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Architecture Traditionnelle Libanaise

Réalisation :
CORPUS Levant

CORPUS Levant est un consortium entre :


Ecole d’Avignon
Ministère de la Culture / Direction Générale des Antiquités - Liban
Directiorate General of Antiquities and Museums of Syria
Col·legi d’Aparelladors i Arquitectes Tècnics de Barcelona

Avec le soutien de :
Commission Européenne
MEDA - EUROMED HERITAGE

Equipe Liban :
Direction : Frédéric Husseini
Coordination : Yasmine Makaroun Bouassaf,
Anne-Marie Maïla Afeiche, Khaled Rifai
Collaborateurs : May Davie, Michel Daoud,
Antoine Fischfisch, Oussama Kallab

Equipe France :
Direction : Gilles Nourissier
Coordination : Christophe Graz
Collaborateurs : Jean-Jacques Algros, Amparo Aliena,
Jean-Yves Ginel, Kinda Labat, Laurent Labat,
Nathalie Lyotard, Patrice Morot-Sir

Equipe Espagne :
Direction : Xavier Casanovas
Coordination : Ramon Graus, Joan Casanovas
Collaborateurs : Montse Villaverde

Photographies et illustrations :
Equipe CORPUS Levant

Aquarelles :
Michel Daoud

Dessin Graphique :
LM,DG : Lluís Mestres / Stella Moreno

Impression :
LEOGRAVURE, Beyrouth

Site web :
www.meda-corpus.net

© 2004, Ecole d’Avignon par l’Equipe CORPUS Levant


6, rue Grivolas – 84000 Avignon, France
ISBN : 84-87104-61-4

Les auteurs vous encouragent à la reproduction de cet ouvrage et à la


diffusion de son contenu, en citant son origine.

Ce projet est financé par le programme MEDA de l’Union européenne.


Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas
nécessairement la position de l’Union européenne ou de ses Etats
membres.

Remerciements : A chaque une des familles libanaises qui, avec sa


générosité, a permis de rendre cet hommage à l’architecture
traditionnelle du Liban.

Photo couverture : Deir el Qamar


Commission Européenne
MEDA - EUROMED HERITAGE

CORPUS Levant

Architecture Traditionnelle Libanaise

QÉKBÓd áeÉ©dG ájôjóŸG


Ministère de la Culture / Direction Générale des Antiquités - Liban
Direction Générale
des Antiquités

Ecole d’Avignon

Col·legi d’Aparelladors i Arquitectes Tècnics de Barcelona

Nous remercions pour leur généreuse contribution :


Le Ministère Français de la Culture et de la Communication
La région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA)
L’Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP)
L’Institut Français du Proche-Orient (IFPO)
et pour leur précieuse coopération :
Le Centre de Restauration et de Conservation des Monuments et des
Sites de l’Université Libanaise à Tripoli (CRC)
L’Association de Protection et de Sauvegarde des Anciennes Demeures
(APSAD)
L’Académie Libanaise des Beaux-Arts (ALBA)
La Lebanese American University (LAU)
Le programme Corpus Levant achève avec cet ouvrage le
tour du bassin méditerranéen.

Liban et Syrie, « l’autre rive » originelle et variée, contribue


à donner à l’Espace Méditerranéen, tel qu’il se révèle au fil
des jours, une véritable identité et une existence physique
visibles à travers l’architecture traditionnelle de chacun des
pays riverains.

Des traverses, ponts et liens, sont aujourd’hui à conforter


dans un monde en proie aux mouvements de replis
identitaires et communautaires. L’architecture vernaculaire
en fait partie.

Elle est le témoin de l’histoire économique, sociale,


culturelle du bassin commun. Elle est en même temps,
pour chacun des pays actuels qui le composent, le
patrimoine hérité, la conscience matérielle ;
pas si éloignée et encore plus vivante,
plus douloureuse sera sa perte.

La protection de ce patrimoine là est des plus difficiles.


Souvent vidé de ses fonctions originelles à cause des
transformations des modes de vie, il se prête mal au
« recyclage » ou même à la muséification. Ces architectures
qualifiées de « mineures » ne bénéficient pas souvent des
égards dus à leurs grandes sœurs spectaculaires et
monumentales.

Il s’agissait avant tout de connaître, et faire (re)connaître


l’architecture traditionnelle, de découvrir l’éventail existant
réparti dans le paysage profond, mais aussi et surtout de
diffuser les moyens techniques de sa rénovation grâce à
une collecte des arts de bâtir traditionnels sans lesquels elle
ne peut perdurer.

Frédéric Husseini
Directeur Général des Antiquités
Introduction

Cet ouvrage est le fruit du réseau CORPUS LEVANT, qui s’inscrit dans le programme Euromed Heritage (1), au sein de
l’espace MEDA (2). Il complète et prolonge pour le Liban et la Syrie le travail déjà réalisé avec 13 pays méditerranéens dans
CORPUS (3), qui avait produit une base de données sur le bâti ancien, disponible sur Internet, www.meda-corpus.net, et
un livre, « Architecture traditionnelle méditerranéenne ».

Complète, car l’étude à l’échelle du bassin présente désormais un front continu sur sa rive orientale. Prolonge, puisque
la langue arabe fait son apparition dans l’ensemble des documents, mais surtout en introduisant, en continuité du travail
de recherche, des outils plus opérationnels : deux expositions de sensibilisation pour le grand public destinées à circuler à
travers les territoires libanais et syrien ; un manuel pour l’entretien et la réhabilitation de l’architecture traditionnelle,
destiné à guider les habitants candidats aux travaux, les hommes de métiers et les architectes.

Depuis une quarantaine d’années, le parc bâti ancien connaît un processus accéléré d’homogénéisation dont l’effet est
la disparition progressive de tous les particularismes qui ont présidé à son édification. C’est pourquoi la maison dans le
village ou dans la ville, ses racines, sa permanence et ses formes actuelles : l’art d’habiter en Méditerranée est à nouveau
notre sujet. Avec ses caractéristiques fortes : architecture traditionnelle courante, domestique, préindustrielle par sa
stratégie constructive, presque toujours produite par des hommes de métier et non par des architectes; constituée de
pratiques locales, tant pour les matériaux que pour les compétences ; aux formes et technologies ancestrales.

CORPUS LEVANT ajoute par conséquent, pour ses deux pays à la base existante la description des typologies
architecturales, de sites représentatifs et des arts de bâtir. Et, pour sortir de la stricte connaissance consignée et organisée
dans le CD-rom et le site Internet, ce nouveau projet se tourne vers l’opérationnel en proposant un manuel de
réhabilitation. Un manuel qui nourrit ce livret de présentation et de sensibilisation avec une soixantaine de fiches
techniques, réponses simples et illustrées à des problèmes concrets, qui aident le praticien à mieux entretenir ce
« patrimoine sans papiers ». Notre objectif : une réhabilitation positive, qui préserve, adapte et améliore, sans dénaturer
ni détruire.

Gilles Nourissier

Coordinateur du réseau CORPUS Levant

(1) EUROMED HERITAGE est le premier programme culturel du partenariat euro-méditerranéen, avec pour ambition
d’explorer les champs couverts par une notion extensive du patrimoine. Le patrimoine est pris en compte à travers ses
aspects identitaires comme à travers son poids économique en tant que secteur d’activité et de richesses en croissance.

(2) MEDA est un espace, les pays riverains de la Méditerranée et ceux de l’Union Européenne, qui génère un bouquet de
programmes opérationnels. MEDA est l’instrument d’une initiative ambitieuse visant à créer des liens durables et solidaires
entre les riverains du nord, du sud et de l’est de la Méditerranée.

(3) CORPUS est un sigle qui signifie : COnstruction - Réhabilitation - Patrimoine - USage.
Derrière cette formule on rappelle qu’on traite des arts de bâtir, de l’architecture existante et dégradée, de sa valeur culturelle
et d’ancienneté, de son caractère utile et habité. C’est aussi un acronyme et un nom commun qui désigne en particulier
(dictionnaire Larousse) : « ensemble de textes, de documents fournis par une tradition ou rassemblés pour une étude ».
Architecture Traditionnelle Libanaise
Préface 3
Introduction 4
Sommaire 5

Le territoire et l’habitat 7
Le relief et le climat 7

1
La population 8
La formation du territoire 9
La morphologie urbaine 9
La renouveau urbanistique 10
Le syncrétisme méditerranéen 10
Une maison, un symbole 11

Typologie des demeures traditionnelles au Liban 13


L’histoire 13
Les modèles fondamentaux : classification et morphologie 13
La maison élémentaire 13

2
La maison à iwan 14
La maison à riwaq 14
La maison à cour 14
L’abri de berger 14
L’habitat troglodytique 14
La tente du nomade 14
La maison aux trois arcs 14
Les processus de transformation 15

Les arts de bâtir, les techniques et les hommes 19


La structure verticale, les murs 19
Les murs de pierre 19
Les murs de terre crue 20
Les murs à ossature bois 21
Les baies et les arcs 21
Le revêtement des murs : enduits et badigeons 22

3
Les enduits 22
Les badigeons 23
La structure horizontale de franchissement 23
Les planchers 23
Les voûtes 24
Les coupoles 24
Les charpentes 25
La couverture 25
Les toitures plates 25
Les toitures en pente 26
Les processus de transformation 26

Le cadre législatif 27
Le domaine de la protection 27
Les procédures de protection 27
L’inscription à l’inventaire 27
La procédure du classement 28
Les aides financières 28
Cas de constructions traditionnelles (historiques) non protégées par inscription ou par classement 28

4
Les procédures d’interventions 28
L’autorisation d’intervention sur un bâti non protégé 28
L’autorisation d’intervention sur un bâti protégé 29
Les aides financières 29
L’indemnisation 29
L’évolution de la législation 29
Les procédures de protection 29
L’indemnisation 30
Exemples d’opérations de réhabilitation 30
Un exemple d’opération de réhabilitation : le quartier el-Qalaa à Baalbeck 30
Un exemple de restauration : le Souk de Batroun 31

Le diagnostic comme étape préalable à toute intervention de réhabilitation ou d’entretien 33


Le prédiagnostic 33
Les études pluridisciplinaires 33
L’étude historique et documentaire 34
L’étude socio-économique 34
Le relevé graphique 34
- Le relevé architectural 34

5
- Le relevé des désordres 35
- Le relevé des matériaux utilisés et les techniques de leur mise en œuvre 35
- Le relevé des différentes installations 35
- Le relevé des abords de la maison 35
L’inspection des désordres dans le bâtiment 35
L’analyse constructive et structurelle 36
- Essais in situ 36
- Essais en laboratoire 36
- Les outils d’inspection 36
Le diagnostic 37

L’entretien périodique, la seule garantie pour la maison traditionnelle 39


La nécessité de l’entretien 39
L’entretien aujourd’hui 39
Le rôle du propriétaire 39

6
Le guide de maintenance 39
L’entretien préventif 40
Les différents niveaux d’entretien 40
Le bon usage 40
La maintenance 40
La réparation 40
La rénovation 40

Bibliographie sélective 41
1

Ehden

6
Le territoire et l’habitat

Des vestiges archéologiques et des monuments


historiques parsèment le territoire du Liban. Ils sont d’une
valeur exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l‘art et
de la science, témoignant des civilisations qui se sont
succédées sur son sol depuis l’Âge du Bronze, du temps des
Cananéens, jusqu’à l’aube du XXe siècle, sous les Ottomans.
L’habitat traditionnel, sans être spectaculaire, est une autre
expression de la culture. Utilisé en l’état ou réadapté, il est
toujours fonctionnel et a valeur d’usage, jouant un rôle vivant
dans les cadres urbains et ruraux contemporains.
Il est aussi porteur de témoignages sur les pratiques
sociales comme sur les savoir-faire anciens, et sert de source
d’inspiration à la formation des professions et des artisanats
et à l’invention de nouvelles formes spatiales.
Aborder ce patrimoine vivant, c’est trouver un équilibre
entre le désir de le protéger et sa nécessaire transformation
au rythme du temps qui passe. Le pari est de maintenir les
pratiques sociales et de conforter sa valeur d’usage, tout en
l’intégrant aux schémas d’aménagement.
Le Liban conserve un parc important de demeures
patrimoniales, allant des plus classiques aux plus vernaculaires et
des plus somptueuses aux plus modestes. Si certaines remontent
au XVIIe siècle, d’autres, les plus nombreuses, datent du XIXe.
Elles témoignent toutes du mode et du rythme de vie des
hommes qui ont vécu sur son sol, tant dans les villes du littoral
que dans le Mont Liban et dans la plaine intérieure de la Békaa.

Le relief et le climat

Le territoire libanais s'étend sur quelque 120 km le long de


la côte orientale de la Méditerranée. Il est formé de deux
chaînes de montagnes parallèles, le Mont Liban et l’Anti Liban
séparés par la plaine de la Békaa, et d'une plaine littorale très
peu large, sauf dans le Akkar, au nord du pays. Le point
culminant dépasse 3.000 m dans le Mont Liban, tandis que la

Régions géographiques du Liban

7
Le territoire et l’habitat

Békaa culmine à 1.000 m. Ce territoire a connu des


établissements humains successifs depuis le Paléolithique.
Le Liban bénéficie partout d'un climat méditerranéen,
avec des variantes plus froides et humides en montagne à
partir de 1.000 m, et steppiques dans la partie nord de la
Békaa. Sa végétation naturelle est donc typiquement
méditerranéenne, constituée principalement de pins, de
cèdres et de chênes kermès. On y cultive l’olivier,
l’amandier, le figuier, le pommier, le caroubier, le mûrier et
toutes sortes d’agrumes.
Le pays est majoritairement constitué de séries calcaires,
marno-calcaires ou marneuses. Quelques épandages de
basalte couvrent le Akkar. Du grès dunaire complète cette
variété géologique.
Tripoli

La population

Une diversité humaine caractérise ce pays qui a vécu,


depuis l’Antiquité, au sein des grands Empires qui ont
gouverné le bassin oriental de la Méditerranée. Ses villes,
par définition cosmopolites, jalonnaient les routes
commerciales et militaires qui reliaient l’Asie à l’Europe et
à l’Afrique. Elles ont vu se succéder toutes les puissances
en mouvement, peuples vainqueurs et vaincus (Égyptiens,
Assyriens, Grecs, Romains, Byzantins, Arabes, Latins,
Mamelouks et Ottomans), armées, caravaniers, pèlerins,
négociants et artisans en tout genre et de religions et de
cultures différentes.

Matn

Sud Liban

Tripoli

Des groupes ethniques variés ont donc habité le pays, et


l'habitent aujourd'hui encore. Certains sont d'origine arabe
ou ont été arabisés par le poids de l'histoire. D'autres sont
d'intégration récente et gardent toujours les traits spécifiques
de leur provenance : Kurdes, Arméniens, Grecs, Maltais,
Italiens, Français, Russes, etc. Mouvements, brassages et
échanges caractérisent donc l’identité de la population du
Liban, qui compte aujourd'hui plus de 3 millions d'habitants.
Mais ce pays d’accueil est aussi un pays d’émigration et sa
Békaa
diaspora se compte aujourd’hui en millions.

