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Herbert ROSINSKI
LA STRUCTURE DE LA STRATÉGIE MILITAIRE
Raymond ARON
RÉPONSE AU PROFESSEUR HEPP
CLAUSEWITZ EN CHINE
CLAUSEWITZ EN FRANCE
INSTITUT DE STRATÉGIE COMPARÉE
C ONSEIL D ’ ADMINISTRATION
Président : Hervé C OUTAU -B ÉGARIE
Vice-présidents : Jean-Louis M ARTRES ; Jovan P AVLEVSKI ;
Olivier B ORÉ DE L OISY
Secrétaire général : Yves D ECAUDAVEINE †
Trésorier : Philippe de P ADIRAC †
Administrateurs : Bruno C OLSON ; François C ARON ;
Jérôme P ELLISTRANDI ;
C ONSEIL SCIENTIFIQUE
Président : le général Lucien P OIRIER
Mme le professeur Jacques BAYON, doyen de la Faculté des Lettres de l’Université Jean-Monnet
de Saint-Étienne ; Sir James CABLE, former ambassador (Royaume-Uni) † ; MM. le professeur
Jean-Claude ALLAIN, co-directeur du Centre Défense et diplomatie dans le monde contemporain
(Paris III) † ; le professeur Jean-Pierre BOIS, directeur du Centre d’histoire du monde Atlantique
(Nantes) ; l’inspecteur général des Finances François CAILLETEAU, ancien chef du Contrôle
général des armées ; le professeur Claude CARLIER, directeur du Centre d’histoire de
l’aéronautique et de l’espace ; Gérard CHALIAND, directeur du Centre européen d’étude des
conflits ; le professeur Pierre CHAUNU †, de l’Institut ; le professeur Pierre DABEZIES, ancien
président de la FEDN † ; Olivier DARRASON, président de la Compagnie européenne d’intelli-
gence stratégique ; le général Jean DELMAS, président d’honneur de la Commission française
d’histoire militaire ; le professeur François-Xavier DILLMANN, président de la Société d’études
nordiques ; le vice-amiral d’escadre Marcel DUVAL † ; le commandant Ezio FERRANTE,
professeur à l’Institut de guerre maritime (Italie) ; le général de corps aérien Michel FORGET ; le
général Pierre-Marie GALLOIS ; le professeur Colin S. GRAY, Université de Hull (Royaume-Uni) ;
le professeur Pierre GUILLEN, président de la Société d’études historiques des relations inter-
nationales contemporaines ; le professeur John HATTENDORF, Naval War College (États-Unis) ; le
professeur Jean-Charles JAUFFRET, Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence ; le professeur
Jean-Paul JOUBERT, directeur du Centre lyonnais d’études de sécurité internationale et de défense
(Lyon III) ; le professeur Jean KLEIN, Université de Paris I ; le professeur Yves LACOSTE,
directeur de la revue Hérodote ; le professeur Ioannis LOUCAS, Helmut-Schmidt Universitat ; le
professeur André MARTEL, Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence ; le professeur Jean-
Louis MARTRES, directeur du Centre d’analyse politique comparée de Bordeaux ; le professeur
Michel MOLLAT DU JOURDIN, de l’Institut, président d’honneur de la Commission internationale
d’histoire maritime † ; le professeur François MONNIER, ancien président de la Section des
Sciences historiques et philologiques de l’École pratique des Hautes Études ; le professeur Bruno
NEVEU de l’Institut, président honoraire de l’École pratique des Hautes Études † ; le général
d’armée aérienne Bernard NORLAIN, ancien directeur de l’Institut des hautes études de défense
nationale ; le professeur Jovan PAVLEVSKI, Université de Paris V ; le doyen Guy PEDRONCINI,
président d’honneur de l’Institut d’histoire des conflits contemporains † ; le recteur Jean-Pierre
POUSSOU, président honoraire de l’Université de Paris-Sorbonne ; le général de division Maurice
ROZIER DE LINAGE, ancien directeur du Collège Interarmées de Défense ; l’amiral de division
Vezio VASCOTTO (Italie) ; le professeur Nuno SEVERIANO TEIXEIRA, ministre de la Défense
(Portugal) ; Étienne TAILLEMITE, inspecteur général honoraire des Archives de France ; le général
Manuel Freire THEMUDO BARATA, président de la Commission portugaise d’histoire militaire † ;
le capitaine de vaisseau Lars WEDIN, de l’Académie royale des sciences militaires (Suède) ; le
recteur Charles ZORGBIBE, professeur émérite à l’Université de Paris I.
