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Thème n°2 : Inégalités, classes sociales et justice sociale

Trois chapitres :
 Chapitre 4) Inégalités et classes sociales
 Chapitre 5) Mobilité sociale et égalité des chances
 Chapitre 6) Intervention de l’Etat et justice sociale

Chapitre 4) Inégalités et classes sociales


Ce que dit le programme :

DEFINITIONS DES NOTIONS A CONNAITRE POUR CE CHAPITRE

 NPT (notions programme de terminale).


 NPP (notions programme de première).
 NC (notions complémentaires à connaître).

Analyse nominaliste (NC) : la structure sociale est une construction dépendante de l’observateur et non une représentation
de la réalité.

Analyse réaliste (NC) : Les classes sociales existent réellement, elles sont les moteurs de l’histoire, notamment par le conflit
qui les oppose.

Capital économique (au sens de Bourdieu) (NC) : revenu et patrimoine dont dispose un individu ou un ménage.

Capital culturel (NC) : titres scolaires, mais également dispositions corporelles et familiarité vis-à-vis des biens culturels et
plus globalement de la culture légitime.

Capital social au sens de Bourdieu (NC) : réseau de relations socialement utiles.

Capital symbolique (NC) : considération que confère la possession des trois autres formes de capital.

Catégories socioprofessionnelles (NPT) : Ensemble d’individus rassemblés à partir de leur situation socioprofessionnelle
(profession, mais aussi mode de vie) et caractérisé par une certaine homogénéité sociale.

Classes sociales (NPT) :


 Au sens de Marx : groupes sociaux qui existent objectivement dont les membres ont une conscience d’appartenir à
une même classe et s’organisent politiquement pour défendre leurs intérêts communs.
 Au sens de Weber : groupes d'individus qui sont dans une situation économique semblable, partageant les mêmes
chances d’accès à un certain nombre de biens sociaux.

Classe en soi (NC) : Ensemble d’individus occupant une même place dans les rapports de production et partageant un même
mode de vie.
Classe pour soi (NC) : Ensemble d’individus qui ont consciences d’appartenir à une même classe sociale, d’avoir les mêmes
intérêts et qui s’organisent pour les défendre.
Epargne (NC) : part du revenu non consommée.

Genre (NC) : Système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et
représentations qui leur sont associées (masculin/féminin).

Groupes de statut (NPT) : Groupe social dont les membres partagent un même style de vie et un même niveau de
prestige social qui lui est associé, indépendamment de leurs ressources économiques.

Groupe social (NPP) : Groupe d’individus en interaction et qui se définissent eux-mêmes comme membres du groupe.

Habitus (NC) : Ensemble des dispositions, des schèmes de perception et d’action incorporés par l’individu au cours de la
socialisation primaire et qui reflètent les caractéristiques sociales de son environnement d’origine.

Inégalités (NPT) : accès différencié à des ressources socialement valorisées.

Inégalités économiques (NPT) : accès différencié aux ressources économiques (revenus ou patrimoine) à l’intérieur
d’une société.

Inégalités sociales (NPT) : accès différencié aux ressources non économiques (pouvoir, savoir, culture légitime,
logement, santé, etc.)

Lutte des classes (NC) : Antagonisme entre classes sociales à partir d’intérêts contradictoires et pouvant prendre la
forme extrême de la guerre civile.

Moyennisation (NC) : tendance à la réduction des inégalités de niveaux de vie qui se traduit par le développement des
couches moyennes dans la société.

Niveau de vie (NC) : quantité de biens et services à laquelle donne accès un revenu ; le niveau de vie individuel est
mesuré par le revenu disponible par unité de consommation.

Patrimoine (NC) : stock qui se compose des avoirs d’un agent économique (propriétés immobilières, valeurs mobilières
comme les actions et les obligations).

Profit (NPP) : revenu de l’entreprise provenant de l’excédent de ses recettes sur l’ensemble de ses coûts

Rapports sociaux de production (NC) : modalités selon lesquelles les hommes (et les classes sociales) entrent en
relation pour produire, échanger et répartir les richesses.

Revenu (NPP) : flux de ressources issus de l’activité économique que perçoit un agent économique. On distingue les
revenus primaires qui rétribuent la participation à l’activité productive des revenus de transfert qui proviennent des
opérations de redistribution des administrations publiques.

Revenu disponible (NC) : revenu qui reste à la disposition des ménages (pour la consommation et l’épargne) après
redistribution ; revenu disponible = revenus primaires + revenus de transfert – prélèvements obligatoires.

Revenus de transfert (NPP): revenus issus des opérations de redistribution et versés par la Sécurité sociale ou l’Etat aux
ménages (exemples : pensions de retraite, allocations chômage).

Salaire (NPP) : revenu du travail d’une personne liée par contrat de travail à un employeur.

Stratification sociale (NPT) : répartition de la population en groupes sociaux hiérarchisés selon le pouvoir qu’ils
détiennent, la richesse économique qu’ils concentrent et/ou le prestige dont ils bénéficient.

Structure sociale (NPT) : répartition de la population en groupes sociaux différenciés au sein d’une société donnée.

Style de vie (NC) : ensemble d’attitudes et de pratiques caractéristiques d’un groupe social.

Taux de pauvreté (NC) : proportion de personnes qui se situent en-dessous du seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté
est égal à 60% du revenu médian.
Sujets de bac possibles
EC1 :

→ Montrez que les inégalités économiques et sociales peuvent se cumuler.


→ Montrez à partir d'un exemple comment les inégalités économiques peuvent être à l'origine d'inégalités
sociales.
→ Montrez le caractère multiforme des inégalités.
→ Quelles sont les caractéristiques des groupes de statut selon Max Weber ?
→ Pourquoi peut-on dire qu'il existe des inégalités sociales entre générations ?
→ Illustrez par un exemple le caractère cumulatif des inégalités économiques et sociales.
→ En vous appuyant sur un exemple de votre choix, vous montrerez le caractère cumulatif des inégalités
économiques et sociales.
→ Distinguez classes sociales et groupes de statut dans l'approche weberienne.

EC2 :

→ Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités de patrimoine qu'il met en évidence. (%
cumulés du patrimoine)
→ Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités qu'il met en évidence. (courbe de Lorenz)
→ Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l'évolution du patrimoine brut des ménages en
France entre 1998 et 2010. (Taux de variation du patrimoine par dixième de population)
→ Vous présenterez le document puis vous caractériserez l'évolution des inégalités face au chômage qu'il met en
évidence. (évolution du taux de chômage par sexe)
→ Vous présenterez le document puis vous comparerez la situation économique des 18-29 ans aux autres tranches
d'âge. (niveau de vie médian et taux de pauvreté selon l’âge)
→ Vous présenterez le document puis vous caractériserez l'évolution de l'équipement en multimédia des ménages
par catégorie socioprofessionnelle.

EC3 :

→ Vous montrerez que les inégalités peuvent avoir un caractère cumulatif.


→ À l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que les inégalités ont un caractère
multiforme.
→ Vous montrerez que les inégalités ne sont pas seulement économiques.
→ Vous montrerez qu'il existe une multiplicité de critères pour rendre compte de la structure sociale.

Dissertation
→ Comment rendre compte aujourd'hui de la structure sociale en France ?
→ Dans quelle mesure les classes sociales existent-elles aujourd'hui en France ?
Introduction générale du chapitre

L’idéal démocratique, bien analysé par Tocqueville, est marqué par une « passion pour l’égalité ». Il est donc
intéressant de confronter cet idéal avec la réalité inégalitaire de nos sociétés. La démocratie est toujours à
construire et il est important d’avoir conscience de l’écart entre les grands principes qui en sont au fondement
et l’état actuel de nos sociétés.

Dans ce chapitre, il s’agira donc dans un premier temps de dresser l’état des lieux des inégalités actuelles dans
notre pays, aussi bien les inégalités économiques que les inégalités sociales. On montrera également que
certaines de ces inégalités ont tendance à se cumuler et à affecter en priorité certains groupes.

Puis, dans un second temps, nous nous demanderons si l’affirmation de la tendance séculaire à la
moyennisation de la société ne doit pas aujourd’hui être remise en cause. Derrière cette question, en apparaît
une autre : a-t-on assisté au cours du 20ème siècle à une disparition des classes sociales ? Et n’assiste-t-on pas,
ces dernières années, à une évolution des inégalités propice au retour des classes sociales ?
Cela nous permettra de poser la question « Comment rendre compte de la structure sociale aujourd’hui ? »
et de confronter les différentes analyses théoriques à la réalité de nos sociétés.

PARYTIE 1. Une société marquée par les inégalités


Caractère multiforme des inégalités + processus cumulatif + multiplicité critères de différenciation

Précisons tout d’abord que nous parlerons le plus souvent et sauf précision contraire d’inégalités de situation.

Toutes les différences ne sont pas pour autant synonymes d’inégalités. Une différence ne devient une
inégalité que si elle concerne un accès différencié à des ressources socialement valorisées. Les différences ne
deviennent des inégalités que si elles se traduisent en termes d'avantages ou de désavantages sur une
échelle d’appréciation.
La société définit des biens sociaux valorisés et constitue donc les différences en inégalités ; celles-ci sont
donc socialement construites.

1. L’analyse des inégalités économiques et de leur évolution


1.1. La mesure des inégalités de revenus et de patrimoine
Les inégalités de revenus

Une même moyenne peut cacher des situations très diverses quant à la répartition de la grandeur étudiée
autour de la moyenne. C’est pourquoi on est amené à se servir d’autres indicateurs : quantiles, représentation
graphique par la courbe de Lorenz et indice de Gini.

Pour mesurer les inégalités de richesse (salaires, revenus, patrimoines) les statisticiens rangent les individus
par ordre croissant du plus riche au moins riche. Ils décomposent ensuite la totalité de ces individus en 10
groupes de taille égale.

Voir diapos 1, 2 et 3 : présentation des déciles pointés et des dixièmes de population. Préciser qu’il existe
différents quantiles qu’il faut connaître.

Voir diapos 4 et 5 : différents types de revenus


Exercice polycopié n°0
Pour chacun des cas suivants, indiquez par une croix s’il s’agit d’un revenu primaire ou d’un revenu de transfert et s’il
s’agit d’un revenu primaire précisez s’il s’agit d’un salaire, d’un revenu mixte ou d’un revenu du patrimoine.

Revenus primaires
Revenus de
Revenus Revenus du
Salaires transfert
mixtes patrimoine
Oumar reçoit 1 500 par mois en tant que vendeur dans un magasin de x
portables
Sabine touche 1 000 euros de pension de retraite de la caisse nationale x
d’assurance vieillesse
Marc reçoit 600 euros par mois pour un emploi à mi-temps dans une x
usine
Youssef perçoit 26 euros d’honoraire par patient reçu dans son cabinet x
médical
Isabelle reçoit 650 euros par mois de loyer pour l’appartement qu’elle a x
mis en location
Mona reçoit 1 500 euros de traitement par mois en tant que professeur x
de SES stagiaire
François, actuellement en congé maladie reçoit 70 euros par jour x
d’indemnité de la Caisse nationale d’assurance maladie
Lamia a revendu des actions et a fait une plus-value de 2 500 euros x
Nathalie qui a acheté des obligations d’une grande entreprise reçoit x
chaque mois 100 euros d’intérêt
La boulangerie de Sophie a fait 2000 euros de bénéfices le mois dernier x
Ibrahima qui a acheté des actions a reçu cette année 2300 euros de x
dividendes
Carlo vient d’être licencié et perçoit 850 euros d’allocations chômage x

Voir diapos 6 et 7 : notion d’unité de consommation

Exercice polycopié n°1 du TD


Niveaux de vie annuels individuels en 2009 (en euros)
D1 10 410
D2 13 010
D3 15 160
D4 17 050
D5 19 080
D6 21 310
D7 24 100
D8 28 170
D9 35 840
Insee.

1) Faites une phrase donnant la signification précise de D1.

D’après l’insee, en France, en 2009, les 10% des individus ayant les niveaux de vie les plus faibles avaient un
niveau de vie inférieur à 10 410 euros par an.

2) Faites une phrase donnant la signification précise de D9.

D’après l’insee, en France, en 2009, les 10% des individus ayant les niveaux de vie les plus élevés avaient un
niveau de vie supérieur à 35 840 euros par an.

3) Quel décile pointé représente la médiane de cette distribution statistique ? Explicitez pour quelqu’un qui n’y
connaît rien.

D5. Niveau de vie qui sépare la distribution statistique en deux parties de taille égale telles que 50% des
individus ont un niveau supérieur à D5 et 50% des individus ont un niveau de vie inférieur à D5.
4) Calculez le rapport interdéciles D9/D1. Puis, en utilisant vos réponses 1) et 2), faites une phrase donnant la
signification précise du résultat trouvé.

D’après l’insee, en France, en 2009, le niveau de vie minimal des 10% des individus les plus riches était 3,4 fois
supérieur au niveau de vie maximal des 10% des individus les plus pauvres.

OU

D’après l’insee, en France, en 2009, le niveau de vie des 10% des individus les plus riches était AU MOINS 3,4
fois supérieur au niveau de vie des 10% des individus les plus pauvres.

5) Quelles sont les limites de cet indicateur D9/D1 pour donner une image complète des inégalités ?

 Ne nous dit rien sur ce qu’il se passe en-dessous de D1 et au-dessus de D9.


 Ne nous dit rien non plus sur ce qu’il se passe entre D1 et D9. Pour cela, on utilise parfois les rapports
D5/D1 et D9/D5.

Voir diapo 8 : inégalités salariales.

Voir diapos 9 à 11

Remarque : les inégalités de salaire sont moins importantes que les inégalités de niveau de vie. Car les salaires
sont répartis de manière moins inégalitaire que les revenus du patrimoine.

Exercice polycopié n°2 du TD


Niveaux de vie annuels individuels en 2009 (en euros)
Moyennes du décile
D1 7 910
D2 11 790
D3 14 100
D4 16 090
D5 18 050
D6 20 180
D7 22 650
D8 25 990
D9 31 430
D10 53 220
Insee.

1) Expliquez pourquoi il est logique que la donnée pour D1 soit plus faible que le D1 du tableau précédent.

La donnée pour D1 représente ici le niveau de vie moyen des individus se trouvant dans le premier dixième de
population (10% des individus ayant les niveaux de vie les plus faibles).
Or, D1 (décile pointé) représente le niveau de vie MAXIMAL des 10% des individus ayant les niveaux de vie les
plus faibles.

2) Faites une phrase avec la donnée soulignée.

Selon l’insee, en France, en 2009, les 10% des individus ayant les niveaux de vie les plus faibles avaient un
niveau de vie annuel de 7 910 euros en moyenne.
3) Calculez le rapport D10/D1. Puis, faites une phrase permettant de donner la signification du résultat obtenu.

6,71. Le niveau de vie moyen des 10% des individus les plus riches était 6,71 fois supérieur au niveau de vie
moyen des 10% des individus les plus pauvres.

4) Pourquoi le rapport D10/D1 peut-il être considéré comme un meilleur indicateur d’inégalités que le rapport
D9/D1 utilisant les déciles pointés ?

Parce qu’il rend compte de ce qui se passe en-dessous du décile pointé D1 (il utilise la moyenne des niveaux
de vie des individus qui se trouvent en-dessous du décile pointé D1) et au-dessus du décile pointé D9 (il utilise
la moyenne des niveaux de vie des individus qui se trouvent au-dessus du décile pointé D9).

Exercice polycopié n°3 du TD

Moyenne Déciles
du décile pointés
D1 7 910 10 410
D2 11 790 13 010
D3 14 100 15 160
D4 16 090 17 050
D5 18 050 19 080
D6 20 180 21 310
D7 22 650 24 100
D8 25 990 28 170
D9 31 430 35 840
D10 53 220
Insee.

1) Quel est le niveau de vie annuel du plus riche des 10% les plus pauvres ?

10 410

2) Quel est le niveau de vie annuel moyen des 10% les plus pauvres ?

7 910

3) Quel est le niveau de vie annuel du plus pauvre des 10% les plus riches ?

35 840.

4) Quel est le niveau de vie annuel moyen des 10% les plus riches ?

53 220
Exercice polycopié n°4
La dispersion des niveaux de vie mensuels individuels
en France métropolitaine en 2007 (en euros)
% du revenu disponible % cumulé du
total perçu par le décile revenu
D1 3,7 3,7
D2 5,3 9 → point A de la courbe
D3 6,3
D4 7,3 22,6
D5 8,1 30,7
D6 9,3 40
D7 10,3 50,3
D8 11,6 61,9
D9 14,1 76 → point B de la courbe
D10 24,1

1) Complétez les deux cases vides du tableau.

15,3
100

2) Faites une phrase donnant la signification de la donnée soulignée de la deuxième colonne.

Les 10% des individus ayant les niveaux de vie les plus élevés (les plus riches) se partageaient 24,1% du revenu
total.

3) Faites une phrase donnant la signification de la donnée soulignée de la troisième colonne.

Les 50% des individus ayant les niveaux de vie les plus faibles (les plus pauvres) se partageaient 30,7% du
revenu total.

4) Tracez la courbe de Lorenz à partir des données du tableau

Voir diapos 12 à 14

Voir diapo 15

La courbe de Lorenz est une représentation graphique qui permet d’étudier la concentration d’une
distribution statistique.
→ En abscisse la part cumulée des ménages ou des individus classés par ordre croissant de revenus ou
de patrimoine.
→ En ordonnée, on place la part cumulée des revenus ou du patrimoine total.
→ La courbe de Lorenz représente graphiquement la fonction qui, à la part (x) des ménages les moins
riches associe la part (y) de l’ensemble du revenu total ou du patrimoine total qu’ils perçoivent.
→ La répartition égalitaire des revenus ou du patrimoine est représentée par la première bissectrice.
Cette droite est appelée droite d’équirépartition.
→ Plus la courbe est éloignée de la droite d’équirépartition, plus la distribution est inégalitaire.
5) Faites une phrase avec le point A de la courbe de Lorenz.

D’après l’insee, en France, en 2007, les 20% des individus les plus pauvres se partagent 9% du revenu
disponible total.

6) Faites une phrase avec le point B de la courbe de Lorenz.

D’après l’insee, en France, en 2007, les 10% des individus les plus riches se partagent 24% du revenu
disponible total.

Remarque : les données sur les revenus utilisées par l’Insee pour établir les ratios d’inégalité ne reflètent pas
toute la réalité : elles ne portent en effet que sur une partie des ressources des ménages. Les revenus
comptabilisés par l’Insee comprennent les revenus disponibles, une fois retirés les impôts directs et ajoutés
les prestations sociales, mais une grande partie des revenus du patrimoine (dividendes, intérêts, loyers
perçus, etc.) n’est pas prise en compte. Or ces derniers sont très majoritairement reçus par les catégories les
plus aisées. Et ils ont progressé nettement plus rapidement que les revenus salariaux ces dernières années. Si
l’on intégrait ces revenus dans le calcul des revenus, on observerait une remontée des inégalités à partir de la
fin des années 90. Pas une explosion, mais une inversion de tendance.

Exercice polycopié n°5


1) Vrai ou Faux ? En France, en 2002/2008/2003…
NIVEAU VIE 2002 NIVEAU VIE 2008 BISSECTRICE PATRIMOINE … les 90% de la population les moins riches, se
Courbe 100 partageaient 76% du revenu total.  Vrai  Faux
P … les 20% de la population les moins riches, se
de 90
partageaient 10% du revenu total.  Vrai  Faux
LORENZ … les 10% de la population les plus riches, se
80
partageaient 53% du patrimoine total.  Vrai  Faux
70
… les 10% de la population les plus riches, se
partageaient 47% du patrimoine total.  Vrai  Faux
60 2) Situez par une lettre les valeurs suivantes sur les
C courbes de Lorenz :
Part cumulée de
la masse du 50 A W : En 2002, les 30% les moins riches représentaient
revenu total 25% de l’ensemble des revenus (exprimés en niveau de
(niveau de vie) et 40 vie)
du patrimoine
total X : En 2008, les 40% les plus riches représentaient 60%
30
de l’ensemble des revenus (exprimés en niveau de vie)
Y : En 2003, les 10% les moins dotés en patrimoine,
20
détenaient 0% du patrimoine total.
10
3) Faites une phrase pour la courbe du niveau de vie
O D 2008 avec 50% en abscisse.
B Q 4) Faites une phrase pour la courbe du niveau de vie
0
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% 2008 avec 50% en ordonnée.
5) Les inégalités de niveau de vie étaient-elles plus
Part cumulée des ménages
élevées en 2003 ou en 2008 ? Justifiez.

1)
Faux – Vrai–Faux–Vrai

3)
Les 50% des ménages les plus pauvres se partageaient 30% du revenu total.

4)
Les 30% des ménages les plus riches se partageaient 50% du revenu total.
Ou Les 70% des ménages les plus pauvres se partageaient 50% du revenu total.

Voir diapo 17
Les inégalités de patrimoine

Bordas document 4 p.287

3) Que signifient les points A et B ?

D’après l’insee, en France, en 2009, les 20% des ménages les plus pauvres se partagent 10% du revenu
disponible total.
D’après l’insee, en France, en 2009, les 10% des ménages les plus riches se partagent 50% du patrimoine total.

4) Quelle est la courbe de Lorenz qui représente la situation la plus inégalitaire ?

Le patrimoine est réparti de manière beaucoup plus inégalitaire.

Document polycopié n°1 Inégalités de revenus et concentration de la richesse


Les inégalités de revenus jouent un rôle prépondérant pour expliquer la concentration des richesses. Les
ménages forment un patrimoine en épargnant à chaque période une fraction de leurs revenus. Plus les
revenus sont distribués de façon inégalitaire, plus les montants épargnés par les ménages diffèrent, ce qui se
traduit à moyen et long terme par des écarts de richesse de grande ampleur. [ ] Le comportement des
ménages les plus riches s'explique principalement par le désir de transmettre un patrimoine à leurs
descendants. [...] Un facteur de concentration supplémentaire des richesses vient du fait que tous les
ménages ne font pas face au même rendement de leur épargne. [...] Les ménages les plus riches détiennent
une part disproportionnée des actions de l'économie. [...] Sur un horizon de plusieurs décennies, le
rendement des actions a été significativement supérieur à celui des titres sans risques, ce qui a contribué à
l'accroissement des inégalités.
Alexis Direr, « L'évolution récente des inégalités de richesse aux États-Unis », Cahiers français, n° 351,
juillet-août 2009.