8
Le patrimoine architectural témoigne de ces courants

Le territoire et l’habitat
Pendant ce temps, le Mont Liban est à son tour érigé en
variés qui se sont croisés sur ce qui constitue aujourd'hui le province autonome, avec le bourg de Baabda comme
territoire libanais. Il participe d'un syncrétisme d'influences capitale. Il en résulte une redéfinition du rôle politique et
artistiques et culturelles diverses, tant orientales que d'outre- économique et de la hiérarchie des chefs-lieux de ses
Méditerranée, image des cultures urbaines du XIXe siècle qui circonscriptions. En 1920, sous le Mandat français, à ce
ont éclos dans les grandes villes côtières de la Méditerranée territoire sont annexés le Akkar, la Békaa et l'Anti Liban, de
orientale : Thessalonique, Istanbul, Izmir, Alexandrie... même que le Sud Liban et les villes côtières de Tripoli, de
Saïda et de Beyrouth, le tout constituant l'assise territoriale
de la République libanaise. Une population aux origines
La formation du territoire variées et formant une société métissée, entremêlée et bien
levantine donne ainsi à ce pays son identité dominante.
Pour comprendre la formation historique du territoire
national, la logique de son peuplement et la physionomie
actuelle de ses établissements humains, il faut remonter à La morphologie urbaine
l'aube du XVIIIe siècle. À cette date, l'Empire ottoman s’ouvre
au capitalisme européen, entraînant le transfert des flux Jusqu'en 1870 environ, les cités et les bourgs côtiers entre
marchands majeurs organisés autour des villes intérieures Halba au nord et Tyr au sud avaient l'aspect de ce qu'il est
d’Alep et de Damas vers la côte méditerranéenne. Cette convenu d'appeler une « ville arabo-ottomane »: un
littoralisation entraîne la croissance démographique et le ensemble organique et pittoresque d'habitations aux
développement économique des vieilles Échelles du Levant, terrasses plates, traversé par un réseau de ruelles et
Tripoli, Saïda et Akkar en l'occurrence. Ces villes portuaires d'impasses sinueuses, et comprenant des édifices
deviennent d’importants centres d'échanges, des relais des caractéristiques, tels que sérail, mosquées et lieux de culte des
capitales continentales pour le commerce transméditerranéen. minorités.
Au XIXe siècle, nommée capitale de province ottomane, Quelques voies principales composaient l'armature de ce
Beyrouth s'empare à son tour de ce rôle. Troisième site système. Elles reliaient les bâtiments importants entre eux et,
portuaire de la Méditerranée orientale après Alexandrie et grâce aux portes, s'ouvraient aux routes du monde extérieur.
Izmir, elle s’ouvre au monde de la Méditerranée et devient le Les villes importantes étaient en outre remparées et
port et la porte de Jérusalem et surtout de Damas avec flanquées de tours de garde et de casernes. La citadelle où
laquelle elle est maintenant reliée par une route carrossable. résidait le gouverneur ottoman jouait le rôle d'une place

Beyrouth (Le Monde illustré, 1860)

Une restructuration des pouvoirs s'ensuit, de même qu'un forte et celui de siège de l’administration urbaine. Sur les
autre maillage administratif du territoire. Une hiérarchie entours de ces villes, des hameaux et des habitations isolées
urbaine différente de l'ancienne prend place, organisée de métayers occupaient la campagne agricole.
autour de cette métropole émergente. Carrefour de Dans le Mont Liban et dans le Hermon, les quelques
marchandises et de capitaux, mais aussi de personnes et bourgs remarquables étaient des sièges du pouvoir féodal
d’idées, Beyrouth se transforme encore en un centre culturel ou des carrefours routiers et de foire : Kobeyat, Kousba,
à rayonnement régional, un des principaux foyers de la Salima, Deir el Qamar ou Hasbaya par exemple. Leur
Nahda, la Renaissance arabe. Il faut cependant attendre les morphologie n'était pas fondamentalement différente de
années 1880 pour observer dans le paysage les conséquences celle des villes de la côte. Accrochés aux flancs de la
matérielles de ce décollage. Au plan strictement urbanistique, montagne, ces bourgs conservaient cependant une
son emprise va s’étendre entre Mersine et Haïfa. physionomie particulière, le mode d'établissement devant de

9
Le territoire et l’habitat

manière générale s'adapter au relief et aussi à un climat et à


des matériaux de construction différents. Contrairement aux
villes côtières, ces bourgs n'étaient pas remparés. Les
seigneurs des lieux résidaient dans des citadelles-palais aux
dimensions surproportionnées et organisées autour de
cours. Les villages de moindre importance ne comprenaient
pas ce genre de dispositifs et l'occupation était
généralement plus aérée. Souvent nichés dans des forêts de
pins parasols ou entourés par des terrasses de culture, ces
bourgs et ces villages aux maisons de pierre se fondaient
dans leur milieu vivant au rythme de la nature et de
l’époque. Dans ces ensembles ruraux, un riche patrimoine
architectural et culturel survit jusqu’à nos jours.
Dans la Békaa, à la même époque, on ne note pas de
villes de taille ou de rayonnement régional importants.
Hormis quelques bourgs d'un intérêt secondaire et des oasis
(Qaa, Baalbeck, Ras Baalbeck, Zahleh), la plaine était
essentiellement affectée aux parcours de pâturage de
nomades.

Le renouveau urbanistique

Durant le dernier quart du XIXe siècle, les villes du littoral


commencent à se transformer, par suite d'une accélération
des flux marchands et des échanges culturels avec l'Europe,
de l'arrivée de nouvelles et très diverses populations, et de
l'adoption d'un mode de vie différent. À ces contacts directs
Plan de Beyrouth vers 1912 et photo aérienne actuelle avec l’Europe, s’ajoute une politique d’occidentalisation
induite par la capitale de l’Empire, Istanbul. Dans le même
temps, un programme de réformes politiques est édicté par
la Sublime Porte. Un des résultats est la promulgation de
règlements urbanistiques et d'une loi sur le bâti, et
l'adoption de schémas d'aménagement.
La planification naît à ce moment et prend la relève des
modes anciens et spontanés de peuplement. Et les villes
changent de rythme et de mode d’extension. À l’origine
serrées ou fermées, elles mutent rapidement en des
agglomérations ouvertes sur la campagne environnante. Dès
lors, deux morphologies différentes se présentent : au tissu
imbriqué des cœurs des cités traditionnelles s'opposent les
extensions récentes aérées, au tracé régulier et à
l'architecture innovante.
Transformées en centre ville des nouvelles agglomérations,
les noyaux urbains anciens se sont densifiés par un mouvement
de construction des surfaces libres (cours et jardins), d’élévation
en hauteur ou de simples rénovations. Le résultat fut une
imbrication à l’extrême des bâtiments et la transformation
graduelle des édifices résidentiels en lieux de travail.
Les zones extérieures furent, elles, sujettes à une dynamique
de peuplement différente, donnant naissance à des faubourgs-
jardins et à un mitage progressif de la campagne agricole. À
côté des constructions rurales anciennes et des maisons à cour
construites dans cette zone, une architecture domestique d'un
genre différent prit corps, qui intégra des configurations
préexistantes à des traits de création récente.

Le syncrétisme méditerranéen

L’archétype de cet habitat récent est une structure à hall


Vue aérienne de Saïda vers la fin du XIXe siècle
et projet d’aménagement de la ligne côtière central, portant une baie frontale en arcs et un toit de

10
tuiles de Marseille. Une convergence d'influences semble

Le territoire et l’habitat
en avoir favorisé l'élaboration. Reprenant, tout en les
réinterprétant, des éléments caractéristiques des deux rives
de la Méditerranée, elle apparaît comme un pur produit du
métissage méditerranéen qui a caractérisé le Levant à cette
époque.
C'est à Beyrouth, capitale cosmopolite, que s'est forgé
ce renouveau de l’art du construire et de l’habiter. Par la
fréquence des spécimens construits et conservés à ce jour
et par le nombre des variantes observées, ce modèle
singularise en effet et tout d’abord cette ville. Par effet de
mode, il allait ensuite conquérir les villes voisines et se
répandre largement dans les bourgs de la montagne.
Intimement lié à l’émergence de cette ville comme
métropole, ce modèle s’y est lentement élaboré, pour Douma

s'imposer au paysage urbain et constituer un archétype. Il


y est significatif d’un nouveau type de société. La
reformulation de l’architecture s’explique en effet par
l’émergence d’une classe importante de bourgeois,
influencée par les normes et les valeurs de l’Europe. Le toit
de tuiles de Marseille était sans doute le moyen d’exprimer,
à sa manière, cet engouement. C’est sans compter un effet
de mimétisme : exhiber des arcades, autrefois l’apanage
des riches et des féodaux, c’était mettre en scène une
appartenance à une classe sociale différente.
Dans le Mont Liban comme dans la Békaa et sur le
Hermon, les bourgs récemment élevés à un rang
administratif et ceux situés sur des voies stratégiques se sont
développés. Des souks y furent en outre construits, à Beino,
Douma, Broummana, Zahleh, Baalbeck, Rachaya et
Zahlé
Marjeyoun, par exemple. Édifiée ex nihilo ou en adaptant
une ancienne construction, la maison au toit de tuiles rouges
exprimait dans ces bourgs le rang de la bourgeoisie
montante.
Dans les villages de moindre importance, on note aussi
quelques transformations, en raison essentiellement des
retours d'émigrés qui se saisissent du même modèle pour se
démarquer du reste de la population.

Une maison, un symbole

S’étant répandue partout, à Beyrouth et jusqu'aux


marges de sa sphère d'influence, la maison à hall central,
aux trois arcs et au toit de tuiles rouges s’ajouta aux signes
urbains militaires et religieux antérieurs, tels que tours, Beyrouth
minarets et clochers. Elle se présenta comme un nouveau
trait d’union entre les différentes régions du Levant.
Il reste que le symbole premier de cette habitation est le
triple arc de sa façade, un schéma décoratif qui a différencié
ce modèle spécifique au littoral des autres maisons à hall
central qui apparurent dans l’ensemble de la région du
temps de l'Empire ottoman.
Par sa taille, sa couleur et sa forme particulière, cette
maison marque fortement, aujourd'hui encore, les paysages
au Liban. Elle n'a certes pas complètement éliminé les
constructions plus anciennes, dont beaucoup survivent de
nos jours. Mais elle fut la première à être honorée de
l'appellation « maison libanaise » et à acquérir une valeur
patrimoniale, et ce dans les années 1960.

Beyrouth

11
2

Deir el Qamar (Le Monde illustré, 1860)

12
Typologie des demeures maison ottomane moderne ayant intégré des structures
préexistantes. C’est en effet l’habitat centré qui a
traditionnelles au Liban essentiellement guidé les choix, quelle que soit la période.
C'est pourquoi des modèles composites se rencontrent en
abondance. Ils combinent des éléments des deux genres,
intégrés, réinterprétés ou superposés, et sont aujourd'hui,
Deux grandes « familles » d'habitations caractérisent les dans la majorité des cas, eux-mêmes modifiés de fond en
paysages urbains et ruraux du Liban. Elles participent de comble. Ces modèles composites participent néanmoins de
deux logiques résidentielles différentes. la deuxième logique résidentielle.
- Les unités à habitation qui intègrent des espaces La grande révolution qui est intervenue dans
extérieurs (cour, enclos, terrasse, surface dégagée) avec l'organisation de l'espace domestique au Liban, c'est
lesquels elles fonctionnent en totale symbiose en termes lorsqu'on introduisit, après la Seconde Guerre mondiale, des
d’utilisation domestiques, de circulation et d’usages plans avec une nette séparation entre jour et nuit. Le plan
sociaux. Elles sont constituées d'un ou de plusieurs corps centré de la maison traditionnelle a quand même perduré
de logis associés à des espaces à ciel ouvert. L’habitat le dans de nombreuses habitations et même dans des
plus caractéristique de cette famille est la maison à cour. immeubles au style international des années 1960. Ce qui a
Mais on peut mentionner encore la maison élémentaire et sonné le glas des anciens types de constructions fut la
la maison à iwan ou à riwaq par exemple, toutes installées disparition des arcs, conséquence de l'introduction du
sur une terrasse ou dans un champs où se pratique une béton. Ce qui a permis l'élaboration d'autres types
grande partie de la vie domestique. d’ouvertures dans les façades.
- Les unités résidentielles « compactes », des maisons-
blocs où l'espace habité est entièrement construit, l'activité
domestique s'effectuant à l'intérieur. Les espaces ouverts Les modèles fondamentaux :
(balcon, jardin, arrière-cour...) qui peuvent y être associés ne classification et morphologie
jouent pas des rôles fondamentaux. L’archétype de cette
famille d’habitations est la maison à hall central. Huit types principaux caractérisent les unités
Dans les paysages urbains et ruraux du Liban, les deux cas résidentielles qui intègrent des espaces extérieurs dans
d'espèces se lisent, ainsi qu'une gamme de formules leur fonctionnement.
intermédiaires et de nombreuses variantes. Toutefois, peu de
maisons traditionnelles survivent dans leur état originel,
encore que la plupart d’entre elles fut modifiée plus d'une fois.

L’histoire

Jusqu'à la moitié du XIXe siècle environ, les habitations


de la première famille étaient les plus fréquentes, mais les
spécimens qui ont survécu en l'état sont rares. La plupart a
été détruite, sinon transformée de fond en comble, par
remplissage des espaces ouverts, ajout d'étages et
obturations de toutes sortes. Les origines de certaines de
ces maisons sont très lointaines : des spécimens de la
maison à cour remontant au IIe millénaire sont attestés en
Mésopotamie, en Syrie et en Palestine ; des spécimens de
Choueir
la maison élémentaire à poteaux, datés de l’Âge du
Bronze, ont été trouvés à Jbeil (Byblos).
Le second genre d’habitations prit corps durant la - La maison élémentaire
deuxième moitié du XIXe siècle. Il est représentatif de la Cette typologie est appelée bayt en arabe. Elle existe au
modernité ottomane. Durant le mandat français, plus Liban sous deux variantes :
précisément dans les années 1940, il a passé de mode. La maison monocellulaire qui se présente comme un bloc
Comme dans le cas précédent, la plus grande partie des parallélépipède bas, constitué d’une grande pièce
exemplaires de ce genre d'habitation a été transformée par d’habitation fermée sur l’extérieur et construite d’un seul
une restructuration intérieure et extérieure, et souvent par tenant. Selon sa dimension et le lieu de son implantation,
des ajouts d'étages. Le schéma centré sur une salle est lui cette maison au plan rectangulaire comporte des poteaux
aussi très ancien. De toute apparence, il remonte au IIe comme à Boueida par exemple, des piliers comme dans les
millénaire. Mais la filiation entre ces maisons et l’archétype pays de Jbeil et de Batroun, des arcades entrevues à
ottoman qui est apparu au XIXe siècle n’est pas claire, et il Qaouzah. Dans certains cas, elle comprend aussi des voûtes.
serait plus judicieux de parler de réintroduction. La maison monocellulaire est une structure constituée. Elle
Ces deux logiques constructives fondamentales ne ne peut s’agrandir en l’état. Elle appartient au monde rural.
traduisent cependant pas des phénomènes culturels On la rencontre habituellement en spécimen individuel sur la
radicalement différents. Une continuité de la répartition et côte, comme en montagne et dans la Békaa. C’est
de l’utilisation des espaces domestiques a été notée, la l’habitation des gens humbles.

13
Typologie des demeures traditionnelles au Liban

Elle comporte généralement une petite porte unique La maison à riwaq est observée partout au Liban, dans
donnant sur l’espace extérieur, généralement une terrasse la montagne comme sur le littoral. Elle est soit implantée
ou un enclos. Ses fenêtres sont de dimension réduite. Des en spécimen individuel soit groupée à d’autres typologies.
objets mobiles (armoires, rideaux) dressés entre les piliers Cette habitation est monofonctionnelle. Elle sert
ou les poteaux subdivisent son espace intérieur et en principalement de logis, le riwaq traduisant une certaine
déterminent les usages (se réchauffer, s’abriter, abriter les aisance au plan matériel de la famille qui l’occupe.
animaux domestiques...).
La maison pluricellulaire est composée d’une ou de - La maison à cour
plusieurs pièces d’habitation généralement cubiques, et Cette maison est constituée de pièces adjacentes bordant
alignées ou superposées et quelques fois décalées. Ces les côtés d’une cour aménagée comprenant souvent un
pièces s’ouvrent chacune sur l’extérieur. Elles communiquent bassin. Cette habitation comprend un corps de logis
rarement entre elles. principal, comportant habituellement un iwan, comme à
Cette construction peut se développer à volonté, en Saïda et à Tripoli, ou un riwaq, comme à Sour. Le iwan (ou
surface comme en hauteur : c’est un système ouvert et le riwaq) donne sur la cour. Il est flanqué d’une pièce arrière
spontané. Elle appartient surtout au monde rural, mais on la et de deux pièces symétriques latérales, appelées
trouve encore dans les agglomérations, groupée à d’autres mourabbat. D’autres corps de logis peuvent occuper les
typologies. C’est la maison des pauvres et des humbles. Sa autres côtés de la cour. L’étage, peut comporter des pièces
fonction est triple : logis, atelier et abri pour les bêtes. supplémentaires. Ce schéma est localement dit Tarz chami ,
Sa morphologie varie selon les milieux et les ou modèle syrien, en référence à la Grande Syrie
matériaux. D’où les formes suivantes : la maison basse et géographique où a historiquement prédominé la maison à
en terre de la Békaa ; la maison linéaire et en pierre de la cour.
montagne et des faubourgs urbains ; la maison-tour en Cette maison à cour est appelée dar. C’est la maison
pierre du métayer dans les banlieues agricoles des villes, patricienne par excellence des villes côtières et des bourgs
comme à Sin el Fil et à Hazmieh ; l’immeuble collectif de la montagne. Elle porte toujours le patronyme d’un
divisé en chambres de louage dans le cœur historique des lignage. Certains spécimens associent iwan et riwaq. Dans
agglomérations urbaines. les riches demeures, la maison est dotée d’une salle de
réception, en forme de T renversé et décorée à la manière
- La maison à iwan de Damas. Cette salle est appelée qaat. Certains spécimens
La maison à iwan est désignée aussi par bayt. C’est une comprennent deux cours.
structure tripartite, composée de deux pièces d’habitation Ce type d’habitat est apte à s’agrandir. C’est un système
qui flanquent une pièce centrale ouverte sur l’extérieur par ouvert. Il se développe par exemple en harat ou en hawch.
une grande arcade appelée iwan. Un vestibule remplace Ceux-ci sont formés de plusieurs corps de logis entourant la
quelquefois la pièce centrale. Les pièces latérales s’ouvrent cour et habités par des familles parentes ou de même origine
sur ce iwan qui sert d’espace de distribution. géographique. Ce type d’habitat est donc en I, en L, en U ou
La maison à iwan est typique du monde rural où elle est en O selon le nombre de côtés occupés de la cour. De
habituellement disposée en spécimen individuel sur une manière générale, la maison à cour est implantée dans un
terrasse ou dans un champs. C’est une maison polyvalente, zouqaq, une impasse privative. Mais on les trouve encore
servant à la fois de logis, de local artisanal et de stockage. installée à même le souk, sur ou derrière les boutiques.
Elle peut aussi servir d’abri pour les animaux domestiques,
grâce à la présence du iwan. - L’abri du berger
C’est un habitat saisonnier, composé de pièces de
- La maison à riwaq forme ronde, recouvertes de branchages et d’épineux. Ces
Elle est constituée de plusieurs pièces alignées ou pièces accolées ou espacées forment un ensemble associé
décalées et associées à un riwaq ou galerie d’arcades. Le à un enclos, comprenant une bergerie. Cet habitat se
riwaq occupe toute la façade. Sinon, il est installé sur un trouve surtout en haute montagne dans les zones de
angle. Dans certains cas, il flanque la pièce centrale. pâturage, principalement au Hermel, au nord de la Békaa.

