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Construire en métal, un art, notre métier

N° 1-2019 Le magazine d’informations de la construction métallique

Actualités
30 avril 2019, Job dating
pour la construction métallique
Le CTICM vous invite :
Atelier « structures dissipatives
selon l’Eurocode 8 »
Rencontre
Rémi Berneau,
directeur général du groupe
Hemery-Hervieux

Sur le terrain
Un dôme bioclimatique

DOSSIER
La construction acier
plane sur la ville
ÉDITORIAL
L’ édito par
Philippe Hostaléry
Directeur général du CTICM

Le monde du BTP est en pleine effervescence : transition numérique, transition


énergétique, transition environnementale, construction additive, loi Essoc et
autres robotisations des ateliers… Chacune de ces expressions représente un
défi pour le secteur de la construction métallique. Le CTICM sera au cœur de
l’action pour guider les entreprises sur les voies innovantes de l’industrie du futur.

C’est pour cela que j’ai indiqué, dès mon arrivée à la tête du Centre début janvier,
les trois points à l’aulne desquels devaient être évaluées nos actions :

• la sanctuarisation de la parole : elle exige l’excellence technique et la rigueur.


Dans un monde insaisissable, le Centre doit être à la fois le gardien du savoir
et le moteur du progrès,

• travailler ensemble : chacun des défis du secteur demandera la mobilisation


de l’ensemble des ressources du Centre. La recherche doit être confrontée à la
réalité et nos études doivent bénéficier des dernières avancées,

• rendre la taxe aux entreprises qui la versent par nos travaux : c’est la raison
d’être du Centre. Il faut redonner à nos ressortissants le pouvoir et le goût
de déterminer les axes des travaux qu’ils jugent prioritaires. La gouvernance
de notre Comité consultatif et de pilotage, organe de direction technique des
actions collectives du Centre, sera adaptée pour plus d’efficacité.

Enfin, c’est aussi guidé par ce projet d’entreprise que, dans les quelques mois qui
viennent, sera établi le nouveau Contrat de performance qui sera notre feuille
de route pour les années à venir pour conduire la profession vers le monde
de demain.

CMI 1-2019
3
SOMMAIRE
Éditeur :
CTICM - Centre
Technique Industriel de la
Construction Métallique

Directeur
de la publication :
Philippe Hostaléry,
directeur général du
CTICM

Rédactrice en chef :
Isabelle Pharisier, chef du
service publications
Tél. : 01 60 13 83 00
ipharisier@cticm.com

Régie publicitaire :
RIVE MEDIA,
2, rue du Roule
75001 PARIS
Razvan Ursache :
01 42 21 88 21

Imprimé en France
Fabrication et réalisation :
Desbouis Grésil Imprimeur
Tél. : 01 69 83 44 66
Dépôt légal : 9002P
CTICM
Espace technologique
L’ Orme des Merisiers
Bâtiment Apollo
91193 Saint-Aubin
Tél. : 01 60 13 83 00
Fax : 01 60 13 13 03

CMI est diffusé


gracieusement
à 8 500 exemplaires P. 30
CMI, dans un souci
de préservation de EN COUVERTURE
l’ environnement,
est imprimé sur
Dôme du ZooParc de Beauval
papier recyclable. La
reproduction même
partielle de tout matériel
publié dans CMI est
strictement interdite. Les
annonceurs prennent
l’ entière responsabilité
des informations qu’ ils Actualités techniques 6 Rencontre 26
insèrent et déclarent être
autorisés à les utiliser. Job dating pour la construction Rencontre avec Rémi Berneau,
métallique 6 Directeur général du groupe
Pour vous abonner
Hemery-Hervieux
gracieusement : Atelier « structures dissipatives
selon l’Eurocode 8 » 7
Les actualités Sur le terrain 30
de Construir'Acier 8
Un dôme bioclimatique
Les actualités
de l’Union des métalliers 12
Formation 38

Dossier 14 Assistance technique 40


La construction acier
plane sur la ville

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ACTUALITÉS
À vos agendas
30 avril 2019,
Job dating pour la construction métallique
Recruter des collaborateurs en construction métallique, n’est pas toujours aisé. Pour aider à pallier cette difficulté,
le Greta Val de Loire et le lycée Martin Nadaud à Saint-Pierre-des-Corps (région Centre) vous proposent un
job dating. À qui s’adresse ce rendez-vous, où a-t-il lieu, comment y participer…? On vous dit tout.

Nous vous annoncions en juillet 2018 la mise en place Quel diplôme ?


du BTS Architectures en métal : conception et réalisa- BTS
tion (CMI 2-2018), une version revue et corrigée du
vieillissant BTS Construction métallique. « Ouvert en Dans quel domaine ?
septembre 2018 au sein du GRETA Val de Loire, un BTS • Architectures en métal : conception et réalisation
AMCR est désormais sur les rails », témoigne Jean-Pierre (AMCR),
Muzeau, président de l’APK et cheville ouvrière de ce • Enveloppe des bâtiments : conception et réalisation
renouveau, avant d’annoncer que : « Deux nouveaux BTS (EBCR),
vont compléter ce dispositif dès la rentrée prochaine ». • Études et économie de la construction (EEC),
• Fluides énergies domotique, option froid et condi-
En effet, le Greta Val de Loire et le lycée des métiers tionnement d’air (FED),
de l’architecture, de la construction et de l’énergie • Maintenance des systèmes énergétiques et fluidiques
Martin Nadaud ouvriront en septembre prochain le (MSEF).
BTS Enveloppe des bâtiments : conception et réali-
sation (EBCR), et le BTS Études et économie de la Quand ?
construction (EEC). Le 30 avril 2019

Le lycée est équipé de toutes les ressources matérielles Où ?


et pédagogiques nécessaires à un bon apprentissage, Au lycée Martin Nadaud, 67 rue Jeanne Labourbe -
mais pour parfaire l’éducation des futurs techniciens 37703 Saint-Pierre-des-Corps
de la construction métallique, pour conjuguer théorie
et pratique, les deux formations sont proposées en Une quarantaine d’entreprises se sont déjà manifestées
alternance sur 2 ans. pour participer à cette rencontre. Alors n’attendez
plus, prenez contact dès à présent avec Catherine
Le premier challenge des étudiants qui se destinent à Adumeau du Greta Val de Loire au 02.47.21.00.76,
ces BTS en alternance, est de trouver leur entreprise ou par e-mail à catherine.adumeau@greta-vdl.fr.
d’accueil. C’est la raison pour laquelle le Greta Val de
Loire et le lycée Martin Nadaud ont eu la bonne idée « Je ne peux qu’encourager les entreprises à valoriser
d’organiser un job dating. les efforts de ses enseignants et son équipe adminis-
trative particulièrement dynamique, en répondant
Un job dating pour qui ? positivement à leur invitation » Jean-Pierre MUZEAU,
Les entreprises et les étudiants intéressés par président de l’APK.
l’alternance.

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ACTUALITÉS
Actualités

Le CTICM vous invite


Atelier « structures dissipatives
selon l’Eurocode 8 »
Pierre-Olivier Martin, directeur de projet de recherche, CTICM

Lorsqu’il est nécessaire de prendre en compte le séisme mise en pratique. Il faut à cet égard mentionner le
pour le dimensionnement d’un bâtiment métallique, dimensionnement des assemblages et l’approvisionne-
l’Eurocode 8 propose deux approches différentes. La ment des aciers comme deux points particulièrement
première est basée essentiellement sur un compor- sensibles de la démarche. Il est donc important, au
tement élastique de la structure et se traduit par cours d’un tel projet, de bien avoir à l’esprit les objec-
l’adoption d’une classe de ductilité limitée, dite DCL. tifs d’une conception dissipative et ses problèmes
La seconde repose sur la formation pendant le séisme spécifiques.
de zones dissipatives qui, en plastifiant, absorbent
l’énergie sismique et jouent en quelque sorte le rôle Le 23 mai prochain, le CTICM organise à Paris un
de fusibles pour le reste de l’ossature. Cette concep- atelier dédié à cette thématique. Les concepts géné-
tion est dite dissipative et se traduit par le choix des raux seront rappelés et les points essentiels de la
classes de ductilité DCM et DCH. démarche seront décrits. Les résultats du projet de
Pour assurer le bon fonctionnement dissipatif d’une recherche européen RFCS Equaljoints seront aussi
structure pendant un séisme, il est nécessaire de mettre exposés à cette occasion. Les détails pratiques de la
en place une démarche spécifique dite de dimension- journée seront communiqués ultérieurement (lieu
nement en capacité. Cette dernière n’est pas intuitive et programme), mais il est d’ores et déjà possible de
et ne va pas sans poser quelques difficultés lors d’une réserver cette date dans vos agendas.

REVUE CONSTRUCTION MÉTALLIQUE

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Tarifs de l’abonnement annuel 2019 (4 numéros) :


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Étranger 195 € TTC

Renseignement : 01 60 13 83 04

CMI 1-2019
Centre technique industriel de la construction métallique 7
Espace Technologique - L’orme des merisiers - Immeuble Apollo - 91193 Saint-Aubin
ACTUALITÉS
Les actualités de ConstruirAcier

Lancement de « Matières, la nouvelle revue


de l’architecture acier »
MATIÈRES maquette aérée et attractive, des rubriques envie, nourrir, inspirer. Une façon renouve-
N°1 / Février 2019

cohérentes et pertinentes, différents niveaux lée d’appréhender l’architecture acier dans ce


L A N O U V E L L E R E V U E D E L ’ A R C H I T EC T U R E AC I E R

de lecture et un parti pris environnemental qu’elle a de solide, d’utile et de beau. Publiés


ARCHITECTURES DOSSIER MAÎTRISE constituent le socle de cette nouvelle publi- dans cette nouvelle revue, les projets acier
L’Arbre Blanc L’acier face aux défis Gagner en confort
à Montpellier du logement collectif et performance
cation de ConstruirAcier. À consommer témoignent ainsi de toute la vitalité d’une
sans modération… architecture et de solutions constructives
concrètes trop souvent méconnues.
Éditée par ConstruirAcier, Matières, la nou-
velle revue de l’architecture acier a pour Outre l’architecture acier proprement dite et
ambition de représenter l’architecture acier la valorisation de ses représentants, Matières
dans toute la richesse et la diversité de ses ouvre également ses pages à toute la « galaxie
utilisations auprès d’un lectorat d’architectes, acier » avec un parti pris culturel et artistique
de maîtres d’ouvrage, d’élus, de promoteurs qui témoigne de la présence esthétique,
immobiliers et d’acteurs du BTP. Au fil de ses naturelle et indispensable du matériau acier
52 pages, ce nouveau support, à mi-chemin dans l’environnement quotidien. Trimestriel,
entre la revue et le magazine, vise à montrer ce nouveau support mariant l’esprit et la
une architecture acier incarnée, active, posi- matière a donc pour but d’informer, certes,
Toute nouvelle, toute belle, Matières, la tive et portée par l’ensemble de ses acteurs : mais aussi séduire et étonner à l’instar de
nouvelle revue de l’architecture acier vient architecture métallique, bien sûr, mais aussi ce matériau acier qui, en architecture, n’en
de paraître. Un lectorat élargi, un posi- architecture intérieure et design. L’esprit finit jamais de nous surprendre. C’est là toute
tionnement éditorial résolument prescrip- de Matières, c’est non seulement montrer, l’ambition et le pari de ConstruirAcier.
tif, un rédactionnel vivant et musclé, une explorer, décrypter mais aussi initier, donner

La ville durable, première conférence


thématique de Construircier
Choisir un matériau biosourcé suffit-il à Au programme : exemples de l’école des Beaux-Arts de Nantes
construire durable et responsable ? Tel est le et la Tour Montparnasse, par Franklin Azzi,
premier thème abordé par le nouveau cycle Les enjeux environnementaux dans la ville architecte, fondateur de l’agence Franklin
de conférences, qui en comprend quatre, lancé durable de demain. Comment définir la ville Azzi Architecture.
par ConstruirAcier. Experts et spécialistes se durable de demain et sur quels préalables ?
pencheront donc sur la problématique de la Par Jean-François Blassel, architecte-ingé- Déconstruction et réemploi, vers un
ville durable le mercredi 17 avril prochain à nieur, dirigeant de Span Ingénierie et respon- modèle responsable ? La faculté de médecine
partir de 18 heures, à la Maison de l’architecture sable du DPEA Architecture post-carbone de Marseille, par Valérie Decot, architecte
de Paris. À la fois projet politique et objectif à l’ENSA de Marne-la-Vallée. fondateur R-Aedificare.
global, la ville durable s’appuie sur différents De l’extraction des matières premières Construire durable, c’est construire pour
axes stratégiques qui visent, notamment dans jusqu’à la déconstruction des ouvrages... 50 ans. Efficacité économique et coût global
le domaine de la construction, à préserver et Cycles de ville, cycles de vie par Olivier de la construction : un exemple concret par
gérer durablement les ressources (énergie, Vassart, directeur général ArcelorMittal Pascal Asselin, président de l’UNTEC.
air, eau, matériaux…) et améliorer la qualité Global R&D Long Carbon
de l’environnement (réduction des nuisances Renseignements et inscriptions
et des risques, qualité sanitaire…). Dans ces Comment concevoir un bâtiment destiné à www.construiracier.fr
conditions, comment construire aujourd’hui plusieurs vies ? Concevoir pour plus d’évo-
durable et responsable pour la ville de demain ? lutivité : la flexibilité / réversibilité avec les

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ACTUALITÉS
La médiathèque
de Sainte-Geneviève-des-Bois en chantier
ConstruirAcier vous invite à découvrir le 3 avril prochain le chantier de la médiathèque communautaire
de Sainte-Geneviève-des-Bois réalisée par l’agence d’architecture archi5.

