Sie sind auf Seite 1von 302

Licence 3^ année

ALGEBRE
3‘ ANNÉE
2" édition

Lionel Schwartz

DUNOD
ALGEBRE
3« ANNÉE
Consultez nos catalogues
sur le W eb---------- %

|http://www.dunod.com |


SCIENCES INFORMATIQUE
SCIENCES?
ET Dunod
-, «9..
/ . ^' HUMAINES
TECHNIQUES Microsoft Press

M> ■ OECF.l

SiAcheter '
^ ei» limite
Nouveautés

D U
M icirosoîi P^ess
ÎE d lJ§ c J< 2 ii€ < 2 £ Χ F
JsiiterÉ d J'iJoiis
■ « Wiidûn>.\P

Compléments
■ «?/ilifine Magazine
^ et n ile rvie w i
ALGEBRE
3» ANNÉE

Cours et exercices
avec solutions

Lionel Schwartz
Professeur à l'université de Paris-Nord
(Paris 13-Villetanneuse)

Préfacé par
M ichel Zisman
Professeur émérite de l'université Paris 7 - Denis Diderot

2° édition

DUNOD
D ans la même collection


Cours de Mathématiques^filières M l AS, MASS et SM (4 volumes)
Analyse, année
Algèbre, année
Analyse, 2^ année
Algèbre et géométrie, 2^ année
François Liret et Dominique Martinais

Cours de Mathématiques pour la 5®année de licence (4 volumes)


Algèbre, Lionel Schwartz
Fonctions analytiques, Pierre Vogel
Topologie et analyse, Georges Skandalis
Calcul différentiel et calcul intégral, Marc Chaperon

Illustration de couverture : Lionel Auvergne

Ce pictogramme mérite une explication. établissements d'enseignement supérieur,


Son objet est d'alerter le lecteur sur provoquant une baisse brutale des achats
la menace que représente pour l'avenir de livres et de revues, au point que la
de l'écrit, particulièrement dans possibilité même pour les auteurs
le domaine de l'édition tech­ DANCER de créer des œuvres nouvelles et
nique et universitaire, le dévelop­ de les faire éditer correctement
pement massif du photo­ est aujourd'hui menacée.
copillage. Nous rappelons donc que
Le Code de la propriété toute reproduction, partielle ou
intellectuelle du 1®^ juillet 1992 LEPHÖTÖ
CÖPILUGE totale, de la présente publication
interdit en effet expressément la
TUELELIVRE est interdite sans autarisation du
photocopie à usage collectif Centre français d'exploitation du
sans autorisation des ayants droit. Or, droit de copie (CFC, 20 rue des Grands-
cette pratique s'est généralisée dans les Augustins, 75006 Paris).

© Dunod, Paris, 2003


ISBN 210 007057 6

Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le


consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite
selon le Code de la propriété intellectuelle (Art L 122-4) et constitue une
contrefaçon réprimée par le Code pénal. • Seules sont autorisées (Art L 122-5)
les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et
non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes
citations justifiées par le caractère critique, pédagogique ou d’information de
l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des
dispositions des articles L 122-10 à L 122-12 du même Code, relatives à la
reproduction par reprographie.
Préface

C'est avec ce cours d'Algèbre que les éditions Dunod ont initié
une série d'ouvrages destinés aux étudiantes et étudiants préparant
la L icence de Mathématiques. Cette série, de même que le
cours des deux premières années de L icence de François Liret et
Dominique Martinais dans la même collection, a pour vocation de
présenter à ses lecteurs les théories classiques qui constituent le fond
usuel des programmes des premières années d'études universitaires
fécondées par l'esprit des idées et des connaissances provenant
des recherches contemporaines. Les théories les plus abstraites sont
riches d'applications concrètes importantes récemment découvertes
que l'on peut maintenant présenter parfois dans un cours de ce
niveau, non seulement pour illustrer sur des exemples les méthodes
et les théorèmes généraux, mais surtout pour montrer explicitement
aux étudiants et étudiantes la profonde unité de la science et son
impact sur la vie moderne.
Le cours d'Algèbre de Lionel Schwartz, premier de la série, se
devait de prouver que cet objectif pouvait être atteint. La richesse
et la densité de son texte, sa présentation de la cryptographie à
clés publiques, aujourd'hui couramment utilisée comme application
de la théorie des corps finis, ainsi que d'autres applications aussi
intéressantes sinon aussi spectaculaires, dans un ouvrage dont
la vocation reste élémentaire et qui distingue soigneusement le
niveau L icence de celui du Master , tout cela montre qu'il y a
parfaitement réussi.

Michel Zisman

Professeur émérite de l'université Paris 7 - Denis Diderot


Table des matières

Chapitre 0. Rappels
1. Rappel de théorie des ensembles 1
2. Rappels sur l'anneau Z des entiers relatifs et son corps des fractions Q 2
3. Topologie de 4
4. Le corps des nombres complexes C 4
5. Espaces vectoriels et algèbre linéaire 5
6. Matrices, déterminants, systèmes linéaires 8

Chapitre 1. Groupes. Groupes quotients


Groupes obéliens de type fini
1. Groupes, générateurs, groupes monogènes 12
2. Relations d'équivalence dans un groupe, groupes quotients 22
3. Décomposition primaire des groupes abéliens finis 33
4. Structure des groupes abéliens de type fini, définitions, énoncés, structure
des groupes libres 36
5. Structure des groupes abéliens de type fini de torsion 41
Exercices 44

Chapitre 2. Actions de groupes


Groupes symétriques
1. Actions de groupes, exemples 51
2. Orbites, ensembles transitifs, décomposition en orbites 56
3. Théorèmes de Sylow 61
4. Groupes symétriques, classes de conjugaison 64
d 5. Groupes symétriques, générateurs, simplicité du groupe alterné 72
B
Exercices 77
Í
1C
1 Chapitre 3. Anneaux, idéaux, polynômes
S et séries formelles
a
S 1. Anneaux, idéaux, anneaux quotients 85
a>
■p,
8 2. Anneaux principaux 96
3. L'anneau Z/nZ 103
1 4. Cryptographie à clé révélée 105
(
0
Q
® ALG ÈBRE VII
5. Anneaux de polynômes et de séries formelles 110
6. Polynômes en plusieurs indéterminées, polynômes symétriques 116
7. Anneaux factoriels et applications 122
.
8 Zéros des polynômes 127
9. Compléments sur les séries formelles 133
Exercices 135

Chapitre 4. Extensions des corps. Applications


1. Définitions, caractéristique d'un corps, applications 150
2. Éléments algébriques dans un corps et extensionsalgébriques des corps 153
3. Corps de rupture d'un polynôme 158
4. Corps algébriquement clos, clôture algébrique 160
5. Structure et classification des corps finis 162
6. Applications arithmétiques 167
7. Racines de l'unité, polynômes cyclotomiques 169
8 . Théorème de Wedderburn 172
9. L'algorithme de Berlekamp 174
10. Les codes correcteurs d'erreurs 178
Exercices 191

Chapitre 5. Réductions des endomorphismes


Structure du groupe linéaire
1. Polynôme minimal d'un endomorphisme 204
2. Théorème de Cayley-Hamilton 210
3. Triangularisation des matrices et réduction de Jordan 214
4. Applications topologiques de la diagonalisation etde la triangularisation 220
5. Générateurs du groupe linéaire 225
Exercices 234

Chapitre 6. Formes bilinéaires et sesquilinéaires


Groupes orthogonaux et unitaires
1. Formes bilinéaires et sesquilinéaires 245
2. Structure du groupe orthogonal euclidien 255
3. Les quaternions, les groupes SO(3) et SO (4) 264
4. Structure du groupe unitaire 273
Exercices 276

Bibliographie 283
Index 285

VIII ALGÈBRE
Avant-Propos

Vous avez entre les mains la seconde édition d'un cours d'algèbre de
L icence . Cette édition arrive au moment où les cursus universitaires
sont en cours de refonte, pour passer du système « DEUG, L icence ,
Maîtrise , DEA » au système dit « L icence , Master , Doctorat ».
Ce livre s'adresse aux étudiants de troisième année, c'est-à-dire l'ac­
tuelle, et la fin de la future. L icence . Comme il se place à un moment
charnière dans les études de mathématiques, il a vocation à intéresser
au-delà de ce public, les étudiants qui, après la L icence , iront pré­
parer le CAPES, ou ceux qui poursuivront en Master (quelle qu'en
soit l'orthographe !), puis passeront 1' A grégation.
Le programme officiel de la L icence de Mathématiques est très
vague, et les traditions sont variées d'une université à l'autre. Nous
avons voulu rester dans un équilibre raisonnable, en tenant compte
du fait que l'algèbre est une discipline fondamentale du programme
de troisième année, mais que certaines théories (telle que la théorie
de Galois, par exemple) relèvent plutôt du programme de Master .
Nous ne prétendons certainement pas que tout le contenu du livre
doit être fait en L icence mais que l'on peut y faire des choix en
fonction de ce qu'on souhaite faire au-delà.
L'algèbre, tout comme la géométrie, sont des matières que les pro­
grammes des lycées ont une fâcheuse tendance à négliger (quand bien
même on assiste à un modeste retour). Ceci entraîne des retards qu'il
est important de corriger. Les prérequis consistent ici en de solides
bases d'algèbre linéaire et de géométrie euclidienne, qui relèvent des
deux premières années de la future L icence . Un premier contact avec
les groupes est, lui aussi, souhaitable.
Il y a trois notions centrales dans ce cours. D'abord, la structure
des groupes et les actions de groupes, en insistant particulièrement
sur les groupes symétriques. Puis viennent les anneaux, avec la ques­
tion de la divisibilité sous ses divers aspects. Enfin, les extensions de
corps, sans la théorie de Galois, en s'attardant plus spécialement sur
les corps finis.
Certains énoncés ne sont pas centraux et peuvent être réservés à
une seconde lecture. Par exemple, les théorèmes de Sylow, ou bien
la démonstration des théorèmes de structure des groupes abéliens de
type fini.
Les quatre premiers chapitres sont consacrés à la présentation de
ces différentes notions. Les deux derniers sont, quant à eux, des com­
pléments sur la réduction des endomorphismes et sur les formes
quadratiques. Un certain nombre de théorèmes plus avancés sont
abordés dans les exercices (deux étoiles « ** » après un numéro d'exer­
cice indiquent une difficulté plus grande). On accorde aussi une place
privilégiée aux propriétés topologiques des groupes classiques.
Enfin, l'ouvrage introduit des applications classiques de ces mathé­
matiques (parmi d'autres !) : la cryptographie et les codes correcteurs
d'erreurs, qui sont deux prolongements naturels de ce cours. Si les
techniques utilisées dans ce cadre ne sont pas plus difficiles, voire
sont plus simples, que les autres développées dans ce livre, leur
enchaînement rend l'approche du problème plus délicate.
Dans la mesure où ce livre reflète tout à la fois des choix personnels,
associés à des contraintes de temps et d'espace, mentionnons un cer­
tain nombre de sujets qui auraient pu être abordés. Le choix de faire
une étude des actions de groupes en liaison beaucoup plus étroite
avec la géométrie n'a pas été retenu ici. Le lecteur pourra se référer à
[Be] sur ce point. D'autre part, l'étude des séries formelles en liaison
avec la combinatoire pouvait fournir d'autres développements, qui
sont exposés plus précisément dans [Co]. Ces sujets peuvent trouver,
évidemment, leur place en Master .
Ce cours peut déboucher, ainsi qu'on l'a dit plus haut, sur des ap­
plications « concrètes », ou tout au moins sur d'autres cours qui, eux,
y donnent accès. Les mathématiques ont toujours eu des liens étroits,
explicites ou implicites, avec d'autres activités, même si ces liens ne
sont pas toujours apparents. La figure ci-dessous est, un peu simpli­
fiée, la trame d'un zellige des tombeaux saadiens à Marrakech. Cet
entrelacs présente des symétries internes par rapport à des groupes
diédraux d'ordres 32 et 16, et est également invariant par diverses ac­
tions de translation. On y retrouve le savoir-faire des artisans et des
artistes arabes. Et ici, on se souviendra du rôle crucial des savants
arabes dans la transmission et le développement des mathématiques.
Il convient enfin de dire deux mots sur les différences par rapport
à la première édition. D'abord, on a apporté des précisions et des cor­
rections, je tiens ici à remercier les collègues et tout particulièrement
les étudiants qui m'ont signalé tel ou tel point à corriger ou préciser.
Ensuite, quelques ajouts ont été faits : en cryptographie, codes cor­
recteurs et sur les sous-groupes finis SO(3). Enfin, on a ajouté des
exercices et complété des corrections.

X AVANT-PROPOS
Je remercie encore une fois Michel Zisman de m'avoir proposé
d'écrire ce cours, Alberto Arabia, pour son soin, sa superbe mise en
pages, et les figures qu'il a faites. Je remercie enfin Anne Bourguignon,
pour son suivi dans l'édition de cet ouvrage.

>3
I
TQJ
P rin cip a le s no tations u tilisées

ensemble des entiers naturels


ensemble des entiers relatifs
ensemble des nombres rationnels
ensemble des nombres réels
c ensemble des nombres complexes
Fpn corps fini à éléments
groupe des classes de congruences modulo m
^ {E ) groupe des permutations de l'ensemble E
©n groupe des permutations de l'intervalle d'entiers
naturels [l,n]
G L {E ), G L nik) groupes linéaires
SL {E ), SLn{k) groupes spéciaux linéaires
0 { E ), 0(n ) groupes ortogonaux
V {E ) groupe unitaire
Z(G) centre d'un groupe G
C g (x ) centralisateur d'un élément x du groupe G
(p{d) indicateur d'Euler
k[X] anneau des polynômes sur k
k[[X]] anneau des séries formelles sur k
4^n polynôme cyclotomique
l^n racines n-ièmes de Tunité
[ E :F ] degré d'une extension
Id£ application identité de l'ensemble E
Card A cardinal de l'ensemble fini A

XII NOTATIONS
chapitre 0

Rappels
On rappelle ici quelques notions nécessaires à la lecture du cours. Elles sont suppo­
sées avoir été vues durant les deux premières années de L icence ou des C lasses
P réparatoires . Il s'agit d'abord de rappels élémentaires de théorie des ensembles,
puis sur l'anneau Z et le corps Q, ensuite de notions de topologie de et enfin
des bases d'algèbre linéaire.
Ces rappels sont brefs et doivent être lus avec le soutien d'un manuel de première
et seconde année. Ils seront l'occasion de fixer un certain nombre de notations.

1. Rappel de théorie des ensem bles


Dans ce livre, on utilisera souvent le résultat de factorisation des applications
exposé ci-après.
Rappelons d'abord que, si X désigne un ensemble et ^ une relation d'équi­
valence sur X , l'ensemble des classes d'équivalence pour la relation considérée
constitue une partition de X . C'est-à-dire que la réunion de ces classes est égale
à l'ensemble X tout entier, et que deux classes disjointes sont d'intersection vide.
L'ensemble des classes d'équivalence est appelé l'ensemble quotient de X par la re­
lation et est noté X j ^ . On appellera l'application tt, qui à un élément associe
'M
sa classe d'équivalence, application canonique.

Théorème* Soit f : X Y une application telle que


I xâ^ y f{x ) = f { y ) .
I
.s Il existe alors une unique application f : Xj0i^ -> Y telle que f = f o n .
§O

Démonstration* Soit c une classe d'équivalence dans X . L'application f est
définie par f{c) = f{x), où x est un élément quelconque de la classe c. ■
I

I
Q
® 0.1 - R A P P E L DE T H É O R IE DES EN SEM BLES 1
Remarque
On peut choisir comme exemple de relation d'équivalence celle définie par : x y
si et seulement si f{x) = f{y).

Les propositions 1 et 2 seront fréquemment utilisées.


Proposition 1• Soient f \X Y et g :Y ^ Z, deux applications. Alors si l'application
composée go f est surjective, l'application g l'est aussi.

Proposition 2. Soit S un ensemble fini, et soit f une fonction de S dans N, alors la


fonction f atteint son maximum et son minimum.

2. Rappels sur l'anneau Z des entiers relatifs et son


corps des fractions Q
L'anneau Z est muni de la division euclidienne :
Proposition 1• Pour tous entiers n ,k e Z il existe deux entiers uniques q et r tels
que :
► n = qk-\-r,
► 0 ^ r < fe.

L'entier r est le reste de la division de n par q.

Si n est non nul, quand le reste est nul on dit que k divise n, on le note k |n.
Une conséquence fondamentale, qui sera redémontrée dans le chapitre 1 est que
tous les sous-groupes de Z sont de la forme :
kZ = {ku I U G Z } .

Dans l'anneau Z, un élément a une décomposition en facteurs premiers, qui est


unique à l'ordre près. Ceci permet de définir le plus grand commun diviseur (pgcd),
et le plus petit commun multiple (ppcm) de deux entiers, et plus généralement
d'une famille d'entiers.
L'identité de Bézout permet de définir le pgcd d'une autre façon :
Proposition 2« Soient a, 6 g Z, et soit d leur plus grand commun diviseur. Alors il
existe u^v G Z tels que d = ua + bv. Plus généralement soient a i, . . . , an G Z, soit d
leur plus grand commun diviseur. Il existe г¿l,... ,an, tels que

ÜiUi -[-•••+ CLnUn^ d .

2 RAPPELS - C hap. 0
L'algorithme d'Euclide permet de calculer le pgcd de deux entiers a et 6, on en
déduit aussi un algorithme pour calculer les coefficients de la formule de Bézout.
Supposons que 0 < a < 6 et que bi est le reste de la division de b par a on constate
que :
► soit 6i = 0 et le pgcd cherché est a,
► soit le pgcd de a et 6 est aussi celui de a et 6i .

Dans le second cas on peut itérer le processus et faire la division de a par b\ et


obtenir un reste a\ < a car bi < a. Encore une fois on a deux cas possibles :
► soit ai = 0 et le pgcd est b\,
► soit le pgcd de a et b\ est aussi celui ai et b\.

On définit ainsi itérativement a^ et bk tels que le pgcd de ak et 6^+1/ ainsi que


celui de ak et bk, est celui de a et 6.
Dans ce processus on arrive, soit à un moment où an divise bn et an est le pgcd,
soit bn divise an-i et bn est le pgcd. Si on arrive à an = 1 ou 6n = 1 les entiers a
et b sont premiers entre eux.
Rappelons maintenant qu'une loi interne sur un ensemble A est une application
de A x A dans A, Passons à la construction du corps Q des fractions de Z.

Construction du corps Q . On considère l'ensemble Z x Z* et on le munit de


la relation d'équivalence suivante : (a, b) = (a, v) si et seulement si av = bu.
On définit deux lois internes, addition et multiplication, par :
► ( a , b) + (a , v) = {av + 6a, bv),
► (a , 6) X (a , a ) = (a a ,6 a ).

On vérifie aisément que la classe d'équivalence de la somme et du produit de


deux éléments ne dépend que des classes d'équivalence des deux éléments. Ceci
permet de définir l'addition et la multiplication sur l'ensemble quotient. Les deux
lois sont évidemment commutatives.
La multiplication est distributive par rapport à l'addition. C'est-à-dire que :

( a , a ) X ( ( a , 6) + ( a ', 6 ') ) = ( a , a) x ( a , 6 ) + ( a , a) x ( a ', 6 ') .

Par ailleurs l'ensemble des classes d'éléments de la forme (fc, 1) est isomorphe à
Z et la classe de l'élément (1,A;), k ^ 0 , est un inverse pour la multiplication de
la classe de {k, 1).
Le corps Q est l'ensemble de ces classes d'équivalence de Z x Z* muni de ces
deux lois internes.
I
'V
O
Q
® 0.2 - R A P P E L S SUR Z E T Q 3
3 . Topologie de
Rappelons d'abord les propriétés fondamentales de R.

Théorème 1• Le corps Q est dense dans le corps R et R est complet : toutes les suites
de Cauchy convergent dans R.

Théorème 2. Les sous-espaces connexes de R sont les intervalles, c'est-à-dire les sous-
espaces convexes.

Théorème 3. Les sous-espaces compacts de R sont les ensembles fermés et bornés.

Ce résultat se généralise à R^ :

Théorème 4. Les sous-espaces compacts de R^ sont les ensembles fermés et bornés.


On dit qu'un espace topologique X est connexe par arcs si pour toute paire de
points x,y e X , il existe une application continue, / de [0,1] dans X telle que
/(0) = x et /(1) = y. Un espace topologique connexe par arcs est toujours connexe.
Le résultat inverse est, en général, faux, mais on a le résultat suivant :

Théorème 5« Les ouverts connexes de R^ sont connexes par arcs.


Pour terminer ce type de rappel mentionnons aussi l'équivalence des normes sur
les espaces vectoriels réels de dimension finie [LA].

4 . Le corps des nom bres com plexes C


Le corps des nombres complexes C est construit comme suit.
Il est défini en tant qu'ensemble comme étant R x R, que l'on munit des deux lois
internes, addition et multiplication, suivantes :
► (a, 6) + (г¿, v) = (a + 6 + v),
► (a , b) X (г¿,v) = (au —bVjav + bu).

L'élément (a, b) est noté comme d'habitude a + bi, avec i = (0 ,1), et bien entendu
¿2 = - l = ( - l , 0 ) .
Ces deux lois sont commutatives, associatives. La multiplication est distributive
par rapport à l'addition. L'élément 0 = (0,0), est élément neutre pour l'addition,
alors que l'élément 1 = (1, 0) l'est pour la multiplication.
Le conjugué d'un élément z = a-\-bi, noté z, est a —6г. Le module |г| de l'élément
G C est a? et \z\^ = zz. L'inverse d'un élément non nul .г est .
kl

4 RAPPELS - C hap. 0
Étant donné un nombre complexe 2; l'exponentielle, notée de z est définie
comme étant la somme de la série absolument convergente ;

n^O n! ’

On a pour tous z,z' e C la formule

Enfin on a :
Proposition 1. Soit Z un nombre complexe, les deux conditions suivantes sont
équivalentes :
- = 1,
► il existe k e Z tel que z = 2k'Ki.

Notons que l'application exponentielle est un homomorphisme de C muni de l'ad­


dition dans C* muni de la multiplication. La proposition précédente en décrit le
noyau.

Corollaire. Soit z un nombre complexe. Les deux conditions suivantes sont équivalentes :
^ z^ = 1,
2k'ni
Z= e n pour un certain entier k.

5. Espaces vectoriels et algèbre linéaire


Le but de cette section est de rappeler les résultats fondamentaux en algèbre li­
néaire. Ceux-ci ont été vus le plus souvent en DEUG (désormais L icence 1™et 2®
année ) ou C lasses P réparatoires dans le cadre des espaces vectoriels réels ou
complexes. Il ne se passe absolument aucun changement pour les résultats rap­
pelés ci-dessous si on remplace M ou C par un corps k quelconque. C'est-à-dire
que les démonstrations sont mot pour mot les mêmes en substituant à M ou C le
corps k.
Dans la mesure où le lecteur peut ne pas avoir manié d'autres corps que R ou
C, ni même avoir rencontré la définition générale d'un corps, nous lui proposons
de substituer dans les énoncés qui suivent fc à R ou C. Puis, dès qu'il sera plus
familier avec la notion de corps et qu'il aura à l'utiliser, ce qui se produira à partir
du chapitre 3, de faire un retour en arrière, de prendre un manuel de première et
deuxième années et de vérifier les énoncés pas à pas en procédant à la substitution
inverse. Bien souvent dans les manuels de première et seconde année les énoncés
commencent par : « Soient A; = R ou A: = C, ... ». Il suffit d'oublier cette phrase.
I Commençons par la définition. Soit donc k un corps et soit E un groupe abélien.
"O
8
3
Q
© 0.5 - e s p a c e s v e c t o r ie l s e t ALGEBRE LINEAIRE 5
On dit que E est un espace vectoriel sur k si on a une application (aussi appelée loi
externe ou opération) :
k x E — >E , (X,v) I— ^Xv,
telle que :
► Iv = V,
► A(î; + = Aî; + Xw,
► (/X+ X)v = pv-}- Xv,
- iJiiXv)) = {ll\)v,
ceci pour tous v,w e E et X^p e k.

Les conditions ci-dessus impliquent que pour tout v e E , on a :


0 X î; = 0.

On a la notion de sous-espaces vectoriels. C'est un sous-groupe (donc non vide)


H c E tel que pour tous v e H et X e k on ait Xv e H.
L'intersection d'une famille de sous-espaces vectoriels est un sous-espace vectoriel.
Étant donné un sous-ensemble A d'un espace vectoriel E l'intersection de tous
les sous-espaces vectoriels de E contenant A est appelé le sous-espace vectoriel
engendré par A. C'est le plus petit espace vectoriel qui contient A,
Soit E un espace vectoriel sur k, soit {vi), i e I une famille d'éléments de E
indexée par un ensemble I non nécessairement fini. De même manière soit (Ai)
une famille d'éléments de k indexée par /.
On dit que les éléments d'une telle famille sont presque tous nuis s'ils sont tous nuis sauf
un nombre fini d'entre eux.
Si la famille (Ai) est constituée d'éléments presque tous nuis, on peut définir la
somme

iel
En effet, seuls un nombre fini d'éléments sont non nuis. Une telle somme est
appelée une combinaison linéaire à coefficients dans k des vecteurs Vi.

► Une famille (vi) d'éléments de E est génératrice sur fc, ou constitue un système de
générateurs sur k, si le plus petit sous-espace vectoriel de E contenant tous les vi
est E lui-même.
Si E a au moins un élément non nul ceci équivaut à dire que pour tout v e E il
existe une famille d'éléments, presque tous nuis, de k indexée par I, soit (Ai) telle
que V = XiVi.Si E est réduit au vecteur nul la partie vide est génératrice.

6 RAPPELS - C hap. 0
► Une famille (vi) d'éléments de E est libre sur k si la relation = 0, (Ai)
désignant une famille d'éléments de k, presque tous nuis, indexées par I, n'a lieu
que si tous les éléments Ai sont nuis.
► Une famille qui est génératrice et libre est appelée une base de E sur le corps k.

Il en résulte que, si £" a une base sur k, tout élément de v e E s'écrit d'une manière
et d'une seule comme combinaison linéaire des vecteurs de la base.

Théorème 1• Un espace vectoriel E sur un corps k a au moins une base. Toutes les
bases ont même nombre d'éléments, appelé la dimension de l'espace.

On remarquera que l'espace vectoriel {0} admet pour base l'ensemble vide et est
de dimension zéro.
Rappelons le théorème de la base incomplète :
Théorème 2. Soit E un espace vectoriel sur un corps k, et soit (vi), i e l une famille
libre. Alors il existe au moins une autre famille libre (wj) telle que la réunion des deux
familles constitue une base de E.

La démonstration fait un usage crucial de la possibilité de trouver un inverse pour


les éléments non nuis de k.
On appelle hyperplan d'un espace vectoriel de dimension n un sous-espace de
dimension n - 1, plan un sous-espace de dimension 2 et droite un sous-espace
de dimension 1. On précise parfois droite vectorielle, plan vectoriel, . . . , pour
distinguer de la situation affine.
Soient deux espaces vectoriels E et F sur un corps k, une application f de E
dans F est dite linéaire (A;-linéaire si on tient à rappeler le corps) si :
► / est un homomorphisme de groupes abéliens, c'est-à-dire que f{v -\-w) = f{v) -h
f{w) pour tous v,w e E ,
► f{Xv) = Xf{v) pour tous X e k et V e E.

L'ensemble des applications fc-linéaires de E dans F est lui-même un espace


vectoriel sur k, il sera noté
^k{E,F).
Quand le choix du corps k ne sera pas ambigu l'indice k sera omis, ce sera souvent
le cas quand k = C. Si E = F 3^k{E,E) sera noté SBk{F).
r La composition des applications détermine une structure d'anneau sur cet es­
I pace vectoriel. On signale deux notations concurrentes, de plus en plus en plus
fréquentes, H o m k { E , F ) pour ^k{E^F) et E n d k iE ) pour S^k{E).

i
Q
0.5 - ESPACES VECTORIELS ET ALGEBRE LINEAIRE 7
Le dual d'un espace vectoriel E sur un corps k est k) et est noté E * . Rap­
pelons qu'étant donnée une application linéaire f : E ^ F on peut définir son
application duale /* : F* —>E* et que { f o g y = g * o f * dès que la formule a un sens.
Étant donné un espace E on définit une application linéaire de E dans le bidual
E** par X X, où X est donnée par ¿(A) = A(a:). Cette application est linéaire et
est un isomorphisme si et seulement si E est de dimension finie.
Si a est une forme linéaire non nulle l'ensemble des v Çl E tels que a{x) = 0 est
un sous-espace de dimension n —1 de F (si F est de dimension n). C'est un
hyperplan de F , a est appelé une équation de l'hyperplan.
Nous introduisons maintenant brièvement la notion d'espace vectoriel quotient. Celle-
ci devra être relue, par exemple, après l'étude des groupes quotients. Elle ne jouera
de rôle que dans les chapitres 5 et 6.
Soit F un espace vectoriel et F un sous-espace. On définit sur F une relation
d'équivalence par v si et seulement si v - w e F . Une classe d'équivalence
est un sous-ensemble de la forme v + F = { v - \ - f \ f G F } .
On munit l'ensemble des classes d'équivalence d'une structure d'espace vectoriel
sur k par les formules :
► {v + F) (w F) = V w F,
► X(v “h F ) = \v + F .

Cet espace est appelé l'espace vectoriel quotient de F par F et est noté F/F.
On vérifie que l'application v F de E vers F/ F est une surjection linéaire.
Enfin, si on restreint cette application à un supplémentaire F ' quelconque de F
dans F , l'application de F ' dans F / F est un isomorphisme. En particulier l'image
d'une base de F ' est une base de F/ F et la dimension de F est la somme de la
dimension de F ' et de celle de F/F.
Le sous-ensemble de <^(F) constitué par les applications bijectives est un groupe
pour la composition. Entre autres, l'application réciproque d'une application linéaire
bijective est elle-même linéaire. C'est le groupe linéaire de F et il est noté G L (F ).

6 . M atrices, déterm inants, systèm es linéaires


Soient F et F deux espaces vectoriels sur un corps k. Supposons données une base
(ci), Z= 1,... ,m de F et une base (/j), j = 1,... ,n de F . Soit / une application
linéaire et soit
n

fi^ i) — ^ ^ •

8 RAPPELS - Chap. 0
La matrice A = (a£^k) de / dans les bases (e^) et (fj) est le tableau d'éléments de
k a n lignes et m colonnes dont le terme situé sur la ¿-ième ligne et la /i-ième
colonne est ae^h •
L'ensemble des matrices à coefficients dans k a n lignes et m colonnes est un es­
pace vectoriel sur k de dimension mn, isomorphe à ^k{E^F). Il est noté Mn,m{k)^
Si m = n on notera (k) . À la composée de deux applications linéaires f \ E ^ F,
g: F correspond le produit des matrices. Nous renvoyons à [LM] et [LA] pour
les détails. En fait, Mn(A;) est un anneau. Les matrices inversibles constituent un
groupe pour la multiplication noté GLn(fc). Il est évidemment isomorphe à G L(E ).
Rappelons la formule du changement de base. Soient (e^) et (e^) deux bases de
E et soient (fj) et (/j) deux bases de F. Soit P la matrice de passage de (e^)
à (e^), c'est-à-dire la matrice dont les vecteurs colonnes sont les coefficients des
e'i^ dans la base (e^). Et soit Q la matrice de passage de (fj) à (/j). Soit A la
matrice d'une application linéaire / par rapport aux bases (e^) et (/j), et soit A'
la matrice de / par rapport aux bases (e^) et (/j). On a :

A' = Q-^ AP.

Pour terminer rappelons que le rang d'une matrice est égal à la dimension du
sous-espace image de l'application linéaire associée. C'est aussi la dimension de
la plus grande sous-matrice carrée extraite inversible. C'est-à-dire la dimension de
la plus grande matrice extraite de déterminant non nul.
La formule pour le déterminant d'une matrice (n,n), A = {üij), est :

det{A) = \ai,j\ = n «MW •


se&n i
Ici 6 n est le groupe symétrique et sgn est la signature. Encore une fois on renvoie
à [LA], [LM] pour les détails ainsi que pour les formules de Cramer donnant
l'inverse d'une matrice.
Nous invitqns le lecteur à relire toutes les propriétés du déterminant liées aux ma­
nipulations des lignes et des colonnes. Elles s'étendent immédiatement quand les
coefficients sont dans un corps commutatif quelconque ou un anneau commutatif
quelconque.
Nous concluons en donnant une partie du théorème de Rouché et Fontené :
Théorème« Soit un système de n équations linéaires non homogènes à p inconnues.
Soit A la matrice de taille (p, n) du système, soit k le rang de A. Alors si k = n le
système admet une solution et l'ensemble des solutions un sous-espace affine de dimension
8 p —n.
1

Q
0.6 - MATRICES, DETERMINANTS, SYSTÈMES LINÉAIRES 9
chapitre 1

Groupes
Groupes quotients
Groupes obéliens
de type fini

Dans ce chapitre, on commence par rappeler les notions de base de la théorie des
groupes : sous-groupes, homomorphismes, noyaux, images, intersections, produits.
Le groupe des congruences modulo n est redéfini et étudié en détail. Puis on
introduit la notion de système générateur d'un groupe, de groupe monogène et
d'ordre d'un élément.
La deuxième section est consacrée à l'étude des relations d'équivalence associée à
un sous-groupe, puis à la notion de sous-groupe distingué et à celle de groupe
quotient. On classe alors les groupes d'ordre p où p est un nombre premier. Le
produit semi-direct de deux groupes est étudié en détail.
Dans la troisième section on étudie la décomposition primaire des groupes abéliens
finis, en liaison avec le « lemme Chinois ».
Les deux dernières sections sont elles consacrées à la structure des groupes abé­
liens de type fini. Il s'agit là de théorèmes plus difficiles mais il est souhaitable
que les énoncés en soient connus en troisième année de L icence .

11
1. G roupes, générateurs, groupes monogènes
Cette section commence donc par un rappel des définitions de base :
Définition 1 /
Un groupe est un ensemble G muni d'une loi interne, Le. d'une application
P : G X G ^ G, qui satisfait aux conditions suivantes : •

il existe un élément e G G tel que pour tout g e G


Kg>e) = (i{e,g) = g ,
pour tout g e G il existe un élément g' E G tel que
=M5'.P) = e,
pour tous g,hyk E G on a
fj,{g, fi{h, k)) = fjL{fj,{g, h),k).

Dans la suite un groupe sera noté (G,//). S'il n'y a pas lieu d'avoir une notation
particulière pour la loi interne celle-ci sera omise dans la notation, le groupe sera
seulement noté G et p{g^ h) sera simplement noté gh.
L'élément e est appelé l'élément neutre. L'élément g' est appelé l'inverse de g et
est noté g~^. La dernière condition s'appelle l'associativité de la loi interne.
La première condition implique l'unicité de e. En effet, soient deux éléments e et e'
satisfaisant à la première condition. On a ee' = e et ee' = e' donc e = e'. La dernière
condition implique elle l'unicité de g~^. En effet soient et gi satisfaisant à la
deuxième condition, on a = ^o(^^i) = {9o9)gi = 9i-

I
Définition 2
Un groupe (G, p) est dit abélien ou commutatif si pour tous x et y éléments de
G on a p{x,y) = p{y,x).

Dans la suite, par convention quand on utilisera la terminologie « abélien » la loi


interne sera notée -h , et l'élément neutre 0. Sinon, que le groupe soit commutatif
où non elle sera notée multiplicativement et l'élément neutre sera noté 1 ou e.
Dans le cas abélien, si n est un entier positif, la somme x + •- + x^ sera notée nx.
n fois
Son élément opposé sera noté -n x . Dans le cas éventuellement non commutatif,
les mêmes éléments seront notés x'^ et x~^. On a donc x^ = x x ••• x x.
n fois
► Le premier exemple de groupe est celui des entiers naturels Z muni de
l'addition.

12 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - Chap. 1


de même, l'ensemble Q des nombres rationnels, celui R des nombres réels,
celui C des nombres complexes, tous munis de l'addition, sont des groupes,
un ensemble à deux éléments notés 0 et 1 est muni d'une structure de groupe
en déclarant que 0 est l'élément neutre et que 1 est son propre inverse. La
table d'un groupe G est le tableau dont les colonnes et les lignes sont indexées
par les éléments de G. La valeur ¡i{g^ h) est portée à l'intersection de la ligne
indexée par g et de la colonne indexée par h. La table du groupe précédent
est :
0 : 1:

0 0

1 0

Il s'agit là évidemment du groupe Z/2Z.

Définition 3
Un sous-groupe d'un groupe (G, p) est un sous-ensemble non vide i î de G tel
que l'application p restreinte a H x H soit à valeurs dans H, et détermine une
loi de groupe sur H,

La première condition nous dit que p définit une loi interne pour H, On en conclut
que P est associative. En effet, les relations à satisfaire le sont dans G, donc par
restriction dans H, La seconde condition est réalisée dès que tout élément de H
a son inverse dans JT. Ces conditions sont équivalentes aux suivantes :
► l'élément neutre appartient à H
► pour tous X ei y dans H p{x^y~^) appartient à JT.
En effet, partons du second groupe de conditions. Si on remplace x par e dans
la seconde, on voit que si y G JT alors G JT. Si on y remplace y~^ par y, on
obtient la première puis la seconde du premier groupe.
Inversement, si JT est un sous-groupe, les conditions du second groupe sont
satisfaites.
À partir de groupes ou de sous-groupes, un certain nombre de constructions
permettent de construire de nouveaux groupes, en voici quelques unes :

Proposition 1. Soit Hi i e I une famille de sous-groupes de G, alors DiJT^ est un


sous-groupe de G.

On applique, par exemple, les critères suivants la définition 3. Le premier est im­
S médiat ; pour le second on observe que si a; et y sont dans Hi pour tout i alors
O.
cd p{x^y~^) G Hi pour tout i, et donc p{x,y~^) G C\iHi,

Q
© 1.1 - GROUPES, GÉNÉRATEURS, GROUPES MONOGÈNES 13
Produits, produits restreints, et sommes directes de
groupes
Étant donnés une famille de groupes Gi, l'indice i décrivant un ensemble I
considérons le produit
n°<
iel

on en note les éléments par {gi)iei- On définit un produit par la formule :

{9 i)iel X {9 i)iel = {9 i9 i)iei

où 9i, g[ sont éléments de Gi,


On considère aussi le produit restreint. On le définit comme étant le sous-ensemble
du produit
!!< ? »
iei

constitué par les éléments (^i, ••., Pi >•••) tels que pour tout i, sauf un nombre fini,
l'élément gi est égal à l'élément neutre de G i. C'est un sous-groupe du produit.
Si l'ensemble d'indice I est fini, produit et produit restreint coïncident.
Si les groupes sont abéliens, le produit restreint est appelé la somme directe et est
noté :
© O i.
iel

Les groupes sont importants tant pour eux-mêmes que pour les relations qu'ils ont
entre eux. Celles-ci s'expriment par les applications d'un groupe dans un autre,
compatibles aux lois à la source, et au but, plus précisément :

Définition 4
On appelle homomorphisme de (G,/x) dans {G\pl) une application (j) de G dans
G' telle que pour tous x ei y dans g on ait
4>{fJ'{x,y)) ^ n'i^{x),(i>{y)).

On observe que l'image de l'élément neutre de G est l'élément neutre de G '. En ef­
fet (f){x) = (j){p{x^e)) = p!{(¡)(x)^(j){e)) pour tout x G G, en multipliant à gauche par
l'inverse de 0(x), on obtient 0(e) = e' (avec les notations évidentes). Un homomor­
phisme bijectif est appelé un isomorphisme. On notera que l'application réciproque
d'un homomorphisme bijectif est un homomorphisme. Si G = G', un homomor­
phisme est appelé un endomorphisme, un isomorphisme est appelé un automorphisme.
Si 0 est un homomorphisme de G dans i f et 0 un homomorphisme de H dans
K , alors 0 O0 est un homomorphisme de G dans K .

14 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


Ces définitions donnent de nouveaux moyens de construire des groupes :
Définition 5

I L'image d'un groupe G par un homomorphisme (¡) dans un groupe H est


l'ensemble des éléments de la forme (l>{x), lorsque x décrit G, on la note lm(0).

Proposition 2 . L'image d'un homomorphisme de G dans H est un sous-groupe de H,

Dém onstration* On applique les critères suivant la définition 3. Soient <f>{x) et


(/){y) des éléments de lm(0 ), alors (f>{y)~^ = (l>{y~^) et (t>{x)^{y~^) = (l>{xy~^) e lm(0),
le résultat suit. ■

Définition 6
On appelle noyau d'un homomorphisme
(j) : G G '
l'ensemble des éléments x de G tels que (¡>{x) = e', e' désignant l'élément neutre
de G'. On le note Ker(0).

Proposition 3« Le noyau d'un homomorphisme <\>\G -^ G ' est un sous-groupe de G'.

D ém onstration. On applique les critères suivant la définition 3. Soient x et y


des éléments de Ker(0), on a alors

4>{x) = <l>{y)~^ = é
et
4>{xy = 4>{x)<f>iy) ‘ = e',
le résultat suit.

On vérifiera qu'un homomorphisme est injectif si et seulement si son noyau est


réduit à l'élément neutre.
I Les groupes apparaissent en mathématiques dans une grande variété de situa­
tion. Les exemples qui suivent sont fondamentaux en algèbre, en géométrie, en
combinatoire.

Classes de congruences modulo n


Définirion 7
On dit que deux entiers k et l sont congruents modulo n si et seulement si la
différence k —l est divisible par n.
I

§
P
® 1.1 - GROUPES, GÉNÉRATEURS, GROUPES MONOGÈNES 15
La relation de congruence est une relation d'équivalence sur les entiers. La classe
d'équivalence d'un entier k est l'ensemble des entiers de la forme k + an, a G
Z quelconque, on la notera {k + nZ}. Ces classes d'équivalence constituent une
partition de Z.
On note Z/nZ l'ensemble des classes d'équivalence dans Z pour la relation de
congruence modulo n.
Définissons une loi interne, notée +, sur cet ensemble par :
{ A i + n Z j - + {Ai^ + nZy = {A i + 1

Proposition 4. Cette loi définit sur Z/nZ une structure de groupe. De plus l'application
P : Z —>Z/nZ qui à un entier associe sa classe d'équivalence est un homomorphisme.

Étant donné un entier a on notera â sa classe de congruence modulo n.

Groupes de permutations
Soit S un ensemble, l'ensemble ^ {S ) des applications bijectives, ou permutations,
de S dans lui-même est un groupe pour la composition des applications. La loi est
interne car la composée de deux bijections est une bijection, elle est associative car
la composition des applications l'est. L'élément neutre est l'application identité de
X , notée Idx définie par ldx{x) = x pour tout x e X. L'inverse est l'application
réciproque.
Voici un exemple particulier de sous-groupe de permutations. Soit E un espace vec­
toriel sur un corps K . L'ensemble des applications linéaires inversibles forme, pour
la composition des applications, un groupe noté GL(J5). C'est un sous-groupe de
^ { E ) . Si E est de dimension finie n, et si on a choisi une base, le groupe GL(i?)
est isomorphe au groupe G L n(ii) des matrices inversibles (n,n) à coefficients
dans K.

Éléments inversibles dans un anneau


Étant donné un anneau A, l'ensemble A* des éléments inversibles pour la multi-
plication est un groupe pour cette loi. Par exemple Z* = {-f-l, - 1}, K* = K —{0}
si K est un corps. De même l'ensemble des nombres complexes de module 1 est
un groupe pour la multiplication, cela résulte de la relation \zz'\ = \z\\z'\. On le
note U.
Donnons maintenant deux exemples de sous-groupes, dont le premier en particulier
est fondamental. Il en sera donné une généralisation dans la section 4.

16 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


Sous-groupes de Z
Proposition 5. Soit H un sous-groupe de Z. Alors, soit H est trivial c'est-à-dire
réduit à l'élément neutre, soit H est de la forme aZ = {au \u G Z}, pour un entier a
non nul, bien défini au signe près.

D ém onstration. On suppose qüe H n'est pas réduit à {0}. Le groupe H con­


tient forcément des éléments positifs non nuis, en effet il contient des éléments
non nuis, et étant un sous-groupe il contient leurs opposés. Soit a le plus petit
élément positif non nul de H.
Montrons'que tout élément de H est multiple de a. Il suffit de le montrer pour
des éléments positifs. Soit h e H, /i > 0, faisons la division euclidienne de h par
a : h = aq + r, 0 ^ r < a. L'élément r = h —aq appartient à H, en effet h et aq
sont éléments de H. Comme a est le plus petit élément positif non nul de H on
a r = 0, donc H = aZ.
Si a est non nul, l'application
Z — ^(zZ,
k I— >ak
est un isomorphisme, on en déduit donc que tout sous-groupe de Z est soit trivial,
soit isomorphe à Z. n

Automorphismes, automorphismes intérieurs


Étant donné un groupe G, l'ensemble des automorphismes de G forme un groupe
pour la loi de composition des applications. Il sera noté Aut(G). Si on considère
un élément x e G l'application
ix : G ^ Gy g i— ^ xgx~^
est un automorphisme de G, En effet pour tous a^b e G on a :
ix(cib) = xabx~^ —xax~^xbx~^ = ix{o)ix{b) ,
notons aussi que {ix)~^ = ix-\. On dit que ix est un automorphisme intérieur de G,
Le sous-ensemble Int (G) C Aut(G) constitué par les automorphismes intérieurs
est un sous-groupe. En effet on observe que l'on a ix о iy-i = i^y-i.
I L'application de G dans Aut(G) qui à x associe ix est un homomorphisme. Cela
I résulte de la formule i^oiy = i^y. L'image est le sous-groupe Int(G).
I Un élément x est dans le noyau de cet homomorphisme si pour tout y e G,
s
§■ xyx~^ = X, soit xy = yx. Ce qui veut dire que x commute à tout élément de G.
I Ce sous-groupe est appelé le centre de G, et est noté Z (G), par définition il est
s commutatif.
T3
§3
P
1.1 - GROUPES, GÉNÉRATEURS, GROUPES MONOGÈNES 17
L'exemple qui suit doit, de préférence, être lu après le chapitre 3. Il s'agit de la description
des automorphismes du groupe des classes de congruence modulo n. Il est déterminé par :

il y a un isomorphisme entre le groupe A u t( Z /n Z ) et le groupe (Z /n Z )*


Notons E n d (Z /n Z ) l'ensemble des endomorphismes de Z /n Z . C'est un groupe, car la
somme ( / + g) de deux endomorphismes / et ^ donnée par ( / + ^)(u ) = f( u ) + g(u) est
un endomorphisme. Anticipons les résultats sur la structure d'anneau de Z /n Z du chapitre 3
auquel le lecteur est invité à se reporter. On observe qu'un homomorphisme / : Z / n Z —>Z /n Z
est déterminé par l'Image de la classe de congruence de 1. En effet si on a / ( î ) = â on a
f ( x ) = â X . Autrement dit l'application :
E n d (Z /n Z ) — >
f ^ m
est une bijection. Plus précisément c'est un isomorphisme de groupes.

Si / est un automorphisme montrons que â est inversible dans Z /n Z . Soit g l'automorphisme


réciproque de f .O n a g o f( ï) = ï,s o \ \ g {â )= g ( i)â = ï. Ce qui veut dire que â est inversible.
Ceci démontre en fait que l'application
A u t( Z /n Z ) — > (Z /n Z )* ,
/ ^ /(I)
est un isomorphisme de groupes. La loi à gauche étant la composition des applications, celle
à droite la multiplication.

Systèmes de générateurs
Nous définissons maintenant la notion de système de générateurs pour un groupe.
Définition 8

I Étant donné un groupe G et un sous-ensemble P de G, on appelle sous-groupe


engendré par P l'intersection de tous les sous-groupes de G contenant P.

L'ensemble ainsi défini est un sous-groupe (proposition 1). Par définition, tout
sous-groupe de G contenant P contient ce sous-groupe.
Soit P = {xi,X2, ... ,Xn} une famille finie d'éléments de G. On notera

{æi,X2,...,Xn}
le sous-groupe engendré par P . Les éléments Xi sont appelés les générateurs.
L'ensemble P = { x i , X2, . . . , Xn } est un système de générateurs. Il n'y a évidemment
pas unicité des systèmes de générateurs.

Définition 9
On dira que G est engendré par n éléments s'il existe n éléments
I dans G tels que le sous-groupe engendré par ces éléments soit G lui-même.

18 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


Considérons par exemple le groupe abélien . Soit un entier i tel que l ^ i ^ n et
soit 6i G l'élément (0,0,..., 1,0,... ,0), l'élément 1 étant situé en ¿-ième position.
Les éléments e i, 62, . . . , forment un système générateur de Z^ car (Ai, . . . , An) =
Al Cl + A262 + •••+ AnCn •
En fait on peut caractériser les groupes abéliens engendrés par n éléments à partir
de Z^.

Proposition 6« Soit G un groupe abélien. Les deux conditions suivantes sont équiva­
lentes :
► G est engendré par n éléments,
► il existe un homomorphisme surjectif de Z^ sur G.

Démonstration. Soit { x i , . . . , X n } un système de n générateurs. Soit (/> l'appli­


cation :
Z^ - ^ G ,
(Al, . . . , An) ' ^Al Xi -[-••• + AnXfi.
Comme G est abélien c'est un homomorphisme de groupes. En effet, on a
I^iXiXi + 'EiPiXi = pi)xi. L'image de l'homomorphisme est un sous-groupe,
c'est le groupe G tout entier puisqu'il en contient un système de générateurs, donc
(j) est suqectif.
Inversement, soit (f) un homomorphisme surjectif de Z^ sur G, et soit { e i , ... ,Cn}
le système de générateurs de Z^ introduit plus haut. Notons d'abord que la surjec-
tivité de (f) implique que G est abélien. En effet, soient x^y G G, il existe x\y' e Z^
tels que (¡){x') = x et (¡>{y') = y. Donc

xy = (l>{x')(t){y') = 0 (x'y') = (piy'x') = (j){y')(l){x') = y x .

Nous n'avions donc pas besoin de l'hypothèse G abélien pour cette partie de
l'énoncé. Prenons maintenant la notation additive pour G. Posons Xi = (¡){ei), on
montre que { x i, . .. ,X n } est un système de générateurs pour G, soit que tout
élément de G peut s'écrire sous la forme SiA^Xi, pour Ai,. . . , An G Z^. En effet
l'ensemble des éléments de la forme précédente est un sous-groupe de G ainsi
qu'on l'a vu plus haut. Comme c'est l'image de 0 et que (j) est surjective, il est
égal à G. Le résultat suit. ■
I
i
,a>
Le cas des groupes engendrés par un élément mérite une attention particulière. On
8 remarque que ces groupes sont tous commutatifs. En effet si x désigne le généra­
S teur le sous-ensemble {x^ |n G Z} du groupe est un sous-groupe qui s'identifie
au groupe par hypothèse. Il est clair que x^ commute à x^ pour tous m et n.
I

Q
1.1 - GROUPES, GÉNÉRATEURS, GROUPES MONOGENES 19
D é f in it io n 1 0
Un groupe est dit monogène s'il admet un système générateur réduit à un
élément. Un groupe monogène fini est appelé un groupe cyclique.

Les groupes Z^, avec n > 1, ne sont pas monogènes.

Introduisons maintenant :
D é f in it io n 1 1
Soit G un groupe et soit x un élément de G. On appelle ordre de x, s'il existe,
le plus petit entier positif non nuUtel que = e. Si un tel entier n'existe pas
on dit que l'élément est d'ordre infini. Un élément d'ordre fini est aussi dit de
torsion.

Par exemple dans Z/nZ la classe de 1 est d'ordre n. Dans le groupe multiplicatif
U des nombres complexes de module 1 l'élément i est d'ordre 4, l'élément j est
d'ordre 3, l'élément ~ j est d'ordre 6, et l'élément ij est d'ordre 12.

P r o p o s i t i o n 7 . Soient G un groupe et x un élément de G d'ordre n. Alors tout entier


k non nul tel que x^ = e est divisible par n.

D é m o n s t r a t i o n . Soit k tel que x^ = e. Faisons la division euclidienne de k par


n : k = an-\-r, 0 < n . On a donc e = x^ = donc x^ = e.
Comme 0 < r < n on a par définition de n r = 0. ■

D é f in it io n 1 2

I Le cardinal ou nombre d'éléments d'un groupe G est aussi appelé son ordre. On
le note # G,

Nous allons décrire les groupes monogènes.


Observons d'abord qu'un groupe monogène infini est isomorphe à Z. Si x désigne
un générateur l'isomorphisme est donné par l'application qui à n associe . Cette
application est surjective car x est un générateur, injective car x est d'ordre infini,
c'est un isomorphisme.

P r o p o s i t i o n 8 . Un groupe cyclique G d'ordre n est isomorphe à luIriL.

D é m o n s t r a t i o n . Soit x un générateur de G, n son ordre. Ainsi qu'on l'a vu


plus haut, G est abélien et faisons choix de la notation additive pour la loi de G,
Considérons l'homomorphisme (j) de Z dans G qui, à l'entier A associe l'élément
Ax de G,

20 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


Puisque n est l'ordre de x, le noyau de (j> est nZ. Deux éléments ont même image
si et seulement si ils sont congrus modulo n. Une classe de congruence modulo
n est donc envoyée sur un élément de G. Soit 0 l'application ainsi déterminée.
Deux classes distinctes sont envoyées sur des éléments distincts. En effet, si on a
(f){k) = (¡){i), on a (¡){k - /) = 0. Donc k —l est dans le noyau de 0, donc k et l sont
congrus modulo n. En conclusion, l'ensemble des classes de congruence modulo
n s'envoie bijectivement par 0 sur le groupe G.
L'application ainsi définie est un homomorphisme de groupes. En effet l'équation

0 (â + 6) = ÿ(â) + ^(6).

résulte de (a + h)x = ax-\-hx, ■

Corollaire. L'ordre d'un élément est égal au cardinal du sous-groupe qu'il engendre.

D é m o n s t r a t i o n . Supposons que l'ordre de l'élément est fini, soit n. Alors la


démonstration précédente montre que le cardinal de {x) est n.
Si l'ordre de x est infini le groupe engendré par x, soit (x), est isomorphe à Z d'où
le résultat. Pour montrer cela, il suffit de reprendre la démonstration précédente,
en observant que le noyau de 0 est trivial. Le. réduit à {0}. ■

Voici un exemple de calcul de l'ordre d'un élément, le corollaire sera utilisé dans
la dernière section du chapitre.

P r o p o s i t i o n 9 . Soit â e . L'ordre de a est égal à :


n ^
pgcd(a, n)

D é m o n s t r a t i o n . L'ordre de a divise , en effet


p g c d ( a ,n )

n n a
pgcd(a, n)
l'entier a ----^— r est donc nul modulo n. Inversement, si k est l'ordre de a
p g c d ( a ,n )
l'entier n divise ka. Écrivons a sous la forme a'pgcd(a,n), en particulier a' est
premier à n. L'entier divise ka\ donc divise k, d'où le résultat.
p g c d (a , n )

Corollaire. Soit x e , et soit d un diviseur de n. Il existe y e Ijjnlj tel que


dy = X si et seulement si ^x = 0.
d
I
s
P
1.1 - GROUPES, GÉNÉRATEURS, GROUPES MONOGÈNES 21
D é m o n s t r a t i o n . Soit x = a, l'ordre de x est ---- ^7— T. Supposons que - x = Q,
p g c d ( a ,n ) ^ a
ce qui signifie que
n
pgcd(a, n)
soit
d I pgcd(a, n ) .

On a donc
pgcd(a,n) ^
( ___ ^___ ) )
=< d \pgcd(a, n) //
L'implication inverse est immédiate. ■

Proposition 10. Soit H un sous-groupe de Z/nZ. Alors, soit H est trivial, c'est-à-
dire réduit à l'élément neutre, soit H est isomorphe à Ijim lj pour un entier m > 1 bien
déterminé et divisant n.

D é m o n s t r a t i o n . Soit p la surjection canonique de Z sur Z/nZ, alors est


un sous-groupe de Z. Il est de la forme aZ avec a non nul si H est non trivial. La
proposition précédente montre que le sous-groupe engendré par â, qui est égal
par construction à H puisque p est surjectif, est
n
pgcd(a, n)

Voici une reformulation :

Corollaire. Soient, n et d des entiers. Le sous-groupe d{ZfnZ) de ZjnZ, est isomorphe


' pgcd(d,n)

2. Relations d'équivalence dans un groupe, groupes


quotients
L'une des constructions les plus importantes pour étudier la structure des groupes
est celle de groupe quotient. La première étape est d'étudier certaines relations
d'équivalences, sur un groupe, associées à un sous-groupe. Puis on se pose la
question de savoir si l'ensemble des classes d'équivalence peut être muni d'une loi
compatible avec celle du groupe. Cette section est très importante pour la troisième
année de L icence .

22 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


Soient G un groupe et H un sous-groupe.
Définition 1
On appelle relation à gauche (resp. à droite) associée au sous-groupe H la
relation définie par
X r^y x~^y G H ,
resp.
X r^' y yx~^ G H .

Proposition 1• Ces relations sont des relations d'équivalence.

D é m o n s t r a t i o n . Cela résulte du fait que H est un sous-groupe. Prenons par


exemple le cas de la relation à gauche. La réflexivité s'écrit x~^x G H, soit e e H.
La symétrie s'écrit x~^y e H y~^x G H , mais x~^y est l'inverse de y~^x, si l'un
des éléments appartient au sous-groupe, l'autre aussi. Enfin la transitivité suit de
ce que si on a x~^y e H et y~^z G H alors x~^z GH. n

Proposition 2« La classe d'équivalence d'un élément x G H pour la relation à gauche


(resp. la relation à droite) est l'ensemble xH = {xh \h G H } (resp. Gx = {gx \g ^ G}).
Ces classes sont appelées respectivement classes à gauche et classes à droite selon H. Elles
ont toutes même cardinal, à savoir celui de H.

Ceci résulte du fait que l'application xh de H dans xH est bijective, elle


admet h\-^ x~^h pour application réciproque.
L'ensemble des classes à gauche selon H est noté G/H, respectivement à droite
est noté H\G.
Voici l'application la plus célèbre de cette construction.
Théorème 1 (Lagrange). L'ordre d'un sous-groupe divise l'ordre du groupe.

D é m o n s t r a t i o n . Les classes à gauche (ou à droite) constituent une partition de


G. Supposons que G ait un nombre fini d'éléments. Il y a alors un nombre fini de
73
classes d'équivalence, soit { x i , . .. yXn} un système de représentants de ces classes,
c'est-à-dire un sous-ensemble de G contenant un élément de chaque classe et un
seul. L'ordre de G est alors égal à n ( # iJ ) . m

Corollaire 1. Soit G un groupe fini. L'ordre d'un élément divise l'ordre du groupe.

D é m o n s t r a t i o n . Ceci résulte du théorème de Lagrange et du corollaire 1 de la


première section : l'ordre du sous-groupe engendré par un élément x divise l'ordre
du groupe, mais c'est aussi l'ordre de l'élément. m
I
73
Q

1.2 - RELATIONS D’ÉQUIVALENCE DANS UN GROUPE 23


Ce corollaire permet de classifier les groupes dont l'ordre est un nombre premier :
Corollaire 2. Tout groupe d'ordre p, où p est un nombre premier est isomorphe à 'L/pX.

D é m o n s t r a t i o n . Soit G un groupe d'ordre p. Tout élément est d'ordre p ou 1.


Seul Télément neutre est d'ordre 1, il y a donc forcément un élément d'ordre p.
On en choisit un. Le sous-groupe qu'il engendre est isomorphe à Z/pZ et à G
d'où le résultat. ■

Soit maintenant <f> im homomorphisme d'un groupe G dans un groupe H . Soit


X € Ker(0), soit y € G. L'élément yxy~^ est dans Ker(<^), en effet :

Ф(уху~^) = Ф{у)Ф{х)ф{у~'^) = Ф{у)Ф{у~'^) = Ф{уу~^) = е .


Ceci justifie d'introduire la :
D é f in it io n 2
Un sous-groupe K d'un groupe G est dit distingué dans G dès que pour tout
a e G l'ensemble аКа~^ = {aka~^ \k e K } est contenu dans K ,

P r o p o s i t i o n 3 . Le noyau d'un homomorphisme est un sous-groupe distingué.

D é m o n s t r a tio n * C'est ce qu'on a montré avant la définition. ■

En fait si K est distingué dans G, on a аКа~^ = K pour tout a G G, en effet de


l'inclusion a~^Ka C K , on conclut en multipliant à gauche par a et à droite par
a~^ que K c аКа~^, pour tout a élément de G.
Voici deux exemples classiques de sous-groupes distingués. D'abord, dans un
groupe abélien, tous les sous-groupes sont distingués.

Le sous-groupe Int (G) de Aut(G) est distingué.

D é m o n s t r a t i o n * Soient яр e Aut(G), a G G , etia e Int (G). Alors


'0 O ¿a O '0 - ^ ( x ) = ) = 'Ф {а)хгр{а)~ '^ = (a^) •

Donc on a O¿a Oяр~^ = г^(а), ce qui démontre le résultat. ■

Nous pouvons maintenant introduire la notion de groupe quotient :


T h é o r è m e 2 . Soit G un groupe et soit H un sous-groupe distingué. Il existe sur
l'ensemble des classes à gauche G /H une structure de groupe et une seule telle que
l'application canonique p : G G /H soit un homomorphisme.

24 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


D é m o n s t r a t i o n . On observe d'abord que si H est distingué dans G les classes à
droite et les classes à gauche selon H coïncident. On a aH = H a pour tout a G G
car aH = a{a~^Ha) = Ha. Le théorème peut donc s'énoncer indifféremment avec
les classes à gauche ou les classes à droite.
Considérons maintenant le « produit » de deux classes à gauche : aH bH = {axby \x^ye
iJ } . On a aHbH = ab{b~^Hb)H ; comme b~^Hb = H puisque H est distingué, on
obtient en fin de compte aHbH = abH. Définissons une loi interne [i sur l'ensemble
des classes à gauche comme suit : soient Hq et H\ deux classes, l'ensemble
H qH i = { k l \ k e H Q , l e H i ]
est une classe à gauche ainsi qu'on vient de le voir, on détermine ainsi une loi
interne sur l'ensemble des classes.
Cette loi admet H pour élément neutre. Elle est associative :

{ H ^ H i ) H 2 = { k m \ k e H qH,m gi/2 }= •••


i

•••= { k l m IA;G i/o , /e i/i ,m G i72>=H { H ^ H 2) .


q

Enfin a~^H est l'inverse de aH.


Par ailleurs la formule
aHbH = abH
montre que l'application canonique p :G - ^ G /H , a aH est un homomorphisme
de groupes. ■

Par exemple le groupe Z/nZ est le quotient du groupe Z par le sous-groupe nZ.

Proposition 4. Soit 0 un homomorphisme d'un groupe G dans un groupe G'. Soit


H un sous-groupe distingué de G, supposons que pour tout g e H 4>{9) = ^^ors
il existe un unique homomorphisme xp de G /H dans G tel que </> = ' 0 o p , où p est
Vhomomorphisme canonique.

D é m o n s t r a t i o n . On définit 'll; par la formule 'ipigH) = (p{g). Pour vérifier que


cette formule a un sens il faut montrer que, si g H = g'H, on a </>(^) = ^^^i
résulte de ce que g~^g' G H implique = 0 (p ')* D ^ vérifier que est un
homomorphisme. On a
^P(gHg'H) = i^igg'H) = <f>{gg') = <l>{g)M) = '^{gH)^{g^H) ,
car H est distingué, le résultat suit.
Pour l'unicité il suffit d'observer que, si on a 0 = ^ op, ceci implique que 0(p) ='ipo
«3 p{g) = 'ip{gH). Donc la formule proposée est la seule possible.
I
TJ
I
Q
1.2 - RELATIONS D’ÉQUIVALENCE DANS UN GROUPE 25
Nous allons donner maintenant un certain nombre de conséquences classiques de
cette construction : la décomposition canonique des homomorphismes et les théorèmes
d'isomorphismes.

C o r o l l a i r e * Soit (j) : G ^ H un homomorphisme. Notons p l'application canonique de


G dans G/Ker(0), i l'inclusion canonique de lm(0) dans H. Il existe un unique iso­
morphisme 0' de G/Ker(0) dans lm(0) tel que (f>= i o (j)^ o p. Autrement dit, on a Un
diagramme « commutatif » comme suit :
^ <t> ->H

<t>'
G/Ker((^)- ►Itn(<^)

D é m o n s t r a t i o n . Prenons dans la démonstration précédente H = Ker(0 ). Prenons


pour (j)' rhomomorphisme de G/Ker(</>) dans lm(0 ) défini par
. <!)'{xKex{4>)) = <j){x),
c'est un isomorphisme car il est injectif et surjectif par construction. Puis composons
à gauche par l'inclusion i de l'image de (j) dans H. m

T h é o r è m e 3 * Soient G un groupe, H et K deux sous-groupes distingués de G tels


que K c H. Alors le groupe quotient H /K s'identifie à un sous-groupe distingué H’ du
groupe quotient G /K . De plus le groupe quotient G /H est isomorphe au groupe quotient

Par abus de notation H' sera souvent noté H /K .

D é m o n s t r a t i o n * On considère l'homomorphisme canonique p : G G /H . Son


noyau contient K qui est distingué, on en déduit un homomorphisme de G /K
vers G /H . Cet homomorphisme associe à la classe a K la classe aH , il est surjectif.
Son noyau i/' consiste en l'ensemble des classes a K telles que a K H est égal
H, c'est-à-dire à l'ensemble des classes a K telles que a e H. Cet ensemble est
isomorphe au groupe quotient H /K . Ceci démontre le résultat. ■

T h é o r è m e 4 . Soient G un groupe, H un sous-groupe distingué de G, et K un sous-


groupe de G. Alors l'ensemble H K = {hk \k e K ,h e H } est un squs-groupe de G.
Par ailleurs le groupe quotient H K /H est isomorphe au groupe quotient K / K n H.

D é m o n s t r a t i o n * Pour ce qui est de la première assertion, on observe que l'en­


semble K H est égal à l'ensemble H K . En effet, soient kh, k e K et h e H, alors
kh = {khk~^)k et, comme H est distingué dans G, on a khk~^ = N e H. Donc on a

26 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABELIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


kh = h'k, et donc K H C. H K . L'inclusion inverse se montre de manière analogue
et le résultat suit.
Il en résulte que K H est un sous-groupe.
En effet un élément de la forme khk’K peut s'écrire sous la forme khtk!, t e H, a
cause de la première inclusion que l'on applique au produit k^K. Puis ce produit
s'écrit kk’h, h e H, a cause de la seconde inclusion que l'on applique au produit
htk' . Ceci montre que la première condition de la définition 3 de la section 1 est satis­
faite. Pour ce qui est de la seconde condition, soit {kh)~^ = h~^k~^, le second terme
s'écrit k’K , k' e K , h' e H a cause de la seconde inclusion. Ce que l'on cherchait.
Considérons maintenant l'homomorphisme de K dans H K /H qui est la composée
de l'inclusion de H dans H K et de la projection canonique de H K sur H K /H ,
Cet homomorphisme est surjectif et a pour noyau i f fl ÜT. Admettant ces deux
propriétés pour un instant, le théorème résulte de la factorisation canonique.
Démontrons d'abord la surjectivité. L'homomorphisme étudié associe à la classe
k {K n H) la classe kH . Un élément de H K /H est une classe de la forme aH , a e
H K = K H . Soit a = kh, donc aH = kH . Il en résulte que la classe aH est l'image
de k K n H. Ce qui démontre la surjectivité de l'homomorphisme considéré.
Soit maintenant un élément dans le noyau, c'est-à-dire un élément k tel que kH
soit égal à H. Ceci est équivalent a k e H n K . Le résultat suit. ■

Le produit semi-direct
Nous allons étudier maintenant une construction qui illustre les développements
précédents : le produit semi-direct. Elle apparaît naturellement dans un grand nombre
de situations.
On se donne un groupe G, un groupe F ainsi qu'un homomorphisme r de G dans
le groupe A ut(F) des automorphismes de F . Un élément g e G étant donné, r{g)
est donc un automorphisme de F . Soient (/,^), des éléments du produit
F X G. On définit une loi interne sur F x G par la formule suivante

K if,9 ),if.9 ')) = if r { 9 ) in 9 9 ') .

T h é o r è m e 5 . L'ensemble F x G muni de cette loi interne est un groupe que l'on notera
F Xr G. On l'appelle le produit semi-direct de G par F relativement à r. Par ailleurs :
► l'ensemble des éléments de la forme (1,^), g ^ G , est un sous-groupe isomorphe à G,
► l'ensemble des éléments de la forme (/, 1), f e F , est un sous-groupe distingué
isomorphe à F , que l'on notera par abus également F ,
► l'intersection des deux sous-groupes précédents est réduite à l'élément neutre,
► le quotient de F x^ G p a r ^ est isomorphe à G.
I F
On remarquera que si r est l'identité on retrouve le produit ordinaire des groupes.

Q
1.2 - RELATIONS D’ÉQUIVALENCE DANS UN GROUPE 27
D é m o n s t r a t i o n . Nous devons vérifier que la loi définie a un élément neutre,
qu'elle est associative et que chaque élément a un inverse. Pour ce qui est de
l'élément neutre on vérifie que (1, 1) en est un. Pour ce qui est de l'associativité
on calcule, omettant fj, dans les notations :

iifo>9o)ifi,9i)){f2,92) = {foT{9o)ifi),9o9i){f2,92) —

• • • = ifor{9o)ifi)r{9o9i){f2),9o9i92 ) ,

et
{ f o , 9 o ) { { f i , 9 i ) { f 2 , 9 2 ) ) = i f o , 9 o ) i f i ' r { 9 i ) { f 2 ) , g i g 2 ) = ■■■

••■= i f o T { g o ) { f i T { g i ) { f 2 ) ) , g o g i g 2 ) ,
mais on a

r{go)ifi)r{go9i){f2) = r(5o)(/i)r(5o)(r(5i)(/2)) = T {go)ifiT {gi){f 2) ) ,

puisque r est un homomorphisme de G dans Aut(P’). Le résultat suit.

Pour ce qui est de l'inverse de (/, g) on résout l'équation :

{ f,9 ) { f ,9 ' ) = {M g ){f'),g g ') = (1,1),

ce qui donne gg' = 1 soit g' = g~\ et f T { g ) { f) = 1 soit T {g ){f) = /"L Comme
l'application réciproque de T{g) est T{g~^) ceci donne f = r{g~^){f-^). On vérifie
que i f ,g ' ) i f ,g ) = (1, 1).

La démonstration de la première condition se fait en observant que l'ensemble


considéré est un sous-groupe de F G et l'application qui à 5 e G associe (l,p)
est un isomorphisme.

La démonstration de la seconde condition est analogue. Il faut montrer en plus


que F est distingué. Le produit (/,5)(/'>1)( t (5“^)(/"^),5"^) est égal, tous calculs
faits, à ifT {g){f')f~ ^ ,e), ce qui doiine le résultat.

La troisième condition est vérifiée par construction.

Pour ce qui est de la quatrième, on commence par remarquer que l'application


qui à (/, g) associe g est un homomorphisme surjectif du produit semi-direct vers
G. En effet

H i f ,9 ) i f ,9 ' ) ) = <PiM 9)if'),99') = 99' = 4>{9)<l>i9') •

Le noyau en est F , le résultat suit, par application de la factorisation canonique. ■

28 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - Chap. 1


Les propriétés précédentes caractérisent le produit semi-direct :
T h é o r è m e 6 * Soient G et F deux groupes. Soit L un groupe tel que :
► il existe un isomorphisme i de G sur un sous-groupe de L,
► il existe un isomorphisme j de F sur un sous-groupe distingué de L,
► l'intersection de Im(z) et lm {j) est réduite à l'élément neutre,
► la composée de l'inclusion de G dans L et de la projection canonique de L sur L / F
est un isomorphisme.
Alors il existe un homomorphisme r : G Aut(L) tel que L soit isomorphe au produit
semi-direct de G par F relativement à r.

D é m o n s t r a tio n . Construisons r, soit g e G, alors pour tout f E F , on a


^ car j{ F ) est distingué. L'application
:m m , j{f) ^
est donc un homomorphisme de j{ F ) , dans la formule précédente j~^ désigne
l'automorphisme réciproque de j : F ^ j{ F ) .
C'est un automorphisme car son application réciproque est 7^-1.
Considérons maintenant l'automorphisme Tg = j~^ ^ I g ^ j de F . L'application r :
g ^ T g est un homomorphisme de G dans A u t(F ), en effet on a Tgg> =Tg o Tg>
car
'^99'
= (i{9) i { 9 ' ) j { f ) i{9'~^)i{9~^)]

- r ' - ( * ( 5) {i{9')3{f)i{9'~'^))) i{9~^))


= (i{g)j{Tg- (/)) = Tg (Tg> (/)) .
On remarquera que
'^gif) = r H i { 9 ) j { f ) i { 9 ) ~ ^ ) ■
Construisons maintenant un homomorphisme du produit semi-direct vers L on le
définit par la formule suivante :

<(>if,9) = i{9)j{rg-i (/)) = j{ f ) i { 9 ) ■


On doit vérifier que :

j { f ) i { 9 ) j { f ) i{9') = jif r g if ' ) ) 1(99'),


pour tous g, g', f , f . Or le premier terme se réécrit
I
I
a>
i(/) (*(5) i(/ 0 i(9~^)) K 99' ) .
I soit
Ie<3
(X
3 {fr g {f'))i{9 9 ')-
I-:1 D'où le résultat. ■
I
73
Q
® 1.2 - RELATIONS D’ÉQUIVALENCE DANS UN GROUPE 29
On va donner un exemple classique de produit semi-direct, il sera suivi d'un autre
exemple fondamental, celui du groupe quaternionique. Ceci permettra de décrire
tous les groupes à 8 éléments (exercice).

Les groupes diédraux


Soit n un entier impair. Considérons Z/nZ, on le note multiplicativement, i.e, si
a est un générateur les éléments de Z/nZ sont de la forme a% pour 0 < i < n
et = e. Soit r l'élément de Aut(Z/nZ) qui envoie la classe c sur son
inverse c~^.
Ceci détermine un homomorphisme de Z/2Z = {+1, - 1 } vers Aut(Z/nZ) : à +1
on associe l'élément neutre, à —1 on associe r.
Le groupe diédral J?2n est le produit semi-direct de Z/2Z et Z/nZ par cet ho­
momorphisme. Notons b le générateur de Z/2Z, on a alors, par construction,
bab~^ = à^~^, = e, = e. Ce groupe a 2n éléments, en tant qu'ensemble il peut
s'écrire
Dn = {e, a, , . . . , ; 6, ba, ba^^... ^bà^~^} .
Le groupe i>2n est isomorphe au groupe des isométries du plan euclidien M?
laissant invariant un polygone régulier à n cotés centré en l'origine.
En effet, considérons un tel polygone Pn qui a, par exemple, un sommet en (1,0).
Ce polygone est invariant par le groupe des rotations de centre l'origine et dont
l'angle est un multiple entier de ce groupe est isomorphe Z/nZ, soit p un
générateur. Le polygone est également invariant par rapport à la symétrie ortho­
gonale a autour de l'axe des x. Cette symétrie engendre un groupe isomorphe à
Z/2Z. Les éléments p et a engendrent le groupe considéré.
En effet, si on a une isométrie directe qui laisse invariant Pn, c'est une rotation
n _

dont l'angle est un multiple de — . Si une isométrie indirecte 7 laisse Pn invariant


l'isométrie directe (J7 laisse aussi Pn invariant, c'est donc une puissance de p,
donc 7 = ap^ est bien dans le sous-groupe engendré par a et p. Le groupe a donc
2n éléments et en tant qu'ensemble est égal à
{ e , p , ; CT,ap,
*----- ap ^
-------
La rotation conjuguée a p a est égale à p^“^.
On considère alors l'application de D 271 dans ce groupe qui envoie sur p^ et ba^
sur crp^, pour tout i et tout j . C'est une bijection, par construction, de plus, c'est
un homomorphisme. Vérifions par exemple que ba^ba^ a bien pour image apPapK
On a ba^bo} = {bab~^Ya} = et ap^ap^ = {apa~^yp^ = p(^“ib’+^ D'où le
résultat.

30 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - Chap. 1


En particulier le groupe Ds est un groupe d'ordre 8 non commutatif. C'est le
groupe des isométries planes laissant invariant un carré. On notera que le sous-
groupe à deux éléments engendré par b n'est pas distingué, ceci évidemment, est
aussi vrai si 2.
On observera que Dg a un élément d'ordre 1, 5 éléments d'ordre 2 et 2 éléments
d'ordre 4.
Voici la table du groupe Dg

b ba bo? bo?

e a b ba bo? bo?

a a O? ba^ b ba bo?

0? a bo? bo? b ba

e a a^ ba bo? bo? b

b b ba bo? ba^ e a
^2 a^
ba ba bo? bo? b ^3 e a^
ba^ bo? ba^ b ba
^3 a

ba^ bo? b ba bo? e

Donnons un autre exemple de produit semi-direct. Considérons Z/2Z x Z/2Z, et


soit
T e Aut(Z/2Z X Z/2Z)
l'automorphisme qui envoie la classe (a, 6) sur la classe (6, a). Ceci détermine un
homomorphisme de Z/2Z = { + 1 , - 1 } vers Aut(Z/2Z x Z/2Z) : à +1 on associe
l'élément neutre, à - 1 on associe r. On considère le produit semi-direct de Z/2Z
et Z/2Z X Z/2Z par cet homomorphisme. Notons c et c' les deux générateurs évi­
dents de Z/2Z X Z/2Z et e le générateur de Z/2Z. On a, par construction, ec = d e
et ed = ce. Ce groupe a 8 éléments, en tant qu'ensemble il est égal à :
{e, c, d , c d ; e, ec, e d , ecd } .

Exercice« Vérifier que ce groupe, que l'on appellera H , est isomorphe à D g .

Etant donné que l'on a la table de Dg et la liste des éléments du groupe en question il suffit
de construire une application / de Dg vers H qui soit une bijection et un homomorphisme.
On commence par observer que nécessairement on a /( e ) = e et que l'image d'un élément
d'ordre 2 (resp. 4) doit être d'ordre 2 (resp. 4). Il y a dans les deux groupes 2 éléments
d'ordre 4, pour H il s'agit de ec et e d . Posons donc /( a ) = ec, f{a^) = ed ce qui donne
/( a ^ ) = c d . Puis posons f(b ) = e, ce qui implique f{ba) = c, b{bd^) = e c d , f{ba^) = d .
On vérifie à la main que l'application ainsi définie est un homomorphisme.

1
Q
1.2 - RELATIONS D’ÉQUIVALENCE DANS UN GROUPE 31
Le groupe quaternionien
Pour conclure cette section on va donner un autre exemple de groupe à 8 éléments
non abélien. En fait, on vérifie (exercice) qu'un groupe non abélien à 8 éléments
est isomorphe soit à soit au groupe que l'on va décrire.
On considère l'ensemble à 8 éléments constitué par les symboles

On note Q cet ensemble. On définit sur Q une loi interne par les conditions
suivantes :
► 1 est élément neutre,
► ( - 1)г = - i , { - l ) j ^ - j , { - l ) k : -fc.
¿2 _ j 2 = /j2 _

- i j = k, j k = i, ki = j ,
j i = - k , k j = - i , ik - - j .

Voici la table du groupe :

Ai 1 -1 i —i 3 -3 k -k

1 1 -1 i —i 3 -3 k -k

-1 -1 1 —i i -3 3 —k k

i i —i -1 1 k -k -3 3
—i —i i 1 -1 -k -k 3 -3

j 3 -3 -k k -1 1 г —i

-j -3 3 -k -3 1 -1 —i г

k k —k 3 -3 —i i -1 1

-k -k k -3 3 i —i 1 -1

On vérifie sans peine que la loi ainsi définie est associative et que chaque élé­
ment a un inverse. L'ensemble Q est donc un groupe avec cette loi interne. Il y a
un élément d'ordre 1, un élément d'ordre 2 et 6 éléments d'ordre 4. Ce groupe
ne peut donc être isomorphe au groupe Dg- En effet, s'ils l'étaient, ils auraient
nécessairement autant d'éléments d'ordre 1, 2 et 4, ce qui n'est pas le cas.

32 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - Chap. 1


3 . Décomposition prim aire des groupes abéliens finis
Dans toute cette section, G désigne un groupe abélien fini. On va distinguer les
éléments de G suivant le « type » de leur torsion, et en déduire des conséquences
sur la structure du groupe. Le théorème 1, le lemme 1, la proposition 2 sont
particulièrement importants.

D é f in it io n 1
Soit P un nombre premier, soit Gp le sous-ensemble de G constitué par les
éléments dont l'ordre est une puissance de p. Un tel élément est dit de p-torsion.

Le sous-ensemble Gp est en fait un sous-groupe de G comme on le vérifie aisé­


ment : si un élément x est d'ordre p^ et si un élément y est d'ordre p^ l'ordre de
X —y est un diviseur de donc une puissance de p.

P r o p o s i t i o n 1 • Pour que Gp soit non réduit à l'élément neutre il faut que p divise
l'ordre de G.

D é m o n s t r a t i o n * En effet on sait (corollaire 1, section 2) que l'ordre d'un élément


divise l'ordre du groupe. Donc s'il y a dans le groupe un élément distinct de
l'élément neutre dont l'ordre est un puissance de p, p premier, cela entraîne que
p divise l'ordre du groupe. ■

T h é o r è m e 1 • Pour tous les nombres premiers, sauf un nombre fini, le sous-groupe Gp


est réduit à {0}. Enfin G est isomorphe au produit des groupes Gp, produit pris sur les
nombres premiers p divisant l'ordre de G :

n
p WG

On observera que l'on peut prendre le produit sur tous les nombres premiers
ou seulement sur ceux pour lesquels Gp est non-trivial, le résultat est le même.
La démonstration de ce théorème va prendre toute cette section. On va d'abord
énoncer un certain nombre de lemmes. Le premier d'entre eux est connu sous
I le nom de lemme de Cauchy. Nous ne l'énonçons ici que dans le cas où G est
abélien. On verra au chapitre suivant que l'on peut lever cette restriction.

L e m m e 1 • Tout groupe abélien fini G dont l'ordre est divisible par un nombre premier
p contient un élément d'ordre p.
I
§SJ
Q
1.3 - D ECOM PO SITION PR IM A IR E 33
Démonstration du lemme. On raisonne par récurrence sur l'ordre de G.
Soit donc n l'ordre de G, on suppose que p divise n. Si n = p le résultat est une
conséquence de l'étude des groupes cycliques, faite dans la section 1. Le groupe
étant alors isomorphe à Z/pZ. Supposons le résultat démontré pour tout groupe
abélien fini dont l'ordre est strictement plus petit que n. Soit g e G un élément
distinct de l'élément neutre.
Si le sous-groupe engendré par g, {g) est égal à G cela veut dire que G est cyclique
et que g est d'ordre n. Alors l'élément - g est d'ordre p.
P
Si (g) n'est pas égal à G et si p divise le cardinal de (g) on peut appliquer
l'hypothèse de récurrence.
Sinon on peut considérer le groupe quotient G/ (g) et lui appliquer l'hypothèse de
récurrence. En effet, son ordre est divisible par p car c'est le quotient de n par
l'ordre de g, qui est premier à p. Soit x un élément d'ordre p du groupe quotient.
Soit p G G un élément tel que 7r(p) = x , où tt désigne la projection canonique de
G sur G/(p). L'ordre de y , que nous appellerons k , est un multiple de l'ordre de
X , c'est-à-dire de p. L'élément - y est alors d'ordre p, d'où le résultat. m
P

Démonstration du théorème !• Soient pi,P2,- -,Pn les nombres premiers


divisant l'ordre de G. On considère l'homomorphisme suivant :

П
г = 1 ,.. .,п
G„

(xi,...,Xn) X \ - \ - X 2 ^ --------- \ -X n

OÙ X k G Gpf^.
Faisons d'abord l'observation^suivante. Supposons que l'on ait x^y e G, avec G
abélien et que x et y soient d'ordre premiers entre eux. Supposons alors que x -h
y = 0, alors X et y sont nuis.
C'est une application de l'identité de Bézout. Soit и l'ordre de x et -y l'ordre de
y. Il existe a et b tels que au + bv = 1. On obtient donc
au{x + y) = 0
et
au{x + y) = aux + auy = auy = auy + bvy = {au H- bv)y = y ,
donc y = 0. De même on obtient x = 0.
Revenons à la démonstration du théorème. Supposons que l'on ait une équation
de la forme Ег x^ = 0 . Soient Pi,P2, •••,Pn les nombres premiers divisant l'ordre
de G.
On a alors x\ = 0, l'ordre de x\ est une puissance de pi, et celui de
qui divise une puissance.de ргрз •• Pn, sont premiers entre eux. Ces deux

34 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABELIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


éléments sont donc nuis par application du lemme. En particulier xi est nul, on
considère après la relation = 0 et on conclut par récurrence. Ceci montre
l'injectivité de l'homomorphisme considéré.
Il reste à montrer la surjectivité. Pour ce faire considérons

n==n 2 = 1 ,... ,n
Pi

la décomposition de # G en produit de puissances de nombres premiers, et posons

Ui = .

