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INTRODUCTION GENERALE
Désormais les historiens s’intéressent à un autre Moyen Age où les hommes travaillent
dans des conditions économiques, technologiques, et où ils apprennent à maîtriser la nature.
C'est aussi une période où se creuse le fosset entre travail manuel et travail intellectuel.
C'est aussi au cours du Moyen Age que se développent les universités dont celle de Perpignan
avec la faculté de droit. Ce savoir, cette connaissance se diffuse à l’échelle européenne. On
découvre des rapports complexes qui peuvent exister entre la culture savante de l’élite
(ecclésiastique) et la culture populaire.
Le Moyen Age c'est aussi la réforme de l’Eglise, des rapports avec la Papauté, c'est
aussi le commerce qui se développe à l’échelle nationale et même internationale. Evolution du
droit commercial, des nouvelles techniques. C'est aussi la redécouverte des villes.
Il s’agit ici d’une expression d’origine chrétienne et mystique. Les 2 siècles qui
précédent l’an 1000 sont des siècles obscurs, difficiles, ces 2 siècles voient la société
connaître une dépression, une période d’instabilité. En même temps, les structures du pouvoir
monarchique central (carolingien) s’effondrent. 843 : partage de Verdun entre les 3 fils de
Louis le Pieux. Alternance dynastique entre les Carolingiens et les Robertiens.
On va voir se constituer des principautés territoriales de plus en plus nombreuses, et de
plus indépendantes du pouvoir central. Au cours de cette période, les populations vont perdre
plus ou moins leurs repères. Conjoncture agricole catastrophique. Guerres et mauvaises
récoltes, famines, épidémies. La peste en 950.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
§ 2 – L’EXPANSION DEMOGRAPHIQUE
De l’an 1000 à 1250, la population a triplé passant de 5 millions à 15 millions. Ceci est
dû à un changement climatique, à des progrès au niveau des techniques agraires, qui ralentit le
cycle des disettes, des famines.
§ 4 – LE NOUVEL FEODAL
La féodalité c'est un système qui va se caractérisé en autre par l’existence d’un groupe
social à vocation guerrière (les seigneurs) qui va dominer de manière absolue une masse de
paysans et cette domination se fait en contrepartie d’une location de terres et/ou une
protection physique.
Cette domination seigneuriale s’exerce dans la confusion, confusion de la propriété et
du pouvoir politique. Les seigneurs sont propriétaires et chefs militaires. Ce cumul a été
possible en raison de la disparition des superstructures étatiques (carolingiens) et
fractionnement de l’autorité en une multitude de cellules autonomes (les seigneuries).
Dans chacune de ces seigneuries, on a un maître : le seigneur. Ce seigneur détient à
titre privé le pouvoir de commander et aussi le pouvoir de punir. Il exploite cette puissance
comme un élément de son patrimoine héréditaire.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
En réalité ici, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un système social parfaitement adapté aux
caractéristiques d’une civilisation en période de crises.
Nous sommes ici face à une décomposition de l’autorité monarchique de la fin des
carolingiens, nous sommes face à une économie autarcique, cloisonnée par des obstacles
naturels (la forêt…).
Dans ce contexte particulier on éprouve la nécessité d’une forme de domination
directe du seigneur sur les paysans.
Le système féodal va se répandre à travers toute l’Europe.
Le mot « seigneurie » est un terme tardif. Il apparaît vers la fin du Moyen Age au
XIVe siècle et cela s’explique parce qu’il correspond à une certaine conceptualisation de la
« théorie du fief ». Auparavant, on parlait de « domaine ».
C'est le cadre essentiel dans lequel s’organisent les rapports sociaux. C'est également
la base matérielle où vont se concrétiser les rapports de droit. La seigneurie c'est le lieu où
s’exerce le pouvoir des seigneurs.
On ne peut pas se représenter la seigneurie comme une circonscription précisément
délimitée. C'est un rapport de pouvoir, une zone sur laquelle s’exerce le pouvoir.
On peut distinguer les pouvoirs que le seigneur exerce en qualité de propriétaire terrien
et de chef militaire et justicier. Dans la réalité, la seigneurie banale et seigneurie foncière sont
complémentaires.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
§ 1 – La réserve
1) Composition de la réserve
La réserve seigneuriale est constituée par la demeure du seigneur (le château) et ses
dépendances (granges, moulins, pressoirs, ateliers, logements des domestiques…). Tout ça,
forme la Cour.
La réserve comporte des terres qui sont cultivées et celles-ci sont cultivées par les
domestiques du seigneur, par les paysans de la seigneurie qui doivent la corvée. L’exploitation
de ses terres permet l’approvisionnement de la Cour seigneuriale. On est dans le cadre d’une
exploitation en « faire valoir direct ».
2) L’exploitation de la réserve
Le seigneur utilisait ses domestiques qui vivaient « au pain et vin » de leur maître
(nourri et logé). Mais en réalité, l’essentiel de cette main d’œuvre est fourni part les tenanciers
du domaine qui devaient la corvée au seigneur. Les tenanciers aidaient les domestiques du
seigneur. Ces tenanciers aidaient au moment des labours, de la moisson, des vendanges.
3) L’évolution de la réserve
Au XIIIe siècle, les seigneurs ne gardent plus que le strict nécessaire, conservant la
Cour et quelques terres aux alentours. Tout le reste est exploité par les paysans sous forme de
tenures. Le seigneur est devenu davantage un rentier du sol qu’un exploitant agricole.
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La tenure c'est une parcelle de terre remise au tenancier par le seigneur pour l’exploiter
et en jouir à perpétuité, à charge pour le tenancier d’assurer diverses prestations à caractère
économique (la corvée).
Ce mode de « faire valoir indirect » a des origines anciennes, les grands domaines de
l’époque carolingienne. L’existence de ces tenures est attestée dans des registres cartulaires
(plus tard appelé des « terriers »). Ils contiennent le nom des tenanciers, la nature de la terre
concédée, la nature des prestations qui doivent être assuré, le montant des redevances, les
dates de paiement…
Le propriétaire qui est le seigneur censier qui va louer une terre à un exploitant, il loue
cette terre à un paysan moyennant le paiement d’une redevance périodique appelée le
« cens ». C'est la redevance principale, le loyer de la terre et ce cens va caractériser le rapport
entre le seigneur et le tenancier. Il s’agit d’une somme d’argent.
Le montant du cens est fixe et ce montant est précisé dans les actes. On précise la date
d’échéance… Le cens est portable, il doit être payé au Château. Le cens est imprescriptible.
Le cens ne disparaît pas. En revanche, l’arriéré va se prescrire. Le cens a aussi un caractère
symbolique, car le cens est recognitif. Par le paiement du cens, le tenancier reconnaît que la
terre ou les biens appartiennent au seigneur.
En cas de non paiement, des sanctions pourront être appliquées par le seigneur et sa
propre autorité. Le seigneur dispose du droit de justice. A l’origine, le refus de payer le cens,
entraînait une reprise, la saisie de la terre. Aux alentours du XIIe XIIIe siècle, le retard du
paiement du cens expose à une amende puis ensuite c'est la saisie temporaire de la tenure,
c'est aussi la saisie des récoltes. Et la saisie définitive n’interviendra qu’au bout d’un certain
temps. En principe, le seigneur ne peut pas exercer de contrainte personnelle sur les
censitaires en raison des obligations qui pèsent sur la terre (pas de contrainte pas corps).
Cela étant, jusqu’au XIIIe siècle, l’immense majorité des censitaires, sont liés au
seigneur par des liens de dépendance : c'est le « servage ». Et dans ce rapport qui s’établit
entre le seigneur et les serfs, le serf ne peut pas quitter sa terre. A partir du moment, où le
servage reculait, les censitaires pourront se libérer des charges d’une censive en quittant la
terre. Le serf déguerpit, surtout au XIVe siècle.
2) Le bail à champart
Les documents médiévaux font état de l’existence des tenures dont la redevance
consiste ici dans la livraison au seigneur d’une part de la récolte : c'est le « champart ».
Avant le XIIIe siècle, le champart est très peu utilisé, il apparaîtra au XIVe siècle, en
étant dans le cadre de nouvelles concessions de terres par le seigneur dans le cadre des
défrichements. En réalité, cela est lié au fait que le défrichage est un long travail, il va être
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Cela étant, le champart est plus lourd que le cens. Le taux varie d’une région à l’autre.
25% de la récolte est prélevé. Les intérêts du champart, le cens en argent est fixe et donc le
cens connaît une certaine dépréciation monétaire constante alors que le champart permet le
maintien des revenus seigneuriaux. Le champart est une bonne solution face à l’érosion
monétaire. En contre partie, le champart est portant de quelques contraintes, il implique la
surveillance du tenancier pour éviter la fraude. Le seigneur est également soumis aux aléas de
l’agriculture (la météo). Ces revenus vont subir ces fluctuations.
Les seigneurs y trouvent leur compte à travers une certaine stabilité. Progressivement,
c'est une idée d’hérédité qui est admise, admise en ligne directe (père, fils, petit fils) mais qui
ensuite est admise en ligne collatérale (frères…). Dans cette évolution, c'est le fait que
l’héritier n’a pas besoin de l’autorisation de son roi.
Un adage coutumier : « le mort saisi le vif ». Transition instantanée. En revanche, la
transmission de l’héritage (la tenure), le seigneur perçoit une taxe : c'est le « droit de relief ».
Caractère de reconnaissance.
La tenure peut faire l’objet d’une vente grâce à l’évolution de l’hérédité. Caractère
aliénable de la tenure. La tenure devient aliénable au XIIIe siècle. Il n’y a pas d’opposition
des seigneurs dont le droit des seigneurs (DOMINIUM) n’est pas remis en cause. La vente ne
pourra avoir d’effets qu’avec l’accord du seigneur. Au final, la tenure constitue un élément
essentiel du patrimoine du tenancier.
Cette patrimonialité des tenures donne des droits au tenancier, cette évolution va fixer
les rapports entre seigneurs et tenanciers. Effectivement, les uns reçoivent des redevances
fixes, et les autres exploitent de générations en générations une terre. Cela devient un facteur
de stabilisation de la société, enracinement de la paysannerie au sol.
Au XIIe siècle, et XIIIe siècle, on est dans un contexte juridique. C'est la redécouverte
du droit romain, et ce droit diffuse l’image d’une propriété qui ne correspond pas à la réalité.
