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Hervé le Poitevin - Essai d'une école chrétienne, 1724

On entend communément par les Ecoles, des lieux où l’on enseigne aux Enfans à lire & à écrire, &c. & par les
Ecoles Chrétiennes on entend ces mêmes lieux, où en leur enseignant ces choses, on les instruit de la Religion
Chrétienne, & on leur apprend à vivre chretiennement. Il n’y a rien que de grand dans tout ce qui regarde les
Ecoles Chrétiennes : ce qu’elles sont en elles-mêmes, les avantages qui s’y rencontrent, le besoin que l’Eglise
& l’Etat en ont, sont des choses si visibles & si connues de tout le monde, qu’il seroit inutile de s’arrêter à
exposer leur excellence, leur utilité, & leur nécessité ...
Les Ecoles Chrétiennes disent quelques-uns, sont comme les Seminaires ou les Pepinieres de l’Eglise & de
l’Etat où les enfans, comme de jeunes plantes, sont élevés pour être comme transplantés dans la suite en
differentes conditions de l’un & de l’autre sexe, & y porter du fruit dans leurs tems ; en effet c’est dans ces lieux
où la vertu est cultivée & les habitudes vitieuses de la nature corrompue sont rectifiées par l’éducation
Chrétienne qu’on y donne.
Les Ecoles sont selon quelques-uns, des Académies Saintes où l’on prépare les enfans à la guerre
spirituelle, qu’ils auront à faire ou à soutenir pendant toute leur vie contre les ennemis de leur salut, & où on leur
enseigne les moiens & on leur donne les armes nécessaires pour sortir toujours victorieux de ces sortes de
combats.
C’est encore dans ces Académies que commencent à se former les bons Ouvriers, les saints Magistrats, les
bons Peres de Famille, les saints Ecclesiastiques, les bons Religieux, &c.
Selon quelques autres, c’est dans ces lieux que la verge de la discipline chasse la folie du cœur des enfans
& délivre leur ame de la mort, & que la correction leur donne la sagesse.
Si nous en croions plusieurs, les Ecoles sont comme les Eglises des enfans, parce qu’ils y adorent Dieu,
qu’ils lui adressent là leurs prieres, qu’ils y chantent ses louanges, & qu’ils y apprennent à l’aimer & à le servir :
on les y instruit à pratiquer la vertu, à fuir le vice, à suivre les maximes Chrétiennes ; on leur y enseigne à prier
Dieu, à se bien confesser, à communier dignement,

Chapitre III.
Etablissement des Ecoles Chrétiennes autorisé par les Rois.

LA puissance temporelle s’est réunie à la spirituelle pour établir solidement une œuvre qui contribue si
avantageusement au bien des personnes qui leur font soumises, En effet l’établissement des Ecoles
Chrétiennes n’est pas moins important à l’Etat et qu’à l’Eglise : car c’est dans ces lieux que se forment ses
sujets. Aussi les Souverains ont-ils emploié dans tous les tems leur autorité à les établir ou à les perfectionner.
Ils ont toujours regardé cet établissement comme le grand moien de rendre leur regne heureux.

Déclarations royales du 13 décembre 1698 et du 14 mai 1724 :

«Voulons, que l’on établisse autant qu’il sera possible des maîtres et des maîtresses dans toutes les
paroisses où il n’y en a point, pour instruire tous les enfants du catéchisme et des prières qui sont
nécessaires et nommément ceux dont les pères et mères ont fait profession de la religion prétendue
réformée... comme aussi pour apprendre à lire et même à écrire à ceux qui pourraient en avoir besoin ; et
que dans tous les lieux où il n’y aura point d’autres fonds, il puisse être imposé sur tous les habitants la
somme qui manquera pour leur subsistance jusqu’à celle de 150 livres par an pour les maîtres, et 100 livres
pour les maîtresses...
Enjoignons à tous les pères et mères, tuteurs et autres personnes qui sont chargées de l’éducation des
enfants, de les envoyer aux dites écoles et au catéchisme jusqu’à l’âge de quartorze ans et nommément les
fils des anciens protestants...»
«...enjoignons aux curés de veiller avec une attention particulière sur l’instruction desdits enfants dans les
paroisses... Exhortons et néanmoins enjoignons aux évêques de s’en informer soigneusement ...»
Le rapport Condorcet

« (...) Ainsi l’instruction doit être universelle, c’est-à-dire s’étendre à tous les citoyens. Elle doit être répartie
avec toute l’égalité que permettent les limites nécessaires de la dépense, la distribution des hommes sur le
territoire, et le temps plus ou moins long que les enfants peuvent y consacrer. Elle doit, dans ses divers
degrés, embrasser le système entier des connaissances humaines et assurer aux hommes, dans tous les
âges de la vie, la facilité de conserver leurs connaissances, ou d’en acquérir des nouvelles.
Enfin, aucun pouvoir public ne doit avoir ni l’autorité, ni même le crédit d’empêcher le développement des
vérités nouvelles, l’enseignement des théories contraires à sa politique particulière ou à ses intérêts
momentanés.
Tels sont les principes qui nous ont guidés dans notre travail. (...)»

Marie Jean Antoine Nicolas CARITAT, marquis de CONDORCET, Rapport et projet de décret sur
l’organisation générale de l’instruction publique, 1792,

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