Clausewitz II
97-98
C OMITÉ DE RÉDACTION
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INSTITUT DE STRATÉGIE COMPARÉE
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Hervé COUTAU-BÉGARIE
E
n 2000, Stratégique consacrait un premier
numéro à Clausewitz dont l‟éditorial s‟ou-
vrait par ses mots : “Clausewitz encore !...”
En 2009, neuf ans après, la formule est encore plus
d‟actualité, puisque la vogue clausewitzienne, loin de se
ralentir, n‟a cessé de s‟amplifier avec quelques contribu-
tions majeures. C‟est aujourd‟hui la France qui donne
l‟impulsion décisive au mouvement, avec, bien sûr, le
livre majeur, classique pratiquement dès sa parution, de
René Girard, Achever Clausewitz, mais aussi la thèse
modèle du colonel Benoît Durieux sur la diffusion de
Clausewitz en France1 et le grand colloque franco-bri-
tannique organisé par les écoles militaires de Coëtqui-
dan2. Mais la France n‟est pas un cas isolé et on assiste à
un fermentation semblable dans le monde anglo-saxon :
depuis plusieurs années, Christopher Bassford est l‟infa-
tigable animateur du site Clausewitz qui a puissamment
contribué à relancer l‟intérêt pour le stratégiste prus-
sien. Un colloque international organisé par l‟Université
d‟Oxford a ouvert des pistes nouvelles. D‟une manière
générale, on peut dire que nous assistons à une fin de
cycle : celui ouvert dans les années 1970 par deux
événements majeurs, pratiquement simultanés, le
maître-livre de Raymond Aron, Penser la guerre. Clau-
sewitz, et la nouvelle traduction anglaise de Vom Kriege,
par Peter Paret et Michael Howard, est en train de se
refermer. Tant le Français que les Anglo-Saxons ont
Matthieu CHILLAUD
ISC — Économica 29 €
Bibliothèque stratégique
Benoît DURIEUX
ISC — Économica 49 €
CAHIERS HERBERT ROSINSKI V
Herbert ROSINSKI
DE LA GUERRE ?
CLAUSEWITZ ET LA PENSÉE STRATÉGIQUE
CONTEMPORAINE
Jean-Philippe BAULON
ISC — Économica 39 €
Réponse au professeur Hepp1
Raymond ARON
J
e n‟ai jamais, dans ma longue carrière,
répondu à un compte-rendu : la liberté de la
critique doit être aussi totale que celle de
l‟écrivain. Celui qui publie un livre se soumet au
jugement des lecteurs et doit en accepter éventuellement
la sévérité. Je n‟aurais probablement même pas lu
l‟étude du professeur Hepp si les rédacteurs de la
Zeitschrift für Politik ne me l‟avaient envoyée à l‟avance
parce que je figure dans le comité éditorial de la Revue.
J‟ajoute que le texte du professeur Hepp prête à la
controverse : sa critique prend parfois la forme d‟une
interprétation de Clausewitz différente de la mienne,
qui, de ce fait, invite au dialogue.
Parfois, mais pas toujours. À plusieurs reprises, le
professeur Hepp se laisse entraîner par le démon de la
polémique, soit qu‟il nie des évidences, soit qu‟il me prête
une thèse à ce point excessive, voire absurde, qu‟il
triomphe aisément, quitte à présenter ensuite sa propre
thèse qui rejoint en vérité la mienne.
Les spécialistes de Clausewitz ont longuement
discuté des relations entre le livre VIII et le chapitre L,
1. Dans la note datée du 10 juillet 1827, Clausewitz
écrit : “Zum achten Buch, Vom Kriegsplan, d.h.
parce que les relations avec les neutres, avec nos alliés,
voire avec les alliés de notre ennemi principal, ne cessent
pas.
Ce qui différencie guerre et paix, toutes deux
parties de la totalité de la politique, ce sont les moyens
employés, moyens violents, caractéristiques de la guerre.
Du coup Hepp juge avec sévérité la définition de la
politique guerrière par l‟utilisation de la violence “Sofern
diese Deutung richtig ist, könnte man die « Formel » als
den (nicht gerade gelungenen) Versuch einer « klassis-
chen » Definition des Krieges verstehn”. Hepp se résigne à
reconnaître des définitions classiques qui sont celles de
Clausewitz en dehors des définitions à la limite, celles de
la logique du concept concret qu‟il a imaginées pour les
besoins de la polémique.
Que les guerres sont une partie du commerce entre
les États, l‟idée ne garantit ni la paix ni la modération.
Ce que l‟idée apporte, c‟est le point de vue à partir
duquel toutes les guerres peuvent être considérées
comme d‟une même nature, en dépit de leur diversité,
dans le cadre bien entendu d‟une définition classique.