1. CONSTATER. Par quels moyens le patrimoine des ménages peut-il s'accroître ?

Patrimoine (NC) : stock qui se compose des avoirs d’un agent économique (propriétés immobilières, valeurs
mobilières comme les actions et les obligations).

Rappeler la distinction stock/flux.

Patrimoine des ménages dépend :


 Du montant de l’épargne qui permet d’accroître le patrimoine détenu (achat de valeurs
mobilières, de biens immobiliers, placements à intérêts).
 De l’héritage ou des donations entre vifs.
2. EXPLIQUER. Expliquez le passage souligné.

Voir diapo 18 : épargne en fonction du revenu

La propension à épargner s’élève avec le revenu. Cela signifie que sur 100 euros de revenus, un ménage
pauvre en épargnera peut-être 10 alors qu’un ménage riche en épargnera 30.
Donc plus l’inégalité de revenus est forte, plus les inégalités de patrimoine vont s’accroître.

3. ILLUSTRER. Quels revenus le patrimoine financier et immobilier peut-il générer ?

Patrimoine financier :
 Intérêts et dividendes.
 Plus-values lors de la revente des titres.

Patrimoine immobilier :
 Loyers
 Plus-value lors de la revente du bien immobilier.

4. EXPLIQUER. Pourquoi les revenus du patrimoine sont-ils inégalitaires ?

Ne pas confondre patrimoine (stock) et revenus du patrimoine (flux).

Deux raisons :
 Les ménages pauvres ont un patrimoine beaucoup plus faible, voire inexistant, donc reçoivent peu de
revenus du patrimoine.
 Les ménages riches ont non seulement un patrimoine élevé, mais en plus il est beaucoup plus
rémunérateur (placements financiers plus rémunérateurs que livret A !)

Ces revenus du patrimoine accroissent encore le patrimoine, donc la richesse appelle la richesse. On dit que
les inégalités économiques sont cumulatives.
Exercice polycopié n°6
Remplissez le schéma avec les mots ou expressions suivants : revenus élevés – épargne – revenus du
patrimoine – origine sociale favorisée (héritage + donations)

Constitution
d’un patrimoine

Origine sociale Revenus élevés


favorisée
(héritage +
donations)
Epargne

Constitution Revenus du
d’un patrimoine patrimoine

Cumulativité entre revenus et patrimoine.


1.2. Une tendance séculaire à la réduction des inégalités économiques
Document polycopié n°2

1) Jusqu’à quelle période observe-t-on une réduction des inégalités de niveaux de vie ?

1980. Depuis cela ne baisse plus, voire cela remonte.

Voir diapo 19 : taux de pauvreté

Document polycopié n°3 Rôle de l’Etat-providence et moyennisation


Le système protecteur français ouvre une ère nouvelle de stabilité et de sécurité pour des millions de travailleurs. La
Sécurité sociale fait disparaître l'incertitude des lendemains.
Par ailleurs, l'État-providence français s'est constitué dans un contexte historique particulier auquel il reste identifié.
II s'est édifié durant la période de forte croissance économique (+ 5 % du PNB/an) de l'après-guerre (1950-1975). Cette
période, outre par une croissance régulière du pouvoir d'achat et l'accès à la société de consommation (voiture,
réfrigérateur, télévision...), se caractérise aussi par une sorte de garantie de l'emploi. Non seulement le chômage
demeure à un niveau très faible (taux de chômage de 1,7 % en 1968), mais la France souffre en permanence d'une
pénurie de main-d’œuvre.
(…)Le thème fort de la période est le « partage des fruits de la croissance ». En 1970, le remplacement du SMIG
(Salaire minimum interprofessionnel garanti) par le SMIC (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) traduit un
changement de perspective. Le SMIG relevait d'une logique de pouvoir d'achat minimal, le SMIC vise explicitement à la
réduction des inégalités de salaire.
Les transferts sociaux représentent une part importante et croissante des ménages français. L'État « social-keynésien »
s'efforce tout à la fois de promouvoir la croissance économique, de surmonter les oppositions sociales et d'assurer la
Sécurité sociale.
François-Xavier Merrien, Cahiers français, n° 314, mai-juin 2003.

1) A quelles conditions la croissance forte des Trente glorieuses a-t-elle pu s’accompagner d’une réduction des
inégalités ?

SMIG : évolution proportionnelle aux prix. Donc simple maintien du pouvoir d’achat du salaire minimum, pas
de rattrapage du salaire moyen, voire aggravation de l’écart puisque le pouvoir d’achat du salaire moyen
progresse lui. Conçu pour assurer un minimum vital aux travailleurs et les protéger contre la pauvreté.

SMIC : La loi stipule qu’ « en aucun cas l’accroissement annuel du pouvoir d’achat du salaire minimum de
croissance ne peut être inférieur à la moitié de l’augmentation du pouvoir d’achat des salaires horaires
moyens enregistrés par le ministère du travail ». Le gouvernement a en outre la possibilité d'accorder des
« coups de pouce », ce qu'il fait en pratique régulièrement.
Conçu pour assurer une réduction des inégalités entre salariés ou au minimum empêcher qu’elles
augmentent.
 Donc le SMIC depuis sa création a eu tendance à se rapprocher du salaire moyen. Partage des gains de
productivité. De 1945 à 1975, le salaire réel net moyen a été multiplié par trois : plus de chemin a été
parcouru en trente ans qu’au cours des 300 ans précédents !
 Politiques de redistribution.
 Plein-emploi.

Le temps de rattrapage du salaire des cadres par celui des ouvriers était de l’ordre d’une trentaine d’années.
Pour un jeune ouvrier, le niveau de vie du cadre était ainsi accessible à l’aune d’une vie et dans les classes
populaires, on attendait pour ses enfants un sort sans conteste meilleur.

Voir diapo 20 : inégalités dynamiques

Idée que malgré les inégalités qui existaient, les progrès étaient à la portée d’une vie. Cela n’est plus le cas
avec le net ralentissement de la progression des salaires observée depuis trente ans.

2) Pourquoi a-t-on parlé d’une consommation de masse ?

La période des 30 glorieuses a permis ce processus, car cette période est caractérisée par ce que l’on a appelé
le « compromis fordiste ». Les gains de productivité engendrés par ce mode de régulation fordiste (division du
travail) ont favorisé une forte hausse des salaires et une baisse substantielle des prix des biens d’équipements
(économie d’échelle), donc une hausse du pouvoir d’achat.

L’accès à de nombreux biens s’est démocratisé. Automobile, biens d’équipement du logement.


Rapprochement des structures de consommation des ménages. Uniformisation des consommations, hausse
des taux d’équipements en électroménagers pour les classes populaires (télévision, réfrigérateur…), accès à
l’automobile, accès aux loisirs (grâce notamment aux congés payés) jusque là réservés aux classes aisées.

L'ensemble des salariés sont intégrés dans une série d'institutions légales ou conventionnelles qui
garantissent la diffusion des effets de la croissance par des hausses de salaires, mais aussi par une extension
et une amélioration du dispositif de protection sociale. C'était ce que certains économistes appellent le
"compromis fordiste". Nul, ou presque, n'est laissé pour compte, même si le partage des fruits de la
croissance demeure inégalitaire.
1.3. Le creusement récent des inégalités économiques
Revoir document polycopié n°2
La baisse des inégalités mesurées par le rapport interdéciles a cessé à partir des années 1990.

Document polycopié n°4 Les différents facteurs de la remontée des inégalités


L’inégalité des revenus primaires augmente [...], en France depuis les années 1980. [...] Plusieurs
phénomènes semblent avoir joué.
Le progrès technique, en modifiant les méthodes de production, peut économiser le travail non qualifié ou
exiger plus de travail qualifié, ce qui accroît les inégalités.
Le développement des échanges internationaux, en créant une concurrence entre les salariés peu qualifiés
des pays développés et ceux (nettement moins bien payés) des pays en développement, contribue
également au phénomène. Pour l'instant, cet effet est limité, car les échanges ne concernent pas le bâtiment,
le commerce ou certains services, dans lesquels se trouvent beaucoup d'emplois à bas salaire.
La demande de biens se déplace, et ce au détriment des secteurs employant beaucoup de main-d’œuvre
non qualifiée. [...] L'infléchissement du partage de la valeur ajoutée au profit des revenus du capital, sous la
pression d'actionnaires plus influents que par le passé, est favorable aux titulaires de hauts revenus, qui
détiennent l'essentiel des valeurs mobilières.
Les réformes fiscales parties des pays anglo-saxons ont nettement réduit les taux les plus élevés de l'impôt
sur le revenu et la fiscalité des revenus du capital, ce qui profite essentiellement aux plus riches. Ces réformes
sont en partie une réponse au risque, réel ou supposé, de fuite des capitaux.
Arnaud Parienty, Alternatives économiques, poche n° 46, novembre 2010.

1. EXPLIQUER. Pourquoi les inégalités de revenus salariaux se sont-elles accrues depuis les années 1980 ?

PT biaisé en faveur du travail qualifié. Nouvelles technologies développeraient des emplois nécessitant
davantage de travail qualifié (le PT serait complémentaire du travail qualifié). Cela se ferait donc au détriment
du travail peu qualifié qui serait en partie détruit par le PT (le PT serait substituable au travail qualifié).
Donc les rémunérations se creuseraient entre le travail qualifié et le travail peu qualifié au détriment de ce
dernier.

La mondialisation mettrait en concurrence les salariés peu qualifiés des pays développés avec les salariés peu
qualifiés des pays en développement qui sont beaucoup moins bien payés. Donc la concurrence internationale
engendrerait une pression à la baisse des salaires des salariés peu qualifiés, d’où l’augmentation des inégalités
salariales.

2. EXPLIQUER. Expliquez la phrase soulignée.

Financiarisation de l’économie. Pression de la part des détenteurs d’action pour que les dividendes
augmentent et que les salaires augmentent peu. Evoquer ici les investisseurs institutionnels qui exigent des
taux de rentabilité de 15% sur les fonds placés. Pression à la baisse des salaires. Pression répercutée
également sur les sous-traitants qui la répercutent eux-mêmes sur leur main d’œuvre.
La part des dividendes dans la VA en France a considérablement augmenté. Or, ce sont les ménages aisés qui
perçoivent ces dividendes, d’où l’accroissement des inégalités.

Voir diapo 21 : évolution dividendes

3. RÉCAPITULER. Récapituler les quatre facteurs ayant favorisé une hausse des inégalités de revenus.

Ajouter contre-réformes fiscales.

Voir diapos 22 à 28
Revoir diapo 20
Document polycopié n°5

1) Faites une phrase donnant la signification de chacune des données entourées.

D’après l’insee, en France, en 2004, les 1% des ménages les plus riches avaient un patrimoine supérieur à
1 270 000 euros.
D’après l’insee, en France, en 2004, les 10% des ménages les plus riches se partageaient 46% du patrimoine
total.
D’après l’insee, en France, en 2010, les 10% des ménages les plus riches se partageaient 48% du patrimoine
total.

2) Quelle est l’évolution récente des inégalités de patrimoine ?

Augmentation : en 2010, les 1% les plus riches se partagent 17% du patrimoine total alors qu’ils ne s’en
partageaient que 13% en 2004.

Voir diapo 29 BIP 40

Nous nous sommes cantonnés pour le moment à l’analyse d’inégalités économiques. Nous allons à présent
ajouter d’autres formes d’inégalités que nous qualifierons d’inégalités sociales (même si cette distinction a
finalement peu de sens).

Par ailleurs, on va à présent raisonner à partir d’inégalités entre groupes sociaux, d’abord caractérisés par leur
appartenance socio-professionnelle. Puis on verra que les critères de différenciation sociale sont aujourd’hui
multiples en abordant les inégalités entre sexes et entre catégories d’âge.
2. Les inégalités entre groupes socioprofessionnels
2.1. La nomenclature des PCS : un outil pour analyser la stratification sociale
Voir power point sur les PCS

Exercice polycopié n°7 s’aider du document 2 p.194 du manuel


Quelles sont les P.C.S. en essor/déclin ? Déclin : 1, 2 et 6 Essor : 3, 4 et 5
Quel est le groupe socioprofessionnel d’actifs le plus important P.C.S. : 5
Depuis : 1990
aujourd’hui, depuis quand ? 30%
Quelle est la part de la P.C.S. « Ouvriers » dans la population active P.C.S. « Ouvriers » en 2011 :
Date décrue :1970
occupée aujourd’hui, à quelle date a-t-elle commencé à décroitre ? 22%
Dans quelles P.C.S. les femmes sont-elles le plus/le moins présentes
Le plus : 5 Le moins : 6
aujourd’hui ?
Dans quelles P.C.S. y a-t-il le plus/le moins d’étrangers ?
Le plus : 6 Le moins : 4 et 3
(données 2010)
Quels sont les groupes réunissant des indépendants
Entièrement : 1 et 2 Qquns : 3 et 4
(entièrement ou qquns) ?
Répartition salariés / indépendants aujourd’hui Salariés :  90% Indépendants :  10%
Dans quelle(s) PCS sont rangés les chômeurs ? Les chômeurs Chômeurs : PCS de leur dernier Chômeurs n’ayant jamais travaillé :
n’ayant jamais travaillé? emploi Avec les inactifs
Selon vous, quelle est la P.C.S. la plus homogène/hétérogène Homogène Hétérogène Homogène Hétérogène
socialement (en termes de revenus et en termes de mode de vie) ? revenus revenus mode de vie mode de vie
Justifiez à l’oral. 6 2 et 3 6 5
Dans quelles P.C.S. trouve-t-on les plus / les moins diplômés ? Les + diplômés : 3 Les – diplômés : 6
Dans quelles P.C.S. trouve-t-on les plus grosses / faibles
Grosses rémunérations : 2 et 3 Faibles rémunérations : 5 et 6
rémunérations ?
Dans quelles P.C.S. trouve-t-on les « patrons » ? 2
Dans quelles P.C.S. trouve-t-on les chefs / subalternes ? Chefs : 2 et 3 Subalternes : 5 et 6
Point communs : peu qualifiés, Différences : type de tâches
Comparez les P.C.S. 5 et 6
exécution effectué
Trouvez un exemple de métier de la P.C.S. « Employés » qui pourrait Ouvrier qualifié surveillance de
Employé chez Macdonald
appartenir à la P.C.S. « Ouvriers » et inversement. machines
Classe moyenne :
Classe populaire :
Donnez un exemple de profession « Employés » ou « Ouvriers » Employé : Employé de bureau
Employé : caissière, vigile
appartenant aux classes moyennes, aux classes populaires. Ouvrier : Ouvriers qualifiés dans un
Ouvrier : ouvriers non qualifiés
secteur de pointe
2.2. Des inégalités économiques entre groupes socioprofessionnels
Voir diapo 30 : inégalités de salaires

Voir diapo 31 pour inégalités dynamiques entre cadres et ouvriers.

Elles se sont nettement accrues à partir des années 80.


Si le temps de rattrapage est de 30 ans (cas des trente glorieuses), un jeune ouvrier (en t0) peut espérer vivre en fin de
carrière (en t1) comme les cadres qu’il observe en t0.
De plus, un ouvrier plus âgé peut espérer une amélioration sensible du salaire pour ses enfants.
Mais dès lors que la croissance ralentit, les inégalités dynamiques s’accroissent. C’est le cas à partir des années 80. Le
rattrapage qui se faisait en une génération se fait maintenant en 10 !

Voir diapo 32 : très hauts revenus

Document polycopié n°6

1) Calculez la progression de la part pré-engagée des dépenses dans le revenu disponible des ménages.

+15 points en 50 ans (principalement liée à la hausse des prix des loyers).

2) Calculez la part des dépenses pré-engagées dans le revenu disponible pour les quintiles Q1 et Q5. Quelle information
peut-on tirer de cette comparaison concernant la consommation des différentes PCS ?

Q1 : 3 300 / 10 080 = 32,7%


Q5 : 10 300 / 50 030 = 20,6%

Les ménages d’ouvriers et d’employés disposent de moins de possibilités de faire des choix quant à leur consommation
car une bonne part de leur revenu disponible est déjà réservé chaque mois à des dépenses telles que le loyer,
l’électricité, le gaz, assurances, frais bancaires, téléphone, abonnement télévision, etc. On peut considérer que c’est une
inégalité de consommation.

Voir diapo 33 : restrictions budgétaires

Voir diapos 34 et 35: fracture numérique

On pourrait ajouter que pour un même produit, on ne consomme pas la même gamme en fonction de son revenu. On
peut penser évidemment aux marques et aux degrés très différents de qualité des différents produits. Par exemple
supermarché discount versus magasins bio.
Une nouvelle domesticité ? André Gorz parlait d’une société de valets.
En 2006, d’après France portrait social, 30% des ménages appartenant au dixième le plus riche utilisent des services à
domicile (+10 points en 10 ans) contre moins de 10% des ménages appartenant aux 70% des ménages les plus pauvres.
2.3. Des inégalités sociales entre groupes socioprofessionnels

Des inégalités face aux vacances

Bordas p.301
 Principale raison pour ne pas partir = raisons financières.

 43% des cadres partent plusieurs fois contre 10% des ouvriers.

 Vacances = véritable marqueur social.

 Ne pas oublier le qualitatif

Bordas document 3 p.302

 Inégalités de patrimoine moyen selon les PCS.


 Pourquoi les agriculteurs et artisans ont-ils un patrimoine élevé ? Ils sont propriétaires de leur exploitation ou
de leur entreprise.
 Les individus exerçant une profession libérale sont ceux qui ont le plus fort patrimoine.
 Pourquoi les inégalités de patrimoine financier peuvent générer des inégalités de revenus ? Revenus du
patrimoine (inégalités cumulatives).
 Remarque : même au sein du patrimoine financier, il y a des placements qui rapportent davantage (actions v/
livret A).
Dans l’univers professionnel
Voir diapo 35

Bordas Document 2 P.292 Transformations du marché du travail


Le développement de la précarité parmi les salariés dans les années 1980 a fait émerger la problématique
des «nouvelles inégalités » : aux inégalités sociales traditionnelles entre le haut et le bas de la hiérarchie
salariale, se superposent de nouveaux clivages liés à l'instabilité dans l'emploi. Dans le même temps, d'autres
formes d'inégalité transcendant les catégories socioprofessionnelles se développent ou du moins deviennent
plus visibles : ainsi en est-il des inégalités entre les générations, selon le genre, selon la nationalité et l'origine
ethnique... [...] Les catégories socioprofessionnelles restent encore opérantes pour distinguer les différents
niveaux de hiérarchie sociale, notamment en termes de revenu et de conditions de vie, mais elles ne
permettent pas d'analyser la double dimension de la précarité professionnelle. Le degré de souffrance au
travail ainsi que le risque de perdre son emploi, qui dépendent en grande partie de l'entreprise, doivent
pourtant être pris en compte comme critères de différenciation sociale parmi les salariés. [...] La précarisation
des salariés ainsi que le chômage de longue durée, qui touche de façon inégale la population active, renvoient
directement à ce que l'on appelle aujourd'hui la « crise de la société salariale » (Robert Castel). Le compromis
de l'après-guerre [...] a été en quelque sorte ébranlé par la « nouvelle question sociale ». Le chômage, mais
aussi l'instabilité des emplois et l'intensification du travail ont remis question les équilibres antérieurs. La
protection sociale est devenue très inégalitaire selon les salariés, et les moins qualifiés sont aujourd'hui aussi
les moins protégés.
Serge PAUGAM, «Quel regard sociologique sur les nouvelles inégalités ? », «Inégalités économiques,
inégalités sociales », Cahiers français, La Documentation française, 2009.

1) Quels nouveaux critères de différenciation entre salariés sont mis en avant dans le texte ?

 Souffrance au travail
 Exposition plus forte à la précarité et au chômage dans les catégories populaires. Cela traduit des
inégalités importantes de statut. Conditions de vie plus stables pour les cadres, rapport à l’avenir
moins incertain. Voir dualisation au sein du monde des salariés.
 niveau de protection sociale qui est lié au statut dans l’emploi (notamment droits à la retraite).

Crise de la société salariale. Le statut d’actif occupé est aujourd’hui moins intégrateur, moins protecteur,
notamment pour les salariés du bas de l’échelle sociale.

Voir diapo 36 et 37

2) A votre avis, quelles PCS sont les plus touchées par ces évolutions ?

Catégories populaires (ouvriers + employés).

Voir aussi ce que l’on a dit sur le document polycopié n°4 :


 PT
 Mondialisation
 Pression actionnariale
A partir des documents polycopiés n°7, 8 et 9 et de ce qui a été vu précédemment dans ce 2.2., montrez que
les inégalités peuvent être appréhendées comme juxtaposition d’inégalités et comme processus
d’interdépendances entre ces inégalités. Votre réponse doit faire environ une page.

Document polycopié n°7


En ce qui concerne l’inégalité face aux risques, l’étude de Dominique Waltisperger, de la DARES (Direction
de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), menée à partir de l’enquête SUMER 2003, est
éloquente. Cette étude met en évidence cinq familles de salariés, selon la nature des risques subis. Les
salariés les plus qualifiés (cadres et professions intermédiaires) ainsi que les employés administratifs (au total
40 % des salariés) bénéficient de conditions de travail relativement clémentes. En revanche, les employés des
services et des commerces, surnommés les obligés du public (21 % des salariés) subissent de plein fouet les
pressions du client (horaires atypiques, tensions avec le public, leurs chefs, leurs collègues, manipulation de
charges lourdes ou longues postures debout). Les ouvriers se répartissent entre deux familles : les
« travailleurs de force » (18 % des salariés) qui cumulent de nombreux efforts physiques (port de charges
lourdes, outils vibrants) et les « contraints » (16 %) asservis à des processus de production très astreignants
(pétrochimie, cimenteries).
La dernière catégorie (5 %) – désignée du nom de « Zola » par Dominique Waltisperger – cumule à peu près
toutes les pénibilités imaginables : horaires atypiques, risques physiques, rythmes de travail contraint,
surveillance permanente de chefs…
Les salariés qui bénéficient des meilleures conditions de travail sont aussi les mieux payés, ceux dont les
emplois sont les plus stables et les carrières les plus prometteuses. Inversement, les « travailleurs de force » –
18 % des salariés, très présents dans le bâtiment et les PME –, « les obligés du public » ou les « Zola » ont le
plus souvent de bas salaires, des emplois précaires et sans perspective.
Que certains emplois soient moins intéressants ou plus pénibles que d’autres, c’est sans doute difficilement
évitable. Mais qu’ils soient aussi beaucoup plus précaires et moins bien payés est caractéristique d’un système
inégalitaire injuste. C’est ce caractère cumulatif qui fait des inégalités et donc des injustices.
Thomas Coutrot, « Les inégalités face aux risques du travail s’aggravent »,
Alternatives économiques Poche, n° 43, mars 2010.

