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Le Moi-Peau, Didier Anzieu

mai 25, 2008 · 10 commentaires

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Cet article est une synthèse de l’article original de 1974 de Didier Anzieu.

Didier Anzieu va s’inspirer de plusieurs sources de données pour élaborer le concept de


Moi-Peau.
Premièrement il puisera dans les données de l’étologie issues des travaux de Lorenz sur
l’empreinte et surtout des expériences de Harlow sur les petis singes concernant la
nécessité de contact avec d’autres êtres de la même espèce.
Deuxièmement il s’inspirera des travaux de pédiatres comme Bowlby, Spitz et Winnicott.
Bowlby va postuler l’existence d’une pulsion d’attachement, pulsion primaire
indépendante de la séxualité. Le but de l’attachement est une forme d’homéostasie,
l’objectif étant pour l’enfant de maintenir une distance à la mère qui la laisse acessible.
Winnicott développe lui le concept de phénomène transitionnel ainsi que l’importance du
contact avec la mère au travers du holding, du handling et de l’object presenting pour
l’intégration du moi. Spitz travaille à son tour sur le phénomène de l’hospitalisme,
syndrôme dû à des carences de soins affectifs.
Enfin, les données issues des tests projectifs, notament les travaux de Cleveland et Fisher
qui isolent deux variables nouvelles dans le Rorschach, celles d’Enveloppe et celle de
Pénétration, vont également contribuer à la naissance du concept de Moi-Peau.

1.Origine du Moi-Peau
Anzieu va introduire le corps comme dimension vitale de la réalité humaine, comme ce
sur quoi s’étayent les fonctions psychiques. Ainsi, le moi s’étaye sur un moi-corporel, le
Moi-peau.
Le tout petit reçoit les gestes maternels tout d’abord comme excitation puis comme
communication (“le massage devient un message”). C’est à travers les soins corporels et
les communications préverbales précoces que l’enfant va commencer à différencier une
surface comportant une face interne et une face externe, permettant la distinction entre le
dedans et le dehors et un volume ambiant dans lequel il se sent baigné, surface et volume
qui lui apportent l’expérience d’un contenant. Ce qui relie toutes les parties du corps est
un tout unificateur, la peau = container théorisé par Bion.

2.Le concept et les fonctions du Moi-Peau


Le Moi-Peau désigne une figuration dont le moi de l’enfant se sert au cours des phases
précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi à partir de son
expérience de la surface du corps. L’instauration du moi-peau répond à un besoin d’une
enveloppe narcissique et assure à l’appareil psychique la certitude et la constance d’un
bien être de base.
Le moi-peau trouve son étayage sur trois fonctions de la peau:
- c’est le sac qui retient à l’intérieur le bon et le plein de l’allaitement
- c’est la surface qui marque la limite avec le dehors et contient celui-ci à l’extérieur
- c’est un lieu et un moyen d’échange primaire avec autrui.

Le moi hérite de cette origine épidermique et proprioceptive la double possibilité


d’établir des barrières et de filtrer les échanges.

Ce concept de Moi-Peau sera accueilli avec enthousiasme à cette époque, et il s’est avéré
comme une des notions les plus fertiles en psychanalyse pendant plusieurs années après
sa création.

Duarte Rolo

<<La logique comprend quatre opérations : concevoir, juger, raisonner, ordonner (cf. A. Arnaud
et P. Nicole, La logique ou l'art de penser, 1662).

Mots, choses, fantasmes sont trois ordres de réalité : monde extérieur régi par des lois ; monde
du fantasme régi par des scénarios ; monde de la langue régi par des règles : les trois ordres ont
des statuts épistémologiques différents. Le monde des pensées, caractérisé par la réflexivité et la
réflexion, essaie de réfléchir ces trois mondes et de réfléchir sur eux. Il se peut que ce soient ces
différences qui suscitent, dans l'esprit, l'émergence du penser comme tentative, sinon de les
réduire, du moins de contenir la tension qui l'écartèle.