“Nur durch diese Vorstellungsart (dass der Krieg die
Fortsetzung des politischen Verkehrs mit Einmischung
anderer Mittel) wir der Krieg wieder zur Einheit, nur mit
ihr kann man alle Kriege als Dinge einer Art betrachten,
uni nur durch sie wird dem Urteil der rechte und genaue
Stand und Gesichtspunkt gegeben, aus welchem die
grossen Entwürfe gemacht und beurteilt werden sollen”.
(VIII, 6, p. 992). De la diversité des politiques suit la
diversité des guerres. Cette Vorstellungsart est double-
ment indispensable parce que “der wirkliche Krieg kein
so Konsequentes, auf das Ausserste gerichtetes Bestreben,
ist, wie er seinen Begriff nach sein sollte, sondern ein
Halbding, ein Widerspruch in sich”. Si la guerre réelle
peut être une contradiction en soi, il faut bien admettre
une distance considérable entre le concept et la réalité.
Distance qui se retrouve au chapitre I, 1 quand Clause-
witz passe de la guerre en soi, séparée de ses origines et
de sa finalité, pour passer à la réalité.
74 Stratégique
*
* *
Corentin BRUSTLEIN
L
a théorie de l‟offensive et de la défensive,
dont la première formulation remonte à la
fin des années 19701, est actuellement l‟objet
d‟un débat très actif dans le champ des théories des
relations internationales2. Fréquemment amendées et
critiquées outre-Atlantique, les hypothèses fondant cette
théorie sont toutefois relativement peu discutées au sein
de la science politique francophone3. Si la fin de la
20 Ibid., p. 191.
21 Betts, “Must War Find a Way ?… ”, art. cit., p. 176.
L‟équilibre de l‟offensive et de la défensive 103
53 Ibid., p. 72.
54 Ibid., pp. 419-423. Ceci rejoint en partie la théorie que Stephen
Walt a qualifié d‟“équilibre des menaces”, à ceci près que Walt
estime que l‟existence même de capacités offensives suscite une
dynamique d‟équilibre alors qu‟ici c‟est le recours à l‟offensive qui
suscite l‟équilibre. Stephen M. Walt, The Origins of Alliances,
Ithaca, Cornell University Press, 1990.
114 Stratégique
62 Ibid., p. 409.
63 Cependant, Clausewitz précise bien que le franchissement de
point culminant de l‟attaque ne s‟explique pas uniquement par
l‟avantage défensif, mais également parce que “toute attaque s‟affai-
blit du fait même de son avance”. Ibid., p. 45, ainsi qu‟aux pp. 611-
612.
64 Cf. Handel, Masters of War…, op. cit., pp. 188-193.
L‟équilibre de l‟offensive et de la défensive 117
Conclusion
Sandrine PICAUD-MONNERAT
L
e mot “guérilla” est réputé être apparu
pendant la guerre d‟Espagne, cette révolte
nationale qui dressa le peuple espagnol
contre les troupes de Napoléon Bonaparte, à partir de
1808. Le terme fit florès. Le conflit fit date. Or, le cours
sur la “petite guerre”, dispensé par Carl von Clausewitz à
l‟Ecole de guerre de Berlin durant les années 1810-1811,
puis 1811-1812, peut être considéré comme une réaction
politique aux défaites subies par les dynasties européen-
nes face à Napoléon2 ; le penseur prussien prend appui,
entre autres, sur l‟expérience des combattants de la
guerre d‟Espagne. La “petite guerre”, en effet, dans
13 Outre J. Dubois, voir surtout : R. Aron, op. cit., tome I, pp. 162-
168 ; et bien sûr W. Hahlweg, in : C. von Clausewitz, op. cit., tome I,
pp. 212-213.
14 Ce que nous avons souligné l‟est dans le texte originel de Clau-
sewitz. Les traductions françaises d‟extraits du Cours de Clausewitz
sont personnelles et n‟engagent que notre responsabilité. Nous
avons pris la liberté, comme dans toute traduction, d‟en changer la
forme allemande chaque fois que la compréhension en français y
gagnait.
128 Stratégique
24 Ibid., p. 398.
25 Armand-François de La Croix, Traité de la petite guerre pour les
compagnies franches, Paris, Antoine Boudet, 1752, pp. 51-53. Sur la
surprise et la ruse, permettant de battre une troupe plus nom-
breuse, voir aussi : comte de La Roche, Essai sur la petite guerre,
Paris, Saillant et Nyon, 1770, 2 t., tome II, pp. 21, 66, 199, 200, 203 ;
comte P. H. de Grimoard, Traité sur la constitution des troupes
légères…, Paris, Nyon l‟aîné, 1782, p. 66.