Au cœur du grand projet de rénovation urbaine La toiture de la médiathèque, visible depuis les bâti-
du quartier des Aunettes, la nouvelle médiathèque ments qui l’entourent, est une autre façade à la géo-
allie les qualités d’un équipement culturel convivial, métrie ludique. Le rez-de-chaussée est complétement
accessible et la capacité d’un rayonnement à l’échelle transparent pour devenir une extension couverte
de l’agglomération. de l’espace urbain. La nature s’invite à l’intérieur de
l’enveloppe du bâtiment dans le patio central qui
Un aménagement minéral teinté d’éléments cuivrés assure la transparence quasi-totale entre les espaces
d’où émergent des bancs crée des lieux de rencontre de la médiathèque.
et de détente autour de la bibliothèque. La force du
projet réside dans la qualité de l’espace public que Réservez votre date du 3 avril prochain pour la visite
génère le bâtiment, en continuité. Quel que soit le de ce chantier, futur vaisseau culturel de la commu-
point de vue, la médiathèque est identifiable. nauté d’agglomération Cœur d’Essonne.

Le bâtiment ne possède pas une, mais quatre façades Maître d’ouvrage : SORGEM
principales. L’espace est praticable tout autour de la Architectes : archi5 & CALMM architecture
future médiathèque comme l’était la place du mar- Economiste, BET TCE : Mizrahi
ché. La recherche d’une forme unique et identifiable BET HQE : Oasiis
renforce l’idée de « place culturelle ». Paysagiste : Acte 2 Paysage
Constructeur métallique : Vilquin
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ACTUALITÉS
Les actualités de l’Union des métalliers

10e Assises de la métallerie


Les prochaines Assises de la métallerie auront lieu le 4 juillet 2019 à Paris.
Résolument axée sur les actualités du métier, cette journée est l’événement incon-
tournable auquel tout métallier doit s’associer. Organisé sous la forme d’ateliers
thématiques, ce moment est l’occasion pour les professionnels de connaître les
toutes dernières évolutions du métier sur le plan technique, économique, de la
formation et de l’innovation. Avec en ligne de mire l’évolution de la métallerie
pour les 10 prochaines années, les métalliers y trouveront conseils et informations
pour le développement de leur activité.
Au programme :
➤ Comment mieux gérer ses achats ?
➤ Les enjeux de la réforme de la formation
➤ Garde-corps : les évolutions de conception et de mise en œuvre
➤ Que sera la métallerie dans 10 ans ?
➤ Fixations : les enjeux d’une mise en œuvre réussie
➤ Comprendre et mettre en œuvre les produits verriers
➤ Comprendre le Lean construction
➤ Observatoire des formations
➤ Comment les façades évolutives et innovantes préparent les bâtiments de demain ?
Les Assises se clôtureront par une plénière qui aura pour thème « Attirer et
fidéliser ses collaborateurs ».
Nous vous attendons nombreux à cet événement conçu pour la profession.
Information et inscription : www.assisesdelametallerie.fr

Concours Métal Jeunes 2020


La prochaine édition du concours Métal Jeunes est lancée auprès des écoles.
Le thème retenu pour cette 12e édition est « Monuments détournés » (hors Tour
Eiffel). Métal Jeunes propose depuis 20 ans aux apprentis métalliers de montrer
leur savoir-faire à travers la création d’une œuvre collective en métal. Les œuvres
lauréates sont ensuite exposées aux Assises de la métallerie puis au salon Métalexpo,
l’occasion de montrer aux professionnels le savoir-faire de la future génération.

Mise en place des formations


modulaires en métallerie
Le développement des compétences est un axe prioritaire pour les entreprises de
métallerie. Trois formations qualifiantes ont été créés par la branche afin de faire
évoluer les collaborateurs dans les métiers de chef d’atelier en métallerie, chargé
d’affaires en métallerie et concepteur dessinateur en métallerie. Ces formations
sont modulaires, elles permettent donc d’adapter le parcours aux compétences
acquises par le collaborateur.
Contact : Hélène Fevres fevresh@groupemetallerie.fr / www.metalpro.org

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BOMBRUN : Le spécialiste des escaliers droits et hélicoïdaux
Accès industriel
Accès pour des établissements recevant du public
Finition galvanisée ou thermolaquée
Marches métalliques ou en bois

ZA LES PRIAUX
1000 Route du Bourg
07430 VERNOSC LES ANNONAY
Tél 04 75 34 59 59
Fax : 04 75 32 06 33
e.mail : contact@bombrun.com
www.bombrun.com
DOSSIER
La construction acier
plane sur la ville

CMI 1-2019
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DOSSIER
Dossier

Les besoins supplémentaires de logements et de bureaux se maintiennent


à un niveau élevé, dans un contexte économique toujours tendu qui affecte
notamment la construction neuve. Parmi les diverses pistes de création de
surfaces nouvelles, surélever la ville permet de répondre au manque de
foncier et peut également satisfaire les enjeux de rénovation énergétique
des bâtiments existants qui accueillent l’extension.

Inscrites dans des milieux urbains denses, de telles opérations requièrent une
approche globale alliant une réflexion d’intégration, la complémentarité
des techniques constructives et la maîtrise des procédures opératoires :
une piste intéressante pour la construction métallique et ses atouts.

Dossier réalisé par :

Florence Bannier, ingénieure veille et innovation, CTICM


Stéphane Herbin, directeur des projets de développement, CTICM
Vincent Rey, architecte conseil de l’État

avec la participation de David Magalhaes,


bailleur social et Didier Mignery, architecte

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DOSSIER
Face aux enjeux d’économie circulaire et à la rareté de ressources foncières, la surélévation des bâtiments apporte
des réponses multiples. Elle répond d’abord aux préoccupations d’artificialisation des sols et de mobilité grâce à
une meilleure optimisation des espaces et des flux. Combinée à une démarche d’amélioration du bâti existant,
la surélévation permet d’augmenter notablement la durée de vie des ouvrages. Elle est aussi porteuse de leviers
économiques attractifs : création de surfaces supplémentaires, répartition plus diffuse de l’incidence foncière,
solvabilité accrue des occupants grâce à une ventilation des charges plus favorable ; enfin, la valeur créée par
la surélévation constitue un produit financier qui permet d’envisager plus aisément les travaux de rénovation
énergétique de l’existant qui l’accueille.

Les récentes évolutions de la politique de la ville comme par exemple le Plan quinquennal de rénovation éner-
gétique mis en place en avril dernier, puis la loi Elan du 23/11/2018, favorisent désormais cette démarche et
permettent de lever les obstacles qui freinent encore parfois les projets. Profitant de ces évolutions, différentes
typologies de maîtres d’ouvrage s’intéressent à ce marché de la surélévation en pleine renaissance sur lequel la
construction métallique peut prendre place grâce à ses principales qualités : légèreté, grandes portées, préfa-
brication et filière sèche mais aussi compatibilité avec les autres matériaux.

Un contexte urbain favorable


Le recours à la surélévation dans les milieux urbains sur sa conformité avec des règles métriques impérieuses,
denses n’est pas récent. D’après l’étude « Construire mieux comme des hauteurs maximales autorisées (même si ces
et plus durable : incidence de la loi Alur sur l’évolution dernières peuvent toujours figurer dans le règlement du
du bâti parisien » réalisée en 2014 par l’Atelier parisien plan local d’urbanisme).
d’urbanisme, 18% des permis de construire déposés à Paris
entre 1876 et 1939 concernaient un projet de suréléva- Dans ce nouveau cadre règlementaire, les surélévations
tion. Après la publication du Plan d’occupation des sols d’immeubles existants apparaissent moins contraintes.
en 1977(1), cette pratique s’est raréfiée jusqu’à quasiment La suppression du COS a, dans un premier temps, ouvert
disparaître pendant près de 40 ans. En 2014, la loi Alur a de nouvelles possibilités en permettant des densités plus
modifié un article du code de l’urbanisme (L. 231-1-5) et élevées sur certaines parcelles. Mais surtout la mise en
supprimé la notion de coefficient d’occupation des sols œuvre de règles plus orientées sur la notion de projet
des documents d’urbanisme. Le COS permettait de déter- urbain, devrait autoriser un dialogue constructif entre les
miner la surface maximale constructible d’une parcelle maîtrises d’œuvre et les services instructeurs, en laissant
en multipliant sa superficie par un coefficient fixé dans une plus grande place au contexte de l’opération et à ses
le règlement. Ce mode de calcul algébrique régissait les spécificités.
droits à construire sans réel objectif de qualité urbaine Il est important de noter que cette évolution des PLU
autre que la maîtrise d’une certaine densité. s’inscrit dans une tendance globale visant à réduire la
L’abrogation du COS a été le début d’un changement des consommation des terres agricoles qui équivaut, en
règles d’urbanisme qui, au fil des différentes réformes, France, à environ 60 000 hectares par an. Si dans ce
sont devenues de moins en moins quantitatives et systé- domaine d’importants progrès restent encore à réaliser, la
matiques. La dernière réforme des PLU (plan local d’ur- limitation des surfaces ouvertes à l’urbanisation entrainera
banisme) remonte à 2016 et a profondément modifié la de facto une valorisation des fonciers de centre-ville, et
nature du règlement qui peut désormais comprendre des rendra ainsi les opérations de surélévation plus attractives
règles qualitatives et alternatives, règles visant à intégrer en terme économique.
la notion de « projet » et d’objectifs urbains à atteindre.
Dans le même esprit, les OAP (orientation d’aménagement Bâtisseurs et gestionnaires de parcs, les maîtres d’ouvrage
et de programmation), aujourd’hui obligatoires dans les de logements sociaux sont très concernés par les enjeux
zones à urbaniser, définissent les enjeux liés à un secteur de rationalisation foncière. Les ouvertures proposées
et ses principes d’aménagements plutôt que des exigences par l’apparition de ces nouveaux textes offrent des pistes
strictes d’implantation, de volume, de dimensions, etc. de valorisation et d’augmentation de leur parc locatif.
Cette évolution des documents d’urbanisme impose Des expériences menées dans ce domaine soulignent
aujourd’hui une instruction plus « sophistiquée » des la spécificité des projets de surélévation, en particulier
permis de construire, basée davantage sur une compa- la double prise en compte d’un édifice existant souvent
tibilité du projet avec le PLU et ses objectifs plutôt que occupé et d’une construction neuve sur son toit.

CMI 1-2019 (1) Commission du vieux Paris - 8 juin 2016 - Avis sur les surélévations

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DOSSIER
Dossier

HLM : des surélévations...


...sous conditions
Le parc locatif social compte, aujourd’hui, près de disponible à Paris, nous recherchions des solutions
5 millions de logements, dont 85 % sont des immeubles de développement. Nous avons donc étudié les diffé-
collectifs. Il a constitué un extraordinaire champ rentes possibilités d’optimisation de notre patrimoine
d’expérimentation pour l’architecture en France, à travers une approche que nous appelons « rationa-
notamment par l’obligation de mise en concours lisation foncière ». Les surélévations d’immeubles
des projets par les offices HLM (obligation abrogée font pleinement partie de ce dispositif, nous réalisons
par la Loi Elan en 2018). également quelques extensions, mais de façon plus
Ce parc évolue constamment, pour répondre aux marginale, ces opérations étant moins bien acceptées
attentes de la société et aux mutations techniques parce que consommant des espaces libres souvent
du bâtiment : la typologie des logements s’adapte plantés … » nous explique David Magalhaes, direc-
au desserrement des ménages et aux parcours rési- teur technique d’HSF. Le coût de construction d’une
dentiels, les normes sont plus exigeantes vis à vis de surélévation induit en général un surcoût de l’ordre
l’accessibilité, des équipements, de l’isolation phonique de 20 à 25 % par rapport à une construction neuve,
et de la sécurité. Mais surtout, la prise en compte du mais comme le précise David Magalhaes « cela nous
changement climatique a augmenté considérablement permet de pouvoir construire du logement sans avoir
les performances énergétiques des habitations et à rechercher du foncier ! ». Surélever un immeuble
induit des bâtiments aux volumétries compactes et implique néanmoins la conjonction de différentes
aux enveloppes toujours plus sophistiquées. conditions, à la fois sociales, économiques, mais
Aujourd’hui, l’étalement urbain et la réduction des également techniques.
surfaces agricoles attenantes deviennent une préoccu-
pation majeure sous la problématique du développe-
ment durable de nos territoires et de leurs ressources. Des opérations contraintes
L’éloignement des centres villes pèse directement
sur les aspects de mobilité et requiert une meilleure La première condition est relative à l’acceptabilité de
organisation des flux de la périphérie vers les cœurs l’opération : « Certains contextes locaux font que les
d’activité : une répartition optimisée dans les zones surélévations ont des difficultés à être approuvées,
d’urbanisation denses apporte des solutions à ces notamment dans les quartiers déjà très densément
problématiques en réduisant les distances à parcourir bâtis ». Afin d’accroitre la recevabilité de ces surélé-
des usagers qui peuvent de plus recourir aux modes vations, elles sont toujours rattachées à des travaux
de mobilité douce (transports électriques, véhicules de rénovation énergétique et de requalification des
en partage, etc.). Mais pour construire, le foncier immeubles. « C’est toujours très compliqué d’aller
libre se raréfie, et les futures opérations de logements rencontrer les habitants et de leur expliquer qu’ils vont
deviendront plus complexes à monter dans un envi- subir les désagréments d’un chantier de surélévation de
ronnement contraint. leur immeuble, sans aucune amélioration pour leurs
logements. Associer à ces opérations la mise en œuvre
La situation de l’Ile-de-France, et de Paris en particu- d’une ITE (isolation par l’extérieur) nous permet de
lier, préfigure cette tendance générale avec une faible condenser les travaux et d’avoir une réelle cohérence
disponibilité de terrains. Pour répondre aux besoins entre les façades des étages surélevés et le bâtiment
en logements dans ce contexte difficile, les bailleurs existant. Nous donnons ainsi une nouvelle identité
sociaux doivent aujourd’hui trouver des solutions à nos immeubles et, lorsque nous en avons la possi-
innovantes et économiquement viables. bilité, nous retravaillons également les flux piétons,
les espaces extérieurs afin d’améliorer les abords
de l’opération et de modifier son image globale »
Optimiser le foncier précise David Magalhaes.
Les chantiers se déroulent en site occupé, une autre
HSF (Habitat social français), filiale de la RIVP créée contrainte majeure, qui implique, en amont du projet,
en 1975, s’inscrit pleinement dans cette démarche un temps d’information et de concertation impor-
prospective : « HSF possède un patrimoine essen- tant et, durant le chantier, des « nuisances » pour les
tiellement parisien et, compte tenu du peu de foncier