- L’habitat troglodytique
Il ne s’agit pas d’une habitation à proprement parler,
mais d’un refuge, d’un abri ou d’un ermitage construit à
l’intérieur des cavernes de la montagne libanaise.

- La tente du nomade
Une tente en poils de chèvre, de grande dimension constitue
l’élément de base d’un campement de nomades. Ces derniers
appartiennent à un lignage patriarcal et nomadisent dans la
plaine de la Békaa ou pratiquent la transhumance dans les
hauteurs du Mont Liban et de l’Anti Liban.

- La maison aux trois arcs


C’est une habitation de forme généralement cubique, à
Beyrouth (Le tour du monde, 1882) un ou deux étages et portant un toit de tuiles de Marseille.

14
Durant la première période, les maisons traditionnelles

Typologie des demeures traditionnelles au Liban


ont commencé à se transformer de l’intérieur comme de
l’extérieur, pour s’adapter au nouveau mode de vie et de
l’habiter : utilisation de meubles de type européen,
intégration de salles à manger et de salles de bains,
éclairage électrique, cellule familiale et non plus lignage
patriarcal... Dans les villes, les maisons devaient encore se
plier aux nouveaux règlements de l’urbanisme ottoman et
s’adapter aux percées effectuées par les municipalités, elles
mêmes de création récente.
La maison à hall central s’est alors lentement élaborée; elle
devint le modèle à la mode. Dans les cœurs historiques des
agglomérations, les maisons à cour furent invariablement
surélevées d’un étage au moins, et les cours souvent
recouvertes pour former un salon. Ce modèle fit également
Beyrouth
son apparition dans les villages, où les types anciens furent
appelés à muter tout en l’imitant. Des maisons à iwan ou de
L’archétype est habituellement installé dans un jardin
simples maisons champêtres se sont alors agrandies en surface
privatif. Il est composé de plusieurs pièces agencées de manière à former un hall central classique, en T ou en croix.
symétriquement sur trois côtés d’une grande salle centrale Mais le schéma centré des habitations a perduré,
portant une triple arcade vitrée donnant sur un étroit répondant sans doute à des contraintes sociales encore
balcon. C’est le salon, appelé dar. lourdes.
La maison aux trois arcs est un modèle constitué. Il ne Dans les années 1950, l’introduction du Mouvement
peut se développer en l’état, ni en surface ni en hauteur. À moderne au Liban inaugure la deuxième grande période de
l’arrière de la salle centrale se trouve une pièce caractéristique : changement. Avec ses principes de tabula rasa historique,
le liwan. Celui-ci est généralement construit en saillie, pour son style international, ses nouveaux matériaux de
avantager l’aération et la lumière. L’originalité de cette construction et ses modes de transport, il fut nocif tant au
habitation par rapport aux modèles qui l’ont précédée est plan de l’esthétique architecturale et urbaine qu’à celui de
l’intégration d’une salle de bain, le hammam. l’organisation de la maisonnée.
La maison aux trois arcs est l’habitat type des familles
bourgeoises des villes et des bourgs de la montagne de la fin
du XIXe et du début du XXe siècles ottomans. Elle est appelée
bayt, un terme généralement associé au nom d’un lignage
urbain. Les versions monumentales sont des qasr, ou palais.
La nouvelle loi ottomane du bâti a régularisé les gabarits
de ce modèle qui a été adopté dans une version concise par
la petite bourgeoisie, et dans des versions plus complexes par
la moyenne et la haute bourgeoisie, avec murs et plafonds
décorés de peintures, et boiserie, fer forgé et vitrerie aux
modules standardisés grâce à l’industrialisation des métiers.
Mais l’aristocratie urbaine l’a surchargée de décorations
intérieures en stuc, de colonnes, de galeries, et d'autres
décors extérieurs excentriques d’inspiration baroque,
gothique ou mauresque : loggias, kiosques, tours d’angle...
Les spécimens à quatre étages sont appelé harat, et Baakline

ceux qui comprennent deux appartements par étage,


wikalat. Certains spécimens ont par ailleurs un plan en T ou Tous les types de demeures patrimoniales en subirent
en croix : ils gardent une organisation symétrique et une les conséquences et spécialement l’élégante maison à
distribution axiale. hall central, qui avait entre-temps évolué en la maison du
mandat, son héritière aux décors Style nouveau et Art
déco et aux couleurs chatoyantes. Obturation des
ouvertures, ajouts d’étages sans style et divisions
Les processus de transformation
intérieures sans respect du cadre ancien, adjonction de
garages et construction d’annexes de toutes sortes en
Les spécimens de ces typologies qui nous sont parvenus
parpaings de béton dans les espaces libres des maisons,
en l’état sont excessivement rares. Ils ont tous été transformés
construction d’immeubles modernes dans les jardins :
lentement, naturellement et d’une manière ou d’une autre, autant d’opérations qui ont fini par briser l’harmonie
selon les besoins ponctuels des habitants. volumétrique des agglomérations et le paysage naturel
On peut toutefois identifier deux grands moments de de la montagne au Liban. L'absence de politique
changement essentiels : la deuxième moitié du XIXe siècle, patrimoniale publique et de réglementation de
le temps des réformes ottomanes ou tanzimat ; et les sauvegarde de l’architecture domestique fit le reste. La
décennies 1950-60, au moment de l’introduction du menace de disparition du riche patrimoine architectural
Mouvement moderne au Liban. du Liban est toujours d'actualité.

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Typologie des demeures traditionnelles au Liban

L’abri du berger Troglodyte

La tente du nomade La maison élémentaire

16
Typologie des demeures traditionnelles au Liban
La maison à iwan La maison à riwaq

La maison à cour La maison aux trois arcs

17
3

El - Qaouzah

18
Les arts de bâtir, plus tardivement l’emploi de la boucharde avec la
les techniques chahouta). La pierre de calcaire blanche reste la préférée
et les hommes des tailleurs de pierre en terme de couleur, ce qui n’exclut
pas des inclusions de pierres calcaires de dureté et couleur
différentes pour des effets de polychromie, notamment
dans les angles et dans les baies.
La pierre taillée et simplement équarrie est également
Pays de la pierre par excellence, le Liban n’a que peu
présente dans l’intégralité du pays. Elle est moins régulière
exploité dans son architecture l’utilisation de la terre et du
et souvent la hauteur du bloc est donnée par son lit de
bois pourtant abondant sur son territoire. Les arts de la taille
carrière et seules quatre faces sont retouchées. Cette
de pierre sont développés : les diversités locales exploitent
technique donne un appareil assisé, parfois réglé. On la
largement les possibilités des matériaux à disposition, tant
retrouve sous forme d’un matériau plus dur, calcaire en
sur le plan technique que sur le plan esthétique ou même
général, mais aussi en grès dunaire sur les côtes et en
artistique… Le noir du basalte, le gris, l’ocre, le jaune ou le
basalte au Nord du Pays dans les régions du Akkar.
blanc du calcaire, l’ocre jaunâtre du grès : autant de couleurs
qui ajoutent au parement de pierre sa touche de variété
d’appartenance géographique et de vibration visuelle.
Les techniques de la pierre, restent très bien assimilées par
les artisans, dénotent d’un savoir faire solidement ancré dans
l’histoire du bâti traditionnel local, qui apparaît à différents
niveau : angles, linteaux et encadrements ouvragés, arcades,
corniches, etc. Les techniques de la pierre taillée au Liban ont
toujours été transmises de père en fils et la coupure imposée
par la guerre n’a pas vraiment affecté les tailleurs de pierre.
On ne peut malheureusement pas en dire autant des autres
matériaux disponibles comme la terre ou le bois, les
techniques d’enduits et celles des planchers en terre ou en
pierres : elles ont quasiment disparu du savoir-faire local.
La notion du local ne se limite pas aux matériaux : elle
englobe également les techniques et les savoirs - faire
dans un ensemble indissociable d’une certaine idée du
patrimoine, marqué par des facteurs culturels ou
économiques. Homme de l’art, l’homme de métier
cherche traditionnellement à magnifier les ressources
disponibles, à développer les capacités constructives, à
sublimer les performances dans la contrainte. Les arts de Baakline

bâtir, héritiers de techniques ancestrales, ne sont pas


neutres : ils sont la pierre d’angle dans la La pierre brute hourdée est présente sous une grande
compréhension et la réalisation de constructions, qui variété d’aspects et de dimensions dictés par la diversité de
procèdent elles-mêmes d’un système d’adaptation entre sa nature et de sa provenance : basalte du Nord, grès
matériaux locaux, techniques et savoir - faire dunaire sur les côtes et de nombreux calcaires très
communautaires de référence. Aujourd’hui, la disparition différents. La pierre reçoit très peu d’interventions de taille
de ces ressources et de ces effectifs est, avec le manque et ses maçonneries nécessitent beaucoup de mortier et
d’entretien, un des facteurs majeurs de la désintégration d’éléments de côtes de petites dimensions. Le réglage des
du bâti traditionnel, notamment au niveau de ses assises est souvent dû à la régularité du matériau brut.
enveloppes et de ses structures. Certaines maçonneries qu’on retrouve dans les maisons de
la plaine de la Békaa reprennent une technique de
construction en épi, qui perdure depuis l’âge du bronze.
La structure verticale, les murs La pierre sèche est utilisée pour de petits édifices et
généralement dans la moyenne montagne libanaise. Cette
- Les murs de pierre technique, bien qu’assez frustre, exige un savoir - faire
La variété d’aspect est considérable selon les types de assez évolué pour assurer la stabilité de la maçonnerie. En
murs, les matériaux et le type de finition. Les murs en effet, l’absence de mortier nécessite une bonne
pierres taillées sont généralement réalisés par un tailleur de organisation interne des blocs d’où l’importance d’un
pierre alors que pour les murs en pierres équarries ou calage rigoureux, et une attention particulière à
brutes, le travail est réalisé par un maçon. Les murs en l’écoulement des eaux hors de la maçonnerie.
pierres taillées et dressées soigneusement ne sont pas L’aspect brut du matériau est souvent gardé en finition
l’apanage des édifices de commande ou de prestige : ils surtout dans le cas des pierres calcaires de bonne facture. Un
sont présents sur l’ensemble du territoire. jointoiement en creux, (beaucoup plus tardivement en relief
La pierre calcaire est prédominante, la proximité et et avec une autre couleur) vient compléter l’effet recherché.
l’abondance des carrières rendant son coût accessible. Quand l’appareil n’est pas assez régulier un badigeon ou
L’aspect de finition recherché est celui d’une texturation un enduit de chaux est appliqué directement sur la pierre
fine résultant de l’emploi d’outils comme la chahouta (et pour unifier l’aspect du mur. Ce dernier n’est pas seulement

19
Les arts de bâtir, les techniques et les hommes

appliqué pour des raisons esthétiques mais aussi améliorer dabboura, chaqouf, chahouta, pic, tartabic et autres sont
l’étanchéité de la maçonnerie, ainsi que pour des raisons utilisés pour refendre les blocs des pierres taillées et finir
d’assainissement dans les parties habitées. leur parements.
La chaux, bien que présente sur l’ensemble du
territoire, n’est pas toujours à portée de bourse du - Les murs de terre crue
constructeur. Son souci va être d’économiser, soit en Au Liban, les gisements de terre argileuse se retrouvent
amaigrissant son mortier en utilisant un maximum dans les bassins limoneux à proximité des fleuves et plus
d’agrégats (sable, tuileau, graviers, déchets de pierre) avec précisément dans la plaine de la Békaa. L’abondance de la
une composition granulométrique bien réglée, soit en terre crue, sa gratuité, sa facilité de mise en œuvre
utilisant un maximum de liant terre, beaucoup plus expliquent son emploi intensif dans les habitations rurales
disponible, notamment dans la Békaa. de cette région. En effet, les tâches de préparation du
matériau, le moulage des modules dans des cadres en bois
peuvent être assurés par l’habitant, si bien que la
construction en briques de terre crue requiert une faible
expertise qui la rend à la portée de tous.
La durabilité d’une telle construction est tributaire de sa
protection contre les eaux pluviales et les remontées
capillaires, d’où la nécessité d’une fondation en pierre,
d’un enduit sur les parements (enduit de chaux ou de terre
généralement badigeonné à la chaux) et d’une bonne
passée de toiture à la crête du mur.
Si les propriétés du sous-sol sont insuffisantes à réaliser
l’ouvrage envisagé, le constructeur corrige, incorpore
d’autres matériaux dont la panoplie est grande : sables,
graviers, cendres, paille hachée, chaux. Les fibres lui servent
à obtenir la résistance à la flexion et à la traction ; les charges
lui apportent les bonnes performances de compression.
Douma

Les constructions en pierre s’appuient directement sur


la roche quand elle affleure ; sinon la recherche du bon
sol s’impose au moyens de rigoles creusées n’atteignant
pas 1 m de profondeur. Le mur de pierre s’échelonne entre
45 à 120 cm d’épaisseur ; il est formé de deux parements
liaisonnés ou non par des boutisses, avec un remplissage
intérieur constitué de cailloux, terre et mortier de terre ou
de chaux. On soigne davantage aux angles le contact entre
les pierres : on y met de plus gros modules, parfois faits
d’une autre pierre plus régulière et mieux taillée, on les
harpe afin de liaisonner cet ouvrage, qui est un chaînage
entre deux plans, avec le courant du mur.
Bien montées et bien dimensionnées, toutes ces
variantes de mur de pierre sont très solides. Leurs seuls
ennemis sont les mouvements tectoniques, les poussées Rayak
mal maîtrisées et l’eau. Par capillarité, l’eau du sol remonte
dans les bas de mur, solubilise lentement les liants (terre et
chaux) en rongeant mortiers et joints; des vides se créent Pour le reste, les murs de briques forment des murs
ainsi et les éléments de maçonnerie basculent, se épais de 60 à 80 cm ; ils ont les qualités de la géométrie du
désorganisent jusqu’à l’instabilité, voire la ruine. module, généralement deux fois plus long que large. Les
Au plan sismique, le risque principal est le cisaillement modules sont posés suivant un assemblage alterné d’une
brutal. Pour y faire face, on retrouve dans les régions de la longueur et d’une largeur, de deux longueurs, de deux
Békaa jusqu’au Akkar, des systèmes très astucieux et longueurs et d’une largeur, etc. Les petits modules des
efficaces de chaînages horizontaux en bois, qui briques n’autorisent pas la construction de piliers, mais
interrompent l’appareil du mur et peuvent encaisser les permettent la création d’arcs et de niches.
violentes sollicitations des secousses. De manière générale, L’appareil de la construction en briques de terre crue
la négligence dans l’entretien des toitures reste la cause est parfaitement assisé et réglé, les joints sont croisés et
principale des désordres observés au Liban dans les murs. les angles traités comme le courant du mur. On retrouve
Enfin, l’outillage de base est extrêmement simple et des chaînages en bois incorporés aux angles et des
commun à tous : parfois la main seule, puis les fils à éléments en pierre servant d’encadrements dans les
plomb, niveau et cordeau pour la géométrie, truelle pour façades. Cette introduction d’éléments en pierre taillée
les mortiers, outil de percussion pour retoucher les dénote la recherche d’une certaine esthétique, qui se
moellons. Une grande gamme d’outils spécialisés tels démarque de l’aspect rural.