26 Les cinq autres étant : le terrain, la surprise, l‟attaque concen-
trique, le soutien du théâtre d‟opérations, le soutien du peuple.
Voir : R. Aron, op. cit., tome I, pp. 248-249.
132 Stratégique
31 Ibid., p. 410.
32 Ibid., p. 239.
134 Stratégique
49 Ibid., p. 274. Sur plus de 200 pages que compte le Cours (p. 228-
449), dans l‟édition de 1966 des œuvres de Clausewitz par
W. Hahlweg, plus de 100 concernent le service et les missions des
avant-postes (pp. 274-392).
50 A.F. de La Croix (1752), op. cit., p. 4. Grimoard aussi, autre
exemple, dit que le premier rôle des “partis” (ou détachements pour
la petite guerre, menés par un “partisan”) est de reconnaître le pays
et l‟ennemi. Voir : P.H. de Grimoard (1782), op. cit., p. 33.
La réflexion sur la petite guerre à l‟orée du XIXe siècle 141
*
* *
74 Ibid., p. 233.
75 Carl von Decker (Generalmajor), De la petite guerre, selon
l‟esprit de la stratégie moderne, Paris, J. Corréard, 1845 (1ère édition
en allemand parue en 1822), p. 23.
Bibliothèque stratégique
Serge GADAL
ISC — Économica 35 €
Clausewitz avant Clausewitz :
Johann Friedrich Konstantin
von Lossau
Jean-Jacques LANGENDORF
J
amais le terme “génie“ n‟aura été aussi
généreusement attribué à un général prus-
sien par ses contemporains et par leurs
successeurs qu‟à Johann Konstantin von Lossau (1767-
1848)1. Le Nestor de la stratégie Georg Heinrich von
Berenhorst qui, par sa vision de la guerre, domine la fin
du XVIIIe siècle prussien et qui peut, lui aussi, reven-
diquer sa part de génie, écrit à son disciple, le futur
général Valentini, le 12 octobre 1812 : “En ce qui
concerne Lossau, je m‟en tiens à ce que j‟ai déjà dit de son
œuvre ; s‟il la peaufine encore un peu, il faudra que je me
livre à des recherches étendues pour trouver un livre sur
l‟art de la guerre comparable au sien. Sa présentation, en
particulier son style, portent très nettement le signe du
génie, mais précisément cet avantage le rend difficile à
qu‟on soit allé trop loin dans les deux cas”. Autrement
dit, il ne faut pas tomber dans les travers de Berenhorst
avec son “scepticisme stratégique”, le hasard brouillant
toutes les combinaisons de la guerre, et éviter également
ceux de Bülow, avec son dogmatisme géométrique et
mathématique. C‟est d‟ailleurs aussi la voie que
Clausewitz proposera. En définitive, le système de
guerre de Frédéric est celui de tous ses grands prédéces-
seurs qui s‟inspirent des leçons du passé et s‟en tiennent,
quand ils le peuvent, à un plan dans leurs opérations,
mais en dérogent lorsque des événements produits par le
hasard, ou la chance, les y contraignent. Voilà qui incite
à réfléchir sur l‟esprit du vrai système de la guerre,
découlant des principes de tous les grands généraux,
Là encore, la référence à Berenhorst et à Bülow est
évidente. Il est d‟une part difficile de définir des compor-
tements “scientifiques” par rapport à des situations
imprécises et changeantes. Mais d‟autre part comment
agir sans principes définis ?
Pour cette raison, et parce que la propre
réflexion théorique ou pratique de celui qui
s‟occupe de la guerre consiste généralement en
une activité, une explication strictement scien-
tifique de cette dernière s‟avère impossible.
L‟obligation d‟étudier l‟esprit du vrai système
de guerre tel qu‟il se dégage des principes des
grands généraux s‟avère impérieuse, ainsi que
l‟étude de la guerre telle qu‟elle se présente
dans la guerre elle-même. C‟est de cette façon
seulement qu‟il est possible de se faire une idée
de ce sujet extrêmement complexe et de parve-
nir ainsi à un certain degré de clarté et de
précision des concepts9.
gner que la guerre est une des affaires les plus difficiles,
les plus compliquées et les plus importantes de ce
monde. Mais, dès le départ, on peut poser cette défi-
nition : “La guerre est le moyen extrême des États pour
obtenir par la force ce qui ne peut l‟être par des moyens
pacifiques”21. La mise en œuvre de ce moyen résulte du
fait que les États ont des intérêts, des intentions, des
forces et des affinités différentes, qui aboutissent à des
collisions qui ne peuvent être évitées puisqu‟il n‟existe
pas de tribunal capable de les mettre d‟accord.