Image d’une propriété individuelle et indivisible.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Le système seigneurial est une réalité complexe, on ne peut pas imaginer ce système
comme s’appliquant partout de la même manière, uniformément. Ce système a quelque part
des failles. Les documents de l’époque font ressortir l’existence de terres qui échappent au
système de la seigneurie foncière. Il y a effectivement, des terres qui sont libres, qui sont
exemptées au DOMINIUM d’un seigneur. La dimension de ces terres libres est très variables,
simples lopins de terres ou territoires plus vastes.
Les terres libres plus vastes appartiennent à des puissants, faisant parti de la classe
dominante, ils sont indépendants.
Les alleux paysans existent dans les interstices, entre les grands domaines
seigneuriaux, ces terres sont souvent enclavées. L’alleutier, celui qui tient un alleu, ne doit
rien. Il ne doit pas de cens, ni de champart, pas de corvées, pas de redevances, pas de taxes de
mutation. Ces alleux sont nombres dans certaines régions, où les obstacles naturels ont
favorisé leur existence, qui a freiné la constitution de trop vastes domaines (dans le
Bordelais), des petits ou moyens exploitants ont réussi à conserver leur indépendance.
Mais, partout ailleurs, les alleux sont perçus comme un facteur de désordre. Le
système seigneurial, dans son ensemble, s’accommode assez mal de l’existence de ces terres
libres et indépendantes. On va constater une véritable guerre à l’alleu, contre les alleux. Ces
guerres sont menées par les seigneurs. Les seigneurs vont s’appuyer sur les coutumes qui sont
défavorables aux alleux.
Dans le nord-ouest, on a issu du droit coutumier, un principe qui dit « nulle terre sans
seigneur ». Toutes les terres sont donc présumées sous l’autorité, la soumission d’un seigneur.
On n’admet pas la preuve du contraire. On a des zones qui permettaient la preuve de la
contrainte, des zones plus souples. Mais on parle de la « charge de la preuve », c'est à
l’alleutier de porter la preuve que sa terre est libre.
On a des coutumes plus libérales dans l’Est et le Midi, qui mettent en avant des
coutumes qui disent : « nul seigneur sans titres ». C’est donc un système plus favorable aux
alleux. C'est donc au seigneur, qui prétend avoir un droit, d’en apporter la preuve. On assiste
au maintien des alleux dans cette zone.
Cette seigneurie banale n’est plus fondée sur la terre mais sur le « ban », qui veut dire
« pouvoir de commandement, de coercition ». Effectivement la seigneurie dans son ensemble
implique aussi une domination à caractère politique.
Historiquement l’origine du « ban » est complexe, mais c'est l’une des conséquences
de l’effondrement au IXe et Xe siècle de l’autorité de l’Etat central. Ainsi à la fin de l’époque
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franque, les seigneurs ont déjà accaparés les anciennes prérogatives royales, car le pouvoir
royal s’affaiblit, et les exercent à leurs profits.
Ces seigneurs sont d’anciens fonctionnaires carolingiens qui gardent les prérogatives
de puissance publique, des grands propriétaires qui obtiennent des privilèges (immunités). Ces
personnages vont devenir détenteurs du DOMINIUM sur les paysans, ils exercent des
prélèvements sur ces paysans. Ces prélèvements vont leurs permettre d’acquérir les
instruments nécessaires à leur puissance (revenus). Cette puissance s’illustre à travers les
châteaux, les chevaux, les armes et armures… Tous ces éléments sont très chers, ils
consolident leur pouvoir de commandement, de coercition.
En réalité, le système seigneurial repose quand même sur l’oppression, sur la guerre
privée… Le seigneur protège les paysans qu’il connaît mais pas seulement, car les paysans
sont sa source de richesse.
A) La Haute Justice
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
C'est celle qui peut entraîner la condamnation à mort ou les mutilations. Crimes
capitaux, le meurtre, le rapt, l’incendie, le viol, le vol… Relèvent de la Haute Justice tous les
procès importants, notamment ceux qui touchent à l’état des personnes et à la propriété.
Symboles = pilori, gibet, fourches patibulaires.
B) La Basse Justice
Concerne les affaires moins importantes : les délits ‘amendes), les infractions aux
ordres du seigneur, les coups et blessures…
Affaires privées.
Le seigneur devait rendre justice personnellement, mais assez vite, ils ont pris
l’habitude de déléguer ce pouvoir à des représentants, surtout pour la Basse Justice.
5 types de preuve :
- Le témoignage : on le préfère écrit. 2 témoignages concordants entraînent la preuve du
fait. La déposition est publique après serment. Le témoin engage sa responsabilité. En
effet, l’adversaire peut contester le témoignage. Dans ce cas, le témoin est obligé de
défendre ses déclarations les armes à la main : duel judiciaire. Les mineurs, les
femmes et les vieux ne peuvent pas témoigner, car ils ne pourraient pas se défendre en
cas de duel.
- Le serment : c'est une preuve importante de renvoi. Société très chrétienne, où
croyances et superstitions se confondent. Les serments sont prêtés sur les évangiles.
Craintes, dans l’esprit de l’époque, en cas de parjure : peines très graves. La Cour peut
déferrer le serment à l’accusé. Serment purgatoire.
- La preuve par écrit : crainte des faux écrits. Méfiance des écrits. « L’écrit supporte
tout ». Il faudra que l’écrit soit validé. Cette validité sera donnée par l’apposition d’un
sceau. Fin du XIIe siècle : apparition du notariat qui va jouer un rôle sur
l’authentification des actes. Favorise le développement de la notion d’acte
authentique.
- Les ordalies : modes de preuve irrationnels.
- Le jugement de Dieu.
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C’est la preuve ultime dans les affaires graves, ou la vérité semble impossible à établir.
On n’a quasiment aucune possibilité de résoudre les énigmes policières. Dans ce cas, la cour
seigneuriale va donc s’en remettre à Dieu, la cour seigneuriale va ordonner et organiser le
duel judiciaire. Les adversaires doivent combattre les armes à la main, et celui qui perd le
combat perd le procès et en matière criminelle, il sera condamné selon la gravité du crime. La
procédure est organisée et le combat est solennel, il existe tout un rituel, il y a ce que l’on
appelle la remise de gage, ce sont des « gages de batailles », des gages sont donnés à la cour
pour garantir la comparussions au duel le jour ou il sera convoque.
Le jour qui est prévue les parties doivent comparaître en personne pour livrer bataille
exceptés si la personne est une femme un vieillard, un enfant, un ecclésiastique. Dans ce cas,
ces personnes qui ne peuvent pas comparaître ils doivent désigner un « champion » qui
combattra pour lui. Le combat se fait dans un champ clos et en public. Et les adversaires
combattent avec les armes à la main qui reflètent leur niveau social, c’est ainsi que les nobles
qui sont partie au procès combattront à cheval avec l’armure, la lance, épée… Les non nobles,
sont munis d’un bâton, d’un couteau, d’un vague bouclier. Cette procédure de duel judiciaire
qui a un caractère archaïque et irrationnelle va rester en vigueur dans certaines régions
jusqu’au XVe siècle en dépit de l’influence de l’église qui essaye de supprimer le duel
judiciaire, en favorisant d’autres ordalies bilatérales plus douces. Le duel judiciaire va
disparaître eu XVIe siècle. A l’issue la sentence du procès est rendue par le seigneur et on
peut préciser au pénal, les peines sont immédiatement exécutoires. On peut préciser qu’à cette
époque la prison n’est pas envisagée comme une peine, elle est au mieux envisager comme un
simple moyen de s’assurer la personne de l’accusé, qui ne s’enfuit pas. On pouvait échapper
à la prison en fournissant une caution. A l’époque médiévale il existait une palette de peine.
D’un point de vue historique, la peine de prison a été dégagée par l’église. La prison est une
sanction qui est plus douce dans le cadre de justice royale. Elle voit dans chaque criminel, un
pêcheur, une fois qu’il est enfermé en prison, le pêcheur pouvait revenir sur ses fautes.
La seigneurie banale est source de profit, et ce sont des profits très importants qui
s’ajoutent aux revenus du domaine de la seigneurie foncière. Les juristes analysent la situation
comme une privatisation en quelques sortes des droits des prérogatives de la puissance
publique, c’est une conception patrimoniale du pouvoir. La distinction entre le droit privé et le
droit public est un des piliers de l’ordre juridique actuel. Cette distinction est étrangère à
l’esprit du moyen âge. L’étude du moyen âge à cet égard est intéressante. En ce sens, il y a
une confusion qui s’établit entre les « prérogatives de puissances publiques » et les intérêts
privés. Le mot courant qui est utilisé au XIème siècle pour utiliser les droits du seigneur est
celui de coutume au sens large, on dit « le seigneur a les coutumes ». On comprend également
que ces droits du seigneur tirent leurs valeurs d’eux mêmes et de l’habitude. Cela étant le fait
que ces droits, ces prérogatives de seigneurs soient considérées comme étant des coutumes.
Le côté coutumier a pour conséquence de limiter l’arbitraire seigneurial. En d’autres
termes, les seigneurs se trouvent liés par les coutumes. Le seigneur ne peut pas modifier les
coutumes comme il le souhaite, il ne peut pas augmentés arbitrairement les droits. Il faut
regarder de plus près la nature économique de profits seigneuriaux, il en existe trois types :
- le profit de justice,
- les impôts seigneuriaux qui vont imposer une fiscalité,
- les banalités.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
L’impôt de la taille est le plus connu des droits seigneuriaux. A l’origine la taille IXe -
Xe siècle est la manifestation de la toute puissance seigneuriale. C’est ainsi qu’en cas de
besoin le seigneur pouvait prendre sur ses manants ce qui lui était nécessaire. Il s’agissait de
prélèvements en nature sur les récoltes. Ces prélèvements étaient épisodiques et
arbitrairement le seigneur peut lever toute forme de taille. Progressivement ces prélèvements
deviennent une habitude puis en coutume qui est acceptée bon gré mal gré par les paysans.
Au final ce prélèvement devient un véritable impôt payé périodiquement en monnaie.
En ce transformant en coutume la taille est abonnée c’est à dire qu’elle est fixée dans
certaines limites. Ainsi le seigneur ne peut pas normalement changer le montant de la taille
(sinon il risque une exaction).