Les entiers г¿l,U2,.. . ,г¿n sont premiers entre eux, le. il n'y a pas d'entiers distincts
de 1 ou - 1 les divisant tous. On peut donc écrire l'identité de Bézout : il existe des
entiers a i, . . . , an tels que aiUi H------ h a n U n = 1. Soit alors x G G, on a a: = a \ U \ x -\ -
-----\- anUnX. L'ordre de l'élément UiX (et donc aiUix) divise . Cet élément est
donc dans Gp,. D'où le résultat. h

La proposition, suivante doit être vue comme une généralisation du lemme de


Cauchy :

P r o p o s i t i o n 2 . Le cardinal de Gp. est égal à p " * .

Démonstratioiio Le lemme de Cauchy implique que le cardinal de Gp. est une


puissance de p ^ , soit p f " . En effet, tous le éléments de Gp. sont, par hypothèse,
une puissance de p i. Si le cardinal de Gp. était divisible par un nombre premier
P distinct de pi, il contiendrait des éléments d'ordre p, une contradiction. On a
donc Ui pf* = Ui p"", donc Pi = a i pour tout i. m

Voici un résultat classique :


P r o p o s i t i o n 3 ( l e m m e c h i n o i s ) « Soient (ai,u2, ... ,an) une famille d'entiers deux
à deux premiers entre eux, et (ai,a2, ... ,an) une famille d'entiers quelconques. Il existe
I
un entier n tel que pour tout i on a n = ai mod Ui.

Démonstratione La projection canonique


Ss
Zl{uiU2 '"Un)Zj — ^Lli=i^_^rJ^luiZ,
qui à une classe modulo u\U2 --U n associe les classes modulo a i, ^2/ •••/ ^n/ est
injective. Il suffit de montrer que si un entier est divisible par chacun des Ui il est
divisible par leur produit, ce qui est vrai car ils sont premiers entre eux deux à
deux. Comme les deux groupes ont même cardinal l'homomorphisme est bijectif.ra

§
Q
® 1.3 - D ÉCOM PO SITION PR IM A IR E 35
Le lemme chinois peut évidemment être démontré directement! On le fait en
exercice.

Voici une application du théorème 1 dont on aura besoin dans la section 5 :

C o r o l l a i r e . Soit G un groupe abélien fini. Soit m le ppcm des ordres de ses éléments,
alors il existe un élément d'ordre m dans G.

D é m o n s t r a t i o n . On peut se limiter au cas où l'ordre de G est une puissance


d'un nombre premier p. En effet si G = 11^=1,...,nGp., et si on a un élément Xi qui
convient pour Gp. , l'élément o?i H------ \-Xn conviendra pour G. Si # G est une
puissance d'un nombre premier le corollaire résulte de la définition. ■

Voici un exemple de décomposition primaire. Soit le groupe

G = TLI2M. X Z /3 8 Z X Z /2 1 Z ,
on a :
► Z /2 4 Z ^ Z /8 Z X Z /3 Z ,
► Z /3 8 Z ^ Z /2 Z X Z /1 9 Z ,
► Z /2 1 Z ^ Z /3 Z X Z /7 Z .

Donc
G ^ Z /2 Z X Z /8 Z X Z /3 Z x Z /3 Z x Z /7 Z x Z /1 9 Z .

4 . Structure des groupes abéüens de type fini,


définitions, énoncés, structure des groupes libres

D é f in it io n 1

I On dit qu'un groupe abélien G est un groupe de type fini s'il a un nombre fini
de générateurs.

Les groupes abéliens de type fini, c'est-à-dire les quotients de Z^ pour un cer­
tain entier n, se rencontrent dans une grande variété de contextes mathématiques.
Nous allons étudier leur structure. Ils se « répartissent » en deux « types » :

D é f in it io n 2

I On dit qu'un groupe abélien est un groupe de torsion si tout élément de G est
d'ordre fini, (on rappelle qu'un élément est dit de torsion si son ordre est fini).

36 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


Soit P un nombre premier.
D é f in it io n 3
Un groupe abélien est dit de p-torsion si l'ordre de tout élément est une puis­
sance de p. On dit aussi qu'un élément dont l'ordre est une puissance de p est
de p-torsion.

P r o p o s i t i o n 1 • Un groupe abélien G de torsion et de type fini est fini.

Démonstration« En effet c'est un quotient de Z^, n désignant le cardinal d'un


système de générateurs (proposition 6, section 1).
Soit alors k le produit des ordres des éléments du système de générateurs. Puisque
le groupe est abélien l'ordre de tout élément du groupe est un diviseur de k.
L'homomorphisme surjectif de Z^ sur G est donc nul sur (fcZ)^. Le quotient de
Z^ par {kZ)'^ est isomorphe à {ZjkZ)'^.
Le groupe G est donc un quotient de (ZfkZ)^ (voir section 2 proposition 3) et est
donc fini. m

D é f in it io n 4
On appelle sous-groupe de torsion d'un groupe abélien G le sous-groupe constitué
I par les éléments de torsion.

Un groupe G dont le sous-groupe de torsion est réduit à { 0} sera dit sans torsion.
Soit G un groupe abélien de type fini.

D é f in it io n 5
Le groupe abélien G sera dit libre s'il est isomorphe à pour un certain
entier n.

Un groupe abélien libre est sans-torsion. Les résultats suivants décrivent la structure
des groupes abéliens de type fini. Le premier résultat sur la structure des groupes
abéliens de type fini est que les deux types décrits ci-dessus permettent de les
décrire tous :

T h é o r è m e 1 • Tout groupe abélien de type fini G est somme directe d'un groupe abélien
libre L et d'un groupe de torsion T. Si on a des isomorphismes G = L ^ T et G = L' ^ T ',
L et libres, T et V de torsion alors L est isomorphe à U et T est isomorphe à T'.

Il nous faut maintenant étudier les deux types en question. On commence par le
O cas des groupes libres. Pour le cas des groupes de torsion on renvoie à la section
a
suivante.

Q
® 1.4 - STRUCTURE DES GROUPES ABELIENS DE TYPE FINI 37
T h é o r è m e 2 . Soit L un groupe abélien sans torsion de type fini, alors L est isomorphe
à IT' pour un entier n bien déterminé.

Ce théorème n'est pas vrai si on remplace la mention sans torsion de type fini par
sans torsion.
Les théorèmes 1 et 2 seront démontrés plus loin. On commencera par énoncer et
démontrer la proposition suivante :

P r o p o s i t i o n 2* Soit G un sous-groupe de IT’, alors G est isomorphe à 17 pour un


entier r ^ n. L'entier r est unique.

D ém onstration. La démonstration se fait par récurrence sur n. Le théorème


a déjà été démontré pour n = 1 dans la première section. Supposons le donc
démontré pour n —1.
Soit 7T la projection sur le dernier facteur de qui à { x i ^ . . . ^ X n ) associe Xn-
L'image 7t(G) est un sous-groupe de Z et est donc égal à aZ pour un certain entier
a éventuellement nul. Si a = 0 on est ramené au cas n —1, car
G C Ker(7r) ^ I7~^ ,
et l'hypothèse de récurrence nous donne le résultat.
Si a ^ 0 soit üj un élément tel que 'k {uj) = a. Le sous-groupe
Ker(7r) n G C Ker(7r) ^ 17~^
est isomorphe à 17' pour un entier r' ^ n - 1. Soit '0 un tel isomorphisme. Étant
donné un élément x e G l'élément
Tïix)
X --------- ÜJ
a
est dans Ker(7r). Considérons l'homomorphisme
G ^(Ker(Tr)nG) x Z ,
/ Tria;) Tria;) \
X I > X --------- -üJy —^ .
V a a /
C'est un isomorphisme, l'inverse est donné par l'application

(z/î ^) '— >y + .


Donc G est isomorphe à Ker(Tr) fl G 0 Z qui est lui-même isomorphe via 0 0 Id à
17'^^, r' + l < n .
Montrons maintenant que l'entier r est bien déterminé. Cela résulte du :

L e m m e 1 • Si on a un isomorphisme cl) entre 17 et l7 alors r = t.

38 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


Démonstration du lemme« Considérons IT comme sous-groupe de et 1 }
comme sous-groupe de L'isomorphisme cf) «s'étend» en un isomorphisme $
d'espaces vectoriels sur Q de dans . Ce qui implique que r = t par unicité
de la dimension.
Il nous reste à construire Soit {xi^... ,Xr) G , on peut trouver un entier ¡1
tel que i i { x \ , . . . , X r ) G il suffit pour cela de prendre un multiple du p p c m m
des dénominateurs des Xi mis sous forme de fractions irréductibles. Définissons
^ par :
(j){^^X\, . . . , fXXr)
^ X u ...,X r )
IJ'
La valeur ne dépend pas du choix de ¡jl car le terme de droite est toujours égal à
(f){mxi^... ,mxr)
m
On vérifie que $ est une application linéaire d'espaces vectoriels sur Q. Elle est
injective car
(/>(771X1, . ••,7nXr)
= 0
m
implique
(/>(772x1, •••^rnxr) —0,
s o i t ( ttixi , . . . , m x r ) = 0 p a r in je c t iv it é d e (/>, d o n c ( x i , . . . , x^.) = 0 . E l le e s t s u r j e c t i v e :
s i o n a ( 7/1 , . . . ,7 /i) ^ ^ ' ( 2/1 , . . . ,7/t) G I l e x i s t e ( x i , . . . , x ^ ) G Z^
t e l q u e (/>(xi, . . . , X r ) = 7 7 i ' ( y i , . . . , 7/t). E n f i n o n v é r i f i e q u e

........

Démonstration du théorème 2» Soit L un groupe abélien de type fini ayant un


système de m générateurs, L est donc un quotient de Z^ via un homomorphisme p.
Considérons un système ( x i, ... ,Xn) d'éléments de L tels que :
► si on a une relation AiXi H-------h A^Xn = 0 tous les A^ sont nuis,
► il n'existe pas de familles de ce type comportant plus d'éléments.

La première condition équivaut à dire que ( x i, ... ,Xn) est isomorphe à 1/^.
On dira qu'une telle famille est un système libre maximal.
Des familles satisfaisant à la première condition et ayant un cardinal non nul exis­
tent dès que le groupe n'est pas un groupe de torsion. En effet, il suffit de prendre
la famille réduite à un élément qui n'est pas de torsion. L'existence d'un système
4
cd libre maximal est garantie par la proposition précédente.
I

§
Q
® 1.4 - STRUCTURE DES GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI 39
En effet, si G est un quotient de et si { x i,...,X n } est une famille de G
satisfaisant à la première condition, on va montrer que n Soit tt l'appli­
cation canonique de dans G. L'inégalité résulte de l'observation suivante :
soient G Z^ tels que n{x^^) = x i. Le système formé par les x\ satisfait à la pre­
mière condition, il engendre un groupe isomorphe à Z^, donc n ^ m d'après la
proposition 2.
Soit {x\ ,...,X n } une famille satisfaisant aux deux conditions. Considérons un sys­
tème de générateurs {?/i, . . . , 2/m} de L, puis le système {a;i, . . . , Xn, 2/j } •Pour tout
1 ^ j ^ m II existe des entiers , l ei ¡ij non tous nuis tels que

A l J 2^1 H“ • * * “h ^ n , j ^ n "1“ l ^ j U j ~ 0

d'après la seconde condition. La première condition implique que fij ^ 0 . Notons


F le sous-groupe de L engendré par { x i, ... ^Xn}, il est isomorphe à Z^.
Soit t = les relations précédentes montrent que pour tout j on a tyj G
F , donc tL c F , puisque les yj engendrent L. Il en résulte que le sous-groupe tL
de F est isomorphe à Z^, k ^ n .
Par ailleurs, comme t^ O donc L est isomorphe à tL via l'application qui a x G L
associe tx. Cet homomorphisme est surjectif par définition, il est injectif parce
que le groupe est sans torsion. On en conclut que L est isomorphe à Z^. Comme
F = Z^ est un sous-groupe de L = on a forcément n ^ k, donc k = n.
Enfin, on notera que deux systèmes libres maximaux ont même cardinal. Soient
en effet {yi, . . . , yn } et { yj , . . . , y'^,} deux tels systèmes, F et F ' les sous-groupes
qu'ils engendrent. L'argument précédent montre que tF' c F donc que n ^ n'. On
montre de manière similaire l'inégalité n' ^ n, et donc n = n '. si

Démonstrafrion du th éorèm e Le quotient de G par son sous-groupe de


torsion T est un groupe libre L car il est sans torsion et de type fini. Le groupe
G est isomorphe à L 0 T. Ceci résulte du lemme suivant :
L e m m e 1 • Soit n un homomorphisme surjectif d'un groupe abélien sur Z^. Il existe un
homomorphisme s:Z ^ ^ G tel que l'homomorphisme composé n o s soit l'identité de Z^.
S3ém@imstrati©iTi du lernime« Soient e i , . .. ,en les générateurs canoniques de Z^.
Soient e'i, . . . , des éléments de G tels que pour tout i = 1, . . . , n, .
L'application qui à l'élément AiCi H------ associe l'élément Aie'j H---------------- h A^e^
est un homomorphisme de Z^ dans G qui satisfait à la condition requise. b

On revient à la démonstration du théorème. Le groupe L est isomorphe à Z^


pour un certain entier n. Soit s un homomorphisme de L dans G tel que n o s
soit l'identité de L, où n : G ^ L est la projection canonique. Pour tout x G G
l'élément x —s{n{x)) est dans le sous-groupe de torsion. Il suffit de vérifier que

40 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


7t ( x - so 7t( x ) ) = 0, mais on a
7t( x — s o 7t( x )) = 7t( x ) — ( tT O s )(7 t( x ) ) = 7t( x ) — 7t( x ) = 0.

Considérons alors l'homomorphisme de G dans L 0 T qui à


X I---- > (7t ( x ) , X — s (7t( x ) ) ) .

C'est un isomorphisme car il admet pour inverse l'homomorphisme qui à (x^y)


associe s(x) -hy.
Démontrons maintenant que si on a deux décompositions on a forcément L = V
et T = T '. Les groupes T et T' sont nécessairement tous les deux isomorphes au
sous-groupe de torsion de G, donc ils sont isomorphes, les groupes L et L' sont
eux tous les deux isomorphes au quotient de G par son sous-groupe de torsion.
Ils sont donc tous les deux isomorphes. m

Voici un exemple de sous-groupe de . On considère le sous-ensemble T des (x , y yz , t)


tels que a:-h 2y + 3z = 0 et 2y + 5 i = 0. Les éléments e = (3 ,0 ,—1,0) et e' = ( —1 0,5,0,—2)
sont dans T . Cest un système générateur libre de T . Soit en effet v = (x , y, z , t) G T , de la
seconde équation on déduit que 5 1y et 2 1 En particulier w = v — - e ^ es\ encore dans T .
5 ^
Soit w est de la forme (rr', 0 ,2:', 0), x ' est divisible par 3 et est égal à — e. Le sous-groupe
0
est isomorphe à Z ^.

5. Structure des groupes abéliens de type fini de


torsion
Dans cette section nous allons étudier le cas des groupes de torsion. La formulation
proposée est due à A. Liuleviçius. Voici l'énoncé principal :

T h é o r è m e 1 • Soit G un groupe abélien fini, c'est-à-dire un groupe égal à son sous-groupe


de torsion. Il existe une unique suite d'entiers strictement supérieurs à 1, (mi,... ,mn),
tels que :
► pour tout i, 1 ^ i < n —1, rrii+i I mi ;
► le groupe G est isomorphe à Z jm iZ x •••x

Les entiers mi sont appelés les facteurs invariants du groupe.


Avant d'entamer la démonstration de ce théorème énonçons et démontrons un
lemme.
Lemme 1 • Soit G un groupe abélien fini dont l'ordre de tous les éléments divise un
entier n donné. Soit H un sous-groupe de G, et soit </>: i/ —>Z/nZ un homomorphisme.
I
«3
HJ
Il existe un homomorphisme 'ip : G Ijjn lj tel que 'ip restreint à H soit égal à (p.
I
§P
Q
® 1.5 - STRUCTURE DES GROUPES ABELIENS DE TYPE FINI DE TORSION 41
D é m o n s t r a t i o n d u l e m m e . Supposons d'abord que G soit engendré par H
et un élément x e G. Ceci signifie que tout élément de G s'écrit sous la forme
h + Xx, pour h e H et A e Z. Cette écriture n'est pas nécessairement unique. Si
on a h X x = h' A'x, on a /i - /i' = (A' - X)x e H n {x ). Le sous-groupe {x) est
isomorphe à Z/fcZ, k désignant l'ordre de x, par hypothèse k\n. Le sous-groupe
H n {x) de (x) est cyclique et admet pour générateur un multiple de x de la forme
Ix avec 11k (corollaire 2, section 2).
Considérons maintenant la valeur y = <l){lx) G Z/nZ. Il existe un élément w e ’Lln'L
tel que Iw = y, ^n effet, pour que ceci ait lieu il faut et suffit que y 2/= 0 (corollaire
à la proposition 9 de la section 1). Or on a
f y= f = <t>qix)= <t>{nx)= m = o.

Ayant choisi un tel élément w, définissons -0 par la formule


'ip{h H- Xx) = (j){h) -h Xw .
Vérifions que ceci est bien défini. Si on a h X x = h' X'x, on doit montrer que
(¡){h) -j- Xw = 0(/i') + X'w, soit (j){h —ft') = (A' —X)w.
Mais
(A' - A)x = ft - ft' G i î n {x ) ,

donc (A' - A)x = alx, en particulier


x! — X = a l m o d k .

Donc
<p{h —ft') = (j){a{lx)) = a(j){lx) = ay = a lw ,
et
Xw —X!w = —a lw ,
car l'ordre de w est un diviseur de k. L'application est donc bien définie.
La démonstration du lemme s'achève par une récurrence. Le groupe G est engen­
dré par H et un nombre fini d'éléments Xi, i = 1,..., fc. On fait une récurrence sur i
variant de 1 à fc. On vient de faire le pas initial de la récurrence. On suppose avoir
prolongé l'homomorphisme au sous-groupe engendré par et , . . . , . De nou­
veau, on prolonge à celui engendré par i f et x i , . . . , comme il a été indiqué, b

Démonstration du théorèmoe Considérons un élément x d'ordre maximal m i


de G, un tel élément existe car G est fini. En fait, d'après le corollaire 2 à la
proposition 2 de la section 3, l'ordre de tout autre élément de G divise mi. Le
sous-groupe engendré par x est isomorphe à Zim iZ,
On peut alors appliquer le lemme 1 au sous-groupe lLlm\L de G, avec 0 l'iden­
tité Id de Zfm iZ. Il existe donc n i G ^ Z¡m\Z qui restreint à Z fm iZ est l'identité.

42 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


L'homomorphisme тг composé à l'inclusion i de Z/miZ dans G détermine un ho­
momorphisme P de G dans lui-même, on a pop=p. Définissons un homomorphisme
de G dans Z/miZ 0 Кег(тг) par
X I— > (тг(х), X — v {x )) .
C'est un isomorphisme, car il admet pour isomorphisme réciproque :
{x,y) I— > i{x)-V y.
On peut alors faire une récurrence, car l'ordre des éléments de Кег(тг) divise m\
et soit donc Ш2 l'ordre maximal d'un élément de Кег(тг) ...
On va maintenant démontrer l'unicité des m i. Supposons que l'on ait un isomor­
phisme de G avec %jm\L x •••x Z/rrinZ et avec Ъ1т[Ъ x •••x Z/m^,Z avec les
conditions requises sur les rrii et sur les m '. Soit p un nombre premier divisant
гпп- L'ensemble des éléments d'ordre p de
• • • X L/rrin^

et donc de G est isomorphe au produit de n copies de Z/pZ, et a donc p^ éléments.


Supposons que n' < n alors
Z / m ' i Z X • • • X Z / m '^ / Z

a au plus éléments d'ordre p. On en déduit que n —n' et que tout nombre


premier divisant run divise m!^.
Faisons alors une hypothèse de récurrence sur l'ordre de G. Et soit p divisant rrin
et . Le sous-groupe pG de G est isomorphe à

'^ Z x . X I ji /ГПп
P / P
et à
Г77 fm'Tl r
— Z X •••xZ /
V / P '

On en déduit par récurrence que, pour tout i, on a ~ résultat, s

I
Voici un exemple : Soit le groupe
G= X Z /3 8 Z X Z /2 1 Z ,
rappelons que l'on a :
I G^ Z /2 Z X Z /8 Z X Z /3 Z x Z /3 Z x Z /7 Z x Z /1 9 Z .
a ce qui se réécrit :
0)
‘a
8 G^ (Z /2 Z X Z /3 Z ) X (Z /8 Z x Z /3 Z x Z /7 Z x Z /1 9 Z ) ,

I
ce
soit
G ^Z/6ZxZ/3192Z.
I

Q
1.5 - STRUCTURE DES GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI DE TORSION 43
H H nnH H nH BB Exercices bw w b m w m — i^ ^
Certains exercices font appel à des définitions énoncées au chapitre 2. Entre autres
celle du groupe symétrique, le lecteur, au cas il ne saurait pas cette définition, s'y
reportera.

I. G é n é r a lit é s

1. a) Soit G un groupe dont tous les éléments, distincts de l'élément neutre, sont
d'ordre 2. Montrer qu'il est commutatif.
b) Montrer que si G est fini son cardinal est une puissance de 2, on pourra
raisonner par récurrence sur l'ordre de G,
c) Montrer que G est isomorphe au groupe {Zf2Z)‘^.

2. Écrire la table de tous les groupes à 4 et 6 éléments.

3. Soit P un nombre premier, montrer que tout groupe d'ordre 2p contient un élément
d'ordre P, on utilisera l'exercice 1.

4. Pour quelles valeurs de n l'entier —2n + 7 est-il divisible par 3, 5 et 7 ?

5. Trouver les solutions entières de :


(5x-\-3y = l
\ x + 2y = 4
pour la relation de congruence modulo 3, respectivement pour la relation de
congruence modulo 7.

6. Supposons donnés un groupe abélien G, un sous-groupe H, et un homomorphisme


fp à e H dans Q. On suppose de plus que G est engendré par H et par un élément
X. Montrer qu'il existe un homomorphisme ^ de G dans Q, qui restreint à H,
est égal à p. On fera attention à ce que l'intersection du sous-groupe engendré
par X avec H n'est pas nécessairement réduite à {0}.

7. Montrer que les matrices


0 1 0 1 -1 0
1 0 1 1 0 -1

forment un système générateur de G L2(Z).

II. S o u s - g r o u p e s d is t in g u é s , g r o u p e s q u o tie n t s

1. Soient G un groupe et H un sous-groupe tel que l'ensemble G /H ait deux


éléments. Montrer que H est distingué dans G.

44 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


**' 2. a) Soit G un groupe, on appelle commutateur un élément de G de la forme
xyx~^y~^, x,y e G. On appelle groupe dérivé de G et on note D{G) le sous-
groupe engendré par les commutateurs. Montrer que D{G) est distingué dans
G. Montrer que le groupe quotient G/D{G) est commutatif.
b) Montrer que tout homomorphisme de G dans dans un groupe abélien A factorise
au travers de G/D{G). On appelle G/D{G) l'abélianisé de G.
c) Calculer D{G) pour 6 3 , 6 4 .

3. a) Montrer que le groupe Q/Z a un sous-groupe à n éléments et un seul,


b) Montrer que le quotient de Q/Z par un sous-groupe fini est isomorphe à

4. Déterminer tous les homomorphismes de Q/Z dans Z.

5. On considère le groupe quotient Q/Z. Supposons donnés un groupe abélien G,


un sous-groupe H, et un homomorphisme cp de H dans Q/Z. On suppose de
plus que G est engendré par H et un élément supplémentaire æ. Montrer qu'il
existe un homomorphisme ^ de G dans Q/Z qui restreint à H est égal à (p.

6. a) Soit P un nombre premier. On note Z/p^ le sous-ensemble de Q/Z constitué


par les classes des fractions fc G Z. Montrer que c'est un sous-groupe.
b) Déterminer l'ensemble des homomorphismes de Z/p^ dans lui même :
on montrera que c'est un groupe G pour l'addition; puis qu'il existe un
homomorphisme surjectif pn : G Z tel que pour tout n on ait Pn^Pn = P n -i/
où Pn est la surjection canonique pn : Z/p^ Z/p^“^. On montrera enfin qu'un
homomorphisme g est déterminé par la suite des Pn{g)-

7. Soit G un groupe. Montrer que le centre Z (G) de G est un sous-groupe distingué.


^ Montrer que pour tout automorphisme -0 du groupe G on a 'ijj{Z{G)) C Z(G).

8. Soit G un groupe, montrer que, si le groupe quotient GjZ{G) est cyclique, le


/ groupe G est abélien.

9 . a) (Voir [Del]) Montrer que si G/Z(G) est fini il en est de même de D{G)
(exercice 3). On commencera par montrer que l'ensemble des commutateurs
de paires d'éléments de G est fini et stable par les automorphismes intérieurs.
Majorer le cardinal t de cet ensemble en fonction du cardinal n du groupe
quotient. On notera £ ce cardinal.
b) Montrer que si 7 est un commutateur sont des commutateurs un produit de
P -f g commutateurs comportant 7 au moins p fois peut se réécrire sous la forme
a
cd où U est un produit de q commutateurs.
I

Q
EXERCICES 45
c) Montrer que l'on a la relation :
[ x , y ^ ] [ y x y ~ ^ = [æ,î/]"+‘ ,
pour tout X et y, on rappelle que [x^y] = xyx~^y~^. Montrer jfinalement qu'on
peut ramener tout produit de commutateurs à au plus nê termes.

10. Soient G un groupe et üT et K deux sous-groupes. Montrer que l'ensemble H K


est un sous-groupe si et seulement si il est égal au sous-ensemble K H .

11. Soient G un groupe ei H et K des sous-groupes. Monter que si les cardinaux de


G /H et de G /K sont finis et premiers entre eux alors G = H K .

12. Montrer que 63 est un produit semi-direct. Montrer que le groupe orthogonal
0(2) est le produit semi-direct de Z/2Z et de 5 0 (2 ).

13. Calculer le centre des groupes Og et Q. Calculer les groupes quotients. De même
rechercher les groupes dérivés D{G) pour Og et Q et déterminer les groupes
abélianisés.

14. a) Montrer que tous les sous-groupes du groupe quaternionien Q sont distingués.
Montrer que le groupe Q n'est pas le produit semi-direct d'un groupe d'ordre
2 par un groupe d'ordre 4.
b) Identifier Q à un sous-groupe de GL2(C).

15. Décrire tous les groupes d'ordre 8. On commencera par décrire tous les groupes
abéliens, puis on passera au cas non abélien.

III. G r o u p e s a b é lie n S / g r o u p e s a b é lie n s d e t y p e f in i

1. a) Montrer que Q n'a pas de système générateur libre.


b) Montrer que tout sous-groupe de Q ayant un nombre fini de générateurs est
isomorphe à Z.
c) Le résultat précédent reste t'il vrai si on remplace Q par M. ?

2. Écrire la décomposition primaire des groupes suivants :


X
X
X Z /4 8 Z X Z /5 4 Z X

3. Trouver les facteurs invariants des groupes suivants


X Z/15Z X

I- Z/27Z X Z/24Z X Z/55Z,


X Z/48Z X

46 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


4. On dit qu'un élément x dans un groupe abélien G est infiniment divisible si pour
tout entier n non nul il existe un élément de G tel que ny = x. Montrer que le
groupe quotient contient des éléments non nuis infiniment divisibles. On
rappelle que Z^^ est l'ensemble des suites d'entiers, et que Z^ est l'ensemble des
suites d'entiers nuis, sauf pour un nombre fini d'entre eux.

5. Soit î; = (ai, . . . , an) G Z^. Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes :
► il existe un homomorphisme ¡i: Z^ ^ Z tel que ii{v) = 1,
► les entiers a i, . . . , an sont premiers entre eux dans leur ensemble,
► il existe une matrice (n, n) à coefficients entiers de déterminant égal à 1 dont
la première colonne est v.

6. Montrer que les automorphismes de (resp. (Z/4Z)^) sont en bijection


avec les matrices (2,2) à coefficients dans Z/2Z de déterminant non-nul (resp. les
matrices (2,2) à coefficients dans Z/4Z de déterminant inversible).

7. a) Décrire le groupe des automorphismes de (Z/2Z)^. Montrer qu'il est isomorphe


au groupe symétrique 6 3 .
b) Décrire le groupe des automorphismes de (Z/2Z) x Z/4Z : construire un
homomorphisme dans le groupe des automorphismes de (Z/2Z)^. Déterminer
l'image et le noyau de cet homomorphisme. Calculer le cardinal du groupe et
l'identifier.
c) Décrire le groupe des automorphismes de (Z/4Z)^ : en construire un quotient
isomorphe au groupe des automorphismes de (Z/2Z)^. Expliciter le noyau de
l'application quotient.

Quelques réponses ou indications


G é n é r a lit é s
1. a) Utiliser la relation {xy^ = 1 : x y x y = 1 implique x y = y~^x~^, soit xy = yx , car x = x~^
T3 et y = y-^.
b) c) On considère un élément d'ordre 2, le sous-groupe qu'il engendre, le quotient de G
par ce sous-groupe et on fait une récurrence.
2. Pour ce qui est des groupes d'ordre 4, selon que le groupe a ou n'a pas un élément d'ordre
4 on a à considérer les groupes Z/4Z ou Z/2Z x Z/2Z.
Pour ce qui est des groupes d'ordre 6, on montre que si le groupe est abélien il est
isomorphe à Z/2Z x Z/3Z et que s'il est non-abélien il l'est au groupe symétrique 6 3 . En
effet, en utilisant l'exercice 1 on montre qu'il y a au moins un élément d'ordre 3. Puis on
montre qu'il y a au moins un élément d'ordre 2 par un argument de comptage car les

Q
® EXERCICES 47
é lé m e n ts c d 'o r d r e 3 v o n t p a r p a ir e (c e t c^). L e g r o u p e 6 3 e s t is o m o r p h e à D 3 , v o ic i s a
tab le e n n o ta n t c u n é lé m e n t d 'o r d r e 3 e t r u n é lé m e n t d 'o r d r e 2 :

e TC TC"
e e c c TC Tc2
c c C2 e TC TC

C2 c2 e c TC TC T

r r TC rc2 e c C2
TC TC rc2 r c2 C

^^2 rc2 r TC c e

3. O b s e r v e r q u e le s é lé m e n ts d istin c ts d e l'é lé m e n t n e u tre so n t d 'o r d r e 2 o u p , p u i s m o n tre r


à l'a id e d e l'e x e rc ic e 1 q u 'il y e n a a u m o in s u n d 'o r d r e p .

6 . S o it ip l'e x te n s io n ch erch ée. S i l'é lé m e n t x e s t d e to rsio n o n p o s e = 0. S in o n o n


c o n sid è re le p l u s p e tit e n tie r p o s it if n o n n u l tel q u e n x e H et o n p o se

D a n s le s d e u x c a s q n d o it v é rifie r q u e ceci d é te r m in e b ie n u n h o m o m o r p h is m e .

7. S o it H le s o u s - g r o u p e e n g e n d r é p a r le s m a tric e s c o n sid é ré e s. M o n tre r q u e le s m a tric e s

GZ , âo n t d a n s H . P u is, e n u tilisa n t la d iv is io n e u c lid ie n n e , m o n tre r q u 'e n m u ltip lia n t à


g a u c h e et à d r o ite p a r d e s m a tric e s d e H u n e m a tric e A q u e lc o n q u e , o n p e u t a n n u le r u n
co efficien t.

II. S o u s - g r o u p e s d is t in g u é s , g r o u p e s q u o t ie n t s

2. a) b) O b s e r v e r q u e le g r o u p e d é riv é e s t c o n te n u d a n s le n o y a u d e to u t h o m o m o r p h is m e d e
G v e r s u n g r o u p e a b é lie n et a p p liq u e r la fa c to risa tio n c a n o n iq u e .

c) O n tro u v e le s g r o u p e s a lte rn é s tjé'z et .

3. a) Il s 'a g it d u s o u s - g r o u p e c o n stitu é p a r le s c la s s e s d 'é lé m e n ts d e la fo rm e a v e c a en tier.

b) S i n e s t l'o rd re d u g r o u p e p a r le q u e l o n q u o tie n te c o n sid é re r la m u ltip lic a tio n p a r n d e


Q / Z d a n s lu i m ê m e .

4. D a n s Q / Z t o u s le s é lé m e n ts s o n t d e to rsio n , il n e p e u t d o n c y a v o ir d 'h o m o m o r p h ism e


n o n triv ia l d a n s u n g r o u p e s a n s é lé m e n ts n o n triv ia u x d e to rsio n .

5. O n r e p re n d la d é m o n s tr a tio n d u le m m e 2 d e la d e rn iè re se c tio n d u c h a p itre . L e p o in t


fo n d a m e n ta l e s t d e r e m a rq u e r q u e p o u r to u t x GQ / Z e t to u t n n o n n u l, il e x iste y G'
tel q u e n y = x .

48 GROUPES GROUPES QUOTIENTSXGROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


6 . b) É ta n t d o n n é u n h o m o m o r p h is m e o n o b s e r v e q u e s a re stric tio n a u s o u s - g r o u p e
p r e n d v a le u r s d a n s Z/p^^Z.

8 . C h o isir un re lè v e m e n t du g é n é r a te u r g de G IZ {G ), o b se rv e r que ce re lè v e m e n t
et Z {G ) e n g e n d re n t G. D onc to u t é lé m e n t s 'é c r it g^z, z € Z {G ). On a a lo rs
g ^ z g ^ z ' = g ^ z z ' g^'- = z z ' g ^ g ^ = z' g^'^zg^.

9. a) O n c h o isit u n s y stè m e (fin i !) d e r e p r é s e n ta n ts d u g r o u p e q u o tie n t d a n s G. C 'e st-


à -d ire q u 'o n c h o isit p o u r c h a q u e é lé m e n t d u q u o tie n t u n é lé m e n t d e G d o n t il e st
l'im a g e . P u is on m o n tre q u 'il s u ffit de p ren d re le s c o m m u ta te u r s et p r o d u it s de
c o m m u ta te u r s d e c e s é lé m e n ts p o u r a v o ir t o u s le s c o m m u ta te u r s . P u is o n u tilise q u e
zxyx ^z ^ = z x z ^zyz~ ^zx ^z ^zy
b ) O n é c rit l'é lé m e n t c o n s id é r é x i . . . U k j x fa is a n t a p p a r a îtr e la p r e m iè r e o c c u rre n c e d e 7 .
L 'é lé m e n t x e s t d o n c p r o d u it d e p - \ - q — l — k te r m e s e t fa it a p p a r a îtr e 7 p - 1 fo is. O n p e u t
a p p liq u e r u n e h y p o th è s e d e ré c u rre n c e . P o u r la d é b u te r o n re m a r q u e q u e ti7 = 7 7 “ ^U7 .
c) P o u r d é m o n tre r la fo rm u le o n u tilis e l'h y p o th è s e : s i u e s t u n c o m m u ta te u r est d a n s
le cen tre.

10. In tr o d u ire le s o u s - g r o u p e H n l < e t c o m p a r e r d iffé r e n ts in d ic e s e n u tilis a n t la c o n d itio n d e


p rim a lité .

11. A p p liq u e r la c a r a c té r isa tio n d e s p r o d u it s se m i-d ir e c ts a u s o u s - g r o u p e s d u g r o u p e affin e


c o n stitu é s d 'u n e p a r t p a r le s t r a n s la tio n s e t d 'a u t r e p a r t p a r le s t r a n s fo r m a tio n s lin é a ire s.

12. A p p liq u e r la c a r a c té r isa tio n d e s p r o d u it s s e m i- d ir e c ts a u x s o u s - g r o u p e s d e 0 ( 2 ) c o n stitu é s


d 'u n e p a r t p a r S O { 2 ) e t d 'a u tr e p a r t p a r

(-) ( - “0 -
13. O n tro u v e d a n s le s d e u x c a s Z / 2 Z c o m m e c e n tre e t Z / 2 Z x Z / 2 Z c o m m e q u o tie n t. L e
g r o u p e d é r iv é e st le cen tre d a n s le s d e u x c a s.

14. a) U tilise r la tab le o u l'e x e rc ic e 1.


b) S e re p o rte r a u c h a p itre 6 et à la se c tio n s u r le s q u a te r n io n s .

15. P o u r le s g r o u p e s a b é lie n s u tilis e r le th é o r è m e g é n é ra l. P o u r le s g r o u p e s n o n -a b é lie n s, o n


m o n tre q u e G e s t is o m o r p h e a D g o u a Q . P o u r d is tin g u e r le s c a s o n p o u r r a d is c u te r
en fo n c tio n d u n o m b re d 'é lé m e n ts d 'o r d r e 4. O n m o n tre ra é g a le m e n t q u 'il y a to u jo u rs
u n s o u s - g r o u p e d 'o r d r e 4 , q u e l'o n a p p e lle r a H . O n d is tin g u e r a s u iv a n t le s c a s s e lo n q u e
la p ro je c tio n tt : G G f H a d m e t u n h o m o m o r p h is m e ré c ip r o q u e s (i.e. s o n = I d c / h ) à
g a u c h e o u n on .

III. G r o u p e s a b é lie n s , g r o u p e s a b é lie n s d e t y p e fin i


1. M o n tre r e n p a rtic u lie r q u 'il n 'y a p a s d e s y s t è m e s lib r e s à 2 é lé m e n ts, p u is q u e p o u r q u e ls
q u e so ie n t le s ra tio n n e ls n o n n u is a et 6 o n p e u t t o u jo u r s tro u v e r u n e n tie r k tel q u e
k a 4 - k b = 0. P o u r la se c o n d e q u e s tio n o n fe ra u n e ré c u rre n c e s u r le n o m b re d e g é n é ra te u r s.

P o u r la d e rn iè re la ré p o n se e st n o n , o n c o n s id é r e r a le s o u s - g r o u p e e n g e n d r é p a r 1 e t \ / 2 .

4. C o n sid é re r la s u ite ( 1 , 2 !, 3 ! , . . . , n ! , . . . ) .

EXERCICES 49
5. É crire la fo r m e g é n é r a le d 'u n h o m o m o r p h is m e d e IP- d a n s Z e t u tilis e r B é z o u t et le
d é v e lo p p e m e n t d u d é te r m in a n t.

6. E x p r im e r le s i m a g e s d e s g é n é r a te u r s p a r u n a u to m o r p h is m e c o m m e c o m b in a is o n lin é a ire s d e s
g é n é r a te u r s . P u is p r o c é d e r c o m m e d 'o r d in a ir e e n a lg è b r e lin é a ire e n v é rifia n t s o ig n e u s e m e n t
le s é ta p e s .

7. a) S e r e p o rte r a u c h a p itre 2, é tu d ie r l'a c tio n d u g r o u p e d e s a u to m o r p h is m e s s u r Z / 2 Z x Z / 2 Z


et m o n tre r q u 'il la is s e in v a r ia n t le s o u s - e n se m b le d e s é lé m e n ts n o n n u is, e t d o n c e n in d u it
u n e p e r m u ta tio n , o r ce t e n s e m b le a 3 é lé m e n ts.

b) O n c o n s id è r e le s o u s - g r o u p e Z /2 Z x Z /2 Z d e Z / 4 Z x Z / 2 Z . À u n a u to m o r p h is m e
d e Z /4 Z X Z /2 Z o n a s s o c ie s a re stric tio n à ce s o u s - g r o u p e . C 'e s t u n a u to m o r p h is m e
d e Z / 2 Z X Z / 2 Z . O n m o n tre ra q u e l'im a g e e s t d 'o r d r e 2 e n c o n s id é r a n t l'a c tio n s u r
le s g é n é r a te u r s d e Z / 4 Z x Z / 2 Z : o n o b s e r v e r a q u 'o n o b tie n t d e s m a tric e s t r ia n g u la ir e s
s u p é r ie u r e s. L e n o y a u e s t is o m o r p h e a u g r o u p e d e s a u to m o r p h is m e s d e Z / 4 Z x Z / 2 Z
la is s a n t fix e Z / 2 Z x Z / 2 Z : le s a u to m o r p h is m e s d e Z / 4 Z , s o it Z /2 Z .

c) O n c o n sid è re le s o u s - g r o u p e Z / 2 Z x Z / 2 Z d e Z / 4 Z x Z /4 Z . À u n a u to m o r p h is m e d e
Z / 4 Z X Z / 4 Z o n a s s o c ie s a re stric tio n à ce s o u s - g r o u p e . O n m o n tre ra d a n s ce c a s q u e
l'h o m o m o r p h is m e e st s u r je c tif e n f a is a n t u n e c o n str u c tio n e x p lic ite : u n a u to m o r p h is m e
d e Z / 2 Z X Z / 2 Z e s t d o n n é p a r u n e m a tric e (2 ,2 ) à c o e ffic ie n ts d a n s Z / 2 Z d e d é te r m in a n t
n o n -n u l, u n a u to m o r p h is m e d e Z / 4 Z x Z / 4 Z e s t d o n n é p a r u n e m a tric e (2 ,2 ) à c o e ffic ie n ts
d a n s Z / 4 Z d e d é te r m in a n t in v e rsib le . D o n c é ta n t d o n n é e u n e m a tric e ( 2 , 2 ) à c o e ffic ie n ts
d a n s Z / 2 Z d e d é te r m in a n t n o n -n u l o n tr o u v e r a u n e m a tric e (2 ,2 ) à c o e ffic ie n ts d a n s Z / 4 Z
d e d é te r m in a n t in v e rs ib le d o n t la ré d u c tio n m o d u lo 2 e s t la m a tric e in itiale . P o u r ce q u i
e s t d u n o y a u m o n tre r q u 'il e s t is o m o r p h e à Z / 2 Z x Z /2 Z e n c o n s id é r a n t le s m a tric e s (2 ,2 )
à c o e ffic ie n ts d a n s Z / 4 Z la is s a n t fix e Z / 2 Z x Z / 2 Z C Z / 4 Z x Z / 4 Z

50 GROUPES GROUPES QUOTIENTS GROUPES ABÉLIENS DE TYPE FINI - C hap. 1


chapitre 2

Actions de groupes
Groupes symétriques
Ce chapitre est consacré à l'étude des actions de groupes sur des ensembles. Les
groupes apparaissent le plus souvent dans ce contexte et non pour eux-mêmes.
C'est le cas en géométrie : par exemple les groupes laissant invariants des polyèdres
ou tout autre figure géométrique.
L'action d'un groupe sur lui-même par conjugaison est un outil puissant pour
comprendre sa structure. On le verra à l'occasion de l'étude des théorèmes de
Sylow. De ce point de vue, c'est également une méthode utile pour classifier les
«petits» groupes finis à isomorphisme près. On donnera des exemples dans le
cours, et d'autres dans les exercices.
Enfin, le groupe symétrique mérite une étude à part, à cause de la grande variété
de situations où il apparaît, et à cause de ses liens avec la combinatoire. On en
décrira les classes de conjugaison, ainsi que des systèmes de générateurs.

1. Actions de groupes, exem ples


Commençons par introduire les définitions de base, soient G un groupe et S un
ensemble.

I D é f in it io n 1
On appelle action à gauche de G sur S une application (j):G x S S telle que :
► l'application s 0(l,s) est l'application identité de S,
► pour tous g,g' e G, s e S on a :

s <!>{99\s ) = <!){g,<t>{g' , s ) ) .
I
73

® 2.1 - ACTIONS DE GROUPES, EXEMPLES 51


Pour alléger les notations on écrira la plupart du temps g.s ou gs à la place de
Ф{д,8).
On peut aussi définir aussi des actions à droite, ce ne sera pas utile ici et comme
dans la suite on considérera uniquement le cas des actions à gauche on dira
simplement « action ».
On va donner maintenant une définition équivalente à la définition 1. Considérons
donc une action d'un groupe G sur un ensemble 5. Soit g e G , définissons une
application
фд : S - y S par фд(з) = ф{д, s ) .
Observons d'abord que l'application фд est une bijection. On sait que ф\ est
l'identité. La seconde condition de la définition 1 où l'on substitue à l'élément g'
l'élément g~^ montre que фд о фд-i est l'identité de E . De même on montre que
фд^ Oфд = Ф1. Donc les applications фд et фд-\ sont réciproques l'une de l'autre.

Proposition 1. L'application д ^ ф д est un homomorphisme de G dans 9^{S). On


l'appellera /Ъomomorphisme associé.

Démonstration. On observe que la deuxième condition de la définition 1 se


réécrit фдд! =фд Oфд! . Св qu'on a en déjà utilisé dans le cas où g' =g~^. Détaillons
un peu, soit s G 5 on a :

Фдд' (s) = Ф(99', «) = Ф{9уФ{9'у8)) = фд{фд> (s) ) .


ce qui est bien le résultat cherché. и

Considérons maintenant la situation réciproque : soient de nouveau G un groupe


et S un ensemble. Supposons donné un homomorphisme ф de G dans ^ { S ) . La
formule ф{д,з) = ф{д){з) détermine une action à gauche de de G sur S. En effet
on a :
ф{ 1,з) = </>(l)(5 ) = Id 5 (5 ) = S

et
s) = H99'){s) = (I>{9){<t>i9'){s)) = (/){gy s) ) ,
pour tous g, g' e G et s e S.
Nous allons maintenant décrire des exemples fondamentaux.
Soit S un ensemble ; le groupe ^{S ) agit sur S par l'application ^{S ) x S S
donnée par
(0, s)i— >(¡>{s) 0 G ^ (5 ), se S.
L'homomorphisme associé est l'identité de ^ {S ).

52 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


Soit G un sous-groupe de ^ (5 ). L'application ^ {S ) x S ^ S restreinte a G x S
détermine une action de G sur 5. L'homomorphisme associé de G dans ^ (5 ) est
l'inclusion de G dans ^ (5 ). On dit que l'on restreint l'action à G. Par exemple
si K est un corps et si S = E est un K-espace vectoriel, on peut se restreindre au
sous-groupe GL(£?) de ^ (5 ) constitué par les bijections K-linéaires. De même, si
K = M et si E" est muni d'un produit scalaire, on peut se restreindre au sous-groupe
0 { E ) des transformations orthonormales.
Un autre exemple capital est celui de l'action des groupes symétriques sur les
polynômes en plusieurs variables.
Soit IK[Xi,... ,Xn] l'algèbre des polynômes en n variables sur K. Soient 6n le
groupe symétrique, a G 6 n , et P G K [X i, . . . , Xn]. Posons

Cette formule détermine une action à gauche de 6n sur K[X\, . . . , . Les éléments
fixes de cette action seront décrits au chapitre 3.

Action par translation


Soit G un groupe, on le fait agir sur lui-même par translation à gauche, en définis­
sant Ф : G X G ^ G par ф{д, h) = gh. L'application фд est donnée par фд{Н) = gh.
Cette action s'appelle l'action de translation à gauche de G sur lui-même.
L'homomorphisme ainsi déterminé de G dans ^ {G ) est injectif. En effet si on a
фд = l à c , c'est-à-dire фд{Ь) = h pour tout h e G cela entraîne que g = e.
Supposons G fini et soit ^ G = n. Le groupe ^ (G ) est isomorphe au groupe
symétrique 6n (voir section 4). On obtient :

T h é o r è m e 1 ( C a y l e y ) . Tout groupe fini est isomorphe à un sous-groupe d'un groupe


symétrique.

Démonstration. En effet on a démontré qu'il existait un homomorphisme injectif


I de G dans ^ {G ) = 6n ; le groupe G est isomorphe à son image. h

On peut généraliser la construction précédente de la manière suivante. Soient G


un groupe et H un sous-groupe. L'application de
I G x G IH ^ G f H ,
î
'eu {g,g'H )\ -^gg'H
8O
-» J
яO. détermine une action de G sur G /H . Soit 4>h l'homomorphisme associé de G
dans ^ {G /H ).

Q
© 2.1 - ACTIONS DE GROUPES, EXEMPLES 53
Il est intéressant dans ce cas d'étudier le noyau de l'homomorphisme associé :

Proposition 2» Le noyau de l'homomorphisme associé <I)h est le sous-groupe


f^geogHg-^.

D é m o n s t r a t i o n » Soit k un élément du noyau. Pour tout élément g e G on a


kg H = gH, soit k G gHg~^. Réciproquement soit x appartenant à gHg~^. Pour
tout élément ^ de G on a
X G gH g~^,

donc X = ghg~^ pour un certain h e H. Donc on a xgH = ghg~^gH = ghH = gH.


On en conclut que xgH = gH pour tout g e G, donc que x G Ker(0if ). m

Le groupe r\geG9Hg~^ est distingué par construction. C'est en fait le plus grand
sous-groupe distingué de G contenu dans H : tout sous-groupe distingué de G
contenu dans H est contenu dedans.

Action par conjugaison d'un groupe sur lui-même


Soit G un groupe, l'application suivante G x G ^ G, (p, ft) »-> ghg~^ définit une
action de G sur lui-même, appelée action par conjugaison. L'homomorphisme de
G dans ^ {G ) associé est la composition de l'homomorphisme de G dans Aut(G)
qui à g associe l'automorphisme intérieur ig, suivit de l'inclusion de Aut(G) dans
^ (G ).

Définition 2

I Soit G un groupe et soient x et y deux éléments de G. On dit que x et y sont


conjugués dans G s'il existe y G G tel que gxg~^ = y.

Proposition 3* La relation de conjugaison est une relation d'équivalence dans G.

D é m o n s t r a t i o n » La réflexivité est claire, on prend g = 1. Pour la symétrie, si


on a gxg~^ = y on a g~^yg = x. Enfin pour la transitivité si on a gxg~^ = y et
9'yg'~^ = Z on a yy'x(yy')"^ = ■

Terminons cette section par des définitions.


Définition 3
L'ensemble des éléments conjugués à un élément x de G est appelé sa classe de
conjugaison.

54 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


Par exemple dans un groupe abélien toute classe de conjugaison est réduite à un
élément. Dans le cas du groupe Dg, reprenant les notations du chapitre 1, on
trouve comme classes de conjugaison {e}, {a^}, {a,a^}, {6,6a^}, et {ba,ba^}.
D é f in it io n 4

I Soient A et B deux parties de G on dit qu'elles sont conjuguées s'il existe g e G


tel que gAg~^ = B ,

Soit E un ensemble sur lequel un groupe G agit, et soit x un élément de E , et A


une partie de E :
D é f in it io n 5
On dit que x est un point fixe de l'action si : G G gx = x.

Le fixateur de A dans G est défini et noté par :


F îx g (A) = {g e g \\/a e a, ga = a} ,
Le stabilisateur de A dans G est défini et noté par :
S ta h oiA ) = {g e G \gA = A } .

Le stabilisateur d'une partie A contient, mais est (en général) différent du fixateur.
On dit qu'un élément du stabilisateur de A laisse A fixe globalement, alors qu'un
élément du fixateur laisse A fixe point par point.

P r o p o s i t i o n 4 . Les sous-ensembles de la définition précédente sont des sous-groupes.

D é m o n s t r a tio n . La démonstration est facile, faisons la pour le cas


du stabilisateur. Si on a g^g^ e S t a b a iA ) on veut montrer que gg'^
StabG(A). On a {gg')A = g{g^A) = gA = A. De même si ^G StabG(i4) on a
g~^A = g-^{gA) = {g-^g)A = A. ■

Voici deux exemples de stabilisateur.

Si on considère l'ensemble {1, • • • )Ti } l'ensemble de ses bijections est le groupe symétrique
6 n (section 4). Le stabilisateur du point n est le groupe symétrique 6 n - i •
Soit maintenant G Ln(M ) le groupe des matrices (n ,n ) inversibles à coefficients dans M. Il
agit sur . Le stabilisateur du vecteur ( 1 , 0, . . . , 0) est constitué par les matrices de la forme
'1) î^1,2j J i^l,n ^
0
(B )
0
où B est une matrice (n — 1 , n — 1 ) inversible. On notera que l'ensemble quotient du groupe
I
linéaire par ce sous-groupe est en bijection avec — { 0}.
I

2.1 - ACTIONS DE GROUPES, EXEMPLES 55


2. O rbites, ensem bles transitifs, décomposition en
orbites
Nous allons maintenant étudier de plus près l'action d'un groupe sur un ensemble.
En particulier on décomposera l'ensemble en sous-ensembles « stables » par l'ac­
tion de G. Soit donc G un groupe agissant sur un ensemble E , soit e un élément
de E .

D é f in it io n 1
I On appelle orbite 0 de e sous l'action du groupe G l'ensemble {ge \g e G}.

Par construction, l'orbite ^ de e est stable sous l'action de G. C'est-à-dire que,


pour tout élément x dans ^ et tout g e G , l'élément gx est encore dans En effet,
si p = g'e ona. g p = {gg')e. Ceci veut dire que l'orbite elle-même est un ensemble
muni d'une action de G.
Par exemple, dans le cas de l'action de translation de G sur lui-même ou celui
de l'action par translation sur un ensemble quotient G /H , l'orbite de tout point
est l'ensemble tout entier. En effet on a la relation suivante pour tous g,g' E G :
g'g-^{gH)=g^H,
Dans le cas de l'action par conjugaison, l'orbite d'un élément est sa classe de
conjugaison.
Si on considère un espace vectoriel E sur un corps K, l'orbite sous l'action de
G L(E) d'un vecteur v est réduite à {0} si v = 0, et E - {0} si t; ^ 0.
Revenons au cas général d'un ensemble E muni d'une action d'un groupe G. On
définit une relation sur E en disant que x est en relation avec y si et seulement
si y est dans l'orbite de x. Cette relation est une relation d'équivalence.
Elle est réflexive car ex = x ; symétrique car y = gx implique x = g~^y ; enfin elle
est transitive car y = gx et z = g'y impliquent 2; = g'gx. C'est donc une relation
d'équivalence dont les classes d'équivalence sont les orbites. On en déduit que :
P r o p o s i t i o n 1 • Les orbites de E sous l'action de G constituent une partition de G.

D é f in it io n 2
I Si l'ensemble E sous l'action de G a une seule orbite on dit qu'il est transitif.

Par exemple l'action par translation d'un groupe G sur lui-même ou sur un
quotient G /H est transitive.
En conclusion un ensemble E sur lequel agit un groupe G est réunion de sous-ensembles
transitifs sous l'action de G, à savoir les orbites.

56 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


Structure des ensembles transitifs, applications
On va maintenant décrire les ensembles transitifs. Soient G un groupe, E , E' deux
ensembles munis d'une action de G. On va définir une notion d'isomorphisme
entre ces ensembles.

D é f in it io n 3
On dit que E et £" sont isomorphes s'il existe une application f : E ^ E' telle
que :
► / est une bijection,
► pour tous g e G, s e E on a f{g s) = g f{s).

La seconde condition nous dit que / est compatible aux actions dans les deux
membres. Étant donnée la décomposition en orbites décrite plus haut ceci réduit
l'étude de tous les ensembles munis d'une action d'un groupe G à l'étude des
ensembles de la forme G /H , comme le montre le théorème ci-dessous.

T h é o r è m e 1 . Soit E un ensemble muni d'une action transitive du groupe G. Alors


E est isomorphe, comme ensemble muni d'une action de G, à un ensemble de la forme
G /H muni de l'action par translation, où H est le fixateur d'un point quelconque de E.

D é m o n s t r a t i o n . Soit s un point de E , et soit H le fixateur de s. On définit une


application n de G dans E par 7r{g) = gs. Par définition de H, cette application
factorise au travers de l'espace quotient G /H . En effet deux éléments g et p' ont
même image si et seulement si g~^g' est élément du fixateur de s, soit H. Soit
TT : G /H E l'application induite. Cette application est surjective par hypothèse
de transitivité de l'action de G sur E , Elle est injective par construction, en effet
si on a = g's cela veut dire que g~^g^s = s, donc que g~^g^ est élément du
stabilisateur de s dans G, donc g H = g'H. Enfin l'application ainsi définie vérifie
bien Tt{gg'H) = gg's = g{7r{g'H). ■

Considérons maintenant le cas particulier où E et G sont finis. On a alors des


CS propriétés intéressantes sur les cardinaux.
TJ

C o r o l l a i r e . Si l'ensemble E est transitif sous l'action de G on a :


»P
I # F ix e (s) ’
OÙ s est un point quelconque de E, En particulier l'entier # E divise # G.
§■
I
(X
Ceci montre en particulier que le cardinal du fixateur d'un point d'un ensemble
s transitif E ne dépend pas de ce point.

û
2.2 - ORBITES, ENSEMBLES TRANSITIFS, DÉCOMPOSITION EN ORBITES 57
On a plus :
Proposition 2« Soient G, E un ensemble muni d'une action transitive de G. Soient
s, s' e E, alors F ix a is ) et F ix a is') sont conjugués.

Démonstration. Les détails de la démonstration sont donnés à faire en exercice.


On se contente d'indiquer que si g e F ix a is ) et si s' = hs pour un certain élément
h e G alors hgh~^ G F ix a is'). m

Ce qui implique qu'ils ont même cardinal, car deux parties conjuguées ont même
nombre d'éléments.
Revenons au cas d'un ensemble E muni d'une action de G non nécessairement
transitive. Soit { & i \ i e I ) l'ensemble des orbites. Supposons que 0i = Gsi, Si G E.
Comme les orbites constituent une partition de E, on obtient :
#G
*E =
^iel # F ix a is i)

En application de ce qui précède, on va donner une démonstration du petit théorème de


Fermat. Etant donné un nombre premier p , on veut démontrer que pour tout entier a G N ,
—a est divisible par p. Soit donc A un ensemble fini ayant a éléments. Considérons
l'ensemble et munissons le d'une action de Z /p Z de la manière suivante. Soit ( a i , . . . ,a p )
un élément de A ^ . Soit maintenant k un élément de Z /p Z posons :
ki<i\ } . . . , Otp) = (ai-j-zc, • . . J ap+fc ) .

Dans la formule précédente on identifie une classe de congruence modulo p , û , avec son
représentant compris entre 1 et p . On vérifie que ceci détermine bien une action de Z /p Z
sur A ^ . Les orbites ont soit p éléments, soit 1 élément comme p est premier et que le cardinal
d'une orbite divise p . L'ensemble A^ est donc réunion d'orbites à un élément (les points fixes)
et d'orbites à p éléments. Il en résulte que le cardinal de A^, soit a ^ , est congru modulo p
au cardinal de l'ensemble des points fixes. O r l'ensemble des points fixes est l'ensemble des
éléments diagonaux, c'est-à-dire de la forme ( x , . . . , a;). Il y en a clairement a. Soit le résultat
cherché.

Formule des classes


Considérons maintenant le cas où l'action est la conjugaison d'un groupe G sur
lui-même. Soit g e G, dans ce cas, le sous-groupe F ix e (5) est l'ensemble des élé­
ments h du groupe g tels que hgh~^ = g, c'est-à-dire tels que hg = gh, c'est-à-dire
qui commutent avec g. On l'appelle le centralisateur de g et on le note C aig)-
Rappelons que l'ensemble des éléments de G, commutant avec tous les éléments
de G est un sous-groupe distingué de G appelé le centre de G et est noté Z(G).

58 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


La classe de conjugaison d'un élément du centre est réduite à lui-même. Soit main­
tenant { g i\ ie /}, I étant un ensemble d'indices, une famille d'éléments de G telle
que :
► Qi n'est pas élément du centre,
^ si j Qi et Qj ne sont pas dans la même classe de conjugaison,
► pour toute classe de conjugaison C non réduite à un élément (qui n'est pas
celle d'un élément du centre) il existe i G I tel que gi G C.

Les éléments gi constituent donc un système de représentants des classes de


conjugaison de cardinal strictement plus grand que 1. La formule se réécrit alors :

La première partie de la somme est le nombre d'orbites à un élément. Dans la se­


conde partie tous les entiers qui interviennent sont strictement plus grands que 1.
Cette formule est connue sous le nom de formule des classes. Insistons bien sur le
résultat suivant :

Proposition 3 . Soit G un groupe fini, et soit g g G quelconque. Le cardinal de G est


égal au produit du nombre d'éléments dans la classe de conjugaison de g par le cardinal
du centralisateur de g dans G.

Donnons quelques exemples.

Si on considère un groupe abélien, alors chaque classe de conjugaison est réduite à un


élément; donc la formule des classes est triviale.
Considérons le groupe Q , dont la table est donnée dans le chapitre 1 . Le centre est constitué
par 1 et - 1 . Le centralisateur de l'élément i est le sous-groupe constitué par 1 , —1 , i et —i.
La classe de conjugaison de i est donc constituée par i e\ —i. Le résultat est analogue pour
j e\ k. Donc la formule des classes s'écrit :
8 = 1+ 1+ 2 + 2+ 2.
Les deux premiers termes de la somme correspondants au centre.
Dans le cas de D s , dont la table est également donnée dans le chapitre 1 , le centre est
constitué par 1 et . La classe de conjugaison de a est constituée par a et , la classe de
conjugaison de b est constituée de b et ba^, enfin celle de ba est constituée par ba et ba^ .
.a L'équation des classes est donc encore :
8 = l + lH-2 + 2 + 2.

Anticipant l'analyse du groupe symétrique, qui sera faite après, voici l'équation des classes
pour 6 3 . Le centre est réduit à l'élément neutre. Il y a 3 éléments d'ordre 2 tous conjugués et
2 éléments d'ordre 3 conjugués. L'équation des classes s'écrit donc :
1
«d 6 = 1 + 3 + 2.
I
'O
O
a3
Q
© 2.2 - ORBITES, ENSEMBLES TRANSITIFS, DÉCOMPOSITION EN ORBITES 59
Voici une application classique de la formule des classes :
T h é o r è m e 2 « Soit G un groupe non réduit à un élément, dont l'ordre est une puissance
d'un nombre premier p. Alors le centre de G contient au moins p éléments.

Démonstration. En effet si on applique la formule des classes à G, on constate


que la somme de droite est divisible par p, étant égale à l'ordre de G. Par ailleurs,
tous les termes de la seconde partie de la somme le sont aussi, étant des quotients
de l'ordre de G non égaux à 1. Donc l'ordre du centre est divisible par p, étant
plus grand que 1 il est au moins égal à p. h

C o r o l l a i r e 1 • Soit p un nombre premier, tous les groupes d'ordre p^ sont abéliens.

Démonstration. En effet si le centre du groupe n'est pas égal à G il est d'ordre p.


Le quotient de G par son centre est alors d'ordre p donc cyclique, l'exercice II. 7
du chapitre 1 montre alors que G est abélien. bi

Voici une autre application. Soit G un groupe dont l'ordre est une puissance d'un nombre
premier p, alors pour tout entier h < n \\ existe au moins un sous-groupe üT de G dont
l'ordre est p ^ . Les détails sont donnés à faire en exercice. L'idée est de faire une récurrence
sur l'entier n en utilisant le théorème.

Action par conjugaison sur l'ensemble des


sous-groupes
Soit maintenant G un groupe fini, et soit l'ensemble de ses sous-groupes. Si H
est un élément de et si g est un élément de G, le sous-groupe conjugué gHg~^
est dans Ceci détermine donc une action de G sur 3^. Par ailleurs il est clair
qu'un sous-groupe H et un conjugué gHg~^ ont même cardinal. Ceci implique :

P r o p o s i t i o n 4 . Soit d un entier divisant le cardinal de G. Le sous-ensemble de 3P


constitué par les sous-groupes de cardinal d, est stable sous l'action de G par conjugaison.
Cela définit donc une action de G sur 3^d.

Observons qu'un sous-groupe est distingué dans G si et seulement si il est égal


à tous ses conjugués, autrement dit si son orbite sous l'action de G par conju­
gaison est réduite à lui-même. Plus généralement l'orbite d'un sous-groupe étant
un ensemble transitif sous l'action de G son cardinal, c'est-à-dire le nombre de
conjugués du sous-groupe, est un diviseur de G.
Par exemple, si on considère le groupe symétrique 6 3 , on constate facilement que
l'ensemble des sous-groupes d'ordre 2 (il y en a 3, correspondant aux 3 transposi­
tions distinctes) est transitif sous l'action de 6 3 . Il s'agit là évidemment d'un cas
particulier du théorème de Sylow.

60 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


3 . Théorèm es de Sylow
Le théorème de Lagrange dit que l'ordre d'un sous-groupe d'un groupe fini est un
diviseur de l'ordre du groupe. Inversement il est faux que, si on s'est donné un
diviseur de l'ordre du groupe, l'on puisse trouver un sous-groupe dont l'ordre est
ce diviseur, on verra à ce propos l'exercice 2 dans la section portant sur les groupes
symétriques. Néanmoins le résultat est vrai si on se restreint à des diviseurs qui
sont une puissance d'un nombre premier p.

D é f in it io n

I Soit p“ la plus grande puissance de p divisant le cardinal de G, on appelle


p-sous-groupe de Sylow de G un sous-groupe dont l'ordre est p“.

Le premier résultat est un théorème d'existence :


T h é o r è m e 1 ( p r e m i e r t h é o r è m e d e S y l o w ) . Soit G un groupe fini, et soit p un
nombre premier divisant # G. Le groupe G a au moins un p-sous-groupe de Sylow.

L'importance des sous-groupes de Sylow, tient entre autres, à ce qu'ils permettent


de comprendre la structure des groupes. L'étude de leurs propriétés fournit de
très beaux exemples d'actions de groupes.

D é m o n s f r a t i o n . Elle se fait par récurrence sur l'ordre du groupe. Le cas ini­


tial étant évident. Admettons le résultat pour tous les groupes d'ordre strictement
inférieur à celui de G, Soit p® la plus grande puissance de p divisant on
considère deux cas : ou il existe un sous-groupe strict (distinct de G) de G dont
l'ordre est divisible par p^ ou non.
Dans le premier cas par hypothèse de récurrence ce sous-groupe a un p-sous-
groupe de Sylow, ce p-sous-groupe de Sylow en est un aussi pour G. Ce cas est
donc traité.
Dans le second cas tous les sous-groupes stricts de G ont un ordre non divisible
#G
par p®, donc pour tout sous-groupe strict H l'entier est divisible par p.

Si on considère la formule des classes, on en conclut que l'entier # Z (G) est divi­
sible par p. Le groupe Z(G) étant commutatif, on peut appliquer le lemme 1 de
la section 3 du chapitre 1, dit de Cauchy. Il y a donc au moins un sous-groupe
E d'ordre p dans Z (G). Un tel sous-groupe est distingué dans G. En effet tout
sous-groupe du centre est distingué dans G.
Considérons alors le quotient G jE , et n : G ^ C jE l'homomorphisme canonique.
Par hypothèse de récurrence. G/JS a un p-sous-groupe de Sylow 5 ', qui est de
I cardinal p"“^. Le sous-groupe n~^{S) est de cardinal p® et est donc un p-sous-
groupe de Sylow de G. m
I

Q
2.3 - THÉORÈMES DE SYLOW 61
Notons le corollaire, démontré au cours du développement, et qui n'est autre que
le lemme de Cauchy dans le cas général :

C o r o l l a i r e * Un groupe fini G dont l'ordre est divisible par un nombre premier p


contient au moins un élément d'ordre p.

Dans le chapitre 1 on a déjà décrit les sous-groupes de Sylow dans le cas des
groupes abéliens finis. Voici deux exemples dans le cas non-abélien. Le lecteur
doit si nécessaire commencer par se reporter aux sections suivantes concernant le
groupe symétrique.
Commençons par fixer un nombre premier p quelconque. La cardinal du groupe
symétrique &p est p\. Donc le cardinal d'un p-sous-groupe de Sylow est p. Le
cycle d'ordre p
( i, .. ., p )
engendre un sous-groupe d'ordre p. C'est un sous-groupe de Sylow.
Le second exemple concerne le groupe alterné e^4. Il a 12 éléments. On véri­
fie facilement que l'ensemble constitué de l'élément neutre et des permutations
suivantes :
(1,2)(3,4) (1,3)(2,4) (1,4)(2,3)
est un sous-groupe de e>?^4. En fait, c'est l'ensemble constitué par les éléments
d'ordre 2 et l'élément neutre. Il a 4 éléments c'est bien un 2-sous-groupe de Sylow.
En fait, il est distingué dans .
Le théorème suivant montre comment les p-sous-groupes de Sylow sont reliés les
uns aux autres ainsi qu'aux sous-groupes dont l'ordre est une puissance de p.

T h é o r è m e 2 ( d e u x iè m e e t t r o is iè m e t h é o r è m e s d e S y lo w ) .
Soit G un groupe fin i et soit p un nombre premier divisant # G.
► Tout sous-groupe dont l'ordre est une puissance de p est contenu dans un p-sous-
groupe de Sylow,
► deux p-sous-groupes de Sylow sont conjugués entre eux,
► le nombre des p-sous-groupes de Sylow est congru à 1 modulo p.

D é m o n s t r a t i o n . On va commencer par démontrer la première assertion. On


choisit donc un sous-groupe H dont l'ordre est une puissance de p. On veut
montrer qu'il est contenu dans un p-sous-groupe de Sylow.
La démonstration repose sur une analyse de l'action de H sur l'ensemble des
p-sous-groupes de Sylow de G. Notons cet ensemble, il est non vide à cause
du théorème précédent. Le groupe G agit sur l'ensemble par conjugaison, en
effet tout conjugué d'un p-sous-groupe de Sylow est un p-sous-groupe de Sylow.

62 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


Considérons maintenant un élément S de «9^. Commençons par observer que
l'orbite de S dans sous l'action de G a un ordre non divisible par p. En effet le
fixateur de S dans G est le sous-groupe des éléments p G G tels que gSg~^ = S. Ce
sous-groupe contient manifestement le sous-groupe 5, donc son ordre est divisible
par p“ . Par conséquent le cardinal de l'orbite de 5, que l'on notera est un
#G
diviseur de — et n'est donc pas divisible par p.

Soit maintenant H un sous-groupe de G. Le sous-groupe de H agit aussi sur


et toute orbite sous l'action de G de est stable sous l'action du sous-groupe
H. En particulier l'orbite ^ est stable sous l'action de H.
Mais l'ensemble ^ sous l'action de H n'est pas nécessairement transitif. Supposons
maintenant que l'ordre de H soit une puissance de p. Les orbites de 0 sous l'ac­
tion de Я , sont toutes de cardinal divisant celui de H, donc une puissance de p.
Elles sont, soit réduite à un élément, soit de cardinal divisible par p. Comme on
l'a vu plus haut, le cardinal de 0 n'est pas divisible par p. Il y a au moins une or­
bite sous l'action de H dont le cardinal n'est pas divisible par p. Donc, il existe
une orbite qui est réduite à un élément. Ce qui veut dire qu'il existe un conjugué
5' de S tel que pour tout € Я on a hS'h~^ = 5 '.
On va maintenant montrer que H c S', ceci achèvera la démonstration.
Considérons l'ensemble Я 5 '. Le théorème 4 de la section 2 du chapitre 1 implique
que c'est un sous-groupe. En fait, les hypothèses du théorème 4 ne sont pas tout à
fait réalisées. On sait que pour tout h e H on a hS'h~^ = S' .S i on reprend la dé­
monstration du théorème avec Я = Я et Я = 5 ', on constate que cette hypothèse
est suffisante pour faire la démonstration.
L'ordre de HS' est une puissance de p. En effet. S' est distingué dans HS' et
donc le groupe quotient H S '/H est isomorphe au groupe S'/HC\S' toujours par
le théorème 4, section 2 du chapitre 1, et donc on a :
# (Я 5 ')
# (Я ) = # ( ' ^ ' / я п 5 ' ) ,
soit
#(Я 5') = # ( Я ) Х # ( 5 7 Я П 5 ') .
Or, le membre de droite est une puissance de p. On en conclut que HS' = S'.
En effet, si H n'est pas contenu dans S', celui-ci est sous-groupe strict de H S'.
L'ordre du sous-groupe HS' est alors une puissance de p strictement supérieure
à p®. C'est impossible par hypothèse, donc H c S'.
En remplaçant H par un p-sous-groupe de Sylow on obtient le second énoncé.
Pour le troisième, considérons l'action de S sur ^y^. L'orbite de S lui-même est
réduite à un point, celle de tout autre élément de 6 n'est pas réduite à un point,
1
s en effet l'argument utilisé plus haut montre que si l'orbite de S' est réduite à
I

Q
® 2.3 - THÉORÈMES DE SYLOW 63
un point, on a 5 = 5 '. L'orbite de tout S' ^ S a donc un cardinal divisible par p
puisque c'est un diviseur non-trivial de p“ . L'ensemble considéré est donc réunion
disjointe d'une orbite réduite à un point et d'une famille d'orbites dont le cardinal
est divisible par p, le résultat suit. s

On va donner une application de ce qui précède à la structure des groupes qui


ont pq éléments, p et q étant des nombres premiers distincts. Soit donc G un tel
groupe, G a au moins un p-sous-groupe de Sylow K , et au moins un g-sous-
groupe de Sylow L. Le nombre des conjugués de K est congru à 1 modulo p
(théorème 3) et de plus il divise pq, donc il divise q. On a donc :

P r o p o s i t i o n 1 . Si q n'est pas congru à 1 modulo p il n'y a qu'un seul p-sous-groupe


de Sylow. Donc il est distingué.

Notons que les remarques précédentes impliquent aussi que si ç < p le p-sous-
groupe de Sylow est distingué. Car lp-\-l ne peut diviser q que si 1 = 0.
Le corollaire suivant est laissé en exercice.

C o r o l l a i r e * Sous les hypothèses de la proposition précédente le groupe G est un produit


semi-direct.

Plus précisément un groupe d'ordre 15 est commutatif. En effet il y a un seul


3-Sylow et un seul 5-Sylow. Par ailleurs, il n'y a pas d'homomorphisme non trivial
de Z/5Z dans Aut(Z/3Z) = Z/2Z donc on ne peut avoir de produit semi-direct
non trivial.
Nous laissons en exercice la proposition qui suit.
P r o p o s i t i o n 2 * Un groupe d'ordre 2p, p premier, est, soit commutatif, soit diédral.

4 . Groupes sym étriques, classes de conjugaison


Notons [n] l'ensemble {1,... ,n}, et notons &n son groupe de permutations. Dans
ce cas on parlera aussi de substitutions. On l'appelle le groupe symétrique de l'en­
semble à n éléments. La première observation importante est que ce groupe
ne dépend pas de l'ensemble à n éléments choisi au départ, ce qui justifie la
terminologie.

P r o p o s i t i o n 1 • Soit E un ensemble à n éléments. Le groupe des permutations de E


est isomorphe à &n.

64 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


DéiTionsfrofian. Soit (¡) une bijection entre E et [n]. L'application de ^ {E ) dans
&n donnée par /•-></>o / o 0 “^ admet pour réciproque g i-> (j)~^ C'est donc
une bijection. C'est un homomorphisme car :
{(f>o f O(f)~^) O(0 O O0 “^) = (f) Of Og O(¡)~^ . m

Le premier résultat important sur le groupe symétrique est le calcul de son cardinal :
T h é o r è m e 1 • Le groupe symétrique de l'ensemble à n éléments a n\ éléments,

DémonsfraHoHo La démonstration se fait par récurrence sur n. Si n = 1 le groupe


symétrique 6 i a un seul élément. Supposons donc le résultat connu pour n —1.
Considérons le sous-groupe de 6n constitué par les éléments a tels que a(n) = n.
Il est isomorphe à 6 n- i, il a donc (n - 1)! éléments par hypothèse de récurrence.
On construit alors une bijection entre 6^ et [n] x &n-\ comme suit. À la permutation
a, on associe

Dans cette formule r7i,a(n) désigne l'unique permutation qui échange n et a{n)
et qui est fixe sur les autres éléments. Le second terme peut être identifié à un
élément de 6n-i car = n ei l'ensemble des permutations de &n sa­
tisfaisant à cette propriété est un sous-groupe qui s'identifie à 6n-i- Admettant
que l'application est une bijection la démonstration se termine en calculant le
nombre d'éléments [n] x 6 n - i, soit n x (n —1)! = n!. Revenons sur la bijectivité,
et construisons une application réciproque. Considérons un élément i e [?i] et une
permutation quelconque (f) G &n-\ •Soit ri^n la permutation qui échange i et n et
qui laisse les autres éléments fixes. On vérifie que :

[ti ] x > O txj (^) 0 ) ' ^

est l'application réciproque de celle définie plus haut. m

Un élément a de &n sera noté


I
1, . . . , n
a(l), (j(n) )■
On va maintenant étudier certains éléments particuliers du groupe &n. Introduisons
d'abord une définition :

D é f in it io n 1
0 On appelle support d'un élément a ç &„ l'ensemble des i € {1, ... ,n} qui ne

<3 sont pas des points fixes de a , c'est-à-dire l'ensemble des i tels que a{i) i.
1
1
Q
® 2.4 - GROUPES SYMÉTRIQUES, CLASSES DE CONJUGAISON 65
P r o p o s i t i o n 2 . Le support de a est stable sous l'action du sous-groupe engendré par a.

D é m o n s t r a t i o n * Il suffît de vérifier que, si i est dans le support de a, il en est


de même pour a{i). Or, dire que i est dans le support de a équivaut à dire que
a{i) i. Comme a est injective ceci est équivalent à cr^(i) ^ a{i). Ce qui implique
a{i) est dans le support de (j. On en conclut donc que a induit une bijection du
support dans lui-même. Ceci implique que le support de a est un ensemble muni
d'une action du sous-groupe {a) engendré par l'élément a. h

Décompositions en cycles
D é f in it io n 2
Soit k un entier tel que 1 < k ^ n . On appelle k-cycle un élément a de ©n dont
le support S a k éléments et tel que l'orbite de tout élément du support sous
l'action du sous-groupe (a) soit le support tout entier.

La dernière condition est équivalente à l'une des conditions suivantes :


► il existe un élément s e S tel que l'ensemble {s,cr(s),... ,(j^“^(s)} est de
cardinal k et est donc égal à 5,
► le sous-groupe (a) engendré par a est isomorphe à
La première condition est juste une reformulation de la condition de la défini­
tion dans un cas particulier. Par ailleurs le cas particulier implique la cas général.
On le montre en remarquant d'abord que (s) = s et que donc plus générale­
ment i7^(s) = En effet, sinon, on aurait cr^{s) = cr^(s) pour 0 < i < k, soit
(7^-^ (s) = s pour 0 < k - i < k, ce qui est impossible. Il en résulte que, l'orbite d'un
point quelconque, cr^(s) est égale à :

soit . ,
{s,CT(s),...,a'' '(s) },
car = cr^{s).
Pour ce qui est de la seconde condition, il suffit de montrer que les éléments
l, ( j , ... sont deux à deux distincts. Ceci entraîne que #(cr) = fc, le résultat
suit car cr^ = 1. Mais l'argument précédent démontre la condition requise.
Quand le support est réduit à deux éléments on dit que le 2-cycle est une
transposition.
Les permutations suivantes sont des transpositions :
1, 2, 3, 4, 5 1, 2, 3, 4\ / 1 , 2, 3, 4, 5, 6, 7\
1, 3, 2, 4, 5 2, 1, 3, 4^ ’ 2, 3, 4, 5, 6,

66 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


Voici des exemples de 3-cycles :
1, 2, 3 f l , 2, 3^ f l , 2, 3, 4, 5\
2, 3, 1 1,3, 1 , 2 ^ ’ \,3, 2, 5, 4, i ;

Voici deux exemples de 5-cycles :


1, 2, 3, 4, 5 1, 2, 3, 4, 5, 6
2, 3, 4, 5, 1 2, 4, 3, 6, 1, 5

Introduisons maintenant une notation pour un fc-cycle a. Soit a i , ... le sup­


port. On suppose que a {a i) = a^+i si г = 1 , A;—1 et que a { a k ) = a i , en particulier
les a i ne sont pas supposés rangés dans Tordre croissant. Le cycle sera noté
(ai,...,afc).
Voici un pas essentiel dans la description des classes de conjugaison de 6^ :
T h é o rè m e 2 . Le conjugué d'un k-cycle est un k-cycle. Deux k-cycles quelconques
sont conjugués.

D é m o n s t r a t i o n * Démontrons la deuxième propriété d'abord. Considérons deux


fc-cycles quelconques CTet r. Notons {ai,...,afe} le support du premier,
celui du second. On suppose que a {a i) = a^+i si г = 1,... A:—1 et que сг(а^) = ai ;
on suppose que r(/?i) = ^i+i si г = 1,... A:- 1 et respectivement que r{Pk) = Pi •
On définit maintenant une permutation ф par ф{а{) = (3i pour tout i, ф est défini
de manière arbitraire sur le complémentaire de a i , ... ,ад;. Le. comme une bijection
quelconque du complémentaire de a i , . . . , a^ sur le complémentaire de /?i, . . . , /3^.
Calculons la permutation ф~^ о т о ф . Pour un élément a i, 1 ^ г < fc, on a ф~^ от о

ф{ai) = ф~^ or{P i) = ф~^{|ЗiJ^l) = a^+i. De même, on a ф~^ отоф{ак) = a i.


Pour un élément и qui est dans le complémentaire de { a i , . . . , a^} on a ф~^ о т о

ф [ и ) = ф~^ о ф ( и ) = и . Donc ф~^ о т о ф = а , се qui donne le résultat.


Pour ce qui est de la première propriété soit c = ( a i , ... ,afc) un A:-cycle et ф une
permutation. Alors la permutation ф о с о ф~^ est le A;-cycle ( 0( a i) ,. . . , ф { а к ) ) > н

T h é o r è m e 3 . Soit a e&n- U existe une famille, unique à l'ordre près, de k-cycles Ci,
г = 1,... i telle que :
► СГ = Cl O C2 O • • • O Ci ;

►pour tous i^j on a Ci O Cj = C j о a ;


► les supports des cycles Ci sont deux à deux disjoints.

Cette décomposition est appelée la décomposition canonique en cycles de a.


1
S Dans la pratique on dira décomposition en cycles, sauf s'il y a ambiguïté.

Q
® 2.4 - GROUPES SYMÉTRIQUES, CLASSES DE CONJUGAISON 67
D ém onsfration. Soit a la permutation considérée, et soit H = (a) le sous-groupe
qu'elle engendre. Considérons la décomposition en orbites de l'ensemble {1,... ,n}
sous l'action de H, soient ,..., les orbites non réduites à un élément. Dé­
finissons le cycle Ci comme étant égal à a sur l'orbite et l'identité sur le
complémentaire. C'est un cycle d'ordre # 0 i .
On a besoin du lemme suivant dont la démonstration est laissée au lecteur.

L e m m e 1 • Deux cycles dont le support est disjoint commutent.

De cela il résulte que la permutation a est le produit des q pris dans un ordre
arbitraire.
Inversement, soit une permutation a qui s'écrit comme produit de cycles com­
mutant deux à deux. Les orbites des éléments de n}, non réduites à un
élément, sous l'action de (a) sont les supports des cycles considérés. Les cycles
Ci sont donc uniquement déterminés comme étant les permutations qui sont res­
trictions de a aux orbites de (cr), non réduites à un élément et l'identité sur le
complémentaire de l'orbite. m

C o r o l l a i r e . Deux permutations a, a ' e &n sont conjuguées si et seulement si, dans


leur décomposition canonique en cycles, apparaissent le même nombre de k-cycles pour
tout entier k, 2 ^ k ^ n .

Démonstration« Supposons que les deux permutations a et cr' soient conju­


guées par 0, conjuguons alors la décomposition de l'un d'eux. Rappelons que le
conjugué d'un A;-cycle est un A;-cycle. Rappelons aussi que, si on conjugue par un
même élément deux éléments qui commutent, les éléments conjugués commutent
encore. Ceci implique que si cr = ci o C2 o •••o est la décomposition en cycles de
CT et si cr' = 0 O cr O . alors a ' = { ( / ) o a o 0 “ ^) o (</> o C2 o 0 “ ^) o •••o ( 0 o ct o (j)~^ )
est la décomposition en cycles de cr'.
Considérons maintenant l'implication réciproque. Soient ,..., les orbites non
réduites à un élément de (cr), soient les orbites non réduites à un élé­
ment de (cr'). Observons d'abord qu'il y en a autant, c'est-à-dire que t = t', ceci
résulte du fait qu'il y a autant de cycles dans les deux décompositions. Comme
pour tout A;, il y a autant de A:-cycles dans les deux décompositions quitte à réor­
donner, on peut supposer que pour tout i. On définit alors 0 de la
manière suivante : pour tout i, c'est une bijection de 0i dans définie comme
dans la démonstration du théorème 2, et c'est une bijection quelconque du com­
plémentaire de vers le complémentaire de VJi&'i. La vérification est alors la
même que dans la démonstration du théorème 2. ^

68 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMETRIQUES - C hap. 2


On va maintenant relier ceci à une donnée purement combinatoire :

D é f in it io n 3
On appelle partition d'un entier n toute suite décroissante d'entiers positifs non
nuis (Al, . . . , A/i) telle que
Al + •••+ A/i = n .

On remarquera qu'une partition de n comporte au plus n entiers. Voici toutes les


partitions de 5 :

(5) (4,1) (3,2) (3,1,1) (2,2,1) (2,1,1,1) (1,1,1,1,1).

On fera attention à ne pas confondre la notion de partition d'un entier n avec celle
de partition de l'ensemble { ! , . . . , n}. C'est-à-dire avec avec la donnée d'une fa­
mille de sous-ensembles Ai, i e I de sous-ensembles de { 1,... ,n} dont la réunion
est égale à .{1,... ,n} et qui sont disjoints deux à deux. En fait si on a une telle
partition la famille des entiers # Ai est une partition de l'entier n. Mais on véri­
fiera aisément que deux partitions distinctes de { 1, .. . ,n} peuvent créer la même
partition de n. C'est le cas pour les partitions {1 },{2,3} et {1 ,2},{3} de [3].