Si l‟on veut parvenir à comprendre la guerre, et agir
en conséquence, il faut développer le concept de guerre,
savoir ce qu‟elle est et ce qu‟elle peut. La guerre est
indissociable de la politique. “La politique fournit l‟idée
fondamentale, la direction et le but auxquels l‟État doit
tendre. Mais là où elle cesse d‟agir, c‟est la guerre qui
commence”22 ou encore : “La première impulsion pour la
guerre est donnée par la politique. Elle ne peut être sépa-
rée de cette dernière”23. Cela implique l‟existence d‟une
armée dont Lossau esquisse ensuite, dans les grandes
lignes, l‟organisation. Puis il envisage l‟utilisation de
l‟armée dans la guerre en soulignant bien comment le
passage de la paix à la guerre est lourd de conséquences :
“Si l‟on songe au passage de la paix à la guerre, et si l‟on
réfléchit à tout ce qui va être mis en jeu, il apparaît que ce
moment revêt la plus grande importance”24. Celui qui
décide d‟ouvrir les hostilités le premier, possède le plus
grand avantage. “Mais le choix de ce moment décisif
dépend de la politique, inséparable de l‟art de la
guerre”25. Lorsqu‟on dresse un plan d‟opérations, il faut
tenir compte des possibilités de succès, mais aussi
d‟échecs, qu‟il implique et ne jamais oublier que “dans
tous les projets que l‟on forme, il faut se contenter des à
21 Ibid., p. 3.
22 Ibid., p. 7.
23 Ibid., p. 227.
24 Ibid., p. 26.
25 Ibid., p. 26.
Clausewitz avant Clausewitz : Lossau 159
26 Ibid., p. 35.
27 Ibid., pp. 47-48.
Clausewitz avant Clausewitz : Lossau 161
30 Ibid., p. 158.
31 Carl von Clausewitz, “Charakteristik von Scharnhorst” in :
Scharnhorst der Schöpfer der Volksbewaffnung. Schriften von und
über Scharnhorst, Berlin, Rütten & Loening, 1953, p. 37.
32 Ibid., p. 172.
33 Ibid., p. 180.
34 Ibid., p. 181.
164 Stratégique
35 Ibid., p. 215.
36 Guy Drummond de Melfort, Abhandlung von der Cavalerie,
2 vol., Dresde, Waltherische Hofbuchhandlung, 1780.
166 Stratégique
37 Ibid., p. 261.
38 Ibid., p. 280.
Clausewitz avant Clausewitz : Lossau 167
39 Ibid., p. 287.
168 Stratégique
40 Ibid., p. 293.
41 Ibid., p. 297.
Clausewitz avant Clausewitz : Lossau 169
Michel GRINTCHENKO
L’OPÉRATION ATLANTE
LES DERNIÈRES ILLUSIONS DE LA FRANCE
EN INDOCHINE
ISC — Économica 49 €
La réception de Clausewitz en Hongrie
Ferenc TÓTH
L
‟influence de la pensée clausewitzienne se
mesure par différentes méthodes dans les
pays européens. La présence des différentes
éditions de Vom Kriege dans les grandes bibliothèques
atteste un intérêt incontestable, mais nous ne pouvons
que très difficilement évaluer son importance sur les
lecteurs depuis le XIXe siècle jusqu‟à nos jours. Les arti-
cles qui se réfèrent à son œuvre montrent certainement
plus de précision, toutefois ces références ne signifient
qu‟un sommet de l‟iceberg d‟une tradition clausewit-
zienne dans la pensée militaire hongroise. En effet, elle
incarne la nouvelle pensée militaire issue des guerres
révolutionnaires et napoléoniennes, dont les souvenirs
douloureux se font sentir dès la première moitié du XIXe
siècle parmi les intellectuels militaires de la société
hongroise. L‟impact de Clausewitz se révèle décisif à
partir de la date où les traductions hongroises l‟intro-
duisent dans les larges cercles de lecteurs militaires ou
intellectuels hongrois. Dans notre investigation, nous
avons donné une priorité aux traductions et aux inter-
prétations méthodiques de l‟œuvre de Clausewitz qui
signifient une réelle réception par un public large et
averti.