A côté de cet impôt il y a d’autres impôts directs, au total ils pèsent très lourd. On
trouve des taxes sur la circulation, des taxes sur les transactions de marchandise, qui sont
mieux acceptées. Les seigneurs ont le droit d’autoriser la création de marchés publics et
doivent en assurer la police et la protection. Ils vont percevoir des leudes (taxes) qui vont
prendre des noms variés selon les marchandises.
3) Les banalités
La guerre privée c’est à dire la guerre entre les seigneurs, est un élément central du
système féodal. Souvent, on présente cette guerre comme une des conséquences seulement de
l’effondrement des superstructures étatiques. Cette disparition de superstructures aurait
engendrés l’anarchie. Par ailleurs, on étudie la guerre selon les moyens qui sont mis en œuvre
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
pour réduire les guerres privées. Ces analyses font perdre de vue un élément essentiel, c’est
que la guerre est l’unique vocation de la classe seigneuriale.
Dans la seigneurie, la structure est avant tout militaire, le château en est la meilleure
illustration, la teille est perçut pour des besoins de guerre. Toutes les activités des seigneurs
tournent autour de la guerre. La guerre privée est le moyen usuel de l’époque pour résoudre
les différends. Si on pousse l’analyse plus loin, on peut s’apercevoir que la guerre est la voie
normale de la compétition, c’est le meilleur moyen d’accroissement, d’acquisition de
puissances, d’acquisitions de richesses, c’est la voie d’une certaine promotion.
Dans un système industriel, la voie normale de la concurrence est la compétition
économique. La production industrielle était limitée. Dans le cadre du système féodal, la terre
est limitée. La seule façon de pouvoir progresser est la redistribution de la terre, par rapport à
cette redistribution la guerre est le moyen le plus simple de récupérer de la terre sur les autres
seigneurs. C’est la raison pour laquelle la guerre est permanente pour cette époque, on peut
dire que les seigneurs sont engagés dans une compétition générale, dont le but est la conquête
territoriale, d’où l’insécurité, le pillage, les conflits privés permanents.
Cela étant au XIIe siècle, il va y avoir un véritable endiguement de la guerre privé, on
constate qu’au Xe au XIIe siècle, la guerre est un phénomène interne très fort entre seigneur et
à partir du XIIe siècle, la guerre est projetée vers l’extérieur, la guerre va se développer à la
périphérie de l’Europe avec au fond les mêmes réflexes. Cette guerre va être retrouvée en
Espagne avec ce que l’on appelle « la Reconquista ». Ce n’est plus une guerre privée.
L’exemple le plus frappant, c’est celui des croisades, ou on déplace vers l’extérieur la guerre.
L’église va réussir de détourner le dynamisme guerrier de la chevalerie vers l’extérieur.
Enfin, au XIIIe XIVe siècle, le pouvoir royal va s’efforcer de d’accaparer à son seul profit la
guerre féodale en interdisant la guerre entre seigneurs et le roi va canaliser la fonction sociale
des chevaliers à travers une institution qui s’appelle l’armée royale. Cette armée royale va
intervenir dans la guerre de 100 ans.
Entre les nobles et les paysans, il existe un fossé radical, une frontière qui sépare la
paysannerie de la noblesse. Une frontière infranchissable entre deux mondes différents qui
cohabitent, on peut dire aussi deux modes de vie absolument différents.
A l’intérieur même de ces catégories il y a des différences, a propos des nobles, on a
des grands nobles en haut de la hiérarchie, et puis on a des seigneurs plus modestes. Ces deux
catégories sociales ont connus des évolutions considérables.
SECTION 1 : LA NOBLESSE
A l’origine le mot noblesse qui vient du latin nobilitas représente les dominants, c’est
l’aristocratie guerrière qui domine et encadre la paysannerie. Mais la noblesse se caractérise
par un comportement, un mode de vie spécifique qui s’exprime à travers la chevalerie. Cette
structure hiérarchique qui donne la cohésion à la noblesse s’organise autour de deux
institutions : le fief et la vassalité.
C’est aussi sur le plan horizontal soudé par des liens familiaux, ce que l’on appelle le
lignage noble. Enfin, assez rapidement, la noblesse a eu tendance à se refermer sur elle-même
c’est à dire qu’elle à devenir une caste fermée qui va se doter d’un véritable statut juridique
privilégier. Ce dernier aspect est celui qui va durer le plus longtemps puisque concrètement
ce statut ne sera supprimé qu’avec la révolution française qui disparaît le 4 août 1789.
§ 1 – Noblesse et chevalerie
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Cette question est importante qui est encore aujourd’hui très controversée.
Certains ont soutenus qu’elle est apparut avec la féodalité aux alentours de l’an mil,
on est ici encore une fois avec l’effondrement des cadres sociaux économique des
carolingiens. Dans ce contexte, des groupes d’hommes auraient réussis à imposer leur
domination par la force, par l’autorité et vont s’imposer à la paysannerie.
D’autres pensent qu’il faut remonter à l’époque précédente et aller de plein pied dans
l’époque franque. Pour eux la noblesse féodale serait issue de l’aristocratie
carolingienne, ils font notamment référence aux grandes familles qui entouraient les
monarques carolingiens et qui exerçaient les fonctions à la cour (ducs, comtes,
vicomtes,…). Ici on a des généalogies qui attestent cette thèse. Cela est
particulièrement vrai pour la grande noblesse féodale dont les descendants résultent de
l’ancienne monarchie franque.
En fait on ne peut pas généraliser, toute la noblesse n’est pas d’origine carolingienne, il y a un peu des deux. On
peut noter aussi qu’à la faveur des invasions certains peuples se sont fixés avec leur propre aristocratie telle que
les normands.
Il est vrai qu’il y a eu des hommes nouveaux, c’est à dire des hommes sans passé aux
origines obscures qui vont réussir à se hisser dans les rangs de la classe noble par leur audace,
leur force physique. Au Xe et XIe siècle, la noblesse est une classe relativement ouverte et on
voit se fondre des éléments d’origines diverses.
5) L’idéal chevaleresque
Quelles que soient les origines de la noblesse, il y a un dénominateur commun qui est
le caractère militaire à vocation guerrière.
A) La chevalerie
Au Xe et XIe siècle, le mot le plus répandu pour désigner les membres de l’aristocratie
est le mot miles, guerrier, mais on a un terme plus précis qui désigne le combattant à cheval,
le caballieres, le chevalier. Le noble est un guerrier qui est rapidement muni de l’équipement
complet qui le caractérise dans la société : des armes, une armure, un cheval. Sa vocation
première est la guerre.
Initialement la qualité de chevalier est personnelle tout homme libre peut
théoriquement devenir miles, en réalité il y a quand même des impératifs militaires
(économiques), l’équipement est coûteux et il faut du temps libre pour se consacrer à
l’entraînement et tout le monde ne pourra pas devenir chevalier.
Concrètement seuls les propriétaires fonciers, ceux qui ont les moyens et le temps
peuvent devenir chevalier véritablement. Cela étant il y a eu pendant un temps des hommes
nouveaux qui n’étaient pas forcément propriétaires qui sont devenus chevaliers. Ce sont des
sortes d’aventuriers.
Ce monde des chevalier va se doter d’une véritable conscience de classe c’est à dire
qu’ils ont pleinement conscience de représenter l’élite de la société.
L’église a contribué à cette prise de conscience chez les nobles de former une
catégorie à part. Cette chevalerie va se doter d’un idéal chrétien qui est destiné à canaliser,
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
encadrer leur ardeur guerrière. Cet idéal va s’exprimer à travers des rites notamment celui de
l’adoubement c’est la cérémonie qui va marquer l’entrée dans la chevalerie. C’est ici que
l’église va intervenir. Sous l’influence de l’église cette cérémonie va prendre une forme
liturgique c’est à dire qu’il va falloir respecter un ordre avec des prières.
C’est ainsi que l’adoubement sera désormais précédé d’une veillée de prière, de
pénitence.
De même le futur chevalier va prêter un serment sur les évangiles. Le futur chevalier
s’engage à défendre l’église mais aussi la veuve et l’orphelin ainsi que respecter la parole
donnée. Il s’ensuit la bénédiction et la remise des armes.
Après c’est la collée, c’est un coup du plat de l ‘épée sur l’épaule qui est administrée
par un autre chevalier.
Tout cela crée l’idéal du « preux » chevalier qui met ses armes au service de dieu, de la
justice. Cet idéal va marquer profondément les mentalités. Du côté de la classe dominante,
mais aussi parmi les petites gens autant que du côté de l’élite.
B) Vivre noblement
L’entrée dans la chevalerie détermine un statut social commun à tous les nobles.
Mais cette noblesse n’en est pas moins fortement structurée et si l’on prolonge l’étude de la
noblesse, on s’aperçoit que les nobles sont pris dans un réseau très dense de biens.
§ 2 – Vassalité et fief
Au sein de la noblesse les relations entres les hommes sont fortement hiérarchisées.
Cette hiérarchie se fait suivant un système qui vient compenser l’émiettement, l’atomisation
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
1) L’hommage vassalique
C’est un acte solennel par lequel un noble que l’on désigne sous le terme de vassal, va
se placer sous l’autorité d’un autre noble plus puissant que lui que l’on appelle le suzerain.
Ainsi, l’hommage vassalique est une relation personnelle engageant deux hommes libres : un
suzerain et un vassal. Cette relation, cet engagement, n’est pas perçue que de manière
abstraite mais cela est vêtu à travers un rite.
A) L’hommage
Cet hommage est une cérémonie hautement solennelle qui se déroule dans la grande
salle de la demeure seigneuriale. Le vassal se présente tête nue devant le souverain sans épée
et sans éperons. Il va s’agenouiller devant lui en geste de soumission et va placer ses mains
jointes dans les mains du suzerain. Ce geste est un geste de dépendance et à ce moment là le
vassal demande au suzerain de le recevoir comme son homme. On dit qu’il se recommande.
Le suzerain accepte son hommage et déclare le recevoir pour son homme. Ils s’embrassent
sur la bouche, c’est un geste de paix et d’égalité.
Le tout est appelé hommage de main et de bouche. Ce rituel est en fait antérieur à la
féodalité, il est d’origine franque, germanique qui dérive de la commendatio. L’Eglise s’est
efforcée de christianiser le rituel en le complétant par un serment prêté sur les évangiles. C’est
la foi et hommage.
