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DERRICHE TS3

Amina

Composition facultative :
Les mémoires de la guerre d’Algérie : des mémoires conflictuelles ?

Médine Zaouiche, jeune rappeur aux origines « mêlées »


nous livre ces paroles en prélude de son prochain album : « De vieux
ennemis cohabitent dans mon code génétique »(La personnification
renvoie aux nations françaises et algériennes. ) ou encore «Sardou
parle-moi, du temps béni des colonies, je te parlerai de Thiaroye, de la
torture en Algérie.” Ces paroles probantes mettent en lumière un conflit
qui demeure existant : les mémoires conflictuelles qui constituent le récit
de la guerre d’Algérie. Ces mémoires qui divergent et s’opposent parfois
concernent certes les antagonistes mais sont aussi présentes au sein
des communautés algériennes et françaises mêmes. Harkis, appelés,
représentants de l’Etat, pieds noirs, acteurs de l’indépendance... tous
possèdent une mémoire qui leur est propre car ces partisans apportent
un caractère subjectif aux récits et s’expriment d’un point de vue interne.
Le silence sur cette guerre tardivement reconnue en raison de
l’euphémisme « opérations de maintien de l’ordre » qui permettait de ne
pas reconnaître le statut de belligérants à ceux que l’État considérait
comme des « rebelles », des « terroristes » est en réalité « fait (…) de
révolte » comme le souligne Benjamin Stora historien et spécialiste du
Maghreb contemporain dans son ouvrage Algérie 1954. En effet, les
dénis et l’occultation de ce crime contre l’humanité visent à cristalliser les
positions de chacun des partis et mènera au « réveil des mémoires » : la
véhémence s’impose. De ce fait, l’Algérie fait l’objet d’un regain d’intérêt
(en 1980 soit 12 ans après la fin des hostilités entre l’Algérie et la France
signée par les accords d’Evian ) : les différents groupes portent leurs
revendications et souhaitent faire reconnaitre leur vision de l’histoire.
Certains contestent la mémoire officielle de l’État et l’Algérie réclame
encore la repentance. Il est donc judicieux de s’interroger sur les
diverses mémoires conflictuelles et leurs spécificités. Rappelons que la
mémoire est la capacité subjective d'un individu ou d'un groupe humain à
se souvenir de faits, liés à des émotions. Nous verrons dans un premier
temps, que le FLN et l’Etat Français proposent une mémoire officielle en
concordance avec leurs intérets , puis que ces mémoires sont par la
suite débattues par les protagonistes de la guerre. Enfin, nous finirons
par démontrer que jusqu’à nos jours ces mémoires sont encore en voie
d’apaisement.
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Amina

Tout d’abord, le souvenir de la guerre en Algérie est marqué


par une mémoire instrumentalisée par le FLN au pouvoir, parti unique à
la sortie de la guerre d’indépendance (suite aux accords d’Evian signés
en 1962). Il impose une vision du conflit qui correspond à ses intérêts.
Certains héros de la guerre, hostile au pouvoir du FLN, sont écartés.
Pour exemple, le premier président Ben Bella mis en prison en 1965. La
mémoire est officielle, anonyme, héroïque. C’est d’ailleurs la
proclamation « Un seul héros, le peuple » qui triomphe. En effet, le conflit
un présenté comme un soulèvement spontané du peuple algérien.
L’histoire officielle annonce près de 1,5 millions de morts algériens tandis
que le chiffre réels avoisine les 300 000.L’armée des frontières (branche
de l’ALN basée en Tunisie et au Maroc) s’impose au pouvoir au
détriment du gouvernement provisoire de la république algérienne
(GPRA). L’Etat algérien encadre l’histoire du conflit plus communément
nommé « Révolution nationale » ou en encore « la guerre de libération ».
Cette guerre constitue un véritable ciment de l’unité nationale
algérienne : les divisions entre les nationalistes algériens sont minimisés
par le gouvernement notamment les luttes FLN-MNA de Messali El Hadj
engendrant plus d’une dizaine de milliers de morts. Le conflit est
délibérément limité à une opposition concernant les Français et les
Algériens. Dans le même objectif, le rôle des Kabyles dans la lutte contre
les Français est passée sous silence tandis que celui de l’ ALN est
exessivement mis en avant. Les livres scolaires, les commémorations et
même les monuments sont des relais de cette histoire officielle. En 1965
, suite au coup d’Etat de d’Houari Boumédiene , le FLN devient le
parti unique de l’Algérie (comme nous l’avons mentionné plus haut) et
accentue cette mémoire officielle instrumentalisée. En raison des faits
détournés, des personnalités tel que Mohamed Harbi conteste cette
histoire officielle. L’historien et ex cadre du FLN sera condamné à 10 ans
de prison ferme pour cette prise de position et sera donc contraint de fuir
en France.

