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Colloque International : l’entrepreneuriat et inclusion financière des PME innovantes,

avec référence au cas algérien,


Université d’Annaba, 12 et 13 décembre 2012.

BEZTOUH Djaber : Maître assistant « A », Doctorant en Sciences Economiques, Université de


Béjaïa, djaberbeztouh @yahoo.fr

Difficultés de financement des PME innovantes en Algérie et les perspectives de


diversification des modes de leur financement

Résumé
L’importance représentée par les petites et moyennes entreprises dans l’économie du pays, que
ce soit en termes d’emploi, d’innovation ou de création de richesses, amène à porter une attention
particulière aux conditions dans lesquelles s’opère le financement de leur création et de leur
développement. Les difficultés de financement des PME constitue une préoccupation majeure et
prend une dimension très importante dans la mesure où elles constituent des obstacles à leur
développement ou à leur survie. La spécificité de ces entreprises (taille, actionnariat, risque…)
limite, en effet, leur accès aux différentes sources de financement et les rend plus dépendantes d’un
seul mode de financement qui peut être, parfois, peu fiable et insuffisant pour couvrir leurs besoins
en matière de financement (comme l’autofinancement et le financement informel).
Le financement bancaire, bien qu’il soit la seule source de financement externe disponible en
Algérie en faveur des PME, reste quant à lui faible en raison du risque de défaut important associé à
ces entreprises et de l’insuffisance d'actifs négociables pouvant servir de garanties pour obtenir du
financement traditionnel.
Les banques n'aimant pas le risque, elles tendent à éviter les nouvelles entreprises « PME
innovantes » à risque élevé. Par conséquent, bien qu'ils demeurent un important levier financier, les
prêts traditionnels sont souvent trop peu nombreux pour combler les besoins des entrepreneurs aux
premiers stades du développement de leurs entreprises.
Par ailleurs, le financement peut revêtir de nombreuses formes. Pour permettre à ces PME de
croître, de se développer et de faire face à leurs homologues, il est donc nécessaire qu’elles puissent
trouver, aux côtés des formes traditionnelles que constituent l’autofinancement et la dette bancaire,
d’autres sources de financement.
Ainsi, notre réflexion se développera autour de la question principale suivante : quelles sont les
perspectives de diversification des sources de financement susceptibles de surmonter les difficultés
de financement des PME innovantes en Algérie ?
L’ouverture du capital à un nouveau partenariat et la cotation en bourse représentent des
opportunités qui peuvent être envisagées pour ces entreprises. L’expérience de plusieurs pays
développés et aussi celle des pays voisins nous amène à penser à un cadre règlementaire et
fonctionnel pour un marché financier destiné à accueillir les petites et moyennes entreprises en
Algérie. La création de ce marché ouvrira davantage de possibilités de financement aux PME avec
l’amplitude de prendre en charge également le financement des entreprises à fort potentiel de
croissance, exigeant à la fois couverture du risque et rapidité de réponse à leur besoin.
Les sociétés de capital-risque peuvent jouer aussi un rôle important dans la mobilisation de
l’épargne pour le renforcement des fonds propres des PME existantes, et aussi et surtout, dans le
lancement de nouvelles entreprises.

1
Introduction

Dans toute économie de marché, les petites et moyennes entreprises revêtent une importance
primordiale. En effet, elles jouent un rôle incontournable sur le plan économique (création
d'emplois, production, innovation, etc.), et sur le plan social (la participation à la formation et
l'insertion des jeunes, la contribution à la diminution de l'exclusion sociale, etc.). Ce n’est donc pas
surprenant qu’elles se retrouvent au cœur des préoccupations scientifiques et publiques, dont l’une
des considérations est de maintenir, voire de susciter, leur croissance.
L’un des facteurs jugés stratégiques à leur croissance, autant pour l’emploi que pour leur chiffre
d’affaires, est l’innovation. L’innovation est considérée comme l’un des éléments moteurs de la
compétitivité. Elle constitue à la fois un facteur déterminant de la profitabilité des entreprises et de
la croissance économique d’un pays1. Les PME se positionnent au cœur du processus d’innovation
compte tenu de leur capacité à faire émerger des innovations radicales, notamment sous forme de
nouveaux produits.

Le concept d’innovation est défini par le Manuel d’Oslo de l’OCDE comme « l’ensemble des
démarches scientifiques, technologiques, organisationnelles, financières et commerciales qui
aboutissent ou sont censées aboutir à la réalisation de produits ou des procèdes technologiquement
nouveaux ou amélioré »2.
Créer des produits ou mettre en place de nouveaux procédés, c’est garantir la croissance et la
compétitivité de l’économie. Lorsqu’elles innovent, les PME affrontent une incertitude accrue, qui
porte sur la faisabilité du projet. Elle est d’abord technologique, mais elle est aussi commerciale.
Elle est enfin concurrentielle, car d’autres entreprises peuvent être les premières à lancer un produit
rival qui prendra tout ou partie du marché. En cas d’échec, les pertes sèches peuvent être
importantes.

Pour financer les projets innovants, les PME utilisent majoritairement leurs ressources
internes : l’autofinancement.
Cette recherche examine en premier lieu les difficultés rencontrées par les PME innovantes en
Algérie en matière de financement en mettant en exergue leurs handicaps ainsi que le manque de
ressources de financement et du capital investissement, et suggère, en second lieu, quelques pistes
de réflexion, souvent inspirées d’expériences étrangères, pour surmonter ces difficultés dans
l’opportunité de diversification des sources de financement afin de faire croître et prospérer ces
entreprises au bénéfice de leur performance en termes de croissance, d’emplois et de compétitivité.
1. Les besoins de financement des PME innovantes en Algérie
En partant du fait que la PME est une entité économique combinant les facteurs de production
(capital, travail, matières premières) dans le but de produire des biens et services destinés à être
vendus sur un marché solvable, le financement peut être défini comme lui permettant de disposer
des ressources qui lui sont nécessaires sur le plan pécuniaire. Ce financement conditionne la survie
de l’entreprise.
Les besoins de financement varieront selon l’étape de développement de l’entreprise et la nature
du secteur. Il restera au chef d’entreprise ou au responsable de la finance de trouver les sources de
financement accessibles compte tenu des possibilités de remboursement et des règles d’équilibre
financier.

1
Bénédicte PLANÈS et Mireille BARDOS, Financement des entreprises industrielles innovantes : contraintes
financières et risque, Bulletin de la banque de France- N° 98- Février 2002.
2
Angela OLUSUTEAN MARTIN, Innovation et Coopération des Petites et Moyennes Entreprises : une analyse des
populations d’entreprises innovantes, Thèse de Doctorat, Ecole doctorale sciences de l’homme et de la société,
Laboratoire d’économie d’Orléans, Soutenue le 2 décembre 2011, p.20.
2
Une nouvelle entreprise a besoin de « capitaux d’amorçage » pour ouvrir ses portes, de «capitaux de
démarrage » pour acheter le matériel et les actifs de base, de « fonds de roulement » en quantité
suffisante pour assurer le bon fonctionnement des activités courantes et de « capital d’expansion »
pour acquérir des ressources additionnelles et investir dans l’innovation et les nouvelles
technologies et exploiter les occasions d’affaires au fur et à mesure que l’entreprise progresse et
prospère.
Le problème de financement de l’innovation et de l’achat de technologies avancées dans la
PME, en général, peut être considéré, du point de vue de la théorie financière, comme tout problème
de financement d’un projet d’investissement qui peut comporter un haut degré d’incertitude, donc
de risque3.