Cet hommage va établir entre les deux hommes libres des rapports de confiance
loyaux et d’appui mutuel qui, normalement, banni, écarte, l’usage de la force et donc de la
guerre entre eux. Ce rapport d’homme à homme est initialement viager. Vers la fin du XIIe
siècle les rapports se juridicisent et des règles d’origine coutumières vont apparaître pour
préciser, régler avec plus de minutie, de détail pour venir préciser les obligations réciproque
des suzerains et vassal, c’est l’influence directe du droit romain. Progressivement l’hommage
prend l’allure d’un contrat détaillé, on parle alors quelque fois du contrat vassalique.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
vassal, le suzerain est tenu de témoigner d’une certaine générosité vis à vis de son vassal, cela
se manifeste par des cadeaux. Et lui garantir la libre possession de la terre.
2) La concession de fief
Pour s’assurer la fidélité d’un homme, le meilleur moyen est de stimuler son intérêt,
c’est ainsi que les serments, les engagements les plus solennels ne valent pas une bonne
rémunération des services rendus. Dans les textes les plus anciens, on voit que la prestation de
l’hommage par le vassal est accompagnée de la remise d’un beneficium, un bienfait. Il s’agit
au départ d’un simple cadeau de valeur. Quelque part le suzerain récompense le dévouement
de son fidèle vassal. Progressivement on va trouver un autre mot qui se répand et s’impose
mais qui exprime la même idée : c’est le fief.
Le mot feo désignait un gain même de valeur : une cuirasse, un casque, un bracelet en
or,… Dès l’origine, la constitution du lien vassalique s’accompagne de la remise par un
suzerain d’un cadeau qui est un gage matériel de fidélité. Cependant la nature du cadeau a
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
évolué à une époque où la terre est la principale voir, l’unique source des richesse. De plus en
plus le fief désignera une terre. Le fief va donc devenir dans la plupart des cas un bien
foncier. Ce bien le suzerain le prélève sur son propre domaine pour le remettre à son vassal.
Ici on peut concevoir les situations les plus variées.
- Le suzerain pouvait très bien prélever sur sa réserve des terres qu’il donne à son
vassal.
- Il concède une part des tenures.
- Il peut concéder un château ou des droits de justice.
3) La patrimonialité du fief
Le fief est devenu héréditaire dès le XIe siècle, c’est ainsi que les fils du successeur
du vassal devait prêter l’hommage avant tout et demander l’investiture c’est ce que l’on
appelle la saisine. On recrée le lien vassalique.
Mais ces formalités se sont par la suite elle même assouplies aux XIIe XIIIe siècle
tant et si bien que les coutumes vont dès lors admettre qu’à la mort du vassal son héritier
désigné est aussitôt saisi du fief. Il ne doit pas recréer l’hommage. On retrouve comme pour la
censive l’adage « le mort saisi le vif ».
La seule obligation ici c’est de reconnaître dans un délai prescrit l’infeodatio. C’est ce
que l’on appelle l’aveu qui prendra la forme d’un acte écrit où l’on va énumérer, dénombrer
les caractères du fief et les obligations qui sont rattachées à ce fief. Enfin le successeur, le
nouveau vassal va devoir prêter hommage. Mais ici, le suzerain ne peut plus refuser cet
hommage même s’il a quelques doutes sur la fidélité et la loyauté du nouveau vassal.
La patrimonialité du fief en faveur du vassal a renversé la nature des rapports
vassalique. Initialement, ce qui est au cœur c’est le fief. L’engagement d’homme à homme
devient secondaire.
A l’origine Xe et XIe siècle il y avait des liens d’homme à hommes qui primaient, qui
avaient un caractère viager. On se recommandait à quelqu’un par fidélité. Ces éléments étaient
consolidés par un élément matériel. Or, au XIIe siècle l’élément matériel passe au premier
plan.
Au XIIIe siècle, la concession de fief devient la cause première de l’engagement
vassalique. Les engagements personnels d’homme à homme passent au second plan.
Cette révolution est le signe manifeste d’une certaine dénaturation des rapports au sein de la
classe nobiliaire.
On a tiré les conséquences de la patrimonialité du fief, la contrepartie est la perception
d’un droit, le « droit de relief ». Mais l’évolution continue et après l’hérédité on a admis
l’aliénabilité, la possibilité de vendre le fond. Cela est confirmé pour le XIIIe siècle, ce qui
est une conséquence de la redécouverte du droit romain ce qui est aussi lié au
développement d’une économie marchande. Le Moyen-âge c’est aussi la redécouverte de la
ville. Avec l’apparition de la bourgeoisie de plus en plus riche qui va chercher à acheter les
fiefs. Les bourgeois n’ont qu’un idée en tête : devenir noble et achètent de fiefs.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
A cette époque les nobles s’appauvrissent à cause des croisades, de mauvaises gestions
et certains lignages nobles acceptent de vendre des fiefs. Le vassal peut vendre le fief et devra
alors présenter l’acheteur au seigneur.
Le suzerain pourra monnayer son investiture par une somme d’argent, quelques
deniers que l’on appelle le quint denier (1/5 du prix). Si l’acheter ne lui plaît pas, le suzerain
peut reprendre le fief mais dans ce cas il devra payer le prix qui était prévu. C’est le retrait
féodal. Ici, les principes originaux de l’hommage vassalique et de la concession de fief son
perdus. Le signe le plus évident de cette évolution c’est la possibilité offerte aux vassaux de
faire plusieurs hommages. C’est ce que l’on appelle la pluralité d’hommage et récupérer à
chaque fois des fiefs. Il devra y avoir un hommage prioritaire (c’est l’hommage lige). C’est
soit le premier, soit pour le fief le plus important.
Cette théorie est dû à des feudistes ce sont des juristes spécialisés sur les questions
juridiques qui touchent le fief. Ici effectivement, le phénomène de la concession de fief est
progressivement saisi, rattrapé par le droit. On va voir se dégager des règles définies par la
coutume. Ces règles seront ensuite affinées, précisées par les feudistes. Désormais il va y
avoir davantage de conditions de formes. C’est ainsi que la concession de fiefs fera l’objet
d’un acte solennel, c’est l’investiture. Elle va marquer publiquement la transmission des droits
sur le fief. On va utiliser des symboles qui vont symboliser la transmission du fief c’est la
remise par le suzerain du vassal d’un bâton, c’est quelque fois un anneau mais plus
symboliquement on lui donne une motte de terre. Cette investiture se fait juste après la
cérémonie de foi et hommage. On va rédiger un acte écrit pour la transmission du fief.
Dans lequel on précise ce qui est transmis et comment, les limites. Après l’investiture,
le vassal a la pleine possession des éléments de on fiefs :
- Droit à la protection de la part de son suzerain.
Le suzerain de son côté va conserver deux droit principalement :
- Droit d’exiger les services que doit le titulaire du fief,
- Droit de confisquer le fief à son vassal, s’il manque à ses engagements (commise =
retrait du fief).
Cette assimilation entre fief et tenure, est d’autant plus compréhensible qu’il s’est
produit à propos du fief la même évolution que pour les tenures : viager, héréditaire, aliénable.
Dans la mesure où le fief devient un bien patrimonial, le vassal pouvait tout à fait se
trouver à la tête de plusieurs fiefs (par engagement personnel, par mariage, par héritage) qui
dépendent eux-mêmes de plusieurs suzerains (dans ce cas le vassal prêtait hommage à chacun
des suzerains). L’hommage n’est plus un engagement personnel exclusif. Cette situation peut
prêter à désordre. La difficulté essentielle se trouvait également dans les conflits entre
suzerains.
Le droit féodal va faire une distinction entre l’hommage lige : hommage renforcé,
prioritaire et les autres hommages considérés comme secondaires. En principe, l’hommage
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
lige est le plus ancien (premier prêtés), quelque fois c’est celui qui correspond au fief le plus
important.
5) La hiérarchie féodale
Exceptionnellement des terres n’étaient pas possédées par des seigneurs. Il existe, en
marge de la hiérarchie féodale un certain nombre de seigneuries indépendantes, ces dernières
ne sont pas intégrées dans les liens vassaliques. Les seigneurs ne prêtent pas l’hommage à un
suzerain, ils ne détiennent pas leur seigneurie d’un suzerain. Dans le cas de ces alleux nobles,
non seulement l’alleutier est pleinement propriétaire (on ne fait pas la distinction entre
domaine éminent et utile) et il en est le seigneur. Il a, en tant que seigneur, son armée, sa
justice, ses finances, etc. Il fait partie à part entière de la classe chevalière. Néanmoins, la
plupart de ces alleux nobles vont intégrer la hiérarchie féodale.
- On les considère comme étant directement les vassaux du roi,
- Quelque fois il y aura la reprise d’un alleu en fief.
Malgré tout, quelques uns garderont une indépendance totale, on a alors de véritables
principautés indépendantes, enclavées dans le Royaume.
Ex : en Normandie, le royaume d’Yvetot, la principauté de Monaco.
§ 3 – Le lignage noble
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
La noblesse structurait toute la société féodale. La classe noble est hiérarchisée par les
liens de vassalité, ce qui la structure verticalement. Cette noblesse est aussi structurée sur le
plan horizontal à travers les liens familiaux qui sont à l’époque particulièrement solide. Au
Moyen-âge, les nobles se regroupent dans des sortes de clans dont le principe de base est la
parenté consanguine. Tout ceux d’un même clan sont descendants d’un ancêtre commun et
donc sont unis par les liens du sang et ils forment un lignage. A ces membres de la même
lignée peuvent se rattacher des parents collatéraux (des cousins), on les appelle des amis
« charnels ». On peut également accepter des alliés qui sont entrés dans la famille par
mariage.
Le lignage joue un rôle très important dans la société féodale. C’est une société qui est
dominée par les impératifs militaires. Concrètement l’individu n’existe que par rapport au
groupe de parents dont il fait partie. C’est le lignage qui va lui fournir son identité, c’est le
lignage qui lui permet de se situer par rapport aux autres. Outre cette identification, il protège
l’individu, c’est le cadre naturel au sein duquel l’individu trouvera protection et solidarité.
C’est aussi par rapport au lignage que s’opère la patrimonialisation des fiefs. Egalement
s’établissent les coutumes successorales.
1) L’identité lignagère
2) L’intérêt du lignage
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
garant pour lui (cojureur, prêtent serment, supportent les amendes). C’est aussi le cas de la
solidarité lorsqu’il y a un orphelin, c’est le lignage qui subviendra au besoin de l’orphelin : on
l’éduque, on l’arme chevalier et on va protéger et garder son patrimoine.
