Sie sind auf Seite 1von 20

Les carrières souterraines de Paris peuvent-elles être aménagées en abris ?

Pierre Devaux, La Nature N° 2974 — 1er avril 1936

Mis en ligne par Lauryn le samedi 11 mai 2019

Le général von Ludendorff vient de publier une brochure de 125 pages intitulée : La guerre
totale, qui a retenu l’attention des milieux diplomatiques étrangers. Rompant avec la cIassique
définition de Clausewitz, qui était aussi celle de Napoléon et du grand état-major français :
« La guerre a pour but la destruction de la force militaire adverse », le général von Ludendorff
affirme que la guerre qui vient sera une guerre totale, ayant pour but l’anéantissement des
peuples et des nations ennemies.

« Le théâtre des opérations, écrit-il, s’étendra à la totalité des territoires ennemis. La guerre
totale ne sera donc pas seulement dirigée contre l’armée, mais aussi directement contre les
peuples. »

Si nous ajoutons que l’auteur se prononce contre toute déclaration de guerre préalable, qu’il
estime que cette guerre doit être terminée dans le plus bref délai possible et que les
populations civiles et notamment les femmes seront aussi durement éprouvées que les
hommes valides, on aura une idée de cette conception germanique de la guerre moderne : une
boucherie méthodique, uniquement bornée par les limites des moyens matériels. Le livre a du
moins le mérite de la franchise ; il nous rappelle la nécessité de parer au plus tôt à la défense
des populations civiles, menacées notamment par le danger aérien. Cette défense passive, qui
incombe seule aux pouvoirs civils, constitue un vaste ensemble auquel nous avons
précédemment consacré une étude [1]. Le problème particulier sur lequel nous attirons
aujourd’hui l’attention des lecteurs est le suivant : peut-on, à Paris et dans la région immédia-
tement avoisinante, utiliser, pour abriter les populations contre les bombardements, l’énorme
réseau des carrières souterraines (fig. 1, 2 et 7) et des catacombes ?
Si l’on songe - nous croyons ne dévoiler ici aucun secret - que devant l’impossibilité
technique et financière d’abriter actuellement toute la population civile, les pouvoirs publics
envisagent cette solution fantastique : l’évacuation quasi totale de Paris, on se rendra compte
de l’intérêt vital du problème ainsi posé.
OÙ SE TROUVENT LES CARRIÈRES ?

L’énorme agglomération de pierre bâtie qui constitue Paris n’a pas été apportée de carrières
lointaines ; pour la plus grande part, elle a été extraite sur place et c’est ainsi que s’est formée
au cours des siècles cette « ville souterraine » à peu près unique au monde, qui étend ses
rameaux déserts sous la capitale habitée. Aucune carrière n’est plus exploitée sous la
superficie de Paris depuis 1862 [2].

Gérards évalue la superficie parisienne sous-minée par des carrières officiellement reconnues,
à 771 ha, soit environ le dixième de la superficie totale de la ville limitée aux remparts,
récemment démolis, de 1840. Il est extrêmement probable que les régions réellement
exploitées sont beaucoup plus vastes et qu’il existe de très nombreuses cavités inconnues.

La superficie des régions exploitables (fig. 3) peut être, par contre, fort bien définie par une
étude géologique, les matériaux utilisables étant le calcaire grossier « lutétien » et le gypse ou
pierre à plâtre. Il existe quatre groupes de régions exploitées et exploitables.

Sur la rive gauche, le gigantesque réseau des 5e, 6e, 14e et 15e arrondissements, qui s’étend
sous le Luxembourg, l’école des Mines, le Panthéon, l’Observatoire et qui comprend les
Catacombes ; ce sont des carrières de pierre à bâtir. Il existe également un îlot situé dans le
13e arrondissement, à l’est de la rivière de Bièvre. Sur la rive droite, on peut citer deux
groupes d’exploitation de pierre a bâtir : le petit réseau de Reuilly et le vaste réseau de Passy-
Chaillot. Ce dernier passe sous le Trocadéro ; il a été utilisé en 1900 pour une « exposition du
monde souterrain » et l’on y édifie actuellement une salle pour 3000 personnes. Quant au
quatrième groupe, qui occupe le nord et le nord-est de Paris, il est formé d’immenses bancs de
pierre à plâtre et comporte les carrières de Montmartre, de Buttes-Chaumont, de
Ménilmontant et du Père-Lachaise.