Les besoins de financement dans le cycle d'innovation sont très importants. Les PME connaissent
trois grandes périodes auxquelles correspondent des besoins de financement différents : la création,
le démarrage et la croissance.
1.1. Le besoin de financement de la phase de conception
Où l’entreprise n’est pas encore installée et / ou le produit n’existe pas encore. Les principaux
bailleurs de fonds à cette étape sont les «anges», mais la portée de leur engagement et de leur
participation est limitée, en raison à la fois de l’absence d’information sur les perspectives de
l’entreprise et du risque élevé que présentent les investissements dans PME innovantes ou
technologique n’ayant pas encore fait leurs preuves. En Algérie, ils sont rares les bailleurs de fonds
qui assurent le financement de la phase de conception des PME, on peut citer l’exemple de la
société de capital investissement El- Djazair Istismar dont l’un de ses objectifs est d’encourager les
promoteurs dans la création de nouvelles entreprises dédiées aux NTIC (notamment les start-up).
1.2. Le besoin de financement lors de la création de la PME
Ce besoin concerne la mise en œuvre de la production (phase industrielle), à partir des
prototypes ou préséries ; elles nécessitent des moyens financiers que les premières affaires ou
commandes ne couvrent pas.
Lors de leur création, les PME font recours aux capitaux propres en faisant parfois appel au capital
de sympathie4. La dimension affective liée à ce type de financement est tout à fait flagrante.
D’autres systèmes de financement plus institutionnels et mieux appropriés pour une création
existent parfois. C’est le cas des aides de l’Etat à travers les organismes de soutien aux PME telles
que l’ANSEJ, l’ANGEM, ...
1.3. Le besoin de financement lors du démarrage de la PME
Les moyens de financement mis en œuvre pour la création ne sont plus adaptés pour financer la
phase de démarrage. Les PME ont plutôt intérêt à recourir à la nurserie ou pépinières d’entreprises,
à l’essaimage d’activités (une grande entreprise soutient et assure le suivi de la création d’une
entreprise pour l’un de ses salariés) ou encore à profiter de l’instauration de technopoles, par
exemple.
Le recours à des capitaux personnels est inéluctable. Le financement à court terme, auprès des
fournisseurs puis auprès des banques, apparait donc comme condition nécessaire. Ceci s’explique
par le fait que l’entreprise jeune est méconnue du banquier alors que le fournisseur voit en la PME
un futur client avec lequel il est bon d’instaurer des bonnes relations ; pour cela, ils sont prêts à
accorder des conditions de paiement favorables.
Lors de démarrage proprement dit, le financement peut provenir des concours bancaires et si
la préparation a été réalisée dans de bonnes conditions, la négociation financière devrait se dérouler

3
Jean-Louis CACCOMO, L’époque de l’innovation : L’innovation technologiques et évolution économique, Ed.
L’Harmattan, Paris, 2005, P.44.
4
Capital de sympathie appelé aussi « love capital », c’est-à-dire des capitaux ou prêts personnels provenant de
l’entourage familial.
3
sans trop d’accrochage. Ensuite, l’entreprise pourra développer son projet et espérer récupérer la
mise ainsi qu’obtenir la récompense des efforts engagés5.
1.4. Le besoin de financement lors de la croissance de la PME
Au cours de cette phase, l’entreprise fabrique déjà, et a lancé le produit ou le service sur le
marché, mais elle n’est pas encore entrée dans la phase de réalisation de profits, où elle est déjà
rentable, mais ne dégage pas encore une marge financière suffisante pour développer une seconde
génération de produits, lesquels se traduiront à nouveau par la nécessité d’un nouvel apport de
capitaux. L’engagement de concours bancaires et l’apport de capital-risque est alors essentiel pour
satisfaire aux besoins accrus de capitaux. C’est la phase industrielle et commerciale qui favorise le
développement de l’entreprise.
La phase de croissance de la PME est souvent une étape difficile. En effet, l’entreprise devient
moins rigoureuse sur les conditions de paiement et le recours à l’emprunt bancaire ou au découvert
se fait plus régulier. En même temps qu’elle accroit ses besoins en capitaux circulants et en fonds de
roulement, la PME ne suit pas de très près la gestion de sa trésorerie. Pendant cette phase,
l’entreprise hésite à mobiliser des capitaux pour financer le fonds de roulement permanent, ce qui
creuse l’écart de trésorerie ; la conséquence étant que les frais financiers s’élèvent dans le compte
d’exploitation et finissent par créer un incident de paiement (refus d’un effet, arrêt d’un
découvert…). Cet incident peut conduire le dirigeant à réviser sa stratégie financière en
collaboration avec son banquier et/ou son comptable.il en résultera un emprunt à court terme, une
consolidation du compte courant d’associé, une augmentation du capital et/ou l’octroi de primes
et/ou de prêts bonifiés ou participatifs.
1.5. Le besoin de financement lors de la phase de maturité
Pendant cette période la gestion est déjà bien équilibrée et les ressources qui ont été mises en place
ainsi que les résultats financiers rendent possible un financement extérieur.
1.6. Le besoin de financement lors du déclin
Le déclin, ou le vieillissement, est la dernière phase ; si l’entreprise n’a pas maintenu ses
atouts ou son importance sur le marché, ou si d’autres produits ou services plus performants
viennent la concurrencer sérieusement. L’entreprise située dans cette phase aura les mêmes
difficultés pour obtenir des moyens de financements extérieurs que la firme située au stade de
conception et de démarrage, sauf si elle offre une caractéristique qui peut attirer un investisseur.
2. Les PME préfèrent les ressources internes pour financer l’innovation
Par rapport à l’ensemble de ses besoins de financement qui font très souvent appel à l’endettement,
la préférence pour le recours aux ressources internes est une caractéristique de l’innovation. Tout
d’abord, le voile de l’incertitude qui lui est liée est plus facilement levé au sein de l’entreprise.
L’entreprise initiant le projet innovant est la plus à même d’évaluer les chances réelles de réussite
de son projet, et donc d’assumer en connaissance de cause les conséquences fortement incertaines
d’investissements risqués.
Ensuite, les entreprises sont pleinement associées aux gains potentiels engendrés par l’innovation,
ce qui n’est pas le cas des banques, qui perçoivent uniquement les traites de remboursement du prêt.
Cela peut les inciter, dans certains cas, à restreindre leur offre de crédit.
Enfin, les ressources internes coûtent peu à l’entreprise innovante et n’augmentent pas son risque de
défaillance. L’autofinancement ne génère qu’un coût d’opportunité. Il nécessite l'arbitrage entre
divers investissements, productifs ou financiers.

5
Ibid, pp.209-214.
4
3. Lacunes et difficultés de financement des PME innovantes en Algérie
Le développement de la petite et moyenne entreprise en Algérie est plus que jamais confronté à la
problématique du financement, bien que l'Etat mise d'une manière singulière sur la promotion de ce
secteur, notamment durant ces dix dernières années. Trouver les ressources financières nécessaires à
l’élaboration et à la réalisation d’un projet innovant ne va pas nécessairement de soi. En raison du
caractère familial de l’entreprise et des réticences des établissements financiers à leur prêter de
l’argent, les PME ont souvent des difficultés à trouver des capitaux tant pour leur démarrage que
pour leur croissance.
En effet, les PME éprouvent des difficultés à accéder aux concours bancaires à cause du niveau
faible des fonds propres, des risques élevés et absence de garantie dissidente les banquiers de
financer ce genre d’entreprises, d’autant plus qu’il n’y a pas de prime de risque et le taux débiteur
est plafonné.
En outre, l’absence d’un marché financier dynamique fait que les ressources à long terme des
banques sont en majorité drainées par les grandes unités.
Le problème d’asymétrie d’information qui existe entre une entreprise et ses bailleurs de fonds
potentiels se pose avec encore plus d’acuité dès lors que l’on s’intéresse au financement de
l’innovation.
L’incertitude quant à la rentabilité de l’innovation, le besoin de confidentialité du projet et le risque
d’échec pouvant entraîner un défaut de paiement ou une défaillance de la firme amplifient, en effet,
l’asymétrie. L’importance de la composante immatérielle (R &D) dans les investissements
innovants renforce encore le risque lié à ces projets dans la mesure où celle-ci ne participe
généralement pas à la valeur de l’entreprise en cas de liquidation.

Une étape cruciale, en particulier pour les entreprises innovantes, est le développement de
nouveaux marchés : de nouveaux fonds sont alors nécessaires qu’il est souvent difficile de lever. Le
cas d’entreprises à fort potentiel qui ne peuvent aborder l’étape de l’exportation est fréquent ; elles
se trouvent alors en grande difficulté car l’exportation est vitale pour une PME innovante.
3.1.Les obstacles à l’accès au financement bancaire
La banque demeure l’interlocuteur privilégié, voire unique selon un choix contraint pour les PME.
Si la gamme des instruments de financement à leur disposition des grandes entreprises est
considérablement élargie, marchés financiers, titres de créances négociables sur le marché
monétaire et crédits bancaires principalement, les PME demeurent dépendantes du financement
bancaire malgré son insuffisance.