CMI 1-2019
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DOSSIER
occupants (bruits, coupures de réseaux, indisponibilité rez-de-chaussée, stationnements en sous-sol, etc. Les
de l’ascenseur durant environ 2 mois, etc.). systèmes poteaux-poutres de ces étages doivent donc
« Les principales nuisances se concentrent pour les être renforcés, et plus particulièrement les poutres
habitants du dernier niveau avec notamment les en béton avec pour contrainte une hauteur souvent
risques d’infiltration lors de la dépose de l’étanchéité, limitée ! Différentes techniques sont utilisées : mise en
les raccordements techniques … Nous essayons de œuvre de plats carbone, ajout de 1/2 « H » métalliques
trouver les solutions les plus acceptables et, lorsqu’ils rivetés sur les côtés de la poutre. »
en font la demande, nous proposons à ces personnes
de nouveaux logements ».
Gérer l’existant
Le second point est économique, et il est directement
liée à la surface constructible : « Plus la surface à créer Mais d’autres complexités sont inhérentes à ce type
est réduite, moins l’opération est rentable dans le de projets : il faut prendre en compte la continuité
temps en raison des frais fixes de ce type de travaux, des circulations verticales, ascenseur et escalier, mais
notamment liés aux installations de chantier … nous également la superposition des différents réseaux
avons donc besoin d’avoir une taille critique pour et VMC. « Si vous travaillez vos plans de suréléva-
pouvoir réaliser une surélévation ». tions indépendamment des plans de l’existant, cela va
entrainer beaucoup de dévoiements qui impliqueront
la création de soffites et autres difficultés … l’objectif
Des critères techniques est réellement de « plomber » au maximum l’ensemble
des gaines techniques », détaille David Magalhaes.
Mais la pierre d’achoppement des surélévations est
avant tout technique : est-ce que l’immeuble est en
capacité de supporter des niveaux supplémentaires ? Faire léger
David Magalhaes développe : « Bien entendu nous
réalisons dans le cadre de nos surélévations des Pour limiter les surcharges et réduire le coût de l’opé-
renforcements de fondations, de structures, mais ration, un seul mot d’ordre : faire léger ! Les systèmes
certains immeubles anciens, par exemple, imposent constructifs les plus utilisés sont le bois et le métal,
des complexités techniques et des coûts d’interven- mais sans dogmatisme aucun : « Nous ne sommes
tions qui, au final, annihilent l’intérêt économique pas bloqués sur un type de structure, chaque opéra-
de l’opération ». tion est réellement spécifique, ce qui est vrai pour le
Sur la base de l’expérience acquise, HSF est arrivée à bâtiment l’est encore davantage pour les surélévations.
déterminer certains ratios permettant en amont de Il faut prendre en considération l’immeuble et sa
vérifier la faisabilité d’une surélévation : « Nous consi- structure, les surfaces à créer en relation aux charges
dérons que la surcharge totale amenée par l’opération admissibles, mais également les contraintes d’appro-
(surcharge de la structure et surcharge d’exploitation) visionnement, les moyens de levage utilisables sur le
doit correspondre à environ 10 à 15 % de la charge site, l’ensemble du contexte … tout cela fait que nous
de l’immeuble existant. Cela signifie qu’un immeuble devons abandonner toute doctrine et rester ouvert à
existant de R+6 avec sous-sol peut accepter de 2 à 3 tous les modes constructifs possibles, sous peine de
niveaux supplémentaires. Dans cette configuration, ne pas réussir à réaliser nos opérations de suréléva-
les reprises de fondation ne sont pas forcément néces- tion qui restent toujours des chantiers complexes »,
saires, mais cela impose néanmoins des renforts de conclut David Magalhaes.
structure à réaliser ».
De fait, HSF a mené des opérations reposant sur
Cette approche est facilitée par la nature du patrimoine divers matériaux : le bois, le béton préfabriqué, l’acier.
de HSF, constitué essentiellement d’immeubles à Aujourd’hui, le bailleur termine un projet de surélé-
ossature béton construits dans les années 1980 - 1990 : vation de trois niveaux en structure métallique situé
« La caractéristique du béton est qu’il travaille très bien rue de Bagnolet à Paris (voir encadré).
en compression, mais très mal en flexion. Les murs
porteurs de ce type d’immeuble se superposant géné-
ralement bien jusqu’au premier étage, les descentes de
charge ne posent pas de difficultés particulières. En
revanche, les niveaux inférieurs présentent des confi-
gurations différentes liées à leurs usages : hall d’accès au

CMI 1-2019
18
DOSSIER
Dossier

Surélévation au 177 rue de Bagnolet, Paris


À l’origine, un immeuble R+6 propriété d’HSF (Habitat social monté en 15 jours environ. Les planchers mixtes acier-béton
français) devant faire l’objet d’une opération classique de rénova- présentent une épaisseur de 260 mm, et les façades sont revêtues
tion énergétique. Le bailleur social lance donc une consultation de panneaux de bardage.
destinée à choisir un maître d’œuvre.
Parmi les différentes propositions des candidats, une équipe
(l’agence Team 3 anciennement Imagine architecture) suggère
la possibilité de surélever l’immeuble. Ayant déjà réalisé des
opérations similaires, le maître d’ouvrage est intéressé par cette
proposition : il sélectionne cette agence d’architecture et lui
commande une étude de faisabilité portant sur la création de
niveaux supplémentaires. Ces premières études seront validées,
et l’opération de surélévation sera lancée.

Structure du dernier niveau en cours de montage © CTICM

La charge additionnelle totale étant assez contenue, entre 10 et


15 % du poids propre de l’existant, aucune intervention de reprise
des fondations n’a été nécessaire, seuls quelques renforcements
ponctuels ont été mis en place au rez-de-chaussée et au sous-sol.

Dans le respect des règles du PLU, et afin de répondre aux


évolutions règlementaires, différentes mises aux normes étaient
obligatoires : la sécurité incendie avec l’installation d’un désen-
fumage dans l’ancien vide-ordures, l’accessibilité mais également
Façade sur la rue de Bagnolet à Paris. Avant et après travaux de rénovation l’agrandissement des surfaces des locaux communs (local poubelle
et de surélévation ©HSF
et local à vélo). Ces modifications, toujours complexes à réaliser
L’immeuble existant date des années 1980. C’est une construc- dans un immeuble existant, ont fait l’objet de négociations et
tion en béton de 6 étages sur rez-de-chaussée comprenant 12 impliqué l’intervention d’un bureau de contrôle expérimenté.
appartements. Le programme arrêté consiste à ajouter 3 niveaux Élément facilitateur de ce projet : l’absence de locataires au dernier
pour une surface totale de 250 m2. étage, les plus exposés aux nuisances durant les travaux.
Une des contraintes majeures de cette opération est liée à sa Réussir une telle opération suppose un dialogue constant avec
contiguïté avec la rue de Bagnolet, très passante et donc impossible les habitants : en amont du chantier avec la maîtrise d’ouvrage
à mobiliser pour la mise en place de moyens de levage adaptés. et durant les travaux avec les entreprises. Il est en effet indis-
C’est la raison pour laquelle l’ensemble des matériaux devaient pensable que le projet soit bien compris et accepté par les
être montés par « lift ». Cette disposition a été déterminante dans locataires, et il est tout autant nécessaire de veiller à limiter les
le choix de l’acier comme matériau de structure, une ossature désagréments durant la phase chantier.
bois n’étant pas compatible avec ces contraintes de levage.
Maîtrise d’ouvrage : HSF (Habitat social français)
La structure des 3 niveaux surélevés a été réalisée avec des profilés Maîtrise d’œuvre : Team 3 architectes
acier laminés à chaud, solution retenue en raison de la manu-por- Entreprise générale : MGBR
tabilité de ses différents composants. Chaque niveau était ainsi Constructeur métallique : Métallier (93)

Comme l’illustre cette opération, le poids rapporté est une compo- Cette opportunité de développement de marché, non négligeable
sante importante lors de la conception d’une extension verticale ; les pour l’ensemble des acteurs de la filière de la construction métal-
terrains exigus contraignent les dispositions d’approvisionnement et lique, peut prendre appui sur la palette de procédés constructifs
de levage : autant d’aspects qui privilégient les structures légères et la couramment utilisés.
préfabrication en vue d’un montage rapide des éléments sur le site.

CMI 1-2019
19
DOSSIER Les solutions métalliques déjà
disponibles…
Les solutions constructives à base de produits en acier
sont, par nature, des procédés qui font appel à des
appuis ponctuels et à un assemblage d’éléments issus
de produits sidérurgiques mis en forme et adaptés au
Conçues à partir d’éléments longs laminés à chaud ou
formés à froid, les ossatures sont légères et offrent des
portées qui permettent de s’implanter sur toutes les
typologies de supports. La liberté architecturale est
projet, grâce - en particulier - à un travail de préfabri- garantie tant en formes qu’en aspects de finition avec
cation en atelier. la gamme des produits plats. La préfabrication réduit
Assurant les fonctions d’ossature, de plancher, de façade considérablement les aspects logistiques et les impacts
et de couverture, la panoplie des produits en acier au moment du chantier en se concentrant surtout sur
exploite les avantages des filières sèches : des liaisons les opérations de montage-levage.
mécaniques, pas ou peu d’eau sur le chantier et un Totalement maîtrisées pour les ouvrages neufs courants,
faible volume de déchets qui réduisent les nuisances ces pratiques s’adaptent facilement aux chantiers de
et optimisent les délais sur le site de construction. Les surélévation.
produits disponibles sont linéaires (poutre en 1D), Enfin, l’acier est compatible avec les autres matériaux
surfaciques (bardage ou panneau sandwich en 2D) ou pour satisfaire les enjeux d’intégration urbaine et
volumiques (module préfabriqué en 3D) et, ensemble, architecturale.
offrent toutes les possibilités de combinaisons pour
répondre à un projet.

…et présentes sur ce marché


Même si la région parisienne concentre une majorité des simplicité et plasticité de la mise en œuvre, comportement
projets de surélévation actuels, d’importants opérateurs sismique face aux risques locaux (zone de sismicité 3),
d’autres grands centres urbains manifestent également rapidité d’exécution, parfaite adaptabilité au cumul de
un intérêt grandissant pour la surélévation, notamment contraintes engendré par la mixité programmatique
à Lyon, Nantes, Rennes ou encore Lille et Strasbourg. (ERP, habitat…) et esthétique ».

Lors de la reconversion des Dock’s de Strasbourg, une Cet architecte avait déjà fait le choix de l’acier dans les
structure métallique de trois niveaux a été ajoutée années 1990, lors d’une opération visant la rénovation
Le centre de tri postal à pour pouvoir accueillir l’ensemble du programme. d’un ensemble de quatre blocs de logements sociaux
Tours. Structure métallique
en cours de levage Dans un article paru dans CMI 1-2014, l’architecte datant des années 1930 à Boulogne-Billancourt. Une
© Architecte Boille Georges Heintz résumait les motifs du recours à l’acier : surélévation de 2 niveaux réalisée en site occupé avait
et Associés
« légèreté de la superstructure reportée sur l’existant, permis de créer 500 nouveaux logements. La contrainte
principale du projet était de limiter les travaux de reprise
de l’existant en béton et briques. Cela avait été rendu
possible grâce à l’utilisation d’une structure légère en
acier, connectée au bâtiment existant via une plateforme
périphérique et transverse. La descente des charges se
faisait par des poteaux situés le long des façades.

À Tours, en 2014, le centre de tri postal, rebaptisé


la Nef, est complètement réhabilité et surélevé d’un
niveau complet en portiques métalliques, supportant
les maisons sur le toit en ossature bois. Compte-tenu
des dimensions imposantes du bâtiment, les architectes
de Boille et Associés décident de démolir la trame
centrale du bâtiment pour le rendre plus fonctionnel

CMI 1-2019
20
DOSSIER
Dossier

Par exemple, à Glasgow, la finesse des structures


métalliques a permis d’insérer une surélévation de
deux niveaux sur un bâtiment historique de George
Street tout en respectant sa façade en grès typique
de la ville.