Il faut introduire une autre distinction : celle du penser et des pensées. Les pensées préexistent
au penser ; elles l'appellent, le suscitent ; le penser se construit par auto-organisation, pour que
les pensées deviennent pensables. Il y a des proto-pensées (Bion, 1967 ; M. Pinol-Douriez,
1984), mobiles, intérieures/extérieures à l'esprit ; état psychique d'ordre « hallucinatoire » (C. et
S. Botella, 1990) ou encore état « originaire », entre confusion et différenciation, mixtes
d'impressions sensorielles, posturales, coenesthésiques, kinesthésiques, de collages-montages
de morceaux bruts, d'affects et de fantasmes, qu'on a comparés à des « pictogrammes » (P.
Aulagnier, 1975). C'est à ces confusions que le penser répond en se constituant comme
producteur progressif puis comme gestionnaire des catégories. Il assure le passage du
psychisme originaire aux processus psychiques proprement dits, primaires et secondaires (au
sens de Freud).

Penser, c'est différer les réponses aux questions, afin de prendre le temps de les élaborer, en
évitant la précipitation et la prévention (Descartes, 1637) : ce que Derrida (1967) appelle la
différance (avec un a), le report, l'attente, pour l'opposer à la différence (avec un e), aux
différenciations introduites ensuite par la prise en considération des catégories.

Le terme de catégorie a deux sens, qui dénotent les deux premiers actes du penser : la
qualification, la classification.

Au premier sens, une catégorie est une qualité attribuée à une chose considérée comme objet
épistémique, ou un prédicat attribué au sujet grammatical d'une phrase ; ou encore un trait
commun à des perceptions (identité des perceptions selon Freud) ou à des pensées (identité des
pensées). Par exemple, la psychanalyse distingue trois catégories de pensées : conscientes,
préconscientes, inconscientes (encore une division ternaire). Autre division : les signifiants de
démarcation (Rosolato, 1978) qui différencient les qualités sensibles ; les signifiants formels (D.
Anzieu, 1987) qui différencient les configurations spatiales. Penser, c'est identifier et différencier
les qualités.

Au second sens, une catégorie est une classe dans laquelle on range les objets de même nature.
Le dictionnaire Robert relève les synonymes suivants : espèce, famille, genre, groupe, ordre,
série. Penser, c'est trier, sérier, ordonner, classer, regrouper. Mais on ne peut pas classer sans
établir des limites entre les classes, sans décrire comment les classes ainsi délimitées
s'emboîtent en classes de classes, avec des empiétements, des failles inévitables dans les
articulations.

La logique des mots, la logique des choses et la logique des pensées sont différentes (cf. B.
Gibello, 1977) - et donc elles ne recourent pas aux mêmes catégories - mais ces différences sont
mal supportées par le penser, qui aspire à l'idéal d'une logique unique s'appliquant à tout par le
truchement de sous-logiques particulières déduites de cette hypothétique logique générale. Cette
utopique logique universelle permettrait de tout qualifier et de tout classer dans un même
système. Elle présuppose - à tort - l'existence d'un moi cohérent et unifié ; ce qui est démenti par
l'observation psychanalytique du fonctionnement psychique.

Penser, c'est apprendre le bon usage des catégories, à se méfier notamment des oppositions
binaires.>> p.6-7

Le Moi-Peau : Un espace contenant

" Par Moi-peau, je désigne une figuration dont le Moi de l’enfant se sert au cours des
phases précoces de son développement pour se représenter lui-même, comme Moi
contenant les contenus psychiques, à partir de son expérience de la surface du corps "
Didier Anzieu définit ainsi le concept de Moi-peau. Nous retrouvons ici l’importance du
" holding " de Winnicott, de la relation première avec la mère. Les soins apportés dans la
toute petite enfance conditionnent la façon dont l’enfant structurera ses expériences
psychiques. Pour le rééducateur, il faut aller plus loin dans cette définition pour pouvoir
s’en servir dans notre pratique

Entre théorie et clinique : Le Moi-peau ou le merveilleux psychanalytique

Jacques Corraze

Le Moi-peau de D. Anzieu est un nouveau concept psychanaly-tique, héritier du Moi de


Freud. En réalité, c’est un fantasme qui, selon l’auteur, est même "une vaste métaphore".
Un concept fondé sur une métaphore implique nécessairement la comparaison de deux
objets différents. Les significations primitives impliquent la biologie, la psychologie, la
mythologie grecque, l’art préhistorique et le Nouveau Testament. Malheureusement ces
connaissances sont dépassées, totalement fausses ou caviardées. Finalement le Moi-peau
n’est qu’un vaste jeu de mots. Néan-moins l’intérêt essentiel de l’ouvrage est de révéler
l’expérience mystique fondamentale de la psychanalyse.