L’insuffisance de financement bancaire des PME en Algérie relève autant de la responsabilité des
PME que de celle des banques. Si les premières présentent des lacunes importantes par rapport aux
exigences du secteur bancaire, les secondes pourraient déployer plus de moyens pour pénétrer le
segment des PME.

L’histoire des rapports entre banques et PME ressemble fort à celle des vieux couples qui se font
des reproches incessants mais doivent pourtant vivre ensemble. Cette situation est sans doute encore
plus vraie en Algérie où le système financier est jusqu’ici totalement dominé par les banques, ce qui
laisse aux PME peu de marge de manœuvre dans la recherche de financements alternatifs aux
concours bancaires. Comme souvent dans ces cas, les torts sont en réalité partagés et chacun des
deux acteurs présente de réelles faiblesses par rapport aux exigences que l’autre formule au regard
de ses besoins et de ses aspirations.

Les prêteurs bancaires, dont la mission ne consiste pas à prendre des risques, n’octroient des fonds
qu’à la condition d’observer une capacité de remboursement élevée chez les emprunteurs.
Autrement dit, la première préoccupation des prêteurs est la conservation du capital ou la capacité

5
de remboursement des emprunteurs alors que les risques des entreprises peuvent augmenter les
probabilités de défaut de paiement.
Sous l’influence de leur actionnariat, de leurs méthodes de travail et de leurs règles de gestion,
autant que sous l’effet de réglementation de plus en plus contraignante, les banques sont à l’aise
avec des états financiers fiables et validés par des commissaires aux comptes. Elles souhaitent en
outre trouver chez leurs clients des structures bien organisées et encadrées, requièrent en
permanence des entreprises qu’elles exposent une vision claire et précise de leur avenir et
demandent que celles-ci disposent de fonds propres substantiels capables de faire face aux
imprévus. Enfin, les banques espèrent toujours appuyer leurs concours sur des garanties solides leur
permettant de satisfaire les exigences de leurs autorités de tutelle.
Ces nombreuses caractéristiques sont très difficiles à réunir par la clientèle des PME, quels que
soient les secteurs d’activité que l’on considère.
Face à cette quadrature du cercle, quelles sont les principales responsabilités qui pourraient être
honnêtement imputées à chacun des deux « partenaires » obligés ?
3.1.1.Du côté des PME innovantes, trois aspects constituent une préoccupation prédominante pour
les banques.
- La faiblesse des fonds propres des PME
La faiblesse généralisée des fonds propres des PME apparaît comme le premier d’entre eux. Cette
faiblesse s’explique à la fois par les réticences des promoteurs à rechercher d’autres actionnaires, la
rareté des trésoreries disponibles, les sous-évaluations fréquentes des coûts de fonctionnement et
d’investissement dans les budgets, ainsi que la sous-estimation du capital nécessaire pour réaliser le
chiffre d’affaires envisagé. En conséquence, le poids des emprunts dans les plans de financement
apparaît souvent trop important, ce qui d’une part conduit les banques à durcir une position déjà
naturellement réservée ou à multiplier les demandes de garanties, et d’autre part, freine les
entreprises dans l’atteinte de l’équilibre financier, les faisant ainsi redoubler de fragilité.
- L’insuffisance d’organisation des PME
Le deuxième obstacle important rencontré par les banques est l’insuffisance d’organisation des
PME, notamment en ce qui concerne les ressources humaines, la comptabilité, la gestion
administrative et les fonctions de contrôle. Le chef d’entreprise, y compris pour des PME de grande
taille, est souvent le seul décideur de la société. La formalisation modeste, voire parfois balbutiante,
favorise les erreurs, les fraudes et nuit à la régularité des processus, ce qui peut particulièrement
pénaliser les entreprises du secteur manufacturier, notamment celles destinées à l’exportation.
L’action est trop rarement précédée d’une réflexion qui permettrait de garantir la stabilité des
processus de production et de commercialisation.
- Les problèmes d’agence, d’asymétrie d’information et manque de vision du futur de
l’entreprise
La plupart des difficultés rencontrées dans les relations entre les banques et les PME et contribuant
à faire d'elles des partenaires à haut risque pour les banquiers, tiennent leur source des problèmes
d'agence. Les problèmes d'agence et le niveau d'asymétrie d'information sont les déterminants
majeurs des coûts de financement. Ces problèmes existent indépendamment de la taille de
l'entreprise mais ils se présentent différemment quand il s'agit de PME.
Quand elle est appliquée aux PME, la théorie d'agence décrit une situation dans laquelle le
propriétaire-dirigeant agit comme agent pour les bailleurs de fonds. Chacune des parties en cause
est motivée par des intérêts distincts et divergents. Pour que ces problèmes soient réduits au
minimum, il faudrait que l'entrepreneur soit principalement concerné par la rentabilité des capitaux
empruntés et que le prêteur le soit par la solvabilité du premier.
Malheureusement, si le bailleur de fonds est effectivement préoccupé par la capacité de
remboursement de l'emprunteur, voulant se protéger au maximum contre le risque de défaut de
celui-ci, l'emprunteur est plutôt intéressé par sa maximisation économique individuelle (Landström,
1993) ainsi que par son autonomie de gestion. Cette divergence d’opinion oblige le bailleur de
fonds à adopter un comportement de surveillant, ce qui entraîne différents coûts d’agence.

6
Selon Pettit et Singer (1985), trois problèmes d'agences inquiètent plus particulièrement les
banquiers dans leurs transactions avec les PME:

1 ) L'information asymétrique
L’évaluation d’une demande de financement doit se faire à partir d’une information fiable, précise
et complète. Cette information provient le plus souvent des états financiers produits par les
entreprises, qui demeurent les documents les plus utilisés par les bailleurs de fonds.
Une des principales difficultés que rencontrent les PME consiste à communiquer une information
fiable et précise au marché. Même lorsque les dirigeants sont en mesure de le faire, ils hésitent
quelquefois à dévoiler l’ensemble des informations dont ils disposent concernant leur entreprise 6,
que ce soit pour des raisons fiscales, concurrentielles ou liées aux coûts qu’engendre leur
production ou simplement par ignorance ou manque de compétences.

L’absence d’une information complète place le bailleur de fonds dans une position
d’ambigüité face au comportement de l’entrepreneur. Il ignore si l’information qui lui est transmise
avant qu’il prenne sa décision est exhaustive, ce qui peut l’amener à financer des projets plus
risqués qu’ils ne le sont d’après son évaluation, ou à en refuser d’autres qui présentent un faible
risque et une possibilité de rendement élevé.
Le contexte dans lequel le bailleur de fonds analyse l’information est qualifié d’asymétrique
si l’information qu’il possède n’est pas aussi précise et complète que celle que détient
l’entrepreneur7 . Evidemment, étant engagé dans la gestion quotidienne de son entreprise,
l’entrepreneur connait les forces et faiblesses de celle-ci, ses défis, ses projets, les crises passées et
anticipées. Ces informations ne se trouvent pas directement dans les états financiers alors qu’elles
sont essentielles pour avoir un portrait exact de l’entreprise. Les banquiers sont donc obligés de se
baser sur une information partielle pour rédiger un contrat de prêt.
Pour réduire cette asymétrie d’information, l’établissement de crédit n’a guère d’autre choix
que de mettre en place des mécanismes de contrôle qui auront pour effet de renchérir
considérablement ses coûts de gestion (collecte d’information détaillée, analyse financière,
surveillance régulière, etc.).
2 ) La rémunération personnelle
En l’absence d’investisseurs externes, le propriétaire dirigeant dispose d’une liberté totale quant à la
forme de rémunération qu'il s'octroie. En modifiant à loisir sa rémunération, il influence la stabilité
des liquidités de l’entreprise nécessaires au remboursement des emprunts, ce que n’apprécient guère
les bailleurs de fonds.
3 ) Le transfert ou déviation des fonds vers des utilisations imprévues
Le contrôle d’une petite entreprise est souvent entre les mains d'une seule ou d'un petit nombre de
personnes. Cette ou ces personnes peuvent à leur guise transférer les ressources de l'entreprise à
d'autres utilités que celles prévues initialement, dans le but éventuel de répondre à un changement
dans l'environnement et ce, sans prendre en considération les intérêts des investisseurs externes. Ces
prélèvements de montants variables réduisent les liquidités disponibles et par le fait même,
accentuent l'incertitude des investisseurs au même titre que le problème de rémunération
personnelle.
Le bailleur de fonds ignore également si l’entrepreneur est transparent et qu’il utilisera les fons
uniquement pour le projet pour lequel ils ont été sollicités. Cette situation peut être inefficace
puisque les conditions de financement sont fixées en fonction du risque du projet présenté, et si les
fonds sont déviés vers des utilisations imprévues qui n’ont pas fait l’objet d’une évaluation
détaillée, cela peut accroitre le risque du financement par rapport au risque anticipé8.

