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Sophie CAMBON-GRAU
Mai 2000
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1. Introduction.
La plupart des pays industrialisés utilisent le comptage de l'eau, d'une part pour
recueillir des informations sur l'état de fonctionnement des réseaux d'adduction d'eau
et d'autre part pour asseoir la facturation de l'eau potable vendue. Traditionnellement
en France, le compteur est relevé une ou deux fois par an. Un releveur se déplace
pour lire le volume marqué par l'index du compteur, qu'il s'agisse de celui d'une
maison individuelle, d'un local commercial ou du compteur première prise d'un
ensemble de logements. En France, une grande majorité de compteurs sont situés
dans des regards ou dans des caves. Dans le cas d'opérations immobilières
récentes, les compteurs prennent leur place en limite de propriété, à côté des
compteurs de gaz et d'électricité, mais cette position idéale du point de vue du
releveur n'est pas systématiquement adoptée. La relève du compteur est une
opération coûteuse en main d'œuvre et en temps pour la société qui facture l'eau.
Elle représente une contrainte pour l'occupant des logements et des locaux
commerciaux dont la présence est requise pour donner l'accès au compteur.
Aussi, les sociétés de distribution d'eau cherchent depuis une vingtaine d'années à
gagner du temps sur les opérations de relève. Dans ce cadre, des terminaux
portables équipent désormais la plupart des releveurs. Ils contiennent l'identification
des sites à relever au cours d'une journée de relève et permettent le recueil d'un
certain nombre d'informations sur le client en plus de l'index du compteur proprement
dit. En fin de journée, le releveur peut décharger les données recueillies soit
directement sur l'ordinateur central de son Agence, soit depuis son domicile en
utilisant un modem. Le même modem lui permet de charger les adresses à relever le
jour suivant. Pour aller plus loin dans la même voie, l'heure est depuis une dizaine
d'années aux solutions de relève à distance ces compteurs. Le principal intérêt est
alors de s'affranchir la plupart du temps de la présence du client pour avoir accès à
l'index du compteur. Jusqu'à présent, les services clientèles des compagnies d'eau
avaient développé les cartes d'auto relevé qui ont le même objet que la relève à
distance (économiser le déplacement du releveur et ne pas déranger le client) mais
dont la fiabilité peut être discutée. Le but premier de la relève à distance des
compteurs est donc de recueillir le plus fidèlement possible les valeurs d'index des
compteurs sans déranger les clients dans leur propriété.
Cette synthèse bibliographique présente un état des lieux des techniques et des
pratiques de relève à distance des compteurs en France, avec une perspective
internationale.
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- un débit nominal : pour un compteur de 15mm, ce débit est de 1.5 m3/h ;
- une classe métrologique A, B ou C : elle caractérise la précision du volume
mesuré en fonction du débit mesuré et du débit nominal du compteur. Les
compteurs de classe C se démarquent nettement des deux autres par leur grande
précision de comptage pour des débits mesurés d’eau très faibles (fuites) ;
- un sens d'écoulement de l'eau, une position d’installation (verticale ou
horizontale) et une pression maximum tolérable en service.
Enfin un compteur est dit humide, lorsque ses trois organes sont noyés dans l’eau,
humide propre lorsque le totalisateur est isolé dans un compartiment rempli de
liquide lubrifiant et antigel, sec lorsque le totalisateur est au sec et ultra sec lorsque le
train de transmission et le totalisateur sont isolés de l'eau mesurée.
La relève à distance s'est développée aux USA depuis le courant des années 1970.
Elle a d'abord concerné les compteurs d'électricité. Elle se développe de plus en plus
dans les services d'eau. Contrairement à la situation française, il existe une demande
pressante outre Atlantique pour la relève à distance en raison de la concordance de
plusieurs éléments sociologiques :
- la pénétration du releveur sur la propriété privée est très mal vécue, surtout dans
les états du sud et de l'ouest ;
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- la facturation de l'eau sur la base d'estimations, couramment pratiquée en France,
est jugée inacceptable ;
- une facturation régulière est souhaitée (4 fois par an au moins, voire
mensuellement) ;
- les élus locaux ont tout intérêt à promouvoir pendant leur mandat des solutions de
relève à distance qui susciteront l'approbation des administrés.