20
- Les murs à ossature bois façade, l’arrière linteau étant moins élaboré et réalisé dans

Les arts de bâtir, les techniques et les hommes


Les murs à ossature bois sont composites : les l’épaisseur du mur au moyen de blocs de moindre
éléments de bois supportent et transmettent les charges épaisseur espacés ou de pièces de bois ou de branchages
en s’appuyant sur une base continue de maçonnerie, les d’essences locales (mûrier, etc.).
espaces entre les bois sont remplis avec des matériaux Au Liban, les grandes baies et portiques (2 m en largeur
minéraux (terre, cailloux et mortier). L’ossature n’est et 3 m en hauteur) restent quand même l’apanage de la
jamais laissée apparente, elle est enduite de chaux ou maçonnerie en pierre. A l’inverse, il convient de
recouverte de planches de bois. mentionner la petite fenêtre, destinée à la ventilation et la
Cette technique de murs porteurs en bois est réservée protection thermique contre le vent, le froid ou le soleil,
aux galeries d’arcades extérieures dans les parties nobles qu’elle soit rectangulaire et petite dans les habitations
des étages, le plus souvent en saillie sur le reste du rurales ou de forme ronde ou elliptique (Qammarat ou
bâtiment. Elle n’est pas à confondre avec celle des Kecheks Moubawaqat) dans des habitats plus bourgeois.
(volumes en saillie entièrement en bois) associés aux murs On ne peut clore cette description technique sans
de pierres taillés des demeures palatiales. mentionner l’importance de la porte comme enjeu de
Dans d’autres cas, l’ossature formée d’un représentation et de protection à la fois : elle est
cloisonnement étrésillonné ou non est recouverte de part monumentalisée par ses dimensions, son encadrement
et d’autre par de petites lattes enduites de chaux (même dans les habitations rurales, l’encadrement de la
(technique connue sous le nom de Bagdadi). Cette porte est badigeonné en blanc) et souvent son
technique, est visible sous la forme de galeries extérieures couronnement en matériaux plus nobles ou plus
en arcades dans certains villages de la montagne libanaise architecturés (moulures, sculptures), sa huisserie et ses
situés sur d’anciens axes commerciaux (Choueir, Douma, ferrures ouvragées. De même, la baie dépasse sa fonction
Chtoura, Deir el Qamar) et sous une forme plus simple d’éclairage pour devenir un poste d’observation, un
dans des villages de la côte. Elle semble représenter une mirador social derrière les vitres de couleurs la salle de
adaptation locale modeste des modèles d’ossatures en bois séjour. Les trois baies à arcades et balcon caractérisant les
utilisés en Turquie. maisons à hall central signalent aussi l’appartenance à une
Pour les pièces structurales, le charpentier-menuisier certaine catégorie sociale.
utilise selon les disponibilités le sapin, le pin ou le qotrani.
Les sections des bois règlent les épaisseurs des murs entre - Les arcs
7,5 à 14 cm : avec ces minceurs de murs, on ne dépasse Le grand arc lorsqu’il est support avec sa pile ou
pas un niveau. Pour le lattis du Bagdadi, le bois colonne (Chamaa) et son chapiteau (Taj) est un organe
généralement utilisé est le sapin Chouh . soigneusement tracé et ajusté, performant dans son rôle
de libérer l’espace en remplaçant efficacement le mur ou la
- Les baies et les arcs poutre. Destiné à subir des efforts importants, il est réalisé
Deux situations différentes se présentent : le cas où la
en matériaux durs et réguliers : pierres taillées. Cet arc est
baie dans le mur est une simple perforation dans sa
très présent dans l’architecture de l’habitat traditionnel,
continuité, jouant le seul rôle d’une ouverture, fenêtre ou
moins dimensionné que celui des édifices monumentaux et
porte ; le cas où un ouvrage de structure –c’est le plus
ouvrages d’art certes, mais tout aussi bien exécuté et
souvent un arc dans la tradition constructive– se substitue
présentant un certain degré de maîtrise technique.
au mur, où il est un support. De dimensions parfois très
analogues, les deux situations peuvent montrer les mêmes
types d’arc, c’est donc par leur fonction qu’il convient de
les distinguer.

- Les baies
Le vide des baies constitué par le percement du mur est
une fragilité. Cette contrainte que le maçon n’ignore pas
le conduit naturellement à mieux soigner les jambages
que les parties courantes du mur. Dans presque tous les
cas, le piédroit est exécuté avec un degré de qualité
supérieur qui peut prendre plusieurs formes parfois
combinées : fait en pierre de plus gros calibre, en calcaire
de meilleure dureté, avec plus d’ajustement des faces pour
un meilleur contact entre les pierres, avec un harpage
soigné avec le reste de la maçonnerie, avec une saillie qui
augmente la section de cet ouvrage de support…
L’organe de franchissement, linteau ou arc, premier à Moukhtara
supporter les charges verticales, fait l’objet d’un souci
particulier de résistance. Soit il est par lui-même bien
dimensionné et s’oppose efficacement aux contraintes, Les deux modèles d’arcs en pierre qu’on retrouve le plus
sans déformation ou rupture, soit il est soulagé par un arc fréquemment dans l’habitat au Liban sont l’arc à plein cintre
de décharge qui autorise à ce qu’il soit moins résistant à la et l’arc brisé. Les rares arcs en briques de terre crues observés
flexion. Dans les murs épais de maçonnerie, le linteau de sont des arcs surbaissés destinés à la réalisation des niches
la fenêtre est toujours plus rigide que le parement de (Youk) dans les murs intérieurs des maisons rurales.

21
l’épaisseur, du grain et de la couleur des agrégats, et des
Les arts de bâtir, les techniques et les hommes

Contrairement aux idées reçues, les arcs ne sont pas


une exclusivité des maisons bourgeoises, et on a souvent outils d'application et de finition employés.
recours à l’arc en plein cintre à l’intérieur des maisons rurales Le maçon envoie à la truelle, couvre toute la surface et
rectangulaires en pierres pour augmenter la portée des égalise, enlève le surplus avec le tranchant de la truelle.
planchers en terre. Galeries d’arcades, arcs ouvragés, baies Travail rapide, en une seule passe, qui assure la protection
aux trois arcades et arcs pour iwan : le modèle de l'arc brisé du support. Système plutôt rural et rustique, peu présent
en tiers point reste pourtant le favori des constructeurs et en ville où plus d'urbanité est recherché. Plus élaborés sont
celui dont ils maîtrisent le mieux la technique. les enduits lissés souvent remplacés par leurs héritiers nés
Sur tout le territoire libanais, les porches, les portails, les avec le ciment, les enduits talochés. Ils peuvent être
souks, les galeries, etc. donnent lieu à la mise en œuvre appliqués sur l'enduit décrit précédemment qui sert alors
d’arcs. Leur profil est conditionné par la hauteur disponible de dressage ; voici donc une version à deux couches. Le
et leur confère leur élégance ; ils sont montés sur coffrage
et autorisent des portées jusqu’à 4 m. En fin de vie, lorsque
l’immeuble est en train de se ruiner, c’est l’arc qui reste en
place, prouvant sa solidité et rappelant la maîtrise
technique qu’il a fallu pour l’édifier.

Le revêtement des murs : enduits et badigeons

- Les enduits
Si le mur reçoit un enduit, c'est en premier lieu pour une
raison fonctionnelle de protection. Par la suite, cette
couche que l'on peut poser et finir de tant de manières
peut devenir le support d'une expression spécifiquement
décorative. La nécessité d'enduire est proportionnelle à la
résistance des matériaux du mur support. Les maçonneries
les plus sensibles à l'eau sont les systèmes utilisant la terre Baakline

crue, elles sont le plus souvent enduites. Viennent ensuite


les maçonneries de moellons bruts ; du fait des formes lissé est le geste évident du maçon depuis l'Antiquité : il est
irrégulières de leurs modules, une bonne partie du mortier posé à la truelle, outil qui lui permet de serrer, d'égaliser et
de hourdage, dont la porosité à l'eau est grande, est d'obtenir ce fini inimitable d'un faux plat qui chante avec
exposée en parement : encore une raison d'enduire. De la lumière rasante, délicatement animé comme la surface
plus, les calcaires tendres largement dominants dans la de l'eau et du sable. Il donne cette touche ferme de l'outil
région et les pierres de grès dunaire (Ramleh) étant tout en ayant l'adouci du mortier plastique à la pose, il
également poreux et donc fragiles à l'eau, leur protection révèle le grain coloré sans l'empâter, il a l'élégance d'un
est pertinente. geste travaillé et naturel. Aujourd’hui, avec le liant ciment
qui tire plus vite, les maçons ont perdu ce geste ancestral
propre à la chaux ancienne. Pour égaliser et finir, on lui a
substitué la taloche qui, par sa surface, par sa position
parallèle au mur, donne un aspect plus raide, un geste
circulaire frotté qui promène le grain.
Beaucoup d’enduits à la terre sont aussi utilisés pour
protéger les maçonneries montées au mortier de terre
comme celles en terre crue. L’enduit est appliqué soit en
une seule couche grossière, soit en deux ou trois, avec
des agrégats plus fins à la dernière. Son épaisseur est
variable, le souci de planéité très relatif, l’outil utilisé la
main ou la truelle.
Les enduits au Liban privilégient, en façade extérieure,
la sobriété d’une expression unique au langage décoratif.
Les enduits décoratifs modelés, ciselés, extrêmement
élaborés et fins sont gardés pour l'espace intérieur privé.
Bint Jbeil Alors que les premiers, fonctionnels, sont réalisés par les
hommes, les derniers assez personnalisés (généralement en
terre), sont l’ouvrage des femmes. Ils sont associés aux
Les enduits de chaux sont très présents dans le bâti bandeaux, plinthes et panneautages pour les rythmes
ancien sur tout le territoire libanais. De la simple version qui verticaux (tels les réserves de céréales Tawabit dans les
commence au simple joint garni, à l’enduit épais, la chaux maisons des régions de la Békaa et le Chouf.
reste un élément primordial et recherché. L’abondance des Les gisements de gypse étant inexistants sur l’ensemble
fours à chaux a permis le recours à ce matériau, utilisé par du territoire, les rares enduits de plâtre (décoratifs) observés
le plus humble bâtisseur pour s’offrir un langage sont le résultat d’une influence européenne assez tardive. Ils
architectural noble et élaboré. L'aspect final résulte de n’ont pas supplanté les enduits intérieurs décoratifs de chaux

22
Les arts de bâtir, les techniques et les hommes
mince, avec solives et planches, où le matériau visible en
sous-face est également celui qui est utilisé en surface ; il
est toujours à l’intérieur, son ajustement est très soigné . Le
modèle épais, avec un dispositif qui superpose le
couvrement entre solives, un complexe lourd maçonné, un
surfaçage ou un revêtement rapporté ; bon isolant, on le
trouve à l’intérieur et en toiture-terrasse.
Ce dernier modèle est le plus courant. Pour le
constructeur, il s’agit de lancer une surface horizontale
entre murs, suffisamment stable et résistante pour
supporter des charges d’exploitation liées à l’habitat ou au
stockage, suffisamment massive pour qu’elle soit plus
qu’une membrane et qu’elle sépare et isole efficacement.

Douma

réalisés d’une manière élaborée et très fine (usage de


roulette pour impression en relief, peinture…).
Le décapage intensif des enduits réalisé sur les
monuments historiques ces 30 dernières années à généré
une mode qui a affecté les enduits de chaux et de terre
présents sur le bâti ancien et l’habitat traditionnel,
négligeant complètement le rôle important de protection
des maçonneries assuré par ces enduits (surtout dans le cas
des maçonneries en pierre Ramleh). La restitution de
l’enduit, quand elle a lieu, se fait à l’aide d’un mortier
comportant un liant au ciment qui présente de sérieuses
incompatibilités avec le support traditionnel en pierre ou en
terre. L’emploi de la chaux est surtout réservé aux travaux
de restauration. A ce problème s’ajoute une perte des
techniques de la chaux et une absence d’artisans
spécialisés.

- Les badigeons Sourat


Le badigeonnage à la chaux est une pratique courante
sur tout le territoire libanais. Son renouvellement se fait de Pour la structure primaire, portée et section des bois
manière pratique continue, souvent domestique et non sont évidemment proportionnelles : Il est rare que l’on
professionnelle et est considéré comme une pratique dépasse 20 cm de section pour les dimensions les plus
d’hygiène régulière au cycle saisonnier. Le liant, l’eau, une courantes (4,50 m à 5,50 m). Bois équarris ou bruts, en
brosse ou un balai de soies animales ou de fibres végétales pin, peuplier, cèdre et autres essences locales (Qotrani,
, sont nécessaires à cette opération. Aafs, Delb, Sindiane, Haour, Zinzlacht, etc.), les entraxes de
La répétition cyclique du blanchiment engobe les fonds la structure bois sont espacés ou serrés selon la nature du
de couches multiples assurant ainsi une protection aux matériau de couvrement entre solives et tournent
maçonneries. Le badigeon donne sa touche finale à la généralement autour de 60 cm. C’est toujours un système
construction ; de barrière il devient décor et les d’encastrement qui fait la liaison entre le mur porteur et le
encadrements de portes et de fenêtres ou les façades plancher : une logique de maçon prédomine.
d’entrée acquièrent une importance prédominante. La couche centrale, l’ouvrage lourd compacté avoisine
Beaucoup de blanc et très peu de badigeons teintés ; les le plus souvent les 25 à 30 cm d’épaisseur. Contrairement
gisements de terres colorées étant inexistants, les rares aux dalles modernes de béton dimensionnées au plus juste
couleurs traditionnelles observées dans les badigeons et par conséquent minces, le constructeur traditionnel ne
décoratifs sont d'origine végétale (bleu-indigo…) ou lésine pas sur l’épaisseur. Cette dernière lui assure ainsi un
organique. Les couleurs observés en milieu urbain, meilleur confort (vibrations, isolation thermique et
généralement à l’intérieur des maisons, sont le résultat acoustique).
d’une mode européenne plus tardive. Même moins courant, les planchers traditionnels savent
aussi franchir de grandes portées, de 7 m jusqu’à 12 m. La
solution la plus simple est d’installer des points d’appui
La structure horizontale de franchissement intermédiaires par poteaux ou colonnes. Si l’on veut libérer
le sol, on ajoute un rang horizontal supplémentaire : une
- Les planchers poutre maîtresse de bonne section qui reprend deux
Quand ils ne sont pas sur voûte, les planchers travées de solives de portée courte. Mais on peut aussi
traditionnels au Liban font toujours intervenir une ossature avoir recours à un arc pour doubler la portée d’un module
en bois. Deux grands types sont à distinguer : le modèle de longueur de solive. Plusieurs autres solutions encore