P r o p o s i t i o n 3 * Le nombre de classes de conjugaison du groupe &n est le nombre de


partitions de l'entier n.

D é m o n s t r a t i o n , Soit a une permutation, et soit les orbites non ré­


duites à un élément de {1,... ,n} sous l'action de (a). Quitte à réordonner, on peut
supposer que les cardinaux décroissent. Associons à cr la partition de n suivante
( # ^ i , . . . , # ^ t , l , . . . , l ) où il y n - ^ - # 0 i fois 1 à la suite de ( # ^ i , . . . , #^t).
On a bien là une partition de n, qui ne dépend que de la classe de conjugaison de
(7, d'après la décomposition en cycles des permutations et la caractérisation des
classes de conjugaison. On a donc une application de l'ensemble des classes de
conjugaison vers les partitions.

Inversement si on a une partition de n, soit (Ai,. . . , A^) avec


I Al, . . . , A^ ^ 1 et A^_^i = •••= A^ — 1
I
on lui associe la classe de conjugaison de la permutation suivante donnée par le
produit de V cycles de longueur respective Ai, . . . , A^ à supports disjoints. Les
I supports peuvent être choisis disjoints car Ai H------ h A^ ^ n. m
i-î
I

Q
2.4 - GROUPES SYMÉTRIQUES, CLASSES DE CONJUGAISON 69
Signature d'une permutation
La fin de cette section est consacrée à l'étude de la signature d'une permutation.
Définition 4
Soit cr G 6n/ et soient z, j G { 1 ,. .. ,n} tels que i < j. On dit que a présente une
inversion en { i j ) si a{i) > a{j). On appelle nombre d'inversions de a, et on
note u{a), le nombre de couples ( i j ) , i < j, tels que cr présente une inversion
en

Définition 5
Soit (7 G 6 „ , on appelle signature de a , et on note e(a), l'entier suivant égal à 1
OU - 1 :
]^cr(i) - a O )
i< j

i< j

Cet entier est aussi égal à

Proposition 4* L'application signature e : &n ^ { + 1 , - 1 } est un homomorphisme de


groupes, l'ensemble { + 1 , - 1 } étant muni de la multiplication.

D é m o n s t r a t i o n . Calculons £:(cror). On a :

Y[(TO T{i) - a o r { j )
i<3
e{â Or) =
H i- j
i< j

J J CTOr(i) - CTOr(j) JjT (î)-r(j) JjCTOr(i) -CTOrO')


i< j i< j i< j
X £( t ) ,
J J r ( i ) -T (j) JI*-J J J'r (i)-r O ')
i< 3 i< 3 i< j

Mais par ailleurs


J J ctot(î ) -CTor(j)
l< j
= •
i< 3

En effet T détermine une bijection T de l'ensemble P = { { i , j ) \ i > j ) dans lui-


même par la formule T{{i,j)) = (r(z),r(j)) si r(i) > r ( j) et T ((z,j)) = (T0'),r(i))
si r(i) < T { j ) , on note P'^ le premier sous-ensemble de P, P~ le second ainsi

70 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


déterminés. On a :
J J a o r ( i ) -(XOT{j) JJ a OT{i) - a Or{j) JJ a Or{i) - c r o t {j )
i<3 (i< i)€P + (i<j)eP-
-r(j) JJ - T{j) JJ T{i) - T{j)
i<j (i< j)6P + {i<j)eP-
oit
J J a 0 r(i) - a Or ( j) JJ a 0 T{i) - a OT{j) JJ <ro r{j) - a Ot {Î)
i<j r{i)< r{j) T(j)<T(i)

JJr(i)-r(j) JJ r(i) - T{j) JJ t {j ) - T{i)


i<j r { i )< T {j )

On reconnaît e(a).

La signature d'une transposition est —1, celle d'un fc-cycle est (—

Définition 6

I Le noyau de l'homomorphisme signature est appelé le groupe alterné. On le


note tf^n-

Proposition 5 . Le groupe alterné est distingué dans le groupe symétrique


I
Son ordre est ^ .
2

D é m o n s t r a t i o n . Le groupe quotient & n !^ n est isomorphe à Z/2Z. Donc :

On va terminer cette section en donnant une liste des classes de conjugaison, de l'ordre d'un
élément dans la classe, du nombre d'éléments dans la classe pour les groupes 6 4 , et 6 5 . Le
cas de 6 3 ayant été donné plus haut. Les classes de conjugaison sont indexées comme il a
été indiqué plus haut sur les partitions. La partition est donc indiquée sur la première colonne,
l'ordre sur la seconde, le nombre d'éléments dans la classe dans la troisième.
I
partition ordre cardinal de la classe

(1.1.1,1) 1 1

I (2,1.1) 2 6
§ (2,2) 2 3

0 (3 , 1 ) 3 8
■5
'S (4 ) 4 6
s
1
7g3
Q
® 2.4 - GROUPES SYMÉTRIQUES, CLASSES DE CONJUGAISON 71
Voici quelques indications sur cette table. À la partition ( 1 , 1 , 1 , 1 ) correspond évidemment
l'élément neutre. A la partition (2 , 1 , 1 ) correspondent les transpositions. Il y en a autant que
de sous-ensembles à 2 éléments, soit 6 . A la partition (2 , 2 ) correspondent les produits de
transpositions à supports disjoints, il y en a 3, (1 ,2 )(3 ,4 ), (1 ,3 )(2 ,4 ), et (1 ,4 )(2 ,3 ). À la
partition (3,1) correspondent les 3-cycles. Il y en a 8, en effet pour déterminer un 3-cycle
on commence par déterminer le support, on a 4 choix possibles, puis sur ce support on a
deux choix possibles correspondant aux deux 3-cycles de 6 3 . Enfin à (4) correspondent les
4-cycles. Il y en a 6 . En fait (exercice !) il y a (n — 1 )! n-cycles dans 6 n .

Voici la même table pour 6 5 .

p a rtitio n o rd re c a rd in a l de

(1 , 1 , 1 , 1 , 1 ) 1 1

(2 , 1 , 1 , 1 ) 2 10

(2 , 2 , 1 ) 2 15

(3,1,1) 3 20

(3,2) 6 20

(4,1) 4 30

(5) 5 24

5. Groupes sym étriques, générateurs, simplicité du


groupe alterné
Dans cette section, on va donner des compléments sur les groupes symétriques.
On va commencer par étudier les systèmes de générateurs du groupe symétrique
et du groupe alterné. Puis, on étudiera les sous-groupes distingués du groupe
symétrique et du groupe alterné.

Théorèm e 1. Les cycles engendrent le groupe symétrique &n.

DéiYnorîsfTafion« Cest une conséquence directe de la décomposition en cycles,


c'est-à-dire du théorème 3 de la section 4. m

On peut préciser ce résultat. Notons i ^ j la transposition { i j ) , et la


transposition (¿, i + 1), 1 ^ Z^ n —1.

72 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMETRIQUES - C hap. 2


T h é o rè m e 2 . Les transpositions n , 1 ^ i ^ n - 1, forment un système générateur
de 6n.

Démonstration. Notons Hn le sous-groupe de &n engendré par les trans­


positions Ti, 1 ^ i ^ n - 1. On raisonne par récurrence sur n. Le cas n = 1 est
immédiat.
Passons du cas n - 1 au cas n . Le groupe &n-i s'identifie au sous-groupe de &n
constitué par les éléments laissant fixes n, on sait par récurrence qu'il est engendré
par les transpositions Ti, 1 ^ n —2. Soit a G &n/ si on a cr(n) = n alors a G &n-i •
Alors a est dans le sous-groupe engendré par les 1 ^ ^ n - 2, donc dans le
sous-groupe engendré par les 1 ^ i ^ n —1. Sinon, soit cr(n) = k, k ^ n , et soit
/i G 6n-i tel que /x(/c) = n - 1. Alors Tn-i o /xo cr(n) = r^-i o p(k) = Tn-i(n —1) = n
et donc, on a r^-i o p o a e &n-i • Comme Tn-i o p e Hn et que 6n-i C Hn on
conclut que a e Hn - Ce qui démontre le résultat. m

C o r o l l a i r e . Les 3-cycles constituent un système de générateurs de jé'n •

Démonstration. Considérons une permutation paire p, et écrivons une décom­


position en produit de transpositions : p = t\t2 " ‘tk- Observons d'abord que l'entier
k est pair en effet la signature de p est (-1)^. On a alors besoin du :

L e m m e 1 • Le produit de deux transpositions dont le support a en commun un élément


est un S-cycle.
Démonstration. Le produit de Tj^k par n,j est le 3-cycle (i^k^j). b

Revenons à la démonstration du corollaire et considérons un sous-produit t 2k-it 2k


dans la décomposition de p en produit de transpositions. Si les deux transpositions
sont identiques ce sous-produit disparaît. Si les supports des deux transpositions
ont un élément et un seul en commun le sous-produit est un 3-cycle. Enfin si les
supports des deux transpositions sont d'intersection vide introduisons une trans­
position Ti^j où i appartient au support de t 2k-\ et j appartient au support de
t 2k- Alors t2k-\t2k = t2k-iTijTijt 2kf et t2k-\n,j et TijÎ 2k sont des 3-cycles. On en
conclut que tout produit d'un nombre pair de transpositions est un produit de
3-cycles. Le résultat suit. m

Pour finir cette section on va démontrer le théorème suivant dû à Galois.

Théorèm e 3 . Soit n un entier supérieur ou égal à 5. Alors le groupe alterné ^ n


pas de sous-groupes distingués distincts de {1} et de lui-même.

êa La démonstration va être coupée en plusieurs étapes. On va d'abord étudier la


ci question des sous-groupes distingués de &n •
I
na
I
Q
2.5 - GROUPES SYMÉTRIQUES, GÉNÉRATEURS, SIMPLICITÉ DU GROUPE ALTERNÉ 73
P r o p o s i t i o n 1 • Le groupe alterné engendré par les carrés d'éléments de &n.

D é m o n s t r a t i o n . Cela résulte du corollaire du théorème 2. En effet tout 3-cycle


c est un carré car c = = (c^)^. Par ailleurs tout carré est de signature 1 donc
élément de • ■

P r o p o s i t i o n 2 . Le groupe alterné ^st stable par tout automorphisme de 6 n .

D é m o n s t r a t i o n . Tout automorphisme envoie un carré sur un carré, et donc tout


produit de carrés sur un produit de carrés. Donc tout automorphisme de &n
envoie jé'n dans ■

T h é o r è m e 4 . S i n ^ 5 le groupe alterné ^st le seul sous-groupe distingué de &n


distinct de {1} et de lui-même.

D é m o n s t r a t i o n . Soit H un sous-groupe distingué non réduit à {1} et distinct


de 6 n . On va démontrer qu'il contient un 3-cycle. Soit p e H distinct de l'élé­
ment neutre et soit r une transposition qui ne commute pas avec p. Une telle
transposition existe à cause du :

L e m m e 2 . Le centre de &n est réduit à {1} si n'^ 3.


D é m o n s t r a t i o n d u l e m m e . Comme les transpositions engendrent le groupe
&n, il suffit de montrer qu'un élément a qui commute à toutes les transpositions
est l'identité. Raisonnons par l'absurde. Soit i tel que i Ф a{i), et soit j distinct de
i et de a{i), rappelons que n ^ 3. Alors la transposition (сг(г), j) ne commute pas
à a comme on le voit en évaluant sur i, в

Continuons la démonstration du théorème 4.


Considérons le produit то рот о p~^. Il s'écrit {то рот) о p~^ et est donc dans H
puisque H est distingué. Par ailleurs, en l'écrivant то {рот о p~^), on voit que
c'est un produit de transpositions. Cet élément est différent de l'élément neutre
car T ne commute pas avec p.
C'est donc soit un 3-cycle, dans ce cas on a le résultat, car alors H étant distingué,
contient tous les 3-cycles, puisque qu'il en contient un et que tous les 3-cycles
sont conjugués. Il est égal à par le corollaire du théorème 2.
Ou bien c'est un produit njTk^i de transpositions à supports disjoints. Dans ce
cas, comme H est distingué et comme п'^Ъ, H contient aussi le produit n^Tk^m
où sont deux à deux distincts. Il contient donc le produit п^Тк^щ^Тк^гп
qui est égal à Tk^iTk^m et est un 3-cycle. La démonstration s'achève alors comme
précédemment. н

On va maintenant démontrer le théorème 3 en s'inspirant de ce qui précède.

74 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


L e m m e 3 * Le centre de ^st réduit à {1} si n ^ 4.
D é m o n s t r a t i o n d u l e m m e . Comme les 3-cycles engendrent le groupe il
suffît de montrer qu'un élément a qui commute à tous les 3-cycles est l'identité.
Raisonnons par l'absurde. Soit i tel que i ^ a{i), et soit j distinct de i, a{i) et
Un tel élément existe, rappelons que n ^ 4. Alors le 3-cycle c =
ne commute pas à a comme on le voit en évaluant c o a et a o c sur i, m

D é m o n s t r a t i o n d u t h é o r è m e 3 . Soit H un sous-groupe distingué de vf^n et


soit fl un élément de H. Soit c un 3-cycle qui ne commute pas à /z. Considérons
alors le produit c o ^ o c “^ o fj,~^. Il s'écrit (c o //o c“^) o/z“^, et est donc dans H
puisque H est distingué dans Par ailleurs, en l'écrivant co ()lzoc“^o/z“^), on
voit que c'est un produit de 3-cycles. Cet élément est différent de l'élément neutre
car c ne commute pas avec /z.
Il y a quatre possibilités concernant les supports de c et )lzo c“^ o :
► les supports sont égaux, dans ce cas co (^oc~^ o e s t différent de l'élément
neutre par hypothèse, et est un 3-cycle ;
► soit les supports sont disjoints ;
► les supports ont un point en commun, auquel cas on vérifie que le produit
des deux trois cycles est un 5-cycle ;
► soit les supports ont deux points en commun, auquel cas, considérant la si­
gnature, on constate que le produit des deux 3-cycles est égal au produit de
deux transpositions à supports disjoints ou à un 3-cycle.

Dans chacun de ces cas, on va démontrer que le sous-groupe H contient un 3-


cycle, il les contiendra donc tous et sera donc égal à d'après le théorème 2
de la section 4 et le lemme suivant :
L e m m e 4 . Si n ^ 5 tous les 3-cycles sont conjugués non seulement dans &n mais
aussi dans tj^n-
D é m o n s t r a t i o n . Soient a et r les 3-cycles considérés. On sait (section 4) qu'ils
sont conjugués par un élément de 6n •Reprenons les notations de la démonstra­
I tion du théorème 2 de la section 4. Si l'élément 0 construit dans la démonstration
de ce théorème n'est pas dans on peut le modifier sur le complémentaire
du support de a en le décomposant par une transposition t. Cela est possible car
n ^ 5. Alors (/) Ot conjugue cr et r et est dans b

Dans le premier cas et le second du quatrième la démonstration est terminée.


P r o p o s i t i o n 3 . Si n ^ 8 les produits de 3-cycles à supports disjoints, les h-cycles,
I les produits de transpositions à supports disjoints de &n sont conjugués par un élément
de

Q
2.5 - GROUPES SYMÉTRIQUES, GÉNÉRATEURS, SIMPLICITÉ DU GROUPE ALTERNÉ 75
D é m o n s t r a t i o n . La démonstration précédente marche, à ceci près qu'il nous
faut avoir deux éléments en dehors du support des permutations considérées. Ce
qui implique que l'on doit avoir n ^ 8. En fait pour les 5-cycles, n > 7 suffit et
pour les produits de transpositions à supports disjoints n ^ 6 suffit. b

Considérons maintenant le second cas. Le sous-groupe H contient le produit de


deux 3-cycles c et c ' qui commutent, soit c c '. Supposons n ^ 8 . À cause du lemme
4 H contient cd‘^, donc le produit c c 'c c '^ = qui est un 3-cycle. Il contient donc
tous les 3-cycles et est égal à (lemme 4).
Dans ce cas il reste à traiter les valeurs n = 6 et n = 7. Le lemme 4 reste vrai :

P r o p o s i t i o n 4 . Si n = 6 ou n = 7 les produits de 3-cycles à supports disjoints de &n


sont conjugués par un élément de
D é m o n s t r a t i o n . On indique les grandes lignes de la démonstration pour n = 6,
elle est identique pour n = 7. Les détails sont laissés en exercice. On constate par
un argument de dénombrement, qu'il y a 40 éléments qui sont des produits de
3-cycles à supports disjoints. Par ailleurs, le groupe a 360 éléments. Enfin on
vérifie que l'ensemble des éléments de commutant au produit des 3-cycles à
supports disjoints c et c ' est le sous-groupe engendré par c et c ' qui a 9 éléments.
La classe de conjugaison a donc 40 éléments, c'est donc l'ensemble des produits
de 3-cycles à supports disjoints. b

Considérons maintenant le troisième cas. Supposons que n ^ 5. Quitte à réordon­


ner, on peut supposer que H contient le 5-cycle c = (1,2,3,4,5). Ce cycle est
conjugué au cycle c' = (1, 3, 5,4 ,2) par la permutation

/^1, 2, 3, 4, 5\
V4 3, 1, 5, 2 J

qui est paire. Le cycle c' est donc dans H, Enfin cc' est le 3-cycle (2,5,3). On
conclut comme plus haut.

Considérons enfin le dernier cas. On observe facilement que, si n ^ 3, toutes les


transpositions sont conjugués par un élément de En fait, il nous suffit de
savoir que, dans 6 3 , toutes les transpositions sont conjuguées par les éléments
de Soit alors n ^ 5. De ce qui précède on déduit que si si le sous-groupe H
contient un élément de la forme Ta^b^ij avec a ,6,i, j étant deux à deux distincts et
si c est distinct des ceux-ci, il contient aussi Ta^c'^ij. Donc, il contient leur produit
qui est le 3-cycle (a ,6, c).

Ceci achève la démonstration du théorème. m

76 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMETRIQUES - C hap. 2


WÊmmÊÊmiÊÊÊÊmÊmmÊm Exercices hm hhhhh^^^h h i
Les exercices sont rangés par thèmes correspondant dans une certaine mesure aux
sections du chapitre. Néanmoins, il peut être nécessaire pour certains exercices
d'utiliser des résultats de base des sections ultérieures. Enfin, certains exercices
proposés dépendent de l'algèbre linéaire, plus précisément de la réduction des
endomorphismes et de la structure du groupe linéaire. Il vaut donc mieux les faire
après avoir lu le chapitre 5.

A c t io n s d e g r o u p e s , é q u a t io n d e s c la s s e s , t h é o r è m e s d e S y lo w

1. Soit E un ensemble sur lequel agit un groupe G. Soient A et B des parties de E ,


Calculer le fixateur et le stabilisateur de la réunion de A et B ,

2. Déterminer dans le groupe G L3(E) le centralisateur des matrices suivantes :

3. Soit G un groupe fini, et soit p le plus petit nombre premier divisant l'ordre de G.
Soit H un sous-groupe tel que # G = p ( # iî). Montrer que i î est distingué. On
pourra utiliser la proposition 2 de la section 1.

4. Les équations suivantes peuvent elles être l'équation des classes d'un groupe
d'ordre 12 ?
12 = 3 + 5 + 4,
12 = 4 + 4 + 4,
le premier terme désignant l'ordre du centre.

5. Trouver tous les groupes finis ayant 2, 3, 4 classes de conjugaisons.

6. Montrer que dans un groupe d'ordre 12, il y a toujours soit un groupe d'ordre 4,
soit un groupe d'ordre 3 distingué. On utilisera les théorèmes de Sylow.
En déduire qu'un groupe d'ordre 12 est toujours le produit semi-direct d'un
groupe d'ordre 4 par un groupe d'ordre 3 ou inversement.

7. a) Montrer que si un groupe d'ordre 12 contient Z/4Z comme 2-sous-groupe de


1 Sylow, et que celui-ci est distingué, le groupe est abélien.
§ b) Montrer que, si un groupe B[ d'ordre 12 contient Z/2Z x Z/2Z comme 2-sous-
I groupe de Sylow, et que celui-ci est distingué, alors l'une des deux alternatives
suivantes a lieu :
► H est abélien,
I
i-icd ► H est isomorphe à .
I

§3
Q
® EXERCICES 77
Pour démontrer cela, on considérera l'action d'un 3-sous-groupe de Sylow sur
le 2-sous-groupe de Sylow (qui est distingué),
c) Montrer que si un groupe H d'ordre 12 a un 3-sous-groupe de Sylow distingué,
alors l'une des alternatives suivantes a lieu :
► H est abélien,
► si le 2-sous-groupe de Sylow est isomorphe à Z/2Z x Z/2Z alors H est
isomorphe à Z/2Z x 6 3 ,
► si le 2-sous-groupe de Sylow est isomorphe à Z/4Z, alors H a pour
générateurs deux éléments a et b, le premier d'ordre 3, le second d'ordre
4 et on a bab~^ = o r .

8 . Soit T un tétraèdre régulier de l'espace vectoriel euclidien E de dimension 3,


centré en l'origine.
a) Montrer que l'ensemble des isométries de E laissant T stable est un sous-
groupe H,
b) En considérant l'action sur les sommets montrer que ce groupe est isomorphe
à 64.
c) Montrer que le sous-groupe de H des isométries directes est isomorphe à 2I4.

9. Soit C un cube de l'espace vectoriel euclidien E de dimension 3, centré en


l'origine.
a) Montrer que l'ensemble des isométries de E laissant C stable est un sous-
groupe H.
b) En considérant les diagonales du cube joignant des sommets opposés construire
un homomorphisme de H dans 6 4 .
c) Montrer que cet homomorphisme est surjectif. En particulier, décrire les
transformations géométriques correspondant aux transpositions, cycles d'ordre
3, 4, aux produits de 2 transpositions à supports disjoints.
d) Étudier le noyau de l'homomorphisme et décrire H.

10. Soit P un nombre premier, et soient n et h des entiers avec h < n . Montrer en
détail que tout groupe d'ordre p^ a au moins un sous-groupe d'ordre p^.

11. Soit H un groupe d'ordre 18, montrer qu'il contient un 3-sous-groupe de Sylow
distingué. Généraliser aux groupes d'ordre 2p^ avec p premier impair. En déduire
que ce sont tous des produits semi-directs.

12. Soit G un groupe fini dont tous les sous-groupes de Sylow sont distingués. Montrer
que G est isomorphe au produit de ses sous-groupes de Sylow.

78 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


13. a) (Formule de Burnside) Soit G un groupe agissant sur un ensemble fini E . Pour
g g G on note E^ l'ensemble des e e E tels que ge = e» Pour e G E on note
Ge le fixateur de e dans G, c'est-à-dire le sous-groupe des éléments g tels que
ge = e.
Montrer que :

eeE geG

b) En déduire que si i/ désigne le nombre des orbites de l'action de G sur E :


v*{G) = Y ,* { E ^ ) .
geG

14. Soit G un groupe fini, S un p-sous-groupe de Sylow, N son normalisateur (le


sous-groupe des g G G tels que gSg~^ = S). Montrer que le normalisateur de N
est égal à N .

II. G r o u p e s s y m é t r iq u e s

1. C o n s t r u i r e u n h o m o m o r p h i s m e s u r j e c t i f d e 6 4 v e r s 6 3 , e n c o n s i d é r a n t u n e action
transitive d e 6 4 s u r u n e n s e m b le à 3 é lé m e n ts .

2. Montrer que le groupe alterné n'a pas de sous-groupe d'ordre 6. Interpréter


le groupe comme un produit semi-direct.

3. Soit n un entier, calculer le nombre de n-cycles dans 6 n . Soit p un nombre


premier, calculer le nombre de p-cycles.

4. a) Soit n un entier, et p et g deux entiers tels que p + g = n. Calculer le nombre


d'éléments de & n qui sont produit d'un p-cycle et d'un g-cycle à supports
disjoints. Calculer l'ordre du centralisateur d'un tel élément,
b) Plus généralement on calculera le nombre d'éléments dans la classe de conjugaison
d'un élément à l'aide de la partition qui lui est associée.

5. Écrire l'équation des classes pour les groupes 6 5 , 6 e , On donnera le


nombre d'éléments dans chaque classe de conjugaison.
'0
T3) 6. Montrer que, dans le groupe symétrique, tout élément est conjugué à son inverse.

7. Montrer que le seul sous-groupe d'indice 2 de &n est tj4n •

a) Montrer que est un sous-groupe maximal de 6 n , c'est-à-dire que si on a


I 8. & n-\

un sous-groupe H tel que &n-i C H C &n, alors soit H = &n-i soit H = &n-
I b) Soient deux entiers p et g tels que p + q = n. On considère le sous-groupe
stabilisateur du sous-ensemble {1, .. . ,p} c {1 ,. .. ,n}. Montrer que ce sous-
groupe est isomorphe à au groupe &p x &q. Montrer que ce sous-groupe est
un sous-groupe maximal (au sens précédent) de &n •
I
73
I
Q
® EXERCICES 79
9. Caractériser les partitions correspondant à des éléments du groupe alterné.

10. Soit s G 6n et soit A la partition associée à sa classe de conjugaison. Montrer que


l'ordre de de s ne dépend que de A, puis le calculer en fonction de A.

11. Soit £i{s) le nombre de cycles d'ordre i dans la décomposition en cycles d'un
élément s du groupe alterné. Montrer que l'alternative suivante a lieu. Soit les
classes de conjugaison de s dans le groupe alterné et dans le groupe symétrique
sont égales, soit il existe un entier i tel que £2i{s) > 0 ou que £21+1 (s) > 1.

12. a) (Cauchy) Soit n ^ 5 et p le plus grand nombre premier inférieur ou égal


à n. Montrer que le groupe symétrique &n ne contient pas de sous-groupe
d'indice compris entre 3 et p —1. On commencera par montrer que le plus petit
sous-groupe de 6 n contenant tous les p-cycles est le groupe alterné.
b) Soit un sous-groupe de 6 n , et soit H un sous-groupe d'indice ê, 3 < ^ < p - l .
Montrer que l'action par translation d'un élément s d'ordre p sur l'espace
quotient &nlH est triviale.
c) Conclure.

13. Montrer que le groupe d'automorphismes de 6 3 , respectivement de 6 4 , est


isomorphe au groupe des automorphismes intérieurs de S 3, respectivement de
6 4 , soit à S 3, respectivement à S 4, lui-même.

14. ** Montrer que si n ^ 6 le groupe d'automorphismes de Sn , est isomorphe au


groupe des automorphismes intérieurs de Sn , soit à Sn lui-même. On commencera
par montrer que l'image d'un élément d'ordre 2 par un automorphisme est encore
d'ordre 2. On décrira tous les éléments d'ordre 2 dans Sn , et on calculera l'ordre
de leurs centralisateurs. On montrera que l'image d'une transposition est une
transposition.

III. C la s s if ic a t io n d e p e t it s g r o u p e s f in is

1. Montrer qu'il y a deux groupes, et seulement deux, d'ordre 10 non-isomorphes,


l'un abélien, l'autre non.

2. Montrer qu'il y a deux groupes, et seulement 2, d'ordre 21 non-isomorphes, l'un


abélien, l'autre non. Même question pour les groupes d'ordre 22 et 26.

3. Soit P un nombre premier impair de la forme 3fc + 2. Montrer que tout groupe
d'ordre 3p^ est abélien.

4. Montrer qu'un groupe d'ordre 255 est abélien. On montrera qu'il y a un sous-groupe
distingué d'ordre 85.

80 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


5. Montrer qu'un groupe d'ordre 30 a nécessairement un 5-sous-groupe de Sylow
ou un 3-sous-groupe de Sylow distingué. En déduire que le groupe a un sous-
groupe d'ordre 15. Montrer que le groupe est soit abélien, soit produit semi-direct
non-abélien de Z/15Z et Z/2Z.

6. a) ** Décrivez les automorphismes de Z/3Z x Z/3Z.


b) ** Montrer qu'il existe un groupe d'ordre 27, non-abélien, dont tous les éléments
sont d'ordre 3.

7. a) Montrer qu'il n'y a pas de groupe simple d'ordre 56.


b) ** Y a t'il un groupe simple 224 ?

Quelques réponses ou indications


I. A c t io n s d e g r o u p e s , é q u a t io n d e s c la s s e s , t h é o r è m e s d e S y lo w
1. C 'e s t l'in te rse c tio n d e s fix a te u rs (o u d e s s ta b ilis a te u r s ) d e A e t B ,

3. O n c o n stru it u n h o m o m o r p h is m e d e G v e r s le g r o u p e s y m é tr iq u e 6 p , e n c o n s id é ra n t
l'a c tio n p a r tra n sla tio n d e G s u r G / H q u i a p é lé m e n ts. P u is o n u tilis e la c o n d itio n d e
p r im a u té : le n o y a u d e cet h o m o m o r p h is m e e s t l'in te rse c tio n d e s c o n ju g u é s d e H , m a is à
c a u s e d e s c o n d itio n s a r ith m é tiq u e s l'o r d r e d e l'im a g e d iv is e p e t e s t e n fa it é g a l à p , d o n c
l'o rd re d u n o y a u e st é g a l à c e lu i d e H .

4. L e p r e m ie r c a s e st im p o s s ib le , c a r 5 n e d iv is e p a s 12. L e s e c o n d l'e s t a u s s i c a r le g r o u p e
q u o tie n t d e G p a r s o n cen tre s e r a it Z / 3 Z e t G s e r a it ab é lie n .

5. D a n s le p r e m ie r c a s il n 'y a q u e Z / 2Z , c a r o n r e m a rq u e q u e e n d e h o r s d e l'é lé m e n t n e u tre


to u s le s é lé m e n ts d o iv e n t a v o ir le m ê m e o rd re , d o n c q u e le g r o u p e e s t u n p - g r o u p e p o u r
u n n o m b re p r e m ie r p . E n su ite o n o b s e r v e r a q u e s i o n a u n h o m o m o r p h is m e su rje c tif d 'u n
g r o u p e v e r s u n a u tre o n e n d é d u it u n e s u rje c tio n a u n iv e a u d e s c la s s e s d e c o n ju g a iso n .
O n u tilise a lo rs le fa it q u 'u n p - g r o u p e à u n c en tre n o n -triv ia l. O n p r o c è d e d e m a n iè re
a n a lo g u e p o u r le s c a s s u iv a n t s e n o b s e r v a n t q u e le c a r d in a l e s t d iv is ib le p a r a u p lu s 2 o u
3 n o m b re s p r e m ie r s s u iv a n t le c as.

6 . O n c o m p te le n o m b re d 'é lé m e n ts a p p a r te n a n t à u n 3 - s o u s - g r o u p e d e S y lo w . S i il n 'y a p a s
I
d e 3 - s o u s - g r o u p e d e S y lo w d is tin g u é , c o m m e il y a u m o in s 4 3 - s o u s - g r o u p e s d e S y lo w ,
il y a a u m o in s 8 é lé m e n ts d 'o r d r e 3. A v e c l'é lé m e n t n e u tre c e la fa it 9 é lé m e n ts. L e s 3
é lé m e n ts fo rm e n t n é c e ssa ir e m e n t a v e c l'é lé m e n t n e u tre u n 2 - s o u s - g r o u p e d e Sy lo w .

I 7. a) S e ré fé re r a u c h a p itre 1 p o u r la str u c tu r e d e s g r o u p e s a b é lie n s et d e s p r o d u it s se m i-d ire c ts.


O n o b se rv e q u e s o u s le s h y p o th è s e s Ig r o u p e e s t n é c e ssa ir e m e n t u n p r o d u it se m -d ire c t et
I
q u 'il n -y a p a s d 'h o m o m o r p h is m e s n o n triv ia l d e Z / 3 Z d a n s le s a u to m o r p h is m e s d e Z /4 Z .
b) C o m m e d a n s le c a s p r é c é d e n t, e t p o u r le s m ê m e s r a iso n s, o n a u n p r o d u it se m i-d ire ct.
M a is d a n s ce c a s il y a u n h o m o m o r p h is m e n o n -triv ia l d e Z / 3 Z d a n s le g r o u p e d e s
a u to m o r p h is m e s d e Z / 2 Z x Z / 2Z d o n t o n r a p p e lle q u 'il s'id e n tifie à 6 3 .
I
TJ
Q
® EXERCICES 81
c) O n ra iso n n e d e m a n iè re a n a lo g u e , o n a d e s p r o d u it s se m i-d ire c ts, m a is cette fo is ci o n
d o it c o n sid é re r le s h o m o m o r p h is m e s d 'u n 2 - s o u s - g r o u p e d e S y lo w d a n s le g r o u p e d e s
a u to m o r p h is m e s d e Z / 3 Z s o it Z /2 Z .

8. M o n tre r q u e to u te p e r m u ta tio n d e s s o m m e ts e st in d u ite p a r u n e iso m é trie . O n p e u t


se co n te n te r d e le m o n tre r p o u r le s tr a n s p o sitio n s, p u is q u 'e lle s e n g e n d re n t le g r o u p e
sy m é triq u e . O r le s s y m é tr ie s a u to u r d 'u n p la n c o n te n a n t u n e arê te et le m ilie u d e l'a r ê te
o p p o s é e r é a lise n t le s tr a n s p o sitio n s. O n p e u t a u s s i ré a lis e r le s c y c le s d 'o r d r e 3 à l'a id e d e s
ro ta tio n s d 'a n g le 27t/ 3 a u to u r d e s h a u te u r s d u té tra è d re .

9. L e s d ia g o n a le s d u c u b e fo rm e n t u n e n se m b le à 4 é lé m e n ts la is s é fix e p a r le s is o m é tr ie s fix a n t
le cu b e . C e c i d é te r m in e d o n c u n h o m o m o r p h is m e d u g r o u p e d u c u b e v e r s le g r o u p e d e s
p e r m u ta tio n s d e c e s d ia g o n a le s . L e s ro ta tio n s d 'a n g le ^ et d 'a x e u n e d ia g o n a le ré a lise n t
le s c y c le s d 'o r d r e 3. L e s sy m é trie s a u to u r d e s p la n s c o n te n a n t d e u s a r ê te s o p p o s é e s d u c u b e
ré a lise n t le s tr a n s p o sitio n s. L e n o y a u d e cet h o m o m o r p h is m e e st c o n stitu é d e l'id e n tité et
d e l'o p p o s é e d e l'id e n tité .

10. F a ire u n e ré c u rre n c e .

11. C o m p te r le s é lé m e n ts d o n t l'o rd re e s t 9.

12. C o m m e n c e r p a r m o n tre r q u e , si u n g r o u p e G a d e u x s o u s - g r o u p e s d is tin g u é s H e t K


d 'in te r se c tio n ré d u ite à l'é lé m e n t n e u tre et tels q u e G = H K , a lo r s G e s t is o m o r p h e a u
p r o d u it H X K .

II. G r o u p e s s y m é t r iq u e s
1. C o n s id é r e r l'a c tio n d u g r o u p e s u r s e s c la s s e s d e c o n ju g a iso n , le s p r o d u it s d e t r a n s p o sitio n s
à s u p p o r t d is jo in ts fo rm e n t u n e c la s s e à 3 é lé m e n ts.

2. O n c o m m e n c e ra p a r m o n tre r q u 'il y a 3 é lé m e n ts d 'o r d r e 2 d a n s le s p r o d u it s d e


t r a n s p o sitio n s à s u p p o r t s d isjo in ts. P u is u n g r o u p e d 'o r d r e 6 c o n tie n t a u m o in s u n é lé m e n t
d 'o r d r e 3, et u n é lé m e n t d 'o r d r e 2, d o n c c o n tie n t u n p r o d u it d e t r a n s p o sitio n s à s u p p o r t s
d isjo in t. E n c o n ju g u a n t p a r u n é lé m e n t d 'o d r e 3 e n d é d u ir e q u 'il c o n tie n d ra it to u s le s
é lé m e n ts d 'o r d r e 2, co n clu re .

3. L a p r e m iè r e ré p o n se e st (n - 1)! : p a r ta n t d e 1 o n a n - 1 c h o ix p o u r s o n im a g e p a r le
n -c y c le ( 2 , . . . , n ) , p u i s o n a n - 2 c h o ix p o u r c e lu i d e la s e c o n d e i m a g e .. . L a s e c o n d e
r é p o n se e st C ^ ip - 1)! si p ^ n .

4. a) D is tin g u e r s u iv a n t le c a s o ù p = q o u n on . D é n o m b r e r le s p a rtitio n s d 'u n e n se m b le à n


é lé m e n ts e n u n s o u s - e n se m b le à p é lé m e n ts et u n so u s - e n se m b le à q é lé m e n ts. O n tro u v e
^ d a n s le p r e m ie r c a s, et ^ d a n s le se c o n d .

b) S u p p o s o n s q u e la p a rtitio n d e n a s s o c ié e c o m p o rte p i fo is l'e n tie r i . A u tr e m e n t d it,


o n a n = P i -\- 2 p 2 H------- f- n p n . O n c o m p te ra le n o m b re d e p a r titio n s d e { 1 , . . . , n } e n p i
s o u s - e n se m b le s à 1 é lé m e n t, p 2 s o u s - e n se m b le s a 2 é lé m e n ts. L a r é p o n se e s t a lo r s

n!
/il! • • 2 ^ 2 ...n^n

82 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


5. Pour le groupe ^^^5 :

partition ordre cardinal de la classe

( 1,1,1,1,1) 1 1
(2,2,1) 2 15

(3 , 1 , 1 ) 3 20

(5 ) 5 24

P o u r le g r o u p e 6 e :

partition ordre cardinal de la classe

( 1 ,1,1,1,1,1) 1 1

(2 ,1,1,1,1) 2 15

(2,2,1,1) 2 45

(2,2,2) 2 15

(3 , 1 , 1 , 1 ) 3 40

(3 , 2 , 1 ) 6 120
(3 , 3 ) 3 5

( 4 , 1 , 1) 4 30

(4 , 2 ) 4 30

( 5 , 1) 5 144

(6 ) 6 120

6. Il su ffit d e d é m o n tre r la p r o p r ié té p o u r le s c y cle s.

7. V oir le c o u rs.

8. a) M o n tre r q u e s i o n a u n s o u s - g r o u p e H q u i co n tie n t 6 n - i e t e n e s t d istin c t, il c o n tie n t la


tr a n s p o sitio n T n -i,n - O n a a lo r s d a n s le s o u s - g r o u p e H u n s y stè m e g é n é r a te u r p o u r 6 ^ .
P o u r m o n tre r la p r e m iè re p r o p r ié té o n c h o isit u n é lé m e n t s e H m a is tel q u e s ^ & n - i •
Q u itte à r e m p la c e r s p a r st o ù t e 6 n - i m o n tre r q u e l'o n p e u t s u p p o s e r q u e s { n ) = n - l ,
I p u i s q u e s { n - 1) = n . M o d ifie r a lo r s p a r u n é lé m e n t d e & n - 2 p o u r c o n clu re .
I b) M o n tre r q u e s i o n a u n s o u s - g r o u p e H q u i co n tie n t 6 p x Gq et e n e s t d istin c t, il c o n tie n t
la tr a n s p o sitio n T p ,p + i.

11. M o n tre r q u e la c la s s e d e c o n ju g a is o n , d 'u n é lé m e n t s d u g r o u p e alte rn é d a n s le g r o u p e


sy m é triq u e e s t ré u n io n d e d e u x c la s s e s d e c o n ju g a is o n d a n s le g r o u p e a lte rn é s i e t s e u le m e n t

© EXERCICES 83
s i la d é c o m p o sitio n e n c y c le s d e s n e fa it a p p a r a îtr e q u e d e s c y c le s n o n c o n ju g u é s (c 'e st-à -d ire
q u e le s c a r d in a u x d e s s u p p o r t s s o n t d e u x à d e u x d istin c ts) d e lo n g u e u r im p a ir e .

12. a) b) c) U tilise r le c o u r s, e n p a rtic u lie r le s a r g u m e n ts d a n s la d é m o n s tr a tio n d e la s im p lic ité


de s i n ^ 5. P u is u tilis e r le fa it q u e le c a r d in a l d e l'e n se m b le q u o tie n t B n / H e st
p r e m ie r à p . E n fin s i l'a c tio n e s t triv ia le c e la v e u t d ire q u e si s d é s ig n e l'é lé m e n t d 'o r d r e
P c o n sid é ré o n s H = H e t d o n c s e H .

13. É tu d ie r l'a c tio n d 'u n a u to m o r p h is m e s u r l'e n se m b le d e s é lé m e n ts d 'o r d r e 2 .


E n p a rtic u lie r, m o n tre r q u 'u n e t r a n s p o sitio n e s t tra n sfo rm é e e n u n é lé m e n t d 'o r d r e 2.
C o n c lu re d a n s le c a s n = 3.
D a n s le c a s n = 4 , o n o b s e r v e r a q u 'o u tr e le s tr a n s p o sitio n s, le s s e u ls a u tr e s é lé m e n ts d 'o r d r e
2 s o n t le s p r o d u it s d e t r a n s p o sitio n s à s u p p o r t s d isjo in ts. E n c o m p ta n t le n o m b re d e
tra n s p o sitio n s, e t c e lu i d e p r o d u it s d e t r a n s p o sitio n s à s u p p o r t s d isjo in ts, o n m o n tre ra q u e
l'im a g e d 'u n e tr a n s p o sit io n e s t e n c o re u n e tr a n sp o sitio n . O n u tilis e r a le fa it q u e le s im a g e s
d e to u te s le s tr a n s p o sit io n s s o n t d a n s la m ê m e c la s s e d e c o n ju g a iso n .

14. G é n é ra lise r l'a r g u m e n t d e l'e x e rc ic e 13, e n o b s e r v a n t q u e si / e s t u n a u to m o r p h is m e d e


6 n et si r e s t u n e tr a n s p o sitio n a lo r s / ( r ) e s t u n é lé m e n t d 'o r d r e 2 . M o n tre r q u e / ( r )
e st u n e tr a n s p o sitio n e n o b s e r v a n t q u e le s c a r d in a u x d e s c e n tr a lisa te u r s d e r et / ( r ) s o n t
é g a u x . P u is e n c a lc u la n t le s c a r d in a u x d e s c e n tr a lisa te u r s d e s é lé m e n ts d 'o r d r e 2 d a n s 6 n .

III. Classifications de petits groupes finis


1 et 2 . R e c h e rch e r le s s o u s - g r o u p e s d e S y lo w . M o n tre r q u e l'o n a s o it u n g r o u p e ab é lie n , s o it
u n p r o d u it se m i-d ir e c t n o n -ab é lie n .

3. M o n tre r q u 'il y a u n s e u l p -S y lo w , q u i e s t d o n c d is tin g u é . P u is m o n tre r q u e l'o n a


n é c e ssa ir e m e n t u n p r o d u it se m i-d ire c t e t q u e l'h o m o m o r p h is m e le d é fin is s a n t e s t triv ial.
O n p o u r r a se ré fé re r a u c h a p itre 5.

4. M o n tre r q u 'il n 'y a q u 'u n 1 7 - s o u s - g ro u p e d e S y lo w , e t q u 'il e s t d o n c d istin g u é .

5. P o u r d é m o n tre r l'e x iste n c e d 'u n s o u s - g r o u p e d 'o r d r e 15, o n s u p p o s e , p a r e x e m p le , q u e le


5 -Sy lo w , s o it Я , e s t d is tin g u é . S o it K u n 3-Sy lo w . O n m o n tre q u e K H e s t u n s o u s - g r o u p e
d 'o r d r e 15. O n s e s e r v ir a d e la str u c tu r e d e s g r o u p e s d 'o r d r e 15.

6 . a) b) Il s 'a g it d e s m a tric e s (2 , 2 ) in v e r s ib le s à co e ffic ie n ts d a n s Z /3 Z . Il y a 48 é lé m e n ts.


M o n tre r q u 'u n g r o u p e q u e lc o n q u e d 'o r d r e 27 c o n tie n t Z / 9 Z o u Z / 3 Z x Z / 3 Z c o m m e
s o u s - g r o u p e d is tin g u é . D a n s le s e c o n d c a s, e t s i o n s u p p o s e q u e to u s l e s é lé m e n ts s o n t
d 'o r d r e 3 d a n s le g r o u p e , m o n tre r q u e le g r o u p e e s t p r o d u it se m i-d ire c t d e Z / 3 Z x Z / 3 Z et
Z /3 Z . P u is à l'a id e d 'u n h o m o m o r p h is m e d e Z / 3 Z d a n s le s a u to m o r p h is m e s d e Z / 3 Z x Z / 3 Z
c o n stru ire l'e x e m p le ch erch é.

7. a) b) E n a p p liq u a n t le s th é o r è m e s d e S y lo w m o n tre r q u 'u n tel g r o u p e s im p le d 'o r d r e 56


a u r a it 7 2 - s o u s - g r o u p e s d e S y lo w e t 8 7 - s o u s - g r o u p e s d e S y lo w . M o n tre r q u 'il y a u r a it 48
é lé m e n ts d 'o r d r e 7. C o m p te r le s é lé m e n ts d 'o r d r e u n e p u is s a n c e d e 2.
S o it G u n g r o u p e s im p le à 224 é lé m e n ts si il e x iste . V é rifie r q u 'il a 7 2 -Sy low . E n d é d u ir e
u n h o m o m o r p h is m e n o n -triv ia l d e G d a n s 6 7 . M o n trer, e n c o n sid é ra n t le s o rd re s, q u e cet
h o m o m o r p h is m e n 'e s t p a s in jectif.

84 ACTIONS DE GROUPES GROUPES SYMÉTRIQUES - C hap. 2


chapitre 3

Anneaux, idéaux,
polynômes
et séries formelles
Dans ce chapitre on rappelle dans la première section les définitions de base con­
cernant les anneaux : sous-anneaux, homomorphismes, idéaux, anneaux quotients,
corps. La seconde est consacrée aux anneaux principaux, la troisième section à une
étude détaillée de l'anneau des classes de congruence modulo n, et la quatrième
à une brève introduction à l'étude de la cryptographie.
Les deux sections suivantes sont consacrées aux anneaux de polynômes, de sé­
ries formelles, et aux anneaux factoriels. On en profite pour faire l'étude des
polynômes symétriques. L'avant dernière section est consacrée aux zéros des po­
lynômes et à la théorie du résultant. Enfin, diverses propriétés des séries formelles
sont présentées dans la neuvième et dernière section.

1• A nneaux, id éaux, an n eau x quotients


Définition 1
I
Un anneau est un ensemble A muni de deux lois internes. La première notée
additivement est appelée l'addition, la seconde notée multiplicativement est ap­
pelée la multiplication. L'addition, détermine sur A une loi de groupe abélien
sur A. La multiplication détermine une loi associative sur A. La multiplication
est distributive par rapport à l'addition. C'est-à-dire que pour tous x ,y ,z e A
on a :
8
S x{y + z) = xy + xz et {y -h z)x = yx + zx.
I
ci Enfin il y a un élément unité, noté 1, tel que pour tout a eA on ait 1 xa = ax 1 = a.

Q
3.1 - ANNEAUX, IDEAUX, ANNEAUX QUOTIENTS 85
Les anneaux que nous considérons sont donc avec élément unité pour la mul­
tiplication, cet élément sera toujours noté 1. L'élément 0 est supposé distinct
de 1.
Notons que pour tout élément x de l'anneau o n a 0 x x = x x 0 = 0. En effet, en
utilisant la distributivité, on obtient

x = l x x = (l-| -0 )x x = æ-|-(0xa;),
donc a; = X + (0 X x ), donc 0 x x = 0. Le même argument donne l'autre identité.

Définition 2
I L'anneau est dit commutatif si la multiplication est commutative.

Dans un anneau commutatif quelconque on a la formule du binôme de Newton :


Proposition 1* Soit A un anneau commutatif. Pour tous a et b dans Vanneau A
on a :
(а + Ь Г = Y.
¿ = 0 ,...,n

Démonstration* La démonstration peut se faire par récurrence sur l'entier n ou


par dénombrement. Faisons la par dénombrement. On considère le produit

(û “h 6) X ♦ •• X (d + 6) .
'------------- V------------- '
n fois

Dans le développement du produit le terme apparaît chaque fois que l'on


a sélectionné i parenthèses parmi les n successives, que l'on développe suivant a
les parenthèses sélectionnées, et suivant 6 les n - г autres. Le coefficient de
est donc le nombre de sous-ensemble de {1,... ,n} à i éléments, c'est-à-dire ■

Remarque
On a plus généralement pour a i , . . . , dp e A la formule suivante :
ni
(di + •••+ dp)^ — E
(Ui,...,Up)|ni+—+Up=n
I
г¿l ! •••г¿p!
^
d1 Ui
I “ 'l
“ P
•••dp^

Définition 3
On dira qu'un élément a d'un anneau A divise un élément non nul b, et on
notera d I b, s'il existe un élément c de A tel que b = ac.

On comparera à la définition de diviseurs de zéro (définition 6).

86 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


D é f in it io n 4
Soit A un anneau, si pour tout élément a e A différent de zéro il existe un
élément a', appelé l'inverse, tel que aa' = a'a = l on dit que A est un corps.
Autrement dit A un corps si la multiplication détermine une loi interne sur
A - {0} qui en fait un groupe.

La dernière phrase de la définition est en fait une proposition : si A est un corps


la multiplication détermine une loi interne sur A - {0}. En effet, supposons donné
deux éléments x et y différents de zéro dans le corps et montrons que leur produit
xy ne peut être nul. Soient en effet x', respectivement y^, un inverse pour x,
respectivement pour y. Si on a xy = 0 on a x'xyy' = x' x 0 x y' = 0 et x'xyy' = 1 x
1 = 1 ce qui est impossible.

R e m a rq u e
On remarquera que l'inverse est unique. En effet si on a xy = 1 et xy' = 1 alors
on a yxy' = y et yxy' = y '.

Dans un anneau quelconque un élément peut avoir ou ne pas avoir d'inverse,


l'inverse s'il existe est unique.

Les deux premiers exemples d'anneaux sont l'anneau Z des entiers relatifs et le
corps Q des nombres rationnels.

Un sous-ensemble B d'un anneau A est un sous-anneau si :


► B est un sous-groupe du groupe {A, +),
- 1g b ,
► si x,y sont éléments de B , alors xy est élément de B.

%
Par exemple Z est un sous-anneau de Q. On laisse au lecteur le soin de vérifier
que l'intersection d'une famille de sous-anneaux est un sous-anneau.

I D é f in it io n 5
On appelle homomorphisme d'armeaux
I
i p : A ^ A'
8O
toute application de A dans A' qui est un homomorphisme pour l'addition et
la multiplication.
I
'V
I
Q
® 3.1 - ANNEAUX, IDÉAUX, ANNEAUX QUOTIENTS 87
Ceci signifie que :
► (f{x + y) = fp{x) + ip{y) pour tous X et y dans A,

^{Xa ) = 1^/
► ^{xy) = ^{x)ip{y) pour tous X et y dans A,

On définit l'image d'un homomorphisme comme dans le cas des groupes. C'est
un sous-anneau, on le note Im((/?).

De même que l'on définit le produit d'une famille de groupes, on définit le produit
d'une famille d'anneaux Ai, l'indice i décrivant un ensemble d'indices I fini ou
infini. L'anneau Hie/ est constitué des familles d'éléments (xi), z e /. La somme
et le produit de deux familles sont évidemment faites termes à termes :

( X i) + (x'i) = { X i + x ' i )

et
{ X i) X {x'i) = (Xi X x ' i ) .

La famille constituée uniquement de 1 est élément neutre.


On prendra garde à ce que l'on n'a pas une notion de somme directe comme
pour les groupes. En effet on pourrait considérer, comme pour les groupes, les fa­
milles d'éléments tous nuis, sauf pour un nombre fini d'entre eux. On peut définir
somme et produit par les mêmes règles que plus haut. Mais si l'ensemble d'in­
dices est infini il n'y a pas d'élément neutre : la famille constituée uniquement
par des 1 n'est pas dans l'ensemble des suites constituées d'éléments presque tous
nuis.

Soit A un anneau, voici d'autres définitions :


D é f in it io n 6

I Un élément non nul x dans A est un diviseur de zéro s'il existe un élément non
nul y tel que xy = 0.

D é f in it io n 7

I Un anneau est un domaine d'intégrité (ou est un anneau intègre) s'il n'a pas de
diviseurs de zéro.

R e m o rq u e
On vérifiera en exercice que le produit d'au moins deux anneaux non triviaux
n'est jamais intègre.

88 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


Tout anneau intègre peut être considéré comme sous-anneau d'un corps, son corps
des quotients :
P r o p o s i t i o n 2 * Soit A un anneau commutatif intègre. Il existe un corps K tel que :
► A s'identifie à un sous-anneau de K ,
►pour tout élément x e K il existe un élément u e A tel que ux G A.

Démonstration. La construction est la même que pour Q.


On considère l'ensemble A x A* et on le munit de la relation suivante : (a, h) =
v) si et seulement si av = bu. C'est une relation d'équivalence. On laisse au
lecteur le soin de vérifier la réflexivité et la symétrie.
En utilisant la commutativité et l'intégrité on vérifie la transitivité. En effet si
(a, b) = {u^ v) et (u, v) = (m, n) on a a-y = bu et un = vm. Donc avn = bun = bvm,
soit v{an —bm) = 0 et donc an = bm.
On définit deux lois internes, c'est-à-dire des applications
{A x A * )x {A x A * )— ^A xA *
sur l'ensemble A x A*, appelées addition et multiplication, par :
► (a, b) H- (n, v) = {av -f- bu, bv),
► {a, b) X {u,v) = {au,bv).

Notons que ce sont des lois interne. En effet, A étant intègre, bv ne peut être nul
sans que 6 ou v ne soit nul.
On vérifie aisément que la classe d'équivalence de la somme et du produit de deux
éléments ne dépend que des classes d'équivalence des deux éléments. Ceci permet
de définir l'addition et la multiplication sur l'ensemble quotient. La classe de (0,1)
est élément neutre pour l'addition, celle de (1,1) l'est pour la multiplication. Les
deux lois sont évidemment commutatives.
La multiplication est distributive par rapport à l'addition. C'est-à-dire que :
(u,v) X {{a,b) -h (a ',6')) = (u,v) x {a,b) + (u,v) x {a\b!).
Par ailleurs, l'ensemble des classes d'éléments de la forme (fca, a) est isomorphe
à A. En fait, l'application de A dans K qui à k associe la classe de {k, 1) est un
isomorphisme de A sur son image. La classe de Télément (l,fc), k ^ Q , est un
inverse pour la multiplication de la classe de (A;, 1).
Le corps IK est l'ensemble de ces classes d'équivalence muni de ces deux lois in­
I
O ternes. C'est le corps des quotients de A. Par exemple, le corps des quotients
des polynômes à coefficients dans un corps k est le corps k{X ) des fractions
rationnelles à coefficients dans k. m
I

Q
3.1 - ANNEAUX, IDÉAUX, ANNEAUX QUOTIENTS 89
Idéaux et anneaux quotients
Passons maintenant à l'étude des structures quotients. Soit un homomorphisme
d'anneaux ip : A A ' . Le noyau de l'homomorphisme (p est l'ensemble ^ des
éléments x e A tels que p{x) = 0. Il est noté Ker((/?). C'est évidemment un sous-
groupe de A pour l'addition et on a :

P r o p o s i t i o n 3 . L'ensemble ^ est tel que pour tout y e A et tout x G ^ on a yx


et xy G

D ém onstration, En effet si on a p{x) = 0 on a (p{yx) = (p{y)(p{x) = 0 et (p{xy) =


>p{x)(p{y) = 0. ■

D é f in it io n 8
Un sous-ensemble ^ d'un anneau A qui est un sous-groupe pour l'addition et
tel que si a G A et a; G alors x a e ^ et a x e ^ est appelé un idéal bilatère de A.

Donc le noyau d'un homomorphisme d'anneaux est un idéal bilatère de A. On


peut définir la notion d'idéal à gauche et d'idéal à droite :

D é f in it io n 9
Un sous-ensemble d'un anneau A qui est un sous-groupe pour la loi additive
et qui est tel que si a e A et x e alors ax G respectivement xa e ^ est
appelé un idéal à gauche, respectivement à droite de A.

Dans la suite on ne considérera des idéaux à gauche et à droite que dans les
exercices. Si bien que la mention « idéal » vaudra pour « idéal bilatère ». Soit donc
A un anneau et ^ un idéal.
On vérifie sans peine que l'intersection d'une famille d'idéaux d'un anneau A
est encore un idéal. Ce résultat vaut que l'on se place dans le cadre des idéaux
à gauche, à droite ou bilatère. Soit par exemple une famille d'idéaux bilatères
leur intersection est déjà un sous-groupe. Maintenant si x est dans l'intersec­
tion et si a G A ax et xa sont dans chacun des idéaux de la famille donc dans
l'intersection.

D é f in it io n 1 0
On appelle idéal engendré par une partie de A l'intersection de tous les idéaux
contenant cette partie. Autrement dit c'est le plus petit idéal contenant la partie
considérée.

90 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


En voici une description plus concrète. On se place dans le cas où A est un anneau
commutatif A, Soit x i , ... , 0;^ une famille d'éléments de A,
L'ensemble des éléments de la forme Ai^i H------ h ÀnXn, où les décrivent A est
un idéal de A. En effet la somme de deux éléments de ce type est encore du même
type, et, si on multiplie par un élément de l'anneau on obtient encore un élément
du même type.
On note cet idéal ( x i,... ,Xn)f c'est l'idéal engendré par la famille considérée.
On étend le résultat à l'idéal engendré par une famille infinie de X{ prenant les
sommes ou seuls un nombre fini de A^ sont différents de zéro.

R e m a rq u e
La remarque suivante est souvent très utile. Soit x e A un élément et (x) l'idéal
engendré. Alors (x) est égal à A si et seulement si x est inversible. En effet (x) est
égal à A si et seulement si 1 G (x) ; cette dernière condition a lieu si et seulement
si il existe y G A tel que xy = 1, le résultat suit.

L'idéal ^ est un sous-groupe du groupe abélien A. On peut donc considérer le


groupe quotient A jfÿ , on va le munir d'une multiplication et en faire un anneau.
Les éléments de A j^ sont des classes de la forme a + e/ = {a-l-x|xGe^}. Con­
sidérons deux classes dans A j^ , soient ^ = a + «^ et ^ , considérons
l'ensemble c'est l'ensemble des éléments

{ab + ay xb xy \x ,y e .
Comme ^ est un idéal cet ensemble est contenu dans la classe ab + ^ . Définissons
donc un produit, noté provisoirement *, sur A/«^ par la formule :

Jii^ JÎ2 = ab -\ -r^ .

Cette loi est bien définie par construction.

I On vérifie que cette loi est associative et distributive par rapport à la loi additive.
Les démonstrations sont formellement identiques à celles faites dans le cas des
groupes et laissées au lecteur. En particulier, la classe 1 -h est élément neutre
pour la multiplication. Enfin l'application :
A -^ A I^ ,
a I— ^a + ^ ,
est par construction un homomorphisme d'anneaux.

On va étudier le comportement des idéaux vis à vis des homomorphismes.


I
I
Q
3.1 - ANNEAUX, IDÉAUX, ANNEAUX QUOTIENTS 91
Proposition 4
► Soit (p un homomorphisme d'un anneau A dans un anneau A', et soit un idéal
de N . Alors l'ensemble est un idéal de A.
► Soit P un homomorphisme surjectif d'un anneau A dans un anneau A', et soit ^
un idéal de A. Alors l'ensemble est un idéal de A\
► Soit (p un homomorphisme d'un anneau A dans un anneau A', et soit un idéal
de A. Supposons que ^ soit contenu dans Kev{p). Alors il existe un unique ho­
momorphisme de Ajfÿ> dans A! tel que p = 'il)op, où p est l'homomorphisme
canonique de A dans A j ^ . Autrement dit, on a un diagramme commutatif :

A -----
\ /4
A j3

D ém onstration. On démontre le troisième point, les autres sont laissés en


exercices. On définit '(¡j par la formule

+ «^) = (p{x) .

Cette formule a un sens. En effet si x + = x' + on a, par hypothèse sur p et


la relation p{x) = p{x'). Il reste à vérifier que 'tp est un homomorphisme. On a

V^(x+ e^ + x' + e^)='0(x + x' + e/) = </?(x+ x')=V?(x)+</?(x')='0(x4-«^)+^(x' + <^),

et

'0 ( ( x + ^ ) ( x ' + e^ )) = - 0 ( x x ' + e^) = p{xx^) = p{x)p{x') = -0 (x + i ^ ) '0 ( x ' + e^) ,

la première identité vient de ce que ^ est un idéal. Quant à l'unicité de ^ elle


résulte de la surjectivité de p. h

Soient un anneau A, un idéal ^ de A et un élément x G A. L'ensemble x + est la


classe de x module ^ et sera notée le plus souvent x .

Nous allons donner maintenant, comme dans le cas des groupes, un certain nombre
de conséquences classiques de cette construction ; la décomposition canonique des
homomorphismes et les théorèmes d'isomorphismes.

Corollaire. Soit p : A ^ A' un homomorphisme et soient p l'application canonique


de A dans A /K ev{p), i l'inclusion canonique de Im((p) dans A'. Il existe un unique
isomorphisme p' de A /K ex{p) dans lm {p) tel que (p = i o (jj o p . Autrement dit, on a

92 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


une factorisation et un isomorphisme :
^A'

A/Ker{(l>)-

D é m o n s t r a t i o n . On applique le résultat précédent avec = Ker{(p), et avec (p'


rhomomorphisme de Aje9 dans Im((^) défini par
<\>{x + 1/) = ^ {x ).
C'est un isomorphisme car il est injectif et surjectif par construction. Pour finir on
compose à gauche par l'inclusion %de l'image de (p dans A '. ■

y T h é o r è m e 1 • Soient A un anneau, et soient et ^ deux idéaux de A tels que


^ L'ensemble ^ ^ est un idéal de Vanneau quotient A j ^ , L'anneau quotient
Aft^ est isomorphe à Vanneau quotient (>1/^)/«/'. Autrement dit, on a une factorisation
et un isomorphisme :
A ------------ >Alé?

Par abus de notation sera noté

D é m o n s t r a t i o n . On considère rhomomorphisme canonique p : A A f^ . Son


noyau contient l'idéal J f . Il existe donc un homomorphisme surjectif de A / J f
vers Ajé>, il associe à la classe x + ^ la classe x + Son noyau consiste en
l'ensemble des classes

telles que a; + ^ est égal ^ , soit l'ensemble des classes x A ^ telles que a; G h

Soient A un anneau, et soient ^ et ^ deux idéaux de A. On notera le plus


a
petit idéal de A contenant tous les éléments xy pour x G ^ et î/G jT- Vérifions
que
XiVi \ x i e ^ , y i G
^ i
I Précisons la formule, on considère l'ensemble de toutes les sommes (finies!) de
I
'fela forme avec les conditions imposées. Il est clair que la somme et la
différence de deux tels éléments est encore du même type. Si on multiplie par
i a G on obtient
car axi G
axiyi = {axi)yi, qui est encore un élément du même type

Q
3.1 - ANNEAUX, IDÉAUX, ANNEAUX QUOTIENTS 93
Voici une variante du lemme chinois :

T h é o r è m e 2 . Soient A un anneau, et soient et ^ deux idéaux de A. Supposons


que ^ + J f = { x -\ -y \ x e r ^ ,y e jT } soit égal à A. Vanneau quotient A j ^ ^ est alors
isomorphe au produit {Aj*^) x {A /^ ).

D é m o n s t r a t i o n * On considère l'homomorphisme

p : A — >{A /^ ) X [ A /g ) , ai— + g ).

Cet homomorphisme a pour noyau J' C\g .

L e m m e 1 • Sous les hypothèses du théorème on a ^ g = ^ g.


D é m o n s t r a t i o n . L'inclusion ^ g C est claire : soient x e ^ et y e g alors
xy e ^ n g .
Réciproquement l'hypothèse ^ -t- g = A montre que l'élément I g A peut s'écrire
u-\-v où uG ^ et V G g . Soit alors z G g , on a z = zu + zv et chacun des
deux termes du membre de droite est dans ^ g . D'où le résultat. b

Revenons à la démonstration du théorème. Nous venons de démontrer que le


noyau de l'homomorphisme est *^g. Nous en déduisons donc, par le corollaire à
la proposition 3, un homomorphisme injectif

A /^ g -^ [A /^ )x {A /g ),

Il reste à démontrer que cet homomorphisme est surjectif. Il suffit évidemment de


montrer que l'homomorphisme initial p l'est.
Cela résulte de l'argument donné dans la démonstration du lemme. Écrivons 1
comme somme d'un élément u G ^ et v G g : l = 'a + t;et soient a-\- G A j^ et
b-\- g G A / g . Alors l'homomorphisme p envoie l'élément av - \ - b u G A vers (a +

g) ^ {^1g ) X {^1g ) ' D'où le résultat. h

On étend à une famille d'idéaux :

T h é o rè m e 3 . Soient A un anneau, et soient une famille finie d'idéaux, de A.


Supposons que ^ dès que a ^ /3. Alors on a un isomorphisme

Démonstration. On fait la démonstration par récurrence sur le nombre d'idéaux


dans la famille. Soit n ce nombre. Isolons un des idéaux de la famille, soit g . On

94 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


va appliquer le théorème 2 à ^ et Pour cela on doit montrer que :

/+ n = ^

Ceci se démontre comme suit. Pour tout distinct de ^ on peut, par hypothèse,
trouver Xoc ^ ^ et yoc E: e^Q tels que Xa + î/a = 1. Faisons le produit sur a de toutes
ces identités. Quand on développe le produit tous les termes, sauf le produit des
yoc, sont dans On a donc bien une relation de la forme x-\-y = 1, avec x e ^
et y G implique la condition.
Le théorème 2 implique alors que :

A lg ^ A j I I a/ H ^ c,.

Mais l'hypothèse de récurrence donne :

V n n
Le résultat suit en combinant ces deux isomorphismes. ■

D é f in it io n 1 1
Soit A un anneau, et soit fg un idéal. On dit que g est un idéal premier si et
seulement si pour tous x, y G A la condition xy e g implique x e g ou y e g .

Voici une caractérisation des idéaux premiers à l'aide des anneaux quotients :

P r o p o s i t i o n 5 « Un idéal g d'un anneau A est premier si et seulement si Vanneau


quotient A j g est un domaine d'intégrité.

D é m o n s t r a t i o n . Supposons que le quotient est intègre, et soient x,y e A tels


que X ÿ = 0 dans A jg . Cela veut dire que xy G g . Comme l'anneau quotient est
T3 intègre on a par exemple x = 0 , soit x e g . D'où le résultat.
Inversement si on a pour deux éléments x et ÿ de l'anneau quotient x ÿ = 0
cela veut dire que xy e g . Donc g étant premier cela implique que x ou y, par
I exemple x, est dans g . Ce qui implique que x = 0. Donc le quotient est intègre, m
r

I
D é f in it io n 1 2
Soit A un anneau, et soit g un idéal. On dit que g est un idéal maximal si et
I seulement il n'existe pas d'idéal J f distinct de A et g tel que ^ z:> g .

3.1 - ANNEAUX, IDÉAUX, ANNEAUX QUOTIENTS 95


Voici une caractérisation des idéaux maximaux à l'aide des anneaux quotients :

Proposition 6« Un idéal ^ d'un anneau A est maximal si et seulement si Vanneau


quotient A j^ est un corps.

Démonstration, Supposons que le quotient soit un corps. Soit D et distinct


de Soit X e J f tel que x . L'élément x n'est pas nul dans le quotient et y
est donc inversible. Il existe donc y tel que x ÿ = 1, soit xy = 1 + u avec u e
Donc 1 = xy —U appartient à qui est donc égal à A. D'où le résultat.

Réciproquement supposons ^ maximal, et soit x un élément non nul du quotient


A jfÿ , X n'est donc pas dans ^
Le plus petit idéal contenant x et ^ est constitué par les éléments de la forme
xa + г¿, a e A et U e Il contient strictement e^. Comme ce dernier est maximal
il est égal à A.

Par conséquent il existe y e A et tels que 1 = xt/+ u, et on a dans l'anneau


quotient X ÿ = 1. On a donc trouvé un inverse pour x et A/<^ est un corps. m

Par exemple les idéaux maximaux de Z sont ceux qui sont constitués par les mul­
tiples d'un nombre premier. En effet il faut montrer que si si un idéal contient
un nombre premier p et un entier non divisible par p il contient 1. Mais cela ré­
sulte de l'identité de Bézout. Ceci sera généralisé dans la prochaine section. Soit p
un nombre premier, le corps quotient de Z par l'idéal pZ sera noté ¥p.

Théorème 4 (Krull). Tout idéal est contenu dans un idéal maximal.

La démonstration de ce théorème repose sur l'axiome du choix, nous l'admettrons.


Comme conséquence on notera qu'un élément est inversible si et seulement si il
n'est contenu dans aucun idéal maximal. En effet si x n'est pas inversible, l'idéal
(x) est distinct de A et est donc contenu dans un idéal maximal. La réciproque
est claire.

2 . A nneaux principaux
On va maintenant étudier une classe d'anneaux qui est particulièrement impor­
tante, celle des anneaux principaux. Tous les anneaux que l'on va considérer sont
commutatifs.

96 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNOMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


D é f in it io n 1
Un anneau commutatif A est un anneau principal si :
► il est intègre,
► tout idéal est de la forme
{x) = {xa \a e A}
pour un certain x e A

L'anneau Z est principal, en effet il est intègre.


Par ailleurs un idéal de Z n'est autre qu'un sous-groupe de Z. On a démontré au
chapitre 1 qu'un sous-groupe de Z est constitué par les multiples d'un entier n
bien défini au signe près, c'est-à-dire est égal à l'idéal (n).
Rappelons que l'on note A* l'ensemble des éléments de A qui admettent un in­
verse pour la multiplication. Notons que si on considère un élément æ G A et un
élément и G A* les idéaux (x) et (их) coïncident. En particulier on rappelle que
si U est inversible on a (n) = A,
Revenons à un anneau quelconque pour définir la notion d'éléments irréductibles :
D é f in it io n 2
Soit A un anneau. On dit qu'un élément différent de zéro x est dit un élément
irréductible si, dès que l'on a une égalité x = uv, l'un des éléments, et un seul, и
ou V est inversible.

La condition « et un seul » impose à un élément irréductible de ne pas être in­


versible. Le résultat suivant caractérise les éléments irréductibles dans un anneau
principal :
P r o p o s i t i o n 1 » Soit A un anneau principal, et soit x un élément différent de zéro.
Les conditions suivantes sont équivalentes :
► l'élément x est irréductible,
► l'idéal (x) est premier,
► l'idéal (x) est maximal.

DémonsfîrafîorTi« Il est clair que la troisième condition implique la seconde, un


idéal maximal étant premier car un corps est intègre.
La seconde implique la première. En effet supposons que l'on ait x = uv. En par­
ticulier uv G {x), on a donc par exemple, l'idéal ( x ) étant premier, г¿ G {x). Donc
l'élément и est de la forme xa pour un certain a e A. On a donc x = xav, comme
A est intègre on obtient av = 1 donc v est inversible.
Il reste à montrer que la première condition implique la troisième. Pour ce faire on
considère l'anneau quotient A /{x). On doit montrer que c'est un corps, c'est-à-dire
I que tout élément non nul est inversible.

Q
® 3.2 - ANNEAUX PRINCIPAUX 97
Considérons donc un élément non nul ÿ G A/(x), et soit y un élément de A dont
la classe dans A /{x) est ÿ. Comme ce dernier élément est non nul cela veut dire
que y n'est pas dans l'idéal engendré par x. Considérons alors l'idéal engendré
par X et y, soit
y) = -hby \a,b e A} .
L'anneau étant principal cet idéal est de la forme (z) pour un certain élément
Z e A, montrons que (z) = A.
D'abord il existe deux éléments и et v tels que x = zu et y = zv, puisque x et y
sont dans (z). L'élément x étant irréductible on a soit 0, soit и inversible. Dans
le premier cas, on a bien (z) = A, Dans le second cas les idéaux (x) et (z) coïn­
cident, c'est impossible par hypothèse. On en conclut que 1 appartient à l'idéal
(хуу) et qu'il existe a^b G A tels que ax by = 1. Réduisons cette équation mo­
dulo l'idéal (x) on obtient dans l'anneau quotient A /{x) l'identité ÿb = 1, donc ÿ
est inversible. ■

L'une des propriétés fondamentales des anneaux principaux est la factorisation


unique des éléments en produit de facteurs irréductibles. Ainsi qu'on le verra, ceci
ne caractérise pas les anneaux principaux, mais les anneaux factoriels.
Soit A un anneau principal. Commençons par introduire un système de repré­
sentants des éléments irréductibles. Précisons ce que l'on entend par là : d'abord
deux éléments irréductibles x et y sont dans la même classe s'il existe un élé­
ment inversible и tel que x = yu. Ceci définit une relation d'équivalence sur les
éléments irréductibles. Un système de représentants est un ensemble d'éléments
irréductibles Хг, avec г G /, tel que :
► tout élément irréductible x est de la forme xiu pour un certain indice г et un
certain élément inversible u,
► par ailleurs si г ^ j xi et Xj ne sont pas en relation, c'est-à-dire qu'il n'existe
pas d'élément inversible и tels que Xi = XjU.

Théorèm e 1 • Soit A un anneau principal Tout élément x e A, différent de zéro, peut


s'écrire sous la forme
U X U xf\ G A * , Oi G N ,
iei

où seuls un nombre fini d'entiers щ sont non nuis. Si bien que le produit précédent est
fini, ce qui donne un sens à la formule. Par ailleurs si on a une égalité
rpdi
П
и х \ \ ХГ =
iel
V X
П
iel
>

alors u = v et ai = /3i pour tout i e l .

98 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


D é m o n s t r a t i o n . Démontrons d'abord l'existence de la décomposition. On utilise
le lemme suivant :

L e m m e 1 • Considérons une suite croissante d'idéaux dans un anneau principal A :

^1 C C ••• C C ei^i+1 C * * * .

Il existe un entier N tel que si N on a ^ i = .


D é m o n s t r a t i o n d u l e m m e . On considère l'ensemble =U i •C'est un idéal.
En effet, soient x, y G on a ж G f^ rn et y pour certains entiers m et n. Donc
a: et y appartiennent à ^sup(m,n) C Donc l'élément ж - y est dans «/sup(m,n) C
De même s i x G ^ e t a G i 4 o n a x G pour un certain u, donc аж G C

L'idéal est égal à l'idéal (ж) pour un certain ж G l'élément ж G ^ appartient


à pour un certain entier N, On a alors pour tout N :

J Î = {x )C ^ N C ^ i C j f .

donc on a = J f , d'où le résultat. в

Revenons à la démonstration du théorème. On notera qu'il n'est pas clair qu'il


existe des éléments irréductibles. La démonstration qui suit démontre tout à la
fois qu'il en existe et que l'on peut décomposer un élément quelconque en produit
d'éléments irréductibles.
On raisonne par l'absurde et supposons que l'ensemble S des éléments non nuis
et non inversibles qui ne peuvent s'écrire comme produit d'éléments irréductibles
soit non vide. Soit l'élément ж un élément de cet ensemble.
Puisque l'élément n'est pas irréductible il s'écrit Ж1 У1 où x\ et yi ne sont pas
inversibles. On a une inclusion stricte (ж) c (Ж1), l'inclusion résulte de ce que x\
divise Ж, le fait qu'elle est stricte de ce que yi n'est pas inversible. Nécessairement
l'un des deux éléments x\ ou yi est dans 5 , sinon ж ne serait pas dans S. En effet
si x\ et yi s'écrivent comme produit d'éléments irréductibles il suffit de multiplier
ces deux produits pour obtenir ж comme produit d'éléments irréductibles.
I Supposons que x\ G S. On peut alors écrire x\ = Ж2У2 avec les mêmes propriétés,
Ж2 et У2 ne sont pas inversibles et Ж2 G 5. On a alors des inclusions strictes (ж) c
(Ж1 ) C (Ж2 ) . On itère le processus et on obtient une suite strictement croissante
d'idéaux :
(x) c ( æ i ) C • • • C ( x „ ) C • • • ,

ce qui est en contradiction avec le lemme 1. Cela démontre l'existence d'une


я décomposition en produit d'éléments irréductibles, et par conséquent l'existence
d'éléments irréductibles.

Q
@ 3.2 - ANNEAUX PRINCIPAUX 99
Passons maintenant à Tunicité, on la démontre par récurrence. Supposons que l'on
ait avec les notations du théorème :
U X
П
iel
= V X
П
iel
bien entendu seuls un nombre fini d'exposants sont non nuis. On fait la récurrence
sur l'entier sup(X^^ A)- Insistons bien sur le fait que ces quantités sont finies
puisque seuls un nombre fini d'exposants sont différents de zéro. Considérons un
des éléments irréductibles apparaissant à gauche avec un exposant non nul, soit
Xk. Le terme de droite est dans l'idéal engendré par Xk.
Rappelons que si x est élément d'un anneau commutatif on dit que x divise a e A
et on note x |a si cet élément est dans l'idéal engendré par x, donc si a = xu pour
un certain u G A.
Le lemme qui suit montre alors que Xk apparaît aussi dans le membre de droite.

Lemme 2 (Lemme d'Euclide)« Soit A un anneau principal, soit x un élément


irréductible. Supposons que x divise le produit ab, a^b e A. Alors x divise a ou b.
D ém onstration du lemme« Raisonnons par l'absurde, supposons que x ne di­
vise ni a ni 6. La proposition 1 implique que A/{x) est un corps, par conséquent
les classes de a et 6 sont inversibles dans ce corps et il existe UyV et u\v' tels que
ux-\-va = 1 et u'x + v'b = 1.
Faisons le produit de ces deux égalités, on obtient :
+ uv'xb + vu^ax + vv'ab = 1,
X divise le membre de gauche, et divise donc 1, donc est inversible, c'est impossible
car X est irréductible. □

Achevons la démonstration du théorème. Le lemme implique que Xk apparaît à


droite avec un exposant différent de zéro. On peut donc diviser à gauche et à droite
par Xk, A étant intègre, et donc se ramener au pas précédent de la récurrence, m

On observera qu'un élément x divise un élément y si et seulement si l'exposant de


tout élément irréductible dans la décomposition de x est inférieur ou égal à celui de la
décomposition de y.

Le lemme d'Euclide se généralise en :


Lemme 3 (lem m e de G auss). Soit A un anneau principal, soit x e A. Supposons
que X divise le produit ab, a^b G A et que le pgcd de x et a soit 1. Alors x divise b.

La démonstration est laissée en exercice.

100 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


Pour définir le pgcd de deux éléments x et y différents de zéro on va procéder
à l'envers de la démarche standard. Celle-ci consiste à le définir comme étant un
générateur de l'idéal engendré par x et y et à en décrire après la décomposition
en nombres premiers. On le définit avec le ppcm par les formules qui suivent.
Soient x = u x Hie/ et y = -y X Hie/ les décompositions de x et y. Alors
par définition :
inî{ai,pi)
pgcd(x,2/) = n et ppcm(x, J/) = J J x' su p ( a i ,/5i )
iel i£l
Plus généralement on définit le pgcd et le ppcm d'une famille finie d'éléments non
nuis
2/m = Wto X J J
16/
1 ^ m ^ n, par :
pgcd(î/i,. . . , î/„) = J J x f .
i€l

Le pgcd d'une famille finie d'éléments quelconques est le pgcd de la sous-famille


des éléments non nuis.
Il est commode d'étendre la définition précédente en disant qu'un élément est un
pgcd d'une famille d'éléments s'il est égal à l'élément précédent, à multiplication
près par un élément inversible. Cet abus allégera souvent les énoncés.
On notera aussi, avec les notations précédentes pour x et y, que x divise y si et
seulement si pour tout z on a < A . Cela a déjà été signalé plus haut. On a :

Proposition 3 (identité de Bézout). Soient x et y des éléments dijférents de zéro


d'un anneau principal A, et soit v leur pgcd. Il existe des éléments a et b de A tels que
ax -f 6y = y .
En particulier deux éléments différents de zéro x et y sont premiers entre eux, c'est-à-dire
n'ont pas de diviseurs non trivial commun si et seulement si il existe u et v tels que
ux -h vy = 1.
ITJ Soit yi une famille d'éléments différents de zéro d'un anneau principal A, et soit v leur
pgcd. Il existe des éléments Oi e A tels que

^ üiVi = V.

En particulier des éléments différents de zéro yi sont premiers entre eux, c'est-à-dire n'ont
pas de diviseurs non trivial commun si et seulement si il existe ai e A tels que

I ^ aiVi = 1.

3.2 - ANNEAUX PRINCIPAUX 101


D é m o n s t r a t i o n . Considérons le cas de deux éléments. Soit v un générateur de
l'idéal (x,y). Le pgcd à e x ei y divisant x et y, il divise v.
Inversement montrons que le pgcd de x et î/ est divisible par v. Comme v est
générateur de l'idéal (x,y), il divise x et il divise y. Si bien que, si on considère
les décompositions en produit de facteurs irréductibles de x, y et v on obtient
X = Uo X Hie/ x f * , y = u i X Hig/ x f et V = U2 X Hie/ on a 7i < \nî{ai,Pi).
Le résultat suit. ■

Le résultat s'étend à une famille finie d'éléments sans difficultés.

Anneaux euclidiens
Pour conclure cette section décrivons une classe particulière d'anneaux principaux.

D é f in it io n 3
Un anneau A commutatif intègre est un anneau euclidien s'il est muni d'une
application s : A —{0} N —{0} telle que :
► pour tous x^y e A, y ^ 0, il existe q^r e A tels que x = y q r et r = 0 ou
s(r) < s{y),
► r est appelé le reste de la division de x par y.

Par exemple Z est euclidien en prenant s{x) = \x\.

P r o p o s it io n 4 . Un anneau euclidien est principal

D é m o n s t r a t i o n . C'est la même que dans Z. Soit ^ un idéal non réduit à 0. Soit


y un élément différent de zéro de l'idéal tel que s (y) soit minimal. Soit maintenant
X quelconque dans l'idéal, on a x = yq + r, donc r = x —yq est dans l'idéal. Mais
s{r) < s(y), par définition de y la seule possibilité est r = 0, ce qui montre que
^ = (y). m

Dans un anneau euclidien on a un algorithme d'Euclide pour calculer le pgcd exactement


comme dans le cas de Z. On peut aussi l'utiliser pour calculer les coefficients de la formule
de Bézout. Rappelons le brièvement.
On a d'abord :
L e m m e 4 . Soient x^y e A, où A est un anneau principal. Soit x = yq-\-r la division
euclidienne de x par y. Alors le pgcd de x et y est égal au pgcd de y et r si r ^ 0 , à
y sinon.

102 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNOMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


D é m o n s t r a tio n « La démonstration est laissée au lecteur. b

Passons à la description de l'algorithme. Posons r = ro. On itère le processus, on


écrit la division de y par ro, qui dorme un reste r\. Le pgcd de x et y est alors
égal à celui de ro et r \. Ceci pourvu que ro ne divise pas y, il est égal à ro sinon.
Dans le premier cas on itère le processus et on définit ainsi V2. Plus généralement
supposons avoir défini Vn-i et Vn- Alors, soit Vn divise r^-i et le pgcd de x et y
qui est le pgcd r^-i et Vn est rn- Soit on définit r^+i comme le reste de la division
de Vn-i par rn, et le pgcd de x et y est le pgcd de r^ et Vn+i- Comme la suite
s{rn) est une suite d'entiers positifs strictement décroissante ce processus s'achève
après un nombre fini d'itérations. Le pgcd de x et y est le dernier reste non nul
dans cet algorithme.
Cet algorithme permet aussi de trouver les coefficients de la formule de Bézout. En
effet, partons du pgcd qui est le dernier reste non nul On a = —rn-iQu-i +
rn-2- À l'étape précédente on avait Vn-i = —rn- 2Qn-i +^n-3* Dans la première
équation on peut donc remplacer r^-i par sa valeur en fonction de rn-2 et Vn-z-
On obtient donc une expression de Vn en fonction de Vn-2 et À l'étape
suivante on exprime Vn-2 en fonction de et rn-4, et on substitue. De proche
en proche on obtient une expression de Vn en fonction de x et y. ■

À titre d'exercice le lecteur pourra écrire le lemme chinois dans le contexte présent.

3 . L'anneau
Un idéal de Z est un sous-groupe de Z et réciproquement. La proposition 5 de la
section 1 du chapitre 1 classifie donc les idéaux de Z ainsi qu'on l'a déjà dit plus
haut.

Proposition 1 • Soit fÿ un idéal de % non réduit à zéro. Il existe un unique entier


positif non nul a tel que = oL.

Rappelons la définition de la fonction, ou indicateur, d'Euler :

Définition 1
La fonction d'Euler (p de N dans N est définie par :
= #{^ I 1 ^ i < net pgcd(i,n) = 1}.

Notons que (p{l) = 1.

»-q
Montrons que (p{n) est aussi le cardinal de
I

O
a3
Q
3.3 - L’ANNEAU Z/nZ 103
Les éléments non nuis de Z/nZ sont en bijection avec les entiers compris entre 1
et n - 1. Par ailleurs si un tel entier a est premier à n (si son pgcd avec n est
égal à 1) l'identité de Bézout implique l'existence de u et tels que ua + vn = 1.
Réduisant modulo n on obtient â ü = 1, donc â est inversible dans Z/nZ.
Inversement si la classe d'un élément x est inversible dans Z/nZ, il existe k tel
que x k = 1. Soit xk = 1 —un pour un certain entier u. Ce qui implique que x et
n sont premiers entre eux par Bézout.
La formule suivante sera utile plus loin :
P r o p o s it io n 2
n = ^ V ’(d) =
d\n d\n

Démonstration. Soit d un diviseur de n. On définit un sous-ensemble Cd de


{1 ,.. . ,n} par Cd = {i\ pgcd(z,n) = ^ }. Les sous-ensembles Cd constituent une
d
partition de {1 ,.. . ,n} quand d décrit les diviseurs de n. Donc, on a

n
d\n

D'autre part on a en effet un entier u dans Cd s'écrit ^ x L'entier


V devant être premier à n donc à d et compris entre 1 et d. Il y a bien (p{d) entiers

satisfaisant à ces deux conditions. Le résultat suit en substituant dans la formule


ci-dessus. m

Calculons maintenant la fonction (p.


