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L’AUTORITÉ SELON KOJÈVE

Alfredo Zenoni

L'École de la Cause freudienne | « La Cause freudienne »

2004/3 N° 58 | pages 220 à 222


ISSN 2258-8051
ISBN 9782905040466
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Maladies d’époque Instantanés

L’autorité selon Kojève


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Alexandre Kojève, La Notion de l’autorité, collection Bibliothèque des idées, Gallimard, Paris, 2004, 208
pages, 16 euros.

Écrit en 1942 en plein régime vichyste, ce paraissent être les analyses relatives à la trans-
texte est resté jusqu’à sa publication en 2004 mission de l’autorité. Elles introduisent à une
rangé dans les archives de la Bibliothèque distinction qui est plus en rapport avec la
nationale. Il paraît à une époque où le regain question de la « raison d’être » de l’autorité
d’intérêt pour la philosophie politique et les comme telle que la distinction entre ses
interrogations sur la nature de la démocratie formes.
remettent au centre du débat la question de L’autorité de Père est ainsi opposée comme
l’autorité que certains considèrent comme prototype de l’autorité qui ne subsiste que par
une question d’un autre âge. Une bonne voie de transmission héréditaire, autrement
partie de ce petit volume est consacrée à la dit par la voie de la « tradition », aux trois
distinction des quatre formes d’autorité qui, autres formes dont l’existence tient, au
aux yeux de Kojève, n’ont jamais été claire- contraire, à son surgissement actuel. Or,
ment distinguées, chaque forme ayant été remarque Kojève, une transmission de l’auto-
prise comme recouvrant la totalité de la rité l’amoindrit toujours plus ou moins, alors
notion. Il distingue ainsi l’autorité du Père, que l’autorité n’a toute sa vigueur que dans
du Maître, du Chef et du Juge, qui corres- l’actualité de sa « génération spontanée »,
pondent à autant de théories irréductibles de comme c’est le cas pour celle du Maître, du
l’autorité, repérables au cours de l’histoire, Chef ou du Juge, laquelle s’impose d’elle-même,
respectivement dans la théologie et la philo- c’est-à-dire par une « qualité personnelle » ou
sophie médiévales, chez Hegel, chez Aristote par un « talent spécial de l’indi-
et chez Platon. vidu » (l’autorité du juge elle-même ren-
Cependant, plus importantes que l’exposé du voyant à une caractéristique personnelle
fondement métaphysique de cette distinc- comme l’équité ou l’impartialité). À travers
tion, en fonction des trois dimensions du cette opposition, qui n’est pas loin de rappeler
temps et du hors temps de l’éternité, nous celle de Max Weber entre « autorité tradition-

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Cabinet de lecture Le pinceau de lumière

nelle » et « autorité charismatique », que torité n’implique complètement. Cependant,