Etre dans sa peau par Marie-Andrée Linteau psychologue


Ces expériences nous en disent long sur la qualité de notre enveloppe psychique. Il suffit
de porter attention à nos réactions pour comprendre comment sont constituées nos
limites, quelle est la qualité de notre peau psychique.

www.scp.umontreal.ca/vies_a_vies/v13n3-2.html

Didier Anzieu 1923-1999

Considéré comme un freudien orthodoxe mais ouvert, Anzieu s’intéresse aux méthodes
projectives, utilise le psychodrame et la thérapie de groupe dans un cadre pratique et
produit quelques études psychanalytiques d’œuvres littéraires (Beckett et le
psychalanyste, 1992). Ses recherches les plus célèbres aboutissent à la formulation d’une
théorie du Moi-Peau, qui établit un système de correspondance entre les fonctions du Moi
et celles de la peau.

Les fonctions du Moi-peau. Tableau synthétique.

Les citations sont extraites de D. ANZIEU, Le Moi-Peau, DUNOD, 1985

FONCTION
Maintenance « De même que la peau remplit une fonction de soutènement du squelette et des
muscles, de même le Moi-peau remplit une fonction de maintenance du psychisme. La
fonction biologique est exercée par ce que Winnicott (1962, p. 12-13) a appelé le
holding, c’est-à-dire par la façon dont la mère soutient le corps du bébé. La fonction
psychique se développe par intériorisation du holding maternel. Le Moi-peau est une
partie de la mère – particulièrement ses mains – qui a été intériorisée et qui maintient le
psychisme en état de fonctionner, du moins pendant la veille, tout comme la mère
maintient en ce même temps le corps du bébé dans un état d’unité et de solidité.
L’appui externe sur le corps maternel conduit le bébé à acquérir l’appuis interne sur sa
colonne vertébrale, comme arête solide permettant de se redresser. Un des noyaux
anticipateurs du Je consiste en la sensation-image d’un phallus interne maternel ou plus
généralement parental qui assure l’espace mental en voie de se constituer un premier
axe, de l’ordre de la verticalité et de la lutte contre la pesanteur, et qui prépare
l’expérience d’avoir une vie psychique à soi. C’est en s’adossant à cet axe que le Moi
peut mettre en œuvre les mécanismes de défense les plus archaïques, comme le clivage
et l’identification projective. Mais il ne peut s’adosser à ce support en toute sécurité
que s’il est sûr d’avoir par son corps des zones de contact étroit et stable,avec la peau,
les muscles, et les paumes de la mère (et des personnes de son environnement primaire)
et, à la périphérie de son psychisme, un encerclement réciproque par le psychisme de la
mère (ce que Sami-Ali, (1974) a dénommé « inclusion mutuelle ») » p. 121-122

Contenance « A la peau qui recouvre la surface entière du corps et dans laquelle sont insérés tous « A la carence de cette fo
les organes des sens externes répond la fonction contenante du Moi-peau. Cetteformes d’angoisse. L’ang
fonction est exercée principalement par le handling maternel. La sensation-image de lapermanente, éparse, non lo
peau comme sac est éveillée, chez le tout-petit, par les soins du corps appropriés a ses une topographie psychique
besoins que lui procure la mère. Le Moi-peau comme représentation psychique émergecherche une écorce substitu
des jeux entre le corps de la mère et le corps de l’enfant ainsi que des réponses psychique : il s’envelopp
apportées par la mère aux sensations et aux émotions du bébé, réponses gestuelles et l’enveloppe existe, mais sa
vocales, car l’enveloppe sonore redouble alors l’enveloppe tactile, réponses à caractère un Moi-peau passoire ; l
circulaire où les écholalies et les échopraxies de l’un imitent celles de l’autre, réponsesconservés ; ils fuient (vo
qui permettent au tout-petit d’éprouver progressivement ces sensations et ces émotions L’angoisse est considéra
à son propre compte sa se sentir détruit. R. Kaës (1979a) distingue deux aspects de particulièrement de l’agres
cette fonction. Le « contenant » proprement dit, stable, immobile, s’offre en réceptacle trous psychiques peuvent tr
passif au dépôt des sensations-images-affects du bébé, ainsi neutralisées et conservées.
Le « conteneur » correspond à l’aspect actif, à la rêverie maternelle selon Bion, à
l’identification projective, à l’exercice de la fonciton alpha qui élabore, transforme et
restitue à l’intéressé ses sensations-images-affects rendues représentables » p. 124 ;
Pare- « La couche superficielle de l’épiderme protège la couche sensible de celui-ci (celle oùFrances Tustin (1972) a dé
excitation se trouvent les terminaisons libres des nerfs et des corpuscules du toucher) etrespectivement à l’autisme
l’organisme en général contre les agressions physiques, les radiations, l’excès deaucune fonction du Moi-p
stimulations. Dès l’ « Esquisse d’une psychologie scientifique » de 1895, Freud avait,contenant, ni de pare-excita
parallèlement, reconnu au Moi une fonction de pare-excitation. Dans la « Notice sur lele Moi-crustacé, avec une c
Bloc magique » (1925), il énonce bien que le Moi (tel l’épiderme : mais Freudet interdit aux fonctions sui
toutefois n’apporte pas cette précision) présente une structure en double feuillet. Dans
l’ « Esquisse » de 1895, Freud laisse entendre que la mère sert de pare-excitation au
bébé, et cela – c’est moi qui l’ajoute – jusqu’à ce que le Moi en croissance de celui-ci
trouve sur sa propre peau un étayage suffisant pour assumer cette focntion. D’une
façon générale, le Moi-peau est une structure virtuelle à la naissance, et qui s’actualise
au cours de la relation entre le nourrisson et l’environnement primaire ; l’origine
lointaine de cette structure remonterait à l’apparition même des organismes vivants. »
p. 125