À Genève, le siège social de Rolex (datant des années


1960) est passé de 8 à 11 niveaux grâce à une structure
métallique de type poteaux-poutres habillée par une
double peau en verre. Le bureau d’études de ce projet,
Le Pyrite, Toulouse - © Roland Halbe
Ingeni, a quelques années après également participé à Une structure mixte pour
la surélévation Sécheron
la conception d’une surélévation associant le métal au de trois niveaux à Genève
et apporter de la lumière. Le bâtiment B qui reçoit les béton et au bois pour ajouter 3 niveaux sur un immeuble © Raphaël Nussbaumer
Architectes
bureaux et les bâtiments de logements A et C, sont de logements en R+4 datant des années 1950.
reliés par des passerelles métalliques au niveau de la
nef centrale ainsi créée. Les grandes portées et la liberté
d’aménagement des plateaux créés sont à l’origine du
choix d’une structure métallique.

Depuis ces premières opérations pilotes, d’autres


projets d’ampleur valorisant les solutions métalliques
ont vu le jour, en particulier pour l’extension de bâti-
ments tertiaires ou d’hôtels.

Dernièrement, un immeuble des années 1990,


« le Pyrite », situé dans le quartier Compans-Cafarelli
à Toulouse, a été surélevé d’un niveau et demi par
Taillandier Architectes Associés. La légèreté du métal
facilite la gestion des descentes de charges et permet
de créer des espaces sur le toit largement ouverts. Le Lorsque la durée de chantier est très réduite, la préfa-
métal est également utilisé pour habiller les sheds du brication est souvent nécessaire. Un immeuble de
dernier niveau. Ce projet, livré en mars 2018, accueille logements étudiants de l’université de Plymouth,
les bureaux de Toulouse Métropole Habitat. construit en 1948 en métal et béton, a été surélevé grâce
à 28 modules tridimensionnels à ossature métallique,
Lorsque le bâtiment existant ne peut pas reprendre mis en œuvre en seulement dix jours. Le reste du
les charges induites par la surélévation, le recours à bâtiment a ensuite été isolé à l’aide de panneaux en
une structure de type portique peut être envisagé. profils minces permettant une livraison de l’ensemble
Université de
Le métal peut alors particulièrement faire valoir ses du projet en six mois, conformément aux exigences Plymouth © Robust
atouts, comme ce fut le cas sur le projet de suréléva- du maître d’ouvrage.
tion à Boulogne-Billancourt cité précédemment ou
plus récemment pour l’agrandissement du Centre
d’incendie et de secours du Vésinet (78).

Les planchers mixtes béton-métal et les parois verti-


cales en panneaux bois contrecollés recouvertes de
bardage composite complètent la structure de cette
opération.

Les solutions métalliques se développent également


sur le marché de la surélévation chez nos voisins euro-
péens, tant pour des logements, que pour des bureaux
ou établissements scolaires, récents ou plus anciens.

CMI 1-2019
21
DOSSIER Comme le montrent tous ces exemples, l’intervention
sur l’existant peut avoir recours à différents procédés, en
fonction des contraintes urbanistiques, de la capacité
du bâtiment existant à reprendre les charges ou de la
prise en compte d’une éventuelle rénovation énergé-
tique. Dans chaque cas, il est essentiel de choisir le bon
matériau au bon endroit, sachant que l’acier s’associe
particulièrement facilement avec tous les autres.

Surélévation alignée verticalement Surélévation en retrait Surélévation alignée verticalement Surélévation en retrait
au nu de l’existant, et en appui par rapport à l’existant, au nu de l’existant, avec les charges par rapport à l’existant, avec les
direct sur l’existant et en appui direct sur l’existant reprises par un portique charges reprises par un podium

Famille d’interface

La mixité pour répondre à tous les enjeux


structurelle (extrait
étude Lign2Toit)

Cette même philosophie est à l’origine de l’association La surélévation, notamment dans le cadre d’une réno-
MECD, au sein de laquelle le CTICM travaille avec ses vation énergétique, est un marché en devenir pour les
homologues de la terre cuite et pierre (CTMNC), du béton filières. Il reste cependant nécessaire d’inciter les maîtres
préfabriqué (CERIB) et du bois (FCBA) au développe- d’ouvrage à envisager cette option lors du montage de
ment de solutions constructives mixtes. Les particularités l’opération. C’est pourquoi MECD a lancé, en collabo-
de chaque matériau leur ont permis de se positionner ration avec le cabinet d’architecture Aetic et le bureau
indépendamment sur certaines typologies de bâtiments. d’études thermiques Pouget Consultants, le projet
« Aujourd’hui, le marché de la surélévation en maçonnerie Lign2Toit, co-financé par l’Ademe, qui vise la mise en
terre cuite, est particulièrement actif pour les maisons place d’une méthode d’évaluation technico-économique
individuelles en zone périurbaine. Grâce aux souplesses en amont d’une étude plus développée à confier à des
introduites avec la loi Alur, les propriétaires ont ainsi la maîtres d’œuvre multidisciplinaires. Afin de positionner
possibilité de rester dans leur maison même lorsqu’ils ont les solutions de la filière métal sur ce marché porteur,
besoin d’un agrandissement » indique Olivier Dupont, le CTICM est partie prenante depuis l’origine de cette
directeur général adjoint du CTMNC. « La mixité peut étude, qui se situe dans la continuité du projet euro-
permettre de valoriser la protection durable qu’apportent péen ROBUST Renovation Of Buildings Using Steel
ces produits sur de nouveaux marchés. Les parements Technologies, qui regroupait plusieurs entités euro-
traditionnels en terre cuite et pierre peuvent être mis en péennes autour du même thème.
œuvre sur des maçonneries et du béton banché, mais
la volonté est de développer des systèmes sur ossature Lors de la première étape du projet Lign2Toit (présenté
légère afin d’allier intégration urbaine et contraintes de dans CMI 1-2017), le CTICM a contribué à la mise
poids induites par la surélévation ». au point des cinq outils méthodologiques, conçus et
Céline Vinot, Responsable du département partenariats, développés pour faciliter la prise de décision du maître
veille et propriété intellectuelle au CERIB, ajoute par ailleurs : d’ouvrage. Ce travail a également démontré le potentiel de
« Dans le cadre des surélévations, le béton a toute sa ce marché et la complémentarité de cette démarche avec
place car la filière développe des systèmes et procédés la solution Géoservices® développée par Upfactor (voir
parfaitement adaptés à toutes les exigences techniques témoignage), partenaire de MECD : un outil qui permet
telles que faisabilité et organisation de chantier de ce type d’automatiser la détection de potentiel par l’examen des
de projets constructifs. Certains de ces développements parcelles. Dans le prolongement, le CTICM est au côté
reposent sur un dialogue entre différents matériaux d’Upfactor pour promouvoir la démarche auprès de
comme les façades posées sur structures acier, les plan- maîtres d’ouvrage afin de répondre à leurs attentes et de
chers mixtes … ». susciter d’éventuelles opportunités d’opérations.

CMI 1-2019
22
DOSSIER
Dossier

OUTIL 1 OUTIL 2 OUTIL 3 OUTIL 4 OUTIL 5

Détermination de la Choix des solutions Évaluation Évaluation Évaluation


capacité portante constrctives pour la énergétique économique globale environnementale
résiduelle du bâtiment structure, l’enveloppe et selons 5 scénarios prenant en compte la inspirée de l’ACV et
existant les revêtements extérieurs d’intervention valeur patrimoniale basée sur 4 indicateurs

Aperçu des cinq outils


méthodologiques
La deuxième étape, lancée mi-2018, a pour but de Pour calibrer l’outil, la méthodologie développée du projet Lign2Toit,
faciliter l’utilisation des outils séparés en les dotant tout au long du projet Lign2Toit sera éprouvée sur conçus et développés
pour faciliter la prise
d’une interface numérique unique, gratuitement acces- plusieurs opérations réelles et notamment un certain de décision du maître
sible en ligne et destinée aux maîtres d’ouvrage et nombre présentant une structure métallique. Pilote d’ouvrage
aux maîtres d’œuvre souhaitant réaliser une étude de de cette tâche, le CTICM met également à profit son
pré-faisabilité technico-économique. Au-delà de cet expérience en matière de webtool et d’appréciation
outil, le site www.lign2toit.fr contiendra des infor- environnementale acquise via la création du confi-
mations sur les étapes d’un projet de surélévation, sur gurateur de FDES Save Construction. Par ailleurs, la
les familles d’intervention et principes de traitement nouvelle démarche de veille active mise en place ces
des interfaces ainsi que sur l’évolution des exigences derniers mois au sein du centre participe au suivi des
règlementaires. évolutions règlementaires et à la détection d’opportu-
nités de développement pour notre filière.

Des signes encourageants


Une opération de surélévation ne se limite pas à la Les réflexions récentes autour de l’agriculture urbaine,
partie neuve du bâtiment puisqu’une remise aux les îlots de chaleur ou encore l’intégration de nouveaux
normes règlementaires sur l’existant peut être exigée, services liés à l’internet des objets, incitent de plus en
remettant potentiellement en cause l’ensemble de plus de maîtres d’ouvrage à reconsidérer leur parc sous
l’opération. Cela concerne en particulier la sécurité le biais de la fonctionnalisation des espaces de toiture
incendie, l’accessibilité ou encore les locaux communs et donc potentiellement de la surélévation. L’extension
(vélo, poubelles…). Pour les deux premières théma- verticale est également une réponse pour les syndics
tiques, la mise en place de la loi Essoc, et en particulier qui doivent dorénavant être en capacité d’apporter
de l’ordonnance I, devrait faciliter certains projets aux copropriétaires des solutions de financement
grâce aux recours aux dérogations. Le maître d’ou- des travaux à voter.
vrage devra alors apporter « la preuve qu’il parvient,
par les moyens qu’il entend mettre en œuvre, à des Cela laisse présager de belles perspectives pour la
résultats équivalents à ceux découlant de l’application construction métallique sur ce marché, en position-
des règles auxquelles il est dérogé(2)» . Ce dispositif nant des acteurs et des offres dédiées. Comme dans
temporaire devrait être confirmé par la publication le cas du partenariat privilégié établi avec Didier
de l’ordonnance II qui intègre la réécriture du livre I Mignery, fondateur d’Upfactor, le CTICM se tient à
du Code de la construction et de l’habitation. la disposition de tous les acteurs du secteur pour les
Les contraintes règlementaires qui parfois freinent les accompagner.
opérations de surélévation, devraient ainsi pouvoir
être abordées plus aisément.

(2) Article p12 dans CTB n°374 dec18-janv19 CMI 1-2019


23
DOSSIER Témoignage
Upfactor,
une démarche pionnière
Interview de Didier Mignery,
Architecte et fondateur d’Upfactor

« Upfactor détecte le potentiel et stimule les projets.


Il faut que les filières professionnelles, et en particulier
celle du métal, se structurent pour le réaliser ».

Construire sur les toits de l’INES et la parution d’un


CMI - Quelle est l’origine d’Upfactor ? article sur l’étude de l’Apur dans le Journal du dimanche
Didier Mignery : Architecte de formation, j’ai d’abord (15 février 2015).
monté le cabinet d’architecture Zoomfactor Architectes
il y a 15 ans. Nous avons depuis conçu 360 logements En juillet 2017, j’ai créé l’agence Upfactor et mis en
neufs, rénové 3 000 logements et réalisé notre premier place une nouvelle offre grâce à l’outil Geoservices®.
projet de surélévation rue de la Sablière à Paris. Notre Au sein de notre équipe de neuf personnes, nous
agence du 14e arrondissement de Paris, était située en regroupons les compétences d’architectes, de calculs de
face d’un mur pignon aveugle de plusieurs hauteurs structures et de développement de logiciel. Grâce à nos
d’étage au-dessus d’un local commercial de 2 niveaux. partenariats, nous couvrons également les domaines
Nous nous sommes alors penchés sur la question de juridiques, d’études de sol, d’expertise financière et de
la surélévation pour valoriser ce potentiel foncier bureaux d’études thermiques. Nous avons aussi signé
encore non exploité. Après dix ans de tractation avec en milieu d’année dernière un accord de partenariat
les pouvoirs publics, d’études et de conception, deux avec MECD, dont le CTICM est partie prenante, afin
logements sur trois niveaux ont été livrés en 2015. de mieux travailler avec les filières professionnelles
Malgré les difficultés rencontrées, il nous a semblé et de collaborer sur nos outils complémentaires que
que la surélévation représentait une vraie opportunité, sont Lign2Toit et Geoservices®.

CMI - Qu’est-ce que Geoservices® ?


Didier Mignery : Il s’agit d’une technologie numérique
qui permet d’explorer, de détecter et d’analyser le
potentiel de valorisation du patrimoine aérien. Conçu
pour mener des études prospectives à grande échelle,
Geoservices® est un système d’information géogra-
phique qui exploite les bases de données agrégeant
l’ensemble des informations nécessaires à la définition
des potentiels constructibles : adresses, PLU, cadastre
solaire, secteurs protégés, … Alors qu’une analyse
de site nécessite habituellement une étude préalable
au cas par cas, notre innovation numérique nous
permet d’automatiser l’identification de la réserve
foncière non exploitée sur chaque parcelle ainsi que
L’outil Géoservices® permet de detecter le potentiel de densification (en vert le plus gros potentiel de
surélévation des bâtiments) © Upfactor
son potentiel de surélévation. Cela permet à nos
clients d’élaborer des stratégies de valorisation de leur
surtout dans le contexte devenu plus favorable grâce patrimoine programmées dans le temps. Selon notre
en particulier à la suppression du COS par la loi Alur. expérience, 900 adresses analysées en 2018, environ
Cette année-là, l’intérêt des différents acteurs était 10 % des adresses scannées, révèlent un potentiel de
aussi naissant comme l’a démontré la présence de surélévation, et donc de co-financement de travaux
350 personnes lors de la première édition du colloque de rénovation énergétique.