A) L’aînesse
B) La masculinité
Cela s’explique par l’état d’esprit guerrier qui préside dans les lignages nobles.
Cet esprit a contribué à diffuser une certaine hostilité à l’égard des femmes, on considère que
les femmes ne peuvent pas prêter hommage et assurer les services féodaux, notamment tout
le volet militaire. Les coutumes successorales vont exclure les femmes au profit des mâles,
c’est le privilège de masculinité. On s’aperçoit que les filles sont destinées au mariage et
concrètement ont vocation à sortir du lignage, en conséquence, il faut limiter leur droit sur le
patrimoine.
Selon la même logique patrimoniale, les dots ne portaient que sur des biens meubles
(argents, vêtements, bijoux,…). Malgré tout en cas d’absence de tout descendant mâle, la
succession pouvait échoir à une fille. Généralement ici, on ne pratique pas le principe de
l’aînesse, on va appliquer le principe du partage. Mais les femmes ne pouvant pas tenir un fief
vont avoir besoin d’un « chevalier servant » qui va assurer les services. Il s’agit généralement
du mari. Ici, beaucoup de coutumes vont imposer à l’héritière de se marier, et ce mariage
devra être autorisé par le suzerain.
Dans les premiers siècles de la période féodale (Xe et XIe), la classe des nobles est
relativement ouverte : un individu peut entrer dans la chevalerie et à terme fonder un lignage
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
noble. Dans le courant du XIIe siècle, la classe noble tend à se stabiliser, l’hérédité des fiefs
s’installe, les lignages aussi se développent avec également cet idéal chevaleresque.
On va voir se dégager un phénomène classique, un état d’esprit qui se répand fait d’un
sentiment d’orgueil, de supériorité, au fond il s’agit presque d’une véritable conscience de
classe qui pousse cette classe à se reproduire, l’idée de reproduire cette classe tout en se
fermant aux nouveaux venus. On va donc ainsi progressivement passer dans une noblesse,
situation de fait, c’est la chevalerie, la vassalité, le fief à une noblesse situation de droit, c’est
à dire une caste, un statut juridique précis avec des privilèges, des barrières, des
empêchements d’accession.
Assez vite, l’entrée dans la chevalerie va être réservée aux fils de chevaliers. Ils
récupèrent le statut de leurs pères (phénomène d’hérédité). Au XIIIe siècle, seul le fils aîné
sera adoubé. Les autres fils seront dispensés de l’adoubement du fait du coût de la cérémonie,
mais ils gardent quand même les privilèges de leurs pères (droit de porter l’épée, droit de
porter l’hommage, de servir un fief, ne payent pas d’impôt royal, ni de dîme).
On assiste à l’hérédité et la patrimonialité des fiefs qui s’installent. Les fiefs peuvent
être vendus. Des non-nobles, bourgeois, vont acheter des fiefs.
Peut-on permettre à des bourgeois enrichis sans éducation militaire, accéder aux rangs de
la noblesse ?
Une partie de la noblesse réagie, elle interdit la vente de fiefs aux roturiers, aux non-
nobles. Cette interdiction ne résiste pas aux besoins d’argent de certains nobles, en particulier
au moment des croisades.
Au milieu du XIIIe siècle, une solution voit le jour. « Principe selon lequel
l’acquisition par un roturier ne lui donne pas accès à la noblesse ». Concrètement, le roturier
peut percevoir les profits du fief, il devra payer au suzerain une taxe spéciale : le « franc-
fief ». Cette taxe doit servir à la rémunération d’un chevalier qui doit rendre au suzerain les
services militaires que le roturier ne peut pas rendre (1275).
La noblesse se ferme et on passe à une caste. Le mode d’accès à la noblesse c'est
désormais la naissance (noblesse de sang).
Le droit coutumier fixe les conditions de cette hérédité noble. Si le père et la mère sont
nobles, les enfants sont réputés nobles. Si le père est noble et la mère roturière, l’enfant est
noble mais si la mère est serve, l’enfant est serf. Si la mère est noble et le père roturier,
l’enfant n’est pas noble, excepté en Champagne.
Ligne paternelle.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Le noble ne peut être jugé que par d’autres nobles. Il bénéficie d’une procédure plus
longue pour mieux préparer sa défense. Il a toujours droit au duel judiciaire et en cas de peine
de mort, il est décapité.
Les nobles sont exemptés d’impôts. Ils ne payent pas les droits de péages, ils ne payent
pas la taille (protection) car ils payent l’impôt du sang. Ils ont ensuite des coutumes
particulières en droit privé, c'est le principe d’aînesse, de la masculinité.
SECTION 2 : LE SERVAGE
Dès les premiers siècles de la féodalité, le servage s’est constitué par fusion de
diverses catégories inférieures qui coexistaient à l’époque franque. Le servage est
caractéristique de la féodalité à l’époque de son installation mais c'est finalement la condition
normale des rustres, les roturiers, c'est la population paysanne.
A l’époque précédente, au moment des grandes invasions germaniques, on a eu un
important brassage ethnique, des bouleversements sociopolitiques importants. Tout cela avait
multiplié et provoqué une multiplication des statuts, au sein de la masse paysanne. On a des
esclaves jusqu’au VIIIe siècle mais on en a de moins en moins. Le souvenir des différentes
conditions va progressivement se perdre et c'est le servage qui va caractérisé, globalisé le
statut de la paysannerie. Cette uniformisation se fait en même temps que l’hérédité, hérédité
du serf.
Cela étant, il subsiste malgré tout une trace des statuts antérieurs au servage à travers
une distinction entre la servitude réelle, et la servitude personnelle. Influence la condition des
serfs. Dans le cadre de la servitude réelle, le serf est rattaché à la terre, dans le cadre de la
servitude personnelle, le serf est rattaché au seigneur. Dans le Midi, la source du servage a été
le colonat, le serf est considéré comme attaché à la terre, il ne peut pas quitter la terre. Dans le
Nord, le servage est davantage lié à l’esclavage, la servitude ici est personnelle.
Les serfs dourine : serfs d’origine.
Les serfs de novel : entrent en servage.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
§ 2 – La condition servile
A proprement parler il est difficile d’évoquer un statut des serfs. Car il n’y a pas de
cadre juridique uniforme, en fait le servage est un vaste phénomène qui concerne toute
l’Europe Occidentale.
Il y a des tas de nuances possibles, une assez grande variété de servage. En réalité les
coutumes contiennent assez peu de dispositions concernant le servage.
On peut noter que le droit romain que l’on redécouvre va jouer un rôle important pour
transformer une situation de fait en situation de droit. On va juridiciser la situation. On va,
en s’inspirant de la situation des esclaves, faire un statut du serf. Ce droit romain va avoir une
action ambiguë à double sens parce que le droit romain connaît le statut de l’esclave. On va
vouloir appliquer au serf les règles romaines de l’esclave qui sont plutôt défavorable. Mais
en sens inverse dans le droit romain on découvre la technique de l’affranchissement et cette
technique va être utilisée et appliquée pour mettre fin à la situation de serf.
Il existe une différence très nette entre le serf et l’esclave. Le serf est considéré
comme une personne humaine et non une chose (sous l’influence de l’Eglise). L’esclavage
est la situation la plus défavorable : le maître a un droit absolu et l’esclave n’a aucune
personnalité juridique, ne possède rien en propre, n’a pas de famille, ne peut se marier.
L’Eglise a eut une influence, elle a œuvrée pour une amélioration de la situation
d’esclave, elle reconnaissait le mariage des esclaves.
On a le paysan libre qui est un descendant d’un conquérant germain mais ils ne font
pas partie des puissants, ils vont rapidement s’avérer trop pauvres pour pouvoir s’équiper
militairement.
Au total il y a donc des droits élémentaires : le serf peut fonder une famille, peut avoir
des enfants légitimes et posséder quelques biens (notamment des biens meubles). Le seigneur
ne peut le frapper et le tuer arbitrairement et le serf peut faire appel à la partie mais la
condition des serfs n’en est pas moins rude et cette condition repose sur deux idées : la macule
servile et toutes les dépendances.
2) La macule servile
Cette macule servile est une tâche qui marque bien l’infériorité de la condition de
serf et le mépris qui s’y attache. Cette macule servile se transmet par la naissance, l’enfant est
serf si un des deux parents est serf « le pire emporte le bon ». On admet ensuite que le servage
ne se transmet que par la mère, il se transmet aussi par le mariage, par la résidence dans un
lieu serf « l’air rend serf ». Le servage peut aussi résulter d’une condamnation pénale, on a
quelques exemples de servage volontaire. Le caractère infamant se manifeste par de
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
nombreuses incapacités qui est à rapprocher du droit romain de la condition d’esclave. Par
exemple le serf ne peut pas rentrer dans les ordres, il ne peut pas devenir moine (clergé
régulier). Dans le procès, un serf ne peut pas normalement témoigner en justice. Il va subir
des peines qui sont humiliantes (la bastonnade).
Le signe de cette situation est matérialisé par une taxe annuelle, le chevage qui est fixé
assez bas mais qui à un caractère récognitif (rappelle le cens).
Dans les pays où la servitude est personnelle, le serf est astreint à des services, des
travaux souvent lourds appelés corvées. On dit que le serf est corvéable à merci. Les corvées
qui viennent en plus des corvées qui sont dues aux corvées dues au titre de la tenure.
Du fait de sa situation le serf subit une étroite subordination à l’égard des seigneurs.
Il va subit des dépendances particulièrement lourdes qui concernent la liberté au sens large (le
mariage, le patrimoine).
Le serf ne peut pas circuler librement, ou bien il ne pourra pas quitter le seigneur dans
le cadre d’une servitude personnelle ou la seigneurie dans le cadre de la servitude réelle. Le
seigneur a un droit de poursuite du serf, dit fugitif, et il existait des accords de réciprocité
entre les seigneurs.
Les raisons de cette poursuite, l’intérêt est de maintenir au service du seigneur la main-
d’œuvre pour l’exploitation de la terre, de plus c’est une source de revenus pour la taille,
c’est un justiciable.
Il faut également empêcher le serf d’empêcher de quitter le seigneur par un moyen
détourné comme le mariage.