6
Robert WTTERWULGHE, La PME une entreprise humaine, Ed. De Boek, Bruxelles, 1998, p.137.
7
Josée ST-PIERRE, La gestion du risque : comment améliorer le financement des PME et faciliter leur développement,
Presses de l’Université du Québec, Québec, 2004, p.14.
8
Ibid, p. 16.
7
Dès lors que l'imperfection de l'information est prise en compte, les PME peuvent devenir des
partenaires plus risqués que les grandes entreprises aux yeux des banquiers.

Enfin, le manque de vision du futur de l’entreprise constitue également un obstacle principal. Trop
de sociétés naissantes sont issues d’une initiative plutôt impulsive de l’entrepreneur, sans analyse
approfondie du marché et de la concurrence.
3.1.2. Du côté des banques, il faut reconnaître également au moins trois insuffisances notables. La
première est la faiblesse du suivi des concours mis en place. La fragilité - normale - des PME en
termes d’organisation et de projection dans le futur devrait contraindre les banquiers à surveiller de
près le fonctionnement quotidien de l’entreprise, la pertinence de ses investissements et les
difficultés qu’elle rencontre.
Les PME étant naturellement peu enclines à donner une vraie place de conseiller à leurs banquiers,
ceux-ci devraient prendre systématiquement l’initiative.
Or, ce rôle demeure mal assumé. La récente intensification des exigences de suivi des principales
clientèles traditionnelles (grandes entreprises et particuliers) imposées par les réglementations, le
manque de temps face aux nombreux dossiers de PME souvent tous différents les unes des autres
ainsi que la faible rentabilité de telles actions d’encadrement par rapport à d’autres activités sont
autant de facteurs qui peuvent expliquer l’insuffisance de suivi de la part des banques. Cela peut
créer un cercle vicieux dans la mesure où cette insuffisance de suivi est précisément à l’origine de la
dégradation de nombreux dossiers, ce qui renforce alors l’aversion des banques aux PME.
La deuxième insuffisance des banques, partiellement responsable de la précédente, est la pénurie au
sein des équipes bancaires de cadres de référence spécifiques ayant une expérience approfondie de
la gestion des dossiers de financement des PME et surtout quand elles sont innovantes. La diversité
des PME, que ce soit en termes de taille, de secteurs, de caractéristiques ou d’appuis requis, est bien
sûr à l’origine de cette situation. Elle explique les difficultés rencontrées pour mettre au point des
solutions. Les efforts d’amélioration restent cependant insuffisants. Les banques continuent dans la
plupart des cas de souffrir d’une pénurie de départements spécialisés sur les PME, d’un manque de
procédures bien adaptées à la modestie des informations financières et des quelques indicateurs de
suivi disponibles, d’une faible capacité d’innovation en ce qui concerne les garanties acceptables et
de l’inexistence de formations spécifiques au financement des PME pour les analystes de crédit et
les chargés de clientèle. Ces facteurs sont autant de handicaps pour que les banques accroissent leur
intérêt pour les PME. Enfin, la troisième insuffisance des banques est liée à l’environnement
institutionnel dont les déficiences pénalisent l’action de ces dernières. Certaines faiblesses
persistantes du cadre juridique (par rapport à la réalisation des garanties par exemple) et les
carences graves et généralisées des appareils judiciaires rendent très difficile la récupération des
crédits défaillants. Ces difficultés, amenuisent encore l’attrait des concours aux PME et poussent en
même temps les banques à durcir leurs conditions.
- Taux d’intérêts élevés
En réponse au risque des PME innovantes, les banques ajoutent une prime de risque au taux de base
offert à leurs meilleurs clients, figurant sur le contrat d’emprunt. En plus, elles peuvent chercher à
minimiser le «risque négatif» qui survient en cas de faillite en couvrant les prêts par des actifs de
l'entreprise. Si ceux-ci ne suffisent pas au remboursement des créances prioritaires, la banque peut
sécuriser les prêts par des biens personnels du propriétaire de l'entreprise et ce, même s'il y a une
distinction légale entre l'entreprise et son propriétaire.
- Plus grande exigence en matière de garanties
L’exigence de garanties touchant directement le patrimoine des PME est considéré comme l’un des
principaux freins au financement des PME. Les banques exigent souvent que les PME à la
recherche de financement offrent des biens ou des titres en garantie, entre autres des terrains, des
bâtiments ou des titres qui peuvent servir à rembourser l'emprunt. Les éléments d'actif de
l'entreprise ou des entrepreneurs de même que les garanties de tiers servent souvent de sûretés. Le
niveau de garanties que les fournisseurs de financement exigent des PME est directement lié au

8
degré de risque perçu. Il est important de retenir que la demande de garanties par le fournisseur de
financement augmente le coût global du financement d'une PME.
- Lenteur administrative, lourdeur et complexité des procédures
En plus des taux d'intérêts élevés et de lourdes garanties, les banquiers peuvent chercher à combler
l'incertitude qu'ils ont, quant au rendement futur de l'entreprise financée, par l'imposition de clauses
restrictives dans les contrats. Les prêteurs vont se protéger et ainsi réduire les problèmes d'agence
en imposant un certain nombre de contraintes dans les contrats qui vont limiter de façon importante
la liberté du propriétaire dirigeant quant à l’utilisation des liquidités de l’entreprise.
4. Pistes pour un financement diversifié des PME innovantes en Algérie
La dynamisation du secteur de la petite et moyenne entreprise, entre autres les PME innovantes, est
aujourd'hui une des priorités du gouvernement, lequel s'est fixé pour objectif de créer pas moins de
200 000 nouvelles PME au cours du prochain quinquennat. Néanmoins, les entreprises se heurtent
aujourd'hui et toujours à des problèmes de financement. Afin de remédier à cette situation, les
pouvoirs publics doivent prendre une batterie de mesures destinées à faciliter aux PME l'accès au
financement et au crédit.
Les PME innovantes ont un potentiel de croissance et donc des besoins de financement importants.
Dans le même temps, ces entreprises sont trop jeunes pour présenter suffisamment d’éléments pour
contrebalancer le risque pris par les banques. Le plafond de verre qui bloque la croissance des PME
s’explique donc tout simplement : ces entreprises ont trop d’avenir et pas assez de passé. Pour
casser ce cercle vicieux, nous préconisons les axes à mener de concert :
4.1. Favoriser le financement en fonds propres
Le recours à l’endettement est généralement limité. Un endettement trop important rend l’entreprise
vulnérable. En outre, la capacité d’emprunt est fonction des fonds propres. Lorsque la croissance de
l’activité devient plus rapide que celle des fonds propres, les PME peuvent rapidement leur capacité
d’endettement9. En plus, l’endettement crée des rigidités en termes de payement d’intérêts et de
remboursement. Les limites de l’endettement conduisent l’entreprise qui souhaite qui souhaite
croitre à ouvrir son capital.
4.1.1. Le recours au capital investissement destiné pour l’essentiel aux entreprises jeunes et
innovatrices qui ont besoin de capital pour financer le développement
Le financement de la haute technologie est un créneau risqué et difficile à appréhender par la
finance traditionnelle qui la délaisse pour se tourner vers des opérations de prêt à court et moyen
terme, moins risqués et relativement rentables.
L’intervention du capital-risque et du capital développement contribue au financement
d'entrepreneurs porteurs de nouveaux procédés technologiques et de PME innovantes.
S’il est nécessaire de donner une définition du capital investissement, nous nous en tiendrons à
celle qui nous semble assez complète et qui rend compte avec précision du contenu de cette activité.
« Le capital-investissement est la prise de risque réalisée par des investisseurs en capital qui
acceptent de devenir actionnaires d’une société non cotée en bourse dont ils n’assurent pas la
direction, mais qu’ils assistent de leur compétences techniques et sur la gestion de laquelle ils
exercent un contrôle plus ou moins important, en vue de réaliser, à terme, un profit sous la forme
d’une plus-value sur la cession de leurs participations ».
Généralement plus connu sous l’appellation de capital-risque, ce mode de financement du haut de
bilan (apports en fonds propres ou quasi-fonds propres) relativement récent est apparu dans les
années soixante-dix aux Etats Unis et a surtout accompagné la créations d’entreprises innovantes
dans des secteurs de technologie de pointe et de la recherche/ développement.
Le capital risque est donc un type particulier de financement destiné pour l’essentiel aux
entreprises jeunes et innovatrices qui ont besoin de capital pour financer le développement de leur