23
pour constituer un toit-terrasse (staiha). Ce système
Les arts de bâtir, les techniques et les hommes

pour compenser les charges et lutter contre la flèche : on


multiplie les éléments de solivage, ou bien on augmente constructif est bien adapté aux ouvrages linéaires et, en le
leur section, ou enfin on connecte deux à deux les solives. multipliant, au couvrement de grands espaces publics sur
Les bois et les fibres végétales sont sujets aux attaques piliers. Mosquées, caravansérails, hammams, souks, églises
organiques des insectes et des champignons, et à des risques et monuments sont couramment voûtées.
de pourrissement (encastrements mal ventilés, défauts Au Liban, dans l’architecture ordinaire, la typologie
d’étanchéité). En réponse, on rencontre beaucoup de technique la plus courante est la voûte en berceau, avec sa
badigeonnage à la chaux des ossatures qui minimisent ces variante déjà plus sophistiquée pour le constructeur qu’est
pathologies alors que dans les milieux ruraux, les paysans la voûte d’arête, c’est-à-dire la pénétration de deux
considèrent que la fumée qui se dégage des cheminées (sans berceaux. Le berceau est généralement plein cintre,
conduit extérieurs ) dépose une couche noire protectrice sur simplement parce que c’est le profil en demi-cercle qui
le bois. Par conséquent, l’aspect brut, enduit ou peint (voire transmet le mieux les charges verticalement aux murs
décoré) n’est pas nécessairement le résultat d’un souci plus supports. Avec le berceau, sauf quand deux ouvrages
ou moins noble dans le traitement, mais répond à un besoin parallèles annulent leurs poussées latérales en permettant
sanitaire de mettre hors poussière et d’encapsuler des d’amincir le mur support, nous sommes dans des systèmes
ouvrages qui vibrent et souffrent des apports humides. épais où les murs sont très peu percés.
La voûte d’arête fonctionne différemment : les charges
- Les voûtes étant transmises sur des piliers puissants et non plus sur
Pour franchir l’espace entre deux appuis et couvrir des murs, elles permettent d’évider complètement les
une surface, l’alternative à l’ossature bois est la voûte. quatre panneaux verticaux, et donc d’éclairer et d’exploiter
Cette voûte peut elle-même constituer le support d’une sur toute la hauteur les accès au volume.
surface de circulation, plancher ou terrasse, ou être Berceau et voûte d’arête sont deux types réguliers,
couvrement sommital en lieu et place du complexe symétriques et au tracé rigoureux. Leurs
toiture - couverture, avec étanchéité intégrée. dimensionnements sont connus empiriquement et les
rapports entre profil, portée et épaisseurs, bien avant que
les ingénieurs ne les valident par le calcul, sont acquis et
transmis efficacement. Si les portées des voûtes
s’échelonnent de 1 à 7 m, c’est autour de 4 m que l’on
construit le plus souvent, avec rarement moins de 30 cm
d'épaisseur à la clef (sauf pour les ajustages de pierre taillée
qui peuvent permettre d’amincir l'épaisseur).
D’expérience, le maçon sait que l’ouvrage ne devra sa
stabilité qu’à une parfaite cohésion de ses éléments.
Lorsqu’il travaille avec des éléments non taillés qui ne
s’ajustent pas naturellement selon le profil recherché, la
juxtaposition intime, le blocage serré et le croisement des
modules, l’excellent bourrage du mortier de hourdage sont
les conditions indispensables de la mise en œuvre. Bien
montée, une voûte s’apparente à une maçonnerie
concrète, quasi monolithique, que les éventuels
mouvements qui affectent le bâtiment ne doivent pas
compromettre aisément.
Enfin, que la voûte soit en pierres de taille ou en
moellons irréguliers, son montage a généralement lieu au
Jbeil moyen d’un coffrage. Un couchis de planches constitue le
fond de coffrage, plancher rayonnant dont la régularité
Le système de voûtement est employé partout au conditionne la face vue, l’intrados de la voûte.
Liban. Qu’il soit rural ou urbain, chaque milieu l’a intégré
et adapté à ses propres matériaux. On trouve ces ouvrages - Les coupoles
réalisés en pierre taillée, moellons grossiers ou plats, Les coupoles et toutes formes de dômes sont des
souvent de calcaire. Hormis pour la pierre taillée où les couvrements dont les profils en plein cintre, surbaissés ou
contacts entre claveaux sont excellents et les joints surhaussés sont adaptés pour couvrir un espace de plan
quasiment secs, les voûtements sont maçonnés avec les carré. L’ouvrage étant conçu selon un axe vertical de
mêmes diversités de mortiers que pour les murs : terre, révolution au centre du volume, le problème technique
chaux sans trop d’éléments de calage. posé au constructeur est donc d’effectuer la transition
La voûte est un ouvrage solide, solidaire de la structure entre le plan carré et le plan circulaire : le principe consiste
lourde du bâtiment, le plus souvent mise en œuvre en à couper les angles du carré à la naissance de l’arc pour
partie inférieure de la construction : sous-sol (citerne), rez- passer à un plan octogonal régulier, dont la géométrie est
de-chaussée, où elle porte les planchers. Ce paysage des proche du cercle.
grands arcs en pied de la maison est extrêmement courant Comme pour les voûtes rayonnantes, tous les matériaux
dans tout le Liban. Lorsqu’elle est en superstructure, elle et mortiers sont utilisés. Au Liban, on retrouve les coupoles
est soit soigneusement extradossée et protégée par un de différentes dimensions dans l’architecture religieuse
dispositif d’étanchéité (mortier serré), soit garnie à ses reins (mosquées et églises), et dans les monuments historiques

24
de grandes tailles (khans, hammams, madrassas etc.). Sur jour le jour par des ajouts improvisés et une forêt de

Les arts de bâtir, les techniques et les hommes


l’habitat, elles sont presque inexistantes sauf dans les poteaux qui soutiennent pannes ou arbalétriers.
demeures palatiales et dans de rares habitations L’ensemble requiert ainsi une quantité de bois très
bourgeoises sous formes de petites coupoles en briques et importante, dont certaines pièces de fortes sections et de
à cul de bouteilles couvrant les petits hammams. grandes longueurs ; les essences locales telles que, Chouh,
Qotrani sont utilisées.
- Les charpentes Par contraste, les charpentes savantes et légères
Les systèmes à toit plats sont décrits dans les planchers développées par l’art des ingénieurs du XIXe siècle en
et dans les couvertures plates. Ici, nous nous intéressons Europe du Nord n’ont que très peu touché le Liban. Le
aux charpentes ou ossatures qui portent les couvertures en cadre rigide et indéformable de la ferme triangulée, où les
pente. La situation de très loin la plus courante en assemblages sont ajustés, où l’équilibre des forces est
Méditerranée est celle d’une tradition de charpentes calculé avec précision entre pièces comprimées et pièces
empilées, et le Liban ne déroge pas à cette règle. tendues, où il n’y a plus de pièce en flexion, n’interviendra
La charpente empilée apparaît comme un ouvrage de que tardivement sur de nouveaux bâtiments très
conception relativement archaïque fonctionnant à la spécialisés. L’emploi de cette technique, notablement plus
savante et qui procède du calcul, oblige en outre le recours
à un véritable charpentier, formé comme tel et possédant
une expertise dont le maçon généraliste ne dispose pas.
D’ailleurs, les toits au Liban ne comportent quasiment pas
de complications de percements de type fenêtres ou
lucarnes, dont l’ossature et l’étanchéité posent des
problèmes de raccord complexes à un non-spécialiste.

La couverture

- Les toitures plates


Elles sont visibles sur l’ensemble du pays, de la côte à la
montagne en passant par la plaine de la Békaa. Elles ont en
commun la même simplicité structurelle d’un complexe
épais formant l’étanchéité, leurs très faibles pentes,
Baakline
inférieures à 5 % pour évacuer les eaux et la nécessité d’un
entretien permanent, qui est aussi la raison de leur
compression, c'est-à-dire que les charges sont transmises transformation.
et transférées verticalement. Selon le même principe de Les matériaux employés dans ces couvertures étant
descente des charges, des systèmes très sommaires solubles, une révision permanente pour resserrer les
coexistent sur le territoire avec des charpentes hautes et fissures est indispensable. Un damage au moyen d’une
apparemment complexes dans leur assemblage. Dans le Mahdalé (pierre cylindrique de 60 cm de long et de 28 cm
cas des systèmes sommaires, une poutre principale est de diamètre environ) est réalisé avant la pluie et une autre
généralement placée dans le sens longitudinal de la technique palliative est adoptée pour le colmatage des
construction, plus haute que les murs et reçoit les poutres fissures et qui consiste à couvrir le toit de terre argileuse
transversales. Sinon, on constate exceptionnellement un avant la pluie et à profiter de l’action de l’eau pour
empilage de troncs d’arbres ayant une extrémité l’introduire dans les interstices de la dalle. Désormais, on
s’appuyant sur les murs périphériques , l’autre extrémité rencontre parfois l’interposition d’un film plastique ou d’un
étant assemblée par emboîtement avec d’autres troncs au matériau bitumineux sur la dalle afin d’espacer les
plus haut niveau de la toiture. Ces troncs comblés par une obligations d’entretien.
couche de branchages reçoivent une couverture de
plantes épineuses (huttes de Ouadi Faara). Dans le cas des
charpentes hautes, la transfert des charges de la toiture
vers les murs passe par un empilement de poutrelles,
chevrons, poinçons, poteaux vers des poutres et des
poteaux plus importants puis vers des poutres majeures ou
sablières, l’ensemble étant assemblé plus ou moins
simplement avec des clous, des fils ou par le biais
d'encoches (embrèvements). Quelquefois, des fermes
assemblées en triangles (l’étymologie de ferme est « fermé
») donnent l’apparence d’une charpente triangulée, mais
elles n’en ont ni la conception ni les performances
d’équilibre et dénotent une profonde incompréhension du
système. La visite de ces charpentes en montre d’ailleurs
toutes les limites : beaucoup de pièces cassées du fait de
mauvais dimensionnements, de fléchissements palliés au
Rayak

25
Bien que ce matériau soit un produit importé (de
Les arts de bâtir, les techniques et les hommes

Terre ou chaux, il a fallu la mise au point de savoir-faire


très élaborés pour obtenir une étanchéité à partir de Marseille précisément) il est considéré, après six générations
matériaux poreux et de formes horizontales : on atteint là de constructeurs qui les ont employées, comme étant une
un des sommets de l’art de bâtir traditionnel. Cette maîtrise composante de l’architecture traditionnelle locale. La
qui mobilise l’entretien permanent disparaît avec les bétons, permanence de sa pose est la preuve de son ancrage dans
considérés comme mis en place une fois pour toutes. les pratiques architecturales du pays.
Dans les toitures plates, on rencontre deux détails de
raccordement entre le mur et la terrasse. Le plus courant
est l’encuvement de la couverture entre des acrotères, des Les processus de transformation
rehausses des murs. Les relevés d’étanchéité, les sommets
de murs font l’objet d’enduits très soignés et entretenus. Un simple tour d’horizon dans les arts de bâtir au Liban
La collecte des eaux pluviale se fait par l’intermédiaire de la reflète la richesse d’un patrimoine et d’un savoir - faire
pente vers une gargouille. L’autre type de raccord se fait en malheureusement très sous-estimés et négligés, voire
casquette, avec un très large débord (60 cm) de la même méprisés. En effet, les changements profonds et
couverture afin de rejeter les eaux pluviales le plus loin rapides ayant affecté la société libanaise et le paysage
possible du mur et d’éviter tout ruissellement. urbain et rural durant la guerre ont laissé leurs empreintes
sur la continuité dans la transmission –généralement
- Les toitures en pente familiale– des techniques et savoir - faire du bâti ancien. Il
Version plate et mécanique de la tuile romaine et issues en a résulté de profondes lacunes au niveau des
de la fabrication industrielle qui utilise les mêmes modules compétences, qui se sont aggravées en l’absence de
et dimensions de tuiles (longueur autour de 40 cm, largeur formation spécialisée.
25 et hauteur 2,5), les tuiles plates mécaniques constituent L’introduction de nouvelles techniques et de nouveaux
avec leur couleur rouge une des marques de fabrique du matériaux nés avec l’industrialisation (béton, poutres
paysage construit du Liban. métalliques…) a déclenché un processus rapide de
Les tuiles sont clouées ou attachées sur des charpentes transformation, perceptible tant au niveau du bâti lui-
en bois dont le profil de pente varie de 30 % à 45 %. Ces même ou sur le plan de sa mise en œuvre (variant du
toitures ne comportent généralement pas de percements simple remplacement d’éléments à la substitution totale de
et offrent une variété de formes suivant la complexité des la structure), qu’au niveau des mentalités : un changement
volumes couverts. qui s’exprime par un rejet sauvage de tout ce qui est ancien
Les toitures sont toujours prolongées au-delà de et local. Cette vague de transformations s’est accrue avec
l’aplomb du mur afin de ne pas mouiller celui-ci. Le la guerre, dictée par un besoin urgent de reconstruction,
que les nouveaux matériaux facilitent par leur mise en
œuvre rapide et leur faible coût.
Actuellement, un regain d’intérêt pour la restauration
et la réhabilitation est observé sur l’ensemble du
territoire, un intérêt qui, si bénéfique qu’il soit, risque de
porter en soi un coup fatal à l’authenticité et aux
spécificités de l’architecture traditionnelle libanaise et
plus particulièrement celle considérée comme rurale et
pauvre. Les travaux entrepris dénoncent un profond
manque de confiance dans les techniques traditionnelles
(surtout en ce qui concerne l’emploi de la chaux) et une
incompréhension des systèmes constructifs (maçonneries
et charpentes). Il s’y ajoute un apport de nouveaux
matériaux et de nouvelles techniques issues de modes
importées, qui parodient et dénaturent les techniques
d’origine : des modes importées qui contribuent à créer
Douma
une uniformisation du paysage du bâti ancien en faisant
abstraction de toutes les petites différences et
particularités qui font l’intérêt et la richesse des
surplomb est fait par un débord des chevrons et voliges, techniques.
par une corniche de pierre ou de bois et soutiennent des Une action de sauvetage des techniques anciennes et
gouttières fabriquées en tôle. Chevrons chantournés, de ses hommes doit être entreprise. Elle sera rendue
corniches en pierre ouvragées, lambrequins en bois ou possible par la création de pôles de formation spécialisée et
tôle, contribuent non seulement à créer un langage continue, par une orientation du marché vers l’intégration
architectural de qualité mais aussi des spécificités propres des compétences des hommes de métier, par
aux différentes régions du Liban. l’établissement d’un code de référence fixant le degré de
Les rives, faîtages et égouts font l’objet d’un soin qualité à atteindre et surtout par une sensibilisation plus
particulier; les noues, elles, sont montées sur une feuille de large de la population : sans ces mesures, c’est un
zinc ou de tôle, l’étanchéité étant le souci primordial de patrimoine irremplaçable qui est condamné à court terme.
l’artisan. En effet, c’est l’une des causes principales de la
dégradation de ces toitures, les révisions de couverture n’étant
pas réalisées périodiquement ou après les intempéries.

26
4
Le cadre législatif

La loi qui régit la protection des monuments


historiques ou les antiquités au Liban est l'arrêté
n°166/L.R du 7 Novembre 1933, portant tout règlement
sur les « Antiquités ».
Héritée du mandat francais cette loi a subi quelques
réformes. Un projet de loi pour la protection et la mise en
valeur des sites et monuments historiques, civils ou
villageois, à caractère historique, architectural ou culturel
particulier, est en cours de débat et d'étude au Parlement
Libanais. Il complétera l'arrêté 166/L.R.

Le domaine de la protection

L'article 1 de l'arrêté n°166/L.R définit la notion


« d'Antiquité » (à protéger) comme « tous les produits de
l'activité humaine, à quelque civilisation qu'ils appartiennent,
antérieurs à l'année 1700 ». La loi assimile également aux
antiquités les objets immobiliers postérieurs à l'année 1700
dont la conservation présente du point de vue de l'histoire
ou de l'art, un intérêt public. Ces objets immobiliers sont
protégés par différentes dispositions législatives ou
juridiques qui seront développées par la suite.

Sont considérées donc comme des antiquités


immobilières :
1) Tout apport de l'industrie humaine recouvrant le sol de
formation géologique.
2) Tout ouvrage ou édifice ancien, restes ou vestiges
d'édifices anciens avec ou sans structure visible au-
dessus du sol.
3) Tout objet mobilier attaché au fond ou à l'immeuble à
perpétuelle demeure.
4) Tout site naturel utilisé ou approprié par l'industrie
humaine tel que abri sous roche, grottes, roches portant
des peintures, sculptures, moulures ou inscriptions.

L'arrêté n°166 possède donc un domaine très étendu, et


repose sur deux critères alternatifs : le premier est objectif ,
l'antériorité à 1700 ; le second est subjectif , postérieur à
1700 (l'immeuble peut être protégé s'il présente, du point
de vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt public).

Les procédures de la protection

Deux procédures distinctes sont utilisées pour la


protection des bâtiments d'intérêt historique, architectural,
urbain, ...
Ces deux procédures sont l'inscription à l'inventaire et le
classement.

- L'inscription à l'inventaire
L'inscription se fait sur proposition du Directeur des
Antiquités, auprès du Ministère de la Culture qui peut
porter des bâtiments d'intérêt historique, architectural ou
autre à un registre destiné à l'inventaire général des
Tyr
monuments historiques.