P r o p o s i t i o n 3 « Si m et n sont premiers entre eux on a la relation :

(p {m n ) = (p {m )cp {n ) .

Démonstration. Ceci résulte du lemme chinois (théorème 2 section 1). Comme


m et n sont premiers entre eux Z/mnZ est isomorphe au produit Z/mZ x Z/nZ.
L'ensemble des éléments inversibles de Z/rrmZ, qui est de cardinal i p { m n ) est
donc isomorphe à ( Z l m Z ) * x (Z/nZ)*, qui est de cardinal i p { m ) ( p { m ) . s

Il en résulte que :
C o r o l l a i r e . Soit n un entier positif non nul et soit • la décomposition de
cet entier en puissances de nombres premiers. On a :

‘P(n) = JJ <p(pt‘ ).

104 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


II nous reste à calculer la fonction d'Euler sur les puissances des nombres premiers :
T h é o rè m e 1• Soit p un nombre premier impair, on a :

si n ^ 1.

Ce théorème se démontre en comptant les entiers inférieurs ou égaux à premier


à P, c'est-à-dire qui ne sont pas divisibles par p. On compte le nombre d'éléments
dans le complémentaire, c'est-à-dire le nombre d'entiers divisible par p. Ceux-ci
sont de la forme pu avec 1 < u il y en a p^“^,.il y a donc p^ —p^“^ éléments
premiers avec p.

En fait ce résultat est un corollaire du théorème plus précis suivant :


T h é o rè m e 2
► Le groupe (Z /2 ^ Z )* est isomorphe à si n = 2 et à Z /2 Z x Z /2 ^ “ ^Z si n > 2,
► le groupe {Zfp'^Z)* est isomorphe à Z /(p - 1)Z x Z /p ^ “ ^Z si 1.

La démonstration est proposée en exercice.

4 . Cryptographie à clé révélée


Dans cette section on va donner une brève introduction à la cryptographie. Plus
précisément, on va donner une description rapide et très simplifiée du système
RSA (pour R. Rivest, A. Shamir et L. Adleman) et de celui du« sac à dos ». Le but
de la cryptographie est de rendre des messages inintelligibles à toute personne
qui ne possède pas la clé pour les traduire. Donnons un exemple classique (utilisé
par J. César!) pour commencer. Considérons les 26 lettres de l'alphabet et une
permutation a quelconque de cet ensemble. Par exemple la permutation cyclique
qui envoie a sur b, b sur c, . . . , 2: sur a. Si on applique cette transformation à
un mot, c'est-à-dire à chaque lettre substituer son image par la transformation,
on obtient par exemple pour le mot oui, le mot pvj. Pour déchiffrer le message
on applique évidemment la transformation inverse. Le problème avec cet exemple
classique est que la fonction a et son inverse peuvent être facilement déduites
de quelques messages. Il suffit en effet de connaître la fréquence d'apparition des
lettres dans un texte d'une langue donnée. À partir d'un échantillon de messages
suffisant le décryptage est rapide. Le problème est donc de rendre pratiquement
I impossible la détermination de l'application inverse.
Le système RSA fournit une solution à ce problème, on renvoie à [De] et [Ko]
pour compléter la description qui suit.
On commence par compliquer le cryptage en procédant comme suit. Au lieu de
remplacer une lettre par une autre on peut remplacer une suite, disons de k lettres
'O
§3
Q
3.4 - CRYPTOGRAPHIE À CLÉ RÉVÉLÉE 105
ou symboles successifs (éventuellement des blancs) par un autre symbole. Cela
veut dire construire une application de A^, où A est notre alphabet usuel auquel
on a adjoint un certain nombre de symboles (virgule, point, blanc, ... ) vers un
autre ensemble ensemble B , On donnera un exemple plus loin.

Le système RSA
On passe maintenant au système RSA proprement dit. On considère deux personnes
appelées IV et OA par exemple, souhaitant communiquer entre elles en toute con­
fidentialité. Elles choisissent chacun une paire de nombres premiers « grands », px
et Qx pour IV, Py et qy pour OA. On pose Ux = PxQx et Uy =pyQy. Puis IV choi­
sit également un entier Cx premier avec (p{rix) = (Pæ - l)(çx —1) et OA un entier
Cy premier avec (p{riy) = {py - l){qy —1).
La classe de congruence de l'entier Cx admet un inverse dx dans le groupe multi­
plicatif {Z/rix'^y • Cette classe est facile à calculer rapidement dans la mesure où
l'on connaît la valeur de (f{nx)- De même la classe de congruence de l'entier Cy
admet un inverse dy dans le groupe multiplicatif {ZfuyZ)*, elle est rapide à cal­
culer dans la mesure où l'on connaît la valeur de (p{riy). Nous ne rentrerons.pas
dans les détails mais ce calcul, en temps, est court.
Mais si on ne connaît que les valeurs Ux et Cx, respectivement Uy et Cy, le calcul
devient très difficile, c'est-à-dire très long en temps. La seule façon connue de
procéder en général est de chercher la décomposition en nombres premiers de Ux
et Uy, puis d'en déduire les valeurs de la fonction d'Euler.
La décomposition en nombres premiers est facile théoriquement, on divise succes­
sivement par tous les nombres premiers, par contre, elle est extrêmement longue
du point de vue du temps de calcul, au point de devenir inaccessible dès que les
nombres en jeu sont très grands. Pratiquement le calcul de dx, respectivement dy
est impossible à partir de Ux et Cx, respectivement de riy et Cy.
Les messages sont alors codés de la façon suivante. D'abord les lettres des alpha­
bets B introduit plus haut sont identifiées à des classes de congruences inversibles
modulo rix d'une part, à des classes de congruences modulo riy d'autre part. On
entend par là que l'on se donne une application injective de
a: B {Z/ tIxZ^*
et une application injective
(3: B .y.
Ces identifications sont publiques et connues des correspondants.
On ne considère donc maintenant que des suites de symboles qui sont des classes
de congruences.

106 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


I D é f in it io n
Les entiers rix.Cx et riy^Cy sont les clés publiques. Les entiers PxyQx^dx et
IPy^Qy^dy sont les clés privées.

Ces dernières ne sont connues que de IV, et respectivement de OA. Bien entendu
les valeurs de (p{rix) = {Px ~ l)(çæ —1) et ip{riy) = {py —l){qy —1) sont aussi secrètes
(privées).
Supposons alors que IV veuille coder un message destiné à OA et que ce message
soit exprimé comme une suite de symboles appartenant à {Z friyZ y. Il applique à
cette suite de symboles, soit (ai, a2, . . . , , .. .) la transformation :

(ai, 02, . . . , ttfe,...) '— >(«î*' al’'


puis il envoie le message. Le calcul effectif n'est pas prohibitif en temps.
Quand OA reçoit le message il applique la transformation inverse :

(61, 62, . . . , 6fc,...)


Ce qu'il est seul à pouvoir faire dans la mesure où il est le seul à connaître dy. Ceci
restitue le message émis. En effet, le fc-ième terme de la suite est . Comme
Cydy est égal à 1 modulo (p{riy) on a ^ = a^. Rappelons en effet que ap­
partient au groupe multiplicatif {ZluyZy qui est d'ordre <p{riy). Encore une fois
le calcul effectif n'est pas prohibitif en temps.
En fait on peut faire mieux. On peut garantir l'origine du message, c'est-à-dire que
OA pourra être sur que c'est IV qui lui a envoyé le message. On va se placer dans
un cas particulier et supposer que q>{nx) < ^{ny). Pour faire cela IV va procéder
comme suit. Il commence par considérer son message comme une suite d'éléments
non pas de (Z/n^Z)* mais de {Z lu x Z y . Il applique alors la transformation

( a i , a 2 , . . . , a/c, . . . ) 1 > >^2^ >•••> )•••)>

qu'il est seul à pouvoir effectuer. Il considère alors la suite résultante, soit
(61, 62, . . . , бд;,...), comme une suite d'éléments de Z/n^Z. Pour faire ce pas il uti­
lise une fonction injective (c'est ici que l'on utilise l'hypothèse ip{rix) < ^{пу) ) de
{ZluxZy dans {ZluyZy convenue d'avance avec OA et donc connue de OA. Il
applique alors la transformation

I (6 l,6 2,...,6,,...)»^(6Î^6 2"^...,6 ^,^...).

î et transmet le message.
Pour décoder le message OA procède donc essentiellement en deux étapes. D'abord
S il applique
l / pdy ndy ody \
S (/1,/2, KJl )/2 y— '-iJk »•••>/•
I

Q
3.4 - CRYPTOGRAPHIE A CLE REVELEE 107
qu'il est seul à pouvoir effectuer. Il obtient donc ainsi un message composé
d'éléments de Z/n^Z qu'il réinterprète comme un message composé d'une suite
d'éléments (^1,^2, ••• •••) dans Z/n^^Z. Il applique alors la transformation
publique :
(^1 ) ^2 ) •••> ) •••) ' ^(^1 ) ^2 >•••) 9j^ )•••)•
Si ce message n'a pas été transmis par le correspondant x, mais par un autre cor­
respondant utilisant une autre clé de cryptage, le résultat sera incompréhensible.
Il ne peut être compréhensible que s'il a été transmis par IV.
On parlera alors de message signé.

Décrivons maintenant le processus sur un exemple. Supposons que l'on veuille transmettre le
mot cryptage. On commence par le diviser en paquets de 2 lettres successives. On obtient
donc la suite cr, yp, ta, ge. Choisissons = 19 et Qy = 4 3 . On a Uy =8 1 7 et (p(ny) = 756.
Supposons avoir choisi une application /3 ¿e ,où A est l'alphabet usuel dans (Z /817Z )* .
C'est possible, il suffit de comparer les cardinaux. Supposons avoir P {cr) = 2, /3{yp) = 11,
P ita) = 3, et Pige) = 8.
OA choisit maintenant Cy = 11 et à l'aide de l'algorithme d'Euclide, trouve dy = 275.
IV connaît la valeur de Cy et donc considère la suite suivante
( 2 l^ lll^ 3 '^ 8 l^ ) ,
il la réduit modulo 817, et obtient
(414,64,675,677)
et transmet.
OA applique alors la transformation suivante :
(414,64,675,677) 1- ^ , 64^^®, 675^'^^, 677^’^^) ,
il est le seul à pouvoir la faire, étant le seul à connaître d y . Il retrouve (2 ,1 1 ,3 ,8 ).
Le lecteur vérifiera à titre d'exercice les calculs et calculera également le message signé, au
sens défini plus haut, avec Px = 23, Qx = 37, Cx = 5 , dx = 317. Il choisira une fonction a .

Le système du sac à dos


On passe maintenant au problème dit du sac à dos. Ce problème donne un autre
moyen de crypter des informations. On va dans ce cas comparer brièvement les
nombres d'opérations à effectuer pour décrypter un message selon que l'on dispose
de la clé ou non. Pour nous, «nombre d'opérations» signifiera nombre d'addi­
tions, multiplications, divisions, et non d'opérations sur un ordinateur. Ceci n'est
donc qu'une approximation très grossière (et dangereuse) du problème, car chaque
opération joue elle-même un grand rôle selon l'algorithme qui sert à l'exécuter sur
ordinateur. Il convient d'ailleurs de rappeler que l'on effectue les calculs en base 2.
On renvoie à [Ko] pour une analyse plus détaillée ainsi qu'à l'exercice 24, section 1.
Nous la faisons simplement pour attirer l'attention sur son importance pratique.

108 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


On se donne une suite d'entiers positifs ou nuis {v\^V2,- " <^Vn] ainsi qu'un entier po­
sitif V . Le problème du sac à dos est de savoir si on peut trouver un sous-ensemble
de {v\^V2,' " ^Vn} tel que la somme des entiers appartenant au sous-ensemble est
égale à V. D'un manière plus formelle il s'agit de déterminer une suite (si elle existe)
{ ei, 62, •••)Cn} d'entiers égaux à 0 ou 1 telle que . Comme il y a 2^ telles
suites, pour résoudre le problème on doit tester toutes les possibilités et donc effec­
tuer un nombre d'opérations arithmétiques (2^ sans tenir compte du nombre d'addi­
tions à effectuer dans chaque cas) qui croit au moins exponentiellement avec n. Sauf,
bien entendu, si on dispose d'un algorithme qui permet d'éviter de faire tous les tests.
Des cas particuliers de ce problème sont plus rapides à résoudre. Le problème
« super croissant », que l'on notera sc, est de résoudre le problème précédent dans
le cas où on suppose que pour tout i on a '^j < •

P r o p o s i t i o n . Le problème sc peut être résolu en un nombre d'opérations arithmétiques


qui croit polynomialement avec n

En effet, on commence par choisir le plus grand entier Va^ inférieur ou égal à V ,
Comme la somme -.ai-i strictement inférieure à Va^, une somme par­
tielle des Vj égale à V doit contenir ce terme. On doit donc faire n-opérations au
plus, puis on applique le même processus a V —Vai et ainsi de suite, on aboutit
donc a au plus opérations arithmétiques.
Venons en au processus de cryptage. On choisit un entier C tel que Y i < C, et
un entier a < C premier avec C. On calcule l'inverse modulo C P de a , plus pré­
cisément son représentant qui est strictement inférieur à C. On calcule de même
les entiers positifs wi inférieurs strictement à C qui sont congrus à avi modulo C.

D é f in it io n

I La clé publique est la donnée des entiers Wi, 1 < i < n. La clé privée les entiers
Vi, 1 < i < n, a , f3, C

Si l'on veut transmettre au détenteur des clés publiques et privées un nombre bi­
naire {e^, 1 ^ г < n} de longueur fc, on procédera donc comme suit : on calcule
I
'O
l'entier ê = Y i ^i'^i 6t on le transmet. Le destinataire du message connaît les entiers
C, a et /3. Il peut donc multiplier i par P qui est égal à Y i =Si
dulo C et calculer le reste de la division par C. À cause de la condition Yi'^i < C
ce reste est égal à Y i И peut alors résoudre le problème sc rapidement
puisque le problème auquel il fait face est sc.
Ceci ne peut être fait avec les Wi qui ne vérifient pas la condition requise.
Cet algorithme est du à M. E. Heilman et R. C. Merkle. Il convient cependant
d'ajouter qu'il existe (A. Shamir 1982) une méthode pour décrypter ces messages
ï
rapidement, sans connaître C et a , cette méthode n'est donc finalement pas fiable.

Q
© 3.4 - CRYPTOGRAPHIE À CLÉ RÉVÉLÉE 109
5. A nneaux de polynôm es et de séries form elles
Soit A un anneau, il sera dans toute cette section supposé commutatif. Soit N
l'ensemble des entiers naturels, introduisons l'ensemble des suites à coefficients
dans A, c'est-à-dire l'ensemble des applications de N dans A. Une telle suite sera
pour l'instant notée (ao,ai,... , a i, ...), l'élément désignant l'image de l'entier i.
Définissons une addition sur cet ensemble par la formule

(ao, a i a i , . . . ) + (ao, a ' i , . . . ) = (ao + a[), ai H- a i, . . . , a^ + a^, . . .

On additionne termes à termes. Cette loi est associative et commutative. Elle admet
l'élément ( 0 ,.. ., 0,...) pour élément neutre. L'élément (-a o, - a i , . . . , - a i ,... ) est
l'inverse de (ao,ai, . . . , a i , ...).
Définissons une multiplication par la formule

(a o , a i , . . . , a i , . . . ) x ( a o , a ^ , . . . , a ^, . . . ) = •••

• • • = (ûo<^o) ^0^1 + aia(), . . . , aia() + ai_iai + • • • -f aoai, ...) .


Cette loi admet l'élément (1,0,... ,0,...) comme élément neutre. Elle est associative,
considérons le z-ième terme du produit

((ao, a i , . . . , ai,.. •)(ào, ài, . . . , 6i,.. •))(co, ci, . . . , Ci, . . . ) ,

tous calculs faits il est égal à :

^ ^ ^ k b lC m •
(kylyTn) I k-\ -l+ m = i

On obtient le même résultat en calculant

( a o , , • •• J î ••• ) ( ipo, ^ 1 , • • •, )
J ••• (^0 ) ^1, •••J Q , •••)) *

Enfin, la multiplication est distributive par rapport à l'addition. En effet, on a :

(ao, a i , . . . , ai,.. •)((^o» >•••>^z, •• >•••?Q >•••))


(ao,ai, . . . , a i , .. .)(6o 4- co, 6i -}- Ci, . . . , 6i 4- Ci,...) =
(ao&o 4- aoQ),. . . , ao(6i + Ci) 4- •••4- ai(6o H- co),...) »
d'un côté. De l'autre on a :
(o-o, . . . , ai,.. •)(bo, •••, ^z) •••) “^ (^0, •••, ai,.. *)(co, . . . , Ci,... )
(ûo^O) •••) ^ibo 4- •••4- ao&i,...) 4- (aoco,. . . , aiCo 4- •••4- aoCi, •• =
{aobo + aoCo, •••, a,ibo 4- •••, aobi 4- aiCo 4- •••+ aoQ,...) >
d'où le résultat.

110 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


L'ensemble des suites d'éléments de A possède donc une structure d'anneau. La
suite (ao, a i , . . . , an,...) sera notée

i^O
dans la suite et sera appelée une série formelle, X est appelée Yindéterminée.

D é f in it io n 1
L'ensemble des suites d'éléments à coefficients dans A muni de l'addition et de
la multiplication définie plus haut est par définition l'anneau des séries formelles
en X à coefficients dans A. Il est noté A[[X]].

Les constructions pédantes faites ci-dessus ne doivent pas masquer que l'on addi­
tionne et que l'on multiplie les séries formelles comme on le fait pour les séries
ordinaires, à savoir :

aiX^ + Y biX^ = Y ( ^ i + >


i^O i^O OO
et
(E “^^0(E
2^ 0 i^O
^»^0=E (E
i^O k+l=i

Les ai sont appelés les coefficients de la série formelle.
Supposons maintenant que dans la suite tous les termes sauf un nombre fini
d'entre eux soient nuis, i.e. que presque tous les coefficients soient nuis :

P r o p o s i t i o n 1 • Le sous-ensemble de A [ [ X ] ] constitué par les séries formelles dont


presque tous les coefficients sont nuis est un sous-anneau de i4[[X]].

D é m o n s t r a tio n « En effet, soient deux séries formelles

dont presque tous les coefficients sont nuis. Les coefficients ai sont donc tous
nuis dès que ’i est assez grand, disons C, de même les coefficients bj sont
nuis dès que j ^ D. Les coefficients de iX^ sont nuis dès que
i ^ sup(C, D). Ceux de
I
I 2^0 OO
le sont dès que C -\- D - 1 .
Ceci montre que l'addition et la multiplication sont des lois internes sur ce sous-
I
ensemble, et en fait donc un sous-anneau de -A[[-X’]]. ■

1
Q
® 3.5 - ANNEAUX DE POLYNOMES ET DE SERIES FORMELLES 111
D é f in it io n 2
Le sous-anneau de ^[[-X^]] constitué par les séries fornaelles dont les coeffi­
cients sont presque tous nuis est par définition Tanneau des polynômes en X à
coefficients dans A. Il est noté A[X],

Évidemment un polynôme sera noté comme à l'ordinaire


n

üiX^,
0

avec les règles usuelles d'addition et de multiplication.


Si tous les termes, sauf peut être üq, sont nuis le polynôme est dit constant.
Voici une propriété facile mais fondamentale des anneaux de polynômes sur un
corps k. Elle sera utilisée fréquemment. Définissons d'abord une algèbre sur le
corps k.

D é f in it io n 3

I On dit qu'un anneau B est une algèbre sur un corps k s'il existe un homomor­
phisme i (nécessairement injectif) de k dans B .

Ceci implique que B est un espace vectoriel sur k. L'anneau k[X] en particulier
est une algèbre sur k. L'homomorphisme k k[X] est donné par a (a,0,...).
Autrement dit on associe à l'élément a le polynôme aX^ = a. Rappelons que ces
polynômes sont dits constants (ou de degré zéro, voir plus loin). On comparera
au chapitre 4 où la structure d'espace vectoriel d'un corps sur un sous-corps est
étudiée en détail.

P r o p o s i t i o n 2 « Soit B une algèbre sur k, et soit a E B. Il existe un homomorphisme


d'anneaux et un seul f : k[X] ^ t e l que :
► f { X) - a 3
/ restreint aux polynômes constants s'identifie à l'homomorphisme i : k ^ B déter­
minant la structure d'alvèbre.
6
D é m o n s t r a t i o n . On identifie dans la suite un élément de k et son image dans A
pour alléger les notations. Soit P = J2i OjX*, a» G k. Posons alors f { P ) - OjX*.
C'est un homomorphisme, en effet f { P + Q) = f { P ) + f{Q) et f{P Q ) = f{P ) f {Q ).
Il satisfait aux conditions requises. D'autre part si un homomorphisme (p satisfait
aux conditions requises, il est forcément donné par cette formule car :

<p{p)= -p( E “‘^ 0 = E «»v’Cx*) = E • ■

112 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNÔMES ET SERIES FORMELLES - Chap. 3


On dira que Гоп évalue le polynôme en x, ou que l'on remplace l'indéterminée
par X.

D é f in it io n 4
On dit qu'un polynôme non nul P = es* inférieur ou égal à
n si ses coefficients ai sont nuis pour г > n. Il est alors dit de degré n si a„ ^ 0.
Le degré de P sera noté |P| ou encore deg(P).

Il est souvent commode d'interpréter le polynôme nul comme étant de degré —oo.
Notons que l'on a la formule

|p + gKsup(|P|,|Q|),

pour tous P, Q dans A[X].

Si le polynôme P est de degré n le scalaire o„ sera appelé le coefficient du terme


de degré dominant. Si le coefficient du terme de degré dominant est égal à 1 le
polynôme sera dit unitaire.

D é f in it io n 5

I Une série formelle Xloo valuation supérieure ou égale à n si


ses coefficients ai sont nuis pour i < n . Elle est dite de valuation n si an ^ 0.

P r o p o s i t i o n 3 . Si Vanneau A est un domaine d'intégrité, les anneaux A[X] et A[[X]]


sont intègres.

Ceci est en particulier vrai si A est un corps k.

D é m o n s t r a t i o n . En effet considérons le cas de deux polynômes non nuis P =


diX'^ et Q = J2o ^iX\ de degré respectif m et n. Alors le produit est de
degré m-\-n, le coefficient du terme de degré dominant est ambn- Ce coefficient
est non nul car Om et bn le sont. Donc le produit PQ est non nul.

I Considérons le cas de deux séries formelles / = ^iX^ et p = hX^,


§ de valuation respectivement г¿ et î;. Alors le produit est de valuation u + v. Les
coefficients Cj du produit fg sont nuis pour j <uv. En effet Cj = ^kbu et
si j < u + v soit k < u soit l < V, donc soit a^ = 0 soit 6/ = 0. Le coefficient Ouby
I
est non nul car Oy et by le sont. ■
I
1
Q
® 3.5 - ANNEAUX DE POLYNOMES ET DE SERIES FORMELLES 113
Division euclidienne
On va maintenant passer à l'étude de la division euclidienne pour un anneau de
polynômes à coefficients dans un corps.

T h é o r è m e 1 * Soit P un polynôme non nul à coejficients dans un corps fe, et soit


D un polynôme non nul à coejficients dans k. Alors il existe un polynôme Q et un
polynôme R tels que :
► P = QD + Rf
- \R\ < \D\.
Les polynômes Q et R sont uniquement déterminés par ces conditions.

D é m o n s t r a t i o n . Montrons d'abord l'unicité, admettant que le problème a au


moins une solution. Soit P = QD + R et soit P = Q'D R'. On a donc D{Q —
Q') = R' —R ) si Q ^ Q ' le degré du terme de gauche est supérieur ou égal à celui
de D, donc strictement supérieur à celui de R' —R. C'est impossible, donc Q = Q'
et par voie de conséquence R = R'.
La démonstration de l'existence se fait par récurrence sur le degré de |P|. Le début
de la récurrence est immédiat. Supposons la faite en degré inférieure ou égal à
n - 1 et passons au degré n. Supposons aussi que n ^ \D\, sinon Q = 0 et P = P
conviennent.
Le polynôme P est donc de degré n, écrivons le sous la forme aX'^ + T avec
|T|<n-l.
Considérons maintenant soit D = bkX^ H-------h&0/ où bk est le coefficient
du terme de degré dominant (et est non nul). On pose alors P = P — -^X'^~^D
bk
{n ^ k), ce polynôme est de degré inférieur ou égal à n - 1. Par récurrence il existe
donc U et S tels que P' = UD + S avec \S\ < \D\. On obtient alors :
P = P' + = {U + + 5,
bk bk
qui donne la décomposition souhaitée car \S\ < \D\. m

Le degré détermine une structure d'anneau euclidien sur l'anneau des polynômes
à coefficients dans un corps. Il résulte alors de la section 2 que :

C o r o l l a i r e 1 • L'anneau des polynômes à coefficients dans un corps k est principal. En


conséquence tout idéal non trivial (non réduit à 0) est de la forme (P) pour un polynôme
non nul P bien déterminé à un facteur scalaire près. En fait ce polynôme est un polynôme
non nul de plus bas degré dans l'idéal.

En conséquence on peut appliquer tous les résultats concernant les anneaux prin­
cipaux. On a une notion de pgcd pour les polynômes, l'identité de Bézout a lieu.

114 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


Corollaire 2 . Soient P et Q deux polynômes à coefficients dans un corps k dont l'un
au moins est non nul. Soit W leur pgcd. Il existe U et V tels que UP-\-VQ = W. En
particulier P et Q sont premiers entre eux si et seulement si il existe U et V tels que
UP + VQ = 1.

La démonstration est identique à celle donnée plus haut dans le cas général, ou
se transcrit à partir de celle pour Z. Rappelons que l'on a l'algorithme d'Euclide
pour calculer le pgcd et qu'on peut en déduire les coefficients de la formule de
Bézout.
Le fait que l'anneau soit euclidien permet de renforcer ces énoncés, comme dans
le cas de Z. Gardons les notations du corollaire, alors :

Proposition 4 . Supposons que l'un des polynômes P et Q ne soit pas constant. On


Q P
peut trouver des polynômes U et V tels que |t^l < 1^1 1^1 1^1* U et V
sont alors uniquement déterminés.

D ém onstration. Supposons d'abord que les polynômes P et Q soient premiers


entre eux, donc que W = 1. On choisit U et V satisfaisant aux conditions du
corollaire. Supposons que Q ne soit pas constant. Faisons la division de U par Q,
on a i7 = QH + R. Donc on obtient en remplaçant dans l'identité de Bézout

R P + {V + H P)Q = 1.

Le degré de R est, par construction, strictement inférieur à celui de Q. Montrons


que le degré de V + H P est strictement inférieur à celui de P . Éliminons le cas
où F + H P = 0 où il n'y a rien à vérifier.
Le polynôme {V + H P) Q est de degré strictement positif. Son terme de plus haut
degré doit donc s'annuler avec celui de R P car leur somme est égale à 1. On a
donc 0 < IQI < |(F + H)Q l et |PP| = |P| + 1P| = |(y + H)Q\ = + P| + |Q|. Or on
sait que |P1 < |Q|, donc |Q| + |P| > |P| + |P| = \V + H\ + |Q1, soit |P| > \V + H\.
Pour ce qui est l'unicité, supposons avoir deux solutions U, V et U', V'. En sous­
trayant termes à termes on obtient {U - U')P = {V' - V)Q. Donc P divise V - V,
comme \V’ -V\<\P\ ce n'est possible que si F = F '. De même on obtient U = U\

Si le pgcd est W on remplace P par P' = ^ et Q par Q' = — . Les polynômes


W W
P' et Q' sont premiers entre eux, on peut leur appliquer le résultat. ■

Le théorème 1 peut se généraliser dans certains cas à celui des polynômes à


coefficients dans un anneau.
I
TJ
O
Q
3.5 - ANNEAUX DE POLYNOMES ET DE SÉRIES FORMELLES 115
Plus précisément supposons que A soit un domaine d'intégrité, alors :
T h é o r è m e 2 « Soit P un polynôme non nul à coefficients dans un anneau intègre A,
et soit D un polynôme non nul à coefficients dans A. Supposons que le coefficient du
terme de degré dominant de D soit inversible dans A. Alors il existe un polynôme Q et
un polynôme R à coefficients dans A tels que :
^ P = QD + Rf
► \R\ < \D\.
Les polynômes Q et R sont uniquement déterminés par ces conditions.

Démonstration« La démonstration de l'unicité est exactement la même que la


précédente dans la mesure où l'anneau de polynômes est un domaine d'intégrité.
Pour ce qui est de l'existence on constate en relisant la démonstration du théo­
rème précédent que la seule chose utilisée de la structure de corps est le fait que
le coefficient du terme de degré dominant de Z) a un inverse. C'est exactement
l'hypothèse que l'on rajoute dans le théorème. ■

Par exemple si on considère des polynômes à coefficients dans Z on peut toujours


effectuer la division par un polynôme unitaire.

6. Polynôm es en plusieurs indéterm inées, polynôm es


sym étriques
On peut itérer les constructions dormées dans la section précédente. Plaçons nous
dans le cas des polynômes. On se donne un anneau commutatif A, l'anneau de
polynômes en deux indéterminées à coefficients dans A est par définition l'an­
neau des polynômes à une indéterminée dans A[X], On donne un autre nom à la
nouvelle indéterminée, par exemple Y, ou on rebaptise les indéterminées Xi et
X 2. L'anneau obtenu, soit A[X][y], est noté A[X,Y] (ou A[Xi^X 2\), Les règles de
calcul sont bien entendues les règles ordinaires. De façon plus générale :

D é f in it io n 1
L'anneau des polynômes à n indéterminées à coefficients dans A est défini par
récurrence comme étant l'anneau des polynômes en une indéterminée Xn sur
l'anneau des polynômes à n - 1 indéterminées, soit A[X\^... ,Xn-i][Xn]* Il est
noté A[Xi, . .. ,Xn].

Un polynôme en n indéterminées s'écrit :

7
ai ,...,a i

116 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


où a i , ... ,an G N et Cai,...,a„ G A. La somme est bien entendue finie. Un terme de
la forme est appelé un monôme en les indéterminées Xi, Si A est un
corps k l'anneau k[Xi,.,, ^Xn] est un espace vectoriel sur k et les monômes en
constituent une base.
Notons que si A est intègre
A[Xl,...,Xn-l][Xn]
l'est aussi à cause de la section précédente. Dans la suite on supposera A intègre.
On peut évidemment définir le degré par rapport à chacune des indéterminées.
Ce n'est qu'un cas particulier de ce qui a été fait plus haut. On peut aussi définir
un degré total :

D é f in it io n 2
Le polynôme Xlai,...,an dit de degré inférieur ou égal à
d si Cai,...,an = 0 dès que ai H-------h > d. Il est alors dit de degré total d s'il
existe a i , . . . , an tel que ai H------ h an = d et Cai,...,an

Par exemple le polynôme Xj XfX^ est de degré total 10, de degré 8 en


X i, 9 en ^ 2.

D é f in it io n 3
Un polynôme est dit homogène de degré n s'il est de degré total n et si les
coefficients des monômes de degré total strictement inférieur à n sont nuis.

Supposons que A soit un corps k et soit B une algèbre sur k. Soient a i , ... ,an G
On a :

P r o p o s i t i o n 1 • Il existe un homomorphisme d'anneaux et un seul


f: f c [ ^ i,...,X n ] ^ S
tel que :
^ f{Xi) = ai,
I
§ ► / restreint aux polynômes de degré zéro s'identifie à l'homomorphisme i : k B
I déterminant la structure d'algèbre.
en
'C
O La démonstration est identique à celle du cas d'une indéterminée. Si on a :
§
g
d
Q,\,... ydji
on a :
f{p )^ ..... « î ” •••< ” •
3 ai,.. .yCin
I
T3
Q
® 3.6 - POLYNOMES EN PLUSIEURS INDETERMINEES, POLYNOMES SYMETRIQUES 117
Nous passons maintenant à l'étude des polynômes symétriques. Soit A un anneau,
et soit A [X i,... yXn] l'anneau des polynômes à coefficients dans A en n indéter­
minées. Définissons une action du groupe symétrique &n (ainsi qu'il a été fait au
chapitre 2) par :
(a P ) ( X i, . . . , Xn) = P(X,(i), . . . , ).

Ceci définit bien une action car :

{a{uP)){X , ,...,X n ) = P{X ,u{i), . . . , ,..., Xn).

On se propose de rechercher les éléments fixes pour cette action, que l'on appel­
lera polynômes symétriques. Considérons le cas particulier où n = 2, les polynômes
Xi -\-X2 et X 1X 2 sont symétriques. En fait on montre que pour tout polynôme
symétrique P il existe un et un seul polynôme Q à coefficients dans A tel que
P {X uX 2) = Q {X i+ X 2 ,X iX 2 ).
Considérons maintenant les polynômes en n indéterminées X i^ ... ^Xn et intro­
duisons les polynômes symétriques élémentaires où 1 ^ г < n. Comme dans
la démonstration du théorème ci-dessous on doit considérer les polynômes symé­
triques élémentaires en n indéterminées ainsi qu'en n - 1 indéterminées on précise
la notation en E^,n et en Ei,n-i* Quand il n'y a pas d'ambiguïtés le second indice
est omis.

Définition 4
Le polynôme E^^n défini par :
X a ,---X a ,
( a i,...,a i) | a i< a 2 < —< a i

est symétrique. Plus généralement si Q est un polynôme en n indéterminées à


coefficients dans A le polynôme Q ( E i,. . . , E^) est symétrique.

Par abus on a inclus dans la définition un énoncé. La démonstration procède


comme suit. Appliquer une permutation revient à modifier l'ordre des termes et
des facteurs dans les termes. Cela ne change rien puisque l'anneau est commu­
tatif. Pour la seconde affirmation il suffit de vérifier que la somme et le produit
de deux polynômes symétriques le sont encore. Mais si s est dans 6n on a
s{P + Q) = s{P) + s{Q) et s{PQ) = s{P)s{Q ), D'où le résultat.
Par exemple on a (omettant le second indice) :
► El = X\ -f- •••"h Xfi,

► si n=3 on a E2 —^ i -AT2 “1" -^1-^3 "h X 2X^,

118 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


Observons que
Si,n (^1 ) •••5^ n -\ , 0) = Dî,n-1
si 2 < n —1 et que
^n,n (-^1 ) •••) -^n-1 >0) — 0 •

Voici le théorème fondamental de cette section :


T h é o r è m e 1 . Soit P e A [X i,... ^Xn]- Supposons que P soit symétrique. Alors il
existe un polynôme Q en n indéterminées à coefficients dans A et un seul tel que :

P (X i,...,X n ) = Q(Ei,...,En).

D é m o n s t r a t i o n . La démonstration de l'existence se fait par une double récur­


rence. D'abord sur le nombre d'indéterminées, dans le cas n = 1 il n'y a rien à
démontrer, puis sur le degré total du polynôme. Nous supposerons donc le théo­
rème démontré jusqu'au degré fc - 1 pour les polynômes en n indéterminées et
passons au degré k.
Soit donc P un polynôme symétrique de degré k. Considérons le polynôme en
n - 1 indéterminées P {X i, . . . , X n -i,0). Il est symétrique, pour l'action de & n - i •H
existe donc par hypothèse de récurrence un polynôme Q en n —1 indéterminées
tel que :
P {X \, . . . , X fi-i, 0) = ) •••) ^n-i,n-i ) •
Considérons alors le polynôme en n indéterminées :

P ' = P {X i, . . . , Xn) - g( Ei.n ,. . . , .


Il est symétrique en tant que polynôme en n indéterminées.
Si, à la variable Xn, on substitue zéro le polynôme obtenu est nul. Ceci implique
que le coefficient d'un monôme où Xn n'apparaît pas est nul.
Soit 2 < n, et soit r la transposition échangeant i et n. On a rP ' = P ', donc
rP'(X i,...,X n-i,0) = 0
par définition de r, P '{X i, . . . , X i- i, 0, ,..., = 0. Ce qui implique que le
coefficient d'un monôme où Xi n'apparaît pas est nul.
Puisque ceci est vrai pour tout i (2 = 1,... ,n) le coefficient d'un monôme où tous
S
% les Xi n'apparaissent pas (c'est-à-dire qu'au moins l'un d'entre eux a pour expo­
sant zéro) est nul. Donc chaque monôme ayant un coefficient différent de zéro est
,0)
divisible par
I
I
09
On peut donc poser P' = En,nP/ le degré de R est strictement inférieur à celui de
P ' et donc de P . Il est symétrique ; en effet, pour une permutation quelconque s
I

I
Q
® 3.6 - POLYNÔMES EN PLUSIEURS INDÉTERMINÉES, POLYNÔMES SYMÉTRIQUES 119
on a
P' = s{P') = s{En,nR) = s i ^ n M R ) = Sn,n5(iî) .

Soit
^n,n{R ^{R)) —
Si l'anneau A est intègre le résultat suit, l'anneau de polynômes en n indétermi­
nées l'étant aussi. Le résultat est vrai sans hypothèses sur A, l'équation ci-dessus
impliquant l'égalité des coefficients des polynômes R et s (R).
En effet, si on a i J = l'équation

^n,nR —0 )
équivaut à
E ....i „ x r + ' . . . x ^ « = o .

Soit = 0 pour tout multi-indice, soit i f = 0.


Il nous faut maintenant démontrer l'unicité de Q. On doit donc montrer qu'un
polynôme i f en n indéterminées, tel que if(Ei,n,---,Sn,n) = 0, est nul. Faisons
une récurrence sur le nombre d'indéterminées. Pour n = 1 la propriété est vraie.
Admettons le résultat pour n - 1 indéterminées. Puis faisons une récurrence sur
le degré total.

À l'indéterminée Xn substituons 0. Le polynôme >•••, ^n,n-i, 0), est nul.


Donc par récurrence le polynôme en n —1 indéterminées

est nul, autrement dit, if(Ei,n,. ••, Sn,n) = T.n,nRÇ^i,n, •••, ^n.n)*
Comme le degré total de if ' est strictement inférieur à celui de H on peut conclure
par une récurrence sur le degré total. ■

Formules de Newton
On va maintenant démontrer des relations qui expriment certains polynômes symé­
triques à l'aide des polynômes symétriques élémentaires. Il s'agit des polynômes :

Nk = ^ X ^ .
i

Le plan de la démonstration est donnée, les détails sont laissés en exercice au


lecteur.

120 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - Chap. 3


Théorèm e 2« On a les formules suivantes :
n,
► s/ 0 < i < n ■

Ni = - iVi_2S2,„ + •••+ + ( -l )'iE i,


^ si i > Tir

— N i-iT ii^ n — N i- 2 ^ 2 ,n + * •* + ( “ l ) ”” ^ -^ г^ -l-n S n -l,n + ( “ 1)^ »

Dém onstration* Dans la démonstration on utilisera la dérivation formelle des


polynômes en plusieurs variables qui est définie dans la section 8. Le lecteur
est invité à s'y reporter. En fait, il suffit de savoir que les propriétés algébriques
standards sont vérifiées.

Le|nme 1 • Soit A un anneau et considérons Vanneau de polynômes en une indéterminée


T sur A [X i,... ,Xn]- Soient les polynômes symétriques élémentaires par rapport
aux indéterminées Xi. On a :

f{T )= n {T -X i)= ( -ir S i.n T " -^


2= 1 , . ..,n j= 0 , . . . , n

D ém onstration. Par convention So,n = 1. La démonstration consiste à vérifier


la définition des polynômes symétriques élémentaires. b

On dérive alors cette relation par rapport à la variable T et on obtient la formule


suivante :

i j^i j= 0 , . . . , n

On a {T - Xi) X ~ ^ j) = î {'!')• Faisons la division euclidienne de / par


T - Xi on obtient la formule :

l[(T -x j)= E (E
1Tl Puis on somme sur l'indice i, on obtient

fjin-j-l
2=
E №-^i)= E ( E
l,...,n j y i J = 0 ,...,n - 1 '

En comparant à la formule obtenue par dérivation, on identifie les coefficients de


T ^ , 0 ^ j ^ n —l d e chaque côté, et on obtient la première partie du théorème.
Pour ce qui est de la seconde, on fait simplement T = Xi dans l'équation du
lemme 1. On multiplie l'équation obtenue par X^ et on somme sur i de 1 à n.
i
s Les termes se regroupent et font apparaître les Ni pour k ^ i ^ k + n. m
I

@ 3.6 - POLYNÔMES EN PLUSIEURS INDÉTERMINÉES, POLYNÔMES SYMÉTRIQUES 121


7. A nneaux factoriels et applications
Nous passons maintenant à Tétude des anneaux factoriels. On suppose donné un
anneau A commutatif, et soit Xi, г G I un système de représentants des éléments
irréductibles (définition 2 et suite, section 2 ).
Rappelons encore une fois ce que Гоп entend par là : d'abord deux éléments irré­
ductibles X et y sont dans la même classe d'équivalence si et seulement il existe
un élément inversible и tel que x = yu. Alors un système de représentants est un
ensemble d'éléments irréductibles Xi, avec i G I, auquel appartient un élément de
chaque classe et un seul. Il n'y a pas bien évidemment un seul système de repré­
sentants. On passe d'un système de représentant à un autre en multipliant chaque
élément par un élément inversible approprié.

Définition 1
On dit que l'anneau A est un anneau factoriel si :
► il est intègre,
► tout élément non nul x G A peut s'écrire sous la forme :
X = u x Y [ x ^ \ ai g N,
i
OÙ U G A* et les entiers ai sont presque tous nuis,
► cette décomposition est unique.

L'unicité de la décomposition signifie la même chose que dans le cas des anneaux
principaux. Si on a :
wXII a;?' = î»XJ1 æf‘ ,
i i

OÙ seuls un nombre fini d'exposants sont non nuis, alors u = v et a i = Pi pour


tout i G L
Ainsi qu'on l'a vu plus haut, les anneaux principaux sont factoriels. La réciproque
n'est pas vraie.
Dans un anneau factoriel on a, comme d'habitude, la notion de divisibilité d'un
élément par un autre. On rappelle donc que a divise b s'il existe cG A tel que
b = ac et qu'on le note a |b.
On peut déterminer, à partir des décompositions en produit d'éléments irréduc­
tibles, quand un élément non nul x divise un élément non nul y. Soit x = uxY\.x^^
et y = V X Y\- x f\ U,V G A*, alors :

Proposition 1 • L'élément x divise l'élément y si et seulement si pour tout i G I on a


^ P i-

122 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


Démonstrationv Commençons par rappeler que dans les formules précédentes
seuls un nombre fini d'exposants sont non nuis. Si on a. x = u et y =
î; X riz et si y = xz, alors nécessairement on a z = vu~^ x Hi et les
exposants Pi - a i sont positifs ou nuis.
Inversement si on a Pi ^ a i posons 2: = vu~^ x H- , on a bien y = xz. ■

On définit le pgcd et le ppcm de deux éléments non nuis x et y par les mêmes
formules que dans un anneau principal. Soient x = u x x f * e t y = v x Yiiei
les décompositions de x et y. Alors, par définition :

pgcd{x,y) = J J ,
iel
par définition le pgcd d'un élément non nul x et de zéro est x.

ppcm(x,y) = JJ .
i€l
En particulier, si le pgcd de deux éléments est 1 on dit qu'ils sont premiers entre
eux. Les formules ci-dessus s'étendent au pgcd et au ppcm de n éléments non
nuis. Dans le cas du pgcd on peut étendre à une famille d'éléments quelconques,
par définition leur pgcd est celui des éléments non nuis de la famille. On a pour
une famille d'éléments non nuis :
pgcd(ai, . . . , a„) = JJ ,
iel
ou
«i =■
“i XIJ
iel

On remarquera que le pgcd et le ppcm sont déterminés par le choix du système


d'éléments irréductibles. En modifiant ce système on modifie pgcd et ppcm par un
élément inversible de l'anneau. Si bien que la modification n'est pas significative.
La différence avec les anneaux principaux est que l'on n'a pas l'identité de Bézout.
Par contre on a le lemme de Gauss :

Lemme 1 • Soit A un anneau factoriel et soient A, Supposons que a\bc et que


a soit premier à b alors a divise c.

I D ém onstration. Elle résulte de la proposition 1 en écrivant les décompositions


I en facteurs irréductibles des éléments considérés. ■

Le principal théorème de cette section est le suivant :


I Théorèm e 1. Soit A un anneau factoriel alors Vanneau A[X] est factoriel
I
TS
I
Q
® 3.7 - ANNEAUX FACTORIELS ET APPLICATIONS 123
Le corollaire suivant est immédiat :
C o r o l l a i r e ( G a u s s ) * Soit A un anneau factoriel, par exemple un corps ou un anneau
principal Vanneau des polynômes en n indéterminées A[Xi^. . . ,Xn] est factoriel

Introduisons une définition :


D é f in it io n 2

I Soit P = J2i=o,...,n
pgcd(iio ) •••ï CLn).
eA [X ], le contenu de P, noté cont(P), est par définition

Venons en à la démonstration du théorème, précisons l'énoncé par un lemme :


L e m m e 2 * Les éléments irréductibles de A[X] sont :
► les éléments irréductibles de A,
► les polynômes à coefficients dans A qui sont irréductibles comme polynômes à
coefficients dans le corps des fractions K de A, et qui sont de contenu égal à 1.

L e m m e 3 ( G a u s s ) . Soient P,Q e A[X], on a


cont{PQ) = cont(P) cont(Q).

Démonstration. Commençons par supposer que cont(P) = cont((5) = 1 et mon­


trons que cont(PQ) est inversible. Supposons qu'un élément irréductible p divise
cont(PQ). Posons P = ao + aiXH------ ha^X'^ et Q = bo+ b\ X -]------ \-bnX'^. Comme
le contenu de P est 1 on peut supposer que p divise ao,ai,... ,afc mais pas a/^+i
(qui est donc différent de zéro). De même, comme le contenu de Q est 1, on peut
supposer que p divise 6o,ai,... ,6^ mais pas 6^+i (qui est donc différent de zéro).
On sait que p divise tous les coefficients du polynôme PQ. Mais ce n'est pas pos­
sible, supposons en effet qu'il divise le coefficient du terme de degré fc -f- ^ + 2 qui
est
ÛoÎ^fc+^+2 + -----1" 0>kbe-\-2 + 0,k+lbe-\-l + 0>k+2bi + -----h afc+£+2Î>0 •
Tous les termes, à l'exception du terme central, sont divisibles par p à cause des
hypothèses. Le terme central ak+ibe+i devrait donc l'être aussi, or c'est contraire
aux hypothèses et au lemme d'Euclide. Le contenu de PQ n'étant divisible par
aucun élément irréductible est nécessairement inversible (rappelons qu'un élément
inversible n'est pas irréductible). La définition du pgcd force alors le contenu à
être égal à 1.
Faisons la démonstration dans le cas général. Écrivons P et Q sous la forme
cont(P)P' et cont(Q)Q'. Les polynômes P ' et Q' sont à coefficients dans A car
le contenu de P (resp. de Q) divise tous les coefficients de P (resp de Q), Les
polynômes P ' et Q' sont par construction de contenu 1.

124 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNOMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


On obtient donc PQ = cont(P) cont(Q)P'(3'. Le résultat suit en calculant le contenu
du membre de droite, c'est cont(P) cont(Q) car on vient de montrer que le pgcd
des coefficients de P'Q' est 1, et le pgcd des coefficients de cont(P) cont(Q)P'Q'
est donc cont(P) cont(Q). ■
Démonstration du lemme 2. Un élément irréductible dans l'anneau A l'est
encore dans A[X] car A est intègre : le produit de deux polynômes dont l'un, au
moins, est de degré différent de zéro est un polynôme de degré différent de zéro
et ne peut donc s'identifier à un élément de A.
Considérons maintenant un polynôme de degré différent de zéro et supposons
qu'il soit irréductible. Son contenu doit être égal à 1. En effet on peut l'écrire
cont(P)P' et il est réductible si son contenu n'est pas égal à 1. Supposons qu'il soit
réductible en tant que polynôme à coefficients dans le corps des fractions K de
A. Soit P = UV, où a priori U et V sont à coefficients dans le corps des fractions
K . Multiplions par le ppcm r des dénominateurs des coefficients de U et par le
ppcm s des dénominateurs des coefficients de V. On obtient

rsP = (rU){sV) = cont(ri7) cont(sV' )— tA ‘


^ ^ ^ ^ ^ ^cont(ri/) cont(sF)
Les polynômes rU et sV sont à coefficients dans A. Les polynômes
rU
cont(rC/)
et
sF
cont(sF)
sont à coefficients dans A et de contenu 1 par construction. Calculons le contenu
des deux côtés, il est cont(rC/)cont(sV') à droite et rs à gauche, ces deux quantités
sont égales, on peut diviser à gauche et droite et obtenir :
P = rU sV
cont(rf/) cont(sy)
Donc P est réductible comme polynôme à coefficients dans A, ce qui est contraire
à l'hypothèse.
I
Inversement, un polynôme P à coefficients dans A de contenu 1 et irréductible
comme polynôme à coefficients dans K l'est comme polynôme à coefficients dans
A. En effet, la seule possibilité serait qu'il s'écrive UV avec, par exemple, U de
degré zéro donc constant, donc égal à un élément de A non-inversible. Mais cela
serait en contradiction avec le fait qu'il est de contenu 1 si cet élément n'est pas
inversible. h

I
>3
Démonstration du théorème 1« Choisissons donc un système de représen­
tants d'éléments irréductibles de A[X], Il est constitué par un système d'éléments
I
'a
Q

3.7 - ANNEAUX FACTORIELS ET APPLICATIONS 125


irréductibles de A, soit ai, i e I et une famille de polynômes Pj, j ^ J satisfai­
sant aux propriétés du lemme 2. Les polynômes P j constituent un système de
représentants des éléments irréductibles de K[X].
Soit donc P Çl A[X] et soit
a x IlP f

sa décomposition en éléments irréductibles dans K[X], où a e K . Écrivons a sous


la forme - avec p,q e A. On a donc
Q
qP = p Y [ P ’ ‘ .
je J

ces deux polynômes sont à coefficients dans A. En calculant le contenu des deux
T^U
côtés on obtient gcont(P) = p u , avec uç. A *. Donc l'élément ® “ de K est, en
fait, élément de A. Si a = v x H» / v e x4*, est la décomposition de a on a

P = »xn af
i j^ j

Il reste à démontrer l'unidté de la décomposition. Mais si on a deux écritures


P = v X Hi û f X r i j 67 , et P = d'X Hi x j P j' en écrivant l'égalité des
contenus on obtient H» = Ili pour tout indice i. Il reste P = v x
rijGJ ^ 'XH je J ^* Considérant cette identité dans K[X] on en déduit que
a j = a' pour tout indice j . D'où le résultat. ■

Pour terminer cette section nous donnons un critère qui permet de déterminer si
certains polynômes sont irréductibles. Il s'agit du critère d'Eisenstein,

P r o p o s i t i o n 2 ( c r i t è r e d ' E i s e n s t e i n ) . Soit A un anneau factoriel et soit p un


élément irréductible de A, Soit P = a^^ a-iX H------ h OnX^, an ^ 0, un polynôme à co­
efficients dans A, Supposons que cÔnt(P) = /l et que p divise ao,... ,an-i mais que p
ne divise pas an et que p^ ne divise pas ao- Alors le polynôme P est irréductible dans
A[X].

D é m o n s t r a t i o n . On raisonne par l'absurde et on écrit P = QR, Q = bQ-\-b\X -V


-----h bpX^ et R = cq ciX H------ h CqX^, avec bp et Cq différents de zéro. On a
do =boCOf par hypothèse p divise ao et ne divise pas ao donc p divise bo ou
co mais ne divise pas les deux. Supposons qu'il divise 6o. Comme p divise aussi
di = boci +6iCo il divise 6iCo, et comme il ne divise pas co, il divise 6i. Suppo­
sons par récurrence qu'il divise b o ,.,, ,b k-i, il divise a^ = 6fcCo H------ hboCfc- Donc
il divise bkCo et donc 6^. On vient de démontrer par récurrence que p divise tous

126 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


les coefficients du polynôme Q. L'élément p divise donc le coefficient an = bp Cq,
ce qui est contraire à l'hypothèse. ■

Par exemple si p est un nombre premier le polynôme X'^ —p est irréductible


dans Z[X],
Voici une application classique :

P r o p o s i t i o n 3 . Soit p un nombre premier. Le polynôme 1 + X -\------ h X^~^ est


irréductible dans Z[X].

D é m o n s t r a t i o n . On applique le critère d'Eisenstein en faisant le changement de


variables X = Y + 1. On a

1 + X + --- + - \ _ {Y+ -l
X -l Y
et
(F + 1)P - 1

pi
Le coefficient binomial C® est égal à et est donc divisible par p si 0 < i <
p, par ailleurs = 1 et Cp = p n'est pas divisible par p^. Le résultat suit. ■

8. Zéros des polynôm es


Dans cette section on va étudier les zéros des polynômes et exposer la théorie du
résultant.

D é f in it io n 1
Soit P un polynôme à coefficients dans un corps k. On dit que a e k est zéro

IXJ
I ou racine de P si P {a) = 0.

T h é o r è m e 1 • L'élément a e k est zéro du polynôme P si et seulement si le polynôme


X - a divise le polynôme P.

D é m o n s t r a t i o n . Soit P un polynôme quelconque, faisons la division de P par


X - a , on obtient P = {X - a)Q + c, où c est un élément de fc. Si dans cette for­
mule, à l'indéterminée X , on substitue a on obtient P {a) = c. Or a est zéro de
P si et seulement si P {a) = 0, soit si et seulement si c = 0, soit si et seulement si
l
S P est divisible par X —a . h
I

3.8 - ZÉROS DES POLYNOMES 127


D é f in it io n 2
On dit que l'élément a e k est zéro d'ordre i de P, ou a pour multiplicité i,
^ > 0, si {X —a)^ divise P mais {X - ne divise pas P.

Le résultat suivant est fondamental :


T h é o r è m e 2 . Un polynôme P de degré n a au plus n zéros, en tenant compte de leur
multiplicité.

Démonstration. Soit P e k[X]. Supposons qu'il ait les éléments GA;, z= 1,..., /i,
pour zéros et qu'ils aient pour ordre respectif a t . Alors P est divisible par {X —
pour tout i. Les zéros ai sont distincts entre eux deux à deux, donc les poly­
nômes {X — sont premiers entre eux deux à deux. Le polynôme P est donc
divisible par leur produit. Celui-ci est de degré qui est le nombre de zé­
ros, étant tenu compte de l'ordre. Ce degré est inférieur ou égal à celui de P, d'où
le résultat. a

C o r o l l a i r e . Un polynôme P de degré inférieur ou égal à n qui prend la même valeur


c en n + 1 points distincts est constant.

Démonstration. Il suffit pour le démontrer de considérer les zéros du polynôme


P - c et d'appliquer le théorème. a

Supposons maintenant qu'un polynôme P unitaire de degré n ait n racines, compte


tenu des multiplicités, dans le corps k. On dira qu'un tel polynôme est scindé
dans k.
On a donc :
P= n (X -ai).

D'un autre côté on a :


P = X^ + Ün-lX^ ^+ •••+ ÛQ •
On a :
P r o p o s it io n 1 . On a la relation suivante entre les racines et les coefficients du
polynôme :
} •••} Oifi) •
Autrement dit les coefficients sont au signe près les fonctions symétriques des racines.

Démonstration. Il suffit d'effectuer le développement de la première expression


et de comparer à la définition des fonctions symétriques.
On fera d'abord les cas de degré 2 et 3 comme exemples. m

128 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


Dérivation formelle
Introduisons maintenant la dérivation formelle des polynômes et des séries formelles.

D é f in it io n 3
Soit P = „ OiX® efc[X]. On appelle dérivée formelle de P = I^j=o n
le polynôme „
P '= ^ .

La dérivée d'une série formelle est donnée par la même formule. Si on a

f = j2 .

alors sa dérivée formelle est la série f donnée par

/' = iaiX^-^.

On définit la dérivée n-ième de P , respectivement de /, par la formule


de récurrence = (P^^“^))', respectivement
Les propriétés standards concernant la dérivée d'une somme et d'un produit ont
lieu :
- (P + Q)' = P ' + Q' et (/ + ^)' = / '+ p' ,
- {PQY = P'Q + PQ' et ifg y = f g + fg\
► de même on a la formule de Leibniz :
(PQ )(n)^ ^ C iP *Q ^ -\
2=0,...,n

2=0,...,n

Pour démontrer la formule du produit on observe qu'il suffit de la démontrer pour


P = ax^ et Q = bX^. Ceci résulte de la formule suivante :
a {P{Q + R ))'= (P Q )'+ {P P y ,
'T3
et du développement standard.
Pour ce qui est du cas considéré on a
{abX^^^y = (m + n)abX^-^^-^ ,
si n + m ^ 1, sinon la dérivée est nulle. Par ailleurs on a {aX'^)'bX^ -\-aX'^{bx‘^ y =
8o* nabX^'^^~^, le résultat suit. La formule est vraie pour les séries
formelles et est laissée en exercice au lecteur.
Lei formule de Leibniz se démontre par récurrence sur n, comme dans le cas ordinaire.
I
73
Q
3.8 - ZÉROS DES POLYNÔMES 129
La dérivation est utile quand on étudie la décomposition en facteurs irréductibles
d'un polynôme. La question étant de donner un critère permettant de détermi­
ner quand un facteur irréductible H divise un polynôme P si le carré divise
également P.

T h é o r è m e 3 * Soit P un polynôme à coefficients dans un corps k, supposons que P'


soit non nul. Soit H un polynôme irréductible à coefficients dans k tel que H' soit non
nul Alors le polynôme divise P si et seulement si H divise le polynôme dérivé P '.

D é m o n s t r a t i o n . Supposons que divise P , alors P = H^Q, donc


P' = 2HH'Q + ,
donc H divise P ' (non nul par hypothèse). Inversement montrons que si ne
divise pas P alors H ne divise pas P '. Si on a P = HQ avec H ne divisant
pas Q on a P ' = H'Q HQ’ , Si le polynôme H divise P ', il divise donc H'Q,
Mais comme H est irréductible et ne divise pas H ’ (non nul) qui est de degré
strictement inférieur, il divise Q ce qui est impossible. Le résultat suit. ■

On a le corollaire suivant :
C o r o l l a i r e * Soit P un polynôme à coefficients dans k, P ’ non nul, et soit a un zéro
de P. Alors a est de multiplicité au moins 2 si et seulement si a est zéro de P '.

En caractéristique zéro on peut préciser ces résultats :


T h é o r è m e 4 . Soit P un polynôme à coefficients dans un corps k de caractéristique zéro,
et soit H un polynôme irréductible à coefficients dans k. Alors le polynôme divise P si
et seulement si H divise les polynômes dérivés P ' , P ( ^ ^ ,..., .

La démonstration est laissée au lecteur qui aura soin de remarquer que l'hypothèse de
caractéristique zéro est nécessaire. On donnera aussi des contre-exemples. Nous reviendrons
dans le prochain chapitre sur les propriétés de la dérivation en caractéristique p, on donnera
des contre-exemples.
On a évidemment le corollaire suivant :
C o r o l l a i r e . Soit P un polynôme à coefficients dans k de caractéristique nulle, et soit a un
zéro de P . Alors a est de multiplicité i si et seulement si a est zéro de P ' , P ^ ^ ^ ,..., p(^~ .

Résultant
Nous allons passer maintenant à la théorie du résultant.
La question est de savoir quand deux polynômes non nuis, à coefficients dans
un corps k, P et Q, ont un facteur irréductible en commun. Soient donc P =
S 2=o,...,m de degré m et Q = X^^=o,...,n ' de degré n. On veut donner

130 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNOMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


une condition qui s'exprime à l'aide des coefficients ai et b j. On suppose am
et bn ^ 0.

Supposons que les polynômes aient le facteur irréductible H en commun. On a


alors P = H R et Q = H S donc on a la relation P S - QR = 0 avec \R\ < \ P \ = m
et |5| < \Q\ = n. Inversement supposons qu'il existe des polynômes U et V non
nuis tels que PV - QU = 0 avec \U\ < |P| et IV"! < |Q|. Montrons qu'alors P et
Q ont un facteur irréductible en commun. Raisonnons par l'absurde et supposons
qu'ils n'en aient pas, l'équation PV = QU montre alors que P divise U, ce qui est
impossible, à cause de la condition sur les degrés.

On obtient donc la condition nécessaire et suffisante suivante pour que les poly­
nômes P et Q à coefficients dans K aient un facteur irréductible en commun :

Lemme« Les polynômes non nuis P et Q ont un facteur irréductible en commun si


et seulement si il existe des polynômes U et V non nuis tels que PV —QU = 0 avec
\U\ < \P\ et |y| < \Q\.

D ém onstration. Posons U = ^ Nous


devons résoudre l'équation suivante :

(E E E E
OÙ les a i et les b j sont donnés, et les Ui et les V j sont les inconnues. Pour ce faire
on écrit que tous les coefficients du polynôme obtenu sont nuis. Ce polynôme est
de degré m -h n - 1, il y a donc m -h n équations linéaires en les m -h n inconnues
Ui et Vj. pour qu'il y ait une solution non nulle il faut et suffit que le déterminant
de ce système soit nul.

Le coefficient du terme de degré k, 0 ^ A; ^ m -h n - 1, est égal à :

i+j= k,
E O ^j^n-1
+ i+j=k,
E O ^j^m -1
bi Uj .

On écrit donc la nullité de ces coefficients pour O ^ fc ^ m + n —1. Pour obtenir


une solution non nulle il faut et suffit que le déterminant du système soit nul. ■

Définition 4

7O
I
3
I On appelle ce déterminant le résultant des polynômes P et Q, on le note
Res(P, Q), c'est un déterminant (m + n,m + n).

(3
3
Q
® 3.8 - ZÉROS DES POLYNÔMES 131
Avec m ^ n, il est égal à :

ao 0 ■ 0 6o 0
ai
"0 O
■“0 6„_1
«■1 b„.

0
bo

bji~i

0 .......0 0 0 ■

On a donc :
Théorèm e 5 . Le résultant de deux polynômes P et Q à coefficients dans un corps K
est nul si et seulement P et Q ont au moins un facteur irréductible en commun.

En particulier si P et Q ont toutes leurs racines {le. sont scindés) dans k et si leur
résultant est nul ils ont une racine commune (au moins).
Un cas particulièrement important est celui où on prend pour couple P et Q le
polynôme P et son polynôme dérivé P '. Le résultant de P et P ' est appelé le
discriminant de P. On le note Dis(P).
On a :
Théorèm e 6 . Le discriminant d'un polynôme P à coefficients dans un corps k de
caractéristique zéro est nul si et seulement si il a au moins un facteur irréductible commun
avec son polynôme dérivé P '.

On peut se contenter de supposer P ' ^ 0 et d'autoriser toute caractéristique.


En particulier si P a toutes ses racines dans k et si son discriminant est nul il a
une racine commune (au moins) avec son polynôme dérivé.

Voici des exemples.


Calculons le discriminant de + c, c’est :
c b0
b 2 b
10 2
Soit tous calculs faits 4c — 6^.

132 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNOMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


Si on considère le polynôme H- p X q on obtient :
g 0P 0 0
P q 0 P 0
0P30P
1 0 0 3 0
0 10 0 3
Ce qui tous calculs faits donne 4p^ + 27g^.

9 . Compléments sur les séries form elles


Dans ce paragraphe, nous allons donner quelques compléments sur les séries
formelles et indiquer brièvement quelques possibilités d'applications. Nous nous
contenterons de travailler avec des séries formelles à coefficients dans Z.
Nous commençons par l'étude du groupe des éléments inversibles de l'an­
neau Z[[X]].

T h é o r è m e 1 . Un élément de Z[[X]] est inversible si et seulement si son coefficient


constant ao est égal à 1 ou à —1.

D é m o n s t r a t i o n . Supposons donnée / = soit g = •Sup­


posons avoir par hypothèse f g = 1, on a alors aobo = 1. Cette équation ayant lieu
dans Z on a ao = 1 ou ao = —1.
Inversement supposons par exemple que ao = 1 et cherchons à déterminer les
coefficients bj. L'équation f g = 1 est équivalente aux équations suivantes :
► 6o = 1/
► a^ i^ o + * * * + ^ i b n - i b f i = !•

Si on suppose par récurrence avoir déterminé 6o> ••• l'équation ci-dessus per­
met de calculer bn. Le résultat suit car nous avons déterminé une série formelle
satisfaisant aux conditions requises. ■

I Le lecteur vérifiera à titre d'exercice que ce théorème reste vrai si on remplace


Z par un anneau quelconque et la condition ao = 1 ou ao = - 1 par ao E A*. En
particulier toute série formelle à coefficients dans un corps dont le terme constant
est non nul est inversible.
Voici quelques exemples :
X est 1 + X H-------h H-----, on la note 1
► l'inverse de la série 1
1-X'
► l'inverse de la série 1 - X'^ est 1 + H-------h + , on la note
1
l-X ^ '
I
T3
Q
© 3.9 - COMPLEMENTS SUR LES SÉRIES FORMELLES 133
► si on se place dans les séries formelles à coefficients dans Q l'inverse de la
série formelle ^ s'agit là bien évidemment des
séries exponentielles et e~^.
Nous allons maintenant étudier la composition des séries formelles. Commençons
par l'observation suivante, soient f{X ) et g{X) deux séries formelles dont le coef­
ficient constant est nul, égales respectivement à ^iX^ et à hX^. Comme
dans le cas des séries entières on peut former la série formelle composée f{g {X )),
Elle est en effet égale à :

01 m
Cette formule a un sens pour les raisons suivantes. D'abord chaque terme dans la
somme est une puissance dans l'anneau des séries formelles, donc est bien défini.
Ensuite, si on considère la suite infinie des termes de cette somme, on constate
que seul un nombre fini d'entre eux ont un coefficient éventuellement différent de
zéro en En effet les termes à partir du (n -h l)-ième sont divisibles par
à cause de l'hypothèse de nullité du terme constant.
Plus précisément notons an le coefficient de X^ dans Le coefficient
7n de la série f{g {X )) est égal à :

7n= X! o>iai
2 = 1 ,... ,n

Il est clair que la composée de deux séries formelles débutant par X {i,e, ai= 6i=l)
débute aussi par X .

T h é o r è m e 2 * Les séries formelles à coefficients dans Z de la forme X + ^iX^


forment un groupe pour la composition.

D é m o n s t r a t i o n . Ainsi qu'on l'a dit plus haut la composition est une loi interne.
La série formelle X est évidemment élément neutre.
L'associativité est laissée au lecteur en exercice. On va démontrer l'existence d'un
inverse. Soit donc / = X + J2i^2 ^iX\ On cherche g = X ^iX^
f{g {X )) = g {f{X )) = X . Notons jn le coefficient de la série composée f{g {X )).
D'après la formule donnée plus haut, c'est un polynôme en les inconnues bj et
les üi, qui eux sont connus. Plus précisément, on a :
^ 7 i= h
► si n ^ 2, 7^ = 6n + P {a 2, . . . , ttni 62, . . . , bn-i) = 0, où P désigne un certain
polynôme à coefficients entiers.
Gardons les notations introduites plus haut, et supposons avoir calculé par ré­
currence les inconnues 62, . . . , 6n-i l'équation ci-dessus permet de calculer bn-
Observons que la récurrence démarre par l'équation 62 + a2 = 0.

134 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNOMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


On trouve donc ainsi un inverse à droite. Par le même type d'argument on
trouverait un inverse à gauche. Ils coïncident nécessairement. ■

On appellera cet inverse la série réciproque.


Notons que le groupe que l'on vient de considérer n'est pas commutatif, contrai­
rement à celui des éléments inversibles, car la composition ne l'est pas. C'est ce
qui oblige à considérer dans la démonstration des inverses à gauche et à droite.
Comme on l'a indiqué plus haut ce théorème se généralise sans peine à un anneau
quelconque et en particulier à un corps. Par exemple la série réciproque de la série
—1 est donnée par log(l + X ).
Il existe une formule générale, dite de Lagrange [Co], qui permet de calculer les
coefficients de la série réciproque à partir de ceux de la série originelle.

Exercices
Tous les anneaux seront, sauf en 1.2, supposés commutatifs.

I. A n n e a u x q u o t ie n t s , id é a u x

1. Montrer qu'il existe une structure d'anneau et une seule sur un ensemble à
2 éléments, respectivement sur un ensemble à 3 éléments. Étudier le cas d'un
ensemble à 4 éléments. Dire lesquels sont des corps.

2. On appelle algèbre de Boole un anneau B tel que pour tout x e B on a = x. On


ne suppose pas que B est commutatif. On note Spec(B) l'ensemble des idéaux
maximaux de B , On supposera que B est un ensemble fini dans tout l'exercice.
Montrer que Spec(B) est fini et que B est commutatif.
a) Montrer que le quotient de B par un idéal maximal est toujours isomorphe à
un corps à 2 éléments que Ton notera k,
b) En déduire que Spec(B) est en bijection avec l'ensemble des homomorphismes
de B dans k,
T3 c) Soit S un ensemble fini. On considère l'ensemble des fonctions de S dans k.
a
On définit la somme de deux fonctions f et g par
i f + g){x) = f { x ) + g { x ) ,
la somme dans le membre de droite étant prise dans k. On définit la multiplication
de deux fonctions f et g par
i f X g)ix) = fix ) X g {x ),
la multiplication dans le membre de droite étant prise dans k. Montrer que
l'ensemble des fonctions de S dans k est une algèbre de Boole.
I

O
Q
© EXERCICES 135
d) Montrer que l'algèbre de Boole est isomorphe à l'ensemble des fonctions de
Spec(fî) dans k, muni de sa structure d'algèbre de Boole.

3. Montrer qu'un anneau qui a un nombre fini d'éléments, et qui est un domaine
d'intégrité est un corps. On pourra étudier la bijectivité de la multiplication par
un élément.

4. Montrer qu'un anneau qui est une algèbre de dimension finie sur un corps et
qui est un domaine d'intégrité est un corps. On pourra étudier la bijectivité de
la multiplication par un élément donné, en montrant que cette application est
linéaire.

5. a) On dit qu'un élément x d'un anneau A est nilpotent s'il existe un entier n tel
que = 0 . Montrer qu'un élément nilpotent appartient à tout idéal premier de
l'anneau.
b) Montrer qu'un élément qui appartient à tous les idéaux premiers d'un anneau est
nilpotent. Pour ce faire, on prendra un élément non-nilpotent x et on admettra
l'existence d'un idéal maximal pour l'inclusion, qui ne contiennent ni a: ni
aucune de ces puissances. Par maximal, on veut dire ici que tout idéal contenant
strictement ^ contient nécessairement une puissance de x (l'existence de cet
idéal est une conséquence du lemme de Zorn). On montrera que est un idéal
premier et on conclura.

6. Un idéal est dit primaire si la condition xy implique qu'il existe un entier


n tel que soit G e ^ , soit G

a) Déterminer les idéaux primaires de Z.


b) Étant donné un idéal ^ on appelle radical de et on note l'idéal engendré
par les éléments x tel qu'il existe un entier n tel que G J i- Montrer que pour

tout idéal ^ on a = s jT fJ -
c) Montrer que le radical d'un idéal primaire est premier.

7. a) Soit P un nombre premier impair. Montrer que la classe de 1 + p est d'ordre


dans Z/p^Z. On raisonnera par récurrence en montrant que (1 +p)^ ' = 1 + AnP^"^^
avec Xn premier à p.
b) Démontrer le théorème 2 de la section 3.
c) Démontrer le théorème 2 de la section 3 dans le cas où p = 2. On considérera,
entre autres, la classe de 5 modulo 2^, et on montrera que tout élément a un
ordre qui divise 2”^“^.

8. Soit n un entier et soit a un entier premier avec n. Montrer que est congru
à 1 modulo n .

136 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


9. a) Calculer le reste de la division de 2081^^^ par 42, puis celui de
b) Calculer le reste de la division de 2^^ + 7^"" par 9 en fonction de n.

10. a) On considère le sous-ensemble de C constitué par les éléments de la forme


a -h bi, où a et b sont des entiers. Montrer que c'est un sous-anneau. On l'appelle
l'anneau des entiers de Gauss et on le note Z[z].
b) Déterminer l'ensemble des éléments inversibles de cet anneau.
c) Montrer que l'anneau des entiers de Gauss est euclidien. Pour définir la structure
d'anneau euclidien on utilisera la fonction s{a -f bi) = -h 6^.

11. On traitera le même problème que précédemment en remplaçant i par la racine


3-ième de l'unité j .

12. Soit A un anneau commutatif. Démontrer que, pour tous a^b^c^d G A on a


(a^ -h 6^)(c^ -h = {ab + cd)‘^ -f {ad —6c)^.

13. Cet exercice fait suite à l'exercice 9. On se place donc dans l'anneau des entiers
de Gauss dont on rappelle qu'il est principal.
a) Soit P G Z un entier premier. Montrer que, dans l'anneau des entiers de Gauss, p
est, soit irréductible, soit produit de deux entiers de Gauss complexes conjugués,
eux-mêmes irréductibles. On pourra observer que si un élément irréductible z
de l'anneau des entiers de Gauss divise p il en est de même de son complexe
conjugué Z. On pourra aussi étudier la décomposition induite du carré du
module de p. Étudier les cas de 3, 5, 7, 11, ...
b) On admettra le résultat suivant démontré dans le chapitre 5 : soit p un nombre
premier impair alors il existe dans Z/pZ un élément u tel que = —1 (cette
équation a lieu dans Z/pZ) si et seulement si p est congru à 1 modulo 4. Montrer
que si un nombre premier p s'écrit comme somme de deux carrés d'éléments
de Z il est congru à 1 modulo 4.
c) Montrer qu'un nombre premier est réductible dans les entiers de Gauss si et
seulement si il est congru à 1 modulo 4. On utilisera le fait que p est irréductible
dans Z[i] si et seulement si l'anneau quotient Z[i] est intègre.

14. Factoriser en éléments irréductibles dans i], les entiers de Gauss suivants : 9-j-z,
n-\-2h 17-\-bi.

15. Soit k un corps. Montrer que l'anneau quotient k[X ,Y ]/{X Y - 1) est principal.
I
16. À quelle condition sur l'anneau A, l'anneau A[X] est-il principal?

Q
® EXERCICES 137
17. a) Un anneau A est dit local s'il a un seul idéal maximal. Montrer qu'un anneau
A est local si et seulement si l'ensemble des éléments non-inversibles forme un
idéal.
b) Soit
P un nombre premier, et soit Ep le sous-ensemble des rationnels de la
forme ^ avec b premier à p. Montrer que c'est un sous-anneau de Q. Puis
montrer que c'est un anneau local.

18. Trouver toutes les solutions entières de l'équation de Fermat en degré 2:x^-\-y^=z'^,
On commencera par supposer que les entiers y, z sont premiers entre eux. Puis
on écrira y"^ = {z —x){z + x), et on montrera que le pgcd de z —x et z + x est 2,

19. On veut déterminer les nombres premiers p pour lesquels l'équation x^ -f 2y^ = p
a des solutions entières.
a) On commence par montrer que —2 doit être un carré modulo p. On considérera
l'anneau
Z[i\/Ï\ = {a + v^|a, 6 G Z}
on montrera qu'il est euclidien.
b) On conclura à l'aide d'une réduction modulo p.

20. Trouver les solutions entières de x^ —y^ = - 2 . On se placera dans dans Z[iy/Ï\
dont on a montré auparavant qu'il était euclidien et donc principal.

21. Soit d un entier strictement positif. On veut étudier l'équation de Pell-Fermat


= 1 et déterminer ses solutions dans Z.
a) On se place dans l'anneau

Z [ ^ ] = {a + 6\/2|a,6eZ}.
Commencer par vérifier que c'est bien un anneau. Montrer que les éléments
X -I- y^/2 tels que - 2y^ = 1 ou - 22/^ = - 1 sont les éléments inversibles de
l'anneau. Remarquer que ces éléments se répartissent sur une hyperbole.
b) On considère la solution particulière 3 -h 2y/2. Montrer que parmi les solutions
a + by/2 avec a,6 > 0 c'est celle pour laquelle a est minimum, puis que si on
multiplie une solution a + b^/2 par 3 — ^/2 on obtient une solution a +
avec a > 0 et a < a. En déduire que toutes les solutions sont au signe près
puissance de 3 -f- 2 V^.
c) En corollaire on décrira tous les entiers k pour lesquels est un carré
parfait.

138 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


22. a) ** Soit
n un entier. Soit n = X)i=i,...,A; l'écriture de n en base 2. Calculer la
plus grande puissance de 2 divisant n! à l'aide des a i . On commencera par se
ramener au cas où n = 2", en démontrant que
n!
J J 2“M
i
est premier à 2.
b) Traiter le même problème pour un nombre premier p quelconque.
c) En déduire l'ordre d'un p-sous-groupe de Sylow du groupe symétrique 6n •

23. Achever l'exemple donné dans la section sur la cryptographie. En donner d'autres.

24. Soit n un entier positif. Donner un équivalent, en fonction de n de la longueur


de son écriture en base 2.
a) On appelle opération élémentaire pour sommer deux entiers en base 2 le fait
d'exécuter : soit la somme de deux 0 apparaissant comme les coefficients d'une
même puissance de 2 dans les écritures en base 2, soit faire la somme d'un
0 et d'un 1 apparaissant de manière analogue, soit encore et dans la même
situation si on a la somme de deux 1 effectuer une retenue, soit enfin si on a
la somme de deux 1 et une retenue effectuer une retenue conserver un 1. Pour
une formulation plus précise on renvoie à [K].
Donner une borne supérieure au nombre d'opérations élémentaires à effectuer
pour sommer deux entiers en base 2 ayant des développements de longueur k
et £ en base 2 (la longueur du développement est l'exposant de la puissance
maximale de 2 qui y apparaît à laquelle on ajoute 1).
b)Donner une borne supérieure au nombre d'opérations élémentaires à effectuer
pour sommer n entiers (en base 2) ayant des développements de longueur ki
en base 2.
c) En utilisant les opérations précédentes donner une borne supérieure au nombre
d'opérations élémentaires à effectuer pour multiplier deux entiers ayant ayant
des développements de longueur k et £.
d) Donner une borne supérieure au nombre d'opérations élémentaires à effectuer
pour calculer n! en base 2.
e) Donner une borne supérieure au nombre d'opérations élémentaires à effectuer
pour calculer le pgcd de deux entiers a et 6 avec a ^ b , dont les développements
en base 2 sont respectivement de longueur k et £.
f) Donner une borne supérieure au nombre d'opérations élémentaires à effectuer
► J pour écrire un nombre, donné par un développement en base 2, en base 10.
I
’X
O )
03
Q
® EXERCICES 139
II. P o ly n ô m e s

l.On considère l'anneau des polynômes à coefficients dans Q. Pour un entier n


donné on pose
X ( X - l ) “ - ( X - n + l)
En{X) =
n\
a) On définit un sous-anneau E de Q[X] par £7 = {P G Q[X] |VA; G Z P {k ) G Z}.
Vérifier que c'est un sous-anneau.
b) Soit P e E, montrer qu'il existe une unique famille finie d'entiers tels que
P = E i A ,P i.
c) Sur l'ensemble des polynômes à coefficients dans Q, on définit une opération
A par A (P )(X ) = P { X + 1) - P (X ). Calculer A(Pn).

2. ** On conserve les notations de l'exercice précédent. Soit p un nombre premier.


On considère l'anneau quotient P/(p). Montrer que cet anneau contient un
sous-anneau En isomorphe à l'anneau quotient

et que E /{p) est réunion des En-

3. a) Soit P G R[x] de degré n - 1. Démontrer que tout polynôme de degré ^ n - 1


peut se mettre sous la forme
a o P { X ) + a i P ( X + 1) + • • • + a n - i P { X + n - 1 ).

b) En déduire que le déterminant suivant est nul :


P{X ) P (X + 1) ••• P {X + n)
P {X + 1) P {X + 2) ■■■ P {X + n + l)

P {X + n) P (X + n + l) ■■■ P {X + 2n)

4. a) Montrer que les polynômes irréductibles dans R[X] sont de degré 1 ou 2, les
caractériser. Décrire la factorisation en éléments irréductibles dans R[X],
b) Montrer que tout polynôme à coefficients réels qui ne prend que des valeurs
positives sur la droite réelle peut s'écrire P^ -hQ^/ où P et Q sont des polynômes
à coefficients réels. On étudiera d'abord le cas des polynômes irréductibles.

5. ** ([J]) Soit P un polynôme à coefficients réels, et soit [a, b] un segment. Soit


P = Po, P i , . . . , Pfi une suite de polynônaes telle que :
- P(a)P(6) ^ 0,
► Ps n'a pas de zéros sur [a, 6],
► si c G [a, b] est un zéro de P j, 0 < j < s alors Pj_i(c)Pj+i(c) < 0,

140 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


► si P{c) = 0, ce]a,6[ il existe ci < c et C2 > c tels que pour x g ]ci , c[ P o{x)P i{x)< 0
et pour X e ] c , C2[ P q{ x ) P i { x ) > 0.
Une telle suite, si elle existe est appelée une suite de Sturm sur [a, 6] pour P,

a) Montrer que si P a une suite de Sturm sur [a, b] il n'a que des zéros simples
sur [a,b].
b) Étant donnée une suite de réels différents de zéro (ti,Î2j ••• on définit le
nombre de changements de signe de la suite comme étant le nombre d'entiers
i avec 1 ^ i ^ k - 1 et UU^i < 0. Étant donné x e [a, 6], on note V{x) le
nombre de changements de signe de la suite obtenue à partir de la suite
P o{x),P i{x)^.,. ,Pfi(x), en éliminant les termes nuis.
Montrer que le nombre de zéros de P dans [a, 6] est égal à V{x) —V{y) .

6 . ([J]) Soit P un polynôme de degré s à coefficients réels qui n'a que des zéros
simples dans [a, 6]. Montrer que la suite définie par Pq = P , P\= P', et Pk est
l'opposé du reste de la division de Pk~2 par Pk-\ est une suite de Sturm pour P
sur [a, 6].

7. Appliquer le résultat précédent à la recherche du nombre de zéros entre 0 et 15


du polynôme + 2^^ + X - 5 et + X® - 6X^ + - X + 1.

8 . Soit A un anneau, on se place dans l'anneau A[X]. Démontrer la formule de


Leibniz pour la dérivation des polynômes. Établir la formule de dérivation pour
un polynôme de la forme P{Q {X )),

9. Soit P un nombre premier. Soit le corps Z/pZ, et soient % v,w des éléments
différents de zéro de Z/pZ. Montrer que l'équation en : ux"^ +vy^ = w admet
au moins une solution. On comptera le nombre d'éléments de la forme ux^^ et
w —vy^^ quand a; et y décrivent
I 10. ** ([FS]) Montrer que le polynôme ~ “ 1 oh les n rij sont des entiers
deux à deux distincts est irréductible dans

11. (Lemme de Lazard) Montrer que les polynômes homogènes de degré n, H en 2


variables X et y , à coefficients dans Q,*tels que H (X ,Y ) = H {Y ,X ), üT(X,0) = 0
et que
8 P (X , Y) + H {X + Y,Z) = H {Y, Z) + P (X , Y + Z ),
S

sont de la forme j{ { X + Y)^ - X^ - y^), 7 G Q.


I
O
§
Q
® EXERCICES 141
12. ** (Lemme de Lazard pour Fp) Soit p un nombre premier.
Montrer que les coefficients du polynôme (à coefficients entiers)
{{X + )
sont divisibles par p et pas par Dans la suite, la notation (~ ((^ + -
XP°^ —yp"" )) désignera la réduction modulo p du polynôme à coefficients entiers.
Montrer que les polynômes homogènes de degré n , H e n 2 variables X et y , à
coefficients dans Fp, tels que H {X ,y ) = H {y ,X ), H{X,G) = 0 et que
H {x , y ) + H { x + y, Z) = H {y, Z) + H {x , y + Z ) ,
sont de la forme 7 ((X + y)^ - X'^ - y^), 7 G Fp si n n'est pas une puissance de
p, et de la forme 7 ( - ( ( ^ + ~ )) sinon.
P

13. (Formule d'Euler) Soit P un polynôme en n variables, X i , ... ,Xn, ne comportant


que des monômes de degré total m. Montrer que :
X^P'x, +--- + X„P^„ = m P .

14. Exprimer les polynômes suivants à l'aide des fonctions symétriques élémentaires :
+ X2y3 ^2^3 ^3^2 y3^2 ^ y2^3^
- + X^Y^ + + X^Z^ + Y^Z^ + Y^Z^.

