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Bulletin Monumental

Bottineau (Yves). Les chemins de Saint-Jacques, 1964


Francis Salet

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Salet Francis. Bottineau (Yves). Les chemins de Saint-Jacques, 1964. In: Bulletin Monumental, tome 122, n°3, année 1964.
pp. 315-316;

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BIBLIOGRAPHIE 315

définir les vo'ûtes de type « angevin » de la ca¬


thédrale de Munster comme des « coupoles en Bottineau (Yves). Les chemins de Saint-
forme de tente, comportant chacune huit arêtes Jacques. Paris, Arthaud, s. d. (1964), in-8°,
à effet décoratif », d'autant que le terme de 406 p., 204 ill.
voûte d'arêtes est pris ailleurs dans sa véri¬ Après le livre, que j'ai analysé, de M. Raymond
table acception, pour Idensen par exemple.
Oursel, en voici un autre consacré aux pèleri¬
11 n'en reste pas moins qu'on lira avec le plus nages du Moyen Age. Il est assez différent, plus
grand intérêt
mettent l'accentcessur riches
des œuvres
commentaires
connues qui
ou limité dans son objet puisqu'il n'est question
que des chemins de Compostelle, donc plus riche
moins connues de l'art germanique. Pour cha¬
en développements sur tous les aspects du pèle¬
cune l'auteur sait trouver l'expression propre à en
rinage, plus luxueux car la maison Arthaud
faire l'histoire
dans comprendrede l'art
l'originalité
occidental.
et Comme
l'importance
dans excelle dans la belle présentation de ses ou¬
vrages : il y a ici une centaine de planches
les volumes précédents, la matière traitée em¬ hors texte d'excellente qualité et dont les sujets
brasse non seulement l'architecture — dont
sont remarquablement choisis pour évoquer
l'étude est parfois très arbitrairement étendue
la route des pèlerins aussi bien par ses paysages
dans le temps, car le réfectoire de Maulbronn
que par les œuvres d'art qui en jalonnent l'iti¬
ne peut guère passer pour une construction néraire.
romane — mais aussi la sculpture monumentale Le texte de M. Bottineau se recommande
et même parfois mobilière — ni la Vierge de
Paderborn ni le chancel de Bâle n'ont été oubliés, par les mêmes qualités que j'ai reconnues na¬
guère dans ses ouvrages essentiels : l'extrême
L'importance des bronzes en tant que mani¬
rigueur de sa démarche scientifique et l'art de
festation d'art « monumental » est justement
rendre l'érudition agréable par l'excellence d'un
mise en valeur et l'on a plaisir à retrouver
style qui ne refuse jamais de laisser percer
parmi les illustrations un détail des fonts de Saint-
l'émotion ni de l'envelopper de poésie. Chartiste
Barthélemy de Liège, les crucifix de Minden
et d'Essen-Werden, les œuvres fameuses d'IIil- apte à rassembler et à dominer la plus ample
information, historien d'art au courant des
desheim, le Rodolphe de Souabe de la cathé¬
problèmes que soulève l'art des routes de pè¬
drale de Merseburg ou l'admirable lion de
lerinage, hispanisant de longue date et fervent
Braunschweig. Les peintures murales — mais
de la terre espagnole, l'auteur était assurément
là aussi je n'accepterais pas volontiers comme
romanes les fresques de la cathédrale de Gurk — qualifié pour s'attaquer à un sujet aussi difficile
complètent cette documentation qui est d'une et pour en fournir une harmonieuse synthèse.
L'histoire du pèlerinage est évoquée d'abord
richesse exceptionnelle.
Il faut féliciter l'éditeur d'avoir lancé cette par une étude très sérieuse de la légende de
saint Jacques depuis la première « invention »
collection d'art roman qui comporte déjà quatre
qui doit se placer entre 788 et 838, légende qui,
volumes : France, Espagne, Italie et Saint-
selon Mgr Duchesne, s'est stabilisée par étapes
Empire. De tels ouvrages fournissent au grand
successives. Il semble qu'à l'origine il n'y eut
public un élargissement de connaissances ar¬
rien d'autre que la découverte d'un corps dans
tistiques que peuvent seuls donner des voyages un cimetière ; Compostelle ne tire pas son nom de
très bien préparés, tout en constituant la do¬ Campus stellae , mais plus simplement de com-
cumentation nécessaire à de tels voyages. Us
proposent aussi aux spécialistes un corpus postum Mais uneouerreur
compostela
de scribequi
transforma
signifientles cimetière.
mentions
d'images, de faits et de dates — non point mal¬
anciennes indiquant que l'apôtre était mort en
heureusement de références bibliographiques —
Marmarique en une affirmation touchant un
qui sont éminemment utiles en un temps où tombeau de marbre, arca marmorica, qui ne
l'historien d'art doit de plus en plus déborder
pouvait contenir que des restes illustres. A
le cadre de l'archéologie nationale.
partir d'erreurs
suite de là, il ydeeutbonne
« nonfoipas», duperie,
favorisées
mais
toutuneà
Francis Salet.
21*
316 BIBLIOGRAPHIE