27
Le cadre législatif

Cette inscription est notifiée par voie administrative aux prend à sa charge que les dépenses correspondant aux
propriétaires intéressés et mentionnée au registre foncier travaux exécutés, en plus de ce qu'imposerait la
sur le feuillet du bâtiment concerné. conservation en état du bâtiment.
Les effets de l'inscription à l'inventaire sont peu Dans ce cas les municipalités participent également à
contraignants pour le propriétaire : elle entraîne à la charge ces dépenses suivant une proposition à déterminer dans
de celui-ci l'obligation d'aviser la Direction Générale des chaque cas. En cas d'urgence ou de péril (reconnu par les
Antiquités de toute modification à apporter à l'immeuble, services techniques municipaux ou les services des
deux mois avant d'y procéder, en indiquant les modifications antiquités) un expert sera chargé par le tribunal de première
et travaux qu'il se propose d'effectuer (article 23). instance (saisi par la municipalité ou la Direction Générale
L'obligation est également assortie d'une sanction des Antiquités) d'examiner l'état du bâtiment. Une
financière et civile. obligation pour effectuer les travaux ou les financer par le
Ainsi notifiée, la Direction Générale des Antiquités propriétaire peut être prononcée par le tribunal dans le cas
examine tout projet de modification et tente, en cas de de résistance du propriétaire. L'autorité municipale sera
désaccord sur un projet, de trouver une solution à substituée au propriétaire pour effectuer les travaux et sera
l'amiable. Si la discussion à l'amiable n'aboutit pas, la remboursée par le propriétaire selon les lois et les règles de
Direction Générale des Antiquités, ne peut s'opposer aux comptabilités publiques et d'impôts et de l'argent public.
travaux projetés par le propriétaire qu'en engageant la
procédure de classement. L'arrêté n°166/L.R étend également la procédure de
classement aux abords des « monuments historiques ».
Ainsi la loi prévoit que des immeubles, qui sans présenter
eux même un intérêt historique ou artistique, pourront
faire l'objet d'un classement dès lors que celui-ci est
nécessaire pour « isoler ou dégager un immeuble classé »
(article 27).

- Cas de constructions traditionnelles (historiques)


non protégées par inscription ou par classement
Les bâtiments ou les constructions d'architecture
traditionnelles ne présentant pas de caractère « historiques
ou artistiques » particuliers ne sont pas soumis aux
règlements de l'arrêté n°166/L.R. Cependant d'autres lois
ou articles encadrent la protection de ces bâtiments surtout
quand il s'agit d'ensembles architecturaux et urbains.

Deir el Qamar
L'arrêté n°69 du 9/9/1983 de la loi d'urbanisme (4ème
article) stipule que des plans d'urbanisme détaillés, sont
obligatoires pour les zones archéologiques ; dans l'article 8
- La procédure du classement il affirme que ces plans d'urbanisme détaillés déterminent
Elle est réalisée par un décret de classement pris par le les règles et les conditions pour les protections des zones à
Chef de l'Etat sur proposition du Directeur Général des caractère historique. La loi de la construction, dans son
Antiquités (article 26). article 13 de l'arrêté n°148 du 16/9/83, signale que
Les effets du classement s'appliquent à partir du certains bâtiments à caractère seront soumis à des règles
moment où la proposition du classement est notifiée au particulières relatives à l'importance du bâtiment. C'est sur
propriétaire. Les effets du classement cessent si la décision ces deux articles des deux lois d'urbanisme et de
de classement n'intervient pas dans les six mois de la construction que l'on s'appuie pour établir et proposer des
notification au propriétaire. règles de protection et construction dans les zones à
Ainsi, sous peine de sanctions civiles et pénales, caractère architectural historique (ou traditionnel).
l'immeuble classé ne peut être ni restauré, ni modifié, ni
réparé, ni à plus forte raison détruit ou « déplacé », même Les procédures d'interventions
en partie, sans le consentement de la Direction Générale
des Antiquités (article 30). Pour toute intervention sur le bâti traditionnel, une
Contrairement à l'inscription à l'inventaire général, la personne qualifiée devra être en charge pour établir un
procédure de classement autorise le propriétaire au droit projet. Cette personne est soit un architecte restaurateur
d'être indemnisé du préjudice qu'il aurait subi du fait du soit un archéologue conservateur.
classement (articles 37 et suite).
- L'autorisation d'intervention sur un bâti non protégé
- Les aides financières - Tous les travaux intérieurs qui ne touchent pas la
Les frais résultant des travaux de consolidation ou de structure du bâtiment ne sont pas soumis à une
réparation des immeubles inscrits à l'inventaire général ou autorisation ou un permis préalable.
classés monuments historiques sont supportés par les - Tous les travaux extérieurs ne touchant pas la structure
propriétaires de ces immeubles. du bâtiment tels que les travaux d'enduit, peinture
Si l'état n'est pas propriétaire d'un tel immeuble, il ne extérieure, étanchéité, menuiserie, restauration des

28
balcons, ... sont soumis à des autorisations préalables

Le cadre législatif
- Les procédures de protection
auprès de la municipalité de la région. 1- La décision de protection primaire
- Tous les travaux touchant la structure du bâti doivent 2- La décision temporaire
être soumis à un permis préalable obtenu après 3- Le décret de la disposition de protection finale
présentation d'un projet, établi par un architecte ou un 1- La décision de protection :
ingénieur, aux services techniques de la Direction Elle est prise par le Ministre de la Culture suite à une
Générale de l'Urbanisme. Le permis final est délivré par proposition du Directeur Général des Antiquités, en
la municipalité de la région. réponse à une demande de protection d'une institution
publique intéressée par la protection du patrimoine,
- L'autorisation d'intervention sur un bâti protégé
d'une municipalité concernée, des propriétaires, ou des
- Etablissement d'un projet par un architecte ou un
ordres des ingénieurs. Cette décision est notifiée par voie
ingénieur (restaurateurs de préférence).
administrative aux propriétaires et aux registres fonciers
- Dépôt de dossier auprès de la municipalité ou du service
technique de la Direction Générale de l'Urbanisme de la où elle sera mentionnée. La validité de cette décision est
région. de six mois à partir de la date de la notification.
- Le dossier sera transmis à la Direction Générale des
Antiquités pour avis, et sera traité par un architecte de
la Direction Générale des Antiquités pour approbation.
- Retour du dossier à la municipalité ou au service
technique de la Direction Générale de l'Urbanisme où il
sera traité par l'architecte ou bien l'ingénieur du service
des bâtiments où le permis final sera délivré.

- Les aides financières


- Les frais résultant des travaux de consolidation ou de
réparation des immeubles non protégés sont à la charge
des propriétaires de ces immeubles. Cependant l'état ,
non propriétaire d'un immeuble inscrit ou classé, peut
prendre à sa charge « les dépenses correspondant aux
travaux exécutés, en plus de ce qu'imposerait la
conservation en état du bâtiment. Dans ce cas les
Tyr
municipalités participent également à ces dépenses
« suivant une proposition à déterminer dans chaque cas ».
2- La décision temporaire :
- En cas d'urgence, les services techniques municipaux ou
la Direction Générale des Antiquités peuvent, après une Après consultation d'une équipe scientifique et après
mise en demeure du propriétaire, faire exécuter les accord du Haut Conseil de l'Urbanisme, le Ministre de la
travaux de réparation ou d'entretien qui sont jugés Culture émet une décision temporaire dans laquelle seront
indispensables à la conservation des monuments classés précisés les limites géographiques de la zone à protéger
ou inventoriés n'appartenant pas à l'état. Une ainsi que toutes les règles d'architecture et d'urbanisme
procédure assez complexe est nécessaire, les frais ou les nécessaires à cette protection. La durée de cette décision
dépenses des travaux exécutés devront être remboursés est de deux ans, renouvelable une seule fois.
avec une majoration de 25% à l'administration qui s'est 3- Décret de la disposition de protection finale :
chargée des frais. Le Ministère des Travaux Publics (Direction Générale de
l'Urbanisme) établit un projet pour la disposition finale des
- L'indemnisation
parcelles à protéger après les études de terrain et d'analyse
En ce qui concerne les dommages éventuels résultant
nécessaires à cette protection, réalisées en coordination
des classements pour les propriétaires des immeubles
avec le Ministère de la Culture (Direction Générale des
classés, l'état n'indemnisera que les particuliers ou les
Antiquités). La disposition finale de ces parcelles sera
personnes morales de droit privé. Il n'indemnisera pas les
communautés pour le classement des monuments dont adoptée après un décret en Conseil des Ministres, après
elles sont propriétaires, si ces monuments sont affectés à proposition des Ministres de la Culture et des Travaux
un service public ou à un culte. Publics et après notification aux registres fonciers et
administrations et personnes concernées.
L'évolution de la législation Deux listes au Ministère de la Culture seront établies
pour contrôler la protection des parcelles concernées :
Un projet de loi pour « la protection des bâtiments et
1- Liste de parcelles soumises à la décision temporaire.
des sites patrimoniaux » concerne la protection et la mise
2- Liste de parcelles soumises à l'Etat de la disposition de
en valeur des monuments ou sites ou constructions isolées
protection finale.
qui constituent entre elles un tissu urbain ou villageois et
qui, de part leur style architectural, contiennent une valeur Le décret de la disposition de protection finale sera
historique ou artistique ou scientifique ou patrimoniale accompagné d'une étude, ou « cahier des charges » où
particulière. Ainsi, tout bâtiment à caractère patrimonial seront détaillées toutes les dispositions urbaines,
sera soumis aux termes de cette loi. architecturales et conditions nécessaires aux travaux de

29
Le cadre législatif

restaurations, de destructions, ... et pour toute Baalbeck. Il est constitué d’un ensemble de maisons
intervention sur les bâtiments protégés (matériaux à patrimoniales du XIXe et du début du XXe siècle de type
utiliser dans les travaux, couleurs ...). « maisons à cour à deux étages » qui forment un tissu
Le décret permet aussi la modification de toute urbain traditionnel reflétant l’art de vivre de la société
disposition urbaine ou architecturale à laquelle la parcelle baalbeckiote. Au sein de la ville, ce quartier a subi au fil
ou le bâtiment est soumis (Coefficient d'Occupation des du temps et surtout durant la guerre civile libanaise ,
sols, hauteur du bâtiment, style architectural, nombre diverses modifications qui ont porté atteinte à son
d'étages, ...) intégrité et à son authenticité. En effet, plusieurs cellules
patrimoniales ont été remplacées par de nouvelles
- L'indemnisation constructions, tandis que d’autres, faute de maintenance
La nouvelle loi ne prévoit aucune indemnisation pour adéquate souffrent aujourd’hui de graves problèmes de
les parcelles soumises à la disposition de protection conservation. En conséquence, ce patrimoine bâti serait
finale, sauf dans le cas de la destruction d'un bâti perdu et supplanté à son tour par des bâtiments ne
existant ou dans le cas de la réduction du coefficient correspondant pas à la même typologie architecturale.
d'occupation général de la parcelle. L’importance de cet ensemble patrimonial ne réside
Dans le cas de la destruction, une indemnisation pas uniquement dans sa typologie architecturale et
financière est prévue, mais dans le cas de la réduction du urbaine traditionnelle, mais aussi et surtout de part son
coefficient, un transfert de 75% de la surface perdue par la emplacement géographique à proximité de la zone
réduction, est possible à d'autres parcelles indiquées dans archéologique de la ville (lieu de prédilection des
d'autres zones (par un décret du Conseil des Ministres). touristes). Les opérations d’expropriation programmées
D'autres aides financières pour les propriétaires de ces ainsi que les divers plans d’urbanisme établis de par le
parcelles sont prévues pour les travaux de restauration ou passé visant à détruire ce quartier afin de le remplacer
construction ou modification de l'existant. Ces aides sont par une zone fonctionnelle de stationnement et de
possibles sous plusieurs formes : réduction d'impôts, jardins, constituent un danger certain.
réduction de charges foncières, dons et participations Dans ce sens, la Direction Générale des Antiquités,
financières de la caisse indépendante de l'archéologie et soucieuse de protéger ce patrimoine bâti, s’est opposée
des biens culturels et patrimoniaux et enfin permission à ces propositions d’aménagement en présentant un
d'augmentation de 15% sur la valeur des contrats de contre-projet prévoyant la restauration des constructions
location en faveur du propriétaire du bâtiment concerné anciennes et a intégré la conservation du quartier dans
par les travaux. un programme plus vaste financé par la Banque
Les travaux de consolidation ou de réparation Mondiale intitulé « Conservation et Mise en valeur des
nécessaires aux bâtiments protégés peuvent être sites archéologiques et du Patrimoine Culturel de
demandés par le Ministre de la Culture auprès des Baalbeck ». Un nouveau plan directeur général
propriétaires. Les frais de ces travaux doivent être
supportés par eux. Dans le cas de refus de ces
propriétaires, les travaux peuvent être exécutés par le
Ministère de la Culture ou la municipalité concernée, les
dépenses et les frais des travaux exécutés devant être
remboursées à l'administration selon les normes et lois
fiscales et de la gestion des dépenses publiques.
Sanctions: toute infraction à cette loi est passible
d'emprisonnement pour une durée d'un mois à un an, et
d'une amende qui varie entre un et cent millions de livres
libanaises.
On constate donc l'importance de ce projet de loi, qui
concerne la protection et la mise en valeur des ensembles
de bâtiments ou constructions à caractère historique,
architectural ou patrimonial. En effet, la loi actuelle de
l'archéologie ne prend pas en considération ces
Baalbeck
éléments, « puisqu'ils ne possèdent pas des caractères ou
des éléments architecturaux ou artistiques très
particuliers », et que la loi de l'archéologie ne permet pas d’urbanisme, prenant en compte les impératifs de la
non plus de protéger directement des tissus ou Direction Générale des Antiquités est en cours de
ensembles urbains comme unité patrimoniale. préparation. Des études détaillées pour la conservation et
la restauration du quartier de el-Qalaa sont prises en
charge par le bureau technique de la Banque Mondiale
Exemples d’opérations de réhabilitation en collaboration avec les services de la Direction Générale
des Antiquités.
- Un exemple d’opération de Réhabilitation : Les principaux points à traiter prévus dans cette étude
le quartier el-Qalaa à Baalbeck consisteraient en :
Le quartier el-Qalaa ou de « la citadelle » est situé - un relevé détaillé de l’état actuel de cette zone
aux limites Est et Sud de la zone des temples Romains de - une recherche historique exhaustive sur son

30
développement urbain, architectural, et socio-

Le cadre législatif
magasins par la population isole le souk de la nouvelle ville;
économique - du point de vue urbain : le manque de stationnement
- une analyse minutieuse de la morphologie et de la ainsi que la mauvaise infrastructure des services
typologie architecturale et urbaine des différentes rendent la zone du souk difficilement accessible;
composantes - les constructions récentes en béton et les rajouts aux
- une étude structurelle et technique des différentes bâtiments en pierre ont dénaturé l’authenticité
composantes architecturale du souk;
- une proposition pour la conservation, la restauration et la - des problèmes de structure nécessitent des
mise en valeur du quartier résultant des analyses établies. interventions d’urgence à court et à long terme : les
Le chantier de réhabilitation du quartier de el-Qalaa principales lacunes structurales qui apparaissent dans les
est prévu pour le printemps 2004. Il serait un exemple magasins et les maisons sont essentiellement , les
d’intégration d’un tissu urbain de grande valeur fissurations , les problèmes de tassement du sol causé
patrimonial au sein d’un projet d’aménagement visant à par des problèmes de drainage des eaux et enfin la
la promotion touristique de la ville de Baalbeck. surcharge des constructions originales due au rajout de
Conserver tout en offrant des infrastructures modernes structures. A cela se greffent d’une part les phénomènes
adéquates, telle serait l’enjeu réussi d’une mise en valeur de dégradations de la pierre ou d’autres matériaux,
d’une zone patrimoniale dans un site urbain. conséquence de l’humidité et d’autre part l’absence de
travaux de restauration ou de conservation. Enfin, les
- Un exemple de restauration : le Souk de Batroun interventions arbitraires opérées par la population ont
Batroun est une ville côtière située à environ 50 km au largement altéré les structures d’origine.
nord de la capitale, Beyrouth. Ville dont la présence
humaine est attestée depuis les périodes préhistoriques, La restauration du Souk de Batroun
elle se caractérise par sa forme quasi arrondie et par la A l’initiative de la municipalité de Batroun, un projet
présence de son port. de restauration du souk a été enclenché. Les relevés
Batroun, vieille de plus de 4.000 ans connut au fil du architecturaux détaillés précédemment établis par
temps, prospérité et décadence. Les vestiges des l’APSAD (Association de la Protection des Sites et
différentes périodes phénicienne, romaine, byzantine, Anciennes Demeures) ont servi de point de départ au
croisée et moderne (moutassarrifiya) en témoignent. projet de restauration . Ce dossier fut par la suite soumis
C’est durant cette dernière période soit à partir de 1861, pour accord à la Direction Générale des Antiquités ainsi
que la ville de Batroun jouit d’une période de prospérité que le prévoit la loi de 1933 sur les Antiquités puisque la
économique qui se reflète par un important ville de Batroun est classée « ville historique ».
développement culturel, artistique et architectural. Les Ce dossier de restauration qui a subit quelques
constructions diverses, monuments religieux décorés, modifications concernant certains détails comportait :
luxueuses villas (haras), souk de grande dimension sont - l’historique de la ville et des Souks et leur évolution
autant de preuves de la richesse de sa population. urbaine
Batroun n’a pas subi de sérieux dommages durant la - une analyse architecturale et sociale du bâti existant
guerre libanaise qui débute en 1975 et ses vestiges tant - une analyse de la typologie architecturale des bâtiments
historiques qu’archéologiques ont été relativement bien - une analyse structurelle du bâti
conservés. - une proposition de restauration
Le Souk de Batroun Débuté en 2003, le travail de réhabilitation du souk de
Daté du début du XIXe siècle, le souk qui constitue Batroun s’est concentré en premier lieu sur les diverses
une unité architecturale et urbaine, souffre depuis la fin infrastructures, notamment celles du passage des gaines
électriques et des canalisations d’eaux ainsi que du dallage
en pierre basaltique. Ces travaux ont permis de pallier au
grand désordre qui sévissait dans les rues par le passage
apparent des câbles électriques et qui de fait entravait la
beauté de cette zone historique. Certains travaux de
consolidation ont également été effectués en superstructure
sur des bâtiments en proie à de sérieuses détériorations.
Le concept de restauration des maisons et des
bâtiments est le respect de l’authenticité du souk et de
ses composantes architecturales, notamment par
l’utilisation des matériaux adéquats présents dans les
constructions traditionnelles tels la chaux, le bois, la
pierre Ramleh et la ferronnerie.
Cette opération de réhabilitation du souk de Batroun,
qui est toujours en cours, va permettre la revitalisation de
Batroun cette partie de la ville en encourageant les propriétaires à
réutiliser leurs locaux à des fins commerciales. A l’heure
de la guerre du manque d’activités commerciales. En où Batroun tente de se repositionner dans le domaine
conséquence, divers problèmes ont surgit : touristique, un projet de la sorte ne peut que privilégier
- du point de vue social, l’abandon des maisons et des la ville au sein de la région.