15. a) Exprimer les polynômes symétriques suivants à l'aide des sommes de Newton :

- Ew

b) Soit le déterminant
2X Y Z -Z^ -y 3 X
-Z^ -2 X Y Z -X ^ Y
A= _y3 _ ;^ - 3 2X Y Z Z
X Y Z 0
Montrer que A est homogène de degré 8, puis qu'il est symétrique en X^, Y^,
Z"^. Le calculer. A est-il divisible par X + Y + Z 7

16. Calculer le discriminant du polynôme X ” + p X + q.

17. Soit P e fc[X] un polynôme de degré n. Supposons qu'il ait toutes ses racines
dans k, soient Ai, . . . , A„. Montrer que

Dis(P) = ( - i r n

142 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNÔMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


18. On garde les hypothèses de l'exercice précédent. Montrer que

Dis(P) = ( - i r n " a ” I I ( A i - A , ) .
i^j
19. (D'après agrégation 1993) On considère l'anneau C[X^Y]. Soit / une fonction
holomorphe sur le plan complexe. Déterminer pour / = e^, / = ze^, et f = sin(z)
l'idéal de C[X,Y] constitué par les polynômes P tels que P (/ ,/') = 0.
On pose la même question en remplaçant C [X ,F] par C[X^Y^Z], pour / = xe^,
et f = cos(2;), et les polynômes P tels que P(/, /', /”) = 0.

20. (théorème de Gauss-Lucas) Soit P eC [X ]. Montrer que les zéros de P' sont dans
l'enveloppe convexe des zéros de P .

21. Soit k un corps ayant un nombre infini d'éléments. Soit P e k [ X i,... ,Xn].
a) Soit P qui prend la valeur zéro pour tout élément appartenant à un ensemble
de la forme Ai x •••x où chaque Ai est un sous-ensemble de k de cardinal
infini. Montrer que P est nul.
b) Soit k = C ou k = R. Montrer qu'un polynôme P G k[X i, . . . , Xn]f qui s'annule
sur un ouvert de est nul.

22. Montrer qu'un polynôme homogène en 3 variables de degré 2 sur un corps fini a
toujours une solution (a,^, 7 ) non triviale. Généraliser à 4 variables en degré 3.

III. S é r ie s f o r m e lle s

1. Montrer que l'anneau des séries formelles à coefficients dans un corps est un
anneau local (pour la définition voir l'exercice 17 de la section I.

2. Notons p(n) le nombre de partitions d'un entier naturel n donné. Donner un sens
au produit infini suivant :
TT \ —T^
11
n^l
g Montrer qu'il est égal à :

§ 3. Montrer que la série formelle :


rpn

^ n
2 = 1 ,...,n
I
est égale à $(T ).

EXERCICES 143
4. (Partitions p-régulières) On garde les notations de 2 et 3. Soit p un nombre premier
et soit 7Tp(n) le nombre de partitions de n en somme d'entiers premiers à p. Soit
= E n 7Tp(n)T". Montrer que % {T ) =

5. a) (Formules de Newton)
Le but de cet exercice est de donner une seconde démonstration des formules
de Newton. On se place dans l'anneau fc[Xi,.. .,Xn][[T]], k étant un corps. On
utilisera la dérivation des séries formelles.
On considère la série formelle :

. l-X iT '

Montrer que :

2 = 1 ,... ,n %

b) Montrer que la série formelle précédente est égale à l'opposée de la dérivée par
rapport à T de la série suivante :

| .lo g (n (l-X ,r)).


dT %
c) On note Ei les fonctions symétriques élémentaires des X i. Montrer que :

- E l + 2E2T + •••+ ( - l) " n E „ T " - i


,T + --- + ( - l ) " E „ T "

d ) En identifiant, établir les formules de Newton.

Q uelques réponses ou indications


I. A n n e a u x q u o tie n t s , id é a u x
1. D a n s le s c a s à 2 e t 3 é lé m e n ts o n tro u v e Z / 2 Z e t Z / 3 Z . D a n s le c a s d 'u n e n se m b le à 4
é lé m e n ts c o m m e n c e r p a r é tu d ie r la str u c tu r e c o m m e g r o u p e a d d itif. P u is d is c u te r s u iv a n t
q u e l'a n n e a u e s t u n c o r p s o u n o n .

2. b) O n m o n tre la c o m m u ta tiv ité à l'a id e d e (x + = a: + y . Il y a u n n o m b re fin i d 'id é a u x


m a x im a u x c a r ce s o n t d e s s o u s - e n se m b le s d e .B. S i e st m a x im a l, l'a n n e a u est
a u s s i u n e a lg è b r e d e B o o le. S i c 'e st u n c o r p s c o m m u ta tif, c o m m e to u t é lé m e n t y e s t z é r o
de - X , il n e p e u t a v o ir q u e d e u x é lé m e n ts 0 et 1.
d) M o n tre r q u e l'in te rse c tio n d e s id é a u x m a x im a u x e s t ré d u ite à { 0 } . P u is u tilise r le L e m m e
C h in o is et l'a p p lic a tio n d e B d a n s l'e n se m b le d e s fo n c tio n s d e S p e c ( B ) d a n s k q u i à a G B
a s s o c ie à : S p e c ( B ) —> k d o n n é e p a r â (e ^ ) = 0 si a G et à { ^ ) = 1 si a ^ e / .

144 ANNEAUX, IDÉAUX, POLYNOMES ET SÉRIES FORMELLES - C hap. 3


3. M o n tre r q u e la m u ltip lic a tio n p a r u n é lé m e n t d o n n é d iffé re n t d e z é r o d é te r m in e u n e
a p p lic a tio n in jectiv e, d o n c b ije c tiv e , c a r l'e n se m b le e s t fin i.

4. M o n tre r q u e la m u ltip lic a tio n p a r u n é lé m e n t d o n n é d iffé re n t d e z é r o d é te r m in e u n e


a p p lic a tio n e st lin éa ire in je c tiv e d o n c b ije c tiv e c a r l'e s p a c e v e c to rie l e s t d e d im e n s io n fin ie.

5. b) O n ra iso n n e p a r l'a b s u r d e . O n s u p p o s e q u e n 'e s t p a s u n id é a l p re m ie r. S o it ab e


avec ^ et A lo r s ( e ^ ,a ) et 6) c o n tie n n e n t c h a c u n u n e p u is s a n c e d e x . E n
c o n c lu re q u e c o n tie n t u n e p u is s a n c e d e x , ce q u i e st im p o s s ib le .

7. a) R a iso n n e r p a r ré c u rre n c e s u r n e n te n a n t c o m p te d u fa it q u e le c o e ffic ie n t b in o m ia l


e s t d iv is ib le p a r p (p re m ier) si 0 < i < p . O n p o u r r a re d é m o n tre r ce fa it o u s e re p o rte r a u
c h a p itre 5.

8. U tilise r le fa it q u e l'o rd re d 'u n é lé m e n t d iv is e l'o r d r e d u g r o u p e et q u e (/>(n) e s t l'o r d r e d e

10. b) L e s é lé m e n ts in v e rsib le s s o n t 1, - l , z , - L

c) É ta n t d o n n é z , u e Z[z], on c o n sid è re ^ G C . O n d é fin it q c o m m e é ta n t l'u n d e s


p o in ts d e Z[z] le p lu s p ro c h e d e M o n tre r q u e s { z - u q ) < 5 (îi).

13. a) Si o n a P = z u , a v e c irr é d u c tib le o n a a u s s i p = z ü . D o n c z d iv is e a u s s i p . M a in te n a n t,


o n a d o n c u n e d é c o m p o sitio n d u ty p e p = O i a v e c le s Zi irr é d u c tib le s. O n é c rit d o n c
p^ = U i k. i p . D isc u te r s u iv a n t q u e Zi e s t d a n s Z o u n o n .
P a r e x e m p le 5 = (2 + î)(2 - z).

b) S i o n a p = + 6^, o n o b tie n t le r é s u lta t p a r ré d u c tio n m o d u lo p d e cette fo rm u le et


a p p lic a tio n d u critère.
P u is o n m o n tre q u e p GZ p r e m ie r e s t irr é d u c tib le d a n s Z[z] s i et se u le m e n t si il n 'e s t p a s
so m m e d e d e u x c a rré s d 'e n tie rs.
c) E n fin o n m o n tre q u e p GZ e s t irr é d u c tib le , s i e t se u le m e n t si —1 e s t u n c a rré m o d u lo
p , e n d é m o n tra n t q u e Z [ i ] / { p ) = Z [ X ] / ( p ,X ^ + 1) = F p [ X ] / ( X ^ + 1). P u is, o n u tilis e le fa it
que p GZ p r e m ie r e st irr é d u c tib le d a n s Z[z], s i e t s e u le m e n t s i Z[z] e s t in tè g re .

14. P a r e x e m p le ch erch er à e x p r im e r le m o d u le d e 9 + î a u c a rré c o m m e p r o d u it d e so m m e


d e d e u x carré s. O n a 82 = 2 x 41 = (1 + 1) x (25 + 16). D o n c 9 + z = (1 + z)(5 - 4z). Il fa u t
v é rifie r q u e le s é lé m e n ts s o n t irr é d u c tib le s o u p o u r s u iv r e la d é c o m p o sitio n .

I 15. Id e n tifie r k [ X ^ Y ] / { X Y - l ) a u s o u s - a n n e a u d e k { X ) d e s é lé m e n ts d e la fo rm e où
P Gk [ X ] et GZ à l'a id e d e l'h o m o m o r p h is m e q u i, à P ( X , F ) , a s s o c ie P ( X , ;^ ) . P u is
é tu d ie r cet a n n e a u , e n u tilis a n t le fa it q u 'il c o n tie n t k [ X ] .

18. D 'a p r è s la d é c o m p o sitio n = { z — x ) { z -\- x ) s i u n n o m b re p r e m ie r im p a ir d iv is e d o n c


X- Z e t X Z, i\ d iv is e 2 x e t 2 z , d o n c x e t 2?, d o n c a u s s i y ce q u i e s t e x c lu p a r h y p o th è se .
D e m ê m e s i 4 d iv is e x - z e t x + z on d é d u it q u e 2 d iv is e y . O n p o s e a lo r s z — x = 2 a et
x-\- z = 2 p , a e t ¡3 p r e m ie r s e n tre e u x . A lo r s l'é q u a tio n y“^ = [ z — x ) { z -h x ) m o n tre q u e a
e t P s o n t d e s c arré s.
I
»3 E n g é n é ra l s i d e s t le p g c d d e x , y et z o n tro u v e x = d{u^ — ), y = 2 d u v et z = d{u^ + ).
I
TO
3
Q
EXERCICES 145
20. O n m o n tre ra i y / 2 e s t p r e m ie r d a n s Ij[iy/2\, o n p r o c é d e r a c o m m e il a é té fa it p o u r
le s e n tie rs d e G a u s s . É crire a lo r s u n e d é c o m p o sitio n e n fa c te u r s p r e m ie r s d e l'id e n tité
—iy /2 ) = . M o n tre r q u 'u n n o m b re p r e m ie r (irré d u c tib le ) d e I \ i y /2 ] q u i d iv is e

{ x - [ - i ^ У 2 ) e t { x — i \ / 2 ) e s t n é c e s s a ir e m e n t i y / 2 . e n d é d u ir e q u e i y / 2 n e d iv is e p a s x .

E n u tilis a n t la d é c o m p o sitio n e n fa c te u r s p r e m ie r s d a n s Z [ i y / 2 ] e n c o n c lu re q u e { x - \ - i \ /2 )

e s t u n c u b e d a n s Z [ i : (a 4- = x - \ - i y / 2 e n id e n tifia n t m o n tre r q u e S a ^ b - 26^ = 1.

21. a) b) c). O n é c rit (a + 6 \ / 2 ) ^ = (a ^ + bn ^ /2 ) et (a - b y / 2 ) ^ = {ün - bn y / 2 ) a v e c an et bn e n tie rs.


O n o b s e r v e q u e s i a^ — 26^ = (a + 6 \ / 2 ) ( a - b ^ /2 ) = 1 a lo r s (a + 6 \ / 2 ) ^ (a — = (an 4-

bnV^){o>n — b n V ^ ) = 1- L 'e n tie r n é ta n t q u e lc o n q u e d a n s Z . P o u r la d e rn iè re q u e s tio n o n


se ra m è n e ra à l'é q u a tio n p r é c é d e n te . O n o b s e r v e r a le s s o lu tio n s s u r le g r a p h e c i-d e ss o u s .

22. a) L a p lu s g r a n d e p u is s a n c e d e 2 d iv is a n t 2 ^ ! e s t 2^” “ ^.

24. O n tro u v e O n a le s m a jo r a n ts s u iv a n t s Csup{k,i), Csup{ki), la c o n sta n te d é p e n d d e

n, C{ki), C 'n ^ ln ^ (n ), et Ck^.

II. P o ly n ô m e s

1. b) P o u r m o n tre r q u 'il e x iste u n e u n iq u e fa m ille fin ie d 'e n tie r s te ls q u e P = Y^i K E i o n


é v a lu e r a le p o ly n ô m e P e n d e s e n tie rs b ie n c h o isis.

c) ù .{E n ) = E n - i .

2. P o u r d é fin ir E n , c o n sid é re r le s o u s - a n n e a u e n g e n d ré p a r E * !, . . . , Epn .

4. a) L a fa c to risa tio n e st, e n p o ly n ô m e s d e d e g r é 1, et e n p o ly n ô m e s d e d e g r é 2 à ra c in e s


c o m p le x e s c o n ju g u é e s.

b) U tilise r la d é c o m p o sitio n e n fa c te u r s irr é d u c tib le s et l'e x e rc ic e 11 c i-d e ssu s.

146 ANNEAUX. IDEAUX, POLYNOMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


5. a) U tilise r le s critère s d u c o u rs.
b) É tu d ie r le c o m p o rte m e n t d e la fo n c tio n V ( x ) q u a n d x d é c rit le se g m e n t. E n p a rtic u lie r
é tu d ie r le c o m p o rte m e n t lo r s d u fr a n c h isse m e n t d 'u n d e s z é r o s d e la s u ite d e p o ly n ô m e s.

7. P o u r m o n tre r q u e le s p o ly n ô m e s n 'o n t q u e d e s ra c in e s sim p le s , o n ré d u ir a m o d u lo 2 o u 3,


et o n u tilise ra le d isc rim in a n t.

8. S e ra m e n e r a u c a s d e m o n ô m e s.

9. C o m p te r le n o m b re d 'é lé m e n ts d e la fo rm e ux^ et w — vy^ q u a n d x et y d é c riv e n t Z/pZ.


M o n tre r q u e c h a c u n d e s e n s e m b le s a é lé m e n ts. C o n s ta te r q u e le s d e u x e n s e m b le s s o n t
d 'in te r se c tio n n o n v id e .

10. R a iso n n e r p a r l'a b s u r d e , et é crire P = QR, L e s v a le u r s p r is e s p a r Q e t jR e n le s rrij s o n t


n é c e ssa ir e m e n t 1 o u - 1 . S i le d e g r é d e Q e s t d iffé r e n t d e c e lu i d e R m o n tre r q u e Q ou R
p r e n d la m ê m e v a le u r (1 o u - 1 ) u n n o m b re d e fo is s u p é r ie u r à s o n d e g r é . S i le d e g r é d e
Q e st é g a l à c e lu i d e i î et si la c o n d itio n p r é c é d e n te n 'e s t p a s ré a lis é e e n c o n c lu re q u e Q
et R so n t o p p o s é s . C o n c lu re .

11. É crire le p o ly n ô m e ch erch é H s o u s la fo rm e H= J2i . C a lc u le r le s c o e ffic ie n ts


d e p ro c h e e n p ro c h e à l'a id e d e s re la tio n s.

12. O n p r o c é d e r a c o m m e p lu s h a u t, e n p r e n a n t s o in d e v é rifie r q u e le s c o e ffic ie n ts b in o m ia u x


u tilis é s n e s o n t p a s n u is m o d u lo p .

15. E x p rim e r le s p o ly n ô m e s s y m é tr iq u e s s u iv a n t s à l'a id e d e s s o m m e s d e N e w to n :

► NaNb —Na-{-b/
► faire a p p a r a îtr e N a N b N c a in si q u e d e s p r o d u it s d e la fo rm e Na-\-bNc.

16. D a n s le d é te rm in a n t, s o u s tr a ir e le s n — 1 p r e m iè r e s c o lo n n e s a u x n — 1 d e rn iè re s. O n tro u v e
nnqrt-i _ i)n -ip n ^

17. O n se p la c e d a n s l'a n n e a u d e s p o ly n ô m e s k [X ^ T i , . . . , T^] = k [ X i , . . . , X n ] [ T ] . O n c o n sid è re


le p o ly n ô m e Y l i ( X — T i ) . O n c a lc u le le d is c r im in a n t d e ce p o ly n ô m e . M o n tre r q u e c 'e st
u n p o ly n ô m e s y m é triq u e d e k [ T i , . . . , T n ] . M o n tre r q u 'il e s t d iv is ib le p a r Ti - T j ,
P u is p a r {Ti - T j Y , p o u r ce d e rn ie r p o in t, o n u tilis e r a la sy m é trie . C o m p a r e r le s d e g r é s
p o u r c o n c lu re q u 'a u s ig n e p r è s le p r o d u it d isc rim in a n t. E n fin
re m p la c e r le s Ti p a r le s A i.

18. A p p liq u e r l'e x e rc ic e p ré cé d e n t.

I 19. D a n s le p r e m ie r c a s o n tro u v e l'id é a l e n g e n d r é p a r {X - Y), d a n s le s e c o n d , c e lu i e n g e n d r é


par + y ^ - 1. P o u r le q u a tr iè m e , o n se ra m è n e à u n a n a lo g u e d u s e c o n d e n a d jo ig n a n t
X — Z. P o u r le tro isiè m e , o n c h e rc h e ra u n e é q u a tio n d iffé re n tie lle d u s e c o n d o rd re . P u is
o n c h e rch e ra à d é te rm in e r si la fo n c tio n p e u t s a tisfa ir e u n e é q u a tio n d u p r e m ie r o rd re .

20. É crire la d é c o m p o sitio n e n é lé m e n ts s im p le s d e la fra c tio n ra tio n n e lle ^ .

III. S é r ie s f o r m e lle s

I
«5
1. S o it A:[[Ar]], m o n tre r q u e le s e u l id é a l m a x im a l e s t (A ”). L e s a u tr e s id é a u x s o n t d e la fo rm e
(X-).
I
TJ
§
Q
EXERCICES 147
2. Pour donner un sens au produit infini :

n 1— ’
n^l
o n o b s e r v e q u e le s c o e ffic ie n ts d e

n r^ ’
et

n
l^i^n+l 1-T^
c o ïn c id e n t ju s q u 'e n d e g r é n .
E n e ffe c tu a n t le d é v e lo p p e m e n t o n m o n tre q u e le c o e ffic ie n t d u te rm e d e d e g r é n e s t p { n ) .

3. M o n tre r q u e le co e ffic ie n t d u te rm e d e d e g r é k d a n s le d é v e lo p p e m e n t d e
rpn

0^=1....n ( i - r ' )
e s t le n o m b re d e p a r titio n s d e k , e n a u p lu s n e n tie rs.

4. P r o c é d e r c o m m e e n 1, e n m o d ifia n t ce q u 'il fau t.

5. a) É crire le d é v e lo p p e m e n t.
b) C a lc u le r la d é riv é e c o m m e à l'o rd in a ir e .
c) e t d ) O n re c o n n a ît le s fo n c tio n s s y m é tr iq u e s e n d é v e lo p p a n t le p r o d u it
P u is, o n id e n tifie à l'e x p r e s s io n à l'a id e d e s N h , et o n m u ltip lie d e s d e u x c ô té s p a r le
d é n o m in a te u r. E n fin , o n id e n tifie le s c o e ffic ie n ts d e .

148 ANNEAUX, IDEAUX, POLYNOMES ET SERIES FORMELLES - C hap. 3


chapitre 4

Extensions des corps


Applications

Ce chapitre est consacré à la théorie des corps. Sauf dans la section 8 tous les corps
considérés seront supposés commutatifs. On commencera par définir la notion de
caractéristique d'un corps, on en donnera quelques conséquences, par exemple la
formule de Newton en caractéristique p. Après ces généralités on passera à l'étude
des éléments algébriques sur un corps et du corps de rupture d'un polynôme. On
ne fera pas une étude détaillée du corps de décomposition et l'existence et l'unicité
de la clôture algébrique sera admise. On passera après à la description des corps
finis. L'étude des racines primitives de l'unité et des polynômes cyclotomiques
sera faite, avec en perspective, le théorème de Wedderburn et un premier aperçu
sur les extensions cyclotomiques.
On reviendra dans les deux dernières sections sur les corps finis en décrivant l'al­
I gorithme de factorisation des polynômes sur un corps fini dû à Berlekamp. Enfin
on donnera une courte introduction à la théorie des codes correcteurs d'erreurs,
elle sera basée sur l'étude d'un code B C H . Le matériel décrit dans ces sections
n'est pas plus difficile que celui des sections précédentes, mais dans la mesure où
elles mettent en jeu de longs enchaînements d'arguments, leur lecture n'est pas
conseillée dans une première approche. Par ailleurs leur côté introductif peut aussi
I rendre leur lecture plus difficile. Leur présence est cependant nécessaire dans ce
I livre dans la mesure où elles abordent des sujets riches en applications. Pour ces
questions on renvoie à [LN] et [MS] dont ont été tirés certains énoncés et exercices.
I
73
I
Q
149
1. Définitions, caractéristique d'un corps, applications
On rappelle la définition d'un corps :
Définition 1

I On appelle corps, un anneau dans lequel tout élément non nul, c'est-à-dire distinct
de l'élément neutre de la loi additive, a un inverse pour la loi multiplicative.

L'élément neutre de la multiplication sera comme d'habitude noté 1 pour tous


les corps considérés. On aura soin en lisant le texte de bien vérifier à quel corps
(ou éventuellement anneau) appartient cet élément. La multiplication sera toujours
supposée commutative, sauf dans la section 6 où on démontrera le théorème de
Wedderburn.
Voici trois exemples fondamentaux de corps :
► le corps Q des nombres rationnels dont la construction est donnée dans les
rappels,
► le corps des fractions rationnelles Q(X),
► enfin si P est un nombre premier l'anneau quotient Z/pZ qui est un corps et
que l'on note Fp.

Définition 2
Étant donné un corps k on appelle homomorphisme caractéristique, l'homomor-
phisme d'anneaux, c : Z k, défini par :
► c(m) = 1 + •- + 1 = m.l pour m ^ 0,
m fois
► c(m) = —c{—m), pour m < 0.

On rappelle que 1 désigne l'élément neutre de la loi multiplicative du corps.

Considérons I le noyau de cet homomorphisme, c'est un idéal. Comme le quotient


de Z par I est un sous-aimeau d'un corps, il est intègre. Ceci implique que I est,
soit trivial, c'est-à-dire réduit à {0 }, soit premier.
■- S'il est premier, il est maximal et constitué par les multiples d'un nombre
premier p puisque Z est principal.
S'il est trivial le corps est dit de caractéristique zéro, si l'idéal est constitué par
les multiples d'un nombre premier p le corps est dit de caractéristique p. Le
corps Q est de caractéristique 0, le corps Fp est de caractéristique p.

Observons maintenant qu'un corps k contient toujours tm plus petit sous-corps,


c'est l'intersection de tous les sous-corps contenus dans k.

150 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Proposition 1. Si le corps k est de caractéristique 0 il contient comme plus petit
sous-corps un sous-corps isomorphe à Q. Si le corps k est de caractéristique p il contient
comme plus petit sous-corps un sous-corps isomorphe à Fp. Dans chaque cas ce sous-corps
est appelé le corps premier.

D é m o n s t r a t i o n * Dans le second cas il suffît d'observer que l'image de l'homo-


morphisme caractéristique est isomorphe à Fp. Et que par ailleurs cette image
est contenue, par construction, dans tout sous-corps de k, en effet un sous-corps
contient l'unité et donc tous les éléments dans l'image de l'homomorphisme ca­
ractéristique. Pour ce qui est de la première affirmation on constate que l'image
de l'homomorphisme est isomorphe à Z, et que le plus petit sous-corps de k
contenant cette image est isomorphe à Q. ■

Le résultat suivant est juste une reformulation de la définition de la caractéristique,


son importance fait qu'il mérite d'être dégagé.
Proposition 2« Soit k un corps de caractéristique p. Pour tout x e k on a
X H---------- h X = p.x = 0.
p fois

D é m o n s t r a t i o n . Il suffit d'observer que


X + •y + x = p.x - (p.l)x = 0. ■
p fois

Dans la suite on notera n.x simplement nx. Voici une autre propriété capitale de
la caractéristique p :
T h é o r è m e 1 . Soient a et b deux éléments d'un corps k de caractéristique p. Alors
pour tout n on a :
(a + 6)P” +6P” .

D é m o n s t r a t i o n * Rappelons que k est supposé commutatif. La démonstration se


fait par récurrence sur n.
Pour le cas n = 1 on commence par écrire la formule de Newton :

(a + 6 f = ¿ ( ^ a * 6 P - ^
0
donc on a :
p-i

(a + b f = aP + ' ^ C;a^bP-^ + ,

le coefficient binomial est égal à . Pour 0 < i < p i e nombre premier p


î
S apparaît au numérateur et n'apparaît pas au dénominateur. On a donc i\Cp = pq,
I

I
Q
© 4.1 - CARACTÉRISTIQUE D’UN CORPS, APPLICATIONS 151
avec q entier. Comme p ne divise pas i\ il divise C^. Les coefficients binomiaux
sont donc divisibles par p et donc nuis modulo p pour les valeurs de i considérées.
Ceci implique donc que (a + h y = aP ,
Passons au cas général et raisonnons par récurrence. Supposons le résultat établi
pour n —1. On a alors :

(a + = ((a + by^~" y = + 6^"'' y = aP^ + ,


la première égalité est déduite de l'hypothèse de récurrence, la seconde l'est du
cas n = 1. ■

Donnons un exemple de calcul modulo 2. Si on veut calculer (a + 6)^, où a et 6 sont éléments


d'un corps de caractéristique 2 on écrit :

(a + 6)^ = (a + b ) {a + 6)® = (a + é)(a® + 6®) = a^ + a®6 + .

Voici deux applications très classiques de ce qui précède. Le petit théorème de


Fermat (théorème 2) et le Théorème de Wilson (théorème 3).
T h é o r è m e 2 . Soit p un nombre premier, et soit n un entier. Alors nP est congru à n
modulo p.

D é m o n s t r a t i o n , Il suffit de montrer que les classes résiduelles modulo p de nP


et n sont égales.
► Si n est divisible par p les deux classes sont nulles modulo p.
► Sinon, comme Fp est un corps, il suffit de montrer que pour tout élément non
nul X G Fp on a = 1. Autrement dit, il suffit de montrer que Tordre de
tout élément dans le groupe multiplicatif F* est un diviseur de p —1. Mais
ceci résulte de ce que Tordre de ce groupe est p —1. ■

T h é o r è m e 3 . Le produit ( p - 1)! est congru à - 1 modulo p.

D é m o n s t r a t i o n , On supposera que p ^ 3. Classons les éléments du groupe F*


selon qu'ils sont égaux à leur inverse ou non. Un élément x égal à son inverse est
tel que x = x~^, donc que x^ = 1. Un élément est égal à son inverse si et seulement
si il est zéro du polynôme à coefficients dans Fp —1. Ce polynôme a pour zéro
1 et —1. Les autres éléments de F* se groupent par paires d'éléments distincts
1 ^ ^^ l'autre : XiPi = 1. On a donc, en identifiant
un entier à sa classe résiduelle modulo p :

(p - 1)! = 1 X (-1) X JJ Xiyi = -1 . ■


i<i< —

152 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Le résultat suivant sera utilisé plus loin :
P r o p o s i t i o n 3 « Soit k un corps de caractéristique p. Soit P un polynôme à coefficients
dans fc, alors la dérivée formelle P' de P est nulle si et seulement si il existe un polynôme
Q à coefficients dans k tel que P {X ) = Q{X^).

Démonstration. Soit P = P' = ia iX ^~^. Pour que P ' soit


nul il faut et suffit que tous les coefficients soient nuis. Si p divise i le coefficient
iüi est nul. Sinon il est non nul dès que ai est non nul car la classe de congruence
de i est non nulle. Donc pour que P' soit nul il faut et suffit que les coefficients
ai, avec p ne divisant pas i, soient nuis. Donc P = bpiX^^ et P = Q{X p )
avec Q = J2i bpiX^, Le résultat suit. ■

On notera pour conclure cette partie qu'il existe des corps de caractéristique p
ayant un nombre infini d'éléments, par exemple le corps ¥p{X) des fractions
rationnelles à coefficients dans F„.

2. Éléments algébriques dans un corps et extensions


algébriques des corps

D é f in it io n 1
I Soit K un corps et k un sous-corps. On dit que K est une extension de k.

Par exemple C est une extension de R. Voilà une remarque élémentaire mais
fondamentale :

P r o p o s i t i o n 1 • Soit K un corps et k un sous-corps. Le corps K est un espace vectoriel


sur le corps k. Dans ces conditions on appelle k le corps de base.

Démonstration. Rappelons qu'un espace vectoriel sur un corps k est un en­


semble K muni d'une loi de groupe abélien et d'une loi externe, c'est-à-dire d'une
application k x K dans K satisfaisant à certaines propriétés (chapitre 0). La loi
de groupe abélien sur K est évidemment l'addition de K . Pour ce qui est de la
loi externe on choisit l'application définie comme étant la composée de l'inclusion
de A; X A" dans K x K suivie de la multiplication de K x K dans K . Elle vérifie
§ les propriétés requises. Chacune des propriétés à vérifier est impliquée par l'asso­
.S3
8 ciativité de la multiplication de K et la distributivité de la multiplication de K

I
S
par rapport l'addition de ÜT. En effet ce sont des cas particuliers de ces dernières
propriétés. ■
I

Q
4.2 - ELEMENTS ALGEBRIQUES, EXTENSIONS ALGEBRIQUES 153
I
D é f in it io n e t n o t a t io n
On notera [K : k] la dimension de K en tant que k espace vectoriel. On appellera
cette dimension le degré de l'extension sur le corps de base k.

P r o p o s it io n 2 . Soit k un corps fini de caractéristique p. Son cardinal est de la


forme p^,

D é m o n s t r a t i o n . Le corps k contient un sous-corps isomorphe à Fp, et que l'on


identifiera à Fp. C'est donc d'après la proposition précédente un espace vectoriel
sur Fp.
Commençons par démontrer que comme k est fini il est de dimension finie sur
Fp. Il suffit d'observer qu'un espace vectoriel qui n'est pas de dimension finie
contient des systèmes libres de cardinal arbitrairement grand, donc ne peut avoir
un nombre fini d'éléments.
Soit donc n le cardinal d'une base de k sur Fp, et soit { e i , ... ,вп} une base. Tout
élément x de k a une écriture unique sous la forme : où G Fp.

On a donc P choix pour la première coordonnée, p choix pour la seconde, et ainsi


de suite. On a à choisir successivement n fois entre p éléments. Ces choix se
multiplient. On a donc en fin de compte p^ choix, soit p^ éléments. ■

Le corollaire suivant est une généralisation du petit théorème de Fermat.

C o r o lla ir e . Soit k un corps fini à p'^ éléments. Tout élément de k est solution de
l'équation - X = 0. Dans le corps k ce polynôme est donc produit de facteurs de
degré 1 ;
XP" - X = J J ( X - a ) .
aek

D é m o n s t r a t i o n . Soit k* le groupe multiplicatif des éléments non nuis de k.


L'ordre de tout élément divise —1 donc pour tout x e k non nul on a = 1.
Mais les solutions de l'équation - X = 0 sont, d'un côté la solution nulle,
d'un autre côté les solutions de X^”“^ = 1.
En fin de compte, tout élément de k étant soit nul soit inversible est solution de
XP" - X = 0.

Pour ce qui est de la formule - X = Yl^ceki^ “ vient de montrer que


le polynôme de droite divise le polynôme de gauche. Ils ont par ailleurs même
degré, et le coefficient du terme de degré dominant est le même. La formule suit. ■

154 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Éléments algébriques et transcendants
On va maintenant distinguer les éléments dans les extensions, selon qu'ils sont ou
non solutions d'une équation polynomiale non triviale. On commence par définir
la notion d'élément algébrique dans une extension :

D é f in it io n 2
Soit K une extension de k et soit x un élément de K , On dit que x est un
élément algébrique sur k s'il existe un polynôme non nul P e k[X] dont x est
racine.

On a :
P r o p o s i t i o n 3 . Un élément x e K est algébrique sur k si et seulement si il existe un
sous-corps L de K contenant fc, de dimension finie sur k, dont x est élément.

Avant de passer à la démonstration donnons des exemples : les éléments z, y/2, les racines
n-ièmes de l'unité sont algébriques sur Q. On montre facilement que a = \ / 3 + est
algébrique sur Q . En effet on écrit (a — ^/3)^ = 5. Soit — 5 = lyfZa, puis on élève au
carré cette dernière équation. On obtient alors — 22a^ + 25 = 0. Donc a est racine de
— 2 2 X ^ + 25. Ce cas est particulier, en général il est difficile de montrer directement que
la somme de deux nombres algébriques est algébrique. Ceci est démontré en général plus
loin.

D é m o n s t r a t i o n d e l a p r o p o s i t i o n 3 . Supposons la condition de la définition


satisfaite. Considérons alors l'homomorphisme
(j) : k[X] K
T^iaiX^ S à O/i X '

Si iî = T,iüiX^, on écrira (f>{R) = R{x). C'est un homomorphisme d'anneaux (pro­


position 2, section 5, chapitre 3), l'image de cet homomorphisme sera souvent
notée k[x], ce sont les polynômes en x, ou plus rigoureusement les valeurs prises
par les polynômes à coefficients dans k en x.
L'anneau k[X] étant principal le noyau de <l> est constitué par les multiples d'un
I polynôme /, tout polynôme non nul de plus bas degré annulant x convient. Ce
polynôme est uniquement défini si on lui impose d'être unitaire. Ce polynôme /
est non nul car par hypothèse il existe un polynôme non nul annulant x. L'image
de l'homomorphisme (p est isomorphe à l'anneau quotient k[X]l{f). Elle est in­
tègre car c'est un sous-anneau de K . L'idéal (/) est donc premier, et donc maximal
car k[X] est un anneau principal. On en conclut que le polynôme / est irréduc­
tible et que k[X]/{f) est un corps. Ce corps est’de dimension finie sur k, en notant
d le degré du polynôme / on a :
[k[X]/{f) : k] = dimfc k[X]/{f) = d. m
I

© 4.2 - ELEMENTS ALGEBRIQUES, EXTENSIONS ALGEBRIQUES 155


Cette formule démontre que la première condition de la proposition implique la
seconde partie de la proposition.
Avant de démontrer cette formule introduisons une définition :
D é f in it io n 3
Le polynôme minimal de x dans k[X] est, par définition, le polynôme unitaire de
plus petit degré annulant x.

Le polynôme minimal de x dans k[X] est irréductible dans k[X].


Revenons à la démonstration de la formule.
Soit / = ao + a iX H------ h X^ le polynôme minimal de x. On va montrer que l'an­
neau quotient a même dimension sur k que l'espace vectoriel des polynômes de
degré strictement inférieur à d.
Si on a un élément quelconque dans l'image de </>, il est de la forme R{x), où R est
un polynôme. Effectuons la division euclidienne du polynôme R par / on obtient
R = q f -\-T, avec 0 < |T| < |/|, d'où R{x) = T{x). Ceci montre que {1,x , . . . , x^~^}
est un système générateur de k[X]/{f),
Inversement montrons que le système est libre. Si on a 6q + H------ h bhX^ = 0,
avec ^ 0 et h < d , cela veut dire que x est zéro du polynôme non nul 6q +
b\X ------ \-bhX^. Ce qui est impossible parce que /i< d et qu'il n'existe pas de
polynôme non nul de degré h < d annulant x.
Le système décrit est donc libre et est une base de k[X]/{f),
Démontrons que la seconde condition de la définition implique la première. Soit
m la dimension de L comme espace vectoriel sur k. L'ensemble {x^ |m ^ n ^ 0}
est lié car il comporte m + 1 éléments. On a donc au moins une relation de la
forme J2iZi = 0 avec les ai dans k et non tous nuis. Ce qui donne le résultat.
La définition implique le fait suivant qui est très utile. Soit K une extension de fc, soit
L un sous-corps de K contenant fc, et soit x e K un élément algébrique sur k. Alors
X est algébrique sur L. En effet s'il est zéro d'un polynôme non nul à coefficients
dans k il l'est du même, considéré comme polynôme à coefficients dans L.
Introduisons quelques notations qui seront commodes dans la suite. La première
l'a déjà été plus haut. Soit x e K , on note k[x] le sous-ensemble de K constitué
par les éléments de la forme P{x) où P est un polynôme à coefficients dans k.
Il est facile de voir que c'est un sous-anneau car la somme et le produit de deux
tels éléments sont encore du même type. De même on note k{x) le plus petit
sous-corps de K contenant k et x, c'est-à-dire le corps des fractions de k[x]. On a
montré que :
T h é o r è m e 1 • Si l'élément x est algébrique sur k alors k[x] est égal à k{x) et isomorphe
à k[X]/{P) où P est le polynôme minimal de x.

156 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Soit X un élément qui n'est pas algébrique. Alors, l'homomorphisme qui à P
associe P{x) est injectif. On introduit la définition suivante :
D é f in it io n 4

I On dit que x e K est un élément transcendant sur k s'il n'est zéro d'aucun
polynôme non nul à coefficients dans k.

Si l'élément x est transcendant sur k alors k[x] est isomorphe à k[X] et k{x) est
isomorphe à k{X),
Si on considère le corps des fractions rationnelles k{X) la variable X est trans­
cendante sur k. Les réels tt et e sont transcendants sur Q. Dans les exercices on
donnera un exemple de nombre transcendant.
Le lemme suivant est très commode pour démontrer qu'un nombre est algébrique
dans une grande variété de situations :
L e m m e 1 ( l e m m e d e l a b a s e t é l e s c o p i q u e ) . Soit E une extension de k, et F
une extension de E. On a la formule suivante :
[ F : k ] = [ F : E][E : k] .

D é m o n s t r a t i o n . On procède de la manière suivante. Considérons une base de E


en tant qu'espace vectoriel sur k, soit { x i , .. . ,^n}. Soit également { 2/1, •••,2/m} une
base de F en tant qu'espace vectoriel sur E , Nous allons montrer que l'ensemble
{^iVj J 1 ^ i ^ n, 1 < j ^ m} est une base de F sur k.
Il faut d'abord montrer que tout élément x de F a une écriture unique de la
forme :
Y^aijXiVj, avec o,ij G k .

Pour montrer l'existence d'une décomposition on observe que x s'écrit x = Y^^biyi)


où bi G E , les yi constituant une base de F sur E , Par ailleurs pour tout z on a
bi = Y j j avec a i j G k, les X j constituant une base de E sur k. On a donc
^ Le résultat suit.
Pour ce qui est de l'unicité il suffit de montrer que si on a une relation

^^üijXiVj =■ 0, ou üij G /c ,
(ij)

I alors üij = 0 pour tous Mais la relation s'écrit aussi

I<0
o
avec ^ijXi G E. Comme l'ensemble des yj forme une base de F sur E on en
déduit que est nul pour tous j .

4.2 - ÉLÉMENTS ALGEBRIQUES, EXTENSIONS ALGÉBRIQUES 157


Fixons j ; comme l'ensemble des Xi forme une base de E sur k, la nullité du
coefficient ^ E entraîne la nullité de a i j pour tout i. D'où le résultat, n

Voici une application sur laquelle on reviendra plus loin. Supposons donné un
corps fini de caractéristique p, soit k, ayant éléments et fc' un sous-corps. Alors
k' a éléments pour un certain entier d. Montrons que l'entier d divise n. Les
corps k et fc' contiennent le corps premier Fp. Ils sont de dimensions respectives
n et d sur Fp. Le lemme de la base télescopique montre alors que :
n = [ k : k']d.

Théorèm e 2 . Soit E une extension de k. L'ensemble des éléments de E algébriques


sur k est un sous-corps de E.

D é m o n s t r a t i o n * Il suffit de montrer que si æ et y sont algébriques sur k il en


est de même pour x-\-y, xy, - x , et y~^. On va montrer que tous ces éléments
sont contenus dans une extension de k, contenue dans E, et de dimension finie
sur fc. C'est d'abord le cas pour x qui est par hypothèse algébrique sur k. Soit L,
k <z L c. E une telle extension. L'élément y est algébrique sur k, donc algébrique
sur L.
Il existe donc une extension de L, contenue dans E , et de dimension finie sur
L qui contient y. Mais alors l'extension M de k est de dimension finie sur k à
cause du Lemme de la base télescopique (lemme 1, section 2) et contient tous les
éléments considérés. Le résultat suit (définition 2, section 2). h

Terminons par une définition.


Définition 5

I On dit qu'une extension k c K est une extension algébrique si tout élément x e K


est algébrique sur k.

Il résulte de la définition 2 qu'une extension k c K , telle que K est de dimension


finie sur k est algébrique.

3. Corps de rupture d'un polynôm e


Soit P e k[X] un polynôme irréductible.
Théorèm e 1 • Il existe une extension K de k unique à isomorphisme près telle que P
ait au moins une racine a dans K et que le plus petit sous-corps de K contenant k et
a soit K lui-même. Plus précisément si on a deux extensions K et K' de k avec des
éléments a et oi vérifiant les hypothèses précédentes il existe un isomorphisme (j) de K
sur K' qui est égal à l'identité sur k et tel que (¡){a) = a'.

158 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


D ém onstration. Pour ce qui est de l'existence on observe que l'anneau quo­
tient k[X]/{P) est un corps puisque P étant irréductible l'idéal qu'il engendre est
maximal. La classe de X, notons la x, dans l'anneau quotient, est une racine de P.
Pour ce qui est de l'unicité il suffit de montrer que tout corps K satisfaisant aux
conditions imposées est isomorphe à k[X]/{P). Considérons l'application suivante :

k[X] K, iî = ^ 1- ^ ^ = R(a).

Son noyau est engendré par le polynôme minimal de a qui n'est autre que P .
Le quotient k[X]/{P) s'injecte donc dans K , k[X]/{P) est donc isomorphe à un
sous-corps de K via un homomorphisme envoyant x sur a. Comme le plus petit
sous-corps de K contenant a et A; est K lui-même on en déduit que k[X]/{P) est
isomorphe h. K, ■

Définition
I Par définition ce corps est le corps de rupture du polynôme P.

Par exemple C est le corps de rupture du polynôme + 1 à coefficients dans E.


Ce qui suit est une part de la définition du corps de décomposition d'un po­
lynôme. En fait nous nous contentons de démontrer que pour tout polynôme à
coefficients dans un corps k on peut trouver un corps K dans lequel P s'écrit
comme produit de facteurs du premier degré. Nous ne discuterons pas l'unicité
d'une telle extension.

Théorèm e 2« Soit k un corps et soit P e k[X]. Il existe une extension K de k dans


laquelle P est produit de facteurs du premier degré, fi.e. scindé).

D ém onstration. La démonstration se fait par récurrence sur le degré du poly­


I nôme P. Le départ de la récurrence est immédiat. Soit d le degré du polynôme
considéré. Supposons le théorème démontré pour tous les polynômes de degré
strictement inférieur à d, à coefficients dans un corps quelconque. Soit alors / Un fac­
teur irréductible de P . Considérons le corps de rupture L de /, soit k[X]/{f),
notons a la classe de X dans L. Le polynôme P , considéré comme polynôme à
coefficients dans L s'écrit {X —a)Q . On peut donc appliquer l'hypothèse de ré­
currence au polynôme Q e L [ X ] et construire une extension M de L dans laquelle
Q est produit de facteurs du premier degré. Mais M est un extension de k dans
laquelle P est produit de facteurs du premier degré. m

Q
4.3 - CORPS DE RUPTURE D’UN POLYNÔME 159
Voici un application de ce qui précède :
Proposition 1 • Soit k c K une extension de degré finie, et soit f un polynôme irré­
ductible à coefficients dans k qui a au moins une racine dans K . Alors le degré de f
divise le degré de l'extension.

D ém onstration. En effet si a désigne la racine de / le degré du corps k{a)


est celui de f . Par ailleurs [A;(a) : k] divise [K : k] par le théorème de la base
télescopique. D'où le résultat. n

4 . Corps algébriquem ent clos, clôture algébrique


L'objet de cette section est de donner les définitions et des exemples de corps al­
gébriquement clos et de clôtures algébriques. On ne démontrera pas en général
l'existence de la clôture algébrique. Celle-ci dépend du lemme de Zorn et nous
avons préféré insister sur les cas (très importants) où l'on peut justement s'en passer.

Définition 1

I Un corps K est dit algébriquement clos si tout polynôme à coefficients dans K


a au moins une racine dans K.

Voici des formulations équivalentes :


Proposition 1« On dit qu'un corps K est un corps algébriquement clos, si et
seulement si il satisfait à l'une des propriétés équivalentes suivantes :
► tout polynôme à coefficient dans K est produit de facteurs de degré 1,
► tout polynôme irréductible est de degré 1,
► toute extension algébrique de K est égale à K .

D é m o n s t r a t i o n . La première condition de la proposition implique celle de la dé­


finition. Démontrons que la définition l'implique. On le fait par récurrence sur le
degré du polynôme P e K[X]. Le départ de la récurrence est évident. On suppose
le résultat établi pour les polynômes de degré inférieurs ou égaux à n - 1. soit P un
polynôme de degré n, P a au moins une racine dans K , et est donc produit d'un
polynôme de degré 1 et d'un polynôme de degré n - 1 auquel on peut appliquer
l'hypothèse de récurrence, P est produit de facteurs de degré 1. D'un autre côté la
première condition est équivalente au fait que tout polynôme irréductible est de de­
gré 1. Montrons que la troisième implique la seconde. On raisonne par l'absurde, si
P est irréductible de degré strictement supérieur à 1, alors K [X ]/ P est une exten­
sion algébrique non-triviale de K (de degré strictement supérieur à 1). Donc il y a
contradiction. Inversement si la seconde a lieu le polynôme minimal d'un élément
dans une extension algébrique quelconque de K est de degré 1 et est donc dans K . la

160 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Le résultat suivant est fondamental :
T h é o r è m e 1 ( L a p l a c e - D ' A l e m b e r t - G a u s s ) . Le corps C est algébriquement clos.

La démonstration de ce résultat dépend des propriétés topologiques du corps des


réels. Ce théorème est admis.
Un corps fini n'est jamais algébriquement clos. En effet soit k un corps fini, alors
le polynôme à coefficients dans k

n (X -a) + l
aek
n'a aucune racine dans k.
Tout corps est contenu dans un corps algébriquement clos. Introduisons une
définition :
D é f in it io n 2

I Soit k un corps, on appelle clôture algébrique de k une extension algébrique de


k qui est algébriquement close.

Les clôtures algébriques existent, plus précisément on a le résultat suivant :


T h é o r è m e 2 . Tout corps k a une clôture algébrique K . Elle est unique à isomor­
phisme près en ce sens que si K' désigne une autre clôture algébrique il existe un
isomorphisme (!>: K K' qui est égal à l'identité quand on le restreint à k. La clôture
algébrique de k est en général noté k.

Nous ne démontrerons pas ce théorème. Comme on l'a dit sa démonstration est


une application du Lemme de Zorn. Mais nous allons montrer l'existence dans
des cas particuliers sans utiliser le Lemme de Zorn.

T h é o r è m e 3 . Soit Q l'ensemble des éléments de C qui sont algébriques sur Q. alors


Q est une clôture algébrique de Q.

Démonstration« Le théorème 2 de la section 2 montre que c'est un sous-corps,


en effet x et y sont algébriques sur Q il en est de même de x - y et xy. Montrons
qu'il est algébriquement clos. Soit P{X) = X)i=o,... n polynôme irréductible
à coefficients dans Q. Soit a un nombre complexe racine de ce polynôme. On va
montrer que cet élément est dans Q. Définissons par récurrence un corps ki c Q
par ko = Q(ao)/ h = fci-i(aj. Le corps kn est de dimension finie sur Q. En effet
pour le démontrer il suffit, grâce au lemme de la base télescopique (section 2), de
démontrer que pour tout i ki est de dimension finie sur ¿¿-i •Ceci provient du
fait que ai est algébrique sur Q et donc sur k i .

4.4 - CORPS ALGÉBRIQUEMENT CLOS, CLÔTURE ALGÉBRIQUE 161


L'élément a est algébrique sur kn, car son polynôme minimal est P qui est à
coefficients dans kn- Le corps fcn(a) est donc de dimension finie sur kn- Donc
par application du lemme de la base télescopique (section 2) le corps kn{oi) est
de dimension finie sur Q donc a est algébrique sur Q. Donc tout polynôme non
constant à coefficients dans Q a au moins une racine dans Q. ■

Le même théorème reste vrai en substituant à Q un sous-corps K quelconque


de C :
T h é o r è m e 4 , Soit K l'ensemble des éléments de C qui sont algébriques sur K. alors
K est une clôture algébrique de K.

La démonstration est identique. Dans les exercices on décrira la clôture algébrique


des corps finis.

5. Structure et classification des corps finis


Commençons par observer. qu'un corps fini est nécessairement de caractéristique
non nulle, faute de quoi il contiendrait Q qui n'est pas fini ! Soit p cette caractéris­
tique. Les corps finis sont des objets mathématiques intéressants pour eux-mêmes
et qui ont des applications concrètes : les codes correcteurs d'erreur. Le but de
cette section est de les décrire tous, et d'établir quelques unes de leurs propriétés.
Voici le résultat fondamental de cette section. Il sera précisé par les énoncés
ultérieurs :

T h é o rè m e 1• Soit p un nombre premier, et soit un entier. Alors :


► soient ¥ et F' deux corps à p^ éléments, alors F est isomorphe à F',
► il existe (au moins) un corps à p^ éléments.

Il s'agit là d'un théorème d'existence et d'unicité. Nous donnerons deux démons­


trations de l'existence. L'une dépendra du théorème 2 de la section 3, l'autre de
l'existence d'un polynôme irréductible de degré n.
Commençons par appliquer les théorèmes généraux à notre situation.

P r o p o s i t i o n 1. Soit P un polynôme irréductible de degré n sur Fp. Alors le corps de


rupture de P, soit L = ¥p [X]/(P), est constitué par l'ensemble des solutions de l'équation
XP'" —X = 0. C'est un corps à p^ éléments. Enfin le polynôme P divise le polynôme
XP" - X .

162 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Démonstration* La première partie est une reformulation immédiate du corol­
laire 2 de la section 2. La seconde partie se démontre comme suit. Soit x la classe
de X dans L, c'est une racine de P , le polynôme minimal de a: G L sur Fp est P.
En effet il est irréductible et divisible par le polynôme minimal sur Fp à e x.
Par ailleurs on vient de voir que x annule le polynôme - X . Donc par
définition, le polynôme minimal de l'élément x, soit P divise X^^ - X .
Enfin il est de degré n sur Fp. ■

A titre d'exemple prenons le polynôme X^ X -\-l e ¥ 2 [X],\\ est irréductible car il n'a pas
de racines dans F2 . L'anneau quotient F 2 [X]/{X'^ -h X -h 1) est donc un corps à 4 éléments.
De même on peut considérer le polynôme + X -h 1 , il est aussi irréductible pour la même
raison, il n'a pas de racines dans F 2 . L'anneau quotient ¥ 2 [X\/{X^ + X H-1 ) est donc un
corps à 8 éléments.
On peut aussi prendre le polynôme X^ -h 2 X -I- 1 G F3 [X ] . On vérifie qu'il est irréductible
pour la même raison : il n'a pas de racines dans F3 . L'anneau quotient F3 [X ] /( X ^ + 2 X - I- 1)
est donc un corps à 27 éléments.

Existence des corps finis


Passons maintenant à la question de l'existence d'un corps à éléments.
Comme on ne sait pas s'il existe un polynôme irréductible sur Fp de degré n
pour un n quelconque, on ne peut utiliser cet argument pour prouver l'exis­
tence d'un corps à éléments. Ainsi qu'on l'a dit plus haut on va donner deux
démonstrations indépendantes.
Dans la première on démontre l'existence d'un corps à p^ éléments à l'aide du
théorème 2 de la section 3 :
P r o p o s i t i o n 2 . Soit P un polynôme quelconque à coefficients dans Fp ; il existe une
extension k de Fp dans laquelle P est produit de facteurs du premier degré. Soit P le
polynôme X^^ —X , et soit K une telle extension. Alors :
► l'ensemble des solutions dans K de l'équation X^"" - X = 0 est un sous-corps L à
p^ éléments,
► tout polynôme irréductible de degré n à coefficients dans Fp est produit de facteurs
du premier degré comme polynôme à coefficients dans L.

Démonstration* L'existence de l'extension est une application du théorème 2 de


la section 3. Considérons la seconde assertion, par hypothèse le polynôme X^”—X
est, en tant que polynôme à coefficients dans K , produit de facteurs du premier
degré.

I L'ensemble L est par définition l'ensemble des solutions de l'équation X^^^—X = 0,


c'est un sous-corps de K .
I

Q
4.5 - ST R U C T U R E E T CLASSIFICATIO N DES C O RPS FINIS 163
En effet, si a et 6 sont deux solutions on vérifie que a + b, ab, - a , et sont
également solutions. Faisons le dans le cas de o + 6, on a :

{a + b f ’' =aP" + l f " = 0 + 6.


C'est bien un sous-corps et puisque les racines de X p" - X sont deux à deux
distinctes, car la dérivée formelle de —X est —1, il a p” éléments.
Considérons la dernière assertion. Soit P un polynôme à coefficients dans F p , irré­
ductible et de degré n. Le théorème 1 implique qu'il divise X p" —X . L e polynôme
XP" - X a toutes ses racines dans L, il en est donc de même pour P . ■

Avant de passer à la seconde approche on va énoncer des résultats intermédiaires.

P r o p o s i t i o n 3 . Soit P un polynôme irréductible à coefficients dans F p de degré d.


Alors P divise le polynôme X p" - X = 0 si et seulement si d divise n.

D é m o n s t r a t i o n . On commence par montrer que X p* —X divise X p" —X si et


seulement si d divise n.
En fait on montre un peu plus, à savoir que le pgcd de X^”* - X et X^" —X est
XP —X , où ft est le pgcd de m et n. Ceci implique le résultat annoncé.
Posons m = an-\-r, avec 0 < n . Alors

p’" - 1 = (p” - l)(p<“-')" + •■•+ l)p’- +P'- - 1,


posons A = ^------ 1
XP”'-! _ 1 = XP”-'^ _ 1) + Ji^ p’- - ! _ 1 _

soit
XP”*-i _ 1 = XP^-^XP"'' - l)((X î’”-i)'^î’’’-i + •••+ 1) + x p ’'-^ - 1.

Il résulte de cette formule que le pgcd de —X et —X est le même que ce­


lui de - X et X ’^^ - X . Le résultat suit par itération comme dans l'algorithme
d'Euclide.
Alors si d divise n par application de la proposition 1, P divise X'^'^ —X et donc
P divise XP" - X .
Considérons la réciproque, soit donc d le degré du polynôme considéré. Le poly­
nôme P divise donc - X et X^^^ - X , donc leur pgcd X^" - X . On conclut
alors en faisant un raisonnement par récurrence. Supposons la propriété démon­
trée pour tous les entiers inférieurs à n. Si d = n il n'y a rien à démontrer. Si d < n,
alors r < n et par récurrence d |r, donc d |n. h

164 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - Chap. 4


/) La réciproque résulte aussi de l'argument suivant où on utilise le théorème 2 de
I la section 3. Soit un polynôme irréductible P divisant - X . Il a une racine
i dans le corps F à éléments, il y est même produit de facteurs de degré 1. Donc
i F contient un corps de rupture L pour P. Le cardinal de F soit est donc une
>puissance du cardinal de L qui est pl^l, on en déduit que |P| divise n.
Dans la suite on notera l'ensemble des polynômes unitaires irréductibles à
^coefficients dans Fp de degré d.

T h é o r è m e 2 . On a la formule suivante :

d In

D é m o n s t r a t i o n . Décomposons X^" —X en facteurs irréductibles dans Fp[X],


D'après le théorème 3 précédent apparaissent tous les polynômes irréductibles uni­
taires de degré d divisant n. Ils n'apparaissent qu'une fois car la dérivée formelle
de ZP" - X est - 1 . ■

En comparant les degrés des deux membres on obtient aussitôt :

C o r o l l a i r e . Notons ippin) = #</«• On a alors :

d\n

L e m m e * La fonction 'il^p{n) est non nulle pour tout n.

D é m o n s t r a t i o n . Il suffit de montrer que n'ipp{n) est non nul pour tout n. La


relation ci-dessus montre que n'ipp{n) < Donc on a

n i> p {n )^ p ^ - ^
d In, d^ n
'•V
§ l'entier n a au plus ^ diviseurs : c'est un sous-ensemble de •{!,..., [^]}. Pour les
■fj Z Z
s n
I valeurs d appartenant à cet intervalle la fonction p^ est inférieure à p 2 . Il suffit
§ n
I donc de montrer que p^ - ( - ) p 2 > 0. Ce qu'on vérifie facilement. b

s
I Le résultat précédent donne une autre démonstration de l'existence d'un corps fini
I à p^ éléments. En effet on vient de montrer qu'il existe au moins un polynôme
^ irréductible de degré n.
I

4.5 - ST R U C T U R E E T CLASSIFICATION DES C O RPS FINIS 165


Unicité des corps finis
Voici en corollaire de ce qui précède un énoncé plus précis sur l'unicité à isomor­
phisme près des corps finis :

T h é o r è m e 3 * Soient L et L' deux corps finis, de caractéristique p, ayant le même


nombre d'éléments alors L et L' sont isomorphes. De plus, si f est un poly­
nôme irréductible de degré n à coefficients dans ¥p, alors ils sont isomorphes au corps
F p W /(/)-

Autrement dit, étant donnée une puissance d'un nombre premier p, soit il y a
un corps et un seul, à isomorphisme près, ayant p^ éléments.
Le corps fini à p^ éléments sera noté Fpn, respectivement si la puissance de p est écrite
sous la forme q le corps fini à q éléments sera noté F^. La terminologie « le corps fini à p^
éléments » est bien entendue abusive et doit être comprise comme il est précisé plus haut

D é m o n s t r a t i o n . Soit un polynôme / irréductible de degré n, à coefficients dans


Fp, / divise le polynôme - X et a donc (corollaire, section 2) une racine a
dans L . Donc l'homomorphisme d'anneaux de ¥p[X] dans L qui à P associe
P[a) a pour noyau l'idéal engendré par /. On a donc un homomorphisme de
corps de ¥p[X]/{f) dans L. Les cardinaux de ces deux corps sont égaux, c'est
donc un isomorphisme. On fait le même travail avec L' et on en conclut que L et
V étant tous les deux isomorphes à un même corps sont isomorphes. b

Nous concluons par l'étude des automorphismes du corps fini Fpn. On a :


P r o p o s i t i o n 4 . L'application F de F p n dans lui-même qui à l'élément x associe
est un automorphisme de Fpn. L'ensemble des automorphismes de Fpn est un groupe
cyclique d'ordre n dont F est un générateur.

D é m o n s t r a t i o n . Le fait que F est un homomorphisme est une conséquence de


la formule de Newton en caractéristique p. C'est un homomorphisme injectif. En
effet le seul élément tel que F{ a ) = 1 est l'unité car le polynôme X'^ + 1 est égal à
{X + . Donc F est surjectif car c'est une application injective d'un ensemble fini
dans lui-même. C'est donc un automorphisme. L'ensemble des automorphismes
est un sous-groupe du groupe des permutations de Fpn pour la composition des
applications. Notons maintenant que l'ordre de F divise n, c'est une reformulation
de la généralisation du théorème de Fermat car on a F'^{x) = . L'ordre de F
est exactement n. En effet on ne peut avoir pour tout x e Fpn l'égalité F^{x) = x,
c'est-à-dire x^"^ = x que si d = n. Car l'équation X^"^ - X = 0 a au plus p^ solutions
et il y a p^ éléments dans Fpn.
Pour achever la démonstration on montre que l'ensemble des automorphismes de
Fpn a au plus n éléments. Comme il y en a déjà n le résultat suit. On procède

166 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


comme suit. Soit P un polynôme irréductible de degré n, soit a une racine de P
dans Fpn, donc P est polynôme minimal de a , soit enfin a un automorphisme de
Fpn . Le polynôme minimal de l'élément cr(o') est également P . Il suffit de montrer
que a{a) est racine de P . Or si
P =
avec üi e Fp, on a
= 0.
Donc on a
aÇEiaio') = 0,
donc
E¿cr(a¿)í7(a)^ = 0.
Mais on a a{u) = u pour tout u G Fp, car a {l) = 1, et il en est de même pour tous
les éléments de Fp qui sont de la forme 1 + »- + 1. En conclusion on a
m fois

E¿a¿cr(a)^ = 0.

soit P(cr(û')) = 0. Étant donné un automorphisme a, l'élément a{a) est donc ra­
cine de l'équation P = 0. Il ne peut donc prendre au plus que n valeurs, les racines
de l'équation. On vient donc de construire une application du groupe des auto­
morphismes vers un ensemble à n éléments. On va montrer que cette application
est injective.
Pour cela on observe qu'un automorphisme a est déterminé par sa valeur sur a.
En effet les éléments de l , a , ... constituent une base de l'espace vectoriel
Fpn sur Fp, donc si on connaît la valeur de cr en a on la connaît sur toute puis­
sance de a J^ a is un élément x G Fpn s'écrit x = ao + ai a H------- h Un-i , a¿ G Fp .
Et donc on a a{x) = ao + aicr(a) H-------h Si on a donc a et cr' tels que
a{a) = a(a') on a a{x) = (j'(x) pour tout x. L'application est donc injective et le
groupe des automorphismes de Fpn a au plus n éléments. ■

6 . Applications arithm étiques


On va dans cette section donner quelques applications arithmétiques de ce qui
précède.

P r o p o s i t i o n 1 • Soit P un nombre premier impair. Un élément x dans F* est un carré


a p -i
si et seulement si x =1.
'X3
§3
Q
4.6 - APPLICATIONS ARITHMÉTIQUES 167
Démonstration« L'application de F* dans lui-même qui à x associe est un ho­
momorphisme de groupes. Son noyau est constitué par les éléments 1 et - 1 , car il
est constitué par les solutions de l'équation —1 = 0. Son image consiste en l'en-
semble des éléments de F* qui sont des carrés, elle a donc éléments. Cette

image est contenue dans l'ensemble des solutions de l'équation X 2 - 1 = 0. En


p-i
effet, un élément de la forme est tel que (2/^) 2 = = l. Mais l'équation
^ p - 1 p - 1
X 2 - l = 0 a a u plus solutions, puisqu'il y a carrés elle en a exactement
Z Z
P —1
— et donc les carrés sont l'ensemble des solutions de cette équation. ■

En particulier on en conclut que :


C o r o l l a i r e . Soit p un nombre premier différent de 2. L'élément - 1 est un carré modulo
P, si et seulement si p est congru à 1 modulo 4.

Démonstration« Un nombre premier impair est soit de la forme 4k —1, soit de


p-1
la forme 4fe + 1. Il suffit alors d'appliquer le critère, (—1) 2 est égal à 1 modulo
p si et seulement si p est de la forme 4A: + 1. h

Voici une conséquence :


T h é o r è m e . Il existe une infinité de nombres premiers de la forme 4A: -h 1.

Démonstration« On raisonne par l'absurde. Supposons qu'il y ait un nombre


fini de nombres premiers de la forme considérée, soient Considérons
alors l'entier N = 4{pi •••pn)^ + 1- Soit p un nombre premier qui divise cet entier,
p est nécessairement impair et distinct de pi,...,Pn* Si on réduit modulo p on
constate que —1 est égal au carré de 2pi •• donc p est congru à 1 modulo 4. m

Ce résultat est un cas particulier du théorème de Dirichlet qui affirme que si a


et b sont deux entiers premiers entre eux il existe une infinité de nombres pre­
miers de la forme a + Ce théorème se démontre par des méthodes entièrement
différentes.

Donnons rapidement à titre d'exemple à quelle condition sur p (p premier impair)


2 est un carré modulo p . Soit K une extension de Fp qui contient une racine de
l'équation + 1 = 0, soit ^ une telle racine. Considérons alors x = C + • On a
a;^ = 2 + = 2 + C~^(C^ + 1) = 2. On doit déterminer à quelle condition l'élément
X est dans le corps Fp. Ceci a lieu si et seulement si = x. O r un nombre premier
impair est de la forme Sk + 1, Sk — 1, Sk -\-3 ou 8k — 3. On a dans le premier cas
xP=C^-\- = x . O n vérifie de manière
analogue que la même équation a lieu si p = 8A: — 1. Par contre on vérifie qu'il n'en est pas
ainsi dans les deux autres cas.

168 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - Chap. 4


7 . Racines de l'unité, polynôm es cyclotom iques
Dans cette section nous allons étudier les racines de Tunité dans un corps. On
introduira les polynômes cyclotomiques, leur irréductibilité.

D é f in it io n 1
Soit ( un nombre complexe, on dit que c'est une racine n-ième de l'unité s'il
existe un entier n tel que = 1. On note pn l'ensemble des racines n-ièmes de
l'unité.

Cette définition s'étend évidemment au cas d'un corps quelconque.

P r o p o s i t i o n 1 • L'ensemble pn ^st un groupe pour la multiplication. Il a n éléments


et est isomorphe à Z/nZ.

D é m o n s t r a t i o n . Pour ce qui est de la première assertion on observe que si =


1 et = 1 on a = 1, donc pn est bien un groupe pour la multiplication.
Pour ce qui est de la seconde assertion l'ensemble des racines n-ièmes de l'unité
est l'ensemble des solutions complexes du polynôme - 1 . Comme ce polynôme
n'a pas de zéros communs avec son polynôme dérivé l'équation X ‘^ —1 = 0
2ni
a n zéros dans C. L'élément e n est dans pn et est d'ordre n. On en conclut que
le groupe est isomorphe à Z/nZ. b

On observera que si d divise n, pd est un sous-groupe de p n .

D é f in it io n 2
On appelle racine primitive n-ième de l'unité un élément de pn qui est d'ordre n,
c'est-à-dire un générateur de p n . On note p*^ l'ensemble des racines primitives
n-ièmes de l'unité, cet ensemble est de cardinal ^{n), où on rappelle que est
a'0) la fonction d'Euler.
T3

D é f in it io n 3
On appelle polynôme cyclotomique le polynôme

il est de degré

I
P r o p o s i t i o n 2 . Le polynôme cyclotomique est à coefficients dans Z.
I

1
Q
® 4.7 - RACINES DE L’UNITÉ, POLYNÔMES CYCLOTOMIQUES 169
D é m o n s t r a t i o n * On commence par observer que l'on a la formule suivante :

X " - 1 = П Фй.
d \n

Les ensembles pour d \n, constituent une partition de { 1 , . . . , n}. En effet, soit
une racine n-ième de l'unité d'ordre d dans le groupe /in/ cet ordre divise n. Par
définition elle appartient à /ij, si et seulement si son ordre est d. On a donc :

d\n ^

la formule annoncée en résulte.


La formule utilisée dans la démonstration mérite d'être énoncée à part :

P r o p o s i t i o n 3 . On a pour tout entier n :

X ” - 1 = n Ф^ .
d In

On remarquera que si on calcule les degrés des polynômes de chaque côté on


retrouve la formule :
n= ^p{d).
d \n

Terminons maintenant la démonstration de la proposition 2. On procède par récur­


rence sur n. On suppose donc le résultat établi pour les polynômes cyclotomiques
Ф^, avec d < n . On observe aussi que tous les polynômes cyclotomiques sont uni­
taires. On a donc une relation : X'^ - 1 = x Д, où Д G Z[X] et Д est unitaire.
On peut alors (théorème 2, section 5, chapitre 3) faire la division dans ЩХ], le
résultat suit. ■

Donnons quelques exemples. Soit p un nombre premier, on a :


ф р ( Х ) = Х Р - ' + Х Р - 2 + ... + 1,
car on a —1 = Фр{Х){Х —1). Ce polynôme est irréductible comme polynôme à
coefficients dans Z par application du critère d'Eisenstein effectuée en substituant
X + 1 à X dans le polynôme (proposition 3, section 7, chapitre 3).
On vérifiera en exercice que :
Ф4(Х) = х 2 + 1,
et
Фб(Х) = Х ^ - Х + 1
ainsi que
Фп{Х) = Х^ - X ^ + 1.

170 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


On vérifie aisément qu'ils sont irréductibles. On renvoie aux exercices pour d'autres
calculs.
La démonstration du théorème suivant est sensiblement plus difficile. Elle est faite
dans les exercices.
T h é o r è m e 1 . Le polynôme cyclotomique est irréductible dans Z[X].

En voici une application :

C o r o l l a i r e . Soit Ç une racine primitive n-ième de l'unité. Le corps Q(C) est de degré
y>{n) sur Q.

Cette extension est appelée l'extension cyclotomique de degré n.


Pour terminer cette section nous allons faire une brève incursion du côté des ra­
cines de l'unité dans un corps fini. Observons d'abord que tout élément non nul
dans un corps fini к est une racine de l'unité. En effet on sait que si к est un
corps fini à q éléments pour tout x e k* on a = 1.
On peut définir comme il a été fait pour C des racines primitives. Nous n'allons
pas faire une étude détaillée. Contentons nous de mentionner (exercice) que si
l'on réduit modulo p un polynôme cyclotomique sa réduction n'est pas en général
irréductible. Nous donnerons aussi une de leur propriété comme corollaire du
théorème qui suit.

T h é o r è m e 2 . Le groupe multiplicatif d'un corps fini est cyclique.

D é m o n s t r a t i o n . Soit F le corps fini, soit q l'ordre de F, et soit F* son groupe


multiplicatif. Donc q - l est le cardinal de F *. Tout élément x G F* satisfait à
ordre divise ^ - 1. Il faut montrer qu'il y a un élément d'ordre
q —1. Soit d un diviseur de ç —1, les éléments d'ordre d sont solutions de l'équa­
tion - 1 = 0. Soit cette équation a une solution qui est un élément d'ordre d.
Dans ce cas l'ensemble des solutions de l'équation constitue un sous-groupe mul­
tiplicatif qui est isomorphe à Z/dZ et il y a autant d'éléments d'ordre d que de
générateurs, soit <p(d), où (p est la fonction d'Euler. Soit il n'y a pas d'éléments
d'ordre d.
Soit maintenant Ci l'ensemble des éléments d'ordre l. Les sous-ensembles C/, pour
l divisant n, constituent une partition de F *. On a donc

I g - l - ^
l\q -l
#Q.

I
§
Q
4.7 - RACINES DE L’UNITÉ, POLYNÔMES CYCLOTOMIQUES 171
On vient de montrer que le cardinal de Ci est 0 ou ^{l) (proposition 2,section 3,
chapitre 3). Par ailleurs on a la formule classique

q - l = .

d\q-l

En comparant les deux formules, et puisque #C d ^ ^{d) on en déduit que # =


(p{d), donc que Cg-i est non vide et qu'il existe un élément d'ordre g —1.
Pour conclure faisons l'observation suivante. Soit q = p^, et soit x un générateur
de F*. Le polynôme minimal de x sur Fp est de degré n. En effet, soit k le degré
de ce polynôme minimal, le corps Fp {x) contient = p^ éléments, par hypothèse
sur X, donc k = n. ■

Voici un exemple, considérons le corps Fie • Nous pouvons le représenter comme étant le
quotient F 2 [ X]/{X^ -\-X + 1 ). Notons a la classe de X . Le groupe (F2 [X\/{X^ + 1 ))*
a 15 éléments, il nous suffit donc de trouver dans ce groupe un élément, distinct de 0 et 1,
qui ne soit pas d'ordre 5 ou 3, il sera forcément d'ordre 15. Le corps F 2 [ X]/{X^ + X 4-1)
admet pour base sur F 2 les éléments 1, a, . L'élément a n'est pas d'ordre 3 et comme
a® = H- a il n'est pas d'ordre 5. Il convient donc.

Le lecteur vérifiera que le théorème reste vrai si on remplace k* par un sous-


groupe fini d'un corps commutatif quelconque.
Notons enfin :

C o r o l l a i r e . Soit k un corps fini à q éléments. Alors k contient une racine primitive


n-ième de 1 si et seulement si n divise q —1.

D é m o n s t r a t i o n . En effet, il suffit de se demander quand le groupe multiplicatif


k* contient un élément d'ordre n. h

8. Théorèm e de W edderburn
L'objet de cette section est de démontrer le théorème suivant :
T h é o r è m e ( W e d d e r b u r n ) . Un corps fini est commutatif et donc isomorphe à Fpn
pour un nombre premier p et un entier n bien déterminés.

D é m o n s t r a t i o n . On commence par examiner ce qui reste vrai dans les résultats


démontrés dans ce chapitre si on enlève l'hypothèse de commutativité faite au
début. Spécifiquement on vérifie sans peine qu'un corps k non-commutatif est un
espace vectoriel sur un sous-corps quelconque k' et que par conséquent le cardinal
de k est une puissance de celui de k'.

172 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Soit alors к un corps fini et soit Z{k) le sous-ensemble de к défini par
Z{k) = {x e к \xy = yx, e k}.
Cest un sous-corps commutatif de fc. Soit q le cardinal de Z{k).
Le corps к est donc un espace vectoriel sur Z{k) de dimension finie n. Il a donc
éléments pour un certain entier n. On veut en fait montrer que n = 1.
Soit maintenant un élément ж G fc non nul et soit
kx = {y e k \ x y = yx}
l'ensemble des éléments de к qui commutent avec x. Cest un sous-corps de A;. Il
contient par définition Z{k) car un élément qui commute avec tous les éléments du
corps commute avec un élément donné. Le corps kx est donc un espace vectoriel
sur Z{k) de dimension finie n^. Le cardinal de kx est donc de la forme .
L'entier Пх divise n par le même type d'argument que celui employé plus haut :
le lemme de la base télescopique s'applique.
Précisons, le corps к est un espace vectoriel sur kx, soit dx sa dimension sur kx-
Le nombre d'éléments de к s'écrit donc d'une part q^ et d'autre part )^®.
On a donc en écrivant l'égalité de ces expressions n = rixdx- Notons que Пх est
distinct de n.
Pour éviter les espaces vectoriels sur un corps non commutatif on peut aussi rai­
sonner comme suit. On observe à l'aide du théorème de Lagrange que g^® —1
divise q^ - 1, puis on conclut (proposition 3, section 5).
On va maintenant écrire l'équation des classes pour le groupe multiplicatif k * . Le
centre de k* est égal à Z{k)*. Le centralisateur d'un élément x e k* est égal à k*.
Leur nombre d'éléments sont respectivement g —1 et g^® - 1. On a donc :
g ^ -1
q ^ - l = q - l + J 2 g«x _ I

où la somme dans le terme de droite est prise sur un système de représentants des
classes de conjugaison de k* n'appartenant pas au centre. Considérons la formule
de la proposition 3 de la section 3, et évaluons la en g. On en déduit

q - - l = ll^ 4 q ).
d In
Les termes de droite sont des entiers.
L'entier ^ ti{q) divise g^ - 1. Il divise chaque terme dans la somme du membre
de droite de l'équation. En effet chacun de ces termes est un produit de la forme
O rid|n,d/na: et rix par hypothèse. Donc ^n(^) apparaît dans ce produit

d'entiers.

Q
4.8 - THEOREME DE WEDDERBURN 173
L'entier ^n(ç) divise donc q - l . Ceci n'est possible que si n = 1. En effet pour
une racine C de l'unité distincte de 1 on a \q —C\> \q —l\^ l. On en déduit que si
n > 1 on a |$n(ç)| > k - 1| si n > 1, ce qui est impossible puisque l'entier ^n{q)
divise q - l . Donc on a n = 1 ce qui veut dire que k = Z{k) et donc que k est
commutatif. h

9 . L'algorithme de Berlekam p
Dans cette section, nous présentons un algorithme, dit de Berlekamp , de décom­
position des polynômes en produit de facteurs irréductibles. Il est bien clair que
le problème de factoriser un polynôme sur un corps fini est fini, comme celui de
factoriser un entier. Il suffit en effet par récurrence de donner la liste de tous les
polynômes irréductibles de degré inférieur ou égal. Mais nous allons présenter un
algorithme plus rapide, pouvant être programmé efficacement sous certaines hypo­
thèses. Par ailleurs, cet algorithme est conceptuellement intéressant. Il se présente
en fait comme une succession d'applications des techniques déjà étudiées.
Pour cette section et la suivante, on trouvera une masse énorme d'informations sup­
plémentaires dans [De], [MS], et tout spécialement à [LN] dont on s'est fortement
inspiré.
Soit k = ¥q un corps fini de caractéristique p, et soit P un polynôme à coefficients
dans fc. Soit
P = ... p p

sa décomposition en produit de facteurs irréductibles.


L'algorithme qui va être décrit permet de décomposer un polynôme en produit
de puissances de polynômes irréductibles. Mais il ne permet pas de décomposer
une puissance d'un polynôme irréductible. Cette dernière opération peut se faire
à l'aide de l'algorithme d'Euclide. Cependant il est plus économique de partir
d'emblée d'un polynôme dont les facteurs irréductibles sont simples. C'est-à-dire
au cas où dans la décomposition ci-dessus tous les ai sont égaux à 1.
Ceci est obtenu en remplaçant le problème initial par celui de la factorisation d'une
famille de polynômes. Deux cas peuvent se présenter :
► Soit le polynôme P est une puissance p-ième. C'est-à-dire qu'il est de la forme
Q{X^) et la factorisation de P se ramène à celle de Q qui est de degré \P\/p,
On est ramené à factoriser Q.
► Soit que le polynôme P n'est pas une puissance p-ième, auquel cas le po­
lynôme dérivé P ' est non nul. On calcule alors le pgcd Dq de P et P' par
l'algorithme d'Euclide. Tous les facteurs irréductibles du polynôme Qo = P /D q
sont simples. L'algorithme décrit ci-dessous s'appliquera donc à Qo-

174 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Il reste alors à factoriser Dq et on recommence ce qui a été fait plus haut pour
P. On détermine d'abord si £>o est ou n'est pas une puissance p-ième. Si Dq est
une puissance p-ième, c'est-à-dire de la forme R{X^) on analyse R. Sinon on
calcule le pgcd D \ du polynôme Dq et de son polynôme dérivé D q . Tous les
facteurs irréductibles de la décomposition de Qi = Dq/ D i sont simples et on lui
applique l'algorithme ci-dessous. Il reste alors à factoriser D i . Comme le degré des
polynômes considérés décroît strictement le processus s'achève après un nombre
fini d'itérations.
On doit donc décomposer un polynôme dont tous les facteurs irréductibles sont
simples. Ainsi qu'on l'a dit, l'algorithme donne en fait la décomposition d'un
polynôme quelconque en puissances de polynômes irréductibles.
Voici le résultat essentiel :

Proposition 1. Soit H un polynôme à coefficients dans к tel que H'^ —H est divisible
par P. Alors on a :
P = l[pgcdiP ,H -X ).
X ek

D ém onstration. Le membre de droite divise P . En effet les termes du produit


sont premiers entre eux deux à deux et divisent tous P , donc leur produit divise
P . Deux termes distincts sont premiers entre eux car ils sont diviseurs, disons de
H —X et H —X' avec Л ^ Л'. Et comme ces deux derniers polynômes sont premiers
entre eux, deux diviseurs de ces polynômes le sont aussi.
Montrons maintenant que le polynôme P divise le produit. Observons que —H
s'écrit (en substituant H a X dans X^ —X = Пл

Х ек

mais on sait que P divise —H Al divise donc

pgcd(P, HO - H) = pgcd (p, П(^ - ^)) = П


X ek X ek
^ •

T3 La dernière égalité résulte de ce que les polynômes H —X sont premiers entre eux
deux à deux (on a en tous cas une relation de divisibilité, qui nous suffit). ■

Définition 1
On dit qu'un pçlynôme H est un polynôme réducteur pour le polynôme P si la
factorisation associée est non-triviale.
8O
Cette proposition a lieu sans supposer que le polynôme P ait tous ses facteurs
irréductibles simples. À partir du moment où Ton a pu trouver un polynôme H
I
•O
i
Q
® 4.9 - L’ALGORITHME DE BERLEKAMP 175
tel que P divise —H et que |Я| < |P| elle permet d'écrire P comme produit
de polynômes premiers entre eux deux à deux. Pour que ce produit comporte au
moins deux termes il faut et suffit que le polynôme H ne soit pas une constante.
Les termes du produit ne sont pas nécessairement irréductibles. Mais s'il y a au
moins deux termes dans le produit, on a ramené la factorisation du polynôme
initial à celle de polynômes de plus bas degré.
La prochaine proposition montre que l'on peut trouver un polynôme réducteur de
degré non nul si et seulement si le polynôme P n'est pas puissance d'un polynôme
irréductible. Avant de l'énoncer il nous faut expliquer comment déterminer des
polynômes H réducteurs pour P .
On réduit ce problème à la résolution d'un système d'équations linéaires. Soit N
le degré de P , et pour un entier j fixé soit

le reste de la division de par P . Considérons la matrice {N, N) A{P) = (a^j) (on


indexe lignes et colonnes de 0 à Я - 1 ) . Pour que le polynôme H =
à coefficients dans к soit tel que - H soit divisible par P , il faut et suffit que :
^ ao \ / Qo \
A{P)
\ O iN -l ) \ O iN -l /

On s'est donc bien ramené à la résolution d'un système linéaire. On a :


Proposition 2 . Le rang de ce système est égal a N - i, où N est le degré de P et £
est le nombre de facteurs irréductibles apparaissant dans la décomposition de P.

Ce système a toujours comme solution les polynômes constants. Mais ceux-ci


donnent des décompositions triviales de P. Comme corollaire de ce résultat on a :
C orollaire. Si le système linéaire précédent n'admet pour solutions que les polynômes
constants, P est la puissance d'un polynôme irréductible.

Ceci justifie la démarche suivie plus haut. Passons à la démonstration de la


proposition 2.
D ém onstration de la proposition 2 . On utilise le lemme chinois pour cons­
truire des polynômes réducteurs pour P . Si P = P f ‘ •••P^^ est la décomposition
de P en facteurs irréductibles et si (ai,...,a£) est un élément de k^ le lemme
chinois implique qu'il existe un polynôme H tel que H est congru à ai modulo
Pf"^ pour tout 1 ^ 2 < Si de plus nous imposons que le degré de H soit stricte­
ment inférieur inférieur à celui de P alors le polynôme est uniquement déterminé
(exercice !).

176 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Réciproquement, soit Я un polynôme réducteur pour P avec \H\ < |P|. La dé­
composition
-H = П (Я -А )
\ek
est en facteurs premiers entre eux deux à deux. Donc, à i fixé, le facteur P “* divise
l'un des termes du produit, et un seul. Il existe donc un élément (ai, . . . , a^) e
tel que H est congru à ai modulo pour tout i. ш

On vient d'établir une correspondance bi-univoque entre les éléments de et les


polynômes H tels que —H soit divisible par P et |Я| < |P|. Cette correspon­
dance est une application linéaire entre l'espace des solutions du système linéaire
considéré plus haut et k^,
La dimension du sous-espace des solutions est donc égal à i. Reformulons le
résultat, en gardant les notations précédentes :
Proposition 3« Le nombre de facteurs indécomposables divisant le polynôme P est égal
à N - Q, où g est le rang de la matrice B{P) = A{P) —I^.

Voici deux exemples d'application sur le corps ¥ 2 .

On considère le polynôme

P = X® + X® + Ч- X® + -h X H-1.
Sa dérivée P ' est X® + + 1. Calculons le pgcd de P et P ' . Le reste P i de la
division de P par P ' est X® + X ^ ^ -X ^ , celui de la division de P ' par P i est P 2 = X "* + 1 ,
celui de P i par P 2 est P 3 = X ^ , enfin celui de P 2 par P 3 est 1. Le polynôme n'admet donc
pas de facteurs multiples dans sa décomposition et est produit de facteurs indécomposables
deux à deux distincts.
La matrice A{P) considérée s'écrit
/ 1 0 0 0 0 1 0 0 14
' 0 0 0 0 0 0 1 0 1 '
010001000
000001011
001001000
000001100
I 000100001
000001010,
\ 0 0 0 0 1 1 0 0 1/
/ 0 0 0 0 0 1 0 0 14

I 010000101
0 1 1 0 0 1 0 0 0
I
0) la matrice B (P) = A{P) —Ig s'écrit :
0
0
0
0
0
1
1
0
0
1
1
1
0
0
1
0
1
0
't 0 0 0 0 0 0 1 0 0

I 0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
\0 0 0 0 1 1 0 0 0/
0
1
1
0
0
0
1
0
I
-d
о

4.9 - L’ALGORITHME DE BERLEKAMP 177


son déterminant est évidemment nul. Le rang de cette matrice est 8. Le polynôme considéré
est donc irréductible.
Voici le second exemple. Soit P = + 1, sa dérivée est .
Par l'algorithme d'Euclide on montre que le pgcd de P et P ' est + X + 1).
On va donc appliquer l'algorithme au polynôme :
Q = P / { X^ + A" + 1) = + X + 1
qui n'a que des facteurs simples dans sa décomposition.
/ 0 0 0 0 0 1 1 1 1\
0 1 0 0 0 0 0 0 1
0 1 1 0 0 1 0 0 1
0 0 0 1 0 1 1 1 1
La matrice B { Q ) associée à Q est : 0 0 1 0 1 1 0 1 0
0 0 0 0 0 1 1 1 1
0 0 0 1 0 0 0 0 1
000000001
\0 0 0 0 1 1 1 0 0 /
Elle est de rang 6, les polynômes 1, X® + X® + et H- X® + X^ constituent une base
du noyau et sont réducteurs pour Q. On a donc :
P = pgcd(P, X® + X® + X 2 ) X pgcd(P, X® + X® + + 1),
ce qui donne; après application de l'algorithme d'Euclide :
Q = (X^-]-X-\- 1){X^ + + 1).
On vérifie facilement que X"^ -\-X^ -\-l est irréductible. Pour ce qui est de P = X® + X + 1 ,
on peut écrire la décomposition directement ou recommencer l'algorithme. La matrice B { R )
associée est :
'0 0 0 0 0 \
0 10 10
0 1111
0 0 0 1 0
.0 0 1 0 0 /
Cette matrice est de rang 3. Les polynômes suivants forment une base du noyau 1,
X"^ X^ X . On obtient donc :
X^ - \ - X + ! = •••
. . . = pgcd(X" + X + 1,X^ + + X ) X pgcd(X" + X + 1, + X + 1),
soit
X® + X + 1 = + X + 1)(X® + + 1).
Finalement
F = (X^ + X + l)^(X® + X* + 1)(X^ + X® + 1).