B) Le mariage
La question se pose avec une acuité particulière dans les endroits où s’exerce une
servitude réelle car s’il vient à se marier il pourra s’installer hors de la seigneurie, voir
échapper à la condition servile. Les seigneurs ont donc trouvé une solution simple : interdire
les mariages en dehors de la seigneurie (le formariage). Au départ c’est l’interdiction de se
marier en dehors de la seigneurie qui sera étendue au pays de servitude personnelle parce
qu’elle va éviter des conflits entre seigneurs notamment à propos des enfants. Cette
obligation engendre l’endogamie (mariage au sein du même groupe).
Cependant ici, cette interdiction va être difficile à lever en raison de l’influence de
l’Eglise parce qu’elle va étendre les empêchements de parenté. Ces interdictions poussent à
l’exogamie et l’Eglise a maintenu des interdictions pour des degrés de parentés très éloignés.
D’autant que l’Eglise reconnaît le mariage des serfs qui sont des mariages chrétiens. Les
seigneurs ne pouvaient pas faire annuler les mariages même prononcés en fraude donc ils vont
frapper d’une amende les contrevenants.
Progressivement la contrainte va se relâcher et on arrivera à des accords entre
seigneurs pour autoriser les mariages entre serfs de seigneuries voisines qui vont quelques fois
des enfants à naître.
Finalement aux confins de cette évolution le formariage se transforme en une taxe
régulière qui compense les droits qu’a perdu le seigneur en perdant le serf.
C) Le patrimoine
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
La dépendance servile se manifeste aussi par les droits qu’a le seigneur sur le
patrimoine du serf. Il pouvait avoir un patrimoine essentiellement mobilier et à sa mort tous
ses biens devaient revenir au seigneur, il n’y avait pas de transmission aux héritiers. C’est le
principe de la mainmorte.
Ce droit exorbitant va progressivement se transformer et en fait les seigneurs vont
laisser les biens aux héritiers en leur imposant seulement de racheter les biens. Au XIIIe
siècle, les droits du seigneur vont se réduire à prendre le meilleur « catel » (un bien au
choix). Plus tard se réduira à une taxe.
Il est certain que les conditions de vie étaient étroitement communautaire sont
importante, c’est le cadre de vie familial des paysans car ce côté communautaire vont
permettre de tenir en échec les droits et prétentions des seigneurs et cela permet de préserver
un espace d’autonomie.
A) La constitution de familles
La famille noble est fondée sur le lignage, c’est un système de relation fondé sur la
parenté consanguine et la solidarité guerrière.
La famille paysanne pour sa part s’appuie sur une communauté paisible c’est à dire sur
un groupe domestique plus restreint qui est fondé sur une communauté de vie et de travail qui
se caractérise notamment par la cohabitation, on parle de feu, ils vivent au même feu. On dit
que la communauté familiale est un groupe qui vit au même pot et au même feu.
Ces communautés se sont constituées tacitement, sans actes juridiques, ce qui veut
dire que leur observation et leur étude est difficile. On arrive à connaître un peu ces
communautés à travers des registres fiscaux.
La taille des communautés est variable selon les époques et les régions. En général on
a plusieurs ménages qui vivent ensembles et on y retrouve des générations différentes avec
aussi le rajout des parents célibataires. Le type le plus répandu est les frèraîches groupe de
frères mariés qui restent ensembles après la mort des parents et qui vont intégrer les épouses,
les enfants,…
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
B) Leur fonctionnement
Il y a des tas de nuances là aussi. Mais deux types de fonctionnements peuvent être
dégagés :
- Les communautés égalitaires : Chaque individu adulte a des droits et devoirs
égaux, les décisions importantes sont prises en commun et les femmes n’ont pas un
statut inférieur. On les trouve dans le nord et ouest de la France.
- Les communautés autoritaires : La direction du groupe est exercée par un
patriarche, forte soumission des individus aux patriarches en particulier pour les
femmes et les enfants, particulièrement répandus dans le midi.
L’héritage romain est plus fort dans le sud alors que le nord est marqué par l’influence
germanique.
Ces communautés sont très probablement antérieures à l’époque féodale mais il est
vrai que l’installation du système féodal et du servage a renforcé ces communauté. On
constate un phénomène d’enracinement sur la terre, cela est à rapprocher de l’hérédité des
tenures. L’endogamie imposée par le servage a favorisé le développement des communautés.
Ce besoin de vivre ensemble reflète une angoisse collective face aux difficultés. C’est dans ce
cadre communautaire, au delà on va avoir des communautés villageoises.
A) La constitution
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Ces communautés sont dirigées par une assemblée des chefs de familles, ces
représentants pouvaient désigner des délégués en cas de nécessité que l’on appelle des
syndics. A partir du XIIIe siècle on va voir apparaître des organes qui deviennent permanent
(équivaut au maire). Les seigneurs sont forcés de reconnaître ces communautés et leurs
représentativités.
Ces communautés représentent un espace naturel d’autonomie pour les populations
rurales, elles s’organisent comme elles veulent. C’est aussi un moyen de résistance, un
moyen de résistance qui s’impose de fait au seigneur. Ces derniers en ont tenu compte dès
l’origine et du reste dans les textes il est rare que la situation d’un serf soit envisagée
isolément, individuellement. Le seigneur va s’adresser au paysan souvent de façon collective,
il va imposer la corvée à tel hameaux, tel village, affranchir les serfs de tel village.
Les communautés villageoises vont jouer un rôle essentiel dans la fixation coutumière
des droits et devoirs notamment par rapport à la seigneurie banale et dans le cadre de
l’émancipation du servage. La communauté est un moyen de lutte, de résistance.
Ces structures communautaires sont aussi contraignantes pour les individus, ils sont
effacés, ils se font dans les groupes, il n’existe jamais en tant que tel.
On a une vision de l’ordre féodal qui occulte un aspect de la réalité c’est l’oppression
seigneuriale qui est d’abord fondée sur la violence, l’exercice de la force. Cette violence
omniprésente n’a pas toujours été subie avec passivité, il y a eu des révoltes paysannes « les
fureurs paysannes ».
Les paysans ont su s’organiser pour se défendre, résister à cette oppression et obtenir
des changements, des améliorations de leurs conditions. Le résultat ce sont des vagues
d’affranchissement.
On peut constater qu’il y a des révoltes paysannes durant tout le Moyen-âge et elles
sont inhérentes au système seigneurial.
Ex : une révolte des paysans en 936 en Normandie qui refuse de reconnaître des droits
seigneuriaux, notamment ce qui concerne les droits sur les forêts, rivière, il s’agissait de biens
exploités collectivement et les seigneurs normands réclamaient des redevances. On a des
témoignages, d’après les chroniqueurs de l’époque les mouvements étaient très organisés, on a
un système d’assemblées régionales avec des délégués, une assemblée générale… Ce
mouvement témoigne de l’importance des revendications et de l’opposition d’intérêt entre les
paysans et les seigneurs. Dans le cas de la Normandie, il va y avoir une répression cruelle, des
mutilations, des exécutions pour ramener le calme. Souvent les conflits ont lieu autour des
communaux (éléments exploités par des paysans en commun, irriguer avec le cour d’eau par
ex). Souvent le seigneur veut limiter les droits des paysans par rapport à ces communaux qui
sont des points de difficultés.
Les paysans de façon générale résistaient aux revendication des seigneurs : passives ou
actives. On alternait souvent négociations et violences
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Ex : les serfs de la seigneurie de Notre Dame de Paris qui se sont soulevés et qui sont
condamnés en 1268 à une lourde amende pour révolte. Mais ils obtiendront plus tard la
réduction et la fixation des redevances.
Dans leur ensemble, les révoltes ont un caractère limité géographiquement, dans le
temps, ce sont des mouvements villageois, isolés circonscrits à une seule seigneurie et dont la
seule finalité est de modifier l’équilibre dans les relations entre seigneur et paysans et non pas
à abolir la domination seigneuriale.
Les fureurs paysannes du Xe au XIIIe vont contribuer à déclencher les premières
transformations, évolutions dans la condition des paysans et en particulier elles participent au
recul du servage, vont aider les mouvements d’affranchissement.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Il ne faut pas réduire l’ordre féodal à un seul usage de la force par la classe dominante
sur les dominés. Cela est insuffisant pour expliquer le fonctionnement de la féodalité.
Les fureurs paysannes ont participé à l’évolution de la condition servile. Elles ont
obligé le seigneur à des compromis, à des affranchissements mais elles n’ont pas pu renverser
le rapport de domination. Cette domination seigneuriale est puissamment confortée par une
construction idéologique. Une idéologie destinée à légitimer cette domination. Il s’agit de
persuader les dominés que leurs condition est naturelle et surtout voulue par Dieu. A cette
époque c’est un moyen efficace, peut être autant que l’usage de la force pour faire régner
l’ordre. Le système féodal s’est doté par l’entremise de l’Eglise d’une représentation
idéologique de l’organisation sociale qui a eu un succès considérable et qui est resté en
vigueur, c’est une construction de l’esprit qui va rester en vigueur jusqu’à la révolution
française en 1789.
C’est l’œuvre d’un certain nombre d’idéologiens membres du clergé, les bases de cette
idée ont été émises par des hommes à l’époque carolingienne. On présente une conception
providentielle de l’ordre social. C’est l’idée que l’organisation du monde est voulue par Dieu,
il y a du coup une harmonie sociale : Dieu a placé chaque homme dans un groupe (ordum) et
fixe à chacun un ministerium c’est à dire un service à accomplir. Cela est décliné de haut en
bas de la hiérarchie sociale, du plus humble paysan jusqu’au souverain.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
moyens de communication sont limités, les populations sont disséminées, c’est le rôle de
l’Eglise, c’est le relais qui va diffuser cette image et cette idéologie. Il faut que les populations
reçoivent ce message, on va donc représenter les trois ordres sous forme de corps humain. On
a l’Eglise, le clergé qui représente le cœur par exemple. Ces représentations organicistes de la
société permettent de comprendre.