La période allant de 1825 jusqu‟à la révolution et
guerre d‟indépendance de 1848-49 s‟appelle en Hongrie
l‟ère des réformes. C‟est alors où les penseurs les plus
éclairés, des nobles ayant fait des études dans les pays
176 Stratégique
J.A. DE MOOR
L
e 4 novembre 1846, la traduction néerlan-
daise de Vom Kriege parut sous le titre Over
den oorlog. Nagelaten werk door den Gene-
raal Karel van Clausewitz (De la guerre. Œuvre posthu-
me du Général Karl von Clausewitz). Il s‟agissait d‟une
traduction intégrale, qui avait été réalisée par E.H.
Brouwer, le bibliothécaire de l‟Académie militaire royale
(Koninklijke Militaire Academie, KMA) à Breda. L‟ou-
vrage avait été publié, en deux volumes, sur ordre de la
KMA par les éditeurs Broese en Co. de Breda. Ce fut la
première traduction de Vom Kriege à paraître dans le
monde ; elle a été faite à partir de l‟édition de 1832 des
œuvres posthumes procurée par la veuve de Clausewitz,
Marie von Clausewitz-comtesse Brühl. Durant les
années précédentes, Brouwer avait déjà traduit en
néerlandais plusieurs tomes de cette première édition
allemande. Avec la publication de la traduction de Vom
Kriege en 1846, le lecteur néerlandais avait désormais
accès aux principales œuvres de Clausewitz.
Il est pour le moins curieux que ce soit précisément
les Pays-Bas qui aient joui de cette primeur. Vers le
milieu du XIXe siècle, les Pays-Bas étaient devenus une
petite nation, pratiquement insignifiante et sans préten-
tions militaires. Ils se tenaient à l‟écart de la politique
internationale, et leur passé glorieux, notamment sur le
plan militaire, était bien lointain. Pourquoi donc cette
186 Stratégique
Sources consultées
Gunnar ÅSELIUS
L
‟ouvrage de Clausewitz Vom Kriege (De la
Guerre), dont la publication commença en
1832 en Allemagne, suscita un intérêt
immédiat en Suède. Dans le numéro de janvier 1833 de
la Revue de l‟Académie militaire royale (Kungliga
Krigsvetenskapsakademiens Tidskrift), on pouvait lire :
L‟ouvrage qui vient de paraître sous le titre
Vom Kriege (…) a attiré une attention tout à
fait particulière, ce qu‟il mériterait largement,
à en juger par le tiré à part que nous avons
examiné (…)1.
*
* *
12 Cf. Paul Kennedy, The Rise and Fall of the Great Powers.
Economic Change and Military Conflict from 1500 to 2000, New
York, 1987, p. 195f ; Robert Wohl, The Generation of 1914, Cam-
bridge Mass, 1979 ; Modris Eksteins, “When Death was young...
Germany, modernism and the Great War”, in Pogge von Hartmut &
Antony Polonsky, Ideas into Politics. Aspects of European History
1880-1950, Londres & Sydney, Roger Bullen, & Strandmann, 1984 ;
James Holl, Europe since 1870. An International History, Londres,
1973, p. 150-158.
13 Erich von Ludendorff, Kriegfuhrung und Politik, Berlin, 1922,
p. 23 (critique dans KKvaT, 1922 Ŕ “Politik och krigföring” (La
guerre et la politique) pp. 174-179). Voir aussi Hans Speier,
“Ludendorff : The German concept of Total War”, in Edward M.
198 Stratégique
*
* *
YU Miao
Premières traductions
E
n mars 1911, l‟ouvrage de Clausewitz, qui
avait été traduit en japonais par l‟Institut de
recherche et d‟éducation de l‟Armée japo-
naise en 36 de l‟ère Meiji (1903), a été traduit en chinois,
à partir du japonais, sous le titre Théorie de la grande
guerre. Cette traduction, non commercialisée, était
destinée aux recherches dans un petit cercle. En hiver
1912, la Société de recherches militaires de Guangdong
l‟a réimprimée.
En août 1915, à partir de la traduction japonaise de
l‟école des sous-officiers, Jai Shoudi a retraduit Vom
Kriege, toujours sous le titre Théorie de la grande guerre.
Le livre a été publié par la librairie de Wu Xue de
Beijing et diffusé pour la première fois dans le public.
En mai 1934, Liu Ruoshui a traduit Vom Kriege à
partir du japonais, cette fois sous le titre De la guerre. Le
livre a été publié et distribué par la librairie de Xin Ken
à Shanghai.
En juin 1937, Yang Yanchang a réalisé une traduc-
tion à partir d‟une version japonaise publiée en 1931,
également sous le titre De la guerre. Ce livre, divisé en
deux volumes, a été publié par la librairie profession-
nelle militaire de Nanjing, le plus grand éditeur de livres
militaires.