Document polycopié n°8

Document polycopié n°9


 Inégalités de conditions d’emplois : exposition au risque de chômage et précarité plus élevé dans les
milieux populaires. Vision incertaine de l’avenir. Difficultés d’accéder au crédit et au logement. Accès
plus restreint à la protection sociale.
 Inégalités de conditions de travail : catégories populaires plus de probabilité d’être confrontés à des
conditions de travail pénibles (pression du client, travaux de force, pression de la hiérarchie, travail
sous contraintes automatiques).
 Maladies professionnelles plus fréquentes.
 On pourrait ajouter l’inégalité de prestige des différentes professions et de considérations dans le
travail. Ces luttes symboliques constituent de réelles frontières entre groupes sociaux.

On pourrait imaginer des salaires plus élevés (salaires compensatoires) pour les PCS qui subissent ces
inégalités. Mais dans la réalité, ils perçoivent également des salaires plus faibles (idée de cumul des
inégalités).

Face à la santé
Bordas document 4 p.289 Les inégalités sociales face à la mort
À 35 ans, une femme peut espérer vivre en moyenne encore 49 ans et un homme 43 ans, dans les
conditions de mortalité observées en 2000-2008 en France métropolitaine. Différente selon le sexe,
l'espérance de vie l'est aussi selon la catégorie sociale. Ainsi, l'espérance de vie d'une femme cadre de 35 ans
est de 52 ans tandis que celle d'une ouvrière n'est que de 49 ans. L'espérance de vie des ouvrières
d'aujourd'hui correspond à celle des femmes cadres au milieu des années quatre-vingt. De leur côté, les
hommes cadres de 35 ans peuvent espérer vivre encore 47 ans et les hommes ouvriers 41 ans. Par ailleurs, les
cadres, hommes ou femmes, ont également une espérance de vie sans incapacité plus longue que les
ouvriers. Les écarts d'espérance de vie illustrent bien les inégalités sociales face à la mort, mais il s'agit d'une
moyenne qui ne met pas en évidence le risque de mourir précocement par exemple. Pour les hommes comme
pour les femmes, ce risque est plus élevé pour les ouvriers que pour les cadres. Parmi les hommes, un ouvrier
sur deux n'atteindrait pas 80 ans, contre un cadre sur trois.
Les natures mêmes des professions exercées expliquent en partie ces écarts. En effet, les cadres ont moins
d'accidents, de maladies ou d'expositions professionnels que les ouvriers. Par ailleurs, ils appartiennent à un
groupe social dont les modes de vie sont favorables à une bonne santé : les comportements de santé à risque,
les moindres recours et accès aux soins, ou encore l'obésité sont plus fréquents chez les ouvriers que chez les
cadres. Enfin, l'état de santé peut lui-même influer sur l'appartenance à une catégorie sociale : une santé
défaillante peut empêcher la poursuite d'études, le maintien en emploi, ou rendre plus difficiles les
promotions et l'accès aux emplois les plus qualifiés en cours de carrière.
Les écarts d'espérance de vie entre catégories sociales sont stables depuis 25 ans.
Nathalie BLANPAIN, « L'espérance de vie s'accroit, les inégalités sociales face à La mort demeurent», Insee Première, n° 1372,
octobre 2011.

1. Justifier. Pourquoi peut-on parler d'inégalités sociales face à la mort ?

Ecart d’espérance de vie à la naissance entre cadres et ouvriers qui est de 6 ans (3 ans entre les femmes
cadres et ouvrières).
De plus, espérance de vie sans incapacité moins longue.

2. Expliquer. Comment interpréter l'écart d'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre ?

Révèlent des inégalités de conditions de vie entre cadres et ouvriers (lieu de résidence, alimentation, accès
aux soins).
Révèlent aussi des inégalités de conditions de travail.
3. Analyser. Les inégalités de niveau de vie ou de travail suffisent-elles à expliquer ce type d'inégalités
sociales?

Inégalités d’espérance de vie liées également au mode de vie :


 Pratiques alimentaires. Soucis de garder la ligne.
 Tabac et alcool.
 Fait d’être soucieux de sa santé : les ouvriers se considèrent comme plus « dur au mal » et consultent
parfois trop tard.

Face au logement et au lieu de résidence


Voir diapo 39 sur confort du logement

Document polycopié n°10 Lieux de résidence et inégalités


Le lieu de résidence est aujourd'hui plus que jamais un marqueur social. Peut-être même le principal marqueur
pour beaucoup de familles. (…)
C'est peut-être la raison pour laquelle, contrairement à une idée reçue, les personnes les plus démunies de
ressources matérielles sont finalement moins concentrées sur le territoire que les personnes les plus favorisées.
Tandis que celles-ci mobilisent leurs ressources pour s'isoler, celles-là subissent des dynamiques de relégation. Les
ghettos les plus fermés sont des ghettos de riches. La richesse - et notamment celle, immatérielle, que confèrent les
diplômes des grandes écoles - est moins visible à l'œil nu que la pauvreté - et notamment celle qu'impose dans notre
société le fait de ne pas être blanc ou de ne pas avoir la nationalité française. C'est sans doute ce qui explique la
relative transparence sociale des enclaves chics. (…)
La lenteur des évolutions du paysage urbain s'explique paradoxalement par l'implacable propension avec laquelle
chacun, à chacune de ses mobilités, fuit ceux qui se situent immédiatement au-dessous de lui dans l'échelle supposée
des réalisations, et cherchent la proximité rassurante de ceux immédiatement au-dessus. (…)
La qualité de l'environnement social ne se résume pas au calme, à la sécurité ni à la proximité des équipements.
L’enjeu du lieu de résidence va aujourd'hui bien au-delà de ces considérations. (…)
Le fait que pauvres et riches n'habitent pas du tout les mêmes quartiers représente une source d'inégalités
considérables entre les enfants des différents milieux sociaux. Certains grandissent et interagissent au sein de
voisinages où le chômage, la pauvreté et les difficultés d'intégration culturelle sont la norme, d'autres au sein de
voisinages où ces problèmes sont inexistants. Autrement dit, le drame de la ségrégation territoriale, c’est qu’en
conditionnant l’environnement social de chacun, elle pèse aussi de tout son poids sur le destin de chacun. (…)
La conséquence majeure de ces phénomènes est que les enfants de familles pauvres ou exposées aux problèmes
d'intégration sont condamnés à interagir avec un voisinage où l'échec scolaire est la règle, tandis que les enfants de
familles aisées grandissent dans des voisinages où l'échec scolaire n'existe presque pas. L'échec est en effet par
construction beaucoup plus répandu dans les voisinages défavorisés. Les adolescents dont l'un des parents au moins
est diplômé du supérieur vivent en moyenne dans des voisinages où le taux de retard à 15 ans est d'environ 13 %. À
l'opposé les adolescents dont l'un des proches est sans diplôme vivent dans des voisinages où le taux de retard à 15
ans est plus de quatre fois plus élevé (56 %). (…)
À l'entrée dans l'âge adulte, les enfants des diplômés du supérieur résident dans des quartiers où l'immense
majorité des jeunes de leur âge poursuivent des études supérieures, tandis que les enfants des personnes sans
diplôme vivent dans des contextes où la plupart des jeunes de leur âge sont déjà sur le marché du travail.
On conçoit l'importance tout à fait décisive de l'environnement social, notamment au collège, au cours de
l'adolescence, lorsque chacun essaie de trouver ses repères en dehors de la sphère familiale, auprès de ses pairs. (…)
Le voisinage immédiat, l'immeuble où l'on habite, représentent des éléments de socialisation tout à fait centraux,
notamment pour les jeunes des classes populaires et, plus généralement, pour tous ceux qui n'ont guère les moyens de
se donner d'autres terrains de socialisation. L'influence du lieu de résidence ne se limite pas aux interactions extra-
scolaires ayant lieu dans ces abords immédiats. Les enfants sont dans leur majorité scolarisés dans un établissement de
leur quartier et la composition sociale de leur école et de leur classe est quasi mécaniquement à l'image de celle de leur
quartier. Il en résulte des inégalités devant la composition sociale des écoles fréquentées tout aussi considérables que
devant la composition sociale du voisinage de résidence.
Eric Maurin, Le Ghetto français, enquête sur le séparatisme social, Seuil, 2004.
1) Expliquez les deux causes du développement de la ségrégation spatiale.

Les personnes les plus démunies n’ont pas le choix de leur logement. Elles prennent ce qu’elles sont en mesure de
payer : souvent des HLM dans des quartiers dits sensibles. On retrouve donc dans les zones sensibles une forte
homogénéité sociale (contraire de la mixité sociale) : des ménages démunis, souvent immigrés, plus souvent au
chômage et dans la précarité que la moyenne de la population.

Par ailleurs, les ménages plus favorisés (classes moyennes et SURTOUT classes dominantes) cherchent à éviter les
membres des classes populaires et à se rapprocher des quartiers composés principalement de ménages favorisés.
Stratégies d’évitement de toute mixité sociale. Culte de l’entre-soi. Phénomène de gentrification : éviction des ménages
populaires des quartiers autrefois qualifiés de « populaires » par les membres des classes moyennes; ceci en raison de la
hausse considérable des prix de l’immobilier. Voir Paris et proche banlieue.
D’après l’auteur c’est ce second phénomène qui explique principalement le phénomène de ségrégation spatiale.
2) Citez trois éléments permettant de stimuler l’attrait d’un quartier.

Calme, sécurité, proximité des équipements. Mais surtout …

3) Expliquez le lien existant entre ségrégation spatiale et reproduction sociale. Montrez que les inégalités peuvent être
considérées comme cumulatives.

Ménages populaires vivent dans des logements moins spacieux et ont tendance à vivre dans des quartiers où la plupart
des individus sont membres des catégories populaires. Plusieurs effets sur la réussite scolaire.

 Les conditions de travail pour les enfants de milieux populaires sont parfois problématiques (problème du
surpeuplement de certains logements et du manque de calme pour travailler sereinement). Surpeuplement - à
origine sociale égale - augmente d'environ 50% le risque d'échec à l'école.

 Les jeunes de milieux populaires, du fait de la ségrégation spatiale, ont tendance à fréquenter dans leurs
quartiers des jeunes de même milieu social. Absence de mixité sociale ; or toutes les enquêtes montrent que la
mixité sociale joue positivement pour les élèves de milieux populaires que ce soit en termes d’ambition
scolaire (fréquentation d’élèves en réussite et à l’ambition élevée), qu’en termes d’acquisition de certaines
normes et valeurs qui favorisent la réussite scolaire. Au contraire, la ségrégation spatiale (qui est aussi une
ségrégation sociale) conduit les jeunes de milieux populaires à ne fréquenter que des jeunes de leur milieu, ce
qui peut constituer un obstacle à l’acquisition des dispositions nécessaires à la réussite scolaire (certains
groupes de pairs affublent les élèves en réussite (ou qui jouent le jeu de l’école) de vocables tels que
« bouffons » ou « intellos »). Norme de virilité dans les groupes de pairs masculins : un trop grand
investissement scolaire peut être perçu comme une plongée dans l’univers de la féminité.

 Les élèves sont scolarisés en fonction de leur lieu d’habitation. Les élèves de milieux populaires sont donc
scolarisés dans des établissements (parfois en Zep) dont les élèves sont plus souvent en difficulté. Si l’on ajoute
que les familles de catégories favorisées sont expertes dans le détournement des règles de sectorisation et
donc que ces établissements sont souvent privés des meilleurs élèves du quartier, on comprend le rôle néfaste
que la ségrégation spatiale peut jouer sur la réussite scolaire des élèves de milieux populaires.

Ménages démunis  quartiers sensibles  Réussite des enfants plus difficile  Difficulté d’insertion sur le marché du
travail et emploi faiblement qualifié  Reproduction sociale.

Discriminations à l’embauche liées aux quartiers.


Inégalités culturelles
Document polycopié n°11
Lecture au moins une Cinéma au moins une fois Musée au moins une fois Théâtre au moins une fois
en % fois au cours des 12 au cours des 12 derniers au cours des 12 derniers au cours des 12 derniers
derniers mois mois mois mois
Agriculteurs exploitants 31 39 24 8
Artisans, commerçants, chefs
49 50 33 14
d’entreprise
Cadres et professions
83 81 65 43
intellectuelles supérieures
Professions intermédiaires 70 73 48 23
Employés 63 58 30 13
Ouvriers 32 46 17 6
Insee, « enquête permanente sur les conditions de vie », 2006.

Faire remarquer que l’on remarque une hiérarchie identique, quelle que soit la pratique, entre cadres, membres des
professions intermédiaires, employés, ouvriers.

Document polycopié n°12


Sont allés au musée au moins une fois

Ministère de la Culture, Enquête sur les pratiques culturelles, 2009.

1) Comment ont évolué les inégalités de pratiques culturelles entre 1973 et 2008 ?

Plutôt eu tendance à augmenter. La fréquentation des musées a eu plutôt tendance à baisser dans la plupart des
catégories, mais elle a augmenté chez mes cadres.

Bordas document 2 p. 288


1. En 2008, sur 100 agriculteurs, 71 en moyenne ne fréquentent pas les musées, monuments historiques,
théâtres, concerts classiques et spectacles chorégraphiques.
En 2008, sur 100 cadres supérieurs, 14 en moyenne ne fréquentent pas les musées, monuments historiques,
théâtres, concerts classiques et spectacles chorégraphiques.

2. Les inégalités culturelles ont globalement tendance à s’accentuer depuis 1973.

3. Les inégalités économiques n’expliquent pas en premier lieu les inégalités culturelles. Ce sont les habitudes
culturelles, l’éducation. Par exemple, les patrons ont un taux de non-fréquentation similaire à celui des
employés. Et les employés ont un taux de non-fréquentation inférieur à celui des ouvriers alors qu’ils ont le
même revenu.

4. La socialisation familiale est le facteur explicatif fondamental des inégalités culturelles.

Document polycopié n°13 Fonction sociale de la culture dominante


Cette sociologie [celle de Pierre Bourdieu] entend saisir la distribution inégale des œuvres, des compétences
culturelles et des pratiques. C’est une sociologie des inégalités culturelles et des fonctions sociales de la culture
dominante et, en tout premier lieu, celle de la distinction culturelle. Il y a, en effet, un profit de distinction à se
démarquer du « vulgaire » (dans les deux sens du terme : le « commun » et le « grossier »), profit qui s’accompagne d’
« un profit de légitimité, profit par excellence, consistant dans le fait de se sentir justifié d’exister (comme on existe),
d’être comme il faut (être) ». (…)
Le service de légitimation rendu par la culture à tous les dominants culturellement (c'est-à-dire à ceux qui maîtrisent
plus ou moins tout ou partie des formes culturelles historiquement dominantes) est, dans le même temps et
indissociablement, un service moral rendu aux individus qui sont, de près ou de loin, liés à cette culture, et qui se
sentent ainsi justifiés d'exister tels qu'ils existent, c'est-à-dire justifiés d'exister différemment des autres. Si, dans nos
sociétés différenciées et hiérarchisées, exister c'est être, se sentir différent (rare, unique, singulier, élu, etc.), alors la
culture aujourd’hui (comme la religion hier) est un puissant moyen de construire cette différence.
Bernard Lahire, La culture des individus, dissonance culturelle et distinction de soi, La Découverte 2005.

1) Pourquoi Pierre Bourdieu a intitulé son ouvrage sur l’étude de la genèse du jugement de goût « La Distinction » ?

Les membres des classes dominantes ont un habitus qui les conduit à adopter des pratiques peu partagées, donc
distinctives. Leur habitus de classe est marqué par cette recherche inconsciente de la Distinction. Inconsciente car
l’individu qui adopte les pratiques les plus légitimes ne se dit pas : « je vais les adopter pour me distinguer ». Il les
adopte par goût, mais il n’a pas conscience que ce goût est construit socialement.
L’habitus des classes dominantes va les conduire à adopter les goûts et les pratiques considérés comme légitimes, mais
de manière inconsciente. Les biens qu’ils vont posséder et leurs pratiques vont donc les distinguer des pratiques et des
goûts des autres classes. Dans leur habitus est donc inscrite la volonté inconsciente de se démarquer, de se distinguer
des autres groupes pour affirmer la singularité de leur groupe et justifier en retour leur position dominante.

Quand on parle de la « Culture » ou de quelqu’un de « cultivé », on parle en fait de la culture légitime dominante (celle
des dominants).

2) Quels profits psychologiques les dominants tirent-ils de l’inégalité d’accès à la culture légitime ?

Le fait que la culture légitime dominante (donc la plus valorisée) soit celle des dominants conduit ceux-ci à penser qu’ils
sont dans le vrai « comme il faut », que leur existence vaut plus que celle des membres des groupes dominés. Profit
psychologique à adopter des pratiques distinctives, éloignées du « commun ».

A l’inverse, les dominés éprouvent un sentiment d’infériorité. « Je ne vaux pas grand-chose », « Je suis bête », « Je suis
ignorant », « Je suis inculte », « Je n'aime pas la grande musique ». Leurs pratiques sont parfois méprisées. On peut
penser à la figure du « beauf », c’est un « beauf » parce qu’il adopte telle ou telle pratique qui est illégitime aux yeux
des membres de la société, y compris d’une certaine manière par ceux qui les adoptent.

Essayez de retenir l’idée que le fait d’aimer ou de ne pas aimer ces activités ne présage en rien d’une qualité supérieure
de la personne et encore moins d’une qualité naturelle.
3) Montrez à partir de vos deux réponses précédentes que les différences de pratiques culturelles entre groupes
socioprofessionnels ne peuvent être considérées comme de simples différences.

Ces différences apportent des profits de distinction, donc des avantages symboliques (hiérarchie du prestige) ; on peut
donc bien parler d’inégalités et non de simples différences.

Inégalités scolaires
Document polycopié n°14

1) Faites une phrase avec les deux données entourées.

D’après Gaëlle Henri-Panabière, en 2010, en France, 17,6% des élèves dont les parents sont scolairement peu
dotés étaient en réussite.
D’après Gaëlle Henri-Panabière, en 2010, en France, 44% des élèves dont les parents sont scolairement bien
dotés étaient en réussite.

2) Quel constat peut-on faire à partir de ce tableau ?

Lien important entre le niveau de diplôme des parents et la réussite des enfants. Nous développerons cette
question dans le chapitre sur la mobilité sociale.

3) Ce tableau permet-il d’affirmer que tous les enfants fortement dotés en capital culturel sont en réussite ?
que tous les enfants de milieux faiblement dotés en capital culturel sont en échec ?

Non. L’histoire de chaque élève est singulière et nous verrons que certaines familles de milieux populaires,
malgré leur faible capital culturel, parviennent à offrir un contexte de socialisation qui permet la réussite.
A l’inverse, le capital culturel ne se transmet pas automatiquement et ne garantit pas la réussite. Certaines
conditions doivent être réunies.
Document polycopié n°15

1) Quelle est la proportion d’enfants d’ouvriers parmi les enfants entrés en 6ème en 1995 ?

38%

2) Pourquoi peut-on dire que les enfants d’ouvriers sont sous-représentés parmi les inscrits en classes
préparatoires ?

8% parmi les inscrits en classes préparatoires contre 38% en 6ème, ils sont donc bien sous-représentés par
rapport à ce qu’ils devraient représenter si la réussite était indépendante de l’origine sociale.

3) Quelle est la proportion d’enfants d’ouvriers parmi les enfants entrés en 6ème en 1995 ?

16%

4) Pourquoi peut-on dire que les enfants d’ouvriers sont sous-représentés parmi les inscrits en classes
préparatoires ?

54% parmi les inscrits en classes préparatoires contre 16% en 6ème, ils sont donc bien sur-représentés par
rapport à ce qu’ils devraient représenter si la réussite était indépendante de l’origine sociale.

Il y a donc bien inégalité des chances de réussite scolaire liée à l’origine sociale.
3. Des inégalités qui font système et sont cumulatives
Document polycopié n°16 Des inégalités économiques et sociales qui se cumulent
A plusieurs reprises, cependant, nous avons eu l'occasion de relever entre ces différents aspects (des inégalités
entre catégories sociales) des relations étroites et complexes. Ainsi les inégalités de revenu disponible ne
peuvent qu'engendrer des inégalités de patrimoine ; inversement, ces dernières contribuent aux premiè res par
le biais des revenus patrimoniaux. De même, des inégalités de conditions de travail découlent des inégalités face
à la maladie et à la mort ; et les inégalités face au logement contribuent aux inégalités face à la santé et face à
l'école. Ou encore les inégalités de situation dans la division sociale du travail engendrent dans la descendance
des dispositions ou des capacités diverses face à la formation scolaire, qui se traduiront par des résultats
scolaires inégaux, débouchant sur des qualifications professionnelles inégales et des insertions inégales dans la
division sociale du travail, la boucle étant bouclée.
Ces quelques exemples suggèrent que les inégalités forment système. D'une part, elles s'engendrent les unes
les autres ; d'autre part, elles contribuent à former un processus cumulatif, au terme duquel les privilèges se
regroupent à l'un des pôles de l'échelle sociale tandis qu'à l'autre pôle se multiplient les handicaps ; enfin, elles
tendent à se reproduire dans le cours des générations.
Alain Bihr et Roland Pfefferkorn, Déchiffrer les inégalités, Syros, 1999.

1) Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités sociales peuvent engendrer des inégalités économiques.

Inégalités de réussite scolaire  Inégalités de situation dans la division sociale du travail (travail peu qualifié et instable
/ travail qualifié et stable)  Inégalités de revenus …

2) Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités économiques peuvent engendrer des inégalités sociales.

Inégalités économiques  Inégalités de logement  Inégalités de conditions de vie des élèves  Inégalités de réussite
scolaire…

3) Complétez le schéma avec les expressions suivantes : emploi stable et qualifié, revenus élevés, revenus du patrimoine,
épargne, capital culture élevé, niveau de diplôme élevé, santé, logement et lieu de résidence privilégiés.

Origine sociale
favorisée

Constitution
d’un patrimoine
Capital culturel Niveau de Emploi stable et
élevé diplôme élevé qualifié Santé

Logement et
Revenus élevés
lieu de
Origine sociale résidence
favorisée privilégiés
Epargne

Constitution Revenus du
d’un patrimoine patrimoine

4) Expliquez la phrase soulignée.