Disons tout de suite que ces carrières de gypse ne valent rien au point de vue qui nous occupe
car elle s’effondrent en grand dès qu’elles sont abandonnées à elles-mêmes. De plus, les plans
des carrières de Montmartre ont été brûlés sous la Commune, en 1871, avec les plans de
toutes les carrières de Paris.

ASPECT ACTUEL DES SOUTERRAINS

Comment se présentent ces cavités, sinon « naturelles » du moins mises gratuitement à la


disposition de la génération actuelle ? Ici, il faut distinguer suivant la façon dont l’exploitation
a été conduite.
En premier procédé d’exploitation, usité notamment à Montmartre et au sud de Paris, consiste
à creuser de très vastes galeries en ménageant de place en place de
puissants piliers qui soutiennent le ciel de carrière (fig. 1). Il y eut ainsi sous la butte
Montmartre des cavités hautes de 20 m, descendant à 40 m sous la surface du sol et
suffisamment larges pour livrer passage aux chariots.

Dans Paris, ces carrières géantes ont été à peu près totalement supprimées à cause des graves
dangers d’effondrement ; on peut en voir un beau fragment conservé dans le parc des Buttes-
Chaumont, à côté du pont dit « des Suicidés ».

Malheureusement, cette destruction des carrières a été faite rarement par comblement,
procédé qui offre une certaine sécurité, mais par foudroyage, c’est-à-dire en faisant sauter les
piliers : méthode expéditive mais barbare qui laisse subsister des vides inconnus et réalise, par
l’amoncellement des blocs effondrés, une architecture souterraine d’une stabilité douteuse.
C’est là une imprudence irréparable, puisqu’il n’existe pas de galeries de visite permettant de
surveiller les glissements possibles et d’intervenir par des travaux de consolidation.

La situation est infiniment meilleure dans les carrières de pierre à bâtir, notamment dans
celles qui étaient exploitées en faible hauteur, par hagues et bourrages fig. 2 et 8).
Dans ce mode d’exploitation, on enlevait la totalité du banc sur une hauteur de 2 à 3 m et on
bourrait fortement les vides à l’aide de terre de comblement maintenue par des murettes en
pierres sèches ou « hagues ».

Ici, de nombreuses galeries de visite, muraillées ou taillées en plein calcaire solide (fig. 4) ont
pu être aménagées par le Service des Carrières ; les ciels croulants (fig. 9, 10) ont été
consolidés, des superficies énormes de galeries ont été comblées ; au droit des édifices et dans
les régions dangereuses, des piliers et des arcades de renforcement ont été construits à grand
frais. Enfin tout cet ensemble a fait l’objet d’une cartographie méthodique et tenue à jour (fig.
5 et 6).
KILOMÉTRAGE DE QUELQUES GALERIES

Voici les longueurs de galeries de carrières [3] existant sous différents terrains ou édifices
parisiens : cimetière Montparnasse, 7 706 m ; Hôpital Cochin, 1 200 m ; Hospice Sainte-
Anne, 1 442 m ; Parc Montsouris, 2 610 m ; Observatoire, 1 000 m ; Chemin de fer de
Sceaux, 3 900 m ; Aqueduc d’Arcueil, 2 202 m ; Val-de-Grâce, 1 880 m ; Jardin du
Luxembourg, 2 372 m ; Jardin des Plantes, 815 m ; Chemin de fer de Ceinture, 6 576 m
(accessible par des puits à échelles) ; Lycée Montaigne et École de Pharmacie, 1 400 m avec 3
m 20 de hauteur de plafond mais 13 m seulement d’épaisseur de protection jusqu’à la surface
du sol.
Le Trocadéro est bâti sur carrières, ses fondations reposant sur des piliers de maçonnerie de 4
m de hauteur et d’au moins 3 m de côté. Le recouvrement est faible, 6 à 9 m. Au cours des
travaux actuels, on a retrouvé différentes « attractions » de l’Exposition de 1900 : temple
d’Agamemnon, gouffre de Padirac, temple chinois, etc. (fig. 11).