Individuatio « … le Moi-peau assure une fonction d’individuation du Soi, qui apporte à celui-ci le« . L’angoisse, décrite par
n du Soi sentiment d’être un être unique. » p. 126 liée à une menace visant
sentiment des frontières de
Intersensoria « Le Moi-peau est une surface psychique qui relie entre elles les sensations de diverses« A la carence de cette fon
lité natures et qui les faire ressortir comme figures sur ce fond originaire qu’est l’enveloppecorps, plus précisément cel
tactile : c’est la fonction d’intersensorialité du Moi-peau qui aboutit à la constitutiond’un fonctionnement indé
d’un « sens commun » (le sensorium commune de la la philosophie médiévale) dont lasens. » p. 127
référence de base se fait toujours au toucher ». p. 127

Soutien de « Le Moi-peau remplit la fonction de surface de soutien de l’excitation sexuelle,« Si l’investissement de


l’excitation surface sur laquelle, en cas de développement normal, des zones érogènes peuvent êtrel’enveloppe d’excitation pe
sexuelle localisées, la différence des sexes reconnues et leur complémentarité désirée. » p 127 brillante, censée rendre son
Si le soutien de l’excitatio
adulte ne se sent pas en séc
sexuelle complète aboutissa
Si les excroissances et l
algogènes plutôt qu’érogèn
renforcée, l’angoisse pers
perversions sexuelles visan

Recharge « A la peau comme surface de stimulation permanente du tonus sensori-moteur par les « Les ratés de cette fonction
libidinale excitations externes répond la fonction du Moi-peau de recharge libidinale dul’angoisse de l’explosion de
fonctionnement psychique, de maintien de la tension énergétique interne et de sad’excitation (la crise épilep
répartition intégrale entre les sous-systèmes psychiques (cf les « barrières de contact »l’angoisse du Nirvâna,
de l’ « Esquisse » freudienne de 1895) » p. 128 l’accomplissement du désir

Inscription « Le Moi-peau remplit une fonction d’inscription des traces sensorielles tactiles,Une première forme d’ango
des traces fonction de pictogramme selon Piera Castoriadis-Aulagnier (1975), de bouclier dela surface du corps et du M
sensorielles Persée renvoyant en miroir une image de la réalité selon F. Pasche (1971). Cette provenant du Surmoi (les
fonction est renforcée par l’environnement maternel dans la mesure ou il remplit sonselon Bettelheim (1954), la
rôle de « présentation de l’objet’ » (Winnicott, 1962) auprès du tout-petit. Cette(1914-1919) qui grave sur
fonction du Moi-peau se développe par un double appui, biologique et social.ce que mort s’ensuive, l’a
Biologique : un premier dessin de la réalité s’imprime sur la peau. Social :inverse porte soit sur le dan
l’appartenance d’un individu à un groupe social se marque par des incisions, leur surcharge soit sur la p
scarifications, peintures, tatouages, maquillages, coiffures et leurs doublets que sont lessommeil par exemple. » p.
vêtements. Le Moi-peau est le parchemin originaire, qui conserve, à la manière d’un
palimpseste les brouillons raturés, grattés surchargés, d’une écriture « originaire »
préverbale faite de traces cutanées. » p. 128

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