N°1 - le compteur proprement dit avec ses trois organes précédemment décrits,
N°2 - une tête, à installer sur le compteur, qui traduit l'information mécanique (volume
en m3 indiqué par les cylindres tournant du totalisateur) en information de type
électrique, qui puisse être traitée par voie électronique,
N°3 - un organe de transmission de l'information électrique entre un émetteur de
l'information et un récepteur. Les technologies compactes permettent par
exemple d'inclure l'émetteur radio dans l'organe N°2 (ex : totalisateur
d'impulsions électrique à ILS équipé d’un système de lecture optique et d’un
module radio). Les ondes hertziennes servent de véhicule à l'information. Le
"releveur" (opérateur à pied ou en camion, ou plus simplement module
récepteur fixe) est équipé d'un appareil de réception radio qui stocke les
informations. Ces informations seront ensuite récupérées par l'organe N°4.
N°4 - une interface entre le récepteur de l'information et le logiciel de traitement des
factures client. Il s'agit souvent d'un terminal portable qui peut ensuite se
connecter directement à l'ordinateur central de facturation ou indirectement via
un modem par les lignes téléphoniques usuelles (réseau téléphonique
commuté, RTC).
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- le comptage d'impulsions à l'aide d'interrupteurs à lames souples (ILS) aussi
dénommé système Reed.
- les encodeurs : ils empruntent deux technologies différentes, l'une utilise
l'électronique et l'autre un système optique ;
- les têtes opto-électroniques (système optique) ;
- le comptage d'impulsions à l'aide de bobines en remplacement des ILS.
Ces « traducteurs » en message électrique sont appelés "tête" dans ce qui suit (MIU
en anglais meter interface unit).
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remplie d'un gaz neutre se ferme et transmet une impulsion électrique. Dans
l'exemple cité, 10 impulsions représentent donc théoriquement à 1 m3 mesuré.
Inconvénient : les systèmes à ILS, contrairement aux encodeurs, ne sont pas liés
physiquement au totalisateur mécanique. Ils sont toujours plus ou moins victimes de
bruits de fond internes ou externes, en particulier dans les environnements où
existent des sources de vibrations ou des champs magnétiques. Les vibrations
peuvent conduire à manquer des impulsions. D'autre part, les lames métalliques
souples finissent par vieillir et par entraver le fonctionnement à long terme. Les
systèmes Reed manquent de fiabilité et font toujours apparaître un décalage entre
l’index qui fait foi en cas de litige et le totalisateur d'impulsions électriques. Etablir la
facturation sur la base du totalisateur d'impulsions peut donc engendrer des
réclamations des clients. D'autre part, la plupart des systèmes Reed ne prennent pas
en compte les retours d'eau. Un retour d'eau est comptabilisé positivement comme
une circulation d'eau ordinaire. L'écart entre le totalisateur d'impulsion et l'index réel
du compteur augmente dans le cas de retours d'eau (clapets anti retour défaillants).
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- La liaison vers un télé répétiteur (MDU) permet de visualiser l'index du compteur,
celui-ci étant mis à jour régulièrement (par ex toutes les 15 mn).
- Le câblage vers une borne inductive (touch pad) fixée sur un mur (par exemple
en façade d'immeuble), sur le sol ou sur un regard évite de pénétrer dans les
regards ou dans les caves et supprime les risques de blessure et le temps perdu
liés à cette opération.
Inconvénients :
- le coût du câblage peut être dissuasif dans de nombreux cas (dans le cas d'un
bâtiment d'habitation ancien avec plusieurs dizaines de logements par exemple).
Dans le cas d’immeubles neufs, le câblage peut être prévu dès la construction.
- Les câbles, lorsqu'ils sont enterrés (en regard, en égout), sont souvent
endommagés par la faune (rongeurs, insectes) ou par des travaux de voirie
(sectionnement). Les coûts de réparation et de maintenance sont alors élevés.
Les encodeurs ne peuvent pas être reliés à des modules radio : à chaque lecture
d’index, ils puiseraient leur énergie dans la pile du module et en limiteraient
considérablement la durée de vie. Le changement régulier de la pile par un opérateur
réduirait l’intérêt du système radio dont la vocation est de s’affranchir le plus possible
de l’intervention humaine.
5. La récupération de l’information.
Difficulté : la principale difficulté associée aux bornes inductives est directement liée
au manque d'universalité des matériels. Un service de distribution d'eau travaillant,
dans une tournée de relève donnée, avec 3 fabricants de compteurs devra équiper
son releveur de trois "pistolets" de relève différents à connecter et déconnecter du
terminal portable à chaque fois.