10. Les codes correcteurs d'erreurs


La théorie des codes correcteurs d'erreurs fournit une application de la théorie des
corps finis aux télécommunications. Le problème est de savoir comment, à partir
de données qui sont partiellement erronées, reconstituer les données exactes. Ce
problème se pose lors de la transmission de données, celles-ci peuvent être altérées

178 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


à la suite d'erreurs dans la transmission. Pour résoudre ce problème l'idée est de
transmettre l'information de telle manière que l'on puisse à partir de données plus
ou moins altérée rétablir l'information originelle. Les corps finis fournissent des
moyens, effectivement mis en oeuvre, de le faire.
Encore une fois cette section est une introduction à ces techniques, on renvoie à
[De], [MS], et en particulier à [LN] ainsi qu'on l'a dit plus haut, pour une étude
plus générale. Encore une fois précisons que la difficulté tient à ce que l'on a une
longue chaîne d'arguments classiques.
Soit donc dans toute la suite K un corps fini à q éléments de caractéristique p.
Sur on introduit la fonction suivante, dite distance de Hamming :
D é f in it io n 1
Soient ж = (xi, . . . , Жп), 2/= (2/1) •••î 2/n) des éléments de . La fonction de Ham­
ming h{x,y) entre x et y est le nombre d'indices i, avec 1 < г ^ n, tels que
Xi ^ y i . Le poids de Hamming w{x) est par définition /i(x,0).

La proposition suivante justifie que l'on ait avant la définition appelée cette fonction
distance de Hamming :
P r o p o s i t i o n 1 • La fonction de Hamming est une distance sur .

On emploiera donc la terminologie « distance de Hamming » pour cette fonction.


La démonstration est triviale. Seule l'inégalité triangulaire mérite un commentaire.
Si к coordonnées de ж et y diffèrent et si £ coordonnées de y et z diffèrent, les
vecteurs x et z ont au plus к -\-£ coordonnées distinctes.
Supposons que l'on ait à transmettre des données, et que ces données soient expri­
mées comme une suite de h éléments de K. On appellera cette suite l'information
initiale. Lors du processus de transmission des erreurs peuvent se produire.
La question qui se pose est de reconstituer l'information initiale à partir des don­
nées reçues. À cette fin on commence par adjoindre des données supplémentaires
à l'information initiale, on peut y ajouter n —h éléments de K, déterminés par la
suite initiale. On peut par exemple répéter le message deux ou trois fois ! De fa­
çon plus générale on peut déterminer une suite, plus longue, de n éléments de
K à partir de la suite initiale. Celle-ci n'apparaît pas nécessairement explicitement
dans la suite finale qui doit satisfaire à certaines relations. On appellera cette suite
les données transmises.
Comme elles sont déterminées par l'information initiale, elles doivent satisfaire à
certaines relations. Dans l'exemple donné, il doit y avoir répétition des suites de
symboles. S'il y a erreur durant la transmission les données reçues différent des
i
ci
données transmises. Ceci se détecte en observant si les données reçues satisfont
ou non aux relations mentionnées plus haut.

Q
4.10 - LES CODES CORRECTEURS D’ERREURS 179
C'est ici qu'intervient la distance de Hamming. On considère la différence entre les
données transmises et celles qui ont été reçues. Supposons que le nombre d'erreurs
soit petit, disons inférieur à un entier fixé t. Les données transmises se trouvent
à distance (pour la distance de Hamming) moins que t des données reçues. Si
dans une boule de rayon t autour des données reçues il y a un seul élément qui
satisfait aux relations imposées on a reconstitué les données transmises.
Dans le processus décrit on a donc à la source un espace correspondant à
l'information initiale, à l'arrivée un espace correspondant aux données trans­
mises et reçues, une application / de dans correspondant au processus de
transmission théorique (sans altération).

Définition
I Le sous-ensemble C C image de / est appelé le code.

Enfin on a une autre application g de dans IK^ correspondant au processus de


transmission réel, dans lequel il y a altération. La question est de savoir quand on
peut déterminer / à partir de g.

Définition 2

I L'ensemble C est par définition le code, un élément de C est un mot. L'entier h


est la dimension du code, l'entier n est la longueur du code.

Définition 3
Un code est dit linéaire si l'ensemble C est un sous-espace vectoriel de K” , on
le supposera de dimension h. Une matrice (h,n) à coefficients dans K dont les
vecteurs lignes engendrent le code sera appelée une matrice génératrice du code,
on la notera G. Une matrice (n —h,n) à coefficients dans K dont les vecteurs
lignes constituent un système d'équations pour le code sera appelée une matrice
de parité du code, on la notera H.

Supposons que le processus de transmission réel g fasse au plus t erreurs. Soit x


un élément de . S'il n'y a qu'un point du code dans la boule de centre g{x) et
de rayon t, ce point est f{x ). Ce sont nécessairement les dormées transmises.
On dit alors que le code C peut corriger jusqu'à t erreurs.
Précisons comment ceci peut être assuré.

Définition 4
On appelle distance minimale du code C la quantité :

180 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Dans le cas d'un code linéaire le code est un sous-espace vectoriel de dimension
h de K^, Dans ce cas la distance minimale est le poids minimal d'un élément
non nul. Pour le montrer il suffit de faire une translation : pour x ,y e C on a
h{x,y) = w { x - y ) .
Les exemples suivants montrent que la distance minimale dépend du choix que
l'on fait.
Si on prend pour sous-espace c K^, le sous-ensemble des vecteurs dont les
n - h dernières coordonnées sont nulles la distance minimale est 1. Prenons main­
tenant n = 2h ei choisissons pour sous-espace le sous-espace diagonal : celui formé
par les vecteurs
{x\ ) •••} Xn, X\, . . . , Xfi ) .
Dans ce cas, si on a deux vecteurs distincts dans le code, ils ont nécessairement
deux composantes distinctes, donc leur distance est au moins 2. La distance mi­
nimale de ce code est donc 2. De façon plus générale, on peut choisir n = ah ei
définir le code comme le sous-espace diagonal dans . La distance minimale de
ce code est a.

Proposition 2. Si la distance minimum ôc d'un code C est inférieure ou égale à


2 i + 1 le code yeut corriger jusqu'à t erreurs.

Démonstration. La condition dit que dans une boule fermée de rayon t il y a


au plus un élément du code. Donc si on a transmis des données, et qu'au plus
t erreurs ont été commises, l'inégalité triangulaire montre que dans la boule qui
a pour centre les données reçues et de rayon i, il y a un élément du code et un
seul. Ce sont les données transmises. ■

Il est possible de donner pour la distance minimale d'un code linéaire une borne
supérieure, ceci sera fait en exercice.
Le résultat suivant caractérise la distance minimale à partir de la matrice de parité.
Proposition 3« Un code linéaire de matrice de parité H est de distance minimale ô
supérieure ou égale à d + 1 si et seulement si tout système de d colonnes de la matrice
de parité H est linéairement indépendant.

Démonstration. Puisque le code est linéaire il suffit d'évaluer le poids minimal


d'un vecteur non nul du code. Dire que la distance minimale ô est supérieure ou
égale à d + 1 équivaut donc à dire qu'il n'existe pas de vecteur non nul dans le
code qui appartienne à la boule de centre 0 et de rayon d. Soit qu'il n'existe pas
de vecteurs non nuis dans le code ayant au plus d coordonnées non nulles.
Les vecteurs lignes de la matrice de parité sont les coefficients des formes linéaires
I définissant le code. Dire qu'il y a un élément non nul du code qui a au plus d

4.10 - LES CODES CORRECTEURS D’ERREURS 181


coordonnées non nulles équivaut donc à dire que Гоп peut trouver une relation
linéaire non triviale entre d colonnes de la matrice de parité. Les coefficients de
cette relation linéaire sont les coordonnées du vecteur considéré. Donc dire que la
distance minimale est supérieure ou égale à d + 1 équivaut à dire que tout système
de d colonnes de la matrice de parité est libre. н

On va dans la suite décrire deux types de code, et ce dans un des cas jusqu'au dé­
codage. Cela permettra d'illustrer des techniques diverses d'algèbre, aucune n'est
compliquée en elle-même, c'est leur succession qui rend le problème délicat.

D é f in it io n 5
On dira qu'un code C de longueur n est cyclique si et seulement si
(û-l J . . . , Q>n ) G C — ^ {fln ) ^1 ) • • • J û n - l ) G C .

On va donner une interprétation multiplicative des codes cycliques. Considérons


l'anneau quotient K[X]/(X^ —1), l'application linéaire
K[X]/{X^ - 1),
(ai, . . . , CLfi) '— >ai -h Ü2X -f •••+ CLnX^ ^,
est bijective.

P r o p o s i t i o n 4 . Soit C un code dans K^, C est cyclique si et seulement si V^(C) est


un idéal.

D é m o n s t r a t i o n . En effet, si la classe d'un polynôme P est dans le code, vu


comme idéal de —1), il en est de même pour la classe X P . Ce qui veut
exactement dire que si ( a i an) G C il en est de même pour (an, a i , . . . , an-i).
Inversement, cette dernière condition, interprétant cette suite comme la classe d'un
polynôme P , signifie que si P est dans le code, il en est de même pour X P et
plus généralement pour RP, où R est un polynôme quelconque. Le résultat suit.

L e m m e 1 . Soit P un polynôme quelconque à coefficients dans k. Tout idéal dans


K[X]/(P) est principal, c'est-à-dire admet un générateur.

D é m o n s t r a t i o n . Soit un idéal dans ЩХ], et soit тг l'application canonique de


K[X] vers K [X ]/^ . L'idéal de K[X] est principal, il admet un générateur,
soit R. Alors, 7г(Д) est un générateur pour и

Soit C un code cyclique, que l'on identifie à l'idéal de l'anneau quotient


K[X]/(X^ - 1) auquel il correspond. On appellera polynôme générateur de C
un polynôme G de plus bas degré dont la classe modulo X'^ - 1 engendre C. Le
polynôme générateur est bien défini à multiplication par un scalaire non nul près.

182 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


L e m m e 2 * Le polynôme G divise X'^ - 1 .

D é m o n s t r a t i o n « En effet, par définition de G, la classe du pgcd de G et X'^ —1


est dans l'idéal de l'anneau quotient de
K[X]/{X^ - 1 )
engendré par G. Ce pgcd doit donc être du degré de G, donc égal à G à un
scalaire près.
Notons que la dimension du code h est égale n - |G|. ■

D é f in it io n 6
On appellera polynôme de parité du code le polynôme :
X^ - 1
G{X) ■

La façon la plus classique pour coder l'information initiale dans ce cas précis est
la suivante. On interprète les données initiales comme un polynôme à coefficients
dans K, soit D, les données transmises sont la classe du produit GD dans l'anneau
quotient.

Étude d'un code B C H


Une façon commode de déterminer un idéal dans K[X] est de le construire comme
ensemble des polynômes qui ont pour racines certains éléments d'une exten­
sion algébrique L de K. Puis on peut considérer l'image dans l'anneau quotient
1K[X]/(X’^ - 1), comme l'application est surjective c'est un idéal. Si les éléments
considérés dans L sont des racines n-ièmes de 1, la valeur prise par un élément
d'une classe modulo X'^ - 1 ne dépend que de la classe et non de l'élément. On
peut donc directement définir un idéal dans K[X]/{X‘^ —1) comme étant l'ensemble
des classes prenant la valeur 0 sur certaines racines n-ièmes de 1. Choisissons
donc une racine primitive n-ième de 1, soit /x dans un corps L de caractéristique
P, on suppose évidemment que n est premier à la caractéristique p. Pour que L
contienne des racines primitives n-ièmes de l'unité il faut et il suffit que n divise
g —1. Considérons l'idéal des classes de polynômes s'annulant sur
On suppose que ces racines sont deux à deux distinctes, c'est-à-dire que l'on suppose que
l'ordre n de P dans le groupe multiplicatif L* est supérieur ou égal à d.
On peut évidemment aussi considérer les polynômes nuis sur ces racines, ce sont
ceux divisibles par le ppcm des polynômes minimaux des b ^ i^ b -\ -d —2,
qui est le polynôme générateur du code. Un code déterminé par un idéal de ce
type est appelé un code BGH (pour Bose, Chauduri, Hocquenghem). À cause de
I la proposition suivante on dit qu'il est de distance prescrite d.
»3
I
T3
Q
4.10 - LES CODES CORRECTEURS D’ERREURS 183
Proposition 5« Un code BC H est de distance minimale au moins d. Si d = 2t-\-l il
peut donc corriger jusqu'à t erreurs.

D é m o n s t r a t i o n . En effet, on doit vérifier qu'il n'y a pas, dans le code, de vec­


teurs non nuis ayant moins de d coordonnées non nulles. Identifions un vecteur
à un polynôme non nul P = a\ ü2X H------ h On doit vérifier que les
équations = 0, avec b ^ i ^ b + d —2 ont lieu si le polynôme a au moins d
coefficients non nuis. On a d —1 équations à n inconnues et la matrice du système
linéaire est la suivante :
/1 fJL^ ... \
1 ...

b-\-cL—2 (b+d-2)(n-l)
\1
Si on sélectionne d - 1 colonnes quelconques, on reconnaît, à un facteur multipli­
catif près, un déterminant de Van der Monde qui est non nul. Si bien que d —1
colonnes quelconques de cette matrice sont linéairement indépendantes. Donc un
élément non nul dans le code doit avoir au moins d coordonnées non nulles. Donc
si P n'a que d - 1 coefficients éventuellement non nuis, il est nul. ■

Algorithme de décodage
Venons en maintenant au processus de décodage. Supposons que l'on ait le code
BC H de longueur n et de distance minimale au moins égale à d = 2t -h 1 défini
plus haut. Supposons que le processus de transmission des données fasse au plus
t erreurs, si bien que le code peut corriger ces erreurs. Soit R e K[X]/(X^ —1) les
données reçues, cherchons à déterminer les données transmises. Considérons la
différence, que l'on appellera le polynôme d'erreur, E = R —T entre les données
transmises T et les données reçues R. On va procéder en deux étapes, d'abord
on va déterminer en quels emplacements se sont produites les erreurs, puis on les
déterminera.
Les valeurs Rifjd’) pour Ь ^ г ^ Ь + d - 2 sont connues, par construction on a
E{pj) = R{ii^) pour 6 < i < 6 + d - 2 .
Les coefficients de E sont donc solutions d'un système linéaire de d —1 équations
et n inconnues (les coefficients du polynôme E). Il y a au moins une solution
par hypothèse, mais en général il y en a plusieures. Pour déterminer la bonne on
procède comme suit. Établissons d'abord un lemme.
Considérons un entier г¿ ^ t un entier, et un polynôme :

F=
i= 0,...,u —1

184 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


où les exposants sont a' deux à deux distincts et strictement inférieurs à n. Les
coefficients f i E K n e sont pas nécessairement non nuis. Posons yj = et posons :

n (X -y ^ )= < X u -eX ‘ .
j= i,...,u e = 0 j...,u

Si, dans ce polynôme, on substitue la valeur yj à la variable X , on obtient :

Y a u -e y j^ O .
£ = 0 ,...,u

Multiplions cette équation par fjy^ , pour + d —2, et sommons sur j ,


nous obtenons, par définition de F , la relation suivante :

+ •.. + = 0.

On obtient donc un système de d —1 équations linéaires en les u inconnues a j .

L e m m e 3 « Le système linéaire précédent admet une solution unique seulement si les


coefficients de f j de F sont tous non nuis.

D é m o n s t r a t i o n . Nous ne discutons pas ici l'existence mais seulement Tunicité


de la solution. Pour étudier cette question, sélectionnons les u premières équations
parmi les d - 1 équations données. On obtient comme matrice du système :

f F{fi^) ...

y^(^6+u-l) ... ^(^6+2u-l)y

Or cette matrice est égale au produit suivant VDV^ où on a

1 . .. 1 \ ih y r ^ 0 ... 0 \
( 1
yi y2 . •• yu 0 /22/2“" ' 0
v = , et D—
0
U r ' i/2 •• 2/ rV i, 0 0 /u2/rv
Donc le déterminant de la matrice du système est égal à :
I
î
V
ïO
Comme les racines yi sont supposées deux à deux distinctes ce déterminant est
non nul si et seulement si tous les coefficients f j sont non nuis. ■
I

Q
© 4.10 - LES CODES CORRECTEURS D’ERREURS 185
Appliquons ces résultats au polynôme d'erreur E , supposons que r erreurs aient
été commises, avec r et soit enfin u Considérons le déterminant :

Du =

On a :
C o r o l l a i r e * Le déterminant Du, est nul dès que u > r , il est non nul pour
u = r.

Pour déterminer le nombre d'erreurs commises on doit donc calculer ces détermi­
nants et calculer la plus grande valeur inférieure ou égale à t pour laquelle il est
non nul.
On calcule alors le polynôme d'erreurs comme suit. Posons

E=

avec r 6i e K * et les entiers deux à deux distincts et strictement inférieurs à


n. Les entiers ai correspondent aux emplacements où se sont produites les erreurs.
Posons Xi = et considérons le polynôme à coefficients dans L :

n (X -X i)=

Si, dans ce polynôme on substitue à la variable X la valeur xi, puis si on somme


sur i on obtient comme précédemment un système linéaire :

TrEiij!^) + + •••+ + £?(/+’■) = 0,


pour A:= 6 ,.. .,6 + r* —1. On peut donc calculer la valeur des ri qui sont, au signe
près, les fonctions symétriques élémentaires des Xi, Précisément ( - l) V i est la
i-ième fonction symétrique élémentaire des racines Xi, si bien que l'on obtient ces
racines en résolvant l'équation :

-\---- + T r = 0 .
Notons que l'on peut toujours résoudre une telle équation, quitte à tester tous les
éléments du corps fini L !
Enfin, on calcule les coefficients en résolvant le système linéaire :

Y,
l< i< r

186 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Donnons un exemple, prenons pour K le corps F 2 . Choisissons pour ¡i une racine primitive
de 1, qui a pour polynôme minimal X® + + 1. Puis choisissons b = 1 e\ d = Notons
que, pour 1 ^ ^ 5 sont bien deux à deux distinctes. Voici les polynômes minimaux de

Celui de /x, c'est-à-dire + l'est aussi pour et . Celui de fj,^ est


^ 1, pour le vérifier on élève au cube l'équation /lx®+ = ^ . Celui de
/X® est X® 4- H- X H-1, pour le vérifier on écrit que /x® + 1 = )Lx^ et on élève l'équation
à la puissance 5. Il faut bien entendu vérifier que tous ces polynômes sont irréductibles.
Le polynôme générateur est donc de degré 15, et est égal au produit
(X® + + 1 )(X® 4. + ^2 + 1 ){X^ + + X 2 H- X + 1 ) .
Il est égal à ;

1 -f Z + X2 + + X® + .
Considérons le code BCH associé de dimension 16, il est de longueur 31, il peut corriger
jusqu'à deux erreurs, supposons donc qu'au plus deux erreurs se soient produites. Considérons
le cas où les données reçues sont le polynôme :
1 + X 4- X® + X ^ + X ^ + X ^ ° + X^2 + X^® + X^*^ + X^® + X ^^ .
Le polynôme d'erreur E prend les mêmes valeurs que ce polynôme en // pour 1 ^ x ^ 5,
ce sont dans l'ordre : , /x® + /x^ + 1, /x® + /x^ + 1, /x® + /x2 + /x, /x"^ + /x® 4- + 1.
Le déterminant
/X^ )LX®4- + 1
/X® + /x2 + 1 )LX®4- ^2 + /X
est nul. Donc seulement une erreur s'est produite. Le polynôme E est donc de la forme X ^ ,
comme il prend en /x la valeur /x^ il est égal à X "^. Le polynôme transmis était donc :
1 + X 4- X® + X ^ + X*^ 4- X ^ + X^o + X^2 Xi^ 4. ;^ i8 x ^^ .
Pour obtenir les données initiales il faut diviser par le polynôme générateur. On obtient :
1 + X 2 + X® 4- x ^ .
Supposons maintenant que les données reçues soient :
1 + X 4- X 2 + X ^ + X® 4- X ^ + X® + X ^ 4- X ^ ° + X ^^ + X^® + X 2 ° .
Le polynôme d'erreur E prend les mêmes valeurs que ce polynôme en ¡i^ pour 1 ^ x ^ 5,
ce sont dans l'ordre /x2, /x^, /x"^ + /x 4 - 1, /x® + /x2 + 1, /x® + ^ 4 - 1.
Le déterminant

I fjb^ 4- /X + 1
est non nul et égal à ^x® H- /x + 1 . Donc seulement deux erreurs se sont produites. Le polynôme
E est donc somme de deux termes, c'est-à-dire de la forme X® i 4- X®2 . Les quantités
tq = fjL°'^■‘■ “2 Tl = 4- sont solutions du système :
T i^2 4. _ ^4 _j_ ^

Ti/x"^ + To(/X^ + /X + 1) = /X® 4- /x2 + 1


On obtient
To = IjT jjr fJL
I T l = fjL^
I
-o
I
Q
® 4.10 - LES CODES CORRECTEURS D’ERREURS 187
Donc et fjL^^ sont solutions de l'équation du second degré

¡J? X -{• iJ? fj, = 0 .

Les zéros sont /1 ^ et /jl^^. Les données transmises étaient donc, comme dans le cas précédent :

1+ + x^'^ + + x^^.
On notera dans ce cas que le déterminant :
/jl"^ //^ + //+1
//4 /i^ + //+ 1 /i®+ //2 + 1
/X^ + /i + 1 + /¿^ + 1 /X®+ /X+ 1
est nul.

Codes de Goppa
Dans ce paragraphe on étudie une autre classe de codes, les codes de Goppa. Par
comparaison au cas précédent les codes de Goppa sont construits de manière à
avoir une distance minimale supérieure à une valeur prescrite à l'avance. Nous
donnerons dans ce cas seulement les définitions, le calcul dune matrice de parité
et des propriétés de base du code. Encore une fois, un des intérêts de cette étude,
outre les applications, est la mise en oeuvre de techniques de base d'algèbre li­
néaire ainsi que de la théorie de corps finis. Nous commençons par introduire
quelques notations et un lemme.
Soient ¥q un corps fini, m un entier positif non-nul, G G F^m [X], et soit enfin
L = { a i , ... ,an} une famille d'éléments de F^m qui ne sont pas des racines du
polynôme G. Le polynôme X - est donc par hypothèse premier avec G.
On commence par observer que la classe de X —ai est un élément inversible
dans l'anneau quotient F^m [X]/(G). C'est une conséquence de l'identité de Bezout.
Soient en effet U et V deux polynômes tels que f/(X - a^) + FG = 1. En réduisant
modulo G on obtient i7(X - a^) — 1 modulo G.

D é f in it io n 7
Le code de Goppa P associé à G et L est le sous-espace de F^ constitué par les
vecteurs ( a i, ... ,an) tels que l'élément de l'anneau quotient F^m [X]/(G) :
ai
E
soit nul.

Si le polynôme G est irréductible le code est dit irréductible.

P r o p o s i t i o n 6 « Le code T est un code linéaire de longueur n, de dimension k telle


que |G|. En fin la distance minimale d de T est telle que d'^ |G| -h 1.

188 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - Chap. 4


La première propriété est conséquence immédiate de la définition. La seconde et la
troisième doivent être démontrées. Pour ce qui est de la seconde on considère une
base de F^m comme espace vectoriel sur F^, F^m est de dimension m sur ¥q ; soit
donc {v\^.., ^Vm} une telle base. Posons r = \G\, l'anneau quotient ¥qm[X]/{G)
est lui de dimension r comme espace vectoriel sur F^m, de base { 1 , X , ...
L'équation de définition du code P se reécrit comme suit :

Y, a,( Y =0
où (X —a j) “* = Yyj=o r-i encore se réécrire

ZI X) Z ’^i,},k^kX^) = 0

OÙ ]Cfc=i ...m ^ij,k ^ 6st la décomposition de l'élément Uij de F^m


dans la base des Vk.
La nullité de l'élément
53 53
se traduit par la nullité des coefficients de , 0 j ^ r —1, soit

Y 0,iUij =0, O ^ j ^ r - 1 .
2 = l,...,n

Puis on écrit que ces éléments de F^m sont nuis, c'est-à-dire que leurs coefficients
dans la base des Vk le sont. Soit ... ^ ciii^ij.k = 0 , a j et k fixés. On a donc m r
équations à coefficients dans ¥q. Le code est donc de dimension au moins n —mr.
Pour ce qui est du second point il faut montrer qu'un point non nul du code a au
moins r -f 1 coordonnées non nulles.
C'est un exercice que de vérifier que l'élément {X - ai)~^ est, dans l'anneau
quotient ¥^[X]/{G), égal à

I X Oii
Il en résulte que a = (a i,•••,an) G P si et seulement si l'élément de l'anneau
quotient :
G —G {ai) .
I
E
«
!s est nul. Cet élément étant en tant que polynôme de degré inférieur ou égal à
r —1 cette condition d'annulation peut être prise indifféremment dans l'anneau de
polynômes.
I

4.10 - LES CODES CORRECTEURS D’ERREURS 189


Posons G = ÇrX^ + ... + po/ on a :

On écrit alors que les coefficients de ,■■■,! dans l'élément ci-dessus sont nuis
et on obtient la matrice de parité dont le terme p ij est égal à

(^r+i-i + O ijg r + 2 -i + •••4-0'^* G {o ij) ^ .

soit la matrice :

5,G (ai)-i 9rG{a2) * 9r9ian)-^ \


(Pr-i+o:iÿr)G(ai)“' (5r-i+0!igr)G(a2)“^ {9r-i+Oi\9r)G{an)~^

\ {9 i + a i 9 2 + - + o c '[ V ) G ( a i ) ‘ {9 i+ - + a '^ 2 ~ ^ g r )G {a 2 )- ^ - (p i+ - + a rV )G (a „ )- i;

La terminologie matrice de parité est dans ce cas abusive, car chacune des équa­
tions obtenues à partir d'une ligne (un coefficient du polynôme) est une équation
à coefficients dans F™ et non dans F , . En décomposant comme il a été dit plus
haut on obtient pour chaque ligne m équations linéaires à coefficients dans F , .
La matrice qui précède est égale au produit (dans l'ordre) des deux matrices
suivantes :
f 9r 0
Qi— 1 9r ... 0

1 51 92 93 ■■■ 9r /

G{a2)~^ ... c
a iG {a i) ^ aiG {a2) ^ ••• aiG {an ) ^
■ \

V a ï-'G (a i)-i a r 'G ( a 2 ) - ' ... < - 'G ( a n ) - V

Comme la première matrice est inversible {gr ^ 0) la seconde matrice est encore,
par définition, une matrice de parité. Le calcul du déterminant de Van der Monde
montre alors que r colonnes quelconques sont linéairement indépendantes (les ai
étant supposés deux à deux distincts).
Le calcul de la distance minimum en résulte.
On va préciser ce résultat dans le cas où g= 2. Soit un élément du code a = (ai, •••, ).
Supposons que exactemeent t scalaires ai soient non-nuls : a0(i), •••, a<^(^) •Défi­
nissons un polynôme f&iX) par /a =

190 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


Alors la dérivée logarithmique donne

IL
^a= E
/a

Les polynômes G et /a sont premiers entre eux, par conséquent iîa = 0 si et


seulement si G divise fL . Notons G le polynôme, carré parfait, de plus bas degré,
qui est divisible par G, il est bien défini à un carré scalaire non-nul près. Alors,

L e m m e 4 . Le polynôme G divise fL si et seulement si G divise fL-

Comme on travaille en caractéristique 2, et sur le corps F2 on a :

L e m m e 5 . Un polynôme dérivé ne contient que des puissances paires et est donc un


carré parfait.

Il en résulte que si une puissance impaire d'un polynôme irréductible H


sur F2 divise le polynôme fL, la puissance le divise aussi. Le lemme suit
si on part de l'hypothèse que G divise fL- L'autre sens de l'équivalence est clair.
On en conclut que l'élément a G F si et seulement si G divise fL- Si a. est un
élément non nul, comme \fL\ ^ |G|, la distance minimale de F est supérieure ou
égale à |G| + 1. En particulier, si G na pas de racines doubles, elle est supérieure
ou égale à 2|G| 4-1.

Exercices
I. E lé m e n t s a lg é b r iq u e s , p o ly n ô m e s c y c lo t o m iq u e s

1. Calculer les polynômes minimaux des éléments suivants : y/2-\-y/l, i +


1
i + ^/3 + \ Z ?, i + 2 5 .

2. Soit fjL une racine primitive n-ième de l'unité. Soit k un entier. Calculer la somme

z = 0 ,...,n - l
Discuter en fonction de k.

3. Soit a G M —Q une racine d'un polynôme irréductible P G Z[X] de degré n > 1.


Montrer qu'il existe une constante C telle que pour tout - e Q on ait

U G

Q
EXERCICES 191
On distinguera suivant le cas où ^ est proche, en un sens à préciser, de a ou

non, on évaluera le polynôme P en la valeur ^, et on appliquera le théorème des


accroissements finis.

4. Nombres de Liouville.
En utilisant l'exercice précédent on montrera que le réel

y —
V 10"'
est transcendant.

5 . Calculer $n(l) et !)•

6. Calculer les polynômes cyclotomiques ^ 12, ^ 24/ ^15 / ^9/ ^ 21, ^36-

7. Soit P un nombre premier, et soit /1 > 1. Montrer que (X) = (X^).

8 .Soit h un entier impair. Montrer que ^ 2h {^ ) =

9. Indépendance linéaire des caractères.


Soit K un corps. Soient c i , ... ,Cn, n homomorphismes deux à deux distincts de
Z dans le groupe multiplicatif K*, de tels homomorphismes sont aussi appelés
des caractères. Supposons que pour certains éléments ai e K on ait une relation
de la forme :
^O iC i(m ) = 0,

pour tout entier m e Z. Montrer alors que les ai sont tous nuis.
On pourra soit faire une récurrence sur n, soit utiliser un déterminant de Van der
Monde.

10. Symbole de Legendre.


Soit P un nombre premier impair. Définissons le symbole pour x G F* par

= 1 si X G (F p ^ par = - 1 sinon.

a) ** Montrer que l'application de F* dans (1, - 1 ) est un homomorphisme, montrer


que :

E (i)=o-

192 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - Chap. 4


b) Soit n une racine primitive p-ième de l'unité dans C. Posons :

(!> * ■

Montrer que :

Puis écrire que :

» '= E (?>"•'*■> + E ( t )-

En conclure que

c) Soit d un entier. Montrer que le corps Q('\/ci) est un sous-corps d'un corps
cyclotomique.

n.Soit P un nombre premier, considérons la réduction modulo p du polynôme


cyclotomique $n •Montrer que cette réduction n'est pas, en général, irréductible.
12. Irréductibilité des polynômes cyclotomiques sur Q.
Soit le polynôme cyclotomique, et soit p un nombre premier ne divisant pas n.
Soit p une racine primitive n-ième de de l'unité.
a) Soit Pi - Pjfc la décomposition de en facteurs irréductibles dans Z[X],
Supposons que p soit racine de Pi et que p^ soit racine de P2* Montrer que
p est une racine de P2(^^) et que donc P\ divise P2(^^)- En déduire que la
réduction modulo p des polynômes P\ et P2 ont un facteur commun.
b) En utilisant les résultats du chapitre 3 montrer que la réduction modulo p du
polynôme cyclotomique n'a que des facteurs simples dans sa décomposition.
En déduire que si p est racine de P i, p^ est aussi racine de P i. On utilisera la
question précédente.
c) En conclure que si p est racine de P\ toutes les racines primitives n-ièmes le
sont et que est irréductible.

I 13. a) (Construction à la règle et au compas) L'objet de cet exercice est de donner un


aperçu sur le problème des constructions géométriques à la règle et au compas.
On s'en tiendra aux aspects algébriques, renvoyant à [A] et [Pe] pour les liens
avec la géométrie.
Soit K un sous-corps de M. On dira qu'un réel a, algébrique sur Q, est
constructible si il existe une suite de corps Fi tels que :
Q C Pi C P2 C •••C Q(a) C R,
pour tout i le corps Fi est obtenu à partir de de P^-i par adjonction de racines
I carrés d'éléments positifs de F i - i .

Q
EXERCICES 193
Montrer que l'ensemble des éléments contructibles est un sous-corps de K.
b) Montrer que le degré d'un élément constructible est une puissance de 2.
c) Montrer que cos(|) n'est pas constructible.

d) Montrer que 23 n'est pas construcible.


Ces deux dernières questions montrent l'impossibilité de la trissection de l'angle
et de la duplication du cube à la règle et au compas.
e) Montrer que cos(^ ) est constructible.

14. En utilisant la formule de Newton en caractéristique 2, dormer une condition


nécessaire et suffisante pour que le coefficient binomial C* soit divisible par 2.

II. C o r p s f in is

1. Démontrer que les polynômes suivants, à coefficients dans F2, sont irréductibles :
^ P i = X ’ + X + 1,
^ P 2^ X ^ +X ^ + 1.
Trouver un générateur du groupe multiplicatif du corps F2[X]/(Pi), z = 1,2.

2. Démontrer que les polynômes suivants à coefficients dans F3 sont irréductibles :


► Pi = X» + 2X + 1,
^ P 2 = X ^ + X ^ + 2,
Pi =X^^ +X^ + 2.
Trouver un générateur du groupe multiplicatif du corps F2[X]/(Pi), z = 1,2,3.

3. Factoriser les polynômes suivants à coefficients dans F2 :


^ X^^+X’^+ X ^ + X + 1,
^ x ^^ +X ^ + X ’ + X ^ + X ^ + X + 1,
- Xio + x ^ - t - X ^ + X + l,
- X^‘^+ + ^6 + 1,
^ X^^ + X'^ + X^ +X'^+X + 1.

4. Montrer en faisant des réductions modulo un nombre premier p bien choisi que
les polynômes suivants à coefficients entiers sont irréductibles :
► X« + 2X7 ^ 3^6 + x ^ + 4X* + 3X + 1,
X» + X7 + 2X® + 3X^ + 3X^ + 1,
- X7 + 3X® + 4X'* -h X2 -I- 2X + 2,
X ® + X 3 + X 2 + l.

194 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


5. a) Déterminer tous les automorphismes de Fpnm laissant fixe le sous-corps Fpn .
b) Soit k = ¥pn et soit P un polynôme irréductible à coefficients dans k de degré
m. Montrer que le corps de rupture de P sur k est isomorphe à Fpnm.
c) Donner une formule analogue à celle du cours pour calculer le nombre de
polynômes unitaires, de degré m, irréductibles, à coefficients dans Fpn.

6. Soit P un nombre premier supérieur ou égal à 3. Soient %v^w des éléments de


Fp non tous nuis. Montrer que l'équation, en les inconnues x,y, ux^ =w a
au moins une solution non nulle. On comptera le nombre d'éléments de la forme
et le nombre d'éléments —w, x et y décrivant Fp.

7. Soit P £ k[X], où K = ¥q est un corps fini à q éléments. Supposons P irréductible.


On appelle exposant de P le plus petit entier e tel que P divise —1. Soit k
le degré de P.
a) Montrer que P est scindé en facteurs de degré 1 dans ¥gk et que e est l'ordre
d'une racine quelconque de P dans le groupe multiplicatif F*^.
b) Montrer que e divise -1 .
c) Montrer qu'un polynôme irréductible P d'exposant e divise X^ - l si et
seulement si e divise d.
8. Calculer les exposants des polynômes suivants, dont on vérifiera qu'ils sont
irréductibles, à coefficients dans F2
- + ^2 + 1,
- + 1,
- X ^ + X ^ + l.

9. a) ** Soit k = ¥q un corps fini de caractéristique p. Soit n un entier premier à p. On


suppose que k contient toutes les racines n-ièmes de l'unité, c'est-à-dire que le
polynôme - 1 a n racines dans k. Comme dans le cas de C on appelle racine
primitive n-ième de l'unité une racine dont l'ordre dans le groupe multiplicatif
k* est n. On notera p* (fc) l'ensemble des racines primitives n-ièmes de k. Soit
“ C) ^ k[X], Démontrer les propriétés correspondant à celles
des polynômes cyclotomiques •En particulier montrer que ^ [X].
b) Montrer que la réduction modulo p de est égale à
c) Montrer que la réduction modulo p du polynôme cyclotomique se factorise
en un produit de polynômes irréductibles à coefficients dans fc, où d est
l'ordre de q (le cardinal de k) dans le groupe (ZlnZ)*.

10. Soit P un polynôme irréductible de degré n, à coefficients dans Fp. Soit d un

i diviseur de n, moi
montrer que P factorise en ^ polynômes irréductibles de même
degré dans Fpd [X]

Q
® EXERCICES 195
n . ** On reprend la terminologie de l'exercice 7. Soit fc = Fp, p premier, calculer le
nombre de polynômes irréductibles de degré n, unitaires et d'exposant e. On
commencera par étudier la décomposition de la réduction modulo p du polynôme
cyclotomique ^ e{X ).

12. Soit V un espace vectoriel de dimension fini d sur un corps fini k. Soit (ei, . . . , e^)
une base de V. Soit v e V , et soit (a i,... ,ad) les coordonnées de v dans cette
base.
a) L'élément v étant fixé, montrer qu'il existe un polynôme à coefficients dans k en
d variables qui prend la valeur 1 en (ai ,... ,ad), et la valeur 0 partout ailleurs.
b) Soit de façon plus générale / une application de V dans k. Montrer qu'il existe
un polynôme P en d variables tel que, pour tout v e V , o n ait f{v) = P (a i, .. ., a^ ).
c) Le polynôme précédent est-il unique ?

13. Soit k un corps fini à q éléments de caractéristique p. Soit a £ k . Montrer que le


polynôme X'P - X - a est irréductible sur k si et seulement si il n'a pas de racines
dans k.

14. Fonction d'Euler.


Soit k un corps fini à q éléments, de caractéristique p. Étant donné P e k[X] on
définit (P) comme étant le nombre de polynômes de degré inférieur à celui de
P et premiers avec P.
a) Calculer
- $ A :(X P -1 )) Si fc = Fp,
► {PQ) si P et Q sont premiers entre eux.
b) Soit Pi^ •••P^^ la décomposition d'un polynôme P de degré n en facteurs
irréductibles. Montrer que

i
OÙ Ui est le degré de P i.

15. Théorème de Kônig-Rados.


Soit k un corps fini à q éléments. Soit P un polynôme à coefficients dans k,
P = ao + aiX-\-------hag_2X^“^. Montrer que le nombre des racines dans k de
l'équation P {X ) = 0 est égal à çr - 1 —r, où r est le rang de la matrice :
/ ao ai a^-2
ai a2 ao

y ü q -2 a i . . . ü q -2 /

196 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


16. (Clôture algébrique des corps finis)
Soit P un nombre premier, et soit kn le corps ¥pn\.
a) Montrer que qu'il y a un sous-corps de kn isomorphe à kn-i et un seul. On
notera in-i l'inclusion de kn-i dans kn-
b) On pose 6 n = k n - i n - i {k n- i ) - Posons l n = ¥ p U (Ui=2 ,...,n ei). Montrer que In à
une structure de corps, et qu'il est isomorphe à kn.
c) Montrer que Z= Fp U (U2^i est un corps et est une clôture algébrique de Fp.

III. C o d e s lin é a ir e s

1. On appelle code de Hamming tout code de longueur n = 2^ —1, m ^ 2 et de


dimension 2^ - m - 1 , dont les colonnes de la matrice de parité sont les coefficients
de la décomposition en base 2 des entiers 1 , . . . , 2^^ —1.
Démontrer que les codes de Hamming corrigent jusqu'à 1 erreur, c'est-à-dire que
leur distance minimale est 3.

2. Borne de Plotkin. Soit K un corps fini à q éléments, et soit C un code de longueur


n et de dimension /i. Soit 5c la distance minimale du code. Démontrer que
n q ^ -\ q -\ )
5c ^
q ^ -l
3. Borne de Gilbert-Varshamov. Soit K un corps fini à q éléments. Démontrer qu'il
existe un code linéaire de longueur n et de dimension h de distance minimale
supérieure ou égale à un entier d donné dès que :

2=0

4. Étude d'un code B C H .


Soit P une racine du polynôme + 1 dans une extension du corps F2.
Montrer que son ordre est 31.
a) On considère le code B C H de longueur 31 déterminé par les racines /x, ,. .. , .
Quelle est sa distance minimale ?
Calculer son polynôme générateur et son polynôme de parité.
b) On considère le code B C H déterminé par les racines /i, . . . , . Quelle est
sa longueur, sa distance minimale ?
Calculer son polynôme générateur et son polynôme de parité.
c) Dans le cas de la question 4.a) on considère le message suivant qui a été reçu :
^7 ^10 ^11 ^ js^i3 _|_ ^16 _i_ ^Quelles étaient les données initiales ?
Même question avec 1 X^ -\-X^ X^^ X^^ + X^^ + + ^2^.
I
T3
Q
EXERCICES 197
5. Étude d'un code cyclique.
Soit )L¿ une racine du polynôme 1 dans une extension du
corps F2. Montrer que son ordre est 21.
a) On considère le code cyclique de longueur 10 déterminé par les racines

Quelle est sa distance minimale ?


Calculer son polynôme générateur et son polynôme de parité.
b) Calculer les données initiales à partir des données reçues suivantes :
x + + + x + x^ + x ^ ^

6. (Étude d'un code de Goppa) On considère le polynôme G = + X + 1 et le


corps L = ¥ s , a désigne un générateur du groupe multiplicatif dont le polynôme
minimal est + X + 1.
a) Montrer que G est irréductible sur L.
b) Calculer la matrice de parité du code de Goppa de longueur 8 sur F2 déterminé
par G et l'ensemble des éléments de L. L'exprimer sur le corps F2. Calculer sa
dimension et sa distance minimum.
c) Montrer que ce code est cyclique.
d) Faire le même travail avec G = X ^ + X + 1 et L = Fi6.

Quelques réponses ou indications mmmam


I. E lé m e n t s a lg é b r iq u e s / P o ly n ô m e s c y c lo t o m iq u e s
1. O n c o m m e n c e p a r c a lc u le r le d e g r é d u p o ly n ô m e . O n tro u v e 4, 4, 8 et 10. P o u r c a lc u le r
c e s d e g r é s o n u tilis e le le m m e d e la b a s e té le sc o p iq u e . P u is, p a r e x e m p le d a n s le p r e m ie r
c as, o n p o s e a = \ /2 + a/ t , s o it a - y /2 = y / l . D o n c ( a - v ^ ) ^ = 7, e t - 5 = 2 a e t
o n é lè v e cette d e rn iè re re la tio n a u carré.

2. U tilise r la fo rm u le d o n n a n t la s o m m e d e s n p r e m ie r s te r m e s d 'u n e p r o g r e s s io n g é o m é triq u e .

3. O n c o n sid é re ra la d iffé re n c e
P {^)-P {a).
E n a p p liq u a n t le th é o r è m e d e s a c c r o isse m e n ts fin is o n o b tie n t

P (f)-P (a ) = (f-a)F'(^).
S i ^ e st a s s e z p ro c h e , et d iffé re n t d e a , P ( | ) e s t n o n n u l. P a r a ille u r s P { ^ ) e s t n o n n u l e t
p e u t s'é c r ire s o u s la fo rm e ^ o ù c e st u n e n tie r n o n n u l. O n a d o n c

^ a ) P 'W .

O n o b tie n d r a l'in é g a lité s u r u n v o is in a g e d e a e n m a jo r a n t |P '( ^ ) |, p o u r ce fa ire o n


m o n tre ra q u e P ' ( a ) e s t n o n n u l.

198 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


4. N o m b re d e L io u v ille .
M o n tre r q u e le réel s a t is fa it p a s a u critère p r é c é d e n t. O n m a jo r e ra le re ste d e
la sé rie . E n c o n c lu re q u 'il e st tra n sc e n d a n t.

5. D a n s le p r e m ie r c a s o n u tilis e ra la fo rm u le

n
d I n, d ^ l

et u n ra iso n n e m e n t p a r ré c u rre n c e . O n d is tin g u e r a é g a le m e n t s u iv a n t q u e n e s t p u is s a n c e


d 'u n n o m b re p r e m ie r o u n on . S i p e s t u n n o m b re p r e m ie r o n tro u v e ^pk ( 1) = p , et o n
tro u v e la v a le u r 1 si n e st d iv is ib le p a r a u m o in s d e u x n o m b re s p r e m ie r s d istin c ts.
O n a d a p t e r a p o u r le s e c o n d c as. E n p a rtic u lie r o n m o n tre ra q u e ¿ 2 ( - l ) = 0, ^ 2^» ( ~ 1 ) = 1
si > 1, = l , k im p a ir, et q u e ( ~ 1) = 1 si p e s t p r e m ie r im p a ir.

6,7. P o u r le s p o ly n ô m e s c y c lo to m iq u e s ^ 9 , ^ 2 7 / le r é s u lta t ré su lte d e l'e x e rc ic e 7. C e t e x e rcice


se d é m o n tre à p a rtir d e la fo rm u le :

X " - l = n M X),

a p p liq u é e d a n s le c a s n = p ^ . O n o b s e r v e r a q u e ^ p h - i ( X ) e s t fa c te u r d e - 1.

8 . A p p liq u e r la d é fin itio n , c 'e st-à -d ire c o m p a r e r l'e n se m b le d e s ra c in e s p r im itiv e s 2/c-l- 1 -iè m e s
à l'e n se m b le d e s ra c in e s p r im itiv e s 2 (2 A:-f l)- iè m e s .

9. D 'a b o r d , d is o n s q u 'il y u n e re la tio n lin é a ire e n tre le s h o m o m o r p h is m e s q si, p o u r to u t


m G- o n a
^aiCi(m ) = 0.
S i le s co e ffic ie n ts Oj s o n t n o n t o u s n u is , o n d ir a q u e la re la tio n lin é a ire e s t n o n -triv ia le . Il
fa u t m o n tre r q u 'il n 'y a p a s d e re la tio n s lin é a ire s n o n -triv ia le s.
S i o n p r o c è d e p a r réc u rre n c e s u r le n o m b re d 'h o m o m o r p h is m e s , o n s u p p o s e le r é s u lta t
d é m o n tré p o u r n - 1 h o m o m o r p h is m e s . P u is o n r a iso n n e p a r l'a b s u r d e , o n s u p p o s e a v o ir
u n e re la tio n lin éa ire n o n -triv ia le e n tre n h o m o m o r p h is m e s . O n fix e a lo r s u n e n tie r /1, et
so it m u n e n tie r q u e lc o n q u e . O n c o n sid è re a lo r s le s re la tio n s o b te n u e s e n é v a lu a n t la
re la tio n lin éa ire e n h , et e n m -h /1 . E n m u ltip lia n t la p re m iè r e p a r u n é lé m e n t a d é q u a t et
e n la s o u s t r a y a n t à la se c o n d e o n o b tie n d r a u n e re la tio n lin é a ire n o n -triv ia le e n tre n - 1
h o m o m o r p h is m e s et d o n c u n e c o n tra d ic tio n .
S in o n e n u tilis a n t u n d é te r m in a n t d e V an d e r M o n d e b ie n c h o isi o n m o n tre ra q u e le s
c o e ffic ie n ts d 'u n e re la tio n lin é a ire s o n t s o lu t io n s d 'u n s y stè m e lin é a ire h o m o g è n e d e r a n g
m a x im a l, d o n c s o n t n u is.

10. a) Il y a P — 1 é lé m e n ts q u i s o n t d e s c a r ré s d a n s F * e t p — 1 é lé m e n ts q u i n e le s o n t p a s .
b) C a lc u le r le c a rré :

E
x,zeF*
P u is p o s e r Z = x y ~ ^ . P u is m o n tre r q u e le p r e m ie r te rm e d e la s o m m e :

0 E (l)^ *(.+ i)+ E


xew*
(f),
1
J e s t n u l. U tilise r l'e x e rc ic e 2.
I

§
Q
© EXERCICES 199
11. C h e rc h e r d e s c a s m o d u lo 2, 3, . . .

12. a) b) U tilise r e n tre a u tr e s le critère u tilis a n t la d é r iv a tio n p o u r te ste r l'e x iste n c e d e r a c in e s


m u ltip le s.
c) M o n tre r q u 'e n é le v a n t à d e s p u is s a n c e s d e n o m b re s p r e m ie r s b ie n c h o is is o n p r o u v e q u e
to u te s le s ra c in e s p r im itiv e s s o n t ra c in e s d e P i . O n p e n s e r a a u x g é n é r a te u r s d u g r o u p e
m u ltip lic a tif d e Z / n Z .

13. a) b) U tilise r le th é o r è m e d e la b a s e té le sc o p iq u e .

c) d) É crire le s p o ly n ô m e s m in im a u x d e s é lé m e n ts c o n c e rn é s. O n tro u v e S X ^ - 6 X — 1 e t
X ^ — 2 . O n v é rifie ra q u 'ils s o n t ir r é d u c tib le s s u r Q .

e) M o n tre r q u e l'o n s e ra m è n e à l'é q u a tio n X ^ + X ^ X^ + 1 = 0 qu i se ram èn e à u n e


é q u a tio n d u s e c o n d d g r é p a r le c h a n g e m e n t d e v a r ia b le s Y = X + ^ •

14. M o n tre r q u e le c o e ffic ie n t e s t p r e m ie r à 2 s i e t se u le m e n t to u te s le s p u is s a n c e s d e 2 q u i


a p p a r a is s e n t d a n s la d é c o m p o sitio n e n b a s e 2 d e A: a p p a r a is s e n t a u s s i d a n s ce lle d e n . O n
é c rira la fo rm u le d e N e w t o n c o m m e su it, s i k = 2^^ H------- f- 2®^‘ :

{X + y)* = JJ (X + = JJ ).
i i

II. C o r p s fin is
1. D a n s ce c as, o n v é rifie l'irré d u c tib ilité e n v é rifia n t q u e le s p o ly n ô m e s e n q u e s tio n n e s o n t
p a s d iv is ib le s p a r d e s p o ly n ô m e s ir r é d u c tib le s d e d e g r é 1, 2, e t 3. Il s u ffit d e c o n n aître la
liste d e c e s p o ly n ô m e s : X , X + 1, + X + 1, + x + 1 et + ^ 2 + 1.
P o u r ce q u i e s t d e tro u v e r u n g é n é ra te u r, d a n s le p r e m ie r c a s o n d o it tro u v e r u n g é n é r a te u r
d 'u n g r o u p e c y c liq u e d 'o r d r e 63, il s u ffit d o n c d e tro u v e r u n é lé m e n t q u i n e s o it n i d 'o r d r e
7 n i d 'o r d r e 9. D a n s le s e c o n d o n d o it tro u v e r u n g é n é r a te u r d 'u n g r o u p e d 'o r d r e 127, 127
e st p r e m ie r d o n c to u t é lé m e n t d iffé re n t d e l'é lé m e n t n e u tre e s t g é n é ra te u r.

2. L 'ex e rc ice e s t a n a lo g u e a u p r é c é d e n t m a is e n c a r a c té r istiq u e 3.

4. O n tra v a ille r a a v e c p = 2 et p = 3.

5. a) M o n tre r q u e s o n t le s a u to m o r p h is m e s d e la fo rm e ( F ^ ) ^ .
b) U tilise r le s r é s u lta ts g é n é r a u x s u r le s c o r p s fin is.
c) P o so n s q = p'^. Si 'ipq (m ) e st le n o m b re d e p o ly n ô m e s u n ita ire s, d e d e g r é m , irr é d u c tib le s,
à c o e ffic ie n ts d a n s ¥ q m o n tre r q u e :

Y , #?("») = 9™ •
dIm
6. O n c o m p te le n o m b re d 'é lé m e n ts d e la fo rm e г¿a;^, et le n o m b re d 'é lé m e n ts —w ,x
et y d é c riv a n t F p . Il y e n a . E t o n m o n tre q u e l'in te rse c tio n d e s d e u x e n s e m b le s e s t
n o n -v id e .

7. a) b) A p p liq u e r la d é fin itio n et le s p r o p r ié té s d e l'o rd re d 'u n é lé m e n t d a n s u n g r o u p e ,


c) O n r a p p e lle q u e X® - 1 d iv is e X ^ - 1 si et se u le m e n t s i e d iv is e / .

8. 255, 9 et 127.

200 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - C hap. 4


9. a) et b) O n c o m m e n c e ra p a r m o n tre r q u e Г о п a la re la tio n - 1= ^ .

c) O n m o n tre ra q u e le d e g r é d u p o ly n ô m e m in im a l d a n s к d 'u n e ra c in e p r im itiv e n -iè m e


d e 1 e s t l'e n tie r d d é fin i d a n s l'é n o n cé .

10. S o it H u n fa c te u r irré d u c tib le a p p a r a is s a n t d a n s la d é c o m p o sitio n d e P c o m m e p o ly n ô m e


à c o e ffic ie n t d a n s Fpd . M o n tre r q u e ^ d iv is e le d e g r é d e H e n o b s e r v a n t q u e le c o r p s d e
r u p tu re d e H c o n tie n t Fpn .
P u is a p p liq u e r u n ré s u lta t a n a lo g u e à la p r o p o s itio n 3 d e la s e c tio n 5.

11. O n c o n sid è re la ré d u c tio n d u p o ly n ô m e c y c lo to m iq u e Ф е . O n re m a rq u e ra q u e e e s t p r e m ie r


à p . O n u tilis e r a l'e x e rc ic e 9.
L e n o m b re d e p o ly n ô m e s irr é d u c tib le s u n ita ire s d e d e g r é m et d 'e x p o s a n t e à c o e ffic ie n ts
d a n s ¥q e st si m e st l'o rd re d e q m o d u lo e, 2 si m = e = 2, 0 sin o n .

12. a)

П ( oc^ai
П № - “)) + !•
1 en ( a i , . . . , a d )
c) N o n , si к di q é lé m e n ts o n p e u t le re m p la c e r p a r s a p u is s a n c e ç -iè m e .

13. O b s e rv e r q u e si a e st ra c in e d 'u n fa c te u r irr é d u c tib le a + 1, a + 2, . . . l'e s t a u ss i.

15. T h é o rè m e d e K ô n ig - R a d o s. C o n s id é r e r le p r o d u it d e la m a tric e in tr o d u ite p a r u n e m a tric e


d e V an d e r M o n d e c o n stru ite à p a r tir d e q é lé m e n ts d istin c ts d e K .

III. C o d e s lin é a ir e s
1. D e u x c o lo n n e s q u e lc o n q u e s d e la m a tric e d e p a r ité s o n t lin é a ire m e n t in d é p e n d a n te s.

2. M a jo re r la so m m e d e s p o id s d e t o u s le s é lé m e n ts d u c o d e , p u i s d iv is e r p a r le n o m b re
d 'é lé m e n ts n o n n u is d u c o d e . E n fin la d is ta n c e m in im a le e s t a u s s i le p o id s m in im u m n o n
n u l d 'u n é lé m e n t. P o u r m a jo r e r la s o m m e d e s p o i d s o n tie n d r a c o m p te d e s é lé m e n ts d u
c o d e q u i s o n t s itu é s d a n s le s h y p e r p la n s d e c o o r d o n n é e s et le u r s in te rse c tio n s.

3. O n c o n stru it u n e m a tric e d e p a r ité d a n s la q u e lle d - 1 c o lo n n e s s o n t to u jo u r s lin é a ire m e n t


in d é p e n d a n te s. P o u r ce faire , o n c o m m e n c e p a r c h o isir u n e c o lo n n e q u e lc o n q u e , p o u r la
se c o n d e o n é lim in e to u te s le s c o lo n n e s lin é a ire m e n t d é p e n d a n te s . O n itère le p r o c e s s u s

I e n s u p p o s a n t a v o ir c h o isi к c o lo n n e s s a t is f a is a n t à la p ro p r ié té . P o u r e n tro u v e r A; + 1
c o lo n n e s o n d o it é lim in e r to u te s le s c o m b in a is o n s lin é a ire s d e d - 2 c o lo n n e s p a r m i le s к
p r é c é d e n te s.

4. V oici la liste d e s p o ly n ô m e s ir r é d u c tib le s d e d e g r é 5 s u r F 2 ; X® +1, H-1,

s e c o n d e s t le p o ly n ô m e m in im a l d e , le tro isiè m e d e le q u a tr iè m e d e le
c in q u iè m e d e e n fin le d e rn ie r d e . C e c i p e r m e t d e c a lc u le r le p o ly n ô m e
g é n é ra te u r.
яa O n tro u v e 4 e rr e u rs d a n s le p r e m ie r c a s 1 d a n s le se c o n d . L e s d o n n é e s t r a n s m is e s é ta ie n t

I
Tо3
§
Q
® EXERCICES 201
5. On vérifie que le polynôme X® +X® +X* +X^ +1 divise X^^ +1. Les polynômes minimaux
de fj,, tj?, sont X® +X ® +X ^ +X 2 + l, X ® +X + l, X ^ + X + l.
L e p o ly n ô m e g é n é r a te u r e s t 1 + X* + X^ + X® + X “

5. b) Il y a 4 e r r e u r s d a n s le p r e m ie r c a s, 2 d a n s le se c o n d . L e s d o n n é e s tr a n s m is e s é ta ie n t
X + X® + X® + X® + X»2 d a n s le s d e u x c as.

6. a) b) O n tro u v e d 'a b o r d la m a tric e

so it :
f i l O? a + a
1,0 1 a + 1 +1
or
+a+1
OL a +
+ a + 1 a ^+ l r)
/ 1 1 00 0 00 0\
0 0 01 0 1 11
0 0 11 1 001
0 1111111
0 0 10 1 1 0 1
\0 0 0 1 1 1 1 0 /
L e c o d e e st d e d im e n s io n 2, s a d is ta n c e m in im a le e st 5 (a p p liq u e r la p r o p o s itio n 3 s e c tio n
10 e t c a lc u le r le r a n g d e la m a tric e ).
a+
D a n s le s e c o n d e x e m p le o n c h o isit u n g é n é ra te u r a d e p o ly n ô m e m in im a l -\-X^ l ,e t
o n tro u v e c o m m e d im e n s io n 17 et d is ta n c e m in im a le e s t 7, o n re n v o ie à [M S] p o u r p lu s
d e d é ta ils s u r c e s e x e m p le s.

202 EXTENSIONS DES CORPS APPLICATIONS - Chap. 4


chapitre 5

Réductions^ des
endomorphismes
Structure du groupe
linéaire

Ce chapitre est consacré en premier lieu à la réduction des endomorphismes. Le


cas fondamental est celui où le corps de base est le corps des complexes C. Une
bonne part des arguments s'étend sans problème suivant le cas, soit à un corps
quelconque, soit à un corps algébriquement clos quelconque. Nous nous place­
rons donc dans ces cas. Le lecteur pourra se restreindre au cas de M ou C dans
une première approche. La première section sera consacrée à l'étude du polynôme
I minimal, du théorème des noyaux, puis à la diagonalisation. La seconde section
est consacrée à la démonstration du théorème de Cayley-Hamilton, décrit les ma­
trices compagnons et donne sans démonstration les propriétés des invariants de
similitude. La troisième section expose la triangularisation et la réduction de Jor­
I dan. Dans la quatrième on donne des applications topologiques des précédents
I résultats.
§0■ En second lieu on étudiera la structure du groupe linéaire. On décrira en parti­
culier un ensemble de générateurs. On déterminera le centre, et les sous-groupes
1
1 distingués.
I

I
Q
203
1. Polynôm e m inim al d'un endom orphism e
Soit k un corps quelconque et soit E un espace vectoriel de dimension finie sur
k. Soit / e ^ {E ) une application linéaire de E dans lui-même. Définissons xme
application
ev: k [ X ] - ^ ^ { E )
par :

i i
Dans la suite sera noté P(/). Dans cette formule f désigne l'iden­
tité Id. Concrètement, dans le polynôme, à la variable X on substitue l'application
linéaire /. On a (proposition 2, section 5, chapitre 3) :

P r o p o s i t i o n 1 . L'application ev est un homomorphisme d'anneaux.

D é m o n s t r a t i o n . Refaisons brièvement la démonstration.


Si P = E i et Q = E j on a :

ev(P + Q) = + bi)f = -F = ev(P) -|- ev(Q).


i i i
De même on calcule :
ev(PQ) = aebkf = •
£-\-k=i i k
Ce qui montre que ev est un homomorphisme d'anneaux. ■

Notons que pour tous P et Q dans k[X] on a P { f) Q { f ) = Q {f )P {f ).


Le noyau de l'application ev est donc un idéal. Comme l'anneau k[X] est principal
cet idéal est engendré par un polynôme qui est uniquement défini si lui on impose
d'être unitaire, (le. que le coefficient de son terme de degré dominant soit égal à 1) :

D é f in it io n 1

I Ce pol)môme est appelé par définition le polynôme minimal de l'application


linéaire /.

Le polynôme minimal de / est donc le polynôme unitaire non nul de degré


minimal armulant /.
Tout ce que Ton vient de dire se transcrit aussitôt au cas des matrices carrées.
Soit A une matrice carrée. Considérons l'application qui à un polynôme P e fc[X],
P = Y,i associe la matrice E i un homomorphisme d'anneaux de

204 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINEAIRE - C hap. 5


A:[Z] dans I'anneau des matrices carrées M „( à:). Le noyau de cet homomorphisme
est un idéal principal qui admet pour générateur un polynôme que l'on appellera
polynôme minimal de la matrice A.
Revenons au cas d'un espace vectoriel E et d'un endomorphisme /. Si on choisit
une base de de E et si A est la matrice associée à / dans cette base le polynôme
minimal de / coïncide avec le polynôme minimal de la matrice A.
Soit / une application linéaire de E dans E et soit P € Supposons que P
s'écrive comme un produit RS où iî et 5 sont des polynômes à coefficients dans
k premiers entre eux. Notons E q le noyau de l'application linéaire R{ f ) et E\ le
noyau de l'application linéaire 5(/).

P r o p o s i t i o n 2 . Avec les notations précédentes on a :


Les sous-espaces vectoriels E q et Ei sont stables par f , i.e. f{Eo) est contenu dans
Eo et f { E i ) est contenu dans E\,
— le noyau de P { f ) , Ker(P(/)) est somme directe de E q et E i,
- si P est le polynôme minimal de f , alors E = E o ® E i . Le polynôme minimal de
la restriction de f à E q est R, et le polynôme minimal de la restriction de f à E\
est S.

D ém onstration. Montrons par exemple que E q est stable par /. On doit montrer
que si on a un élément x 6 P tel que P(/)(x) = 0 alors on a a aussi R{f){ f{x )) = 0.
Mais on a R{f ) {f{x)) ^ f{R{f )){ x) = 0, ce qui démontre le résultat.
Comme P et 5 sont premiers entre eux d'après l'identité de Bézout il existe des
polynômes à coefficients dans k, soient U et V, tels que
UR-\-VS = l .
En substituant / à la variable X on obtient

U{f)R{f) + V{ f ) S { f ) = l d.
En particulier pour tout x e E on a

x = U{f)R{f){x) + V{ f ) S{ f ) { x) .
I
■TO Par ailleurs U{f)R{f){x) € Ei car on a :

S { fm f) R if) ) { x ) = U {f)R {f)S if){x) = t/(/)P(/)(x) = 0 .


De même on a V{ f)S{f){x ) e Eo, ceci montre que E est somme de Eo et Ei-
5
% Pour montrer que la somme est directe il faut démontrer que l'intersection de Eo
§ et El est réduite à {0}. Soit donc x e E o D E i . Considérons l'identité
Î
o
X = U{f)R{f){x) + V { f ) S { f ) { x ) ,
les deux termes de droite sont nuis. Ceci montre que x = 0 et achève cette partie
de la demonstration.
I
TO
3
c

5.1 POLYNÔME MINIMAL D’UN ENDOMORPHISME 205


Il reste à démontrer que le polynôme minimal de / restreint à E q (resp. E\) est
égal à R (resp. S). Soit R! (resp S") le polynôme minimal de / restreint à J5q
(resp. E\), Le polynôme R divise le polynôme R car R{ f) est nul sur E q par
hypothèse. De même le polynôme 5' divise le polynôme 5.
Comme d'un autre côté R!{f)S'{f) est nul sur E = E q ^ E\, R S divise R !R .
Comme on a aussi R! S' divise R S on en déduit que R = R! et S = S', m

Ce résultat est connu sous le nom de théorème des noyaux. Il se généralise comme
suit :
T h é o r è m e 1 . Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k, et soit
f e ^k{E) une application linéaire. Soit P e k[X] un polynôme. Supposons que P =
P\ •••Pi ‘ - Ph, où les polynômes Pi e k[X] sont premiers entre eux deux à deux. Soit
Ki le noyau de Pi{f), alors :
► les sous-espaces vectoriels K i sont stables par /,
► le noyau de l'application linéaire P { f) , KevP{f) est somme directe des sous-espaces
vectoriels K i,
► si P est le polynôme minimal de f l'espace vectoriel E est somme directe des K i,
et le polynôme minimal de la restriction de f à Ki est Pi.

D é m o n s t r a t i o n . Introduisons les polynômes Qi = Pj . Comme les poly­


nômes Pi sont premiers entre eux deux à deux les polynômes Qi sont premiers
dans leur ensemble.
D'après l'identité de Bézout il existe des polynômes U i,...,U h tels que
U iQ i H--------f- Uf i Qk , = 1.

En particulier si on substitue f a X on obtient :

E ^ i T O i ( / ) = w,
i

donc en particulier pour tout a; G £? on a :

i
Mais on a :

P i{f)U i{f) Q i{f){x) = U i{f)P i{f)Q i(f)(x )^ Q i{f)P {f){x )= 0 ,

donc pour tout Z on a :

U i{f)Q i{f){x) € K e r(P i(/)) = K i .

Ce qui implique que E est somme des sous espaces vectoriels AT».
Il reste à montrer que la somme est directe. Conservant les notations précédentes
notons TTi l'application linéaire U i ( f ) O A f )

206 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


L e m m e 1 . On я щж, =Q si гф j et -к\ = тг».
D é m o n s t r a t i o n . Considérons la première assertion. On a

= U i{f )Qi{f)Uj {f)Qj{f) = Ui{f)Uj{f)Q,{f)Q.(^f^.


Par construction des polynômes Qi le polynôme P divise QiQ. si i ^ i donc
Q i i f ) Q j i f ) = 0/ et donc TTiiTj = 0 .
Pour la seconde relation on considère la formule Id = Y^. тг^ et on la multiplie par
TTi (г fixé) :

='^i- B
j j

Montrons que le sous-espace vectoriel Ki est aussi l'image Li de l'application li­


néaire TTi. On vient de voir que L i C K i , en effet par définition de тг» on a P» о тг^= 0.
Inversement si x £ K i on a x = 7Ti(x), car pour tout on a ж, ощ{х) = 0. Mon­
trons que la somme est directe. Soit que si on a 0 = Y j vj avec Vj - nj{wj) avec
Wj G E, pour tout j on a Vj = 0. Si on applique à cette formule тг» pour un i donné,
comme plus haut on obtient 0 = Жг{щ) = 7г|(гу*) = T^iwi) = Vi. Le résultat suit.
La dernière partie du théorème se démontre comme plus haut. ■

D é f in it io n 2
Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k, et soit / une
application linéaire. On dit que \Gk, est valeur propre de / s'il existe un élément
non nul V € P tel que /(v) = Av. On dit que v est un vecteur propre associé à la
valeur propre A si /(v) = Av.

La somme de deux vecteurs propres associés à la valeur propre A est un vecteur


propre associé à la valeur propre A. De même si v est vecteur propre associé à la
valeur propre A, il en est de même pour av pour tout a G k. Notons que, avec
cette définition, 0 est toujours vecteur propre.

i
TJ P r o p o s i t i o n 3 « Soit E un espace vectoriel sur un corps fc, et soit f une application
linéaire. Soit X e к une valeur propre de f . Uensemble des vecteurs propres de f associés
à la valeur propre X est un sous-espace vectoriel de E appelé le sous-espace propre
associé à la valeur propre X. Il est noté E\.

Soient (Л1, . . . , Лп) les valeurs propres de /, et soient E\^,..., E\^ le sous-espaces
propres associés.

I L e m m e 2 « Les sous-espaces propres sont en somme directe.

Q
5.1 - POLYNÔME MINIMAL D’UN ENDOMORPHISME 207
D é m o n s t r a t i o n * En effet, supposons avoir une relation du type

= 0,
l^ i^ k

O Ù Viest un vecteur propre associé à la valeur propre de f . Les valeurs propres


Ai sont deux à deux distinctes. Il faut montrer que tous les V i sont nuis. On va
montrer que si on a une relation comportant k termes non nuis on peut obtenir
une relation du même type comportant A:—1 termes non nuis. Par récurrence
descendante on obtiendra une contradiction.
Chaque Vi est donc non nul par hypothèse. Écrivons la relation sous la forme
vi = Appliquons /, on obtient Aiî ;i = En multipliant
par Al la première relation et en soustrayant on obtient la relation :

^ (Ai - Ai)vi = 0 .

Chacun des termes de cette relation est non nul. Par itération on obtient :

PJ (Ai —Afc) 'üfc = 0,


W ^ k -l

donc = 0 en contradiction avec les hypothèses. ■

D é f in it io n 3

I Si la somme des sous-espaces propres est égale à l'espace E l'application linéaire


/ est dite diagonalisable.

Justifions cette terminologie. Soient E\. les sous-espaces propres de /. Si on choi­


sit une base de E qui est réunion de bases des E\. la matrice de / dans cette
base est une matrice diagonale.
Cette définition s'applique évidemment aussi à une matrice (n,n) identifiée à une
application linéaire de dans .
Le théorème suivant donne une caractérisation des applications linéaires diagona-
lisables.

T h é o r è m e 2 « Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k, et soit f


une application linéaire.
► Supposons que le polynôme minimal soit scindé sur k et que les racines soient de
multiplicité 1. Alors E est somme directe des sous-espaces propres de /. Inversement
si E est somme directe des sous-espaces propres de f le polynôme minimal de f a
toutes ses racines dans k et elles sont de multiplicité 1.

208 REDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


► Pour qu'un endomorphisme soit diagonalisable il faut et suffit qu'il soit annulé par
un polynôme scindé en produit de facteurs du premier degré et ayant toutes ses
racines simples.

D ém onstration. Commençons par la seconde partie. C'est une application im­


médiate du théorème des noyaux. Soient les racines du polynôme scindé en
facteurs du premier degré, ayant toutes ses racines simples qui annule /. On peut
alors lui appliquer le théorème des noyaux. L'espace vectoriel E est somme directe
des sous-espaces Ker(/ - Id). Si A^ est une valeur propre le noyau Ker(/ - Ai Id)
est le sous-espace propre E \ .. Il est nul si Ai n'est pas valeur propre. Le résultat
suit.
Réciproquement supposons / diagonalisable. Soient Ai, . . . , An les valeurs propres
de /. Soit v g E, par hypothèse v peut s'écrire sous la forme v = où Vi G E\^.
Montrons que l'endomorphisme Ylj (/ —Xj Id) est nul. On l'applique à z;, on a

n ( / - A j l d ) { v i ) = H ( / - A,- I d ) ( / - Ai I d ) ( t ;i ) = 0 .
j
Le résultat suit.
La première partie du théorème suit aussitôt en prenant pour P le polynôme
minimal. ■

Ce résultat se transcrit immédiatement aux matrices.


Soient / et ^ deux applications linéaires diagonalisables, le résultat suivant indique
quand ces applications sont simultanément diagonalisables.

P r o p o s i t i o n 4 * Soit E un espace vectoriel sur un corps k. Soient f et g deux appli­


cations linéaires qui commutent : fg = g f. Supposons que f et g soient diagonalisables,
alors elles sont diagonalisables dans une base commune.

Démonstration* Notons E\ les sous-espaces propres de /. On va montrer qu'ils


sont stables par g. Soit en effet v G Ex, on a alors f{g{v)) = g(f{v)) = g{Xv) = Xg{v),
soit g{v) G Ex.
Montrons maintenant que la restriction de g a Ex est diagonalisable. Comme g
est diagonalisable elle est annulée par un polynôme ayant toutes ses racines dans
le corps de base, celles ci étant de multiplicité 1. Ce polynôme annule aussi la
restriction de ^ à S a qui est donc diagonalisable.
On peut aussi facilement démontrer que Ex est somme directe des S a flF^, où
les S^ sont les sous-espaces propres de g. ■

Q
® 5.1 - POLYNÔME MINIMAL D’UN ENDOMORPHISME 209
C orollaire. Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps fc, et soient
f i, i e I un ensemble d'applications linéaires qui commutent deux à deux : f i f j = f j f i ,
pour tout i et tout j . Supposons que les applications linéaires fi soient diagonalisables,
alors elles sont diagonalisables dans une base commune.

D ém onstration. Supposons avoir démontré le résultat pour un ensemble de n


applications linéaires commutant deux à deux. Démontrons maintenant le résul­
tat pour un ensemble de n + 1 applications linéaires /1, . . . , fn+i commutant deux
à deux. L'espace vectoriel E est somme directe des sous-espaces propres de /n+i.
Ceux-ci sont stables par /1, . . . ,/n/ on peut donc appliquer l'hypothèse de récur­
rence à la famille /1, . . . , /n sur chacun de ces sous-espaces propres. Notons que
chaque fi est diagonalisable sur un sous-espace propre de /n+i à cause du même
argument que plus haut. On trouve une base de chacun des sous-espaces propres
de /n+i où chaque f i, l ^ i ^ n a une matrice diagonale. Le résultat suit car /n+i
a bien évidemment une matrice diagonale dans cette base.
Le résultat s'étend à une famille infinie d'applications linéaires pourvu que l'on
suppose E de dimension finie (exercice). ■

2. Théorème de Cayley-Ham ilton


La section précédente n'a pas donné de moyens de calculer les vecteurs propres.
C'est ce que l'on va rappeler maintenant.
Introduisons une définition. On rappelle que le polynôme caractéristique d'une ma­
trice de taille (n,n), M, est le déterminant det{M —XIn)- C'est un élément de
k[X]. Dans cette formule In est, comme d'habitude, la matrice unité, diagonale
(n, n) avec des 1 sur la diagonale. Soit / une application linéaire et M la matrice
de / dans une base B. On appelle polynôme caractéristique de /, le détermi­
nant det(M - XIn ). Ce polynôme ne dépend pas de la base choisie. En effet si on
effectue un changement de base de matrice de passage P le nouveau polynôme est
det(p-^M P - X I n ) = det(p-^) det(M - X In) det(P) = det(M - X I n ) .
On le notera donc det(/ - Xl d ) e k[X].

Définition 1
Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k, et soit / une
application linéaire. On appelle polynôme caractéristique de / le polynôme
d e t ( / - X I d ) G k[X].

Le degré du polynôme caractéristique est la dimension de l'espace E.

210 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINEAIRE - C hap. 5 .


On a :
P r o p o s i t i o n 1 * Soit E un espace vectoriel sur le corps k, et soit f une application
linéaire de E dans E, Un élément X G k est valeur propre de f si et seulement si il est
racine du polynôme caractéristique de /.

D é m o n s t r a t i o n * Un élément X e k est valeur propre de / si et seulement si


l'application linéaire / —AId n'est pas injective. Autrement dit si et seulement si
det(/ —Aid) est nul. Donc si et seulement si A est racine du polynôme caractéristique
det(/-XId). ■

Comme tout polynôme non constant a au moins une racine dans un corps
algébriquement clos on a :
C o r o l l a i r e « Soit E un espace vectoriel de dimension finie, non nulle, sur un corps k
algébriquement clos. Une application linéaire de E dans lui-même a toujours au moins
une valeur propre.

Soit / une application linéaire d'un espace vectoriel sur un corps k, de dimension
finie sur k, dans lui-même. Si elle a toutes ses valeurs propres dans le corps k et
deux à deux distinctes, le polynôme caractéristique est égal au polynôme minimal.
Cette propriété a lieu dès que les racines du polynôme caractéristique dans une
clôture algébrique du corps de base sont deux à deux distinctes.
Les commentaires précédents peuvent être démontrés directement ou être vus
comme une conséquence du théorème de Cayley-Hamïlton qui suit :
T h é o r è m e 1 « Soit f e S^{E). Le polynôme minimal de f divise le polynôme caracté­
ristique de f .

D é m o n s t r a t i o n « Notons A ( A T ) le polynôme caractéristique de / : det(/ — X ld ).


Choisissons une base pour E . Soit A la matrice représentant / dans la base choisie.
Nous allons travailler dans les matrices à coefficients dans l'anneau des polynômes
k[X].
Notons B{X) la comatrice (à coefficients dans A:[X]) de la matrice A - X In , où n
I est la dimension de E. Le terme bj^i de la matrice B{X) est obtenu comme suit :
on enlève la ¿-ième colonne et la j-ième ligne à la matrice A - Xln, on calcule le
déterminant de cette matrice de taille (n - l,n —1) et on le multiplie par (— .
Les formules de Cramer pour l'inverse d'une matrice expriment que :
{ A - X I n ) B { X ) = A{X)In.
Le degré des coefficients de la matrice B{X) en tant que polynômes à coefficients
dans k est au plus n - 1. En effet, en considérant une matrice obtenue à partir de
A - X l n en enlevant une ligne et une colonne on obtient une matrice dont au plus

5.2 - THÉORÈME DE CAYLEY-HAMILTON 211


n - 1 termes sont des polynômes en X de degré 1. Tous les autres termes sont
constants. Les termes de plus haut degré que l'on peut obtenir en développant
sont produits de n —1 polynômes de degré 1, donc de degré n —1. Le déterminant
comme polynôme est donc de degré au plus n —1.
Écrivons donc B {X ) sous la forme
Bo + X B i + - - - + X ^ -^ B n -i,
où les matrices Bi sont à coefficients dans k. Le polynôme caractéristique A (X)
s'écrit sous la forme
c o + c i X + .*. + ( - i r X ^
où les Ci sont des éléments de k. On a donc la relation suivante :
(co + Cl X + •••+ CiX^ + •••+ (— = •••
•••= (A - X \ ){B q + •••+ X^Bi + •••+ .
Ce qui donne en développant le terme de droite :
( cq + Cl + •••+ C iX ^ + ••• + (— = •••

... = + {AB^ - B^)X + ... + {ABi - Bi.i)X^ + •.. + {-B n -i)X ^ .


Les coefficients de sont dans chacun des deux termes des matrices à coefficients
dans k, on peut donc les identifier. On obtient alors les relations suivantes :

AB q = Colfiy •••> ABi B i-i = Cilfi) •••) ~ B fi-i — •


Substituons à B q sa valeur donnée par la seconde équation, soit ABi -c\ In , dans
la première. On obtient A{AB\ —c\In) —cqI u = 0, soit J^B\ —c\A —co/n = 0. On
substitue alors dans cette dernière équation la valeur de B\ donnée par AB 2 —
B\ = C2In, et ainsi de suite. On obtient au ¿-ième pas l'équation suivante :
A ^ B i - i — C i-iA ^ ~ ^ — C i-2 A ^ 2 _ ... _ cq /^ = 0 ,

et au dernier pas :
(_l)n+l^n_c^_l^in - 1 Ci-\A —0 .
Ceci démontre que le polynôme caractéristique s'annule quand on l'évalue sur la
matrice de / dans une base quelconque, ou ce qui est équivalent sur /. h

Soit E un espace vectoriel de dimension n sur un corps k algébriquement clos, et


soit / une application linéaire. Soit P = {—l)^ Yli{X —Xi)^^ le polynôme caracté­
ristique de /, les Ai étant deux à deux distincts. Le théorème des noyaux implique
que E est somme directe des sous-espaces Ei = Ker(/ - Ai Id )"*. Le polynôme
caractéristique de la restriction de / a Ei est au signe près (X —Ai)"".

212 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


D é f in it io n 2

I Le sous-espace Ei est par définition le sous-espace caractéristique de / associé à


la valeur propre .

Matrices compagnons et invariants de similitude


Étant donné un polynôme de degré n à coefficients dans un corps k il existe
toujours une application linéaire d'un espace vectoriel de dimension n dans lui-
même qui admet ce polynôme comme polynôme caractéristique.
P r o p o s i t i o n 2 . Soit P = ao-\- - - - - ai -\- - - - - - - h X'^ un polynôme à coefficients dans
k. La matrice ( n , n ) suivante admet P pour polynôme caractéristique :
/0 ... ... 0 — ÜQ \
1 0 ... 0 - a i

0 :

1 0 —0> n-2
Vo ... 0 1 ^ n —1 /

Une matrice de ce type est appelée la matrice compagnon associée au polynôme P.

Soit / G SBk{E), Supposons que E est de dimension finie sur k A - Xîn. Il est
possible de montrer que l'on peut trouver une décomposition en somme directe
de E, telle que :
► Chaque Ei est stable par f , le. f( E i) c E i,
► on peut trouver une base de Et dans laquelle la restriction de f k E{ a pour
matrice une matrice compagnon de polynôme caractéristique Pi ,
► le polynôme Pi divise si i < h.

On a :
T h é o r è m e 2 . La décomposition précédente a les propriétés suivantes :
► La suite des polynômes Pi est uniquement déterminée par / , autrement dit, elle est
la même pour toute décomposition satisfaisant aux propriétés ci-dessus,
► le polynôme Ph est égal au polynôme minimal de f ,
► le polynôme caractéristique de f est égal à П к г ^ / г
I ► si deux applications linéaires f et g sont conjuguées sous l'action du groupe linéaire,
et si on note Pi et Qi les polynômes qui leur sont associés on a Pi = Qi pour tout i,
► inversement soient deux applications linéaires f et g, et soient Pi et Qi les poly­
Ia nômes associés. Si on a Pi = Qi pour tout i les applications linéaires f et g sont
s conjuguées.
I
T3
Q
5.2 - THÉORÈME DE CAYLEY-HAMILTON 213
Nous n'allons pas démontrer ce théorème. La démonstration en sera faite en exer­
cice. Notons seulement que les points deux et trois de l'énoncé sont faciles. Le
troisième point résulte d'un calcul explicite, le second de la condition de divisi­
bilité portant sur les polynômes. La cinquième condition est elle aussi facilement
démontrée.
Les parties difficiles sont en premier lieu l'existence affirmée avant le théorème,
puis l'unicité de la suite de polynômes. Tout ceci sera proposée en exercice.
Les polynômes définis plus haut sont appelés les invariants de similitude de
l'application linéaire.
Notons enfin pour conclure l'analogue pour les matrices.
Deux matrices (n,n) A et B sont semblables s'il existe une matrice inversible
(n,n), soit P , telle que A = P~^BP. Identifiant les matrices à des applications
linéaires de dans lui-même on peut associer à chacune une suite de polynômes
avec les conditions indiquées plus haut.
Alors le théorème précédent affirme que les matrices sont semblables si et seule­
ment si les deux suites de polynômes coïncident. Ceci permet donc de déterminer
les classes de conjugaison du groupe linéaire.

3. Triangularisation des m atrices et réduction de


Jordan
On suppose dans toute cette section que l'on travaille sur un corps algébriquement
clos. On pourra se restreindre au corps C.

Théorèm e 1 • Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps algébrique­


ment clos. Soit f une application linéaire de E dans lui-même, alors il existe une base
de E dans laquelle la matrice de f est triangulaire supérieure.

D ém onstration. On raisonne par récurrence sur la dimension de E . Soit n la


dimension de E . On admet que l'on a démontré le théorème pour toutes les
applications linéaires sur des espaces vectoriels de dimension n - 1.
Le corps de base étant algébriquement clos l'application linéaire / a au moins une
valeur propre Л. Soit v e E un vecteur propre non nul associé à Л et soit F le sous-
espace vectoriel de dimension 1 de E engendré par v. L'espace vectoriel quotient
Е / F est de dimension n —1. L'application / envoie par hypothèse le sous-espace
F dans lui-même. Elle induit donc une application linéaire f : E l F ^ E j F telle
que 7ГO/ = 7 O7Г, où 7Г est la projection canonique de E sur E /F .
Par hypothèse de récurrence on peut trouver une base (e^,... ,e^) de E / F dans
laquelle la matrice f est triangulaire supérieure, notons la B . Choisissons des

214 REDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


éléments ег,. . . , en ^ Æ? tels que тг(е2) = ,.. •, тг(еп) = . Montrons que le système
(г;,62, . . . , en) est une base de E , Comme il est constitué de n vecteurs il suffit de
montrer que c'est un système libre. Supposons que l'on ait une relation :

av “h ^ ^ Oii^i 0,
г= 2,. .. ,п
en appliquant тг on obtient

Q!ie-=0,
¿ = 2 , .. ., n

donc tous les coefficients sont nuis. Il reste donc av = 0, mais comme v est non
nul, a est nul.
La matrice de / dans cette base est alors de la forme souhaitée, à savoir :
/ A a 2 ... an \

0 (B)
V /

En effet, on a d'un coté f{v ) = Xv. Par ailleurs pour 2 ^ г ^ n o n a /(е^) =


modulo un élément de F , soit /(e^) = bj^iCj + aiV. ■

De même que l'on a étudié la diagonalisation de deux applications linéaires (ou


d'une famille d'applications linéaires) qui commutent on peut étudier la triangu-
larisation de deux applications linéaires qui commutent :

Proposition 1• Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps algébrique­


ment clos. Soient fi, i e I, une famille d'applications linéaires commutant deux à deux.
Alors on peut trouver une base de E dans laquelle chacune de ces applications linéaires
a une matrice triangulaire supérieure.