Il y a quand même un rôle intégrateur, tout le monde trouve sa place, elle ne
marginalise pas (apparemment), elle permet d’assurer la soumission des laboratores, la
soumission intellectuelle de 90% de la population (la masse paysanne). C’est une idéologie
fixiste qui n’évolue pas. C’est un ordre social immuable, voulu par Dieu. Remettre en cause
ce système c’est remettre en cause la volonté de Dieu. Ce système ne tiendra pas compte des
évolutions, notamment il ne tient pas compte de la renaissance des villes et l’apparition d’une
nouvelle catégorie d’individus qui ne correspondent plus au monde des travailleurs
(laboratores), ce sont les bourgeois qui vivent en ville et font du commerce. En réalité la
société est composée de toute une pyramide qui pourrait correspondre à des « catégories
socioprofessionnelles ». On pourrait distinguer des paysans, des artisans, des marchands, puis
la noblesse (petite et haute),…
Cette réalité de la société n’est pas reconnue, on reste sur les trois ordres principaux.
Au XIVe, XVe siècle, cette idéologie des trois ordres est institutionnalisée par un système de
représentation de la société à travers des états et des ordres (états provinciaux au niveau local
et états généraux). C’est l’institution qui va permettre la survivance de cette image de la
société alors que cela ne correspond plus à la réalité de la société. Ce n’est que le 4 août 1789
que ce système va mourir.
Il y a un décalage complet entre la superstructure institutionnelle des états généraux et
la réalité sociale. Cela va subsister jusqu’à la révolution française.
Dans les états généraux un ordre = une voix, en terme de réalité sociale le clergé et la noblesse
ne représentent que 5% de la population. Cela explique le côté insupportable des privilèges
sous l’ancien régime, il y avait donc un décalage.
On a une vision de la société très intégratrice, or certains sont à la marge : les juifs, les
malades (victimes de la lèpre).
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Le monde romain avait connu une forte expansion : Rome (1 million d’habitants). Les
grandes invasions ont porté un coup mortel à cette civilisation urbaine. Les populations se
réfugient dans les grands domaines ruraux. Pendant tout la période de l’époque franque, les
villes d’occident vont tomber dans une sorte de léthargie.
Les villes ne survivent que grâce à l’Eglise. Elle a installé des évêchés qui restent des
centres religieux avec toute l’administration des diocèses. Après l’an mil c’est l’arrêt des
grandes invasions et on arrive dans une période de paix relative. Cette nouvelle phase qui
s’ouvre, va permettre la renaissance des villes.
Il y eut un fait certain, c’est qu’à partir du XIe siècle, l’activité urbaine prend un essor
nouveau, les vieilles villes gallo-romaines sortent de leur torpeur, ces vieilles villes reprennent
leur extension. En même temps, on voit des centres urbains nouveaux qui se créent et qui
commencent à se développer.
2) L’excédant démographique
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
A) Le mouvement communal
Ces revendications sont soutenues par des associations qui se sont créées
spontanément entre bourgeois. Dès les premiers temps les bourgeois ont eu tendance à se
regrouper selon des affinités économiques et religieuses. Les gens qui ont des activités
semblables s’associent dans un souci d’entraide professionnel. On organise ensemble des
convois de marchandises. Ces buts économiques, professionnels se teintent de motifs
charitables, religieux.
On voit se multiplier des guildes, des anses, des confréries, ces associations sont
fondés sur une solidarité étroite entre les membres qui se concrétises par la rédaction d’un
acte juridique, une véritable charte. Ces associations vont être souvent le moteur de
l’émancipation des villes. Les objectifs glissent progressivement vers le terrain politique. Ces
associations deviennent les champions des revendications bourgeoises. Les membres de
l’association se lient par un serment puis les associations entre elles vont former des
conjuratio, ce qui va permettre d’exercer des pressions de plus en plus forte sur l’autorité
seigneuriale. On revendique de plus en plus la création d’une « commune », c’est à dire que
l’on revendique une autonomie politique. C’est un mouvement qui se développe au travers de
l’Europe.
Ce mouvement de revendications va prendre des aspects très variés selon les régions.
▪ Dans le nord
Dans les villes des Flandres, de Picardie, de Champagne, vers la mer du nord,
l’émancipation des villes a pris un aspect d’émancipation violente. Effectivement les
bourgeoisies locales s’insurgent contre le seigneur et ses représentants. L’évêque de Laon est
assassinat à coup de hache par les bourgeois révolté et souvent on va arracher les franchises et
la liberté de force. Dans la plupart des cités le mouvement s’étend.
▪ Dans le midi
Le mouvement prend des allures plus pacifiques, les bourgeois vont obtenir leur
autonomie à force de négociation avec le seigneur. Parfois en l’achetant. L’absence de
violence est à rapprocher du fait que le système seigneurial dans le midi est moins fort que
dans le nord de la France. Il y a aussi certainement le souvenir vague des institutions
municipales romaines. Ces villes vont avoir des institutions nouvelles sur le modèle des
institutions antiques. On va parler des consulats, c’est l’influence du droit romain.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Certaines villes ont échouée dans leur tentative d’émancipation. Pour celles-ci
l’autorité est restée entre les mains du seigneur qui va déléguer cette autorité à un lieutenant
ou un prévôt qui va administrer la ville, on parle alors de ville de prévôté. On les trouve
notamment dans le domaine royal, dans le bassin parisien. Le roi s’est mieux défendu que ses
vassaux par rapport à l’émancipation des villes. Dans certains cas les bourgeois participent à
l’administration de la ville, notamment à Paris où les bourgeois sont à côté du prévôt royal, ils
arrivent même à se partager l’administration, la justice.
1) Le privilège de bourgeoisie
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Pour conclure, l’émancipation urbaine ne peut pas être considérée comme le triomphe
de l’esprit démocratique, c’est l’émergence des premiers impérialismes politico-économiques.
C’est l’endroit où se manifeste une sorte de sentiment national.
A une époque où l’Angleterre et la France ne sont que des agglomérats féodaux ; le
tout plus ou moins fédéré sous l’autorité d’une dynastie, un sentiment d’attachement au roi ;
l’idée de patrie apparaît déjà dans le cadre de certaines puissance cités, c’est un sentiment
particulièrement nette pour certaines grandes villes d’Italie. C’est par exemple la guerre que
se livrent la ville de Milan et la ville de Florence. Ce sont tous les contours d’une véritable
guerre nationale alors que le conflit France / Angleterre c’est beaucoup plus un conflit
purement dynastique. C’est donc dans certaines cités que le sentiment se dégage. Ces villes
ont joué un rôle considérable aussi bien sur le plan politique avec ses institutions, mais aussi
sur le plan économique.
§ 1 – L’équilibre social
Cet équilibre social est fondé sur une organisation hiérarchique de chaque métier, on a
également une organisation des conditions de travail.
1) La hiérarchie
A – Les maîtres
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
- Il faut faire la preuve d’une capacité professionnelle suffisante. Il faut faire un chef
d’œuvre. Ce chef d’œuvre sera produit devant un jury composé de maîtres.
- Il faut répondre d’une certaine assise financière car le prétendant à la maîtrise devra
payer des droits à la caisse des métiers, au trésor de la ville, au trésor royal. Des fois
on oblige que l’on fasse un banquet aux maîtres.
Dans chaque métier, le nombre des ateliers était limité et donc la candidature à la
maîtrise était reçu que dans la mesure des vacances, il faut qu’un atelier soit libre. Soit au
récupère le métier de son père, ou bien pouvoir récupérer un atelier qui s’est libéré.
B – Les apprentis
L’apprentissage du métier se fait dans l’atelier d’un maître et là les choses sont
réglementées. Les statuts de corporation ont tendance à fixer la durée de l’apprentissage (entre
3 et 5 ans). Selon étant, l’apprentissage commence entre 10 et 12 ans. L’apprenti ne reçoit
aucun salaire et même bien souvent se sont les parents qui sont tenu de payer une pension au
maître. En contre partie, le maître doit enseigner correctement le métier c'est à dire les tours
de main, le savoir faire, tout ce qui fait la particularité de l’artisan, les secrets du maître
artisan. Les statuts de métiers vont préciser les devoirs de chacun. Des châtiments sont
quelque fois prévus dans les règlements.
C – Les compagnons
Les conditions de travail sont fixées par les statuts du corps de métiers. Généralement,
il est interdit de travailler la nuit (à la lumière des bougies) par crainte de malfaçons et
l’angoisse de l’incendie. La journée de travailler varie entre 8 heures de travail d’hiver et 14 à
15 heures de travail l’été, mais il y a le repos hebdomadaire du dimanche ce qui est
rigoureusement prescrit. Il y a à coté de nombreuses fêtes religieuses qui coupent la période
de travail. Il y a environ 90 jours par an qui sont chômés. On peut dire que le rythme de
travail était moins dur dans l’ensemble qu’il ne le deviendra avec la révolution industrielle au
XIXe siècle. Le travail est moins aliénant que celui des ouvriers contemporains.
En revanche, le salaire est librement discuté entre patron et compagnon, et ici les
autorités corporatives, municipales n’interviennent pas. On peut dire que du fait de l’étroitesse
du marché du travail, les salaires sont fixés très bas. Dans l’ensemble, l’organisation
corporative maintient les compagnons et les apprentis dans une étroite dépendance vis à vis
du maître.
3) Confrérie et jurande
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Ce sont les organes qui dirigent le corps de métiers et ici seuls les maîtres participeront
à la gestion du corps de métiers. Ces maîtres vont désigner parmi eux, une fois par an, un
représentant du corps du métier, on l’appelle « syndic ». Il est chargé de faire appliquer les
statuts. Il va faire régner le bon ordre dans le corps de métiers et en dehors, il va défendre les
intérêts de la profession vis à vis des concurrents, des autorités municipales.
La confrérie ou jurande gère les fonds d’une caisse commune. Cette caisse est utilisée
à des fins charitables. Cette caisse permet de distribuer des secours à des maîtres, des
compagnons qui sont touchés par la maladie, un accident, venir en aide à leur veuve ou
orphelin du métier. Certaines corporations particulièrement riches, vont arriver jusqu’à la
fondation d’hôpitaux. Il y a toujours un aspect religieux, il y a toujours un saint patron qui est
fêté.
§ 2 – L’équilibre économique
1) Le monopole
2) Le contrôle de la production
Le monopole est assorti d’un contrôle étroit de la production à tous les stades. La
plupart des statuts pour les métiers réglementent la qualité et la quantité des matières
premières utilisées par ateliers, par souci d’égalité. Outre cette réglementaire, les corporations
vont interdire de se servir d’autres outils que ceux prévus par le règlement. Les produits
fabriqués sont soumis à l’inspection de la jurande. Les objets mal façonnés sont saisis et
détruits. L’expédition et la vente sont également réglementées. La réclame est prohibée, on ne
peut pas vanter les mérites d’un produit. L’intérêt du client est préservé, il est garanti de la
qualité du produit. Il est interdit également de prendre des clients par le bras et de les attirer
dans la boutique. Cette organisation des corps de métiers correspond à une conception
chrétienne de la vie économique et sociale. On a quelque part, l’idée d’une société immuable.
