jumeaux. Pour la maladie de Basedow, la concordance atteint 0,29 établi l’expérimentation animale chez la souris NOD-H2h4. Son
à 0,36 chez les homozygotes, 0,00 à 0,04 pour les dizygotes ; pour bénéfice est encore imparfaitement évalué dans la prévention de
la présence d’Ac antithyroïdiens, elle se situe entre 0,45 et 0,74 traitement des thyroïdites de Hashimoto, dans la maladie de Base-
chez les homozygotes, entre 0,13 et 0,35 pour les dizygotes selon dow et des thyroïdites du postpartum [36, 37] . Dans trois études
les études colligées [20, 21] . contrôlées, l’apport de sélénium réduisait les titres d’Ac, dans trois
Comme dans les affections fréquentes, la survenue de thy- autres, il était sur ce plan sans effet [38] . À la dose de 100 ␮g par
ropathies auto-immunes est liée à une diversité de gènes de jour versus placebo, le sélénium paraît prévenir l’aggravation des
susceptibilité [22, 23] . orbitopathies basedowiennes discrètes [39] .

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Auto-immunité antithyroïdienne  10-002-G-10

Autres facteurs nutritionnels des modèles animaux [58] , avec les organochlorés des complexes
pétrochimiques ou industriels [59, 60] .
Le fer catalyse l’activité de la TPO hème-dépendante. La carence
en fer réduit l’efficacité de l’apport iodé. En combinaison avec le
déficit en sélénium, en cuivre et en zinc, la carence en fer consti-
Stress
tue un facteur de goitrogenèse. Les taux de zinc sont inversement Authentiquement, dans les études comparatives, le stress est
corrélés avec les titres d’antithyroïdiens, de TSH et le volume thy- apparu comme un facteur de déclenchement de la maladie de
roïdien [40] . Basedow, mais non de la thyroïdite de Hashimoto. En témoigne
La ferritine aurait elle-même une implication dans l’auto- l’accroissement de l’incidence de la maladie de Basedow lors des
immunité [41] . guerres (kriegsbasedow) au Danemark entre 1940 et 1942, en You-
Il faut signaler aussi le rôle protecteur de la vitamine B12 , et sur- goslavie entre 1992 et 1995, mais non à Belfast lors de la guerre
tout de la vitamine D. Le récepteur de la vitamine D (VDR) est civile [29] . Les études cas-témoins semblent aussi authentifier le rôle
exprimé dans les macrophages, les cellules B et T, et module le délétère des événements négatifs de la vie dans la survenue de la
système immun inné et adaptatif. Le déficit en vitamine D et une maladie [61, 62] .
dysrégulation de VDR pourraient contribuer à la prévalence accrue Pour l’interprétation du stress dans l’auto-immunité, est évo-
de l’auto-immunité dans le sexe féminin. quée la responsabilité de l’expression de récepteurs pour les
catécholamines au niveau des sous-populations lymphocytaires.
Irradiations
Des hyperfonctionnements thyroïdiens transitoires peuvent Facteurs endogènes
s’observer après un traitement radiométabolique par iode radio-
actif pour goitre ou nodule toxique, sans doute chez des sujets En premier lieu, interviennent les estrogènes qui contribuent à
génétiquement prédisposés. L’incidence des thyroïdites auto- la large prédominance féminine des thyropathies auto-immunes
immunes, des maladies de Basedow est accrue après irradiation à partir de la puberté. Elle s’expliquerait par la présence de récep-
externe pour maladie de Hodgkin [29] . Chez les enfants irradiés à teurs aux estrogènes sur les cellules immunocompétentes, par un
la suite de l’accident de Chernobyl, une prévalence accrue d’Ac effet sur les cytokines et l’apoptose [63] . La prédominance féminine
antithyroïdiens et d’hypothyroïdies a aussi été observée [42] . de l’auto-immunité est aussi à mettre en liaison avec la présence
du deuxième chromosome X, siège probable de gènes interve-
nant dans l’immunorégulation ; l’inactivation du deuxième X ne
Infections s’effectue pas au hasard mais semble orientée [64] . Malgré tout, la
L’implication des agents microbiens et de l’auto-immunité anti- réduction de l’auto-immunité après la ménopause, la prévalence
thyroïdienne pourrait s’expliquer par le mimétisme moléculaire accrue des thyropathies auto-immunes au cours des syndromes de
qu’exprime la similarité d’antigènes microbiens et thyroïdiens [43] . Turner constituent des facteurs confondants [6] .
Chez les femmes enceintes, les infections préalables à la grossesse Les grossesses sont des périodes d’immunotolérance et sont sui-
liées au parasite Toxoplasma gondii augmenteraient la prévalence vies d’un rebond d’auto-immunité dans le post-partum. Cela est
des Ac antithyroïdiens [44] . Le rôle des infections bactériennes à à mettre en parallèle avec l’évolution des modifications mater-
Yersinia enterocolitica a aussi été évoqué dans la pathogénie de la nelles de la balance Th1/Th2 qui visent à assurer la protection
maladie de Basedow : la bactérie produirait une lipoprotéine déve- du fœtus [63] . S’ajoute à ces phénomènes l’éventuelle interven-
loppant des effets immunomodulateurs, induisant l’apparition tion du microchimérisme fœtal : durant la grossesse, l’organisme
d’Ac déterminant une réaction croisée contre le récepteur de la maternel, notamment la thyroïde, est colonisé en raison du pas-
TSH [45, 46] . Le rôle des infections par le virus de l’hépatite C, virus sage transplacentaire de cellules en provenance du fœtus (en
d’Epstein-Barr, virus de l’herpès, entérovirus, Coxsackie B a aussi atteste notamment l’expression du chromosome Y au niveau de
été évoqué [47–49] . ces cellules lorsqu’elles proviennent d’un fœtus de sexe masculin).
Un effet protecteur des infections contre l’auto-immunité anti- Ces cellules immunocompétentes sont relativement bien tolérées
thyroïdienne a été évoqué [50] . Cette théorie hygiéniste semble durant la phase d’immunotolérance de la grossesse, mais contri-
bien confirmée par les enquêtes de prévalence des Ac anti-TPO et buent à l’agression du parenchyme thyroïdien à son décours [65, 66] .
anti-Tg en Carélie : plus faible dans la partie russe, plus élevée dans On doit évoquer aussi parmi les facteurs exogènes l’influence
la partie finlandaise où les conditions socio-économiques sont des glucocorticoïdes, des catécholamines, puisque des poussées
plus favorables pour des populations par ailleurs génétiquement d’auto-immunité antithyroïdienne, de maladie de Basedow sont
analogues [51] . décrites après l’éradication de maladies de Cushing ou de phéo-
chromocytomes [67] .
Tabac On a souligné enfin la fréquence des thyroïdites auto-immunes
lors des maladies allergiques, notamment chez les urticariens [29] .
Une enquête danoise a établi que la consommation de tabac
est négativement corrélée avec la présence d’Ac anti-Tg et à un
moindre degré anti-TPO [52] . De plus, l’arrêt du tabac majore le
risque de développer des Ac antithyroïdiens, anti-TPO et anti-Tg,
 Évaluation de l’auto-immunité
et augmente le risque d’hypothyroïdie [53, 54] . thyroïdienne
Ce surprenant effet immunosuppresseur du tabac vis-à-vis de
l’auto-immunité antithyroïdienne est en parfaite contradiction Antigènes thyroïdiens et autoanticorps
avec les constatations effectuées au cours de la maladie de Base-
dow. Chez les fumeurs, l’incidence, la sévérité et l’évolutivité Les principaux antigènes thyroïdiens sont impliqués dans
des maladies de Basedow sont accrues, tout comme le nombre la synthèse des hormones thyroïdiennes. Ce sont la TPO, la
de rechutes à l’arrêt du traitement médical prolongé [55] . Le Tg, le RTSH, le NIS et la pendrine. Ils génèrent la production
tabac constitue un facteur d’apparition d’orbitopathies sévères d’autoanticorps [68] .
et rebelles aux thérapeutiques glucocorticoïdes et radiothéra-
piques [56, 57] .
Cette dualité d’expression du tabac sur l’auto-immunité anti-
Autoanticorps circulants et leurs dosages
thyroïdienne est incomprise. Anticorps antithyroperoxydase
Ce sont, en général, des immunoglobulines G (IgG) polyclo-
Autres polluants nales dont le titre est corrélé à la quantité d’infiltrat lymphocytaire
Ils sont présents dans l’eau, dans l’air ou dans l’alimentation. Ils thyroïdien. Ils sont dirigés essentiellement contre le domaine
interfèrent avec toutes les étapes de la biosynthèse hormonale, et immunodominant B et apparaissent très tôt dans le processus de
certains d’entre eux semblent prédisposer à l’auto-immunité anti- destruction tissulaire accompagnant les thyroïdites, avant même
thyroïdienne. Ainsi en est-il avec les biphényls polychlorés dans que tout signe clinique ne soit détecté [69, 70] . Les Ac anti-TPO sont