9
Robert WTTERWULGHE, op.cit, p.142.
9
produit et leur croissance et qui doivent, par la nature de leur activité, obtenir de capital largement
sous forme de fonds propres.
Il intéresse plus particulièrement les petites et moyennes entreprises qui ne sont pas éligibles au
marché financier et dont l’accès au crédit bancaire peut être limité par un manque de fonds propres
ou une insuffisance de garanties, deux caractéristiques propres aux PME.
La loi algérienne relative à la société de capital investissement 10 définit l’activité de la façon
suivante : « Le capital-investissement a pour objet la participation dans le capital social et toute
opération consistant en des apports en fonds propres et en quasi-fonds propres dans les entreprises
en création, en développement, en transmission ou en privatisation ».
Le capital-investissement offre aux PME innovantes les avantages suivants :
- Le capital investisseur devient un associé et non un créancier vis-à-vis des investisseurs;
- La participation au capital n’est pas adossée à aucune garantie, la rémunération est tirée
uniquement de la performance de la société (dividendes);
- L’intervention du capital investisseur permet à l’entreprise de bénéficier des financements
bancaires et/ou d’augmenter sa capacité d’endettement;
- Il favorise la bonne gouvernance au niveau de l’entreprise à travers l’expertise et les compétences
de ses équipes.
4.1.2. Le cas spécifique du capital-risque : une activité essentielle dont il faut favoriser le
développement
Le terme capital-risque est utilisé pour désigner le processus de financement de la création de PME
(Start-ups) innovantes à fort potentiel de croissance qui sont considérées comme étant des
investissements à haut risque mais à rendement élevé. En réalité, le capital risque est seulement une
partie du large processus de financement d’une entreprise et n’est significatif que durant les
premières étapes de celui-ci. Le capital-risque peut être défini plus précisément comme une forme
de capital-investissement, représentant une technique plus structurée pour fournir du capital aux
entreprises émergentes à croissance élevée.
Dans la vie d’une start-up, on distingue habituellement plusieurs stades, qui correspondent chacun à
un degré de risque différent et appellent des financements spécifiques 11:
• la phase de R&D, pour les start-ups issues de la recherche d’un laboratoire public ou d’un grand
groupe, pendant laquelle la société n’est souvent pas encore constituée ;
• la phase d’amorçage, qui doit mobiliser des capitaux pour financer l’étude de faisabilité et
l’élaboration du business plan ;
• la phase de création, qui doit financer les dépenses immatérielles (salaires des chercheurs, frais de
publicité, par exemple) ainsi que le développement et l’industrialisation des premiers produits, qui
nécessite de nombreuses années dans les domaines technologiques, et le lancement de l’exploitation
;
• la phase d’expansion, qui débute lorsque l’entreprise atteint le point mort, et se termine lorsqu’elle
a atteint un niveau de rentabilité suffisant pour assurer sa pérennité.
L’intervention du capital-risque se situe en général après la phase d’amorçage et au début de la
phase d’expansion. En effet, les stades préliminaires mobilisent des financements très spécifiques :
crédits de laboratoires publics ou privés pour la phase de R&D, personnes physiques ou incubateurs
publics ou privés pour la phase d’amorçage. Parmi ces personnes physiques se trouvent les
investisseurs dits « providentiels », ou business angels, ainsi que les proches du dirigeant (« love
money »). Bien que les frontières soient parfois mouvantes, ce n’est qu’ensuite qu’interviennent les
capital-risqueurs, et plus tard encore les marchés financiers ou les grandes entreprises au niveau de
la sortie du capital-risque.

10
Loi N°06-11 du 24/06/2006
11
Grégoire CHERTOK, Pierre-Alain DE MALLERAY et Philippe POULETTY, Le financement des PME, La
Documentation française. Paris, 2009 - ISBN : 978-2-11-007613-7

10
4.1.3. Pratique du capital-investissement en Algérie
Encore à l’état embryonnaire, le capital investissement a démarré en Algérie en 1991 avec la
création de la FINALEP, qui investit dans des entreprises associant des partenaires européens et
algériens. Cependant, devant les réticences des banques, en raison des règles prudentielles très
strictes, à accompagner le développement des PME, le capital investissement émerge comme un
instrument approprié. Dans cette optique, les pouvoirs publics projettent de créer, sur fonds publics,
cinq sociétés de CI avec une dotation en capital pour l’ensemble de 3 milliards de dinars.
L’exercice de l’activité de capital investissement est soumis à une autorisation préalable délivrée par
le ministre chargé des finances, ayant reçu une demande d’autorisation, après avis de la commission
d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB) et de la Banque d’Algérie.

En plus de la FINALEP et la SOFINANCE, d’autres organismes de capital investissement voient le


jour en Algérie.
a) La FINALEP
La FINALEP/SPA (Financière Algéro-Européenne de Participation) est une société mixte algéro-
européenne spécialisée dans le capital-investissement en vue de financer des partenariats algéro-
européens.
Elle a été créée en avril 1991 à l’initiative de deux banques algériennes : la Banque de
Développement Local (BDL) et le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Caisse Centrale de
Coopération Economique, actuelle agence Française de Développement (AFD) dans le sillage des
réformes engagées du système bancaire financier algérien (loi n°90-10 du 14 avril 1990 sur la
monnaie et le crédit), afin de promouvoir ce mode de financement en Algérie. Un quatrième
partenaire, la Banque Européenne d’Investissement (BEI) a fait son entrée en 1995 dans
l’actionnariat de la FINALEP12.
Les objectifs assignés à cette entreprise étaient :
- Créer dans le paysage financier algérien ce nouveau métier dédié au financement et à la
création des PME ;
- Mettre en place les outils et les procédures propres à l’activité du CI.
- Former un noyau d’encadrement à même d’assimiler et de diffuser les techniques de ce
mode de financement.
- Susciter au sein des patrons des PME un intérêt pour ce financement de haut de bilan en les
sensibilisant sur les avantages qu’il présente par rapport au financement bancaire
traditionnel.

L’activité de la FINALEP a démarré effectivement en 1995 avec sa première participation dans une
société issue d’un partenariat entre opérateurs algériens et grecs pour la production,
conditionnement et la commercialisation de tabacs (ATLAS TOBACCO-SPA) dans la wilaya de
Tipaza.

La FINALEP et l’innovation
La plupart des participations de la FINALEP ont porté sur des innovations ou ont été réalisé dans
des secteurs innovants. Le tableau suivant donne un aperçu de ces différentes innovations :

Tableau N°1 : Contribution de la FINALEP au financement de l’innovation des PME

12
Jusqu’en juin 2006 il n’existait aucun cadre réglementaire relatif à l’activité de capital investissement en Algérie, ceci
n’a pas pourtant empêché certains établissements financiers comme la FINALEP ou la SOFINANCE d’exercer ce
métier. La FINALEP a exercé sous le seul couvert d’un avis de conformité du conseil de la monnaie et du crédit. (Avis
n°12 du 04 février 1991).
11
Innovation Secteur Nom du projet Description
Service Biotechnologies Somedial Production et conditionnement de
produits pharmaceutiques
Marché Agroalimentaire Milak Conditionnement, distribution et
commercialisation d’eau minérale
naturelle
Procédé Energie et Technosolar Fabrication et installation de systèmes
environnement systems photovoltaïques et autres produits
photovoltaïque solaires
Source : Ammar YAHIYAOUI, Le capital-investissement en Algérie : Etat des lieux et contraintes, Mémoire de
Magister en Sciences économiques, option Management des entreprises, Université de Tizi-Ouzou, 2011, p.156.

b) La SOFINANCE

SOFINANCE Spa, Société Financière d'Investissement, de Participation et de Placement, est un


établissement financier public agréé par la Banque d’Algérie le 09 janvier 2001, doté d'un capital
social de 5.000.000.000 DA13.
SOFINANCE a été créée à l’initiative du Conseil National des Participations de l’Etat (CNPE) avec
comme principales missions l’accompagnement dans la modernisation de l’outil de production
national et le développement de nouveaux produits financiers.
Son objet social comprend tous les métiers développés par la banque universelle à l'exclusion des
dépôts clientèle et la gestion des moyens de paiements.