Chaque homme occupe dans la société, dans la ville, une place immuable. Au delà de cette
fixité, chaque homme doit pouvoir vivre de son travail en percevant un juste prix avec
également l’idée qu’on ne rentre pas en conflit avec son prochain, ce système limite les
tensions. Il y a une certaine éthique du travail, l’amour du travail bien fait. Il y a aussi dans
cette organisation de corps de métiers, une notion de charité, de solidarité. Tout cela a favorisé
l’épanouissement équilibré des économies urbaines. Cette organisation des corporations a pu
correspondre à de profonds besoins. Elle joue un rôle politique.
A la fin du Moyen Age, les corporations vont avoir des effets pervers. Elles vont
scléroser la société en raison de ces monopoles. Limite de la concurrence qui bloque le
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
développement. C'est un système non évolutif, on ne peut pas s’installer, innover. C'est une
entrave. La France prendra un certain retard vis à vis des autres pays tels l’Angleterre.
Les foires vont jouer un rôle capital dans le développement du commerce dans le
Moyen Age. C'est le lieu où se rencontraient les marchands en gros, les grossistes. C'est là
qu’ils apportaient et confrontaient leurs marchandises. Ces grandes foires, on va les rencontrer
le long des axes commerciaux. Beaucoup de ces foires étaient temporaires et rassemblées des
milliers de commerçants. La première semaine de foire est pour la réception de la
marchandise. Pendant 4 semaines, on procède aux tractations et aux ventes. Et enfin, 2
semaines pour les opérations de paiement, de changes et de crédits. Ces foires ont permis de
faire de grands progrès aux pratiques commerciales, elles vont être le lieu d’innovation, de
modernisation, et du développement du droit.
2) Le change et le crédit
A) La lettre de change
Opération à trois personnes minimum. Ordre de payer écrit et signé par des personnes,
une première personne appelée le « tireur », envoyé à une seconde personne le « tiré » au
profit d’une troisième personne le « bénéficié ». Le tireur doit avoir une créance sur le tiré.
Cette lettre va préciser la monnaie et le lieu où la somme sera payée au bénéficié. Une
lettre de change permettait de recevoir à Lyon en monnaie française, le paiement d’une
créance échue à Anvers en monnaie locale. La lettre de change opère un transfert de fond sans
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
déplacement de monnaie et même temps on fait une conversion de monnaie. Cette lettre de
change est le produit spontané des besoins de sécurité et de rapidité.
La lettre de change à l’ origine, était un contrat passé devant le notaire et c'était l’acte
notarié lui même qui circulait, et puis les commerçants ont pris l’habitude de se passer de
notaires.
B) Les crédits
§ 3 – Marchands et banquiers
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
A) La commande
C'est un contrat de société, c'est le plus ancien, il était déjà pratiqué sous l’Antiquité à
Rome. C'est un contrat entre un commanditaire, qui apporte les fonds, et une autre personne,
qui est généralement une personne jeune, active, de confiance. En contrepartie il y aura
partage des bénéfices. Le partage s’opère pour ¾ pour le commanditaire, et ¼ pour l’autre.
Les risques sont supportés par le commanditaire, le risque principal est la perte de la
cargaison. Cela étant, la commande n’est conclue que pour une expédition, ou pour une
campagne, donc pour un temps limité. Or les commerçants éprouvent le besoin d’établir des
relations plus durables, et cela va conduire à la constitution de sociétés qui sont conclues pour
un temps déterminé.
B) La compagnie ou firme
A l ‘époque où s’installe le système féodal, le monde est très cloisonné aussi bien
politique, économique, et social. Et finalement, on s’aperçoit que le christianisme est le seul
facteur d’unité qui dépasse ce cloisonnement. La religion chrétienne, après 7 siècles
d’évangélisation, cette religion domine toute l’Europe et s’étend même sur une partie de
l’Orient.
Pour les hommes des Xe et XIe siècle, les limites de la chrétienté correspondent aux
limites du monde connu. Tout cela a pour conséquences de créer un universalisme chrétien, le
sentiment d’appartenir à un même peuple, le peuple chrétien, et ce sentiment dépasse les
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
autres appartenances. Il n’existe pas de peuple français, il n’y a qu’un seul peuple, le peuple
chrétien. Le premier sentiment d’identité repose sur une religion qui est perçue comme
universelle. On est également sur l’idée d’appartenir à une civilisation commune, qui est
profondément imprégnée des valeurs chrétiennes. Il y a une langue commune, qui est le latin.
Il y a une omniprésence de l’Eglise. « Eglise » est un terme à double sens, on a l’Eglise en
tant qu’assemblée, la communion de tout ceux qui croient en Jésus Christ, c'est le peuple
chrétien. Et puis on a l’Eglise en tant qu’un ensemble d’institutions chargé d’encadrer le
peuple chrétien.
A l’époque médiévale, l’Eglise forme un ensemble très organisé au sein de la société.
Cette Eglise a son patrimoine, sa richesse, elle a ses règles de droit (le droit canonique), elle a
aussi une hiérarchie (Pape, évêques, archevêques…). Cette Eglise est, à la fois, séparée du
reste de la société, mais en même temps elle exerce une très forte influence sur la société car
son influence tant à dominer le tout.
Les relations de l’Eglise et du pouvoir, c'est une question essentielle. Toute l’histoire
de l’Eglise est marquée par les vicissitudes de ses rapports avec le pouvoir. L’Eglise a d’abord
été persécutée par le pouvoir politique, l’Eglise n’est pas une force politique dans les premiers
temps, les chrétiens étaient suspects. Et puis l’Eglise, avec l’édit de Milan, se rapproche du
pouvoir politique, elle a un nouveau type de relation avec le pouvoir ce qui va permettre
s’asseoir sa richesse et consolider ses positions, elle va s’insérer dans les structures de
l’empire romain, elle devient religion d’état avec l’édit de Thessalonique. Ces rapports vont se
perpétuées au delà de l’empire romain, tout au long des siècles.
§ 1 – L’Eglise féodalisée
Xe et XIe siècle, c'est une période où s’instaure la fusion la plus complète, l’Eglise va
tomber entre les mains des puissances laïques.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
véritables biens patrimoniaux qui peuvent donner, transmettre de manière quasi héréditaire,
concéder en fief, vendre… Tous les revenus de l’évêché, l’abbaye, se mélangent avec les
revenus du cens et autres.
On arrive à un dérèglement des mœurs au sein de l’Eglise. On en arrive à la vente des
dignités ecclésiastiques : c'est la simonie. C'est un véritable trafic. La simonie se pratique à
tous les niveaux de l’Eglise, la Papauté elle même ni n’échappe pas. Mais cette main mise de
la classe dominante sur les fonctions ecclésiastiques, va s’étendre au bas clergé. Les seigneurs
laïques accaparent le droit de nommer les simples curés et récupérer les dîmes.
Il en résulte une crise morale très profonde au sein de l’Eglise, on s’aperçoit que du
haut au bas de la hiérarchie, le clergé est très ignorant, aucune qualification religieuse, les
règles les plus élémentaires ne sont plus respectées. On voit des enfants mineurs à la tête
d’abbayes, au niveau inférieur, on voit des paysans ignorants qui sont recrutés comme curés.
Du coup la discipline ecclésiastique se relâche. Refus de la chasteté et du célibat, c'est le
nicolaïsme.
5) L’Eglise et la guerre
Naissance fin Xe, début XIe siècle. L’idée est celle d’assurer une protection
particulière pour certains lieux. Les lieux qui seront protégés sont les Eglises, les
établissements religieux, ainsi que leurs biens. On dit qu’ils sont placés en dehors de la guerre
« dans la Paix de Dieu ». L’Eglise ici défend ses intérêts, son patrimoine. Cette paix de Dieu
est étendue aux paysans et à leurs biens, on va protéger les femmes et les vieillards, les
pèlerins, les voyageurs.
Par la suite, on va établir des sanctions pour ceux qui viendraient briser ou enfreindre
la paix de Dieu. Ce sont des peines ecclésiastiques qui peuvent mener jusqu’à
l’excommunication. Ce sont des sanctions efficaces mais insuffisantes. On va voir des
évêques prendre d’autres initiatives pour aider à la paix, on aura des « serments de paix ».
C'est un évêque qui fait jurer aux nobles de son diocèse de ne pas d’attaquer aux églises, aux
clercs et aux paysans. S’il y a la rupture du serment, les autres s’engagent à aller à son
encontre pour l’empêcher de nuire.
On a la « Trêve de Dieu ». C'est une autre manière de limiter l’usage de la guerre, en
imposant l’arrêt des combats pendant certaines périodes de l’année.
Tous ces efforts en faveur de la paix se conjuguent avec l’action de l’Eglise pour
moraliser la classe dominante (la chevalerie…).
Le mouvement de la paix, promu par l’Eglise, est contemporain de la diffusion de
l’idéologie des trois ordres, qui assigne aux nobles un rôle de combattant. Il n’y a pas de
contradictions, l’Eglise va s’efforcer de canaliser la violence. Elle va même essayer de la
sublimer à travers une « théorie de la guerre juste » sans pour autant remettre ne cause l’ordre
social. C'est à travers les croisades.
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Histoire des Institutions (Semestre 2)
Les théologiens du Moyen Age ont élaborés une « théorie de la guerre juste ». La
guerre ne peut pas être considérée comme un bien en soi par les chrétiens, elle ne peut donc
pas être entreprise par vengeance, par désir de gloire, par cupidité. Mais le recours à la guerre
peut être nécessaire et juste, pour assurer notamment la défense de l’Eglise et du droit, pour se
protéger d’une agression injuste ou encore pour faire régner la justice et la paix.
Il est une guerre juste c'est celle qui doit être entreprise pour défendre les droits de
l’Eglise et de Dieu. L’idée est lancée à la fin du XIe siècle, par la Papauté. Cette croisade se
met en place pour canaliser l’ardeur combative de la chevalerie et la déplacée vers l’extérieur.
On oriente la chevalerie vers la reconquête des lieux saints à la périphérie du monde chrétien.
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