la fois par le désir des Espagnols de mobiliser le ment nuancées et placées sous le signe de la
ciel pour la lutte contre les Maures et par la sagesse. « Ce n'est pas le chemin, simple véhicule
passion du temps pour les reliques. d'influences, c'est la fonction qui a fait naître
Si le succès du pèlerinage de Compostelle le type de l'église de pèlerinage et l'a répandu »,
s'explique d'abord et avant tout par la foi du a écrit Vâzquez de Parga. Même prudence
Moyen Age, il ne faut pas oublier, et l'auteur en ce qui concerne la sculpture, encore que
le rappelle justement, combien l'entreprise fut M. Bottineau se rallie à la thèse d'une plas¬
aussi politique, la Papauté et l'abbave de Clunv tique naissant à Leôn de façon autonome à
ayant décidé d'intégrer l'Espagne du Nord partir des chapiteaux mozarabes et produisant
à l'Occident
bat contre l'Islam.
chrétien pour l'aider dans son com¬ avant 1067 ceux du Panthéon des rois à Saint-
Isidore. Ce que personnellement j'ai peine à
Vient ensuite la définition des itinéraires, croire. En ce qui concerne l'émaillerie champ-
dont il est publié une belle carte qui fait état levée, il nous est proposé ici une doctrine qui fait
des nombreuses variantes, car les « Jacquets » état des théories récentes et n'attribue plus à
n'ont pas pratiqué seulement les quatre routes Limoges le monopole de la production avant
dont parle le célèbre Guide. Les habitudes ont le xme siècle. Cependant, s'il est légitime de
d'ailleurs changé avec le temps : une carte de parler d'ateliers monastiques au xne, Conques, Si¬
1659 montre qu'on évitait alors Tours entre los, il est prudent de s'en abstenir pour Grand-
Blois et Châtellerault, Saintes entre Poitiers et mont. Je note aussi que les deux pièces des
Bordeaux. L'évolution des esprits a détourné musées de Burgos et de Silos, qui passaient
les pèlerins de certains sanctuaires jadis fameux. autrefois pour deux devants d'autel différents,
En ce qui concerne les insignes et le costume sont reconnues aujourd'hui pour avoir décoré
des voyageurs de Compostelle, il faut savoir l'une et l'autre le tombeau, 1' « urna », de saint
que les fouilles de la chapelle d'Eunate ont Dominique.
livré deux coquilles percées de trous pour les La dernière partie du livre s'intitule « notes de
coudre ; elles paraissent remonter au xne siècle. voyage ». Elle contient la description brève,
Une belle image nous fait connaître l'équipe¬ mais sérieuse et toujours émue, des grands sanc¬
ment et les objets familiers du pèlerin bour¬ tuaires que le pèlerin d'aujourd'hui peut encore
guignon Jean Juillet qui vivait au xvne siècle, visiter sur l'antique chemin : Saint-Benoît-sur-
objets conservés dans une collection particulière. Loire, Yézelay, Le Puy, Conques, Rocamadour,
Comment se répartissaient les étapes jusqu'à Souillac, Cahors, Moissac, Toulouse, puis, en
Compostelle? Celles
manifestement inexactes.
qu'indique
Plus le intéressantes
Guide sont Espagne, du Somport et de Roncevaux à Puente-
la-Reina, à Burgos et Leôn jusqu'à la Galice
sont les précisions données par Nompar II de et Compostelle. Chacune des haltes que M. Botti¬
Caumont, à la suite de son pèlerinage de 1417. neau nous fait faire en compagnie d'invisibles
Un pèlerin, parti de Poitiers en 1867, mit près de
pèlerins
tout à laestfoispour
la solidité
lui l'occasion
de ses connaissances
de montrer
trois mois pour gagner Santiago.
L'iconographie de saint Jacques pose de historiques et sa sensibilité devant les grands
nombreux problèmes. Emile Mâle pensait que faits du pèlerinage compostellan et les œuvres
les processions des confréries jacobites avaient d'art qu'il a suscitées.
donné l'idée de représenter l'apôtre en pèlerin. Francis Salet.
Don Luis Vâsquez de Parga a montré les diffi¬
cultés que soulève cette doctrine. Dès le xne siècle,
c'est-à-dire bien avant la vogue de ces associa¬ Evans (Joan). Monastic Architecture in France
tions pieuses, saint Jacques est figuré avec le from the Renaissance to the Revolution. Cam¬
bourdon au portail de Santa Marta de Tera bridge, University Press, 1964, gr. in-4°,
(Zimora), en dehors du « Camino ». 187 p., 822 fig.
La partie proprement archéologique de l'ou¬
vrage est excellente. Les théories y sont juste¬ Le vandalisme a écrit une de ses pages les

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