c) Le fonds de capital-risque de la BEA et Siparex (France)


Dans le contexte d’amélioration des conditions de financement des PME en Algérie le
gouvernement a instruit l'ensemble des banques publiques de créer des filiales spécialisées dans le
leasing et le capital-investissement. La Banque extérieure d'Algérie semble afficher, dans ce
contexte, un dynamisme particulier, et se démarque par une démarche de partenariat
particulièrement bénéfique. Ainsi, et après avoir annoncé la création, dans le cadre d'un partenariat
avec des Suisses et des Portugais, d'une filiale spécialisée dans le leasing, la BEA devrait
prochainement lancer son premier fonds de capital-risque. Le projet a été lancé en partenariat avec
Siparex, une société française de capital investissement et d'ingénierie financière. Doté d'un capital
de près de 50 millions d'euros, le fonds de la BEA devrait voir le jour en 2010. Le fonds de capital-
risque de la BEA devrait investir dans plusieurs secteurs via des prises de participation minoritaires
dans les entreprises retenues.
d) El- Djazaïr Istithmar
El Djazaïr Istithmar SPA est une société de capital investissement créée à l’initiative de deux
banques publiques ( BADR et CNEP Banque). Elle est agréée par le Ministère des Finances depuis
le 11.05.2010 et elle est dotée d’un capital social de 1 milliard de dinars totalement libéré14.
Cette société de capital investissement a pour objet de prendre des participations minoritaires et
temporaires dans le capital social et par conséquent toute opération consistant en des apports en
fonds propres et en quasi-fonds propres dans les PME.
L’activité de capital investissement est exercée par la société, pour son propre compte ou pour le
compte de tiers et ce à tous les stades de vie de la PME.
Les objectifs d’El-Djazaïr Istithmar se résument dans les points suivants :
- La mise à la disposition des PME d’un produit financier pour combler les insuffisances au niveau
du haut du bilan (Fonds propres).
- Encourager les promoteurs dans la création de nouvelles entreprises dédiées aux NTIC
(notamment les start-up).
- La contribution au programme de développement et de mise à niveau des PME.
13
http://www.sofinance.dz/
14
Yassine MAAMERI, Présentation de la Société ‘’El Djazair Istithmar’’, 13/05/2011.
12
- Participer à la dynamisation du marché financier (la Bourse).
d) Le FAKI : Fonds Algéro-Koweïtien d’investissement

Le KAFI est un établissement financier ayant pour role d’aider à l’investissement en obtenant un
pourcentage des bénéfices ou encore des actions dans des entreprises ayant bénéficié d’un crédit
e) La Société d’investissement Algéro-Saoudienne (ASICOM)
Créée par une convention signée entre le Royaume d’Arabie Saoudite et l’Algérie, dans le cadre du
renforcement des relations entre les deux pays, la Société Algéro-Saoudienne d’Investissement est
la première institution mixte et à capitaux publics, spécialisée dans le capital investissement15.
La société a pour ambition d’être un outil fiable et efficace pour :
- Promouvoir les investissements entre les deux pays ;
- Fédérer des capitaux en quête d’opportunités d’investissements.
Cette société d’investissement est opérationnelle depuis juin 2008.
4.2. Orientation de la bourse vers le financement des PME
La cotation sur un marché boursier peut offrir une série d’avantages aux PME tels que
l’accélération de la croissance, une diversification des sources de financement, la facilitation des
démarches de succession, l’obtention de capitaux à des conditions plus avantageuses ou encore
l’accroissement de la notoriété de l’entreprise.
Donc l'accès au marché financier ne présente pas un but en soi dans le sens qu’il peut offrir aux
petites et moyennes entreprises algériennes une panoplie d’avantages qui dépassent l’objectif
d’obtention de sources de financement. En effet, par l’introduction en bourse les entreprises vont
bénéficier des conditions plus souples et moins coûteuses pour lever des fonds, renforcer leurs
ressources propres, réduire l’endettement, assainir leurs situations financières ce qui leurs permet
d’augmenter la taille, réaliser des projets plus importants et conquérir de nouveaux marchés.
La bourse permet d’améliorer l’image de marque de la société par rapport à la compétition, clients,
fournisseurs et employés, cet augmentation de la notoriété soutenue par la publication continue est
considérée comme une publicité gratifiante et gratuite de l’entreprise donnant auprès des tiers une
renommée de prestige et plus de transparence et crédibilité.
En termes de gouvernance, la cotation est censée d’impliquer une discipline nouvelle imposée par le
marché financier. La cotation réduit la latitude discrétionnaire des dirigeants des PME et les incite à
gérer dans le sens de l’intérêt général. En effet, la contrainte de la transparence et le contrôle
continu des choix stratégiques et financiers limitent les conduites managériales opportunistes.
La Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse COSOB a élaboré un
projet en vue de stimuler le marché des valeurs mobilières en Algérie. Les modifications apportées
au règlement général permettront une réorganisation de la Bourse d'Alger avec la création de deux
nouveaux compartiments de négociation. En plus du marché principal réservé aux grandes
entreprises, un compartiment dédié aux PME accompagnées d'un promoteur en Bourse et un
marché de blocs des obligations assimilables du Trésor (OAT) seront ainsi créés16.
La création d’un marché dédié aux petites et moyennes entreprises répond aux besoins de
soutien des objectifs du plan quinquennal 2010/ 2014 à travers des conditions favorables :
• Un environnement favorable au développement de la PME à savoir le lancement d’un vaste
programme de mise à niveau des PME ;
• l’existence d’investisseurs institutionnels et de gestionnaires d’actifs suite à la création par des
banques de sociétés de capital investissement ;
• des mesures fiscales encourageant l’introduction en bourse et aux multiples avantages qu’offre un
tel compartiment.
Par ailleurs, la création d’un compartiment dédié aux PME offre à celles-ci de multiples avantages :
• un financement direct qui complète le financement bancaire ;
15
http://www.asicom.dz/La-Societe.html consulté de 22/07/2012.
16
Rapport annuel COSOB 2011, Chapitre II, activité de la commission, pp.25.27. Disponible sur www.cosob.org
13
• un accès à des ressources stables destinées au financement du haut de bilan ;
• un accès simplifié et à moindre coût à la bourse ;
• des opportunités d’investissement et de sortie pour les sociétés de capital investissement ;
• assurer leur survie et leur pérennité par la voie de la transmission des titres ;

Le marché dédié aux PME se caractérise par la création d’une fonction essentielle :
l’accompagnateur en bourse dénommé « promoteur en bourse », qui est l’innovation principale qui
va caractériser ce marché17.
Les nouvelles dispositions précisent que la société qui demande que ses titres soient admis à la
négociation doit :
• avoir publié les états financiers certifiés des deux derniers exercices. Les conditions de bénéfice et
de capital minimum ne sont pas exigées ;
• procéder à une ouverture de son capital social à un niveau minimum de 10%, au plus tard le jour
de son introduction, qui peut se faire par augmentation de capital, par OPV ou par un placement
préalable à la cotation ;
• répartir ses titres auprès, soit de 50 actionnaires, soit auprès de trois (03) investisseurs
institutionnels représentant au moins 10% de capital ;
• enfin, désigner un « promoteur en bourse » dont la mission est de la conseiller, l’accompagner et
la contrôler en vue de s’assurer qu’elle remplit ses obligations d’informations périodiques.
4.3. La finance islamique a des atouts à faire valoir auprès des PME
Tout en intégrant les objectifs de rentabilité et d’efficacité, la finance islamique se distingue par
ses dimensions morales et respecte l’ensemble des principes de la Sharia. Les principes qui
régissent les institutions financières islamiques sont différents de l’esprit des banques
conventionnelles qui peuvent être tentées de se lancer dans des opérations complexes basées sur des
actifs non tangibles. Les banques islamiques financent des opérations liées à l’économie réelle et à
la place de l'intérêt prohibé par le Coran et les Hadiths, le système bancaire islamique adopte le
concept de participation aux risques financiers de l'entreprise, conformément aux principes qui veut
que ceux qui réalisent des profits doivent être à même de subir des pertes.
En Algérie, le système bancaire est caractérisé par une faible couverture de la demande de
services et incapable de répondre aux besoins de financement du développement du pays.
Actuellement avec trois banques islamiques que compte le système bancaire algérien (la Banque Al
Baraka d’Algérie installée depuis 1991 et Al Salam Bank d’Algérie, installée en octobre2008, la
situation n’est pas prometteuse. Il est montré que l’activité de ces banques est peu développée et
accuse des retards par rapport aux autres pays arabes notamment les pays du Golfe18.
Les institutions financières islamiques en Algérie peuvent contribuer à la création
d’opportunités d’emplois en favorisant la création de petites et moyennes entreprises, des projets de
développement local, à travers l’activation des produits financiers islamiques les plus adéquats aux
besoins des entreprises.
Les principaux outils utilisés par la finance islamique moderne en direction de la PME peuvent être
répartis en instruments participatifs et en instruments de dette.
Pour assumer sa vocation de vecteur de développement dans une logique de partage des bénéfices et
des pertes, la finance islamique moderne a perfectionné des instruments participatifs tels que la
Moucharakah et la Moudarabah. Basés sur la moralité du client, la relation de confiance et la