Cet énorme développement ne doit pas faire illusion, car il est presque tout en longueur avec
des largeurs de l’ordre de 1 m 50 ; ce sont des couloirs et non des espaces habitables (fig. 4 et
13).
Ouvrons ici une parenthèse pour indiquer un grave danger que les cavités souterraines font
courir aux constructions et aux habitants de la région sous-minée : c’est l’effondrement
souterrain progressif en « cloche de fontis » (fig. 10).
Le phénomène se produit de la façon suivante : le ciel d’une cavité non remblayée se fissure
et s’effondre, mettant à nu un banc supérieur, généralement moins compact, puisque les
carriers ont précisément eu soin de ménager au-dessus de leurs galeries un banc solide.
L’écroulement gagne ainsi lentement en hauteur, la cloche arrivant au voisinage de la surface
du sol : une vibration importante, le passage d’un camion, voire d’un piéton suffit à provoquer
une catastrophe [4].
Actuellement, le Service des Carrières doit être saisi par les architectes de leur intention de
bâtir sur les aires bien définies de la capitale où existe un danger possible. L’avis technique
délivré en échange par le Service n’engage pas ce dernier, c’est-à-dire que la situation souter-
raine peut être encore plus mauvaise que les études ne permettent de le supposer ; cet avis
indique seulement, soit que le terrain est sous-miné, soit que la situation est si dangereuse que
des travaux souterrains de consolidation sont indispensables. Dans ce cas, le Service de
Carrières procède au récolement des travaux.

INSUFFISANCE DES SUPERFICIES UTILISABLES

Venons-en à l’utilisation éventuelle des carrières comme abris collectifs.


Si nous éliminons tout d’abord les carrières de gypse à cause de leur danger naturel et de
l’absence de galerie de visite, il nous reste les trois groupes de carrières de calcaire ; de ces
dernières, il convient de défalquer une partie extrêmement considérable qui a été remblayée
donc entièrement remplie de terre et de décombres.
Il faut éliminer également les Catacombes, qui forment une partie des carrières sud et qui ont
été remplies avec les millions de squelettes (environ 5 millions) provenant notamment de
l’antique et pestilentiel cimetière des Innocents, dans le quartier des Halles.
Outre les remblais proprement dits en terre, de nombreuses consolidations souterrains, en
maçonnerie ou en béton, occupent une partie des vides situés sous les immeubles, les con-
duites souterraines, les égouts, le métro.
Tous comptes faits, il subsiste pour une organisation éventuelle d’abris civils : des espaces
relativement vastes mais très rares tels que les carrières du Magasin aux Fourrages, boulevard
Lefebvre, ou les carrières du Val-de-Grâce, de l’Observatoire, etc.
Les galeries, actuellement existantes, en comprenant sous cette rubrique les galeries de
carrières dont nous avons indiqué précédemment le développement et dont la largeur
n’excède pas 1 m 50 ; elles exigeraient quelques travaux de renforcement. Quant aux galeries
de visite, elles sont très étroites, larges de 1 m au maximum et hautes de 2 m.
Pour les deux catégories, espaces ou galeries, il y a également lieu de ne retenir que
les cavités situées sous au moins 20 m de sol, épaisseur capable de résister aux plus fortes
bombes ; ceci élimine du coup la majorité des galeries de visite muraillées ménagées sous les
voies publiques. Enfin il va de soi que ces carrières-abris doivent se trouver à proximité
immédiate des centres de population à densité élevée, afin de ne pas imposer aux réfugiés un
long parcours sous l’imminence d’un bombardement. Cette condition topographique ôte
malheureusement beaucoup de leur intérêt à de très belles carrières à piliers tournés qui
existent dans la banlieue sud, principalement à Issy-Les Moulineaux et dont la superficie est
évaluée à 30 000 m2. À Meudon, la municipalité étudie actuellement l’utilisation des carrières
de craie dont une partie est transformée en caves ou champignonnières. Il existe huit carrières
utilisables, quatre sur le versant est et quatre sur le versant ouest ; des travaux de déblaiement,
de renforcement, d’étanchéité aux gaz, d’aération, éclairage, aménagement des accès, sont
envisagés.
On pourrait abriter toute la population restante de Meudon, en cas d’alerte.

Ainsi, contrairement à une opinion répandue, les volumes souterrains disponibles, disons
plutôt les superficies souterraines dotées d’une hauteur de plafond acceptable, sont peu con-
sidérables sous Paris. Cette capacité matérielle correspond du reste à une capacité d’utilisation
beaucoup plus faible, car il ne saurait être question d’abriter les réfugiés en rang d’oignon le
long d’un énorme kilométrage de galeries de 1 m ou de 1,50 m de largeur ! Pratiquement, les
abris utilisables se bornent à quelques espaces plus amples mais fort rares, tels qu’on en
rencontre surtout dans le 14e arrondissement.
PROBLÈME DES ACCÈS

Si nous passons à l’aménagement des carrières sous la forme d’abris collectifs, nous voyons
surgir de nouvelles difficultés dont la principale est celle des accès.