31
5

32
Le diagnostic travaux préalables qui permettent d’avoir une bonne
connaissance du bâtiment et de ses éléments constructifs.
comme étape préalable Cette méthodologie ou diagnostic nécessite une démarche
logique, allant de la simple observation visuelle des
à toute intervention désordres jusqu’au diagnostic détaillé qui permet
de réhabilitation d’élaborer le concept de réhabilitation ou d’entretien et
leur suivi pendant et après l’exécution.
ou d’entretien Les étapes à suivre pour tout processus de diagnostic sont :
- Le pré-diagnostic, qui consiste à faire une première
évaluation de l’état du bâtiment et de définir, lors de la
première visite, les aspects du travail pour des études
Traditionnellement les matériaux de construction étaient pluridisciplinaires
recherchés dans la nature, à proximité du lieu de la - Les études pluridisciplinaires, qui récoltent toutes les
construction, notamment la pierre, le sable, la terre et le informations des tests et analyses des désordres dans le
bois. La pierre calcaire est la plus utilisée dans la bâtiment. Elles serviront de guide pour une future
construction. C’est un matériau dur, résistant bien aux intervention.
efforts de compression, mais sensible aux efforts - Le diagnostic, qui consiste à analyser les informations
dynamiques produits par l’usage, les surcharges imprévues des études pluridisciplinaires et déterminer les besoins
et les tremblements de terre. Le bois est aussi un matériau d’intervention en réhabilitation ou entretien. Ce
excellent et nécessaire, car il permet de reprendre les efforts programme définit les travaux de réparation et de
de flexion et de traction. Tous ces matériaux sont sensibles à consolidation des structures existantes et d’amélioration
de tous les éléments dégradés.

La réalisation du travail par des équipes pluridisciplinaires est toujours nécessaire

Les murs ont une longue histoire

l’action de l’eau et des autres facteurs climatiques. Le prédiagnostic


Durant toute l’histoire de la construction on assiste à
des travaux de réhabilitation et d’entretien des Lors de la première visite du bâtiment et d’après des
constructions, effectués par les propriétaires ou leurs observations visuelles des désordres, de leur emplacement,
représentants (architecte, maître maçon, charpentier,…) de leur nature et de leur dimension, on peut estimer l’état
afin d’adapter le bâti aux conditions de vie du moment. de conservation de l’édifice. Cette estimation est l’étape de
Avec l’apparition de nouveaux matériaux au début du prédiagnostic qui permet de classer le bâtiment selon son
XXème siècle et avec les interventions agressives de état de dégradation. En effet, un édifice qui a perdu sa
construction ou de reconstruction, le bâtiment peut perdre stabilité structurelle ne peut être habitable qu’après une
ses caractéristiques d’origine, porteuses de toutes ses intervention de reconstruction complète.
valeurs historiques, architecturales et culturelles. Une Cependant, la maison qui est toujours habitée et qui
bonne intervention doit maintenir en bon état l’ouvrage souffre de quelques désordres fera seulement l’objet de
architectural tout en en conservant sa valeur existante. Elle travaux d’entretien, pour contribuer à améliorer la qualité
s’effectue suivant un programme établit après plusieurs de vie et le confort à ces habitants.
opérations de diagnostic général des désordres. Pour cela, des études pluridisciplinaires de l’état de ces
Une vision d’ensemble est toutefois indispensable pour structures permettent d’élaborer un diagnostic qui identifie
réaliser des travaux cohérents et conformes aux objectifs l’origine de l’affectation de la maison traditionnelle et
fixés. Tout projet de réhabilitation ou d’entretien exige des précise les urgences relatives d’intervention.

33
Le diagnostic comme étape préalable à toute intervention de réhabilitation ou d’entretien

Les études pluridisciplinaires - Les textes et les récits qui décrivent l’architecture de la
maison, sa composition en plan, son usage, le nombre
Une bonne conaissance du bâti permet de réussir son d’étages, ses matériaux constitutifs, la description de
entretien ou sa réhabilitation. Comprendre permet de livrer son environnement, etc....
des hypothèses sur la nature des désordres et d’enrichir la - Les documents graphiques anciens (plans, coupes,
recherche historique afin de choisir le concept convenable élévations, plan cadastral, etc...), ils sont disponibles à la
d’entretien ou de réhabilitation et d’offrir non seulement la municipalité ou au service foncier. Les photos anciennes
solution économique et technique mais aussi conservatrice de l’intérieur ou de l’extérieur de la maison, qui nous
du patrimoine bâti. permettent de vérifier l’état de la maison à cette date.
Les études pluridisciplinaires consistent à fournir tous Les dessins (croquis, aquarelle, au crayon, etc...), les
les résultats des études et des différentes analyses qui anciennes vues aériennes des villes et des villages où
nous permettent de récolter toutes les informations pourra apparaître la maison sur les photos de la région.
Cette recherche pourra aboutir à l’identification de
l’originalité de la maison, sa transformation et son
évolution, facteurs qui composent aujourd’hui son
espace architectural. En effet, la maison dans son profil
actuel est le résultat d’un changement continuel des
habitants, de leur espace résidentiel qui présente
aujourd’hui les traces des différentes interventions où
l'état d’origine est parfois présent.

- L’étude socio-économique
Souvent les habitants des maisons traditionnelles ont
quitté leur demeure au début du XXe siècle pour
s’installer dans des immeubles de la banlieue où se
trouve le luxe et le confort de la vie contemporaine. Ses
anciennes maisons sont alors habitées par des personnes
n'ayant pas les moyens économiques , ou le niveau
Avant de décider de toute intervention, il s’agit d’identifier l’origine des désordres technique suffisant pour l’entretenir. Il est fréquent de
trouver des maisons traditionnelles toujours habitées par
la même famille, celle-ci ayant fait des travaux
nécessaires qui constituent le diagnostic. Elles d’amélioration au fur et à mesure que ses revenus le lui
comprennent l’étude historique et documentaire, l’étude ont permis. Ainsi, la maison traditionnelle subit des
socio-économique, le relevé architectural, l’inspection désordres dus au manque d’entretien et aux rajouts de
détaillée du bâtiment, l’analyse constructive et constructions ou installations contemporaines
structurelle, les essais in situ et en laboratoire. inadaptées avec l’ensemble original.

- L’étude historique et documentaire - Le relevé graphique


Le processus du diagnostic commence par l’établissement Le relevé n’est pas uniquement une opération de
de l’étude historique du bâtiment concerné. Il s’agit de mesurage correct d’un bâtiment accompagnée de sa
collecter : représentation graphique, mais aussi une opération qui
doit représenter toute la problématique du bâti pour mieux
la comprendre et l’analyser. On distingue plusieurs types de
relevé : le relevé architectural, le relevé des désordres, le
relevé technique qui décrit les matériaux utilisés et leurs
techniques de mise en œuvre, les différentes installations
et les abords de l’édifice.

Le relevé architectural
Il consiste à représenter par des dessins l’œuvre
architecturale existante afin de comprendre sa
composition, ses dimensions, ses proportions et son tracé
géométrique, son mode de construction, son
développement historique et sa valeur esthétique et
fonctionnelle.
C’est une opération scientifique qui exige une série
d’enquêtes allant de la lecture du concept original de sa
construction en passant par toutes les interventions
d’entretien ou de réhabilitation jusqu’à l’interprétation de
son actuel aspect formel et spatial.
Le dessin de ce relevé doit être capable de transmettre
Pour l’analyse de l’humidité, il convient d’utiliser différentes
sortes d’hygromètres les informations avec le plus de clarté, de précision, de

34
Le diagnostic comme étape préalable à toute intervention de réhabilitation ou d’entretien
dégradation (climat, pollution, mouvement de structure,
etc....).
Ce relevé indique aussi les matériaux utilisés dans les
différentes étapes d’intervention. Leurs techniques de mise
en œuvre reflètent les compétences du savoir-faire à
chaque étape d’entretien ou de réhabilitation et l’influence
des matériaux nouveaux sur la construction originale.
L’utilisation du béton a montré après un siècle, le danger
qu’apporte ce matériau à la structure ancienne en pierre.

Le relevé graphique est indispensable à un bon diagnostic

légende, d’explication et de notes possibles. A minima ce


relevé doit produire des plans, en coupes, en élévations et
si possible en trois dimensions par des vues en perspective
ou en axonométrie.
Le relevé des désordres
Il consiste à présenter les déformations et les
dégradations. Les murs et les planchers sont le support de
ces désordres, ils portent le schéma qui indique par
simple observation la nature et l’ampleur des fissures.
La disparition des revêtements de protection est souvent à l’origine
Celles-ci permettant de mieux comprendre les origines des problèmes structurels
des déformations et les causes de la dégradation. Ce
relevé permet d’obtenir un ensemble complet de données On observe parfois l’affectation de celle-ci par les
précisant les lésions, les fissures, l’aplomb ou le matériaux d’entretien qui n’ont pas les mêmes propriétés
gonflement des murs, les traces d’humidité et des physiques ou mécaniques.

Le relevé des différentes installations


Depuis la construction de sa maison l’habitant ne cesse
de modifier le programme de cette maison et de l’adapter
à ses besoins de confort. Ce relevé consiste à discerner les
constructions et les installations parasites à la construction
originale. L’analyse de ce relevé conduit à présenter
l’influence physique et esthétique des rajouts à la maison
traditionnelle.

Le relevé des abords de la maison


Il consiste à relever la situation de la maison par rapport
à son environnement et permet de préciser l’effet de ce
dernier sur l’état de conservation du bâti. Il présente la
proximité éventuelle des industries et de leurs
conséquences (fumée, pollution de l’air, pluies acides,
etc...), de la mer (degré d’humidité, concentration de sels,
etc...), et des réseaux routiers, chemin de fer, aéroport
(vibrations, pollution, bruit, etc...).

Des témoins installés sur un placage en marbre


- L’inspection des désordres dans le bâtiment
La plupart des désordres sont inspectés par observation
salissures, etc...., indiquant leur emplacement, leur sens visuelle. En effet, un œil formé pourra détecter l’origine des
et leur dimension. Ces données quantitatives et désordres d’après la forme, la nature des déformations et
qualitatives permettent de vérifier l’état de stabilité et de leurs évolutions. Une démarche systématique contribue à
dégradation de la construction à la date de son relevé. faciliter l’inspection en allant de l’observation générale à
Le relevé des matériaux utilisés et les techniques de celle la plus détaillée, en utilisant des appareils de mesure
leur mise en œuvre très précis. Cette démarche commence par l’inspection :
Il consiste à relever les matériaux constructifs du - Des façades qui permettent de connaître les
bâtiment : leur nature, leurs dimensions, leurs propriétés caractéristiques constructives des différentes étapes de
physiques et mécaniques, leur état de conservation après construction et leurs influences sur la conservation et la
son vieillissement et son exposition aux facteurs de stabilité de la structure ancienne.

35
Le diagnostic comme étape préalable à toute intervention de réhabilitation ou d’entretien

- Des propriétés des matériaux constitutifs (pierre, terre, stabilité générale du bâtiment et l’état de conservation de
bois, mortier de chaux ou de terre, structure en bois, ses matériaux constitutifs.
etc...), de leur dimensionnement (mur à double
parement, simple, épaisseur et hauteur des murs, etc.)
et de leur mise en œuvre (pierres posées sur un lit de Essais in situ
mortier de chaux, maçonnerie de pierre hourdée d’un La méthode d’inspection visuelle, pourra être complétée
par un monitoring continu à l’aide de plusieurs instruments
liant de chaux, pierre en boutisse, mur de terre avec
de mesures non destructifs in situ . Les différentes
armature en bois, enduit de chaux ou de terre, etc....).
contraintes qui agissent sur la structure ancienne seront
- De l’état de la couverture et de son système constructif évaluées par calcul des descentes des charges et par la
(voûte, plancher en bois, charpente en bois, etc....), détermination des efforts dynamiques qui expliquent la
ainsi que l’inspection de l’état des canalisations localisation, le sens et la grandeur des déformations.
d’évacuation des eaux pluviales et des eaux usées. Cette
inspection comprendra la vérification de leurs capacités Essais en laboratoire
de leur inclinaison et de leur raccordement au réseau En laboratoire les propriétés physiques et mécaniques
public. des matériaux de construction pourront être analysées
- Des nouvelles installations et leur influence sur le sur des échantillons prélevés par micro-carottages. Cette
support ancien (réseau électrique et sanitaire, antennes méthode permet de définir la résistance à la compression
et à la flexion, la porosité du matériau, la profondeur des
et paraboles, nouveaux matériaux de constructions).
altérations et la mesure de la perméabilité (hygrométrie,
- Des conditions de confort à l’intérieur de la maison,
hygrométrie (humidité relative de l’air, teneur en eau,
niveau de la nappe phréatique, etc....) et acoustique
(proximité de routes, chemin de fer, usines, etc....).

- L’analyse constructive et structurelle


Dans l’objectif d’identifier les désordres structurels dans
le bâtiment ancien, une série d’inspections doivent être
réalisées. La plupart des anomalies sont inspectées par
simple observation visuelle ce qui permet lors de la
première visite du bâtiment de voir les déformations
portées sur les murs de façades, sur les murs intérieurs,

Un bon équipement de travail est indispensable pour l’expert en charge


du diagnostic

teneur en eau, condensation). D’autres examens


pourront être faits au laboratoire pour identifier les
salissures et la nature des altérations.

Les outils d’inspection


Dans le cas des mesures simples effectuées par un
architecte avec l’aide d’un maître maçon, les principaux
outils à utiliser seront :
1- pour les représentations de l’information :
- Une tablette de dessin, papier calque indéformable, papier
millimétré, crayon, gomme, stylo de plusieurs couleurs,
etc....
- Fiches d’inspection, support graphique de plans,
coupes et élévations pour marquer les différents
Le langage des fissures permet aux experts de comprendre
l’origine des désordres structurels désordres et les minutes prises sur chantier.
- Un appareil photographique (numérique de préférence).
2- pour le relevé architectural:
ainsi que sur la terrasse. - Un fleximètre de 5 m, un décamètre de 50 m en
ruban de tissu invariable, un mètre télescopique, un
Quand on a un doute sur un problème structurel actif,
mètre laser.
il faut appliquer des instruments de mesure afin de vérifier
- Un niveau à eau, un niveau manuel, un niveau optique
les déformations à chaque saison et détecter les ou laser, un fil à plomb.
mouvements pour pouvoir en déduire l’origine et suivre 3- pour faciliter l’observation:
leur évolution après réparation des désordres. - Une lampe protégée et alimentée par une rallonge de
L’analyse systématique ou le diagnostic des altérations fil électrique.
nécessite une démarche au cours de laquelle on évalue la - Une loupe.