17
Il s’agit d’un nouvel acteur de la place financière d’Alger qui est appelé à faire la promotion et l’accompagnement des
PME au niveau de la Bourse d’Alger. Son statut est différent de celui de l’IOB qui lui est agréé par la COSOB pour
exercer un certain nombre d’activités (négociation, placement, contrepartie, gestion de portefeuille..,)
18
Djaber BEZTOUH et Karima TOUATI, La finance Islamique au Maghreb : pourquoi est-elle marginalisée ?, Papier
de recherche présenté lors du Premier Forum International de Sfax sur la Finance Islamique, Tunisie 22 et 23 juin 2012.
14
rentabilité du projet, ces financements participatifs supposent une connaissance parfaite du marché
et des clients futurs associés.
De ce fait, si en théorie, les instruments participatifs sont privilégiés par la finance islamique, dans
la pratique beaucoup de banques islamiques tendent à commercialiser en priorité des instruments de
dette ou de quasi-dette, principalement la Mourabahah et l’Ijarah. Cette tendance s’explique par la
contrainte de la gestion du risque et des conditions du refinancement qui s’effectue généralement
via des ressources de dépôt à court et moyen terme. Toutefois, en finance islamique, les instruments
de dette et de quasi-dette procèdent également d’une logique de profit et non d’intérêts bancaires.
- La Moucharakah (association), contrat de prise de participation dans lequel la banque et son
client participent ensemble au financement d’un projet. Le droit de propriété est réparti en
proportion de la contribution de chaque partie, et les bénéfices sont partagés selon un accord
convenu. Concernant le partage des profits, deux thèses sont développées : soit la libre répartition
des bénéfices selon la convention (thèse des Ecoles Hambalite ou Hanafite) ; soit la répartition des
bénéfices en fonction de la mise de chacun (thèse des Ecoles Malékité et Chafite)19.
La Moucharakah se réalise suivant l’une des deux formules ci-après :
La Moucharakah définitive « La banque participe au financement du projet de façon durable et
perçoit régulièrement sa part des bénéfices en sa qualité d’associé copropriétaire.
Il s’agit en l’occurrence pour la banque d’un emploi à long ou moyen terme de ses ressources
stables (fonds propres, dépôts participatifs affectés et non affectés...). L’apport de la banque peut
revêtir la forme d’une prise de participation dans des sociétés déjà existantes, d’un concours à
l’augmentation de leur capital social ou la contribution dans la formation du capital de sociétés
nouvelles (achat ou souscription d’actions ou de parts sociales). Ce type de Moucharakah
correspond dans les pratiques bancaires classiques aux placements stables que les banques
effectuent soit pour aider à la formation d’entreprises ou tout simplement pour s’assurer le contrôle
d’entreprises existantes.
La Moucharakah dégressive
La banque participe au financement d’un projet avec l’intention de se retirer progressivement du
projet après son désintéressement total par le promoteur. Ce dernier versera, à intervalle régulier à la
banque la partie de bénéfices lui revenant comme il peut réserver une partie ou la totalité de sa
propre part pour rembourser l’apport en capital de la banque. Après la récupération de la totalité de
son capital et des bénéfices qui lui échoient, la banque se retire du projet. Cette formule s’apparente
aux participations temporaires dans le banking classique ».
La Moucharakah constitue le mode de financement le plus adapté au besoin des cycles de création
et de développement des entreprises aussi bien pour ce qui est de la constitution et/ou augmentation
du capital que l’acquisition et/ou la rénovation des équipements. Aussi, la Moucharakah est-elle très
sollicitée par les promoteurs pour la création de petites et moyennes entreprisessous forme de
sociétés de diverses formes
(SPA, SARL, SNC...).
Chacune des deux parties doit accepter le principe de la participation aux pertes et profits de
l’entreprise financée. Toute convention visant à garantir à l’une des parties la récupération de son
concours indépendamment des résultats de l’opération est nulle et non avenue. A cet égard, la
banque n’a le droit de réclamer le remboursement de son apport que dans les cas de violation par
son partenaire d’une clause quelconque du contrat Moucharakah, de négligences graves dans la
gestion de l’affaire, et des cas de mauvaise foi, dissimulation, abus de confiance et autres actes
similaires. La banque peut requérir de son partenaire la constitution de garanties mais elle ne peut
les faire jouer que dans l’un des cas susmentionnés.
La clé de répartition des bénéfices entre les deux parties doit être explicitement arrêtée lors de la
conclusion du contrat afin d’éviter toute cause de litige. Si la part de chaque partie dans les
bénéfices est librement négociable, le partage des pertes éventuelles doit se faire dans les mêmes

19
Ibrahima BA, PME et institutions financières islamiques, Département du Développement des Entreprises et
Coopératives, Bureau international du Travail – Genève, document de travail n° 6, p.16.
15
proportions de partage des bénéfices conformément au principe « le gain en contrepartie de la perte
».
- La Moudarabah (commandite), contrat par lequel la banque ou un investisseur apporte des
capitaux à un entrepreneur moyennant un partage des bénéfices entre les parties selon une
répartition convenue à l’avance 20. En cas de pertes, celles-ci sont supportées par la banque seule,
sauf si l’entrepreneur (Moudareb) est reconnu coupable de faute, négligence ou violation des
conditions convenues. S’il y a eu négligence de gestion par l’entrepreneur, la perte est supportée par
les deux parties. L’entrepreneur est seul responsable de la gestion de l’affaire. La seule source de
revenu possible pour l’emprunteur est sa part de bénéfice (il ne perçoit aucun salaire).
- La Mourabahah : produit vedette de la finance islamique actuelle, est un contrat d’achat et de
revente dans lequel la banque achète à un fournisseur un bien corporel à la demande de son client,
auquel elle revend le bien avec une marge bénéficiaire . La banque achète le bien puis le revend au
client par traites selon un prix ouvertement publié, entraînant des coûts et un profit administratif.
L’opération de crédit n’est qu’un accessoire à l’opération commerciale.
La Mourabaha ne peut avoir pour objet le financement de biens qui n’existent pas à la date du
contrat. C’est une formule de financement applicable au financement de marchandises pour les
commerçants ou de matières premières pour les industriels. Elle peut également concerner
l’équipement de moyenne taille, en fonction de la capacité de remboursement du client. Les
particuliers peuvent aussi en profiter pour se procurer des équipements domestiques de tout genre
(mobilier, électroménager...).
- L’Ijara, contrat de crédit-bail par lequel une partie loue des biens durables (mobiliers ou
immobiliers) pour un loyer et une échéance déterminés. Le propriétaire du bien (la banque)
supporte tous les risques liés à la propriété.
L’Ijara peut prendre la forme d’un simple contrat de bail (Ijara tachghilia) ou être accompagné d’un
contrat permettant au preneur de bail d’acquérir le bien à la fin d’une période donnée (Ijara wa
iqtinaa).
Pour être en conformité avec la Charia, le financeur du cycle de production doit d’abord acheter et
prendre possession des produits ou des équipements avant de les revendre à l’industriel avec une
marge. Ceci est consigné dans un contrat impliquant les trois parties prenantes : la banque, le client
et le fournisseur. Cette « triangulation » de l’opération de financement est censée non seulement
garantir la destination du prêt mais aussi et surtout impliquer le prêteur dans l’évaluation de son
client donc de sa prise de risque effective.
- Le Salam, contrat d’achat comportant la livraison différée de marchandises payées au comptant
(principe inverse de la Mourabahah). La banque intervient en qualité d’acquéreur d’une
marchandise qui sera livrée à terme par un client qui bénéficie d’un paiement comptant immédiat.
Cela permet au client de disposer de liquidités pour financer son cycle de production.
« Les règles de la Charia interdisent en principe toute transaction commerciale dont l’objet est
inexistant au moment de sa conclusion. Cependant, certaines pratiques commerciales, bien que ne
répondant pas à cette condition, sont tolérées compte tenu de leur nécessité dans la vie des gens.
C’est le cas de la vente Salam qui a été autorisée par le Prophète dans le Hadith “celui qui pratique
le salam, qu’il le fasse pour un volume connu, pour un poids connu et pour un délai connu” ».
-L’Istisna, contrat de financement avant livraison et de crédit-bail par lequel la banque en qualité
d’entrepreneur responsable de la réalisation des travaux s’oblige à exécuter des produits finis
(construction, réfection, aménagement et finition d’équipements de production, de transport et de
consommation sur commande des utilisateurs et/ou des revendeurs) moyennant une rémunération
que l’autre partie s’engage à lui payer d’avance, de manière fractionnée ou à terme.
L’Istisna est un contrat d’entreprise en vertu duquel une partie (Moustasni) demande à une autre
(Sani) de lui réaliser un ouvrage moyennant une rémunération payable d’avance, de manière
fractionnée ou à terme. Il s’agit d’une variante qui s’apparente au contrat Salam à la différence que