CMI 1-2019
24
DOSSIER
Dossier

CMI - Comment les maîtres d’ouvrage perçoivent-ils CMI - Quelle est votre expérience du métal ?
la surélévation ? Didier Mignery : Via Zoomfactor, nous avons en
Didier Mignery : Au-delà de Paris, nous sommes particulier travaillé sur trois projets de logements
aujourd’hui en contact avec des maîtres d’ouvrage à sociaux réalisés en structure métallique. Le premier
Nantes, Rennes, Lilles ou encore Lyon. Nous interve- était une rénovation pour ICF-La Sablière à Champs-
nons auprès de trois catégories de donneurs d’ordre sur-Marne (77), le deuxième une construction neuve
qui ont des attentes différentes mais marquent tous de trois logements collés à Roanne (42) et le dernier
un vrai intérêt pour le sujet de la surélévation et la concernait dix logements en bandes à Gueugnon en
possibilité qu’elle représente de construire la ville Saône-et-Loire. Pour chacun d’eux, le système Styltech
sur la ville. a été retenu car il concilie liberté architecturale et
maîtrise des coûts grâce à l’industrialisation. Nous
Les bailleurs sociaux ont été les premiers à étudier le pensions également utiliser ce système, couplé à une
potentiel de surélévation de leur patrimoine. Dans structure en profils laminés à chaud pour le projet
les centres urbains les besoins en logement sont de surélévation de la Sablière mais, dans le contexte
toujours plus grands mais le foncier disponible est de cette opération, nous avons été confrontés à un
quasi inexistant. Ils cherchent donc des solutions pour problème de compétitivité des prix qui a abouti alors
augmenter leur parc locatif à foncier constant. CDC au choix d’une solution béton.
Habitat a été le premier à nous faire confiance avec Cependant, convaincu des qualités des procédés à
sa filiale Efidis. Ils pensaient impossible de densifier base d’acier, plusieurs de nos projets en cours font
leur patrimoine parisien mais sur les 186 adresses appel à eux.
scannées, nous avons identifié sous quinze jours,
28 immeubles surélevables dont six qui ont ensuite CMI - Justement qu’attendez-vous des acteurs de
fait l’objet d’une étude de faisabilité plus poussée, pour la filière métallique?
un total de 11 500 m². Didier Mignery : Pour nous, la typologie du bâtiment,
l’architecture et le système constructif sont liés et
La deuxième typologie de donneurs d’ordres regroupe doivent être définis au moment du dépôt du permis
les foncières privées qui cherchent à augmenter la de construire et la filière acier a de nombreux atouts
valeur de leur patrimoine, particulièrement lorsqu’il pour attaquer le marché de la surélévation.
s’agit de bureaux vieillissants. Nous avons notamment
une étude en cours avec Covea qui nous a permis de En premier lieu, la possibilité de fabriquer des modules
détecter un potentiel de quatre surélévations sur les 3D pré-équipés hors-site pour limiter les nuisances,
vingt-cinq adresses scannées. Nous allons déposer le maîtriser les coûts et garantir la qualité est à mettre
permis de construire pour un premier projet sur Paris. en avant pour faciliter l’acceptabilité des projets de
Nous travaillons également avec les copropriétés afin surélévation en site occupé. De plus, ce matériau
de leur proposer un projet clés en main qui pourra autorise les grandes portées et donc la possibilité
susciter l’adhésion et permettra de financer des travaux de limiter les reports de charges aux façades. Enfin,
de rénovation énergétique. Les évolutions dues à la loi l’acier, point de ralliement de toutes les filières, a tout
Elan, et en particulier la définition d’un lot transitoire intérêt à promouvoir le développement de solutions
qui oblige à fournir un permis de construire validé constructives mixtes.
lors de la vente du droit à bâtir, doit rassurer les copro- Cependant, on ressent une vraie dichotomie entre les
priétaires. Ils donnent dans ce cas leur accord sur un solutions à chaud, proposées par les charpentiers, et
projet précis en termes de surface et d’architecture. les solutions en éléments minces qui intéressent plutôt
Cela permet aussi d’augmenter la valeur du foncier les façadiers alors qu’elles pourraient faire l’objet d’une
puisque le promoteur est certain que l’opération pourra offre complète pour une structure et une enveloppe
se faire. Notre position de tiers de confiance garantit en métal.
notre neutralité sur le projet et doit accélérer sa mise Des fabricants étrangers et les majors s’intéressent
en place. À titre d’exemple, la Régie Franchet nous a également au sujet de la surélévation. Pour profiter
confié un fichier de 193 immeubles parmi lesquels de ce marché, il faut que les constructeurs français
nous avons détecté 36 potentialités. Nous avons reçu proposent, rapidement, une solution en cohérence
le permis de construire pour une première opération avec les enveloppes budgétaires de ce type de projet,
située cours Albert Thomas à Lyon qui vise la création c’est-à-dire un prix de 2 000 €/m² fourni posé.
de vingt logements sur une copropriété qui compte
actuellement 40 lots.

CMI 1-2019
25
RENCONTRE
Rencontre avec Rémi Berneau, directeur général du groupe Hemery-Hervieux

« Je cherche constamment à développer au sein


des entreprises Hemery et Hervieux ces deux qualités :
réactivité et technicité. »

À la direction du groupe Hemery-Hervieux depuis plus de vingt ans, Rémi Berneau est un
chef d’entreprise engagé qui a pris le parti de l’innovation et de la formation pour développer
et pérenniser les activités de sa structure.

Propos recueillis par Vincent Rey

CMI - Quel est votre parcours professionnel ? immédiatement, j’ai eu une sorte de « coup de foudre » :
Rémi Berneau : Je suis ingénieur diplômé de l’École j’ai senti que la construction métallique était à la
centrale de Paris, et j’ai débuté ma carrière profession- frontière entre le monde industriel et le monde du
nelle dans un groupe américain qui était spécialisé bâtiment. Dans l’industrie, il faut faire preuve d’effica-
dans la fabrication des électrodes de graphite arti- cité, de rigueur, d’organisation, et dans le bâtiment, il
ficiel pour les fours à arc électrique. Cela a été mon y a davantage d’aléas, de facteurs humains, de choses
premier contact avec l’acier ! J’ai occupé différents subtiles à traiter et à résoudre. Le challenge m’a paru
postes dans ce groupe qui, à l’époque, développait tout à fait passionnant… et je n’ai pas été déçu. Voilà
© Hemery-Hervieux

une approche d’organisation selon les méthodes comment et pourquoi j’ai repris l’entreprise Hemery
de la qualité totale, une expérience très forma- il y a un peu plus de vingt ans, en 1998.
trice. J’ai ensuite été directeur industriel dans une
Rémi Berneau, filiale française d’un groupe allemand, en charge CMI - Comment est née la société Hemery ?
Directeur général du groupe des installations et des investissements industriels et Rémi Berneau : L’entreprise Hemery a été fondée par
Hemery-Hervieux
immobiliers. Cette fonction m’a permis d’avoir une Louis Hemery à la fin des années 50. À mon instar,
relation directe avec les métiers de la construction, rien ne le prédisposait à diriger une entreprise de
mais plutôt côté maîtrise d’ouvrage. construction métallique : son père était sabotier, mais
il n’avait aucune inclinaison pour cette industrie…
À 38 ans, j’ai voulu quitter le monde des grandes Monsieur Hemery a commencé par faire un peu de
entreprises et des multinationales pour diriger ma chaudronnerie, puis il a fortement développé son
propre structure : j’avais pour projet de racheter activité dans les années 1960 grâce à la fabrication de
une société de taille moyenne, et pour ambition d’y réservoirs pour le fuel domestique. À cette époque,
appliquer les principes de management que j’avais les pavillons s’équipaient majoritairement de chauf-
pu découvrir et pratiquer dans mes postes précé- fages au fuel, et Hemery a profité alors du « boum »
dents. Mais je ne recherchais pas spécifiquement une de l’accession à la propriété individuelle : dix ans
entreprise dans l’univers du bâtiment : je souhai- plus tard, l’entreprise employait une cinquantaine
tais avant tout une structure avec une dimension de personnes.
industrielle, mettant en œuvre de véritables process En 1973 le premier choc pétrolier favorise le « tout
de fabrication, où je me sentais capable d’apporter électrique » dans les logements et la société Hemery
quelque chose au travers de mon expérience et de est obligée de mettre à l’arrêt sa ligne de fabrication de
mes études. réservoirs domestiques, tout en continuant à réaliser
Et puis j’ai rencontré par hasard Monsieur Hemery. des cuves industrielles à destination des dépôts pétro-
Il m’a fait visiter son entreprise de charpente et, liers et stations-services. C’est une production que nous

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RENCONTRE
Rencontre

poursuivons encore aujourd’hui, un micro-marché


mais sur lequel nous ne sommes pas très nombreux.
L’entreprise est alors amenée à se diversifier et Guy
Hemery se tourne vers la charpente métallique, acti-
vité qu’il développe avec beaucoup de réussite dans
les années 1970 et 1980. Passionné par les évolutions
techniques et les nouveaux outils de production,
il est un des premiers charpentiers à investir dans
des machines à commande numérique. Au début

© Hemery-Hervieux
des années 1990, Hemery subit une conjonction
d’éléments contraires : une baisse de ses activités,
quelques impayés, des investissements importants
à financer … mais l’entreprise tient bon et c’est dans
ce contexte que j’ai rencontré son fondateur : il était
âgé de 60 ans et souhaitait trouver un repreneur site de production, mais avec une même approche Cellule commerciale
Feu Vert à Angers
pour sa société. commerciale et technique. Nous communiquons
sous l’entité Hemery-Hervieux, nos bureaux d’études
CMI - Vos premières actions lorsque vous avez se rencontrent toutes les semaines et les réunions
repris Hemery ? commerciales sont partagées. Si nous répondons
Rémi Berneau : Tout d’abord renforcer les moyens aux projets de façon assez souple, chaque entité
humains de l’entreprise. À cette époque, Hemery restant autonome, nous réalisons aujourd’hui plus
réalisait beaucoup de charpentes en sous-traitance de la moitié de notre chiffre d’affaires grâce à des
et j’ai souhaité réorienter cette approche au profit de opérations communes Hemery-Hervieux.
relations directes avec les clients. J’ai donc décidé de
constituer une véritable équipe technique au sein CMI - Quelles sont les spécificités du groupe
de cette société qui ne comptait alors qu’un seul Hemery-Hervieux aujourd’hui ?
ingénieur : j’ai recruté de jeunes diplômés qui ont Rémi Berneau : Les métiers de la charpente métal-
appris le métier dans l’entreprise. D’une structure lique et de l’enveloppe du bâtiment comportent des
très industrielle, je pense en avoir fait une entreprise dizaines et des centaines d’entreprises. Dans cet
avec beaucoup de matière grise aujourd’hui, c’est à environnement concurrentiel, il est essentiel de
mes yeux la véritable réussite d’Hemery ! nous différencier.
Le groupe Hemery-Hervieux est très polyvalent,
Quand j’ai pris la direction de la société, elle possé- nous réalisons de petites opérations et des projets
dait une branche couverture-bardage mais dont les beaucoup plus importants, jusqu’à 1000 tonnes de
activités étaient minimes par rapport à la partie charpente. Cette capacité à réaliser tout autant du
charpente métallique. Il m’a semblé important de simple que du complexe, voire du très technique,
développer ce secteur afin de simplifier les démarches constitue l’une des forces de notre entreprise. Notre
de nos clients, surtout pour les projets de petite ou bureau d’étude qui compte une dizaine de techniciens
moyenne taille. Cela n’était pas forcément facile de et d’ingénieurs constitue réellement notre point fort
structurer en interne cette activité d’enveloppe du dans ce domaine.
bâtiment, et dans la mesure où la partie charpente Notre seconde caractéristique est notre réactivité.
métallique se développait bien, j’ai opté pour une Nous construisons beaucoup de bâtiments profes-
solution de croissance externe. sionnels et commerciaux, constructions imposant
J’ai eu alors la chance, à 30 minutes du site d’Hemery, des délais d’intervention très courts. Être réactif et
de trouver une société spécialisée dans l’enveloppe du flexible nous permet, sur ce type de projet, d’entrer
bâtiment et dont le fondateur cherchait un repreneur : en concurrence avec des groupes beaucoup plus
Hervieux. Lorsque nous avons racheté cette struc- importants que le nôtre, et d’être tout aussi perfor-
ture il y a cinq ans, son chiffre d’affaires était de mant qu’eux. Je cherche constamment à développer
5 millions d’euros avec 20 ou 25 salariés et aujourd’hui, au sein des entreprises Hemery et Hervieux ces
nous sommes à 8 millions d’euros avec une petite deux qualités : réactivité et technicité. Et si nous
quarantaine de personnes. Hemery et Hervieux poursuivons notre effort dans ces deux domaines,
restent deux sociétés distinctes avec chacune leur je suis très confiant pour l’avenir !