Un fabricant de matériel britannique a tenté d'universaliser les "pistolets" en
proposant un modèle, dénommé "Talisman", qui soit compatible avec les principaux
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matériels disponibles sur le marché. Mais compte tenu des évolutions technologiques
rapides dans le domaine de la relève à distance des compteurs, Talisman lit environ
90% des bornes inductives seulement.
Le quatrième mode de relevage possible, par satellite, présente un coût très élevé et
n’est pas encore normalisé. Il convient à la relève de compteurs très isolés et très
difficiles d’accès où toutes les autres techniques de relève se révèlent défaillantes.
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Difficultés : en France, seule la fréquence 433,92 MHz est à usage libre. Cette
fréquence ne permet pas un échange d’information sur de longues distances. Dans
les meilleurs conditions possibles, c’est-à-dire en champs libre et sans interférence,
le module radio peut émettre jusqu’à quelques centaines de mètres. De nombreux
utilisateurs et tous les boîtiers radio de même technologie émettent sur cette bande.
Des précautions doivent donc être prises par les fabricants pour limiter les risques
d’interférence et de collisions des données lors de l’interrogation à distance.
L’utilisation de la modulation de fréquence autour de 433 MHz, la technologie en
bande étroite et l’interrogation 2 voies permettent par exemple de réduire ces
risques. Prochainement, la fréquence 866 MHz passera en utilisation libre.
Actuellement, les USA constituent le terrain de prédilection pour étudier les retours
d'expérience des solutions de relève à distance des compteurs d'eau. La télé relève
concerne de nombreux services d’eau et équipe des grandes villes (Philadelphie,
Cleveland, Colombus, Pittsburgh), comme des services plus modestes (Des Moines
Water Works, Village of Gurnee, Suffolk County Water Authority). Une enquête sur la
question est nécessaire pour aller plus loin, notamment par l’intermédiaire de
« l’AMRA » (Automatic Meter Reading Association). Les grands fabricants présents
sur le marché américain pourraient aussi être interrogés (Itron, Sensus Technologies,
Unique technologies, Master Meter Inc) en gardant à l’esprit les différences entre les
réglementations américaines et européennes d’une part, et des conditions de
faisabilité sur le terrain d’autre part.
Pour la France, seul un article de presse datant de 1994 a été accessible. Une
expérience pilote de télé relève de 65 compteurs par radio transmission a été
conduite pendant 3 mois par la SAUR en partenariat avec la société Itron. Dans le
secteur concerné, qui incluait le parc Eurodisney, une fréquence de relève mensuelle
était requise. Les compteurs étaient situés en regard enterrés, et équipés d’un
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émetteur radio interrogé à partir d’un terminal portable embarqué dans un véhicule.
L’article donne des précisions sur la technologie employée. Il souligne la fiabilité du
système de relève (concordance index relevés / index lus de 99.3%), et le gain de
temps permis par la radio relève de type « drive by ». Il souligne également que la
rentabilité est liée à la fréquence de relève. En deçà d’une fréquence mensuelle, la
radio relève aurait perdu son avantage économique. La télé relève se justifie
effectivement par une grande fréquence de relève. Dans le cadre de la tarification
saisonnière, une application intéressante serait la modulation tarifaire hebdomadaire
ou mensuelle dans les zones touristiques (haute montagne, zones littorales).
Les autres informations relatives aux expériences de télé relève ne s’appuient pas
sur des documents publiés. Le Parc de logements HLM s’est doté plus tôt que
l’ensemble du parc de logements de solutions de relève à distance. A ce jour,
150000 logements sur les quelques 3,7 millions de logements gérés par la fédération
française du mouvement HLM disposeraient de compteurs d’eau avec télé relève,
celle-ci s’étant développée conjointement avec des opérations domotiques plus
ambitieuses. Là aussi, les retours d’expérience doivent être recueillis par enquête
afin de mieux cerner les avantages et inconvénients des technologies en place.
Cette synthèse a permis une ébauche de réflexion sur les éléments qu’il faudrait
absolument intégrer dans un cahier des charges relatif à la télé relève pour une
tarification saisonnière.
Le cahier des charges imposé au fabricant doit répondre le mieux possible aux
besoins du client, qu’il s’agisse d’un gestionnaire de patrimoine immobilier ou un
service de distribution d’eau.