20
André Martens, La finance islamique : fondements, théorie et réalité, L'Actualité économique, vol. 77, n° 4, 2001, p.
475-498. http://id.erudit.org/iderudit/602361ar
16
l’objet de la transaction porte sur la livraison, non pas de marchandises achetées en l’état, mais de
produits finis ayant subi un processus de transformation.
La formule de l’Istisna peut revêtir l’aspect d’une opération triangulaire faisant intervenir aux côtés
de la banque, le maître de l’ouvrage et l’entrepreneur dans le cadre d’un double Istisna, offrant une
solution de remplacement conforme aux préceptes de l’Islam à la technique des avances sur marché.

La particularité du financement des institutions financières islamiques par rapport aux besoins des
PME réside essentiellement dans trois aspects:
- les institutions islamiques favorisent la participation;
- ce système de partenariat oblige les deux parties à courir ensemble les risques en partageant les
pertes et les profits;
- les institutions financières islamiques utilisent des méthodes de financement très peu connues par
les banques classiques et très rarement expérimentées par les PME.

4.4. Mobiliser les financements publics en faveur des PME innovantes

Les PME novatrices en Algérie doivent bénéficier de financements publics pour réduire le risque
dans la phase de lancement des projets technologiquement innovants. Les financements publics
permettent de passer le cap de la recherche et développement, période où les probabilités
d’abandon sont les plus fortes et la rentabilité encore incertaine. Ils sont moins sollicités ensuite, au
fur et à mesure de l’avancement du projet, notamment lors des phases d’industrialisation et de
fabrication. D’une part, les PME innovantes intègrent sans doute, dans leurs souhaits, les conditions
réelles d’éligibilité aux mesures de financements publics. Ces financements sont en général
focalisés sur l’amont des projets innovants. D’autre part, au fur et à mesure que leurs projets
avancent, les firmes se rapprochent d’un fonctionnement normal du marché, où l’incertitude se
réduit.
Un des objectif fondamentaux des financements publics est d’atténuer les obstacles rencontrés lors
du processus innovant, afin d’accroître l’innovation et sa diffusion, le rendement social des
investissements innovants étant supérieur à leur rendement privé.
Les financements publics prennent trois formes. Les pouvoirs publics peuvent tout d’abord passer
des commandes directes auprès de l’industrie, pour les besoins de la défense nationale par exemple.
Ensuite, les PME innovantes bénéficient de crédits incitatifs. Enfin, l’Etat peut accorder des aides
fiscales non ciblées, qui subventionnent la recherche. Ainsi, le crédit impôt-recherche diminue
l’impôt, proportionnellement à l’accroissement des dépenses de recherche et développement.

Conclusion

L’importance représentée par les petites et moyennes entreprises dans l’économie du pays, que
ce soit en termes d’emploi, d’innovation ou de contribution aux exportations, amène à porter une
attention particulière aux conditions dans lesquelles s’opère le financement de leur création et de
leur développement. Les difficultés de financement de l’innovation des PME constitue une
préoccupation majeure et prend une dimension très importante dans la mesure où elles constituent
des obstacles à leur développement ou à leur survie. La spécificité de ces entreprises (taille,
actionnariat, risque…) limite, en effet, leur accès aux différentes sources de financement et les rend
plus dépendantes d’un seul mode de financement qui peut être, parfois, peu fiable et insuffisant
pour couvrir leurs besoins en matière de financement (comme l’autofinancement et le financement
informel).
Le financement bancaire, bien qu’il soit la source principale de financement externe disponible
en Algérie en faveur des PME, reste quant à lui faible en raison du risque de défaut important
associé à ces entreprises et de l’insuffisance des instruments financiers existants. La principale
difficulté que les PME doivent surmonter aux premiers stades de leur développement, est la pénurie
d'actifs négociables pouvant servir de garanties pour obtenir du financement traditionnel. En effet,
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le système bancaire est devenu très exigeant en terme de couverture de risque crédit, ce qui
contraint les PME innovantes.
Les caractéristiques d’accès aux différentes formes de crédit font que les PME innovantes ont
des attitudes différenciées face aux concours bancaires. Les crédits à court terme sont plus
facilement accessibles. Les prêts à moyen et long terme sont rares. Ils exigent, en effet, la
production de documents prévisionnels et des pièces de garanties. De plus, la relative faiblesse des
fonds propres fait que les exigences en matière de structure et de ratio d’endettement sont
difficilement remplies. Les banques n'aimant pas le risque, elles tendent à éviter les nouvelles
entreprises à risque élevé. Par conséquent, bien qu'ils demeurent un important levier financier, les
prêts traditionnels sont souvent trop peu nombreux pour combler les besoins des entrepreneurs aux
premiers stades du développement de leurs entreprises.
Par ailleurs, le financement peut revêtir de nombreuses formes. Pour permettre à ces PME de
croître, de se développer et de faire face à leurs homologues, il est donc nécessaire qu’elles puissent
trouver, aux côtés des formes traditionnelles que constituent l’autofinancement et la dette bancaire,
d’autres sources de financement.
Ainsi, notre réflexion s’est développée autour des perspectives de la diversification des sources de
financement susceptibles de surmonter les difficultés de financement des PME innovantes en
Algérie.
L’ouverture du capital à un nouveau partenariat et la cotation en bourse représentent des
opportunités qui peuvent être envisagées pour ces entreprises. Cependant le marché financier
existant « La bourse d’Alger » n’implique que les entreprises de grandes taille ayant un certain
nombre d’années d’existence et ayant atteint un stade de maturité, les PME se trouvent, de ce fait,
écartées de cette source de financement.
L’expérience de plusieurs pays développés et aussi celle des pays voisins ont amené les
autorités publiques à penser à un cadre règlementaire et fonctionnel pour orienter le marché
financier à accueillir les petites et moyennes entreprises en Algérie. La création de ce marché
ouvrira davantage de possibilités de financement aux PME avec l’amplitude de prendre en charge
également le financement des entreprises à fort potentiel de croissance, exigeant à la fois couverture
du risque et rapidité de réponse à leur besoin.
Les sociétés de capital-investissement peuvent jouer aussi un rôle important dans la
mobilisation de l’épargne pour le renforcement des fonds propres des PME innovantes existantes, et
aussi et surtout, dans le lancement de nouvelles entreprises. Le « capital risque » peut intervenir en
tout début de la vie d'une PME et lui apporte son soutien financier et son expertise au moment de
l'amorçage, de la création ou de la post-création. C’est un intermédiaire financier spécifique car, à
côté d’un apport classique de ressources financières, il associe un suivi " actif " des projets
développés par l’entreprise.
Les enjeux sont d’importance, si l’on tient compte du rôle de ces entreprises dans la dynamique
économique, et des échecs connus en matière d’investissement dans les grands projets de
développement.

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