EMC - Endocrinologie-Nutrition 5
10-002-G-10  Auto-immunité antithyroïdienne

mesurés par des immunodosages de type compétitifs ou immuno- générations). L’utilisation d’un Ac monoclonal hautement spé-
métriques. Le degré de pureté de la TPO utilisée par les fabricants cifique (M22) et celle de bioassays ont généré des méthodes
influence les performances analytiques des dosages. Les sociétés dites « de troisième génération » (3G) automatisées [78–80] . Les
savantes (American Thyroid Association) [71] recommandent une principales caractéristiques de ces différents dosages sont
TPO humaine hautement purifiée native ou recombinante garan- décrites.
tissant la reconnaissance de toutes les classes et sous-classes d’Ac Pour le diagnostic de maladie de Basedow, les dosages de pre-
et évitant les agents contaminants. La majorité des dosages actuels mière génération ont montré des sensibilités diagnostiques allant
sont calibrés sur le standard du Medical Research Council (MRC), de 50 à 76 %, ceux de deuxième génération des sensibilités proches
66/387 correspondant à une préparation mal purifiée d’Ac anti- de 95 à 97 % et ceux de troisième génération des sensibilités de 97
microsomes. Une harmonisation des résultats serait souhaitable, à 100 %. Les seuils de positivité en général retenus sont de 1,5 IU/l
les méthodes de dosages n’étant actuellement comparables qu’en ou 140 % (bioassays) [81–84] . Bien que calibrées sur le même standard
termes de positif/négatif. (WHO 90/672), les trousses montrent une variabilité intertech-
La prévalence des Ac anti-TPO dans une population contrôle de nique notable due à la configuration réactionnelle de chaque
sujets sains (120 sujets de sexe masculin, sans goitre ni antécédent dosage, au traceur, au type de récepteur employé. Actuellement,
personnel ou familiaux de pathologie thyroïdienne) varie de 3 à cette variabilité entre méthodes peut entraîner des interprétations
12 % selon la méthode utilisée. En France, elle est de l’ordre de erronées des résultats par les cliniciens, particulièrement dans le
12 %. suivi des maladies de Basedow [85] . Une recalibration de toutes
les techniques de dosages sur un nouvel étalon international est
Anticorps antithyroglobuline souhaitable et pourrait harmoniser les résultats. Dans le futur, le
label de méthode 3G ne pourrait être attribué qu’aux dosages
La Tg est une glycoprotéine de haut poids moléculaire. Elle
permettant la distinction entre les Ac anti-RTSH stimulants et
représente le constituant majeur de la colloïde. Sa carte épitopique
bloquants [86] .
est connue, mettant en évidence une quarantaine d’épitopes
regroupés en six domaines. Les patients atteints de thyroïdite
d’Hashimoto ou de maladie de Basedow ont des Ac anti-Tg de
Anticorps anti-symporteur sodium-iodure
titre et d’affinité élevés essentiellement dirigés contre la région II. et anti-pendrine
À l’inverse, les patients atteints de cancer différencié de la thy- Le NIS est situé sur la membrane basolatérale, la pendrine au
roïde présentent plus volontiers des Ac anti-Tg de titre et affinité pôle apical du follicule. Le NIS fait pénétrer l’iodure dans le folli-
plus faibles à spectre large essentiellement dirigés contre les cule thyroïdien. La pendrine favorise l’entrée de l’iodure dans la
domaines II, III, IV et V [72] . colloïde. Des Ac anti-NIS et des Ac anti-pendrine ont été retrouvés
Les dosages sont des techniques d’immunoanalyses com- dans les sérums de sujets porteurs de pathologies auto-immunes
pétitives ou immunométriques avec des traceurs isotopique, thyroïdiennes (maladie de Basedow, thyroïdite d’Hashimoto).
enzymatique, ou luminescent. Malgré une calibration unique Leur rôle dans la pathogénie reste inconnu, leurs titres sont signi-
contre le standard MRC (65/93), les résultats présentent une ficativement corrélés à ceux des Ac anti-TPO. Leur détection n’est
grande variabilité selon les méthodes utilisées. Toutes ne sont pas réalisée en pratique clinique courante.
pas équivalentes [73] . Les recherches d’Ac anti-Tg doivent être
effectuées dans le même laboratoire pour le suivi d’un patient Anticorps anti-T3, anti-T4, anti-TSH
porteur de cancer différencié de la thyroïde [74] . Les dosages à
Les Ac anti-T3 et anti-T4 sont des variants des Ac anti-Tg. Leur
large spécificité permettent une détection optimale de tous les
prévalence est très faible. Ils peuvent provoquer des interférences
Ac.
dans les immunodosages en une étape.
Une forme de macro-TSH a été décrite (analogie avec les macro-
Anticorps antirécepteurs de la TSH prolactines). Elle interfère dans le dosage de TSH en majorant le
En 1956, Adams et Purves mettent en évidence dans le sérum taux rendu [87] .
de sujets basedowiens un facteur thyréostimulant différent de
la TSH qu’ils appellent long acting thyroid stimulatory (LATS) [75] .
Il s’agit d’un Ac dirigé contre le récepteur de la TSH. Les Ac Populations lymphocytaires
anti-RTSH sont surtout des IgG. En se liant à des séquences du Il est bien connu que le nombre de lymphocytes T CD8+ est
domaine extracellulaire du RTSH appelé « ectodomaine », ces Ac diminué dans le sang périphérique des patients atteints de mala-
activent le système adénylcyclase produisant l’acide monophos- die de Basedow, de thyroïdite d’Hashimoto ou de thyroïdite du
phorique cyclique (AMPc) et stimulent la phospholipase A2. Les post-partum. Le rapport CD4/CD8 est donc augmenté. Les cel-
Ig présentes dans les sérums des patients atteints de maladie de lules T de l’infiltrat thyroïdien sont souvent en état d’activation,
Basedow sont hétérogènes. Bien que les Ac soient essentiellement particulièrement les CD4+ dans les thyroïdites d’Hashimoto. Les
stimulants, ils peuvent présenter une activité bloquante [76, 77] . Des panels de cytokines produites ont été étudiés. Le profil Th1 a bien
études récentes par cristallographie des sites de liaison sur le récep- été confirmé pour la thyroïdite d’Hashimoto mais pas le profil
teur de la TSH d’Ac stimulants (M22) et bloquants (K1-70) ont typique Th2 pour les maladies de Basedow.
été réalisées. Elles ont montré que l’Ac bloquant se liait de façon Les lymphocytes B sont, dans le sang circulant, en nombre
prépondérante sur la partie N-terminale du récepteur, à la diffé- normal dans les maladies auto-immunes thyroïdiennes. Ils sont
rence de la TSH ou de l’Ac M22. Ces travaux ouvrent de nouvelles essentiellement situés dans la thyroïde où ils produisent les
perspectives permettant des dosages séparés des activités stimu- anticorps. Le traitement par Ac monoclonaux anti-CD20 des orbi-
lantes ou bloquantes des Ac anti-RTSH et de nouvelles perspectives topathies basedowiennes diminue le nombre de cellules B mais
thérapeutiques. pas celui des plasmocytes [88] .
Plusieurs appellations ont été utilisées selon les techniques
de dosages. On nomme thyroid stimulating antibody (TSAb) les
Ac stimulants, et thyroid blocking antibody (TBAb) les Ac blo- Applications cliniques des dosages
quants dont les activités sont mesurées sur cultures cellulaires. des anticorps antithyroïdiens
Ces méthodes présentent l’avantage de révéler l’effet biologique
mais les lourdeurs techniques liées à la culture cellulaire en On retrouve les principales indications des dosages des Ac anti-
limitent la réalisation à quelques centres spécialisés. En pratique thyroïdiens.
clinique, les méthodes les plus utilisées ont été des techniques Les Ac anti-RTSH sont très utiles dans certaines formes aty-
reposant sur l’inhibition de la liaison de la TSH à son récepteur piques d’hyperthyroïdies. Pour les maladies de Basedow typiques,
(thyroid binding inhibition antibody [TBIAb]) encore dénommées la positivité des Ac anti-RTSH ne fait que confirmer le diagnos-
TSH-rezeptor-autoantikörper [TRAK]) du nom du premier réac- tic clinique [71] . Dans ce contexte, la sensibilité diagnostique des
tif commercialisé. Il existe des TRAK humain et porcin selon Ac anti-RTSH mesurés par des techniques de seconde et troi-
l’origine des récepteurs utilisés (dosages de première et seconde sième générations est très élevée (> 98 %). L’utilisation de ce