Pour livrer passage très rapidement et en toute sécurité à une foule menacée d’un péril de
mort et comportant des éléments peu valides et impressionnables, de très larges accès,
présentant le minimum d’escaliers mais plutôt des pentes et se prêtant aux prescriptions à sens
unique, sont indispensables.
Le plan actuel de défense passive prévoit que sur 4 millions d’habitants de la population de
Paris et de la proche région parisienne, formant une agglomération d’ensemble susceptible
d’être bombardée [5], 40 % au moins, soit 1 600 000 personnes, resteront sur place ; le chiffre
de 1 million de personnes à recevoir en abris (en quelques minutes, ne l’oublions pas), paraît
donc un minimum.

Or, si nous défalquons des quinze ou vingt entrées actuellement existantes les accès par puits
ou escaliers étroits, il reste pour tout Paris six entrées capables de débiter chacune, compte
tenu de l’« éclusage » contre les gaz, cinq personnes à la minute ! La disproportion est
écrasante.

Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de la création et de la réouverture d’autres entrées,
offrant un plus grand débit. Pour les réouvertures des orifices murés, elles ne fourniraient que
des passages étroits, débouchant généralement dans des caves ; il existe ainsi d’anciennes
champignonnières (fig. 12), d’anciennes caves de brasseurs qui pourraient être utilement
rouvertes et aménagées pour augmenter la capacité d’abri des caves d’un immeuble, voire
pour recevoir les réfugiés d’un groupe d’immeubles, non pour un abri collectif, dont les
exigence sont autrement sévères.
La création de nouvelles entrées se heurte à de grosses difficultés pratiques, du fait que ces
entrées à grand débit occupent beaucoup d’espace, exigeant des expropriations coûteuses. De
plus, elles seraient inopérantes dans le cas le plus fréquent où ces larges avenues modernes
aboutiraient à un lacet de petits couloirs dangereux en cas de panique.
Soulignons-le, cependant, car il n’y a pas, dans ce problème des carrières-abris, tant
d’éléments favorables ! Cette solution : carrières-galeries et salles relativement vastes,
desservies par des entrées nouvelles comportant une pente douce de 250 m (pour descendre à
20 m), constitue actuellement la meilleure réalisation que l’on puisse envisager. Une dépense
de 200 à 300 millions serait nécessaire... le quart du prix de la Normandie.
Cet aspect financier du problème se rencontre du reste à chaque instant, ne fût-ce que pour
l’achat des carrières lorsqu’elles appartiennent à des particuliers, comme c’est le cas des
belles carrières à piliers tournés de la région sud. Les propriétaires demandent des indemnités
qui seraient à inscrire au passif déjà lourd des carrières-abris. Au total, il n’existe que des cas
d’espèce ; suivant les endroits, il peut être plus avantageux de construire de toutes pièces un
abri nouveau, suivant les techniques les plus modernes du béton étanche, à plafond
puissamment renforcé, ou d’aménager des carrières. On ne peut qu’approuver la formule du
Service des Carrières, qui est le bon sens même :

« Aménager tout ce qui est aménageable sans se leurrer de trop vastes espérances. »
Ajoutons que les galeries souterraines peuvent offrir un abri efficace à des objets de valeur, à
des œuvres d’art, aux collections du Louvre, à de l’or... Des mesures dans ce sens sont à
l’étude à la Préfecture de Police.

UN EXEMPLE DE CARRIÈRE-ABRI

Nous voudrions terminer ce bref aperçu d’ensemble par un exemple concret en décrivant un
projet d’aménagement d’une belle carrière qui existe sous le square Froidevaux, à côté de la
place Denfert-Rochereau (fig. 14, 15 et 16).
Ce projet très détaillé a été établi par MM. Rey et Martin, architectes ; le système de sas à
siphon est dû à M. Thibierge (fig. 18) [6].
Les carrières choisies présentent tout d’abord l’avantage topographique de se trouver dans un
quartier où il existe beaucoup de petits immeubles n’offrant qu’une sécurité insuffisante pour
l’aménagement d’abris en caves.