Le privilège appelle le privilège.


Les handicaps appellent les handicaps.

Inégalités cumulatives : les inégalités subies ne sont pas distribuées au hasard. Les inégalités dans différents domaines
ont tendance à se retrouver chez les mêmes ménages.

De plus, reproduction sociale entre générations.


4. La multiplicité des critères de différenciation
4.1. Les inégalités liées au genre
Document polycopié n°17 Le concept de « genre »
« Le « genre » est le système de division hiérarchique de l’humanité en deux moitiés inégales. » explique
Christine Delphy. C’est à ce titre que pour les féministes matérialistes, le genre peut être pensé comme
synonyme des termes de « patriarcat » ou « d’oppression des femmes ». Il renvoie à un rapport social marqué
par le pouvoir et la domination, et dont il faut repérer les bénéficiaires et les opprimés dans le même
mouvement analytique. (…)
Le genre n’est pas seulement un système d’inégalités entre les sexes : il est aussi un système signifiant, qui
structure fortement les catégories de pensée. La dichotomie féminin-masculin sous-tend en effet toute une
série d’autres dichotomies fondamentales de la pensée, selon des modalités variables en fonction des
sociétés. Dans les sociétés modernes occidentales, les oppositions suivantes sont structurées par la
dichotomie féminin-masculin : faiblesse/force, sensibilité/rationalité, émotion/raison,
altruisme/individualisme, don/calcul, tradition/modernité, concret/abstrait, répétition/innovation… (…)
Une démarche induite par le concept de genre consiste à appréhender les relations sociales entre les sexes
comme un rapport de pouvoir. Les études sur le genre ne disent pas seulement que les deux sexes sont
socialement « différents », elles montrent également que le rapport est hiérarchisé : dans la quasi-totalité des
sociétés connues, la distribution des ressources (économiques, politiques) et des valorisations symboliques
tend à être inégale, avec des modalités et une intensité variables. (…)
Le genre désigne [donc] le système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes (hommes/femmes) et
entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin).
D’après Laure Béréni et al. Introduction aux études sur le genre, 2013.

1) Qui sont les bénéficiaires et les opprimés des rapports de genre ?

Bénéficiaires : hommes. Les hommes tirent des profits symboliques et matériels au fait d’être des hommes.
Opprimées : femmes. Il existe à l’inverse des coûts symboliques et matériels au fait d’être des femmes.

Le genre est un rapport social hiérarchisé. Non seulement la socialisation de genre construit des êtres
humains différents : les hommes et les femmes, mais aussi et surtout deux catégories dont les membres
occupent des places très différentes dans la hiérarchie fondée sur l’appropriation des biens matériels et des
biens symboliques (le prestige, la reconnaissance).

2) D’après le texte, pourquoi faut-il parler DU genre et pas DES genres ? Justifiez votre réponse.

LE genre est le rapport social, le système, le diviseur, qui divise et hiérarchise les sexes. Quand vous voulez désigner les
deux groupes, il est préférable de parler DES sexes et pas des genres.

3) Le genre structure fortement nos catégories de pensée notamment à partir de couples d’opposition
fondés sur l’opposition féminin/masculin. Pour chacun des couples présentés dans le document,
indiquez quelle est la valeur qui induit davantage de reconnaissance sociale dans la société actuelle.
Ces valeurs sont-elles le plus souvent associées au masculin ou au féminin ?

Le genre conduit donc à dévaloriser le féminin et donc par la même occasion les femmes et à valoriser le masculin et
donc les hommes. Valence différentielle des sexes.
Passage cours magistral sur la socialisation de genre après avoir demandé aux élèves ce qu’ils ont retenu de leurs cours de première sur le sujet.
Par socialisation de genre, on entend les processus par lesquels les individus assignés depuis leur naissance à une classe de sexe apprennent à se
comporter, à sentir et à penser selon les formes socialement associées à leur sexe et à « voir » le monde au prisme de la différence des sexes. A
l’instar de la socialisation de classe par exemple, il ne s’agit pas seulement d’un processus de différenciation : il s’agit aussi pour chaque individu
sexué d’apprendre à se situer et à situer les objets et les êtres qui l’entourent au sein d’une hiérarchie sociale et symbolique entre les hommes et
les femmes, entre le masculin et le féminin.
(…)
La socialisation se traduit par un processus très largement pratique et inconscient : toute la force de la socialisation est de transformer des
contraintes sociales en évidences « naturelles » ou en « choix » individuels. La socialisation de genre est moins un apprentissage d’idées qu’un
apprentissage pratique de gestes, de réflexes, de sentiments, de manière d’éprouver le monde et ses divisions. Il passe par des rituels, des jeux,
une certaine expérience de l’espace, plus que par l’application consciente et volontaire de normes explicites. (…) Si la contrainte sociale est
suffisamment bien intériorisée, elle n’est pas ressentie comme telle mais au contraire comme l’expression d’un caractère personnel (une fille qui
« adore » jouer à la poupée, un garçon qui est « passionné » par le foot) ou comme l’expression d’un déterminisme naturel (les filles seraient
naturellement plus « calmes », « douces », « délicates » et « disciplinées » que les garçons). (…)
Le genre s’élabore dans les interactions quotidiennes, il est « fait » et « refait » à chaque fois qu’une personne « sexuée » en rencontre une autre.

Socialisation de genre (ce qui est attendu des personnes des deux sexes est déterminé par l’ordre du genre) → identité de genre (= façon dont les
êtres humains pensent et ressentent leur identité individuelle au regard des deux sexes définis et construits par l’ordre du genre ; identité de
genre peut être totalement conforme au sexe = cisgenre ou transgresser l’ordre du genre lorsque l’identité de genre ne correspond pas
pleinement – voire pas du tout – au sexe) :
→ Généralisation de l’échographie : on connaît le sexe de l’enfant avant la naissance. Choix de la couleur des vêtements, papier peint de la
chambre, couleur des meubles, choix du prénom ; donc dès que l’enfant vient au monde, son univers est sexué. Cette sexuation des
univers enfantins est récente et s’est accentuée (avant enfants habillés de la même couleur, la généralisation du rose pour les filles est
récente, encore en 1943 rose/rouge pour les garçons et blanc/bleu pour les filles car couleur de la vierge).
→ Façon dont l’entourage de l’enfant (notamment les parents) tolère ou pas certains comportements, interprète différemment ces
comportements en fonction de leur sexe. Pleurs davantage tolérés chez les filles, censurés chez les garçons ; c’est l’inverse pour la
colère. Propreté et ordre davantage exigés des filles. Garçons davantage incités à la pratique sportive et plus des sports tournés vers la
performance et la compétition (hexis corporelle masculine avec exigences de force, de violence, de résistance physique). Exemple de la
danse, moyen d’incorporation d’une hexis corporelle féminine, apprentissage du contrôle et de la grâce. Renforcement différentiel : les
parents récompensent et encouragent davantage les comportements « masculins » chez les petits garçons et les comportements
« féminins » chez les petites filles. Opère par sélection a posteriori des conduites conformes plutôt que par injonction explicite ex ante.
Transgression davantage tolérée chez les filles, car peut permettre de se grandir socialement en adoptant les pratiques des dominants
(souvent des hommes).
→ Rôle des groupes de pairs. Notamment exigence de virilité dans les groupes de pairs masculins. Culture du sentiment dans les groupes
de pairs féminins.
→ Les enfants acquièrent par eux-mêmes des connaissances sur les rôles dévolus à chaque sexe à travers leur observation du monde
sexué (imitation des modèles parentaux notamment). Partage des rôles chez leurs parents notamment, pratiques, goûts de l’un et de
l’autre qui respectent eux-mêmes les lois du genre. Opposition des fonctions symboliques : autorité/maternage (au nom du lien
naturalisé avec l’enfant). Enfants capables très jeunes d’identifier les tâches dites « féminines » (ménage, cuisine, soin aux autres) et les
tâches dites « masculines » (lire le journal, descendre les poubelles, bricoler).
→ Ségrégation de genre : existence d’institutions qui séparent, trient et isolent les garçons des filles tout en rassemblant les garçons entre
eux et les filles entre elles. Cour d’école ou pause-café (observations montrent qu’une ségrégation s’opère), activités sportives
(vestiaires des filles et vestiaires des garçons), domaine professionnel (éducatrice de crèche et ouvriers du bâtiment). → Ségrégation
sexuée est un instrument central de la construction de rôles de sexe différenciés (et, en retour, la construction des rôles sexués
(re)produit ces espaces ségrégués). En favorisant, les sociabilités et interactions entre personnes du même sexe, elle contribue à
favoriser le développement, dans les deux classes de sexe, de « cultures » distinctes. Elle contribue par ailleurs à renforcer la croyance
dans la distinction naturelle entre les sexes (exemple des toilettes).
→ Le genre des objets et contenus culturels. « Agents périphériques de socialisation ». Vêtements. Jouets (opposition public/privé, engins
motorisés pour les garçons, « barbie, un jouet de fille…devant les autres garçons » : dans les enquêtes, il n’est pas rare que les garçons
disent aimer ce jouet, jouets de garçons favorisent la manipulation, la mobilité, l’invention et le goût de l’aventure, ceux des filles
davantage l’intérêt porté à soi et aux autres, séduction et maternité). Le genre dans les productions culturelles : albums, livres et
magazines (héros plus souvent masculins, personnages féminins souvent cantonnés à l’univers domestique et aux soins aux enfants,
rôles professionnels souvent uniquement masculins, ségrégation sexuée au-delà du marché du travail réel, le courage reste la valeur
fédératrice de l’identité masculine et seuls les personnages masculins secondaires ont droit aux larmes). Publicité : hommes toujours
plus grands que les femmes, femmes en position d’infériorité (genou fléchi, tête penchée, rêveuse, voire couchées, alors que les
hommes sont debout, forts, tiennent les femmes par l’épaule), deux tiers des personnes de parents sont des femmes. Asymétrie de
genre concernant la beauté des personnages de publicité : les mannequins femmes sont présentes dans tous les territoires et quand on
a un mannequin homme (rasoir, shampoing), ils ont aussi une activité active : plongeurs, entraîneurs sportifs, pilotes… Mangas (shojos
pour les filles / shonen pour les garçons).

Socialisation de genre conduit à une profonde intériorisation des « lois du genre » : cela permet à chaque individu d’inventer son propre rôle,
d’improviser son comportement et ses goûts, mais dans un cadre borné par les lois du genre.
Bordas Document 1 p.294

1. En 2008, dans un couple, les femmes s’occupent seules du repassage dans 80% des couples, de la
préparation des repas dans 71% des couples, etc.

2. L’arrivée d’un enfant renforce l’inégalité sexuelle des tâches domestiques puisqu’il est généralement admis
dans un couple que la femme doit davantage s’en occuper que l’homme. Elle peut même décider de réduire
son activité professionnelle (temps partiel), voire d’arrêter de travailler pour se consacrer à l’éducation de son
enfant. Cela n’est quasiment jamais le cas de l’homme.
A l’arrivée du troisième enfant, le taux d’activité chute à 42,8% pour les femmes et reste à 94,9% pour les hommes !

Explication de ces inégalités domestiques par les rapports de genre et notamment la socialisation de genre.
→ Ce que nous sommes en tant qu’homme et en tant que femme à l’âge adulte est une construction
sociale. Nous intérioriserons nos identités masculine et féminine, nos rôles sociaux, au cours du
processus de socialisation qui est différentielle. Les parents et la société dans son ensemble n’ont pas
les mêmes attentes vis-à-vis des garçons et des filles. Les enfants vont peu à peu se conformer à ce
que la société attend d’eux. On ne naît pas homme ou femme, on le devient (Simone de Beauvoir)

→ On offre par exemple des jeux d’imitation des tâches ménagères et de maternage aux petites filles.
Elles intériorisent donc l’idée que faire ces tâches sera partie intégrante de leur vie à l’âge adulte. Elles
sont préparées à accepter d’y consacrer une partie de leurs temps, alors que l’on n’y prépare pas les
garçons. Cette socialisation différentielle se fait aussi par l’imitation des modèles parentaux. On peut
penser aux contes pour enfants et aux histoires qu’on leur raconte qui comportent de multiples
stéréotypes sexués.

→ Par ailleurs, la socialisation des filles comporte des attentes concernant le soin, le rangement, l’ordre,
la propreté. Elles vont donc intérioriser des exigences de propreté et de rangement supérieures à
celles des hommes. Résultat : dans le couple, les interactions conduisent peu à peu à remettre en
place les inégalités de partage même lorsque les deux conjoints ont au départ un idéal égalitaire.
Lorsque les hommes repoussent le moment de ranger, de nettoyer un appartement, etc., les femmes
qui acceptent plus difficilement de vivre dans le désordre, vont parfois finir par les réaliser pour ne
pas avoir à attendre que leur mari s’en occupe.

→ Enfin pour ce qui concerne les tâches parentales, les stéréotypes laissent penser que la femme est
plus compétente, notamment lorsque les enfants sont en bas âge. C’est le fameux instinct maternel
que personne n’a pourtant démontré scientifiquement. Cette prétendue compétence supérieure des
femmes, si elle existe, relève d’une construction sociale et non d’un instinct. Il n’en demeure pas
moins qu’elle est très présente dans les esprits, ce qui conduit les femmes à passer plus de temps
auprès des enfants que les hommes.

→ Important : comme tous ces comportements relèvent d’une construction sociale, cela signifie qu’ils
peuvent être transformés. Ce qui est construit par la société peut être déconstruit.

3. En 2011, sur 100 femmes de 15 à 64 ans, 59,7 en moyenne ont un emploi.


En 2010, les femmes qui travaillent dans le privé reçoivent un salaire net moyen de 1 777 euros/mois.

4.
Puisque les femmes se consacrent davantage à la sphère privée que les hommes, il leur est plus difficile de
grimper dans la hiérarchie de l’entreprise (plafond de verre). → Ainsi, sur 100 dirigeants d’entreprise, 82,8 en
moyenne sont des femmes.

Les chefs d’entreprise et responsables des ressources humaines ont tendance à considérer qu’elles
s’investissent moins dans leurs tâches professionnelles (critères de présentéisme et nécessaire mobilité
géographique qui les conduit à discriminer les femmes pour l’accès aux promotions). Les hommes
parviennent à négocier cette disponibilité nécessaire à leur carrière avec leurs conjointes, c’est beaucoup
plus difficile pour les femmes de faire l’inverse (une femme qui rentre souvent tard du bureau et s’absente
certains week-ends sera perçue comme une « mauvaise mère »).
Idée que le genre est un principe structurant des organisations : critères du bon salarié, de la compétence
professionnelle, ne sont pas neutres ; il doit être totalement impliqué dans son travail et être totalement
disponible pour l’organisation (modèle de surinvestissement professionnel) : plus facile pour les hommes de
répondre à ce type de critères.
Il s’agit de l’une des explications de l’inégalité salariale de genre : dans le privé, le salaire moyen mensuel net
des hommes est 25 % plus élevé que celui des femmes.

On peut évoquer également les discriminations à l’embauche. Ayant en tête les contraintes sociales
domestiques des femmes, les recruteurs leur proposent davantage des emplois à temps partiel qu’aux
hommes : sur 100 salariées, 30,1 en moyenne sont à temps partiel (contre seulement 6,7 des salariés
hommes).

Enfin, il ne faut pas négliger l’intériorisation de ces inégalités par les femmes, ce qui peut les conduire à
réduire (inconsciemment) leurs ambitions.

Remarque : 27% des plus aisés ont recours à une assistante maternelle contre 7% des plus pauvres. Garde par un
parent inactif dans 33% des cas pour les plus pauvres et 3% pour les plus aisés. Ici l’inégalité de genre est renforcée par
l’inégalité de classe.

Autres explications inégalités professionnelles :


1. Ségrégation sexuée dans l’orientation :
 meilleure résistance au verdict scolaire de la part des garçons.
 Mise en retrait de la part des filles quand la sélection scolaire s’élève (prépas notamment). Autre
 Anticipations des difficultés d’intégration aux emplois liés à l’exercice du pouvoir (ségrégation du
marché du travail).
2. Salariat féminin encore vu parfois comme un salaire d’appoint.
 Temps partiel encouragé par les pouvoirs publics en temps de crise.
 Temps partiel plus souvent imposé (plus fréquent chez les moins de 25 ans et les plus de 59 ans), donc
ne peut être interprété comme conciliation famille/travail.
 Souvent horaires choisis par l’employeur. Surtout femmes jeunes, migrantes, peu diplômées. Source de
sous-emploi et de pauvreté pour les femmes. Temps partiel choisi : plutôt des femmes qualifiées,
souvent dans secteur public.
3. Qualités féminines … non qualifiantes.
 Tâches qui se rapprochent objectivement du travail domestique (crèche, assistante maternelle, aide
ménagère, secrétaire) : les qualifications nécessaires pour occuper ces emplois sont peu reconnues car
on considère car elles perçues – à tort – comme relevant de la nature des femmes (aider les autres…).
 Les métiers du care (tout le travail de soin et de prise en charge) sont peu rémunérés.
 Exemple aussi des hôtesses d’accueil qui mobilisent des compétences émotionnelles et de patience (ne
pas réagir aux dragueurs lourdauds et continuer de leur sourire) : compétences peu reconnues (sourire
et être jolie n’est pas perçu comme un véritable travail, mais comme une qualité naturelle).
4. Idée que certaines promotions s’obtiennent par les contacts noués dans l’entre-soi des organisations (plus
difficile d’accès pour les femmes car blagues sexistes, on parle foot…). Or, comme les hommes occupent
souvent des postes plus haut placés, difficile pour les femmes de bénéficier de ces coups de pouce liés à cet
entre-soi. Donc discriminées lors des promotions.

Conclusion : contraintes familiales ne s’exerce pas dans un vide organisationnel. Les effets du genre sont aussi présents
dans les organisations elles-mêmes. De plus, il y a une valorisation différentielle des métiers « féminins » et des métiers
« masculins ».

Voir diapo 39

Faire ressortir ici la cumulativité de ces inégalités. Inégalités domestiques/inégalités professionnelles/mise


en retrait de la carrière pour certaines femmes car moins rentable que les hommes.

Remarque : il ne s’agit pas de nier que les inégalités hommes/femmes ne se sont pas réduites. Conséquences du
mouvement féministe : le droit a évolué (contraception, avortement, condamnation du viol entre époux, lois sur
l’égalité salariale), la norme égalitaire s’est diffusée notamment dans les classes moyennes (les discours de justification
des inégalités hommes/femmes) ont décliné et les femmes ont massivement investi la sphère professionnelle et des
métiers qui leur étaient autrefois interdits, notamment dans des professions élevées dans la hiérarchie sociale.
4.2. Les inégalités entre classes d’âge
Document polycopié n°18 Le sacrifice des générations ?
« Les nouvelles générations de plus en plus diplômées sont, en même temps, de plus en plus en difficulté
face au marché du logement et aux conditions de stabilité dans le monde du travail. Chaque nouvelle
génération entrant dans le monde du travail fait face à une situation de précarité d'intensité croissante à des
niveaux de diplômes chaque fois plus élevés ! Pourtant, chaque fois, une promesse leur est offerte :
« Aujourd'hui, à 20, 25 ans vous connaissez des difficultés mais dans 10 ou 15 ans vous aurez rattrapé vos
retards de carrière! » Or, mon travail met en évidence le fait que ces promesses de rattrapage n'ont été que
très partiellement respectées au cours de ces 12 dernières années. [...]
L'un des éléments centraux de la consommation post moderne d'accès à la culture, ce sont les départs en
vacances. Dans les années 70, les voyages formaient la jeunesse. Plus vous étiez jeunes, plus les départs
étaient nombreux et lointains avec de longues nuitées hors du domicile. Aujourd'hui, la courbe des départs en
vacances est totalement transformée : les voyages forment la séniorité. Le point haut des départs en vacances
se situe lorsque l'on est propriétaire, que l'on a remboursé ses crédits, que l'on bénéficie d'une situation
salariale ou d'une retraite stabilisée... Les nouvelles générations, pour qui, les stages, les conditions d'emplois,
le remboursement du logement impliquent un certain nombre de soirées nouilles au beurre... devant la
télévision, ont considérablement perdu en termes de journées passées hors du domicile. Lorsqu'ils partent en
vacances, la plupart du temps, c'est dans la résidence secondaire de papa/maman.
« Le clivage des générations : une fracture qui s’amplifie et qui questionne les politiques de la jeunesse », Conférence
de Louis Chauvel, 12 mai 2011.

1. Quels sont les deux idées mises en évidence par Louis Chauvel dans le premier paragraphe?

Les nouvelles générations sont moins bien loties que leurs parents sur le marché du travail, alors
même qu’elles sont plus diplômées.
Le temps de rattrapage augmente.

2. Expliquez la phrase soulignée.

Les inégalités de départ en vacances montrent que ce sont les séniors qui partent plus. Les parents
sont mieux lotis que leurs enfants. Les séniors actuels ont vécu l’essentiel de leurs carrières durant
une période beaucoup plus favorable que la période actuelle.

3. Quels aspects semblent indiquer que les générations nées après 1970 sont moins bien loties que les
précédentes ?

Inégalités sur le marché du travail, inégalités de consommation, inégalités d’accès au logement, les
générations nées après 1970 connaissent une situation dégradée par rapport à leurs parents.
5. Une comparaison internationale des niveaux d’inégalités
L’indice de Gini mesure le degré d’inégalité. Il se calcul à partir de la courbe de Lorenz. Il est compris entre 0
(égalité parfaite) et 1 et n’a pas d’unité (plus il est proche de 1, plus il y a d’inégalités).
Il s’obtient en faisant le calcul suivant : Aire comprise entre la courbe de Lorenz et la diagonale / aire du
triangle composé de la droite d’équirépartition et du coin droite.

Document polycopié n°19

1) Quelle évolution globale des inégalités dans les différents pays depuis la fin des Trente glorieuses laisse
entrevoir ce graphique ?

Montée des inégalités sauf exception.

2) Quels sont les deux pays ayant le niveau d’inégalité le plus élevé ? ceux ayant le niveau d’inégalité le plus
faible ? où se situe la France ?

Etats-Unis + Royaume-Uni. Vive les politiques de Reagan et Thatcher !


Pays nordiques : Danemark et Finlande (elles ont cependant nettement augmenté dans ce pays).
France : niveau moyen d’inégalités.