Côté français, les dirigeants qui sont en place, Charles de Gaulle est
président de la République depuis 1958, souhaitent rapidement tourner
la page du drame algérien. Benjamin Stora nous parle d’ailleurs d’ »une
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guerre ensevelie ». L’oubli est ainsi organisé par toute une série de lois
qui entre 1962 et 1982 amnistient les auteurs d’exactions, d’actes de
torture et même les généraux qui firent le coup d’État avorté de 1961
sont amnistiés en 1968. Il y a là une volonté claire d’occulter une période
durant laquelle les Français furent largement divisés. Entre les partisans
de l’Algérie française qui vont jusqu’à l’action violente comme l’O.A.S.
(Organisation armée secrète) qui attente à la vie du général de Gaulle en
1961, les défenseurs d’une Algérie algérienne, l’unité nationale avait été
largement mise à mal. Ne pas parler de cette guerre pouvait sembler un
moyen d’évacuer des traumatismes dont les acteurs restaient encore
très présents, y compris dans les sphères politiques.

Ainsi, le gouvernement français en instaurant l’occultation volontaire du


conflit traduit sa volonté d’oublier celui-ci. Le FLN, lui en le surexposant,
légitime son pouvoir. Ces décisions politiques ont ainsi joué un rôle
majeur au sein des différents groupes mémoriels.

Ensuite, à partir des années 1980, l’unanimisme de la mémoire


de la guerre laisse place aux revendications des groupes mémoriels.
De ce fait apparaissent des mémoires communautaires parfois
contradictoires. Déjà en Algérie, l’accès limité et difficile aux archives
témoigne d’un manque de transparence de la part du gouvernement. Le
ressentiment de la jeunesse algérienne éclate envers un régime qui a
confisqué les souvenirs douloureux comme s’ils relevaient de l’indicible.
Aucun algérien se retrouve vraiment dans l’histoire qu’on raconte. Les
viols collectifs, les assassinats arbitraires, la torture, les morts sans
sépulture, les enfermements, les vols, les exécutions de masse et bien
d’autres exactions sont passées sous silence. En 2006, Abdelaziz
Bouteflika demande à la France de présenter des excuses officielles en
Algérie.

En France la mémoire de la guerre d’Algérie se par une reconnaissance


progressive de l’ombre de l’histoire coloniale française. La
reconnaissance légale de celle-ci fait son entrée en 2002 alors que
Jacques Chirac prononce pour la première fois le terme « guerre
d’Algérie ». Les harkis c’est-à-dire les combattants algériens engagés
aux côtés de l’armée française durant la guerre d’Algérie en plus de la
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reconnaissance de leurs droits en France demande que la lumière soit


faite sur la guerre d’Algérie. Les harkis portent une mémoire douloureuse
du départ de l’Algérie pour échapper au FLN et de l’accueil en France
après la guerre ; les enfants de harkis se mobilisent et alertent l'État sur
les conditions de vie de leurs parents et le manque de reconnaissance.
Considérés comme des « collaborateurs » par les nationalistes algériens,
oubliés voire méprisés par les pouvoirs publics français lorsqu’ils arrivent
en métropole, ils n’ont eu aucune place pendant très longtemps dans les
cérémonies de commémorations en France. Ils rejettent la date du 19
mars 1962 comme commémoration de la fin de la guerre d’Algérie, car
pour eux cette date marque le début de massacres sanglants (...).Une
« journée nationale d’hommage aux harkis » est fixé au 25 septembre
puis en Février 2005, une loi exprime la reconnaissance de la France
envers les Harkis et botes des crédits pour financer des mesures en leur
faveur. L’amnésie française prend fin : les premières synthèses portant
sur ce conflit deviennent publiques et entrent dans les programmes
scolaires de lycée en 1983. Plus récemment, à l’occasion de sa visite à
Alger, en décembre 2012, François Hollande prononce devant le
Parlement algérien un discours dans lequel il reconnait l’usage de la
torture. Cependant, la France ne reconnait pas sa responsabilité
concernant l’abandon des harkis massacrés après mars 1962 en Algérie.
Les pieds noirs c’est-à-dire les français d’Algérie rapatriés après
l’indépendance de l’Algérie en 1962 eux, se voient contraind
d’abandonner leur pays natal – la formule « La valise ou le cercueil ? qui
a été diffusé à Constantine dans un tract de 1946,» résume brutalement
quels étaient pour eux au sortir de la guerre les enjeux pour venir
s’installer en France, en Corse, dans le sud-ouest et sur la côte d’Azur
notamment. Cette population diversement accueillie réclame des
indemnisations pour leurs pertes et la reconnaissance de leur statut de
victimes. Surtout, elle représente une forme de culture soucieuse
d’entretenir le souvenir de la terre perdue, une « nostalgérie » que l’on
retrouve dans quelques chansons de Gaston Ghrenassia.