36
matériaux. Dans ce sens l’observation visuelle, le savoir-

Le diagnostic comme étape préalable à toute intervention de réhabilitation ou d’entretien


faire et l’expérience dans le domaine de la construction,
peuvent réduire largement les tests et les analyses
fastidieuses. Cependant, il est nécessaire, en cas de
doute, de procéder à des essais plus développés.

Le diagnostic
L’analyse de toutes les informations récoltées contribue à
élaborer un bon diagnostic qui permet de déterminer toutes
les causes des désordres et définir les remèdes appropriés.
Selon la valeur de la dégradation détectée lors des
études pluridisciplinaires, il sera décidé de la nature de
l’intervention : réhabilitation ou d’entretien, des délais
d’exécution et des intervenants (propriétaire, architecte,
expert, etc.).
Plusieurs outils sont à notre disposition pour améliorer la connaissance du bâti

- Un escabeau, une échelle, une lancelle ou technique


d’escalade.
4- pour la prise d’échantillons:
- Un marteau, un stylet en acier, un scléromètre, ciseau, etc.
- Des sachets en plastique pour les échantillons et des
étiquettes adhésives pour les référencer.
5- pour la détection des fissures et de l’humidité:
- Une jauge pour mesurer et faire le suivi des
mouvements des fissures.
- Un hygromètre pour mesurer la teneur en eau dans la
maçonnerie.
- Un termo-hygromètre pour mesurer la température et
l’humidité relative de l’air.
- Des réactifs qui déterminent la nature des sels se
trouvant cristallisés à la surface des pierres ou de
l’enduit de chaux lors d’une réaction chimique.

Cette fiche à pour objectif de réaliser une estimation et une appréciation rapide sur
l'état d'entretien d'un édifice. Il s'agit d'identifier les principaux éléments
constructifs, de les décrire puis de vérifier qu'ils remplissent correctement leur
fonction. Les données sont recueillies lors d'une inspection visuelle générale de
l'édifice. Les fiches jouent le rôle d'un guide de référence, d'un canevas de travail.
Le check-list suivant est proposé à titre indicatif :

1 - La Structure
Verticale : Evaluer les fondations, les aplombs, les fissures, ou les autres lésions,
autant des poteaux / piliers que des murs et parements porteurs. Identifier les types
de matériaux et leurs pathologies apparentes.
Horizontale : Evaluer la flexion des poutres et des planchers, la solidité des arcs et
Le contrôle du mouvement des fissures est toujours recommandé des voûtes, la présence de fissures, de pourrissement, d'insectes, d'effritement dans
le bois, la brique ou la céramique.

2 - La Couverture
Les matériaux constitutifs de la maison traditionnelle Vérifier si elle remplit convenablement ses fonctions d'imperméabilisation et de
protection, sans égouttement, infiltration ou pont thermique. Vérifier également la
peuvent être soumis à de nombreux essais qui surface extérieure, les décollements ou porosités éventuelles, ainsi que le mal
fonctionnement éventuel du système d'évacuation des eaux (gouttières et conduits
contribuent à préciser la nature des altérations et leur engorgés, encrôttés, rouillés…)

origine. Dans un bâtiment classé, de grande valeur 3 - La Façade


Evaluer les différents éléments de la façade, tout d'abord pour l'ensemble sur un
historique, il est plus économique ( à long terme ) et plan structurel et sécuritaire: il s'agit alors de déterminer les risques de décollement,
puis de chutes sur la voie publique. Ensuite, détailler l'état et évaluer la condition
techniquement plus scientifique de soumettre l’ensemble des éléments séparés : structure, balcons et volumes, corniches et passées de
toiture, garde corps et appuis de fenêtres (vérifier les fixations et le degré de
bâti à un système de mesure, de tests et d’analyses détérioration), revêtements et décors (mauvaise fixation, décollement, porosité,
continuelles et précises qui permettent d’évaluer les usure, moisissure, pollution…), menuiseries (fixation et état, insectes...).

mouvements minimes de la structure à n’importe quel 4 - Intérieurs


Evaluer le degré de détérioration et les conditions de confort : acoustique, thermique
moment. Mais dans des maisons traditionnelles on doit et sur le plan de l'humidité (infiltrations, condensation et remontées capillaires).

chercher le procédé le plus simple pour faire le diagnostic 5 - Installations


Vérifier l'état des éléments de protection des différentes installations : eau, gaz,
nécessaire à l’identification des altérations de ses électricité et évacuation des eaux usées.

37
6

Rayak

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L’entretien périodique, d’être obligés de procéder à de lourds travaux au bout
de quelques années.
la seule garantie pour - Maintenir le bon fonctionnement des différentes
la maison traditionnelle installations afin d’assurer la sécurité et l’hygiène des
habitants.
- L’attachement du propriétaire à sa maison et à sa valeur
patrimoniale et sa responsabilité de la protéger contre
Les bâtiments sont soumis à un processus permanent de les facteurs climatiques qui endommagent les éléments
dégradation physique à cause de leur usage et sous l’action de sa structure.
de l’environnement extérieur. Les bâtiments, malgré leur - Le manque des moyens financiers pour construire une
aspect vraiment solide, et leurs différents composants sont nouvelle maison et l’augmentation du coût des
très sensibles à l’action des facteurs climatiques (du soleil, de constructions neuves.
la pluie, du froid ou la chaleur) et de toutes les autres actions
naturelles. L’action des usagers est aussi l’une des causes de
la détérioration progressive des différents éléments. Le rôle du propriétaire

Le propriétaire est la première personne qui est censée


La nécessité de l’entretien détecter les anomalies dans sa construction. Vu ses faibles
moyens pour des travaux importants d’entretien, il peut
Les besoins et les activités pour lesquels notre éventuellement participer à l’élaboration d’un bon
architecture traditionnelle est conçue sont en constante diagnostic qui précise le type d’intervention et la qualité de
évolution et il est normal que de temps en temps elle soit la main d’œuvre qui doit réaliser les travaux.
soumise à des travaux de réhabilitation et d’entretien Des travaux de maintenance courants pourront être
afin de répondre et de s’adapter aux exigences de réalisés par le propriétaire lui-même comme les travaux de
chaque moment découlant des mentalités, des nettoyage, de petite réparation de menuiserie ou de
habitudes, des modes ou des exigences techniques ou ferronnerie, de réfection de l’enduit et le damage des
légales, que ce soit sur les aspects de production, terrasses en terre, les badigeon de chaux ou de terre, le
d’usage ou de confort. remplacement de quelques pierres altérées, etc...
Quand nous parlons d’entretien ou de maintenance, Dans des travaux plus importants, le propriétaire doit
nous parlons de l’action la plus importante pour la faire intervenir un expert pour résoudre un problème
conservation et la mise à jour de notre architecture spécifique ou pour une évaluation globale de l’état de
traditionnelle. Il s’agit de l’ensemble des interventions conservation des structures.
périodiques et fréquentes qui assurent au fil du temps la Par contre, la gestion des maisons traditionnelles exige
protection et l’adéquation de la maison aux activités des connaissances et des méthodes d’entretien spécifiques.
abritées. Nous devons distinguer deux choses: les travaux En effet, il ne s’agit pas uniquement des travaux de
d’entretien courant, dont le but est la sauvegarde de la réparation ponctuelle mais d’opération complète de
capacité fonctionnelle minimale, et les travaux de gestion tout en profitant au maximum de leur fonction et
modernisation qui cherchent à adapter la maison aux en préservant toujours leur valeur historique et culturelle.
exigences de l’usage et du confort moderne qui sont en
évolution constante.

L’entretien aujourd’hui

Depuis sa construction, la maison traditionnelle a


toujours été l’objet des travaux d’entretien effectués par les
propriétaires eux-mêmes ou par leurs représentants, le
maître maçon et les autres artisans de la construction.
Déjà au XVe siècle, le sculpteur et architecte italien Il
Filarete dans son « Traité d’architecture » disait :
« Toi tu pourrais me dire: le bâtiment ne devient pas
malade et mort comme l’homme. Et moi je te dis oui : il
devient malade quant il ne mange pas, c’est à dire il n’est
pas entretenu, et il se dégrade à fur et mesure de la même Les travaux ordinaires d’entretien sont toujours nécessaires
façon que l’homme quant il n’a rien à manger et il tombe
mort. »
Durant ces dernières années l’importance que les Le guide de maintenance
propriétaires accordent à l’entretien de leurs anciennes
maisons est en perpétuelle évolution. Ceci est dû à Pour un diagnostic efficace, il est nécessaire de
plusieurs raisons : regrouper toutes les informations qui contribuent à mieux
- La prise de conscience des propriétaires sur la nécessité connaître le bâtiment afin de créer un cahier technique et
d’entretenir quotidiennement leurs maisons au lieu une banque de données qui permettront de définir un

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L’entretien périodique la seule garantie pour la maison traditionnelle

programme de maintenance. Ce programme, ou guide de Les différents niveaux d’entretien


maintenance, permettra à la fois de constater les risques et
les défauts de la construction et de planifier les travaux - Le bon usage
d’entretien préventif ou correctif. Ce programme sera un Le bon usage constitue le premier moyen de réduire
guide de maintenance régulier à consulter avant toute l’entretien prévu et de prolonger la durée de vie de la
intervention sur le bâtiment. construction. Il s’agit uniquement de bien la connaître et
L’objectif de ce guide est de : de l’utiliser intelligemment.
- Assurer la maintenance d’un bâtiment afin de prévenir Des conseils simples pourront nous aider dans ce sens :
sa dégradation. Ne pas claquer les portes, bien ventiler tous les matins,
- Faciliter l’opération d’un futur diagnostic. fermer les fenêtres avant l’orage, utiliser des produits
- Mieux connaître les matériaux constructifs et leur durée convenables de nettoyage, etc....
de vie, le système structurel et les techniques anciennes
de mise en œuvre. - La maintenance
- Faciliter le suivi d’une ou des opérations quotidiennes Les différents éléments constitutifs d’une maison
de maintenance. vieillissent différemment et chacun d’eux à des
Le guide de maintenance sera l’outil de travail et le caractéristiques et des cycles de vie qui lui sont propres :
document qui porte toutes les informations techniques et l’acier peut rouiller ou le bois peut pourrir. Cependant,
historiques de l’usage, des dégradations détectées à partir leurs protections doivent être entretenues, réparés et
d’une observation visuelle des désordres et des interventions renouvelés à certaines échéances.
de maintenance effectuées sur le bâtiment et l’identification La maintenance de certains équipements doit être confiée
de l’intervenant (propriétaire, expert, ouvrier, etc...). à des professionnels, tel est le cas des chaudières, du
Ce dossier permet de vérifier l’état des structures, ramonage des cheminées, du nettoyage des couvertures, etc...
d’organiser un calendrier des travaux de maintenance
périodique et de planifier les travaux de conservation
préventive.

L’entretien préventif

Connaissant la nature et la durée de vie des matériaux


constituant la construction, on peut réaliser des
interventions régulières de maintenance permettant de
réduire les dégradations et de maintenir autant que
possible le patrimoine bâti en bon état.
Les visites périodiques d’inspection permettent la
détection des désordres pathologiques ou structuraux dans
la construction avant qu’ils ne s’aggravent. Ainsi, la
maintenance préventive limite les dégâts et les grandes
dépenses des interventions lourdes de réhabilitation ou
d’entretien. Souvent les protections d’urgence ne sont qu’une solution temporaire

Après les travaux de réhabilitation, un programme


d’entretien sera établi indiquant un calendrier pour ces
inspections périodiques, le nettoyage des matériaux - La réparation
constructifs et le contrôle des structures. En conservation Quelle que soit la qualité de l’usage et celle de la
préventive, ce plan note pour les usagers des maintenance, une panne est toujours possible. Le
renseignements pour bien connaître leur maison et ses dépannage peut être simple, comme le remplacement d’un
éléments constitutifs et de prendre précautions dans des fusible ou nécessiter l’intervention d’un spécialiste.
situations particulières, aux structures fragiles qui La réparation consiste à remettre l’ouvrage en état : soit
pourront être endommagées lors d’une mauvaise d’un équipement, soit de la corrosion d’un métal, soit de
utilisation. tuile cassée ou de siphon bouché.
Une vision d’ensemble est toutefois indispensable
pour réaliser des travaux cohérents et conformes aux - La rénovation
objectifs fixés. Il n’est pas facile de déterminer à priori qui En dépit d’une maintenance consciencieuse et malgré
doit exécuter telle ou telle opération d’entretien, il est des réparations effectuées en temps utile, il arrive un
nécessaire de sélectionner la main d’œuvre la plus moment où l’usure et le temps exigent la rénovation. Il faut
qualifiée dans les arts de bâtir traditionnels pour entamer alors procéder au remplacement de certains éléments ou
certains travaux de maintenance qui demandent une de certains ouvrages.
expertise spécialisée. L’objectif de ce programme est
d’intervenir dans un édifice ancien tout en respectant sa
valeur historique et architecturale. Un bon entretien doit
maintenir en bon état le bâtiment tout en conservant sa
valeur architecturale et patrimoniale.

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Bibliographie sélective HALLAK MONIQUE, MANSOUR B., 2000,
« Akkar, al-kounouz al-mansiyyat », Beyrouth, Dar-An-
Nahar.
ABOUSSOUAN CAMILLE, 1985, Présentation, avec courtes notices historiques, des
« L’architecture libanaise du XVe au XIXe siècle, le monuments et des habitations typiques du Akkar.
bonheur de vivre », Dijon, Imprimerie Darantière.
Bilan rapide et romancé de l’architecture au Liban depuis KASSATLY HOUDA, 2000,
les origines. « Terres de Békaa, L’aménagement de l’habitat rural sur
le haut plateau libanais », Beyrouth, P. Geuthner.
CHEVALLIER DOMINIQUE, 1998, Recueil d’excellentes photos sur des habitations et des
« La société du Mont Liban, à l’époque de la Révolution détails architecturaux de la Békaa.
industrielle en Europe », Paris, P. Geuthner.
Une histoire rurale du Mont Liban (fiscalité, société, KFOURY SEMAAN, 1999,
pouvoir) au XIXe siècle. « Maisons Libanaises », Beyrouth, ALBA.
Bilan critique des théories de l’évolution architecturale au
COLLECTIF, (BACHY ERIC), 1997, Liban et de la genèse de la “maison Libanaise”.
« La forme urbaine de la médina, perceptions et
analyses (XIXeme et XXeme siècles) », Médina n°3, Paris. LIGER-BELAIR JACQUES, 1999-2000,
Approche analytique et morphologique du tissu urbain de « L’habitation au Liban, the dwelling in Lebanon »,
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Propose une théorie de l’évolution de l’architecture au
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« Espaces et formes de l’Orient arabe », Aix-en-
Provence. PAGET CLAIRE, 1998,
Présentation des quelques types architecturaux de l’Orient « Murs et plafonds peints, Liban XIXe siècle », Beyrouth,
arabe. Terre du Liban.
Etude documentée des décors du maisons du XIXe siècle et
COLLECTIF, biographies des artistes.
« Espace centré », Aix-en-Provence.
Ouvrage consacré aux habitations centrées du pourtour de RAGETTE FRIEDRICH, 1980,
la Méditerranée et du Monde arabe plus précisément. « Architecture in Lebanon, the Lebanese House during
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COLLECTIF, RÉSEAU CORPUS, 2002, Cet ouvrage est le premier à présenter une théorie du
« Architecture traditionnelle méditerranéenne », développement et une typologie de la maison libanaise à
Avignon. partir d’une enquête (non exhaustive).
Inventaire et analyse des composants de l’architecture
vernaculaire autour du bassin méditerranéen avec
synthèse.

DAVIE MAY, 2003,


« La maison aux trois arcs de Beyrouth : Genèse d’une
demeure patrimoniale », Beyrouth, Alba.
Cet article traite de la naissance d’un archétype et du style
beyrouthin à la fin du XIX° siècle (le modèle à hall central,
à trois arcs et au toit de tuiles de Marseille).

DAVIE MAY, NORDIGUIAN LEVON, 1987,


« L’habitat de Bayrut al-qadimat », Berytus XXXV,
Beyrouth.
Etude de la maison à cour à partir des archives du waqf
grec-orthodoxe et du relevé d’une survivance dans le
quartier des Jésuites à Beyrouth.

DAVIE MAY, 2001,


« Beyrouth 1825-1975, un siècle et demi d’urbanisme »,
Beyrouth, Ordre des Ingénieurs et Architectes de Beyrouth.
Cet ouvrage présente les 4 phases urbanistiques que la ville
de Beyrouth a traversées entre 1825 et 1975, et leurs
sources d’inspiration égyptiennes, des Tanzimat, coloniales
et modernes.

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Commission Européenne Direction Générale
MEDA - EUROMED HERITAGE des Antiquités

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