Document polycopié n°20

Tendance globale à la hausse des


inégalités pour les plus riches.
Aux Etats-Unis, le 1% le mieux payé
aurait capté à lui seul depuis le
premier choc pétrolier, en
augmentation de revenu, plus de la
moitié de la hausse du PIB des Etats-
Unis. Les cent PDG les mieux payés
ont bénéficié d’une multiplication par
plus de 30 de leur rémunération
réelle.
Document polycopié n°21 Evolution comparée du rapport D10/D1 du revenu disponible de quelques pays
Milieu des années 1990 Milieu des années 2000 Fin des années 2000
États-Unis 12,5 15,5 15,1
Royaume-Uni 7,1 8,9 10,1
France 6,1 6,6 6,8
Suède 4,1 4,7 5,8
Italie 11,5 10,7 9,7
Allemagne 6 6,6 7,1
Lecture : à la fin des années 2000, en Suède, les 10% les plus riches disposent d’un revenu disponible en
moyenne 5,8 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres Source : OCDE, 2010
« L’évolution des inégalités de revenus dans les pays riches depuis les années 1980 », www.inegalites.fr, 25 avril 2012.
Partie 2 : La dynamique de la structure sociale
Introduction : distinguer classes sociales, ordres et castes

Communiqué de presse des trentenaires de l’UMP : "Si Vincent Peillon s’offusque du fait que l’enseignement
catholique diffuse des valeurs catholiques, poursuivent-ils, il devrait être d’autant plus choqué par le
sectarisme de certains manuels scolaires et de certains professeurs d’économie au lycée qui ont, pour leur part,
leur ancien testament marxiste, leur évangile par Keynes et par Bourdieu et leur croisade anti-entreprise et
anti-mondialisation". On voit que certains groupes d’intérêt dans la société semblent vouloir que soit
abandonnée toute réflexion sur la structuration de nos sociétés. Vous devez donc saisir la chance que vous
avez en SES de pouvoir réfléchir à ces questions de manière non dogmatique et sans écarter aucune position
en présence dans ce débat.

La société est composée de groupes qui ne sont pas simplement juxtaposés les uns à côté des autres, mais
hiérarchisés, c’est à dire que certains sont « en haut » de l’échelle, d’autres « en bas », certains « au-dessus »,
d’autres « en-dessous ». Cela signifie qu’il existe des inégalités économiques et sociales entre ces différents
groupes et qu’on peut classer ces groupes sur une échelle d’appréciation (stratification sociale). Si on associe
inégalités et stratification sociale, c’est tout simplement parce que l’existence de groupes hiérarchisés se voit
à travers les inégalités qui les caractérisent.

Marx et Engels (Manifeste du parti communiste en 1848) « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été
que l’histoire de luttes de classes ». Depuis, cette notion n’a cessé de diviser et d’opposer sociologues,
économistes, historiens, politistes. Les enjeux ne sont en effet pas seulement théoriques, mais comportent
une dimension politique. Les thèses des uns et des autres sur ce sujet expriment en partie leurs positions
politiques.
L’analyse en terme de classe sociale part du constat suivant : les sociétés contemporaines se présentent
toutes comme un regroupement d’ensembles à la fois segmentés, hiérarchisés et conflictuels. Ces sociétés
présentent des différenciations internes : tous leurs membres ne s’y ressemblent pas, ne présentent pas les
mêmes caractéristiques sociales, ne possèdent pas les mêmes attributs sociaux. Plus encore, il se forme à
l’intérieur de cette société des groupements d’individus partageant des manières de vivre, de faire, de penser
qui leur sont communes et qui les différencient d’autres groupements du même genre. (Alain Bihr, Les
rapports sociaux de classe).

Comment représenter la structure sociale ?


= Dans quelle mesure la stratification correspond bien à quelque chose dans la réalité sociale ? Dans quelle
mesure les modèles de classe sont adaptés à l’observation ? Dans quelle mesure la position dans le système
productif est toujours un bon analyseur des divisions économiques et sociales de la société française ?

Au cours de ce chapitre, on se demandera en quoi les différentes analyses de la stratification sociale sont
encore pertinentes pour analyser la différenciation sociale dans nos sociétés. Les classes sociales existent-elles
encore aujourd’hui ? Les ouvriers forment-ils encore une classe sociale ? Et la bourgeoisie ? Le processus de
moyennisation a-t-il rendu obsolète toute analyse en termes de classes sociales ?
Document polycopié n°22 Castes, ordres, classes
Les castes sont des groupes sociaux strictement délimités et strictement hiérarchisés selon un ordre de
dignité, de prestige ou de «pureté» reconnu et accepté par tous. Chaque individu naît dans une caste dont il
ne peut sortir, au sein de laquelle il devra se marier, et chacun sait à quelle caste il appartient. Le système de
castes repose sur des fondements religieux, par exemple en Inde sur le fait que certaines fonctions sont
sacrées, et d'autres impures. La caste définit le métier et les droits particuliers qui ne sont pas les mêmes
selon les différentes castes ; la caste définit aussi le degré de pouvoir auquel on peut prétendre.
Les trois états de l'Ancien Régime avaient des droits différents. Des fonctions étaient réservées à un état et
d'autres lui étaient interdites ; par exemple, un noble dérogeait s'il pratiquait certaines activités économiques.
De même, le clergé disposait de certains privilèges en matière d'impôts par exemple et avait aussi certains
droits. Il y avait définition de droit d'un groupe social avec ses privilèges, son autorité et aussi ses limites.
Enfin, le tiers état, comme son nom l'indique, c'était le reste, et chacun qui n'était ni noble, ni prêtre, était du
tiers. Ce qui caractérisait les états, c'était leur définition juridique : ils avaient une existence de droit.
Par opposition, on parle de classes lorsque la division de la société en groupes n'a pas d'existence légale. S'il
est écrit dans la Constitution que tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit, il n’y a donc plus de
différence entre ce qui est permis à un noble et à un bourgeois. Il n’y a plus que des différences de fait, liées
aux capacités individuelles. A quoi on répond qu’il y a quand même des groupes inégaux puisque le fils
d’ouvrier, dès sa naissance, a déjà un destin fort différent du destin d’un fils de bourgeois.
Henri Mendras, Eléments de sociologie, Armand Colin, Paris, 2003.

1) Quels sont les traits communs au système de castes et au système d’ordres ?

Castes et ordres ont en commun d’être des groupes fermés : on y naît, on y meurt (statut assigné à vie), on se
marie dans sa caste ou dans son « état ». Autres similitudes : l’appartenance de caste ou d’ordre commande des
fonctions définies et des droits différents (privilèges ou obligations) ; castes et ordres ont une existence officielle
(réglementation religieuse ou définition juridique).
Néanmoins, le système des ordres – du moins au 18ème siècle – est plus souple que le système des castes. En
particulier, des (riches) roturiers peuvent accéder à la noblesse par la grâce du roi, en occupant telle ou telle
charge royale.

2) Quel est le sens de la phrase soulignée ?


1
Les classes n’ont pas d’existence légale dans la mesure où elles n’ont aucune base juridique et officielle. Elles sont
des groupements de fait et non de droit.
Ce n’est plus un statut juridique garanti par l’Etat ou la religion qui délimite l’appartenance à un groupe social
mais désormais l’activité économique exercée
Les inégalités de classes concernent des individus tenus pour fondamentalement égaux dans l’horizon des
révolutions démocratiques ; il est possible de changer de classe, alors qu’il n’était pas possible de changer de caste.
Ensuite, les rapports de classes dérivent moins des principes théologico-politiques que du capitalisme et de
l’opposition des patrons et des salariés.

3) « Tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit. » Cette formule signifie-t-elle que toute inégalité a
disparu suite à la révolution française ?

La Révolution française (cf. la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) et les constitutions post-
révolutionnaires proclament l’égalité civile et politique des individus quelle que soit leur condition économique et
sociale : égalité en droit, égalité devant la justice, droits de vote et d’éligibilité pour tous les citoyens (ces derniers
droits ne seront effectifs qu’en 1848 pour les hommes, en 1944 pour les femmes).

La Révolution française nous a donné l’égalité civile et politique, mais elle ne nous a pas donné l’égalité
économique et sociale. Avec l’avènement des sociétés démocratiques, l’égalité est inscrite dans le droit. On
aboutit donc à des sociétés égalitaires en droit. Cependant, nous avons vu que des inégalités de fait persistent ;
ces sociétés demeurent hiérarchisées.
Il n’y a plus d’aristocratie et de tiers-état, mais certains auteurs vont parler de bourgeoisie, de classe ouvrière,
d’autres de classes dominantes, de classes moyennes et de classes populaires.
4) Remplissez le tableau suivant avec les termes ou expressions suivants :
Différenciation religieuse – de droit - de fait – très forte – parfaite – forte - Inde traditionnelle – Ancien Régime - Profession, niveau d’instruction,
pouvoir, prestige – différenciation juridique – Sociétés modernes

Formes de Source de Groupement de Hérédité des


Société concernée
stratification différenciation droit/de fait positions
Castes
Ordres
Classes sociales

Formes de Source de Groupement de Hérédité des


Société concernée
stratification différenciation droit/de fait positions
Religion (pur et
Castes De droit Parfaite Inde traditionnelle
impur)
Régime
monarchique
Ordres De droit Très forte Ancien Régime
(différenciation
juridique)
Profession, niveau
Classes sociales d’instruction, De fait Forte/moyenne/faible Sociétés modernes
pouvoir, prestige

Castes/ordres/classes :
→ Ordre = division politico-juridique ; hiérarchies = naissance + droit.
→ Classes : pas consacrées par le droit, hiérarchisation économique dans sociétés fondées sur l’égalité
civile et politique. Classe est une construction intellectuelle  ordre : directement observable.
→ Caste : reproduction sociale héréditaire stricte, groupes sociaux hermétiques entre eux dont certains
se caractérisent par la répulsion qu’ils produisent.  ordres : pas parfaitement étanches et ne se
reproduisent pas forcément selon un principe héréditaire.
1. Les analyses fondatrices de la stratification sociale et leurs
prolongements contemporains
1.1. L’analyse de Marx : les classes sociales sont tout !
 Eléments biographiques :
Karl MARX (1818 – 1883)
Philosophe, économiste, sociologue allemand dont l’œuvre a marqué l’histoire de la pensée économique par
l’analyse critique qu’il fait du capitalisme.

 Contextualisation
Marx (1818-1883) écrit dans un contexte particulier : il observe les mutations de l'organisation de la production
notamment en Angleterre. Il est frappé par une contradiction entre l'organisation industrielle gage d'efficacité
donc de progrès et la grande misère de la classe ouvrière.

Son analyse du capitalisme l’amène à une critique radicale de ce système et à un engagement dans le combat
politique contre le capitalisme.

Travail à partir des documents 2, 3 et 4 p.185


1) Relevez tous les passages qui vous posent problème, tout ce que vous semblez avoir mal compris.
2) Remplissez ensuite le tableau suivant :
Vision de l’histoire et de la société

Origine de la division sociale


Rapports sociaux
de production caractéristiques du capitalisme
Signification de « classe en soi » et exemples

Signification de « classe pour soi » été exemples

Qu’est-ce qu’une classe sociale « réelle » ?

Comment adviennent les « classes réelles » ?

Document 2 p.184 Bordas


Les paysans parcellaires forment une masse énorme, dont tous les membres vivent dans la même situation, mais
sans être liés par de nombreux rapports. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu d'établir
entre eux un commerce réciproque. Cet isolement est encore augmenté par le mauvais état des moyens de
communication et la pauvreté des paysans. [...] Chaque famille de paysans se suffit à peu près à elle seule, produit
directement la plus grande partie de sa consommation et gagne ainsi ses moyens d'existence par un échange avec
la nature plutôt que par un commerce avec la société. La parcelle, le paysan et sa famille; à côté, une autre
parcelle, un autre paysan et une autre famille. Une certaine quantité de familles constituent un village, et une
certaine quantité de villages forment un département. La grande masse de la nation française est ainsi constituée
par une simple addition de grandeurs de même nom, à peu près comme un sac de pommes de terre est formé de
pommes de terre. Par le fait de vivre dans des conditions économiques d'existence qui distinguent leur mode
d'existence, leur intérêt et leur culture de ceux des autres classes, et les posent réciproquement en ennemies, des
millions de familles constituent une classe; et par le fait de n'être unis que par un lien purement local, par le fait
que l'identité de leurs intérêts ne crée pas de communauté, ni d'union nationale, ni d'organisation politique, les
paysans parcellaires ne constituent pas de classe.
Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte (1852), Le livre de poche, 2007.
Marx distingue la classe en soi, définie par sa place dans le processus de production, de la classe pour soi, qui a
conscience d'elle-même, à savoir des aspirations et des oppositions communes aux membres qui la composent.
Document 3 p.185 Bordas
Une vision conflictuelle de l'histoire sociale et politique (la «lutte des classes») et l'accent mis sur les
relations entre protagonistes (les «rapports de classes») sont la base de l'analyse [de Marx]. Plus qu'à une
sociologie des groupes sociaux, on a affaire à une théorie de la division sociale.
L’origine de la division sociale se situe dans la sphère de production, plus précisément dans les «rapports
sociaux de production ». Marx désigne par cette expression les modalités selon lesquelles les hommes entrent
en relation pour produire, échanger et répartir les richesses : possession ou non-possession des moyens de
production et d'échange, organisation du travail et relations d'autorité qui lui correspondent (le « procès de
travail »), répartition entre profits et salaires, etc.
Sur la base de ces rapports de production se constituent les deux groupes fondamentaux de la société
capitaliste. Les travailleurs salariés et les propriétaires/entrepreneurs du capital.
Une « situation commune » rapproche les individus qui la partagent, des «intérêts communs » les
rassemblent contre leur(s) adversaire (s). Le passage de la classe virtuelle à la classe réelle est subordonné à
deux critères extra-économiques : l'existence ou la formation d'un lien social, l'auto-organisation politique du
groupe.
Serge BOSC, Stratification et classes sociales, Armand Colin, coll. Cursus, 7e édition, 2011.

Document 4 p.185 Bordas


Pour qu'il y ait classe sociale [selon Marx], il ne faut pas seulement qu'un grand nombre d'hommes vivent
de manière approximativement semblable, exerçant un travail comparable, il faut encore qu'ils soient en
relations permanentes les uns avec les autres, constituent une unité en découvrant tout à la fois leur
communauté et leur opposition à d'autres groupes. Il y a classe non pas simplement lorsqu'il y a des traits
communs à des millions d'individus, mais quand tous ces êtres individuels prennent conscience de leur unité
en s'opposant à d'autres millions d'individus, eux aussi groupés […]. La classe sociale n'exigerait pas seulement
la communauté de fait dans les façons de vivre, elle exigerait d'eux surtout une prise de conscience de leur
communauté, qui n'est pas concevable sans conscience d'un antagonisme. D'où résulte un point essentiel de
la théorie de Marx : la classe sociale n'existerait réellement que dans la mesure où elle aurait conscience
d'elle-même, mais il ne peut pas y avoir conscience de classe sans reconnaissance de la lutte de classes. Une
classe n'a conscience d'elle-même que si elle découvre qu'elle a une lutte à mener contre d'autres classes.
Raymond ARON, La lutte des classes (1972), Gallimard, 2001.
Société structurée en classes sociales antagonistes. Vision conflictuelle de l’histoire
sociale et politique. Les classes sociales s’affrontent. L’histoire c’est l’histoire des luttes
de classes.
Chez Marx, parler de classes sociales n’a de sens qu’au pluriel : les classes n’existent que
les unes par rapport aux autres dans un rapport fondamentalement conflictuel qui
Vision de prend ses racines dans le système de production. En produisant leurs moyens
l’histoire et de la d’existence, les hommes entrent dans des rapports d’exploitation et de domination.
société Donc ces rapports sont nécessairement conflictuels : les uns essayent d’assoir leur
domination et l’exploitation, les autres – les opprimés – essayent de s’en libérer.

 Maîtres et esclaves dans l’esclavagisme


 Seigneurs et paysans dans le féodalisme
 Capitalistes contre prolétaires dans le capitalisme
Rapports sociaux de production. La sphère productive ne met pas simplement en
rapport du travail et des machines, mais elle fait aussi entrer en relations des individus
(les capitalistes et les ouvriers) et des classes sociales (la bourgeoisie et le prolétariat).
Chaque classe se définit par sa place dans les rapports de production (conditions
Origine de la
d’existence similaires : insertion dans la division du travail, nature et montant de leurs
division sociale
revenus, niveau de formation, etc).
Cette place commune dans les rapports de production conduit à une communauté
d’intérêt (les ouvriers sont tous dans la même situation, ils ont donc intérêt à lutter
collectivement pour améliorer leur situation).
Rapports de production capitaliste : division entre propriétaires des moyens de
production et prolétaires. Le salariat est donc caractéristique des rapports de
production capitalistes.
La place dans les rapports de production fait qu’il existe dans la société capitaliste deux
classes en lutte : la bourgeoisie (classe des capitalistes) et le prolétariat (classe ouvrière).
La bourgeoisie et le prolétariat ont donc des intérêts strictement contradictoires. Le
prolétariat (ou classe ouvrière) a pour objectif d’augmenter la rémunération du travail et
la bourgeoisie a pour objectif de maximiser ses profits.
Rapports sociaux
L’objet du conflit est donc la répartition de la production matérielle, mais aussi du
de production
pouvoir dans la société.
caractéristiques
du capitalisme Dans le mode de production capitaliste, « il y a séparation radicale du producteur
immédiat (c’est-à-dire du travailleur) d’avec les moyens de production ». Pour survivre,
les ouvriers doivent donc vendre leur force de travail auprès des propriétaires des
moyens de production (les capitalistes).
Dans le même temps sont affirmées la logique du marché et la liberté de la force de
travail. L’exploitation prend une forme voilée dans le rapport social capitaliste : liberté
formelle du travailleur, invisibilité du travail impayé (différence entre la valeur du
travail fourni et le salaire octroyé).
Voir topo théorie de l’exploitation
Regroupe des individus occupant une même place dans les rapports de production qui
débouche sur une même situation, un même mode de vie, une même culture. Partage
une même situation au travail.
Des intérêts communs les rassemblent donc contre leur(s) adversaire(s).
Signification de
« classe en soi » Objectivement, les paysans dont parlait Marx partageaient des conditions de vie, de
Exemples travail et de logement assez proches, ce qui en fait une « classe en soi », ils ont donc des
intérêts communs. Ils ont une place similaire dans le processus de production ; ce sont
des petits propriétaires (ils disposent d’une petite parcelle de terre). Ils vivent des
conditions d’existence similaires. Cela va déterminer leurs intérêts, leur mode de vie,
leur culture.
« Il n’y a pas de classe sans conscience de classe. » La classe sociale, à commencer par la
classe ouvrière qui devient « la classe par excellence », a conscience de son identité
sociale et culturelle, conscience d’un « Nous » qui l’oppose aux autres. Elle a aussi la
conscience de ses intérêts.
Par exemple, les ouvriers ont conscience d’être exploités et que leur intérêt est de faire
chuter le capitalisme. Ils s’organisent politiquement pour faire évoluer positivement leur
position dans les hiérarchies économique, du pouvoir, du prestige.
Signification de
En revanche, la proximité objective des paysans parcellaires ne débouche pas sur des
« classe pour
relations entre eux. Chacun vit isolé des autres paysans, ils ne forment pas une
soi »
communauté réelle, ils n’ont aucune organisation politique. Apparaît ici, par la négative,
Exemples
le critère du lien social sur lequel d’ailleurs Marx ne s’arrête pas. Ils ne forment pas non
plus une classe [pour soi] car ils n’ont « aucune liaison nationale », « aucune
organisation politique ». […]
Il peut aussi y avoir des obstacles idéologiques, symboliques, au passage de la clase en
soi à la classe pour soi. Par exemple, possession par les grands industriels des médias
dominants posent la question du contrôle idéologique de l’opinion (cf défense du
néolibéralisme) qui pourrait freiner la construction d’une conscience de classe.

Qu’est-ce qu’une
classe sociale A la fois une classe en soi et une classe pour soi.
« réelle »

Par la lutte des classes. C’est dans la lutte que les acteurs prennent conscience de leur
Comment
appartenance à une même classe.
adviennent les
Les défaites comme les victoires cimentent le groupe, lui donnent conscience de lui-
« classes réelles »
même, l’instituent en agent historique.

Voir diapo 40

Conscience de classe
Classe en soi et identité collective Classe pour soi Lutte des classes
Organisation politique

Place dans les rapports


de production

Remarque : à long terme, le développement progressif des rapports capitalistes voue ces groupes au déclin
inéluctable. Telle est la « loi de bipolarisation » selon laquelle la structure sociale s’achemine vers une forme
simple dans laquelle ne subsisteraient pratiquement que des représentants du capital et la masse du salariat.
Théorie de l’exploitation

Comment est mesurée la valeur pour Marx ?

Pour Marx, la valeur d’échange d’une marchandise (son prix) est égale aux heures de travail qui ont servi à la
produire.
Exemple : si une chaise nécessite 10 heures de travail et qu’une table nécessite 20 heures, combien vaut une table ?
 (deux chaises).

La quantité de travail nécessaire à la production d’une marchandise comprend :


- la quantité de travail nécessaire à produire les matières premières ;
- la quantité de travail nécessaire à produire les machines utilisées (le capital) ;
- la quantité d’heures de travail effectuée par les ouvriers.

Comment est créée cette valeur ? Pourquoi Marx parle d’exploitation des ouvriers ?

Pour Marx, la valeur d’une marchandise ne provient que du travail car les machines et les matières premières ont été
produites à partir du travail.

Pour Marx, la force de travail (à la fois les capacités physiques et intellectuelles que l’homme engage lorsqu’il
produit) d’un homme est une marchandise comme les autres. C’est cette « puissance de travail » que le capitaliste
achète sur le marché.
La valeur de la force de travail est donc égale à la quantité d’heures de travail nécessaire à sa production. Puisque
produire la force de travail, c’est, pour le travailleur, consommer les biens indispensables à son existence, il s’ensuit
immédiatement que la valeur de la force de travail est égale au temps de travail nécessaire à la production des
marchandises qui assurent sa reproduction, c’est-à-dire aux moyens de subsistance (nourriture, vêtements, logement)
nécessaires à un ouvrier pour être à nouveau en état de travailler chaque jour. Le travail est une dépense d’énergie
intellectuelle et physique et cette énergie doit être reconstituée. La valeur de la force de travail est donc la valeur des
biens qui permettent cette reconstitution. De plus, ce sont les générations des travailleurs qui doivent être reproduites,
ce qui implique la prise en compte des dépenses d’éducation par exemple.