De plus, les militaires français font naitre une mémoire entre engagement
et refoulement. Ainsi le général Paul Aussares reconnait en 2000 avoir
eu recours à la tortue pendant la guerre d’Algérie, en particulier lors de la
bataille d’Alger. Les officiers signataires d’un manifeste en 2000 minimise
l’ampleur de la torture et surtout en justifie l’usage. Ils insistent sur le fait
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que la torture qualifiée de « dérive marginale » n’aurait été qu’une


réponse à la terreur exercée par le FLN et était destinée à y mettre un
terme. Les appelés c’est-à-dire les français non militaires appelés à
combattre en Algérie ont été marqué par cette guerre particulièrement
brutale. Certains ont vu mourir, d’autres ont donné la mort.. quoi qu’il en
soit c’est un souvenir d’horreur qui marque les esprits. Ces combattants
reconnus en tant que telle seulement en 1974 créent dès la fin de la
guerre une association les représentant : La Fédération nationale des
anciens combattants d’Algérie (FNACA).

Enfin, de nos jours ces mémoires sont encore en voie


d’apaisement. Benjamin Stora invité lors d’un interview pour France 24
affirme que « 132 ans de colonisation de peuvent pas s’effacer d’un trait,
donc les efforts de réconciliation mémoriels doivent être incessants. » Ils
ont été entrepris par certains président de la République en particulier
Jacques Chirac, François hollande, ou encore Emmanuel Macron qui
effectue un geste historique en décidant d’accomplir un travail de vérité
sur ce sujet. En effet, le chef de l’État reconnaît la responsabilité de
l’Etat dans la mort et séquestration de Maurice Audin, un mathématicien
militant de l’indépendance de l’Algérie tué en 1957. D’après E.Stora ,
Emmanuel macron permettrait de se désengluer de cette mémoire
conflictuelle pour plusieurs raisons . Dans un premier temps, il
n’appartient pas à la génération du conflit et n’a pas ce rapport physique
mémoriel avec l’Algérie ; surtout il est décomplexé c’est-à-dire qu’il
participe à la normalisation des rapports Algérie France. Ce saut
générationnel pourrait donc peut être représenter une plus grande
avancée vers l’apaisement des mémoires entre les 2 États. Également ,
il est judicieux de mener les revendications de réciprocités dans les
reconnaissances . Pour exemple, de nombreux films ont été diffusés sur
la télévision publique française et algérienne. Parmi eux, un
documentaire français (La Déchirure de G. Le Bomin) qui retrace les
évènements de la guerre à travers les images d’archives, produites par
l’armée française mais aussi par les nationalistes algériens et leurs alliés.
Il est suivi par 3 millions et demi de téléspectateur en France, mais aussi
massivement visionné en Algérie. Néanmoins, la réconciliation
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mémorielle n’est que partielle puisque certains groupes de pression (parti


communiste et extrême droite) vivent de cette rente mémorielle qui
fabrique leur identité politique. Le danger est toujours présent à travers
les dénis qui visent à renforcer les guerres mémorielles et cristalliser les
prises de positions. Certains désaccords et sources de conflit liés à la
mémoire de la guerre d’indépendance d’Algérie émergent encore : en
effet, la France par exemple détient toujours les crânes de combattants
et résistants algériens au Musée de l’Homme alors l’Etat algérien a
officiellement déposé une requête auprès de la France pour la restitution
des crânes de combattants tués lors des guerres coloniales au 19e
siècle.

Pour conclure, les mémoires plurielles et conflictuelles des deux


pays ont évolué et continuerons certainement d’évoluer dans un futur
proche. Tout de même, la guerre d’Algérie est commémorée pour les
morts et les victimes qu’elle a causé. À cela, viennent s’ajouter divers
acteurs tels que les historiens, les chefs d’États... afin de mener à
l’apaisement de la mémoire de la guerre d’Algérie. Portée par différents
groupes mémoriels, c’est un enjeu important au sein des sociétés
françaises et algériennes, et dans les relations diplomatiques entre les
deux États. En Algérie, c’est toujours une mémoire officielle et
monolithique du conflit qu’impose le FLN au pouvoir. En effet la « guerre
de libération » reste un ciment de l’unité nationale. Après avoir été
prisonnière de la France durant 132 années de colonisation, le FLN n’a-
t-il pas pris à son tour l’Algérie en otage ?

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