6 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Auto-immunité antithyroïdienne  10-002-G-10

marqueur comme prédictif de récurrence après traitement par élevés caractéristiques de la maladie. La présence des Ac antithyro-
antithyroïdiens de synthèse reste controversée. La pratique cli- globuline est moins constante et moins franche, et leur détection
nique fait constater que lorsque le taux d’Ac anti-RTSH reste élevé n’est opportune qu’en l’absence d’Ac anti-TPO. On peut rarement
en cours de traitement, le risque d’échappement est important. mettre en évidence des Ac dirigés contre le récepteur de la TSH
À l’inverse, un taux normalisé en fin de traitement n’est pas (stimulants ou bloquants) [97, 98] .
un marqueur certain de guérison. C’est après irathérapie que les
taux d’Ac anti-RTSH restent détectables le plus longtemps. Cela
est à prendre en compte lorsque la patiente envisage une gros-
Thyroïdite lymphocytaire chronique
sesse [89] . Le taux des Ac anti-RTSH est corrélé avec la sévérité et de l’enfant et de l’adolescent
l’activité de l’orbitopathie basedowienne mais leur valeur prédic-
tive d’évolution reste discutée [90] . La valeur prédictive pourrait Elle constitue une variante de la thyroïdite de Hashimoto.
s’améliorer avec les bioassays [91] . L’euthyroïdie est généralement respectée et une hypothyroïdie
L’hyperthyroïdie est retrouvée dans 0,2 % des grossesses. La initiale n’est pas nécessairement définitive. Le traitement par hor-
thyrotoxicose néonatale est observée chez 1 % des enfants nés mone thyroïdienne peut permettre la régression du volume du
de mère basedowiennes. Les Ac anti-RTSH sont pathogènes ; leur goitre et atténuer les stigmates d’auto-immunité si la TSH est
mesure à la 28e semaine de gestation est recommandée [92] . Pour accrue.
les femmes aux antécédents de maladie de Basedow, l’évaluation
des Ac anti-RTSH est conseillée au premier trimestre de grossesse. Thyroïdite atrophique
Une étude rétrospective française vient de préciser qu’un taux d’Ac
anti-RTSH supérieur à 5 UI/l (technique de seconde génération) au Elle est la première cause des hypothyroïdies acquises de
second trimestre de grossesse est prédictif d’une hyperthyroïdie l’adulte. Elle survient électivement chez la femme après la méno-
néonatale avec une sensibilité de 100 % [93] . pause, ou à distance des accouchements, mais n’épargne pas
Les Ac anti-TPO sont des marqueurs biologiques précoces et l’homme et l’enfant. Elle peut constituer l’évolution ultime
sensibles d’une thyroïdite auto-immune [94–96] . L’immunisation est d’une thyroïdite de Hashimoto passée initialement inaperçue.
en général concomitante TPO-Tg. Les Ac anti-TPO sont mis en L’hypothyroïdie peut être de degré variable et les Ac anti-TPO
évidence plus précocement et avec une amplitude plus impor- sont présents, même si leur titre tend à diminuer parallèlement
tante que les Ac anti-Tg. Les Ac anti-TPO sont détectables chez à la réduction de la masse parenchymateuse. Le tissu thyroï-
95 à 100 % des patients porteurs d’une thyroïdite d’Hashimoto dien résiduel comporte des zones d’infiltrat lymphoplasmocytaire
et chez 50 % environ des patients atteints de maladie de et des zones de fibrose. L’atrophie thyroïdienne est probable-
Basedow. ment liée à la destruction des thyrocytes par le processus auto-
Cinquante à 75 % des patients ayant des Ac anti-TPO positifs immun.
sont en euthyroïdie, 25 à 50 % sont en hypothyroïdie infracli-
nique et 5 à10 % sont en hypothyroïdie franche.
Les Ac anti-TPO sont prédictifs de dysfonctions thyroïdiennes
Thyroïdite silencieuse ou indolore
lors de la grossesse et en cas de prise de certaines médications Elle évolue classiquement en plusieurs phases : thyrotoxicose
(IFN-␣, carbonate de lithium, amiodarone, nouveaux traitements liée à une lyse des thyréocytes, hypothyroïdie puis retour à
antiangiogéniques tel le sunitinib). l’euthyroïdie. La thyroïdite du post-partum en est un exemple
La mesure des Ac anti-Tg comme marqueur des pathologies caractéristique, liée à un rebond de l’auto-immunité après la
auto-immunes thyroïdiennes ne s’impose que pour les études période de tolérance de la grossesse. En dehors du post-partum,
en régions carencées en iode. En cas de forte suspicion clinique on ne retrouve pas toujours de facteur déclenchant. Il existe
ou échographique de thyroïdite et de négativité des Ac anti- souvent un petit goitre homogène ferme et hypoéchogène. La pré-
TPO, la recherche des Ac anti-Tg est alors réalisée en deuxième sence d’Ac anti-TPO et/ou antithyroglobuline atteste de l’origine
intention. auto-immune de la pathologie. L’incidence de la thyroïdite du
L’indication majeure de la recherche des Ac anti-Tg est le post-partum est multipliée par trois chez les patientes atteintes
suivi des patients atteints de cancer différencié de la glande d’un diabète de type 1.
thyroïde et la validation des dosages de thyroglobuline sérique.
Les Ac anti-Tg lorsqu’ils sont présents minorent les concentra-
tions de Tg circulante mesurée par dosage immunométrique. La Thyroïdite auto-immune asymptomatique
persistance d’Ac anti-Tg après thyroïdectomie est de mauvais
Elle atteint jusqu’à 10 à 20 % de la population adulte fémi-
pronostic [74] .
nine, et 3 à 5 % des hommes. Dans ces circonstances, il n’y a
pas de goitre, pas de dysfonction thyroïdienne. La thyroïdite
auto-immune asymptomatique est caractérisée par la présence
 Modèles cliniques d’Ac antithyroïdiens (anti-TPO) et un aspect hypoéchogène et
hétérogène du parenchyme thyroïdien en échographie. Il n’y a
des thyropathies auto-immunes ni goitre ni dysfonction thyroïdienne. Le diagnostic est souvent
fortuit, dans un contexte familial de maladies thyroïdiennes auto-
Les thyroïdites lymphocytaires auto-immunes regroupent : immunes. L’évolution vers l’hypothyroïdie est possible (5 % par
• la thyroïdite de Hashimoto ; an) et justifie une surveillance annuelle de la TSH. Les sujets
• la thyroïdite lymphocytaire chronique de l’adolescent ; atteints de thyroïdite auto-immune asymptomatique sont par-
• la thyroïdite atrophique ; ticulièrement exposés au risque de survenue d’une thyroïdite
• la thyroïdite silencieuse ou indolore et la thyroïdite du post- silencieuse du post-partum ou d’une hypothyroïdie iatrogène,
partum ; notamment induite par l’iode.
• la thyroïdite auto-immune asymptomatique ;
• la thyroïdite auto-immune d’accompagnement.
Thyroïdite auto-immune d’accompagnement
Thyroïdite de Hashimoto C’est une thyroïdite focale définie par la présence au sein du
tissu thyroïdien de zones d’infiltrats lymphocytaires découvertes
Décrite par Hashimoto en 1912 (struma lymphomatosa), elle sur- fortuitement par l’examen histopathologique après thyroïdecto-
vient le plus souvent chez la femme (sex-ratio : 6/1), entre 30 et mie pour nodule, goitre multinodulaire ou cancer. On retrouve
60 ans. Elle est caractérisée par la présence d’un goitre lié à un infil- habituellement des Ac antithyroïdiens anti-TPO et/ou anti-Tg
trat lymphoplasmocytaire abondant responsable de la production circulants. Il s’agit d’une situation fréquente, mise en évi-
d’Ac antithyroïdiens. La fibrose est d’intensité variable. Les Ac dence chez plus de 40 % des femmes lors d’études autopsiques
anti-TPO sont présents presque constamment, à des titres très systématiques.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 7
10-002-G-10  Auto-immunité antithyroïdienne