L’invalidation en disant que les ouvriers actuels gagnent plus que ce qui est juste nécessaire pour reproduire leur force
de travail n’est pas convaincante. En effet, Marx prévoyait que les conditions de vie dans une société allaient évoluer
avec celle-ci et que donc le niveau de vie des ouvriers allait aussi s’accroître ; mais pour lui ils continueraient d’être
rémunérés en dessous de ce qu’ils rapportent à l’entreprise. L’expression « moyens de subsistance » est une notion
relative au contexte de chaque société.

Mais le capitaliste, en achetant la force de travail, a acquis le droit de se servir de cette force, de la faire travailler
pendant toute la journée ou toute la semaine ; en achetant la force de travail de l’ouvrier, il a acquis le droit de
l’utiliser comme bon lui semble. En effet, la force de travail est une marchandise comme les autres ; or, lorsque vous
avez acheté une marchandise, vous avez acquis le droit de l’utiliser autant que vous le voulez.

Donc le capitaliste rémunérera le salarié avec un salaire représentant par exemple 6 heures de travail journalier alors
que celui-ci aura produit pendant 10 heures par jour. Il y a donc un sur-travail qui n’est pas rémunéré, il est volé au
salarié.
Pendant ces 4 heures non payées, le salarié crée de la valeur qui est approprié par le capitaliste. C’est ce que Marx
appelle la plus-value. Le capitaliste a alors volé 4 heures de travail par jour à l’ouvrier ; c’est en ce sens que Marx parle
d’exploitation. Les prolétaires produisent plus de valeur que ce qu’ils reçoivent comme salaire. En fait, les capitalistes
s’approprient la valeur créée par les ouvriers (d’où le terme d’exploitation).

La force de travail est la seule marchandise qui a cette propriété de créer plus de valeur qu’elle n’en coûte.
C’est parce que le capitaliste a acheté cette force de travail, qu’il peut s’approprier la valeur créée par elle. De plus, le
capitaliste possède la matière première et les moyens de production, et l’ouvrier transmet de la valeur à un objet qui
appartient au capitaliste.
Pour Marx, seul le travail crée de la valeur, le capital ne crée pas de valeur. En effet, le capital ne s’est constitué qu’à
partir d’une appropriation antérieure de plus-value par les capitalistes, à partir d’une partie du produit de la classe
laborieuse qui lui a été volée au cours de périodes antérieures.

Pourquoi les prolétaires acceptent de continuer à travailler dans ces conditions ?

Parce qu’ils n’ont que leur travail pour vivre (ils ne possèdent pas les moyens de production) et ne possèdent pas
non plus les moyens de subsistance. A la fin de sa journée de travail, l’ouvrier se trouve tout autant démuni qu’au
début, il est contraint de recommencer l’échange de sa force de travail contre les moyens de subsistance indispensables
à lui-même et à sa famille.
De plus, les ouvriers se font concurrence et si une partie d’entre eux accepte l’exploitation, les autres sont contraints
de l’accepter sous peine de mourir de faim. D’où l’importance pour les capitalistes de disposer d’une armée de
chômeurs, que Marx appelle l’armée de réserve, prêts à remplacer les ouvriers récalcitrants. Enfin, une autre raison de
l’acceptation de l’exploitation : l’illusion propre au capitalisme et à l’utilisation de la monnaie pour payer les salaires de
croire que c’est le temps de travail qui est payé alors que c’est le droit d’utiliser la force de travail.
Cette situation permet aux propriétaires des moyens de production d’accumuler du capital, c’est-à-dire d’acquérir de
nouveaux moyens de production (accumulation du capital).

Voilà pourquoi la fin de l’exploitation nécessite la fin du rapport de production capitaliste, (caractérisé par le fait
que les moyens de production sont possédés par les capitalistes qui peuvent donc exploiter les ouvriers) donc la fin du
capitalisme. Les rapports sociaux de production capitalistes sont donc fondamentalement des rapports de domination
d’une classe par une autre.
Marx théorise une grande crise du capitalisme (baisse tendancielle du taux de profit et crise de surproduction) et
une Révolution qui permettra aux prolétaires de s’approprier collectivement les moyens de production. Voir schéma du
document 4 p.185.
Pour Marx, l’histoire, c’est l’histoire de la lutte des classes.
1.2. L’analyse wébérienne : les classes sociales sont quelque chose !

Weber (1864-1920) : sociologue allemand.

Les classes sociales existent bien, mais toute la différenciation sociale ne peut se réduire à celles-ci.

Document polycopié n°23 L’analyse de la stratification sociale de Max Weber


Dans cette perspective, les processus de segmentation, de hiérarchisation et d'opposition conflictuelle qui
structurent les sociétés contemporaines donnent naissance à différents groupements macrosociologiques,
dont les classes sociales ne constituent qu'une forme ou type particuliers parmi d'autres possibles, différents
d'eux. Autrement dit, les classes sociales existent bien, mais toute la segmentation, la hiérarchisation et la
conflictualité de la société ne se condensent pas en elles. Les classes sociales ne sont pas tout, tout au plus
quelque chose. (…) Selon [Weber], les classes sociales ne seraient qu'un principe parmi d'autres de
segmentation et de hiérarchisation de la totalité sociale. Weber opère trois distinctions.
Les classes qui n'existent, selon lui, que dans l'ordre économique. Ce sont des ensembles d'individus qui
partagent une même situation économique (une même situation sur le marché, une même probabilité de
pouvoir s'approprier ou non des biens économiques d'un certain type, par le biais d'échanges marchands) et,
par conséquent, des intérêts économiques communs. Ces classes ne sont, selon Weber, ni nécessairement
des communautés (des groupes dont les membres sont liés par la conscience de leur commune appartenance
et de leur commune possession d'un certain nombre de biens matériels ou symboliques), ni, par conséquent,
nécessairement des acteurs collectifs, capables de peser sur la dynamique sociale globale. Le fait de partager
un commun intérêt économique ne conduit pas nécessairement les membres d'une même classe à agir de
pair, de manière concertée et organisée.
Les groupes de statut qui existent dans l'ordre social. Weber soutient l'idée que toute société se définit
aussi par la manière dont se distribuent en son sein l'honneur et le déshonneur. De ce fait apparaissent selon
lui des groupements d'individus qui partagent une même évaluation positive ou négative de leur dignité. Ce
sont donc des groupements d'individus partageant un même honneur, un même prestige lié, selon le cas, à la
naissance (exemple : une origine aristocratique), à la profession (exemple : les vedettes du spectacle ou du
sport), au niveau d'instruction (exemple : la possession du titre de docteur) ou, au contraire, un même
déshonneur, une même indignité, une même stigmatisation (exemple : les hors-la-loi, les drogués, les
infirmes).
Enfin les partis politiques qui existent dans l'ordre politique comme rivaux dans la course au pouvoir, dans
l'occupation de l'appareil d'Etat (à ses différents niveaux) et l'exercice du pouvoir d'Etat. Ce sont des
groupements d’individus qui partagent une même conception du monde et défendent les mêmes
propositions politiques, les mêmes orientations gouvernementales, et qui se coalisent de manière à s'assurer
les conditions de leur mise en œuvre dans et par l'appareil d'Etat. Groupements qui, tant par leur organisation
hiérarchique interne (leurs appareils, leurs permanents) que par leur liaison étroite avec l'appareil d'Etat,
acquièrent une certaine autonomie à l'égard des groupes sociaux (classes ou groupes de statut) qu'ils
représentent.
Selon Weber, classes, groupes de statut et partis politiques ne coïncident pas nécessairement au sein des
sociétés contemporaines, sans être pour autant imperméables les uns aux autres. En fait, ces trois types de
groupement relèvent de trois échelles différentes de valorisation, de trois hiérarchisations qui se recoupent
sans pour autant nécessairement se superposer: l'une dans l'ordre de la richesse, l'autre dans l'ordre du
prestige, la troisième dans l'ordre du pouvoir. Si la réponse précédente [celle de Marx] présupposait la
réunion en un même groupement (la classe sociale) des trois caractéristiques de la communauté d'intérêt
économique, de la communauté de style de vie et de la communauté de valeurs et d'actions politiques, la
thèse wébérienne au contraire affirme que ces trois caractéristiques relèvent de trois modes et types de
groupement différents.
Alain Bihr, Les rapports sociaux de classe, Editions empreinte, 2012.
1) Les classes sociales de Weber sont-elles les classes sociales de Marx ?

Définition des classes :


→ Place dans les rapports de production pour Marx et conscience de classe.
→ La tradition wébérienne suppose que les classes sociales sont des groupes d'individus [qui sont dans
une situation économique semblable], partageant une même dynamique. Max Weber parle de
Lebenschancen ou « chance de vie », sans qu'ils en soient forcément conscients, « chances d’accéder à
certain nombre de biens sociaux » dans une certain situation économique : cela inclut la possession ou
la non possession des moyens de production, mais aussi le niveau de vie, de consommation.
Réalisme/nominalisme
→ Selon la conception « réaliste » de Marx, les classes sociales sont des groupes sociaux qui existent
objectivement à partir des rapports de production et d’échange. Les individus appartiennent alors à
une classe selon leur place dans le processus de production.
→ Dans la conception nominaliste de Weber, les classes sociales sont des collections d’individus, des
outils de classement à l’intérieur de la société observée, mais ne représentent pas nécessairement des
communautés (avec des traits culturels et des styles de vie particulier). Les individus qui composent
ces classes sociales n’ont pas nécessairement conscience d’appartenir à un même groupe et ne
s’organisent pas nécessairement pour défendre leurs intérêts. La mobilisation d’une classe sociale est
envisageable, mais elle n’en constitue pas un élément fondateur.

2) Quelle est la différence fondamentale entre l’approche de la stratification sociale de Weber et celle de Marx ?

→ L’analyse de Marx est unidimensionnelle : la stratification se structure autour de la sphère économique.


→ Weber ne nie pas que la sphère économique soit un élément de la stratification sociale (classes sociales),
mais il a une vision tri-dimensionnelle de cette stratification qui se structure aussi autour du prestige
(groupes de statuts) et du pouvoir (partis politiques). L’approche de Weber ne se réduit pas aux classes
sociales, qui ne constituent pour lui que l’un des éléments de la stratification sociale.

Ces trois dimensions étaient réunies dans la classe sociale chez Marx alors que ces trois ordres de hiérarchies
peuvent se recouper chez Weber (l’ordre politique est ainsi fréquemment lié aux deux autres ordres, les membres
de l’élite économique sont souvent au sommet de l’échelle politique et statutaire), mais ne se recouvrent pas
nécessairement. On peut se trouver tout en haut dans une échelle et plus bas dans une autre. Trois sphères
d’activité sociale conduisant à l’établissement, chacune, d’une hiérarchie spécifique. Chaque ordre a une certaine
autonomie par rapport aux deux autres.

3) A partir document 3 p. 187 du manuel, expliquez comment se caractérise un style de vie chez Weber.

Un groupe de statut est un groupe social dont les membres partagent un même style de vie et un même niveau de
prestige social qui lui est associé, indépendamment de leurs ressources économiques.
Le « style de vie », ou « mode de vie », peut se voir dans le quartier habité ou la fréquence et le mode des relations
sociales. Par exemple, la consommation, et plus particulièrement les consommations ostentatoires sont une façon
de se distinguer. Chaque style de vie jouit d’un certain prestige et les individus qui partagent ce style de vie
forment un groupe de statut.

Condition = (prestige) = privilège négatif ou positif de considération sociale revendiqué de façon efficace. Fondée
sur :
1. Mode de vie.
2. Type d’instruction formelle et possession des formes de vie correspondantes.
3. Prestige de la naissance ou de la profession.
Le partage d’une même condition peut déboucher sur l’appartenance à un ordre (« stand ») entendu comme
un groupe statutaire : pluralité d’individus qui se caractérisent par une considération particulière et
éventuellement un monopole particulier à leur condition. L’appartenance à un ordre débouche sur un même
style de vie.
4) Complétez le schéma suivant avec les mots ou expressions suivants : politique, économique, social, prestige,
pouvoir, richesse, partis politiques, groupes de statut, classes sociales.

Ordre économique Ordre Social Ordre politique


Classes sociales Groupes de statut Partis politiques

+ + +
Hiérarchie Hiérarchie Hiérarchie
selon la selon le selon le
richesse prestige pouvoir
- -
-

5) Remplissez le tableau ci-dessous permettant de comparer les analyses de la stratification sociale de Marx et
Weber.
Points communs Différences
→ Domination de certains groupes qui se situent → Pas nécessairement de conscience de classe
en haut de la hiérarchie sociale. Chez Weber, chez Weber pour définir une classe sociale.
les groupes statutaires mettent en œuvre une
distinction qui participe à un processus global → Réalisme / nominalisme
de domination, y compris économique.
→ MARX Situation économique = unique critère
→ Une définition proche des critères objectifs de différenciation sociale.
permettant de parler de classes sociales. → WEBER Situation économique : un critère de
différenciation sociale parmi d’autres.
1.3. Un prolongement contemporain des analyses de Marx et Weber : l’espace
social représenté par Pierre Bourdieu
Bourdieu (1930-2002)
Bourdieu a développé une sociologie critique destinée à mettre au jour les mécanismes de domination à
l’œuvre au sein de nos sociétés, ces mécanismes fonctionnant d’autant mieux qu’ils restent cachés.
Le rôle des intellectuels, et en particulier de la sociologie, est selon Bourdieu de mettre en évidence ces
mécanismes cachés, de débusquer les discours faussement scientifiques (critique du rôle des sondages et de
l’usage d’un certain économisme).
Comme toute science, la sociologie doit dévoiler, mettre au regard de tous ce qui est caché. Il ne faut voir
aucun fatalisme lorsque la sociologie nous permet de découvrir des mécanismes extrêmement puissants qui
permettent à la domination de se reproduire. Il y a bien fallu découvrir la loi de la gravité pour arriver à la
maîtriser et faire voler des avions. Il est donc nécessaire de connaître les mécanismes qui font la pesanteur du
social pour se libérer quelque peu du déterminisme.
On a souvent reproché à Bourdieu de donner une image « surdéterminée » de l’homme qui conduirait à
une sorte de fatalisme rendant illusoire toute forme d’action politique. Bourdieu a au contraire montré que
loin de conduire à un « pessimisme désenchanteur », la connaissance sociologique crée les conditions d’une
transformation de la société. Il faut progresser dans la connaissance de la nécessité pour progresser dans la
liberté possible.
C’est une chance d’étudier Bourdieu, c’est difficile, mais cela en vaut la peine !

1.3.1. L’importance déterminante du capital culturel

Vidéo « La sociologie est un sport de combat ».


6’20→18’18
Reproduction sociale
Monde social pas de mouvement perpétuel ≠ mutations. Au contraire, stabilité, inertie. Stats pour établir ces constantes
qui rendent la science possible et aussi de les expliquer.
Inégalités.
Facteurs de permanence : transmission du capital économique.
Aujourd’hui : capital culturel.
Langue française, la « bonne » langue française.
Tout ce qui s’acquiert dans les familles cultivées.
Capital car ressource rare inégalement distribuée, donc donne des profits de rareté.
Enfants de milieux favorisés donnent à la maîtresse ce qu’elle veut.
Pré savoir pas nécessairement scolaire.
Bonne volonté à l’égard du système scolaire. Explique différence de réussite entre filles et garçons. Socialisation. Donne
au système scolaire ce qu’il demande. Donc récompense, donc incitation à continuer les efforts.
Capital culturel : la reproduction des inégalités se fait de plus en plus à travers la transmission du capital culturel.

1) Qu’est-ce qui rapproche le travail de Pierre Bourdieu de la théorie de Marx ?

Marx a souligné l’importance des données économiques et sociales (place dans la production, rapport à la propriété des
moyens de production, part dans la richesse issue de la production) pour comprendre l’organisation de la société et le
positionnement des individus à l’intérieur des groupes sociaux structurant cette société. Bourdieu ne nie pas
l’importance de ce qu’il appelle le capital économique (patrimoine et revenu).
On peut ajouter la mise en évidence de rapports d’exploitation (rapports de domination chez Bourdieu) d’une partie de
la population par une autre.

2) Qu’est-ce qui distingue l’analyse de Bourdieu de celle de Marx et le rapprocherait de la théorie de Weber ?

Bourdieu se rapproche de Weber car il considère comme lui que la stratification sociale ne s’organise pas uniquement
autour de la distribution du capital économique. La stratification est pluridimensionnelle (hiérarchie économique, mais
aussi hiérarchie du savoir).
On verra également que l’on retrouve chez Bourdieu le concept de légitimité et que sa vision des classes est plutôt
nominaliste.
3) Expliquez aujourd’hui quel est le facteur déterminant de la reproduction sociale d’après Pierre Bourdieu.

Pour Marx, c’est essentiellement dans l’ordre économique et dans l’appropriation des richesses produites
par une classe particulière qu’il faut rechercher la domination.
Bourdieu revient sur l’économisme de l’analyse marxiste qui ramène tout au rapport de production et avec
l’objectivisme qui oublie les luttes symboliques.

A l’époque de Marx, le capital économique était prépondérant. La société s’étant complexifiée, il faut définir
de nouveaux concepts permettant de rendre compte des mécanismes qui conduisent à la reproduction des
inégalités. Importance du diplôme dans les sociétés contemporaines, donc de la forme de capital qui permet
le mieux de rendre compte de ces inégalités, à savoir le capital culturel.

Bourdieu a ajouté le capital culturel dont la possession est un élément essentiel de différenciation entre les
individus et les groupes sociaux dans les sociétés contemporaines. Capital car ressource rare inégalement
distribuée, donc donne des profits de rareté, notamment l’accès à des positions économiques privilégiés,
mais aussi du prestige et éventuellement du pouvoir.

Capital social : relations, connaissances de différents milieux (exemple typique des parents qui trouvent un
emploi ou un logement à leurs enfants grâce à leurs relations, le fameux piston). Réseau de relations utiles.

Capital symbolique : réputation et prestige personnel. Confère une légitimité à la possession des autres
formes de capitaux, notamment le capital économique.
1.3.2. Analyse de l’espace social, pratiques culturelles et habitus

A priori, s’intéresser aux goûts des individus en matière de cinéma ou de musique semble un peu farfelu pour
qui veut étudier la hiérarchie sociale et la domination. Et pourtant…

Bourdieu s’attaque dans La Distinction non seulement aux logiques de différenciation sociale dans les
pratiques culturelles, aux mécanismes sociaux de construction du jugement, mais aussi à l’usage social de
ce jugement.
Fonction sociale de la culture légitime dominante dans une société hiérarchisée. Les dominants ne peuvent se
maintenir par la force dans une société démocratique, ils doivent légitimer leur position, en obtenant
l’acceptation par les dominés de la hiérarchie sociale telle qu’elle est. Les systèmes de goût et les pratiques
culturelles participent fondamentalement à la reproduction des rapports de domination

Document 2 p. 188 Bordas

1. L’axe vertical, ensemble des ressources des agents, va du plus au moins ; sous ce rapport, les catégories
sociales sont classées selon une échelle décroissante du volume de ces ressources. L’espace social mis en
évidence ici est donc une représentation de la hiérarchie sociale. Les groupes qui se situent en haut du
graphique occupent les positions dominantes. Les distances spatiales sur le papier sont aussi des distances
sociales !

Remarque : La vision qu’a Bourdieu des classes sociales est plutôt nominaliste. Les membres de profession
proches dans l’espace social ont des choses en commun, ce qui l’amène à distinguer trois classes : la classe
dominante, les classes moyennes, les classes populaires. Mais c’est le chercheur qui a construit ces trois
catégories, elles n’existent pas nécessairement dans la réalité comme acteur collectif ayant une conscience de
classe. Leurs membres ont des intérêts communs, mais pour que ces classes existent réellement, il faut les
construire politiquement.
2.
→ Il existe une corrélation entre la place occupée dans la hiérarchie sociale et le style de vie. Les goûts et
les attitudes sont caractéristiques d’une position sociale.

Le capital global (axe vertical) permet d’observer des pratiques différentes mais, à capital économique
identique, on constate aussi des différences en fonction du capital culturel.
L’axe horizontal représente la structure des ressources (poids relatif du capital économique et du capital
culturel) ; il met en évidence des différences de composition des ressources ; dans ce cas, excluant le
classement croissant ou décroissant selon une échelle. Donc différenciation interne au sein des classes
sociales.
Deux principes de différenciation à l’œuvre : capital économique et capital culturel : les agents ont d’autant
plus en commun qu’ils sont proches dans ces deux dimensions et d’autant moins qu’ils sont plus éloignés.
Deux groupes éloignés sur le papier ont peu de choses en commun.

Il y a de plus d’après Bourdieu une cohérence dans les pratiques culturelles des individus dans les différents
domaines (musique, cinéma, lecture, visite ou pas de musées, intérêt ou pas pour les spectacles sportifs,
programmes télévisuels choisis…).
Tel individu aimera la chanteuse Jennifer, les films avec Christian Clavier, lit peu et surtout des romans
policiers… Apparemment ces différentes pratiques n’ont pas de lien. Mais le sociologue met en évidence le
lien qui unit ces pratiques et ce lien c’est l’habitus qui résulte de l’histoire sociale de l’individu et de sa
position dans l’espace social. A chaque situation (choisir un artiste, un film, lire ou pas…), l’habitus va produire
des réponses et ces réponses auront une cohérence.
Tel autre individu aimera lui le jazz, les films de Woody Allen, lira beaucoup et surtout des ouvrages de
sociologie.

→ L’habitus permet d’expliquer le lien entre position dans l’espace social et pratiques culturelles.
La sociologie de Pierre Bourdieu s’est bâtie contre l’idéologie du don de nature ou du goût naturel. Face à
ceux qui pensaient (et pensent parfois encore) que la sensibilité culturelle ou esthétique est une chose innée
ou en tout cas inéducable, la théorie de la légitimité culturelle s’est attachée à montrer qu’il existe une
correspondance statistique entre la hiérarchie des arts (ou des genres) et la hiérarchie sociale/scolaire des
consommateurs ou des publics.
Bourdieu s’attaque aux idées communes : « les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ! » ou « tous les
goûts sont dans la nature » ; et bien si cela se discute ! et non ils ne sont pas du tout dans la nature !
Il s’intéresse aux mécanismes sociaux de construction du jugement.