214 Stratégique
L’Amérique solitaire ?
Les alliances militaires
dans la stratégie des États-Unis
ISC — Économica 29 €
ACTUALITÉ DE LA RECHERCHE
Clausewitz et la réflexion
sur la guerre en France, 1807-2007
Positions de thèse
Benoît DURIEUX
D
epuis le séjour de Clausewitz en France en
1807, l‟un des traits les plus frappants de sa
postérité intellectuelle est sans doute le
décalage entre son importante notoriété et la mécon-
naissance régulièrement dénoncée de ses théories. Ce
décalage put être observé dès la publication de ses
œuvres, puisqu‟en 1846, le major Louis de Szafraniec de
Bystrzonowski regrettait “les jugements erronés qu‟on a
portés sur ses ouvrages joints au peu de clarté qu‟on
reproche en général aux écrivains allemands”1. Ce phéno-
mène est par trop récurrent entre la mort de Clausewitz
en 1832 et les années les plus récentes pour ne pas
interroger. Sa perpétuelle modernité comme le constant
diagnostic de péremption qui est porté sur elle étonnent.
Certes, la complexité de son œuvre majeure, le Traité De
la Guerre, était propre à soulever les polémiques, mais
leur ampleur suggère qu‟au-delà de la difficulté du texte,
sa richesse est à même de justifier l‟investissement
intellectuel consenti par ceux qui l‟ont étudié. Le débat
sur la signification de l‟œuvre de Clausewitz soulève
77 Ibidem, p. 136.
78 Ibidem, pp. 43-44.
Clausewitz et la réflexion sur la guerre en France 239
*
* *
Hervé COUTAU-BÉGARIE
Bréviaire stratégique
ISC 29 €
PUBLICATIONS DE LA FEDN ET DE L’ISC
BIBLIOTHÈQUE STRATÉGIQUE
Edward Luttwak, La grande stratégie de l’empire romain,2e éd. ........... 35 €
Sun Zi, L’art de la guerre........................................................................ 19 €
Amiral Besnault, Géostratégie de l’Arctique ..................................... 28,20 €
Bernard Labatut, Renaissance d’une puissance ? Politique de
défense et réforme militaire dans l’Espagne démocratique ............. 29,73 €
Michel Tripier, Le royaume d’Archimède .......................................... 23,63 €
Julian S. Corbett, Principes de stratégie maritime ............................. 29,73 €
Bruno Colson, La culture stratégique américaine. L’influence de
Jomini ............................................................................................... 28,20 €
Hervé Coutau-Bégarie, Géostratégie de l’océan Indien ..................... 26,68 €
Serge Grouard, La guerre en orbite. Essai de politique et de
stratégie spatiales ............................................................................. 28,20 €
Valérie Niquet, Deux commentaires de Sun Zi ................................... 19,06 €
Lucien Poirier, La crise des fondements ............................................. 22,11 €
Bruno Colson, Repenser les alliances ................................................ 22,11 €
Hervé Coutau-Bégarie, Le désarmement naval .................................. 28,20 €
André Vigarié, La mer et la géostratégie des nations ........................ 28,20 €
Herbert Rosinski, Commentaire de Mahan ........................................ 19,06 €
Valérie Niquet, Le traité militaire de Sun Bin .................................... 19,06 €
Lucien Poirier, Stratégie théorique III ............................................... 29,73 €
François Géré, La guerre psychologique ............................................ épuisé
Philippe Forget et Gilles Polycarpe, Les réseaux et l’infini. Essai
d’anthropologie philosophique et stratégique .................................. 22,11 €
Général Camon, La guerre napoléonienne......................................... 30,49 €
Lucien Poirier, Stratégie théorique (3e éd.) ........................................ 29,73 €
Nathalie Blanc-Noël, La politique suédoise de neutralité active ....... 33,54 €
Michel Depeyre, Tactiques et stratégies navales de la France et
du Royaume-Uni de 1690 à 1815 ..................................................... 29,73 €
John Warden III, La campagne aérienne. Planification en vue du
combat .............................................................................................. 22,71 €
Charles E. Callwell, Petites guerres ................................................... 37,96 €
Carl von Clausewitz, Théorie du combat ........................................... 14,94 €
Philippe Richardot, Végèce et la culture militaire au Moyen Age ...... 25,15 €
Edward Luttwak, La renaissance de la puissance aérienne
stratégique ........................................................................................ 19,06 €
Jean-Pierre H. Thomas et François Cailleteau (dir.), Retour à
l’armée de métier.............................................................................. 26,68 €
Claude Le Borgne, Le métier des armes............................................. 24,24 €
Hervé Coutau-Bégarie, Traité de stratégie 6e éd. .................................... 37 €
Loup Francart, Maîtriser la violence .................................................. 30,49 €
Frontin, Les Stratagèmes .................................................................... 26,68 €
264 Stratégique
DOSSIERS DE LA FEDN