Caractéristiques étiopathogéniques contrôles [105] . Par ailleurs, la proportion de cellules Th17 est éga-
lement plus élevée dans le groupe de patients avec maladie de
communes à l’ensemble des thyroïdites Basedow évolutive.
auto-immunes [99] Les Ac RTSH peuvent mimer l’action de la TSH, ils sont alors
stimulants (TSAb), ou jouer le rôle d’antagoniste en devenant blo-
Le profil préférentiel de sécrétion des cytokines est de type Th1. quants (TBAb). Il s’agit d’un même Ac dont la fonction stimulante
Les Ac les plus fréquemment retrouvés sont les Ac anti-TPO, dans ou bloquante dépend du site de liaison antigénique au niveau du
plus de 90 % des cas. La prévalence des Ac anti-Tg n’est que de RTSH. Le tableau clinique final dépend de la concentration et de
25 à 50 %. En revanche, on peut observer chez les sujets jeunes l’affinité de chacun de ces Ac. Leur caractère pathogène est très
des Ac anti-Tg, en l’absence d’Ac anti-TPO. Des Ac antirécepteur bien illustré par les dysthyroïdies fœtales induites par le passage
de la TSH sont retrouvés chez 5 à 10 % des patients atteints de transplacentaire des Ac maternels.
thyroïdites auto-immunes. L’épitope des Ac bloquants anti-RTSH comprend les acides
aminés 261-395 de la partie C-terminale du domaine extracellu-
laire [106] , alors que l’épitope des Ac stimulants se trouve dans la
partie N-terminale. La structure cristallographique des Ac RTSH
 Modèle clinique de la maladie caractérise le fait que ces Ac déterminent leur fonction selon le
site de liaison sur le RTSH. Les Ac RTSH bloquants se fixent sur
de Basedow et autres pathologies la partie concave du récepteur dans un site riche en leucine [107] ,
auto-immunes du récepteur alors que les Ac RTSH stimulants se fixent dans une position oppo-
sée selon une rotation de 155◦ par rapport à l’axe vertical du
de la TSH RTSH.
Les Ac RTSH stimulants activent la prolifération des thyréo-
La prévalence de la maladie de Basedow atteint 14 pour cytes via l’activation des protéines couplées Gs et Gq11 alors
100 000 habitants. Dans les zones non déficientes en iode, elle que les Ac RTSH bloquants inhibent l’action de la TSH. Les Ac
représente 70 % des étiologies des hyperthyroïdies. Elle survient RTSH neutres sont incapables d’activer l’AMPc mais peuvent sti-
préférentiellement chez la femme (sex-ratio : 5/1). Elle est carac- muler une cascade de voies de signalisations impliquées dans
térisée par l’association d’un goitre et d’une hyperthyroïdie, et l’apoptose cellulaire [108] . Des études récentes ont montré que les
parfois de manifestations extrathyroïdiennes : ophtalmopathie, Ac stimulants préviennent des agents hyperoxydants reactive oxy-
myxœdème prétibial, acropachye. En se liant aux récepteurs de la gen species (ROS) en activant les voies PKA/CREB et AKT/mTOR
TSH, les Ac induisent une hypertrophie des follicules thyroïdiens alors que les Ac neutres aggravent l’infiltrat inflammatoire thy-
et la libération des hormones thyroïdiennes. Ces Ac réagissent roïdien et rétro-orbitaire en induisant la production des radicaux
avec les autoantigènes thyroïdiens et orbitaires et activent une libres hyperoxydants ROS.
cascade d’événements inflammatoires comme la libération de L’activité stimulante est évaluée par le taux d’accumulation
cytokines qui stimulent la prolifération, la goitrigenèse et la sécré- d’AMPc au niveau cellulaire. Les premiers Ac stimulants du
tion des glycosaminoglycanes. RTSH ont été identifiés chez le hamster. L’activation de ces
La maladie de Basedow est multifactorielle liée à l’interaction de récepteurs stimule l’AMPc, la protéine kinase A et l’élément de
facteurs génétiques et environnementaux et aboutissant à la perte réponse CREB initiant ainsi la voie de signalisation de la protéine
de la tolérance vis-à-vis des antigènes thyroïdiens et à l’initiation kinase C.
de la cascade immunitaire au sein de la glande thyroïde. Quelques L’activité bloquante est évaluée par mesure de l’inhibition de
gènes de susceptibilité ont été identifiés : gènes régulateurs de synthèse d’AMPc en présence de la TSH. Les Ac de type bloquant
l’immunité comme HLA-DR, CTLA4, CD40, PTPN22 ou gènes spé- n’augmentent pas la réponse AMPc en inhibant les effets de la
cifiques de la thyroïde comme ceux de la Tg et du RTSH. Le risque TSH. Il existe aussi des Ac neutres sans effet sur la TSH ni sur les
de survenue de la maladie de Basedow est multiplié par cinq si un niveaux d’AMPc.
membre de la famille est atteint et par 310 si deux membres de La présence des Ac RTSH chez les patients sains est une marque
la famille sont atteints [100] . Les facteurs environnementaux, iode, d’auto-immunité. Leur dosage est réalisé en routine lors du diag-
facteurs nutritionnels, agents infectieux, stress, tabagisme, médi- nostic des hyperthyroïdies, des exophtalmies ou après traitement
cations, jouent également un rôle déterminant dans l’initiation par antithyroïdiens de synthèse pour évaluer le risque de récidive.
de la réaction auto-immune. Ils sont présents chez la majorité des patients atteints par la
La maladie de Basedow est encore considérée comme une mala- maladie de Basedow avec un taux proportionnel à la sévérité de la
die à prédominance Th2, même s’il est rapporté une corrélation pathologie et chez 10 à 15 % des cas de patients ayant la maladie
entre les cytokines Th1 et les dommages musculaires extraocu- de Hashimoto [109] .
laires et une corrélation entre les cytokines Th2 et la stimulation Enfin, la meilleure compréhension de la pathogénie de la
des fibroblastes [101] . En effet, l’infiltrat lymphocytaire contient maladie passe par la compréhension des différences d’activité
des lymphocytes Th2 et des Ac RTSH. Des publications récentes fonctionnelle des Ac selon leur site de liaison sur le récepteur de la
ont montré que la maladie est également à prédominance Th17, TSH, ce qui permettrait de déboucher sur de nouvelles possibilités
ce qui favorise la production par les lymphocytes B d’Ac spé- de prise en charge des maladies de la thyroïde utilisant ce pouvoir
cifiques dirigés contre le RTSH [102] . L’IL-17 active l’expression de blocage ou de stimulation du récepteur.
des chémokines et des cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-6,
TNF-␣), les facteurs d’adhésion cellulaire, ce qui permet la migra-
tion des leucocytes et l’infiltration lymphocytaire dans le tissu
thyroïdien [103] .  Manifestations
Plus récemment, le rôle des cellules T régulatrices (Treg) a
été également démontré dans la maladie de Basedow [104] . En extrathyroïdiennes
effet, sous l’influence de facteurs environnementaux (stress, iode,
etc.), les cellules dendritiques induisent l’apoptose de cellules
de l’auto-immunité
Treg par l’IFN-␣, ce qui stimule les cellules effectrices Th2 ou antithyroïdienne
Th1/Th17 et la production d’Ac RTSH. Ainsi le taux de cellules
Treg est inversement proportionnel au taux d’Ac anti-RTSH. Les Les thyropathies auto-immunes ont des conséquences mor-
Ac RTSH peuvent stimuler la réaction Th1 et Th2 selon la manière phologiques et fonctionnelles sur la thyroïde et, incons-
par laquelle l’antigène est présenté par les cellules dendriti- tamment, s’associent à des manifestations extrathyroïdiennes.
ques. L’ophtalmopathie basedowienne (OB), le myxœdème prétibial
Nanba et al. ont montré que la proportion de cellules Th2 est et l’acropachye affectent respectivement 25, 1,5 et 0,3 % des
plus importante dans les maladies de Basedow évolutives compa- patients atteints de maladie de Basedow [110] . On décrit aussi
rativement aux maladies de Basedow en rémission et aux sujets l’encéphalopathie de Hashimoto.

8 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Auto-immunité antithyroïdienne  10-002-G-10