Kojève ne mentionne cependant pas, il appa- tout le long de l’exposé il ne manque pas de
raît que c’est l’autorité qui n’est pas transmise souligner l’étroite solidarité existante entre
qui correspond davantage à la notion d’auto- l’autorité et sa reconnaissance par celui ou par
rité comme telle. On approche ainsi de ce qui ceux qui la subissent. Une autorité non
est le plus énigmatique dans la question de reconnue est une autorité qui n’existe pure-
l’autorité, celle de sa source ou de sa cause. ment et simplement pas. Et c’est pourquoi il
Si l’autorité perd de son emprise quand elle ne faut surtout pas faire quelque chose pour
est transmise, c’est qu’elle ne possède toute exercer l’autorité (p.61). Le fait d’être obligé
son efficace qu’au moment de son surgisse- de faire intervenir la force ou même de devoir
ment, in statu nascendi, c’est-à-dire précisé- discuter pour l’exercer signe déjà sa dispari-
ment, dit Kojève, quand elle n’est pas tion, comme H. Arendt devait également le
« conditionnée » par une autre autorité ou noter quinze ans plus tard.
quand elle n’est pas dérivée d’une autorité Toutefois, malgré cette circularité, Kojève va
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ancienne. L’autorité par excellence est celle de être progressivement amené à développer une
l’individu qui s’impose de lui-même, celle du théorie de l’État qui suppose de fait la pré-
Chef « révolutionnaire » (politique ou reli- existence de l’autorité à sa reconnaissance et
gieux) (p. 118), encore que la rupture avec la accentuer ainsi la séparation de l’instance
tradition, et donc le déclin de l’autorité de « souveraine » par rapport à l’ensemble des
type Père, ait des conséquences néfastes. Quoi « particuliers ». Même dans un état démocra-
qu’il en soit, puisque l’autorité traditionnelle tique, écrit-il, « le pouvoir ne diffère pas essen-
ne continue d’exercer son influence que dans tiellement de celui d’une oligarchie ou même
la mesure où quelque chose du crédit ou de d’un monarque « absolu » (p. 137). Sensible
l’adhésion à l’autorité originaire se reporte sur surtout à la nécessité d’une instance de gou-
ses représentants ou ses héritiers, la question vernement qui gouverne et non seulement
ne fait que mieux rebondir concernant la qui administre, il finit par proposer une
« raison d’être » de l’autorité, à l’origine. théorie de l’autorité qui tient de moins en
Kojève souligne bien la différence entre l’au- moins compte de la dimension de reconnais-
torité et l’usage de la force. « Un Pouvoir sance ou d’adhésion pour s’occuper surtout
fondé sur l’Autorité peut, bien entendu, se de sa réalisation dans le support concret d’un
servir de la force ; mais si l’autorité engendre Chef (individuel ou collectif ) et de ses repré-
une force, la force ne peut jamais, par défini- sentants. Or, comme il a montré que l’auto-
tion, engendrer une Autorité quel- rité du chef ne lui vient pas de son élection,
conque » (p.137). Mais d’où vient alors cette mais qu’elle précède son élection (on n’a pas
capacité de produire un changement dans d’autorité parce qu’on est élu, mais on est élu
l’autre ou d’agir sur lui sans que celui-ci s’y parce qu’on a de l’autorité), la constitution de
oppose, c’est-à-dire avec son « renoncement l’État, dont il va donner une esquisse en
conscient et volontaire à la possibilité de s’y appendice, va désormais pouvoir se passer de
opposer » ? En guise de réponse Kojève se débat politique et d’élections. Celles-ci ont en
lance dans la description des quatre types plus le tort d’engendrer une division entre
purs d’autorité et de leurs combinaisons his- une majorité ou une minorité qui, selon
toriques possibles, en remettant à plus tard la Kojève, met en cause le principe même de
réalisation d’un projet d’« onto- l’autorité, puisqu’une minorité est par défini-
logie » qu’aucune des quatre théories de l’au- tion composée par ceux qui ne se reconnais-

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sent pas dans la majorité, laquelle ne peut dès nomène de l’autorité. Il ne peut déceler sous
lors s’imposer que par la force. le charisme et le crédit de l’individu ou de
Ainsi, visiblement fasciné par la logique de l’idéal qui guident un groupe le transfert sur
l’Un-tout, Kojève finit par oublier l’indisso- eux d’un quantum de libido. La formation
ciabilité de l’autorité et de sa reconnaissance d’un ensemble requiert, en effet, l’existence
qu’il a pourtant bien repérée, en faisant d’un élément en position d’exception, mais
comme si cette autorité existait d’elle-même, cette exception n’a d’autre effectivité que celle
alors qu’elle peut très bien ne pas exister pour de la foi qu’on lui accorde. Elle fait office de
d’autres individus ou cesser d’exister pour le fondation, parce que dans le réel le fonde-
groupe même qui l’avait suivie. Il n’est dès ment manque. Si l’Un d’exception est donc
lors pas étonnant, mais cela surprend quand nécessaire à la formation d’un ensemble, son
même, de trouver à la fin de l’ouvrage deux existence n’est qu’une existence de semblant.
appendices consacrés, l’une, à l’autorité du On peut y croire juste ce qu’il faut pour s’en
Maréchal Pétain (menacée de déclin si elle ne servir, sans pour autant l’hypostasier.
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parvient pas à donner à la proclamation de la Cette double caractéristique définit le statut
« révolution nationale » un contenu plus de l’autorité dans nos sociétés. Même le
explicite) et l’autre, à une ébauche de consti- régime démocratique comporte une instance
tution d’un État (réunissant notamment dans décisionnelle, politique sous peine de se
la même instance pouvoir législatif et pouvoir transformer en une dictature de l’administra-
exécutif ) qui est tout sauf démocratique. tion, mais cette instance ne se confond pas
Ne disposant pas de la Massenpsychologie freu- avec quelque chose ou quelqu’un d’irrévo-
dienne (alors qu’un Kelsen, par exemple, y cable ou d’irremplaçable.
consacre tout un essai1), l’auteur ne peut
interroger la composante suggestive du phé- Alfredo Zenoni
1. H. Kelsen, Der Begriff des Staates und die Sozialpsychologie. Mit besonderer Berücksichtigung von Freuds Theorie der
Masse, paru d’abord dans Imago (Internationaler Psychoanalytischer Verlag), VIII, 2, 1922 ; trad. it. (G. Contri et C.
Marzotto) in H. Kelsen, La Democrazia, Il Mulino, Bologna, 1981.

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