Les réticences peuvent venir des employés du service d’eau (ou de gestion
immobilière) : ils auront par exemple peur des transformations appliquées à leur
métier, voire de sa disparition pure et simple.
Dans les deux cas, le cahier des charges devrait théoriquement comprendre une
partie « information et formation » des employés des services utilisateurs, à propos
du fonctionnement de la nouvelle technologie et des avantages qu’elle apporte pour
les uns et les autres. L’objectif est de former des partenaires de la nouvelle technique
et non des obstacles en puissance à son fonctionnement. Une information adéquate
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pourrait être également dispensée aux responsables du parc immobilier équipé de la
relève à distance.
Cette liste non exhaustive doit être complétée dans le cadre d’un projet particulier
grâce à un travail d’allers retours de l’information entre le fabricant de matériel et le
client.
7. Conclusion.
Le télé relevage des compteurs d’eau demeure peu développé en France faute d’une
véritable demande de la part des prestataires de service d’alimentation en eau d’une
part et des gestionnaires de parc immobilier d’autre part. Le retour d’expérience dans
ce domaine est donc faible. Le principal obstacle au développement de la relève à
distance est d’ordre économique, accompagné, très probablement d’une réticence
sociologique de la part des opérateurs de la relève. Le manque de normalisation et
donc d’universalité des matériels nuit à la baisse des coûts : chaque système de
relève à distance est propre à un fabricant de compteur. Certaines technologies
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manquent de fiabilité et ne reproduisent pas fidèlement les index de compteurs.
D’autres ont une autonomie limitée en raison de la taille envisageable des piles au
lithium qu’elles contiennent. Une autonomie de 12 ans est en général le maximum
proposé par les fabricants alors que les distributeurs d’eau réclament des durées de
vie compatibles avec celles des compteurs (15 ans en moyenne). Il est important
d’avoir une idée précise des coûts de maintenance des systèmes pour conduire une
étude de faisabilité économique de la relève à distance des compteurs d’eau. Celle-
ci doit passer par un cahier des charges très détaillé dont la mise au point suppose
un travail étroit de partenariat entre fabricants et clients. Enfin, la télé relève
révélerait probablement une faisabilité accrue dans le cadre d’opérations inter
services (par ex. en France, eau, électricité, gaz) où plusieurs opérateurs
partageraient les mêmes infrastructures (réseau fixe pour la radio relève, câblage
identique au sein des immeubles…).
8. Bibliographie
Entretiens téléphoniques :
Pierre Bossi, Socam, Rillieux la Pape ;
Michel Fuchs, Sappel, Saint-Louis ;
Philippe Grandjean Compagnie des Eaux de Paris, Paris ;
Chantal Laumonnier, CSTB Nantes ;
Jean-Alain Monnier, Tec Habitat, Mouvement HLM, Paris.
Rencontres :
Marc Guerquin, Lyonnaise des Eaux, Paris 9ème
François Paquet, Générale des Eaux ;
Alain Bignotti, Schlumberger, Montrouge.
Recherche internet : à partir des mots clés « AMR » (automatic meter reading), relève à distance des
compteurs d’eau, télé relève, contadores de agua i telemedida.
Documentation :
K. D. Bienlien et alii. Automatic meter-meter reading is not always economical. JAWWA february 1998,
pp52-59, réf. 67/07396.
Bradosche et alii. Télérelevé des compteurs d’eau par radio-transmission. L’eau, l’industrie, les
nuisances, n°177, novembre 1994, pp62-64. Réf. 66/96353.
S. Fontana. Le comptage de l’eau, une informatisation croissante. Hydroplus n°62. Avril 1996, pp49-
59. Réf 66/98570.
M. Garriga i Miralles. Sistema de telemedida de contadores de agua. Tecnologia del agua n°104,
diciembre 1992, pp5761. Réf. 66/82534.
Office international de l’eau. Compteurs d’eau. Dossier pédagogique. 87 pages. Réf. G12954.
th
Sunday Times : july 18 , 1999, Water firms to charge more at bathtime.
Documentation technique des fabricants Sappel, Schlumberger, Socam.
Objet de la synthèse : faire un état de l’art des technologies en développement, des
procédés utilisés et du matériel disponible sur le marché, avec un comparatif de leurs
avantages et de leurs inconvénients, principalement dans les pays industrialisés. Les
entreprises prestataires de service dans le domaine de l'eau seront interrogées sur
leurs opérations pilote dans le domaine.
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