Œil basedowien Une fois activés par la fixation des Ac anti-RTSH, les fibroblastes
Thy-1– , aussi appelés préadipocytes, vont se différencier en adipo-
L’OB, ou orbitopathie basedowienne, est la plus fréquente des cytes matures qui surexpriment le RTSH, ce qui renforce encore
manifestations extrathyroïdiennes. Elle touche dans 90 % des l’adipogenèse. Les lymphocytes T activés intraorbitaires sécrètent
cas des patients ayant une hyperthyroïdie due à une maladie des prostaglandines proadipogènes qui stimulent également la
de Basedow, mais peut aussi survenir chez des patients basedo- différenciation des préadipocytes en adipocytes. Parallèlement,
wiens en euthyroïdie, voire en hypothyroïdie, et même dans la stimulation du R-IGF1 exprimé par les fibroblastes orbitaires
un contexte de thyroïdite chronique auto-immune avec ou sans aboutit à une sécrétion de chémokines, l’IL-16 et regulated upon
hypothyroïdie [111] . Sa prévalence dans la maladie de Basedow a activation normal T-cell expressed and secreted (RANTES), qui aug-
été évaluée dans une large étude récente à 25 % [112] , majoritai- mentent le recrutement de lymphocytes T activés et d’autres
rement des formes légères et inactives, 5 % de formes modérées cellules mononucléées au sein de l’orbite.
à sévères actives, et 0,3 % de formes mettant en jeu le pro- Ces fibroblastes peuvent aussi interagir directement avec les
nostic visuel (neuropathie optique ou complications cornéennes lymphocytes T par l’intermédiaire de ponts CD40-CD154, ce qui
graves). stimule la sécrétion par les fibroblastes d’IL-1. Les lymphocytes T
L’OB consiste en un processus inflammatoire et œdémateux qui activés produisent par ailleurs de l’IFN-␥ et du TNF. En réponse à
affecte le contenu de l’orbite, en particulier le tissu fibroadipeux la stimulation par ces cytokines et par l’IL-1 (sécrétée par les fibro-
et les muscles oculomoteurs, entraînant une augmentation de blastes et aussi par les macrophages), les fibroblastes orbitaires
la pression intraorbitaire. Elle se manifeste cliniquement par des Thy-1+ sécrètent de grandes quantités de substance amorphe,
signes inflammatoires et œdémateux, une rétraction palpébrale, contenant des fibrilles de collagène et des glycosaminoglycanes,
une exophtalmie, une diplopie et peut aboutir dans les formes essentiellement de l’acide hyaluronique. Cette substance haute-
graves à une souffrance du nerf optique ou de la cornée mettant ment hydrophile va attirer de grandes quantités d’eau, induisant
en jeu le pronostic visuel. L’évolution est caractérisée par une les manifestations œdémateuses musculaires. Ces fibroblastes pro-
phase initiale inflammatoire dite « active » et une phase tardive duisent aussi du transforming growth factor β (TGF-␤) qui stimule
« inactive ». Les signes oculaires surviennent généralement après aussi la production d’acide hyaluronique et la différenciation d’un
l’apparition de l’hyperthyroïdie, mais ils peuvent aussi la précé- sous-groupe de fibroblastes Thy-1+ en myofibroblastes, qui parti-
der ou apparaître simultanément. Le tabagisme est un facteur de cipent à la constitution de la fibrose musculaire dans les stades
risque majeur de survenue d’OB, ainsi qu’un facteur aggravant et tardifs de la maladie.
de résistance au traitement [112] . Enfin, les adipocytes et les fibroblastes synthétisent de l’IL-6 qui
Les liens entre l’hyperthyroïdie basedowienne et l’orbitopathie stimule la maturation des lymphocytes B et augmente la produc-
reposent sur l’hypothèse d’un « antigène partagé », qui corres- tion d’Ac anti-RTSH par les plasmocytes intraorbitaires [112] .
pond vraisemblablement au RTSH. Les Ac anti-RTSH, dont le La neuropathie optique n’est pas en rapport avec une atteinte
rôle pathogène est démontré en ce qui concerne l’induction de neurologique primitive. Elle est d’origine mécanique, secondaire
l’hyperthyroïdie, semblent également au centre de la pathogénie aux phénomènes œdémateux. Elle peut être d’origine compres-
de l’OB. L’expression du RTSH a en effet été clairement démon- sive, liée à la contrainte exercée sur les fibres optiques par
trée au sein des fibroblastes et des adipocytes orbitaires [113] , avec l’hypertrophie du tissu adipeux et surtout par l’infiltration des
un niveau d’expression qui est corrélé à la sévérité de l’OB [90] , et muscles oculomoteurs, notamment au niveau de l’apex orbitaire.
qui est plus intense chez les patients en phase active que chez les Elle peut aussi être secondaire à un étirement majeur du nerf
patients en phase inactive [113] . Par ailleurs, on sait que l’élévation optique lié à la sévérité de l’exophtalmie, pouvant conduire à des
de la TSH est un facteur aggravant de l’OB, potentiellement par lésions anatomiques.
augmentation de la stimulation des RTSH. Aucun modèle animal
n’a néanmoins encore permis à ce jour de reproduire le dévelop-
pement d’une ophtalmopathie comparable à l’OB humaine après Myxœdème prétibial
induction d’une immunisation vis-à-vis du RTSH.
Un autre antigène, le récepteur de l’insulin-like growth factor-1 Le myxœdème prétibial, ou dermopathie basedowienne (DB),
(R-IGF1), pourrait aussi être impliqué dans l’initiation ou le main- touche environ 4 à 13 % des patients ayant une OB, les préva-
tien du processus. Le R-IGF1 est aussi exprimé à la surface des lences les plus élevées étant rencontrées dans les OB les plus
fibroblastes orbitaires, des lymphocytes B, lymphocytes T et des sévères [110] . À l’inverse, la quasi-totalité des patients ayant une
fibrocytes [114] . Le niveau d’expression du R-IGF1 est plus intense DB souffrent aussi d’OB, seuls de rares cas de DB isolée ont été
sur les fibroblastes orbitaires de patients basedowiens en compa- rapportés. Elle apparaît en moyenne 12 à 24 mois après le diag-
raison avec des fibroblastes normaux [112] . L’IGF1 est capable de nostic d’hyperthyroïdie, mais peut se développer parfois plusieurs
stimuler la synthèse d’acide hyaluronique dans les fibroblastes années après.
orbitaires [115] . Enfin, une colocalisation du RTSH et du R-IGF1 a La DB touche préférentiellement les régions prétibiales, et dans
été observée dans les cellules thyroïdiennes et dans les fibroblastes une moindre mesure les pieds et les orteils. Il s’agit de plaques
orbitaires, ainsi que la capacité de ces deux récepteurs à former des œdémateuses fermes ne prenant pas le godet, avec parfois un
complexes fonctionnellement actifs [116] . aspect en peau d’orange, voire pseudoéléphantiasique. Les consé-
Les principaux acteurs cellulaires de la réaction auto-immune quences sont essentiellement d’ordre esthétique mais les lésions
qui se déroule dans l’orbite sont les cellules inflammatoires, peuvent être sensibles et gêner le chaussage [118] .
lymphocytes T, lymphocytes B, macrophages, plasmocytes, qui La physiopathologie de la DB a été moins étudiée que celle
vont interagir avec les cellules cibles qui sont les fibroblastes de l’OB, mais il semble que certains mécanismes soient com-
orbitaires, de façon directe ou par l’intermédiaire de différentes muns entre ces deux atteintes. Toutes deux sont favorisées et
cytokines [112] . Des infiltrats de lymphocytes B et T ont été iden- aggravées par le tabagisme. Les titres d’Ac anti-RTSH sont particu-
tifiés dans la graisse orbitaire et les muscles oculomoteurs, avec lièrement élevés chez les patients développant une DB, suggérant
un profil semblable à celui des lymphocytes infiltrant la thy- des phénomènes auto-immuns intenses. Des facteurs mécaniques
roïde des patients basedowiens. Ces infiltrats comportent des semblent également impliqués dans sa localisation, probablement
lymphocytes T CD4+ et CD8+ , avec un profil sécrétoire Th1 pré- d’ordre traumatique et positionnel, en rapport avec une moindre
dominant au début de l’ophtalmopathie et un profil Th2 plutôt efficacité du drainage lymphatique au niveau des membres infé-
associé aux stades plus tardifs de la maladie [117] . Les cellules rieurs [118] .
cibles de la réaction auto-immune sont donc les fibroblastes Sur un plan histologique, les études biopsiques montrent que,
orbitaires, qui constituent une population hétérogène composée dans la DB, la peau est infiltrée par d’abondantes quantités de
de plusieurs sous-types ayant chacun des propriétés différentes. glycosaminoglycanes, par quelques lymphocytes et une augmen-
Ainsi, la majorité des fibroblastes infiltrant les muscles oculomo- tation modérée de mastocytes, mais pas d’augmentation du tissu
teurs surexprime en surface le marqueur Thy-1 (CD90), tandis adipeux. L’accumulation de glycosaminoglycanes est responsable
que seuls 30 % des fibroblastes infiltrant la graisse expriment ce d’une importante rétention hydrique, conduisant à une obstruc-
marqueur. tion lymphatique et au lymphœdème. Le RTSH semble, comme