Habitus : ensemble des dispositions, des schèmes de perception et d’action incorporés au cours de la
socialisation primaire et qui reflètent les caractéristiques sociales de son environnement d’origine

Voilà ce qu’en disait Bourdieu dans un entretien : « Les jugements de goût sont à la fois quelque chose de
très superficiel et de très profond à travers lesquels les gens révèlent ce que j’appelle un habitus. C’est un
grand mot pour dire quelque chose que je crois très complexe, c’est-à-dire une espèce de petite machine
génératrice qui engendre des foules de réponses à des foules de situations – des réponses qui
apparemment n’ont aucun lien entre elles et qui, du point de vue du sociologue, en ont un, parce que le
sociologue reconstruit cette petite machine à partir de laquelle les gens se prononcent. Ce qui fait que la
sociologie enseigne que, dans ces jugements naïfs, imprudents, ils livrent beaucoup d’eux-mêmes. »
L’identité sociale du sujet de goût tient au moins autant à l’adhésion positive aux préférences de son milieu,
pour laquelle il est en quelque sorte programmé par ses dispositions, qu’au dégoût exprimé pour les
préférences attribuées aux autres groupes sociaux.
A travers nos goûts, nos attitudes et nos pratiques culturelles (ces décisions qui paraissent anodines), c’est
toute notre histoire sociale et notre place dans la structure sociale qui s’exprime.
L’habitus offre plutôt des tendances, un espace de réponses possibles à une situation, au regard de notre
position dans l’espace social.
L’habitus offre une certaine marge de liberté mais dans un espace borné, un individu ouvrier issu d’un milieu
ouvrier qui a fait des études courtes et vit en couple avec une ouvrière pourra aimer au cinéma aller voir des
films comiques, d’actions, des films d’horreur… (il a donc une marge importante de liberté)… Par contre, il a
très peu de chances d’aller voir un film d’auteur asiatique.

→ Habitus de classe.

Il existe autant d’habitus individuels que d’individus car il est exclu que tous les membres de la même classe
(ou même deux d’entre eux) aient fait les mêmes expériences et dans le même ordre. Donc habitus
individuels. Mais des individus proches dans l’espace social auront de fortes chances d’avoir un habitus
proche. Ainsi Pierre Bourdieu affirme que l’on peut repérer des classes d’habitus individuels (des habitus
individuels très proches les uns des autres) à tel point que l’on peut parler d’habitus de classe.
Habitus de la classe dominante : aisance face à la culture dominante et volonté de distinction par adoption
des pratiques les plus légitimes. Les pratiques culturelles des classes à fort capital culturel s’affirment comme
indépendantes de toute fonction. Il ne s’agit plus de se divertir ou de se reposer mais de se cultiver : acquérir
des connaissances pour le seul plaisir de les acquérir.
Habitus des classes moyennes : bonne volonté culturelle (cherchent à adopter les pratiques dominantes mais
ne disposent pas des codes culturels pour y parvenir avec autant d’aisance que les dominants).
Habitus de classe des classes populaires : goût du nécessaire. Les pratiques culturelles dans les classes les plus
démunies de capital scolaire se définissent donc essentiellement par leur fonction de divertissement et de
repos par rapport à la contrainte du travail. On observe aussi une prééminence de la fonction sur la forme. Un
meuble sera préféré à un autre pour sa robustesse, un appartement pour son côté pratique, de même qu’un
vêtement. Ce qui est transmis par la famille représente plus que des connaissances : des dispositions envers la
connaissance. Dans les classes populaires, ces dispositions envers la connaissance révèlent un sentiment
d’indignité (ce n’est pas pour nous, ce n’est pas accessible), d’où une auto-exclusion des pratiques les plus
légitimes.

3. Idée de violence symbolique (qui conduit à légitimer la domination), de domination. Certaines pratiques
sont plus légitimes que d’autres car associées aux catégories sociales qui ont le plus de prestige. De plus,
violence symbolique liée au niveau de diplôme.

Entre ces classes le conflit n’est pas une nécessité mais il existe bien des rapports de domination et des
luttes, notamment pour le contrôle du capital culturel, enjeu majeur selon Bourdieu. Les classes dominantes
cherchent ainsi à imposer leur modèle culturel et leur vision du monde aux autres classes par le biais de
pratiques de distinction, pour cela elles doivent contrôler les institutions productrices de légitimité comme
l’école ou l’État. Il y a donc chez elles une stratégie consciente de reproduction. Bourdieu tente de dépasser
l’opposition entre classes réelles et constructions du sociologue, qui distingue le réalisme marxien du
nominalisme wébérien, en proposant la notion de « classes virtuelles ».
Celles-ci, construites par le sociologue peuvent néanmoins prendre corps à travers un processus de
mobilisation et de représentation, ce qui semble être observable pour la classe dominante. En ce sens, la
définition des classes elle-même est perçue comme un enjeu dans la lutte que se livrent les classes.

L’adoption de certaines pratiques par les membres des classes dominantes apparaît innée, naturelle, presque
génétique ! En effet, les individus n’ont pas conscience du fait que leurs pratiques sont le produit de leur
habitus lui-même structuré par leur histoire sociale et leur place dans l’espace social.

Voir aussi partie 1 sur les inégalités culturelles.


2. La dynamique des classes sociales dans la société française
Comment analyser la structure sociale ? Dans le 2.1., il s’agit de montrer que certaines évolution de la
structure sociale laissent penser que les analyses en termes de classe sociale et notamment celles de Marx
perdent de leur pertinence pour décrire la société contemporaine.

Questions à se poser pour débattre de la question de la pertinence des analyses en termes de classe sociale. Possibilité
de partir de la définition de Chauvel :

Classes =
→ Catégories inégalement positionnées et dotées dans le système productif. Possibilité de mobiliser soit
Marx (place dans les rapports sociaux de production), soit Weber (situation économique et sociale
différente (voir partie 1 avec panorama des inégaliés ; version moins exigeante).
→ Identité de classe :
 Identité temporelle (stabilité et reproduction du groupe, homogamie). Voir chapitre 5 sur la
mobilité sociale.
 Identité culturelle (partage de références symboliques et de modes de vie permettant une
inter-reconnaissance). Possibilité de faire référence à Bourdieu et à ses analyses de la
domination symbolique.
 Identité collective (capacité à agir collectivement pour défendre ses intérêts). Marx.

2.1. Un relatif discrédit de l’analyse en termes de classes sociales


Ce discrédit de l’analyse en termes de classe repose sur deux principaux arguments :
→ On assisterait à un processus de moyennisation qui conduirait à dissoudre les différentes classes
sociales dans une vaste classe moyenne.
→ Les membres des différentes classes sociales auraient perdu leur conscience de classe et on
observerait un affaiblissement des conflits de classe.

2.1.1. Une tendance à la moyennisation durant les Trente glorieuses

Document 2 p. 194 Bordas

1. La PCS n° 6 n’est plus la première PCS en France, on constate une montée des catégories les plus qualifiées
et du secteur des services.
Le groupe ouvrier a ainsi perdu les figures de proue qui le structuraient socialement et symboliquement : les
mineurs ont disparu depuis longtemps, plus récemment les sidérurgistes, les métallurgistes, les travailleurs de
l’automobile aux effectifs fortement réduits, n’ont plus la place centrale qu’ils occupaient dans les années
1960. Même les catégories ouvrières de certains grands services (les cheminots) n’échappent pas au
rétrécissement de leurs rangs.
2. La tertiarisation de l’économie et la montée de la qualification expliquent ces évolutions.

3. Ces évolutions entraînent une moindre visibilité de la classe ouvrière en France, une importance numérique
plus forte de catégories sociales à l’identité moins forte. Ces transformations ont conduit une partie des
sociologues à en conclure que l’analyse en termes de classes sociales n’était plus pertinente pour comprendre
notre société.
L’idée est que si la classe moyenne regroupe une majorité de la population, l’analyse en termes de classes
sociales en lutte (perspective marxiste) perd de sa pertinence.

Mais d’autres sociologues soulignent que les classes populaires (ouvriers + employés) regroupent encore près
de 50% de la population active et que leur situation dans l’univers professionnel demeure dominée.
Document polycopié n°24 Vers une grande classe moyenne
Plusieurs arguments tentent de valider cette hypothèse de la moyennisation. En termes de modes de vie : la
réduction de l'éventail des revenus, le rapprochement des structures de consommation des ménages, la diffusion rapide
des nouveaux biens et services dans la population. En termes d'attitudes : la similitude de l'évolution des
comportements en matière de conjugalité, de modèles familiaux ; la « privatisation » du mode de vie des classes
populaires et inversement, la moindre prégnance des rituels bourgeois dans les classes moyennes ; la scolarisation de
masse et ses effets (hausse du niveau d'instruction, condition juvénile, flux de mobilité). (…) Ce phénomène de long
terme aurait une double incidence : un glissement vers le haut (« up-grading » dans la terminologie des sociologues
anglo-saxons) ou encore une amélioration du « statut social moyen » (O. Galland et Y. Lemel, La nouvelle société
française, 1998) ; une segmentation plus fine et plus complexe du corps social autorisant davantage de fluidité et de
circulation (rôle d'interface des professions intermédiaires).
Serge Bosc, Stratification et classes sociales, © Armand Colin, 2004.

Document polycopié n°25


Les dynamiques sociales des « trente glorieuses » sont marquées d’abord par les consolidations statutaires du
salariat. La généralisation de la Sécurité sociale (1945), la mise en places d’instances de représentation
(comités d’entreprise, délégués du personnel), […] la stabilisation des statuts facilitée par le plein-emploi,
concourent à rendre moins précaire la condition salariale. La généralisation de la mensualisation des salaires
ouvriers, dans les années 1960 met fin à un clivage symbolique entre les cols bleus et les cols blancs (les
premiers étant traditionnellement payés à la semaine). Surtout, le pouvoir d’achat enregistre une évolution
sans commune mesure avec les périodes précédentes. Toutes les catégories salariales bénéficient de fortes
hausses salariales (en termes réels) permises par les gains importants de productivité et un partage du surplus
plus favorable aux salariés. Loin de se réaliser dans la concorde (les conflits sur les salaires restent
importants), cette logique fordiste s’impose malgré tout progressivement. Avec la socialisation des risques,
elle permet aux classes laborieuses d’échapper à la précarité générale et de participer, à partir des années
1960, à la consommation dite de masse : desserrement des contraintes, accès aux normes standards du
logement (les HLM représentent à l’époque un progrès matériel par rapport aux classiques habitations
populaires). Parallèlement, d’autres évolutions importantes sont à noter : la hausse des départ en vacances
d’été, une première poussée des études secondaires parmi les enfants des classes populaires (scolarité
obligatoire portée de 14 à 16 ans en 1959, développement des CEG puis des CES).
Incontestablement on peut déceler des tendances à la « déprolétarisation » d’une partie notable du monde
ouvrier et des catégories proches : la pauvreté recule, la condition ouvrière n’est plus synonyme de précarité
générale de nombreux ménages ouvriers accèdent à un standing matériel proche de celui des employés et des
salariés « moyens ». Ces évolutions autorisent certains observateurs à parler, dès les années 1960
d’intégration aux classes moyennes voire d’embourgeoisement* de la classe ouvrière.
Serge Bosc, « Stratification et classes sociales » Cursus, Armand Colin, 7ème édition, 2011, p. 155-156.

1) Recensez les facteurs économiques, mais aussi sociaux, qui conduisent à un effacement des frontières entre
classes sociales.

 Tendance séculaire à la réduction des inégalités, notamment durant la deuxième moitié des Trente
glorieuses. Développement d’une consommation de masse et de la protection sociale. Accès aux
standards de confort du logement. Plein-emploi. Rapprochement entre groupes sociaux au niveau
économique (embourgeoisement des ouvriers). La moyennisation signifie ici que la classe moyenne
deviendrait le groupe majoritaire dans la société par réduction des inégalités économiques entre les
groupes extrêmes. Voir aussi partie 1.

 Moyennisation culturelle : rapprochement des modèles familiaux, repli sur la sphère privée.
Affaiblissement des rituels bourgeois dans les classes moyennes. Développement du libéralisme
culturel porté par mai 68 et les années 70. Diffusion des modèles culturels forgés dans les couches
moyennes. Homogénéisation progressive des comportements, des pratiques et des styles de vie (il y
aurait, avec la montée de l'individualisme, un desserrement des liens entre les conduites et les
appartenances sociales).
 Démocratisation quantitative et scolarisation de masse. En 1975, parmi les personnes sorties de
l’école depuis moins de 5 ans, il y avait 4 fois plus de non diplômés que de diplômés du supérieur. En
2008, il y a trois fois plus de diplômés du supérieur que de non diplômés. La croyance en l’école se
généralise dans toutes les catégories sociales.

 Les frontières entre d’éventuelles classes sociales seraient donc beaucoup moins marquées à tel point que
certains parlent de fin des classes sociales.

Document 2 p. 190 Bordas Les approches « stratificationnistes »


Ce type de représentation va être largement développé aux États-Unis. Après la Seconde Guerre mondiale
vont être mises au point des échelles hiérarchiques soit en termes de prestige, soit, le plus souvent, en termes
de statut socio-économique.
Bien que variées, ces classifications ont en commun un certain nombre de postulats explicites ou implicites :
une représentation de la société comme une «gradation régulière de la base au sommet» (R. Aron), la
continuité du tissu social excluant l'idée d'oppositions tranchées entre groupes sociaux et favorisant la
fluidité : si «la structure sociale est faite pour être reproduite », «l'échelle hiérarchique est faite pour être
grimpée1»; une concordance entre la position professionnelle et les autres attributs statutaires (revenu,
instruction, standing, prestige), autrement dit une «congruence de statut», la référence des agents aux
mêmes aspirations et aux mêmes valeurs; l'évacuation des notions d'exploitation et de domination, la
prédominance de la compétition individuelle sur les oppositions collectives et les conflits sociaux.
Serge BOSC, Stratification et classes sociales, Armand Colin, coll. Cursus, 7e édition, 2011.
1. Bruno DURIEZ, «Institutions statistiques et nomenclatures socioprofessionnelles », RFS, 1991

1. Les approches « stratificationnistes » sont « nominalistes » : les sociologues ou les statisticiens distinguent
plus ou moins arbitrairement des couches (strates) dans une échelle continue de positions.
Plutôt inspirées par l’analyse de Weber.

2. Ces approches sous-entendent une conception de la société sans lutte des classes, où les différences entre
strates sociales sont quantitatives mais non qualitatives. Les strates s’empilent (allant des groupes d’individus
ayant les situations les plus enviables en termes de revenus ou de prestige vers les moins enviables, mais on
peut facilement passer d’une strate à une autre. Entre ces couches ou strates, il y a de simples différences de
degré (du plus au moins), mais aucune différence de nature, de simples différences quantitatives, mais non
qualitatives. Dans cette perspective, on se trouve davantage devant des luttes de places que des luttes de
classes.
3.1.2. Un affaiblissement de la conscience de classe dans les catégories populaires
(une destructuration du monde populaire)

Document polycopié n°26 L’éclatement de la classe ouvrière


S'il y a eu longtemps en France une « classe ouvrière », c'est parce qu'elle était portée et représentée par
des militants, des délégués et des élus. Cette « classe mobilisée », comme dit Bourdieu, faisait exister
collectivement un groupe — par ailleurs traversé par une série d'oppositions (qualifiés/non qualifiés,
Français/immigrés, hommes/femmes, etc.) — avec l'appui des fractions progressistes d'autres groupes
sociaux, notamment les enseignants et les « intellectuels », alliance propre à la France (depuis Jaurès) [...].
Ceux qui choisissaient le « bleu », c'est-à-dire de rester fidèles à leur origine ouvrière et aux valeurs de
solidarité de ce monde, le faisaient aussi pour continuer à « militer », à « aider les copains », à résister et aussi
à espérer un autre avenir. [...] Ils avaient une ouverture d'esprit qui renforçait leur combat militant. Avec la
progressive disparition des ouvriers professionnels et l'éloignement des intellectuels, le milieu ouvrier a eu
aussi tendance à se fermer sur lui-même.
Les « dominés » sont [aujourd'hui] savamment divisés entre eux au travail et ségrégués dans l'espace
géographique, les moins dominés cherchant à échapper au pire en se réfugiant dans les lotissements et à
l'écart des cités. [...] Une honte a progressivement envahi les milieux populaires au fur et mesure que le PCF
cessait de pouvoir les représenter, dont la honte de s'en prendre à plus faible que soi (les immigrés, les «
kassosses » [cas sociaux], les érémistes, etc.). Le tableau social a bien changé depuis la fin des années 1960,
avec la défaite ouvrière, la fragmentation des classes populaires, l'enrichissement d'une classe dirigeante de
plus en plus sûre d’elle-même.
D’après S. Beaud, M. Pialoux, « De la fierté à la rage », L’humanité, 20 juin 2002.
1) Expliquez pourquoi les ouvriers et leurs militants étaient plus puissants de 1936 aux années 1970.
Certaines organisations représentaient les ouvriers dans la sphère politique : on peut penser au PCF et à la
CGT (le PCF était le premier parti de France à certaines élections et il s’exprimait au nom de la classe
ouvrière). Ce parti – à tort ou à raison – cristallisait l’espoir des ouvriers de prendre le pouvoir et de
transformer la société. Donc déclin des partis politiques et des syndicats censés représenter et défendre la
classe ouvrière.

Soutien d’autres groupes, notamment des intellectuels.

La classe ouvrière a éclaté sous l'effet :


 de la désindustrialisation (qui conduit à la diminution des effectifs et des pourcentages d'ouvriers, en
particulier des non-qualifiés). Diminution de la place des ouvriers dans les catégories de l’Insee.
 Le chômage fait basculer le rapport de force en défaveur des ouvriers.
 des modifications des technologies qui changent le contenu du travail ouvrier. Transformation de la
nature du travail des ouvriers. Ils travaillent de plus en plus dans les services. Il y a aujourd’hui plus
d’ouvriers travaillant dans le tertiaire que dans le secondaire. Ouvriers d’entretien et de maintenance
notamment. Même dans le secteur secondaire, ils effectuent moins souvent des tâches de production
au sens strict car celles-ci sont de plus en plus automatisées. Développement des tâches de tri,
d’emballage et de manutention, de surveillance, de contrôle, de réglage des machines. Donc
finalement, l’image de l’ouvrier travaillant la matière, ce qui le distinguait nettement des employés
par exemple est quelque peu remis en cause.
 de la fragmentation des espaces de production (petites entreprises sous-traitantes au lieu de grand
bastion ouvrier). Les grands rassemblements ouvriers à l’ouverture des grilles de l’usine ne font bien
souvent plus partie de l’expérience vécue des ouvriers.
 Opposition stables/précaires qui rend plus compliqué la possibilité d’éprouver un sentiment
d’appartenance commune.

Les ouvriers ont pour une bonne part perdu cet espoir de faire évoluer leur situation collectivement. Comme
faire évoluer leur situation individuellement est peu probable et qu’elle a plutôt tendance à se dégrader,
tendance à s’en prendre aux fractions les plus précarisées et en difficulté : les immigrés, les chômeurs de
longue durée (qualifiés d’ « assistés »).
2) Pourquoi les auteurs parlent-ils d’une « honte » qui se serait emparée des milieux populaires ?

Les ouvriers aspirent aux mêmes modes de vie que les classes moyennes. Sur le plan scolaire, il y a une
aspiration à la réussite et beaucoup moins de comportements d'auto-exclusion. Uniformisation de la
consommation, moyennisation, embourgeoisement des ouvriers.

Elévation de la qualification personnelle des ouvriers, ils exercent souvent un emploi dont la qualification est
inférieure à celle qu’ils possèdent. Ce niveau de diplôme plus élevé les rapprocherait des membres des autres
groupes.

Sur de nombreux plans, les jeunes issus de parents ouvriers ne reproduiront plus la culture de leurs parents,
la culture ouvrière. Dévalorisation de la condition ouvrière, les jeunes ne s’identifient plus aux modèles de
leurs parents.

Dans ces conditions il est difficile de parler encore de classe ouvrière. Stéphane Beaud et Michel Pialoux
préfèrent parler de condition ouvrière pour montrer qu'il reste des situations spécifiques, une « classe sur le
papier », mais la diminution de la conscience de classe ne permet plus de véritablement parler de « classe
mobilisée ».

Une certaine baisse de la syndicalisation et de la conflictualité (en tout cas sous ses formes traditionnelles)
dans les entreprises.

La fierté d'être ouvrier a disparu, tout ce qui fait ouvrier, que ce soit dans les modes de vie ou dans les
manières d'être, dans les représentations politiques est déprécié.

Document polycopié n°27


Avez-vous le sentiment d’appartenir à une classe sociale ?

Sondage Ifop pour l’humanité.

1) Comment évolue le sentiment d’appartenance à une classe sociale ?

Affaiblissement du sentiment d’appartenance à une classe sociale.

A nuancer : certaines enquêtes montrent que quand on demande aux individus de définir leur position avec une
question ouverte, et après reclassement en trois réponses « en haut », « au milieu », « en bas », les ouvriers sont une
immense majorité à se classer « en bas » et les cadres une majorité à se classer « au milieu » et « en haut ».
Document 3 p.199 Bordas

1. En France, sur 100 membres de la catégorie « cadres et professions intellectuelles supérieures », 80


déclarent appartenir aux classes moyennes, selon un sondage CSA réalisé en avril 2009. Sur 100 Français, il y
en a 63 à se classer parmi les classes moyennes.

2. Un ouvrier sur deux se reconnaît dans les catégories populaires. Autant dans les classes moyennes.
L’identification à la classe sociale ouvrière n’est donc pas évidente ; il est intéressant de rappeler le
témoignage de Cédric et Alexandre qui refusent de se définir comme ouvriers.

3. Le sentiment d’appartenance à une classe sociale est donc faible, l’assimilation aux classes moyennes est
générale pour toutes les PCS.
Cependant, des individus avec des niveaux de revenu très différents se définissent comme membre des
classes moyennes, ce qui laisse penser à un affaiblissement des frontières de classe. Les classes moyennes
n’existent pas réellement, nous pouvons donc parler de brouillage de classes dans la mesure où les classes
moyennes sont multiples et peu identifiables.

4. On peut se demander comment un individu décide de son appartenance à telle ou telle classe. Le débat
peut avoir lieu avec les élèves de la classe, en faisant remarquer que leurs connaissances en matières de
stratification sociales sont sans doute supérieures à la moyenne grâce aux cours de SES…

Donc idée que la conscience d’appartenir à la classe ouvrière tend à diminuer. Critère subjectif permettant
de définir une classe sociale dans une perspective marxiste semble s’affaiblir.