Démonstration. Elle est proposée en exercice. ■


i
Réduction de Jordan
La réduction de Jordan est une forme particulière de triangularisation qui est très
utile dans certains cas, en particulier dans des études théoriques. Nous allons nous
placer uniquement sur le corps C pour faire cette étude, et procéder en deux
étapes.
I
s Dans la première étape, on supposera que le polynôme minimal (ou le polynôme
caractéristique, ce qui est équivalent) a une seule racine.

5.3 - TRIANGULARISATION DES MATRICES, RÉDUCTION DE JORDAN 215


Supposons donc que le polynôme minimal de / soit de la forme (A —X)^. Pour
tout entier £ compris entre 1 et A; définissons un sous-espace vectoriel de E
par la formule suivante :

E , = {i;€£;|(AId-/)^(v) = 0}.

Le sous-espace E\ est l'ensemble des vecteurs propres et par hypothèse on a Ek =


E . On a la suite d'inclusion :

El C - • C Ee c - •C Ek = E .

Notons g pour l'application linéaire / - A id . Par définition g{Ei) est contenu


dans E i-i,
Choisissons un supplémentaire Fk de Ek~\ dans Ek = E . Notons que par définition
g^~^ est injective sur F k .
Puis, choisissons un supplémentaire de la somme Ek -2 + g{Fk) dans E k -i.
En fait, il est facile de voir que la somme précédente est directe. Nous donnerons
un énoncé plus général dans le prochain lemme.
Par récurrence supposons avoir défini des sous-espaces vectoriels

F k Cl E k ) * * * ) -Pi+i C E i^ i .

Définissons alors Fi comme un supplémentaire de

dans E i. Cette construction est justifiée car le sous-espace

E
est contenu dans E i . En effet par construction pour tout £ tel que i - ^ l ^ £ ^ k le
sous-espace g^~‘^{Fe) est contenu dans E i.
Par définition g^~^ est injective sur Fi, et en fait sur Fi -h

Lemme 1 • L'espace vectoriel E est isomorphe à la somme directe :

0 (0
l^e^k

D ém onstration, La démonstration consiste essentiellement à vérifier que les


sous-espaces qui apparaissent dans la formule sont en somme directe.

216 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - Chap. 5


Pour montrer que la somme eôt directe il nous faut établir que si on a une relation
de la forme :
'’e ,t = 0 ,
i^e^ko^t^e-1
avec Vi^t e tous les éléments sont nuis.
Pour montrer que E est égal à cette somme directe, il faut aussi établir que tout
élément de E s'écrit sous la forme avec ^ 9^{Eî )^
Considérons d'abord la première question.
Supposons donc que fc > 1 (le cas A;= 1 est clair) et appliquons à la relation. Il
nous reste = 0/ tous les autres termes de la somme étant dans le noyau
de g ^ ~ ^ . Or g^ ~ ^ est injectif sur F k comme on l'a dit plus haut. En effet F k a par
construction une intersection réduite à {0} avec Ek-\, donc Vk^Q = 0.
Appliquons maintenant g^~'^ on obtient l'équation : g^~"^{vk,\) + = 0.
En effet tous les éléments Vi^j de la somme pour i ^ k —2 sont annulés par
et on vient de montrer que Vk^çi est nul. Ainsi qu'on l'a dit plus haut l'applica­
tion est injective sur Fk-\ ^ g {F k ), en effet cette somme directe (qui l'est
par construction) a par définition une intersection avec Ek -2 réduite à {0} car
g{Fk)C^Ek-2 = {0} puis que g^~^ est injectif sur g{Fk)- Il reste donc Vk,\ +î^fc-i,o =0.
Comme les sous-espaces Fk~\ et g { F k ) sont par construction en somme directe
ceci implique que Vk^\ = = 0.
Passons au cas général, soit i un entier fixé entre 0 et fc —1. Supposons avoir
montré que : Vh,i = 0 pour tous h tels que h —i > i , que les sous-espaces g'^{Fh),
pour h —i > i sont en somme directe, enfin que l'application g^ est injective sur

L' image du sous-espace précédent par g est aussi une somme directe :

i'O
qui est par construction d'intersection réduite à {0} avec E^-i et donc par définition
de on récupère la somme directe suivante
k -i-t
I 0 9 {F k-t).

sur laquelle par construction g^ ^ est injective.


8*
I Appliquons g^~^ à la relation considérée plus haut. Étant donné que les vecteurs
Vh^i sont nuis pour h tel que h —i > i ei que g^~^ s'annule sur les sous-espaces

5.3 - TRIANGULARISATION DES MATRICES, RÉDUCTION DE JORDAN 217


g^{Fh) pour ^ > /i - 2, on en déduit la relation :

9^ ^('i^£,0 + ••• + Vk,k-i) = 0 •

Mais comme est injective sur [Fk-t) il en résulte que tous les
éléments Vk-e+t^t sont nuis. Le résultat suit. ■

Construisons alors une base de E comme suit. Pour chaque Fi on choisit une base
que l'on notera (ei,i, . . . , e^,di ), où est la dimension de F i. Le résultat précédent
montre que :
Proposition 2 . Le système de vecteurs

(^1, 1 ) • • • ) ^lydi ) )

(^1,1 ) • • • ) ^ ( e^, ! ) ) ï • • • } , • •• ) P ) ) •••) P

(efc,i, •••, (efc,i) , . . . , ( e f c . i {ek,d^ , •••, 5 ' ' " a )>•••> i^h.dk ))

est une base de l'espace vectoriel E.


C'est par définition une base de Jordan pour /. C'est-à-dire une base dans laquelle la ma­
trice f est triangulaire supérieure et ne comporte, éventuellement, comme termes non nuis
au dessus de la diagonale principale que des 1 sur la diagonale qui lui est immédiatement
supérieure.

L'énoncé est précisé par la démonstration ci-dessous.

D é m o n s t r a t i o n , Soit i tel que 1 ^ 2 ^ fc et que 1 ^ . Soit un entier t tel que 1 ^


t ^ di, soit alors Ei^i, le sous-espace engendré par les vecteurs
On vient de voir que l'espace E est somme directe des sous-espaces Ei^e. Ces
sous-espaces sont stables par /. On a en effet

f{9^{^i,t)) = (-ff + AId)/(ei,«) = + Xg'^iei/).

Étant entendu que g^ {ei/) est nul si h~^i.


En fait le système (ej,^),..• constitue même une base de Ei^,, et dans
cette base la matrice de la restriction de / a la forme :
/A 1 O' ... 0\
OA 1 :
: 0
A 1
V o ... 0 A/

218 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


La matrice de / est donc en fin de compte une matrice diagonale par blocs :

/ J\,d\ •• 0 \
b *^l,d2 0
0 ... 0
V0 .......... ^ /
où Ji^e est la matrice de la restriction de / au sous-espace vectoriel Ei^e.

Il nous reste à traiter le cas général de la jordanisation. Soit donc f une applica­
tion linéaire d'un espace vectoriel complexe E de dimension finie dans lui-même.
Puisque le corps sur lequel on travaille est C le polynôme minimal de / a toutes
ses racines dans le corps et se scinde donc en produit de polynômes de la forme

Appliquons le théorème des noyaux au polynôme caractéristique, il implique que


l'on peut écrire E comme somme directe de sous-espaces caractéristiques Ei stables
par /. Sur ces sous-espaces, la restriction de / a pour polynôme minimal un divi­
seur de {X - Xi)^^. En fait ce dernier polynôme est le polynôme minimal d'après
le théorème des noyaux.

On est donc ramené sur chaque Ei au cas précédent. Une base de jordanisation
est alors par définition une base obtenue par réunion de bases de jordanisation
sur chacun de ces sous-espaces. я

Dans la fin de cette section nous allons donner des conséquences. Nous travaillerons
uniquement dans un cadre matriciel.

D é f in it io n 1
I Une matrice N G Mn(fc) est dite nilpotente s'il existe un entier i tel que iV^ = 0.

P r o p o s i t i o n 3 « Une matrice triangulaire supérieure dont tous les éléments diagonaux


sont nuis est nilpotente.

D é m o n s t r a t i o n . En fait si T eM n(k) désigne la matrice en question on a T^=0.b

D é f in it io n 2
I Une matrice U G M n{k) est dite unipotente si la matrice U —In est nilpotente.

En particulier si la matrice N est nilpotente la matrice I n N est unipotente.

Q
5.3 - TRIANGULARISATION DES MATRICES, RÉDUCTION DE JORDAN 219
T h é o r è m e 2 « Soit A une matrice (n, n) à coefficients dans un corps k algébriquement
clos. Alors il existe une matrice diagonalisable D et une matrice nilpotente N telles que :
^ A = D +N ,
^ DN = ND.

Si de plus la matrice A est inversible alors les matrices D et N sont uniquement


déterminées par ces conditions.

D é m o n s t r a t i o n » On commence par trouver une base de jordanisation pour A.


Il existe une base B ' et donc une matrice de changement de bases P telle que la
matrice P~^AP = (ttîj) soit une réduite de Jordan. La matrice P~^AP peut donc
s'écrire comme somme de la matrice A = {d ij) définie par :
( di^i = TTi^i,
X d ij = 0, si i ^ j
et de la matrice N = {riij) définie par :

\ Si J = 0, si j
La matrice N n'a de termes non nuis que sur la diagonale juste au dessus de la
diagonale principale. Ces termes ne pouvant prendre que la valeur 1. Les matrices
A et AT commutent, donc les matrices PAP~^ et PNP~^ répondent à la question
posée. Il reste à démontrer l'unidté de la décomposition.
Considérons une décomposition A = D' + N' avec les propriétés requises. Les ma­
trices A, D et N commutent ceci entraîne en particulier que les sous-espaces
propres de D sont stables par A et N . Ces sous-espaces constituent une décompo­
sition en somme directe de . Ils coïncident avec les sous-espaces caractéristiques
de A, ils sont donc bien déterminés et on peut se restreindre au cas où D' est une
matrice diagonale. Ceci implique le résultat. m

4 . Applications topologiques de la diagonalisation et


de la triangularisation
Dans cette section, le corps de base sera C , sauf brièvement, à la fin, où on se pla­
cera sur M. Rappelons que sur l'espace vectoriel complexe M n ( C ) de dimension
finie, toutes les normes sont équivalentes. Dans la suite on choisira par exemple
la norme donnée par \\A\\ = Y,- - |aij|.

P r o p o s i t i o n 1 . L'ensemble des matrices inversibles est ouvert et partout dense dans


l'ensemble des matrices.

220 REDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINEAIRE - C hap. 5


D é m o n s t r a t i o n . En effet une matrice est inversible si et seulement si son
déterminant est non nul. Le déterminant est une application :
M n (C )^ C .
Cette application est donnée par une fonction polynomiale, elle est donc continue.
L'ensemble des matrices inversibles Gln(C), qui est l'image inverse de l'ouvert
C —{0}, est ouvert.
Pour ce qui est de la densité, on considère une matrice A quelconque. Cette matrice
peut être triangularisée. Il existe une matrice P inversible telle que P~^AP = T est
triangulaire. La matrice T est inversible si et seulement si ses éléments diagonaux,
qui sont les valeurs propres de A, sont tous non nuis.
Modifions T en la remplaçant par T + e in •On peut trouver des e g C de module
arbitrairement petit tels que T + eIn soit inversible. En fait dès que le module
de e est strictement inférieur à celui des éléments diagonaux de T et non nul la
matrice T + ein est inversible.
La matrice P {T + eIn)P~^ est donc inversible dès que le module de e est assez
petit et non nul. Cette matrice est égale a A + ein , quand |£:| tend vers zéro cette
matrice admet pour limite la matrice A. Le résultat suit. ■

Proposition 2 . Uensemble des matrices diagonalisables est partout dense dans l'ensemble
des matrices.

D é m o n s t r a t i o n . Comme pour le résultat précédent on commence par triangu-


lariser la matrice A : on a T = P~^ AP pour une certaine matrice P . Mais au lieu
d'ajouter à T un multiple de In on ajoute une matrice diagonale :
/£i 0 ... 0 \

E = 0
0
^ 0 ... 0 £„/
Considérons la matrice T A E , on peut trouver des valeurs de e i , ... »^n/ de mo­
dule aussi petit que l'on veut, telles que les éléments diagonaux de T E soient
deux à deux distincts.
Soit en effet x = {x\^... ^Xn) un vecteur dont les composantes sont deux à deux
distinctes. Soit v = {v\^... ,Vn) un vecteur quelconque.
Montrons que le vecteur î; + ix = (?;i, . . . , Vn) + t{x\, . . . , Xn) a ses coordonnées deux
à deux distinctes dès que le module de t est assez petit et non nul. Sinon on aurait
une équation de la forme + txi = vj + t x j. Mais comme Xi ^ X j, si г ^ j , cette
équation a une solution et une seule éventuellement nulle. Il faut qu'un nombre
i
fini d'équations de ce type n'ait pas lieu. Il suffit donc de prendre t non nul et de
I
I
Q
5.4 - APPLICATIONS DE LA DIAGONALISATION ET DE LA TRIANGULARISATION 221
module inférieur à celui des solutions de ces équations pour garantir que v -\-tx
a ses coordonnées deux à deux distinctes.
Pour ces valeurs de t la matrice T + tE est triangulaire avec des éléments diago­
naux deux à deux distincts la matrice est diagonalisable. Il en est de même de
P {T + Œ)P~^ = A -{-tE . Quand t tend vers zéro cette matrice tend vers A. Le
résultat suit. H

P r o p o s i t i o n 3 . L'ensemble des matrices (n, n) ayant des valeurs propres deux à deux
distinctes est un ouvert partout dense dans l'ensemble des matrices.

D é m o n s t r a t i o n . Une matrice A a ses valeurs propres deux à deux distinctes si


et seulement si son polynôme caractéristique P n'a pas de racines communes avec
son polynôme dérivé P '. Cette condition s'exprime par la non nullité du discri­
minant de P (chapitre 3, section 8). Mais le discriminant de P est un polynôme
en les coefficients de P , c'est une application
M ,(C )— >c.
C'est une fonction polynomiale en les coefficients de la matrice A, elle est donc
continue. L'image inverse de l'ouvert C - {0} qui est l'ensemble des matrices dont
les valeurs propres sont deux à deux distinctes est donc un ouvert de l'ensemble
des matrices.
Pour ce qui est de la densité l'argument donné pour la proposition 2 fonctionne à
l'identique. ■

P r o p o s i t i o n 4 # Le groupe des matrices (n, n) à coefficients complexes inversibles est


connexe par arcs et donc connexe.

D é m o n s t r a t i o n . On va en donner deux démonstrations.


La première utilise le lemme suivant :

L e m m e 1 . Le plan complexe privé d'un nombre fini de points est connexe par arcs.

La démonstration est laissée au lecteur.


Soient A y B eG L n {C ), considérons le polynôme en la variable complexe ^
det{zA-]r {1 - z)B ). Ce polynôme a un nombre fini de racines. On peut donc
trouver un chemin 1 1-> j{t) de 0 à 1 dans C tel que pour toute valeur t com­
prise entre 0 et 1 le déterminant d etj{t)A + (1 - 'y{t))B soit non nul donc que la
matrice j{t)A + (1 - y{t))B soit inversible. Ce qui démontre l'assertion.
La deuxième démonstration utilise la triangularisation. On commence par obser­
ver qu'il suffit pour démontrer la connexité par arcs de construire un chemin
d'une matrice quelconque à la matrice identité. En effet pour construire un chemin

222 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5 .


d'une matrice A à une matrice B il suffira alors de mettre bout à bout un chemin
joignant A à la matrice identité, puis un chemin joignant la matrice identité à B .
Précisons, soit un chemin, c'est-à-dire un arc continu a : [0,1] GLn(C), de A
à A' (a(0) = A, a(l) = A') et un arc continu a' : [0,1] GLn(C), de A' à Æ’
(a '(0) = ^ ', a '(l) = A”).
On définit un arc continu 7 de A à A” par j{t) = a{2t) si 0 < i < et 7 (i) =
a '(2i - 1) si I < i < 1.
Soit A une matrice A quelconque. On peut trouver une matrice P telle que P~^ AP
soit une matrice triangulaire supérieure T. Commençons donc par construire un
chemin de T à la matrice identité. Le chemin est donné comme suit. On commence
par relier la matrice triangulaire à une matrice diagonale par :

( «1,1 (1 - i )a i,2 ••• (1 - \


0 tt2,2 (l-i)a 2 ,3 ( l - i ) a 2 ,n

0
0 0 Û 71—l , n —1 (1 i ) ® n —l , n

0 ... ... )
t variant de 0 à 1.
Posons et relions la matrice diagonale à la matrice identité par :

0 ... 0 \
0 **. :
0
\ 0 0 q)Î

En mettant ces chemins bout à bout on obtient un chemin 7 de la matrice trian­


gulaire T à la matrice identité. Soit alors 7 un chemin de T à la matrice identité.
Le chemin
t P-f{t)P-^
est un chemin de la matrice >1 à la matrice identité. m
I
P r o p o s i t i o n 5 * La classe de conjugaison d'une matrice est fermée si et seulement si
elle est diagonalisable.

D é m o n s t r a t i o n » Supposons la matrice A diagonalisable. Soit P le polynôme mi­


nimal de A. Il n'a que des racines simples et par définition il annule A. Supposons
donné une suite de matrices An dans la classe de conjugaison de A convergeant
dans Mn(C) vers une matrice B . L'application qui à une matrice M associe la ma­
I
trice P{M ) est une application continue de l'espace Mn(C) dans lui-même. Elle

Q
5.4 - APPLICATIONS DE LA DIAGONALISATION ET DE LA TRIANGULARISATION 223
est donc nulle sur la matrice B , le polynôme minimal de B est donc un diviseur
de P. Il a donc toutes ses racines simples et B est donc diagonalisable. En fait,
toute valeur propre X de A est valeur propre de B et le polynôme minimal de
B est égal à P . En effet soit v eC ^ un vecteur non nul tel que Av = Xv. Suppo­
sons que An = P~^APn ; alors le vecteur propre Pn^v est vecteur propre de An
associé à la valeur propre A. De la suite de vecteurs

\\Pn^v\\
on peut extraire une sous-suite convergente. En effet ces vecteurs sont dans la
sphère de rayon 1 qui est compacte. Par construction cette suite converge vers un
vecteur propre de B associé à la valeur propre A. II faut montrer encore que la
dimension des sous-espaces propres est la même. Puisque la matrice est diagona­
lisable la dimension du sous-espace propre associé à une valeur propre A est la
multiplicité de A comme racine du polynôme caractéristique. Or les coefficients
du polynôme caractéristique dépendent continûment des coefficients de la ma­
trice et sont constants sur une classe de conjugaison. La matrice B a donc même
polynôme caractéristique que A, et lui est donc conjuguée.
Inversement soit A une matrice non-diagonalisable. Choisissons en une réduction
de Jordan. Il y a donc au moins un terme non nul égal à 1 immédiatement au des­
sus de la diagonale principale. Les matrices Ae obtenues en remplaçant les termes
égaux à 1 immédiatement au dessus de la diagonale principale par e quelconque
sont toutes conjuguées. Admettons ce point, alors si on fait tendre e vers zéro la
matrice Ae tend vers une matrice diagonale. La classe de conjugaison de A étant
constituée uniquement de matrices non-diagonalisables n'est pas fermée.
Le point laissé en suspend sera démontré en exercice par le lecteur en faisant une
homothétie sur les vecteurs de base, le rapport dépendant du vecteur. m

Nous noterons pour conclure que :

Proposition 6 . Le groupe GLn(M) n'est pas connexe.

D é m o n s t r a tio n O En effet on commence par considérer l'application déterminant :

lM[y2- ^ •
Comme elle est donnée par une fonction polynomiale des coefficients elle est con­
tinue. Le groupe GLn (M) qui est l'image inverse de l'ouvert R - {0} est ouvert,
mais son image par le déterminant n'est pas connexe, donc il ne peut être connexe.
Ce résultat sera complété en exercice. m

224 REDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


5. Générateurs du groupe linéaire
Dans cette section nous allons décrire un système de générateurs du groupe linéaire,
puis en déduire des conséquences. On étudiera aussi le groupe dérivé du groupe
linéaire.
Soient donc k un corps, un espace vectoriel E sur k, de dimension finie, et le
groupe linéaire GL(Æ7). On se placera aussi dans un contexte matriciel. On con­
sidérera donc E = kP’ et le groupe GLn(fc) dont on sait qu'il est isomorphe à
GL(£J) si E est de dimension n.
Introduisons des classes particulières d'applications linéaires :
Définition 1
On appelle dilation de l'espace vectoriel E une application qui laisse fixe points
par points un hyperplan H et qui laisse fixe globalement une droite vectorielle
D supplémentaire, cette droite est la direction de la dilatation.
On appelle transvection d'hyperplan H, d'équation a e E *, et de direction v e
H, V ^ 0 , l'application linéaire / de £" dans lui-même telle que :
f{x ) = X -h a{x)v
pour tout X e E .

Notons que a est donné dans la définition de la transvection. Mais il est clair que
l'on peut remplacer v par av, et a par a~^a avec a e k * .
On va démontrer :
Théorèm e 1 • Les transvections et les dilatations constituent un système générateur de
G L {E ).

On va donner une démonstration basée sur le calcul matriciel et on va donc


considérer un énoncé analogue pour le groupe G Ln{k). En fait on montrera
que les matrices correspondant à certaines transvections et à certaines dilatations
I'd
particulières engendrent G Ln{k).
Commençons par décrire les matrices des dilatations et des transvections dans des
bases privilégiées.
Pour ce qui est des dilatations, on choisit une base constituée de la réunion d'un
vecteur v non nul de D et d'une base de H. On ne précise pas dans quel ordre
sont pris ces vecteurs. La matrice de la dilatation est alors diagonale avec des
1 sur toutes les colonnes sauf une. Sur cette dernière colonne correspondant au
c<3 vecteur porté par D on a le coefficient a e k * de la dilatation, quelconque. Si v est
I
T)

Q
5.5 - GÉNÉRATEURS DU GROUPE LINEAIRE 225
le premier vecteur de base on obtient la matrice suivante :
/a 0 ... 0\
0 1 0 :

1 :

\0 0 1/

Pour ce qui est des transvections, on choisit une base constituée, par une base de
H à laquelle appartient le vecteur v, et d'un vecteur e quelconque n'appartenant
pas à H, On ne précise pas dans quel ordre sont pris ces vecteurs. La matrice de
la transvection a alors toutes ses colonnes, sauf une, nulles en dehors du terme
diagonal égal à 1. Les colonnes nulles en dehors de la diagonale correspondent aux
vecteurs de base qui appartiennent à l'hyperplan. La colonne à part est correspond
au vecteur e qui est égale à 1 sur la diagonale, égale à a(e) G k* sur la ligne
correspondant à î; et nulle partout ailleurs. Ici a est l'équation de H,
Si le vecteur v est le premier vecteur de base et si e est le second on obtient
comme matrice :
( 1 a{e) ... 0\
0 1 0 :

1,0 ... 0 \)

Considérons des matrices particulières du type de celles que l'on vient de décrire.
Soit 1 < г, j ^ n avec г ^ j . Notons X e k, la matrice dont tous les termes
diagonaux sont égaux à 1 et dont tous les autres termes sont nuis à l'exception
du terme situé sur la г-ième ligne et la j-ième colonne qui est égal à Л. Une telle
matrice est appelée une matrice élémentaire. Si Л = 1 elle sera notée simplement
E i j . C'est une matrice de transvection.
Notons D{\), X e k* pour la matrice diagonale dont le premier terme (première
ligne et première colonne) est égal à Л et dont tous les autres termes sont égaux
à 1. C'est une matrice de dilatation.

T h é o r è m e 2. Les matrices E i j , pour j , et D{X), X e k, constituent


un système générateur de G Ln{k).

Ceci implique le théorème 1 dans la mesure où on montre que GLn {k) est engendré
par des matrices de dilatations et transvections particulières.

D é m o n s t r a t i o n * On va procéder en plusieurs étapes.

226 REDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINEAIRE - C hap. 5


D é m o n s t r a t i o n d o n s l e c a s n = 2 . Tout d'abord on commence par le cas n =
2. Notons H le sous-groupe engendré par les matrices D{X), X e k, et E i j , i ^
Commençons par noter que :

soit T cette matrice. Puis notons que :

Т О (Л )Г = ( J “ ) ,

notons cette matrice Les matrices T et D^{X) sont obtenues par produit de
matrices D{\) et E ij, elles sont donc dans le sous-groupe H de GL2(fc).
Enfin, si on calcule le produit D'(A)E2,iD'(A~^), avec A ^ 0, on trouve E?2,i(A).
Donc les matrices -B2,i(A) sont dans H. On montrerait de même que les matrices
-E'i ,2(A) sont dans H.

Soit A = e G L2(fc). On veut montrer qu'elle est dans H.

Supposons d'abord 07*^0 et 6^0. Dans ce cas formons le produit : D{a~^)AD'{b~^a).


Il est égal à :

\c adb ^

Puis formons le produit BEj^2' il ^st égal à :

C
-c + adb ^
On notera que - c + adb~^ est non nul par hypothèse.
La matrice C D '{{-c adb~^)~^) est égale à

£?2,i ( ------
^ - c + adb ^ '
et est donc dans le sous-groupe engendré par les matrices D(A) et E i j . Il en est
donc de même des matrices C, B et A.
Si 6 = 0, on a d'emblée une matrice triangulaire inférieure. Les coefficients a
et d sont nécessairement non nuis, car le déterminant est non nul. La matrice
D{a~^)AD'{d~^) est de la forme £'2,1 (A) pour un certain A et est donc dans H.
Si a = 0 on a nécessairement 6 ^ 0 . Dans ce cas la matrice AT est triangulaire
inférieure du type que l'on vient d'étudier est donc dans Я . Il en est de même de
о
A.
Ï
Ceci achève le cas n = 2. в
I

§
Q
® 5.5 - GENERATEURS DU GROUPE LINÉAIRE 227
D é m o n s t r a t i o n d a n s l e c a s g é n é r a l . On va faire une récurrence sur n et
donc supposer le théorème démontré pour n - 1 et passer au cas n. Nous allons,
commencer par un lemme qui a son intérêt propre.
Définissons les matrices monomiales.
On dira qu'une matrice M est monomiale si et seulement si elle n'a qu'un seul terme
non nul et égal à 1 dans chaque ligne et chaque colonne.
Autrement dit :

L e m m e 1 • Soit M une matrice monomiale. Il existe une permutation s e& n telle que
les coefficients rriij de la matrice M sont donnés par ms(i)^i = 1/ = 0 si j ^ s(z).
Le sous-ensemble constitué par ces matrices est un sous-groupe isomorphe à 6n-
D é m o n s t r a t i o n . La démonstration de la première partie est laissée en exercice.
Notons M {s) la matrice monomiale associée à la permutation s. C'est la matrice
de l'application linéaire fs de dans lui-même donnée dans la base canonique
par fs{ei) = es{i)- On a une application :
6^ —^ G L n {k), s^ M {s).
C'est un homomorphisme de groupes. On le vérifie facilement au niveau
des applications linéaires f s . En effet le produit fs o fs> est égal à fss> car
fss'{ei) = fs{es'(i)) = ess'{i)- Il est clairement injectif et est donc un isomorphisme
sur son image. On remarquera que le calcul précédent montre que les matrices
monomiales sont bien inversibles. b

Quand on multiplie à gauche une matrice A par la matrice monomiale M {s) on


obtient la matrice déduite de A par permutation des lignes selon s. C'est-à-dire
que la z-ième ligne devient la s(i)-ième. De façon analogue quand on multiplie à
droite une matrice A par la matrice monomiale M {s) on obtient la matrice déduite
de A par permutation des colonnes selon s.
On va commencer par montrer que toutes les matrices monomiales se trouvent
dans le sous-groupe engendré par matrices D{\), \ e k, et E i j , i ^ j , notons en­
core H ce sous-groupe. Il suffit de montrer que toutes les matrices M(ri,i+i), avec
1 ^ n - 1 s'y trouvent. Ici désigne comme à l'ordinaire la transposition
échangeant z et i + 1. En effet, on sait (théorème 2, section 5, chapitre 2) que ces
transpositions engendrent le groupe symétrique.
Considérons le sous-ensemble de G Ln{k) constitué par les matrices dont la der­
nière ligne et la dernière colonne sont nulles, sauf en ce qui concerne le terme sur
la n-ième et la n-ième colonne qui est égal à 1. Il s'agit des matrices telles que :

(” )
228 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5
La matrice B est dans GL^_i(A;), le sous-ensemble en question est un sous-groupe
isomorphe à GLn-i(A;). Notons comme à l'ordinaire e i , ... la base canonique.
Il s'agit du sous-groupe laissant fixe le vecteur en et laissant fixe globalement
l'hyperplan engendré par ei, . . . , Cn-i.
On peut appliquer l'hypothèse de récurrence à ce sous-groupe. Les matrices D{\)
et E i j , j et 0 < j ^ n —1 engendrent GLn~i{k) qui est donc contenu dans
H. Les matrices M(ri,i+i), i ^ n —2, sont dans GLn-i(fc), donc dans H.
Il en est de même des matrices de dilatations laissant fixes les vecteurs de base
ei, . . . , en-2 et en . C'est-à-dire des matrices de la forme :
/1 0 ... 0\
0 *•. ... :
!... a 0
Vo ... 0 1 /
L'ensemble des matrices inversibles A telle que Aej = ej si j < n —1 et telles que
Aen-i et Ae„ soient combinaisons linéaires de Cn-i et e„ est isomorphe à G L2(fc).
Autrement dit ce sont les matrices de la forme :
/1 0 0 \
0
0
V o ...
où D e G L 2(k).
On peut appliquer le cas n = 2 à ce sous-groupe puisque que l'on sait par ré­
currence que Я contient les dilatations de vecteur en-i- Ceci montre alors que
^(^n-i,n) est dans Я . Donc toutes les matrices monomiales sont dans Я .
Venons en au cas général. Soit alors A une matrice quelconque de GLn(A:). Comme
tous les éléments de la première ligne ne sont pas nuis quitte à multiplier à gauche
par une matrice monomiale on peut supposer que l'élément sur la première ligne
et la première colonne est non nul. Quitte à multiplier par une matrice B (a) on
peut supposer qu'il est égal à 1.
Soit A = (a ij) cette matrice. Multiplions la à gauche par les matrices (—а^д) et
à droite par les matrices et E i j ( - a i j ) , i , j > 1. On obtient une matrice dont tous
les éléments sur la première ligne et tous les éléments sur la première colonne sont
.а nuis, exception étant faite de celui sur la première ligne et la première colonne qui
м
I reste égal à 1. L'argument donné pour n = 2 s'étend facilement pour montrer que
les matrices Ягд(-агд) et E i j ( - a i j ) , sont dans Я . Il suffit donc de montrer que
§ la dernière matrice est dans Я .
0

1 Mais l'ensemble des matrices qui vérifient les conditions ci-dessus est isomorphe
à GLn-i(fc). On est alors en mesure d'appliquer l'hypothèse de récurrence pour
conclure. m

IQ
5.5 - GÉNÉRATEURS DU GROUPE LINEAIRE 229
Le cas du groupe spécial linéaire
Nous allons étudier le problème analogue pour le groupe spécial linéaire dont la
définition suit :

D é f in it io n 2
Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k. On appelle groupe
spécial linéaire de E et on note SL(£') le sous-groupe de G L( jB) constitué par
les endomorphismes de déterminant 1.
On appelle groupe spécial linéaire et on note SLn{k) le sous-groupe de GLn(/c)
constitué par les matrices de déterminant 1.

Autrement c'est le noyau de l'homomorphisme :


det: G L n { k ) - ^ k \
et de l'analogue dans le cas des endomorphismes.

T h é o r è m e 3 . Les matrices E ij{\ ) engendrent le groupe SLn{k).

On a en corollaire immédiat à cause des remarques faites plus haut :


C o r o l l a i r e . Les transvections engendrent le groupe spécial linéaire.

On va maintenant démontrer le théorème 3.

D é m o n s t r a t i o n . Il s'agit d'adapter la démonstration du théorème 2. On raisonne


donc par récurrence sur n et on suppose le théorème démontré pour n - 1.
Soit A = {aij) G SLn{k) et soit H le sous-groupe engendré par les matrices Eij{\).
On va montrer qu'en multipliant A par des matrices de H on peut la remplacer
par une matrice dont la première colonne et la première ligne sont nulles, excep­
tion faite du terme ai,i qui sera égal à 1. La sous-matrice (n - l,n —1) qui apparaît
alors est de déterminant 1 et donc dans SLn-i(fc), on peut donc lui appliquer
l'hypothèse de récurrence et conclure comme plus haut.
Comme la première colonne est non nulle quitte à multiplier à gauche par une
matrice S^,i(A), pour i bien choisi, on peut supposer a\^i ^ 0.
Soit maintenant a ^ 0, on a :

L e m m e 2 . La matrice

est dans le sous-groupe L de G L2(A:) engendré par les matrices -Bi,2(A) et E 2^\{p).

230 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


D ém onstration. Cela résulte des deux formule suivantes :

et

Les deux matrices exprimées comme produit sont dans L. Leur produit

l'e s t a u s s i.
(:":) b

Pour achever la démonstration du théorème il suffit alors de multiplier la matrice


à laquelle on s'est ramenée plus haut par :
/afl 0 .......... 0\
0 0 (

0 1 0
0
V 0 ...... 0 ly
Le résultat suit ainsi qu'il a été indiqué.

Le centre et le groupe dérivé


Nous allons maintenant analyser le centre et le groupe dérivé (voir les exercices
du chapitre 1) du groupe linéaire.

P r o p o s i t i o n 1 . Le centre du groupe SLn{k) est égal à Vensemble des homothéties de


déterminant 1.

D ém onstration. Notons A un élément du centre de SLn(fc). Un tel élément doit


commuter à l'ensemble des transvections. Supposons que pour un certain vecteur
Ve les vecteurs v et Av ne soient pas liés. Considérons alors une transvection
d'hyperplan H, avec î; ^ üT et de direction Av, Soit B sa matrice. Alors ABv =
A{v + aAv), avec a G k*, donc ABv = Av + aA^{v). Par ailleurs, B Av = Av, Les
deux quantités ne peuvent être égales. Donc pour tout v ek'^ les vecteurs v et Av
sont liés. Ce qui implique que la matrice A n'a d'éléments non-nuls que sur la
diagonale. La commutation avec les transvections permet de montrer que tous les
coefficients diagonaux sont égaux. Si en effet on s'est donné deux vecteurs propres
vi et V2, associés aux valeurs propres Ai et A2, indépendants il suffit de prendre
une transvection de direction V2 et telle que v\ ne soit pas dans l'hyperplan associé
I

O
§
Q
5.5 - GENERATEURS DU GROUPE LINEAIRE 231
à la transvection. Le calcul est analogue à celui qu'on vient de faire : si B est la
matrice associée on a
ABv\ = A{v\ + av 2) = Ai^i + a\ 2V2
et
BAv\ = \iBv\ = Aiî ;i + a\\V2
avec a 0. Le résultat suit de l'égalité de ces expressions. h

Passons maintenant à l'étude du groupe dérivé. Nous ne la ferons ici que pour
n ^ 3. Le cas n = 2 sera traité en exercice.

Théorèm e 4 . Supposons que n ^ 3 . Le groupe dérivé de GLn{k) est égal à SLn(A;).


De même le groupe dérivé de SLn{k) est SLn{k) lui-même.

Démonstrafione II suffit de démontrer que le groupe dérivé contient les matrices


Ei^j{\). Puisque n est supérieur ou égal à 3 on peut choisir un indice k distinct
de i et j . On forme alors le commutateur

Ek,i{\)E^,k(l)Ek,i{X)-^Ej,k{l)-^.
Il est égal à
E k,iiX )E j,km k,ii-^ )E j,k {-'i-),
puis tous calculs faits à Ej^i{—\). Le résultat suit. Pour faire le calcul on peut aussi
calculer sur les applications linéaires associées. Dans la base canonique il suffit de
calculer l'action sur e^, Cj et ek- Toutes les matrices dans le commutateur laissent
6i fixe. Sinon on a :
-^/c,i(A)£/j,fc(l)-^fc,t(~A)Æ?j^/5(—l)(e j) = Ek^i{X)Ej^i^[l)Efç^i{—X)[ej —e^) = •••
••• = (l)(c j Cfc “h Acj) Ae^) Cj Ae^,

— Ek,i{X){ek Ae^) = e^ •
Le résultat suit. m

Sous-groupes distingués du groupe linéaire


Pour achever cette section nous allons démontrer :
Théorèm e 5* Supposons que n soit supérieur ou égal à 3. Soit alors H un sous-groupe
distingué du groupe spécial linéaire SLn{k), alors H est soit contenu dans le centre de
H qui est l'ensemble des matrices diagonales de déterminant 1, soit égal à SLn(A;) tout
entier.

232 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


D é m o n s t r a t i o n . On va supposer que Гоп travaille dans le groupe SL{E) et dé­
montrer l'énoncé équivalent. C'est-à-dire démontrer qu'un sous-groupe distingué
est, soit contenu dans le sous-groupe des homothéties, soit égal au groupe tout
entier.
Soit donc H un sous-groupe distingué. Supposons donné un élément f e H et
supposons que / ne soit pas une homothétie. Il existe donc un vecteur v tel que v
et f{v) forment un système libre. Considérons alors une transvection non-triviale
g d'hyperplan H, d'équation a, contenant v et f(v) et de direction parallèle à v
(rappelons que n ^ 3).
On vérifie par un calcul direct que / et ^ ne commutent pas. En effet soit w ^ H,
on a f{w) = aw -\-u, и e H, a e k. Calculons g о f{w), on obtient g о f{w) = aw-\-
u-^aa{w)v. D'un autre côté on a : f o g ( w ) = f{w-\-a{w)v) = aw + и + Oi{w)f{v). Si
ces deux expressions sont égales comme a{w) 7^0 on a at; = f{v), ce qui est exclu.
L'application linéaire f о g o f~^ о g~^ est dans le sous-groupe Я , car / et ^ о f~^ о

g~^ sont dans H,


C'est le produit des deux transvections g~^ et / о ^ о car :

L e m m e 3 . Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k. Soit f une


transvection de E d'hyperplan H et g un automorphisme linéaire de E. Alors l'application
9^ f ^ 9~^ ^st une transvection d'hyperplan g{H),
Démonstratïorio On a f{x) = x-h a{x)v, avec v e H, pour tout x e E , Donc

9 ° f°9~^ (x) = g{g~^ (x) + a{g~^ (x)) v) = x + ( a о g~^ (x))g(v). в

Le résultat va alors suivre du corollaire et du lemme suivant sur les transvections


que nous énonçons et démontrerons après.

L e m m e 4 . Si la dimension de E est supérieure ou égale à 3, deux transvections


quelconques de E sont conjuguées dans SL{E).
DémoBistrafkiïTio Raisonnons matriciellement, il est suffisant de le faire pour
n = 3. Soient A et et A' les matrices de deux transvections. On peut pour chacune
ТЗ
Й
й d'entre elle trouver une base dans laquelle leur matrice est :

Ceci implique que les matrices A et A' sont conjuguées dans GLs{k). Si P et P'
sont les matrices de changement de bases introduites plus haut on a P~^AP = J
et P'~^AP' = J . Donc on a = A’ . Il reste à montrer que l'on
I
»3 peut choisir Q = P 'P “^ de déterminant 1. Soit donc a e k * son déterminant. On
I

Q
5.5 - GÉNÉRATEURS DU GROUPE LINÉAIRE 233
vérifie sans peine que l'on peut la remplacer dans l'équation précédente par QD

/a 0 0
D= [o a 0
\0 0 a-i
La matrice est de déterminant 1. □

On a aussi :

L e m m e 5 . Le produit de deux transvections d'hyperplan commun est encore une


transvection.
Démonstration» Soit f et g les deux transvections d'un espace vectoriel E , Le
produit laisse fixe l'hyperplan H commun aux deux transvections. Si on choisit un
vecteur quelconque w n'appartenant pas a H o n a g o f(w) = aw-{-u, avec a e k ,
et U e H . Comme / et ^ sont de déterminant 1 leur produit est de déterminant
1. Si on calcule le déterminant du produit dans une base de E constitué d'une
base de H et de w on trouve que a = 1. On en déduit que le produit est une
transvection. b

Fin de la démonstration du th éorèm e. Puisque / et 5^ ne commutent pas


le sous-groupe H contient nécessairement une transvection non-triviale. Comme
elles sont toutes conjuguées il les contient toutes et est donc égal à S L{E ). ■

Exercices
I. D ia g o n a lis a t io n , t r ia n g u la r is a t io n

1. a) On rappelle que étant donné une décomposition en somme directe F 0 G d'un


espace vectoriel E le projecteur sur F parallèlement à G est l'application linéaire
qui est l'identité sur F et qui est nulle sur G. Montrer qu'une application linéaire
P est un projecteur si et seulement si p^ = p. Quelles sont les valeurs propres
de P ainsi que ces sous-espaces propres ?
b) Dans cette question la caractéristique du corps est supposée différente de 2.
Démontrer que pour que la somme de deux projecteurs f et g soit un projecteur,
il faut et il suffit que f o g - \ - g o f = 0, puis qu'il faut et suffit que f o g = g o f = 0.
Démontrer que pour que deux projecteurs f et g aient même noyau, il faut et
il suffit que f = f o g e t g = g o f .

2. a) Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps de caractéristique


0. Soient p i , ... ,Pn des projecteurs de E. On pose :
p = pi + ...+ P n .

Montrer que si pi o pj 0 si 2 ^ j , alors P est un projecteur de E ,

234 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


b) On revient au cas général, montrer que lmp c Im p i + . . . + Im p ^ • On suppose
de plus P est un projecteur. Montrer que :
rg(p) = Tr(A)
OÙ A est la matrice de p dans une base quelconque et on rappelle que la trace
Tr(A) d'une matrice A = (a^j) est la somme ai,i + a2,2 H------ h ^n,n-
c) Sous les hypothèses de la question précédente montrer que
rg(p) = rg(pi ) + ... + rg(p„ ) .
En déduire que la somme lm p est somme directe des sous-espaces Im pi .
d) Démontrer que si p est un projecteur
P iopj= 0

3. a) (Décomposition de Dunford) Soient E un espace vectoriel sur C et un


endomorphisme de E. Soient Fx les sous-espaces caractéristiques de u et soit
7Ta la projection sur F\ parallèlement à la somme directe des sous-espaces
caractéristiques de u distinct de F\. On rappelle que E est somme directe des
sous-espaces caractéristiques.
Montrer que tta peut s'exprimer comme un polynôme en w.
b) Montrer que u peut s'écrire comme somme d'un endomorphisme d diagonalisable
et d'un endomorphisme nilpotent n tels que d o n = n o d,
c) Montrer qu'une telle décomposition est unique (on utilisera a).

4. Soit p un nombre premier, et soit F^n le corps à éléments. Déterminer le


polynôme caractéristique de l'automorphisme de Frobenius vu comme application
linéaire d'espaces vectoriels sur Fp de Fpn sur lui-même.

5. Y-a-t-il un élément d'ordre 5 (d'ordre 7) dans le groupe Gi/2(Q) ?

6. Montrer qu'une matrice à coefficients complexes (n,n) d'ordre fini est diagonalisable
et que ses valeurs propres sont de module 1.
Montrer qu'un ensemble fini de matrices à coefficients complexes d'ordre fini et
commutant deux à deux sont diagonalisables dans une même base. Que peut on
dire si l'ensemble de matrices n'est pas fini ?
I
7. La trace d'une matrice A = (aij) est la somme ai,i + a2,2 H------ h an,n- On la note
Ti’(A). Montrer que c'est aussi la somme des valeurs propres de la matrice. Montrer
que pour toute paire de matrices de taille (n,n), X et Y, on a Tv{XY) = T r(yX ).
I Montrer que si P est inversible Tr{P~^AP) = Ti’(A).
s
I

Q
EXERCICES 235
8. а) Soit Е un espace vectoriel complexe de dimension finie et soit T un sous-
ensemble de l'espace ^ {E ) des applications linéaires de E constitué par des
applications commutant deux à deux.
Soit / un élément de S, soit Л une valeur propre de / et soit E\ le sous-espace
propre associé. Montrer qu'il est stable par tout élément de T, c'est-à-dire que
pour tout élément ^ G T on a g{E\) c E\.
b) Montrer que les éléments de T ont au moins un vecteur propre en commun.
c) En déduire par récurrence que l'on peut trouver une base de E dans laquelle
tous les éléments de T ont une matrice triangulaire supérieure.

9. Soit E un espace vectoriel sur un corps k, et soit {E) l'espace des applications
linéaires de E dans lui-même. Soient f^g G on appelle crochet de Lie
de / et ^ et on note [f^g] l'application linéaire f g —g f. Montrer que pour tous
f , g , h e ^ k { E ) on a l'identité de Jacobi :
[/, [5 . ^]] + [
9 , [h, /]] +[h, [ f , 5 ]] =0 .
10. Soit E un espace vectoriel complexe de dimension finie, et soient f^g^he ^ { E )
l'espace des applications linéaires de E dans lui-même. On suppose que [f^g] = h,
[f,h] = [^,/1] = 0 . Montrer que f , g et h sont triangularisables dans une base
commune.

11. Soit E un espace vectoriel complexe de dimension finie, et soient f^g^h G ^ { E )


l'espace des applications linéaires de E dans lui-même. On suppose que [f^g] = h,
[f,h] = / et [g^h] = 0. Montrer que f , g et h sont triangularisables dans une base
commune.

12. Soit L un sous-espace vectoriel de Щ Е ) stable par crochet de Lie, c'est-à-dire tel
que : V/,^ G L [f^g] G L, Soit de plus K un sous-espace vectoriel de codimension
1 de L {Le. on a dime L —dime K = 1). On suppose que pour tout f G L et tout
g G K [f,g] G K . On suppose enfin que les éléments de K ont un vecteur propre
commun. On veut montrer qu'il en est de même pour les éléments de L.
a) Soit V un vecteur propre commun aux éléments de ÜT : on a k{v) = \{k)v,
montrer que Л est une forme linéaire sur K .
b) Soit W = {u\ k{u) = \{k)% "^k G K } . Montrer que W est sous-espace vectoriel.
c) Montrer que l'on peut trouver un élément x G L —K tel que L = K (utiliser
l'hypothèse sur la codimension).
d) On va montrer que W est stable par x. Pour cela on introduit le sous-espace
Wi de E engendré par les éléments x^v, О ^ а ^ г —1,
Montrer que Wi C et que la suite des Wi stabilise, c'est-à-dire que l'inclusion
est une égalité pour tout %assez grand. Soit le sous-espace W i.

236 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - Снлр. 5


e) Montrer qu'il existe une base bien choisie de dans laquelle tout élément fe
de K a une matrice triangulaire supérieure dont les éléments diagonaux sont
égaux à Л(А:).
f) Montrer que ^ est stable par x (c'est-à-dire que x { ^ ) c par tout élément
de K , et donc par tout élément de L. En déduire que A([â;, i]) = 0, où A: e if ,
leL .
g) En déduire que W est stable par x, puis le résultat.

13. Déduire de l'exercice précédent le théorème de Lie dont l'énoncé suit. Soit
E un espace vectoriel complexe de dimension finie. Soit L c ¿B{E) un sous-
espace stable par crochet de Lie. On définit par récurrence par = L et

On suppose que pour n assez grand = 0. Montrer que Гоп peut trouver une
base dans laquelle tous les éléments de L ont une matrice diagonale. On fera une
récurrence.

14. ** Soit U le groupe multiplicatif des nombres complexes de module 1, et soit


a : U —>GLn (C) un homomorphisme. On suppose de plus que l'application a
est continue. Montrer qu'il existe une matrice inversible A tel que pour tout s G U
la matrice A~^a{s)A soit diagonale.

15. Soient A et B deux matrices (n,n) à coefficients réels. On suppose qu'il existe
une matrice (n,n) inversible à coefficients complexes P telle que A = P~^BP,
On veut montrer que l'on peut trouver une matrice matrice (n,n) inversible à
coefficients réels Q telle que A = Q~^BQ.
a) Montrer que l'ensemble des matrices S (n, n) à coefficients complexes telle que
AS = S B est un sous-espace de Mn(C).
b) On considère l'application déterminant sur ce sous-espace. C'est une fonction
polynôme à valeurs dans C. Montrer que si elle est nulle sur toutes les matrices
à coefficients réels elle est nulle sur tout le sous-espace, conclure.

16. Formuler l'exercice analogue du précédent en remplaçant R par un corps infini


k quelconque et C par un corps K contenant k,

17. Une matrice symétrique à coefficients complexes est-elle diagonalisable ?

18. Théorème de Maschke. Soient G un groupe fini et E un espace vectoriel complexe


de dimension finie. Et soit a un homomorphisme de G dans G L(£'). Soit F un
8 sous-espace vectoriel de E stable par toutes les applications linéaires a{g), g e G,
On va montrer que F a un supplémentaire F' stable par toutes les applications
linéaires a{g), g E G.
I

O
§
Q
EXERCICES 237
a) Soit P un projecteur sur F, c'est-à-dire une application linéaire telle que Im(p) = F
et = p. On considère l'application linéaire :

S oiig -^ )op oa {g) .


geG
Montrer que 7г^ = tt et que pour tout p on a tt o a{g) = a{g) o tt.
b) Montrer que Im(7r) = F, conclure.

19. Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k. Soit / une application
linéaire de E dans E et soit P son polynôme minimal.
a) Montrer qu'il existe x e E tel que Q{f){x) ^ 0 pour tout polynôme Q e k[X]
tel que Q ^ 0 et |Q| < |P|. Le vecteur x est fixé dans la suite de l'exercice.
b) On note Ex le plus petit sous-espace de E stable par / et contenant x. En
donner une base. Montrer que si F est un sous-espace vectoriel de Ex stable
par / il existe un polynôme H f G k[X] tel que :
- H f \P.
► et que F est le plus petit sous-espace contenant HF{f){x).
c) Soit y e E. On appelle polynôme annulateur de y et on note Py un générateur
de l'idéal {Q G k[X] \Q{f){y) = 0}. Montrer que Py |P. Soit Ey le plus petit
sous-espace de E stable par / et contenant y. Montrer qu'il existe un polynôme
H e k[X] tel que :
- H\Py.
► ExDEy est de la forme . Ce dernier espace étant le plus petit
contenant H{f){x) et stable par /.
d) Soit Ex C E et soit F un sous-espace stable par / et tel que 'Ex C F c E .
Supposons donnée une application linéaire -0 de F sur Ex qui commute aux
restrictions de / et qui, restreinte à Ex, est l'identité. Soit y G E —F, et soit
F' le plus petit sous-espace stable par / contenant F et y. Montrer que l'on
peut étendre l'application 0 en une application 0 de F ' sur Ex qui possède
les mêmes propriétés. C'est-à-dire qui est l'identité sur Ex et telle 0 o i = Id^?^,
ici i désigne l'inclusion de Ex dans F '.
On pourra s'inspirer de l'analyse des groupes abéliens de type fini de torsion.
e) En déduire que Ex admet un supplémentaire stable par /.

20. À l'aide de l'exercice 19. démontrer les énoncés sur les invariants de similitude des
applications linéaires. On commencera par écrire E = Ex B E ', le vecteur x ayant
les propriétés de l'exercice 16 et F ' étant stable par /. Puis on fera une hypothèse
de récurrence sur la dimension de F . Ceci pour l'existence. Pour l'unicité on
s'inspirera du cas des groupes abéliens de type fini.

238 REDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINEAIRE - C hap. 5


21. À l'aide des exercices précédents, déterminer les classes de conjugaison dans
GL<3(]F2) et dans GL/4(1F2).

22. Montrer que les entiers di qui apparaissent dans la description d'une matrice
de Jordan générale (voir après la démonstration de la proposition 1 dans la
section concernée) sont déterminés par les dimensions de gardant les
notations de la section.

II* A p p l i c a t i o n s t o p o l o g i q u e s

l.Soit n un entier, et soit GL^(R) le groupe des matrices (n,n) à coefficients réels
de déterminant strictement positif. Montrer que ce groupe est connexe.

2. a) Soit A e G L n (C) une matrice telle qu'il existe un sous-groupe compact K de


GLn(C) qui contienne A. Montrer que toutes les valeurs propres de A sont de
module 1.
b) Montrer que A est diagonalisable. On utilisera la réduction de Jordan.

3. Montrer que le groupe GLi (C) est homéomorphe au produit de l'ensemble des
nombres complexes de module 1 par l'espace vectoriel R. Est-ce un isomorphisme
de groupes ?

4. a) Soit A = {ai J ) 6 Mn (C), montrer que si pour tout z= 1, . . . , n on a |ai,i |> \^ij |
la matrice A est inversible.
b) Soit A = {üij) e Mn(C), et soit A une valeur propre de A, Montrer qu'il existe
i tel que la*,* - A| < E jy *
A TI

5. a) Soit A = { ü i j ) e Mn(C), montrer que la série de terme général ^ converge


dans l'espace vectoriel normé Mn(C). On note exp{A) sa somme, on l'appelle
l'exponentielle de A, Montrer que cette matrice est inversible et calculer son
inverse. On montrera que si A et B commutent il en est de même de exp(A)
et exp(B).
b) Déterminer les valeurs propres de exp(u4) en fonction de celles de A.
c) Montrer que l'application t exp(M) est un homomorphisme de R dans GLn (C).
d) On suppose donné un homomorphisme 7 de R dans GLn(C) qui est une
fonction de classe de t. Établir une équation différentielle satisfaite par 7 et
en déduire que 7 est de la forme exp(iA).
e) Par un procédé de régularisation montrer que tout homomorphisme continu 7
I
de R dans GLn(C) est une fonction de classe CMonc de la forme exp(M).
I

Q
© EXERCICES 239
6. a) Montrer que l'application exponentielle de (C) dans GLn (C) est différentiable
et calculer sa différentielle en l'origine.
b) Calculer le développement limité à l'ordre 5 en zéro de l'application de R dans
GLn(C) donnée par :
1 1— >exp(i^) exp{tB) exp(— exp(— ,
avec A^B e Mn(C).

7. Le théorème de Cayley-Hamilton par la topologie.


a) Démontrer le théorème de Cayley-Hamilton directement pour les matrices
diagonalisables.
b) Si le corps de base est C démontrer le théorème de Cayley-Hamilton à l'aide
de a) et de la densité des matrices diagonalisables.

III. G r o u p e lin é a ir e

1. Soit E = El ^ ^ Ek une décomposition en somme directe d'un espace vectoriel


E . Déterminer le sous-groupe de GL(£?) qui laisse fixe cette décomposition,
c'est-à-dire le sous-groupe des applications linéaires qui laissent fixes chaque
Ei globalement. De même, déterminer le sous-groupe de G L(E) qui laisse fixe
globalement chacun des sous-espaces 0i=i,...,£E i, On donnera dans ces deux cas
une description matricielle.

2. Soit k un corps fini à q éléments. Trouver le nombre d'éléments du groupe


GLn(fc).

3. Soit k un corps fini à q éléments. Trouver le nombre de sous-espaces vectoriels


de dimension d d'un espace vectoriel E de dimension n.

4. Soit E un espace vectoriel de dimension n sur un corps fini K à g éléments. Soient


A; et ^ des entiers positifs de somme n. Trouver le nombre de décompositions de
E en somme directe d'un sous-espace de dimension k et d'un sous-espace de
dimension £.

5. Soit k un corps fini à q éléments de caractéristique impaire p. Trouver le nombre


de matrices A de GLn{k) telles que = In • Puis si p est de la forme 4^+1 le
nombre de matrices telles que A^ = In-

6. a) Montrer que le groupe linéaire G L2(F2) est isomorphe à 6 3 . On étudiera l'action


du groupe sur sur F2 x F2.
b) Étudier le groupe dérivé de G L2(F2).

240 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


7. a) Déterminer le nombre d'éléments de SL2(F3). Puis déterminer le centre Z de
ce groupe.
b) Montrer que le quotient SL2(F3)/Z est isomorphe à
c) Montrer que le groupe dérivé de SL2(F3) est isomorphe au quaternionien Q.
d) Montrer que SL2(F3) est un produit semi-direct Q et Z/3Z.
e) Écrire l'équation des classes pour SL2(F3).

8 . Montrer que le quotient du groupe G L2(F5) par son centre est isomorphe à 6 5 .
Montrer que le quotient du groupe G L2(F4) par son centre est isomorphe à e^5.

9. Montrer que le groupe GLn(fc) est un produit semi-direct de SLn{k) et de k * .

10. Montrer que le sous-groupe dérivé de SL2(fe) est SL2(fc) lui-même dès que le
corps a strictement plus de 3 éléments.

11. Soit E un espace vectoriel sur un corps k. Montrer que deux dilatations quelconques
sont conjuguées.

12. Soit E un espace vectoriel sur un corps k. Soit / une application linéaire de E
dans lui-même laissant invariant points par points un hyperplan H. Montrer que
/ est une transvection si et seulement si det(/) = 1.

13. Le groupe ^ est il un sous-groupe de GL3 (C) ? On pose la même question


pour {Z/2Zy.

14. Soit n un entier donné. Pour quelles valeurs de k le groupe ^ est-il un


sous-groupe de GL^ (C) ?

15. Soit n un entier donné. Pour quelles valeurs de k le groupe ^ est-il un


sous-groupe de GL^ (K) ?

16. Invariants de Dickson.


On fait agir le groupe G L2(F2) sur les polynômes à coefficients dans F2 en 2
indéterminées X et y par la formule :
A{P){X, Y) = P {aX + bY, cX + d Y ) ,
I
O Ù A = ( “ ^ ) g GL2(F2).
a) Montrer que"^les polynômes W2 =X"^ - \ - X Y et wz —X Y {X + F ) sont invariants
par cette action.
I b) Soit P 6 F2[X, Y\ invariant par cette action. Montrer qu'il existe un unique
I polynôme R à deux indéterminées à coefficients dans F2 tel que P = R{w 2-,wz)-

17. Montrer que les matrices triangulaires supérieures forment un 2-sous-groupe de


I Sylow de G L„(F2).

I
TJ
I
Q
EXERCICES 241
Q uelques réponses ou indications
I. D ia g o n a lis a t io n , t r ia n g u la r is a t io n

1. L 'e x e rc ice e s t trè s c la s s iq u e . N o t o n s q u 'u n e n d o m o r p h is m e tel q u e = p e s t d ia g o n a lis a b le


c a r il a n n u le u n p o ly n ô m e à ra c in e s s im p le s . O n n o te r a a u s s i q u e l'o n p a s s e d e f o g = - g o f
à f o g = g o f = 0 e n m u ltip lia n t à g a u c h e p a r / e t e n u tilis a n t P = f et f o g = —g o f .

2. O n u tilis e l'e x e rc ic e 1. E n p a rtic u lie r o n n o te q u e d a n s u n e b a s e d e d ia g o n a lis a tio n , et


c o m m e la s e u le v a le u r p r o p r e n o n n u lle e s t 1 la s o m m e d e s é lé m e n ts d ia g o n a u x d e la
m a tric e d e p e s t é g a le à la d im e n s io n d e l'im a g e d e p . O n n o te r a q u e ceci n 'e s t v r a i q u 'e n
c a r a c té r istiq u e 0. P o u r c o n c lu re o n p r é c o m p o s e p a r pi la re la tio n p = p i H------- hpn-

4. L 'a u to m o r p h is m e d e F r o b e n iu s a n n u le le p o ly n ô m e X'^ - 1 . C o n s id é r o n s a lo r s u n g é n é ra te u r
a d u g r o u p e d e s é lé m e n ts in v e rs ib le s d u c o rp s, le s é lé m e n ts F ^ { a ) , 1 ^ z ^ n c o n stitu e n t
u n e b a s e Fpn s u r ¥ p . C o m m e le p o ly n ô m e m in im a l d e F d iv is e - 1 o n e n d é d u it
fa c ile m e n t q u 'il e s t é g a l à X ^ - 1, q u i e st d o n c (a u s ig n e p r ê t et à c a u s e d u d e g r é ) le
p o ly n ô m e c a ra c té ristiq u e .

5. É tu d ie r le p o ly n ô m e c a r a c té r istiq u e , d o n t o n o b s e r v e r a q u 'il d iv is e X ^ X ^ -h X “^ -\-X 1


et m o n tre r q u 'il n e p e u t être à c o e ffic ie n ts d a n s Q .

6. S i l'o rd re d e la m a tric e e s t n e lle a n n u le X ^ - 1, et e s t d o n c d ia g o n a lis a b le c a r ce p o ly n ô m e


n 'a q u e d e s ra c in e s s im p le s .

10. O n m o n tre q u e f , g et h o n u n v e c te u r p r o p r e e n c o m m u n . P o u r ce fa ire o n c o n sid è re u n


s o u s - e s p a c e p r o p r e F d e h. O n m o n tre q u 'il e st s ta b le p a r f et g. P u is o n c o n sid è re la trac e
d e h re stre in te à ce s o u s - e s p a c e (c 'e st-à-d ire la trac e d e n 'im p o r te q u e lle m a tric e a sso c ié e ).
C o m m e h e s t é g a l à f og —g o f cette trac e e st n u lle . C o m m e h s u r ce s o u s - e s p a c e e s t
u n e h o m o th é tie , o n e n d é d u it q u e h e s t n u lle s u r ce s o u s - e s p a c e , c 'e st-à -d ire q u e f e t g
c o m m u te n t s u r ce so u s - e s p a c e . L e r é s u lta t su it.

11. O n m o n tre q u e f , g et h o n u n v e c te u r p r o p r e e n c o m m u n . O n c o m m e n c e p a r r é s o u d r e le
p r o b lè m e p o u r f et h e n c o n s id é r a n t u n s o u s - e s p a c e p r o p r e a s s o c ié à / . P u is o n in tr o d u it g.

12. c) U n s u p p lé m e n ta ir e d e K e s t d e d im e n s io n 1.
d) L a s u ite d e s Wi s ta b ilis e c a r W i c et la d im e n s io n d e W i e s t b o rn é e s u p é r ie u r e m e n t.
D o n c la s u ite d im W i e s t c o n sta n te à p a r tir d 'u n c e rta in ra n g . À p a r tir d e ce r a n g l'in c lu s io n
Wi c W i+ i d e v ie n t u n e é g a lité .

e) O n c h o isit u n e b a s e d e W , s o it v i , . . . , v*, p u is o n in tr o d u it le s v e c te u r s x à { v i ) . M o n tre r


q u 'il e x iste u n e b a s e b ie n c h o isie d e W d a n s la q u e lle to u t é lé m e n t k d e K 3. u n e m a tric e
tria n g u la ire su p é r ie u r e d o n t le s é lé m e n ts d ia g o n a u x s o n t é g a u x à A(A;).
f) In tro d u ire u n e trac e (v o ir e x e rc ic e 7).

14. M o n tre r q u e p o u r s q u e lc o n q u e la m a tric e a ( s ) e s t d ia g o n a lis a b le , p u i s a p p liq u e r le


th é o rè m e d e d ia g o n a lis a t io n s im u lta n é e p o u r le s m a tric e s c o m m u ta n t.

15. b) O n r a iso n n e p a r l'a b s u r d e . S 'il n 'y a p a s d e so lu tio n s l'a p p lic a tio n d é te r m in a n t s u r le


s o u s - e s p a c e d u a) e s t u n e fo n c tio n p o ly n ô m e q u i s 'a n n u le s u r to u te m a tric e à c o e ffic ie n ts
ré e ls a p p a r te n a n t a u s o u s - e s p a c e .

242 RÉDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


L e s é q u a tio n s d u s o u s - e s p a c e s o n t d e s fo r m e s lin é a ire s à c o e ffic ie n ts ré e ls. O n p e u t d o n c
c h o isir u n e b a s e d u s o u s - e s p a c e c o n stitu é e p a r d e s m a tric e s à c o e ffic ie n ts ré e ls. D é s ig n o n s
p a r S i , . . . , Sfc le s c o o r d o n n é e s d 'u n e so lu tio n S de AS = SB d a n s cette b a s e . L a fo n c tio n
d e t ( 5 ) e s t p o ly n o m ia le e n le s Si e t n u lle q u a n d t o u s le s Si s o n t ré e ls.
C e c i e s t im p o s s ib le p a r h y p o th è se , c a r il y a u n e s o lu tio n in v e rsib le à v a le u r s c o m p le x e s.

16. A d a p t e r la d é m o n stra tio n p r é c é d e n te .

17. N o n , c o n sid é re r d e s m a tric e s (2 ,2 ) a y a n t u n e v a le u r p r o p r e d o u b le .

18. b) C o n s id é r e r Кег(тг) = F .

21. L e s d é c rire à l'a id e d e le u r in v a r ia n ts d e sim ilitu d e . P a r e x e m p le d a n s le c a s n = 3 le s


in v a r ia n ts d e sim ilitu d e p o s s ib le s s o n t :

► -\- X -\-1, q u i c o r r e s p o n d e n t a u x é lé m e n ts d 'o r d r e 7,


► + 1 q u i c o rr e sp o n d a u x é lé m e n ts d 'o r d r e 3,
► ( X -h 1)^ q u i c o r r e s p o n d a u x é lé m e n ts d 'o r d r e 4,
► -h 1 , X -h 1 q u i c o r r e s p o n d a u x é lé m e n ts d 'o r d r e 2,
► X l ^ X + l ^ X + 1 q u i c o r r e s p o n d à l'é lé m e n t n e u tre .

À l'a id e d e s m a tric e s c o m p a g n o n s o n d é te r m in e le s c e n tr a lisa te u r s et d o n c le n o m b re


d 'é lé m e n ts d e s c la s s e s d e c o n ju g a iso n . O n p e u t u tilis e r d 'a u tr e s re n se ig n e m e n ts.
P a r e x e m p le d a n s le p r e m ie r c a s l'o r d r e d e la c la s s e d e c o n ju g a is o n e s t u n d iv is e u r d e 24.
E n e ffe t le c e n tr a lisa te u r d e l'é lé m e n t c o n tie n t le s o u s - g r o u p e e n g e n d r é p a r l'é lé m e n t q u i
e s t d 'o r d r e 7, et l'o rd re d u g r o u p e lin é a ire c o n s id é ré e s t 7 x 24. E n u tilis a n t le fa it q u 'il
y a 1 o u 8 o u 15, . . . , 7 - s o u s - g r o u p e s d e S y lo w o n d é d u it q u e la c la s s e d e c o n ju g a is o n
a 24 é lé m e n ts (o n o b se rv e fa c ile m e n t q u e le 7 -S y lo w c o n te n a n t la m a tric e c o m p a g n o n d e
X ^ -\- X -\-l n 'e st p a s d istin g u é ).
D a n s le s e c o n d o n m o n tre q u e le n o m b re d 'é lé m e n ts d 'o r d r e 3 e s t a u s s i le n o m b re d e
d é c o m p o sitio n d e e n so m m e d ire c te d 'u n s o u s - e s p a c e d e d im e n s io n 2 e t d e d im e n s io n
1, so it 28, m u ltip lié p a r 2 c a r o n a le ch o ix d e d e u x a p p lic a tio n s d 'o r d r e 3 s u r le s o u s - e s p a c e
d e d im e n s io n 2.
D a n s le tro isiè m e o n tro u v e q u e le c e n tr a lisa te u r e s t d 'o r d r e 4 , ce q u i e s t fa it p lu s fa c ile m e n t
e n u tilisa n t u n e fo rm e d e Jo rd a n . L a c la s s e d e c o n ju g a is o n a d o n c 42 é lé m e n ts.
E n fin p o u r ce q u i e st d e s é lé m e n ts d 'o r d r e 2 o n tro u v e u n c e n tr a lisa te u r à 8 é lé m e n ts, s o it
u n e c la s s e d e c o n ju g a is o n a v e c 21 é lé m e n ts.

II. A p p lic a t io n s t o p o lo g iq u e s
1. C o m m e n c e r p a r tra ite r le p r o b lè m e p o u r n = 2. P u is fa ire u n r a iso n n e m e n t p a r ré c u rre n c e
e n m o n tra n t q u e l'o n p e u t re lie r u n e m a tric e q u e lc o n q u e p a r u n arc c o n tin u à u n e m a tric e
d o n t le s e u l te rm e n o n n u l s u r la p r e m iè r e c o lo n n e s o it c e lu i s itu é s u r la p re m iè r e lig n e .
M o n tre r q u e l'o n p e u t s u p p o s e r ce te rm e p o sitif. O n p o u r r a m u ltip lie r p a r u n e m a tric e (2 ,2 ).

2. a) b) É tu d ie r la c o n v e rg e n c e d e s s u ite s e t (A “ ^ )^ . L e fa it q u e la p re m iè r e a d m e tte u n e
v a le u r d 'a d h é r e n c e im p liq u e q u e to u te s le s v a le u r s p r o p r e s s o n t d e m o d u le s in fé r ie u r o u
é g a l à 1. P o u r d é m o n tre r c e la o n p e u t s u p p o s e r A tria n g u la ire e t o b s e r v e r q u e la n o rm e
d e la m a tric e d o it re ste r b o rn é e . L a s e c o n d e s u ite d o n n e l'a u tr e in é g a lité . E n u tilis a n t la
ré d u c tio n d e Jo r d a n o n m o n tre q u e s i A n 'e s t p a s d ia g o n a lis a b le la s u ite A^ n 'a d m e t p a s
d e v a le u r d 'a d h é r e n c e c a r la n o rm e d e la m a tric e te n d v e r s l'in fin i.
I
n
I
Q
® EXERCICES 243
4. a) M o n tre r q u e l'im a g e d 'u n v e c te u r n o n n u l a a u m o in s u n e c o m p o sa n te n o n n u lle e n
c o n sid é ra n t la c o m p o sa n te n o n n u lle d e p lu s g r a n d m o d u le d u v e c te u r d 'o r ig in e .

5. d) D é r iv e r 7 (5 -\-t) = p a r r a p p o r t à t, et é ta b lir u n e é q u a tio n d iffé re n tie lle q u e l'o n


réso u d ra.

6 . a) L a d iffé re n tie lle e s t l'id e n tité .

7. O n fa it u n c a lc u l d ire c t p o u r le s m a tric e s d ia g o n a le s , q u i p a s s e n t a u m a tric e d ia g o n a lis a b le s .


P u is, si o n n o te ca le p o ly n ô m e c a r a c té r istiq u e d e A o n m o n tre ra q u e la fo n c tio n q u i à A
a s s o c ie c a { A ) e st c o n tin u e , e n in te rp ré ta n t l'e s p a c e d 'a r r iv é e c o m m e u n e s p a c e v e c to rie l
s u r C d e d im e n s io n fin ie.

III. G r o u p e lin é a ir e
2. Il s 'a g it d e tro u v e r le n o m b re d e b a s e s d e . O n tro u v e
(g n _ l)(ç» _ ç )...(ç n _ çn -l)

3. O n tro u v e

(gd _ l)(gd _ ç)...(çd _ ,d -l)

4. S i A; ^ ^ o n tro u v e
( g ’" - l ) ( g " - g ) • • • ( g " -
(gk _ l) ( ç f c _ Ç ) . . . (gfc _ g k -l)^ g e _ l)^ g C - g ) . . . (g^ - g C - l) ‘

S i /c = ^ o n tro u v e
1 (g" - i)(g" - g) ••■(g" - g’"~M

5. M o n tre r q u 'u n e m a tric e telle q u e —I e st d ia g o n a lis a b le et e s t d é te r m in é e p a r la


d é c o m p o sitio n d e l'e s p a c e v e c to rie l e n s o m m e d ire c te d e s s o u s - e s p a c e s p r o p r e s . O n e s t
d o n c ra m e n é e à ch e rc h e r le n o m b re d e d é c o m p o sitio n d e e n s o m m e d ire c te d e
s o u s - e s p a c e s p r o p r e s . D a n s le c a s = / m o n tre r q u e d e m ê m e q u e A e s t d ia g o n a lis a b le
et re p re n d re le m ê m e ra iso n n e m e n t.

7. a) 24, le cen tre e s t is o m o r p h e Z /2 Z .


b) F a ire a g ir le g r o u p e S L 2 ( F 3 ) s u r le s d r o ite s d e F § .
c) O n c o m m e n c e p a r m o n tre r q u 'u n 2 - s o u s - g r o u p e d e S y lo w d e S L 2 ( F 3 ) e s t is o m o r p h e a u
q u a te r n io n ie n Q . P o u r c e la o n p e u t u tilise r la c la ssific a tio n d e s g r o u p e s d 'o r d r e 8 .

8 . É tu d ie r l'a c tio n s u r l'e n se m b le d e s d r o ite s d e Fg e t F | .

13. P o u r cet e x e rcice e t le s d e u x s u iv a n t s o n u tilise ra la d ia g o n a lis a t io n s im u lta n é e d e s m a tric e s.


O n m o n tre ra q u e le s o u s - g r o u p e s'id e n tifie , à u n c h a n g e m e n t d e b a s e p r è s à u n e n se m b le
d e m a tric e s d ia g o n a le s . P u is o n tie n d r a c o m p te d e s v a le u r s p r o p r e s . L a r é p o n se e s t k ^ n .

16. b) S o it P € F 2 [X , y ] in v a r ia n t p a r l'a c tio n c o n sid é ré e . M o n tre r q u e P ( 0 , y ) s'é c r it s o u s la


fo rm e Q ( y ^ ) , p u is m o n tre r q u e P - Q { w 2 ) e st d iv is ib le p a r w^. C o n c lu re e n u tilis a n t u n
a r g u m e n t d e ré c u rre n c e s u r le d e g r é .

17. C a lc u le r la p lu s g r a n d e p u is s a n c e d e 2 d iv is a n t l'o rd re d e G L n ( F 2 ) e n u tilis a n t le p r e m ie r


e x e rc ic e d e cette se c tio n . P u is c a lc u le r le n o m b re d e m a tric e s tria n g u la ir e s s u p é r ie u r e s
in v e rsib le s.

244 REDUCTIONS DES ENDOMORPHISMES STRUCTURE DU GROUPE LINÉAIRE - C hap. 5


chapitre 6

Formes bilinéaires
et sesquilinéaires
Groupes orthogonaux
et unitaires
Dans tout ce chapitre, tous les espaces vectoriels seront supposés de dimension
finie. On étudiera les formes bilinéaires, sesquilinéaires et quadratiques sur ces
espaces, ainsi que celle des groupes qui leur sont associés. Dans une large mesure
c'est un chapitre de révision, quelques pistes de développement y sont ouvertes.
La première section consistera donc en rappels fondamentaux, la seconde à une
étude un peu plus détaillée du groupe orthogonal euclidien, et en particulier de
ses systèmes de générateurs. La troisième est consacrée à une étude particulière
de la dimension 3 et 4. Enfin, la dernière section est consacrée au groupe unitaire.

1. Formes bilinéaires et sesquilinéaires


Soit k un corps quelconque, et soit E un espace vectoriel de dimension finie sur
k. Nous commençons par définir les formes bilinéaires sur l'espace vectoriel E .
73 D é f in it io n 1
On appelle forme bilinéaire sur E une application b de E x E dans k telle que
pour tous x ,y ,z e E et X e k on ait :
b{Xx,y) = b{x,Xy) = Xb{x,y),
► b{x -\-y,z) = b{x, z) + b{y, z), et
- b{z, x-\-y) = b{z, x) + b{z, y) .

I La forme b est symétrique si b{x^y) = b{y^x) pour tous x , y e E . Elle est dite
antisymétrique si b{xyy) = -b{y^x) pour tous x^y e E.

Q
® 6.1 - FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES 245
On notera que l'ensemble des formes bilinéaires sur E est un espace vectoriel sur
k. Le sous-ensemble des formes symétriques est un sous-espace vectoriel. Il en est
de même du sous-ensemble des formes antisymétriques.
La notion de forme sesquilinéaire peut être introduite dans un contexte plus gé­
néral que celui que nous allons choisir. La définition générale se place dans le
contexte où est donné un corps k muni d'un automorphisme cr. Nous nous con­
tenterons de considérer le cas où k est le corps C et cr la conjugaison complexe.
Soit donc E un espace vectoriel complexe de dimension finie.

D é f in it io n 2
Une forme sesquilinéaire sur E une application b de E x E dans C telle que pour
tous X, y, 2; G £■ et A G C on ait :
► 6(Ax,y) = Â6(x,y), et
► 6(x,Ay) = A6(x,y),
► b{x + yyz) = b{x, z) -f- 6(y, z), et
► b {z ,x ^ y ) = b{z, x) + b{z, y) .

La forme est dite hermitienne si pour tous x, y G £? on a 6(x, y) = 6(y, x ) .


On notera que dans le cas hermitien, 6(x,x) étant égal à 6(x,x), est toujours réel.
L'ensemble des formes hermitiennes est un espace vectoriel réel.

Représentations matricielles
Décrivons les représentations matricielles de formes bilinéaires et sesquilinéaires.
Supposons donnée une base { e i , . . . , en} de l'espace vectoriel E . On associe à la
forme bilinéaire (resp. sesquilinéaire) b la matrice B = (bij) définie par

Soient alors x^y e E donnés dans la base considérée par les vecteurs colonnes

X =

On a :

dans le cas bilinéaire, et :


b{x,y) = ^XBY
dans le cas sesquilinéaire.

246 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


La matrice d'une forme bilinéaire symétrique est évidemment symétrique, celle
d'une forme antisymétrique est antisymétrique.
Enfin, celle d'une forme sesquilinéaire est hermitienne, c'est-à-dire que
^B = B ,
où B désigne la matrice complexe conjuguée de la matrice B, C'est-à-dire la ma­
trice dont les coefficients sont les nombres complexes conjugués des coefficients
de B.
Soit une seconde base {e'i,... ,e^} de l'espace vectoriel E , et soit P la matrice de
passage de la première base à la seconde base.

P r o p o s i t i o n 1 . La matrice B' de la forme bilinéaire b dans la seconde base est ^PBP.

Démonstration. Soit P = (c ij) la matrice de changement de base. Il suffit de


calculer 6(e^, e' ). Cette quantité est égale à

C £,ie£,^ C kjek^ ,

soit égale à
53 •
£,k
Cette dernière quantité est bien le coefficient correspondant de la matrice ^PBP, m

Dans le cas sesquilinéaire la formule de changement de base est donnée par :


P r o p o s i t i o n 1 b i s * La matrice B' de la forme sesquilinéaire b dans la seconde base
est ^PBP, où P désigne la matrice complexe conjuguée.

Démonstration* Cette propriété se démontre de la même façon que la propriété 1.

I Formes quadratiques associées


Introduisons maintenant les formes quadratiques associées. Nous supposerons dans
cette sous-section que le corps n'est pas de caractéristique 2.

D é f in it io n 3
Soit b une forme bilinéaire symétrique, respectivement sesquilinéaire hermi­
tienne. On appelle forme quadratique associée à 6, respectivement quadratique
hermitienne, l'application ç, respectivement h, de E dans C, respectivement de

Q
6.1 - FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES 247
Е dans М, donnée par
b{v^v) .

Définissons alors une forme quadratique comme étant une application q de E


dans k, telle que l'application de E x E dans k donnée par :

K^.2/) = I + y)~ - Q{y))

est une forme bilinéaire, appelée la forme polaire de q.

Notons que l'application donnée par la formule précédente est symétrique par
construction. La donnée d'une forme quadratique q détermine donc une unique
forme bilinéaire symétrique. Énonçons :

P r o p o s i t i o n 2 . Soit k un corps de caractéristique différente de 2, et soit E un espace


vectoriel sur k. La formule précédente détermine une bijection entre l'espace vectoriel des
formes quadratiques sur l'espace vectoriel E et l'espace vectoriel des formes bilinéaires
symétriques sur l'espace vectoriel E.

Définissons une forme quadratique hermitienne comme étant une application h de E dans
R , telle que l'application b de E x E dans C donnée par ;

b{x, y) = ^ {h{x + y ) - h(x - 2 /)) - I {h(x + iy) - h{x - iy))

soit une forme sesquilinéaire hermitienne, appelée la forme polaire de h.


Notons qu'elle est hermitienne par construction. La donnée d'une forme quadra­
tique hermitienne h détermine donc une unique forme sesquilinéaire hermitienne.
Énonçons :

P r o p o s i t i o n 3 . Soit E un espace vectoriel complexe. La formule précédente détermine


une bijection entre l'espace vectoriel réel des formes quadratiques hermitiennes et l'espace
vectoriel réel des formes sesquilinéaires hermitiennes.

D é f in it io n 4
Soit b une forme bilinéaire symétrique, respectivement une forme sesquilinéaire
hermitienne. On appelle noyau de b, et on note Ker(6), l'ensemble des vecteurs
V e E tels que b{v^ 2/) = 0 pour tout y e E.

On dit qu'une forme bilinéaire symétrique, respectivement sesquilinéaire hermi­


tienne, est une forme non dégénérée si et seulement si son noyau est réduit au
vecteur nul.

248 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


On remarquera que le noyau est un sous-espace vectoriel. Voici une propriété
fondamentale des formes non dégénérées.

P r o p o s i t i o n 4 . Soit b une forme bilinéaire symétrique non dégénérée sur un espace


vectoriel E sur un corps k. L'application E ^ E* qui à v e E associe l'élément v e E*
donné par :
w — >b{wyv)
est un isomorphisme d'espaces vectoriels sur k.

D é m o n s t r a t i o n . Vérifions d'abord que l'application ainsi déterminée est linéaire.


On a V + w(x) = b(xj V-h w) = 6(x, v) + b(x, w) = v(x) -h w(x), et Àv(x) = b{x, Xv) =
Xb{x,v) = Xv(x). D'où le résultat. Maintenant comme E est de dimension finie il
est de même dimension que son dual E * . Il suffit donc de montrer que l'applica­
tion wh^ w est injective. Mais son noyau est constitué par l'ensemble des vecteurs
w tels que pour tout x e E on ait b{w^x) = 0. C'est-à-dire que son noyau est celui
de b qui est réduit à 0 par hypothèse. Le résultat suit. ■

D é f in it io n
On appelle rang d'une forme bilinéaire symétrique, respectivement d'une forme
sesquilinéaire hermitienne, b ou de la forme quadratique associée, respecti­
vement quadratique hermitienne associée, la quantité dimk{E) —dimjk(Ker(6)),
respectivement la quantité dimci^*) —dimc(Ker(6)).

P r o p o s i t i o n 5 « Soit b une forme bilinéaire symétrique sur un espace vectoriel E de


dimension n. Le rang de b est aussi le rang de la matrice associée A dans une base
quelconque.

D é m o n s t r a t i o n . Observons d'abord que le rang de la matrice associée reste le


même quand on change la base.
En représentation matricielle le noyau de la forme bilinéaire symétrique est l'en­
semble des X tels que pour tout Y on ait ^YAX = 0. C'est donc le sous-espace
des X tels que AX = 0. Si on note q{A) le rang de la matrice A la dimension de
ce sous-espace est donc n —g{A). Le résultat suit. ■

Groupes orthogonaux et unitaires


D é f in it io n 5

i Étant donnés un espace vectoriel E sur un corps k et b une forme bilinéaire


symétrique sur E on appelle groupe orthogonal de b et on note 0(6) le sous-
I
7O
3
§
Q
® 6.1 - FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINEAIRES 249
groupe de GL(£^) constitué par les isomorphismes linéaires / tels que pour
tous v,w € E on ait b(v,w) = b {f{v ),f{w )).

Étant donnés un espace vectoriel E sur un corps k et q une forme quadratique


sur E on appelle groupe orthogonal de q et on note 0 {q ) le sous-groupe de
GL(£/) constitué par les isomorphismes linéaires / tels que pour tous v,w e E
on ait q{v) = q{f{v)).

Proposition 6 . Si le corps k est de caractéristique différente de 2. Le groupe orthogonal


d'une forme bilinéaire symétrique coïncide avec celui de la forme quadratique associée.

D ém onstration. Soit q une forme quadratique sur un espace vectoriel et 6 la


forme polaire. Il est clair que le groupe de la forme bilinéaire est contenu dans
celui de la forme quadratique. En effet, si on a u e 0(6) on a b{u{x),u{y)) = b{x,y)
pour tous x,y € E . Donc en particulier pour x = y, ce qui implique que u 6 0 {q ).
Inversement, si u G 0 {q ) on a :

b{u{x), u{y)) - i {q{u{x + y)) - q{u{x)) - q{u{y)))

l iQ{x + y )~ q(x) - q(y)) = b{x, y ) .

Donc on a bien u e 0 {b).