EMC - Endocrinologie-Nutrition 9
10-002-G-10  Auto-immunité antithyroïdienne

dans l’OB, jouer un rôle central dans la physiopathologie de la sont susceptibles de s’associer à d’autres atteintes glandulaires
DB. Il est en effet exprimé dans la peau [119] , à des niveaux parti- et viscérales qu’on groupe sous le nom de polyendocrinopa-
culièrement élevés dans les fibroblastes du tissu prétibial lors de thies auto-immunes de types 1 et 2 et du très rare syndrome
la DB [120] . d’immunodérégulation, polyendocrinopathie, entéropathie auto-
immune (IPEX).
Acropachye basedowienne
Polyendocrinopathies auto-immunes
L’acropachye basedowienne affecte environ 4 % des patients
porteurs d’OB, et plus particulièrement 20 % des patients souffrant de type 1
de myxœdème prétibial [118] . Elle se présente essentiellement sous
Elles se caractérisent d’abord par la triade de Whitaker (hypo-
la forme d’un épaississement du derme des doigts, d’un hippocra-
parathyroïdie, insuffisance surrénale, moniliase). Elles sont liées à
tisme digital, et d’une périostite du premier métacarpien [121] . La
une anomalie du gène AIRE porté par le chromosome 21 compor-
physiopathologie est probablement similaire à celle de la dermo-
tant 14 exons. Le gène code, pour la protéine AIRE, un facteur
pathie, avec une activation des fibroblastes et une accumulation
de transcription. Celui-ci s’exprime au niveau thymique (dans les
de glycosaminoglycanes, mais les études spécifiques sont rares.
cellules de la médullaire, les monocytes, les lymphocytes CD4)
et contribue à la sélection négative de thymocytes autoréactifs ;
Encéphalopathie de Hashimoto au niveau périphérique, la protéine AIRE contrôle la proliféra-
tion lymphocytaire, intervient aussi dans les défenses contre les
L’encéphalopathie de Hashimoto (EH) fut décrite pour la pre- agents microbiens (les Th ont une activité immune innée contre
mière fois en 1966 par le professeur Brain, célèbre neurologue Candida albicans). Ainsi des altérations génétiquement acquises
britannique [122] . Plus d’une centaine de cas ont été rapportés au cours de mutations bialléliques du gène AIRE contribuent à
depuis, mais la communauté scientifique continue de se deman- l’émergence de diverses variétés d’Ac, une altération des défenses
der si elle correspond à une entité spécifique, ou à la survenue immunes contre les agents microbiens, et à une constellation
fortuite d’un tableau neurologique rare chez des patients pré- d’atteintes viscérales souvent sévères [127] . Cependant, l’atteinte
sentant une pathologie thyroïdienne fréquente. Le diagnostic thyroïdienne est rare et tardive [128] . Une exception est constituée
est généralement retenu devant une encéphalopathie surve- par une famille italienne, à transmission autosomique dominante
nant chez un patient présentant une thyroïdite auto-immune, et non récessive, se caractérisant par une mutation dirigée contre
après exclusion des autres étiologies d’encéphalopathie, et dont le gène G228W affectant le domaine de liaison à l’ADN (SAND) de
l’évolution est favorable sous corticothérapie. Les dénominations la protéine AIRE, modifiant l’adressage cellulaire et déterminant
« encéphalopathie auto-immune associée à la thyroïdite de Hashi- un effet dominant négatif par liaison à la protéine sauvage non
moto » ou « encéphalopathie répondant aux corticoïdes associée mutée de AIRE. Dans cette situation, l’hypothyroïdie liée à une
à la thyroïdite de Hashimoto » sont considérées par plusieurs thyroïdite auto-immune constitue l’expression dominante de la
auteurs comme étant plus appropriées [122] . maladie [129] .
Les manifestations cliniques sont multiples et aspécifiques. Les
explorations paracliniques, électroencéphalogramme, imagerie
par résonance magnétique (IRM), ponction lombaire, permettent Polyendocrinopathies auto-immunes
d’exclure les autres étiologies d’encéphalopathie, notamment de type 2
infectieuses.
Sur le plan thyroïdien, par définition, tous les patients Elles sont plus communes, à transmission autosomique domi-
présentent une thyroïdite auto-immune avec présence d’Ac anti- nante, à pénétrance incomplète, ce qui n’exclut pas l’influence
thyroglobuline et/ou antithyroperoxydase, associée ou non à une de facteurs environnementaux. La liaison génétique implique
hypothyroïdie. Des cas cliniques isolés d’encéphalopathies liées à de façon prédominante le système majeur d’histocompatibilité
des maladies de Basedow ont été rapportés [122] . (HLA) lié au chromosome 6. L’atteinte thyroïdienne est la manifes-
Les mécanismes physiopathologiques de cette encéphalopathie tation prédominante, s’associant au diabète sucré, à l’insuffisance
ne sont pas clairement identifiés. La bonne réponse à la corti- surrénale, à l’insuffisance ovarienne prématurée [128] .
cothérapie à forte dose est un élément en faveur d’une origine
auto-immune du phénomène, mais également un facteur confon-
dant puisque le diagnostic est généralement remis en cause en « Immunodysregulation polyendocrinopathy
l’absence de cortico-sensibilité. Quelques rares résultats de biopsie X-linked syndrome »
cérébrale ont été rapportés, révélant une infiltration lymphocy-
taire du système veineux cérébral, de la paroi des artérioles, des L’affection est monogénique liée au gène FOXP3 qui code,
régions périvasculaires et gliales [122] . La présence d’Ac antithy- pour la scurfine, un facteur transcriptionnel d’activation.
roïdiens a été démontrée dans le liquide cérébrospinal (LCS) de Celui-ci possède un rôle clé sur les cellules T régulatrices [130] .
patients porteurs d’EH, et n’a pas été identifiée chez des sujets L’affection associe un diabète sucré, diverses endocrinopathies
témoins [123, 124] . Les Ac anti-TPO sont capables de se lier aux astro- auto-immunes et une hypothyroïdie.
cytes cérébelleux [124] . Deux équipes ont démontré la capacité des
Ac anti-Tg de se fixer au niveau des cellules musculaires lisses
de la paroi des vaisseaux sanguins cérébraux [125, 126] . Mais il s’agit  Auto-immunité antithyroïdienne
d’arguments indirects, et on ignore si ces Ac peuvent jouer un rôle
pathogène direct sur l’atteinte du système nerveux central. On sait et grossesse
par ailleurs qu’il n’y a pas de corrélation entre sévérité de l’atteinte
neurologique et le titre d’Ac antithyroïdiens [122] . Une substitution Thyroïde et grossesse
en lévothyroxine est recommandée s’il existe une hypothyroïdie, Durant la grossesse, la glande thyroïde doit s’adapter pour
mais celle-ci n’améliore pas les signes neurologiques. compenser les besoins accrus en hormones thyroïdiennes liés à
l’augmentation de la thyroxin-binding globulin (TBG) induite par
les estrogènes, l’effet TSH-like de l’human chorionic gonadotropin
 Modèle clinique (HCG) durant le premier trimestre, l’accroissement du volume
des polyendocrinopathies de distribution et l’augmentation de la dégradation des hor-
mones thyroïdiennes. Par ailleurs, il existe une carence iodée
auto-immunes dommageable pour la situation thyroïdienne maternelle et fœtale
puisque 75 % des femmes enceintes ont une iodurie inférieure à
Bien que considérées comme le paradigme des maladies auto- 100 ␮g/j [131] alors que l’apport journalier recommandé est de 175 à
immunes spécifiques d’organe, les thyropathies auto-immunes 200 ␮g/j. Les femmes présentant préalablement à la grossesse une

10 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Auto-immunité antithyroïdienne  10-002-G-10

auto-immunité thyroïdienne ont un risque accru d’hypothyroïdie


du fait des difficultés d’adaptation de la thyroïde à l’augmentation Mère Placenta Fœtus
des besoins en hormones thyroïdiennes.

T4
Auto-immunité thyroïdienne et grossesse
T3
La grossesse est une période de tolérance immunitaire rele-
vant de différents mécanismes : tolérance centrale thymique, FT4
ignorance cellulaire périphérique, anergie contre les antigènes
séquestrés et surtout augmentation des cellules T régulatrices [104] . FT3
Ces cellules sont des lymphocytes T CD4+ CD25+ capables
d’exprimer les gènes de la superfamille des récepteurs des facteurs
de nécrose tumorale et FoxP3 dont le rôle principal est la suppres- TSH
sion des cellules T cibles (par cytolyse directe ou via les cytokines) Anti-TPO
et des cellules présentatrices d’antigènes. Par ailleurs, un profil de
cytokines Th2 prédomine durant la grossesse expliquant l’auto- Anti-RTSH
immunité thyroïdienne Ac dépendante, alors que ce profil devient
plutôt Th1 en post-partum expliquant les mécanismes de destruc- Iode
tion glandulaire caractérisant les thyroïdites.
ATS

β-bloquants
Hyperthyroïdie et grossesse
L’hyperthyroïdie touche 0,2 % des femmes enceintes et est
le plus souvent en relation avec une maladie de Basedow, que Figure 1. Passage transplacentaire des hormones, anticorps et médica-
celle-ci soit connue et traitée préalablement à la grossesse ou ments. T3 : tri-iodothyronine ; FT3 : tri-iodothyronine libre ; T4 : thyroxine ;
diagnostiquée pendant la grossesse. On constate chez les femmes FT4 : thyroxine libre ; TSH : thyroid stimulating hormone ; anti-TPO : anti-
basedowiennes une augmentation du titre des Ac RTSH de type hyroperoxydase ; anti-RTSH : antirécepteur de la TSH ; ATS : antithyroïdien
bloquant, expliquant l’atténuation de l’hyperthyroïdie et, dans de synthèse.
certains cas, l’apparition d’une hypothyroïdie. Cette modifica-
tion s’observe le plus souvent au cours des 2e et 3e trimestres. Le
mécanisme exact est inconnu mais il a été démontré que les Ac
RTSH sont hétérogènes, issus de différents clones de cellules B et T
 Iatrogénie et auto-immunité
répondant aux différents épitopes du récepteur de la TSH. Il a aussi antithyroïdienne
été démontré que 18,5 % des patients atteints de la maladie de
Basedow ont à la fois des Ac de types stimulant et bloquant. L’effet Thyropathies iatrogènes
clinique dépend de la concentration et de l’affinité respective des
deux types d’Ac [132] . Certaines formes s’apparentent aux thyroïdites auto-immunes.
Il s’agit essentiellement des dysfonctions thyroïdiennes induites
par les traitements par IFN-␣ et ␤ [139] . Les traitements par lithium,
Anticorps antirécepteur de la TSH stimulants Ac monoclonaux, thérapies ciblées, iode peuvent également être
responsables de dysfonctions thyroïdiennes auto-immunes.
ou bloquants et grossesse
Les Ac anti-RTSH stimulants et bloquants peuvent traverser la
barrière placentaire à partir du deuxième trimestre (Fig. 1) et exer-
Interféron alpha
cer un effet sur la thyroïde fœtale, maximal au début du troisièmr Des dysfonctions thyroïdiennes sont observées chez environ 10
trimestre [133] . S’ils sont stimulants, ils peuvent induire une hyper- à 15 % des patients soumis à un traitement par IFN-␣, essentiel-
thyroïdie fœtale ou néonatale responsable d’une tachycardie, lement dans les hépatites chroniques actives. Le risque est plus
d’un possible goitre et d’un retard de croissance intra-utérin. S’ils important chez la femme, en cas d’antécédent familial ou person-
sont bloquants, ils peuvent être responsables d’une hypothyroïdie nel de thyropathie, ou si préexistent des Ac antithyroïdiens. Elles
le plus souvent transitoire mais pouvant avoir des conséquences peuvent survenir durant le traitement ou après l’interruption du
sur le développement psychomoteur en l’absence de traitement. traitement par IFN.
Ces Ac bloquants sont détectés chez 4 % des mères des enfants Plusieurs arguments plaident en faveur d’un mécanisme
atteints d’hypothyroïdies néonatales [134] . auto-immun, consécutif à l’exacerbation d’une thyropathie auto-
immune latente ou à l’induction d’une réaction auto-immune liée
aux propriétés immunomodulatrices de l’IFN-␣. L’IFN-␣ pourrait
Hypothyroïdie et grossesse agir indirectement par induction de l’augmentation de la concen-
tration d’autres cytokines douées d’activité immunomodulatrice
L’hypothyroïdie est plus fréquente que l’hyperthyroïdie durant
(IFN-␥, TNF-␣) ou directement par induction de l’expression des
la grossesse (2 à 3 % des grossesses) mais les manifestations cli-
antigènes HLA de classe I à la surface des thyrocytes, facilitant
niques ne sont présentes que dans 1 % des cas. Elle relève le
ainsi l’action des lymphocytes T cytotoxiques. Un effet toxique
plus souvent d’une thyroïdite lymphocytaire chronique auto-
de l’IFN-␣ sur la thyroïde est également évoqué, direct, ou indi-
immune. Certains cas sont associés à la présence d’Ac RSTH de
rect par l’intermédiaire de l’IL-6 : inhibition de la synthèse et de
type bloquant, pouvant exercer un effet délétère sur la thyroïde
la sécrétion des hormones thyroïdiennes.
fœtale [135] .

