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TRIBUNAL ADMINISTRATIF

DE LYON

N° 1803145 RÉPUBLIQUE FRANÇAISE


___________

SOCIÉTÉ ENEDIS
___________ AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

M. Reymond-Kellal
Rapporteur
___________ Le tribunal administratif de Lyon

M. Arnould (3ème chambre)


Rapporteur public
___________

Audience du 17 octobre 2019


Lecture du 7 novembre 2019
___________
29
135-01-03
D-KS

Vu la procédure suivante :

Par une requête enregistrée le 3 mai 2018, la société Enedis, représentée par la SELAS
Adamas Affaires Publiques, demande au Tribunal :

1°) d’annuler la décision, née du silence gardé pendant plus de deux mois sur la
demande formulée le 2 février 2018, refusant implicitement d’abroger la délibération du
3 mars 2017 par laquelle le conseil municipal de Bussières a interdit le remplacement des
compteurs d’électricité de la commune par ceux dits communicants ;

2°) d’enjoindre à la commune de Bussières d’abroger ladite délibération.

Elle soutient que :


– du fait du transfert à un établissement public de coopération intercommunale de la
compétence en matière de distribution d’électricité, le conseil municipal n’était plus compétent
pour se prononcer sur ses modalités de gestion ;
– la délibération méconnaît les articles L. 341-4 et R. 341-4 du code de l’énergie.

Une mise en demeure a été adressée le 20 novembre 2018 à la commune de Bussières.

L’instruction a été close le 6 septembre 2019 par ordonnance du 22 juillet 2019.

Vu les autres pièces du dossier,


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Vu :
– le code de l’énergie,
– le code général des collectivités territoriales,
– le code des relations entre le public et l’administration,
– le code de justice administrative ;

Les parties ont été régulièrement averties du jour de l’audience.

Ont été entendus au cours de l’audience publique :


– le rapport de M. Reymond-Kellal,
– les conclusions de M. Arnould,
– les observations de Me Riffard pour la société Enedis.

Considérant ce qui suit :

1. Par délibération du 3 mars 2017, le conseil municipal de Bussières a refusé le


déclassement des compteurs d’électricité existant et interdit leur remplacement par des
compteurs dits communicants. La société Enedis a demandé l’abrogation de cette délibération
par courrier reçu le 2 février 2018 qui est resté sans réponse pendant plus de deux mois.

Sur la demande d’annulation :

2. Aux termes de l’article L. 243-2 du code des relations entre le public et


l’administration : « L'administration est tenue d'abroger expressément un acte réglementaire
illégal (…), que cette situation existe depuis son édiction ou qu'elle résulte de circonstances de
droit ou de fait postérieures, sauf à ce que l'illégalité ait cessé. (…) ».

3. D’une part, aux termes du premier alinéa de l’article L. 1321-1 du code général des
collectivités territoriales : « Le transfert d'une compétence entraîne de plein droit la mise à la
disposition de la collectivité bénéficiaire des biens meubles et immeubles utilisés, à la date de ce
transfert, pour l'exercice de cette compétence ». Aux termes de l’article L. 1321-4 du même
code : « Les conditions dans lesquelles les biens mis à disposition, en application de
l'article L. 1321-2, peuvent faire l'objet d'un transfert en pleine propriété à la collectivité
bénéficiaire sont définies par la loi ».

4. D’autre part, aux termes du premier alinéa de l’article L. 322-4 du code de


l’énergie : « Sous réserve des dispositions de l'article L. 324-1, les ouvrages des réseaux publics
de distribution, y compris ceux qui, ayant appartenu à Electricité de France, ont fait l'objet d'un
transfert au 1er janvier 2005, appartiennent aux collectivités territoriales ou à leurs groupements
désignés au IV de l'article L. 2224-31 du code général des collectivités territoriales. ». Aux
termes du deuxième alinéa du IV de l’article L. 2224-31 du code général des collectivités
territoriales : « L'autorité organisatrice d'un réseau public de distribution, exploité en régie ou
concédé, est la commune ou l'établissement public de coopération auquel elle a transféré cette
compétence (…) ».

5. Il résulte de la combinaison des dispositions précitées que la propriété des ouvrages


des réseaux publics de distribution d’électricité est attachée à la qualité d’autorité organisatrice
de ces réseaux. En conséquence, lorsqu’une commune transfère sa compétence en matière
d’organisation de la distribution d’électricité à un établissement public de coopération, celui-ci
devient autorité organisatrice sur le territoire de la commune et propriétaire des ouvrages des
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réseaux en cause, y compris des installations de comptage visées à l’article D. 342-1 du code de
l’énergie.

6. Il n’est pas contesté par la commune de Bussières que la compétence en matière


d’organisation des réseaux publics de distribution d’électricité dans le territoire de cette
commune a été transférée au syndicat intercommunal d’énergie de la Loire. Par suite, à compter
du transfert de cette compétence, le syndicat est devenu, en qualité d’autorité organisatrice du
service public de distribution d’électricité sur le territoire de la commune de Bussières,
propriétaire des ouvrages affectés aux réseaux de distribution de cette commune, notamment des
compteurs électriques qui y sont installés. Dès lors, la société Enedis est fondée à soutenir que la
délibération du 3 mars 2017 est entachée d’incompétence. Par suite, la commune de Bussières
était tenue de procéder à son abrogation à la demande de la société Enedis. Il s’en suit, sans qu’il
soit besoin d’examiner les autres moyens de la requête, que la décision refusant implicitement de
faire droit à cette demande doit être annulée.

Sur la demande d’injonction :

7. L’annulation, pour le motif ci-dessus retenu, de la décision implicite de rejet, née du


silence gardé pendant plus de deux mois sur la demande formulée le 2 février 2018, implique
nécessairement, en application de l’article L. 911-1 du code de justice administrative, que le
conseil municipal de Bussières procède à l’abrogation de la délibération du 3 mars 2017. Par
suite, il y a lieu de lui adresser une injonction en ce sens, en lui fixant un délai de deux mois.

DECIDE:

Article 1er : La décision, née du silence gardé pendant plus de deux mois sur la demande
formulée le 2 février 2018, refusant implicitement d’abroger la délibération du 3 mars 2017 par
laquelle le conseil municipal de Bussière a interdit le remplacement des compteurs d’électricités
de la commune par ceux dits communicants, est annulée.

Article 2 : Il est enjoint au conseil municipal de Bussières d’abroger la délibération du


3 mars 2017 dans un délai de deux mois à compter de la notification du jugement.

Article 3 : Le présent jugement sera notifié à la société Enedis et à la commune de Bussières.

Délibéré après l'audience du 17 octobre 2019, à laquelle siégeaient :

M. Stillmunkes, président,
M. Reymond-Kellal, premier conseiller,
Mme Allais, conseiller.
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Lu en audience publique le 7 novembre 2019.

Le rapporteur, Le président,

R. Reymond-Kellal H. Stillmunkes

La greffière,

C. Driguzzi

La République mande et ordonne au préfet de la Loire en ce qui le concerne ou à tous huissiers


de justice à ce requis en ce qui concerne les voies de droit commun contre les parties privées, de
pourvoir à l'exécution de la présente décision.

Pour expédition,
Un greffier,

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