Définition 6
Étant donnés un espace vectoriel complexe E et 6 une forme sesquilinéaire her­
mitienne sur E , on appelle groupe unitaire de b et on note U(6) le sous-groupe
de GL(£') constitué par les isomorphismes linéaires / tels que pour tous v^ w eE
on ait b{v,w) = b {f{v ) J {w )) .

Étant donnés un espace vectoriel complexe E et h une forme quadratique hermi­


tienne sur E , on appelle groupe unitaire de q et on note U(/i) le sous-groupe de
G L(E) constitué par les isomorphismes linéaires / tels que pour tous v^w e E
on ait h{v) = h{f{v)).

Proposition 7* Le groupe unitaire d'une forme sesquilinéaire hermitienne coïncide avec


celui de la forme quadratique hermitienne associée.

D ém onstration. La démonstration se fait comme plus haut. ■

250 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


La réduction en carrés et la loi d'inertie
Nous passons maintenant à Tétude de la réduction en carrés d'une forme quadra­
tique, réduction dite de Gauss. Voici le premier théorème de cette sous-section. Le
corps de base est toujours supposé de caractéristique différente de 2. ^

T h é o r è m e 1 • Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k et soit q


une forme quadratique sur E. On peut trouver une famille de formes linéaires Ai,. . . ,
et des éléments du corps a i , . ..,a u , tels que pour tout x e E on ait :

=XI •
Si on suppose les formes linéaires en question linéairement indépendantes et les éléments
ai tous non nuis, l'entier u est bien déterminé, c'est le rang de la forme quadratique.

D é m o n s t r a t i o n . Soit a i ,. .. ,a n une base du dual E* de E . Soit x e E , q{x) est


alors un polynôme homogène de degré 2 en les ai{x ). C'est-à-dire que :

q{x) = X!

avec ai J G k. On va faire un raisonnement par récurrence.


Distinguons deux cas.
Dans le premier on suppose que le coefficient ai^i apparaissant dans l'expression
de q{x) est non nul pour un certain indice i. Quitte à réindexer on peut supposer
que c'est pour i = l. Dans ce cas on écrit :

q{x) =oi,i (q!i (x)2 + a ija j{x fj ) ----

J (^ ^ ^ ] aijO !i{x)oij{x).
4a. .
’ i> i i,j K i ^ j

On pose Al - «1 + a ija j).

On constate que Ai, 02 , o^n est encore une base de l'espace dual. La matrice
I de passage étant triangulaire avec des coefficients non nuis sur la diagonale. On
I obtient :

i/(a;) = a i , 1 Al ( x f - a i J a j ( a ;) ) - X I û i ,j a i ( x ) a j ( x ) )
I

Q
6.1 - FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES 251
Dans le second cas tous les termes ai,i sont nuis. Quitte à réindexer on peut
supposer que le terme 01,2 est non nul. Dans ce cas réécrivons q{x) comme suit :

ai,2 («1 (x) + (æ)) ( « 2(2;) +^ (x))

E a ija d x )a j{x ).
'j>2 iJ2<i^j
Posons alors
Al = ai 4- ^ Oii
J>2
O'!,2
et
^2,j
A2 = a2 + ^ ---- (
J>2
0>1,2

On obtient
q{x) = ai,2Ai(a;)A2( x ) ------

ûl,2 i j 2<i^j,
j>^ i>2

soit
Q(x )= ^ ((^1(2;) + >^2 {x ) Ÿ - (-^1(2;) - ^2(2;))^)-----

-- ai,2(E ~ “2(^))(E ~ ^2(^)) + E


j> 2 “ '-2 ^ j> 2 i,j2< i^j
(®)“2(2;)•
La famille Ai + A2, Ai - A2, 03, . . . , a„ constitue encore une base de l'espace dual.
Le déterminant de la matrice de passage est égal à 2.
On peut alors dans un cas comme dans l'autre appliquer l'hypothèse de récurrence
au terme de droite du membre de droite des équations. On admet donc qu'une
forme qui s'écrit comme polynôme homogène de degré 2 en n - 1 formes linéaires
peut s'écrire comme combinaison linéaire de carrés. Or on vient bien de se réduire
à une forme qui s'exprime comme polynôme homogène de degré 2 en au plus
n - 1 formes linéaires.
Le résultat peut être précisé. Dans la construction ci-dessus on substitue pas à pas
à la base initiale de l'espace dual une nouvelle base. On peut donc supposer que
les formes linéaires A^ du théorème constituent un système libre. m

Le théorème s'étend évidemment aux formes quadratiques hermitiennes. Par exac­


tement le même type d'arguments on montre qu'elles peuvent se mettre sous la
forme :

les coefficients étant réels.

252 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


Nous allons maintenant préciser l'étude dans le cas réel.
Théorèm e 2* Soit E un espace vectoriel réel de dimension finie et soit q une forme
quadratique. On peut trouver une famille de formes linéaires Ai,. . . , et une famille de
formes linéaires , . . . , /is telles que pour tout x e E on ait :

Si la famille { Ai, . . . , Ar, , . . . , )L¿5} est libre, Ventier r + s est le rang de la forme.

Sous l'hypothèse précédente les entiers r et s sont eux aussi uniquement déterminés.

La dernière propriété est connue sous le nom de loi d'inertie de Sylvester. Le


couple (r, s) est la signature de la forme quadratique.

D é m o n s t r a t i o n « Pour ce qui est de la première partie on commence, suivant le


théorème précédent par écrire q{x) sous la forme aiAi(x)^. On suppose tous les
üi non nuis et on suppose que les Ai forment un système libre. On regroupe sui­
vant le signe des a i . Supposons que les r premiers soient positifs et les s derniers
soient négatifs. On peut alors réécrire q{x) sous la forme :

XI - r+l^i^r+s
X ■

Montrons l'unicité de r et s. La somme r + 5 est ainsi qu'on l'a vu bien déterminée,


c'est le rang de la forme. Notons n la dimension de l'espace E . Soit donc deux
décompositions :

X X
et
i(^)= X - X
Complétons la famille constituée par les Ai et par les pj en une base de E *,
notons , . . . , et les formes linéaires adjointes. On a r s + t = n.
Faisons de même pour la famille constituée par les A^ et les /z'. Soient e i, . . . ,
les formes linéaires adjointes. On a r*' + s' + i = n.
Supposons alors que r < r ' . Considérons le sous-espace F de £* d'équations Ai = 0,
Z= 1 , ... , r. Il est de dimension n —r. La forme quadratique y prend des valeurs
négatives ou nulles. Considérons le sous-espace F' d'équations /x' = 0, j = 1,..., s'
et = 0, ^ = 1 , ... , L II est de dimension n —s' - t = r' .L a forme quadratique y
I
TOJ
a3
Q
® 6.1 - FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES 253
prend des valeurs positives non nulles en dehors de 0. Comme :
(n — r ) + r ' = n + (r' — r ) > n

l'intersection de F et F' est de dimension au moins 1 et contient donc un vecteur


non nul sur lequel q devrait être négative ou nulle, ou strictement positive. C'est
impossible. La condition r < r' menant à une contradiction on en déduit que r = r'
(la condition r > r' est éliminée de façon analogue) et donc s = s '. я

Pour conclure rappelons qu'une forme quadratique sur un espace vectoriel réel E
est appelée positive si elle ne prend que des valeurs positives ou nulles. Elle est
définie positive si elle est positive et ne prend la valeur 0 que pour le vecteur nul.
Si l'espace E est de dimension n elle est de signature (n,0). On définit de même
les formes négatives et définies négatives.
Enfin, ajoutons que ce que l'on vient de faire s'étend aux formes quadratiques
hermitiennes :

Théorèm e 3 . Soit E un espace vectoriel complexe de dimension finie et soit h une


forme quadratique hermitienne. On peut trouver une famille déformés linéaires Л1, . . . ,
et une famille de formes linéaires pi^.. .^/is telles que pour tout x e E on ait :

q{x)= E E
j =l y . . . j S
Si la famille {Л1, . . . , , . . . , //5} est libre, l'entier r s est le rang de la forme.
Sous l'hypothèse précédente les entiers r et s sont eux aussi uniquement déterminés.

On définit également des formes définies positives et négatives.

Vecteurs isotropes
Définition 7
Soit q une forme quadratique sur un espace vectoriel E . On dit qu'un vecteur
V est un vecteur isotrope si et seulement si q{v) = 0. On dit qu'un sous-espace
F est totalement isotrope si tout v e F est isotrope.

Voici un exemple important. Considérons l'espace vectoriel et sa base canonique


{ 61, 62}. Considérons la forme quadratique déterminée par la matrice
0 1
J2 10
Les vecteurs 61 et 62 sont isotropes. L'espace muni de cette forme est appelé le
plan hyperbolique. Plus généralement on appelle plan hyperbolique tout espace

254 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


de dimension 2 muni d'une forme quadratique q pour laquelle on peut trouver
une base où sa matrice soit J 2.
Par exemple, c'est le cas de muni de la forme quadratique .

Définition 8
Soit E un espace vectoriel sur un corps k, et soit q une forme quadratique sur
E . On appelle sous-espace totalement isotrope maximal un sous-espace totale­
ment isotrope F tel que si F ' est un sous-espace totalement isotrope contenant
F , alors F = F ' .

Tout sous-espace totalement isotrope est contenu dans un sous-espace totalement


isotrope maximal car E est de dimension finie.
Si on considère le cas d'une forme quadratique, sur un espace vectoriel réel de di­
mension n, de signature (r, s) on montre que les sous-espaces totalement isotropes
maximaux sont de dimension n —(r + s) + max(r, s ). En fait on a :

Théorèm e 4 . Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k, et soit q


une forme quadratique sur E. Tous les sous-espaces totalement isotropes maximaux ont
même dimension.

Ce résultat est un corollaire du théorème de Witt qui suit et qui sera démontré en
exercice :

Théorèm e 5 (Witt). Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k de


caractéristique différente de 2, et soit q une forme quadratique sur E. Soient F et F'
des sous-espaces vectoriels de E. Alors les deux conditions suivantes sont équivalentes :
► il existe un élément u du groupe 0 {q ) tel que u{F) = F ',
► il existe une application linéaire bijective f de F sur F ' telle que pour tout v e F
on ait q{v) = q{f{v)).

2. Structure du groupe orthogonal euclidien


Dans cette section nous allons étudier plus en détails le cas où on a un espace
3g
vectoriel réel de dimension finie muni d'une forme quadratique définie positive q.
Un tel espace est appelé un espace vectoriel euclidien. La forme polaire associée
b est le produit scalaire euclidien.
L'application x 1-^ ||a:||= y/q{x) est alors une norme, rappelons que Ton a l'inégalité
I de Cauchy-Schwarz [LM], [LA].
S
I

Q
(§) 6.2 - STRUCTURE DU GROUPE ORTHOGONAL EUCLIDIEN 255
Notons qu'une application qui préserve la norme préserve aussi le produit scalaire
et est linéaire.
Une base {ei , . . . , en} de l'espace telle que q{ei) = 1 et b{ei^ej) = 0 si j est dite
orthonormée.
Le théorème 2 de la section 1 montre que l'on peut trouver une base de E dans la­
quelle la forme q s'écrit æf H------ h . On en déduit que si q et g' sont deux formes
définies positives sur un même espace vectoriel de dimension n les groupes 0 {q )
et O(ç') sont isomorphes. En effet, ils sont isomorphes tous les deux au groupe
de la forme H-------h qui est noté 0(n ).
Une matrice de 0 (n ) est dite orthogonale.

P r o p o s i t i o n 1 • Une matrice (n, n) A est orthogonale si et seulement si ses vecteurs


forment une base orthonormée de ou encore si et seulement si ^AA = /n.

Démonstration, Soient X et У deux vecteurs colonnes. Leur produit scalaire est


égal au produit ^XY. Pour qu'une matrice A soit orthogonale il faut et suffit que
pour tous X ,y on ait ^X{fAA)Y = ^XY, Ceci est équivalent à l'égalité ^AA = 7n*
Cette identité exprime exactement le fait que les vecteurs colonnes de A consti­
tuent une base orthonormée de E^. En effet, si A = {o ij cette identité équivaut
aux relations — Ь pour j = 1,... ,n, et = 0 si A; relations
qui expriment que le système des vecteurs lignes est orthonormé. ei

C o r o l l a i r e , Une matrice orthogonale est de déterminant 1 ou - 1 .

Démonstration, En effet, on a det(MA) = det(^i4)det(A) = det(i4)^ =det(/n) = L


D'où le résultat. m

D é f in it io n 1
On appelle groupe spécial orthogonal et on note SO(n) le sous-groupe constitué
par les matrices orthogonales de déterminant 1.

En particulier le groupe SO (2) est constitué par les matrices

► -hc^ =6^+ = 1,
(-) telles que :

►a6 +cd =0,


►ad —6c = 1.
De la première équation on conclut qu'il existe 9 tel que a = cos 6 et c = sin6. De
la seconde et de la première on déduit que b = —sin 9 et d = cos 9 ou b = sin 9 et
c = —cos 9. Enfin de la troisième on déduit que la première solution est la bonne.

256 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINEAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


La matrice est donc égale à la matrice Re suivante
/ cos 0 —sin 0 \
sin 6 cos 6 J
Autrement dit que c'est une rotation d'angle 0, Notons que ReRe^ = Re+o' .
Notons enfin que l'application z : U —>SO (2) qui à associe Rg est un isomor­
phisme de groupes. En effet, c'est un homomorphisme car on a

= R e+e< = R e R o ' •

C'est un isomorphisme à cause de la formule de Moivre, en fait cet énoncé n'est


rien d'autre qu'une présentation pédante de cette formule !
Les autres éléments du groupe 0(2 ) sont de déterminants —1. L'analyse faite ci-
dessus montre que la matrice d'un tel élément est de la forme :
cos 0 sin 0
Sin0 —COS0
pour un certain réel 0, Il s'agit de la symétrie orthogonale autour de la droite
û
faisant un angle - avec l'axe des abscisses.
Dans la section suivante on reviendra plus en détails sur le cas de SO(3) et de
SO(4).

Symétries et générateurs du groupe orthogonal


Soit E un espace vectoriel euclidien et b son produit scalaire.

D é f in it io n 2
Soit F un sous-espace vectoriel de E. Son orthogonal est par définition l'ensemble
des vecteurs v e E tels que b{x,v) = 0 pour tout x e F . On le note F-^.

.-ü C'est évidemment un sous-espace vectoriel de E.


'O
I P r o p o s i t i o n 2 . L'espace vectoriel E est la somme directe de F et de F -^.

I D ém onstrotion. En fait il faut commencer par montrer que F-^ est un sous-
I espace. Mais si on a v^w e F^ et A G M, on a 6(x,v-\-w) = b{x,v) -hb{x,w) = 0 pour
§ tout a; G F , et on a 6(x, Xv) = Xb{x, v) = 0. Donc v-\-w et Xv sont éléments de F-^.
I Montrons maintenant que E est somme directe de F et . Si on a z; G F n F-*-
I cela implique que b{v,v) = 0. Mais comme b est un produit scalaire cela implique
S v = 0.
I
T3

6.2 - STRUCTURE DU GROUPE ORTHOGONAL EUCLIDIEN 257


Pour démontrer que E est somme directe de F et F-*- il suffît maintenant de
montrer que
dim® (F) + dimR(F-*-) ^ dimR(F).
Mais si d est la dimension de F et si ei, . . . , e<i est une base de F , le sous-espace
F-*- est l'ensemble des x annulant les d formes linéaires x b{ei,x). Il est donc
de dimension au moins n —d. Le résultat suit. ■

On dit que F et F-*- forment une décomposition de E en somme directe or­


thogonale, et on note F = F ± F-*-. On notera que l'on a (F-*-)-*- = F . Le lemme
élémentaire suivant est très utile :

Lemme 1. Soit E un espace vectoriel euclidien, soit f une application orthogonale, et


soit F un sous-espace tel que f { F ) c F . Alors on a /(F-*-) c F-*-.

D ém onstration. L'application / restreinte à F induit un isomorphisme de F


dans lui-même, étant injective et prenant ses valeurs par hypothèse dans F . Soit
V 6 F-“-, on a donc pour tout x G F la relation b{f{v),x) —b{v, f~^{x)) = 0, comme
f~^{x) décrit tout F on a f{v ) G F-*-. ■

D é f in it io n 3
Soit E un espace vectoriel euclidien, et soit E = H ± G une décomposition en
somme directe orthogonale de E {Le. G est égal à ). Soit x G F , et soit x =
xh + xq sa décomposition, xh ^ H et xq E G.

On appelle projection orthogonale de F sur H l'application linéaire qui à x


associe x h -

On appelle symétrie orthogonale autour de H , et on note sh, l'application


linéaire qui à x associe xh —x q -

Les symétries sont des éléments du groupe orthogonal. Il suffit de calculer

b{xH -\rXG^VH + Va) —b{xH,yH) + b{xG,ya) = b{xH -XG.yn - ya) ■


La conjuguée par un élément r G 0 (n ) d'une symétrie s h est la symétrie Sr(if)-
En effet, soit s' = r o sh ° r~^ et soit v —r(x) G r(H ). Alors
s'(v ) = r o S H o r ~ * r ( x ) = = 7-0 S / f(x ) = r ( x ) = V .

Par ailleurs si w est dans l'orthogonal de r{H ) alors (w) est dans l'orthogonal
de H, donc s{r~^{w)) = —r~^{w) et s'{w) = - w . Donc on a bien :
roSHOr~^ = Sr(H) ■

258 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


Inversement on a :
P r o p o s i t i o n 3 . Soit E un espace vectoriel euclidien, et soient H et H' deux sous-
espaces de même dimension. Les symétries s h et sh ' sont conjuguées.

Démonstration« Il suffît de prendre comme facteur de conjugaison une trans­


formation orthogonale quelconque envoyant H sur Une telle transformation
existe. On choisit une base orthogonale de F , on la complète en une base orthogo­
nale de E. Pour ce faire on peut utiliser le procédé de Gram-Schmidt [LA], [LM].
On fait la même chose pour F', puis on considère la transformation qui envoie la
première base de E sur la seconde, et celle de F sur celle de F ' . m

D é f in it io n 4
On appelle une symétrie orthogonale autour d'un hyperplan H, H est ap­
pelé rhyperplan de réflexion. On appelle une symétrie orthogonale autour d'un
sous-espace de dimension n - 2.

P r o p o s i t i o n 4 . Les retournements sont dans le groupe spécial orthogonal. Les réflexions


sont de déterminants -1 .

Démonstratiorio Plus généralement considérons une symétrie autour d'un sous-


espace H. Choisissons une base de E qui soit réunion d'une base de H et d'une
base de son orthogonal G. La matrice de la symétrie est alors diagonale avec des
1 et des - 1 . Le nombre de - 1 est la dimension du sous-espace G. Le déterminant
est donc Le résultat suit. n

T h é o r è m e 1 • Le groupe orthogonal est engendré par les réflexions. En fait, un élément


du groupe orthogonal est produit d'au plus n réflexions.

Démonstration. Soit / e 0{q). Supposons que le sous-espace propre i î de /


associé à la valeur propre 1 soit de dimension k. On va montrer qu'en multipliant
/ par une réflexion r on peut supposer que le sous-espace propre associé à la
valeur propre 1 de r o / est de dimension au moins A;-h 1.
Supposons que k < n , l'application / étant distincte de l'identité il existe donc
un vecteur v e tel que v ^ f{v ), notons que f{v ) G H ^ . Considérons alors la
réflexion r autour de l'hyperplan orthogonal à v - f{v ). On a r ( v ) = f{v ), et donc
r Of laisse V fixe.
L'application r laisse fixe point par point l'hyperplan orthogonal a v - f{v ), donc
H qui est contenu dedans. Comme H est fixe point par point par l'application
r Of , elle laisse fixe point par point le sous-espace vectoriel H ± R v qui est de
I dimension fc + 1.

Q
6.2 - STRUCTURE DU GROUPE ORTHOGONAL EUCLIDIEN 259
En itérant au plus n fois cette construction on obtient un produit o •* •o n o /,
h ^ n , qui est égal à l'identité. Ceci donne le résultat. gi

Nous passons maintenant à l'étude du groupe dérivé.

T h é o r è m e 2 . Le groupe dérivé de 0 {q ) est SO{q) si la dimension de E est supérieure


ou égale à 2, Le groupe dérivé de SO (g) est SO (g) si la dimension de E est supérieure
ou égale à 3.

Démonstration« Un commutateur est de déterminant 1, donc le groupe dérivé


est sous-groupe du groupe spécial orthogonal.
Traitons d'abord le cas n = 2. Rappelons que toute rotation a du plan est produit
de deux réflexions r et r'. Par ailleurs deux réflexions quelconques sont conju­
guées par l'unique rotation p qui envoie la droite de réflexion de la seconde sur
celle de la première : r' = p~^ o r o p. Donc on a a = r o r ’ = r o p 1 O7* ip. C'est
donc un commutateur car r~^ = r.
Pour ce qui est du groupe SO(2), il est commutatif, son groupe dérivé est donc
trivial.
Passons au cas général. Soit t un retournement, il est produit de deux réflexions
s H et sh ' • En effet, si t est le retournement autour du sous-espace G, il suffit
de prendre pour H et H' deux hyperplans distincts contenant G, Comme précé­
demment s H et s H' sont conjugués par un élément du groupe spécial orthogonal
envoyant H sur H '. On montre alors exactement comme précédemment que le re­
tournement est un commutateur. Maintenant l'argument montre que le produit de
deux réflexions est un commutateur dans le groupe orthogonal. Or un élément du
groupe spécial orthogonal est produit d'un nombre pair de réflexions :

5 = n O ^ 2 O • • • O r2fc

car son déterminant est égal à 1. Donc


5 = (n O V2) O ( r 3 O T 4 ) O ♦ •♦ O ( r 2 f c - l O V2k)

et chaque parenthèse est un commutateur.


Ceci détermine le groupe dérivé du groupe orthogonal. Dans le cas du groupe
spécial orthogonal commençons par étudier le cas n = 3. Comme deux retourne­
ments quelconques sont conjugués et que les retournements engendrent le groupe
spécial orthogonal il suffit de montrer qu'un retournement est un commutateur.
On renvoie à [Pe]. m

Pour terminer cette sous-section nous allons donner une forme « diagonale » des
matrices orthogonales.

260 FORMES BILINEAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


T héorèm e 3 . Soit E un espace vectoriel euclidien de forme quadratique q. Soit f e
0(g). Il existe une base orthonormée de E dans laquelle f a une matrice diagonale par
blocs de la forme :
fC i \

Ck 0
-1

-1
0 1

\ 1
Dans cette matrice les sous-matrices Ci sont des matrices (2,2) spéciales orthogonales,
c'est-à-dire que Ci = ( sinô^ y suppose de plus que les 9i ne sont pas
y S i n t/i COS u i J

multiples entiers de tt.

La traduction matricielle de cet énoncé est la suivante. Soit A G 0 (n ), alors il existe


une matrice orthogonale P telle que la matrice P~^AP soit diagonale par blocs
de la forme décrite plus haut.

D é m o n s t r a t i o n . On va raisonner par récurrence sur la dimension n de E ,


Soit P le polynôme minimal de /. Toutes les valeurs propres de / sont de mo­
dule 1. Le polynôme minimal est produit de facteurs X —1, X + 1 , et de facteurs
Pi de degré 2 ayant des racines complexes conjugués :

Distinguons alors deux cas.


Dans le premier cas on suppose que fc > 0 ou que ^ > 0. On choisit alors un vecteur
propre, de norme 1, v associé à la valeur propre 1 ou à la valeur propre —1
suivant le cas. Soit H le sous-espace vectoriel orthogonal à v. L'application / laisse
invariant globalement i î . La restriction de f à H est encore orthogonale. Dans
une base orthonormée constituée de v et d'une base orthonormale de H la matrice
de / est diagonale par blocs de la forme

(ïî)
'dil

où K est orthogonale de taille (n - l,n —1). On peut alors appliquer l'hypothèse


s de récurrence et trouver une base de H où la restriction de / à JT a une matrice
I

I
Q
® 6.2 - STRUCTURE DU GROUPE ORTHOGONAL EUCLIDIEN 261
du type décrit dans l'énoncé. La matrice de / sera alors, à une permutation près
des vecteurs de base, du type cherché.
Dans le second cas on a k = £ = 0. Choisissons alors un vecteur non nul v de
norme 1 et tel que P i{f){v ) = 0. Il en existe nécessairement un par définition du
polynôme minimal. Le système {v^f{v)} est libre, en effet si ce n'était pas le cas
V serait vecteur propre (associé à la valeur propre 1 ou —1) ce qui est exclu par
hypothèse.
Le sous-espace L engendré par v et f{v ) est stable par /. Il suffit de montrer
qu'un vecteur de la forme f{ a v + P f{v), a, G M, est de la forme Xv -f- fjLf{v),
A,/i G M. Mais ceci résulte du choix de v, en effet si on note Pi = -\-bX + c avec
6,c G M on a (/^ + / + là){y) = 0 soit /^(v) = —bf{v) —v. Ce qui donne le résultat.
Mais /, laissant stable L, laisse stable son orthogonal . Dans une base ortho­
normée constituée, d'une base orthonormée de L, et d'une base orthonormée de
de L-^, / a une matrice diagonale par blocs de la forme
C
K
où K est orthogonale de taille (n - 2, n - 2). On conclut alors en utilisant l'hypothèse
de récurrence comme plus haut.
Notons que si l'application / (ou la matrice A) est de déterminant 1 la matrice du
théorème a forcément un nombre pair de termes - 1 sur la diagonale. Mais une
matrice de la forme ( ^ est évidemment de la forme Q = f
\ 0 -1 J y - s i n ^ cos0y
avec 0 = TT. Donc en regroupant les termes diagonaux —1 deux par deux la matrice
peut se mettre sous la forme
/C l \

Ck

V 1/
en supprimant la restriction sur les 0 i.

Ces résultats appliqués en dimension 3 restituent la description classique des


éléments de SO(3) :
► un élément de SO(3) a toujours 1 pour valeur propre et est une rotation
autour de l'axe parallèle à un vecteur propre associé.
Notons qu'ils impliquent aussi que toute valeur propre d'une matrice orthogonale
est dè module 1.

262 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


Topologie des groupes orthogonaux
Nous étudions ici quelques propriétés topologiques des groupes orthogonaux.

P r o p o s i t i o n s . 0 (n ) est compact

D ém onstration. Munissons l'espace vectoriel Mn(M) de la norme définie par


WM = pour A = (ai,j).

Observons d'abord que 0 (n ) est borné. En effet, si A G 0(n ) on a Yli ~


pour j = 1,... ,n, et donc ||A|| = n^.
Par ailleurs 0 (n ) est fermé. La caractérisation des matrices orthogonales nous dit
que c'est l'image inverse du point 0 , . . . , 0 ) par l'application continue
n fois n(n—1)/2 fois
n(n—1)
de M„(K) dans R” x M 2 donnée par

Al— i Ui.feai/= 0, k jie jY m

P r o p o s i t i o n 6 * Le groupe SO(n) est connexe par arcs.

D ém onstration. Il suffit de relier une matrice A G SO(n) quelconque à la ma­


trice identité par un arc continu. Pour cela effectuons un changement de base qui
mette sous la forme décrite à la fin de la sous-section précédente. Soit P la matrice
de changement de base. La matrice P~^ AP est de la forme :

(C l \

Ck

avec
Q _ ( c o s di s in Qi \
cd ^~ \ -sm 9i c o s 6i J
I
Introduisons alors les matrices :
80
cos tOi sin t0i
1<d C i{t) =
—sin t6i cos t6i
I
'Xi
Q
® 6.2 - STRUCTURE DU GROUPE ORTHOGONAL EUCLIDIEN 263
Puis la matrice
i Oi{t)

Ck{t)

J
Pour i = 0 cette matrice est égale à la matrice identité et pour t = l elle est égale à
la matrice P~^ AP. Ceci nous fournit un arc continu joignant ces deux matrices. En
multipliant par P et P~^ on a un arc continu joignant la matrice identité k A. m

On observera que SO(n) est donc la composante connexe de l'élément


neutre de 0 (n ).

3. Les quaternions, les groupes SO (3) et SO (4)


Cette section est consacrée à une étude particulière des groupes SO(3) et SO(4)
en liaison avec les quaternions que nous commençons par définir.
On considère l'espace vectoriel et on note les vecteurs de la base canonique
{ 61, 62} par 1 et j , 1 est donc le vecteur (1,0) et j le vecteur (0,1). On y définit
un produit par la formule suivante :
( a o + b o j ) { a i + b\j) = aoa\ — bob\ + (a o & i + C bibo)j .

Dans cette formule ao,60, a i, 61 sont des nombres complexes.

T h é o r è m e 1 • L'espace vectoriel muni de ce produit est un corps non commutatif.


On le note H et on l'appelle le corps des quaternions.

D é m o n s t r a t i o n . La vérification de la distributivité ne pose pas de problèmes.


La vérification de l'associativité de la multiplication est un peu fastidieuse mais
sans problème. Voici les calculs :
((ao + boj){üi + bij)){ü2 + b2j) = (aoai —bob\ H- (ao&i + üîbo)j){a2 + b2j) = • • •
• • • = aoaia2 —60^1 <^2 ~ ao6i&2 ~ â^bob 2 + (aoai62 ~ b o b ib 2 + aoô^èi —ôf 0260)j •
D'un autre côté on trouve aussi :
(ao + boj){{ai + bij){ü 2 + 62^)) = (^o + ^oi)(o-ia2 —6162 + (ai 62 + ^^i)j) = • • •
•••= aoaia2 —bob\a2 —aob\b2 —0760^2 + (aoaiÔ2 —60^1^2 + aoôjbi —ôT Ô2bo)j .
Ceci démontre l'associativité.

264 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


Il reste à démontrer que tout élément admet un inverse à gauche et à droite. Pour
ce faire on va commencer par introduire quelques notations puis un lemme. On
note к l'élément ij. Si bien que tout élément peut s'écrire d'une manière unique
soit a + bj avec a, 6 G C, soit a + /?г + + Sk avec a, /?, 7 , 5 G M et, a = a-\- et
6 = 7 + ¿г. À partir de la formule donnée plus haut on établit les relations :
► = - 1,
- ij = k, j k = i, ki = j ,
► ij = —j i, j k = —k j, ki = —ik.
Le sous-ensemble des éléments tels que yS = 7 = i = 0 est un sous-corps isomorphe
à M, par abus de langage on l'identifiera à M. De même le sous-ensemble des
éléments tels que 7 = i = 0 est un sous-corps isomorphe à C. On déduit de la
description précédente que :

P r o p o s i t i o n 1 • Le centre de H, c'est-à-dire l'ensemble des éléments de H commutant


à tous les éléments de H est égal à R.
D é m o n s t r a t i o n . En effet un élément a-\- (3i-\-'yj + Sk e H commute à tous les
éléments de H si et seulement si il commute à г, j et A;. Ceci a lieu si et seulement
sijd = 7 = (5 = 0. B

L'espace est muni du produit scalaire standard que l'on notera {x\y). La norme
euclidienne est notée \\z\\.
Définissons alors le conjugué z d'un élément z G H, avec z = a-{-bj comme étant
й —bj, ou si on écrit Z = a + Pi + j j + Sk comme étant a —Pi —^j —Sk.

L e m m e 1 • Avec les notations précédentes on a :


zz = P"^ S"^.
D é m o n s t r a t i o n . Elle se fait par calcul direct. Il est plus facile d'écrire z = a-\-bj
avec a = a-\- pi et 6 = 7 + Puis de calculer
zz = {a + bj){â —bj) = aâ + 66 = H- 7^ + . в

Le produit ZZ est donc égal au carré de la norme euclidienne ||;г:|р.


I On en déduit que l'inverse à gauche et à droite d'un élément non nul est égal à

L e m m e 2 . Pour tous y ,z e H on a :
{yz) = z ÿ .

Définition 1
•I<e
I
I On appellera quaternion pur un élément de H de la forme /3i + 'yj + 6k.

O
Q
6.3 - LES QUATERNIONS, LES GROUPES SO(3) ET SO(4) 265
Considérons maintenant un quaternion pur de norme 1. Il s'écrit donc z = P i b j ,
on a donc = -/3^ - 66 + Pb{ij -i- ji) = - 1 , On observera donc que dans le corps
non commutatif H le polynôme + 1 a une infinité de zéros.

P r o p o s i t i o n 2 . Soit V e H tel que ||t;|| = 1. Alors l'application Ry de H dans lui-


même qui à un élément z associe vzv est orthogonale. De plus elle laisse invariant le
sous-espace des quaternions purs.

D é m o n s t r a t i o n . Il suffit de vérifier qu'elle préserve la norme euclidienne. Il


suffit donc de vérifier que pour tout z e H on a zz = (vzv)(vzv). Or on a :
(vzv) (vzv) = VZVV ZV = vz\[ Ÿ z v =
= vzz V = = blPw = IU||2|M|2 =
Pour ce qui est de la seconde partie on observe que l'axe réel, c'est-à-dire le
sous-corps R, est stable par R y. En effet, un réel a commute à tout élément de
H donc vav = ||î;|P = 1. Donc Ry laisse stable l'orthogonal de l'axe réel qui est
par définition l'ensemble des quaternions purs et isomorphe à l'espace euclidien
E^. La restriction de Ry à ce sous-espace est donc un un élément du groupe
orthogonal 0 (3 ). ■

Notons l'ensemble des quaternions de norme 1. C'est un groupe pour la


multiplication de H car si on a ||îx||= ||î;|| = 1 on a ||г¿î;|| = ||г¿||||î;|| = 1.

T h é o r è m e 2 . L'application v Ry est un homomorphisme de groupes de sur


SO(3). Son noyau a deux éléments et est égal à { 1 , - 1 } .

D é m o n s t r a t i o n . L'application est un homomorphisme car


Ruv(x) = (uv)x(uv) = u(vxv)ü = Ru((vxv)) = Ru(Ry(x)) .

Le noyau de l'homomorphisme est constitué par les éléments de norme 1 tels que
pour tout X G H on ait vxv = x, soit vx = xv. Donc les éléments de norme 1 qui
commutent à tout élément de H. C'est-à-dire à 1 et - 1 .
L'application prend ses valeurs dans SO(3). En effet l'ensemble est un sous-
espace connexe de E^. Ce point est laissé en exercice au lecteur. Alors l'application
V Ry est une fonction polynomiale des coordonnées et est donc continue. Son
image est donc connexe, et comme elle doit contenir l'élément neutre, c'est-à-dire
la matrice / 3 , elle est contenue dans SO(3).
Il reste à montrer que l'application est surjective sur SO(3).
Soit q un quaternion pur de norme 1, et soit qe = cos 6 sin 6q.

266 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


L e m m e 3 . Soit q g un quaternion pur fixé. L'ensemble des quaternions qe, 0 < 0 <
27t, est un sous-groupe de .
D é m o n s t r a tio n * Il suffit d'observer que qeqe» = qe-\-e’ • On notera Cq ce sous-
groupe. B

L'application Rq^ laisse fixe la droite de direction q. Cette application est donc
une rotation de d'axe q.
Montrons enfin que l'application qe ^ Rqg est surjective sur l'ensemble des rotations
de R^ d'axe q. Ceci achèvera la démonstration du théorème.
Nous savons que Rq^ est une rotation d'axe q. Pour calculer l'angle de la rotation,
au signe près, il suffit de connaître la trace. En effet on sait que la trace d'une
rotation de R^ d'angle a est 1 + 2 cos a. Soit donc q = p i + 5k. Pour calculer
sa trace il faut faire la somme du coefficient de i dans q e i^ , de j dans q e j ^
et de k dans q e k ^ . On trouve tous calculs faits : cos^ 0 + sin^ 0(/3^ - 7^
cos^ 6 + sin^ 0{—P^ + 7^ —S^), cos^ 0 + sin^ 0(—/3^ —7^ + 5^). La somme est égale
3 cos^ 0 —sin^ 0 = 1 + 2 cos 20.
L'image contient donc une rotation d'angle 20 ou —20. Mais comme elles sont
inverses l'une de l'autre et que l'image est un sous-groupe elle contient les deux.
Donc elle contient toutes les rotations d'axe q.
Le résultat suit. ■

Soient maintenant u^v e S^. On considère l'application :


H — ^H, X I— > u x v .

P r o p o s i t i o n 3 * Cette application est un homomorphisme de x 5^ vers SO (4). Cet


homomorphisme est surjectif et de noyau le sous-groupe { (1 , 1 ) , ( - 1 , - 1 ) } .

D é m o n s t r a t i o n * On démontre comme plus haut que cette application est à


valeurs dans 0(4 ) en montrant qu'elle préserve la norme euclidienne. La démons­
tration est identique à celle faite plus haut. De même on montre que c'est un
homomorphisme de groupes. On montre que cette application est à valeurs dans
SO(4) en observant que son image est connexe, puisque sa source l'est, qu'elle
est continue, et qu'elle contient la matrice identité, et enfin que SO(4) est la
I composante connexe de la matrice identité dans le groupe orthogonal..
I Il nous faut déterminer le noyau de cette application et montrer qu'elle est surjective.
Pour ce qui est du noyau on cherche г¿ et -y tels que uxv = x pour tout x G H. En
faisant X = v on obtient u = v. Puis l'argument du théorème précédent nous dit
I
S que = 1 ou г¿ = - 1 .
I

Q
® 6.3 - LES QUATERNIONS, LES GROUPES SO(3) ET SO(4) 267
Pour ce qui est de la surjectivité on se ramène au cas précédent comme suit. Soit
/ G SO(4), posons V = /(1), V G S^. Alors l'application x vf {x) est orthogonale
et fixe 1. Elle laisse donc fixe globalement l'orthogonal, c'est-à-dire l'ensemble des
quaternions purs. Il existe donc u e tel que pour tout x on ait vf {x) = uxü. Il
en résulte que pour tout x G H on a f {x) = vuxU, m

Simplicité de SO(3)
Cette section est consacrée à la simplicité du groupe SO(3). Ainsi qu'on le verra
le résultat correspondant n'est pas vrai pour SO (4), cela résulte de ce que l'on
a fait plus haut. Par contre pour n ^ 5 il y a un résultat correspondant qui sera
énoncé aussitôt après, on renverra aux exercices pour la démonstration.

T h é o r è m e 3 . Le groupe S 0(3 ) n'a pas de sous-groupes distingués non-triviaux.

D é m o n s t r a t i o n . Soit H un sous-groupe distingué non trivial. Il contient donc


une matrice R de rotation d'angle 9. Considérons maintenant une matrice réelle
antisymétrique (3,3) quelconque soit A, on a donc = -A .

L e m m e 4 . Pour tout u e R la matrice exp(uA) est orthogonale réelle.


D é m o n s t r a t i o n d u l e m m e . On renvoie aux exercices du chapitre précédent
pour des informations sur l'exponentielle. Il nous suffit de vérifier le calcul :
*(exp(г6A))(exp(г¿A)) = (exp(г¿^A))(exp(г¿i4)) = •••
••• = ( e x p ( —г ¿ A ) ) ( e x p ( г ¿ A ) ) = ( e x p ( —г ¿A -huA)) = /3 . b

Revenons à la démonstration du théorème.


Choisissons une matrice antisymétrique (3,3) dont le noyau soit de dimension 1
(il est nécessairement de dimension au moins 1) et distinct de l'axe de rotation de
R. Alors, si U ^ 0 , la rotation exp{uA) ne commute pas avec R.
Pour tout u e R l'élément Rexp{uA)R~^ exp(-uA ) est dans H. Cet élément est une
rotation distincte de l'identité à cause de la remarque précédente. Mais l'application :
U I— > Rexp(uA)R~^ exp{—uA)
est une fonction continue de ix. Il en est de même de la fonction :
U I— ^Tr(Jîexp(tAA)iî“^exp{—u A )).
Comme Rexp{uA)R~^ exp(-uA ) tend vers /3 quand u tend vers 0 la fonction
précédente tend vers 3.
Rappelons que la trace d'une rotation d'angle 6 dans est égale à 1 + 2cos0.
L'angle de la rotation considérée plus haut tend vers 0 quand u tend vers 0.

268 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


La trace ne détermine l'angle qu'au signe près mais si H contient un élément il
contient aussi son inverse, qui est une rotation d'angle opposée. Plus précisément,
la fonction, de M dans M, qui à u associe la valeur absolue de l'angle de rotation de
Rexp{uA)R~^ exp(— est continue sur un voisinage de 0 dans M, et tend vers
0 quand u tend vers 0. Le théorème des valeurs intermédiaires nous dit qu'elle
prend toute valeur positive proche de zéro.
En conclusion nous venons de montrer que H contient des rotations d'angle assez
petit arbitraire. Comme il est distingué, et que deux rotations d'angle donné sont
conjugués, il contient toutes les rotations d'angle assez petit. Mais soit R est une rota­
tion quelconque, d'axe D et d'angle 0, et soit n un entier positif non nul. La rotation
û
r d'axe D et d'angle ^ est dans H pour n assez grand, et on a = R, donc RGH, m

Passons au groupe SO(4), on a montré qu'il était quotient de x S^. Ce der­


nier groupe admet par exemple le groupe 5^ x 1 comme sous-groupe distingué.
Comme l'homomorphisme vers S O (4) est surjectif l'image de ce sous-groupe est
distinguée dans SO (4). On remarquera qu'elle est isomorphe à S^,
Énonçons le cas général :
Théorèm e 4 . Si 5, un sous-groupe distingué de SO(n) est, soit contenu dans le
centre, soit égal au groupe tout entier.

Notons que le centre de SO(n) est constitué de l'ensemble des matrices orthogo­
nales diagonales. Si n est impair il est réduit à la matrice In, si n est pair il est
égal à { / ,,- / ,} .
On renvoie aux exercices pour les détails.

Sous-groupes finis de SO(3)


Dans cette section on détermine les sous-groupes finis de SO(3) et on les relie
aux polyèdres réguliers.
Soit H c SO(3) un sous-groupe fini. Le groupe SO(3) laisse invariante la sphère
5^ de rayon 1. Étant donné g E H soit Fix(^) l'ensemble des points fixes de g
appartenant à la sphère 5^. Un élément distinct de l'identité dans H est une ro­
tation. Il y a donc deux points fixes sur qui sont les points d'intersection de la
sphère et de l'axe de rotation. Pour déterminer les sous-groupes finis H de SO(3)
I% on va étudier l'ensemble de ces points fixes quand g décrit H —{Id}.
a À cette fin on définit un ensemble F par la formule suivante :
§
F = € iî X 52 |p ^ Id, s e Fix(5) .

On va calculer le cardinal de cet ensemble de deux manières différentes et en


déduire des restrictions sur la structure de H.
I
TJ
§P
Q
6.3 - LES QUATERNIONS, LES GROUPES SO(3) ET SO(4) 269
Considérons d'abord l'application p : F ^ H —{Id} qui à {g, s) associe g. On vient
de voir que l'image inverse par p d'un g quelconque est constituée de deux points.
Donc, on a

Considérons ensuite l'application tt : F ^ qui à { g , s ) associe s . Son image


est l'ensemble ^ des points de 5^ qui sont point fixe d'au moins un élément de
H, élément distinct de Id. Si s G «9^ son image inverse par tt est l'ensemble des
{ g ys ) où g e Hs, où H s est le sous-groupe des éléments de H laissant s fixe. Le
sous-groupe Hs est un sous-groupe de rotations autour de l'axe passant par s et
l'origine. L'image inverse 7t“^(s ) a pour cardinal - 1. Soit s ' un point de
l'orbite de s sous l'action H, le fixateur est conjugué de H s dans H. Le lemme
qui suit est une spécialisation d'un résultat démontré de manière plus générale
dans le chapitre 2 (Proposition 2, Section 2).

L e m m e 5 * Le cardinal de Hs>, dans l'orbite de s sous l'action de H, ne dépend que


de s. Cette valeur est l'ordre d'une rotation engendrant Hs

Donc l'image inverse par tt de s' a aussi #iTs - 1 éléments. Il y a élé­


ments dans l'orbite de s. Soit ^ un système de représentants pour ces orbites, on
obtient :

Soit finalement

se^
ou encore :
2 V. 1 .

Cette identité impose des bornes aux valeurs et .


Comme le groupe Jï* est toujours par hypothèse de définition non trivial, la quan­
tité 1 - est supérieure ou égale à en comparant à l'équation ci-dessus on
en déduit que < 3. Considérons donc les cas possibles, on notera Hi pour
H s dans la suite.
Cas 1 : = 1 .
En considérant l'équation ci-dessus on constate que ce cas est impossible.
Cas 2 : = 2 .
On a alors 2 - ^ = 2 - #Hl - 3#H2
^ •On a soit 2# ifj < # i î soit = # i î , on en
déduit facilement que Hi = H. Comme le groupe H laisse fixe un vecteur non-nul

270 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


les éléments de H sont des rotations autour de Taxe déterminé par ce vecteur. Le
sous-groupe H est donc un groupe cyclique constitué de rotations autour d'un
axe donné. Les points fixes sont les points d'intersection de la sphère avec l'axe
de rotation, ils forment deux orbites.
Cas 3 = 3.
On commence par observer que le groupe est d'ordre pair 2n. La formule ci-dessus
devient :
2 1 1 1
+ #i/ “ #i/i ^ #ÎÎ2 #//3 ■

Considérant cette équation on observe que les trois entiers # i î i , # H 2 >et # iÎ 3 ne


peuvent être tous les trois supérieurs ou égaux à 3. L'un d'eux au moins est égal
à 2. Il est clair aussi que les deux autres ne peuvent être "grands" simultanément.
En fait ils ne peuvent tous les deux être supérieurs ou égaux à 4. À partir de ces
remarques on déduit que le cas 3 se subdivise en quatre sous-cas que l'on décrit
ci-dessous en donnant leur réalisation géométrique, détaillant en particulier les
ensembles de points fixes.
Le premier sous-cas dépend d'un entier n :
C a s 3 .1 , le s p o ly g o n e s r é g u lie r s , # H i = # i Î 2 = 2 , e f 2#H s = # i î = 2 n .
Ce cas est celui du groupe diédral d'ordre 2n (Chapitre 1, Section 2). Le groupe est
engendré par les rotations d'ordre n autour d'un axe donné D, et par la symétrie
autour d'un axe de symétrie d'un polygone régulier à n côtés tracé dans le plan
P orthogonal à D, centré à l'origine, et inscrit sur la sphère .
Les points fixes sont les sommets du polygone et les intersections des droites pas­
sant par l'origine et le milieu des côtés avec la sphère S^, ainsi que les points
d'intersection de la sphère avec D. Les points d'intersection de la sphère avec D
forment une orbite. La seconde est formée par les sommets d'un polygone régu­
lier, la dernière par les intersections des droites passant par l'origine et le milieu
des côtés avec S^.
Les sous-cas suivants ne dépendent plus d'un entier n :
C a s 3 .2 , le t é t r a è d r e , # J î i = 2 , e t # J Î 2 = # H s = 3 , et # i î = 1 2 .
Le groupe des isométries directes laissant fixe un tétraèdre centré en l'origine et
inscrit sur la sphère réalise ce cas. Ce groupe est isomorphe au groupe al­
terné . On renvoie à l'exercice 7 du chapitre 2. On montrera en exercice qu'un
groupe qui réalise ce cas a nécessairement cette structure (voir aussi l'exercice 6
du Chapitre 2).
Les points fixes sont les sommets du tétraèdre, leurs points antipodaux sur la
sphère, ainsi que les points d'intersection des droites joignant les milieux des côtés
opposés du tétraèdre avec S^.

6.3 - LES QUATERNIONS, LES GROUPES SO (3) ET SO (4) 271


Les sommets et leurs antipodaux constituent deux orbites à 4 éléments. Les
points d'intersection des droites joignant les milieux des côtés opposés avec en
constituent une à 6 éléments.
C a s 3 . 3 , l e c u b e , # H i = 2 , e t #1^2 = 3 , # N 4 = 4 , e t # J Î = 2 4 .
Le groupe des isométries directes laissant fixe un cube centré en l'origine, inscrit
sur S^, réalise ce cas. Ce groupe est isomorphe au groupe symétrique 6 4 (voir
exercice 8 Chapitre 2).
Les points fixes sont les sommets du cube, les points d'intersection des droites
joignant les milieux des côtés opposés avec 5^, ainsi que les points d'intersection
des droites joignant les faces opposées du cube avec 5^.
Les sommets constituent une orbite de points fixes à 8 éléments. Les points d'in­
tersection des droites joignant les milieux des côtés opposés avec constituent
une orbite à 12 éléments. Les intersections des droites joignant les faces opposées
du cube avec en constituent une à 4 éléments. On renvoie à la figure pour les
détails.
<±>
2TT/3

On renvoie à l'exercice 8 du chapitre 2. On montrera en exercice qu'un groupe qui


réalise ce cas a nécessairement cette structure.
C a s 3 .4 , o n a # i î i = 2 , e t = 3 , = 5 , et #H = 6 0 .
Ce cas est le plus difficile à réaliser. Nous ne donnerons pas les détails complets.
Il est réalisé par le groupe laissant fixe un dodécaèdre (polyèdre régulier dont les
faces sont des pentagones), ou un icosaèdre. Le dodécaèdre (voir figure) a 12 faces,
30 arêtes et 20 sommets. On renvoie au cours de géométrie de Berger pour tous les
détails. On notera les points suivants. Les orbites de points fixes sont d'abord les
sommets il y en à 20 ; les points d'intersections des droites passant par les centres
de faces opposées avec la sphère il y en a 12 : et enfin les points d'intersections
des droites passant par les centres d'arêtes opposées avec la sphère il y en a 30.
Cette orbite permet de construire un isomorphisme du groupe avec le groupe .
Si on considère les droites passant par les centres d'arêtes opposées on constate
qu'elles se regroupent par 3 pour former des systèmes d'axes orthogonaux (on ne
tient pas compte de l'ordre des axes). Il y a 5 tels systèmes d'axes. Les isométries

272 FORMES BILINEAIRES ET SESQUILINEAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


du dodécaèdre les échangent. On peut aussi observer qu'il y a 5 cubes inscrits
dans le dodécaèdre qui sont échangés par les isométries.
Clairement le groupe du dodécaèdre contient des rotations d'ordre 3 et 5. Il con­
tient aussi des éléments d'ordre 2, les rotations d'angle tt autour des droites passant
par les centres d'arêtes opposées. On en déduit facilement que l'homomorphisme
est sur L'injectivité est facile.

Il convient enfin de vérifier que tout groupe vérifiant les conditions initiales est
de ce type. Ceci est laissé au lecteur.

4 . Structure du groupe unitaire


Dans cette section nous allons étudier plus en détails le cas d'un espace vectoriel
complexe de dimension finie muni d'une forme hermitienne définie positive /i.
Un tel espace est appelé un espace vectoriel hermitien. La forme polaire associée
b est le produit hermitien.
L'application x ^ h { x ) est alors une norme [LM], [LA]. Une base { e i , . . . , e n }

de l'espace telle que q{ei) = 1 et 6(ei,e^) = 0 si j est dite orthonormée ou


hermitienne.
Le théorème 3 de la section 1 montre que l'on peut trouver une base de E dans
laquelle la forme h s'écrit x\^-\------ \-Xn^- On en déduit que si h et h' sont deux
formes hermitiennes définies positives sur un même espace vectoriel complexe
de dimension n, les groupes U(g) et U(g') sont isomorphes. En effet, ils sont
isomorphes tous les deux au groupe de la forme hermitienne x \ ^ -\------ \-Xn^
I qui sera noté U(n).
î Une matrice de U(n) est dite unitaire.

0
Proposition !• Une matrice (n,n) A est unitaire si et seulement si ses vecteurs
i forment une base hermitienne de C’^, ou encore si et seulement si ^AA = In-
1
T3

© 6.4 - STRUCTURE DU GROUPE UNITAIRE 273


D é m o n s t r a t i o n * Soient X et Y deux vecteurs colonnes. Leur produit scalaire
hermitien est égal au produit ^XY. Pour qu'une matrice A soit unitaire il faut et
suffit que pour tous X ,Y on ait ^X{^AA)Y = ^XY. Ceci est équivalent à l'égalité
^AA = In- Cette identité exprime exactement le fait que les vecteurs colonnes de
A constituent une base orthonormée de . En effet, si ^4 = ) cette identité
équivaut aux relations Yli = 1/ pour j = ly ••^n, et ü i ^ k = 0 si fc ^
relations qui expriment que le système des vecteurs colonnes est hermitien. ■

C o r o l l a i r e * Le module du déterminant d'une matrice unitaire est 1.

D é m o n s t r a tio n . En effet on a det(*AA) = det(^^)det(i4) = det(^)det(A) = 1.


D'où le résultat. ■

I
D é f in it io n 1
On appelle groupe spécial unitaire et on note SU(n) le sous-groupe constitué
par les matrices orthogonales de déterminant 1.

Le groupe U (l) est isomorphe au groupe U des nombres complexes de module 1.

Matrices unitaires et diagonalisation


D é f in it io n 2
Soit E un espace vectoriel hermitien, et soit F un sous-espace. L'orthogonal de
F est par définition l'ensemble des vecteurs v e E tels que b{x,v) = 0 pour tout
X e F . On le note F-^. C'est un sous-espace vectoriel de E ,

P r o p o s i t i o n 2 . L'espace vectoriel E est la somme directe de F et de F -^.

D é m o n s t r a t i o n . Elle est analogue à celle donnée dans le cas réel. ■

On dit que F et F-^ forment une décomposition de E en somme directe orthogo­


nale, et on note E = F ± F - ^ . On notera que l'on a (F^)-^ = F . Le lemme suivant,
analogue à celui du cas réel, est très utile :

L e m m e 1 . Soit E un espace vectoriel hermitien, soit f une application unitaire, et soit


F un sous-espace tel que f { F ) c F . Alors on a /(F-^) c F-*-.

D é m o n s t r a t i o n . L'application / restreinte à F induit un isomorphisme de F


dans lui-même, étant injective et prenant ses valeurs par hypothèse dans F . Soit
î; G F-*-, on a donc pour tout rc G F la relation b{f{v)^ x) = b{v, f~^ (x)) = 0, comme
/“^( x ) décrit tout F on a f {v) G F-*-. ■

274 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINEAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - Ghap. 6


Nous allons maintenant montrer que les matrices unitaires sont diagonalisables.

T h é o r è m e 1 • Soit E un espace vectoriel hermitien de forme quadratique h. Soit f e


TJ (h). Toutes les valeurs propres de f sont de module 1. De plus il existe une base
orthonormée de E dans laquelle f a une matrice diagonale.

La traduction matricielle de cet énoncé est la suivante. Soit A G TJ(n), alors il existe
une matrice unitaire P telle que la matrice P~^AP soit diagonale, les éléments de
la diagonale étant des nombres complexes de module 1.

D é m o n s t r a t i o n . On démontre d'abord que les valeurs propres sont de module


1. Si î; est un vecteur propre associé à la valeur propre A, on a f{v) = \v et
b{v,v) = b{f{v)^f{v)) = b{\v,Xv) = \X\'^b{v,v). Donc on a |A| = 1.
On va maintenant raisonner par récurrence sur la dimension n de E .
Soit V un vecteur propre de /. Comme C est algébriquement clos il en existe. Le
sous-espace vectoriel F orthogonal à v est stable par /. La restriction de / à F
est unitaire, et donc on peut par hypothèse de récurrence trouver une base de F
dans laquelle / a pour matrice une matrice diagonale.
Dans la base de E constituée par cette base de F et v l'application / a une matrice
diagonale. ■

Topologie des groupes unitaires


Nous étudions ici quelques propriétés topologiques des groupes unitaires.

P r o p o s i t i o n 3 « Le groupe U(n) est compact.

D é m o n s t r a t i o n . Munissons l'espace vectoriel Mn(C) de la norme définie par


P II = V Ë k J F / pour ^
Observons d'abord que U(n) est borné. En effet, on a l®»,jP = 1' pour j —
1 , .. ., n, et donc ||.A|| = n.
Par ailleurs U(n) est fermé. La caractérisation des matrices unitaires nous dit que
c'est l'image inverse du point 0 , . . . , 0 ) par l'application continue de
n fois n ( n - l ) / 2 fois
n (n -l)
M„(C) dans C” X C 2 donnée par

Al— J = 1 . ai.fcôi/, ■

6.4 - STRUCTURE DU GROUPE UNITAIRE 275


P r o p o s i t i o n 4 . Le groupe U(n) est connexe par arcs.

D é m o n s t r a t i o n . Il suffît de relier une matrice ^ G U(n) quelconque à la matrice


identité par un arc continu. Pour cela effectuons un changement de base qui mette
A sous forme diagonale. Soit P la matrice de changement de base. Considérons
la matrice
/

\
Pour i = 0 cette matrice est égale à la matrice identité et pour t = l elle est égale à
la matrice P~^ AP. En multipliant par P et P~^ on obtient un arc continu joignant
In et A. ■

Exercices
I. F o r m e s b ilin é a ir e s e t q u a d r a t iq u e s

1. a ) Soit P un nombre premier impair, et soit E un espace vectoriel de dimension


finie sur le corps Fp à p éléments. Soit q une forme quadratique sur E . Montrer
qu'on peut la mettre sous la forme xf H------\-xj+ , avec a G Fp. On utilisera
l'exercice 6 du II du chapitre 4.
b) Montrer que i est bien déterminé, et que a est bien déterminé, à multiplication
près par le carré d'un élément du corps.

2. a ) Vérifier que la formule {Aq){x^y) = q{ax + by,ex + dy), où A = est une


matrice (2, 2) de G L(F5), et où q est un polynôme homogène de degré 2 en
deux variables x et y à coefficients dans le corps F5, définit une action du
groupe G L(F5) sur l'espace vectoriel P des polynômes homogènes de degré 2
en deux variables x ,y a coefficients dans F5.
b) Calculer le cardinal de P , ceux de GL(Fs) et de SL(Fs). Enfin celui de
G = PSL(Fs) = SL(F5)/conpSL(F5)/i) où D est le sous-groupe des homothéties
de déterminant 1.
c) En utilisant l'exercice précédent montrer que l'action de G L(F5) sur P à 5
orbites, correspondant aux polynômes 0, x^, 2x^, + 22/^. Calculer les
cardinaux de ces orbites.
d) En considérant l'espace projectif associé à P , c'est-à-dire le quotient de P - {0}
par la relation d'équivalence qui identifie deux polynômes (homogènes de degré
2 en X et 2/ ) si ils sont multiple scalaire (non-nul) l'un de l'autre, déduire une
action de G sur des ensembles à 3, 10 et 15 éléments.

276 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


e) En identifiant entre q{x,y) et q{2x,2y) dans l'orbite à 10 éléments, déduire une
action de G sur un ensemble à 5 éléments. En déduire un homomorphisme de
G dans 6 5 . Montrer que G est isomorphe à .

3. Soit un espace vectoriel complexe E muni d'une forme sesquilinéaire b dont


la forme hermitienne associée est définie positive. On appelle adjoint d'une
application linéaire / l'unique application linéaire /* telle que pour tous x et y
on ait b{x,f{y)) = b{f*{x),y).
a) Montrer l'existence et l'unicité de l'adjoint.
b) En donner une description matricielle.
c) Une application est dite normale si et seulement si elle commute avec son
adjointe. Montrer que les applications normales sont diagonalisables.

4. On considère l'espace vectoriel . Décrire le groupe orthogonal de la forme


quadratique x^ —xl-
5. Montrer que l'application qui aux matrices A et B associe Tr(i4J5) est une forme
bilinéaire sur Mn(M). Déterminer sa signature.

6. a) On considère un espace vectoriel complexe E muni d'une forme hermitienne


définie positive h. Soit / un endomorphisme de E , hermitien, défini positif, ce
qui signifie que :
► / est égal à son adjoint,
► pour tout V e E , V ^ 0, on a h {f{v )) > 0.
Montrer qu'il existe un unique endomorphisme hermitien défini positif g tel
que = f.
b) En déduire que tout élément de GL(E?) s'écrit sous la forme us, où u est un
endomorphisme unitaire et s est un endomorphisme hermitien positif. Montrer
que cette écriture est unique.
c) Donner une traduction matricielle du résultat précédent.

7. ** On considère une forme bilinéaire symétrique b sur un espace vectoriel E sur


un corps k de caractéristique différente de 2. On suppose que la forme b est non
dégénérée. Soit F un sous-espace vectoriel de E.
Soit U le noyau de la forme b restreint à F , et soit {x \, . . . , , . . . , } une base de
F , telle que {x i,...^ X k } soit une base de U. Montrer par récurrence qu'il existe
des vecteurs 2/1, . . . , tels que :
= 1 pour 2 = 1, . . . , fc,
b{xi,yj) = 0 pour i ^ i et j
= 0 pour i j =
► le système { x i , ... ,Xfc,... , Xr, ... , 2/1, . . . ,yfc} est libre,
► enfin l'intersection du sous-espace vectoriel engendré par les Xi et les yj avec
F est égal à U,
I

O
§
Q
© EXERCICES 277
8. On considère une forme bilinéaire symétrique b sur un espace vectoriel E sur
un corps к de caractéristique différente de 2. Démontrer à partir du théorème de
Witt que des sous-espaces totalement isotropes maximaux ont même dimension.

9. a) ** On considère une forme bilinéaire symétrique b sur un espace vectoriel E


sur un corps к de caractéristique différente de 2. On suppose que la forme b est
non dégénérée. Soit F et F ' des sous-espaces vectoriels de E . On suppose donc
donnée une bijection linéaire de F vers F' respectant la forme b. En utilisant
l'exercice 6 montrer que l'on peut supposer que la restriction de la forme b sur
F est non dégénérée.
b) On reprend les notations précédentes et on suppose la restriction de b non
dégénérée sur F et F ' . Démontrer le théorème par récurrence sur la dimension
de F .

10. Démontrer le théorème de Witt dans le cas général.

11. On dit qu'une forme bilinéaire b sur un espace vectoriel réel E est alternée si
pour tous v^w G E on a b{v,w) = —b{w,v). On dit qu'elle est non dégénérée si
b{v^w) = 0 pour tout w implique que г; = 0.
On suppose que E est de dimension finie sur un corps de caractéristique différente
de 2. Montrer que l'on peut en trouver une base a:i, . . . , 2/i, . . . , 2/n telle que,
que :
b{xi,yi) = 1,
b{xi,yj) = 0, si г ^ j ,

II* A p p l i c a t i o n s t o p o l o g i q u e s

1. On considère l'espace vectoriel Le groupe orthogonal de la forme quadratique


X i+ x l - xl est-il compact ?

2. On se place dans Mn(C). Montrer que l'application exponentielle est un


homéomorphisme de l'ensemble des matrices antihermitennes (telle que ^A = —A)
vers l'ensemble des matrices hermitiennes définies positives, c'est-à-dire telle que
pour tout vecteur colonne non nul X on ait ^XSX > 0.

3. On identifie le groupe SO (n —1) au sous-groupe H de SO (n) constitué par


les matrices dont le terme sur la n-ième ligne et la n-ième colonne vaut 1. On
considère l'action par translation de ce sous-groupe sur SO (n). Construire une
application continue de SO (n) vers la sphère 5^"^ qui détermine une bijection
de l'espace quotient de cette action vers 5^“^.

278 FORMES BILINEAIRES ET SESQUILINEAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


4. a) Montrer que le groupe SU(2) est isomorphe et homéomorphe au groupe des
quaternions de norme 1, et est donc homéomorphe à la sphère S^,
b) On considère l'homomorphisme du groupe U des nombres complexes de

module 1 vers SU(2) qui à A associe Cet homomorphisme identifie


U avec un sous-groupe de SU(2), on considère l'action par translation de ce
sous-groupe sur SU(2). Construire une application continue de SU(2) vers
la sphère 5^ qui détermine une bijection de l'espace quotient de cette action
vers 5^.

5. Montrer que le groupe U(n) est homéomorphe, mais n'est pas isomorphe au
produit U (l) X SU(n).

6. a) Soit A e SO(3), et soit v . Étudier l'adhérence de l'ensemble {Uv\ U G {A)},


{A) désignant le sous-groupe de SO(3) engendré par A,
b) Généraliser à SO(n).

III. G r o u p e s o r t h o g o n a u x e t u n it a ir e s

1. Montrer que le quotient de SO(4) par son centre est isomorphe à SO(3) x SO(3).
Décrire les sous-groupes distingués de SO(4).

2. On considère la forme quadratique q = x\ -\----- \-x^ sur F^, p premier impair.


Calculer le nombre d'éléments du groupe 0{q).

3. Montrer que tout automorphisme du corps des quaternions est de la forme x ^ q x q


où q est un quaternion de norme 1.

4. Montrer que tout automorphisme du groupe SO(3) est un automorphisme intérieur.

5. ** Déterminer le centre du groupe 0 (n ). On suppose que n ^ 5 . Montrer qu'un


sous-groupe distingué de SO(n) est, soit contenu dans le centre, soit égal au
groupe tout entier.

6. Dans le groupe unitaire U(n) on considère le groupe T des matrices diagonales.


Soit N le sous-ensemble de U(n) constitué par les matrices A telle que ATA~^ c T.
a) Montrer que N est un sous-groupe de U(n) et que T est un sous-groupe
distingué de N .
b) Montrer que le groupe quotient N /T est isomorphe au groupe symétrique 6^ •

EXERCICES 279
7. a) ** Soit a un homomorphisme du groupe U des nombres complexes de module
1 vers le groupe U(n). Soit z G U, on pose Ca{z) = Tr(o'(;2:)). Montrer qu'il existe
des entiers positifs non nuis ai , . . . , ait dont la somme est égale à n, et des
entiers relatifs ei , . . . , tels que c{z) = Y!,i o>iZ^^ •Montrer que ces entiers sont
bien déterminés.
b) Montrer que si a et ^ sont deux homomorphismes conjugués, c'est-à-dire tels
qu'il existe une matrice unitaire U avec a(z) = U(3{z)U~^ pour tout z, alors les
entiers üi et ei sont les mêmes pour a et P. Étudier la réciproque.

8. Montrer que toute matrice orthogonale est le produit d'au plus n réflexions.

9. ** Compléter la classification des sous-groupes finis de SO(3), (voir [A], [Ar],


[Be]).

10. Le groupe de Lorentz. On considère munit de la forme quadratique


+ 2/^ H- 2;^ - et le groupe orthogonal associé .
a) Montrer que ce groupe n'est pas compact comme sous-espace des matrices (4,4)
réelles (comparer avec l'exercice 1).
b) Montrer que sa composante connexe est homéomorphe à SO(3) x R.

11. a) Déterminer l'équation des classes du groupe


b) Montrer que le groupe du dodécaèdre est simple (raisonner géométriquement).
Trouver son équation des classes.
c) Montrer qu'un sous-groupe d'ordre 60 de SO(3) à la même équation des classes
que (utiliser les cardinaux des orbites). En déduire qu'ils sont isomorphes.

Q uelques réponses ou indications


I. F o r m e s b ilin é a ir e s e t q u a d r a t iq u e s
1. a) b) C o m m e n c e r p a r d é m o n tre r le r é s u lta t e n d im e n s io n 2 p o u r u n e fo rm e q u e l'o n a u r a
d é jà ré d u ite c o m m e u n e c o m b in a iso n lin é a ire d e c a rré s. O n c h e rch e ra u n v e c te u r s u r le q u e l
la fo rm e q u a d r a tiq u e p r e n d la v a le u r 1, p u is o n c o n sid è re u n o r th o g o n a l. P u is faire u n e
ré c u rre n c e s u r la d im e n sio n . O n ra iso n n e r a en u tilis a n t la fo rm e b ilin é a ire s y m é triq u e
a sso c ié e .

2. a) b) L e c a r d in a l d e P e st 125, c e lu i d e G L ( F 5 ) e s t 4 80, ce lu i d e S L ( F 5 ) 120. E n fin c e lu i


de G e s t 60 c a r c e lu i d e D e s t 2 .
c) d) L 'ex e rc ice p r é c é d e n t m o n tre q u e p a r u n c h a n g e m e n t d e b a s e o n p e u t ra m e n e r le
p o ly n ô m e q (la fo rm e q u a d r a tiq u e ) à l'u n d e c e u x q u i su iv e n t : 0 , , 2 x ^, ,
+ 2 y ^ . L e s c a r d in a u x d e s o r b ite s s o n t 1, 12, 12, 60 et 40. P o u r v é rifie r c e la il su ffit d e
c a lc u le r le s o u s - g r o u p e fix a n t le p o ly n ô m e d o n n é .

280 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - C hap. 6


2. e) L 'e s p a c e p ro je c tif P a s s o c ié à P a 31 é lé m e n ts. O n c o n sid è re la re stric tio n d e l'a c tio n
d e G L ( F 5 ) s u r P à S L ( F 5 ). P u is q u e s i o n n o te q la c la s s e d 'u n p o ly n ô m e q d a n s P
a lo r s la fo rm u le A q = À q d é fin it u n e a c tio n d e S L ( F 5 ) s u r P . E n fin o n m o n tre ra q u e le
s o u s - g r o u p e D a g it triv ia le m e n t, e t o n e n d é d u ir a p a r q u o tie n t u n e a c tio n d e G s u r P , O n
m o n tre ra q u e le s o rb ite s o n t 3, 3, 15 et 10 é lé m e n ts.
N o to n s q = q { 2 x , 2 y ) . M o n tre r q u e p o u r to u t h d a n s l'o rb ite à 10 é lé m e n ts et p o u t A e G
on a Ah = A h . O n e n d é d u it q u e l'e n se m b le q u o tie n t à u n e a c tio n d e G .
L 'h o m o m o r p h is m e a s s o c ié à cette a c tio n e s t u n h o m o m o r p h is m e d e G d a n s 6 5 . O n m o n tre
q u 'il e s t su rje c tif s u r e t o n c o m p a r e le s o r d re s. P o u r m o n tre r la su rje c tiv ité o n tro u v e
d a n s G d e s é lé m e n ts d 'o r d r e 2, 3 et 5 d 'im a g e n o n n u lle . P a r e x e m p le le s c la s s e s d e s

m a tric e s ( q >' ’ ' > ( _ “ i î)-

3. C e t e x e rc ic e e s t trè s c la s s iq u e , o n e x h ib e u n s o u s - e s p a c e p r o p r e d e / et o n c o n sta te q u e
l'o r th o g o n a l e s t s ta b le p a r / . L a re stric tio n d e l'e n d o m o r p h is m e à l'o r th o g o n a l e s t e n c o re
n o rm a le , o n fa it u n e ré c u rre n c e s u r la d im e n sio n .

4. O n c h e rc h e ra u n p a r a m é tr a g e à l'a id e d e s fo n c tio n s s in u s e t c o s in u s h y p e r b o liq u e s .

6. a) O n d ia g o n a lis e r a l'e n d o m o r p h is m e . C o m m e il e s t p o s it if le s te r m e s d ia g o n a u x d e la
m a tric e s o n t p o s itifs . O n e n c o n sid è re le s r a c in e s c a r ré s. P o u r l'u n ic ité o n u tilis e r a le fa it q u e
f e t g c o m m u te n t p a r c o n str u c tio n e t d o n c la is s e n t le u r s s o u s - e s p a c e s v e c to rie ls re s p e c tifs
sta b le s.

7. O n r a iso n n e r a p a r ré c u rre n c e s u r k.

9. b) O n fe ra u n ra iso n n e m e n t p a r ré c u rre n c e s u r la d im e n s io n d e F . S i la d im e n s io n d e F
e st 1 o n c o n str u ira u n e ré fle x io n a p p r o p r ié e . P u is e n d im e n s io n su p é r ie u r e o n c h e rc h e ra à
é crire F c o m m e so m m e d ire c te d e d e u x s o u s - e s p a c e s F q e t F i n o n tr iv ia u x et o r th o g o n a u x
(o n a 6 (u ,v ) = 0 p o u r to u t u e F q et to u t v e F i ) . P u is o n a p p liq u e r a l'h y p o th è se d e
ré c u rre n c e à F q .

11. R a iso n n e r p a r récu rren ce.

II. A p p lic a t io n s t o p o lo g iq u e s
1. N o n , v o ir l'e x e rc ic e 3. I.

2. O n p o u r r a d ia g o n a lis e r le s m a tric e s.

3. L 'a p p lic a tio n e st celle q u i à u n e m a tric e a s s o c ie s a d e rn iè re co lo n n e .

4. a) b) M o n tre r q u 'u n é lé m e n t g é n é ra l d e S U ( 2 ) s 'é c r it ^ o ù u et v so n t d e s n o m b re s


I c o m p le x e s te ls q u e \u\^ + = 1/ co n c lu re . O n id e n tifie la s p h è re a v e c C c o m p lé té
î
d 'u n p o in t à l'in fin i p a r p ro je c tio n s té r é o g r a p h iq u e [Be]. P u is o n c o n sid è re l'a p p lic a tio n

q u i à la m a tric e a s s o c ie le c o m p le x e ^ si v ^ 0, le p o in t à l'in fin i s i v = 0 . O n

sI
é c rira la fo rm u le q u i p r e n d d ire c te m e n t v a le u r s d a n s 5 ^ .

P
'd

Q
® EXERCICES 281
5. M u ltip lie r u n e c o lo n n e d e la m a tric e p a r le d é te r m in a n t p o u r o b te n ir u n e m a tric e d e
d é te r m in a n t 1.

6. a) O n o b tie n t s o it u n e n s e m b le fin i d e p o in t s s i A e s t d 'o r d r e fin i, s o it u n cercle si A e s t


d 'o r d r e in fin i. P o u r é tu d ie r le p r o b lè m e o n c h o isira u n e b a s e d a n s la q u e lle l'a x e d e ro ta tio n
d e A e s t u n d e s a x e s d u re p ère .

III. G r o u p e s o r t h o g o n a u x e t u n it a ir e s
1. O n p o u r r a u tilis e r le c o u r s s u r le s q u a te r n io n s.

3. M o n tre r q u 'u n a u to m o r p h is m e la is s e fix e g lo b a le m e n t l'e n se m b le d e s q u a te r n io n s p u r s .

4. O n u tilis e r a le fa it q u e l'im a g e d 'u n é lé m e n t d 'o r d r e 2 e st en c o re u n é lé m e n t d 'o r d r e 2 et


la d e s c r ip tio n d e s é lé m e n ts d 'o r d r e 2 d a n s le g r o u p e S O ( 3 ) .

6. O n p o u r r a m o n tre r q u e N e st le p lu s p e tit s o u s - g r o u p e q u i c o n tie n t T et le s m a tric e s


m o n o m ia le s.

7. b) O n o b s e r v e r a q u e l'o n p e u t d ia g o n a lis e r s im u lta n é m e n t to u s le s a { z ) et o n é tu d ie r a le s


é lé m e n ts d ia g o n a u x .

282 FORMES BILINÉAIRES ET SESQUILINÉAIRES GROUPES ORTHOGONAUX ET UNITAIRES - Ghap. 6


Bibliographie

[A] A rtin M., Algebra, Prentice Hall, 1991.


[Ar] A rnaudies J.-M ., Les cinq polyèdres de et leurs groupes,
C.D.U.-S.E.D.E.S, Paris, 1969.
[Be] B erger M., Géométrie 1 et 2, Nathan, 1990.
[Co] CoMTET L., Analyse combinatoire, tomes 1 et 2, P.U.F., 1970.
[De] Demazure M., Primalité, divisibilité, codes, Cassini, 1997.
[Del] Delezoïde P., Exercices résolus d'algèbre du cours de mathématiques 1,
Dunod 1994.
[FS] Faddeev D.K., SOMiNSKY I.S., Recueils d'exercices d'algèbre supérieure,
Mir 1961, Ellipses.
[Go] G odement R., Cours d'algèbre, Hermann, 1963.
[J] J acobson N., Lectures in abstract algebra, Springer, 1964.
[Ko] KoBLiTZ N., A course in Number Theory and Cryptography, Springer,
GTM 114, 1187.
[L] L ang S., Algebra, Addison-Wesley Publishing Company, 1965.
[LA] L elong-F errand J ., M. A rnaudies J ., Cours de mathématiques,
tome 1, Dunod, 1974.
[LM] L iret F ., Martinais D., Cours de DEUG, Algèbre 1’^ et 2 ® année,
Dunod, 1997.
[LN] L idl R., Nied erreiter H., Finite fields. Encyclopedia of Mathematics
and its applications, Addison-Wesley Publishing Company, 1983.
[Mo] MONIER J .M ., Nouveau cours de mathématiques. Algèbre 1 et 1, Dunod,
I
1996.
[MS] M acW illiams F .J ., Sloane N .J.A ., The theory o f error correcting codes,
North-Holland, 1977.
[Pe] P errin D., Cours d'algèbre. Ellipses, 1996.

Q
® BIBLIOGRAPHIE 283
Index

ac tio n cy cle, 62
à g a u c h e , 51
tra n sitiv e , 79
a lg è b r e d e B o o le, 135 D 'A le m b e r t, 161
a lg o rith m e d é c o m p o sitio n c a n o n iq u e e n c y cle s, 67
d 'E u c lid e , 3 d é c o m p o sitio n d e s h o m o m o r p h is m e s , 26
d e B e r le k a m p , 174 d e g r é , 113
a n n e a u , 85 d 'u n e e x te n sio n , 154
e u c lid ie n , 102 d é r iv a tio n fo rm e lle , 129
fac to rie l, 122 d ila ta tio n , 225
in tè g re , 88 d im e n s io n d u c o d e , 180
p rin c ip a l, 97 d isc rim in a n t, 132
a u to m o r p h is m e , 14 d is ta n c e
d e H a m m in g , 179
B e r le k a m p , 174 m in im a le , 180
b o rn e d iv is io n e u c lid ie n n e , 114
d e G ilb ert-V arsh a m o v , 197 d u a l, 8
d e P lo tk in , 197

c a r a c té r istiq u e d 'u n c o rp s, 150 é lé m e n t


C au ch y , 4, 33, 61 a lg é b r iq u e , 155
C ay le y , 53, 211 irré d u c tib le , 97
c e n tralisa te u r, 58 tra n sc e n d a n t, 157
cen tre, 17 e n d o m o r p h is m e , 14
c la s s e d e c o n ju g a iso n , 54 e n s e m b le tran sitif, 56, 57
clô tu re a lg é b r iq u e , 161 e n tie rs d e G a u s s , 137
c o d e , 180 e s p a c e v e c to rie l q u o tie n t, 8
B C H , 183 E u c lid e , 3
c o rre c te u r d 'e r r e u r s , 178 E u le r
lin éa ire , 181 fo rm u le , 142
c o n ju g a iso n , 54 in d ic a te u r, 103
c o rp s, 87 e x te n sio n
a lg é b r iq u e m e n t clo s, 160 a lg é b r iq u e , 158
d e b a s e , 153 d 'u n c o rp s, 153

I d e ru p tu re , 159
d e s q u o tie n ts, 89
d e g r é , 154

I
fini, 162
p re m ie r, 151 F e r m a t, 152

î
s
critère d 'E ise n ste in , 126
c ry p to g r a p h ie , 105
p e tit th é o rè m e , 58, 152
fix ateu r, 55
I
i
Q
® INDEX 285
fo rm e id é a l
b ilin é aire , 245 b ila tè re , 90
n o n d é g é n é ré e , 248 m a x im a l, 95
sy m é triq u e , 247 p re m ie r, 95
h erm itie n n e , 246 id e n tité d e B é z o u t, 2, 101
lin éa ire , 8 im a g e d 'u n h o m o m o r p h is m e , 15
q u a d r a tiq u e , 247 in d é te rm in é e , 111
s e sq u ilin é a ir e , 246 in d ic a te u r d 'E u le r, 103
fo rm u le in é g a lité d e C a u c h y - S c h w a r z , 255
d 'E u le r, 142 in v e rsio n , 70
d e L e ib n iz , 129 iso m o r p h is m e , 14
d e M o iv re , 257
d e N e w to n , 120, 144 A;-cycle, 66
d e s c la s s e s , 59

L a p la c e , 161
G a lo is, 73 L e ib n iz , 129
G a u s s , 124, 137, 161 le m m e
g é n é ra te u r s, 18 ch in o is, 35
g r o u p e , 12 d 'E u c lid e , 100
ab é lie n , 12 d e C au ch y , 33, 62
ab é lie n libre, 37 d e G a u s s , 100
alte rn é , 71 d e la b a s e té le sc o p iq u e , 157
c o m m u ta tif, 12 d e L a z a r d , 141
cy cliq u e , 20 lo i in tern e, 3, 12
d e to rsio n , 36 a s so c ia tiv ité , 12
d e ty p e fin i, 36 lo n g u e u r d u c o d e , 180
d é riv é , 45
d ié d r a l, 30 m a tric e
lin éa ire , 8, 225 c o m p a g n o n , 213
m o n o g è n e , 20 d e p a rité , 180
o r th o g o n a l, 255 g é n é ra tric e , 180
q u a te rn io n ie n , 32 tria n g u la tio n , 214
q u o tie n t, 22, 24
s p é c ia l lin éaire , 230 N e w to n , 120
sy m é triq u e , 64 n o y a u d 'u n h o m o m o r p h is m e , 15
u n ita ire , 273

o rb ite, 56
H a m ilto n , 211 o rd re , 20
h o m o m o r p h is m e , 14, 87
a ss o c ié , 52 p -to rsio n , 33
im a g e , 15 p a rtitio n d 'u n entier, 69
n o y a u , 15 p la n h y p e r b o liq u e , 254

286 IN D E X
p o ly n ô m e , 112 s u ite
c a ra c té ristiq u e , 210 d e C au ch y , 4
c y c lo to m iq u e , 169 d e S tu rm , 141
d e p a rité , 183 s u p p o r t , 65
m in im a l, 156 S y lv e ste r, 253
ré d u cte u r, 175 s y m é triq u e , 245
sy m é triq u e , 118 s y st è m e R S A , 105
p r o d u it se m i-d ire ct, 27
th é o rè m e
q u a te r n io n s, 264 d 'is o m o r p h is m e s , 26
d e C ay le y , 53
d e C a y le y -H a m ilto n , 211
racin e , 127
d e G a u s s - L u c a s , 143
n -iè m e d e l'u n ité , 169
d e K ô n ig - R a d o s , 196
p rim itiv e , 169
d e L a g r a n g e , 23
r é d u c tio n d e Jo rd a n , 214
ré fle x io n , 259 d e L a p la c e -D 'A le m b e r t- G a u s s , 161

re la tio n d e c o n g ru e n c e , 16 d e R o u c h é -F o n te n é , 9
d e S y lo w , 6 1 ,6 2
ré su lta n t, 130
d e W e d d e rb u rn , 172
re to u rn e m e n t, 259
R iv e st-S h a m ir-A d le m a n , 105 d e W ilson , 152

R S A , 105 d e W itt, 255


d e s n o y a u x , 206
to rsio n , 20
sé rie
tra n s p o sitio n , 66
fo rm e lle , 111
ré c ip ro q u e , 135
v a le u r p r o p r e , 207
sig n a tu re , 70
v a lu a tio n , 113
d 'u n e fo rm e q u a d r a tiq u e , 253
v e c te u r
d 'u n e p e r m u ta tio n , 70
iso tr o p e , 254
so u s-esp ace
p r o p r e , 207
c a ra c té ristiq u e , 213
p ro p r e , 207
W e d d e rb u rn , 172
to ta le m e n t iso tro p e , 255
W ilson , 152
s o u s - g r o u p e , 13
d e Sy lo w , 61
d e to rsio n , 37
d is tin g u é , 24
e n g e n d ré , 18
sta b ilisa te u r, 55

I
X)
§
Q
INDEX 287
0 47057-(I)-(1,5)-O S B 80°-AU T-ABS

STEDI, 1, boulevard Ney, 7 5018 Paris


Dépôt légal, Imprimeur, n® 7920
Dépôt légal : avril 2003
Imprimé en France
SCIENCES SUP

ir'i
2® édition
Lionel Schwartz

ALGEBRE
3' ANNÉE

‘ Prolongement du cours de 1 et 2^ année de François Liret et Dominique LIO N EL SCHW ARTZ

M artinais, ce cours de mathém atiques traite en quatre volum es le est professeur à


l'université Paris-Nord
programme de la troisième année de Licence.
(Paris 13-Villetaneuse).
Trois notions centrales sont abordées dans ce volume d'algèbre :
• la structure des groupes et les actions de groupes, avec une insistance
particulière sur les groupes symétriques ;
• les anneaux, avec la question de la divisibilité sous ses divers aspects ;
• les extensions de corps enfin, et notamment ce qui concerne les corps finis.
L'auteur revient également sur la réduction des endomorphismes, les
formes quadratiques, et sur les propriétés topologiques des groupes
classiques.
À un niveau plus avancé, une introduction à deux applications de ces
mathématiques est proposée : la cryptographie et les codes correcteurs
d'erreurs, prolongements naturels de ce cours.
Enfin, des exercices viennent compléter chaque chapitre, et permettent MATHÉMATIQUES
d'approfondir certains points essentiels ou d'aborder des résultats plus
spécifiques.
PHYSIQUE
Dans cette seconde édition, des com plém ents en géométrie, codes
correcteurs d'erreurs, cryptographie sont apportés. Quelques aspects
complexes du cours ont été précisés et les exercices ont été renouvelés.

------------------- CO U RS DE M ATHÉM ATIQUES -------------------


Ce cours de mathématiques traite en quatre volumes le programme de
la troisième année de Licence.
Algèbre • Topologie et Analyse
—ü
SCIENCES DE LA VIE

Fonctions analytiques • Calcul différentiel et Calcul intégral


SCIENCES DE LA TERRE

9 782100 070572

ISBN 2 10 007057 6

Das könnte Ihnen auch gefallen