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RENCONTRE CMI - Quels sont les marchés sur lesquels vous
intervenez ?
Rémi Berneau : Nous réalisons 90 % de notre
chiffre d’affaires sur des marchés privés avec des
prescripteurs réguliers : architectes, bureaux
d’études, cabinets d’ingénierie, maîtres d’œuvre.
Nous intervenons sur le grand Ouest bien sûr,
Il nous arrive également d’intervenir sur des projets
de « remodeling » de bâtiments, essentiellement
commerciaux : vous prenez une ancienne construc-
tion métallique, vous la transformez a minima à
l’intérieur mais vous changez complètement son
aspect extérieur. Les architectes avec lesquels nous
travaillons dessinent des ouvrages très originaux
mais également en Île-de-France, en Nouvelle et complexes avec des vêtures associant souvent
Aquitaine, partout où nos maitres d’œuvre nous des matériaux nobles comme l’alucobond, l’inox…
emmènent. Concernant les marchés publics, il Notre double compétence structure-enveloppe nous
s’agit exclusivement d’opérations locales de type permet de capter ces marchés de façon très efficace,
bâtiments d’enseignement, équipements sportifs… c’est un créneau sur lequel il y a du travail.
Je ne cherche pas à répondre à des marchés loin de
notre région. CMI - Vous êtes en cours de certification EN1090 ?
Nous n’avons pas une approche agressive sur les Rémi Berneau : Tout à fait, nous souhaitons obtenir
prix, notre développement se fait avec des prescrip- cette année l’EN1090 en classe d’exécution 3. Mais
teurs fidèles qui nous connaissent. Avec Hemery- ce qui est intéressant est de comprendre pourquoi
Hervieux, ils ont l’assurance d’avoir un réel suivi des nous nous sommes engagés dans cette démarche.
études et des chantiers, ils savent que nous irons J’ai l’habitude de dire que le métier de la charpente
jusqu’au bout du projet et que notre expérience métallique est, par nature, déjà très précis avec une
nous permettra de résoudre les aléas inhérents aux traçabilité assurée de la conception à la pose, il est
métiers du bâtiment. C’est pour cette raison que donc très conforme aux exigences de la norme. En
nous les accompagnons partout en France. revanche, l’EN1090 nous impose un important
travail de mise à l’écrit de nos savoir-faire et c’est là
où réside véritablement son intérêt : transmettre
nos connaissances et pratiques en rédigeant nos
modalités de fonctionnement ! Cette culture de
l’écrit, je l’ai connue dans les grandes entreprises et
la certification permet de l’adapter et de l’appliquer
aux PME.
C’est également un projet fédérateur parce qu’il
concerne tous les services de l’entreprise : les tech-
niciens, la production, l’administratif.
Cela étant, je ne suis pas certain que cela nous amène
un réel « plus » commercial. Il est certain qu’à terme,
le métier doit évoluer et intégrer le niveau d’exigence
technique demandé par la norme mais nous sommes
déjà sur des marchés plutôt techniques donc nous
maitrisons bien les bases.
© Hemery-Hervieux

CMI - Pourriez-vous nous parler de votre affilia-


tion à l’ESA ?
Rémi Berneau : L’ESA a été fondée en 1981 par
Gérard Georgeault, alors jeune ingénieur à la tête
Hyper U à Nantes Parmi nos derniers projets les plus importants, de sa société. Il se sentait un peu isolé et souhaitait
nous avons réalisé un ensemble de 17 000 m² en partager ses expériences et échanger avec d’autres
Île-de-France, la réhabilitation que je trouve plutôt chefs d’entreprises. Il m’a contacté en 2004 pour
remarquable d’un centre commercial chez nous, en devenir adhérent et ses explications m’ont convaincu
Bretagne, et nous venons de terminer le chantier au point que je suis très vite devenu l’un des
d’une usine agro-alimentaire de plantes aromatiques 4 membres animateurs de l’ESA.
de 700 tonnes de charpente.

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RENCONTRE
Rencontre

L’ESA est un réseau qui rassemble une vingtaine


d’entreprises indépendantes qui font entre 5 et
25 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ces structures
partagent un objectif commun : l’amélioration de
leurs performances.

© Hemery-Hervieux
Quelles sont nos actions ? D’abord des actions de
formation. Nous organisons différentes formations
en faisant intervenir, à chaque fois des experts dans
leur domaine de compétence. Cela peut être du
management, de la finance, du développement
personnel, des techniques métier … et ces forma- L’ESA, c’est tout cet ensemble d’actions que l’on a mis Bâtiment d’activité
Arts et fenêtres à Laval
tions peuvent s’adresser tout autant aux chefs d’entre- en place et qu’aucune PME ne pourrait se permettre
prise qu’aux commerciaux, techniciens de bureaux d’organiser toute seule … Mais pour intégrer l’ESA,
d’études, chefs d’ateliers, conducteurs de travaux … il faut vraiment avoir la volonté d’une totale transpa-
Nous organisons également des visites : nos entre- rence. Un chef d’entreprise est, de façon naturelle, assez
prises sont régulièrement ouvertes à tous les adhé- égocentré et au sein du réseau, il faut oublier son égo
rents au cours de journées que nous appelons et se mettre en lien avec et à l’écoute de ses partenaires.
« journées transparentes ». Par exemple, j’accueille de L’ESA constitue également l’un des moyens pour assurer
temps en temps chez Hemery tous ceux qui veulent la pérennité de nos entreprises. Cette pérennité est
venir voir et comprendre le fonctionnement de ma liée avant tout aux hommes qui travaillent au sein
structure. Ils peuvent visiter toutes nos installa- de nos structures. Il est donc essentiel de former nos
tions, interroger nos collaborateurs, des réunions jeunes et, pour les garder dans nos structures, de leur
sont organisées avec les commerciaux, les chefs offrir des perspectives de progression. Nous sommes
d’ateliers, le bureau d’étude … Il y a une obligation en effet dans un secteur où les gens compétents et de
d’échanges d’expériences au cours de ces journées, qualité n’ont aucune difficulté à avoir du travail. À
donc chacun vient avec un témoignage : une réus- travers l’ESA, j’ai trouvé un moyen de développer les
site, un problème technique, un échec commercial. capacités de mes collaborateurs, et de conserver nos
Nous considérons en effet que c’est en parlant de nos jeunes talents.
difficultés que l’on réussit à progresser ! De façon
traditionnelle, on pourrait penser que l’on va trahir CMI - Comment voyez-vous l’évolution du marché
quelques secrets, mais j’ai toujours l’habitude de dire de la construction ?
que nous ne fabriquons pas des satellites. Lorsque Rémi Berneau : Il y a toujours ce débat : l’acier est-il
j’ouvre les portes de l’entreprise Hemery, je montre le matériau d’avenir pour le bâtiment ? Je crois que
totalement ce que je fais, et quand je visite les 20 plus les choses avancent, plus notre niveau technique
autres structures adhérentes, j’apprends dix fois plus progresse, plus nous utiliserons le matériau adéquat
que ce que j’ai pu montrer à mes collègues. Même s’il en fonction des contraintes spécifiques du projet. Ce
nous arrive parfois d’être concurrents sur certaines qui implique que, compte tenu des qualités de l’acier,
affaires, nous nous enrichissons mutuellement à son emploi dans le bâtiment va progresser. C’est une
travers tous nos échanges. démarche très lente mais au vu de notre retard par
En complément de ces différentes activités destinées rapport à d’autres matériaux de construction comme
à accroitre les performances de nos entreprises, il le béton, notre part de marché ne peut que croître. Et
y a également un pendant très positif : les actions si l’on compare avec ce qui se fait dans d’autres pays,
commerciales. Lorsque nous sommes amenés à nous pouvons alors considérer que nous avons un bel
travailler loin de notre région, nous pouvons nous avenir devant nous.
faire aider par un adhérent local pour des interven- Dans cette perspective, le CTICM fait du bon travail,
tions sur site, du SAV, des vérifications de chantier. le Syndicat de la construction métallique également,
Et nous avons également la possibilité, lorsque notre et nous sensibilisons les architectes avec lesquels nous
charge de travail est trop importante, de sous-traiter collaborons sur toutes les possibilités offertes par le
à un confrère la fabrication d’éléments, il y a une métal. Cette démarche est techniquement passionnante :
réelle entraide au sein de notre réseau. utiliser le bon matériau sur le bon projet !

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TERRAIN
Un dôme
bioclimatique
Par Vincent Rey

Au centre de la France un gigantesque dôme vitré vient d’être


érigé. D’une hauteur équivalente à celle d’un immeuble de
10 étages, cette immense serre tropicale trône désormais au
sein du ZooParc de Beauval. Et la prouesse architecturale
tient autant à sa structure unique au monde, qu’aux nombreux
dispositifs techniques déployés dans cet ouvrage hors normes.
© CMF

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TERRAIN
Sur le terrain

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TERRAIN
Une histoire de famille
En 1980 dans la commune de Saint-Aignan-sur-Cher
(41) s’ouvre le Parc ornithologique de Beauval, une
petite entreprise familiale implantée sur un domaine de
5 hectares. À l’origine de ce projet Françoise Delord, une
présentatrice de spectacles que rien ne prédestinait au
monde animalier, sauf une immense fascination pour
les oiseaux. Quatre décennies plus tard, le ZooParc de
Beauval regroupe près de 10 000 animaux sur plus de
Un demi monde
Le groupe CMF, spécialisé dans la construction de serre,
est approché dès la genèse de ce projet pour établir
les premières études. Kevin Biniou, chef de projet et
conducteur de travaux de cette opération, nous en
explique les prolégomènes : « C’est un projet né en parte-
nariat entre Rodolphe Delord, directeur du ZooParc de
Beauval, Daniel Boitte, architecte et notre responsable
commercial bâtiment. Dès le départ, Monsieur Delord
40 hectares et il est aujourd’hui considéré comme l’un souhaitait réaliser un projet exceptionnel, une serre de
des cinq plus beaux zoos du monde (voir encadré : le 2 000 m² pour les dragons de Komodo. Progressivement,
ZooParc de Beauval en chiffres). Cette histoire hors au fil des études, les ambitions ont crû, la forme en
du commun est d’abord celle d’une famille, les Delord, dôme est apparue et les surfaces se sont multipliées :
qui a su conjuguer passion et réussite commerciale 4 000, puis 6 000 et enfin 8 000 m2 pour la version
pour créer un lieu exceptionnel. Rodolphe Delord, finale. L’opération était lancée ! ».
le fils de Françoise, dirige aujourd’hui cette structure Une corrélation entre la forme de la serre et les biotopes
touristique qui, au fil des ans, s’est équipée de restau- qu’elle abrite est à la base de cet ambitieux projet.
rants et d’hôtels pour devenir le premier site visité de « Nous avons simplement coupé le globe terrestre au
la région Centre-Val de Loire. niveau de l’équateur et reproduit les milieux équato-
riaux correspondants : à l’intérieur, ont été créées une
zone Amérique, une zone Afrique et une zone Asie,
© CMF

les unes à la suite des autres » nous raconte Daniel


Boitte, architecte de l’édifice. Mais derrière l’apparente
simplicité de ce concept se cache un projet d’une
immense sophistication où les techniques les plus
récentes ont été mises en œuvre, mais toujours sous
une approche pragmatique inspirée de l’observation
des phénomènes naturels.

Une succession de prouesses


« Je ne connais pas de projet similaire, une telle forme
revêtue de verre, dans le monde ! » précise l’architecte.
L’extrême complexité de ce « dôme » tient à l’addition
des multiples contraintes auxquelles a dû répondre
ce bâtiment. Un ERP (établissement recevant du
public) tout d’abord, devant satisfaire à l’ensemble des
normes relatives à la sécurité des personnes et ce pour
un effectif total de 3 000 visiteurs. La reconstitution
de différents biotopes ensuite, des milieux fragiles
nécessitant d’être chacun adapté aux conditions de
vie particulières des espèces y séjournant. Et enfin un
objectif environnemental ambitieux pour ce projet
Demi-arche en construction
À l’horizon 2020, le ZooParc a lancé une campagne bioclimatique, avec une consommation énergétique
d’investissement gigantesque, 50 millions d’euros, aussi limitée que possible.
pour financer une série de nouveaux projets : une Mais avant de résoudre l’ensemble de ces probléma-
salle de congrès, un nouvel hôtel, un restaurant, un tiques, une première étape indispensable : la mise au
téléphérique … et un immense complexe tropical, point de la structure du bâtiment. Dès les premières
une serre gigantesque en forme de dôme ! Plus de esquisses, le groupe CMF fait appel aux compétences
38 mètres de hauteur, 102 mètres de diamètre, une et à l’expertise du CTICM spécialisé dans la concep-
surface au sol de 8000 m² et une capacité d’accueil de tion d’ouvrages métalliques complexes. Daniel Bitar,
3 000 visiteurs, un ouvrage aux proportions inédites directeur des études, assisté de Hoai Son Pham, direc-
qui ouvrira ses portes en 2020 pour le quarantième teur de projet s’attèlent à cette mission. Le projet qui
anniversaire du zoo. leur est présenté comprend une tour centrale en

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TERRAIN
Sur le terrain

béton sur laquelle viennent s‘appuyer l’ensemble des


arches composant le dôme (voir encadré : 3 questions
La cerce et
à Daniel Bitar). Les premiers calculs du CTICM ses attaches
viennent cependant invalider ce principe de structure permettent
la fixation des
au profit d’une cerce, bague métallique située en point demi-arches.
haut de l’ouvrage et pourvue d’attaches permettant
d’y fixer les demi-arches. Cette clé de voûte mesure
presque de 2 mètres de haut pour plus de 6 mètres
de diamètre, un élément à l’échelle des dimensions
hors normes de ce projet !