L’évolution de la pensée navale ............................................................. 20 €
L’évolution de la pensée navale II .......................................................... 20 €
L’évolution de la pensée navale III ........................................................ 20 €
Jean Peter, Les manufactures de la marine sous Louis XIV ............... 33,54 €
Jean Peter, Les Barbaresques sous Louis XIV .................................... 27,44 €
Jean Peter, Le port et l’arsenal de Brest sous Louis XIV .................... 33,54 €
Jean Peter, Vauban et Brest ................................................................ 35,06 €
Jean Peter, Vauban et Saint-Malo....................................................... 35,06 €
Jean Peter, Vauban et Dunkerque ....................................................... 27,44 €
Jean Pagès, Recherches sur la guerre navale dans l’Antiquité .......... 19,06 €
Jean Pagès, Recherches sur les thalassocraties antiques ................... 25,15 €
Jean Peter, Le duel entre Tourville et Seignelay ................................. 24,39 €
Amiral Labrousse, Chroniques des mers orientales ................................ 30 €
Jean Peter, Le port et l’arsenal de Rochefort sous Louis XIV ................. 35 €
Bernard Lutun, La marine de Colbert ..................................................... 35 €
Michel Ostenc (dir.), La marine italienne de l’unité à nos jours ............ 30 €
Jean Peter, Le journal de Vauban ............................................................ 37 €
Amiral Labrousse, L’océan Indien dans la seconde guerre
mondiale ................................................................................................ 33 €
Marc-Louis Ropivia, Batailles navales précoloniales en Afrique ........... 19 €
STRATÉGIQUE
Stratégique n° 57. Varia .......................................................................... 20 €
Stratégique n° 58. La géostratégie II....................................................... 20 €
Stratégique n° 59. La stratégie aérienne ................................................. 20 €
Stratégique n° 60. L’évolution de la stratégie ......................................... 20 €
Stratégique n° 61. La défense française. État des lieux........................... 20 €
Stratégique n° 62. Stratégie fondamentale .............................................. 20 €
Stratégique n° 63. Stratégies orientales .................................................. 20 €
Stratégique n° 64. La stratégie aérienne II ............................................. 20 €
Stratégique n° 65. La rupture stratégique ............................................... 20 €
Stratégique n° 66/67. Les terrorismes contemporains ............................ 20 €
Stratégique n° 68. Stratégie, opératique, tactique ................................... 20 €
Stratégique n° 69. Stratégie, information, communication ..................... 20 €
Stratégique n° 70-71. Stratégies asiatiques ............................................. 20 €
Stratégique n° 72. Ami-Ennemi ............................................................... 20 €
Stratégique n° 73. Le renseignement I..................................................... 20 €
Stratégique n° 74-75. La guerre du Kosovo ............................................ 20 €
Stratégique n° 76. La pensée stratégique II ............................................ 20 €
Stratégique n° 77. Stratégies nucléaires.................................................. 20 €
Stratégique n° 78-79. Clausewitz ....................................................... épuisé
Stratégique n° 80. Stratégies africaines .................................................. 20 €
Stratégique n° 81. La géographie militaire ............................................. 20 €
Stratégique n° 82-83. La géographie militaire II .................................... 20 €
Stratégique n° 84. Les penseurs militaires .............................................. 20 €
Stratégique n° 85. Terrorisme et stratégie .............................................. 20 €
Stratégique n° 86-87. Stratégies atlantiques ........................................... 20 €
Stratégique n° 88. Stratégie et histoire.................................................... 20 €
268 Stratégique
HORS COLLECTION
Aspects du désarmement naval ........................................................... 30,49 €
Claude Carlier, Le match France-Amérique. Les débuts de
l’aviation ............................................................................................... 49 €
Hervé Coutau-Bégarie, Bréviaire stratégique ......................................... 20 €
Frédéric Naulet, La ferme des poudres et salpêtres................................. 20 €
Tarif individuel : France ...50 € Union européenne ... 80 € Autres pays …120 US € Etudiants …40 €
Tarif institutions : France ...80 € Union européenne …120 € Autres pays …160 US € France
Les réclamations pour les numéros non reçus doivent parvenir dans un délai maximum de six mois .
Revue Stratégique
B.P. 08 - 00445 Armées
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