Interféron bêta
Anticorps antithyroperoxydase, fertilité,
grossesse et post-partum Depuis quelques années, l’IFN-␤ recombinant est utilisé dans
le traitement de la sclérose en plaques. Chez ces patients, on
Des Ac anti-TPO sont présents chez 10 % des femmes en âge de décrit l’apparition d’Ac antithyroïdiens et la survenue de dysfonc-
procréer [136] . Leur présence est associée à un risque accru de fausses tions thyroïdiennes auto-immunes le plus souvent infracliniques
couches, d’hypertension artérielle gravidique, d’accouchements et d’évolution spontanément favorable. Quelques cas de dysfonc-
prématurés et de complications obstétricales [137, 138] . tions thyroïdiennes non auto-immunes ont également été décrits.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 11
10-002-G-10  Auto-immunité antithyroïdienne

Lithium les zones d’atypies nucléaires, génétiquement instables, poten-


tiellement prénéoplasiques entourant la thyroïdite [150, 151] . Une
Les traitements prolongés par lithium peuvent induire des dys- surexpression de la cycloexogénase-2 (COX-2) s’observe à la fois
thyroïdies. Il s’agit principalement d’hypothyroïdies, liées à un au sein de la thyroïdite et des cellules carcinomateuses thyroï-
effet inhibiteur direct du lithium sur la fonction thyroïdienne, ou diennes. Celle-ci contribue à la production de prostaglandines et
à un mécanisme auto-immun, comme en atteste la présence chez à l’inflammation. De plus, par l’intermédiaire de la stimulation de
ces patients d’Ac anti-TPO deux fois plus fréquemment que dans l’EGF et de l’IL-6, COX-2 contribue au risque carcinogène [152] .
la population générale. D’authentiques maladies de Basedow ont La protéine P63 impliquée comme p53 dans la régulation du
également été décrites. Le lithium agirait directement sur le sys- cycle cellulaire est exprimée dans la thyroïdite de Hashimoto,
tème immunitaire en stimulant la prolifération lymphocytaire, la comme dans les cancers papillaires dont elle constituerait un fac-
synthèse d’immunoglobulines et de cytokines [140] . teur pathogénique commun.
Lors de la thyroïdite de Hashimoto, sont aussi exprimés au sein
des thyrocytes les marqueurs d’apoptose (Fas et son ligand, Fas
Anticorps monoclonaux ligand) qui contribueraient sans doute à la destruction et à une
L’ipilimumab, Ac monoclonal anti-CTLA-4, utilisé dans le moindre agressivité des cancers différenciés [153, 154] .
traitement du mélanome métastatique, et l’alemtuzumab, Ac Enfin, le stress oxydatif lié à l’iode prédispose aussi à
monoclonal anti-CD52, utilisé dans le traitement de la sclérose en l’auto-immunité antithyroïdienne et au cancer papillaire [155, 156] .
plaques, peuvent induire des thyropathies auto-immunes : thyroï- L’accroissement de la TSH constitue un facteur de promotion et
dites lymphocytaires chroniques auto-immunes ou maladies de de révélation des cancers.
Basedow, en général dans les premiers mois du traitement [141, 142] .
Maladie de Basedow
Thérapies ciblées Comme dans la thyroïdite de Hashimoto, existe dans la mala-
die de Basedow une dérégulation apoptotique à laquelle contribue
Les inhibiteurs des tyrosines kinases peuvent induire des dys-
l’infiltrat lymphoplasmocytaire. Fas soluble est présent dans le
fonctions thyroïdiennes relevant de différents mécanismes : effets
surnageant des cultures des thyrocytes des goitres liés à la maladie
périphériques par augmentation de la clairance métabolique
de Basedow, en liaison avec IL-1␤ et TNF-␣ [154] . Les Ac antirécep-
des hormones thyroïdiennes, effets toxiques directs mais aussi
teur de TSH qui se lient aux cellules thyroïdiennes normales et
induction d’une réaction auto-immune de type thyroïdite silen-
tumorales constituent un facteur potentiel de prolifération tumo-
cieuse [143] .
rale [157] .
La prévalence du cancer thyroïdien au cours de la maladie de
Iode la maladie de Basedow a été estimée de 0,4 [158] à 9,8 % [159] . Elle
était seulement de 1,3 % dans la série rétrospective de Carnell et
Une surcharge iodée d’origine médicamenteuse (amiodarone) Valente de 468 maladies de Basedow [160] . L’agressivité des tumeurs
peut induire des dysfonctions thyroïdiennes, hypo- ou hyper- en définitive n’apparaît pas à l’évidence plus sévère que dans le
thyroïdies, relevant de différents mécanismes. L’iode agit sur reste de la population.
l’auto-immunité thyroïdienne par action cytotoxique directe sur
le parenchyme thyroïdien et libération des antigènes thyroï-
diens, au niveau du thymus en modulant l’activité des cellules
immunocompétentes, et en augmentant l’immunogénicité de la
 Sites d’action des thérapeutiques
thyroglobuline [144] . de l’auto-immunité
antithyroïdienne
 Auto-immunité thyroïdienne La plupart des traitements utilisés dans les thyropathies
et cancer auto-immunes sont des traitements symptomatiques, qui sont
remarquablement efficaces et dans l’ensemble bien tolérés.
Les maladies thyroïdiennes auto-immunes (thyroïdites de C’est le cas du traitement substitutif en lévothyroxine et
Hashimoto, maladie de Basedow) constituent-elles des facteurs des traitements antithyroïdiens de synthèse. En comparaison,
de prédisposition au cancer ? Ou, au contraire, les thyropathies l’utilisation de traitements étiologiques, ciblant directement les
auto-immunes qui prédisposent à l’apoptose et à la mort cellulaire processus auto-immuns, s’est révélée délétère et peu efficace.
paraissent-elles des facteurs de protection vis-à-vis de l’agressivité C’est donc seulement lorsque surviennent des manifestations
des cancers ? extrathyroïdiennes sévères que le recours aux traitements
immunosuppresseurs est envisagé. Ces traitements ont été princi-
palement étudiés dans l’OB.
Thyroïdite de Hashimoto
Les très nombreuses études publiées font état de prévalences Antithyroïdiens de synthèse
assez disparates des cancers thyroïdiens différenciés au sein des
goitres, sièges de thyroïdite lymphocytaire chronique. Celle-ci La seule prescription d’un traitement antithyroïdien de syn-
atteignait 38 % dans l’enquête de Tamimi portant sur 267 cas thèse améliore les signes d’OB chez 40 à 50 % des patients, quelles
que soient les molécules utilisées ou le schéma thérapeutique.
de thyroïdite de Hashimoto [145] . À l’inverse, une prévalence
Il n’y a pas de supériorité du schéma faibles doses ou « block
d’infiltrats lymphocytaires s’associant au cancer papillaire était
and replace », pourvu que l’on évite absolument toute élévation
observée seulement dans 3,6 % des cas. La méta-analyse de Singh
de la TSH. Cet effet à court terme est lié à la restauration de
et al. en 1999 faisait état au cours de la thyroïdite de Hashimoto
l’euthyroïdie, et non pas à un effet direct des antithyroïdiens de
d’un risque relatif de cancer papillaire de 1,9, de cancer thyroï-
synthèse sur l’orbitopathie. Ces traitements n’ont, en revanche,
dien différencié de 2,77 [146] . La disparité des populations étudiées
pas d’impact sur l’évolution à long terme de l’OB [160] .
et des critères diagnostiques explique sans doute cette différence
d’appréciation.
La thyroïdite auto-immune semble constituer un facteur de pré- Corticothérapie
disposition aux réarrangements RET/PTC, notamment RET/PTCA,
tels qu’ils sont fréquemment observés au cours des cancers papil- La corticothérapie systémique constitue le traitement de pre-
laires, notamment multifocaux [147–149] . Une perte d’hétérozygotie mière intention de l’OB modérée à sévère évolutive [161] . Elle a un
des gènes suppresseurs de tumeurs apparaît aussi évidente dans effet non spécifique anti-inflammatoire et immunosuppresseur.