1000 tonnes d’acier


Au terme des études menées par le CTICM, la struc-
ture du dôme est définie. Au sol, une gigantesque
couronne en béton d’un diamètre de 102 mètres. Fixés
sur cet anneau à l’aide de points d’appuis articulés,
48 « poteaux » de 5 mètres sur lesquels sont attachés
autant de demi-arches. Chacune de ces demi-arches
se dresse sur une longueur d’environ 50 mètres pour
venir s’accrocher à la cerce centrale dont le sommet

© CMF
culmine à 38,24 mètres. Et l’ensemble de ce squelette
est un assemblage de près de 1 000 tonnes d’acier.
Cette structure exceptionnelle impliquait néces-
sairement des moyens de levage adaptés. Compte
Vue globale
tenu de la forme de l’ouvrage, le choix s’est porté du dôme
vers une grue positionnée au centre du futur dôme,
cette solution permettant une gestion optimale du
chantier. La cerce a tout d’abord été montée dans sa
position définitive, puis soutenue par 3 tours d’étaie-
ments provisoires. Émergeant du centre de la cerce
l’une des plus grandes grues d’Europe en terme de
performance, d’une capacité de levage de 11 tonnes
à 60 mètres de portée !
Les 48 demi-arches (des poutres treillis) ont été
acheminées sur le chantier par morceaux d’environ
12 mètres, puis assemblées sur site. Une fois recons-
© CMF

tituées, elles étaient soulevées jusqu’à leur position


définitive, puis boulonnées à la cerce et aux poteaux
périphériques qui avaient été préalablement fixés
et étayés sur l’anneau de béton. Afin d’équilibrer les
charges, les poutres treillis ont été montées par paires
symétriques autour du moyeu central. «

Un immense puzzle
Fixés sur un anneau
Le groupe CMF était en charge, outre la charpente, de de béton à l’aide
la couverture-bardage ainsi que de la gestion clima- d’appuis articulés,
48 poteaux de 5m
tique du projet. « La couverture du dôme est composée soutiennent les
48 demi-arches
de 144 éléments que nous appelons des facettes. Il
s’agit d’éléments vitrés d’une surface allant de 28 à
100 m² » précise Kevin Biniou, chef de projet. Les
facettes ont d’abord été construites en atelier avec un
© CTICM

© CTICM

système d’ouverture automatisé des ouvrants, puis


livrées sur le site. Le début d’un véritable puzzle…

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TERRAIN

© CMF
Coupe
demi-arche

La logistique du chantier était extrêmement complexe par Nicolas Porcher de CMF, a amené l’entreprise à
puisque nous devions assembler pas moins de créer 6 postes d’assemblages distincts sur le site, un
7 296 verres de couverture avec des formes et des par type de facettes. « Il nous a fallu ordonner les
traitements solaires différents ». Trois types de verre flux de telle sorte que les bonnes palettes de verres
ont été utilisés sur cette opération, présentant chacun arrivent au bon moment sur les bons postes ». Afin
des qualités de réflexion spécifiques en fonction de de simplifier les assemblages, les verres étaient livrés
leur position sur le projet. au fur et à mesure depuis une base de stockage mise
Le dôme comporte 6 niveaux de couverture, auxquels à la disposition de CMF par la maitrise d’ouvrage.
correspondent 6 types de facettes, mais un même type « Nous avons voulu tendre vers un process d’atelier afin
de facette est équipé de verres différents en fonction de de réduire au minimum les temps morts. Dès qu’une
son orientation. La gestion de cette logistique, assurée facette était achevée, elle était fixée à un palonnier
développé spécifiquement pour cette opération, puis
grutée dans la foulée » explique Kevin Biniou.
© CMF

L’approche bioclimatique
Les différents biotopes présents à l’intérieur du dôme
nécessitent le maintien d’une température constante
de 26 degrés tout au long de l’année, obtenue unique-
ment par le truchement de 2 chaudières totalisant
un peu plus de 3 000 KW de puissance. Une telle
performance n’a pu être atteinte que par une approche
bioclimatique du projet mélangeant technologie de
pointe et pragmatisme. « Il suffit de regarder notre
terre, elle se débrouille très bien, alors nous avons
simplement essayé de la copier » déclare l’architecte
Daniel Boitte.

Pour réguler en été la température de cette cathédrale


vitrée, aucune climatisation ou apport de froid, mais
une circulation de l’air assurée par 457 m² d’ouvrants
disposés sur le dôme. La stratégie adoptée a été de

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TERRAIN
Sur le terrain

3 questions à Daniel Bitar, directeur des études au CTICM


CMI - Comment avez-vous été pas immédiatement à la base du dôme constitue une spécificité
amené à travailler sur ce projet architecturale vraiment plaisante à voir ! Cette configuration
de dôme ? facilite les accès à l’intérieur du volume, et elle a même permis
Daniel Bitar : Nous sommes la mise en place de coursives périphériques accessibles par
intervenus à la demande du des escaliers.
groupe CMF, en charge de la Les arches ont été réalisées en poutres treillis avec une membrure
réalisation de l’ouvrage. CMF est supérieure composée d’HEA 200 et une membrure inférieure
le spécialiste des serres en France, d’HEA 220, c’est une charpente classique en « H ». Chaque arche
mais sur ce projet très spécifique mesure un peu plus de 100 mètres, c’est-à-dire le diamètre du
et complexe, ils ont souhaité être dôme. De part et d’autre de la cerce, les 48 demi-arches sont
accompagnés par le CTICM sur la composées de 4 tronçons d’une douzaine de mètres préfabri-
conception de l’ouvrage en assurant sa solidité et sa pérennité. qués en atelier, puis assemblés sur site avant d’être montés dans
Nous avons également mené une mission de contrôle durant la structure par une grue positionnée au centre de l’ouvrage.
la phase chantier.
Dans les premières versions du projet dessinées par l’architecte CMI - Quelles sont les contraintes les plus fortes sur un tel
Daniel Boitte, les arches composant le dôme venaient s’appuyer type d’ouvrage ?
sur une tour centrale d’environ 12 mètres de diamètre, un Daniel Bitar : Les premières contraintes sont les charges : charges
véritable bâtiment abritant différents programmes. Lors de climatiques tout d’abord, les plus sévères étant la température,
nos premières analyses, Hoai Son Pham, directeur de projet, puis le vent et enfin la neige. L’été, il peut faire jusqu’à 30 ou
et moi-même, nous nous sommes rapidement rendus compte 40 degrés en raison de l’absorption de la chaleur par le verre, la
que cet appui intermédiaire générait plus de problèmes qu’il structure a donc tendance à se soulever et ce soulèvement doit
n’apportait de solutions. Nous avons donc proposé de supprimer être accompagné par une rotation libre. Nous avons donc conçu,
cet ouvrage en adoptant une structure plus « classique » de à la naissance de chaque arche, un appui articulé autour d’un
dôme avec un moyeu central. L’architecte a donné son accord axe de 100 millimètres de diamètre. Cette solution technique
et au final, le maître d’ouvrage était absolument ravi de ne plus permet à la structure de « respirer » correctement.
avoir d’élément porteur à l’intérieur de la serre ! L’autre problématique a été le calcul de l’instabilité (ou stabilité)
d’arches de cette ampleur : comment dimensionner la structure
CMI - Pouvez-vous nous décrire la structure ? de telle sorte qu’elles ne viennent pas s’affaisser ? C’est ce que
Daniel Bitar : Le dôme fonctionne selon le principe d’une les ingénieurs redoutent le plus …
mêlée de rugby : 24 arches partent de la périphérie du cercle Dernier point : sur ce projet, la sécurité incendie ne présentait
pour venir rejoindre la cerce et l’ensemble s’auto-stabilise autour pas de difficulté particulière. Les arches sont très élevées, la
de cet anneau. Une des particularités de cette structure tient à cerce est presque à 40 mètres de haut, et à l’intérieur du dôme
la présence de jambages verticaux mesurant un peu moins de l’eau est omniprésente avec des cascades et de véritables lacs
5 mètres aux pieds des arches. Le fait que « l’arrondi » ne débute pour les animaux.

maximiser l’effet « cheminée » naturel inhérent à la Une gestion locale du climat a donc été privilégiée :
forme de l’ouvrage, avec une priorisation des ouvertures « Nous commençons à réguler avec un brouillard
corrélée à l’orientation du vent. En cas de très fortes d’eau, une brumisation. Si cela ne suffit pas, nous
chaleurs, des systèmes de brumisation de la serre lançons alors une campagne de goutte à goutte, et
permettent de faire baisser la température mais de enfin des jets d’eau pour arroser les feuilles, ce qui
façon très localisée, par secteur. Les études thermiques créera de l’évaporation, et donc du froid à l’instar de
engagées par CMF et le CSTB, si elles ont déterminé nos réfrigérateurs » explique l’architecte.
une température moyenne intérieure, n’ont pu définir En période hivernale, le chauffage du dôme est assuré
un modèle numérique précis par zone en raison de par la présence de 48 aérothermes à eau chaude
variables nombreuses et complexes à anticiper comme disposés au pied de chaque poteau de la structure. En
les incidences de la future végétation du dôme, exotique partie haute du dôme, des déstratificateurs permettent
et extrêmement luxuriante. de faire redescendre l’air chaud dans un flux laminaire
afin de ne pas gêner visiteurs et animaux.

CMI 1-2019
35
TERRAIN couverture pour supporter 15 000 m² de vitrages ».
S’il était besoin d’illustrer encore davantage le carac-

© CMF
tère unique de ce projet, une baie intérieure pesant
20 tonnes a été installée à l’intérieur du dôme ! Réalisée
en Italie par la société Clax, cette vitre de bassin en
acrylique mesure 24 mètres de long pour 3,4 mètres
Vue 3D tronçon
de haut, et son acheminement par convoi exceptionnel
double demi-arche a nécessité 10 jours de transport.
au montage

Une aventure humaine


Kevin Biniou, présent tout au long de cette opération,
nous livre son ressenti : « Malheureusement nous
ne réalisons pas ce type de chantier tous les jours,
surtout dans d’aussi bonnes conditions. Nous avons
eu la chance de travailler pour un client passionné,
Rodolphe Delors, avec un architecte passionnant et
enthousiaste, Daniel Boitte, et en collaboration avec des
sociétés implantées localement. La politique générale
de cet établissement est en effet de travailler toujours
avec les mêmes entreprises, gage de confiance et de
continuité dans les ouvrages réalisés. Par exemple,
juste avant la réalisation du dôme, nous construisions
ensemble un complexe hôtelier, toujours pour le
© CMF

ZooParc, avec les mêmes équipes. Travailler sur un


projet aussi pharaonique dans une ambiance presque
détendue et en totale confiance avec les autres corps
Complexités en cascades d’état, c’est un véritable privilège ! ».
À l’intérieur du dôme, les différents bassins destinés
aux animaux totalisent un volume de plus de
3 000 m3 d’eau et impliquent une gestion tout à fait
spécifique. Daniel Boitte nous en décrit les principes :
Le ZooParc de Beauval
« La problématique du traitement de l’eau des bassins
du zoo est autrement plus complexe que pour une
en chiffres
piscine publique ! D’ailleurs traitement est un terme
➤ 4e parc zoologique du monde
impropre au sens où l’eau ne reçoit pas d’adjuvants ou
d’après TripAdvisor
de produits similaires. Elle est tout d’abord nettoyée par
une série de filtres mécaniques permettant de la séparer ➤ 1 550 000 visiteurs en 2018
des éléments les plus importants, notamment les ➤ 10 000 animaux de 600 espèces différentes
déchets végétaux qui partiront alimenter la méthanisa- sur 40 hectares
tion du zoo. Les particules les plus fines sont « brûlées » ➤ 800 employés en haute saison
à l’ozone, puis l’eau est brassée dans de grands réservoirs
➤ 100 soigneurs
pour éliminer les éléments restants, et filtrée à nouveau
➤ 72 millions d’euros de chiffre d’affaires
avant de repartir vers les bassins. Nous traitons ainsi
1 000 m3 à l’heure ! ». En sous-sol, une surface de prévus en 2018
400 m2 sur 6 mètres de haut est exclusivement dédiée ➤ 55 millions d’euros d’investissements sur
à ces process de gestion de l’eau. 2018-2020
Et l’architecte de poursuivre : « C’est un projet qui ➤ 4 établissements hôteliers
est exceptionnel … tout est complexe et hors normes pour un total de 1400 lits
dans cette opération. Un budget compris entre 30 et
40 millions d’euros, une surface développée de plan-
cher de 14 600 m², 80 000 tonnes de terrassement,
37 tonnes d’acier dans les pieux, 15 870 tonnes de
béton pour la maçonnerie, 35 tonnes d’aluminium en

CMI 1-2019
36
FORMATION
Les bâtiments pédagogiques : aller à l’essentiel
Notre expérience nous a permis de bâtir des modules qui se démarquent des formations « classiques »
de par leur structure et leur pédagogie.

Conçus autour d’un bâtiment « fil rouge »,


Ces stages ont pour objectif de traiter, de façon progressive,
Une pédagogie active
Non conçus comme des cours, nos stages sont organisés autour d’une
l’ensemble des étapes d’une note de calcul, depuis la détermination succession d’exercices pour mettre le stagiaire en immersion pendant
des actions (permanentes, climatiques, d’exploitation…),en la durée de la formation. Des rappels synthétiques sont effectués
passant par la justification des éléments, jusqu’à la vérification des préalablement à chaque nouvelle étape. Une première connaissance
assemblages. des Eurocodes acquise par l’expérience ou une formation est
cependant nécessaire pour tirer le maximum de nos modules.

Deux offres « clé en main » pour démystifier


les Eurocodes et rendre opérationnelles vos connaissances
Stage catalogue BAT06 : Calcul d’un bâtiment simple avec les Eurocodes
Durée : 3 + 2 jours
Du 4 au 6 juin et du 18 au 19 juin 2019
Prix : 2490 € HT ou sur demande, en intra-entreprise

Ce module traite de la rédaction d’une note de calcul d’un


projet de bâtiment simple :

➤À
 base quadrangulaire de type portique à une nef en laminé
du commerce, Vue en plan

➤ Stabilisé
 transversalement par une poutre au vent appuyée sur
deux palées triangulées verticales en croix de Saint-André.