Document polycopié n°28 La fin du vote de classe ?

1) Présentez l’évolution du vote à gauche des ouvriers et des employés depuis 1988.

Régression du vote à gauche chez les ouvriers et employés, malgré une légère hausse en 2007.

2) Sur quoi semble s’être reporté le vote ouvrier ? Existe-t-il toujours une spécificité du vote ouvrier ?

En 1995 sur la droite et en 2002 sur l’extrême droite. Le vote ouvrier semble donc perdre de sa spécificité.
3) Pourquoi la somme des votes ouvriers à gauche, droite et extrême droite ne vaut-elle pas 100 ?

Parce que le % est calculé sur les inscrits, donc il faut y ajouter l’abstention qui a augmenté notamment en
2002.

Voir le livre de Braconnier « La démocratie de l’abstention ».


La mal-inscription sur les listes électorales est la première cause de l’abstention dans les quartiers populaires.
L’enquête indique que la majeure partie des abstentionnistes réguliers dans la cité est composée d’individus
non ou mal inscrits.
Les individus mal inscrits ne font pas l’effort d’aller voter dans leur ancien bureau de vote.

A chaque élection, environ 60% des électeurs potentiels ne vont pas voter soit parce qu’ils ne sont pas inscrits,
soit parce qu’ils s’abstiennent. Topo sur les chiffres de l’abstention donnés dans les soirées électorales : ne
tiennent pas compte de la non inscription sur les listes électorales.

Destructuration des milieux populaires :


 Monde du travail : précarisation, chômage, éclatement des collectifs de travail. Le travail était
traditionnellement un lieu important de politisation des individus.
 Fragilisation des couples. Les individus en couples votent davantage : influence du conjoint.
 Déstructurations des relations de voisinage, amicales, etc.

On peut ajouter plus globalement le rapprochement de l’offre électorale de la gauche et de la droite, le


désenchantement après 25 ans d’alternance, celle-ci n’ayant à aucun moment permis d’améliorer
sensiblement la situation dans les quartiers populaires.

L’analyse du vote des classes populaires tendrait à penser que la conscience de classe et la mobilisation
s’est réduite au cours du temps. Les ouvriers formeraient donc moins une classe pour soi.
2.2. La grille de lecture en termes de classes sociales demeure féconde
2.2.1. Les groupes sociaux demeurent hiérarchisés

Voir partie 1

→ La société française demeure fragmentée : inégalités économiques, mais aussi de logement, de santé,
de conditions de travail et d’emploi, d’accès aux vacances, inégalités culturelles, etc. On n’assiste donc
pas vraiment à une uniformisation des modes de vie comme le prétendent les partisans de la thèse de
la moyennisation.
→ De plus les inégalités formes systèmes et sont cumulatives : cumul d’avantages pour certains groupes
et de désavantages pour d’autres.
→ Inégalité des chances. TRES IMPORTANT.
→ La société française demeure hiérarchisée en groupes relativement cloisonnés.

L’approfondissement des inégalités dans la période récente résulte de la moindre capacité des dominés à
mener des luttes pour améliorer leur sort. La montée du chômage, la précarisation, le capitalisme financiarisé,
la mondialisation, l’avènement du néolibéralisme, autant de phénomènes qui rendent la mobilisation plus
compliquée qu’auparavant et qui expliquent que la situation des dominés se soit dégradée ces trente
dernières années. Par ailleurs, ces phénomènes (baisse d’impôts, financiarisation de l’économie,
mondialisation) relèvent de décisions politiques sur la base de rapports de force entre groupe sociaux.
Warren Buffet : « La lutte des classes existe et nous sommes en train de la remporter ! »
Au contraire, durant les Trente glorieuses, le rapport de force était beaucoup plus favorable aux ouvriers qui y
ont su par leurs luttes obtenir certains compromis qui ont amélioré leurs conditions d’existence.

Document polycopié n°29 La composition sociale de l’Assemblée nationale

1) Quelle est la composition sociale de l’Assemblée nationale ?

Surreprésentation des classes dominantes et sous-représentation des catégories populaires.

2) Quelles peuvent être les conséquences d’une telle composition sur les politiques menées?

Dans une perspective bourdieusienne, on peut argumenter que notre vision du monde, nos opinions
politiques, notre conception de l’intérêt général, sont très dépendantes de la place que l’on occupe dans
l’espace social.
On peut donc penser que même lorsqu’ils agissent sincèrement selon leurs convictions et le souci de l’intérêt
général, les dirigeants politiques prendront des décisions conformes aux intérêts de leur classe sociale.
2.2.2. La bourgeoisie : une classe mobilisée

Séparez votre feuille en deux colonnes dans lesquelles vous noterez d’un côté tous les éléments permettant
de penser que les critères objectifs sont réunis pour parler de classe sociale en soi et de l’autre tous les
éléments subjectifs qui permettront de parler de classe pour soi. Vous puiserez des arguments dans les
extraits vidéo et dans les documents polycopiés n°30 et 31

Documentaire Baisemains et mocassins, d’Antoine Gallien, Arte France.


Documentaire sur la haute bourgeoisie qui s’intéresse notamment aux rallyes.
Les rallyes sont des réunions dont les participants – principalement issus de familles de la
haute bourgeoisie – sont sélectionnés par les familles qui les organisent. Ils commencent
dès 8 ans avec des sorties culturelles, puis vers 12-13 ans on y apprend à danser ou à jouer au
bridge, enfin pour les adolescents sont organisées des soirées dansantes.

Extrait 1 : de 5’15 à 8’ : jeune garçon qui évoque les rallyes


Extrait 2 : de 9’ jusqu’à 11 : fonctions sociales des rallyes
Extrait 3 : de 13’ à 14’20 : jeune fille qui veut faire HEC et rencontrer son conjoint dans cette
école.

Présentation du document polycopié n°30

Sociologues qui travaillent depuis près de 20 ans sur le sujet de la grande bourgeoisie. Un
livre au CDI qui est assez facile à lire « Sociologie de la bourgeoisie ».

Savez-vous ce qu’est un portefeuille de valeurs mobilières ? Des actions de différentes


entreprises.
Le bottin mondain ? C’est un bottin, mais d’un genre particulier puisque vous pouvez y être
inscrits à condition de vous faire parrainés par deux membres déjà inscrits et d’une
acceptation de votre dossier. Les familles nobles représentent 40% des inscrits. Et 60% des
inscrits sont des décideurs.
Les maisons de maitre sont des demeures d’exception par leur architecture ou par leur
rareté.
Cercle : s’y retrouvent des hommes et des femmes qui occupent des positions dominantes
dans les différents univers de l’activité sociale (univers économique et politique notamment).
Le Jockey Club, le Cercle de l’Union Interalliée ou l’Automobile-Club de France.
Document polycopié n°30
Questionnaire en forme de test, diffusé à l’occasion d’une soirée thématique de la chaîne Arte, consacrée à la
bourgeoisie. Les réponses aux questions permettent de déterminer l’appartenance objective à la grande bourgeoisie.

1. Capital économique
 Possédez-vous un portefeuille de valeurs mobilières ?
 Disposez-vous d’au moins une personne à temps plein pour vos besoins domestiques ?
 En plus de votre résidence principale, disposez-vous d’au moins deux autres résidences ?
 Etes-vous assujetti à l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ?
 Possédez-vous des biens mobiliers ou immobiliers à l’étranger ?

2. Capital culturel
 Etes-vous élève ou ancien élève d’une grande école ?
 Enfant, vos parents vous emmenaient-ils dans les musées de façon régulière ?
 Allez-vous au théâtre, au concert ou à l’Opéra au moins une fois par mois en moyenne ?
 Achetez-vous des œuvres d’art ou des antiquités ?
 Parlez-vous au moins deux langues étrangères ?

3. Capital familial et social


 Connaissez-vous les prénoms de vos arrière-grands-parents ?
 Pendant l’enfance, avez-vous passé des vacances en compagnie de cousins et cousines, dans des maisons de
famille ?
 Participez-vous à des dîners au moins deux fois par semaine ?
 Etes-vous membre d’un cercle auquel vous auriez été présenté par des parrains ?

4. Capital symbolique
 Etes-vous dans le Bottin mondain ?
 Des rues portent-elles le nom de membres de votre famille ?
 Votre famille dispose-t-elle d’une maison de maître ?
 Etes-vous membre actif d’une société caritative ?
 Etes-vous membre de la Légion d’honneur ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, La Découverte, Paris, 2000.


Document polycopié n°31 Paris : HLM en friche dans le ghetto des riches
Une grande menace pèse sur le XVIe arrondissement de Paris, où 20% des contribuables payent l’ISF et possèdent un patrimoine
moyen de 2,95 millions d’euros. La municipalité veut y construire des HLM. Aussi est-ce la révolte dans ce quartier où le nombre de
foyers riches est onze fois supérieur à la moyenne nationale.
Pour atteindre l’objectif légal de 20% de logements sociaux et amener, au passage, un peu de mixité sociale, l’équipe de Bertrand
Delanoë a lancé quatre projets, totalisant 407 appartements, portes d’Auteuil et Dauphine, à La Muette et à Exelmans. Tous ont été
stoppés net par une mobilisation tous azimuts des habitants, soutenus publiquement par des élus UMP, dont le maire
d’arrondissement, Claude Goasguen. La méthode ? Des recours, ou menaces de recours, déposés devant les tribunaux administratifs
par des justiciables suffisamment armés sur le plan juridique pour être efficaces. Les engins de chantier se sont donc arrêtés au
stade du terrassement. Et les parcelles, si rares à Paris, demeurent à l’état de friches.
Référé. Tout est suspendu, y compris un petit immeuble de cinq étages, rue Nicolo (à la Muette), qui ne compte pas plus de
31 appartements, dont un tiers de studios et un tiers de trois pièces. «Les riverains ont attaqué de toutes parts. Pour freiner, pour
ensabler, faire capoter», s’exaspère Daniel Meszaros, du cabinet d’architectes Projectile, en charge du projet. Des voisins ont
d’abord fait venir sur place des inspecteurs de la Drac (direction régionale des affaires culturelles) afin d’obtenir le classement d’un
vieil immeublepromis à la démolition pour libérer la parcelle. «Sans intérêt patrimonial», ont conclu les fonctionnaires du ministère
de la Culture. Les riverains ont alors attaqué en référé le permis de démolir du vieux bâtiment. Déboutés. Qu’à cela ne tienne : le
permis de construire est contesté devant le tribunal administratif et, cette fois, ils ont gain de cause. «Le plan local d’urbanisme
(PLU) de Paris est tellement complexe qu’on peut toujours trouver, dans un permis de construire, un petit détail, une faille pouvant
motiver son annulation, souligne un haut fonctionnaire municipal. Il suffit d’avoir les moyens de se payer d’excellents avocats.»
L’argent n’est pas un problème. L’association Quartier Dauphine Environnement, qui a fait suspendre l’un des projets, a déjà
«dépensé 25 000 euros en frais de procédures [devant les tribunaux]», a indiqué à Libération son président, Eric Lefranc. Et elle
entend continuer. «Ce projet n’a pas de futur. Nous voulons que le terrain sur lequel on souhaite construire les immeubles demeure
un espace vert […]. Les gens qui habitent le quartier ont payé au prix fort leur appartement pour bénéficier d’un cadre de vie
agréable», justifie-t-il. D’où viennent les fonds ? De cotisations de riverains déterminés à faire capoter la construction des
135 logements sociaux prévus sur place. L’association, qui compte 500 membres, utilise Internet pour faire rentrer des contributions.
Il est possible de faire des dons en ligne d’un montant de 100 à 500 euros, et même de 2 000 euros au titre de «membre
bienfaiteur».
Dans les recours, les permis sont passés au crible : largeur de vue, limite séparative des façades, hauteurs des bâtiments, formes
architecturales, impact visuel, accès des secours… Toutes les arguties sur des mesures prévues pour le bonheur des futurs occupants
de ces immeubles sont utilisées pour mieux torpiller les projets.
Dans leurs écrits, ces associations ne mettent jamais en avant leur hostilité au logement social. Elles s’abritent derrière des
considérations urbaines, architecturales, ou ayant trait à l’environnement. La défense du cadre de vie est rabâchée dans leurs
textes. «Halte au massacre des espaces verts !» peut-on lire sur des communiquésde Quartier Dauphine Environnement, en lutte
contre un projet avenue du Maréchal-Fayolle. Un argument peu crédible : l’avenue Fayolle jouxte le bois de Boulogne et ses
846 hectares de verdure. Les 135 logements prévus sur place ne menacent en rien cet environnement privilégié.
Pour mieux combattre ce programme, les riverains s’en prennent aussi à l’architecture des immeubles, pourtant dessinés par
l’agence japonaise Sanaa, qui vient d’obtenir le Pritzker, sorte de nobel de la discipline. «Trop novateur», aux yeux des voisins. «Un
choix purement pour l’image, au mépris de l’environnement», proclame leur site internet. Le projet a pourtant été approuvé par
l’architecte des bâtiments de France. «Architecture bling-bling», balaye d’un revers de phrase Eric Lefranc. Un peu plus loin, le
programme de la porte d’Auteuil, qui mêle logements sociaux et logements privés, a lui aussi été dessiné par des professionnels
reconnus : Rudy Ricciotti, Anne Demians, Francis Soler, Finn Geipel. Menacé de recours. Celui de la rue Varise (à Exelmans) a été
confié au prestigieux Atelier Christian de Portzamparc. Suspendu. Pareil pour la rue Nicolo. «On est écœuré. On a proposé un petit
bâtiment organisé autour d’un jardin. On a soigné le moindre détail», s’exaspère l’architecte Daniel Meszaros.
Riverains et élus jurent, la main sur le cœur, qu’ils n’ont «rien contre les logements sociaux». Ni contre leurs bénéficiaires. Ce qui
ne convainc pas Jean-Yves Mano, adjoint (PS) au maire de Paris chargé du logement et élu du XVI e : «Tous les stéréotypes sont à
l’œuvre. Les gens pensent que les HLM vont faire baisser la valeur de leurs appartements, que des familles à problèmes vont venir
perturber leur quiétude…Mais ils n’osent pas le dire comme ça. Alors ils font de la procédure.» A chaque fois, le tribunal administratif
a tranché en leur faveur.
«Immondice». Pudiques à l’écrit, les gens se lâchent parfois lors de réunions publiques organisées par les associations. En février
dernier, le député UMP Bernard Debré a qualifié d’«immondice inhabitable» le projet de Sanaa. Et le député et maire Claude
Goasguen ne veut pas de ces HLM à «proximité immédiate de l’ambassade de Russie, avec qui cela va poser des problèmes de
sécurité évidents» (le Figaro du 18 février).
Et tout cela se passe dans un arrondissement qui compte à peine 2,5% de HLM, contre plus de 30% dans les XIX e ou XIIIe. Pourtant
le XVIe compte aussi ses demandeurs d’un logement social : 3 800, au total. «Des retraités ou des familles qui éclatent. Ils n’ont plus
les moyens de payer des loyers du privé. On a aussi des couples avec enfants logés dans des chambres de bonne», précise Jean-Yves
Mano. Ces considérations n’émeuvent pas outre mesure les associations. «Tous les projets de logements sociaux sont bloqués dans
le XVIe ? Ce n’est pas notre affaire», lâche sans détour Eric Lefranc.
Par TONINO SERAFINI, Paris : HLM en friche dans un ghetto de riches, Libération.fr, 18 mai 2010.
 Partage d’une même situation économique privilégiée (place dominante
dans les rapports de production)
 postes de décision et de pouvoir (voir Bottin Mondain) et fort capital
scolaire ;
 revenus élevés (personnes à temps plein pour les besoins
domestiques) ;
Critères objectifs
 patrimoine élevé (actions, biens immobiliers, ISF) ;
CLASSE EN SOI
 Intérêts communs (par exemple concernant la fiscalité ou la maîtrise de
l’espace)

 Culture commune et mode de vie en commun : goûts et pratiques légitimes,


forte sociabilité (diners mondains, vernissage, cercle, rallyes pendant
l’adolescence).
 Conscience de classe visible à travers le culte de l’entre-soi (volonté de se
constituer un carnet d’adresse, des relations utiles) :
 On fréquente des individus du même milieu social. Appartenance à des
cercles regroupant des personnes du même milieu et influentes dans les
sphères économique ou politique. Cooptation. ;

Quelques membres du cercle de l’Union interalliée : maire du 16e arrondissement,


ancien vice président du Sénat, Président de la commission financière du Sénat,
Conseiller d’Etat, Président d’honneur du CNPF (ancêtre du MEDEF), membre du
conseil économique et social, ancien premier ministre, ancien directeur du ministre
de l’économie.
Critères subjectifs
 Rallyes pour éviter les mésalliances. Volonté que les jeunes fréquentent
CLASSE POUR SOI d’autres jeunes issus du même milieu.

 Le souci apporté à l’entretien du capital social est assimilé par Pinçon et


Pinçon-Charlot à une forme de mobilisation pour défendre les intérêts
communs. Notamment concernant la transmission du patrimoine.

 Vote assez marqué à droite dans les beaux-quartiers.


Dans les beaux quartiers, les résultats aux élections démontrent un soutien infaillible
aux candidats de droite (près de 80%). Même aux grandes heures du parti
communise, ce parti n’a jamais atteint de tels scores dans les quartiers populaires.

 « Les ghettos du gota ».

La grande bourgeoisie est probablement la dernière classe sociale qui possède tous les attributs d’une classe
pour soi au sens de Marx :
 ils partagent les mêmes conditions matérielles d’existence : place privilégiée dans les rapports de
production (soit propriétaire des moyens de production, soit cadre dirigeant), revenus et patrimoine
élevés (au sens de Bourdieu = fort capital économique).
 ils ont conscience d’appartenir à une même classe (homogamie sociale, culte de l’entre-soi avec
cooptation, rallyes, inscription dans une lignée…).
 Ils luttent pour défendre leurs intérêts. Le dernier livre des Pinçon, Pinçon-Charlot, montre qu’ils
savent se mobiliser pour défendre les beaux espaces (rénovation des châteaux que certains habitent
avec les deniers de l’Etat et mobilisation dans des associations de défense du patrimoine historique,
utilisation de leurs réseaux dans les sphères du pouvoir pour faire enfouir des routes à proximité de
leurs quartiers d’habitation), vote très marqué à droite (Sarkozy et le bouclier fiscal).
Conclusion : si les classes sociales sont mortes, où est passé le corps ?!
Document polycopié n°32
Louis Chauvel montrait en particulier que si l’identification subjective à une classe avait décliné dans les
enquêtes d’attitude 1 les inégalités entre catégories socio-professionnelles (conçues comme un instrument
d’objectivation empirique des « classes ») [Briand, Chapoulie, 1985] avaient plutôt tendance à stagner voire à
augmenter dans de nombreux domaines, créant une situation paradoxale de décalage croissant entre les
dynamiques objectives, polarisant les groupes sociaux et leurs traductions subjectives, notamment sous la
forme d’identification à une « classe ».
Ajoutant la proportion des employés à celle des ouvriers, il rappelait aussi, contre les prophéties
mendrasiennes de la « moyennisation » [Dirn, 1998, p. 21-24], le maintien d’un poids prédominant des «
classes populaires » dans la structure des actifs et plus largement au sein de la population (lorsqu’on tient
compte de la dernière catégorie occupée par les retraités).
Ces constats ne semblent pas avoir été remis en cause par les évolutions récentes dans différents domaines
tels que la santé, l’éducation, les conditions de travail, la consommation 2… Comment alors expliquer ce
sentiment de « disparition » qui persiste au sujet des « classes sociales », dans un contexte pourtant a priori
favorable à un regain d’intérêt pour ce concept ?
Frédéric Lebaron, « L’éternel retour des classes sociales », Revue Française de Socio-Économie 2012/2 (n° 10).

1) Pourquoi peut-on affirmer avec plus de certitude que les classes sociales existent au sens de Weber qu’au
sens de Marx ?

Chauvel : les classes existent encore si définition Weber, mais pas si définition de Marx (seule la bourgeoisie
correspond encore totalement à cette définition).
Parler « des genres » au pluriel pose un problème en instaurant une confusion entre deux usages du terme
genre, l’un renvoyant à un simple fait social qui pourrait s’extraire du sexe, l’autre à un rapport social
dichotomisant. L’usage du terme genre au singulier permet ainsi de souligner la démarche selon laquelle le
genre est un « diviseur », au sens d’un système de relations sociales produisant deux sexes posés comme
antagonistes : les hommes et les femmes. Les parties divisées ne forment plus l’explication mais ce qui est à
expliquer.
(…)
Le « genre » est le système de division hiérarchique de l’humanité en deux moitiés inégales. » explique
Christine Delphy. C’est à ce titre que pour les féministes matérialistes, le genre peut être pensé comme
synonyme des termes de « patriarcat » ou « d’oppression des femmes ». Il renvoie à un rapport social marqué
par le pouvoir et la domination, et dont il faut repérer les bénéficiaires et les opprimés dans le même
mouvement analytique.

Le genre n’est pas seulement un système d’inégalités entre les sexes : il est aussi un système signifiant, qui
structure fortement les catégories de pensée. La dichotomie féminin-masculin sous-tend en effet toute une
série d’autres dichotomies fondamentales de la pensée, selon des modalités variables en fonction des
sociétés. Dans les sociétés modernes occidentales, les oppositions suivantes sont structurées par la
dichotomie féminin-masculin : faiblesse/force, sensibilité/rationalité, émotion/raison,
altruisme/individualisme, don/calcul, tradition/modernité, concret/abstrait, répétition/innovation… (…) Dans
le monde de l’entreprise, des normes telles que la compétitivité et le surinvestissement professionnel
apparaissent sous un jour nouveau dès lors que l’on rappelle qu’il s’agit de valeurs socialement construites
comme masculines. En retour, une telle analyse symbolique peut contribuer à expliquer la reproduction des
inégalités matérielles entre les femmes et les hommes dans les entreprises.
(…)
Une démarche induite par le concept de genre consiste à appréhender les relations sociales entre les sexes
comme un rapport de pouvoir. Les études sur le genre ne disent pas seulement que les deux sexes sont
socialement « différents », elles montrent également que le rapport est hiérarchisé : dans la quasi-totalité des
sociétés connues, la distribution des ressources (économiques, politiques) et des valorisations symboliques
tend à être inégale, avec des modalités et une intensité variables.
(…)
Le genre désigne [donc] le système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes (hommes/femmes) et entre
les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin).

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