Les galeries que l’on utiliserait se trouvent dans le calcaire grossier moyen et inférieur ; elles
sont recouvertes de 19 m de terre représentant une charge de 38 t par m2 de ciel. Quelques
travaux de consolidation seraient nécessaires et il y aurait à évacuer certains remblais.
La section des piliers de renforcement serait d’environ 25 % de celle de l’abri, les piliers étant
espacés de 3,50 m d’axe en axe. Piliers et murs de pourtour seraient construits à l’aide de
calcaire extrait sur place et la charge de la roche ne dépasserait pas 20 kg par cm2.
La hauteur actuelle de ciel, soit 2,40 m, serait conservée afin d’avoir le volume d’air
maximum. Pour éviter une déshydratation du calcaire, provoquant des tassements, on pourrait
prévoir un plafond d’isolement mais ceci ne paraît pas nécessaire étant donné que l’abri sera
clos et non ventilé en temps ordinaire.
La surface totale de l’abri serait de 600 m2 et sa capacité de 1 200 personnes, à raison de deux
personnes par mètre carré. Il existerait au moins trois accès disposés dans de petits bâtiments
construits au niveau des rues (fig. 14) ; on y trouverait un poste de surveillance, un large vesti-
bule donnant accès au sas-siphon Thibierge et un autre sas à portes étanches. Dans l’abri lui-
même (fig. 15), il y aurait le téléphone avec la ville, un poste de T. S. F., un poste sanitaire de
secours, douches, lavabos, w.-c. avec fosse chimique, réservoirs d’eau potable pour les
occupants et les habitants du quartier, une réserve de vivres et une petite usine de ventilation
et de régénération de l’air.
Tant que la ventilation resterait possible, elle serait assurée par trois prises d’air situées
respectivement au sommet d’un immeuble voisin, haut de 28 m, au sommet d’un autre
immeuble haut de 15 m et sur l’une des entrées de l’abri.
Dans le cas où ces trois entrées d’air seraient intoxiquées, on pourrait aspirer à travers des
filtres chimiques ou même marcher en circuit fermé avec régénération par la soude et l’oxy-
gène.

LE SAS-SIPHON THIBIERGE

Une remarquable solution technique a été adoptée par les auteurs du projet, pour remplacer le
sas ordinaire à deux portes verticales, en vue d’éviter l’entrée considérable d’air pollué qui se
produit à chaque passage.
Considérons (fig. 17 à gauche) un abri ou plutôt un sas dont on ouvre la porte extérieure
verticale ; tout d’abord, l’air pur contenu en surpression dans le sas se détend, mais l’équilibre
étant rétabli, l’air pollué de gaz denses pénètre en vague par le bas de la porte tandis que l’air
pur s’échappe par le haut (fig. du milieu). Finalement, le sas se trouve envahi jusqu’au plan
horizontal passant par le haut de la porte, l’envahissement se poursuivant du reste
graduellement par diffusion vers le
plafond (fig. de droite). Tout autre est le phénomène si l’on s’adresse à une entrée remontante
telle que la trappe T (fig. 18 à gauche). Après la détente de l’air pur en surpression, le niveau
de l’air pollué lourd s’établit suivant le plan horizontal AB de la trappe et la pollution ne peut
gagner en hauteur que par diffusion. Il suffira donc que la vitesse d’écoulement entretenue par
les machines de ventilation soit supérieure à cette vitesse de diffusion (à peine quelques
centimètres par seconde), pour que les gaz ne puissent atteindre la limite CD au-delà de
laquelle ils couleraient dans l’abri.
La figure 18 (à droite) montre la disposition pratique d’une entrée à sas syphoné, munie de
deux trappes TT à fermeture hydraulique, la désinfection des arrivants étant opérée dans
l’intervalle des deux trappes. Ajoutons que le système peut être appliqué à la noria d’hôpital
de M. Guteperle destinée au transport automatique des malades ou invalides sans dépense de
force motrice vers l’intérieur des abris.

Pierre Devaux
Ancien élève de l’École Polytechnique

[1] Voir La Na/ure, n’ 2879 du 15 avril 1932.

[2] Un ouvrage malheureusement introuvable, le Paris souterrain, par Em. Gérards (Garnier)
constitue la monographie la plus complète de ces questions ; nous avons pu le consulter au
Service des Carrières. Voir aussi une étude documentée de M. A. Troller dans le n° 1905 de
La Nature (27 novembre 1909) avec références bibliographiques

[3] D’après Gérards

[4] Voir dans l’article précité, une description des principaux accidents ainsi survenus à Paris
[5] La région parisienne officielle occupe un périmètre beaucoup plus vaste mais en
formations disséminées (voir La Nature, n° 2907 du 15 décembre 1935)

[6] Voir aussi la brochure de MM. Gutperle et Rey, Imprimerie Gommès

Das könnte Ihnen auch gefallen