12 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Auto-immunité antithyroïdienne  10-002-G-10

La supériorité de la corticothérapie intraveineuse, sous la forme s’intéressent au développement d’agents thérapeutiques ciblant
de bolus discontinus de méthylprednisolone, sur la corticothéra- directement le RTSH. Il pourrait s’agir d’Ac bloquants dirigés
pie orale a été clairement démontrée par deux études contrôlées contre le RTSH, ou de petites molécules (small molecule ligands
randomisées [162, 163] et confirmée par des méta-analyses et revues [SML]) se fixant sur le RTSH et agissant comme des inhibiteurs
systématiques de la littérature [164, 165] . La corticothérapie intravei- allostériques [173–176] .
neuse est utilisée à fortes doses, permettant un effet rapide qui
passe par une voie de signalisation intracellulaire non génomique.
L’effet immunosuppresseur est lié à une déplétion en cellules
dendritiques circulantes, qui sont les principales cellules présenta-
trices d’antigène. L’effet de la corticothérapie orale est en revanche
“ Points essentiels
beaucoup plus lent, passant par une voie génomique, c’est-à-dire
par la transactivation de gènes anti-inflammatoires et la trans- • L’auto-immunité thyroïdienne constitue un modèle de
répression de gènes pro-inflammatoires. Des effets indésirables maladie auto-immune spécifique d’organe.
graves, notamment hépatiques, ont cependant été décrits lors de • Les mécanismes effecteurs de la réaction auto-immune
l’utilisation de fortes doses de méthylprednisolone intraveineuse. sont multiples, relèvent à la fois de l’immunité humorale et
de l’immunité cellulaire et induisent des altérations lésion-
nelles et fonctionnelles du parenchyme thyroïdien.
Radiothérapie • En dépit de leur diversité d’expression clinique,
La radiothérapie est utilisée pour son action anti-inflammatoire toutes les thyropathies auto-immunes relèvent de bases
non spécifique et en raison de la radiosensibilité des lympho- physiopathologiques communes : facteurs génétiques,
cytes intraorbitaires [166] . Elle est essentiellement efficace sur la environnementaux et endogènes.
diplopie et l’atteinte des tissus mous, mais a peu d’effet sur • En pratique clinique, l’évaluation biologique de l’auto-
l’exophtalmie [167, 168] . immunité thyroïdienne repose essentiellement sur les
dosages des Ac dirigés contre les trois principaux antigènes
Ciclosporine thyroïdiens : TPO, Tg, RTSH.
• La maladie de Basedow peut s’associer à des manifesta-
La ciclosporine est un immunosuppresseur qui cible à la fois tions auto-immunes extrathyroïdiennes liées au RTSH.
l’immunité humorale et l’immunité cellulaire. Il s’agit d’une • La grossesse constitue une période de tolérance immu-
molécule spécifiquement dirigée contre les lymphocytes, qui a
nitaire mais le post-partum est une période favorisant
un effet dès les stades précoces de leur activation. Les études
randomisées ont montré que la ciclosporine utilisée seule était la rechute ou l’émergence des pathologies thyroïdiennes
moins efficace que la corticothérapie intraveineuse, mais que auto-immunes.
l’association ciclosporine plus corticothérapie était supérieure à • Les thyropathies auto-immunes sont parfois associées à
l’effet de l’un ou l’autre de ces traitements utilisés seuls [169, 170] . d’autres atteintes auto-immunes viscérales ou glandulaires
Son utilisation dans l’OB reste néanmoins limitée aux contre- dans le cadre des polyendocrinopathies de type I ou II.
indications des autres thérapeutiques. • Certaines thérapeutiques innovantes comme les Ac
monoclonaux, les thérapies ciblées peuvent induire des
dysfonctions thyroïdiennes auto-immunes dont il convient
Rituximab
de préciser le mécanisme pour permettre une prise en
Le rituximab est un Ac monoclonal ciblant l’antigène CD20, charge thérapeutique adaptée.
exprimé à la surface des prélymphocytes B et de lymphocytes B
matures. Il s’agit d’un agent dépléteur en lymphocytes B, uti-
lisé dans le lymphome malin non hodgkinien de type B et
dans la polyarthrite rhumatoïde. L’intérêt de ce traitement serait
donc de diminuer la fonction de cellule présentatrice d’antigène
exercée par les lymphocytes B, la sécrétion de cytokines pro- Déclaration d’intérêts : invitations à des congrès et des repas de travail avec les
inflammatoires et la production d’Ac anti-RTSH et anti-R-IGF1 laboratoires : Merck Serono, H.A.C. Pharma.
par ces cellules. Après la publication de plusieurs cas [171] , deux
études randomisées récentes ont évalué l’intérêt du rituximab
chez des patients atteints d’OB active modérée à sévère, avec des  Références
résultats discordants. La première n’a pas démontré d’efficacité
du rituximab comparé à un placebo [88] . La seconde en revanche a [1] Rose NR, Witebsky E. Studies on organ specificity. V. Changes in the
démontré une supériorité du rituximab comparé au traitement de thyroid glands of rabbits following active immunization with rabbit
référence, la méthylprednisolone par voie intraveineuse, notam- thyroid extracts. J Immunol 1956;76:417–27.
ment en ce qui concerne le délai d’inactivation de la maladie [2] Roitt IM, Doniach D, Campbell PN, Hudson RV. Auto-antibodies in
et l’évolution de la diplopie [172] . Il s’agissait néanmoins d’études Hashimoto’s disease (lymphadenoid goitre). Lancet 1956;271:820–1.
avec de petits effectifs, respectivement 21 et 29 patients, dont la [3] Trotter WR, Belyavin G, Waddams A. Precipitating and complement-
durée moyenne d’évolution de l’OB était franchement différente, fixing antibodies in Hashimoto’s disease. Proc R Soc Med
11,2 versus 4,5 mois, ainsi que la sévérité de la diplopie. Les effets 1957;50:961–2.
indésirables ne sont néanmoins pas négligeables, à type de réac- [4] Ruf J, Czarnocka B, De Micco C, Dutoit C, Ferrand M, Carayon
tions aiguës aux perfusions ou de complications infectieuses, mais P. Thyroid peroxidase is the organ-specific “microsomal” autoan-
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tats sont probablement dus à leur mode d’action non spécifique, disease. Clin Endocrinol 2004;61:405–13.
agissant de façon non ciblée sur l’inflammation. Le traitement [8] Rebuffat SA, Nguyen B, Robert B, Gastex F, Peraldi-Roux S. Antithy-
idéal devrait donc être dirigé spécifiquement contre les acteurs res- roperoxydase antibody-dependent cytotoxicity in autoimmune thyroid
ponsables de l’hyperthyroïdie et de l’OB. Ainsi, plusieurs équipes disease. J Clin Endocrinol Metab 2008;93:929–34.

EMC - Endocrinologie-Nutrition 13
10-002-G-10  Auto-immunité antithyroïdienne

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C. Cardot-Bauters (c-cardot-bauters@chru-lille.fr).
M. Ladsous.
K. Benomar.
Service d’endocrinologie, Hôpital Claude-Huriez, CHRU de Lille, rue Michel-Polonovski, 59000 Lille cedex, France.
M. d’Herbomez.
Laboratoire de médecine nucléaire, Pôle de biologie, CHRU de Lille, boulevard du Professeur-Jules-Leclercq, 59037 Lille cedex, France.
J.-L. Wémeau.
Service d’endocrinologie, Hôpital Claude-Huriez, CHRU de Lille, rue Michel-Polonovski, 59000 Lille cedex, France.
Équipe d’accueil d’immunologie EA2686, CHRU de Lille, boulevard du Professeur-Jules-Leclercq, 59037 Lille cedex France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Cardot-Bauters C, Ladsous M, Benomar K, d’Herbomez M, Wémeau JL. Auto-immunité antithyroïdienne.
EMC - Endocrinologie-Nutrition 2016;13(1):1-17 [Article 10-002-G-10].

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Infosup 1
Caractéristiques des trois principaux antigènes thyroïdiens.
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Gènes associés aux thyropathies auto-immunes.
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Principales caractéristiques des autoantigènes et autoanticorps thyroïdiens.
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Principales caractéristiques des dosages d'anticorps antirécepteur TSH.
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Infosup 5
Principales indications de recherche des anticorps antithyroïdiens en pratique clinique.
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