Le bâtiment étudié est soumis principalement à des actions


climatiques, il est également situé en zone sismique.

Deux approches de l’analyse globale, dont l’une simplifiée,


sont menées et font l’objet d’une comparaison à l’issue de la Vue en élévation
vérification des éléments (poteaux). L’ensemble des éléments de
stabilité (poutre au vent + palée), de même que la vérification
des pannes sont traités. La conception et la vérification des
assemblages principaux vient clore le module.
bracon

bracon

bracon
bracon

Lisse (maintien intermédiaire) Lisse (maintien intermédiaire)

Limité aux sections de classe 3 et privilégiant l’utilisation de


méthodes simples ou forfaitaires, ce module s’adresse plus
spécifiquement aux projeteurs calculateurs ou personnels
de niveau BTS.

Coupe sur portique

CMI 1-2019
38
FORMATION
Formation

Stage sur demande, en intra-entreprise :


Calcul d’un bâtiment industriel courant avec les Eurocodes
Ce second module traite également d’un projet de bâtiment
industriel. À base quadrangulaire de type portique à une nef
en PRS de classe 4, avec ponts roulants, il présente certaines
particularités.

Ce module permet d’aborder un niveau de complexité plus


élevé :

➤ La
 stabilisation transversale est réalisée en portique PRS ;
ceci permet d’aborder la justification de classe 4.
Vue en plan

➤ Lastabilisation longitudinale est réalisée par poutre au


vent appuyée sur des palées cadre. Ce type de palée permet
d’introduire la notion d’assemblage semi-rigide.

➤ O
 utre les actions climatiques, le bâtiment est sollicité par des
actions dues à la présence de ponts roulants (la vérification
des chemins de roulement n’est pas traitée dans le module) :
la présence des ponts est analysée en termes d’incidence sur
Vue en élévation
les combinaisons d’actions et sur les vérifications aux ELS.

La vérification de certains éléments secondaires et des assem-


blages complète la démarche.

Du fait de ces spécificités, ce module s’adresse plus spécifique-


ment à des calculateurs et ingénieurs expérimentés.

Coupe sur portique transversal

Vous souhaitez transposer cette démarche à votre besoin spécifique,


nous pouvons adapter l’étude de cas selon :
➤ La
 configuration du bâtiment : portique à une nef, deux nefs, décrochement en plan...
➤ Les
 spécificités : laminés, PRS, treillis.
➤ Les
 actions : climatiques, exploitation, sismique, incendie.
➤ Vos
 objectifs : délai, durée, lieu...

Notre équipe est à votre écoute pour préciser le périmètre de votre projet et votre cahier des charges.

Pour toutes informations, contactez le service formation : 01 60 13 83 07

CMI 1-2019
39
ASSISTANCE
Assistance téléphonique
L’ assistance technique contribue à faciliter et encourager le choix des solutions métalliques, et permet aux praticiens d’ obtenir des
réponses concrètes à leurs interrogations au quotidien. Elle est délivrée aux constructeurs métalliques mais également à l’ ensemble des
acteurs du secteur de la construction métallique.
Il s’ agit généralement de conseils ou renseignements ne nécessitant pas d’ études approfondies, et qui sont donc donnés à titre gratuit.
Dans le cas où la demande d’ assistance nécessite une étude particulière de plus longue durée, un devis est alors proposé dans le cadre
des prestations d’ ingénierie et de conseil.

Thèmes Contacts Téléphone Courriel


RÉGLEMENTATION ET NORMALISATION
Eurocodes : statut, avancement Valérie Lemaire 01 60 13 83 37 vlemaire@cticm.com
Réglementation et normalisation française Valérie Lemaire 01 60 13 83 37 vlemaire@cticm.com
Réglementation « sécurité incendie »
Christophe Thauvoye 01 60 13 83 21 cthauvoye@cticm.com
pour bâtiments et ICPE
CONSTRUCTION MÉTALLIQUE - GÉNÉRALITÉS
Analyse globale des structures Alain Bureau 01 60 13 83 56 abureau@cticm.com
Assemblages boulonnés Anthony Rodier 01 60 13 83 66 arodier@cticm.com
Assemblages soudés Dominique Semin 01 60 13 83 43 dsemin@cticm.com
Dynamique des structures - Vibrations Mladen Lukić 01 60 13 83 68 mlukic@cticm.com
Comportement des structures soumises
Pierre-Olivier Martin 01 60 13 83 69 pomartin@cticm.com
au séisme PS92, EC8 PS-MI
Exécution des structures métalliques :
Dominique Semin 01 60 13 83 43 dsemin@cticm.com
fabrication, montage, tolérances
Fatigue Mladen Lukić 01 60 13 83 68 mlukic@cticm.com
Justification du comportement (à froid)
Alain Bureau 01 60 13 83 56 abureau@cticm.com
des structures par l’ expérimentation
Logiciels utilisés en CM Alain Bureau 01 60 13 83 56 abureau@cticm.com
Rupture fragile Mladen Lukić 01 60 13 83 68 mlukic@cticm.com
Vérification des sections et des éléments.
Alain Bureau 01 60 13 83 56 abureau@cticm.com
Flambement, déversement, voilement local
Voilement des plaques et EC3-1-5 Pierre-Olivier Martin 01 60 13 83 69 pomartin@cticm.com
Calcul des coques et EC3-1-6 Tien-Minh Nguyen 01 60 13 83 67 tnguyen@cticm.com
CONSTRUCTION MIXTE
Bâtiments mixtes acier-béton (planchers, poteaux,...) Hoang Tung Vu 01 60 13 83 28 htvu@cticm.com
MATÉRIAUX
Aciers inoxydables et EC3-1-4 Alain Bureau 01 60 13 83 56 abureau@cticm.com
Boulonnerie – Fixations Anthony Rodier 01 60 13 83 66 arodier@cticm.com
Soudage Dominique Semin 01 60 13 83 43 dsemin@cticm.com
Produits d’ enveloppe en acier Stéphane Herbin 01 60 13 83 63 sherbin@cticm.com
ÉLÉMENTS DE STRUCTURE ET OUVRAGES PARTICULIERS
Cheminées et EC3-3-2 Tien-Minh Nguyen 01 60 13 83 67 tnguyen@cticm.com
Chemins de roulement et EC1-3/EC3-6 Dominique Semin 01 60 13 83 43 dsemin@cticm.com
Conception des structures de bâtiment Anthony Rodier 01 60 13 83 66 arodier@cticm.com

CMI 1-2019
40
STABILISATION DE L’OSSATURE OU DES BARRES PAR
L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT / COMPORTEMENT AU FEU
DES BÂTIMENTS À SIMPLE REZ-DE-CHAUSSÉE EN ACIER

PA RT I C I PAT I O N
GRAT U I TE
les

Régionales
1 er SEMESTRE 2019

Actualisez vos connaissances…


en profitant de l’expertise du CTICM à l’occasion
de cette ½ journée d’information et d’échanges
Le CTICM qui accompagne l’ensemble
des acteurs de la construction métallique,
vous apporte un éclairage sur 2 sujets M A R S 2 0 19
RENNES 5
d’actualité.
A V R IL 2 0 19
N A N C Y 11
| Crédit photo : ©iStockphoto

19
2 thèmes abordés : 4 JU IN 2 0
P O IT IE R S
r
STABILISATION DE L’OSSATURE OU DES BARRES PAR question su :
Pour toute d e cett e rencontre
L’ENVELOPPE DU BÂTIMENT u le m e n t
le déro
Semin
Alain BUREAU, Dominique
13 83 43
Chef du service Recherche Construction Métallique Tél. : 01 60
Chauveau
Véronique
13 83 04
Conception :

COMPORTEMENT AU FEU DES BÂTIMENTS Tél. : 01 60 m.com


tre s. re g io nales@ctic
À SIMPLE REZ-DE-CHAUSSÉE EN ACIER rencon
Christophe RENAUD,
Directeur de projets de Recherche

PROGRAMME
9H00 / 10H30 Stabilisation de l’ossature ou des barres par
l’enveloppe du bâtiment
10H30 / 11H00 Pause

11H00 / 12H30 Comportement au feu des bâtiments à simple


rez-de-chaussée en acier et recommandations
en termes de solutions constructives
ASSISTANCE Thèmes Contacts Téléphone

ÉLÉMENTS DE STRUCTURE ET OUVRAGES PARTICULIERS (suite)


Courriel

Éléments minces formés à froid et EC3-1.3 Mladen Lukić 01 60 13 83 68 mlukic@cticm.com

Ponts métalliques et mixtes EC3-2 et EC4-2 Daniel Bitar 01 60 13 83 38 dbitar@cticm.com

Poutres alvéolaires Alain Bureau 01 60 13 83 56 abureau@cticm.com

Pylônes et pylônes haubanés et EC3-3.1 André Beyer 01 60 13 83 73 abeyer@cticm.com

Silos et réservoirs et EC1-4/EC3-4 Hannah Boehm 01 60 13 83 46 hboehm@cticm.com


Stabilisation d’ un bâtiment par les parois -
Mladen Lukić 01 60 13 83 68 mlukic@cticm.com
Effet diaphragme
Escaliers et garde-corps Anthony Rodier 01 60 13 83 66 arodier@cticm.com

Structures en aluminum Mladen Lukić 01 60 13 83 68 mlukic@cticm.com

ACTIONS

Actions climatiques : neige et vent - Règles NV et EC1 Laëtitia Molina 01 60 13 83 72 lmolina@cticm.com

Actions d’ exploitation (charges) Laëtitia Molina 01 60 13 83 72 lmolina@cticm.com

Combinaisons d’ actions Laëtitia Molina 01 60 13 83 72 lmolina@cticm.com

Actions sismiques PS92 et EC8 Pierre-Olivier Martin 01 60 13 83 69 pomartin@cticm.com

Actions en cas d’ incendie EC 1-1.2 Christophe Thauvoye 01 60 13 83 21 cthauvoye@cticm.com

États limites de service - Flèches admissibles Alain Bureau 01 60 13 83 56 abureau@cticm.com

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Construction métallique et développement durable Stéphane Herbin 01 60 13 83 63 sherbin@cticm.com

Protection anticorrosion des structures métalliques Olivier Mouatt 01 60 13 83 64 omouatt@cticm.com

PHYSIQUE DU BÂTIMENT
Performances thermiques et énergétiques
Amor Ben Larbi 01 60 13 83 61 abenlarbi@cticm.com
de bâtiments à ossature métallique
Performances acoustiques de bâtiments
Amor Ben Larbi 01 60 13 83 61 abenlarbi@cticm.com
à ossature métallique
Étanchéité à l’ air de bâtiments à ossature métallique Amor Ben Larbi 01 60 13 83 61 abenlarbi@cticm.com

INCENDIE

Comportement au feu des parcs de stationnement Bin Zhao 01 60 13 83 16 bzhao@cticm.com

Flux thermique émis par un feu d’ entrepôt (Flumilog) Christophe Thauvoye 01 60 13 83 21 cthauvoye@cticm.com

Produits de protection des structures contre l’ incendie Christophe Renaud 01 60 13 83 27 crenaud@cticm.com

Ingénierie de la sécurité incendie - Méthodologie Bin Zhao 01 60 13 83 16 bzhao@cticm.com

CERTIFICATION

Marquage CE des produits de construction métalliques Frédérique Algranti 01 60 13 83 15 falgranti@cticm.com

CMI 1-2019
42
LES BOULONS
Votre fabricant !
FABRICANT FRANÇAIS ET EUROPÉEN DE BOULONS HAUTE TECHNOLOGIE,
UTN EST L’UNE DES DERNIÈRES ENTREPRISES À PERPETUER
LE SAVOIR-FAIRE ET LA QUALITÉ FRANÇAISE !

UTN, reprise en 1997 par la famille Borgnet, BOULONS HR (Haute Résistance)


n’a cessé de se moderniser et de développer Classe 8.8 et 10.9 bruts et galvanisés à chaud.
ses fabrications permettant de satisfaire les NORMES NF EN 14399 parties -1, -2, -3 et -6.
attentes du marché. Certifiés NF et CE. Aptes à la précontrainte.

Alain Borgnet a su redynamiser l’entreprise,


investir au bon moment et en confier à ses en-
fants, Laëtitia et Stéphane, le développement
et l’avenir en consolidant les positions com-
merciales et diversifiant les fabrications.
Ils disent de l’entreprise :
Laëtitia « en assurer la pérennité est une
première évidence »,
Stéphane, « développer l’activité de façon
dynamique et durable ! »
BOULONS SB (Structural Bolting)
Classe 8.8 galvanisés à chaud.
UTN EST RÉFÉRENCÉE : NORMES NF EN 15048 parties -1, -2.
SNCF - RATP - Réseau Public de Transport Certifiés NF et CE. Boulons non précontraints.
d’Electricité …
Les boulons UTN ont contribué à l’édification
des ouvrages : Stade de France, Stade de Nice,
Métro de Lille, Musée des Confluences.
- 03 26 59 97 97 - 6505 - 07-15

AUTRES FABRICATIONS
Rivets, boulons classe 8.8 galvanisés à chaud,
(Têtes hexagonales, fraisées, marteaux,
queue de carpe, goujons, tiges filetées,
pièces spéciales sur plan…).

LES BOULONS
08800 Thilay
Votre spécialiste
Tél. 03 24 32 84 81 des boulons
Fax 03 24 32 81 29
Email : utn@utn.fr
pour constructions
Site : www.utn.fr métalliques.

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